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Éditorial Hasard, réflexion et concertation Le mot français hasard vient, plus ou moins par anglais interposé, de l’arabe alzahr — ce qui veut dire « le jeu de dés » ou « la main de Dieu ». La vie est-elle un hasard ? La réponse ne m’appartient pas ! Elle nous appartient à chacun d’entre nous, selon notre bien-être et nos croyances, toutes respectables. Selon François Magendie, « le hasard ne favorise que les esprits préparés ». Ceci peut sembler en partie vrai, en partie faux car la « ligne » de vie de chacun n’est ni une droite, ni une courbe exponentielle, ni une courbe descendante ; il s’agit plutôt d’une sinusoïde, sans que la finalité soit toujours perçue par tous. Il n’y a aucune explication ou signification physique à la vie. Il en va de la vie en général comme de la médecine, et tout particulière- ment de l’une de ses spécialités — la nôtre — la chirurgie plastique reconstructrice et esthétique. Dans la vie, il y a des hauts et des bas, des périodes d’ascension et de descente, des périodes d’illusion et de désillusion, des périodes de croyance et d’athéïsme, des périodes de réussite et d’échec, des périodes d’euphorie et de déprime... Il en va de même de la médecine qui connaît tantôt des périodes euphorisantes d’innovations technologiques, tantôt des périodes plus em- blématiques de mises au point techniques et/ou éthiques ou philosophiques. Aujourd’hui, la médecine — en général — est « à la croisée des chemins » concernant ses fondements, sa réalité et son futur tant sur le plan technologique que sur le plan humain. Il semble temps de réfléchir sur le présent et le futur, en oubliant les erreurs passées, mais sans oublier ce passé... Le temps est donc à la réflexion (du latin reflectere, courber en arrière, ramener). En témoigne cette année 2003 des ACPE qui a vu paraître plus d’articles de réflexion — mi- ses au point, tribunes professionnelles, tribunes libres — que de véritables articles originaux. L’originalité, dans le sens noble du terme, disparaîtrait-elle ? Peut-être, compte tenu de l’esprit ou de l’état d’esprit des plus jeunes d’entre nous qui ne cherchent qu’à « récolter » des points pour leurs épreuves de titres ou qu’à chercher des recettes utiles pour leur activité libérale « la moins cicatricielle » possible. Heureusement, certains d’entre nous réfléchissent, proposent, coordonnent et élaborent des rapports sur notre activité, et ceux-ci perdu- reront. Cette année, le rapport de notre société (SOF.CPRE), présidée par Vladimir Mitz et coordonné par Patrick Knipper et Jean-Luc Jauffret, est un rapport de réflexion sur « les bienfaits et résultats de la chirurgie esthétique » qui va dans le sens de cette réflexion. Dans ce contexte, il me semblait opportun et important de rappeler l’importance de l’information et du consentement éclairé des patients (es) que nous opérons. C’est ainsi qu’en concertation (du grec jovreqtatiov — fait, pour des grou- pes ou des personnes, de conférer ensemble pour prendre des décisions) avec Gérard Flageul j’ai décidé de reprendre dans un numéro thématique les 12 fiches d’information et consen- tement éclairé déjà publiées — ceci vous permettra de les consulter dans un seul numéro — et d’en rajouter deux nouvelles. Ceci est le présent, et l’avenir nous réserve encore d’autres fiches... toutes issues de la réflexion de certains d’entre nous et de leur concertation. Merci à eux ! J.-L. Cariou 23, rue Linois, 75015 Paris, France Adresse e-mail : [email protected] (J.-L. Cariou). Annales de chirurgie plastique esthétique 48 (2003) 417 www.elsevier.com/locate/annpla © 2003 Publié par Éditions scientifiques et médicales Elsevier SAS. doi:10.1016/j.anplas.2003.10.001

Hasard, réflexion et concertation

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Éditorial

Hasard, réflexion et concertation

Le mot français hasard vient, plus ou moins par anglaisinterposé, de l’arabe alzahr — ce qui veut dire « le jeu dedés » ou « la main de Dieu ». La vie est-elle un hasard ? Laréponse ne m’appartient pas ! Elle nous appartient à chacund’entre nous, selon notre bien-être et nos croyances, toutesrespectables. Selon François Magendie, « le hasard nefavorise que les esprits préparés ». Ceci peut sembler enpartie vrai, en partie faux car la « ligne » de vie de chacunn’est ni une droite, ni une courbe exponentielle, ni unecourbe descendante ; il s’agit plutôt d’une sinusoïde, sansque la finalité soit toujours perçue par tous. Il n’y a aucuneexplication ou signification physique à la vie. Il en va de lavie en général comme de la médecine, et tout particulière-ment de l’une de ses spécialités — la nôtre — la chirurgieplastique reconstructrice et esthétique. Dans la vie, il y a deshauts et des bas, des périodes d’ascension et de descente, despériodes d’illusion et de désillusion, des périodes decroyance et d’athéïsme, des périodes de réussite et d’échec,des périodes d’euphorie et de déprime... Il en va de même dela médecine qui connaît tantôt des périodes euphorisantesd’innovations technologiques, tantôt des périodes plus em-blématiques de mises au point techniques et/ou éthiques ouphilosophiques. Aujourd’hui, la médecine — en général —est « à la croisée des chemins » concernant ses fondements,sa réalité et son futur tant sur le plan technologique que sur leplan humain. Il semble temps de réfléchir sur le présent et lefutur, en oubliant les erreurs passées, mais sans oublier cepassé...

Le temps est donc à la réflexion (du latin reflectere,courber en arrière, ramener). En témoigne cette année 2003des ACPE qui a vu paraître plus d’articles de réflexion — mi-

ses au point, tribunes professionnelles, tribunes libres — quede véritables articles originaux. L’originalité, dans le sensnoble du terme, disparaîtrait-elle ? Peut-être, compte tenu del’esprit ou de l’état d’esprit des plus jeunes d’entre nous quine cherchent qu’à « récolter » des points pour leurs épreuvesde titres ou qu’à chercher des recettes utiles pour leur activitélibérale « la moins cicatricielle » possible. Heureusement,certains d’entre nous réfléchissent, proposent, coordonnentet élaborent des rapports sur notre activité, et ceux-ci perdu-reront. Cette année, le rapport de notre société (SOF.CPRE),présidée par Vladimir Mitz et coordonné par Patrick Knipperet Jean-Luc Jauffret, est un rapport de réflexion sur « lesbienfaits et résultats de la chirurgie esthétique » qui va dans lesens de cette réflexion.

Dans ce contexte, il me semblait opportun et important derappeler l’importance de l’information et du consentementéclairé des patients (es) que nous opérons. C’est ainsi qu’enconcertation (du grec jovreqtatiov — fait, pour des grou-pes ou des personnes, de conférer ensemble pour prendre desdécisions) avec Gérard Flageul j’ai décidé de reprendre dansun numéro thématique les 12 fiches d’information et consen-tement éclairé déjà publiées — ceci vous permettra de lesconsulter dans un seul numéro — et d’en rajouter deuxnouvelles. Ceci est le présent, et l’avenir nous réserve encored’autres fiches... toutes issues de la réflexion de certainsd’entre nous et de leur concertation. Merci à eux !

J.-L. Cariou23, rue Linois, 75015 Paris, France

Adresse e-mail : [email protected] (J.-L. Cariou).

Annales de chirurgie plastique esthétique 48 (2003) 417

www.elsevier.com/locate/annpla

© 2003 Publié par Éditions scientifiques et médicales Elsevier SAS.doi:10.1016/j.anplas.2003.10.001