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H20-2007

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des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Bordeaux. une reconnaissance officielle avec Pour la cinquième fois, H 20 vous offre remodèlent le paysage des métiers scientifiques en affûtant leurs compétences et en mettant humaines, de chroniques de l’année composé de visites de sites, de rencontres et de dossiers thématiques. La chimie verte s’impose pour aider à entrer et techniques, la vigne et le vin se dotent le prix Jacques Paul de l’Académie nationale de la compétitivité.

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“ La science est ce que le père

enseigne à son fils. La technologie,

c’est ce que le filsenseigne à son

papa”Michel Serres

Chaque année qui se présente porte sa marque.

En Aquitaine, H 20 a capté pour vous

les caractéristiques de l’année 2007.

La chimie verte s’impose pour aider à entrer

dans l’ère écologique, les femmes d’Aquitaine

remodèlent le paysage des métiers scientifiques

et techniques, la vigne et le vin se dotent

d’une organisation pour relever le défi

de la compétitivité.

C’est véritablement à une scène mondialisée

et à un développement durable que la recherche

et l’industrie de la région se préparent,

en affûtant leurs compétences et en mettant

au point des innovations parfois inattendues.

Pour la cinquième fois, H 20 vous offre

un voyage original en Aquitaine, un voyage

composé de visites de sites, de rencontres

humaines, de chroniques de l’année

et de dossiers thématiques.

Pour la première fois, H 20 reçoit

une reconnaissance officielle avec

le prix Jacques Paul de l’Académie nationale

des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Bordeaux.

Voilà pour Cap Sciences un encouragement

supplémentaire à poursuivre sa production

éditoriale.

Nous vous souhaitons une très bonne lecture !

La rédaction

Editorial

LA REVUE DES SCIENCES & DE L’INDUSTRIE EN AQUITAINE 2007

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LA REVUE DES SCIENCES & DE L’INDUSTRIE EN AQUITAINE 2007

S O M M A I R E

Mémoire39 Des paquebots volants à Biscarrosse

43 La fulgurante ascension de la sociologie bordelaise

Rencontres50 Hubert Montagner aux côtés de l’enfant qui grandit

52 Voyage au pays des fractales

55 Nadine Ninin alliance d’idée et d’audace

57 Emeric d’Arcimoles un assembleur de talents

59 Voyage au bout de la Terre

Visites18 Pyrenex des duvets 100 % nature

20 Exameca un alliage de savoir-faire et d’innovation

22 Bayonne métamorphose d’un port

25 Le trésor souterrain du Périgord

28 Esquad tisse le jean costaud des fous de moto

31 Nérac c’est ici que tout commence

Chronique7 L’actualité des sciences

et de l’industrie en Aquitaine

Focus46 Eaux minérales, eaux de sources

Portfolio33 Le CHU à cœur ouvert

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Références106 A consulter - A voir

110 A contacter

Questions d’environnement62 La chimie verte64 La chimie en mutation

66 La conquête de l’or vert

69 En route vers le bioplastique

70 Vers des solvants plus propres

73 La délicate question des pesticides

Questions de société78 Les femmes en Aquitaine80 Qui sont-elles ?

81 La démographie féminine en Aquitaine

83 Des emplois féminins concentrés dans le tertiaire

85 La science domaine réservé aux hommes ?

Questions de recherche90 La vigne et le vin92 Un vin en mutation

94 Une économie en expansion

96 Le vignoble passé au crible

98 Vin et santé : à consommer avec modération ?

99 Quand le vin se révèle bon pour la mémoire

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Directeur de la publicationBernard Alaux

Comité de rédactionBernard Favre, Bernard Alaux, Jean-Alain Pigearias, Sendra Lejamble-Dubrana

Rédacteurs en chefBernard Favre / Sendra Lejamble-Dubrana

Ont participé à ce numéroRédaction : Nathalie Mayer, Marianne Peyri,Philippe-Henri Martin, Laure Espieu,Claire Moras, Renaud Persiaux, Yann Kerveno, Julie Fraysse, Daniel Tarnowski,Jean-Luc EluardPhotographie : Frédéric Desmesure,Joackim di Dio, Nicolas Tucat, Conseil Régional, mairie de BordeauxDocumentation et recherche d’information :Véronique Le MaoMaquette et direction artistiquePatrice Brossard PAOIsabelle Julien, Serge LafargueImpressionImprimerie Laplante, Mérignac

Contact rédaction et diffusionSendra Lejamble-Dubrana05 57 85 51 45 – fax 05 57 85 93 81mél [email protected]

PublicationCap Sciences, association loi 1901, Hangar 20, Quai de Bacalan, 33300 Bordeaux

ISSN 1637-9381Dépôt légal mars 2007

H20 est publié par Cap Sciences, avec lesoutien du Conseil régional d’Aquitaine,du ministère délégué à la Recherche et auxNouvelles Technologies et de l’Unioneuropéenne. H20 a bénéficié de la coopération activedes universités, des organismes de rechercheet de soutien technologique, ainsi que dumonde industriel d’Aquitaine.

© Tous droits réservés.

ANNUEL 2007

LA REVUE DES SCIENCES ET DE L’INDUSTRIEEN AQUITAINE

Nathalie Mayer : Physicienne de formation, elle est diplômée du DESS de Communication scientifique et technique de Strasbourg. Après avoir été chargéede la communication de l'Observatoire aquitain des sciences de l'univers, elle enseigne les sciences physiques à Floirac (collège Georges Rayet) et travaille à la rédaction de fiches encyclopédiques. Elle fait également partie de l'équipe de bénévoles qui anime le site Internet d'information scientifique Futura-Sciences.

Philippe-Henri Martin : Titulaire d’une Maîtrise de droit public, il a effectué un stage de journalisme au CFPJ. Pigiste-rédacteur au Guide du Routard, il a collaboré à un projet de collection de guides de voyage (Les éditions du tourisme), et a été pigiste à l’agence textuel.

Marianne Peyri : Titulaire d'un Maîtrise de Lettres modernes, diplômée de l'EcoleSupérieure de Journalisme de Lille, elle a exercé, durant deux ans, dans la pressequotidienne régionale, au Dauphiné Libéré et à la République du Centre Ouest.Depuis 1999, elle s'est installée dans sa ville natale, Bordeaux, comme journalisteindépendante. Elle collabore, depuis, à divers titres de presse magazine et professionnelle,écrit des guides touristiques et intervient comme formatrice dans le milieu scolaire et social.

Frédéric Desmesure : Diplômé de l'Ecole nationale de photographie d'Arles en 1991,il travaille comme photographe indépendant en région Aquitaine. Pour la pressenationale avec l'agence Editing à Paris ou pour la scène culturelle bordelaise, il cherche àgarder une démarche d'auteur, même en dehors des salles d'exposition. Son dernierouvrage (« Madones ») est un recueil de photographies et de poèmes de Patrick Espagnet.

R E D A C T E U R S

P H O T O G R A P H E

Claire Moras : Titulaire d’une maîtrise de Sciences de la Terre, et diplômée du DESSde Communication et Information Spécialisées de Bordeaux, elle réalise des piges pour des magazines aquitains. Elle effectue par ailleurs diverses collaborations avec des CCSTI et associations en tant que médiatrice scientifique.

Laure Espieu : Diplômée de l’IUT de journalisme de Tours en 2001, elle débutecomme pigiste à Toulouse, où elle collabore avec divers titres (jeunesse, santé, culture).Installée à Bordeaux depuis deux ans, elle a travaillé pour Sud Ouest en Gironde etpour le journal gratuit 20 Minutes, depuis son implantation. Elle est aujourd’hui correspondante pour Libération.

De gauche à droite : Bernard Alaux, Patrice Brossard, Bernard Favre, Isabelle Julien, Sendra Lejamble-Dubrana, Véronique Le Mao, Jean-Alain Pigearias.

U N I O N E U R O P E E N N E

E Q U I P E n H 2 0

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Julie Fraysse : Diplômée de l’Institut d’Etudes Politiques (IEP) de Toulouse et de l’Institut pratique du journalisme (IPJ) à Paris, elle a commencé sa carrière au seinde l’Agence France Presse (AFP) à Paris. Après avoir travaillé dans différents servicesde l’agence, elle a nommée en 2000 au bureau de l’AFP à Bordeaux. Depuis un an, cette journaliste de 32 ans a quitté provisoirement l’agence et travaille pour différentespublications, dont le quotidien gratuit « 20 Minutes ».

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Voici une sélection de quelques faits marquantsde l’actualité de la recherche en Aquitaine, découvertes et innovations.

Chronique•Chronique•Chronique•ChroniqueActu

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CIRAM : la science au service de l’Art

et du Patrimoinephysique des Archéomatériauxformés à l’université Bordeaux 1.Soutenu par le ConseilRégional d’Aquitaine, leConseil général de la Gironde,l’association AquitaineEntreprendre et l’incubateurd’entreprises Unitec, leCIRAM s’est rapidement faitune place sur le marché del’art européen.

Depuis deux ans,l’Aquitaine bénéficied’un nouveau savoir-

faire scientifique et techniquepour l’analyse et l’expertisedes objets d’Art et duPatrimoine. Le Centred’Innovation et de Recherchepour l’Analyse et le Marquage(CIRAM) a été fondé par deuxscientifiques spécialisés en

Une équipe de chercheurs du CEA,du CNRS et des universitésde Lyon 1 et de Genève a battu

le record de puissance pour un « flash »laser émis dans l’atmosphère. Avec 30 térawatts (l’équivalent de millemilliards d’ampoules électriques) et une durée de moins d’une picoseconde(un millième de milliardième de secondesoit dix milliards de fois plus courtequ’un flash d’appareil photographique),cette impulsion laser peut se propagerjusqu’à la stratosphère à plus de 15 km d’altitude. Au premiercontact avec l’air, l’impulsion devient « visible » pour former un rayon « laser blanc » et créer un fil rectiligne

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Crédit photo : Ciram

Ce laboratoire propose sesservices aux différents acteursimpliqués dans l’expertise, laconservation et la restaurationdes objets d’art et desmonuments historiques, ainsique la recherche archéologique.Il collabore ainsi avec desmarchands d’Art, desantiquaires, des experts,chargés de la sauvegarde dupatrimoine architectural.En parallèle, le laboratoirepoursuit des travaux innovantsde recherche et développementsur le thème du marquagesécuritaire et de la traçabilitédes œuvres d’Art.« La quasi-totalité desmatériaux (pigments depeintures murale, objets enpierre….) peut être expertisée

à condition que l’on utilise laméthode appropriée »indique Olivier Bobin co-fondateurs du centre. Ainsi,la datation du matériau oul’analyse de sa compositionapporte des informationsobjectives qui complètentl’expertise stylistique deshistoriens d’Art.Afin de répondre de la manièrela plus pertinente aux besoinsd’authentification, le CIRAMtravaille en collaboration avecdes laboratoires de recherchespécialisés et s’attache à innoverdans le domaine de l’analysenon destructive in situ(radiographie X portable etnumérique).http://www.ciram-art.com

de matière chargée électriquement.Ce fil pourrait agir comme un paratonnerrecapable de guider la foudre des nuages vers le sol. Le « laserblanc » permet également de mesurer à distance la pollution atmosphérique.De telles perspectives ont été ouvertesdepuis quelques années par la collaborationfranco-allemande Téramobile ( le laser100 fois moins énergétique).Co-financée par la direction généralepour l’armement, cette campagned’expériences tire parti des performancesexceptionnelles du laser Alisé du CEA-Cesta, sur le site du laserMégajoule du Barp (33). Alisé (ActivitéLaser ImpulSionnel pour les Études) est un outil unique pour parfaire la compréhension de beaucoup des phénomènes physiques mis en jeudans les lasers de puissance et améliorerles technologies actuelles. Le récentrecord de puissance a été possiblegrâce à une collaboration associant le Département des lasers de puissancedu CEA / CESTA, le Laboratoire de spectrométrie ionique et moléculaire(CNRS, Université Lyon 1), le Groupede physique appliquée de l’Université

de Genève et le Département de physique théorique et Appliquée du CEA / DAM Ile-de-France.(source : CEA / Cesta) www.teramobile.orghttp://www.teramobile.fr

Record de puissance pour un rayon « laser blanc »dans le ciel d’Aquitaine

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Les risques liés à la somnolence au volant

recherche sur les transportset leur sécurité de Lyon.Emmanuel Lagarde est lauréat2006 du programme Avenirde l’Inserm. Il dirige depuispeu la nouvelle équipe « Santéet insécurité routière » baséeà l’université VictorSegalen Bordeaux 2. Lespersonnes qui reconnaissentavoir conduit au cours del’année passée alors qu’ellesavaient sommeil sont desconducteurs qui effectuentun nombre important dekilomètres, qui travaillent lanuit, font des heuressupplémentaires ou ontdes contraintes horaires dansleur activité professionnelle.La somnolence au volant estégalement associée à uneconsommation de médicamentspsychotropes et d’alcool. Lesrisques liés à la somnolence,

observés par les chercheurs,ne concernent pas seulementles personnes présentantune pathologie du sommeil.C’est bien le manque desommeil « ordinaire » quiconduit souvent à l’accident.« Les conducteurs sontparfaitement capablesd’évaluer leur état de somnolence,estiment les chercheurs.Dès qu’ils en ont prisconscience, ils doivent s’arrêteret dormir ou renoncer àprendre le volant.Les mesures préventivesmises en place jusqu’à présenten France n’ont pas permis deréduire significativement lesaccidents dus à la somnolence.La pr ise de consciencede ce risque est restéefaible comparée à celledes risques liés à l’alcool et àla vitesse. « Alors que des

progrès importants ont étérécemment réalisés enmatière de sécurité routière,essentiellement grâce à uneréduction de la vitesse, nosrésultats devraient inciter àla mise en place de messagesde prévention égalementaxés sur la somnolence auvolant » concluent lesauteurs. Ils proposent lapromotion de l’hygiène dusommeil, des « pauses sommeil »au cours des longs trajets,l’installation de bandesrésonnantes le long desautoroutes, la créationd’aires de repos accueillanteset le développement desystèmes embarqués dedétection de l’assoupissement.http://www.bordeaux.inserm.fr

Une étude réaliséeauprès de 20 000volontaires montre

que la plupart des conducteurstentent de lutter contre lesommeil au volant… Prèsd’un millier de décèsseraient dus à la somnolencechaque année et on estimeentre 10 000 et 20 000 lenombre de décès évitables.Cette étude a été réaliséepar Emmanuel Lagarde etHermann Nabi de l’unité 687de l’Inserm (Saint Maurice,94) et leurs collègues del ’ Inst i tut nat iona l de

Surveillance en continu des eaux de l’estuairede la Gironde

La qualité des eaux de l’estuaire de la Gironde est dorénavant analysée en continu. Plus encore,des simulations informatiques pour comprendre

et prédire l’oxygénation des eaux sont réalisées. En effet, quatre stations de mesure de qualité des eauxsont implantées à Libourne, Portets, Bordeaux et Pauillacdepuis près de deux ans. Par un système de capteurs, ces stations mesurent plusieurs paramètres toutes les 10 minutes : température,salinité, turbidité et teneur en oxygène dissous. Le laboratoireEPOC (Environnements et PaléoenvironnementsOcéaniques) de l’université Bordeaux 1 collecte les données qui sont traitées en profondeur et servent à alimenter deux simulations informatiques sur la dynamique des matières en suspension et sur l’oxygénation des eaux. L’enjeu est de comprendreles processus influençant l’oxygénation de l’estuaire.Effectivement, les courants de marée (alternance de flot et de jusant) provoquent une concentration des matièresen suspension fluviales et la formation d’un bouchonvaseux qui fait de la Gironde un des estuaires les plusturbides d’Europe. Cela a pour conséquence la réductionde la pénétration de la lumière dans les eaux de l’estuaire et de façon saisonnière, dans la partieestuarienne amont, l’enregistrement de teneurs trèsfaibles en oxygène des eaux, influençant grandementles cycles du monde vivant, animal ou végétal. L’étudedu déplacement de ce bouchon est donc cruciale poursurveiller l’estuaire et sa vie biologique sous toutes ses formes.http://www.epoc.u-bordeaux1.fr

Un nouveau regardsur les villae

romaines d’Aquitaine

Près de 200 villae ont été recenséesdans le Sud-Ouest, certaines étantparmi les plus abouties de France.

Bien que nombre d’entre elles aient étédévoilées et étudiées il y a déjà plusieursdécennies, les dernières techniques de

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Sentiment d’insécurité, tensionentre les élèves et les enseignants…la situation ne s’améliore pas

en France. L’Observatoire Européen de la Violence Scolaire (OEVS) installéà l’Université Bordeaux 2 depuis 1998et co-financé par l’Union Européenne,le conseil régional Aquitaine, le ministèrede l’Education Nationale et l’universitéBordeaux 2, étudie en profondeurcette problématique. Aujourd’hui, son réseau se développe au-delà des frontières européennes et s’étendvers d’autres continents. Les recherches de l’OEVS ne concernentpas uniquement les faits divers éclatantset très médiatisés qui enflammentl’opinion publique, mais surtout les violences répétitives et concentrées,qui sont plus graves et très peu analysées.Selon l’OEVS, ces « microviolences »sont peu déclarées par les victimes.Même si la majorité des chefs

d’établissements signalent aujourd'huiles faits dont ils ont connaissance, les statistiques officielles affichent un chiffre apparent des délinquances,ne pouvant pas tenir compte du chiffreréel. Elles enregistrent le plus souventles incidents physiques graves qui fontsensation. Pour ces raisons, l’OEVS se penche sur l’étude des violences « cachées » sur une longue durée. Il dresse un état des lieux de la violenceen milieu scolaire avec une comparaisonentre zones (favorisées et défavorisées),entre établissements et à l’intérieur de chaque zone, en France et en Europe.Les enquêtes de l’OEVS reposent sur des questionnaires directementadressés aux élèves et aux personnelsdans les collèges et les lycées et sur des entretiens collectifs et individuelsavec les victimes. Les résultats montrentque les écoles les plus touchées sontcelles situées en zones défavorisées

et délaissées par les pouvoirs publics.Dans ces écoles, les enseignants n’ontreçu aucune formation initiale centréesur le relationnel, qui leur permettraitde repérer les difficultés avant que les situations ne dégénèrent. Ils pourraientalors passer le relais aux personnelscompétents si nécessaire. Toutefois, au seinmême d’une zone défavorisée, la tendancepeut être inversée ; les sentimentsd’insécurité sont considérablementréduits dans les établissements où les équipes éducatives travaillentensemble et dans la cohérence. Ces équipes tentent ainsi de favoriserla communication et diminuer les tensionsentre élèves et enseignants. En ce quiconcerne la délinquance des mineurs,les chercheurs tentent de croiserregards des victimes, regards institutionnels et regards des délinquantsL’une des principales recherches de l’Observatoire, menée avec l’universitéde Sherbrooke au Québec, s’intéresseau phénomène du décrochage scolaireet tente d’analyser les variables interdépendantes qui influencent ce type de situation. http://www.obsviolence.com

recherche, dont celles du Groupe derecherche archéologique (GRA) del’université de Pau et des Pays de l’Adour ontincité les archéologues à se pencher ànouveau sur ces constructions complexes.Les villae sont des résidences aristocratiquesrurales apparues en France et dans le Sud-Ouest à partir des années 10-15 après JC. Ala fin des années 70, les chercheurs semirent à étudier l’architecture des partiesrésidentielles de ces villae. Vingt ans après,les techniques et les orientations derecherche ont évolué ; l’environnement desvillae se précise, la cartographie des

établissements se dessine et grâce à desdonnées plus fines, certaines datations sontrévisées. Ainsi la villa sur le chantier deLalonquette au nord de Pau s’est avéréebeaucoup plus ancienne que ce qui avait étédéterminé. Dans les années 60, cette villaavait été datée au milieu du premier siècle.Les études de François Réchin et LaurentCallegarin du GRA et de Christian Darles del’Ecole d’architecture de Toulouse ont permisde déterminer que la villa avait été construitedeux générations plus tôt. On a longtempscru qu’il y avait eu un délai entre ledéveloppement romain des villes en Gaule

et les constructions rurales. Il s’avère quebeaucoup des constructions urbaines etrurales datent des années 10-15, période oùs’est donc produit un gigantesquemouvement de construction en Gaule.Aujourd’hui, ce n’est plus simplementaux villae elles-mêmes que les scientifiquess’intéressent, mais également à leurenvironnement. Les équipes derecherches intègrent en effet différentesdisciplines. Ainsi des chercheurs spécialisésdans les pollens, les charbons ou les graineseffectuent des prélèvements dans lescouches de terre qu’ils décortiquent à l’aidede pinces à épiler et de loupes. Lesinformations qu’ils en tirent permettent dedéterminer la végétation autour des villae,les types de plantes cultivées, les espèces debois utilisées pour la cuisine… Autour de lavilla de Lalonquette par exemple, l’espaceétait à l’époque plutôt boisé avec des prairieset de la lande. L’agriculture se portait davantagesur l’élevage que sur les cultures. Autreindication, il existait probablement destroupeaux mixtes pratiquant la transhumance.Ces résultats des recherches sont réunisdans le Hors-série n°2 de la revueArchéologie des Pyrénées Occidentales etdes Landes publié en avril 2006. Edité par leGRA, cet ouvrage rassemble 19 contributionsde chercheurs français et espagnols sous letitre « Nouveaux regards sur les villaed’Aquitaine : bâtiments de vie et d’exploitation,domaines et postérités médiévales ».http://www.univ-pau.fr/RECHERCHE/GRA

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Accompagner les élèves à l’école.La violence scolaire augmente, les enquêtes le montrent…

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Une plate- forme unique enFrance, AIFIRA (ApplicationsInterdisciplinaires de Faisceaux

d’Ions en Région Aquitaine) s’est installéefin 2005 au Centre d’Etudes Nucléairesde Bordeaux-Gradignan. Au service dela recherche fondamentale et appliquée,ce nouvel outil utilise les dernièrestechnologies issues de la physiquenucléaire. Il permet aussi bien decaractériser la matière vivante et inerteque de modifier ses propriétés physico-chimiques. Les domaines concernés sonttrès divers : médecine, environnement,archéologie, industrie et nanotechnologies.Cette plate-forme est constituée d’unaccélérateur de particules délivrant desions qui se déplacent sous vide dans destubes appelés lignes de faisceaux. Lesapplications sont variées… Par exemple,en matière de radiobiologie, l’irradiationciblée des cellules vivantes permet d’obtenirdes informations sur les mécanismes deleur réponse à l’exposition à de faibles

doses de radioactivité. Celles-ci serventà développer de nouveaux traitements parfaisceaux d’ions de tumeurs cancéreusesprofondes. On parle alors « d’hadron-thérapie », une alternative à la radio-thérapie. Dans le domaine de l’envi-ronnement, la technique des faisceauxd’ions permet de dresser une cartographiedes éléments toxiques dans l’atmosphère,les tissus animaux et végétaux. Lesfaisceaux d’ions sont égalementemployés dans des études sur le traitementdes déchets nucléaires. En effet, ilspermettent d’obtenir des donnéesphysiques précieuses pour mettre aupoint des méthodes de transformationde ces déchets. Cela donne lesmoyens de prévoir les risques et decréer des outils pour les contourner… Laliste des applications est très longue. Laplate-forme AIFIRA promet desdécouvertes et des innovationsinattendues…http://www.cenbg.in2p3.fr

Technologie de pointe au cœur des atomes

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Un timbre qui vautcent mammouths !

Un timbre commémorantles cinquante ans de la re-découverte

de la grotte de Rouffignac, surnommée« la grotte aux cent mammouths », a récemment été mis en vente. A elles seules, les figurations de cet animal dans cette grottereprésentent la moitié de cellesvisibles dans les cavités d’EuropeOccidentale. Cette caverne du Périgordnoir a été ornée par nos ancêtresMagdaléniens (de 15 000 à 10 000 ansav. JC) d’un bestiaire gravé et peintoù domine ce pachyderme (158 représentations). C’est donc en hommage à leur talent que les artistes modernes de l’imprimeriedes timbres de Boulazac, située également en Dordogne, ont émis ce timbre gravé en taille-douce et imprimé en feuille de trenteexemplaires. Seuls 7 à 8 types de timbres, dont la Marianne, le timbre le plus courant, y sont imprimés selon cette tradition d’impression basée sur le travaild’un artiste graveur. Chaque détailest gravé dans une plaque d’acierpar ces virtuoses du burin, rendantl’ensemble d’une part très esthétique(chaque nuance dépendra du reliefexact des entailles) et d’autre partimpossible à reproduire.

La révolution des Nanos

Les matériaux de demain s’annoncent ultra légers et de plusen plus résistants, grâce à une innovation dans l’infinimentpetit : les nanotubes de carbone (NTC). L’Aquitaine se place

au coeur des nanotechnologies avec l’émergence d’un pôle de recherche et de développement sur les nanomatériaux.L’aventure commence au Pays de l’Adour, à Lacq près de Pau où le groupe Arkema, spécialiste en chimie des matériaux, a inauguré un pilote de laboratoire unique en Europe capable de produire près de 10 tonnes de NTC par an. Société de chimiede taille mondiale, Arkema produit depuis 2006 près d’une dizainede tonnes de NTC par an, au prix de 300 à 500 euros le kilo.L’objectif d’Arkema est de produire d’ici 2010, 200 tonnes par an à 100 euros le kilo. Un défi ambitieux que les ingénieurs d’Arkemavont tenter de relever. En Europe, jusqu’ici la production des NTCrestait très faible et limitée à quelques start-up. Les principalesapplications sont dans les domaines de l’aéronautique, de l’aérospatiale et du sport. Chez Arkema, les NTC sont fabriqués

à partir d’éthanol. Son procédé de fabrication breveté consiste à injecter de l’éthanol dans un réacteur chauffé à très haute température. La poudre de NTC est ensuite, soit purifiée pour être utilisée dans les domaines de l'électronique, ou de l'énergie (encore en expérimentation), soit « enrobée » d’un polymèreapproprié pour une meilleure dispersion en tant qu’additif dans des matériaux composites. En plus de leur légèreté et de leurs performances mécaniques exceptionnelles (résistance,flexibilité, plasticité), ces matériaux composites obtenus avec les NTC ont une très bonne conductivité thermique - c'est le cas du diamant - et possèdent aussi une excellente conductivité électrique, voire se comportent comme semi-conducteurs. Les NTC peuvent être utilisés pour fabriquer des téléphones portables,des piles à combustible faiblement consommatrices d’énergie, des équipements de voitures, des structures d’avions, des éoliennes, ou encore du matériel de sport… Imaginez un vélone pesant que quelques kilos et à la résistance des pièces composites nettement améliorée, ou un écran d’ordinateur enroulable que l'on peut glisser dans la poche. Le monde des nanos nous promet des merveilles...http://www.arkema.fr

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La société de recherchecontractuelle Rescoll,située à Pessac, et 15

par tena i res européens(entreprises et laboratoiresde recherche) initient un programme de développementde prothèses partiellementrésorbables en matériauxcomposites. Le projet « Newbone », évalué à 6,6 ME,sera co-financé par l’UnionEuropéenne qui l’a retenuau sein du 6e programmecadre de recherche etdéveloppement. Les plusgrands spécialistes européens

dans les domaines des bio-matériaux, traitements desurfaces et fabricantsd’implants de 13 pays del’Union, travailleront doncensemble pendant les troisprochaines années. Ils mettrontau point des implants deremplacement d’os, sur lesquelsle tissu osseux pourra sedévelopper, évitant ainsi toutrejet, réduisant les problèmesd’infection … Les caractéristiquesmécaniques de ces implants(rigidité, flexibilité, résistance…)permettront d ’év i ter ladécalcification de l’os proche

de l’implant. Rescoll, entrepriseissue il y a plus de 10 ans del’Ecole Nationale Supérieurede Chimie et de Physique deBordeaux (ENSCPB), apporteraau projet son expertise enbiomatériaux et polymères.Les matériaux compositessont en effet constitués d’unerésine polymère renforcée defibres. Il faudra donc choisirles résines et fibres adéquates,ainsi que les procédures depolymérisation (solidificationde la résine). Le choix n’estpas simple puisqu’une partiede l’implant est amenée à

se « dissoudre », afin depermettre à l’os de pousserdans la partie résorbée. Lapartie non-résorbée de l’implantassurera la tenue mécanique.Les partenaires du projetdévelopperont d’abord unimplant en forme de tige quipourra remplacer une partied’un os long tel un fémur. Latechnique, une fois au point,pourra être appliquée à desimplants plus complexes detype hanche ou genou, quireprésentent un marchéconsidérable.http://www.rescoll.fr

7septembre 2006. Pour la premièrefois une intervention chirurgicalesur un être humain est réalisée

dans des conditions de quasi-apesanteur, à une altitude située entre 7 600 et 8 500 m.Lors d’un vol dans l’Airbus A300 Zéro G, l’un des deux avions au monde capables de créerdes séquences de microgravité, le professeurDominique Martin, chef du service de chirurgieplastique et reconstructrice du CHU de Bordeauxa ainsi effectué l’opération avec la collaboration de l’anesthésiste Laurentde Conick. Une petite boule graisseuse a étéretirée sur l’avant-bras d’un patientvolontaire, Philippe Sanchot, qui avait étéchoisi non seulement en raison de sa pathologie(présence de nodules graisseux), mais également

à cause de sa résistance aux conditionsd’apesanteur. Au cours d’une campagne de trois jours, l’avion géré par la sociétéNovespace (filiale du CNES située à Mérignac), a embarqué des groupes d’expériences variées. Pendant chaque vol de trois heures, l’avion a décrit 32 paraboles.Lorsque l’avion s’élève à plus de 45 degrés, la gravité est d’abord augmentée pendantenviron 20 secondes. Les passagers se sententalors presque deux fois plus lourds. Suit unepériode de 22 secondes de quasi-apesanteur,avant la descente à 42 degrés pendantlaquelle la gravité est à nouveau proche de 2 fois celle ressentie sur la Terre. Au totalce sont donc plus de 11 minutes de quasi-apesanteur dont les scientifiques ont pu disposer.

En prévision de cette intervention chirurgicale,un bloc opératoire (4m x 2m x 2m) avait étéspécifiquement construit par GeorgesMérimée, de la société Ascendud, une entrepriseau départ spécialisée dans la conception d’ascenseurs sur mesure. Cette chambre chirurgicale de structure aluminium a été conçue pour être légère et résister à des pressions très importantes, ici de l’ordrede 9 g (9 fois la gravité terrestre). Le champopératoire et le système de filtration d’air ont également été fabriqués sur mesure pour l’opération. Pour des raisons de précisionet de sécurité, les mouvements des médecinset des instruments doivent impérativementêtre maîtrisés lors des phases d’apesanteur.Les uns sont donc sanglés comme des alpinistes,et les autres aimantés à la table. Un petitplomb sert de témoin des séquences d’apesanteur. Ce n’est que lorsqu’il flotte que le chirurgien intervient sur le patient, afin que toute l’opération soit réalisée en conditions d’apesanteur. Dans l’AirbusA300 Zéro G, la difficulté est de saccader l’intervention lors de chaque période d’apesanteur. Le professeur Martin est convaincu que dans l’espace, en apesanteur constante, la plupart des interventions pourraient être réalisées, avec éventuellement des aménagements particuliers en cas de risques de saignementsimportants. La prochaine étape est d’apprendre à un robotles gestes du chirurgien. Les interventionsseraient alors pilotées depuis la Terre par le médecin et réalisées par le robot dans les conditions d’apesanteur.CNES : Centre National d'Etudes Spatiales ESA : European Space Agency.

http://www.chu-bordeaux.fr

Première opération en apesanteur

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Partenariat européen sur les biomatériaux pour Rescoll

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mois, différents matériaux ont été envisagéset testés pour leur résistance à l’abrasion.Le choix s’est finalement arrêté sur unecéramique, utilisée principalement dansl’industrie pour recouvrir les fours decuisson (en raison de sa bonne tenuethermique) et les grosses canalisations.Depuis fin juillet 2006, dès 22 h et jusqu’à4 h du matin, une équipe de 20 personneset deux machines spéciales fixent descarreaux de céramique de 2 cm de côtésur les segments isolants des pistesd’alimentation. Ce chantier se dérouletoutes les nuits, sauf en cas de pluie,car la colle ne prendrait pas. Les 3 000zones isolantes du réseau actuel onttoutes été traitées en 2006. En attendantde poser directement des barres isolantesen céramique sur les nouvelles sectionsde tramway, Innorail compte bien,grâce cette procédure, remédier à ceproblème technique et prouver la fiabilitéet la durabilité du système APS.

Bordeaux étant la première ville oùcette innovation a été mise en place àgrande échelle, un certain nombre deproblèmes techniques ont dû être résoluspar des améliorations successives. Lecoût d’un système à alimentation par lesol est bien plus élevé qu’un systèmeclassique, cependant à l’échelle globaledu projet Tramway le surcoût des tronçonsAPS est de l’ordre de 1 à 2 % du coûtglobal. Le coût total des aménagementspour le tramway de Bordeaux est d’environ1 250 millions d’euros. Le tramway adéjà été largement adopté par le publicet le système fait maintenant d’autresadeptes : la mise en place du tramwaysur Bordeaux a en effet permis àInnorail de vendre le système APS àtrois autres villes de France. Et laCommunauté Urbaine de Bordeaux toucherades royalties sur la commercialisationdu procédé dans d'autres villes.

Le LaboratoireIXL (ENSEIRB -Université Bordeaux 1,

CNRS) dispose depuis le 17 mars 2006 d’une nouvelle plate-forme laser dénomméeplate-forme ATLAS dédiéeau test et à l’analyse des circuits électroniques

intégrés. Un faisceaulaser permet par des mesures sans contact et non destructives de prélever localement à l’échelle d’un circuitintégré (taille minimalede motif élémentairepour les technologiesactuelles 65 nm soit 65 milliardièmes de mètre) des informationssur le fonctionnement du circuit. La plate-formeATLAS qui utilisedeux lasers délivrant des impulsions laserultracourtes (inférieuresà la picoseconde ou aumillionième de millionièmede seconde) permet de mettre en œuvre des techniques d’analysedes circuits intégrés dans le but d’optimiserleur conception et d’identifier

les origines de certainesdéfaillances rencontréesen utilisation normale.Cette plate-forme d’instrumentation optiqueet laser est le résultatd’un effort continu de recherche menédepuis 20 ans au Laboratoire IXL sur le thème de l’étude des circuits intégrés par faisceau laser. Elle aété mise en œuvre dansle cadre d’une collaborationavec la sociétéSTMicroelectronics et le Centre nationald’études spatiales avec le soutien de la RégionAquitaine. Les techniquesde test et d’analysedéveloppées sur la plate-forme ATLAS permettentde localiser des défautssubmicroniques responsables

de défaillances irréversiblessachant que chercher un tel défaut à l’échelledu circuit intégré revientà chercher un grain de sable dans une piècede 100 m2. Elles simulentaussi expérimentalementles effets des radiationssur les systèmes et circuitsélectroniques pour évaluerla sensibilité des systèmesdédiés à des environnementsradiatifs (satellites,avions, centralesnucléaires…)...http://www.ixl.fr

C’est un travail de fourmi qui a lieula nuit sur les voies de tramway àAlimentation Par le Sol (APS) de

Bordeaux. Penchés sur les sections isolantesdes pistes, des ouvriers y collent despetits carreaux de céramique afin de lesprotéger contre l’usure due à l’abrasion.Cette procédure a été mise au point parle Centre de Ressources TechnologiquesRescoll, spécialisé dans les matériaux.Cette jeune société, née de l’EcoleNationale Supérieure de Chimie et dePhysique de Bordeaux est venue en aide àl’entreprise Innorail (filiale d’Alstom)qui est à l’origine du système innovantd’APS. En effet, l’usure constatée (1 mm par an) provoquait des différencesde niveaux entre les segments depistes entraînant le décollement desfrotteurs collecteurs de courant sur desdistances allant jusqu’à trois mètres.D’où des coupures automatiques répétéesdu système d'alimentation. Durant six

De la céramique pourprotéger

les pistes de distributions

électriques du tramway

La plate-formeATLAS de l’IXL

Crédit photo : Cap Sciences

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Les compétencesrégionales en pharmacie etsanté s’affichent

Les industriels et les chercheursaquitains dans les secteursde la pharmacie et de la santé

présentent leurs compétences sur un siteInternet (www.competences-sante.fr). Il est ainsi possible de rechercher de manière très simple des professionnelsde l’étude clinique, ou du conditionnement,en passant par l’extraction végétale ou le contrôle qualité, dans les secteursdu médicament humain ou vétérinaire,

des cosmétiques, des dispositifs médicaux…En un an d’existence du portail, plus de 300 compétences ont été répertoriéesdans 118 entreprises et 72 laboratoires de recherche. Cette initiative, coordonnéepar le Groupement interprofessionnel des industries pharmaceutiques et de santédu sud-ouest (GIPSO) qui a fêté ses 30 ans en 2006, semble répondre à un véritable besoin. En effet, depuis sa mise en ligne en septembre 2005, plus de 26 900 visiteurs se sont connectéssur le site. L’intérêt est loin de n’être querégional avec 60 % des visiteurs venantdu reste de la France et 20 % de l’international. Cette nouvelle vitrineva renforcer le Pôle de compétitivitéProd’Innov, valoriser le paysage de compétences du secteur et aider au développement de partenariats.http://www.gipso.org

Un logicielpour prédire l’étatdes canalisationssouterraines

Au centre de recherchedu Cemagref de Bordeaux,Yves Le Gat a conçu, testé

et développé un modèle mathématique qui permet de prédirel’état de dégradation des canalisationssouterraines qui collectent et transportent les eaux usées. Ce travail s’inscrit dans le cadred’un projet européen de recherche,CARE-S, sur la réhabilitationassistée par ordinateur des réseaux d’assainissement.L’objectif est d’élaborer un outilinformatique d’aide à la décisionpour les gestionnaires de réseaux.Le logiciel d’Yves Le Gat permetpar exemple de déterminer la probabilité qu’un tuyau en béton armé, d’un mètre de diamètre, installé il y a dix ans,dans un environnement donné, se trouve dans un état de détériorationdonné. Il est ensuite possible de simuler son vieillissement en fonction du temps. Les 11 payseuropéens partenaires de ce grandprojet ainsi que l’Australie rassemblent non seulement des centres de recherche, maiségalement l’expérience pratiquede centres de gestion des eaux.L’outil informatique completregroupe un ensemble de logicielsconçus par différents partenaires.D’ores et déjà, il est possible de calculer les coûts correspondantsà différents scénarii de réhabilitation.A terme, des fonctionnalités complémentaires permettront d’intégrer d’autres paramètres de type sociologique, comme l’impactdes travaux de réhabilitation et des défaillances techniques sur les réseaux auprès des usagers.L’outil logiciel devrait commencerà être diffusé dès 2007.(source : Cemagref)http://bordeaux.cemagref.fr

La piscine de Bègles réouverte depuis septembre 2006est dotée d’un bassin végétal qui se charge de ladéchloration des eaux de rejet. Une technique vieille de

plusieurs centaines d'années remise au goût du jour etqui utilise les capacités dites de « phytoremédiation »de certaines plantes qui peuvent nettoyer des eaux ou dessols contaminés par des polluants organiques et inorganiques.Ces éléments sont absorbés par les plantes qui les utilisent oules évacuent par évaporation. Diverses espèces déterminéespour l’occasion par un protocole scientifique expérimental sontdonc utilisées dans un bassin de 1 m 50 de profondeur pour unelongueur de 25 mètres sur 2 mètres de large. Iris,joncs, graminées ou encore fougères flottantes fournissentun bel effet esthétique qui permettra d’éviter, les joursd’affluence, le rejet parmi les eaux usées de quelques 500litres d’eaux chlorées en provenance du bassin. Achaque baigneur rentrant dans une piscine correspondent eneffet 30 litres d’eaux rejetées. Les eaux de piscine, riches enchlore, empêchent le développement de germes dangereuxpour les baigneurs, mais elles empêcheraient également ledéveloppement de toutes autres formes de vie si elles étaientrejetées sans être préalablement traitées… En les retraitantautrement que par les méthodes classiques d’épurationchimique, la municipalité de Bègles propose une alternativeinnovante et écologique. Le protocole élaboré prévoitl’évaporation rapide du chlore dans le bassin, sa fixationpar de la lignine de bois grâce à des écorces, et saphytoremédiation par les plantes sélectionnées. Les eauxainsi traitées, d’une pureté équivalente à celle des eaux depluies, sont ensuite réutilisées pour les toilettes du bâtiment,l’arrosage du jardin botanique des Bains et la balayeuse de laville. Ce projet novateur a pu voir le jour grâce une initiative dela mairie de Bègles, le « 1 % scientifique », à l’instar du « 1 % culturel ». Un comité scientifique d’une vingtaine despécialistes et d’acteurs locaux réunis autour de Liliana Motta,artiste-botaniste, le laboratoire EGID (Environnement, Géo-Ingénierie et Développement) ont participé à la mise enapplication du projet.http://www.egid.u-bordeaux.fr — http://mairie.begles.fr

Un bassin végétal pour traiter les eaux de piscine

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Quelles serontles conséquencesdu changement

climatique sur la biodiversitédes forêts ? C’est la questionà laquelle vont tenter de répondre, au cours des cinq prochainesannées, les 25 partenairesscientifiques du réseauEvoltree. Ce projet de 14,3 Millions d’euros, quitouche 15 pays européens, a débuté en avril 2006 et seracoordonné par Antoine Kremerdirecteur de l'unité mixte derecherche « Biodiversité,gènes et écosystèmes »INRA-Université Bordeaux 1.Quatre disciplines permettrontd’aborder la problématiquede manière complémentaire :l’écologie, l’évolution, la génomique et la génétique.Les recherches d’Evoltrees’intéressent à la diversitédes arbres, à leur évolutionen réponse aux changementsclimatiques, et aux conséquencesde cette évolution sur la biodiversité des écosystèmesforestiers. L’intensité des changements climatiquesannoncés soulève en effet le problème de la réponse

des espèces à longue duréede vie. Les capacitésd’adaptation des arbres sontliées à la diversité génétiqueau sein des forêts. Un desobjectifs du projet est de connaître l’ampleur et la distribution de la diversitédes gènes impliqués dans l’adaptation au milieu :résistance à la sécheresse,longueur de la saison de végétation… Evoltreeprévoit la mise en placed’un centre virtuel quiregroupera sous forme de réseau tous les partenairesimpliqués dans les activitésde génomique écologique.Un centre physique de ressources génomiqueset biologiques, comme des extraits d’ADN de plusieursforêts européennes, ainsiqu’une plate-forme de modélisation seront misen place. Plusieurs sitesexpérimentaux d’observationseront installés pour la gestionde la diversité biologique et des processus évolutifs(flux de gènes, adaptation,colonisation...) sur l’ensemblede l’Europe. Les résultatsseront diffusés non seulement

auprès de la communautéscientifique, mais égalementauprès du grand public par le biais de diverses manifestations, et auprèsdes utilisateurs (pouvoirspublics…). Les travaux de Antoine Kremer, qui portentsur la diversité génétiquedes chênes en Europe, s’inscrivent dans l’optiquede la gestion raisonnée et durable des chênaies. En collaboration avec de nombreux partenaireseuropéens, Antoine Kremera réalisé la plus vaste étudede diversité génétiquejamais entreprise sur des organismes vivants,avec plus de 2 600 populationsde chênes étudiées. Le 15 mars 2006, AntoineKremer a été officiellementdésigné lauréat du prixMarcus Wallenberg 2006. Ce prix, que certains nomment « le prix Nobel de l'industrie forestière », a été créé en 1980 par un groupe papetier suédois. http://www.evoltree.org

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Protéger ses yeuxgrâce aux légumesverts ?

Les légumes verts produisent desmolécules de type caroténoïde,dont deux (la zéaxanthine et la

lutéine) semblent protéger de certainesmaladies oculaires liées à l’âge. C’est l’undes résultats d’une enquête épidémio-logique de l’Inserm menée par deséquipes de Bordeaux et Montpellier. Lesmaladies en question sont la cataracteet la dégénérescence maculaire liée àl’âge (DMLA). Avec le glaucome, cesont les principales causes de cécitédans le monde. L’enquête épidémiolo-gique a montré que le risque de DMLAet de cataracte était respectivementdiminué de 93 % et de 47 % chez lespersonnes ayant des niveaux élevés dezéaxanthine par rapport aux sujetsayant des niveaux bas. Le risque deDMLA était diminué de 69 % pour lesniveaux élevés de lutéine, et de 79 %pour les niveaux élevés de la lutéine et

zéaxanthine combinés. En revanche,aucune association statistiquementsignificative de la lutéine ou de lacombinaison de la lutéine et de lazéaxanthine n’a été trouvée pour lacataracte. Cette étude suggère un rôleprotecteur important de ces caroténoïdes,et en particulier de la zéaxanthine, vis-à-vis de la DMLA et de la cataracte. LaDMLA est une dégénérescence ducentre visuel de la rétine, appelé macu-la et la cataracte est une opacification ducristallin, lentille située en avant de l’œil.Si leurs causes biologiques sont encoremal connues, depuis quelques annéesle rôle des deux caroténoïdes dans cesmaladies soulève un grand intérêt. Eneffet, ces caroténoïdes d’origine alimentaires’accumulent de manière spécifiquedans la rétine et sont particulièrementdenses au niveau de la macula, où ilsforment le pigment maculaire. Ils sontégalement les seuls caroténoïdes présentsdans le cristallin. Les caroténoïdes filtrentla lumière bleue (la plus énergétiqueatteignant la rétine) et neutralisentl’oxygène dit singulet, protégeant ainsila rétine et le cristallin des effets nocifsde l’exposition à la lumière. En effet,

après la peau, l’oeil est l’organe le plussensible aux radiations solaires. Lesderniers résultats concernant le rôledes caroténoïdes semblent mettre enévidence l’influence également protectriced’une alimentation riche en légumesverts, tels que les brocolis, les épinardsou le chou vert. (source : Inserm)http://www.bordeaux.inserm.fr

Les forêts face au changement

climatique

Crédit photos : CTBA

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C’est au printemps 2007, à Bègles, que le bâtiment« passif » de l’association OCEAN devrait voir le jour.Cette association est née en 1995 du souhait d’une

dizaine de jeunes universitaires bordelais de permettre augrand public d'accéder à une culture environnementale pluscomplète en proposant des activités pédagogiques, ludiqueset touristiques. En accord avec ses thèmes d’activités culturelles etpédagogiques, ils prennent ici une initiative innovante enmatière de bâtiment écologique, très économique en matièrede consommation énergétique. Le futur siège de l'associationsera donc conforme au « Standard européen maison passive »validé dans le cadre d'un projet financé par l’UnionEuropéenne. Ce concept peut en effet être utilisé dans tousles pays de l'Union, de la Finlande où il permet d'économiserl'énergie pour le chauffage à la Sicile où il permet d'économiserl'énergie pour le rafraîchissement des bâtiments. Les bâtiments« passifs » sont ainsi nommés car ils exploitent, pour les besoinsde chauffage, une quantité d'énergie extrêmement faible générée« passivement » par le rayonnement solaire, les appareilsélectroménagers, l'éclairage et les activités des habitants. Ceconcept permet d'assurer aussi bien un confort d'hiver (20-24°C)qu'un confort d'été (16-20°C). Pour ce faire, les édifices doiventêtre parfaitement isolés et ventilés. Les éléments fondamentauxdu bâtiment (plancher, murs, toiture) sont intégralementrevêtus d’une enveloppe isolante (en moyenne 40 cm), pouréviter toute perte d’énergie. Portes et fenêtres isolantes sontégalement indispensables pour éviter tout déperdition de chaleur

Inauguration dela Plateforme deGénomiqueFonctionnelle deBordeaux

Après la révolution duséquençage des gènes, unenouvelle ère s’est ouverte,

celle de la génomique fonctionnelle,l’étude de la fonction des gènes.Inaugurée en décembre 2006, laPlate-forme de génomiquefonctionnelle de Bordeaux sedote de nombreuses technologiesde pointe dans le domaine de lagénomique afin de les mettre àdisposition des équipes derecherche du CNRS, du CHU, del’Inserm (spécialisé dans lasanté), de l’Inra (spécialisé enbiologie végétale), des universi-tés Bordeaux 1 et 2, et du Centrede Lutte contre le Cancer (InstitutBergonié). Ces technologies vien-dront appuyer les axes scienti-fiques d’excellence dans la Région: les neurosciences, la biologie

végétale, le cancer... Ces axesprésentent un potentiel importanten terme de valorisation et detransfert pour les secteurs de lasanté, de l’agroalimentaire ainsique de l’agronomie et la sylvicul-ture. Ces secteurs correspondentà des priorités régionales enterme de développement écono-mique. Ils représentent desdomaines d’activités couverts parles 3 pôles de compétitivité aux-quels la Plate-forme est associée :Prod’Innov (Produits et procédésinnovants pour la nutrition et lasanté), Route des Lasers etIndustrie, et Pin Maritime duFutur. « L'originalité du dispositifbordelais est de couvrir différentsdomaines technologiques, à tra-vers un ensemble de plate-formesqui sont pilotées de façon coor-donnée. » explique le directeur dela Plate-forme Antoine de Daruvar.De la séquence et l’analyse del’ADN à l’étude des protéines quien découlent, sept pôles scienti-fiques et technologiques propo-sent leur expertise. La bioinforma-tique et les techniques de micro-scopie complètent le panorama. http://www.pgfb.u-bordeaux2.fr

en hiver et surchauffe en été. Avec tous ces efforts techniques,le concept maison passive permet de construire des bâtimentsayant un besoin d'énergie inférieur à 15 kWh/m2/an, alorsque la moyenne nationale est largement supérieure à 250 kWh/m2/an. Soit en moyenne 95 % de consommationénergétique, et financière, en moins ! http://www.ocean.asso.fr

En combinantdeux procédésexistants,

des chercheurs du Laboratoire de Chimie Théoriqueet Physico-ChimieMoléculaire de l’Universitéde Pau et des Pays de l’Adour ont pumettre au point un nouveau systèmede traitement continude pollutions atmosphériques. Les effluents soufrésreconnaissables à leurodeur, dans les papeterieset les stations d’épurationspar exemple, font partiede la famille des ComposésOrganiques Volatils.Par cette nouvelleméthode, les chercheursont pu les piéger et lestransformer améliorantainsi la qualité de l’air.Jusque là, deux tech-nologies distinctesétaient utilisées : l’adsorption* et la pho-tocatalyse ayant chacuneleurs inconvénients.

La solution proposéepar les chercheurspalois est donc de combiner ces deuxprocédés. Ils ont synthétisé un matériaud’adsorption microporeuxtransparent à base de silice. Les dérivéssoufrés s’y retrouventpiégés. Une moléculephoto-active incorporéeau matériau permetalors de les oxyder, en réaction à la lumière.Les polluants ainsitransformés libèrent la place afin qued’autres moléculespuissent être piégéeset oxydées à leur tour.Ce nouveau système a été primé lors du salon Pollutec-ADEMEEnergies 2005.* Phénomène de fixationde molécules à la surfacede solides ou de solutions.

http://web.univ-pau.fr/umr5624

Un nouveau traitementpour les atmosphères polluées

Premier « bâtiment passif » en Aquitaine

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Production de molécules d’ARNpour le secteur médical

Grâce à un apport de 1,6 million d’euros, la jeunesociété pessacaise MitoProd va franchir une nouvelleétape dans le développement de ses activités

de production de molécules ARN (Acide Ribonucléique). Une augmentation de son effectif et de ses capacités deproduction lui permettra de satisfaire un nouveau marché,celui du diagnostic médical et à plus long terme celui de la thérapeutique. Depuis un an, et grâce à une technologiedont elle a l’usage exclusif, l’entreprise produit et commercialise ces molécules pour les laboratoires de recherche. En effet, ces molécules intermédiaires dans la production naturelle des protéines sont à la foissujets d’études et outils intéressants pour la recherche. Elles ont maintenant un avenir prometteur dans le domainedu diagnostic (détection de virus par exemple) et même en tant que médicaments. La molécule d’ARN est utiliséedans le domaine de la recherche afin d’étudier les formesqu’elle peut adopter et les fonctions qu’elle remplit au sein de la cellule. Il s’agit aussi d’identifier les protéines

avec lesquelles elle interagit. Mais si l’ARN intéresse aujourd’hui grand nombre de chercheurs, c’est qu’il pourraitconstituer une nouvelle classe de molécules thérapeutiques.Les ARN constituent ainsi des « médicaments » prometteursdans la lutte contre le cancer, les maladies liées à l’âge et les maladies virales (virus du SIDA ou VIH, virus de l’Hépatite C ou VHC, virus Ebola…). La société MitoProddont Guillaume Plane est l’actuel PDG, est une société de biotechnologie bordelaise qui a vu le jour à l’Institut de Biochimie et Génétique Cellulaire de Bordeaux 2 en septembre 2004, sur une idée du Dr. Di Rago. Elle repose sur une technologie particulièrement innovantequi consiste à utiliser le processus de fermentation de la levure de boulanger Saccharomyces cerevisiae. Cette nouvelle technologie est la seule à permettre à ce jourune production d’ARN de grande taille (plus de 50 nucléotideset jusqu’à 3 000 nucléotides) et en quantité importante (>1 mg). La production d’ARN par kilos constitue un des objectifs pour 2009. En attendant, le nouvel apportfinancier, provenant essentiellement d'investisseurs anonymes, ainsi que du groupe Oséo et du fonds Aquitainecréation innovation, devrait permettre à MitoProd d’atteindreune production de plusieurs grammes par mois. http://www.mitoprod.com

Le futur PôleOcéanographiqueAquitain, ambitieux

projet de recherche et de formation à vocationnationale et internationale,devrait être implanté d’iciquelques années à la placede la station marined’Arcachon. Ses activitésseront centrées sur l’étudedes environnements littorauxet des échanges continent /océan. La station marined’Arcachon, crée en 1867,a été rattachée à l’universitéde Bordeaux en 1948. Elle est aujourd’hui une composante de l’unité« Environnements et PaléoenvironnementsOcéaniques » (EPOC -université Bordeaux 1 /CNRS) et de l’Observatoireaquitain des sciences de l’univers. Le futur PôleOcéanographique regrouperaun ensemble de laboratoiresissus de différents organismes de recherche.Un investissement particuliersera consacré au littoralaquitain, dont les chantiers« Lagune d’Arcachon » et « Estuaire de la Gironde »

sont déjà considéréscomme des cas d’étuded’intérêt communautairepar les programmes de l’Union Européenne.Des formations universitairesseront dispensées, avecune capacité d’hébergementd’une cinquantaine d’étudiants. Des stagesthématiques, des écolesd’été et des séminairesnationaux et internationauxseront également organiséssur place. Un accueil seraégalement prévu pour des chercheurs étrangers,qui participeront aux étudessur le littoral aquitain et les zones côtières adjacentes. Le sited’Arcachon, doté de moyens analytiques et expérimentauxmodernes, a l’ambition de devenir une plate-forme de recherche et de formation communeaux pays riverains de « l’Arc atlantique ».La station marined’Arcachon développedepuis plus d’un siècle des collaborations avec la Société scientifique

d’Arcachon, qui gère sur le même sitel’Aquarium et le musée.Celle ci sera directementassociée au projet, le but étantde mettre en place au seindu Pôle Océanographiqueune structure de commu-nication auprès du grandpublic sur les écosystèmeslittoraux aquitains et les travaux de recherchequi leur sont consacrés.Au delà de la rechercheacadémique et de la communication, le Pôle a l’ambition d’êtreun lieu d’échange entre les différents partenaires du milieu littoral : instituts de recherche, bureauxd’études, professionnels,usagers... D’un coût estiméà 18 millions d’euros, le Pôle OcéanographiqueAquitain, soutenu parl’Etat et la Région et conçucomme un campus multi-disciplinaire d’une capacitéd’environ 200 personnes à l’horizon 2010. Les travauxdevraient commencer courant 2008. http://www.epoc.u-bordeaux1.fr

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L’océanographie se construit à Arcachon

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Emballages Bio et actifs

Pourquoi ne pas emballer son fromage ou sa saladede thon dans des boites biodégradables et activescontre les microorganismes ? C’est dans cette voie

que le laboratoire de Chimie des Substances Végétales(LCSV) de l’Université Bordeaux 1 s’est notammentengagé. Les emballages biodégradables et actifs sont déjà très utilisés aux États-Unis, au Japon et en Australie. En Europe, ce type d’alternative ne faitque démarrer, intégré à l’Unité des Sciences du Bois et des Biopolymères, le LCSV étudie des matériaux potentiellement bio-dégradables formulés à partir de composés d’origine naturelle pour pouvoir fabriquerdes emballages antimicrobiens respectueux de notreenvironnement. Un emballage dit « biodégradable » est un emballage qui se dégrade tout seul, comme les épluchures de pommes de terre ou les feuilles de châtaigniers. Il peut ainsi être intégré à un compostpour, par exemple, fertiliser les jardins ou les champs.Les emballages biodégradables pourraient être fabriqués à partir de composés naturels extraits de certains végétaux (celluloses et dérivées, amidon, chitosane,etc.), mais leur sensibilité à l’eau pose problème. Legroupe Chimie des Matériaux Lignocellulosiques du LCSVtransforme chimiquement ces composés pour réduire les effets nuisibles de l’humidité sur leur structure. En parallèle, pour répondre à la demande croissanted’amélioration de la qualité et de la sécurité des produitsalimentaires, le laboratoire élabore et étudie des emballagesbioactifs. Un emballage devient bioactif quand il est doté de propriétés lui permettant de lutter contre les microorganismes. Les scientifiques cherchent ainsi à intégrer des molécules bioactives dans la matrice des emballages. Le nouveau matériau doit pouvoirmodifier l’environnement dans lequel l’aliment est conditionné, de façon à prolonger sa durée de vietout en conservant sa qualité. http://us2b.pierroton.inra.fr

Mise en place de la chambre d’expériences du Laser Mégajoule (LMJ)

Installée fin 2006, cettechambre d’expériencesconstitue une étape

majeure dans la construc-tion du laser mégajoulesur le site du CESTA* auBarp (33). Assemblée etsoudée sur le site même duchantier du LMJ, cette sphèrede 10 mètres de diamètre etde 140 tonnes permettradès 2011 la réalisationd’expériences de physiquefaisant converger l’énergiedes faisceaux laser del’installation. La construction

du LMJ qui a débuté en2003 se poursuivra jusqu’en2010. Il permettra d’étudieren laboratoire, à l’échellemicroscopique, les propriétésde la matière portée à destempératures et des densitésextrêmement élevées et derecréer les conditions pourréaliser la fusion thermo-nucléaire de l’hydrogène.Ces é tudes répondrontaux besoins des spécialistesCEA* des armes nucléaires.Le LMJ est en effet un outilexpérimental du programme

Simulation destiné à garantir lafiabilité et la sûreté desarmes nucléaires sansrecourir aux essais auxquelsla France a renoncédepuis 1996. Les étudesfaites au LMJ mobiliseront lesphysiciens de la communautéscientifique internationale(physique de la matière,énergie et astrophysique).* Centre d’Etudes Scienctifiqueset Techniques d’Aquitaine.* Centre de recherche surl’énergie nucléaire.

http://www-lmj.cea.fr

Ils scrutent le cerveau…

Les neurosciences, font partie desdomaines d’excellence desscientifiques bordelais, avec le laser,

le vin, l’aéronautique… Une nouvelle impulsiona été donnée à ce secteur avec l’ouvertureen 2006 d’un centre de recherche spécialisé,qui a pour objectif de devenir « une véritableplaque tournante pour la communautéeuropéenne des neurosciences ». Etudierles mécanismes des maladies du cerveau,telle est la mission du centre « Physiopathologie de la plasticité neuronale »,centre mixte de l’Inserm et de l’Université

Victor-Segalen Bordeaux 2. Mémoire, douleur, toxicomanie,maladie d’Alzheimer, sont parmi les nombreux sujets surlesquels se penchent une soixantaine de chercheurs. Depuis plusieurs années déjà, les équipes travaillant sur lesneurosciences à Bordeaux étaient structurellementregroupées dans l’Institut des neurosciences de Bordeaux(Université Bordeaux 2, Inserm, Inra, CNRS, CHU). Certaineséquipes étaient installées dans l’Institut François Magendie,un bâtiment récent du campus Carreire de l’UniversitéBordeaux 2 qui abrite aussi des services communs et ladirection régionale de l’Inserm. Le nouveau centre derecherche, qui fait toujours partie de l’Institut desneurosciences permet de décloisonner les équipes Inserm /Université Bordeaux 2 qui ont maintenant une directionscientifique commune. Le statut de Centre de recherchepermet également d’offrir un espace d’accueil à de nouvelleséquipes. Ainsi trois nouvelles équipes ont intégré le centre àsa création, et une autre devrait arriver en 2007. PierVincenzo Piazza, qui dirige le nouveau centre, espère ainsiintégrer une à deux équipes par an pendant 4 ans, et créerainsi une dynamique et entretenir l’excellence. Autresambitions du nouveau centre de recherche : une plus forteinteraction avec l’industrie et le développement de lavulgarisation scientifique vers le grand public.http://www.inb.u-bordeaux2.fr

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Crédit photos : CEA

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région. « Au départ, le ramassage se faisait lorsdes périodes d’abattage, à l’aide de charrettes »,explique Eric Bacheré, directeur des départementsliterie et sport. Mais les méthodes artisanales dela fin du XIXe siècle ont depuis longtemps laisséplace à l’industrialisation. Chaque jour quelques20 tonnes de plumes et duvets sont traitéesdans cette vaste usine située au beau milieu dela zone artisanale de cette cité médiévale qui

Les poulets fermiers ne sont pas les seulesvedettes à Saint-Sever. Ce petit village du

cœur des Landes est aussi un véritable sanctuairepour l’élevage traditionnel des palmipèdes gras.Leur doux plumage a d’ailleurs fait le bonheurdes fondateurs de Pyrenex. Il y a 150 ans, cette entreprise familiale s’estlancée dans le négoce de plumes et duvetsprovenant des élevages de canards et oies de la

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900 000 oreillers, 250 000 doudounes, 21 000 sacs de couchage, c’est ce que produitchaque année cette entreprise en pleine expansion. Détour au cœur des Landes.

Pyrenex,des duvets100% nature

l4 JULIE FRAYSSE

Crédit photos : Pyrenex

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« Nous fabriquons des oreillers et des couettespour des grandes marques spécialisées dans lelinge de maison comme Descamps, Carré Blancou Alinéa, mais également pour la grandedistribution, avec Carrefour et Leclerc »,explique Eric Bacheré. Doudounes et sacs decouchages sont fabriqués pour des marquesleaders du surf et de la montagne. Mais depuisbientôt trois ans, l’entreprise Pyrenex, dirigéedepuis 2004 par Edouard Crabos, 34 ans, a prisune nouvelle dimension. Elle a fait le pari, avecson équipe de stylistes, de donner une nouvelledimension et à sa propre marque « Pyrenex »,qui se positionne à la fois sur le marché du sportet de la literie. « On a misé sur le fait que laplume et le duvet sont des matières premièresnaturelles et on veut s’imposer comme lesspécialistes du couchage 100 % nature», soulignela directrice du marketing. Le packaging est encarton, le coton utilisé biologique et la matièrepremière traitée avec des huiles essentielles etnon des produits chimiques. Une manièresupplémentaire de se démarquer du garnissagesynthétique qui représente aujourd’hui 80 %des ventes de couettes, oreillers et traversins. Du côté du marché du sport, la cible est plutôtcelle « du consommateur qui cherche un produittechnique dans lequel le côté naturel de laplume transparaît à travers les doudounes etsacs de couchage qu’il nous achète».Parallèlement à cette conquête de nouveauxmarchés, la société landaise continue à investir.Elle s’est ainsi engagée, depuis de nombreusesannées, dans une démarche qualité. L’obtentionen 1996 de la certification ISO 9001 est un gagedu suivi rigoureux de son processus de fabrication,de la collecte des plumes et duvets à la fabricationdu produit fini. Désormais, c’est à une démarchede qualité environnementale qu’elle travaille afind’être certifiée ISO 14001. « Aujourd’hui, tousles produits utilisés et rejetés sont contrôlés etnous limitons au maximum l’utilisation dematières polluantes, explique Eric Bacheré, ». Atravers les décennies, Pyrenex a su continuer àinnover tout en sauvegardant le savoir fairetraditionnel sur lequel elle a bâti sa réputation n

compte nombre de conserveries et d’abattoirsde volailles. Pour arriver à de tels tonnages, des camionsfont le tour des abattoirs des Landes, du Gers,des Pyrénées-Atlantiques, de Dordogne, deVendée, poussant parfois même leur périplejusqu’en Europe de l’Est. Le plumage despalmipèdes est en effet une denrée rare etprécieuse. « En plus, explique le directeurproduits, la Chine, principal pays producteur,connaît actuellement une certaine pénurie enraison de la grippe aviaire et d’une recrudescencede consommation de la plume sur son marchéintérieur ». Résultat : c’est devenu un produitcher. L’exportation de ce plumage, sous formede matière première traitée, constitue,aujourd’hui 50% du chiffre d’affaires dePyrenex, les Etats-Unis constituant le plus grosmarché. Mais depuis 1968, plumes et duvets, qui allientrespirabilité, chaleur et légèreté repartentégalement de l’usine landaise sous formed’oreillers, couettes, doudounes ou sacs decouchage. Si la France demeure le principaldébouché pour ces produits, les Japonais enraffolent également, sous forme de couettescomme de doudounes. Les Suédois sont aussitrès friands de ces plumes qui vont de l’argentéau blanc pur. « Environ 60% de notre chiffred’affaires (22 Me en 2005) a été réalisé à l’export »,explique Laetitia Gastellier, la directrice marketing.

Vers de nouveauxhorizonsC’est en 1968, que pour ajouter une nouvellecorde à son arc, Pyrenex s’est lancée dans laconfection d’accessoires de literie. Aujourd’hui,ce sont en moyenne 900 000 oreillers, 250 000couettes, 220 000 doudounes et 21 000 sacs decouchage qui sortent chaque année de cetteusine de 142 salariés. La fabrication de produitsconfectionnés représente désormais la moitié duchiffre d’affaires de cette entreprise qui appartientà la famille Crabos depuis quatre générations.

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L’usine traite 20 tonnes de plumes et duvets par jour.La fabrication de produits confectionnés(couettes, doudounes, sacs de couchage)constitue la moitiédu chiffre d’affaires.

Crédit photos : Pyrenex

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Une exposition de peinture dans le halld’accueil, des ateliers équipés de machines

blanches, une cabine téléphonique anglaiseplantée au milieu de l’aire de détente : l’ambiancequi règne dans les locaux d’Exameca estcurieusement décalée, presque “zen”. Mais il nefaut pas s’y tromper. Cette PME basée à Serres-Castet, près de Pau, est l’une des plus performantesen aéronautique. Sa croissance en témoigne :50 % en 2005, 30 % en 2006 et plus de 20 %prévus jusqu’en 2010. Pour Jean-Claude Ganza,son PDG, la recette du succès est simple :«anticiper les besoins du marché». Mais quesignifie concrètement cette formule ?

Une taille bien proportionnÕeLa première clé de la réussite d’Exameca est sadimension-même : ni trop grande, ni trop petite.«Notre société existe depuis 1970. Au départ,

c’était une entreprise de tôlerie et découpe, fondéepar un ancien collaborateur de Turbomeca»,explique Jean-Claude Ganza. Quatre ans plustard, lui-même intègre la PME dont il devientdirecteur technique, directeur adjoint puisprésident-directeur général en 1986. «A monarrivée, en 1974, il y avait 26 personnes.Aujourd’hui, nous sommes plus de 340, au seind’un groupe d’environ 400 collaborateurs».

Pour en arriver là, Exameca s’est développésuivant deux axes. Par croissance interne, aurythme moyen de 15 % par an. Et par croissanceexterne, via des acquisitions de sociétés etcréations de filiales. Un bon exemple est celuidu bureau d’études : une structure acquise en2002 et qui compte aujourd’hui une trentaine de personnes. Rebaptisée ExamecaDéveloppement, cette filiale assure la conceptiondes produits aéronautiques et des outillages, ausein du groupe. Autre exemple : ExamecaAérotube, filiale créée en 2004 et spécialiséedans la tuyauterie rigide de petit diamètre.

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Dans le paysage aéronautique français, Exameca brille par sa réussite. Portrait d’une entreprise en pleine adéquation avec son marché.

Examecaallie savoir-faire et innovation

l4DANIEL TARNOWSKI

Crédit photos : Frédéric Desmesure

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Fournisseur et partenaire des plus grandsRésultat : le modeste sous-traitant d’hier estdevenu «fournisseur de rang un» des motoristeset des équipementiers dans l’aéronautique. «Celasignifie que nous assurons nous-mêmes l’étude etla conception des produits que nous fabriquonspour nos clients». Ceux-ci ont pour nomsTurbomeca, Snecma, Dassault, Messier-Bugatti,Messier-Dowty, Goodrich, Airbus, Thalès, Rolls-Royce, etc. Ces donneurs d’ordre veulent avoir àleurs côtés des entreprises capables de lesaccompagner dans le développement de nouveauxprogrammes. Exameca conçoit et fabrique poureux des pièces de moteurs ou d’équipementstechniques pour avions et hélicoptères : tuyères,carters, entrées d’air, volutes, trappes de traind’atterissage, etc. 12 000 articles sortent ainsides ateliers de production de Serres-Castet.

Un autre besoin - plus classique mais tout aussiimpérieux - du marché concerne le savoir-faire etl’innovation. Là aussi, Exameca est au rendez-vous. Sa spécialité est la mécanosoudure.Traduisez : fabrication de pièces en métal, forméesde plusieurs éléments usinés et assemblés.«Toute la difficulté est qu’il s’agit d’une activitémulti-métiers, faisant appel à des compétencesdans la découpe, l’emboutissage, la tôlerie,l’usinage, la soudure, le rivetage, jusqu’à la chimieet la résistance des matériaux», souligne Jean-Claude Ganza. L’un des points forts d’Examecaest son savoir-faire en matière de déformation.«Nous sommes capables de déformer un morceaude tôle dans tous les sens, pour en faire ce quenous voulons». De fait, certaines pièces présentent

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une architecture incroyable. Autre point fort,l’assemblage par soudure. «Nous arrivons àd’excellents résultats avec des matériaux trèsdifficiles à souder, comme les titanes, parexemple. Des métaux qui ont l’avantage d’être trèslégers, tout en ayant les mêmes caractéristiquesque l’acier».

2010 en ligne de mireDémarche qualité, certifications, développementdurable : toutes ces caractéristiques sont devenuesincontournables dans l’univers industriel. On lesretrouve de ce fait chez Exameca. Depuis troisans, le site de Serres-Castet est ainsi équipéd’une station de décapage à zéro rejet. «Nousl’avons mise en place dans le cadre de notrecertification ISO 14 000», indique Jean-ClaudeGanza. A 59 ans, le PDG d’Exameca a les yeuxfixés vers l’avenir. En juillet prochain, 6 000 m2 denouveaux bâtiments viendront s’ajouter aux15 000 m2 existants. C’est la première tranchedu projet «Exameca 2010». Un investissementde 11 millions d’euros, dont 4 pour la construction,qui sera suivi par une deuxième tranche de travauxen 2009. Toujours et encore dans le même but: anticiper les besoins du marché ! n

Exameca fait preuve d’un grandsavoir-faire en matière de déformation du métal. Il est le fournisseurnuméro un des motoristes etdes équipementiersen aéronautique.

Crédit photos : Frédéric Desmesure

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Aujourd'hui, les dockers chargent et déchargentprès de 900 cargos par an, soit 3 900 000tonnes de fret, sur les bords de l'Adour. Leshydrocarbures, le soufre, les acides, lespotasses, et le méthanol de Lacq embarquent àBayonne. Tout comme le maïs et le bois desLandes, brut ou transformé, notamment enpanneaux de particules. En tête des destinations,l'Espagne, la France, le Maroc et l'Angleterre. Etle port voit débarquer de ces mêmes pays, mais

Les quais sont immenses et les dockers àpeine une poignée. L’embouchure de l’Adour

semble calme. Pourtant, le port de Bayonne,élément central du développement du Pays-Basque, des Pyrénées occidentales et desLandes, vit toute l’année. Historiquement, lesproductions agricoles et le bois destinés àl'étayage des mines prenaient ici la mer ; lecharbon et les marchandises dont avait besoin leterritoire étaient débarqués sur ses quais.

Pivot de l'économie dans le sud aquitain, le port de Bayonne vient de connaître au coursdes dernières années d'importants travaux,réalisés grâce à des techniques classiquesalliées à la plus haute technologie.

Bayonnemétamorphose d’un port

l4 PHILIPPE-HENRI MARTIN

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menée par une drague classique fonctionnantcomme un gigantesque aspirateur, un principeconnu depuis un siècle. Le résultat fut le gain de25 hectares de terrain affectés à la manutentionet au stockage, une profondeur du chenal portéeà 7 mètres sous le niveau de la basse mer (10 mètres à quai) et un allongement du quaiautorisant désormais l'amarrage de deuxnavires de rang. Un poste ro-ro (embarquementde véhicules et de remorques) a ainsi pu êtrecréé. Quatre autres quais d'accostage ontégalement été, ou vont être, réaménagés. Leplus gros chantier consiste à aligner deux quaisde la rive gauche. Formant initialement un angleobtus, leur alignement permettra d'amarrer troisnavires en même temps au lieu de deux, unsérieux gain de capacité et de souplesse pour lesexploitants du port. La méthode utilisée est celledu « quai danois » : trois lignes de pieux métalliques,protégés par un casque de battage, sont enfoncésde treize mètres dans le sol à l'aide d'unmarteau-pilon piloté par une grue, une dalle depoutres croisées venant couvrir l'ouvrage. Parendroits, on utilise des palplanches d’acier enforme de U. Celles-ci permettent à la « muraille »d'absorber au mieux chocs et flexions, calculés àl'avance par les ingénieurs de la DirectionDépartementale de l'Equipement des Pyrénées-Atlantiques, également chargée de la supervision

encore de bien d'autres (Russie, Grèce,Venezuela, Congo…), des engrais, des véhiculesneufs, de la pierre, de la tourbe ou, plusrécemment, des éoliennes produites dans lenord de l'Europe. Or, de par sa situation et saconfiguration, le port de Bayonne présente demultiples contraintes. Marées et courants obligentles navires à entrer ou sortir de l'Adour à deshoraires très précis, un vrai casse-tête pour lesautorités du port quand les mauvaises conditionsmétéorologiques s'en mêlent. De plus, le portest au coeur de l'agglomération : les terrainsdisponibles pour son exploitation sont limités, etles contraintes environnementales fortes, aussibien pour prémunir la population et les plagesvoisines de la moindre pollution, que pouraménager les accès routiers et ferroviaires.Enfin, et c'est un problème nouveau, il fautdésormais sécuriser l'ensemble du port face àl'éventualité d'actes terroristes ou simplementdélictueux. Bref, dès 1995, avant que le portn'atteigne la limite de sa capacité, un plan detravaux s'étalant sur douze ans a été lancé.Le premier gros chantier a concerné la zoneSaint-Bernard, la plus en amont du port, où lesbateaux viennent « éviter » (manoeuvre dedemi-tour). En dix-huit mois, un million detonnes de limon ont été aspirées dans le chenalet redéposées sur la berge. Cette opération a été

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Près de 3 900 000 tonnes de frêt passentpar le port de Bayonne chaque année.

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faiblesse. Un relevé au laser va permettre deréaliser un modèle numérique au millimètreprès. L'épaisse dalle qui couvre la digue seraensuite forée pour intervenir au coeur de l'ouvrage :des roches y seront déposées, puis calées par dubéton injecté dans de grandes chaussettesprenant la forme des cavités à combler. Enfindes blocs de béton de 5 à 40 tonnes, charriéssur la digue à l'aide d'une grue, viendrontrenforcer le tout. La voie étant trop étroite surla digue, les ingénieurs de la DDE ont mis aupoint un système de déplacement originalconsistant à faire avancer la grue comme unculbuto, calée alternativement sur son avant ousur son arrière. Seul ce chantier sur la digue,pourtant indispensable, n'offrira pas de retoursur investissement. Tous les autres, accomplispour les trente ou quarante ans à venir, serontamortis en moins de dix ans. Depuis août 2006, le port de Bayonne est lepremier port décentralisé en France. Le Conseilrégional d'Aquitaine qui est en effet devenue lapremière collectivité territoriale à s'approprierun port de commerce, dispose donc d'un outild'aménagement du territoire parfaitementopérationnel. Sa priorité : faire prendre la merà une partie des poids lourds qui saturent lesaxes routier de la région. n

des travaux. Leur opération la plus « high-tech »fut menée fin 2005 : « le déroctage du redon »,autrement dit l'arasement des rochers quiaffleuraient, sur un kilomètre, au fond du chenalet présentaient un risque d'échouage. Un sonarcouplé à un GPS a permis de relever unebathymétrie extrêmement précise (150 pointspar m2) de la zone à traiter. Puis est arrivée ladrague « d'Artagnan », flambant neuve,construite en Hollande par le leader mondial dudragage. Unique au monde, celle-ci est équipéed'une élinde - un bras articulé au bout duqueltourne une fraise assez comparable à celle d'undentiste. A ceci près qu'elle pèse plusieurstonnes, est couverte de dents acérées d'unetrentaine de centimètres forgées dans le plusdur des aciers et atteint 3 mètres de diamètre.Réduisant la roche en cailloux, la drague lesaspire ensuite à proportion de 15 % de matériaupour 85 % d'eau. Avant la construction de cettedrague seuls les explosifs, coûteux, polluants ethasardeux, autorisaient de tels travaux. Une foisachevé son tout premier contrat à Bayonne, la « d'Artagnan » est partie sur des chantiers enEspagne et au Qatar. Le dernier des grandstravaux à venir est le renforcement de la diguequi protège l'entrée du port de la houle.Construit dans les années 60, cet ouvrage de 1 152 mètres de long donne des signes de

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Plus d’un million de tonnes de ferrailles recyclées des 2008180 degrés pour alimenterl'usine. Là, un panier de175 tonnes de ferraille estsoumis à un arc électriqueprovoqué par trois électrodesde la taille d'un poteautélégraphique. Les 5 000degrés Celsius foudroientl'amas de ferraille enquelques secondes. Aprèsajout de silicium, demanganèse et de carbone,il en sort 155 tonnesd'acier en fusion. La couléecontinue produit des railsde douze mètres de long,

bayonnais. En 2008, cesera près de 50 % de cetrafic, la productiondevant être amenée à1 000 000 tonnes. IñakiArberas, le directeur del'usine, voit l'avenir avecoptimisme : les cours del'acier montent, le recyclagea le vent en poupe, et ilassure que toutes sesétudes d'impact surl'environnement montrentd'excellents résultats.

stockés sur le quai àpeine trois heures aprèsle grutage des déchetsdont ils sont issus. Ilsreprendront la merpresque aussitôt endirection de la Corogne,où un laminoir du groupeproduit des fers à béton.Avec sa productionannuelle de 750 000tonnes d'acier, cetteentreprise de 230 salariés(basques, français etespagnols) assure letiers du trafic portuaire

Ouverte en 1996 sur la zoneportuaire de Bayonne,l'Aciérie de l'Atlantique,détenue par le groupeespagnol Añon, est l'unedes p lus modernesd'Europe. Chaque jour,elle réceptionne des milliersde tonnes de déchetsmétalliques arrivant dumonde entier : câblesélectriques, voitures, vélos,électroménager, bateaux,tuyaux… La grue quidécharge les cargos àquai n'a qu'à pivoter de

Crédit photos : Joackim di Dio

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Le trésor souterrain du Périgordl4 CLAIRE MORAS

Aune dizaine de kilomètres de Périgueux,sur le long de l’A89, se détachent les

hauts fours d’un site industriel unique enFrance : l’unité de chaux de Saint-Astier.Depuis 1850, l’entreprise exploite le calcairedu Périgord pour produire de la chaux blanchenaturelle. Quarante hectares de carrièress’étendent ainsi sous nos pieds, sur plus de 12mètres de profondeur. Un labyrinthe souterrainbaigné par une humide obscurité. De largesblocs de calcaire viennent entrecouper les

Extraite de plusieurs mètres de profondeur

dans un gisement de calcaire exceptionnel,

la chaux blanche de Saint-Astier fait parler

d’elle aux quatre coins du monde. Ses qualités spécifiques en ont fait

un produit rare et convoité.Visite d’un site

hors du commun, exploité depuis plus

de 150 ans.

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Un produit naturelen vogueComme l’argile, la chaux est utiliséedepuis plus de 6 000 ans. Les civilisationsmésopotamiennes, égyptiennes, les Incas oules Mayas avaient déjà recours à ce matériaupour bâtir. Toujours d’actualité, la chaux deSaint-Astier sert pour le bâtiment et notammentpour la restauration du patrimoine. « Commela chaux est plus longue à durcir que leciment, elle a le temps de se lier avec le matériaude base. Elle est aussi plus résistante à longterme », commente Antoine Bastier. Et si lachaux de Saint-Astier est aussi réputée, c’estparce qu’elle possède un taux de silice naturelqui lui donne à la fois la faculté de durcir sousl'eau et de se recarbonater au contact de l'air.Ces propriétés hydrauliques et aériennes,combinées à sa blancheur naturelle, en fontun matériau de plus en plus convoité. « On vaprogressivement vers un retour aux matièrespremières naturelles. Le ciment a été unconcurrent sérieux au vingtième siècle de parsa rapidité de prise, et beaucoup de chaufourniersont disparu. Mais aujourd’hui, on se rend

galeries. Ils sont laissés volontairement enguise de piliers de soutènement, et représentent1/3 de la surface. Datant de 150 millionsd’années, la roche est d’une qualité unique enEurope. « On peut faire de la chaux avecn’importe quel calcaire, mais sa qualitédépendra du calcaire utilisé. Ici, la pierre estblanche, homogène, et présente un taux desilice combinable à la cuisson, ce qui lui confèreune qualité exceptionnelle », expliqueAntoine Bastier, un des deux co-directeurs dusite. Plus loin, un concasseur à mâchoires broie lesblocs de pierres extraits par explosion. Il lesentraîne vers un tamis, puis les particules dediamètre supérieur à 15 mm remontent versl’extérieur. Là, deux grands fours à charbonles attendent. Cuit à 950° C, le calcaire setransforme alors en chaux vive, un produitbasique comparable à la soude. Il faut l’arroseret le laisser plusieurs heures dans des silosd’extinction afin de le transformer en chauxéteinte. Après une dernière vérification de lagranulométrie, la chaux obtenue est emballée,ou directement expédiée vers la société demortiers implantée sur le site.

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Crédit photos : CESA

Les chaux calciques ou aériennes (CL 90) sont issues de calcaire très peusiliceux. Le Château Digoine (Bourgogne) a été rénové il y a près de 3 ans.Les badigeons de la face principale et des deux tours sont issus de la chauxde Saint-Astier.

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l’exploitation reste toutefois limitée : « noussommes évidemment soumis aux procéduresd’autorisation, qui quelquefois nous sont refuséesà cause d’une rivière, d’une voie ferrée, d’uneagglomération, ou plus récemment del’autoroute A89. Le tracé devait passer audessus de nos réserves d’exploitation maisnous avons quand même réussi à en dévierune partie », explique Antoine Bastier. Et lorsqu’onlui demande combien de temps il reste avantl’épuisement du calcaire, le directeur sourit. « Le terrain recèle encore de grandes capacitésd’extension rien qu’à la profondeur actuelle.Après, il sera possible de faire un deuxièmesous-sol, voire plusieurs étages, mais je neserai plus là pour le voir ». Les chaux deSaint-Astier ont encore un bel avenir devantelles… n

Le site ouvre ses portes en été pour les particuliers, ettoute l’année pour les professionnels.

compte des avantages de la chaux et sonutilisation augmente ». 250 000 tonnes dechaux sont ainsi produites chaque année enFrance, contre encore 20 millions de tonnesde ciment.

Le dÕbut dÕunelongue histoireDirigée conjointement par les familles Bastieret Stipal depuis trois générations, l’entrepriseest restée familiale avec les deux co-directeursdu même nom. Le site emploie aujourd’hui120 personnes sur trois usines, deux usinesfabriquant exclusivement les chaux naturelles,une autre spécialisée dans la production deliants et mortiers. Un laboratoire y est mêmerattaché pour concevoir de nouveaux produitsen fonction de la demande des clients. Les « chaux de Saint-Astier » sont devenues lespremiers producteurs français indépendantsavec 70 000 tonnes de chaux et 40 000tonnes d’enduits, dont 10 % sont destinés àl’export (Europe, Japon, Israël, USA). Mais devant cette demande grandissante,

Crédit photos : CESA Le Pont Neuf est rénové régulièrement, tous les ans une nouvelle arche est en chantier. Le rejointement et le

coulinage sont faits avec de la chaux naturelle hydraulique.

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Depuis 2005 , la jeune start-up bordelaise commercialise un pantalonultra résistant, alliance révolutionnairede coton et de polyéthylène : un atoutfashion contre les chocs.

Esquadtisse le jean costaud

des fous de motol4 LAURE ESPIEU

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Depuis un an, Pierre-Henry Servajean est fidèleà son jean. En toutes circonstances. Il en est

devenu à la fois le meilleur testeur et le plusconvaincu des ambassadeurs. Toujours en quêted’un avis, il se lève, tourne sur lui-même, détaillele système ergonomique de pliage au niveau desgenoux, la découpe sur les fesses… Intarissable.Dix ans qu’il porte le projet. Puis, au milieu del’été 2005, il démissionne d’un poste de cadrecommercial à Castres pour se lancer dansl'aventure de la commercialisation de son invention.Histoire de passion, le jean « Esquad » est né dugoût de Pierre-Henry pour la moto. A la suited’une chute, le jeune homme se brûle une partiedes fesses en dérapant sur le bitume. Il décidealors de se protéger, et d’acheter un équipementcorrect, pour être à l’abri. Tout y passe : gants,blouson, et surtout pantalon. Aucun doute : « J’aipris ce qui se faisait de mieux ».Malheureusement, peu après, le motard retombe.Et à nouveau, son pantalon s’arrache et il se blesse.« C’est là que j’ai commencé à vraiment ausculterle marché, explique-t-il. Et l’offre est bien maigre.D’un côté les pantalons en cuir, résistants, maisun peu contraignants au niveau du look, et avecun gros problème de confort l’été. De l’autre, lespantalons en nylon renforcé comme celui quej’avais choisi, mais donc pas vraiment fiables ».Entre les deux, aucune alternative.

Suspendre un 4x4Ca tombe bien, à cette époque, Pierre-Henrytravaille justement chez un grand marchand detissus. Le textile, c’est son truc. « J’ai réfléchi, etje me suis mis à visiter les salons spécialisés,afin de trouver une matière adaptée. Elle n’existaitpas. Du coup, j’ai voulu chercher les fils. Et là

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Le jean Esquad est d’une résistance incroyable. Les coutures ne bougent pas même

après avoir soulevé un 4X4 de quatre tonnes !

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d’ailleurs baisser la voix, car les trois copainspartagent sur ce point un grand sens du secret,anxieux de se faire copier leurs secrets defabrication. La fibre spécifique, dont lescaractéristiques techniques sont d’habitudeplutôt utilisées dans l’armement, le spatial oul’industrie offshore, est produite aux Etats-Unis,par un grand groupe chimique, réalisant 80 %de son chiffre d'affaires avec le secteur militaire.Elle est assemblée quelque part en France avecle bon vieux coton. Puis expédiée vers des ateliersde confection au Maroc. Une fois terminés, lespantalons réintègrent la plate-forme logistiqueimplantée à Castres.

Un nouveau brevetAujourd’hui, la gamme comprend quatremodèles de pantalons en deux versions (classiqueet technique), chacune déclinée au masculin etau féminin. Ils sont commercialisés dans douzepoints de vente (des magasins spécialisés dansles accessoires de moto) partout en France. Ledémarrage est encourageant avec déjà plus de1 000 unités vendues. Les associés de la start-upEsquad ne manquent d’ailleurs pas de projets.Ils multiplient les partenariats. Avec le groupeEADS (European Aeronautic Defence & SpaceCompany) qui fait office d’interface, et lesoriente vers les acteurs les plus innovants enAquitaine. Mais aussi avec l’ENSAM (EcoleNationale Supérieure d'Arts & Métiers) deBordeaux, qui travaille depuis quatre ans sur unprogramme de protecteurs de chocs et vient demettre au point un brevet qui promet d’êtreaussi radical que le précédent. En ligne de mire,les trois associés envisagent sérieusement des’intéresser aux sports urbains de glisse, telsque le skate ou le roller dont les débouchés sontaussi alléchants. Pour Pierre-Henry Servajean,« C’est une aventure palpitante, comme demettre des coups de bélier dans la porte d’unchâteau fort. On sait qu’avec de l’acharnement,toutes les portes finissent toujours pars’ouvrir. Et là, on pénètre dans le « domainedu rêve ». n

non plus, rien d’assez technique pour résister àun choc en moto ». Il a le déclic, et après différentstests réalisés par des tisseurs régionaux, c’est lapremière pierre pour les vêtements Esquad :Pierre-Henry Servajean invente un textile denouvelle génération, l’Armalith®, mêlant 66 %de coton, à un polyéthylène de forte densité,testé et validé par l’Institut français du textile etde l’habillement. Avec une allure fashion etdiscrète, ce jean est d’une résistanceexceptionnelle à l’abrasion. Au dernier Salonprofessionnel de la moto il a même servi àsuspendre un Hummer (un 4x4 de quatretonnes) ! Le test a duré un quart d’heure, et lescoutures n’ont pas bougé. Révolutionnaire.D’autant qu’une fois le deux-roues garé, il resteaussi portable au travail.Un brevet est déposé en 2003. Et après plusieursmois de recherche, de tests et de mises aupoint, la première collection apparaît auprintemps 2006. Composée du concepteur etde deux associés -Pascal Montés et Didier Tora-,la toute jeune société s’installe à Bordeaux,accompagnée par la technopôle BordeauxUnitec. Mais si c’est bien là que l’on rencontre lesdirigeants de l'entreprise, l’ensemble de laproduction est aujourd’hui éparpillée aux quatrecoins du monde. Pour en parler, mieux vaut

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L’Armalith® est un textile nouvelle

génération qui mêle66 % de coton

à un polyéthylène.Il résiste bien

mieux aux abrasions qu’un

textile ordinaire.

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Néracc’est ici que tout commencel4 YANN KERVENO

un pays où le sol se déroule en trois dimensions,comme frappé d’une impatience juvénile, et fortd’une vigueur remarquable. Haut lieu del’agriculture lot et garonnaise, il abrite l’un desétablissements de formation agricole les plusimportants du département et peut revendiquer,le titre de « capitale de la semence ». Tous lesgrands noms de la production de semences

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Le Néracais et le Lot-et-Garonne sont des terres de prédilection pour la multiplication des semences et leur production commerciale. Micro-climat et savoir-faire justifient l’implantation des grandes entreprises du secteur pour y produire des graines de betteraves, d’espèces potagères ou de céréales.

Le Néracais est un haut lieu de l’agriculture lot et garonnaise.Depuis plusieursannées, des entreprises de renom dans le domaine de la semence s’y sont installées.

Le Néracais est un pays de transition, commeil en existe tant, un pays dont les paysages

se fondent pour nous permettre de passer sansheurts des coteaux de Garonne, qui donnerontplus loin naissance aux premiers contrefortsmodestes mais réels du massif central ou bienaux vastes espaces du Gers qui font le bonheurdes céréales ou de la vigne. Le Néracais est donc

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végétales sont en effet présents dans cet espacegrand comme un mouchoir de poche, deSyngenta à KWS en passant par l’incontournableVilmorin, référence des jardiniers et de l’histoire dela sélection du blé. « Les premières entreprisesse sont installées physiquement dans le secteurautour de 1950, mais on multipliait déjà dessemences de betteraves dans le Lot-et-Garonnedans l’entre-deux-guerres » précise Pierre Réau,animateur de l’Association régionale interprofes-sionnelle des semences d’Aquitaine (ARISA).L’agriculture locale avait plusieurs atouts auxyeux des semenciers pour les pousser às’installer massivement dans la région.

12 mois au lieu de 18« Il existe très certainement un facteur climatimportant dans les motivations des entreprises deproduction de semences pour qu’ils viennents’installer par ici, parce qu’il est justementtempéré, avec des hivers relativement doux »poursuit l’animateur de l’ARISA. Mais le facteurhumain est aussi primordial. La taille desexploitations agricoles, la disponibilité en

main d’œuvre, familiale notamment, l’expérienceacquise en plus de cinquante ans par les agriculteurslot et garonnais sont aujourd’hui des atoutsincomparables. « Pour un hectare de chouxsemences par exemple, il faudra compteravec 400 heures de travail, contre 70 heurespour le maïs… » Atouts qui viennent compléter,pour certaines espèces, l’éloignementgéographique des grandes zones de production,comme c’est le cas pour la betterave parexemple. Eric Gombert (KWS), précise « L’unede nos productions phares dans le départementreste la betterave porte-graines pour laquellenous passons des contrats de multiplication avecles agriculteurs et menons des expérimentationsen faisant produire de petites quantités degraines. » La société allemande, baséeprincipalement à Buzet, compte un peu plusde 200 agriculteurs sous contrats et reste enLot-et-Garonne pour le climat. « Ici les hivers nesont pas trop rigoureux et les températuresenregistrées au printemps et en été sont trèsadaptées par exemple au cycle bisannuel de labetterave. Nous pouvons produire dessemences en 12 mois au lieu de 18 dans uneautre région de France. »

R serves hydrauliquesEn ces époques où les règles du flux tendus’imposent, l’avantage est considérable. Si laproduction de semences est très corrélée àl’état du marché, et subit parfois des à-coupsbrutaux, l’on a ainsi vu fondre les contrats debetteraves portes graines ces deux dernièresannées, en 2005, 6 300 hectares de terres ontété consacrées à la multiplication desemences dans le département, dont 1 130pour la multiplication de semences de maïs, 2 670hectares pour les céréales hors maïs, 1 400hectares pour les betteraves porte-graines,600 hectares pour les oléagineux (tournesolessentiellement) et enfin, 500 hectares ontété dévolus à la production de semencespotagères. Il est enfin un autre atout d’actualité,qui plaide pour la multiplication commerciale dessemences et l’expérimentation en Lot-et-Garonne,département connu pour s’être largementéquipé en réserves hydrauliques. Plus de 3 000lacs collinaires ont été construits par lesagriculteurs depuis une trentaine d’années etsont destinés à stocker les eaux de pluies del’hiver et du printemps pour irriguer lescultures en été. Savoir-faire, main d’œuvre,climat, équipement… Qui pourrait contesterau Lot-et-Garonne, et au Néracais en particulier,ce leadership légué par l’histoire de l’agriculture ? n

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Comme BernardCavaillé, à Trémons,

de nombreux agriculteurs

Lot-et-Garonnaismultiplient

les semences de betterave

notamment (photo)mais aussi de

céréales, de plantespotagères et

d’oléoproétagineux.

Comme BernardCavaillé, à Trémons,

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Le CHU à cœur ouvertl4 Reportage photographique réalisé par Frédéric Desmesure

Texte de Jean-Luc Eluard

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Les urgences et l'humanisation. Pour tousles hôpitaux publics, ces deux enjeuxsont devenus une priorité. Et le CHU deBordeaux en pleine mutation depuis 5 ans n'échappe pas à la règle commune.

Le CHU de Bordeaux, l'un des premiersde France, aborde sa dernière étape de rénovation qui s’insère dans le dispositif national Hôpital 2007. Pour le premier employeur de la région(14 000 salariés), une part importantedes 150 millions d'euros de travauxinvestis entre 2002 et 2008 est ainsiconsacrée aux urgences et à l’humanisation.Quatre des sept principaux chantiersactuellement en cours sur ses troispôles concernent, de près ou de loin,l'amélioration des services d'urgence qui reçoivent actuellement 270 personnespar jour. Exemple, un système de radiologie dédié à l’orthopédie serabientôt mis en place. fondé sur la technique innovante des « chambres à fils » mise au pointpar George Charpak, ce système permetd’obtenir des images du patient en troisdimensions, de la tête à pied, en positiondebout. Il permet en outre de diminuerpar 10 la dose de rayons X par rapportà un examen radiologique conventionnel.

Pellegrin, principal site du CHU avec 1 515 lits sur les 3 326 des trois pôles, se dote aussi d'une construction neuve, le Pôle Ouest, qui regrouperaORL, ophtalmologie, chirurgie maxilo-faciale, chirurgieplastique et des grands brûlés. Une rationalisation de services éparpillés qui devrait, à terme, permettred'économiser en proposant des filières de soins maisqui est aussi le plus lourd chantier actuel : 50 millionsd'euros pour une architecture en modules centrésautour du bloc opératoire où malades légers et opérésrécents ne doivent jamais se croiser.

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Au groupe hospitalier sud, qui comprend les sites de Haut-Lévêque et de Xavier-Arnozan, la place n'est pas le problème central mais les urgences cardiologiquesdu Haut-Lévêque avaient du mal à répondre à l'augmentation des besoins. Un nouveau service d'urgences (coût : 23 millions d'euros) sera créé prochainement. Sa particularité : il pourra accueillir adultes et enfants. Très technique, le chantier permettra aussi, avec l'adjonction du service imageriemédicale, de diminuer les distances et de répondre à l'évolution des pratiques où le scanner devient un élément essentiel du diagnostic. Xavier-Arnozan, de soncôté, répond aussi à l'évolution de la demande en s'équipant d'un bâtiment neufpour recevoir les personnes âgées en soins de suite et réadaptation. Quarantelits auxquels s'adjoignent vingt autres lits en géronto-psychiatrie, issus d'un partenariat original passé avec l'hôpital psychiatrique Charles-Perrens. Un bâtiment en U qui s'articule autour d'un patio jardiné répondant au besoind'humaniser la prise en charge de patients très âgés pour lesquels le passage à l'hôpital doit être le plus court possible.

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La problématique est différente à l'hôpital Saint-André, du fait de son passé : fondé en 1390, sa configurationactuelle date de 1829 et, par conséquent, "on y est toujours en travaux" souligne PatrickCompagnon directeur du plan, des travaux et de l’ingénierie. Mais l'implantation sur place du 4e IRM du CHU de Bordeaux, pour 2007,redonne un coup de neuf au prestigieux bâti et permet de fluidifier la fréquentation

Nouveauté, le caisson hyperbare d’un coût de 1 million d’euros qui permet de traiter tous les accidents liés à la décompression, les emboliesgazeuses, les gangrènes gazeuses, d’améliorer la cicatrisation et les intoxications au monoxydede carbone. Contrairement aux caissons du genrequi ne sont utilisés qu’en plongée sous-marine,celui-ci est médicalisé puisque équipé de capteurspermettant de mesurer les fonctions vitales du patient. Autre nouveauté, un robot de neurochirurgie qui permet un positionnementtrès précis des instruments chirurgicaux grâce à un bras robotisé piloté par ordinateur selon une trajectoire prédéfinie par le chirurgien à partid’images en trois dimensions.

des appareils d'imagerie à résonance magnétique qui est actuellement de 55 actesquotidiens sur l'ensemble des hôpitaux. Le coût de l’IRM s’élève à 2 millions d’euros, soit le mêmemontant que celui de la rénovationdu bâtiment qui doit l’accueillir.La remise aux normes des urgences correspond surtoutà une réorganisation de l'espacepour éviter les goulets d'étranglement, nombreux lorsqu'il s'agit d'accueillir 20 900 personnes par an.

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Symptomatique de cetattachement à mieux recevoir et à mieux traiterrapidement, la rénovationde la maternité de Pellegrinest aussi le chantier le plusdélicat. Car il implique des interventions lourdesdans un bâtiment déjàexistant et qui ne peut se permettre de "fermerpour travaux". Avec 4 402naissances en 2005, cette maternité est l’une des premières de France mais n'avaitjamais été rénovée aussiprofondément, depuis sa création dans les années70. Elle se dote d'un véritable service d'urgence pour les grossesses

difficiles mais aussi de chambres individuellesavec toilettes et douches.Une modernisation en quatrephases, pour limiter les perturbations et éviterles problèmes d'hygiène, qui coûtera 30 millions d'euros.

Mais si ces travaux correspondent aux besoinsdu jour, Patrick Compagnonveut aussi pouvoir faire faceaux exigences de demain.C'est le projet "d'hôpitalvert" qui doit permettre de "consommer moins et mieux" avec le souci de respecter l’environnement.Les structures hospitalièressont en effet de véritablesgouffres énergétiques avecune consommation

électrique de 170 mégawattspar jour (l’équivalent d'une ville comme Libourneou Périgueux), une consommation d'eau de 600 litres par jour et parmalade, soit 700 000 m3

par an, alors que (la moyenne hors hôpitalétant de 150 litres par personne), auxquelss'adjoignent gaz et fuel, une facture qui s'élève au total à 10 millions d'eurosannuels. C'est peu par rapportà un budget annuel globalde 779 millions d'euros,plus de deux fois celui de la ville de Bordeaux.Mais c'est énorme, d'autantplus que l'établissement est taxé au prorata de sa production de gaz à effet de serre. Dès 2007,le projet sera sur les railspour économiser au moins10 % de la consommationactuelle.

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Pendant une quinzained’années Biscarrosse aété l’un des hauts lieux

de l’aéronautique mondiale. De la base

de montage et d’essaisconstruite au bord du

lac à l’hydrobase bâtieaux Hourtiquets, le petit

village de résiniers de la côte landaise a

vu passer plus de centvingt hydravions.

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Des paquebots volants à Biscarrosse

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Latécoère 300

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entreront dans l’histoire. Et à leur tête, unLatécoère 28 baptisé « Comte de La Vaulx »et piloté par Jean Mermoz. Il est le premier àfranchir l’Atlantique Sud sans escale en 1930.Six ans plus tard, Jean Mermoz disparaît au-dessusde l’Atlantique à bord d’un autre hydravionmythique, « La Croix du Sud », nom de codeLatécoère 300. Quelques mois plus tôt, pourcélébrer le tricentenaire des Antilles, le « Lieutenant de Vaisseau PARIS », uniquemodèle du Latécoère 521 jamais construit estexposé à Fort de France. Le succès est aurendez-vous pour ce véritable paquebot desairs et le « Laté 521 » poursuit sa tournée dedémonstration jusqu’à Pensacola (Floride).Là, il fait les frais d’une météo capricieuse. Ilest retourné et détruit dans une tempête. Sespièces récupérées sont alors acheminées enbateau jusqu’au Verdon puis jusqu’àBiscarrosse où il faudra une année entièrepour le reconstruire. En 1937, le « Laté 521 »est remis à Air France Atlantique pour sonexploitation. Henri Guillaumet devient lepilote de l’hydravion qui transporte à chacunde ces voyages 72 passagers de Biscarrosse àNew-York. Parallèlement, Pierre-GeorgesLatécoère fait construire en seulement troismois une importante usine pour la fabricationd'hydravions à Anglet.Mais la Seconde Guerre Mondiale va sonner leglas de ces appareils. Malgré l’assemblage de96 exemplaires d’un nouveau torpilleur, le

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Lorsqu’au début des années 30 Pierre-Georges Latécoère souhaite développer sonactivité, il choisit Biscarrosse et l’eau doucede son lac pour y installer une base de montageet d’essais. « On n’a rien inventé avec l’A380 »,souligne Sylvie Bergès, directrice du muséede l’hydraviation local. « A l’époque les piècesdes appareils sont transportées de l’usine defabrication toulousaine jusqu’à Biscarrosse.Des ouvriers accompagnent chaque convoi etdémontent en chemin tout ce qui gêne lepassage. »

Au plus fort de son activité, la base landaisecomptera entre 200 et 300 ouvriers monteurs.Elle accueille aussi des pilotes dont la tâcheest de mener des essais sur les nouveaux modèlesd’hydravions. Des appareils qui pour la plupart

Une base de montage

et d’essais construite près

du lac de Biscarosse

dans les années 30

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« Laté 298 » testé à Biscarrosse, les techniquesde l’aviation classique se perfectionnent. Lestrains d’atterrissage sont améliorés et les pistessont goudronnées. « Les heures de gloire del’hydravion semblent derrière lui pourtant lesprojets ne manquent pas », précise SylvieBergès. Ainsi débute en 1939 la constructiond’une hydrobase aux Hourtiquets. Pendantquelques mois, l’estuaire de la Gironde avaitété pressenti mais, le lac de Biscarrosse présente

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Un rassemblement international d’hydravions

Un musée de l’hydraviation

au sol et en vol.L’occasion aussi de réutiliserla base des Hourtiquetspour le stockage et d’éventuelles réparationssur les engins. Prochain rendez-vous en juin 2008.

en aluminium se révèle délicatemais un mécénat et desrecherches menées par EDFpermettent de surmonterle problème. La configurationactuelle du musée date de 1996. Il présente des documents historiques, des maquettes,des pièces mécaniques et même quelques exemplairesd’hydravions. Géré par l’association des Amis du musée de l’hydraviationdepuis son ouverture, il est passéen régie municipale en 1999.

Le Musée de l’hydraviationde Biscarrosse ouvre ses portes en 1982 à l’initiative de Marie-PauleVié-Klaze. Sur le site historique de la base, les anciennes maisons des ingénieurs et des pilotesLatécoère sont peu à peuréhabilitées et transforméespour accueillir d’anciennespièces et des documentshistoriques. Au fil du temps, les collectionss’enrichissent. De nombreuxdébris d’hydravions sontdécouverts au fond du lacet restaurés. La conservation de ces pièces

Tous les deux ans depuis1995, la ville de Biscarrosseet le musée de l’hydraviationorganisent un grand rassemblement internationald’hydravions. L’occasionpour le public d’admirerdes dizaines d’appareils,

plusieurs avantages. Le premier d’entre euxest qu’il s’agit d’un lac fermé donc d’eau douce.De quoi éviter les problèmes de corrosion desappareils. Le lac est aussi protégé des ventspar un cordon dunaire planté de pins et permetdes décollages dans toutes les directions. Lechantier qui commence sur la côte landaise àl’aube de la Guerre est le plus grand d’Europe.Et il fait appel à des techniques modernes caril faut bâtir sur un terrain marécageux.

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Laté 521 dontle nom debaptême est“Lieutenant deVaisseau Paris”

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L’histoire de l’hydraviationd’hydravion. Lorsque la 1ère Guerre Mondialeéclate, les militairess’emparent de l’inventionet la perfectionnent. En 1918, la Francecompte 300 hydravionsaffectés à des missionsde reconnaissance, de surveillance et de torpillage. Au retour de la paix,Pierre-Georges Latécoère,ingénieur et industrielfondateur à Toulouse de la Société Industrielled'Aviation Latécoère,

qu’il y ait besoin de pistesspécialement aménagées.Mais, les progrès technologiques les relèguent assez rapidement aux hangars.Aujourd’hui, certainshydravions, les Canadair,servent à lutter contreles feux de forêt et d’autres aux secours enmer et occasionnellement à des missions d’exploration.

fait le pari d’exploiterles hydravions pour le transport de courrier.Il lance les « LignesLatécoère » qui devien-dront « l’Aéropostale »et qui relient notammentToulouse à Casablancaet à Santiago du Chili.C’est le début de la grandeépopée des hydravions.A cette époque, ils présentent l’atoutmajeur de pouvoiratterrir sur un pland’eau un peu partoutdans le monde, sans

Les prémices de l’hydra-viation datent de 1670 et de l’idée saugrenued’un moine italien de faire voler un bateau.Le succès, est-il besoinde le préciser, n’est pasau rendez-vous. Et, ce n’est qu’en 1910,qu’Henri Fabre, ingénieurmarseillais, présente au public un nouvel enginvolant et flottant dont il est l’inventeur et le constructeur.Son hydro-aéroplaneprend bientôt le nom

des allemands. Mais, il sera rapidement détruitpar les Alliés. Un second prototype est dissimuléà Toulouse jusqu’à la Libération. Treize exemplairessont ensuite assemblés mais seulement septutilisés par Air France pour des traversées quirelient Biscarrosse aux Antilles. Le « Laté 631 »transporte ainsi 40 à 60 passagers une à deuxfois par mois. « A cette époque, les gens venaientdans les Landes depuis Paris pour effectuer latraversée et tout était prévu ici pour lesrecevoir », explique Sylvie Bergès. Très vitemalheureusement les accidents se multiplient.Avec le progrès technologique, ils contribuerontà mettre un point final au chapitre hydraviationde l’aéronautique landaise, française et mondiale.En 1955, après un ultime crash qui coûte lavie à 16 personnes, le « Laté 631 » estdéfinitivement interdit de vol. Les bases deBiscarrosse et des Hourtiquets fermerontleurs portes en 1956 et 1958. n

L’immense hangar principal est construit dansune architecture unique quasiment dépourvuede piliers centraux pour faciliter les manœuvresdes avions. De gigantesques treuils sont prévuspour remorquer les hydravions dépourvus deroues. Côté appareils, les programmes se poursuiventégalement. Rien n’arrête le développementdu « Laté 631 ». Ni l’occupation allemande,ni la vente des usines et de la base deBiscarrosse à la Société des Ateliers d’AviationBreguet. Destiné à devenir le fleuron de la sociétéet à transporter des passagers au-dessus del’Atlantique, il est le plus grand hydravion deson époque. Sa superficie égale celle d’un terrainde football et il ne pèse pas moins de 72 tonnes.Un premier prototype tombe entre les mains

Laté 631. Des traversées régulières reliantBiscarosse aux Antilles

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Crédit photo : Musée del’Hydraviation, Biscarosse/ Paris

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le Département de sociologiede l'Université Victor-Ségalen Bordeaux 2

La fulgurante ascension de la sociologie

bordelaiseCourtisés par les médias, sollicitéspar les institutions, les sociologues

bordelais tiennent aujourd’hui le haut du pavé. Cette science n’a pourtant que récemment conquis

ses lettres de noblesse. Epopée d’une discipline dont l’histoire

a débuté dans les amphis bordelais.

«Le Département de sociologie deBordeaux fait partie des quatre meilleurscentres de sociologie en France par la

qualité avec laquelle on s’occupe des étudiants,par le nombre important de thèses de qualité, etbien sûr par la présence du très prolifique groupede chercheurs constitué autour de FrançoisDubet, devenu l’un des meilleurs sur les problèmesd’éducation. La sociologie à Bordeaux, c’est à lafois une vieille tradition et une nouvelle équipe »s’émerveille depuis Paris, Alain Touraine, l’un desplus grands sociologues contemporains.Une vieille tradition, en effet… Tout a commencé,il y a près de cent ans. Le Professeur EmileDurkeim, nommé en 1887, dispense pour lapremière fois des cours de « Science sociale etpédagogie » à la Faculté de Philosophie du coursPasteur. Un public nombreux, constitué d’étudiantset de divers bordelais, se presse aux cours de cejeune et brillant normalien. Son enseignementporte sur la solidarité sociale, la famille, le suicide,

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l’histoire du socialisme et surprend par ses accentsnovateurs, en phase avec la réalité sociale. Sescours, qu’il tiendra pendant quinze ans àBordeaux, sont le reflet de ses recherchespersonnelles et constitueront la matière de troisouvrages essentiels qui marqueront à jamais lesdébuts et l’histoire même de la sociologie. « Après un travail sur la division du travail social,Durkheim a édicté en 1895 dans « Les règles dela méthode sociologique » les grands principesde ce qui allait devenir une véritable science.Deux ans plus tard, il les a mis en application surle thème du suicide. Pour la première fois, unphénomène social y était étudié à partir de chiffreset de statistiques, se démarquant des habituellesréflexions générales sur la société » souligneCharles-Henri Cuin, actuel directeur duDépartement de sociologie de l’ UniversitéBordeaux 2. En 1902, à son départ pour la Sorbonne,l’intellectuel rationaliste a su imposer unechaire de sociologie à Bordeaux et fait desémules dans d’autres facultés en France.Pourtant, au cours des décennies suivantes,la sociologie vivote et ne réussit pas à acquérirla stature d’une discipline diplômante. Le travailde Durkheim est même critiqué ou volontairementoublié par ses successeurs bordelais telsGaston Richard, Max Bonnafous professeur

entre 1930 et 1940 ou Jean Stoetzel, l’hommede la psychologie sociale et créateur des sondagesd’opinion qui enseigne durant la période de lalibération. Ce n’est qu’en 1958 que la sociologie connaîtun réel sursaut : Bordeaux fait alors partiedes universités pionnières dans la créationd’une licence spéciale dédiée à la sociologie. Ilfaut ensuite attendre le milieu des années 60pour qu’un Département autonome voit lejour, sous la tutelle de Raymond Boudon,grand théoricien, connu comme le père del’individualisme méthodologique et d’undictionnaire de la sociologie. Près de 80 ansont été nécessaires pour que la sociologies’affranchisse enfin de la philosophie etdevienne une discipline à part entière.

Une faculté engagéeDurant les années 60, tout juste créé, leDépartement de sociologie doit faire ses preuves.« Dans cette petite unité, on trouvait surtout desétudiants assez marqués politiquement. C’étaitune époque idéologique ; on étudiait Marx, on lisaitFreud, tout en suivant les cours sur des théoriciens

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Dans lesannées 60, un

départementconsacré à lasociologie est

créé. Elle jouit

aujourd’huid’une

réputationd’excellence.

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de la sociologie américaine » se rappelleCharles-Henri Cuin, étudiant à Bordeaux à partirde 1968. Sur fond de querelles avec les philosopheset les historiens qui ne prennent pas au sérieuxces « gauchistes » marchant sur leur plate-bande,le directeur de l’époque, François Chazel doit sebattre pour maintenir le Département. Cettequête de reconnaissance, se poursuit dans lesannées 70, époque où le nombre d’étudiantsatteint à peine la soixantaine. Cette décennie,marquée par le déménagement du Départementà l’Université de Lettres Bordeaux 3 sur lecampus de Talence, voit l’enseignement seconsolider et se spécialiser sur les mouvementssociaux, et l’action collective politique. La recherche,elle, démarre doucement en 1975 avec la créationpar François Chazel du Centre de sociologie politique.

La révolutiondes années 90Acceptée enfin dans le giron universitaire, lasociologie attire désormais des étudiants de plusen plus nombreux... A l’aube des années 90,François Dubet, prend la tête du Département.Ce jeune professeur, qui a notamment travaillé àl'Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales(Centre d'analyse et d'intervention sociologiqueEHSS-CNRS) dans les années 80, va faire de larecherche son cheval de bataille, donnant auDépartement bordelais une envergure nationalepuis internationale. Le LAPSAC, Laboratoired’analyse des problèmes sociaux et de l’Actioncollective, est mis en place en 1991. « L’idéeétait d’aborder des thèmes aussi divers quel’éducation, l’enseignement, les jeunes, la ville,le travail, la déviance… Ma conviction de l’époquea été que dans une ville de province, il ne fallaitpas nous spécialiser mais nous ouvrir pour créerun dynamisme. La seule inflexion a été des’intéresser à des sujets plus empiriques quethéoriques, en prise directe avec la réalité etayant une utilité sociale » explique FrançoisDubet, qui a dirigé le Département de 1989 à1994. Toute une nouvelle génération de professeurstalentueux, Georges Felouzis, DidierLapeyronnie, Joël Zaffran, Agnès Villechaise…, vas’atteler à donner son plein essor au laboratoire.Outre ce renouvellement intellectuel, leDépartement est désormais rattaché àl'Université Bordeaux 2, l'université des Sciencesde l’Homme. Ce déménagement du Campus deTalence dans les locaux de la Victoire en 1993reste également dans toutes les mémoires comme« une révolution » des conditions matérielles detravail. « On était désormais les rois du monde »se réjouit Charles-Henri Cuin.

Un Départementen ébullitionAujourd’hui, l’unité bordelaise de sociologie jouitd’une réputation d’excellence. Elle compte prèsde 350 étudiants en première année planchantsur Durkheim bien sûr, Tocqueville, Bourdieu,Marx…. Avec près de 80 maîtrises et cinq thèsessoutenues par an, une vingtaine d’enseignants-chercheurs, la recherche est en ébullition. Pourpreuve, durant ces quatre dernières années, pasmoins d’une vingtaine d’ouvrages ont été publiés,certains faisant date dans l’histoire de lasociologie : La galère, Jeunes en survie deFrançois Dubet, L’apartheid scolaire de GeorgesFelouzis, Histoire de la sociologie de CharlesHenri Cuin, L'individu et les minorités de DidierLapeyronnie… Pour Georges Felouzis, actuel directeur du LAPSAC,« notre force aujourd’hui, c’est notre souci devulgariser nos travaux, de multiplier les colloques,les ponts avec les chercheurs de Bordeaux 2 etd’avoir intégré des réseaux internationaux. Leséquipes mouvantes au sein du LAPSAC créentune vraie masse critique. Mais surtout, c’estd’accompagner les préoccupations actuelles desdécideurs politiques locaux et de la société engénéral en planchant sur des sujets tels que lacrise des banlieues, les inégalités sociales, laségrégation, l’éducation, la santé…». Pour preuvede ce succès : entreprises, médias, collectivitéslocales s’arrachent les sociologues pour mieuxdécrypter un monde en pleine mutation. En unsiècle, quelle ascension fulgurante ! n

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Eaux minérales, eaux de sources

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si semblables si différentes

L’eau minérale naturelle des Abatilles et l’eau de source Aquarel sont toutes deux puisées à Arcachon. La première provient de la sourceSainte-Anne, à 472 mètres de profondeur alorsque la seconde est issue de la source des Pins à « seulement » 376 mètres. Une plus faibleprofondeur qui ne remet pas en cause sa puretéoriginelle. Et heureusement puisque tout traitementde désinfection et de dépollution est interdit aux eaux minérales comme aux eaux de source.Ce qui distingue une eau minérale d’une eau de source c’est en fait sa composition physico-chimique. Ainsi, l’eau dite minérale contient des éléments bénéfiques pour la santé et dans des quantités relativement importantes.Des quantités qui nécessitent parfois quelquesprécautions puisqu’elles peuvent être bien supérieures aux normes imposées aux eaux de consommation humaine. Une eau minérale qui contient plus de 1,5 mg de fluor par litre, par exemple, ne convient pas aux enfants de moins de 7 ans. La composition d’une eauminérale donnée doit également être remarquablementstable dans le temps. « Nous admettons des fluctuations de plus ou moins 10 % », précise Céline Ohayon, responsable du Laboratoirehydrologie environnement de l’UniversitéBordeaux 2. L’eau de source de son côté n’est passoumise à d’aussi drastiques conditions de stabilité.Ainsi les bouteilles étiquetées Aquarel par exempleproviennent-elles de différentes sources répartiesen France. La composition physico-chimique d’une eau de source se doit malgré tout derespecter certains critères. Les mêmes que l’eauqui coule de nos robinets. A ceci près que les eauxembouteillées ne sont autorisées à subir que très peu de traitements. Seules certaines opérations visant à réduire la concentration de l’unou l’autre des éléments naturellement présentsdans les eaux sont autorisées. Ainsi le fer par exemple peut-il être extrait des eaux de source.Une seule raison à cela : il a la fâcheuse tendanceà précipiter, entraînant l’apparition d’un dépôtcouleur rouille dans le fond de la bouteille qui deviendrait très difficile à vendre. D’ici quelques mois, les exploitants pourront également agir pour réduire la concentration en fluor. Une nouvelle directive sanitaire fixe en effet la norme autorisée à un maximum de 5 mgpar litre. Des traitements spécifiques à la teneuren gaz sont aussi autorisés. Si certaines eauxsont naturellement gazeuses, elles sont toutefoistechniquement très difficiles à embouteiller.Les exploitants peuvent donc extraire le gaz avant de le réinjecter ou non en fin de chaîne. Ils ont également l’autorisation de renforcer la teneur en gaz voir même de produire une eau rendue gazeuse par adjonction de gaz carbonique.

Qu’elles soient minérales ou de source,

toutes les eaux embouteillées proviennent de nappes

souterraines. Pourtant, si les deux appellations existent

c’est que les deux types d’eaux ne sont pas

rigoureusement identiques.

Crédit photo : Nestlé Waters France

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ont montré que nous pourrions puiser plus d’eau sansque la nappe ne soit mise en danger », assureDominique Labatue. L’eau des Abatilles sembledonc avoir encore de bien beaux jours devant elle.

Des laboratoirespour garantirla qualité des eauxLes limites de potabilité et de qualité des eauxembouteillées sont décritestrès précisément dans le Codede la santé publique. Pour veiller au respect de ces règles, l’Etat confie à des laboratoires le soin de mener des analyses.

« La loi impose aux entreprises distributrices de réaliser leurs propres contrôles de qualité. Et ils sont en général effectués très sérieusementplusieurs fois par jour. Les grands groupesembouteilleurs d’eaux tiennent à cette rigueur »,souligne Céline Ohayon, responsable du Laboratoirehydrologie environnement (LHE) de l’UniversitéBordeaux 2. « Notre rôle est de mener des testsindépendants tous les deux mois pour le comptede l’Etat. » Et le LHE est plus exactement chargédes analyses sur les eaux minérales.Régulièrement donc, des échantillons sont prélevésà la sortie du forage, à l’entrée dans l’usine, sur la chaîne d’embouteillage et dans les bouteilleselles-mêmes. Pour vérifier la concordance entrel’autorisation délivrée par le Ministère de la santéet l’eau testée, les contrôles portent sur la température,le pH, la conductivité et l’alcalinité de l’eau ainsique sur deux ou trois éléments caractéristiques

Les Abatilles,une histoired’eauAujourd’hui propriété du groupe Nestlé, l’eau minéralede la source Sainte Anne des Abatilles à Arcachon est exploitée depuis 1925.

En 1923, lors de recherches dans le sous-sol à Arcachon, les sondeurs mettent à jour une source d’eau moyennement chaude (25°C)et extrêmement pure, la source Sainte Anne.Après un parcours de 40 000 ans depuis le Massifcentral et le Lot et Garonne, elle jaillit aux Abatilleschargée de minéraux. L’autorisation ministérielled’exploiter la source est donnée en juillet 1925.L’eau minérale naturelle de la source Sainte Annedes Abatilles vient de naître. « Le premier forage a été exploité pendantenviron 70 ans et comme il commençait à donnerdes signes de fatigue, nous en avons creusé un second duquel nous tirons notre eau depuis1995 », raconte Dominique Labatue, responsablecommercial aux Abatilles. Un forage en acierinoxydable qui devrait résister aux attaques du temps. L’eau y remonte naturellement à émergence et est ensuite acheminée par des tuyaux pour l’embouteillage. Car l’eaudes Abatilles ne subit aucun traitement. Une fontaine est d’ailleurs ouverte au public tout l’été à proximité de l’usine. Les visiteurspeuvent venir y chercher quelques bouteillesd’une eau provenant directement de la source.Pendant le processus de production, l’eau estorientée vers la sous tireuse chargée de remplirdes bouteilles au préalable soufflées et stérilisées.Puis vient le temps du bouchage, de l’étiquetage,du datage laser et du conditionnement. En chemin,la qualité de l’eau aura été contrôlée, toutes les heures,en plusieurs points. Et lorsqu’il arrive qu’une bouteilleprésente un défaut quelconque, elle est retiréede la chaîne et orientée vers le recyclage. « Nousproduisons trois formats de bouteilles. Passer de 50 centilitres à des bouteilles 1,5 litres demandebeaucoup de manipulations. Un changement de format dure cinq ou six heures c’est pourquoinous faisons des campagnes de production d’environune semaine pour chaque format », préciseVincent Le Roy. Le tout sur une ligne d’embouteillagequi produit 12 000 bouteilles par heure. Mais, pasde quoi tarir la précieuse source. « Des études

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de sa composition. Les éventuelles irrégularitésne représentant pas de danger direct pour le consommateur, aucune mesure brutale n’est priseen cas de dérive. « Il convient malgré tout d’enquêterplus profondément afin de déterminer l’originede l’altération qui peut être due à une pollutionet dans ce cas, représenter une menace pour la santé », précise Céline Ohayon. Et pour assurerl’absence de risque sanitaire justement, le LHE mènesur les eaux minérales une série d’analyses bactériologiques. « Pour les eaux embouteillées,les tests sont deux fois et demi plus rigoureuxque pour l’eau du robinet », explique CélineOhayon. De quoi détecter occasionnellementquelques anomalies. Les services compétents de la DDASS (Direction départementale de l'actionsanitaire et sociale) ordonnent alors une enquêteplus poussée. Tout est mis en oeuvre pour évaluer au plus juste le risque pour le consommateur. S’il est jugé suffisammentimportant, l’exploitation de la source est au mieuxinterrompue, au pire interdite. Côté eaux de source, les contrôles sont pris en chargepar l’Institut européen de l’environnement de Bordeaux (IEEB), laboratoire de référencenational pour le contrôle sanitaire. « Plus le volumed’eau produit est important, plus les analysessont fréquentes, que ce soit à la ressource,avant soutirage ou après le conditionnement »,explique Segunda Garcia-Fouqué, ingénieur à l’IEEB.Là encore, les analyses bactériologiques et decomposition de l’eau sont extrêmement strictes.« Il existe non seulement des limites de qualitéconcernant les éléments susceptibles d’avoir un effetdirect sur la santé mais aussi des références de qualité », précise-t-il. Ces dernières sont une sortede témoins du bon fonctionnement de l’installation.Elles permettent d’identifier des anomalies, préludesà d’éventuels risques sanitaires. « Que ce soit en termes de nombre de molécules à rechercherou de concentrations limites, les exigences sontde plus en plus importantes », conclut SegundaGarcia-Fouqué.

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Commercialiser de l’eauen bouteille

d’analyses cliniques et pharmacologiques attestant de ses vertusthérapeutiques. Enfin,aucune autorisation n’estdélivrée sans étude d’impactenvironnemental. Le rôlede la DRIRE (Directionrégionale de l'industrie, de la recherche et de l'environnement) qui instruit les dossiers de demande d’autorisationpour les eaux minérales,est notamment de veiller à la préservation des nappessouterraines. Les débitsproposés doivent ainsigarantir la pérennité de la ressource dans le temps.

Pour obtenir du Ministèrede la santé une autorisationd’exploitation et de conditionnement d’eau, les industriels doivent présenter un dossier extrêmement complet.Examens géologiques et hydrologiques, analysesphysico-chimiques et microbiologiques à l’émergence afin d’assurerla pureté originelle de la source, volume d’eaujournalier, rien n’est laisséau hasard. Et pour prétendreà l’étiquette « eau minérale »,il faut aussi présenter la composition exacte de l’eau et disposer

Des étiquettes pour informer et séduire

montagneux. Mais, les publicitaires savent parfois profiter de la crédulitédes consommateurs. « Des accroches du style « 0 calorie » sont ridicules.Il n’y a bien entendu pasde calorie dans l’eau, quelle qu’elle soit.Malheureusement, les consommateurs ne sontque trop rarement avertis »,regrette Céline Ohayon, du Laboratoire hydrologieenvironnement (LHE) de l’Université Bordeaux 2.

Nom de la source, lieu de l’exploitation, composition,traitements éventuels,avertissements concernantles teneurs de certains éléments présentant un danger potentiel pour certaines catégoriesde consommateurs. Les étiquettes des bouteillesd’eau regorgent d’informationstoutes strictement règlementées. Ainsi, une eau puisée en plainene sera pas autorisée à faire figurer sur son étiquette,la photo d’un paysage

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Des analyses plus strictes pour les eaux embouteillées

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HubertMontagneraux côtés de l’enfantqui grandit

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Spécialiste de psychophysiologie, il a consacré sa carrière à l’analyse du développement. Chez les animaux, d’abord,puis chez l’enfant.Infatigable, il publiait en septembre 2006 son quatorzième ouvrage.

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Pas de barrières. Et pas de chapelles non plus.« Je me nourris de toutes les approches. Jeprends les démarches et techniques sansdistinction, du moment qu’elles enrichissentma compréhension. Je n’ai aucun rejet ».Jeune retraité, fort de plus de quarante annéesde pratique,

Hubert Montagner se délectetoujours à souligner combien sa spécialitébouscule les disciplines traditionnelles.Fondateur, dans les années 1960, du troisièmelaboratoire français de psychophysiologie àNancy, il est jusqu’en 2004 directeur de rechercheà l’INSERM, dirigeant à Bordeaux un groupeintitulé « Psychophysiologie et psychopathologiedu développement ». “Nous prenons enconsidération le comportement global d’un sujet,en faisant appel à la psychologie, la psychiatrieet la physiologie, pour rendre compte de sesconduites. Nous analysons comment un individuse construit par rapport à son environnement,dès sa naissance et même avant. Nous jouonsénormément sur les interactions, et nous sommesdonc à la croisée de plusieurs sciences ».

La sécuritéaffective comme tremplinSon laboratoire, c'est la vie même. Il suffit dese rendre dans une classe pour se rendrecompte que l’apprentissage est étroitementlié à l’état émotionnel. « Un enfant arrive avecla peur au ventre après une dispute entre sesparents. Il est sous le poids de cette chape. Ilne pense qu’à ça. Et même s’il est le premier dela classe, même s’il a le meilleur des maîtres,il ne pourra pas apprendre: ses fonctionscognitives sont bloquées ». L’école, l’un desgrands thèmes de réflexion du chercheur, surlequel il n’hésite pas à se montrer très critique.« L’école ne pense qu’à une chose: transmettrele savoir et les connaissances. Comme si c’étaitpossible sans prendre en compte tout ce quifait la réceptivité de l’enfant. C’est une fautegrave. L’école ne profite qu’aux enfants bieninstallés dans la sécurité affective ».Dans son dernier livre, « L’arbre enfant, unenouvelle approche du développement del’enfant », Hubert Montagner se penche doncsur le rôle central de la sécurité affective. « Celle qui donne le sentiment de ne pas êtreabandonné, de ne pas être en danger. Quiapporte confiance et estime de soi ». Dans samétaphore de l’arbre, elle serait la sève.

Circulante et nourricière. Trois grandes racinesen constituent les principaux éléments: unefigure d’attachement, à laquelle l’enfant seréfère, ses parents, ou à défaut, un autreadulte. La nécessité d’un rythme, qui soitsynchronisé avec l’environnement du petit(familial, social, et biologique). Et enfin, lacapacité à s’approprier la troisième dimension, àappréhender la hauteur et la profondeur dansl’espace. « C’est quand le bébé est porté qu’ildécouvre le sens de son environnement.Quand il est allongé sur sa couche, la majoritéde ce qui l’entoure n’existe pas, explique lechercheur. Et s’il ne peut pas s’en imprégner,alors il en aura peur ».

De la branche à la graineDe cette base de développement découlentdeux branches maîtresses. L’aptitude à libéreret à contrôler ses émotions et l’acquisition decinq compétences socles qu’HubertMontagnier répertorie ainsi : « Il faut apprendreà maintenir le regard sur une cible, une certaineattention visuelle. Le bébé écoute celui qui luiparle les yeux dans les yeux. C’est un signede bonne santé. Il apprend ainsi à combiner levisuel et l’auditif. C’est d’ailleurs symptomatiquedes enfants en échec scolaire, ils ne parviennentpas à synchroniser ces deux facultés. Ilsregardent ailleurs, ou bien regardent, maisn’écoutent pas. Il y a ensuite l’élan à l’interaction,qui est la clé des rencontres et des relationsde proximité. Puis les comportements affiliatifs,interprétés comme une adhésion aux discourset aux projets de l’enfant. Ce sont les sourires,les rires, la jubilation, l’offrande… Les fondementsde la socialisation. Le quatrième point est lacapacité à imiter et à être imité. Et le cinquième,de parvenir à une organisation structurée dugeste ».Dès les premiers jours, et jusqu’à la mort, cescompétences restent fondatrices. Chaqueévènement de la vie peut les faire fluctuer. « Mais c’est seulement quand les deux branchesmaîtresses sont construites, et solides, queles bourgeons apparaissent », insiste leprofesseur Montagner. Lorsqu’ils vont pouvoirpousser, l’enfant acquiert les valeurs morales,les interdits, les tabous. Il va pouvoir libérerle processus cognitif, pour accéder au savoiret à la connaissance. Puis viendront les grainesde la créativité et de l’imaginaire n

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Un peintre, un photographe. Jean Corrèze et Jean-Pierre Louvet, deuxaquitains unis par une passion commune :

les fractales, qu’ils utilisent pour créer des œuvres d’art, chacun avec des méthodes très différentes.

On retrouve pourtant, chez les deuxhommes, la même fascination

pour une beauté mêlée d’un sentimentd’infini. François Dress, mathématicien,

explique et décortique pour nous ces objets compliqués,

ces fractales à l’infini. Histoire.

Voyage au paysdes fractales

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Jean Corrèze, peintrefractaliste « Je suis peintreavant tout »

D'où est né votre intérêt pour les fractales ?Je peins depuis longtemps, mais un certaincôté traditionnel ne me convenait pas.J'avais l’impression que certains avaientdéjà fait beaucoup mieux que moi. Commede nombreux artistes, j’ai détruit mes oeuvresde jeunesse. Très tôt, il m’a fallu autrechose : des lignes brisées, des élémentsauto-similaires. Je suis donc un des premierset rares peintres fractalistes. C’est seulementplus tard, dans les années 75/80, que j’ai eu connaissance des travaux de Mandelbrot. Pour autant, je ne m’ensuis jamais inspiré. Car la véritable origine

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François Dress, professeurà l’Institut de mathématiquesde Bordeaux (UniversitéBordeaux 1) « Les fractales, des objets compliqués »

Que sont les objets fractals ?Il est très difficile de les définir en peu de mots : ils sont très variés, car ils peuventavoir de très nombreuses caractéristiques.Un objet fractal, c’est le contraire d’un objetlisse, au sens mathématique du terme.C’est un objet irrégulier, géométriquementcompliqué, qu’on ne peut pas dessiner d’un trait de crayon majestueux ! Un objetcompliqué, qui peut-être tortueux, pointu,comme la côte de la Bretagne, enchevêtré,comme un flocon de neige, fragmenté, ou arrondi, comme un nuage. Pour plaisanter,on peut dire que les objets fractals ne peuventse définir que de façon fractale, avec des caractéristiques s’imbriquant les unesdans les autres.

Qu’en est-il de l’autosimilarité ?La complication d’un objet fractal est, d'une certaine manière, constante à toutesles échelles (ou dans une gamme d'échellespour les objets naturels). C’est ce niveau qui est mesuré par la « dimension fractale »,nombre non entier. Certains objets fractals,comme la très célèbre courbe de Von Koch,manifestent cette constance par la propriétéd'autosimilarité. C'est visuellement très fort, maisce n'est pas une caractéristique obligatoire.

Votre regard de mathématiciensur les fractales de Jean Corrèzeet de Jean-Pierre Louvet ?De mon point de vue, Louvet fait surtout un travail sur le trait, dont la précision et la « concentricité » traduisent la genèsemathématique. L’aspect fractal de ses productionsest cristallisé et amplifié. Corrèze, lui, travaillesur les volumes, les aplats, les dégradés, les nuances de teintes. L’aspect fractal de ses toiles est parfois atténué ou estompé.Ce qui est normal, un artiste qui peint à la main ne cherchant pas à obtenir une dimension fractale exactement constante.Ce sont deux styles différents et intéressantspar leur complémentarité d’interprétation de l’objet fractal.

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de ma peinture est plus profonde, j’ai toujoursvu un monde fractal. Quand je regarde un objet, ce n'est pas lui que je vois ; je vois les éléments qui le composent. En somme, j’ai un ressenti fractal !

Quelle technique employez-vous ?Chut, c’est un secret ! (Rire) Plus qued’une technique en fait, je parlerais d’une façon de faire, assez complexe, précise et méthodique, lentement élaboréeau fil de ma pratique. Si je sais où je veuxaller, je n’ai aucune formule mathématiqueen tête. Je peins par couches successives,chacune dominée par une certaine couleur.Et comme je travaille uniquement à l’huile,chaque couche sèche très lentement, j’ai donc toujours plusieurs toiles en cours.Du coup, le processus complet peut parfoisprendre un an. C’est seulement quand je sens que c’est terminé, quand je perçoisun équilibre dans la forme, lorsque poursuivreserait de trop, que j’arrête. Pour autant, je ne suis jamais complètement satisfait et comme je n’aime pas me répéter,mon travail et ma méthode se renouvellentsans cesse. Mais je ne suis pas un artistemaudit ! Si je travaille constamment et régulièrement, je ne me relève jamaisla nuit pour peindre. Je n’ai jamais de blocage, j’ai toujours des envies nouvelles.

Quel regard portez-vous sur lesfractales de synthèse ? Les avez-vous essayées ?Je les aime et les apprécie. Elles sont, d’un certain côté, plus lumineuses et plusparfaites, d’une perfection mathématiqueimpossible à obtenir à la main. Mais j’ai toujours refusé de m’y essayer, de peur de me déstabiliser. C'est le travailde faiseur que j’aime. Je suis peintre avanttout. Même si je dois rester parmi un petitnombre d’artistes à travailler manuellementcette peinture fractale, je ne veux pasabandonner cette spontanéité, cette imperfection, cette créativité.

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Jean-Pierre Louvet,créateur de fractales de synthèse.« Mon travail est un peu celuid’un photographe »

D'où est né votre intérêt pour les fractales ?Quand j’étais enfant, j’étais fasciné par les imagesque j’obtenais en mettant un objet entre deuxmiroirs parallèles, et aussi par une boîte d'emballage sur laquelle était dessiné unpersonnage tenant à la main la même boîte sur laquelle était dessinée le même personnagetenant la même boîte... Je pensais : c'est théoriquement infini, mais en pratiquec'est impossible ! Fascination réveillée bien plustard par les quelques livres d'images fractalesqui existaient à l'époque et que je dévorais.Alors, quand j'ai découvert Fractint en 1992, qui fut un programme de référence pour créerdes images fractales, j'ai commencé à en fabriquermoi-même. Ces premiers essais me paraissentmaintenant si simplistes ! J’étais quelquefoisdécouragé. Heureusement, certains artistes, et pas des moindres, m’ont soutenu !

Quelle technique employez-vous ?N'étant pas mathématicien, j'utilise des formules,parfois très complexes, créées par des passionnéset librement disponibles. La formule me permetd'obtenir une image, que je peux modifier en changeant divers paramètres et en utilisantdivers « filtres », qui sont autant de formulescomplémentaires transformant l’image de base.Je joue aussi avec la palette des couleurs, le programme calculant la couleur de chaquepixel. Ensuite, j’explore l’image en zoomant à volonté dans ses diverses parties et enexplorant le « paysage » fractal qui se révèlealors. Je sélectionne ainsi une image dont les formes et les couleurs sont plaisantes dansun paysage infini. Cela s'apparente un peu au travail du photographe qui se promène avecson appareil, découvre une scène intéressante,choisit son point de vue et son cadrage. Saufqu'on peut manipuler à volonté l'image sur laquelle on vient d'arrêter son choix.

Que recherchez-vous dans les tableaux fractals ?Toujours le caractère très particulier d’autosimilarité qui m'avait frappé dans monenfance. Les programmes actuels permettentde créer des images qui peuvent comporter plusd'une dizaine de couches qui se combinent entreelles de façon complexe, avec, par exemple des effets de transparence relative, et des jeuxsur les interactions de couleurs. L’autosimilaritépeut être totalement gommée en jouant surtous ces paramètres. Ce qui explique que certainesimages fractales synthétisées par ordinateur, ne paraissent pas fractales. Elles peuvent êtresuperbes, mais je préfère toujours les imagesqui aboutissent à un beau résultat auto-similaire,avec une grande économie de moyens n

Benoît Mandelbrot et les fractales divers types en étantconnus depuis longtempspar des recherches dispersées.Mais il en a unifié le concept,formalisé la définition, et les a popularisés. La connaissance des fractalesa joué un rôle majeur dansla modélisation de certainsphénomènes physiquescomplèxes.

Le terme « fractale » a étécréé en 1975, à partir de l'adjectif latin fractus,qui signifie « irrégulier oubrisé », par le mathématicienfrançais Benoît Mandelbrot,pour les besoins de sonlivre Les objets fractals :forme, hasard et dimension.Mandelbrot n’a pas découvertles premiers objets fractals,

Jean-Pierre Louvet

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Directrice de la société bordelaise NJTEC, spécialisée dans les nouvelles communications et la micro-électronique, Nadine Ninina lancé son entreprise à l’assaut de l’univers de la mode et du textile à travers une collection de vêtements communicants, « Uranium Jeans ».

alliance d’idée Nadine Ninin et d’audace

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Tissu de conceptUn peu comme Pénélope avec sa toile, NadineNinin, s’est lancée dans l’odyssée du denim,avec juste ce qu’il faut d’audace, de chance etd’alliance pour créer et diffuser la premièrecollection de vêtements personnalisables etdoter la gamme dit du « vêtement intelligent» de ses premiers oripeaux. Main de fer dansune mitaine de velours, douce et affirmée,l’expression lui sied comme un gant. Au-delàde la voix, point cette petite note d’exigencepropre à ceux qui, au quotidien, agencent deslacis d’ingénieurs, chercheurs, techniciens. « Je coordonne l’équipe, la boutique, je rencontreles fournisseurs, les clients, j’essaie de trouverde nouveaux partenaires. Pour résumer, je dis

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que je suis responsable d’une société quidéveloppe du textile intelligent ». Et qui sanscesse entrelace : des fils pour en faire uneétoffe, des compétences pour en faire un produitinnovant, des relations pour créer unemarque et la diffuser. Car, tisser de la fibreoptique est une affaire bien plus complexequ’une simple histoire de chiffons. Une histoirequi passe par la volonté d’entrer l’univers dutextile par le biais de ces jeans et tee-shirtssur lesquels défile un message. Une nouvellefaçon de communiquer, née au gré de cespetits hasards qui finalement ponctuent puisfaçonnent les carrières comme la vie.

RechercheappliquéeOriginaire des Ardennes, Nadine Ninin s’installequelques temps à Paris comme documentalistedans une collectivité territoriale avant de s’enéchapper pour venir goûter au terroir bordelais.Elle participe alors à l’aventure du minitel etdes premières banques de données juridiquesgratuites en mettant à profit son expérienceprofessionnelle parisienne.Puis, de fil en aiguille dans les nouvellescommunications et la micro-électronique.Jusqu’au jour où, un ingénieur de la sociétérencontra un chercheur du Gemtex, lelaboratoire de recherche de l’ENSAIT (Ecolenationale supérieure des arts et industrie textile),un labo consacré aux vêtements communicants.

Déclic : « Le seul créneau intéressant dans ledomaine du textile, c’était celui de l’innovation ».Nadine Ninin attelle alors, pendant plus d’unan, une équipe formée du styliste KennethScott Ward, d’universitaires et ingénieurs dela NJTEC, à la conception, la réalisation et ladiffusion de ce nouveau type de vêtement. « A la base, c’est un vrai challenge. On voulaitse démarquer du textile classique en travaillantdans ce domaine au travers de la technologie.Cela a abouti à l’élaboration d’un vêtementqui apporte une autre fonction que celle desimplement se vêtir. On n’est plus seulementdans l’apparence, on est dans le dire et lefonctionnel ». Dans l’ouverture aussi. De soi,à l’autre. De l’entreprise à l’artiste, de larecherche à l’artisan… Nadine Ninin, semblese délecter des complexités de cette activité,mue par une insatiable curiosité. Loin des universcloisonnés, où chaque labo développe discrètementses activités. « Je suis pluridisciplinaire. C’estpassionnant de confronter, sur un même projet,des points de vue d’artistes, de scientifiques,d’artisans, tous différents ».

Patchwork des culturesRecherche, industrie, artisanat, à Bordeaux,dans les Ardennes ou à Paris, la directriced’« Uranium Jeans » n’en finit plus de tisser.Des liens notamment. « La richesse de larecherche et de l’artisanat n’est pas du toutmise en avant. Des personnes qui fabriquentdes ceintures par exemple, travaillent avecpassion mais vivent difficilement. Si on veutmettre au point une ceinture lumineuse, il estplus pertinent de s’associer avec un artisan,qui va apporter son savoir faire. C’est lemélange de tout ça qui m’intéresse.» Derrièrela caisse du show room parisien, elle s’amusedans un anglais propret de la stupéfactiond’un client américain : « I have never seen itbefore ! ». « Yes, because it’s new !». Passél’effet, Nadine Ninin épluche l’observation :« La plupart des gens sont étonnés que cesvêtements soient français. Pour l’opinion, toutce qui est nouveau, innovant, vient d’ailleurs,des Etats-Unis par exemple. Je suis fière demontrer qu’on en est capable aussi. » Aprèsune première boutique à Paris et à Saint-Tropez, la société en ouvrira une autre dans lacapitale et la marque devrait être commercialiséepar La Redoute. En attendant elle file déjàd’autres technologies, double d’autrescommunications, bref mélange les genres. n

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«Je suis ce que je suis, ça plaît ou ça ne plaîtpas». Avec Emeric d’Arcimoles, on sait tout desuite à quoi s’en tenir. Le PDG de Turbomecaest à l’image de son discours : direct et entier.C’est un homme de conviction, de dialogue etd’action. Chez lui, les trois facettes sont liées.

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Ce fils d’agriculteur a fait carrièredans l’aéronautique. Pour lui,

le succès d'une entreprise vientd'une alchimie de talents humains.

Emeric d’Arcimoles un assembleur de talents l4 DANIEL TARNOWSKI

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Un profil de battantL’industrie est ce qui l’intéresse avant tout. Ilaime être au contact avec les gens et lesconvaincre d’évoluer. Son credo : l’humain. Cequ’il n’aime pas : les patrons qui s’imaginentdétenir toutes les certitudes. Pour lui, uneentreprise est d’abord une alchimie de talentset son succès est celui d’une équipe. « J’aihorreur de ces présentations qui montrent lechef d’entreprise comme un général napoléonienfaisant la pluie ou le beau temps. Ce quicompte, c’est l’aptitude de l’entrepreneur àassocier des gens de valeur ».Son atout majeur : sa force de persuasion.Son point faible : sa grande disponibilité auservice de l’entreprise. Son joker : l’intuition.Sa fierté : être Gascon ! « Quand on medemande si je suis Français, je réponds : Non,je suis Gascon ! Et comme les romansd’Alexandre Dumas ont fait le tour du monde,les gens savent très bien ce qu’est laGascogne ». Pour le PDG de Turbomeca, c’estaussi un moyen - parfois utile - de se démarquerd’une image franco-française. En fait, il estGascon par son père et Basque par sa mère,donc 100% Aquitain.

Au contact dumonde ouvrierEmeric d’Arcimoles est né à Agen, en 1948.Ce fils d’agriculteur s’oriente vers des étudesscientifiques et universitaires, qu’il poursuitjusqu’à un DEA de thermo-aérodynamique.En 1974, il intègre le Groupe Snecma où sedéroulera toute sa carrière. Très vite, il s’aperçoitque le domaine de la production est en pleinemutation. « Il y avait là beaucoup à faire, àcondition de savoir prendre en charge leshommes ». C’est-à-dire discuter avec eux etles convaincre d’évoluer. Dans les années1980, il est responsable de gestion, puispatron d’un atelier de près de 900 personnes,à l’usine de Gennevilliers, dans la banlieueNord de Paris. Une expérience excessivementformatrice. « Les ouvriers sont des gens avecqui vous ne pouvez pas bluffer. Votre crédibilitérepose sur votre aptitude à faire ce que vousavez dit. Même s’ils ne sont pas d’accord ».Après Gennevilliers, il est nommé directeur del’usine d’Hispano-Suiza, à Bois-Colombes.Dans un fief ouvrier, à forte tradition communiste.Puis en 1997, il prend la direction générale de

Techspace Aero à Liège, en Belgique. « Dansune ville avec un taux de chômage de 27 %et surnommée Palerme-sur-Meuse, en raisonde sa forte colonie italienne ». Là aussi,Emeric d’Arcimoles discute « très sérieusementavec les ouvriers et réalise avec eux deschangements radicaux ». Résultat : la sociétéest aujourd'hui l’une des plus rentables duGroupe.

Un choc culturelà gérerEn 2001, il devient Président-DirecteurGénéral de Turbomeca, six mois après l’intégrationde cette société dans le Groupe Snecma. Laconsigne de son patron est claire : « Tu tedébrouilles, mais tu réussis l’intégration ».Son premier souci est d'établir un respectmutuel entre les équipes techniques et unesynergie dans les études et développements.A l’époque, l’entreprise produit environ 600moteurs d’hélicoptères par an. La vaguesécuritaire initiée par le 11 septembre et lamultiplication des plateformes pétrolières fontexploser son marché. En cinq ans, sa productionest multipliée par deux et les projectionsactuelles ciblent 2 500 moteurs. Pour s’adapterà cette montée en puissance, Turbomeca doitévoluer. Son organisation traditionnelle etartisanale devient industrielle et numérique.« Un choc culturel qu’il a fallu expliquer à toutle monde ».Durant la même période, 50 % de son effectifsont renouvelés, sous l’effet des départs enretraite et des créations de postes. En 2006,Turbomeca a recruté 450 collaborateurs, dont250 sur de nouveaux emplois. Elle compteaujourd'hui plus de 5 000 personnes, dont 80% sur les sites de Bordes (Pyrénées-Atlantiques) et Tarnos (Landes). Fin 2008, lepremier migrera dans un nouvel établissementen construction sur le pôle aéronautique deBordes-Assat. Montant de l’investissement :99 millions d’euros.« Vivre tout cela en tant que chef d’entreprise,c’est passionnant ». Mais le week-end, Emericd’Arcimoles retrouve ses racines agenaises. Ilse ressource au volant d’un tracteur en coupantl’herbe autour des arbres qu’il a plantés danssa propriété familiale. « Le travail de l’agricultureest physique et excessivement pénible. Celavous rend humble tout de suite. Rien de telpour garder les pieds sur terre ! » n

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Jean-François Narbonne,professeur de toxicologie à l’UniversitéBordeaux 1, expert auprès de nombreusesinstances nationales et internationales et

Michel Combarnous, ancien président de l’université Bordeaux 1, professeur d’Ecologie et Energétique générales à l’ENSAM. Deux personnes emblématiques du monde universitaire aux parcours atypiques, se sont impliquéesen matière d’environnement, en mettantleurs expertises au service de la société et en jouant le rôle de conseillers auprès de décideurs. Echanges d’idées.

Voyageau bout de la Terre

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Voyageau bout de la Terre

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Comment se portela planète ?M. Combarnous : On dit que l’homme consommede plus en plus d’énergie, mais la consommationmoyenne d’énergie dans le monde par habitant n’a pas bougé depuis 1973. Le problème, c’est qu’il y a 200 000 habitants de plus par jour. Le plus frappant dans le système actuel, c’est cette augmentation de la population et ses conséquencessur la vie énergétique. Dans ce contexte, on est condamné à faire feu de tout bois. La problématique est là : comment redevenir raisonnable sans se freiner complètement.

J.F. Narbonne : Pour comprendre, il faut connaîtreles évolutions. Quand on regarde les étapes, il y aeu trois révolutions. Première étape : la société primitive dans laquelle l’homme était en équilibreavec son écosystème. Puis, vient la phase agricoleet là, ça commence à déraper, car on bouscule les équilibres, on modifie l’écosystème.

M.Combarnous : C’est important de le soulignercar la plupart des gens pensent que ça a commencé à se gâter à l’ère industrielle.

Physique et chimie,convergence ou divergence ?J.F. Narbonne : Après il y a eu la révolution physique, avec la découverte de la machine àvapeur et du moteur à explosion. Puis il y a eu la révolution chimique : à chaque problème, sa solution chimique. Certes, la chimie nous a donnéun confort, une évolution hygiénique, mais à chaque fois - on l’a vu avec le DDT, le PCB3 - on a crée de nouveaux problèmes, de nouvellesmaladies. Dernière révolution, celle de la biologie au moment où on commence, dans les années 60,à recréer in vivo ce qui se passe dans les cellules.On a pris conscience parallèlement, à cette époque

là, des méfaits de la société industrielle et du cul de sac dans lequel s’enfonçait la société. Le DDTet Minamata3 au Japon, ont été les deux faits à l’origine de la création du ministère de l’environnement en 1972 et de la naissancede l’écotoxicologie…

M. Combarnous : Est-ce que tu irais jusqu’à dire,que la science et la technologie sont neutres vis-à-vis du progrès ?

J.F. Narbonne : La connaissance est neutre par rapport à ce qu’on peut en faire. Mais, l’idée de progrès univoque est dépassée. On ne peutplus utiliser la science en sens unique avec l’idéeque tout progrès est source de bonheur.

M. Combarnous : La science et la technologie,c’est l’augmentation de l’espace des possibles. Mais il faut une clef supplémentaire, philosophiqueou autre. Le vocabulaire militaire définit troisniveaux : la vision, la stratégie et la tactique.Aujourd’hui, on a le discours de la stratégie mais il n’y a plus de vision. Or, la stratégie ne peut pas exister sans vision. C’est ce qui se passe pourl’environnement aujourd’hui.

J.F. Narbonne : Quand j’entends les politiquesdire qu’il faut revenir aux Trente glorieuses, au plein emploi etc., c’est aberrant. Les Trente glorieuses, c’est la pollution massive de la planète.Si on y revient, la planète explose ! On paie toujours le prix aujourd’hui de ce pic d’imprégnationdes années 1970. Les jeunes qui sont nés entre 1975 et 1985 ont été exposés in utero à 350 produits chimiques…

M. Combarnous : La toxicologie, c’est le problèmeessentiel parce que c’est ce qui fait souffrir et mourir les gens. C’est une conséquence de ce mode de vie dans lequel on a toujoursbesoin de plus de bien. Et plus de bien dit plus de consommation d’énergie. Je reprends ces motsde Paul Ariès, professeur à Lyon 1 : « plus de lien,moins de bien ». Ce qui revient à dire : échangeons plus d’information, discutons, cessons

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d’accumuler les biens. On a fait déraper le bateau,alors qu’est ce qu’on fait maintenant ?

Quelle part deresponsabilité a la science ?J.F. Narbonne : Prenons la symbolique :« polluer la terre, c’est polluer notre mère ». La terre est la mère. Et justement on a pollué nos mères. Ce n’est pas une vue de l’esprit. Il fautretrouver des choses simples et la science peut y contribuer. La nature a un certain taux d’amortissement, elle est prolifique. Elle ne reposepas sur un équilibre strict. Il y a en permanencedes marges très larges sur les différents processusphysiques, chimiques qui constituent notre monde.Il faut les étudier.

M. Combarnous : A la base, quand même, le premier gisement d’énergie, c’est l’économie d’énergie. Il y a plein d’usage de substitution du gaz, du pétrole par des déchets de bois parexemple, qui sont intéressants. Il faut réintégrerune vision systémique. Au fond, dès qu’on faitquelque chose, il faut se préoccuper de la chaînecomplète de notre décision. Alors bien sûr, ça ne sera jamais parfait. Mais, ce n’est pas pour ça qu’il ne faut pas le faire.

J.F. Narbonne : En tout cas, on ne peut faire la révolution verte à partir de biocarburant, quandon sait qu’il faut 4 litres de pétrole pour en produireun litre ! La production de biocarburant peut être intéressante si elle est produite à partir de la biomasse existante. La nature est généreuse,on peut utiliser les déchets. Il y a des sources d’innovation, des sources d’emploi, de création, de développement terribles. Mais pour ça il fautdes lois et une vision n

DDT : DichlorodiphényltrichloroéthanePCB3 : Monochlorobiphenol

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Jean-François Narbonne et de l’UNEP il est aussimembre du Comité scientifiquede l’AFSSET. Il est l’auteurde plus de 200 publicationsdans des revues scientifiqueset plus de 200 communicationsà des congrès. Il est l’auteurde « Toxiques Affaires »aux éditions Ramsay.

Directeur de l’équipe deToxicologie Biochimique ausein du CNRS, au laboratoirede physico et toxicochimiedes systèmes naturels. Il estaussi expert auprès del’Agence française de sécuritésanitaire des aliments(AFFSA) du Conseil del’Europe

Michel Combarnous à usage alimentaire, et,enfin, les potentielsénergétiques et environ-nementaux des biomassesvégétales, en particulierdes forêts. Correspondant del’Académie des Sciences, ilest membre fondateur del’Académie des Technologies.

Professeur émérite à l’uni-versité Bordeaux 1 etprofesseur associé àl’Université de Gabès, dansle sud tunisien. Mécaniciendes fluides et énergéticien,il a, ces 40 dernièresannées, publié divers travauxsur la thermique des milieuxporeux, la récupération dupétrole, l’hydrogéologie, leséchage des produits naturels,

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QUESTION D’ENVIRONNEMENT...

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la Chimieverte

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Depuis le vingtième siècle,l’industrie chimique s’est

considérablement développée etnous fournit aujourd'hui unegrande partie des produits denotre consommation. Mais à quelprix ? Les rendements et laconsommation de masse del’après-guerre ont conduit lesentreprises à produire auxdépends de la sécurité et del’environnement. Des catastrophes

polluants, mieux exploiter nosressources, et optimiser lesprocédures. L'avenir de la chimieest là », commente Hervé Deleuze,chercheur au Laboratoire de Chimieorganique et Organométallique deBordeaux.Cette chimie alternative prévoit uneconception utilisant de préférencedes matières premières renouvelables.« Quand on peut basculer versd’autres éléments que les substancestoxiques pour effectuer des réactionschimiques, on le fait. On utilisepar exemple de l’eau, du CO2 oudes composés naturels commesubstances auxiliaires danscertaines réactions », expliqueYves Gnanou, directeur duLaboratoire de Chimie desPolymères Organiques deBordeaux. De nombreux laboratoiresaquitains s’orientent dans cettevoie. Les innovations affluent surles différents axes de rechercheafin de remplacer les solvants etcatalyseurs par des substancesmoins toxiques, de diminuer latoxicité des déchets, ou celle des

aux conséquences humaines ouécologiques ont sérieusementcontribué à dégrader l’image de lachimie, sans compter les rejets degaz à effet de serre, le trou de lacouche d’ozone, ou les déchetstoxiques. Tous ces événements ontamené à une prise de conscienceglobale pour un développement pluspropre. Ainsi, au début des années90, deux américains établissentles principes nécessaires àl’établissement d’une « chimieverte ». Devant l’épuisement desressources énergétiques mondiales,cette chimie verte s’imposeprogressivement au cœur despréoccupations actuelles.

Comment produireplus proprementLa chimie verte propose de traiter lesproblèmes à la source, en s’insérantdans tous les stades de production.« Nous devons penser pluspropre. Il faut rejeter moins de

Des réglementationsenvironnementalesplus strictes, desréserves mondialesde pétrole qui s’épuisent… Le secteur de lachimie est en pleinetransformation. Plus propre, plussûre, plus efficace, l’ère de la « chimieverte » arrive.

La chimie en mutationUne chimie alternative qui utilise des matières premières renouvelables

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produits fabriqués. À l'INRA(Institut national de rechercheagronomique), une vingtained'unités de recherche se mobilisentsur la chimie verte, et de nombreuxpays financent des programmesde recherche visant à incorporerun ou plusieurs de ces principes.

Vers une chimievégétaleAvec près de 2 700 entreprises,le secteur de la chimie en Francese situe au 2e rang européen, etau 5e rang mondial. Un secteur enforme, mais qui va connaître unvéritable bouleversement avecl’épuisement des ressourcespétrolières. Les industries duplastique, textile, carburant etcosmétique, vont devoir s’orientervers d’autres matières premières.En tête de liste, l’utilisation deressources renouvelables issuesdu végétal : céréales, pommesde terre, plantes riches en sucre,bois, paille, oléagineux… Unesolution très prometteuse, qui vaoffrir de nouveaux débouchés àl’agriculture française. Des produitsd’entretien aux carburants, enpassant par les matériaux, de

nombreux produits sont déjàfabriqués à partir de végétaux.Actuellement, 480 000 tonnessoit 20 % des tensioactifs, telsque les détergents, les agentsmoussants produits en Europesont d’origine végétale. Un chiffreencourageant mais loin d’êtregénéralisé à tous les secteurspuisque, en France, encore 97 %des produits chimiques sont d’originepétrochimique.

De nouvelles perspectives européennesSi la chimie verte apparaît commeun levier efficace pour luttercontre le changement climatiqueet contribuer au développementdurable, son extension resteeffectivement lente. « La chimieest une science qui avance lentement.Il n'y a pas encore de grosserévolution car il est difficile dechanger des habitudes de travailvieilles de plusieurs décennies.Tant qu'il n'y aura pas de fortepression au niveau réglementaireou fiscal, rien ne changeravraiment », précise Hervé

Deleuze. En Novembre 2005, le Parlementeuropéen a approuvé en premièrelecture une directive marquantune évolution majeure dans cedomaine : ce serait désormais,non plus aux pouvoirs publics,mais aux industriels de prouver etd’évaluer la sûreté toxicologiquede leurs produits, et de mettre enplace des mesures appropriées degestion des risques. Cette avancéeimportante pour la sécurité sanitaireet environnementale devraitpousser les entreprises à s’orientervers une chimie plus propre. Carle problème actuel de la chimieverte reste son coût. Remplacerles procédés de productionimplique souvent de lourdesdépenses, ce pourquoi lesdirigeants et investisseurs s’entiennent plutôt aux procédéstraditionnels. Compenser les coûts reste donc leprincipal défi de la chimie verte,dont l’efficacité environnementaleest déjà démontrée. L’augmentationdu prix du baril devrait cependantaider à accélérer ce mouvement,de même que les réglementationsconcernant l’industrie et lesbiocarburants.

Claire MORAS

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De nouveaux débouchés pour l’agriculture française

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Avec plus de 600 millions de véhiculesautomobiles en circulation dans lemonde, chaque habitant de la planèteconsomme en moyenne plus de1,7 tonnes d’équivalent pétrolepar an. Un chiffre considérable,qui favorise l’effet de serre et

avec une production de seulement460 000 tonnes de biocarburants,soit 2 % de la production mondiale.Le gouvernement a donc décidéd’accélérer les choses en fixant untaux d’incorporation dans lescarburants fossiles de 5,75 %(en énergie) en 2008, 7 % en2010, et 10 % en 2015, dépassantainsi les objectifs de Bruxelles.

L’aquitaine prend les devantsActuellement, quatre usinesproduisent du bioéthanol enFrance, essentiellement à partir deblé, et quatre autres fabriquentdu diester. Une dizaine d’usinessupplémentaires devraient voir le

contribue à l’épuisement progressifde l’énergie fossile. Les biocarburants s’imposantcomme la meilleure alternative àcourt terme, leur développementmondial s’accélère. De leur côté,les consommateurs français utilisentdéjà des biocarburants sans lesavoir. Mélangé au diesel à hauteurde 5 %, le biodiesel sous formed’EMHV* est aujourd'hui distribuéà la pompe sans identificationparticulière, comme le bioéthanol.« L’utilisation des biocarburants àvolume égal permettrait d'envisagerune réduction des émissions degaz à effet de serre d'au moins 60à 70 % », explique ClaudeLacadée, directeur adjoint del’AGPM, l’Association Générale desProducteurs de Maïs. Mais laFrance a pris un sérieux retard

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La course mondiale aux biocarburants a commencé.Suite au lancement du plan « biocarburant », la France estpartie pour rattraper son retard.En Aquitaine, la recherche etl’industrie relèvent le défi.

Depuis le vingtième siècle, l’in-dustrie chimique s’est consi-

dérablement développée et nousfournit aujourd'hui une grandepartie des produits de notreconsommation. Mais à quel prix ?Les rendements et la consomma-tion de masse de l’après-guerreont conduit les entreprises à pro-duire aux dépends de la sécuritéet de l’environnement. Des catas-trophes aux conséquenceshumaines ou écologiques ontsérieusement contribué à dégra-der l’image de la chimie, sanscompter les rejets de gaz à effetde serre, le trou de la couched’ozone, ou les déchets toxiques.Tous ces événements ont amenéà une prise de conscience globalepour un développement pluspropre. Ainsi, au début desannées 90, deux américains éta-blissent les principes nécessairesà l’établissement d’une « chimieverte ». Devant l’épuisement des

La conquêtede l’or vert

La course mondiale aux biocarburantsa commencé.Suite au lancement du plan« biocarburant »,la France est partiepour rattraper sonretard. En Aquitaine,la recherche et l’industrie relèventle défi.

La France ne produit que 2 % de la production mondiale de biocarburants

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« Oléoma », l’alternative industrielle des huiles végétalesle Centre TechniqueIndustriel des corps grasde Bordeaux (ITERG) etle Laboratoire de Chimieagro-industrielle de Toulouse (ENSIACET),ce programme permetd’élargir les débouchés de l’agriculture du tournesol,soja, et pastel. « EnAquitaine, la culture du tournesol oléique permet de fabriquer une huile particulièrement

dans les peintures métalliques, à base de solvant végétal. Et afinde prolonger le programmequi touche à sa fin, un deuxième dossier estdéjà déposé au ConseilRégional d’Aquitaine dansle cadre des appels à projet 2006-2007. « Il serait dommage de s’arrêter en si bonchemin », conclut XavierPages.

résistante à l’oxydation.C’est une huile très prometteuse pour le secteur des lubrifiantstels que les huilesmoteurs, ou les huiles pourchaînes de tronçonneuse», explique XavierPages, le responsable du projet à l’ITERG.Déjà, la société Toyal(64) a pu breveter une pâte pigmentaired’aluminium, utilisée

Depuis 2004, le programmede recherche « Oléoma», mené en collaborationavec des laboratoiresindustriels, et partenairesagricoles, vise à transformerles ressources oléa-protéagineuses du Sud-Ouest pour des applicationsnon alimentaires (lubrifiants,revêtements, cosmétiques).Né d’une action interré-gionale Midi-Pyrénées et Aquitaine, et lancé par

jour d’ici 2010 afin d’atteindre lesobjectifs d’incorporation français.Prévue opérationnelle pour 2008,l’usine de bioéthanol de Lacq,dans les Pyrénées-Atlantiques,est la première du genre dans leSud-Ouest. Avec une production annuelle de5 millions de tonnes de maïs, leSud-Ouest va fournir 80 % desbesoins de l’usine, soit 500 000tonnes. « C’est une aubaine pourles producteurs de maïs du Sud-Ouest. Ils ont perdu des débouchésimportants ces derniers tempsavec la fermeture en 2005 d’uneamidonnerie au Royaume-Uni etl’arrivée de la Hongrie sur le marchéeuropéen. Cette usine va permettrede rééquilibrer le marché du maïsaquitain et midi-pyrénéen »,

Actuellement leader mondial sur le marché du biodiesel, l’Europe est une des régions leader après les U.S.A. et le Brésil, dans la production et l’usage des biocarburants.

*ETBE : Ethyl Tertio Butyl Ether*EMHV : Esters Méthyliques d’HuilesVégétales

commente Claude Lacadée. 180 000tonnes de bioéthanol seront ainsiproduites chaque année, dont 20 %proviendront d’alcool issu de vinsnon commercialisés. L’implantationde cette usine dans le bassin deLacq devrait de plus permettre laréindustrialisation du site, menacépar la fin du gisement gazier d’ici2013. Mais un problème demeure : si unlitre d’essence représente 100 unitésd’énergie, un litre de bioéthanoln’en représente que 64. « C’estimperceptible avec un mélange à5 %, mais cela se ressentira fortementsi on passe un jour à 85 %.Comme cela doit rester neutre pourle portefeuille du consommateur,l’état va devoir baisser sensiblementla Taxe Intérieure de Consommation

(TIC) des biocarburants pourcompenser cette perte énergétique »,explique Claude Lacadée. Enattendant, l’Etat s’est engagé àdéfiscaliser une partie des productionsafin de remédier aux coûts élevésd’une fabrication qui rteprésente à cejour soit à ce jour 100 000 T/an.

Claire MORAS

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En route versle bioplastique

En cinquante ans, les plastiques ont envahi notre quotidien et leur utilisation ne fait que progresser. Polystyrène, Polychlorure de vinyle, Polyamide, Polyester, Polyéthylène pour les plus courants, tous ces nouveaux matériaux synthétiques, dits « Polymères », sont constitués d’un assemblage de molécules organiques directementissues du pétrole. Un des grands enjeux du XXIe siècle est de pouvoirréaliser du plastique avec une ressource naturelle autre que le pétrole,soit à partir d’huiles végétales ou animales, soit à partir de moléculesnaturelles, soit encore, en utilisant des polymères déjà présents dansla nature.

La nature, muse des chimistesSi l’on y regarde de plus près, lanature regorge de polymères. « Lacellulose des plantes, l’amidon, lalaine, le coton sont des polymères.Mais la nature ne les a pas destinésaux mêmes applications. Si l’onveut les adapter à nos utilisations,

remodelant, et en observantleurs comportements. L’avantagede ces bioplastiques ? Ne plusêtre dépendant du pétrole dontles réserves s’épuisent, maiségalement, rentrer dans unedémarche plus écologique :d’une part, ils nécessitent des modesde fabrication moins polluants, etd’autre part, ils semblent sedégrader beaucoup plus facilementque leurs cousins d’origine pétro-

il faut modifier leur forme »,explique Yves Gnanou, directeurdu Laboratoire de Chimie desPolymères Organiques (ENSCPBEcole nationale supérieure de chimieet de physique, UniversitéBordeaux 1). Comme c’est laforme d’un polymère qui va détermi-ner sa fonction, le LCPO travaille àl’adaptation de molécules naturelles,comme le Polysaccharide desplantes, en les coupant, les

Faire du plastique avec des huiles végétales ou des molécules naturelles.

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chimique.Une nouvelle technique semblemobiliser l’intérêt du LCPO : lachimie « bio-inspirée ». Onobserve la nature et on l’imite. « L’homme fabrique du caoutchoucà partir de l’Isoprène, un dérivédu pétrole. Le but est de s’inspirerde la nature pour copier la fabricationnaturelle du caoutchouc », commenteYves Gnanou. Deux chercheurss’attèlent donc à reproduire ducaoutchouc selon les méthodesutilisées par les arbres. Si lastructure du polymère obtenu estencore un peu différente de celledu caoutchouc naturel, ladémarche semble prometteuse etpourrait ouvrir des pistes pour lafabrication d’autres polymères.

Les deux voiesroyalesSi les recherches parallèlesconcernant les huiles végétales sedéveloppent progressivement, ilsemble que les fabrications à partirde cellulose (bois, betterave àsucre, tiges de maïs) et d’amidon(de maïs, de pomme de terre)représentent actuellement lesméthodes les plus intéressantes.« Leur caractère renouvelable,biodégradable, et la perspectivede nouveaux débouchés pour lesfilières du maïs et du pin maritimeen font des ressources naturellesde premier choix », signale AlainCastellan, directeur du Laboratoirede Substances Végétales del'université Bordeaux 1. Des films plastiques alimentairesont ainsi pu être synthétisés, nonpas à partir de polyéthylènecomme dans l’industrie classique,mais à partir de polymères ligno-cellulosiques, fonctionnalisés pargreffage. « Pour éviter qu’un biscuitne ramollisse et qu’il ne s’oxyde,un film plastique doit réunir à lafois des molécules qui ne laissentpasser ni l’eau, ni l’oxygène.Comme les deux ne sont pascompatibles, on réalise un greffagesur le polymère », expliqueVéronique Coma, chercheur aulaboratoire. Ce rajout de bio-

fabrications à partir d’amidon demaïs, commercialisées seulementpar quelques entreprises (sacs,paillages agricoles, barquettesd’emballage). Autant dire que lemarché n’a pas vraiment décollé. La loi interdisant toute vente de sacsde caisse non biodégradables à partirde 2010 devrait progressivementpousser les industriels dans cettevoie. C'est ici que se joue l'avenirdes plastiques. Les laboratoiresl’ont compris depuis longtemps,si bien qu’en Aquitaine, un pôle derecherche sur les bio-polymères*devrait voir le jour d’ici janvier2007. Il regroupera diversescompétences autour de la rhéologiedu bois et la biochimie végétale,dans le but d’améliorer nosconnaissances sur les polymèresnaturels, et favoriser ainsi leurfabrication industrielle.

Claire MORAS

* Unité Sciences du Bois et desBio-polymères de Bordeaux(USBB)

molécules permet de fonctionnaliserle polymère de manière à ce qu’ilréponde aux exigences du filmplastique : étanchéité, résistance,anti-oxydation… et origine végétalegarantie non polluante !

A quand les bioplastiquesdans nos foyers?Tous ces bio-polymères constituentune alternative intéressante pourle secteur de la plasturgie,comme ceux de la construction,alimentation, santé, textile, oupapier. Mais leur production resteencore très faible. Et pour cause.Le coût de fabrication d’un plastiqueà partir de ressources végétalesest environ 1,8 fois plus élevéqu'un plastique d'origine pétrolière.« Tant que le prix du pétrolen’augmentera pas sensiblementet que les réglementationseuropéennes concernant la chimieverte ne se mettront pas en place,les industriels continueront d’utiliserles ressources pétrolières », souligneYves Gnanou. Actuellement lemarché européen des bioplastiquesest de 50 000 tonnes, soit moinsde 1 % du marché des plastiques.En France, il s’agit surtout de

Le marché du bioplastique n’en est qu’à ses balbutiements, avec 1 % du marché des plastiques

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toxique et ininflammable. Dequoi faire de lui un bon candidatsolvant vert. Cependant la solubi-lité de nombreux composés dansle gaz carbonique, même super-critique, est faible. D’où l’idée del’utiliser en combinaison avec unsolvant classique afin d’en amé-liorer l’efficacité. Un procédé defabrication de poudres pharma-ceutiques s’appuie d’ailleurs sur ceprincipe.Pour systématiser ces combinaisons,il faut comprendre les phénomènesmicroscopiques qui entrent enjeu. Par l’analyse spectroscopiquede mélanges Naproxène (anti-inflammatoire), CO2sc et solvant- éthanol ou acétronitrile, parexemple -. Le LPCM a ainsi pumontrer que les coquilles queforment le solvant autour duNaproxène sont plus stables dansle cas de l’ Ethanol. La modélisationmathématique le confirme : les

En matière de solvant vert, leschercheurs du Laboratoire dephysico-chimie moléculaire (LPCM)de l’Université Bordeaux 1 ontchoisi la voie du CO2 supercritique(CO2 sc). Un état particulier auxpropriétés remarquables que legaz carbonique atteint à unetempérature de 32° C et unepression de 74 bars. La phasesupercritique est relativementaisée à obtenir dans l’industrie,même si quelques précautionssont indispensables. «Une pressionde 74 bars, c’est tout de mêmeplus de 20 fois celle d’un pneu devoiture. Ca peut faire des dégâtsen cas d’explosion », souligneThierry Tassaing, chercheur au LPCM.

Les atouts du CO2Le CO2 n’en reste pas moins trèsrépandu, peu coûteux, non

Vers des solvantsplus propres

D’usage courant, les solvants servent àdissoudre ou à diluer.Ils sont utilisés en particulier dansles peintures, les produits de nettoyage ou l’industrie pharmaceutique.Beaucoup d’entre eux sont dangereuxpour la santé et l’environnement.

Un solvant vert obtenu grâce au CO2 supercritique

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deux solvants n’établissent pas lemême type de liaison avec leNaproxène. Ainsi mise en évidence,la caractéristique chimique quifait l’efficacité de l’Ethanol pourradésormais être recherchée dansd’autres molécules moins toxiques.« La recherche fondamentale estindispensable si on veut faireavancer la recherche appliquée »,souligne Thierry Tassaing.Un avis que partage HenriCramail, chercheur au Laboratoire dechimie des polymères organiques(LCPO). « Nous travaillons avecle LPCM pour comprendre dequelle façon le CO2 interagit avecnos molécules monomères. Nousavons ainsi pu saisir pourquoidans certains cas on peut se passerde catalyseurs métalliquestoxiques pour la production depolyuréthanes », explique-t-il.Les polyuréthanes sont utilisésdans de nombreuses applications(adhésifs, peintures, etc.) et auLCPO, on cherche à les produirede la façon la plus verte possible,grâce au CO2sc. « Non seulementon utilise un solvant vert mais enplus, une fois la réaction terminée,on récupère un matériau proprequi ne nécessite pas de traitementsupplémentaire », précise HenriCramail.

Une rechercheindispensableAutres recherches menées enmatière de solvants, celles dudépartement de Lipochimie del’ITERG dans le cadre du programmecollectif solvants en Aquitaine. Principal objectif : remplacer lessolvants pétrochimiques toxiquespar des agrosolvants, notammentdans le secteur des bitumes, despeintures et des encres. Ces derniersprésentent les avantages d’êtrepeu volatiles, non inflammables,biodégradables et non éco-toxiques. Pour produire ses pigmentsaluminium, par exemple, ToyalEurope utilise du White Spirit,source potentielle de pollution. Le

Utilisés quotidiennement,

les solvants pétrochimiques

doivent être remplacés par

des solvants « propres ».

travail des équipes de l’ITERG a démontré la possibilitéd’employer un solvant « vert »,le Laurate de méthyle sansmodification profonde de laméthode de production. « Jusqu’à récemment, les industrielspouvaient hésiter à utiliser dessolvants verts pour des raisons decoût mais, avec la constantehausse du prix du pétrole, nosméthodes vont peut-être bientôtdevenir compétitives en plusd’être neutres vis-à-vis del’environnement », conclutCarine Alfos, responsable dudépartement Lipochimie del’ITERG.

Nathalie MAYER

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pesticidesLa délicatequestion

« La mise en place d’une agriculturedurable est le premier objectif desrecherches menées à l’INRA »,explique Serge Savary, responsabledu Laboratoire Santé Végétale del’Institut National de RechercheAgronomique de Bordeaux. L’INRA ad’ailleurs lancé en 2005 un réseaud’excellence regroupant 7 payseuropéens. Son ambition :réorganiser la recherche enmatière de protection des culturesafin d’assurer la durabilité del’agriculture communautaire. Etpour qu’une agriculture soitdurable, elle doit pouvoir produiresuffisamment tout en respectantl’environnement. Il est doncindispensable de réduire aumaximum les pollutions dues auxpesticides et la dépendance del’agriculture vis-à-vis des méthodeschimiques, malgré leur efficacité.L’INRA oriente ainsi depuisplusieurs années ses recherchesen la matière selon trois grandsaxes. D’une part, les scientifiquestravaillent à l’amélioration del’efficacité des pesticides afin deréduire les quantités de produitsutilisés. Parallèlement, l’innocuitéde ces produits fait l’objet detests approfondis supervisés parune commission nationale.

« Même si nous n’avons pas desolution idéale à proposer,d’énormes progrès ont étéaccomplis », souligne SergeSavary. Des progrès qui revêtentune importance toute particulièreen Aquitaine. « Car, dans lecontexte actuel de la viticulture,l’usage de pesticides ne peut pasêtre évité, seulement limité »,précise-t-il. Autre solution exploréeà l’INRA, celle de la lutte biologiquecontre les insectes ravageurs. Làencore, d’importantes avancéespermettant de réduire l’emploid’insecticides ont été réalisées.Enfin, les chercheurs étudient,par le biais de croisements et desélections naturelles, la productionde variétés plus résistantes auxmaladies. Les résultats obtenussont très encourageants. Mais, « pour que l’on puisse les exploiter,il faudra attendre que la législationfrançaise évolue à l’image de cellede nombre de nos voisins européens », conclut Serge Savary.

Nathalie MAYER

En France, la vigneoccupe à peine plusde 3 % de la surfaceagricole et représente 20 % de la consommation de pesticides. Des chiffres qui expliquent que la question d’une alternative aux pesticides se pose de façon particulièrementaiguë en Aquitaine.

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Priorité en matière agricole :

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dans le Nord de l’Europe il y aenviron cinq ans. Elles sont issuesd’une matière première renouvelableet biodégradable, les Estersméthyliques d'acides gras (EMAG)que l’on trouve dans les huilesvégétales. Un produit respectantl’environnement que l’équipe delipochimie de l’ITERG s’est attachéeà améliorer. Objectif : formulerune encre à base exclusivement

végétale et sans odeur qui pourraitêtre utilisée dans le packagingalimentaire. Leurs travaux ontd’ailleurs été couronnés de succèspuisqu’ils ont permis de sélectionnerun couple EMAG / huile végétaleet des conditions optimales demise en œuvre donnant desrésultats très satisfaisants.

Nathalie MAYER

Des encres végétalesEn Europe, le marchédes encres destinéesau packaging est estimé à 14 000tonnes dont la moitiéconcerne l’emballagealimentaire. Un domaine danslequel il est capitalque les encres soientles plus neutres possible vis-à-vis du produit.

Trois composants essentiels sontpris en compte dans la fabricationd'une encre : la résine, le pigmentet le diluant constitué d’unmélange d'huiles minérales etvégétales. Dans certaines conditions,l’élaboration des encres peutconduire à des modifications dela qualité olfactive du produit fini.C’est le cas d’encres dites « 100% végétales » apparues

Des encres végétales utilisées pour le packaging alimentaire

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de peine les catalyseurs couplésaux dendrimères », poursuitKarine Heuzé. Mais il s’avère quele procédé est plutôt agressif pourle catalyseur qui finit par sedégrader. C'est pourquoi unenouvelle voie se développe quiconsiste à associer catalyseur etdendrimère à une nanoparticulemagnétique. Il ne resterait plusalors qu’à récupérer le catalyseurà l’aide d’un simple aimant.Une autre idée propose d’exploiter lethermomorphisme des catalyseurs.Leur solubilité dans les milieuxréactionnels peut varier fortementavec la température. Lorsqu’uncatalyseur n’est pas soluble dansun milieu à température ambiante, ilarrive qu’il le soit une fois lemélange chauffé. Le catalyseurtient alors son rôle et, une fois laréaction terminée, il ne reste plus qu’àrefroidir le mélange et à le récupérerpar filtration. « Et lorsque l’ongreffe certains groupements auxcatalyseurs, comme de longueschaînes alkyles (**) par exemple,la stabilité du système est amélioréeet le catalyseur peut être réutilisé

Au Laboratoire de chimie organiqueet organométallique (LCOO) del’Université Bordeaux 1, leschercheurs se concentrent surla mise au point de techniques derecyclage des catalyseurs utilisésdans les réactions de la chimieorganique. « Le catalyseur peutêtre polluant mais si on arrive àle récupérer après la réaction ilne présente plus de danger, nipour l’environnement ni pourl’homme », explique Jean-MarcVincent, chercheur au LCOO. Une première solution consiste àaccrocher le catalyseur à la périphéried’une molécule de grande taille,un dendrimère (*) par exemple.« On sait très bien contrôler lasynthèse de ces molécules et leurtaille les rend relativement aiséesà manipuler », explique KarineHeuzé, chargée de recherche auLCOO. La difficulté du recyclagerepose sur le fait de devoir séparerproduit et catalyseur une fois laréaction terminée. « Les grossesmolécules ont une tendancenaturelle à précipiter et on peutdonc espérer récupérer sans trop

plus souvent », précise Jean-Marc Vincent. La catalyse hétérogène enfin permetde fixer des catalyseurs sur unsupport. Alors que les réactifs nefont que passer, les catalyseursrestent solidement accrochés, « un peu comme des moules àleur rocher », explique HervéDeleuze, maître de conférence auLCOO. Le principe est simple maisdélicat à mettre en œuvre. « Toute la difficulté réside dans lefait de fixer un catalyseur sur unsupport sans qu’il perdre sespropriétés. »

Nathalie MAYER

(*) Un dendrimère est unemacro-molécule constituée demonomères qui s'associent selonune construction arborescente, detaille nanoscopique (de l'ordred'un milliardième de m).

(**) Groupements hydrocarbonéssaturés, hydrophobes.

Recycler un catalyseur tout de suite après sa réaction afin de le dépolluer

Des catalyseurs recyclablesL’un des principesde la chimie verterepose sur l’utilisation de catalyseurs. Ils permettent deréduire l’énergie etle temps nécessaireau déroulementd’une réaction.Inconvénientmajeur, les catalyseurs sontsouvent toxiques et polluants.

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Le Laboratoire du futur (LOF) créé àPessac par Rhodia et le CNRSdéveloppe les outils microscopiquesdu chimiste de demain. « Utiliser detrès faibles quantités de réactifs c’esttravailler sans risque avec desproduits toxiques, dangereux etchers », explique Jean-BaptisteSalmon, chercheur CNRS au LOF.L’une des solutions de miniaturisationproposée repose sur l’étude de lamicrofluidique. « C’est faire de laplomberie avec des tuyaux dequelques dizaines de micromètres*de diamètre », remarque Jean-Baptiste Salmon. A ces échelles, ilfaut travailler en salle blanche.Galettes de silicium, résine,masques portant les dessins desréseaux désirés, PDMS, un matériautransparent qui durcit à la chaleur, etplaquette de verre. Il n’en faut pasplus aux chercheurs du LOF pourpréparer des puces qui servirontnotamment de microréacteurschimiques. Deux produits injectésimmiscibles dans deux canauxmicroscopiques distincts forment àla jonction, une centaine de petitesgouttes par seconde. Autant de lieuxoù se déroulent des réactionschimiques. Car pour peu que leréseau comporte des virages, lesproduits sont naturellement et trèsrapidement mélangés. « Le touillagese fait mille fois plus vite que dans

même de nuit », précise Jean-Baptiste Salmon. Dernière méthodeexplorée au LOF, le jet d’encre quiconsiste à propulser de petitesgouttes des différents produits surune plaque de verre. De quoi obtenir làencore de nombreux sites réactionnelsminiatures. « Pour travailler plus,plus vite et mieux », conclutMathieu Joanicot, directeur du LOF.

Nathalie MAYER

* L’épaisseur approximative d’uncheveu

un bécher », explique Jean-BaptisteSalmon. Autre avantage de cespuces : elle permettent de visualisersimultanément plusieurs stades dela réaction. « Il suffit de regarder endifférents points du réseau. » Enfin,l’injection des produits à l’aide deseringues reliées à des ordinateursaméliore la précision du travail.Tout comme c’est le cas avec larobotique, elle aussi étudiée au LOF.Un robot enfermé dans une enceintehermétique munie d’une hotte,s’acquitte des tâches qui incombaientautrefois au chimiste, sans risquepour l’environnement. « Il travaille

De nouveaux outils pourune chimie plus verte

La miniaturisation est à la modedans de nombreux domaines et la chimie ne fait pas exception.D’autant que miniaturiser lesoutils du chimiste, c’est aussiréduire la quantité de produitstoxiques utilisée.

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a place des femmes enAquitaine, leur horizon etleur mode de vie, suitglobalement les grandes

tendances identifiées en France.Elles représentent un peu plus dela moitié de la population. Quelleest leur répartition dans la région ?Leur moyenne d’âge va enaugmentant, et du fait d’étudesde plus en plus longues, ellestardent à se mettre en couple, etont de moins en moins d’enfants.Ces points, assez communs dansles pays industrialisés, semblentmême légèrement accentués àl’échelle de la région. Dans quelssecteurs précisément ? De même,leur domaine d’activité reste trèslargement concentré dans lesemplois tertiaires et la diversificationdes métiers est très difficile àpercevoir sur le terrain. Lesfilières scientifiques, sont toujoursparmi les moins dotées en jeunesfilles, malgré un gros effortd’incitation pour tenter d’infléchir

le poids de l’influence sociale. EnAquitaine comme ailleurs onconstate aussi d’importantesdisparités de salaires. Le chômageféminin serait légèrement plusélevé que dans le reste du pays.Cependant, une réflexion sembles’amorcer afin de faire évoluer lesmodèles. Avec la difficulté majeurede devoir concilier vie de familleet vie professionnelle, les femmescherchent aujourd’hui à inventerdes solutions sur mesure. Elles sedirigent notamment en nombrecroissant vers la créationd’entreprise. Comment évoluentces secteurs professionnels enAquitaine ? Un bilan socio-économique indispensable.

Laure ESPIEU

Qui sont-elles ?

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LElles représentent 52 % de la populationrégionale, se marientmoins et ont de moinsen moins d’enfants.Pour les études scientifiques, ellessont 47,3 % à êtreen terminale S ets’orientent ensuitevers la médecine, lapharmacie plutôt que vers les écolesd’ingénieurs. Dans les organismesde recherche, seules 20 % d’entreelles sont des chercheuses !

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‘Aquitaine compte actuelle-ment 3 045 000 habitants,parmi lesquels 1 577 000femmes. Soit un peu

moins de 52 % de la populationde la région. L'une des caractéristiquesremarquables est leur moyenned'âge, relativement élevée, puisqu'elleatteint 42 ans et demi. Un écartfort avec la moyenne nationalequi se situe à 39 ans et quatremois, mais aussi avec la populationmasculine régionale estimée à39 ans et 3 mois. Ce constat abien sûr plusieurs répercussionssur les autres indicateursdémographiques. Et en particuliersur la faible natalité en Aquitaine.Bien que la baisse du nombre desnaissances ait été enrayée en2003, et qu'on enregistre mêmeune légère hausse en 2004 (+ 1,3 %),les taux régionaux restentstructurellement inférieurs à lamoyenne nationale. Seulement10,7 naissances pour millehabitants, contre 12,7 pour la

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France métropolitaine. Le directeur del'Institut d'Etudes démographiquesde l'université MontesquieuBordeaux IV, Christophe Bergouignan,y voit « une donnée assez historique ».« Il y a sans doute une part detradition régionale, explique-t-il,car le célibat définitif était plusimportant en Aquitaine. C'estle cas dans toutes les zonesconservatrices ».

Un taux de fécondité relativement basCependant, le rôle des traditionsrégionales tend à s'amoindrir, etce sont désormais des facteursplus modernes qui expliquentcette faible natalité. En particulierla baisse de la fécondité définitive,c’est-à-dire du nombre d’enfantsque la jeune génération defemmes aura dans sa vie, couplée

La démographie féminineen Aquitaine

LLes femmes en Aquitaine présentent une moyenne d’âge plus élevée que sur le plannational.Elles ont aussi pourparticularité d’avoir une espérance de vie plus élevéed’un mois par rapport au reste de la France.

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avec une arrivée de plus en plustardive du premier enfant. « Cesindices sont probablement liés aufait de se mettre plus tard enménage, analyse le chercheur,mais aussi à une tendance qu’onretrouve dans toute la France,mais qui apparaît encore plusmarquée en Aquitaine : la placeprépondérante de la scolarité etde la vie professionnelle, dont lecalendrier influence de plus enplus la vie familiale ». Ainsi,parmi les femmes âgées de 25 ansaujourd’hui et habitant le Sud-Ouest, seules 19 % ont un enfant,contre 25 % pour la France entière.Globalement, bien que basse, lafécondité régionale reste stable.Avec trois départements moteurs,les Landes, la Dordogne, et le Lot-et-Garonne, qui oscillent 1,82 et1,9 enfants par femme (soitquasiment le niveau national).

En matière de décès, le taux demortalité féminin global était en2004 de 9,6 pour mille, soit leplus bas jamais atteint. Et lamortalité infantile reste aussiextrêmement faible, à peinequatre décès pour mille pour lesnourrissons de zéro à douze mois.En matière d’espérance de vie, lesfemmes d’Aquitaine conserventun sérieux avantage. LesAquitaines nées en 2004 gagnentun mois sur le reste des françaises.Elles culminent à 83 ans et onzemois (contre 76 ans et 10 mois

en recensait 10 % de plus.Comme par ailleurs le nombre deruptures est en augmentation, etque les séparations interviennentde plus en plus tôt, le chercheurfait un constat simple : « Onn’agrandit pas la famille ». Eneffet, actuellement une famillesur deux n’a aucun enfant demoins de 25 ans. Et à peine 8 %ont trois enfants ou plus (11 % enFrance). En 2004, le nombre dedivorces a grimpé à 6 900 (+ 7 %),soit 56 séparations pour 100 mariages.Lors du dernier recensement,l’Aquitaine enregistrait 101 342familles monoparentales, dont 85 %composées de femmes. Ce chiffrea connu un hausse spectaculaire de24 % en 9 ans. D’où la préoccupationde Dominique Collin, déléguéerégionale aux droits des femmeset à l’égalité, qui constate lemanque de places en crèches, etsouligne: « Aujourd’hui, il faudraitdes horaires de garde plussouples, car les femmes ont deplus en plus des temps de travailatypiques, notamment dans lesentreprises et les grandes surfaces ».

Julie FRAYSSE

pour les hommes). Mais l’écartpourrait se réduire. Depuis lesannées 90, les hommes ont gagnédeux ans et demi d’espérance devie, contre seulement deux anspour les femmes.

Les Aquitainsvivent moinsen coupleAvec 12 400 mariages en 2004, lanuptialité en Aquitaine repart à labaisse (-1,8 %), emmenée parson peloton de tête : la Dordogne(-3 %), les Landes et lesPyrénées-Atlantiques (-2,9 %)pour les plus fortes diminutions.Bien qu’encore marginal, le PACSconnaît par contre une netteavancée : une hausse de 41% enun an, avec 2 340 pactes civilsconclus dans la région. Le chercheurChristophe Bergouignan constatecependant que les Aquitainsvivent moins en couple que lesautres français. En effet, dans latranche 45 – 60 ans, 83 % despersonnes ont connu une premièreunion (plus de six mois de viecommune, quelle qu'en soit laforme) contre quasiment 90 % surla France entière. Et le phénomènene cesse de s’accentuer, puisqueaujourd’hui, elles ne sont que 68 %parmi les femmes de 30 ans dansla région à s’être unies. Il y a toutjuste cinq ans, au même âge, on

Les femmes en Aquitaine ont une espérance de vie plus grande que la moyenne française.

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des femmes et à l’égalité pourl'Aquitaine. Les activités y sont eneffet peu qualifiées et moins bienrémunérées que dans les autressecteurs de l’économie.

Une plus grandeprécaritéLe travail y est également trèsprécaire, les contrats à duréedéterminée sont légion et le recoursau temps partiel et aux contratsaidés, monnaie courante. Pourtant87 % des femmes ayant un emploisalarié travaillent dans le tertiaire.Elles sont ainsi particulièrementprésentes, par ordre décroissant,dans les domaines de la santé et del’action sociale, de l’administrationpublique, de l’éducation et des services

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Des emplois féminins concentrés dans le tertiaire

Les femmes sont plusprésentes dans lesecteur tertiaire et leurs salaires sontinférieurs de plus de26 % à ceux deshommes. Un espoir cependant dansla création d’entreprise : un créateur sur troisest une femme.

i depuis un demi-siècle,les femmes ont réalisé,en Aquitaine comme enFrance, une formidable

percée sur le marché du travail, lesdifférences avec les hommessubsistent. Si elles sont plusnombreuses que leurs homologuesmasculins dans la population en âgede travailler, elles sont moinsnombreuses à occuper un emploi.Selon l’INSEE, elles représentaient,en 1962, 34,3 % de la populationactive aquitaine contre 46,8 % en1999. Cette forte poussée del’activité féminine a coïncidéavec le développement des emploissalariés dans le secteur tertiaire. « Malheureusement, elles sont tropconcentrées dans les métiers de cesecteur et il n’y a pas assez dediversification », regrette DominiqueCollin, déléguée régionale aux droits

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Des secteurs professionnels encore trop peu diversifiés

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domestiques aux personnes.En dehors du tertiaire, qui connaîtune croissance de 2,3 % par an, lesfemmes sont moins présentes dansles autres secteurs d’activité.L’industrie ne pèse ainsi que 9,4 %dans les emplois féminins salariés etl’agriculture moins de 3 %. Pendantlongtemps, elles ont été nombreusesà travailler notamment dansl’habillement en cuir et dansl’industrie textile ; malheureuse-ment, ces domaines ont été frappéspar la crise économique et lamondialisation. « L’industrie ne seporte pas bien et continue à perdredes emplois », souligne ChristianBergé, chef du service des études àla direction régionale aquitaine dutravail et de l’emploi. En revanche, « le secteur du bâtiment, qui estactuellement le plus gros créateurd’emploi, avec une croissanceannuelle de 5 % par an, ne recrutepas de femmes », regrette ChristianBergé. « Il faut que les femmesosent davantage venir vers lebâtiment », souligne DominiqueCollin. Mais aussi que les employeurssoient prêts arrivent à dépassercertains préjugés.

Des inégalitéssalarialesAu niveau des salaires, quelle quesoit la catégorie socioprofessionnelle,les salaires des femmes sont toujoursinférieurs à ceux des hommes. EnAquitaine, en 2002, les salaires desfemmes étaient inférieurs de 26 %

employeurs se montrent de plus enplus exigeants et veulent despersonnes de plus en plusqualifiées » regrette IsabelleMasdoumier, conseillère emploi auCDIF (Centre d’information desdroits de la femme). Les femmes ontpourtant, en général, un niveau deformation plus élevé que leshommes. Par ailleurs, l’Aquitaine estune région de forte migration pourde jeunes couples actifs, ce quiexpliquerait le perte d'emploi defemmes accompagnant leurcompagnon ayant obtenu unemutation dans la région.

Un créateurd’entreprisesur trois estune créatriceParfois, à défaut de trouver unemploi, de plus en plus de femmeschoisissent de se lancer dans l’aventurede la création d’entreprise. « Souvent, elles viennent présenterun projet après une périoded’inactivité, soit après avoir élevéleurs enfants ou soit après une perted'emploi et l'impossibilité d'enretrouver un qui corresponde à leurniveau de compétences », remarqueMarie-Françoise Raybaud, responsablecréation d’entreprises pour le CDIF.Désormais, environ un créateurd’entreprise sur trois est unecréatrice. Les origines professionnellesde ces nouvelles chefs d’entreprisessont très variées. Elles étaientemployées, artisans, commerçantes...« Contrairement aux hommes, leurcréation n’a souvent aucun lien avecleurs expériences professionnelles ;elles créent souvent dans un secteuroù elles ont ressenti un manque »pointe Marie-Françoise Raybaud.Ainsi, elles montent des entreprisesdans des secteurs tels que l’aideaux personnes, aux entreprisesmais également des commercesde détail ou d’artisanat d’art.Malheureusement, leurs structuressont souvent moins pérennes quelorsque le créateur est un homme.

Julie FRAYSSE

voire de 30 % pour les cadres, selonl’INSEE. Cet écart grandit quandl’âge progresse ou quand la catégoriesocioprofessionnelle s’élève. Une desspécificités de la région est que si letaux d‘activité des femmes est plusélevé que dans le reste du pays, ellecompte moins de femmes cadres ouappartenant aux professionsintermédiaires. Les ouvrières y sonten revanche plus nombreuses alorsque le nombre d’employées se situedans la moyenne, remarqueChristophe Bergouignan, directeurde l’Institut d’études démogra-phiques de l'Université MontesquieuBordeaux IV.

Les Landesplus touchéespar le chômagefémininEn Aquitaine, le taux de chômageféminin est plus important qu’auniveau national. Les femmesreprésentent 53 % des demandeursd’emplois et ont une moyenne d’âgede 36-37 ans. « Ce taux est encoreaggravé dans les Landes (56 %)»,selon le chef du service des études àla direction régionale du travail et del’emploi. Une étude est actuellementmenée afin d’en connaître lescauses. Par ailleurs, le chômage delongue durée, c’est-à-dire de plusd’un an, touche particulièrement lesfemmes. « Le marché de l’emploidevient très difficile, car il y a plus dedemandes que d’offres donc les

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Moins de 10 % de femmes dans l’industrie

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La science, domaine réservé aux hommes ?

i la mixité est quasimentatteinte en terminalescientifique avec 47,3 %de filles, la majorité

préfère s’orienter après le bac versla médecine, la pharmacie ou lesformations paramédicales. Il nereste plus que 25 % de filles dans lessciences fondamentales et appliquées,dont environ 15 % dans les écolesd’ingénieurs d’Aquitaine (dontl’ENSAM* et l’ENSEIRB**). Enfin,elles restent très minoritaires dansles filières technologiques industrielles.De façon générale, et ce n’est pasune surprise, les filles préfèrent plu-

tôt les lettres, les langues, et le droit.Mais pourquoi ? Les filles seraient-elles moins douées pour les sciences ?C’est sûrement ce que l’on a essayéde leur faire croire depuis troplongtemps, car dans l’académie deBordeaux, elles réussissent nettementmieux que les garçons (86,6% deréussite au bac S, contre 83,3%chez les garçons). C’est que, contrairement aux garçons,les filles hésitent souvent à aborderles filières longues et sélectives. « Les formations scientifiques sontperçues comme longues, abstraites,les débouchés sont souvent mal

connus ou mal garantis », expliqueJosée Dubois, chargée de missionpour l’égalité des chances entre lesfilles et garçons au Rectorat deBordeaux. « Et puis il existe uneforte influence sociale, par persistancede préjugés et de stéréotypes :l’image des hommes, scientifiques etrigoureux, et celle des femmes,sensibles et dévouées », rajouteJosée Dubois. Les filles auraientbesoin de se sentir directementutiles dans la société, ce qui

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Bilan peu réjouissant en Aquitaine pour laplace des femmes dans les sciences. Les filles sont davantage concernées par lephénomène de désaffection pour les filièresscientifiques que les garçons. Explication.

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expliquerait leur goût prononcé ensciences pour les filières médicalesplutôt que pour les sciencesfondamentales. Cette persistancede stéréotype a la dent dure et est leplus souvent véhiculée par l’éducationparentale et scolaire. Des étudesont été faites sur des tests demathématiques proposés à desfemmes. Le seul fait de croire que letest proposé implique descompétences en mathématique,suffit à entraver la performance desfemmes sur ces tests. Les femmesont elles-mêmes du mal à sortir deces stéréotypes et doivent surmontercet handicap psychosocial. Imageriecérébrale à l’appui, il n’y a pas dedifférence significative de mode defonctionnement du cerveau entre lessexes. Selon une étude récente faitepar la neurobiologiste CatherineVidal à l’Institut Pasteur, l’imageriecérébrale montre l’importance de lavariabilité individuelle qui dépasselargement la variabilité entre lessexes.

Prendre le problème à la sourceLa promotion de l’égalité entre lesfilles et les garçons est devenue undes objectifs premiers du projet dela loi d’orientation de 2005. Denombreuses actions sont menéesen Aquitaine pour promouvoir lesfilières scientifiques. Le prix annuelde la vocation scientifique ettechnique des filles, mis en oeuvrepar la Délégation Régionale auxDroits des Femmes et à l’Egalité(DRDFE), permet d’encourager lesfilles à s’orienter vers des formationssupérieures scientifiques outechnologiques. Des cafés sciences,rencontres avec des ingénieures ettechniciennes sont organisés pourles collégiens et lycéens, et même àl’IUFM*** d'Aquitaine. Lesreprésentations se modelant

souvent dès le plus jeune âge,sensibiliser les futurs professeursdes écoles à ces questions est depremière importance. Des associationssont également engagées pour lavalorisation et le soutien desfemmes en Aquitaine, telles queFemmes et Sciences ou l’AFFDU.**** Malgré toutes ces actions, il resteencore un gros travail pour faireévoluer les mentalités. « L’entreprise doit aussi changer sesreprésentations. Il ne faut pasparachuter une femme dans unmilieu masculin. C’est pourquoi noustravaillons avec les employeurs pourintégrer les femmes dans les milieuxpeu féminisés », commenteDominique Collin, responsable de laDRDFE. « Avec les avancées dela robotisation et des normessécuritaires, les femmes peuventexercer n’importe quel métier,même physique ».

Claire MORAS

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En Aquitaine un des objectifs prioritaires de l’éducation est de promouvoir les filières scientifiques auprès des femmes

* Ecole Nationale Supérieure des Arts et Métiers de Bordeaux.

** Ecole Nationale Supérieure d’Electronique, Informatique, et Radio-communications de Bordeaux.

*** Institut Universitaire de Formation des Maîtres**** Association Française des Femmes Diplômées

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Les femmes dans la recherche, un véritable défi !les directrices derecherche de classeexceptionnelle… Face à ce problèmemajeur, le CNRS est le premier organisme de recherche à s’être dotéen 2001 d’une missionpour la place des femmes. Son rôle estd’analyser statistiquementet qualitativement le statut des femmes au CNRS, et de mettre en place des actions de sensibilisation (forums,colloques, remises de prix, expositions, ouéditions de livres). « Pourmonter les échelons, un chercheur est jugé sur

à élaborer de nouveauxprojets en collaborationavec le ministère de la recherche, l’éducation nationale, et les associations.Communiquer en direction des jeunes,sensibiliser, et valoriser la place des femmes sontles maîtres mots de cettevaste mission. Le cheminde la parité est encorebien long. C’est un sujetsensible, voire dérangeant : « pour un pas en avant, nous enfaisons trois en arrière… »,conclut la directrice.

ses publications. De par leur manque detemps lié aux obligationsfamiliales, les femmesen ont moins et restentsur la touche »,explique GenevièveHatet-Najar, directricede la mission. De fait,elles accèdent plus tardivement aux postesà responsabilité, induisant une différencede salaire conséquentepar rapport aux hommes ».Afin d’abolir ces avantages masculins, sans féminisme pour autant,la mission du CNRScherche sans cesse

Avec seulement 11femmes prix Nobel contre457 hommes, la recherche souffredésespérément d’unecarence féminine. EnAquitaine, les femmesreprésentent 32 % deseffectifs du CNRS. Et malheureusement, plusles métiers sont qualifiés,plus elles se font rares :seulement 20 % des femmes sont chercheuses, alors que 50 % font partie du personnel ingénieur,technicien, et administratif.Et, ce phénomène de « plafond de verre » estencore plus marqué chez

remière femme nommée enseignant-chercheur à l'ENSEIRB, SylvieRenaud dirige aujourd’hui uneéquipe de recherche rattachée à

l’ENSEIRB, au CNRS et à l'université Bordeaux 1,sur l’ingénierie des systèmes neuromorphiques.« On fait des circuits intégrés qui simulent desneurones biologiques afin d’essayer decomprendre comment fonctionnent certainesparties du cerveau ». A 42 ans, deux enfants,Sylvie Renaud, est aussi depuis quatre ansdirectrice d’Etudes de l’ENSEIRB. Cette fonctionlui permet de prendre du recul, de mieuxappréhender l’enseignement supérieur enFrance. « Etre directrice m’a fait mûrir »,dit-elle. Mais après son mandat de cinq ans,Sylvie veut à nouveau se concentrer pleinementà la recherche. « Les hauts postes de directionne me font pas rêver. A partir d’un certain

niveau, il faut faire de la politique, des relationsextérieures, des grands discours. Très franchement,je pense que les hommes gèrent mieux ce genrede chose », se confie-t-elle. « Il faut un équilibreentre les deux ». Entourée d’hommes, elle avoue trouver cettesituation confortable au quotidien, mais reconnaîtvolontiers qu’être une femme dans le milieu dela recherche pose des problèmes pour les évolutionsde carrière. Un homme peut se permettre detravailler tard, pas une femme quand elle a desenfants. C’est souvent un frein dans sa carrière,même si l’on voit de plus en plus d’hommesjouer un rôle important dans la vie de famille. Sielle semble aujourd’hui satisfaite de sonparcours professionnel, Sylvie ambitionne toutde même de poursuivre sa carrière à l’étranger.Mais pas avant six ans, dit-elle, quand sesenfants seront plus grands.

Claire MORAS

Etre minoritaire, c’est confortableSylvie Renaud, directrice et professeur à l’ENSEIRB (EcoleNationale Supérieure d’Electronique, Informatique, et Radio-communications de Bordeaux), endosse trois rôles : cher-cheuse, directrice, et mère de famille. Rencontre avec unefemme scientifique de notre temps.

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rrivée en 2002 au CELM, tout justeaprès l’obtention de son diplômed’ingénieur à l’ENSTA (EcoleNationale Supérieure de Techniques

Avancées de Paris), Julie Serrier est aujourd’huidirectrice d’essai. Son rôle est d’assurer l’acquisitiondes mesures concernant le missile en vol (trajectoireissue des radars…), mais également d’assurer lasécurité des personnes extérieures à l’essai. « Jem’occupe surtout des missiles balistiques c’est-à-diredes missiles longue portée de type M45, qui sontles armes des sous-marins. Nous testonsactuellement le M51, une arme de sous-marin àbut dissuasif, qui est plus gros, plus précis, avecune portée plus importante, de l’ordre de 1000kilomètres. Il devrait être opérationnel pour 2010 ». Naturellement, lancer des missiles n’a pas été unrêve de petite fille. Le choix d’intégrer la Délégation

Générale pour l’Armement (DGA) s’est imposéprogressivement, au fil des rencontres. « J’avaisplus ou moins un pied dedans car l’ENSTA estplacée sous la tutelle de la DGA. Mais c’est surtoutla possibilité d’acquérir des responsabilités très tôtqui m’a convaincue. Les débuts de carrière sonttrès intéressants : en deux ans, je suis passéed’ingénieur d’essai temps réel au poste de directeurd’essai ». Julie anime aujourd’hui une équiped’une quinzaine d’ingénieurs, et ambitionne dedevenir directrice de programme à Paris. « C’estla suite logique de ma carrière. Mais pour l’instant,j’aime être proche du terrain pour voir sematérialiser mon travail ». Depuis la salle decontrôle, elle supervise la réalisation des essaisavec déjà plus d’une centaine de tirs de missiles àson actif.

Claire MORAS

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Profession : lanceuse de missileJulie Serrier, 27 ans, est ingénieur de l’armement au Centred’Essais de Lancement de Missiles (CELM) dans les Landes. Son métier : tester les nouveaux missiles !

e déclic se produit durant son année determinale. Sandrine Garbay se promènesur les quais de Bordeaux et tombe sur laplaque dorée d’un oenologue. « Je ne

connaissais pas ce métier explique-t-elle. J’ai apprisque c’était un mélange de science et d’applicationsà l’agriculture. Je me suis dit : c’est ma voie ! »Férue de chimie, la jeune femme n’est pas issuedu monde du vin, mais évoque avec tendresseson père, amateur éclairé. « Il a sans doute participéà ma vocation en me dessinant un univers noble ».En 1989, Sandrine Garbay est diplômée de lafaculté d’œnologie, et choisit de débuter par larecherche. Cinq ans de thèse dans les labosuniversitaires : « A la sortie j’avais vraiment enviede découvrir le terrain ». Elle aimerait travaillerdans le Sauternes. Et de manière inattendue, unami la présente à Yquem. « Je n’aurais jamais

imaginé trouver un poste aussi prestigieux »,reconnaît-elle. On lui donne pourtant sa chance, etelle est embauchée pour s’occuper du laboratoire.C’est là, au contact de l’ancien maître de chai,qu’elle apprendra le métier, les secrets et lestraditions du plus prestigieux des blancs. Trois ansplus tard, la place se libère, et la jeune-femme s’yinstalle tout naturellement. A 39 ans, et avec deuxenfants, elle est toujours dans l’émerveillement : « C’est le poste dont je rêvais, être au cœur du vin,participer intimement à sa création. Si les femmessont encore peu nombreuses dans la profession,Sandrine souligne que leur présence tend à sedémocratiser. « Le métier est devenu beaucoupmoins physique. Grâce aux chariots élévateurs, onne porte plus les caisses à dos d’homme ».

Laure ESPIEU

Sandrine Garbay , maître de chai au Château YquemDiplômée de la faculté d’oenologie, Sandrine Garbay travaille toutd’abord au laboratoire Yquem avant de devenir maître de chai

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’est en 2000 que Sylvie Latrille atroqué son microscope pour enfilerdes cuissardes d’ostréicultrice. Audépart, l’arrivée de cette biologiste

dans ce métier peu féminin et qui se transmetgénéralement de génération en génération en afait sourire certains. Mais c’était sans comptersur la pugnacité de cette brune au regard vif. « Je voulais faire de l’agriculture et cela m’asemblé économiquement jouable de me lancerdans l’ostréiculture », raconte cette fille d’agriculteurslot-et-garonnais. A 34 ans, elle quitte donc sonlaboratoire pour se lancer à corps perdu dansl’aventure. Après avoir obtenu son brevetprofessionnel et passé son permis bateau, c’estdans le port ostréicole de Piraillan qu’elles’établit. Un choix que, six ans après, elle neregrette pas. « Ici, je suis comblée », affirmecette mère de trois enfants, âgés de 11 à 15

ans. Ce métier, elle l’aime et le défend avec rageet passion même si le quotidien est souventdifficile. Il faut supporter le froid et endurer lesgrosses chaleurs, pousser des charges, marcherdans l’eau. « Les femmes, si elles veulent tenir,doivent réfléchir plus que les hommes afin des’économiser physiquement », lance-t-elleamusée. Les crises à répétition que connaît laprofession depuis quelques années ont pourtantparfois un peu entamé son moral. « Cela cassetout : le rythme, les projets, le moral et lechiffre d’affaires », explique celle qui estaujourd’hui vice-présidente de la sectionrégionale conchylicole. Elle met d’ailleurs toutesses connaissances de biologiste au service decette profession qui l’a désormais adoptée et larespecte comme une des siens.

Julie FRAYSSE

Une ostréicultrice à l’âme paysanneSylvie Latrille est ostréicultrice sur le Bassind’Arcachon, à Piraillan et vice-présidente de la section régionale conchylicole

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haque année, la Délégation régionale aux droits des femmes et à l’égalité distribue le Prix de la vocation scientifique et technique à 24 jeunes filles en Aquitaine.

Cap Sciences contribue à cette action et permet à chacune des lauréates d’être accompagnée par une marraine ou un parrain, issu du monde de l’industrieou de la recherche.Les jeunes collégiens et lycéens de la région aquitainepeuvent aussi travailler sur un cédérom interactif comportant un quiz sur les sciences et la mixité et des dossiers pédagogiques, dialoguer avec des chercheurs et des ingénieurs. Le site Internet de Cap Sciences présente les portraits de toutes les lauréates du Prix ainsi que ceux des marraines et des parrains.Cette action rassemble aujourd’hui près de 70 professionnelsdu monde des entreprises et de la recherche au sein du Réseau des parrains et des marraines. Le 13 mars2006, une centaine de représentants de l’Economie, de l’Education et de la Recherche se sont réunis pour réfléchir ensemble à la thématique « Sciences,techniques et mixité : comment mobiliser les talents de demain ? »

Un prix, des rencontres

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QUESTION DE RECHERCHE...

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la Vigneet le Vin

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Pour l’amateur ou le professionnel du vin, la période est enivrante : sur une courtedécennie, le mondedu vin a connu une évolution aussiconsidérable que lorsdes grandes périodes,qui ont fait son histoire millénaire.

comme la concurrence, s’estmondialisée. Vignerons, industriels,consommateurs, marketing : unnouvel équilibre se met en placeautour d’un breuvage ancestralqui aura toujours une autre valeurque simplement marchande.Aucune mutation profonde ne peuts’accomplir sans douleur. A Bordeaux,on est aux premières loges. Unerécente thèse de doctorat - CaroleDoucet (université MontesquieuBordeaux IV) - a montré qu’enbordelais, la plus grande partie de lavaleur ajoutée du travail de la vignereste sur le territoire local, sansévasion forcée vers la métropole

Crise commerciale ? A y regarderde plus près, c’est tout le

monde du vin, à commencer parle vin lui-même, qui bouge,craque, foisonne. En dix ans - ladécennie est retenue par lesspécialistes, oenologues, chercheursen sciences humaines ou analystesdu marché - les vins de Bordeauxont évolué, parfois de façon radicale,et presque toujours vers unemeilleure qualité. De nouvellesméthodes de vinification se sontgénéralisées. Le système desappellations, périmé, est sur lepoint d’être totalement refondu.En dix ans, la surproduction,

De la cuverie à la chaîne d’embouteillage, la viticulture a une importance fondamentale en Aquitaine.

Un vin en mutation

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régionale ou l’économie nationale.Jean-Claude Hinnewinckel, professeurde géographie à l’université Michel deMontaigne Bordeaux 3, décritl’importance de la viticulture dansnotre région : « les produits detraitement, la tonnellerie, lesbanques… tout cela constitue uneéconomie et une vie locale ». Cadillac,par exemple, ne compte que 2 500habitants, mais toutes les banques yont une agence. Avec le Cervin, lecentre de recherche qu’il dirige, Jean-Claude Hinnewinckel travaille danstrois domaines. L’étude du patrimoineviticole, d’abord et de sa représentationdans les arts. La visée en est lapréservation du vignoble et de son

les bordelais obtiennent desavantages fiscaux : les privilèges.Le vin devient un instrumentpolitique. Et c'est l'église quiplantera le plus. Après la bataille deCastillon (1453), les anglais setournent vers la péninsule ibérique.Première et longue crise... Maisarrivent les hollandais, grandsmarchands. Ils développent ladistillation du vin blanc. On s'orienteensuite vers des vins puissants,vieillissant mieux. Au XVIIe siècle,l'aristocratie refait le succès deBordeaux, un affront fait à laBourgogne, à la Toscane. Leséchanges s'intensifient et Bordeauxest sur la carte du monde. Le vin sefait humanisme. Les guerresnapoléoniennes brisent l'élan. Puis,après 1850, les échanges reprennent,surtout vers les Etats-Unis. Et laqualité devient une vraie pré-occupation, le classement de1855 en témoigne. La fin du XIXe

siècle verra la mort du vignoble,décimé par le phylloxera. Larenaissance, s'accompagne demutations techniques, de sélectiondes cépages. A l'aube du XXe siècle,on connaît déjà la surproductionet les fraudes, que viendra combattrela loi. Les AOC sont créées en1936. Elles sont aujourd'hui àbout de souffle, entre des grandscrus qui ont augmenté de 500 %en dix ans et des appellation ensurproduction.

Philippe-Henri MARTIN

économie. Les paysages viticoles,ensuite, avec la collaboration del'ENSAP (Ecole Nationale Supérieured'Architecture et de Paysage deBordeaux). Le rôle du paysage dansl’image d’une appellation et sondéveloppement a déjà été cerné. Laréflexion sur la gouvernance concernela gestion des terroirs et de la filière :dans la réforme des organismesprofessionnels, quelle sera la bonneéchelle et pour quelle prise dedécision ? Enfin, en 2007, le Cervinva aborder la construction sociale del’image des vins de Bordeaux. « Lapart subjective liée aux représentationsest aussi importante, dans l’appréciation

d’un vin, que la part organoleptique.Il y a autant d’histoire - la culture, quede géographie – le terroir, dans unebouteille ».

Histoires de vinL'histoire, justement, nous apprendce qui a fait le vin de Bordeaux, et cequ'il a lui-même accompli. Le point dedépart est plus géopolitique quegéophysique. La vigne est présentedès l'antiquité, mais le grand essor duvignoble date du Moyen-Âge, lorsquel'Aquitaine était anglaise. Le clairetprendra durablement le cheminde l'Angleterre. Le vin est déjà inter-national. Le succès est tel que levignoble quasi urbain de Bordeaux nesuffit plus : Cahors, Gaillac etBergerac alimentent bientôt le port.En échange de leur soutien auxanglais contre la couronne française,

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Une économie en expansion

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« En règle générale, leconsommateur connaît mal le

vin », estime Pascal Loridon,directeur marketing du CIVB*. Il n’apas d’attente très précise et finalement,il y gagne puisque la qualité, auniveau mondial, s’est considérablementaméliorée ces dix dernières années.A Bordeaux, les vins que l’on pouvaitqualifier de « verts » il y a dix anssont aujourd’hui très rares ».Françoise Langlade, œnologue etprofesseur d'oenologie, ne dit pasautre chose : « On a résolu leproblème en vendangeant unesemaine à dix jours plus tard qu’il ya dix ans ».

Une vendangemûre, saine etbien concentréeCependant, les vendanges étantplus tardives, l'acidité est plus faibleet des levures d'altération peuventse développer. On surveille donc levin de très près, presque d'heure enheure. C'est aussi au cours de cettedécennie que s'est imposé l'intérêtpour la maturité phénolique desanthocyanes, qui donnent sa couleurau vin et des tannins que l'on trouvedans la peau du raisin (la « pellicule »),pour les meilleurs, dans les pépins,voire dans la rafle, où ils sont plusvulgaires. Cette maturité est étudiéepar la chimie, mais aussi par ladégustation du raisin : on l'observe,on le goûte, on évalue son fruité etson astringence. « La dégustationest un excellent outil, relèveFrançoise Langlade, et le moins cherde tous ! ». On prend aujourd'huigrand soin des baies, les machinessont moins agressives et on les« foule » (sans les écraser) désormaisaprès avoir éraflé (soustraction de la« rafle »). L'usage des tables de tris'est généralisé, pour obtenir unevendange la plus saine possible. Etsurtout, on cherche aujourd’hui àoptimiser l'extraction des composésphénoliques. Première méthode : lamacération pré-fermentaire, quilibère anthocyanes et arômes avantla fermentation alcoolique. Puis lamacération fermentaire, qui permetde poursuivre l'extraction, en pratiquant

des « remontages », qui étaientautrefois le seul moyen d'extractionutilisé. On peut aussi « délester »,sortir du jus pendant la fermentationpuis le renvoyer sur le chapeau demarc pour le mouiller et extraire unpeu plus. La « saignée », elle,consiste à soustraire définitivementdu moût, toujours dans le but deconcentrer le vin. Le pigeage,technique bourguignonne, consisteà enfoncer le chapeau de marc dansla cuve. Et certains vont jusqu'àajouter des tannins de façon artificielle.Pour les grands vins rouges, lafermentation malolactique (deuxièmefermentation, découverte parRibéreau-Gayon dans les années1920), se fait de plus en plus souventen barriques. La raison est surtoutstratégique et commerciale : cesvins se goûteront mieux pour lavente en primeurs, alors que ladifférence est insensible aprèsquelque temps passé en bouteilles.L'élevage sur lies, lui aussi, sedéveloppe, à juste titre pour les vinsde garde : les lies, ces impuretés duvin, apportent au début de l'élevagedes éléments aromatiques, de larichesse, du « gras », de la rondeur.Il suffit d'agiter le contenu desbarriques (« batonnage ») pour lesfaire agir, ce qui est excellent pourles rouges comme pour les blancs degarde. De plus en plus souventencore, on apporte de l'oxygène auvin, par différentes techniques, « microbullage » ou « cliquage »,selon les fournisseurs de cestechniques. L'usage de la barrique,pour sa part, s'est considérablementdéveloppé. C'est le chêne américain,moins cher et très aromatique, qui ala cote aujourd'hui. Il donne cesnotes de vanille et de toasté, parfoisexcessives, aux vins de moyennegarde qui se vendent aujourd'hui. Cetype de goût, inspiré par celuid'œnologues ou dégustateursinfluents en matière de grands vins,est dans la lignée des productions du« nouveau monde » : des vins bienfabriqués, mais un peu lourds,sucrés et boisés, souvent éloignésde toute notion de terroir. « Il est vraique les vins ont parfois tendance à seressembler, mais dans la qualité,alors qu'ils pouvaient se ressemblerautrefois dans leurs défauts,

explique Françoise Langlade.Cependant, le terroir fera toujours ladifférence ». A Bordeaux, commeailleurs en France, le retour du terroir,du fruit, de la complexité, del'élégance, bref de la personnalitédu vin, est en train de s'amorcer,avec en prime les acquis techniqueset qualitatifs de ces dernièresannées, affirment aussi bien PascalLoridon que Françoise Langlade.C'est une vraie carte à jouer pour lesvins du vieux continent, à commencerpar ceux de Bordeaux. Et même lebouchon fait sa révolution : le bouchonde liège, qui laisse encore 3 % debouteilles altérées, perd du terrainface à la capsule à vis ou au bouchonsynthétique, avec des recherchespour en améliorer les propriétés.

Eduquer le publicSi la dégustation, en dix ans, s'estimposée dans toutes les formationsliées au vin, le consommateur, qu'ilsoit français, américain ou chinois,devra apprendre à ne pas se contenterde breuvages flatteurs, faciles. C'estdans cet esprit que le CIVB a lancéson Ecole du Vin, avec déjà plus decent formateurs à l'étranger. Et c'estaussi pour aider et sécuriser leconsommateur que l'on va réformerappellations et syndicats viticoles.Car on s'y perd : des viticulteurs,surtout en Languedoc, vendent prèsde 100 e une bouteille de vin detable, pour la raison qu'ils ont choiside s'affranchir, avec succès, descontraintes de l'AOC, et des vinsd'appellations réputées sont vendusdans des volumes considérablesalors qu'ils n'ont pour eux qu'uneronflante étiquette. Dès 2007, lesAOC pourraient donc être scindéesen AOC « d'exception » et en AO auxrendements supérieurs et auxvinifications plus communes, à desprix attractifs. A l'appui de cetterévolution, devrait déboucherprochainement le dossier « pôle decompétitivité » initié par les viticulteurset la Région Aquitaine pour dynamiserle secteur.

Philippe-Henri MARTIN

* Conseil Interprofessionnel du Vin deBordeaux

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Al’INRA de Bordeaux, les scienti-fiques de l’unité Ecophysiologie

et génomique fonctionnelle de lavigne travaillent à l’optimisation de laconduite du vignoble. Premier facteurétudié : l’eau. « Nous avonsdécouvert qu’en introduisant unecontrainte hydrique raisonnée enété, la vigne produisait un meilleurfruit », explique Jean-PierreGaudillère, directeur de recherche.La compréhension du fonctionnementd’une vigne dans son environnementpermet de définir les choixarchitecturaux optimaux car lesbesoins en eau sont directementliés au feuillage de la vigne et àl’enherbement du sol. Autre élémentimportant, la présence dans le solde nutriments et notamment d’azote.Les scientifiques travaillent donc àla modélisation des besoins et desressources. « Dans certains cas, ilest intéressant de pouvoir freiner lanutrition de la vigne pour faciliter la

logiques et chimiques quiinterviennent dans la transformationdu moût en vin », explique AlineLonvaud, professeur à la Facultéd’œnologie de Bordeaux. Objectif :exprimer au mieux les qualités duraisin puis stabiliser le vin dans letemps. Pour y parvenir, plusieursspécialités travaillent en collaboration.Les chimistes analysent les substancesà l’origine des arômes et de la couleurdu vin, les microbiologistes étudientles génomes des levures et desbactéries intervenant dans lesfermentations. Des travauxdirectement profitables auxprofessionnels. En effet, « l'étudede l'écosystème permet de mieuxutiliser la biodiversité des levures et desbactéries » précise Aline Lonvaud.Une meilleure connaissance deslevures et de leurs métabolismespermet, par exemple, de croisercertaines d’entre elles et de donnernaissance à de nouvelles levuresprésentant des propriétés œnologiquesplus intéressantes. Des bactérieslactiques sont également sélectionnéespour leur qualité œnologique. Dequoi, espèrent les scientifiques,produire des vins plus aromatiqueset présentant moins de défautsmais aussi améliorer les traitementsphysiques. « Nous cherchons aussià réduire l'impact de la viticulture etde l'œnologie sur l'environnementgrâce au traitement des effluents »,conclut Aline Lonvaud.

Nathalie MAYER

maturation des raisins. Il fautcependant assurer une alimentationen azote suffisante pour éviter desproblèmes pour la fermentation desvins blancs notamment », préciseJean-Pierre Gaudillère. Enfin, dernieraspect pris en compte, celui del’ensoleillement. C’est le rayonnementsolaire qui apporte à la vigne l’énergienécessaire à l’alimentation des raisinsen sucres et en acides aminés. Auniveau des grappes, il existe desmicroclimats qui ont des incidencesmajeures sur la qualité du raisin. Etpar conséquent sur celle de lavendange qui rassemble des raisinsayant connu des microclimatsdifférents. Le défi est ici de déterminerla combinaison optimale et depréconiser des interventionsraisonnées afin d’obtenir lemeilleur raisin.Car, après les vendanges, vient letemps de la vinification. « Nousétudions les phénomènes microbio-

Le vignoble passé au cribleSans intervention humaine, la vigne privilégiesa propre croissance à la production de fruits.Les pratiques viticoles s’opposent donc à ce fonctionnement naturel. Pour assister le travail des viticulteurs, les scientifiquescherchent à comprendre les processus mis en jeuet à élucider les mécanismes moléculaires de la vinification et de l'élevage des vins.

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La protection intégréede la vinification ou des contraintes esthétiques(exemple des chutes de feuilles en fin de saison).Les observations climatiques(température, pluviométrie,hygrométrie : constats et prévisions)

par deux le nombre de traitements de la vignepar rapport à la moyennedes traitements apportésà un vignoble standard.

et des symptômes ou de la présence d'insecteset les analyses qui en découlent permettent,sur les parcelles de référence concernéespar la protection intégrée, de diviser

Les travaux menés par l'INRA portent sur la réalisation de règlesde décision permettant de mettre en place des stratégies de traitementdans les limites des risquespour la récolte, la qualité

La cartographie des parcellespour caractériser la texturedes sols et leur teneur en eau…).

Cette mise en mémoiredes paramètres de production permet par exemple de soumettreà l'ensemble des partenairesde la viticulture (œnologues,courtiers…) une échelle de tolérance à la présencede maladies de la vigne.

Ce type d'action est rendupossible par une connaissancefine des relations entrevigueur de la vigne et développement des symptômes parasitaires.

sont commercialisés et permettent de représenter des blocshomogènes de structuresvia des mesures de résistivité.

D'autres étapes permettrontd'intégrer ces différentesapproches et pour les faire converger versdes cartes de synthèses,permettant à terme une véritable viticulturede précision, ce quirejoint les travaux réaliséspar le Centre INRA de Pech Rouge.

Jean-Alain PIGEARIAS

Des développementsexistent sous forme de Systèmes d'InformationGéographique permettantla compilation d'informations détailléescomme les réservesutiles du sol, le poidsdes bois de taille–vigueur de la vigne-, le stress hydrique, les rendements,les données climatiques(rayonnement solaire,température, hygrométrie…).

Des modèles 3D sont en cours de formalisation(Jean-Pierre Gaudillère,INRA) et des logiciels

Il s'agit d'une autre retombéedes activités de recherchesprésentes à l’INRA Domainede Couhins. Elle permet de constituer,sur des parcelles de l'ordrede 30 ares, de recenseravec précision des donnéespédologiques, les caracté-ristiques des porte-greffes–par exemple les capacitésde résistance aux maladies,les rendements quantitatifset qualitatifs des ceps… soitl'ensemble des paramètresdu système plante-sol.La cartographie prend en compte l'analyse des sols (sondage tous les 12 m, mesure de la résistivité électrique

Par exemple, des analysesont montré que le tauxd'oïdium tolérable (dont les conséquencessont détectables dans les dégustations) est plus élevé que prévuou couramment admis, ce qui permet de proposerune réduction des traitements

raisonnée et l'association"Terra vitis" qui propose àses adhérents un cahierdes charges pour un respect de l'environnementet une agriculture durableou des contrats de cultureproposés par des négociants.

de cette maladie.Des démarches parallèlesvont dans le mêmesens, même si les différents paramètresne sont pas pris en considération de la même façon. Parmi ces pratiques culturale, l'agriculture

L'intérêt de l'expérimentationde ces modes de culture est de proposer des alternativesaux traitements systématiques,donc de diminuer la partdes intrants et de mesurer,en aval, les impacts significatifs sur la qualité de la récolte.

Parcelle ParcelleProtection intégrée StandardNombre Nombre

Traitements de traitements de traitements

Mildiou 5 10

Oïdium 2 5

Botrytis 1 2

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La consommation de vin oul’utilisation de pesticides a des

conséquences sur la santé humaineet sur l’environnement. Les scientifiquescherchent à les inventorier pour lescombattre ou les exploiter. Qui dit effet du vin sur la santépense en premier lieu auxconséquences de la consommationd’alcool. Ainsi les chercheurs souhaitentpréciser la toxicité de l’éthanolcontenu dans les vins. Celle-cidépend de la quantité absorbée.Les scientifiques de l’Unité de nutritionet de signalisation cellulaire del’Institut des Sciences et techniquesdes aliments de Bordeaux s’intéressentpar exemple aux effets cognitifs del’éthanol. Et ils se sont aperçus qu’àfaible dose, la consommation d’alcoolpermet d’améliorer les performancesmémorielles des souris de laboratoires.Moins connus du grand public maispossédant d’intéressantes propriétésbiologiques, les polyphénols. Cesmolécules contenues dans le vinsont les principales responsables deses propriétés organoleptiques. « On les trouve en fait dans toutesles parties de la vigne », préciseJean-Michel Mérillon, responsabledu Groupe d’études des substancesactives végétales à l’UniversitéBordeaux 2. Avec son équipe, ils’attache à isoler les différentspolyphénols du vin. « Une foisextraits et identifiés, nous pouvonsétudier la biodisponibilité de chaquetype de molécules de polyphénols »,explique-t-il. Il s’agit de comprendrecomment les polyphénols passentdans le sang et de préciser dansquels organes on les retrouve.Après avoir travaillé sur des cellulescultivées in vitro et sur des souris

cobayes, les chercheurs bordelaisviennent de lancer une étude surl’Homme. Fin 2006, le groupe étudiéa consommé, au cours d’un repas,un vin contenant des polyphénolsmarqués au carbone 13. Desprélèvements sanguins et analysesd’urines ont ensuite été effectuéspendant quelques heures afin dedéterminer quels polyphénolsinitialement présents dans le vinse retrouvaient ensuite dans lesorganismes. Des travaux justifiéspar les nombreuses propriétés queles chercheurs attribuent à cesmolécules. Des actions anti-oxydantesutiles pour lutter contre les maladiescardiovasculaires aux propriétésanti-inflammatoires en passant parles effets positifs sur les cancers.Certains polyphénols agissent aussicomme stimulant des défensesnaturelles de la vigne. « Il semblequ’ils soient particulièrement efficacescontre le mildiou », précise Jean-Michel Mérillon. Peut-être de quoiréduire l’utilisation de pesticides.

Préserver la qualité« Pour produire du vin, il faut protégerla vigne », prévient PhilippeReulet, expert « pesticides, eau,environnement » à la Directiongénérale de l’alimentation. Sontravail : évaluer le risque de l’emploide produits phytosanitaires sur lesconsommateurs, les opérateurs etl’environnement. « Tous les produitsutilisés présentent un dangerpotentiel qui doit obligatoirementêtre mis en relation avec l’exposition »,explique-t-il. Ainsi, le risque pour

Vin et santé : à consommer avec modération ?

l'opérateur est-il de très loin le plusimportant, le viticulteur étant encontact direct avec les pesticides. Concernant la problématique de laqualité des eaux, le Ministère del’agriculture a mis en place enl’an 2000 des Groupes régionauxphytosanitaires (GRAP). Leur premièremission a été d’établir un zonagedes risques. « Et en Aquitaine,pas de grande surprise, ce sont leszones viticoles qui ressortent »,précise Philippe Reulet. Autresobjectifs des GRAP : l’optimisationdes réseaux d’observation de laqualité des eaux et la réalisationd’études sur des bassins versantspilotes. Ces dernières permettentd’apprécier la pertinence des plansd’action visant à améliorer la qualitédes eaux et d’identifier les produitsphytosanitaires effectivementtransférés. Des résultats confirméspar des travaux menés sur desparcelles expérimentales en pente.« Nous avons défini une liste deplans d’actions en cohérence avecce que préconise l’arrêté du12 septembre 2006 relatif à lamise sur le marché et à l’utilisationdes produits phytosanitaires. Lapollution ponctuelle, due auxmanipulations hasardeuses desopérateurs, devrait être assez facileà combattre. Par contre, limiter lapollution diffuse, due par exempleau ruissellement ou à l’infiltration,est plus compliqué et surtout pluscoûteux », conclut Philippe Reulet.

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Consommer un à deux verres devin par jour aide à protéger

l’organisme contre les maladiescardio-vasculaires. Il y a près devingt ans déjà, des chercheursaquitains se sont ainsi posés laquestion du prix à payer pour lecerveau. « Ce que nous avonsdécouvert après huit ans de suiviallait à l’encontre de bien d’idéesreçues », se souvient Jean-MarcOrgogozo, neurologue à l’UniversitéBordeaux 2. L’étude épidémiologiquemenée par l’équipe de Jean-FrançoisDartigues sur 4 000 personnes âgéesde plus de 65 ans vivant en Girondeet en Dordogne a non seulementmontré l’innocuité d’une faibleconsommation d’alcool sur levieillissement cérébral mais encore

aujourd’hui quels sont les mécanismesbiologiques à l’œuvre dans cetteprotection apparente. Quelqueshypothèses sont toutefois envisagéesparmi lesquelles celle d’une viegénéralement plus saine menée parles consommateurs de vin avecnotamment un meilleur régimealimentaire. « L’enjeu est importantcar il n’y a pour l’heure aucuntraitement satisfaisant pour prévenirou arrêter la maladie d’Alzheimer.Peut-être qu’en travaillant avec lesnutritionnistes nous arriverons à desrésultats intéressants », conclutJean-Marc Orgogozo.

Nathalie MAYER

une réduction considérable dunombre de démences, cinq foismoindre, et de maladie d’Alzheimer,quatre fois moindre, chez les personnesbuvant jusqu’à quatre verres de vinpar jour. « Mais à de telles quantités,on est aussi proche de la limite à nepas franchir pour éviter de tomberdans une consommation dange-reuse », prévient le neurologue. Etces résultats ont depuis étéconfirmés par d’autres études unpeu partout dans le monde,concernant la consommation de vinet d’alcool en général. « Faute definancements pour de nouvellesrecherches, nos connaissancess’arrêtent à peu près là », regretteJean-Marc Orgogozo. Ainsi lesscientifiques ne savent toujours pas

Quand le vin se révèle bon pour la mémoire

Boire quatre verres de vin par jour réduiraitnotablement les risques de vieillissementscellulaires et de développement de la maladied’Alzheimer. Mais, pour le moment, les connaissances s’arrêtent là.

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Le raisin regorge de sels minéraux,de vitamines et d’oligo-éléments.

C'est un fruit nutritif, détoxiquant,stimulant, diurétique… De quoi luitrouver bien d’autres utilisations quela production de vin !La cosmétologie est peut-être lapremière d’entre elles. Elle exploiteles multiples propriétés de la vigneet plus précisément des polyphénols,même si ceux-ci sont extrêmementfragiles et leur coût de productionélevé. Une tonne de pépins de raisindonne seulement un kilogramme

potentialités de la vigne sontexploitées.A table, les feuilles de vignefraîches ou séchées servent parfoisà la préparation d’excellentesspécialités culinaires ou encored’infusions contre toutes sortes detroubles passagers. Le moût de rai-sin rouge peut quant à lui servir àl’élaboration de vinaigres et sespépins à l’extraction d’huiles.

Nathalie MAYER

de polyphénols ! Des études ontmis en évidence leur efficacité dansla lutte contre les rides –sur ce terrain,ils sont dix mille fois plus actifs quela vitamine E. Ils sont donc intégrésdans les produits les plus divers(poudres, crèmes, huiles essentielles).Dans le concept de vinothérapiedéveloppé à Martillac par LesSources de Caudalie ® l’actif vedetteest le raisin sous toutes ses formes.Bain au marc de raisin pour lacirculation, enveloppement à lalevure de vin, etc. Toutes les

Il n’y a pas que le vin

dans la vigne

Un Institut pour les sciences de la vigne et du vindites dures avec des équipesde l’INRA et des UniversitésBordeaux 1 et 2 maisaussi en sciences humainesavec les participations des Universités Bordeaux3 et IV et de BordeauxEcole de Management »,explique Serge Delrot,professeur et directeur de l’ISVV depuis avril2006. Au programme par exemple, des étudessur les maladies bactériennesde la vigne ou des travauxde caractérisation des composés à l’origine

en cours de constructionsur le site de l’INRA à Villenave d’Ornon. Ils seront au total près de 250 chercheurs et étudiants à collaborersous l’enseigne de l’Institut. S’ajouterontà eux les cellules de transfert technologiquequi émaneront de leurstravaux et les quelques250 étudiants de la Facultéd’œnologie.

des arômes des vinsmais aussi des recherchesvisant à cibler l’impactde la viticulture sur le paysage local, des travaux concernantla législation liée à la production des vinsou encore des tentativesde compréhension de l’acte d’achat et de consommation.Dès mars 2008, une partie des équipesde l’ISVV s’installeradans un bâtiment spécialement dédié

L’idée de la création en Aquitaine d’un Institut des sciences de la vigne et du vin (ISVV) a germélors de l’élaboration de l’actuel contrat planEtat-Région. En quelquesmois seulement, politiques,professionnels et scientifiquesse sont mobilisés pour faireaboutir le projet de regroupersous une même bannièretoutes les compétencesexistantes en matière de recherche et de technologiesliées à la vigne et au vin. « Des recherches en sciences

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Certains professionnels bordelais,encore peu nombreux, ont faitpreuve d’initiative depuis quelquesannées pour améliorer le look deleurs bouteilles, en particulier lestyle des étiquettes. Il était encoretrès rare, il y a dix ans, de sortir durectangle blanc ou crème avecillustration du château et lettresromaines ou anglaises. « Bordeauxa péché par facilité, relève PhilippeMathurin, graphiste associé chezPistolet Bleu, le principal studiotourné vers le secteur viticole àBordeaux. C’est la concurrence dunouveau monde, avec des étiquettesau graphisme plus libre, pluscontemporain, qui a réveillé d’abordles négociants, pour leurs vins demarque, puis les producteurs ».Gabriel Despagne, autre graphiste

vont jusqu’à garantir, dans le cas dulondonien Kevin Shaw, un retoursur investissement. Un investissementraisonnable puisqu’une belle étiquetteexécutée par l’un de ces spécialistesexpérimentés se paie entre 2 000et 5 000 t, pour une durée de viede 5 à 10 ans.

Philippe-Henri MARTIN

spécialisé dans les vins, va dans lemême sens et ajoute que « enrayon, si les Bordeaux sont trèsreconnaissables à l’étranger, ils nele sont pas entre eux, sur un marchépourtant pléthorique (15 000 marquesen Bordeaux). C’est pourquoi dansmon travail, je conserve des élémentsou des codes classiques, que jedétourne pour les faire évoluer ».Son confrère Guillaume Chavanne aun discours semblable envers sesclients viticulteurs : « Ne changeonspas tout, évoluons mais conservonsl’esprit, la finesse et la volupté desvins. Etudions simplement sesnouveaux habits ». Les graphistescherchent aujourd’hui l’esthétique,la lisibilité (d’où l’usage désormaisrépandu des contre-étiquettes), lacohérence avec le marché visé et

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Un vent de jeunesse sur les étiquettes

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Thomas Jefferson, troisièmeprésident des Etats-Unisd'Amérique (1800-1807), fut l'undes premiers amateurs éclairés devins français, avec un penchantaussi prononcé qu'avoué pour lesvins de Bordeaux. Cet hommepolitique brillant, humaniste, finlettré, mondain, gastronome, grandadmirateur de la France, rédacteurde la Déclaration d'Indépendancede 1776 et, à ce titre, « révolutionnairesophistiqué », selon la formule deBernard Ginestet*, est ambassadeurdes Etats-Unis d'Amérique à Parisde 1784 à 1789. Lorsqu'il parcourt

des crus, leurs prix ; et surtout lestechniques de culture de la vigne,lui qui se passionne pour la technologieautant que pour l'économie, lesdeux pierres de touche de l'agriculturede l'époque, en pleine croissancedans son pays. En septembre 1789,lorsqu'il embarque au Havre versson destin, ses vins voyagent aveclui. Et 41 boutures de cabernetbordelais, qu'il plantera chez lui, àMonticello, en Virginie.

Philippe-Henri MARTIN

*Thomas Jefferson à Bordeaux, BernardGinestet, Mollat éditeur, 1996

la France, ce sont avant tout sesvignobles. Et c'est en Gironde, deBordeaux à Blaye, sans pour autants'attarder plus d'une semaine, qu'ilreste le plus longtemps. C'est quedans les salons des Chartrons,l'aristocratie parle encore l'anglais...Il devient l'un des tout premiersamateurs à se lancer dans l'élaborationde fiches de dégustation. Il sélectionneun peu partout les meilleurs vins,pour sa cave personnelle et pourses amis du nouveau continent. Ilrédige même un petit traité deviticulture, cherchant à toutconnaître sur le vin, la hiérarchie

Quand unpère desEtats-Unisse penchaitsur le berceau desgrands crus

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Crédit photo : USA library of Congress

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D’un côté, des vins de plus enplus alcooleux. De l’autre, desclients de plus en plus sensibles auxproblèmes liés à la consommationd’alcool. Il n’en a pas fallu plus pourque germe de l’esprit fertile de Michael Paetzold, gérant de la société éponyme, l’idée dedévelopper la désalcoolisation duvin. « C’est plus compliqué qu’il n’yparait car il ne s’agit pas seulementde réduire le taux d’alcool maisaussi de trouver de nouveauxéquilibres aromatiques », expliqueFabrice Delaveau, œnologue etresponsable Recherche &Développement chez Paetzold. Unsavoir-faire indissociable de latechnologie en elle-même. Par filtration

« boisson fermentée à base de raisin »labellisée Lir et ne contenant que 6°d’alcool. « Les débuts ont été difficiles », confie Audrey Hantiu,chef de projet. En cause, une erreurmarketing. « Les consommateursde vins n’étaient pas prêts à accueillirnotre produit alors, nous avonschangé de cible », poursuit-elle.Ainsi, en octobre dernier, Ensô, « le demi de la viticulture », un Lirgazeux à base de Chardonnay et deSauvignon, a été lancé au Saloninternational de l’alimentation deParis. « Il allie le côté terroir du vinet la légèreté recherchée par ceuxqui n’ont pas l’habitude d’en boire »,conclut Audrey Hantiu.

Nathalie MAYER

membranaire l’eau et l’alcool contenusdans le vin sont séparés de lamatière noble (tanins, moléculesaromatiques, etc.). Alors que lesmolécules d’alcool sont ensuiteextraites de « l’eau de raisin »dans une colonne de distillation, lamatière noble elle, ne subit aucuntraitement. De quoi réduire le tauxd’alcool sans altérer les particularitésdu vin. Une méthode désormaisrôdée mais qui reste uniquementapplicable à des vins de pays. « Lesystème des AOC interdit ce typede traitement », précise FabriceDelaveau. Du côté de la société Paetzold, on adécidé d’aller un peu plus loin endonnant naissance à une nouvelle

Lir, un nouveau label pour la viticulture

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C’est parce qu’il voue une véritablepassion aux thés qu’AbdelhadiDarouiche a eu l’idée il y a quelquesannées déjà de se lancer dans lafabrication d’un thé d’un genrenouveau. Des dizaines, des centainesd’essais plus tard son goûteur, unenfant d’une dizaine d’années,donne enfin son aval. « C’est tropbon, tu devrais le garder comme ça ! »Aujourd’hui, « le thé de Bordeauxest le premier d’appellation « théde France » », précise fièrementAbdelhadi Darouiche. Préparée àbase de feuilles de vigne et depépins de raisin séchés et selon unerecette qui reste bien sûr secrète, laboisson a rapidement trouvé sa

de découvrir ce nouveau produit dela vigne. Curieux et attirés aussi parun packaging tout spécialementpensé pour les séduire : des boîtesmétalliques aux couleurs de larégion décorées à la main.Pourtant, loin du jeune hommel’idée de s’enrichir aux dépens deson produit. « Ce qui me motive,c’est le plaisir que le gens prennentà boire mon thé. Quelque soit sonsuccès futur, il n’est pas questiond’industrialiser sa production »,assure-t-il en conclusion.

Nathalie MAYER

petite place. Petite essentiellementcar le jeune franco-marocain tientau côté artisanal de son produit. « Les vignes sont traitées alors, jesuis obligé d’acheter les feuillesdans des tisaneries mais, en ce quiconcerne les pépins, je profite toujoursdes vendanges pour faire desréserves », raconte-t-il. Une foisles mélanges réalisés, AbdelhadiDarouiche livre sa production à l’officede tourisme de Bordeaux. Et,comme pour un vin digne de cenom, les arômes du thé deBordeaux changent avec lesannées. Le millésime 2006 sera unSaint-Emilion ! Gageons qu’ilséduira quelques touristes curieux

Un thé made in Bordeaux

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Rencontres, Cinéma, Conférence, SpectacleOuvert à tous

Chaque année un nouveau thèmeTout le programme sur le site de Cap Sciences

2003 / 2004

2004 / 20052005 / 2006

Chaque année vous pouvez échanger, discuter avec nos invitésBoris Cyrulnik • Philippe Brenot • Dominique Dallay • Anne-Laure Sutter •Marcel Rufo • Michel Suffran • Philippe Greig • Claire Meljac • Pascal Acot •Hervé Le treut • Bernard Conte • Pierre-Henri Gouyon • Simon Charbonneau •Jean-François Narbonne • André Cicollela • Rodolphe Bocquet • Roger Cans •Jean-Marie Pelt • Michel Lamy • Christophe André • Patrick Baudry • GérardMermet • Claude Lacour • Michel Minard • Patrick Rodel • Patrick Chastenet •Alain Brun • Jean Tignol • Paul Coudray • Joël Zaffran • Pier-Vincenzo • PiazzaHenriette Walter • Michel Ducom • Henri Portine • Nicole Fabre • IsabelleHesling

Organisée par Cap Sciences,la dixième édition du Théâtrede la science, des mots à la langue,a lieu de décembre2006 à mai 2007 sur le thèmede la parole et du langage.Rencontres avec certainsdes intervenants.

Comment évolue le Théâtre de la science ?Je suis ravi que Cap Sciences se charge de l’orga-nisation du Théâtre de la science. Cap Sciences aréussi à mettre en place des conférences élargiesà toute l’Aquitaine.Philippe Brenot, psychiatre, anthropologueUniversité Paris 5, président-fondateur duThéâtre de la science.

Peut-on vivre sans parler ?En général, les gens qui ne parlent pas ne viventpas très bien. Sans jamais parler, il doit êtrepossible de vivre, mais difficile de s'épanouir.Nicole Fabre, psychanalyste et co-fondatricedu Groupe international du rêve éveillé enpsychanalyse (Girep).

Le silence : de la non-communication ?Avant de dire « je t'aime », ne l'avez-vous pasdéjà dit plusieurs fois à travers des regards, desgestes ? Le silence est déjà une forme de parole.Comme en musique, il donne du rythme. Sans lessilences, ça deviendrait insupportable.Patrick Baudry, sociologue à l'UniversitéMichel-de-Montaigne Bordeaux 3.

Comment évolue la parole dans le jeu politique ?Le discours politique a fondamentalement changéces dix dernières années. Dans les années 90, il aété beaucoup évité, attaqué. En 2002, les médiasse sont donnés le devoir de réhabiliter ce messagemais ils se limitent souvent à une critique desjeux politiciens.Ludovic Renard, enseignant à Sciences PoBordeaux.

Pourquoi avoir choisi l’Himalaya pour étudier les traditions orales ?J'avais prévu de travailler sur la religion. C'est unconcours de circonstances si j'étudie leurs traditionsorales. La société de l'Ouest du Népal a unelittérature orale très développée et peu connue.Le pays ne s'étant ouvert à l'étranger qu'en 1951,peu d'anthropologues ont pu travailler là bas.Rémi Bordes, ethnologue à l'Université Victor-Segalen Bordeaux 2.

Propos recueillis par Laëtitia Garlantézec

Retrouvez le résumé des rencontres,ou écoutez l’intégralité des rencontressur www.cap-sciences.net

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pages proprement lumineusessur son pouvoir) sous deGaulle et utilisons le termede communication ; onverra bien alors que sousdes vocables différents,gît une même réalité.Bernard Daguerre (Arpel)

Comprendre les épidémiesLa coévolution des microbes et des hommesNorbert Gualde, Les empêcheursde penser en rondImmunologiste et Professeurà l'Université Bordeaux 2,Norbert Gualde donne danscet ouvrage une vision systé-mique des interactionsmicrobe-homme, conformeà son sous-titre : "lacoévolution des microbeset des hommes".

Outre une présentationcomplète et détaillée surles origines, les modes detransmission, les manifes-tations, les traitements desvirus et bactéries à l'originedes épidémies et pandémies,depuis la peste noire jusqu'auSRAS, l'intérêt de ce livreet de montrer que les épidémiesaffectent non seulement ladémographie mais génè-rent peurs et dysfonction-nements sociaux, voireremettent en cause lesréférences morales et éthiquesqui fondent coutumes,croyances et règles de vie. Norbert Gualde nous rappelleque l'homme, dès son origine,est un intrus dans un mondede microorganismes : "laplanète appartient auxbactéries". Il nous accom-pagne au cours des diffé-rentes transitions épidé-miques, toutes liées auxactivités des hommes et àleurs déplacements. On lesuit dans des récits surpre-nants, comme celui de ces"croisières microbiennes

Ado à fleur de peau Ce que révèle son apparenceXavier Pommereau, AlbinMichelLa puberté bouleverse profondément l’adolescentphysiquement et psychi-quement. Plus vraimentenfant, pas vraiment adulte,il se cherche au travers de comportements souventexcessifs et de remises encause quelques fois brutales.L’enfant est « à fleur depeau », au sens proprecomme au sens figuré.Pour se sentir exister il doitéprouver ses propres contours,mieux percevoir en quoices derniers se distinguentdes uns des autres. Lesdélimitations de ces espacespsychiques et physiquessont accompagnées la plupartdu temps de heurts, de conflitsavec l’environnement le plusproche de l’adolescent. Lafamille, les amis le voientse métamorphoser. Car ils’agit bien là d’une méta-morphose que XavierPommereau décrit avecprécision dans son ouvrage.Le look vestimentaire, lesmarques physiques qui luipermettent de se distinguertelles le piercing ou letatouage, toutes ces trans-formations qui témoignentde l’évolution de l’adolescentsont détaillées et expliquéesavec précision. XavierPommereau énumère etexplique les différents langagesde la peau et de l’apparenceafin que l’on puisse discerner

Au cours de l’année, nous avons été sensibles à quelques publications : elles transmettent une recherche menée en Aquitaine, elles portent un regard sur l’Aquitaine ou tout simplement leurs auteurs sont aquitains.

ce qui est normal et ce quidoit inquiéter, distinguerles signes du mal-être etsavoir les interpréter. Desconseils sont aussi donnésaux ados qui vont mal. Unlivre qui accompagne intelli-gemment parents et ados !

Xavier Pommereau est psy-chiatre, chef de service auPôle aquitain de l’adolescent(centre Abadie) du CHU deBordeaux. Il est notammentl’auteur de « Quand l’ado-lescent va mal » (Lattès,1997), L’Adolescent suicidaire(Dunod, 2001).Sendra Lejamble-Dubrana

Arts et secrets d’humanitéDidier Dubrana, Jean-PierreMohen, Calmann-Lévy Voici un livre qui se présentecomme un musée intelligent.Une trentaine d’objets parmiles 300 000 du Musée du QuaiBranly font l’objet d’une pré-sentation détaillée, disséquéepar le triple regard de l’archéo-logue historien des arts, celuides instruments d’analysedes matériaux du Centre derecherche et de restaurationdes Musées de France auLouvre et celui de l’enquêteur.A chaque objet une histoire,celle de sa création et cellede son usage. C’est aussipour le lecteur une explorationqui se construit comme une enquête policière à la recherche des clés decompréhension d’œuvres d’artqui furent souvent bien plusque des œuvres d’art…Bernard Favre

La propagande : Communication et propagandeCahiers Jacques Ellul n°4,sous la direction de PatrickTroude-Chastenet, L’Espritdu Temps La propagande est uneexpression ancienne, si cen’est désuète, tant en cedébut du 21e siècle, etdepuis quelque temps déjà,on lui préfère le mot plusmoderne de communication.Ce numéro des cahiers JacquesEllul présente 5 articlesque l’universitaire bordelaisécrivit sur ce thème. Ces écritssont encadrés par descommentaires sur son œuvre,qui mettent en perspectivedes évènements fortscontemporains- la deuxièmeguerre d’Irak, l’inondationde la ville de La Nouvelle-Orléans- avec la penséeellulienne, que commenteprincipalement PatrickTroude- Chastenet.Que retenir de ces articlesen dehors de leur densité,du poids des mots et ducaractère simple, dense etimplacable des raisonnementsprésentés ? Que le régimedes démocraties contempo-raines utilise la propagande,une nécessité pour expliquerson action, qu’elle est au fondpresque consubstantielle àson essence même. Encoreune fois, remplaçons le motpropagande qui au fonds’appliquerait bien à la cinquième république naissante,et à l’utilisation par exemplede la télévision (à laquelleEllul consacre quelques

REFERENCES

LIVRES A CONSULTER LIVRES ACONSULTER

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L’arbre enfant Une nouvelleapproche du développementde l’enfantHubert Montagner, Odile JacobComment le petit homme sedéveloppe-t-il dans le ventrede sa mère ? De quoi a-t-ilbesoin pour aller au bout deson développement optimal ?De quels échanges ? Selon quelrythme ? Le meilleur spécialistedu développement, aprèsplus de trente ans derecherches, propose les clésd’un développement individuelplus accompli et d’une éducation mieux pensée.Pour mieux élever nos enfants,un préalable essentiel :comprendre leurs besoins,leurs compétences, leursrythmes ! Hubert Montagnerest Professeur des universitéset directeur de recherchesà l’Inserm. Tout public

Quand Bordeauxconstruisait des navires…Histoire de la constructionnavale à BordeauxRoger et ChristianBernadat, Les Editions de l’Entre-deux-MersQui se souvient que c’est à Bordeaux que furentconstruits le premierquatre-mâts , le plus rapidede tous les corsaires ou leplus grand voilier ? Qui sesouvient que les Chantiersde la Gironde furent un pôleindustriel et technologiquede premier plan et queBordeaux fut la capitaleeuropéenne de la constructionde plaisance ? C’est cettemémoire du fleuve que lesauteurs nous font partagerdans cet ouvrage richementillustré. Tout public

dans l'eau des ballasts despétroliers" ou du voyage deagents pathogènes nichésau creux de pneus usagés,objets d'un trafic international.Multipliant les exempleshistoriques ou contemporains,il nous montre combien"l'épidémie, c'est l'homme"car celle-ci prospère toujourssur le terreau des guerres,de la misère ou des désastresécologiques provoqués parl'homme guerrier, ignorant,arrogant ou cupide.

Si l'homme "possède desmicrobes qui le possèdent","l'immense majorité desmicroorganismes de notreenvironnement n'est paspathogène pour deshommes en bonne santé".Pourtant nous avons desraisons d'être inquiets :Gaïa, notre planète, pourraitbien être "menée au chaospar le microbe" sauf peut-êtresi l'on tourne son regard"vers les sages", des penseursqui peuvent nous aider àmieux prendre en comptela complexité de la situationde l'humanité face au "dangerépidémique, un dangerrépandu par l'homme" :René Dubos et Paul Farmer,microbiologistes ; JeanZiegler, sociologue ; HansJonas, philosophe de laresponsabilité de chacunvis à vis de l'environnementou Jacques Ellul, pour saréflexion radicale sur l'auto-nomie de l'univers technique.

Un livre qui transcende lesdisciplines et les met auservice d'une compréhensiond'une véritable "écologie humaine"car, "au rêve d'éradications'est substitué celui d'unesurveillance globale"Jean-Alain Pigearias

Troglodytes du Sud-OuestLaurent Triolet, EditionsAlan SuttonDu Quercy à l’estuaire dela Gironde, de l’Agenais àla Saintonge, des ouverturessombres apparaissent au cœurdes calcaires qui construisentle paysage. Ce livre est lepremier à présenter toutel’étendue et la richesse dumonde troglodytique dansle sud-ouest, véritable patri-moine largement méconnu.Tout public

Voyage chez les empereursromainsJean-Claude Golvin, CatherineSalles, Actes Sud-ErranceLa plupart des empereursromains se firent bâtir despalais qui rivalisaient deluxe et de démesure. Lesaquarelles de Jean-ClaudeGolvin, architecte et directeurde recherche au CNRS,nous entraînent dans unvoyage extraordinaireparmi les constructions les plus originales del’Antiquité. Tout public

L’art des ponts Homo pontifexMichel Serres, Le PommierMichel Serres rend hommageaux ponts de toutesnatures, aussi bien matérielsqu’immatériels, qui relientles hommes les uns auxautres. Magnifique ouvragequi nous émerveille autantqu’il nous enrichit. Tout public

La préhistoire en PérigordAlain Roussot, PascalRémy, Editions Sud OuestAlain Roussot, spécialisted’archéologie préhistoriquevit en Périgord depuis 1940et s’est inspiré des sites decette région pour raconterla préhistoire aux enfants.Pascal Rémy se consacre àl’illustration d’ouvrages pourles enfants sur des thèmesqui vont de la préhistoire àla Seconde Guerre mondiale.Jeune public

La journée de l’écocitoyenUn guide pour préserverl’environnementSabine de Lisle, EditionsSud OuestSabine de Lisle montrecomment, du réveil aucoucher, à l’école ou autravail, en vacances ou sur la route, on peut grâceà des gestes très simples,contribuer à sauver notreplanète. Auteur, journaliste,traductrice, Sabine de Lisleengage en particulier saplume sur des sujets liés à la préservation de l’envi-ronnement. Tout public

La table et les portsCuisine et société àBordeaux et dans lesvilles portuairesAnnie Hubert, MichelFigeac, PressesUniversitaires de BordeauxA Bordeaux, à Buenos Aires,à Porto ou à Hambourg,existe-t-il vraiment une gas-tronomie portuaire ? Un portest un carrefour où se croisentet se rencontrent des influencesdiverses notamment dans le domaine de l’alimentation.Véritable voyage gustatifde plus de trois siècles.Annie Hubert est anthropo-logue de l’alimentation etMichel Figeac est Professeurd’Histoire Moderne àl’Université Michel deMontaigne Bordeaux 3.Tout public

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La langue basque danstous ses états Sociolin-guistique du PaysBasqueEguzki Urteaga,L’HarmattanLa situation de la languebasque se caractérise parsa diversité selon les zonessociolinguistiques et lesréalités politico-administra-tives. L’ambition de ce livreest d’offrir des éléments decompréhension pour mieuxappréhender cette réalitécomplexe. Public avertiEguzki Urteaga est docteuren sociologie de l’UniversitéVictor Segalen Bordeaux 2et licencié en histoire mentiongéographie de l’Universitéde Pau et des Pays del’Adour. Public averti

Les premiers hommes duSud-Ouest Préhistoiredans le Pays Basque, le Béarn, les LandesMarc Large, éditions CairnLes premiers habitants del’Aquitaine ont parsemé leterritoire de pierres dressées,mégalithes en tout genreet de pierres taillées. Ceguide nous fait découvrirplus d’une trentaine desites évocateurs de leursmodes de vie. Tout public

Pyrénées : moisson de rêvesRégis Faustin, MonhéliosRégis Faustin nous invitedans ce livre magnifiquementillustré à la rencontre desbeautés naturelles et animalesdes Pyrénées. La nature danstoute sa splendeur ! Tout public

Paysans : mémoiresvives 1900-2000 Récitsd’un monde disparuBernard Stephan, EditionsAutrement CollectionMémoires/ HistoireQue reste-t-il des paysansdans notre mémoire ?Désormais l’agriculture estindustrielle, marchande etscientifique. Elle a tournéle dos à un très vieil héritagede gestes, de rites, de savoirs,d’usages, de liens à la terreet au paysage. Bernard Stéphannous raconte la fin d’unecommunauté du Périgord,emblématique de la paysanneriefrançaise. Tout public

Le sexe au temps des cro-magnonsGilles Delluc et BrigitteDelluc, Pilote 24Le sexe a occupé et préoccupéles hommes et les femmesde la Préhistoire autant quenous. Depuis 35 000 ans, lesCro-Magnons ont laissé desmilliers de statuettes et dedessins dans les grottes etles abris sous roches.Gilles Delluc, spécialiste del’art paléolithique, nous enlivre les secrets. Public averti

Les défauts physiquesimaginairesJean Tignol, Odile JacobSavez-vous que près de 10 %des personnes qui consultentun chirurgien esthétique lefont pour corriger un problèmequi n’existe pas ? Quand onest obsédé par un défautqui n’existe pas, que personnene voit et qui empêche de vivre,quelles sont les solutions ?Psychiatre, psychothérapeute,le docteur Jean Tignol estprofesseur à l’UniversitéVictor Segalen Bordeaux 2et chef de service au CHU àBordeaux.Public averti

Histoire et éthique dessciences et des techniquesCahiers d’Epistémé n°1,Laboratoire Epistémé (EA2971) Université Bordeaux 1Ce premier numéro des

Cahiers d’Epistémé réunit12 contributions d’enseignants-chercheurs ou de doctorantsspécialistes des enjeuxéthiques de la découvertescientifique. Par exemple « La place de la techniquedans les sociétés anciennes »,« Quel usage peut-on fairedes modèles prédisant unréchauffement climatique ? »« L’histoire du risquenucléaire en France : lesingénieurs face au risque età l’opinion » … et biend’autres sujets encore !Public averti

Cap sur le FerretVoyage au bout dumonde : les secrets dela biodiversitéChristophe Deliveyne,Photographies Gillesd’Auzac de Lamartinie,Maison d’édition l’Edune Balade découverte natura-liste guidée par un pas-sionné du Cap Ferret. Ce livre riche en imagesnous fait découvrir et com-prendre l’histoire, lesinfluences, les secrets, leséchanges , les équilibres etautres interactions propresau Bassin d’Arcachon. Toutpublic

Mon carnet de rugbyCRDP Aquitaine Le rugby, c’est quoi ? c’estqui ? c’est où et comment ?Ce carnet d’activités péda-gogiques propose sousforme ludique des informa-tions, des jeux, des devinettessur le monde du rugby.Voyage initiatique enOvalie. Tout public

Sur les traces de l’hommeen Aquitaine Enquêtesur la préhistoireExposition virtuelle interac-tive de CAP SCIENCES,avec le soutien du ConseilRégional d’Aquitaine.Il y a environ 18 000 ansau Paléolithique Supérieursous un climat glaciaire,l’Aquitaine a représenté unrefuge pour les animaux etles hommes préhistoriques.Nous sommes les héritiers deces chasseurs-cueilleurs.Véritable enquête sur la pré-histoire, « Sur les tracesde l’homme en Aquitaine »offre la possibilité de visionnerdes reconstitutions, d’écouterdes témoignages, de fairele plein de connaissances etd’images pour la plupartinédites. Tout publicCette exposition est consul-table sur le site Internet deCAP SCIENCES www.cap-sciences.net

CEDEROMS

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A CONTACTERDGA - Centre d’essais de lancementdes missiles I : www.defense.gouv.fr/dga

Section régionale conchylicoleArcachon aquitaineT : 05 56 82 41 28I : www.huîtres-arcachon-

capferret.com

Château d’YquemI : www.yquem.fr

CNRS – Mission pour la place des femmesT : 01 44 96 47 08I : www.cnrs.fr/mpdf/sommaire.

php3

QUESTION DE RECHERCHELa Vigne et le vin

n Un vin en mutationMSHA - CERVINT : 05 56 84 68 00I : www.msha.fr/cervin

École nationale supérieure d’architectureet de paysage de BordeauxT : 05 57 35 11 00I : www.bordeaux.archi.fr

n Une économie en expansionConseil interprofessionnel du vin de BordeauxT : 05 56 00 22 66I : www.vins-bordeaux.fr

n Le vignoble passé au cribleUnité d’écophysiologie et génomiquefonctionnelle de la vigneT : 05 57 12 23 00I : www.bordeaux.inra.fr

Faculté d’œnologie de BordeauxT : 05 40 00 64 58I : www.œnologie.u-bordeaux2.fr

n Vin et santéUnité de nutrition et de signalisationcellulaire (ISTAB)T : 05 40 00 87 53I : www.istab.u-bordeaux1.fr

Direction générale de l’alimentationT : 01 49 55 59 85I : www.vie-publique.fr/documents-

vp/dgal.shtml

Groupe régional phytosanitaireI : www.observatoire-pesticides.

gouv.fr

ISPED (institut de santé publiqued’épidémiologie et de développement)T : 05 57 57 13 93I : wwww.isped.u-bordeaux2.fr

Sources Caudalie - Martillac (vinothérapie)T : 05 57 83 83 83I : www.sources-caudalie.com

Institut des sciences de la vigne et du vin (ISVV)I aquitaine.fr/contenu.asp?Id=188

Bordeaux école de ManagementT : 05 56 84 55 55I : www.bordeaux-bs.edu

Histoires vécuesn GraphismePistolet bleuT : 05 56 69 22 90I : www.pistoletbleu.com

n LirPaetzoldT : 05 57 83 85 85I : www.michaelpaetzold.com

n ThéAbdelhadi DarouicheI : mailto:[email protected]

VISITESn Pyrenex, des duvets 100 %natureT : 05 58 76 03 40I : www.pyrenex.com

n Bayonne : métamorphose d’un portPort de BayonneI : www.ports-basques.com/ports/bayonne

n Conseil régional d’AquitaineT : 05 57 57 80 00I : www.aquitaine.fr

n Direction départementale de l’équipement des PyrénéesAtlantiquesT : 05 59 80 86 07I : www.pyrenees-atlantiques.

equipement.gouv.fr

n Nérac, c’est ici que tout commenceAssociation Régionale interprofessionnelledes Semences d’Aquitaine (Arisa)T : 05 53 77 83 88I : www.aquitainagri.org/

Aquitaine_agricole/productions/semences/index.html

NéracT : 05 53 97 63 53I : www.ville-nerac.fr

n Le trésor souterrain du PérigordChaux et enduits de Saint-AustierT : 05 53 54 11 25I : www.c-e-s-a.fr

n Exameca allie savoir-faire et innovationT : 05 59 33 36 60I : www.exameca.fr

n Esquad tisse le jean costauddes fous de motoEsquadT : 05 63 73 51 51I : www.esquad.fr

Technopole Bordeaux UnitecT : 05 56 15 80 00I : www.bordeauxunitec.com

European aeronautic defense and space companyT : 01 42 24 24 24I : www.eads.net

Ecole nationale supérieure des arts et métiersT : 05 56 84 53 33I : www.bordeaux.ensam.fr

Jean CorrèzeI : www.jeancorreze.com

Jean-Pierre LouvetI : www.fractals.iut-bordeaux1.fr

PORTFOLIOn Le CHU à cœur ouvertT : 05 56 79 56 79 (direction générale)I : www.chu-bordeaux.fr

MÉMOIREn Des paquebots volants à BiscarosseT : 05 58 78 00 65I : www.asso-hydraviation.com

n SociologieLa fulgurante ascension de la sociologie bordelaiseDépartement de sociologie de l’Université de Bordeaux 2T : 05 57 57 18 00I : www.sociologie.u-bordeaux2.fr

Lapsac (laboratoire d’analyse des problèmes sociaux et de l’actioncollective)T : 05 57 57 71 22I : www.lapsac.u-bordeaux2.fr

FOCUSn Eaux minérales, eaux de sources : si semblables si différentesNestléT : 01 41 23 38 26 (presse)I : www.nestle.waters.com

Laboratoire d’hydrologie et environnement (Bordeaux2)T : 05 57 57 12 04I : www.pharmacie.u-bordeaux2.fr

Ministère de la santéT : 01 40 56 60 00I : www.sante.gouv.fr

Direction départementale de l’actionsanitaire et socialeT : 05 57 01 91 00

Institut européen de l’environnementde Bordeaux (IEEB)T : 05 56 01 84 00I : www.clabo.fr/ieeb

Direction régionale de l’industrie, de la recherche et de l’environnementT : 05 59 14 30 40I : www.aquitaine.drire.gouv.fr

RENCONTRESn Emeric d’Arcimoles, un assembleur de talentsTurbomecaT : 05 59 12 50 00I : www.turbomeca.com

n Hubert Montagner, aux côtésde l’enfant qui granditLaboratoire de psychophysiologie etpsychopathologie du développement,UMR-CNRS 5543 (maintenant LPP de la signalisation moléculaire)T : 05 57 57 15 51I : www.umrnp.u-bordeaux2.fr

n Nadine Ninin, alliance d’idée et d’audaceUranium jeansT : 01 45 48 52 73I : www.uranium-jeans.fr

École nationale supérieure des arts et industries textiles (ENSAIT)T : 03 20 25 64 64I : www.ensait.fr

n Narbonne/CombanousLaboratoire de physico-toxicochimiedes systèmes naturels (LPTC)T : 05 40 00 69 98I : www.lptc.u-bordeaux1.fr

Laboratoire Trèfle (unité d’écologie et énergétique générale)T : 05 56 84 53 33I : www.trefle.u-bordeaux1.fr

QUESTION D’ENVIRONNEMENTLa chimie verten La chimie en mutationLaboratoire de chimie organique et organométallique de Bordeaux(LCOO)T : 05 40 00 62 82I : www.u-bordeaux1.fr/lcoo

Laboratoire de chimie des polymèresorganiques de Bordeaux (LCPO)T : 05 40 00 84 36I : www.enscpb.fr/lcpo

INRA BordeauxT : 05 57 12 23 00I : www.bordeaux.inra.fr

n La conquête de l’or vertAssociation générale des producteursdu maïs (AGPM)T : 05 59 12 67 00I : www.agpm.com

Bassin du Lacq (Usine de Bio-éthanol)T : 05 59 60 03 46I : www.lacqplus.asso.fr

Institut des Corps Gras (Iterg)T : 05 56 36 00 44I : www.iterg.com

n OléomaLaboratoire de chimie agro-industriellede Toulouse (ENSIACET)T : 05 62 88 57 20I : www.inp.toulouse.fr/recherche/

laboratoire/lca/lca.shtml

Société ToyalT : 05 59 98 35 36I : www.toyal-europe.com

n En route vers le bioplastiqueUnité Sciences du bois et des bio-polymères de Bordeaux (US2B)T : 05 40 00 64 31I : www.us2b.u-bordeaux1.fr

n Vers des solvants plus propresLaboratoire de physico-chimie moléculaire (LCPM) UB1T : 05 40 00 63 16I : www.lcpm.u-bordeaux1.fr

n La délicate question des pesticidesLaboratoire santé végétaleT : 05 57 12 25 25I : www.enitab.fr/recherche/

sante_vegetale.asp

n De nouveaux outils pour une chimie plus verteRhodia - Laboratoire du futur (LOF)T : 05 56 46 47 48I : www.rhodia.com

QUESTION DE SOCIÉTÉLes femmes en AquitaineInstitut démographique de l’universitéMontesquieu Bordeaux 4 (IEDUB)T : 05 56 84 86 99

Délégation régionale aux droits des femmes à l’égalitéT : 01 40 56 60 00I : www.femmes-egalite.gouv.fr

n La démographie féminine en AquitaineDirection régionale du travail, de l’emploi et de la formation professionnelT : 05 56 99 96 00I : www.aquitaine.travail.gouv.fr

Centre d’information sur les droits de la femmeT : 05 56 44 30 30I : www.infofemmes.com

n La science, domaine réservéaux hommes ?Rectorat de bordeauxT : 05 57 57 38 00I : www.ac-bordeaux.fr

Institut pasteurT : 01 45 68 80 00I : www.pasteur.fr

Association Femmes et sciencesT : 01 47 70 85 35I : www.int-evry.fr/femmes_et_

sciences

Association française des femmesdiplômées des universités (AFFDU)T : 01 43 20 01 32I : www.int-evry.fr/affdu

École nationale supérieure d’électronique,informatique et radiocommunicationde Bordeaux (ENSEIRB)T : 05 56 84 65 00I : www.enseirb.fr

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LA REVUE

Les quatre dernières publications de la revue H 20Numéros disponibles à Cap Sciences

Collection

ChroniquesDix pages de faits marquants de l’actualité de la recherche en Aquitaine, découvertes et innovations

VisitesSite de la colline de GazteluLa grotte de CussacBordeaux dans tous ses étatsLes logiciels du grand largeEmballage PopnatNeurobitIECB des chercheurs en synergieSemer les tabacs demainRecyclage brûlantMusée basque et de l’histoire de BayonneLe lac MouriscotLes dessous de l’estuaireUn pavillon pour la génomiqueGardiens de la qualité alimentaireSur les traces des polluantsPatrimoine industrielL’exposition phare du Cap-FerretConstruire le plus grand laser du mondeL’harmonie retrouvée du parc bordelaisPort Médoc, une ouverture sur l’AtlantiqueUn centre où le fruit est roiLa chirurgie en apesanteurLes étangs à monstres de Jean RostandGrottes de Sare, entre mémoire et modernitéLe traité de la perspectivePour le meilleur des plantesUne table trois étoiles avec vue sur le cielL’imprimerie des timbres-posteSokoa assoit son authenticité

MémoirePatrimoine industrielAstronomie d’hierLe chevalier de BordaDes pierres précieuses en AquitaineLes ailes d’un géantLes pionniers de la rechercheLa maison des sciences de l’homme d’AquitaineBassin de Lacq, la ruée vers le gazDans le fief des arithméticiensMise en perspective historique du « voyage en industrie »

FocusLes Lasers ont rendez-vous avec l’AquitaineCréateurs d’imagesUn monde de polymèresDes systèmes embarqués plein le ciel

PortfolioLe Pont d’AquitaineYachts, créations haute-coutureL’aéroport de BordeauxDestin de déchets

RencontresMission Polar ObserverFrancis TassauxPierre MeyrandL’homme qui fait vivre l’AntiquitéScientifique « sans frontières »Visages de sciencesQuand la science se met en scèneLa foi d’un entrepreneurRegards de chercheurs étrangersLascaux, de l’ombre à la lumièreContre toutes les maladies, mêmel’injusticeLe musée de la mer à BiarritzCes sangsues qui soignentUne planète faite de vaguesAnnie Hubert, une femme de passionLorsque ingéniosité et science moderne s’allientL’homme des oringines de l’artTraquer le mercure au cœur de l’AmazonieVoyage au bout de la Terre

Question d’environnementAquitaine : les ressources en eau sont-elles menacées ?Aquitaine Océan, un univers en conquêteLe bois de la forêtLe climat en Aquitaine, demain il fera chaud

Question de sociétéVieillissement de la populationLes Aquitains pour mieux les connaîtreLes Aquitains au travailLa santé des Aquitains

Question de rechercheSur les traces de nos ancêtresChercheurs-entrepreneursLa pratique du designLes matériaux de demain

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C E N T R E

D E C U L T U R E

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Partager l’esprit découverteAu cœur de la métropole bordelaise,CAP SCIENCES offre un lieupour explorer les sciences et l’industrie :expositions, animations, manifestations.Toute l’année, une programmation variée,pour une visite en famille ou en groupe,des ateliers éducatifspour les établissements scolaires.

Un équipement culturelAu cœur du réseau aquitain,en partenariat avec des collectivités,des institutions, des entrepriseset des laboratoires de recherche,CAP SCIENCES coordonneles grandes opérations de culturescientifique, technique et industrielleet va à la rencontre des publics.En Aquitaine et au-delà,CAP SCIENCES proposeun catalogue d’expositions itinérantes,d’ateliers découverte, de malettespédagogiques et d’animations ludiques.

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Mise en ligne : avril 2007

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