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GYMNASTIQUE VERS UN LANGAGE COMMUN ETUDE MENEE SOUS LA DIRECTION DE JACQUES THEVENIN, PROFESSEUR EPS. CREPS DE REIMS* A l'heure où chacun s'accorde à définir la gymnastique comme un enchaînement d'éléments possibles, le concept d'élément reste confus ainsi que les notions corréla- tives de difficulté et de complexité. A la lecture du code de pointage et du précis de terminologie (FIG). il nous apparaît que : - les dénominations de nombreux élé- ments ne sont pas suggestives, exemple : salto, Diamidov. renversement. Auer- bach, etc.. - le début et la fin des éléments ne sont pas délimités avec précision. - de nombreux éléments semblent nés de l'association d'un nombre plus ou moins grand d'autres éléments, exemples : Cha- quinian. Stalder. etc.. - le sens des rotations (salto, grands tours) est inversé par rapport au sens des oscillations (balancers), - manière de faire, dénominations, ni- veaux d'exécutions, solutions, problèmes, coexistent, pèle-mêle, créant l'illusion de la diversité, exemple .- salto, saut périlleux, amorcé, coup de pied à la lune, Gromov. Auerbach... semblent n'illustrer qu'un aspect particulier d'un élément possible. - les principes sur lesquels repose la classification en difficulté (A, B, C, moyenne ou supérieure) sont difficiles à cerner, les notions de difficulté et de complexité n'étant pas clairement distin- guées ; en outre, seuls sont pris en considération les éléments existants. A l'occasion de ces derniers championnats du monde, chacun a pu ressentir ces problèmes de manière plus ou moins intuitive, en particulier, l'enseignant d'EPS perçoit, avec inquiétude, l'élargisse- ment du fossé qui sépare la « gymnastique de haut niveau » de la « gymnastique scolaire » ; l'ésotérisme croissant qui ca- ractérise le monde de la gymnastique fait qu'il ne se sent plus capable d'élaborer un contenu gymnique et se voit contraint d'accepter les « produits finis » mis au point par les spécialistes en vogue. Notre objectif est de permettre - par le biais de l'élaboration d'une terminologie cohérente - une approche logique de la gymnastique et l'accroissement de l'auto- nomie de l'enseignant d'EPS. A cette fin. il nous faut : 1. Déterminer (sans ambiguïté) où com- mence et où finit un élément quel qu'il soit. Nous remarquons qu'en règle générale, l'enchaînement gymnique fait passer l'exé- cutant par une alternance de positions hautes et de positions basses qui, d'un point de vue mécanique, correspondent à un minimum et un maximum d'énergie potentielle (é. p.). Exemples (fig. 1. 2. 3). Nous avons le choix entre deux possibili- tés : - prendre en considération les passages en position « haute ». - prendre en considération les passages en position « basse ». Nous choisissons les positions basses pour les raisons suivantes : - les positions « hautes » peuvent être plus ou moins hautes, leur hauteur étant intimement liée au niveau d'exécution, elles sont donc innombrables ; alors que les positions « basses » sont indifférentes au niveau d'exécution et, par conséquent, uniques pour un élément. Considérons, par exemple, deux exécutions différentes d'une oscillation en suspension à la barre fixe (fig. 4, 5), - si le passage par une position « basse » (b = stable) correspond à un minimum d'énergie potentielle, il correspond également à un maximum d'énergie cinétique; en consé- quence, à ce moment précis, un exécutant sera pratiquement contraint de maintenir une position stable, il n'en est pas de même pour les positions « hautes » (h = variable) qui peuvent être modifiées. Nous considérons donc : qu'un élément commence au passage à une position << basse » et s'achèv au passage à une position « basse ». Nous saisissons, d'emblée, l'intérêt d'une telle conception sur le plan pédagogique car seul l'élément est pris en considération et non son niveau d'exécution (celui-ci étant, en grande partie, caractérisé par la hauteur de ses positions hautes). 2. Caractériser l'élément. a) Chaque passage à un minimum d'éner- gie potentielle se traduit par l'adoption d'une position (basse) possible. Les posi- tions possibles sont en nombre limité, nous les avons répertoriées en éliminant les variantes. Certaines positions sont transférables d'un agrès à un autre ainsi que le fait apparaître le tableau associé au répertoire (cf. planches photos). Appelons ces positions PO ; l'élément devient : le passage d'une PO à une PO. b) D'une PO à une PO, un certain nombre de problèmes peuvent être envisagés (sus- ceptibles d'être combinés entre eux) qui. comme les PO sont en nombre limité : au total neuf, le tableau qui suit les fait apparaître (cf. tableau). Nous sommes, désormais, en mesure de compléter la définition préalablement éla- borée. L'élément gymnique sera le passage d'une PO à une PO en impliquant un nombre variable de problèmes. Exemples .- (fig. 6, 7). La notion de complexité nous apparaît alors clairement, caractérisée par le nom- bre de problèmes impliqués entre deux 64 Revue EP.S n°157 Mai-Juin 1979. ©Editions EP&S. Tous droits de reproduction réservés

GYMNASTIQUE VERS UN LANGAGE COMMUN

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GYMNASTIQUE

VERS UN LANGAGE COMMUN

ETUDE MENEE SOUS LA DIRECTION DE JACQUES THEVENIN, PROFESSEUR EPS. CREPS DE REIMS*

A l'heure où chacun s'accorde à définir la gymnastique comme un enchaînement d'éléments possibles, le concept d'élément reste confus ainsi que les notions corréla­tives de difficulté et de complexité. A la lecture du code de pointage et du précis de terminologie (FIG). il nous apparaît que : - les dénominations de nombreux élé­ments ne sont pas suggestives, exemple : salto, Diamidov. renversement. Auer­bach, etc.. - le début et la fin des éléments ne sont pas délimités avec précision. - de nombreux éléments semblent nés de l'association d'un nombre plus ou moins grand d'autres éléments, exemples : Cha-quinian. Stalder. etc.. - le sens des rotations (salto, grands tours) est inversé par rapport au sens des oscillations (balancers), - manière de faire, dénominations, ni­veaux d'exécutions, solutions, problèmes, coexistent, pèle-mêle, créant l'illusion de la diversité, exemple .- salto, saut périlleux, amorcé, coup de pied à la lune, Gromov. Auerbach... semblent n'illustrer qu'un aspect particulier d'un élément possible. - les principes sur lesquels repose la classification en difficulté (A, B, C, moyenne ou supérieure) sont difficiles à cerner, les notions de difficulté et de complexité n'étant pas clairement distin­guées ; en outre, seuls sont pris en considération les éléments existants. A l'occasion de ces derniers championnats du monde, chacun a pu ressentir ces problèmes de manière plus ou moins intuitive, en particulier, l'enseignant d'EPS perçoit, avec inquiétude, l'élargisse­ment du fossé qui sépare la « gymnastique de haut niveau » de la « gymnastique scolaire » ; l'ésotérisme croissant qui ca­

ractérise le monde de la gymnastique fait qu'il ne se sent plus capable d'élaborer un contenu gymnique et se voit contraint d'accepter les « produits finis » mis au point par les spécialistes en vogue. Notre objectif est de permettre - par le biais de l'élaboration d'une terminologie cohérente - une approche logique de la gymnastique et l'accroissement de l'auto­nomie de l'enseignant d'EPS. A cette fin. il nous faut : 1. Déterminer (sans ambiguïté) où com­mence et où finit un élément quel qu'il soit. Nous remarquons qu'en règle générale, l'enchaînement gymnique fait passer l'exé­cutant par une alternance de positions hautes et de positions basses qui, d'un point de vue mécanique, correspondent à un minimum et un maximum d'énergie potentielle (é. p.). Exemples (fig. 1. 2. 3). Nous avons le choix entre deux possibili­tés : - prendre en considération les passages en position « haute ». - prendre en considération les passages en position « basse ». Nous choisissons les positions basses pour les raisons suivantes : - les positions « hautes » peuvent être plus ou moins hautes, leur hauteur étant intimement liée au niveau d'exécution, elles sont donc innombrables ; alors que les positions « basses » sont indifférentes au niveau d'exécution et, par conséquent, uniques pour un élément. Considérons, par exemple, deux exécutions différentes d'une oscillation en suspension à la barre fixe (fig. 4, 5), - si le passage par une position « basse » (b = stable) correspond à un minimum

d'énergie potentielle, il correspond également à un maximum d'énergie cinétique; en consé­quence, à ce moment précis, un exécutant sera pratiquement contraint de maintenir une position stable, il n'en est pas de même pour les positions « hautes » (h = variable) qui peuvent être modifiées. Nous considérons donc : qu'un élément commence au passage à une position << basse » et s'achève au passage à une position « basse ». Nous saisissons, d'emblée, l'intérêt d'une telle conception sur le plan pédagogique car seul l'élément est pris en considération et non son niveau d'exécution (celui-ci étant, en grande partie, caractérisé par la hauteur de ses positions hautes). 2. Caractériser l'élément. a) Chaque passage à un minimum d'éner­gie potentielle se traduit par l'adoption d'une position (basse) possible. Les posi­tions possibles sont en nombre limité, nous les avons répertoriées en éliminant les variantes. Certaines positions sont transférables d'un agrès à un autre ainsi que le fait apparaître le tableau associé au répertoire (cf. planches photos). Appelons ces positions PO ; l'élément devient : le passage d'une PO à une PO. b) D'une PO à une PO, un certain nombre de problèmes peuvent être envisagés (sus­ceptibles d'être combinés entre eux) qui. comme les PO sont en nombre limité : au total neuf, le tableau qui suit les fait apparaître (cf. tableau). Nous sommes, désormais, en mesure de compléter la définition préalablement éla­borée. L'élément gymnique sera le passage d'une PO à une PO en impliquant un nombre variable de problèmes. Exemples .- (fig. 6, 7). La notion de complexité nous apparaît alors clairement, caractérisée par le nom­bre de problèmes impliqués entre deux

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PO. Nous pouvons parler de niveau de complexité 1, 2, 3, etc. Exemples : (fig. 8). Alors que la complexité fait l'objet d'une analyse structurale indifférente à l'exécu­tant, la difficulté ne peut être prise en considération que par « exécutant inter­

posé », en relation étroite avec l'effort fourni, avec la quantité d'énergie dépen­sée.

La difficulté peut varier • Pour un élément : avec le niveau d'exécution, en relation étroite avec la durée de réalisation (amplitude). • Pour des éléments différents : - avec le niveau de complexité, lui-même intimement lié au niveau d'exécution ; en effet, plus l'élément est complexe, plus il faudra de temps pour réaliser la totalité des problèmes entre deux PO, - avec la quantité de rotation (sur tous les axes), comme pour la complexité, il faut plus de temps pour tourner plus (pour une même vitesse de rotation). • Quel que soit l'élément : avec le con­texte dans lequel il est placé : - la réalisation d'un élément est facilitée = a) lorsque l'élément qui précède celui qui

nous intéresse procure une quantité d'énergie suffisante (élan), b) lorsque l'élément qui suit « con­somme » peu d'énergie, donc exige peu de celui qui précède, - la réalisation est rendue difficile = a) lorsque l'élément qui précède fournit peu ou trop d'énergie (dans ce dernier cas, « l'exploitation » de cet excès d'énergie impliquera une dépense énergétique qui peut être très importante). b) lorsque l'élément qui suit exige beau­coup d'énergie de la part de celui qui précède.

Remarque : Ces considérations nous amènent à pren­dre en compte la notion « d'étages » aux agrès. Exemple : aux barres parallèles (sur oscil­lations) (fig. 9).

(suite page 68)

Tableau

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répertoire de PO

Photos : J.-Y Mathivat 66

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Le schéma suivant (cf. fig. 10) donne une idée de l'accroissement de la con­trainte d'un contexte consécutive à une modification de ses caractéristiques éner­gétiques (E) induite par les deux paramè­tres : - complexité, - niveau d'exécution (amplitude). L'exécution de l'élément (x) évolue en efficacité en regard du contexte.

Cette efficacité se traduit généralement par : - une diminution de l'amplitude, - un accroissement de la vitesse du centre de gravité. En conséquence, nous dirons que l'évolu­tion en difficulté et complexité d'un contenu passe par l'amélioration du ni­veau d'exécution. En ce qui concerne les débutants, leur objectif sera la réalisation et l'amélioration

du niveau d'exécution d'éléments de complexité 1, afin d'accéder, à long terme, aux éléments plus complexes ou plus difficiles, ceci dans le cadre d'enchaî­nements courts et faciles. En ce qui concerne les exécutants accé­dant au niveau 2 de complexité, l'objectif est double : - améliorer le niveau d'exécution des éléments de niveau 2, afin d'accéder, à long terme, aux éléments plus complexes ou plus difficiles, - s'accommoder, pour chaque élément, d'un contexte de plus en plus contrai­gnant, donc faire évoluer l'exécution en efficacité (cf. fig. 10). En résumé - l'élément est défini comme étant le passage d'une PO à une PO en impliquant un nombre variable de problèmes, - pour accroître la complexité d'un élé­ment, il est nécessaire d'améliorer son niveau d'exécution, - l'amélioration du niveau d'exécution se traduit par une augmentation : • de l'amplitude, • ou de l'efficacité.

J. Thévenin et collaborateurs

" Ont participé à lu réalisation de cette étude : T. Alberti. J.-F. Demeste. M. Laforet. C. Papadopoulos. C. Réan. étudiants au CRFPS de Reims. J.-I.. Blanc. C. Sablayrolles. professeurs EPS.

L'exécution de l'élément (X) évolue etc. Fig. 10

Au sommaire du n° 43 (avril-mai 1979) Une pâquerette (éditorial de Noël Tamini, rédacteur en chef). Les secrets de la performance (l'illustre biologiste américain Costill explique le rôle déterminant du café pour les marathoniens, l'utilisation des glucides, etc.) Coamo, une course à vivre, Haïti, un pays à aimer (SPIRIDON dans les Caraïbes, par De Munari). La course doit rester jeu (par le Dr Sagnet). Les records mondiaux juniors, du 800 m au marathon. Panorama chiffré de 1978 : avec notamment les 100 meilleurs performers de l'année en marathon, les meilleurs performers sur 100 km route (y compris les 33 meilleures féminines I), les 100 meilleurs marathoniens et les 30 meilleures marathoniennes de France. Classements des récentes courses hors stade, sur piste, en cross, en marathon (avec les résultats des championnats européens en salle, des championnats mondiaux de cross, des championnats nationaux de cross). Pour la première fois : 25 pages de photos inédites (jeu de jambes au soleil de Californie, les jumelles de course anglaises, la madone des stades, départ d'une course dans la Somme au XIXe siècle, les championnats de cross à Aix-les-Bains, Kimobwa-la-Cigale, les championnats mondiaux de Limerick, le coureur octogénaire de Nouméa, les spiridoniens de La Paz, une course à Djibouti, une autre à Haïti, l'Ethiopien Yifter à Porto-Rico, la jeune Italienne sans entraîneur, la Roumaine Marasescu, l'Anglaise Arthurton, les trois vétérans de Gravenchon, le marathon de Catalunya, un marathon... en salle, le 3.000 m de Vienne, etc. " Céad mile fáilte ! " (SPIRIDON aux championnats mondiaux de cross en Irlande, par N. Tamini). Conseil de saison, par Arthur Lydiard. L'avis du praticien pratiquant, par le Dr Turblin. ... et les pages d'ECHOS (par N. Tamini), de GRAPPILLONS (textes révélateurs mais peu connus), de la TRIBUNE des lecteurs, le CALENDRIER des prochaines courses hors stade (avec le calendrier complet des courses de montagne). Tiré à 11.000 exemplaires, ce numéro de 80 pages a paru le 18 avril.

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