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Mensuel d’informations agricoles de la Confédération Paysanne de Loire-Atlantique ÉCHO DES TERRITOIRES : Point sur les réunions locales p.5 DOSSIER : L’agriculture vue par la presse et les médias p. 6 Novembre 2013 - N° 1268 Mensuel d’informations agricoles de la Confédération Paysanne de Loire-Atlantique La Confédération Paysanne salue le départ d’Henri Baron, président de la chambre d’agriculture de 1976 à 1992 et figure emblématique da la Gauche Paysanne. Ses amis et anciens collaborateurs ont tenu à lui rendre hommage. HENRI, SALUT !

HENRI, SALUT - Journal La Mée Châteaubriant · Sylvie Frétigné Henri écrivait à la dernière page de son livre témoignage « Paysan citoyen », ... toujours facile,

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Mensuel d’informations agricoles de la Confédération Paysanne de Loire-Atlantique

ÉCHO DES TERRITOIRES :Point sur les réunions locales p.5

DOSSIER :L’agriculture vue par la presse et les médias p. 6

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Mensuel d’informations agricoles de la Confédération Paysanne de Loire-Atlantique

La Confédération Paysanne salue le départ d’Henri Baron, président de la chambre d’agriculture de 1976 à 1992 etfigure emblématique da la Gauche Paysanne. Ses amis et anciens collaborateurs ont tenu à lui rendre hommage.

HENRI, SALUT !

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2 - PAYSAN NANTAIS - 1268 - NOVEMBRE 2013

Henri, salut !

TÉMOIGNAGES

"Mon cher Henri, toute ta vie, tul’as consacrée au militantisme au travers de tes engagements profession-nels, syndicaux, politiques, mettanttoujours l’homme au cœur des projets.

C’est en faisant parfois des choix àcontre-courant des modèles domi-nants que tu as inscrit notre départe-ment de Loire-Atlantique vers uneagriculture liée au sol, riche de sa

diversité, ouverte sur le monde quil’entoure. Homme de consensus,combattant le corporatisme, tu as ini-tié, dès les années 80, la création del’inter-consulaire avec les autreschambres. Tu as construit des parte-nariats avec les collectivités territo-riales : communes, Conseil général,Nantes métropole ; convaincu qu’il estindispensable d’avoir des lieuxd’échanges et de confrontation entreles agriculteurs et les autres acteurséconomiques et les citoyens.Conscient des dérives du système libé-ral et de ses conséquences catastro-phiques, tu as su prolonger tonengagement par un autre engagement,politique celui-là, au sein du Conseilrégional et d’un groupe de réflexioneuropéen.

Merci pour tout ce travail, pourtous ces combats, ton témoignagenous invite à continuer sur tes traces.Adieu Henri, adieu l’ami."

Michel Loquet

"Henri, tu viens de quitter cetteterre qui fût pour toi à la fois une raison d’être et un moyen de vivre.Permets-moi de dire que de nombreuxévénements ont été vécus entre nous,surtout dans la vie de la chambred’agriculture.

Ce qui m’a le plus marqué, c’estton énergie, cette détermination à assurer au mieux tes divers engage-ments et rester près des réalités du milieu professionnel. En effet, le tourbillon des responsabilités ne t’apas épargné si bien que tu es arrivé àun point de non-retour. Tout ton environnement connaissait ton régime de croisière : assurer la traitechaque matin avant de partir à la

région, à Paris ou ailleurs. Il y a long-temps que tu avais compris que pourporter les soucis du milieu agricole,défendre les évolutions nécessaires, ilfallait les partager autant que possibleet, comme on dit "ne pas avoir peurde mettre les pieds dans la bouse".

Henri, tu ne m’en voudras pas sij’écris que parfois tes interventionsétaient un peu longues… Mais le niveau de tes raisonnements et ta facilité d’expression nous déconcer-taient certains jours et nous permet-taient en même temps d’élargir notreréflexion. Henri, pour tout cela et biend’autre encore Merci."

Simon Durand

"Avec Henri Baron, l’agriculturedépartementale perd l’un de sesgrands leaders professionnels. Mili-tant infatigable de la cause paysanne,il le fut toute sa vie. Je me souviensque lors du congrès des 10 ans de laConf’ (en 97), je l’avais sollicité pourparticiper à nos premières réunionsretraités. Très pris par ailleurs, il s’estmalgré tout engagé dans la lutte pourdéfendre le sort des retraités agricoles.C’est lui qui, lors d’un séminaire surles retraites rassemblant parlemen-taires, représentants de la profession,organismes sociaux, affrontera l’hos-tilité générale en affirmant publique-ment la nécessité d’instaurer unrégime de retraite complémentairepour les non-salariés agricoles. C’étaitdans l’hiver 97/98 et dès lors, il va enfaire son combat. Avec son compèreYves Abgrall, ils vont frapper à toutesles portes pour proposer, pour

convaincre jusqu’au vote de la loi instaurant la RCO, in extremis, le dernier jour de la dernière session parlementaire du gouvernement Jospin. Voilà un acquis social qui doitlargement à la détermination d’HenriBaron… "

Sylvie Frétigné

Henri écrivait à la dernière page deson livre témoignage « Paysan citoyen », qu’il était « amoureux de lasolitude, du silence des bois et de lacampagne » mais que nombre « dessaisons de sa vie avaient été parfoistrop bruyantes ».

La vie d’Henri a été émaillée dutumulte des actions syndicales, dubrouhaha des grandes assemblées, deséchanges feutrés des cabinets ministé-riels, des joutes oratoires et des batailles pied à pied sur des revendica-tions et amendements… toujours auservice des paysans et du monde rural.

Tous ceux qui ont côtoyé Henri reconnaissent qu’il était un orateurdont la clarté de ses interventions étaitimpressionnante, lorsqu’il disait aucours d’une intervention « je vais y revenir tout à l’heure », il y revenaitsans papier et sans note, il suivait le filclair de sa pensée. Dans sa pratique dudébat, il savait aussi être diplomatetout en sachant où s’arrêtent lesconcessions. Il fut un fin négociateurredouté et respecté dans différents hémicycles dont celui de l’APCA.

Ce qui marquait sa personnalitéégalement, c’était sa curiosité intellec-tuelle, formé à l’école de la JAC iln’était pas idéologue, c’était un pragmatique passionné de technique,la recherche de solutions techniquesfaçonnées par le collectif. C’est au travers des CRACDA, qui sont deve-nues des Maisons Régionales de l’agri-culture sous sa présidence, que s’estexprimé le mieux son attachement autravail de vulgarisation des techniqueset d’accompagnement des agri-culteurs, tout en leur donnant « pignon sur rue » en les ancrant dansles petites régions.

C’était un homme exigeant,d’abord avec lui-même, « lorsqu’onest porteur d’un mandat, on se doit derendre des comptes », avec aussi toujours cette volonté de ne pas s’éloi-gner des préoccupations du terrain,« c’est le terrain qui doit guider nosactions, coûte que coûte ». C’est parcequ’il avait cet ancrage avec la vie parfois rude des paysans, qu’il avaitparticipé avec d’autres à la mise en

place des mutuelles d’entraide au niveau des communes, ou à la chambre à l’accompagnement desagriculteurs en difficultés. La qualitéde vie et la dignité des familles agri-coles faisaient partie de ses attentions,et au début de son mandat de prési-dent de CRDA, un travail sera engagésur les conditions de logement desagriculteurs souvent moins bien lotisque les vaches.

Chacun de nous qui a côtoyéHenri, se souvient de sa simplicité,malgré son CV, il est resté simple etabordable, à l’écoute de chacun. Sansaucun doute parce que tout au long desa carrière il est resté paysan et mili-tant.

Ce sont ces valeurs de solidarité, desimplicité, de respect des autres quiont fait de lui un personnage d’une sacrée dimension habité par un enga-gement d’abord dans l’action syndi-cale puis au service d’un projet à laChambre d’Agriculture, au sein d’uneéquipe, en premier lieu pour mettre enplace une agriculture qui permette auxpaysan(ne)s de vivre décemment deleur métier.

Henri est toujours resté un paysanqui a contribué à façonner l’histoirepaysanne de notre département et dugrand ouest. Cette vie au service de lapaysannerie, il a pu aussi la mener,porté par sa famille et en particulierThérèse, son épouse décédée il y a quatre ans, dont le rôle a été fonda-mental dans ce parcours.

Il ne fait aucun doute, qu’au-delàde ta propre descendance Henri, tunous laisses des repères, des pointsd’ancrages que nous nous devons defaire perdurer dans nos vies de paysan(ne)s militant(e)s etcitoyen(ne)s.

Marie-Noëlle Orain, et Dominique Lebreton

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TÉMOIGNAGES

PAYSAN NANTAIS - 1268 - NOVEMBRE 2013 - 3

"Volontairement, je laisse à d’autres l’évocation de ses périodesd’intenses activités. Je préfère vousfaire partager les quatre dernières années au cours desquelles noscontacts se sont intensifiés. Nosépouses sont décédées en novembre etdécembre 2009. Nous nous trouvionsdans la même situation, nous avonsbeaucoup échangé sur nos vies de couples, nos familles, nos engage-ments… ce qu’avaient Thérèse et Antoinette pour chacun de nous. Jesavais qu’il était un homme de cœur,là je le découvrais dans l’intimité familiale et vraiment, c’était une autredimension.

Alors que sa maladie progressait,j’ai eu souvent le bonheur de visiteravec lui de nombreux amis communs.Henri aimait rencontrer, communi-quer, être attentif à chacun, on peutdire que la chaleur de la relation étaitpour lui très importante et ces derniers temps, elle l’aidait à vivre. Sila forme physique lui faisait défaut, ila toujours conservé sa vivacité d’esprit, je dirais même que sa visionmilitante est restée intacte jusqu’à lafin.".

René Philippot

"Sa proximité politique avec LouisLe Pensec alors ministre de l’agri-culture, associé à la proximité géogra-phique du finistérien Yves Abgrall aabouti à l’adoption d’une retraite minimum pour les paysans(ne)s véritable reconnaissance de leur activité professionnelle en lieu et placedu FNS (Fonds de solidarité Natio-nal). La revalorisation adoptée alorsprévoyait aussi la création de la RCO(retraite complémentaire obligatoire)mise en place ensuite, mais de façonbeaucoup plus restrictive qu'imaginée

par Le Pensec et ses inspirateurs. Lesretraités d'aujourd'hui, anciens petitspaysan(ne)s n’imaginèrent pas ce quel’influence déterminante d’Henri a puapporter de supplément à une retraitecalamiteuse… qui reste néanmoinsbien en deçà de nos attentes ! Au nomde tous les retraités paysans, nous devons rendre un dernier hommage ànotre ami qui avait une soif commu-nicative de justice et d’équité dontnous continuerons de nous inspirer."

Jo Bourgeais

"Parce qu’il l’incarnait à la perfec-tion, il a contribué à faire émergerl’image du « paysan citoyen ». HenriBaron était aussi un homme degauche et un socialiste engagé. Candi-dat aux élections législatives et dépar-tementales, maire de Fercé de 1983 à1995, il a également été conseillé régional des Pays de la Loire de 1998 à2004. C’est donc comme élu de l’op-position de l’époque que j’ai été amenéà le connaître, à découvrir sa passiondu débat politique et la force de ses engagements. Notre région, et sonagriculture, lui doivent énormément.

Je tiens aussi à saluer son engage-ment européen. Peu le savent : HenriBaron a été un Président attentif etmoteur du développement du bureauinterrégional des régions Bretagne,Pays de la Loire et Poitou-Charentes à

Bruxelles. Sa gentillesse comme soninvestissement pour cette fonction bénévole aura marqué ses nombreuxinterlocuteurs."

Jacques Auxiette

"J’ai eu la chance de partager avecHenri Baron un bout de chemin deson long parcours professionnel. Entant que président de la FDSEA puis en1989 sur la liste de la FDSEA à lachambre d’agriculture. J’ai pu consta-ter combien Henri avait su tisser desliens et exprimer ses positions lorsd’interventions toujours écoutéesvoire attendues sur certains sujets difficiles. Connaître la position desminoritaires est utile. Dans un groupestructuré, Henri réunissait ses collègues qui partageaient la même vi-sion de l’agriculture pour travaillerune position et faire avancer ses idéesauprès des décideurs. Ce n’était pastoujours facile, puisque cette institu-

tion était contrôlée voire verrouilléepar les responsables qui avaient exclula FDSEA des ses rangs en 1978.

Henri était un bâtisseur au senspropre du terme puisque les locaux actuels de la chambre d’agricultureont été construits sous sa responsabi-lité : il a su mobiliser les compétenceset les moyens nécessaires à ces réalisa-tions, mais aussi à la création denombreuses structures fédératrices(maisons régionales, 3C44 qui rassemble les chambres de métiers decommerce et d’agriculture,...), consi-dérant que toutes les activités doiventcohabiter en bonne intelligence."

Louis Loreau

"Je voudrais rappeler à quel pointla clarté remarquable de ses analyses,la fermeté des convictions en mêmetemps que la capacité d’écoute, de patience et d’habile pédagogie faisaitmerveille dans ses fonctions d’élulocal, en particulier dans la recherchede consensus dans la constructionprogressive d’une identité et d’unecommunauté de projet du Pays deChâteaubriant… Ces mêmes qualitésont été précieuses dans son engage-ment pour l’Europe, un engagementqui dépassait de beaucoup la maîtrisedes arcanes de la PAC que possède toutresponsable agricole. Henri étaitconvaincu que le développement éco-nomique de notre Grand Ouest, mais

aussi la qualité de notre « vivre « ensemble », étaient nécessairementinscrits dans la réussite de l’aventureeuropéenne. C’est avec passion et ténacité qu’il a su donner l’ampleurnécessaire aux activités de l’Espace Interrégional Européen qui représenteà Bruxelles les régions Bretagne, Paysde la Loire, et Poitou-Charentes. Et ila apporté toute sa sagesse et son expé-rience à la création de la Maison del’Europe à Nantes, qui associe parte-naires institutionnels et société civilepour faire vivre la citoyenneté euro-péenne. Merci à Henri, « paysan citoyen », et aussi citoyen européen !"

Martine Buron

« Henri, le visionnaire,l’homme de devoir »

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