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Hilsenrath : une revue de presse

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Page 1: Hilsenrath : une revue de presse

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Dossier De presse

Page 2: Hilsenrath : une revue de presse

NOUVELLES D'ARMENIE MAGAZINE28 RUE PIERRE BROSSOLETTE92130 ISSY LES MOULINEAUX - 01 58 88 08 12

FEVRIER 12Mensuel

Surface approx. (cm²) : 530

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ATTILA24541031300524/GFP/MCF/2

Eléments de recherche : ÉDITIONS ATTILA : maison d'éditions, passages significatifs

Edgar Hilsenrath ENuit d Edgar Hilsenratb,Editions AttilaTraduit cfe l'allemand par

j Shckan et S Zilberfarb

Survivre dans un ghettoLe Conte de la pensée dernière, sur les événements de 1915, fitconnaître en France Edgar Hilsenrath. Nuit, son premier roman,paraît aujourd'hui en français. Inspire par son expérience dughetto durant la Shoah, il est considéré comme son meilleur livre.

cessifs dans cette région de Transnistriequ'on appelle aussi l'Est roumain trans-formé en un vaste mouroir. Le roman d'Ed-gar Hilsenrath est le récit de la viequotidienne des « habitants » du ghetto deProkov. Habiter est un bien grand mot. Laville est quasiment détruite par les bom-bardements. Chacun des déportés doit setrouver un endroit pour dormir et ne pasen sortir avant le lever du jour, en raisondu couvre-feu. Gare aux rafles des mili-ciens. Les malheureux se cachent dans lesfourrés. Sur la rive du fleuve. Ou entassésles uns sur les autres dans un asile de for-tune. À l'aube, on compte les morts, ceuxqui sont morts de froid, de faim, du typhus.On récupère sur eux tout ce qui pourraitse monnayer contre un quignon de painsec, un sac de farine de maïs, des éplu-chures de pommes de terre. Sur la rue cen-trale, la Pouchkinskala, le rouble, le mark etle lei ont cours. Le Grand Café est un peu laplaque tournante de tous les trafics. Il y aceux qui s'enrichissent en se reconvertis-sant au marché noir. Sans scrupule, ilsescroquent les affamés, tandis que l'obsé-

Nuit. C'est le premier roman d'Edgar Hil-senrath, celui qu'il commence à écrire aulendemain de la Seconde guerre mondiale,sur lequel il travaille pendant des années etdont il retrace la genèse dans Fuck Ame-rica. Toute l'œuvre de l'auteur tend àapprocher de ce trou noir que représentela destruction des Juifs en Europe. La tâcheprogrammatique de l'écriture sera de lecombler. Voilà la trame et la matrice deson œuvre. La nuit donc. Et dans cette nuitil y a un asile, lequel fut d'ailleurs le titred'une première version du roman, L'asilede nuit. C'est là qu'habitent les plus pau-vres parmi les pauvres du ghetto dè Prokov.

Le ghetto de ProkovNous sommes dans les années 1941,1942.Pas loin du front. Le pacte germano sovié-tique est rompu, les troupes soviétiquesont reculé, Odessa est tombée, les troupesallemandes ont avancé jusqu'à l'est duBoug. Les nazis cèdent à la Roumanie, leuralliée, l'administration du territoire situéentre le Boug et le Dniestr. Tous les Juifs deRoumanie sont expulsés par convois suc-

quiosité les gagne quand ils s'adressentaux forces de police. On lorgne sur le bor-del d'en face réserve aux militaires. Régu-lièrement les filles sont envoyées à la mort.En attendant, elles arrivent à se nourrir.Leur sort est presque enviable.

La déchéance humaineDès la première ligne du roman, on estimmergé dans cette nuit sans fin, méta-phore dè la lente agonie d'un peuple. Leghetto est cette zone de non droit où ceuxqui y sont enfermés ne sont pas seulementl'ombre d'eux-mêmes. Ils sont expulsésde l'humanité, rejetés, si avilis dans leurdignité humaine qu'ils ne suscitent ni pitiéni empathie chez leurs semblables, mieuxlotis qu'eux. Edgar Ililsenrath ne philo-sophe pas sur la conception abstraite desdroits de l'homme ni sur la naturehumaine. Il décrit, avec un réalisme et unsens du détail qui ne s'inventent pas, sansfard, sans pudeur, sans tabou et sansoutrance, la survie dans un ghetto. Car lesgens essaient de survivre. À tout prix. Partoutes sortes de combines. Cyniquement.En perdant la foi en Dieu comme Radnek.En la conservant envers et contre toutcomme Deborah. Survivre, ce n'est passeulement être rescapé de la mort plani-fiée, c'est conserver en soi le souvenir de ladéchéance humaine. •

Isabelle Kortian

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80 BOULEVARD AUGUSTE-BLANQUI75707 PARIS CEDEX 13 - 01 57 28 20 00

02 MARS 12Hebdomadaire Paris

Surface approx. (cm²) : 555N° de page : 11

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ATTILA21953641300505/GTG/OTO/1

Eléments de recherche : ÉDITIONS ATTILA : maison d'éditions, passages significatifs

Roman de la Shoah, caustique,cherche éditeur

« Nuit », paru en 19 64 en Allemagne et enfin traduit, est le premier roman d'Edgar Hilsenrath.Crûment inspiré de son enfance dans un ghetto entre 1941 et 1943, le livre a failli ne jamais être publié

PIÏHRE DISHUSSES

C 'est un premierroman Lèpremier d'un auteur qui a maintenantSôans Edgar Hilsenrathl'a écrit tout de suite après laguerre,a2oans-oudu moins

' l'a commence a cet âge, car il ya travaille pendant douze ans, en Allemagne, en France, en Palestine et, enfin, auxEtats Unis Mais la diversité des pays n'obhtere pas l'unité de temps, de lieu et d'actionqui marque ce livre Nous sommes dans latragédie pure, et c'est ce qui trouble tant ala lecture de ce roman de près de 600pages C'est aussi ce qui a trouble les edileurs, qui ont longtemps refuse de lepublier Nuit est fonde sur des faits réels,mais sa façon de rendre compte de l'Holo-causte est iconoclaste tant elle perturbel'image conventionnelle des victimes

Fils de commerçants juifs aises et assimiles, Edgar Hilsenrath naît a Leipzig en1926 En 1938, lorsque la situation des juifsdevient intenable, le père envoie sa femme et ses enfants dans la province roumai-ne de Bucovine, qui a vu naître Celan etRezzon Edgar y passe trois ans qui serontparmi les plus heureux de sa vie II y écritson premier roman, a 14 ans Quand on luidemande pourquoi il n'assimile pas l'allémand a la langue des bourreaux, commebeaucoup d'auteurs persécutes par lenazisme, il repond « C'était la langue des

juifs allemands en Bucovme C'était malangué, la langue de mon enfance »

Enfance brisée par l'entrée en guerre dela Russie contre l'Allemagne en juin 1941Les troupes allemandes envahissent larégion, les déportations commencentEdgar et sa famille passent près detrois ans dans le ghetto de Mogilev-Podolsk, aujourd'hui en Ukraine En 1944,lorsque la ville est libérée par l'Armée rouge, il reste a peine 5 ooo survivants sur les40 ooo juifs du ghetto Dans la confusionde la Liberation, Edgar est sépare des siensApres bien des pérégrinations, il arrive enIsraël, ou il se sent isole II part finalementen France rejoindre son père, qui y a trou-ve refuge

Sans merciSi le sujet du livre est l'enfermement,

l'écriture est une forme de libération del'horreur, de ce qu'Hilsenrath a vécudurant ces années dans le ghetto Mais leroman n'est pas autobiographique pourautant « Tous les personnages sont fictifs »,dit il L'auteur en raconte la genèse dansFuck America (Points), ou il règle aussi sescomptes avec cette Amérique qui a d'abordrefuse I exil a sa famille après l'arnvee d'Hit1er au pouvoir et qui l'a ensuite royalementignore lorsqu'ilest venu y rejoindre son frè-re en 1951 «Pour moi, cette période est un

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Roman de la Shoah, caustique,cherche éditeur

« Nuit », paru en 19 64 en Allemagne et enfin traduit, est le premier roman d'Edgar Hilsenrath.Crûment inspiré de son enfance dans un ghetto entre 1941 et 1943, le livre a failli ne jamais être publié

PIÏHRE DISHUSSES

C 'est un premierroman Lèpremier d'un auteur qui a maintenantSôans Edgar Hilsenrathl'a écrit tout de suite après laguerre,a2oans-oudu moins

' l'a commence a cet âge, car il ya travaille pendant douze ans, en Allemagne, en France, en Palestine et, enfin, auxEtats Unis Mais la diversité des pays n'obhtere pas l'unité de temps, de lieu et d'actionqui marque ce livre Nous sommes dans latragédie pure, et c'est ce qui trouble tant ala lecture de ce roman de près de 600pages C'est aussi ce qui a trouble les edileurs, qui ont longtemps refuse de lepublier Nuit est fonde sur des faits réels,mais sa façon de rendre compte de l'Holo-causte est iconoclaste tant elle perturbel'image conventionnelle des victimes

Fils de commerçants juifs aises et assimiles, Edgar Hilsenrath naît a Leipzig en1926 En 1938, lorsque la situation des juifsdevient intenable, le père envoie sa femme et ses enfants dans la province roumai-ne de Bucovine, qui a vu naître Celan etRezzon Edgar y passe trois ans qui serontparmi les plus heureux de sa vie II y écritson premier roman, a 14 ans Quand on luidemande pourquoi il n'assimile pas l'allémand a la langue des bourreaux, commebeaucoup d'auteurs persécutes par lenazisme, il repond « C'était la langue des

juifs allemands en Bucovme C'était malangué, la langue de mon enfance »

Enfance brisée par l'entrée en guerre dela Russie contre l'Allemagne en juin 1941Les troupes allemandes envahissent larégion, les déportations commencentEdgar et sa famille passent près detrois ans dans le ghetto de Mogilev-Podolsk, aujourd'hui en Ukraine En 1944,lorsque la ville est libérée par l'Armée rouge, il reste a peine 5 ooo survivants sur les40 ooo juifs du ghetto Dans la confusionde la Liberation, Edgar est sépare des siensApres bien des pérégrinations, il arrive enIsraël, ou il se sent isole II part finalementen France rejoindre son père, qui y a trou-ve refuge

Sans merciSi le sujet du livre est l'enfermement,

l'écriture est une forme de libération del'horreur, de ce qu'Hilsenrath a vécudurant ces années dans le ghetto Mais leroman n'est pas autobiographique pourautant « Tous les personnages sont fictifs »,dit il L'auteur en raconte la genèse dansFuck America (Points), ou il règle aussi sescomptes avec cette Amérique qui a d'abordrefuse I exil a sa famille après l'arnvee d'Hit1er au pouvoir et qui l'a ensuite royalementignore lorsqu'ilest venu y rejoindre son frè-re en 1951 «Pour moi, cette période est un

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Roman de la Shoah, caustique,cherche éditeur

« Nuit », paru en 19 64 en Allemagne et enfin traduit, est le premier roman d'Edgar Hilsenrath.Crûment inspiré de son enfance dans un ghetto entre 1941 et 1943, le livre a failli ne jamais être publié

PIÏHRE DISHUSSES

C 'est un premierroman Lèpremier d'un auteur qui a maintenantSôans Edgar Hilsenrathl'a écrit tout de suite après laguerre,a2oans-oudu moins

' l'a commence a cet âge, car il ya travaille pendant douze ans, en Allemagne, en France, en Palestine et, enfin, auxEtats Unis Mais la diversité des pays n'obhtere pas l'unité de temps, de lieu et d'actionqui marque ce livre Nous sommes dans latragédie pure, et c'est ce qui trouble tant ala lecture de ce roman de près de 600pages C'est aussi ce qui a trouble les edileurs, qui ont longtemps refuse de lepublier Nuit est fonde sur des faits réels,mais sa façon de rendre compte de l'Holo-causte est iconoclaste tant elle perturbel'image conventionnelle des victimes

Fils de commerçants juifs aises et assimiles, Edgar Hilsenrath naît a Leipzig en1926 En 1938, lorsque la situation des juifsdevient intenable, le père envoie sa femme et ses enfants dans la province roumai-ne de Bucovine, qui a vu naître Celan etRezzon Edgar y passe trois ans qui serontparmi les plus heureux de sa vie II y écritson premier roman, a 14 ans Quand on luidemande pourquoi il n'assimile pas l'allémand a la langue des bourreaux, commebeaucoup d'auteurs persécutes par lenazisme, il repond « C'était la langue des

juifs allemands en Bucovme C'était malangué, la langue de mon enfance »

Enfance brisée par l'entrée en guerre dela Russie contre l'Allemagne en juin 1941Les troupes allemandes envahissent larégion, les déportations commencentEdgar et sa famille passent près detrois ans dans le ghetto de Mogilev-Podolsk, aujourd'hui en Ukraine En 1944,lorsque la ville est libérée par l'Armée rouge, il reste a peine 5 ooo survivants sur les40 ooo juifs du ghetto Dans la confusionde la Liberation, Edgar est sépare des siensApres bien des pérégrinations, il arrive enIsraël, ou il se sent isole II part finalementen France rejoindre son père, qui y a trou-ve refuge

Sans merciSi le sujet du livre est l'enfermement,

l'écriture est une forme de libération del'horreur, de ce qu'Hilsenrath a vécudurant ces années dans le ghetto Mais leroman n'est pas autobiographique pourautant « Tous les personnages sont fictifs »,dit il L'auteur en raconte la genèse dansFuck America (Points), ou il règle aussi sescomptes avec cette Amérique qui a d'abordrefuse I exil a sa famille après l'arnvee d'Hit1er au pouvoir et qui l'a ensuite royalementignore lorsqu'ilest venu y rejoindre son frè-re en 1951 «Pour moi, cette période est un

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11 RUE BERANGER75154 PARIS - 01 42 76 17 89

16 FEV 12Hebdomadaire Paris

Surface approx. (cm²) : 268N° de page : 7

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Hilsenrath, la nuit des campsLe récit clinique el grinçantde la survie dans un ghcllo

C 7I * »

EDGAR HILSENRATHNuit Traduit de l'allemand parJorg Stickan et Sacha ZilberfarbAttila, 560 pp, 25 €

Nuit, le titre estexact. Empile-ment de corps,promiscuité in-testine, trajets

cent fois labourés, obscuritéde l'esprit et du geste : «Fredest mort au milieu de la nuit.Deborahfut la première à s'enapercevoir. Me monta aussitôtdans le dortoir pour réveillerRanek, qui prit la lampe et lasuivit dans l'entrée. R tira lemort de sous l'escalier et posala lampe par terre, tout près dela tête, de sorte que la lumièretomba sur le visage cireux.Ranek ne contempla pas longtemps son frère, mais pendantquelques secondes le tempssembla s'arrêter. Ce n'est paslui, pensa-t-il, cane peut pasêtre Ml Soudain, c'étaitcomme s'il n'avait jamais vude sa vie le visage d'un mort. »Puis, parce que Fred possèdeune dent en or et que tous leshabitants du dortoir seraientprêts à profaner le cadavrepour la lui arracher, c'estRanek, son propre frère, quidéfonce la bouche de Fred acoups de marteau pour reçupérer la dent. Qu'il échangéra contre un morceau deroquefort, et encore, pas trèsgros, car dans sa précipita-tion, il a brisé l'or et perduune partie de son butin.Bordel. C'est au ghettode Prokov (Mogilev Podolskdans la réalité de Hilsen-rath), en Ukraine, une ville

occupée par les Roumainsaprès la signature du pactegermano-soviétique ettransformée en camp. LesJuifs qui risquent leur pasdans les rues se font rafler.Chacun cherche un abri. Letyphus décime la population.Le héros, Ranek, jeune dé-porté, «arrivé dès octobre 41», a connu les débutsde cet enfer. «A l'époque [...],les luttes les plus acharnéesavaient lieu pour un quignonde pain. C'est plus tard, avecces convois humains arrivantsans cesse de Roumanie, qu'ilavait fallu se battre pour dégo-ter une place où dormir. »II y a donc ce dortoir, qui estla nuit, immense, infinie etclose, monde où les placess'échangent avec les morts,où l'on pousse les maladesdehors pour tenter d'obtenirleur couche. Le jour n'existepas, ou se présente fermé,comme le bordel du coin queles soldats engraissent pourleur plaisir. Hilsenrath, né àLeipzig en 1926, a vécu cequ'il raconte. Survivant,exilé à New York (péripledont il tirera le violent et hi-larant Fuck America en 1980),il met douze ans à écrire cepremier roman qu'est JVocht.La légende veut qu'il l'aitcommencé à Paris, en 1947,et que, au bout de la ving-tième réécriture du début, lalecture d'Arc de triomphe,d'Erich Maria Remarque, luiait soufflé la tonalité et lepoint de vue exact où se calerpour raconter cette épopéede la honte. En effet, si Nuittrouve un éditeur en 1964, enAllemagne, ce n'est pas sans

mal, le directeur marketingde la boîte, rescapé descamps, se refusant à faire lapromotion d'un roman quimontre les victimes sous leurpire jour: «La presse juive estunanime à rejeter le livre»,exagère-t-il dans une noteinterne. C'est plutôt auxEtats-Unis que Hilsenrathconnaîtra la gloire.Cynique. Nuit fait partie deces textes qui fouillent l'âmehumaine sans manichéisme,à l'instar, et sur l'autre ver-sant, de Hans Fallada qui,avec Seul dans Berlin (1946),avait raconté un immeuble(et des cœurs) où cohabitentnazisme et pitié. Le héros deHilsenrath, Ranek, est «ra-tionnel» a la mesure de sesbourreaux. Rire cynique à labouche, il ne voit plus par-tout qu'une mathématiquede la survie à l'œuvre. Ainsi,au début du roman, lorsqu'ildécide de cacher un maladedans la rue afin de lui piquersa place au dortoir :«L'homme n'inspirait aucunepitié à Ranek ; des comme lui,on en voyait tous les jours.N'empêche, il voulait l'aiderd'une façon ou d'une autre,pour au moins lui épargner ladéportation. Là encore, aucunsentimentalisme ; Ranek vou-iait seulement payer l'hommeen retour du profit qu'ils'apprêtait à tirer de sa situa-tion.» Littérature des pariaset de l'abjection, les œuvresde Hilsenrath, à la recherchedu nom d'autrui et de laplace du corps, sonnent aussidu coup parfois très becket-tiennes.

ÉRIC LORET

11 RUE BERANGER75154 PARIS - 01 42 76 17 89

07 OCT 10Hebdomadaire Paris

Surface approx. (cm²) : 300N° de page : 12

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Eléments de recherche : ÉDITIONS ATTILA : maison d'éditions, toutes citations

Le quotidien enquartiers d'Yvert

Par MATHIEU LINDON

rvi

o

LES MATINS

I

n s'est acheté une autotamponneuse.» C'estune notation du 6 oc-tobre 1997 et on peutsupputer qu'il s'agit

d'une automobile qui a déjà vécu uneexistence accidentée plutôt que d'un vé-hicule ludique. Mais c'est le livre entier

t)

qui ressemble à une auto tamponneuseoù plusieurs niveaux de réalités entre-raient en contact. «Aussi, de 1997à 2002, j'ai rempli une boîte de 20cm deprofondeur défiches recto-verso où je con-signais le temps. Ce travail s'est appelé20cm de 4

ème dimension», écrit Fa-

bienne Yvert en introduction à Télesco-pages. Aujourd'hui, cette œuvre d'artcontemporain «devient un livre 'nor-mal'» se situant «entre to boîte à malices,ïa botte à merveilles, la boîte à trésors, laboîte à outils, la boîte de vitesse, la boîteaux lettres, la boîte de nuit, fa boîte ae con-serve [...]-. mise en boîte comme on dit miseen plis». Et c'est la vie quotidienne, passeulement ses événements mais aussi lesréflexions qu'elle suscite, les pensées etles désirs d'apparence les plus banalsmais qui prennent de l'originalité à êtreainsi soulignés, qui en est l'héroïne. Parexemple, en capitales et en caractèresgras (la typographie et la mise en pagesfont une bonne part du charme du li-vre) ; «J'ai envie de prendre toute la placedans le lit. » Télescopages pourrait aussis'appeler «Périscopages» puisque nonseulement des champs divers de per-ception s'y heurtent, mais s'y mêlentaussi ce qui est évident et ce qui est sou-terrain. «Kevin a mis sa cravate pour allervoir Wallace & Gromit. / On a sifflé d'ad-miration devant tant d'élégance en levoyant arriver si ravi. C'était la premièrefois au'fl aïïait au cinéma. / (fl ne savait pasquoi f aire de son ticket)».Née en 1962, Fabienne Yvert, qui s'oc-cupe aussi des éditions Harpo &, vitdans la région de Marseille après avoirvécu au Havre (le travail de Raymond

Page 5: Hilsenrath : une revue de presse

14 BOULEVARD HAUSSMANN75438 PARIS CEDEX 09 - 01 57 08 50 00

05 JANV 12Hebdomadaire Paris

Surface approx. (cm²) : 46N° de page : 6

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Eléments de recherche : ÉDITIONS ATTILA : maison d'éditions, toutes citations

Trouver la question aux réponsesLA BONNE

idéeLES ËDITIONS ATTILA PUBLIENTLIN JOYEUX FLORILEGEDE COURRIERS DES LECTRICESDE « LA MODE ILLUSTREE »De 1860 a 1902 EmmehneRaymond a cree et dirige La Modeillustrée Dans lune des rubriqueselle répondait aux questionsque lui adressaient ses lectricesManquant de place elle faisaitdes reponses lapidaires sansreproduire la question Un jourFabienne Yvert grande chineusede mots et de vieux papiersa trouve ces pages recouvertesde phrases étranges Exemples« On peut dre Modere » « Environ

30 cm en plus » « 5 adressera son confesseur » Séduite elle aconfectionne a partir des numerosparus de 1870 a 1879 un florilègequi paraîtra le 2 fevrierSon editeur Attila a trouveun moyen créatif et ludique depromouvoir I ouvrage Sur le siteemmelinerenseigne blogspot comil propose aux lecteurs nonpas de trouver la réponse auxquestions maîs la questionaux reponses d Emmelme 'A la premiere réponse« Je regrette de ne pas etre unefée » un internaute a propose« Comment foire ecouterles Beach Boys à sa femme ? »

ASTRID DE LARMINAT

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74 AVENUE DU MAINE75682 PARIS CEDEX 14 - 01 44 10 10 10

29 MARS/04 AVR 12Hebdomadaire Paris

OJD : 407855

Surface approx. (cm²) : 180N° de page : 115

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Eléments de recherche : ÉDITIONS ATTILA : maison d'éditions, passages significatifs

Le rire d'HilsenrathUn Primo Levi ricaneur traduitpour la première fois en français.

PAR SOPHIE PUJAS^ rimo Levi et Imre Kertesz ont eu le ton de ne pas sortir

JJ mf de leur expérience personnelle; ce n'est pas de la littéra-^^ ï ture '» La condamnation, sans appel, est d'EdgarHilsenrath. Il faut dire que cet insaisissable écrivain rien estpas à une provocation près. Juif allemand né en 1926, survi-vant d'un ghetto roumain, il ria eu de cesse de traduire l'in-soutenable. Mais toujours au filtre d'un regard iconoclaste etfrondeur. Chez lui, l'humour est une arme de survie. «Je voistoute l'Histoire sous l'angle du grotesque», explique-t-il. « Nuit »,son premier roman, achevé en 1958 après plus de dix ans detravail et traduit pour la première fois en français, est une

plongée dans le ghetto, ses bassesses et safolie tragi-comique. Ce livre très noir l'asauve' de ses propres ténèbres. «En écrivant,je suis sorti de la dépression », raconte-t-il. Il ydépeint une humanité en déroute, sauva-gement égoïste dans l'enfer. Montrer laviolence des victimes entre elles? Son édi-teur, d'abord enthousiaste, mit le livre sous

Edgar Hilsenrath ^e boisseau, de peur des réactions au sein dela communauté juive. «Ce que j'ai dépeint,

ce sont des êtres humains désespérés», proteste le romancier.Qu'à cela ne tienne : il ira plus loin avec son livre suivant,

« Le nazi et le barbier », farce terrible écrite à lafin des années 60,qui mettra des années à trouver un éditeur allemand. L'his-toire d'un bourreau SS qui, après guerre, se fait passer pourjuif... Férocement drôle et incorrect. De même que «FuckAmerica », inspire de ses déboires d'apprenti écrivain au paysde l'Oncle Sam, au lendemain de la guerre. Le narrateur a deuxobsessions : écrire un livre sur ses années dans le ghetto et as-souvir les fantasmes suscités par les belles Yankees. «Rendez-vous compte, je ne pouvais pas me permettre de sortir avec ces Amé-ricaines si exigeantes, se lamente encore Hilsenrath soixanteans plus tard : U m'aurait fallu IQ dollars rien que pour les invitera. prendre un verre, et je n'avais pas un sou!» Autre déceptionaméricaine, sa rencontre avec Preminger, qui lui aurait ditavoir aimé « Le nazi et le barbier ». Dans l'espoir d'être adaptépar le cinéaste, Hilsenrath écrit en quinze jours « Orgasme àMoscou» -une épopée sulfureuse sur fond de guerre froide,où la fille d'un puissant mafieux américain tente de récupérerun amant coincé de l'autre côté du rideau de fer... Premingerne donna pas suite - et Hilsenrath s'envola pour Berlin, où il

1 vit encore aujourd'hui. La traduction française devrait paraî-5 tre à l'automne. Rires grinçants en perspective •zLU

jj « Nuit », traduit de l'allemand par Jorg Stickan et Sacha Zilberfarb (éditionsz Attila,560p,25e)2 « Le nazi et le barbier », traduit de l'allemand par Jorg Stickan et Sacha3 Zilberfarb (Points, 504 p., 8 €)

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Le rire d'HilsenrathUn Primo Levi ricaneur traduitpour la première fois en français.

PAR SOPHIE PUJAS^ rimo Levi et Imre Kertesz ont eu le ton de ne pas sortir

JJ mf de leur expérience personnelle; ce n'est pas de la littéra-^^ ï ture '» La condamnation, sans appel, est d'EdgarHilsenrath. Il faut dire que cet insaisissable écrivain rien estpas à une provocation près. Juif allemand né en 1926, survi-vant d'un ghetto roumain, il ria eu de cesse de traduire l'in-soutenable. Mais toujours au filtre d'un regard iconoclaste etfrondeur. Chez lui, l'humour est une arme de survie. «Je voistoute l'Histoire sous l'angle du grotesque», explique-t-il. « Nuit »,son premier roman, achevé en 1958 après plus de dix ans detravail et traduit pour la première fois en français, est une

plongée dans le ghetto, ses bassesses et safolie tragi-comique. Ce livre très noir l'asauve' de ses propres ténèbres. «En écrivant,je suis sorti de la dépression », raconte-t-il. Il ydépeint une humanité en déroute, sauva-gement égoïste dans l'enfer. Montrer laviolence des victimes entre elles? Son édi-teur, d'abord enthousiaste, mit le livre sous

Edgar Hilsenrath ^e boisseau, de peur des réactions au sein dela communauté juive. «Ce que j'ai dépeint,

ce sont des êtres humains désespérés», proteste le romancier.Qu'à cela ne tienne : il ira plus loin avec son livre suivant,

« Le nazi et le barbier », farce terrible écrite à lafin des années 60,qui mettra des années à trouver un éditeur allemand. L'his-toire d'un bourreau SS qui, après guerre, se fait passer pourjuif... Férocement drôle et incorrect. De même que «FuckAmerica », inspire de ses déboires d'apprenti écrivain au paysde l'Oncle Sam, au lendemain de la guerre. Le narrateur a deuxobsessions : écrire un livre sur ses années dans le ghetto et as-souvir les fantasmes suscités par les belles Yankees. «Rendez-vous compte, je ne pouvais pas me permettre de sortir avec ces Amé-ricaines si exigeantes, se lamente encore Hilsenrath soixanteans plus tard : U m'aurait fallu IQ dollars rien que pour les invitera. prendre un verre, et je n'avais pas un sou!» Autre déceptionaméricaine, sa rencontre avec Preminger, qui lui aurait ditavoir aimé « Le nazi et le barbier ». Dans l'espoir d'être adaptépar le cinéaste, Hilsenrath écrit en quinze jours « Orgasme àMoscou» -une épopée sulfureuse sur fond de guerre froide,où la fille d'un puissant mafieux américain tente de récupérerun amant coincé de l'autre côté du rideau de fer... Premingerne donna pas suite - et Hilsenrath s'envola pour Berlin, où il

1 vit encore aujourd'hui. La traduction française devrait paraî-5 tre à l'automne. Rires grinçants en perspective •zLU

jj « Nuit », traduit de l'allemand par Jorg Stickan et Sacha Zilberfarb (éditionsz Attila,560p,25e)2 « Le nazi et le barbier », traduit de l'allemand par Jorg Stickan et Sacha3 Zilberfarb (Points, 504 p., 8 €)

Page 7: Hilsenrath : une revue de presse

24 RUE SAINT SABIN75011 PARIS - 01 42 44 16 16

08/14 FEV 12Hebdomadaire Paris

OJD : 35600

Surface approx. (cm²) : 275N° de page : 99

Page 1/1

ATTILA27554911300504/GCP/ARN/2

Eléments de recherche : ÉDITIONS ATTILA : maison d'éditions, passages significatifs

si ce sont des hommesUne plongée dans l'horreur du ghetto, matrice de l'œuvre d'Edgar Hitsenrath.Le premier roman de l'écrivain allemand est enfin traduit en français. Suffocant.

Trop. Edgar Hilsenrath a toujoursété 'trop" : trop irrévérencieux, tropburlesque, trop Lucide En 1980,son Livre Fuck America, satire acide

de sa vie de cLodo aux Etats-Unis, ne trouvepas d'éditeur en ALlemagne Car Hilsenrath,Juif né à Leipzig en 1926 qui a survécuà quatre années dans un ghetto roumainpendant la Seconde Guerre mondiale,avait le mauvais goût de rire pour parlerde I horreur Dans Fuck America, JakobBronsky, le héros, son double, tente, entredeux petits boulots avilissants, d'écrireun livre qui raconterait la guerre, les nazis...

Ce livre, e est Nuit, le premier romand Edgar Hilsenrath, qui a suscité lescandale lors de sa parution en Allemagneen 1964. Il fut jugé trop cru Trop noir'Les Allemands cherchent à se racheteren idéalisant les Juifs Maîs les Juifs du ghettoétaient aussi imparfaits que n'importequel autre être humain On rn 'a reproché deles décrire comme des êtres vils et misérablesJe réponds a ces critiques en disant que cene sont pas les Juifs que je décris dans Nuit,seulement la misère du ghetto", expliquaitl'écrivain en 2005 dans une interviewau magazine Der Spiegel

Dans ce livre suffocant d'un bout à l'autre,Hilsenrath tient la chronique "outrenoire"de la vie des "pauvres parmi les pauvresdu ghetto", ceux qui n'ont plus rienà troquer au marché noir, se nourrissentd'épluchures de pommes de terreet trouvent refuge à l'asile de nuit où l'ons'entasse les uns sur les autres et où l'onattend que son voisin moribond succombeenfin pour prendre sa place Parmi eux,

Ranek Pour survivre, il sait qu'il doits'abstraire de tout sentiment, faire commesi sa vie d'avant n'avait jamais existe,celle auprès de ses parents, de son frèreet de sa belle-sœur si douce, DeborahVoler les chaussures d'un malade, arracherla dent en or sur le cadavre de son proprefrère Ces sacrilèges n en sont plusEn revanche, il refuse de rejoindre la policejuive, malgré la promesse d'un meilleurtraitement Comme il I entend en rêve,"// n'y a plus de shabbat, il n'y a plus de Loi "

Au milieu des décombres, les rues n'ontplus de noms ll ne subsiste que la ruePouchkmskaia, avec son café, son salonde coiffure, son bazar et son bordelErsatz de vie malade, presque grotesque"Le crépuscule tombait Encore un jourabsurde qui touchait à sa fin " Encoreun jour gagné sur la faim, le typhus etles rafles. Edgar Hilsenrath porte surces ruines et les ombres qui les peuplentun regard sans pitié D'une écriturefroide et monochrome, il décrit la lentedéshumanisation à laquelle tentent derésister les prisonniers du ghetto, jusqu àleur dernier souffle Pas d'outrances.Seulement la réalité brute, insoutenableElisabeth Philippe

Edpr Nuit (Attila], traduitde lallemand par Jorg Stickanet Sacha Zilberfarb,560 pages, 25 €

24 RUE SAINT SABIN75011 PARIS - 01 42 44 16 16

08/14 FEV 12Hebdomadaire Paris

OJD : 35600

Surface approx. (cm²) : 275N° de page : 99

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Eléments de recherche : ÉDITIONS ATTILA : maison d'éditions, passages significatifs

si ce sont des hommesUne plongée dans l'horreur du ghetto, matrice de l'œuvre d'Edgar Hitsenrath.Le premier roman de l'écrivain allemand est enfin traduit en français. Suffocant.

Trop. Edgar Hilsenrath a toujoursété 'trop" : trop irrévérencieux, tropburlesque, trop Lucide En 1980,son Livre Fuck America, satire acide

de sa vie de cLodo aux Etats-Unis, ne trouvepas d'éditeur en ALlemagne Car Hilsenrath,Juif né à Leipzig en 1926 qui a survécuà quatre années dans un ghetto roumainpendant la Seconde Guerre mondiale,avait le mauvais goût de rire pour parlerde I horreur Dans Fuck America, JakobBronsky, le héros, son double, tente, entredeux petits boulots avilissants, d'écrireun livre qui raconterait la guerre, les nazis...

Ce livre, e est Nuit, le premier romand Edgar Hilsenrath, qui a suscité lescandale lors de sa parution en Allemagneen 1964. Il fut jugé trop cru Trop noir'Les Allemands cherchent à se racheteren idéalisant les Juifs Maîs les Juifs du ghettoétaient aussi imparfaits que n'importequel autre être humain On rn 'a reproché deles décrire comme des êtres vils et misérablesJe réponds a ces critiques en disant que cene sont pas les Juifs que je décris dans Nuit,seulement la misère du ghetto", expliquaitl'écrivain en 2005 dans une interviewau magazine Der Spiegel

Dans ce livre suffocant d'un bout à l'autre,Hilsenrath tient la chronique "outrenoire"de la vie des "pauvres parmi les pauvresdu ghetto", ceux qui n'ont plus rienà troquer au marché noir, se nourrissentd'épluchures de pommes de terreet trouvent refuge à l'asile de nuit où l'ons'entasse les uns sur les autres et où l'onattend que son voisin moribond succombeenfin pour prendre sa place Parmi eux,

Ranek Pour survivre, il sait qu'il doits'abstraire de tout sentiment, faire commesi sa vie d'avant n'avait jamais existe,celle auprès de ses parents, de son frèreet de sa belle-sœur si douce, DeborahVoler les chaussures d'un malade, arracherla dent en or sur le cadavre de son proprefrère Ces sacrilèges n en sont plusEn revanche, il refuse de rejoindre la policejuive, malgré la promesse d'un meilleurtraitement Comme il I entend en rêve,"// n'y a plus de shabbat, il n'y a plus de Loi "

Au milieu des décombres, les rues n'ontplus de noms ll ne subsiste que la ruePouchkmskaia, avec son café, son salonde coiffure, son bazar et son bordelErsatz de vie malade, presque grotesque"Le crépuscule tombait Encore un jourabsurde qui touchait à sa fin " Encoreun jour gagné sur la faim, le typhus etles rafles. Edgar Hilsenrath porte surces ruines et les ombres qui les peuplentun regard sans pitié D'une écriturefroide et monochrome, il décrit la lentedéshumanisation à laquelle tentent derésister les prisonniers du ghetto, jusqu àleur dernier souffle Pas d'outrances.Seulement la réalité brute, insoutenableElisabeth Philippe

Edpr Nuit (Attila], traduitde lallemand par Jorg Stickanet Sacha Zilberfarb,560 pages, 25 €

Page 8: Hilsenrath : une revue de presse

18 RUE GUILLAUME PELLICIER34004 MONTPELLIER CEDEX 1 - 04 67 92 29 33

MARS 12Mensuel

Surface approx. (cm²) : 449

Page 1/1

ATTILA22235061300501/GFS/ALZ/2

Eléments de recherche : ÉDITIONS ATTILA : maison d'éditions, passages significatifs

Une fin sans finAu-delà du témoignage, en une mécanique de précision de l'horreur,Hilsenrath nous confronte au martyre : l'épreuve de la survie.

R anek savait que ce ne serait pa* unemince affaire d'arracher la dent Labouche de Fred était rigide comme duvieux bois, et les levres serrées comme

s'il avait su dans son dernier souffle qu'on es-saierait de la lm voler ( ) Ranek ne fut paslong, a reflechir II alla dam la cour chercher lemarteau Au début, Deborah ne s'était pas in-terposée Elle l'avait observe en silence pendantqu'il inspectait, visage ferme, la bouche du mortMaîs lorsqu'il revint de la cour et se mit a forcerles levres récalcitrantes a coups de marteau, dies'agrippa a son bras en pleurant pour l'empêcherde profaner le mort II lutta un moment avec elle,quand tout a coup eue lâcha prise et s'effondrapar terre a côte du corps ( ) Ayant de nouveau les coudées franches il poursuivit son travad Les levres défoncées de Fred devenaientsous ses coups de la bouillie sanglanteFred est le frere de Ranek, Deborah estl'épouse de Fred, la belle soeur de Ranekdonc Nous sommes a Prokov, en 1942,dans cette Transmstne appartenant hier al'Ukraine, aujourd'hui occupée par les Roumains allies d'Hitler, qui y relèguent leursjuifs, en attente d'extermination Noussommes dans le ghetto Ranek, Fred et Deborah sont donc juifs, et juifs, autour d'eux,les prostituées, les trafiquants, les policiers,

les mendiants, les malades du ty-phus, les enfants encore innocents, les femmes enceintes quidoivent avorter, les nourrissons qui meu-rent pendus a des seins mutiles La faim, eneffet, est devenue l'obsession, la seule raison de vivre - et de mourir plus encoreChacun, a l'aube de chaque jour, a l'issuede nuits trop courtes hantées des visions dela vie d'autrefois, définitivement perduedoit affronter cette question comment cejour ci encore, trouver de quoi manger, afinde survivre, respirer encore jusqu'à la nuitsuivante ' D'un hiver l'autre, nous suivonsRanek, meticuleusement, quelquefoiscomme en temps reel, heure apres heure, mi-nute apres minute parfois Comme colles alui, englues avec lui dans cette resistance ala fois ignoble et admirable, nous supputons la plus minable combine, anticiponsles ruses et les humiliations nécessaires, pa-taugeons dans la neige fondue en boue, res-pirons l'air attendri maîs désespérant duprintemps, suffoquons dans la poussière del'été, perdons nos chaussettes russes, amas detissus et de papiers a nos pieds blesses, dansle gel < Cette dent, e est de la vie > et il fautdonc bien l'arracher, même de la bouched'un frere mort, pour ensuite la troquer

contre un croûton de pam, quèlques poi-gnees de farine, ou ce morceau de roque-fort (sic) durci qui, a ce qu'on raconte, estvenu jusqu'ici, en une odyssée mvraisemblable, de BucarestHilsenrath (ne en 1926), lui, a vécu dansun tel ghetto, avec sa mere, son frere et sononcle, y a survécu Des 1945, fuyant ceslieux maudits, il se dirige vers l'Ouest,jusqu'aux Etats Unis, et n'a qu'une idéeécrire, décrire ce dont ll vient de faire Texpenence terrifiante II lui faut douze anspour mettre en forme ces centaines depages Apres d'autres épreuves, il parvient atrouver un editeur en Allemagne Las ' ledirecteur marketing de la maison d'éditiondénonce lui-même le caractère « nuisible «de l'œuvre - qui tombe dans l'oubli C'estque bien avant la polémique que susciteront les accusations d'Hannah Arendt,dans Eichmann a Jerusalem, contre la collusion des certains responsables juifs (les ludémâte) avec la machine d'exterminationallemande, Hilsenrath élabore une pein-ture des juifs bien éloignée d'un hagiographique martyrologe Nul jugement pourtant ici, rien que l 'objectivité d'unentomologiste observant les mœurs d'uneclasse nouvelle d'insectes qu'il s'agisse dejuifs n'importe pas, nous nous comporte-rions sans doute tous ainsi, s'il nous arri-vait d'être jetés dans une semblable nuit,quelles que soient notre couleur de peau,notre religion, notre idéologie politique

Comme dans les pages« Cette dent, les plus fortes de Kafka

c'est de la vie ».mar vécu, insoutenable et fascinant a lafois, naît du réalisme le plus pointilleux, del'alternance des points de vue, du retraitquasiment total du narrateur qui jamaisn intervient Quèlques discrets monologues interieurs viennent parfois en echod'événements plus marquants ou éclairentdes dilemmes particulièrement atroces Lesdialogues, quant a eux sont d'une efficacitéremarquable, d'une netteté, d'un tranchantqui bouleverse Ecoutons donc ces voixressusutees

Jc ne regarde pas en amen C'est fini tout çaJe ne vous croîs pas Les souvenirs sont plus

forts que nous -Je les chasse - On peut Maîspas toujours ll réfléchit un instant Puis il ditVous avez raison, on ne peut jamais les effacercomplètement Hy a des moments ou tout ressurgti comme si vous étiez attache sur une table detorture et que les images se penchent sur vous enricanant Seuls les morts n'ont pas de souvenirEs ont tout oublie »

Thierry Cecille

NUIT D EDGAR HILSENRATHTraduit de I allemand par Jorg Stickan et SachaZilberfarb, Attila, 557 pages 256

18 RUE GUILLAUME PELLICIER34004 MONTPELLIER CEDEX 1 - 04 67 92 29 33

MARS 12Mensuel

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Une fin sans finAu-delà du témoignage, en une mécanique de précision de l'horreur,Hilsenrath nous confronte au martyre : l'épreuve de la survie.

R anek savait que ce ne serait pa* unemince affaire d'arracher la dent Labouche de Fred était rigide comme duvieux bois, et les levres serrées comme

s'il avait su dans son dernier souffle qu'on es-saierait de la lm voler ( ) Ranek ne fut paslong, a reflechir II alla dam la cour chercher lemarteau Au début, Deborah ne s'était pas in-terposée Elle l'avait observe en silence pendantqu'il inspectait, visage ferme, la bouche du mortMaîs lorsqu'il revint de la cour et se mit a forcerles levres récalcitrantes a coups de marteau, dies'agrippa a son bras en pleurant pour l'empêcherde profaner le mort II lutta un moment avec elle,quand tout a coup eue lâcha prise et s'effondrapar terre a côte du corps ( ) Ayant de nouveau les coudées franches il poursuivit son travad Les levres défoncées de Fred devenaientsous ses coups de la bouillie sanglanteFred est le frere de Ranek, Deborah estl'épouse de Fred, la belle soeur de Ranekdonc Nous sommes a Prokov, en 1942,dans cette Transmstne appartenant hier al'Ukraine, aujourd'hui occupée par les Roumains allies d'Hitler, qui y relèguent leursjuifs, en attente d'extermination Noussommes dans le ghetto Ranek, Fred et Deborah sont donc juifs, et juifs, autour d'eux,les prostituées, les trafiquants, les policiers,

les mendiants, les malades du ty-phus, les enfants encore innocents, les femmes enceintes quidoivent avorter, les nourrissons qui meu-rent pendus a des seins mutiles La faim, eneffet, est devenue l'obsession, la seule raison de vivre - et de mourir plus encoreChacun, a l'aube de chaque jour, a l'issuede nuits trop courtes hantées des visions dela vie d'autrefois, définitivement perduedoit affronter cette question comment cejour ci encore, trouver de quoi manger, afinde survivre, respirer encore jusqu'à la nuitsuivante ' D'un hiver l'autre, nous suivonsRanek, meticuleusement, quelquefoiscomme en temps reel, heure apres heure, mi-nute apres minute parfois Comme colles alui, englues avec lui dans cette resistance ala fois ignoble et admirable, nous supputons la plus minable combine, anticiponsles ruses et les humiliations nécessaires, pa-taugeons dans la neige fondue en boue, res-pirons l'air attendri maîs désespérant duprintemps, suffoquons dans la poussière del'été, perdons nos chaussettes russes, amas detissus et de papiers a nos pieds blesses, dansle gel < Cette dent, e est de la vie > et il fautdonc bien l'arracher, même de la bouched'un frere mort, pour ensuite la troquer

contre un croûton de pam, quèlques poi-gnees de farine, ou ce morceau de roque-fort (sic) durci qui, a ce qu'on raconte, estvenu jusqu'ici, en une odyssée mvraisemblable, de BucarestHilsenrath (ne en 1926), lui, a vécu dansun tel ghetto, avec sa mere, son frere et sononcle, y a survécu Des 1945, fuyant ceslieux maudits, il se dirige vers l'Ouest,jusqu'aux Etats Unis, et n'a qu'une idéeécrire, décrire ce dont ll vient de faire Texpenence terrifiante II lui faut douze anspour mettre en forme ces centaines depages Apres d'autres épreuves, il parvient atrouver un editeur en Allemagne Las ' ledirecteur marketing de la maison d'éditiondénonce lui-même le caractère « nuisible «de l'œuvre - qui tombe dans l'oubli C'estque bien avant la polémique que susciteront les accusations d'Hannah Arendt,dans Eichmann a Jerusalem, contre la collusion des certains responsables juifs (les ludémâte) avec la machine d'exterminationallemande, Hilsenrath élabore une pein-ture des juifs bien éloignée d'un hagiographique martyrologe Nul jugement pourtant ici, rien que l 'objectivité d'unentomologiste observant les mœurs d'uneclasse nouvelle d'insectes qu'il s'agisse dejuifs n'importe pas, nous nous comporte-rions sans doute tous ainsi, s'il nous arri-vait d'être jetés dans une semblable nuit,quelles que soient notre couleur de peau,notre religion, notre idéologie politique

Comme dans les pages« Cette dent, les plus fortes de Kafka

c'est de la vie ».mar vécu, insoutenable et fascinant a lafois, naît du réalisme le plus pointilleux, del'alternance des points de vue, du retraitquasiment total du narrateur qui jamaisn intervient Quèlques discrets monologues interieurs viennent parfois en echod'événements plus marquants ou éclairentdes dilemmes particulièrement atroces Lesdialogues, quant a eux sont d'une efficacitéremarquable, d'une netteté, d'un tranchantqui bouleverse Ecoutons donc ces voixressusutees

Jc ne regarde pas en amen C'est fini tout çaJe ne vous croîs pas Les souvenirs sont plus

forts que nous -Je les chasse - On peut Maîspas toujours ll réfléchit un instant Puis il ditVous avez raison, on ne peut jamais les effacercomplètement Hy a des moments ou tout ressurgti comme si vous étiez attache sur une table detorture et que les images se penchent sur vous enricanant Seuls les morts n'ont pas de souvenirEs ont tout oublie »

Thierry Cecille

NUIT D EDGAR HILSENRATHTraduit de I allemand par Jorg Stickan et SachaZilberfarb, Attila, 557 pages 256

Page 9: Hilsenrath : une revue de presse

135 RUE SAINT MARTIN75194 PARIS CEDEX 04 - 01 48 87 48 58

01/15 AVR 12biMensuel

Surface approx. (cm²) : 1180N° de page : 4-5

Page 1/4

ATTILA21081681300503/GNK/OTO/3

Eléments de recherche : ÉDITIONS ATTILA : maison d'éditions, passages significatifs

La longue nuit du ghettoÉcrits après de cinquante ans de distance, deux romans qui font se déployerdes stratégies narratives et esthétiques différentes pour rendre compte de lapérennité de la violence, de son extrémité absurde, de la survie traumatique,de la barbarie totale. Une plongée sidérante au cœur d'une nuit sans fin...

I

EDGAR HILSENRATHNUITtrad. de l'allemand par Jôrg Stickanet Sacha ZilberfarbAttila, 560 p., 25 €

STEVE SEM-SANDBERGLES DÉPOSSÉDÉStrad. du suédois par Johanna Chatellard-SchapiraRobert Laffont, coll « Pavillons », 592 p., 22 €

Lodz, 1940. Les nazis rassemblent les Juifsdans un ghetto en vue de leur extermination

prochaine. « Plat comme un couvercle demarmite, le ghetto s'étire entre le gris d'un cield'orage et la terre, couleur béton. En l'absencede tout obstacle géographique, il pourrait s'éten-dre à l'infini », écnt Sem-Sandberg en nous yintroduisant avec brutalité, comme pour en sou-ligner l'hermétisme et la désolation, en dire lanature expansive en même temps que radicale-ment restreinte, immédiatement nous plongerdans « la vie à l'intérieur de la clôture ». Uneexistence réglée, empêchée, réduite, dont ilsconfient la direction à « une administrationautonome juive » chargée d'en établir les règlesinternes et d'y maintenir un ordre artificiel.

La tâche en échoit à Chaim Rumkowski, per-sonnage complexe, ancien placeur en assurances,qui, tout à coup, se voit propulser au rang de pré-sident du conseil juif qui organise le ghetto selonle modèle d'une cité ouvrière parfaitementefficace. Il tient là, entre ses mains, une manière

HUGO PRADELLE

EDGARHILSENRATH

135 RUE SAINT MARTIN75194 PARIS CEDEX 04 - 01 48 87 48 58

01/15 AVR 12biMensuel

Surface approx. (cm²) : 1180N° de page : 4-5

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ATTILA21081681300503/GNK/OTO/3

Eléments de recherche : ÉDITIONS ATTILA : maison d'éditions, passages significatifs

La longue nuit du ghettoÉcrits après de cinquante ans de distance, deux romans qui font se déployerdes stratégies narratives et esthétiques différentes pour rendre compte de lapérennité de la violence, de son extrémité absurde, de la survie traumatique,de la barbarie totale. Une plongée sidérante au cœur d'une nuit sans fin...

I

EDGAR HILSENRATHNUITtrad. de l'allemand par Jôrg Stickanet Sacha ZilberfarbAttila, 560 p., 25 €

STEVE SEM-SANDBERGLES DÉPOSSÉDÉStrad. du suédois par Johanna Chatellard-SchapiraRobert Laffont, coll « Pavillons », 592 p., 22 €

Lodz, 1940. Les nazis rassemblent les Juifsdans un ghetto en vue de leur extermination

prochaine. « Plat comme un couvercle demarmite, le ghetto s'étire entre le gris d'un cield'orage et la terre, couleur béton. En l'absencede tout obstacle géographique, il pourrait s'éten-dre à l'infini », écnt Sem-Sandberg en nous yintroduisant avec brutalité, comme pour en sou-ligner l'hermétisme et la désolation, en dire lanature expansive en même temps que radicale-ment restreinte, immédiatement nous plongerdans « la vie à l'intérieur de la clôture ». Uneexistence réglée, empêchée, réduite, dont ilsconfient la direction à « une administrationautonome juive » chargée d'en établir les règlesinternes et d'y maintenir un ordre artificiel.

La tâche en échoit à Chaim Rumkowski, per-sonnage complexe, ancien placeur en assurances,qui, tout à coup, se voit propulser au rang de pré-sident du conseil juif qui organise le ghetto selonle modèle d'une cité ouvrière parfaitementefficace. Il tient là, entre ses mains, une manière

HUGO PRADELLE

EDGARHILSENRATH

Page 10: Hilsenrath : une revue de presse

3-5 RUE DE METZ75010 PARIS - 01 44 83 82 82

02 FEV 12Hebdomadaire Paris

Surface approx. (cm²) : 291N° de page : 26

Page 1/1

ATTILA24208811300524/GTA/ART/2

Eléments de recherche : ÉDITIONS ATTILA : maison d'éditions, passages significatifs

Roman Le Ghetto au vitriolL'écrivain allemand Edgar Hilsenrath confirme son immense talent dans Nuit,son troisième ouvrage publié en français. Agnès Noël

Huit, Edgar Hilsenrath, Attila, 532 p , 26 €

Q uand Edgar Hilsenrath s'attaqueà la Shoah, oubliez les belles his-toires du genre Le Pianiste deRoman Polanski ou La vie estbelle de Roberto Begnini. Ici,

point de scène de bravoure et d'empathie;pour Hilsenrath, l'homme est un loup pourl'homme, surtout dans un ghetto. Il est vraique l'écrivain allemand, lui-même rescapédu génocide juif, a quèlques précédents.Il a déjà démoli le rêve américain dans sonlivre Fuck américa (2009) décrivant la galèred'un immigrant, Jacob Bronsky, sorte deBandini à la sauce juive. C'est aussi lui qui,dans Le Nazi et le Barbier (traduit en fran-çais 2010), a osé raconter, trente ans avantLes Bienveillantes, la Shoah vue par unbourreau, imaginant le destin d'un naziqui, suprême insolence, usurpera l'iden-tité d'un juif pour survivre et deviendrasioniste.

Nuit, son premier livre, est donc réédité auxéditions Attila. Sa première sortie en Alle-magne en 1964 avait été esca-motée par son propre éditeurpar peur des réactions négativesdu public. À la lecture, on com-prend pourquoi. C'est d'un por-trait au vitriol dont il s'agit. Ici,les fils de Sion ne sont plus seu-lement des persécutés maisavant tout des personnages dépourvus detoute humanité, qui volent, trafiquent,subornent, bref, sont fort peu fréquentables.La crudité du propos est encore accentuée

«L'homme estun loup pourl'homme, surtoutdans un ghetto.»

par le style sobre et réaliste de l'auteur, loindu ton burlesque de ses deux autres romanspubliés en France. Caricature antisémite ?Pas vraiment. Plutôt une étude sans com-plaisance sur le fond de la misère humaine.Dans Nuit, nous sommes dans le ghetto

de Prokov, en Ukraine, en 1942.Les nazis ne sont pas présents,à peine évoqués dans lesconversations des protago-nistes. Le jeune Ranek essayede survivre comme il peut, sedébrouillant pour trouver unpeu de nourriture, rapiner des

vêtements, dégoter un endroit où dormirà l'abri des rafles des soldats, en bannis-sant tout sentiment humain qui pourraitl'attendrir. Car telle est l'une des pires consé-

quences de la misère : toute humanité adisparu du ghetto au profit de l'instinctde survie. L'amitié et l'amour ne tiennentplus face à la perspective de quèlques jourssupplémentaires d'existence.Ranek n'hésite pas à voler les chaussuresd'un homme mourant pour les troquercontre un peu de pain, défonce sans pitiéla mâchoire de son propre frère pour récu-pérer ses dents en or. Malgré tout, au milieude cet univers barbare et désespérant, cettefichue humanité résiste encore en lui à tra-vers son amour pour Deborah, sa belle-sœur. Et ce n'est probablement pas un ha-sard si celle-ci, un des rares personnagesayant encore de la compassion pour lesautres, est aussi une des seules à survivre àla fin du roman. •

3-5 RUE DE METZ75010 PARIS - 01 44 83 82 82

02 FEV 12Hebdomadaire Paris

Surface approx. (cm²) : 291N° de page : 26

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Eléments de recherche : ÉDITIONS ATTILA : maison d'éditions, passages significatifs

Roman Le Ghetto au vitriolL'écrivain allemand Edgar Hilsenrath confirme son immense talent dans Nuit,son troisième ouvrage publié en français. Agnès Noël

Huit, Edgar Hilsenrath, Attila, 532 p , 26 €

Q uand Edgar Hilsenrath s'attaqueà la Shoah, oubliez les belles his-toires du genre Le Pianiste deRoman Polanski ou La vie estbelle de Roberto Begnini. Ici,

point de scène de bravoure et d'empathie;pour Hilsenrath, l'homme est un loup pourl'homme, surtout dans un ghetto. Il est vraique l'écrivain allemand, lui-même rescapédu génocide juif, a quèlques précédents.Il a déjà démoli le rêve américain dans sonlivre Fuck américa (2009) décrivant la galèred'un immigrant, Jacob Bronsky, sorte deBandini à la sauce juive. C'est aussi lui qui,dans Le Nazi et le Barbier (traduit en fran-çais 2010), a osé raconter, trente ans avantLes Bienveillantes, la Shoah vue par unbourreau, imaginant le destin d'un naziqui, suprême insolence, usurpera l'iden-tité d'un juif pour survivre et deviendrasioniste.

Nuit, son premier livre, est donc réédité auxéditions Attila. Sa première sortie en Alle-magne en 1964 avait été esca-motée par son propre éditeurpar peur des réactions négativesdu public. À la lecture, on com-prend pourquoi. C'est d'un por-trait au vitriol dont il s'agit. Ici,les fils de Sion ne sont plus seu-lement des persécutés maisavant tout des personnages dépourvus detoute humanité, qui volent, trafiquent,subornent, bref, sont fort peu fréquentables.La crudité du propos est encore accentuée

«L'homme estun loup pourl'homme, surtoutdans un ghetto.»

par le style sobre et réaliste de l'auteur, loindu ton burlesque de ses deux autres romanspubliés en France. Caricature antisémite ?Pas vraiment. Plutôt une étude sans com-plaisance sur le fond de la misère humaine.Dans Nuit, nous sommes dans le ghetto

de Prokov, en Ukraine, en 1942.Les nazis ne sont pas présents,à peine évoqués dans lesconversations des protago-nistes. Le jeune Ranek essayede survivre comme il peut, sedébrouillant pour trouver unpeu de nourriture, rapiner des

vêtements, dégoter un endroit où dormirà l'abri des rafles des soldats, en bannis-sant tout sentiment humain qui pourraitl'attendrir. Car telle est l'une des pires consé-

quences de la misère : toute humanité adisparu du ghetto au profit de l'instinctde survie. L'amitié et l'amour ne tiennentplus face à la perspective de quèlques jourssupplémentaires d'existence.Ranek n'hésite pas à voler les chaussuresd'un homme mourant pour les troquercontre un peu de pain, défonce sans pitiéla mâchoire de son propre frère pour récu-pérer ses dents en or. Malgré tout, au milieude cet univers barbare et désespérant, cettefichue humanité résiste encore en lui à tra-vers son amour pour Deborah, sa belle-sœur. Et ce n'est probablement pas un ha-sard si celle-ci, un des rares personnagesayant encore de la compassion pour lesautres, est aussi une des seules à survivre àla fin du roman. •

Page 11: Hilsenrath : une revue de presse

4 BOULEVARD ALBERT BLANCHOIN49007 ANGERS CEDEX 01 - 02 41 68 86 88

02 MARS 12Quotidien Prov. avec dim.

OJD : 986233

Surface approx. (cm²) : 40

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4F7C254750C0EE03C2474BD4880265570466DB2B31C822C0AC56631ATTILA26801741300503/XBF/FDP/2

Eléments de recherche : ÉDITIONS ATTILA : maison d'éditions, passages significatifs

Tous Titres •

L'enfer du ghetto« Nuit » Edgar Hilsenrath, Attila, 25 EURRécit.Indispensable Insoutenable SaisissantLa langue française est riche, maîs queladjectif choisir pour rendre justice a la forcedu récit livre par Hilsenrath ? C'est pourtantavec des mots simples, les plus petits gestesde la vie que l'auteur, qui a lui-même vécudans un ghetto durant 4 ans, decnt lequotidien du ghetto de Prokov Dans ununivers apocalyptique, Ranek et des milliersd'hommes et de femme tentent d'y survivre,coûte que coûte Longtemps occulte enAllemagne - trop cru, trop dérangeant - «Nuit » est un pur chef-d'oeuvre, écrit puisreecnt plus de 20 fois par son auteur Pouraller chercher au fond des ténèbres uneétincelle d'humanité Sebastien ROCHARD

4 BOULEVARD ALBERT BLANCHOIN49007 ANGERS CEDEX 01 - 02 41 68 86 88

02 MARS 12Quotidien Prov. avec dim.

OJD : 986233

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Tous Titres •

L'enfer du ghetto« Nuit » Edgar Hilsenrath, Attila, 25 EURRécit.Indispensable Insoutenable SaisissantLa langue française est riche, maîs queladjectif choisir pour rendre justice a la forcedu récit livre par Hilsenrath ? C'est pourtantavec des mots simples, les plus petits gestesde la vie que l'auteur, qui a lui-même vécudans un ghetto durant 4 ans, decnt lequotidien du ghetto de Prokov Dans ununivers apocalyptique, Ranek et des milliersd'hommes et de femme tentent d'y survivre,coûte que coûte Longtemps occulte enAllemagne - trop cru, trop dérangeant - «Nuit » est un pur chef-d'oeuvre, écrit puisreecnt plus de 20 fois par son auteur Pouraller chercher au fond des ténèbres uneétincelle d'humanité Sebastien ROCHARD

CAUSETTE40 RUE DOUDEAUVILLE75018 PARIS

JAN 12Bimestriel

Surface approx. (cm²) : 374N° de page : 93

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ATTILA26721970300504/GFD/ALZ/2

Eléments de recherche : ÉDITIONS ATTILA : maison d'éditions, toutes citations

CULTURE

Voyage etam (a nuitEdgar Hibenrath Sachez qu'avec ce roman Edgar

Hilsenrath va vous prendre lesviscères, les poser sur la tableet les étudier au microscopeCet écrivain allemand de 86 ansnous avait habitues au rire grin-çant et monstrueux avec FuckAmerica - une splend de histoirede clochard céleste dans I Amerique des annees 50- et Le Naziet le Barbier, ou un ex SS prendl'identité d'un copain d'enfancejuif qu'il a exécute Maîs rien detout cela dans Nuit qui est en fait

son premier roman ll nous emmené dans le ghetto juf de Prokov,en Ukraine, entre 1941 et 1942, et nous fait suivre le parcours deRanek, loqueteux et emacie, errant de rapine en rapine, de combineen combine, pour un bout de pain, de la soupe, un mégot Com-ment manger dans le ghetto ' Comment accoucher dans le ghetto?Comment faire l'amour, rester des êtres humains, entre les rondes,les rafles et le typhus' C'est impossible, nous dit Hilsenrath ll nousdresse le portrait, dans cette Nuit immonde, de «morts en herbe»agonisant entre asiles de nuit et caves bondées G est insoutenableC'est misérable Et c'est pour cela que le livre fut rejeté en Allemagnea sa sortie, en 1964 Pas assez de dignite dans ces descriptionscrues et violentes de demi-morts luttant pour leur survie Hilsenrathraconte le ghetto avec fougue il y a vécu, enfant Puissant, remuant,a la fois désespère et plein d energie remarquablement construit ettraduit, e est un chef-d'œuvreNuit, d Edgar Hù&enrath U Attda 22 eural,

Voyage à Muaefand _Les femmes dans la poesie' Elles sont muses,objets d'adoration ou célébrées comme meres,maîs rarement actrices de l'Histoire Cette anthologie nous rappelle que la vision de la femme chez lespoètes a souvent frôle la caricature Ce qui n'exclutpas la beaute' On relit avec plaisir un Alfred de Mus-set perdu dans les affres de l'amour (peut être sapériode George Sand1), qui gémit «Oui, femmes,quoi qu'on puisse en dire / Vous avez le fatal pou-voir / De nous jeter par un sourire / Dans I ivresse etle desespoir » On vibre avec Louis Aragon qui nousprophétise «Lavenir de l'homme est la femme / Elleest la couleur de son âme » Et on redécouvre nospoétesses les plus talentueuses, que ce soit la pas-sionnée Lou se Labé («Baise m'encor, rebaise moyet baise>), la féministe médiévale Christine de Pisanou notre contemporane Helene Cixous, qui écrit

«ll y a un pere mater-ne/ / Sa tendre forceest d'un ange » A lireavec délectation et entoutes circonstances,grace au format pocheet au petit prix de cebel ouvragewi Poème* tur letfemmes, pieôenten etclioutà par PatriciaLatour Le Tempodeo cernes i r eural,

Voyage dana le cerveau d'un tauMaireC est une histoire d usurpation d'identité Enfin, pas vraimentC est surtout l'histoire de Miki, pauvre type a la vie ennuyeuse,seul dans un hall d'hôtel luxueux Quand, sou-dain, une serveuse annonce «On demandeM Sapiroi» Frisson dans l'échiné de Miki Etsi c'était lui7 Et puis, et si M Sapiro était ungénial faussaire d'art, auteur de faux Modigliani,un homme brillant a la vie sexuelle palpitante'Ce roman ahurissant, le troisieme de l'IsraélienBenny Barbash, raconte les quèlques minutesavant que Miki ne prenne la decision de dire«M Sapiro ? Oui c'est moi» Soit 350 pagesde digression mentale dans la tête d'un pauvre

type devenu faussaire en tableaux dans une vie fantasmeeBenny Barbash a l'art de la digression erudite et cocasse ce

livre vous fera rire, maîs aussi voyager au Pradoavec Goya, et même méditer sur la decouvertede I Amerique par les Vkings a moins que cene soit par Christophe Colomb Rien n'est sûren ce bas monde «Dans fe monde réellementrenverse, le faux est un moment du vrai » écrivaitGuy Debord dans La Societe du spectacle Celivre nous le prouve ça n'est pas fauxMoniteur Sapirc, de Benny Barba&h lubna 22 eura»

Johanna LUYSSEN

13 RUE HENRI BARBUSSE92624 GENEVILLIERS - 01 73 05 45 45

09/15 FEV 12Hebdomadaire Paris

OJD : 139998

Surface approx. (cm²) : 652N° de page : 49

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ATTILA22145021300505/GPP/OTO/2

Eléments de recherche : ÉDITIONS ATTILA : maison d'éditions, passages significatifs

Modem ait« La Balade loufoqued Anton Makassar »un des chefs d œuvre

de Swarte (1985)

Entre Herge et CrumbRéédition de « Total Swarte », le chef-d'œuvre du Néerlandais Joost Swarte,créateur protéiforme et inventeur de la ligne claire.

Hormis Enki Bilal et loann vain la-Neuve, en Belgique UnSfar, qui réalisent aussi desfilms Philippe Druillet,

qui dessina des meubles et des decors et quelques rares autres, lesauteurs de bandes dessinées s'ecartent peu de leur univers de cases etde phylactères D'une tout autreessence est Joost Swarte II a dessinedes timbres pour la poste neerlandaise, invente des typographies,conçu un théâtre dans sa villed Haarlem, fabrique des vitraux etimagine le musée Herge de Lou

comble pour celui qui, voila quarante ans, dvnamitait I esthétiqueet I univers de Tintin, offrant aureporter a la houpe un double noir,Jopo de Pojo, qu'il entraînait dansdes aventures urbaines saupoudrees de sexe et de drogue Dans lesannées soixante dix, Joost Swarteinventait le concept (et l'exprèssion) de ligne claire comme unprolongement graphique de I écri-ture d Herge pervertie par des préoccupations modernes Ou, pour

Ghetto masterDeux ans après Le Nazi et le barbier et Fuck

Amenai (VSD n° 1701 ), on retrouve EdgarHilsenrath avec son tout premier roman, cetteNiât aussi folle que le sera le reste de son œuvre,mais d'une noirceur encore plus absolue et d'unsordide étouffant En 560 pages, Hilsenrathraconte son expérience du ghetto II y est Ranek,expert en survie Récupérer lesgodassesd un mourant ou les dents en or de fusilles rythment sonquotidien Et, malgré ça, ce bouquin est hilarantHilsenrath est un monstre de la littérature • T IMat», d'Edgar HiIi<mral/i,Attila 560p,25€

faire simple, Tmtin pour le style etFrit? The Cat pour le fond A lasuite de Swarte, des dessinateursempruntèrent cette ligne claire sonami Ever Meulen, le génial etregrette Yves Chaland, Serge Clercpour Métal Hurlant, Théo Van DenBoogaard et Ted Benoît, qui repritles aventures de Blake et MortimerMais le maestro reste Swarte, dontla réédition de I intégrale est unepure bénédiction • F I

"Total Swarte de Jood SliKirte,Douta Graphe 144p,25€

"J'ai eu beauessayer de guérir de

Paris, il m'a bienfallu admettre unjour qu'on ne s'en

remet pas"Puula McLain dans

i Madame Hemingway »(Buchet-Cluxtel)

ans_, L'école3y est... finie* *****J N Les voitures

v V, flambent sur le\k. , parking du

collège-lycée Laurent Ruquier le directeurde I établissement se prend pourSpiderman et les élevés de 6e viennenten cours avec des kalachnikovs Brefc est pas la |oie dans la salle desprofs qu on menace de remplacer pardes canards Un Charb délirant etscato comme on I aime «La Salle desprofs », de Charb, 12Bis, 64 p, 12 £

[nnvnïïu"nraw(raairaD(cambriolé*****Son œuvre venantde tomber dans ledomaine publicn importe qui peut

i publier MauriceLeblanc Plus passionnante est laprésente démarche qui proposeles vingt premières aventures d ArsèneLupin telles que les lirent nos arrièregrands parents en 1910 Génial '« Les Aventures extraordinairesd'Arsène Lupin », de Maurice Leblanc,1-C Eawsewrtch. 356 p, 29,30 f

Contes à boire*****Dans un cabaretd Odessa leclarinettiste klezmeret le guitaristegitan parlentfemmes chapeaux

et musique En I air évoluent destrapézistes sans filet A cause d unebagarre le mâle acrobate se vautreméchamment Restée seule au sommetsa femme est rejointe par un violonistetrès entreprenant Sfar le conteur nousenchante une nouvelle fois« Klezmer volume 4 », de loann Star,Gallimard-Bayou, 128 p, 17 f

ProfeKion reporter spécial*****II y a les icônescomme Simone deBeauvoir qui luiraconte ses bituresavec Sartre Et

1 puis les autres leshumbles en guerre ou pas commecette jeune mère qui vend son cul aMontparnasse pour pindre les deuxbouts Trente-cinq ans de reportage parun maître en la matière Fascinant F i« Profession reporter », de JacquesMerlino, L'Harmattan, 210 p 21 €

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Modem ait« La Balade loufoqued Anton Makassar »un des chefs d œuvre

de Swarte (1985)

Entre Herge et CrumbRéédition de « Total Swarte », le chef-d'œuvre du Néerlandais Joost Swarte,créateur protéiforme et inventeur de la ligne claire.

Hormis Enki Bilal et loann vain la-Neuve, en Belgique UnSfar, qui réalisent aussi desfilms Philippe Druillet,

qui dessina des meubles et des decors et quelques rares autres, lesauteurs de bandes dessinées s'ecartent peu de leur univers de cases etde phylactères D'une tout autreessence est Joost Swarte II a dessinedes timbres pour la poste neerlandaise, invente des typographies,conçu un théâtre dans sa villed Haarlem, fabrique des vitraux etimagine le musée Herge de Lou

comble pour celui qui, voila quarante ans, dvnamitait I esthétiqueet I univers de Tintin, offrant aureporter a la houpe un double noir,Jopo de Pojo, qu'il entraînait dansdes aventures urbaines saupoudrees de sexe et de drogue Dans lesannées soixante dix, Joost Swarteinventait le concept (et l'exprèssion) de ligne claire comme unprolongement graphique de I écri-ture d Herge pervertie par des préoccupations modernes Ou, pour

Ghetto masterDeux ans après Le Nazi et le barbier et Fuck

Amenai (VSD n° 1701 ), on retrouve EdgarHilsenrath avec son tout premier roman, cetteNiât aussi folle que le sera le reste de son œuvre,mais d'une noirceur encore plus absolue et d'unsordide étouffant En 560 pages, Hilsenrathraconte son expérience du ghetto II y est Ranek,expert en survie Récupérer lesgodassesd un mourant ou les dents en or de fusilles rythment sonquotidien Et, malgré ça, ce bouquin est hilarantHilsenrath est un monstre de la littérature • T IMat», d'Edgar HiIi<mral/i,Attila 560p,25€

faire simple, Tmtin pour le style etFrit? The Cat pour le fond A lasuite de Swarte, des dessinateursempruntèrent cette ligne claire sonami Ever Meulen, le génial etregrette Yves Chaland, Serge Clercpour Métal Hurlant, Théo Van DenBoogaard et Ted Benoît, qui repritles aventures de Blake et MortimerMais le maestro reste Swarte, dontla réédition de I intégrale est unepure bénédiction • F I

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Paris, il m'a bienfallu admettre unjour qu'on ne s'en

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ProfeKion reporter spécial*****II y a les icônescomme Simone deBeauvoir qui luiraconte ses bituresavec Sartre Et

1 puis les autres leshumbles en guerre ou pas commecette jeune mère qui vend son cul aMontparnasse pour pindre les deuxbouts Trente-cinq ans de reportage parun maître en la matière Fascinant F i« Profession reporter », de JacquesMerlino, L'Harmattan, 210 p 21 €

10 RUE DU BREIL35051 RENNES CEDEX 09 - 02 99 32 60 00

16 FEV 12Quotidien Prov. avec dim.

OJD : 762213

Surface approx. (cm²) : 67

Page 1/1

5D73852251308B08022542F44F0B75F302F46F77314E2267A457C16ATTILA24012921300509/XVR/OTO/2

Eléments de recherche : ÉDITIONS ATTILA : maison d'éditions, passages significatifs

Toutes éditions

Le ghetto tragique d'HilsenrathCoup de coeur 500 pages qui se dévorentcomme un polar Sur un sujet pourtant coton

la vie dans un ghetto juif, le long duDniestr, pendant la Seconde Guerremondiale On y meurt a tour de bras, dutyphus ou de la faim On s'y aime aussi, onse trahit, on se vole, on survit parfois Desexistences proprement hallucinantes et unregard littéraire unique, a la fois cru etburlesque Ne en 1926, EdgarHilsenrath(p/!oto)a vécu dans des ghettosavec sa famille, avant de partir d'abord pourIsraël, puis a New York On découvre enfrançais ce trublion, génial et gnnçant, dansl'ordre inverse de ses publications FuckAmerica(\e titre dit tout), puis Le Nazi et le

barbier, situe juste après la création de l'étatd'Israël (ed du Seuil) Voici Nuit, sonpremier roman, criant de vente, ecnt etreecnt pendant plus de quinze ans, entre1947 et 1964, refuse en Allemagne par desdizaines d'éditeurs Avec les deux autres,Hilsenrath mettait les pieds dans le plat Ici,il y saute a pieds joints et éclaboussemagistralement la littérature européenne duXXesiecle Anne KIESEL Nuit, éditionsAttila, 560 pages, 25 EUR

10 RUE DU BREIL35051 RENNES CEDEX 09 - 02 99 32 60 00

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Le ghetto tragique d'HilsenrathCoup de coeur 500 pages qui se dévorentcomme un polar Sur un sujet pourtant coton

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barbier, situe juste après la création de l'étatd'Israël (ed du Seuil) Voici Nuit, sonpremier roman, criant de vente, ecnt etreecnt pendant plus de quinze ans, entre1947 et 1964, refuse en Allemagne par desdizaines d'éditeurs Avec les deux autres,Hilsenrath mettait les pieds dans le plat Ici,il y saute a pieds joints et éclaboussemagistralement la littérature européenne duXXesiecle Anne KIESEL Nuit, éditionsAttila, 560 pages, 25 EUR

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la vie dans un ghetto juif, le long duDniestr, pendant la Seconde Guerremondiale On y meurt a tour de bras, dutyphus ou de la faim On s'y aime aussi, onse trahit, on se vole, on survit parfois Desexistences proprement hallucinantes et unregard littéraire unique, a la fois cru etburlesque Ne en 1926, EdgarHilsenrath(p/!oto)a vécu dans des ghettosavec sa famille, avant de partir d'abord pourIsraël, puis a New York On découvre enfrançais ce trublion, génial et gnnçant, dansl'ordre inverse de ses publications FuckAmerica(\e titre dit tout), puis Le Nazi et le

barbier, situe juste après la création de l'étatd'Israël (ed du Seuil) Voici Nuit, sonpremier roman, criant de vente, ecnt etreecnt pendant plus de quinze ans, entre1947 et 1964, refuse en Allemagne par desdizaines d'éditeurs Avec les deux autres,Hilsenrath mettait les pieds dans le plat Ici,il y saute a pieds joints et éclaboussemagistralement la littérature européenne duXXesiecle Anne KIESEL Nuit, éditionsAttila, 560 pages, 25 EUR

10 RUE DU BREIL ZI RENNES SUD-EST35051 RENNES CEDEX 09 - 02 99 32 60 00

26 MAI 14Quotidien

OJD : 749258

Surface approx. (cm²) : 69

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857815c65830eb03d20e46a4e207c5681474c36e612d480TRIPODE6007920400501/GTH/OTO/2

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ROMANUne dégradation mentalejusqu'au meurtre

Nous sommestous morts,Salomon Izarra,Rivages15€

Nous sommes tous morts estle journal de bord de Nathaniel

Nordnight, jeune seconddu baleinier Providence Levoyage tourne au cauchemarlorsque le bateau est pris dansles glaces Entre récit d'aven-ture a la Stevenson et romand'épouvanté lovecraftien, cepremier roman est un miroir dela peur, une irréversible dégra-dation mentale et morale jus-qu'au meurtre et la folie

Enquête policièrepour amateur d'absurdeL'affaire estdans le sacen papier,DominiqueBoll,Le Tripode,360 pages,19,90 €

Dominique Boll est un dessina-teur bien connu du monde dulivre, puisqu'il est l'illustrateur

attitré du magazine LivresHebdo

Son roman est une enquetepolicière, avec des person-nages qui dévoilent les secretsde leur existence La logiqueconfine a l'absurde L'absurdedevient logique

ll s'adresse aux amateursd'Eduardo Mendoza commeaux adeptes des MonthyPython

Page 12: Hilsenrath : une revue de presse

28 RUE MOREL LADEUIL63000 CLERMONT FERRAND - 04 73 17 17 17

08 JANV 12Quotidien Prov. avec dim.

OJD : 189588

Surface approx. (cm²) : 108

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B07655165B50E20502A949444E0925AD04902B87412B270C61FC5D9ATTILA24634480300501/XVR/FSL/2

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Pages Techniques

Une descente aux enfers

Premier livre d'une grande oeuvre, Nuit,place son auteur a la hauteur des plus grandsS'il fut longtemps occulte, c'est qu'ildérangeait Voila un livre qui nsque depasser inaperçu dans cette rentree Un livreancien, heureusement réédite, qui séduitimmédiatement par la qualite de sa prose, desa construction , une forme d'élégance dansle tragique, de distance dans le pire Soit untravail de litterature admirable qui permet depasser du fait a une autre dimension plusvaste, plus universelle Car partout ontrouvera le reflet de ce qui est dit de faitsparfaitement dates, localises dans quantited'événements qui se sont produits, depuis,malgre toutes les belles intentions, les « plusjamais ça », prononces la main sur le coeurEdgar Hilsenrath est ne juif, en Europecentrale, a la mauvaise penode Dans une

region sous occupation roumaine II seradéporte dans un non-lieu Une ville détruitepar les bombardements, transforme en ghettohautement surveille, soumis a la faim, auxmaladies et autres maux dévastateurs Seulun cinquieme de la population survivra Dece temps-la, il tirera Nuit, son premierroman, la matnce des suivants (*) L'écrirelui a demande des annees de travail, le tempsde trouver le ton juste, le bon rythme Cetteindispensable distance II accompagne Ranek,son heros qui lui ressemble, sans être lui,dans ce monde, comme en enfer Un monderégi par le principe de survie, ou il fautéchapper aux microbes, aux rafles, a l'autre,aux souvenirs et trouver de quoi manger,tenir Tenter de vivre, d'aimer, d'espérer, des'entraider, quand on peut s'entre-tuer pourun quignon de pain Est-ce pour cela, pour

faire semblant, que ce monde s'est dote deregles, de principes et d'une hiérarchie ? Cequi ajoute a l'absurdité Les roublards saventpactiser, commercer, intriguer Les autres sedébrouillent Assez mal en general etdisparaissent e References Nuit Traduit parJorg Stickan et Sacha Zilberfarb EditionsAttila 555 pages, 25 ? (*) Le nazi et lebarbier, puis Fuck Amenka, (Attila) DanielMartin daniel martin@centrefrance com

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Une descente aux enfers

Premier livre d'une grande oeuvre, Nuit,place son auteur a la hauteur des plus grandsS'il fut longtemps occulte, c'est qu'ildérangeait Voila un livre qui nsque depasser inaperçu dans cette rentree Un livreancien, heureusement réédite, qui séduitimmédiatement par la qualite de sa prose, desa construction , une forme d'élégance dansle tragique, de distance dans le pire Soit untravail de litterature admirable qui permet depasser du fait a une autre dimension plusvaste, plus universelle Car partout ontrouvera le reflet de ce qui est dit de faitsparfaitement dates, localises dans quantited'événements qui se sont produits, depuis,malgre toutes les belles intentions, les « plusjamais ça », prononces la main sur le coeurEdgar Hilsenrath est ne juif, en Europecentrale, a la mauvaise penode Dans une

region sous occupation roumaine II seradéporte dans un non-lieu Une ville détruitepar les bombardements, transforme en ghettohautement surveille, soumis a la faim, auxmaladies et autres maux dévastateurs Seulun cinquieme de la population survivra Dece temps-la, il tirera Nuit, son premierroman, la matnce des suivants (*) L'écrirelui a demande des annees de travail, le tempsde trouver le ton juste, le bon rythme Cetteindispensable distance II accompagne Ranek,son heros qui lui ressemble, sans être lui,dans ce monde, comme en enfer Un monderégi par le principe de survie, ou il fautéchapper aux microbes, aux rafles, a l'autre,aux souvenirs et trouver de quoi manger,tenir Tenter de vivre, d'aimer, d'espérer, des'entraider, quand on peut s'entre-tuer pourun quignon de pain Est-ce pour cela, pour

faire semblant, que ce monde s'est dote deregles, de principes et d'une hiérarchie ? Cequi ajoute a l'absurdité Les roublards saventpactiser, commercer, intriguer Les autres sedébrouillent Assez mal en general etdisparaissent e References Nuit Traduit parJorg Stickan et Sacha Zilberfarb EditionsAttila 555 pages, 25 ? (*) Le nazi et lebarbier, puis Fuck Amenka, (Attila) DanielMartin daniel martin@centrefrance com

28 RUE MOREL LADEUIL63000 CLERMONT FERRAND - 04 73 17 17 17

08 JANV 12Quotidien Prov. avec dim.

OJD : 189588

Surface approx. (cm²) : 108

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B07655165B50E20502A949444E0925AD04902B87412B270C61FC5D9ATTILA24634480300501/XVR/FSL/2

Eléments de recherche : ÉDITIONS ATTILA : maison d'éditions, toutes citations

Pages Techniques

Une descente aux enfers

Premier livre d'une grande oeuvre, Nuit,place son auteur a la hauteur des plus grandsS'il fut longtemps occulte, c'est qu'ildérangeait Voila un livre qui nsque depasser inaperçu dans cette rentree Un livreancien, heureusement réédite, qui séduitimmédiatement par la qualite de sa prose, desa construction , une forme d'élégance dansle tragique, de distance dans le pire Soit untravail de litterature admirable qui permet depasser du fait a une autre dimension plusvaste, plus universelle Car partout ontrouvera le reflet de ce qui est dit de faitsparfaitement dates, localises dans quantited'événements qui se sont produits, depuis,malgre toutes les belles intentions, les « plusjamais ça », prononces la main sur le coeurEdgar Hilsenrath est ne juif, en Europecentrale, a la mauvaise penode Dans une

region sous occupation roumaine II seradéporte dans un non-lieu Une ville détruitepar les bombardements, transforme en ghettohautement surveille, soumis a la faim, auxmaladies et autres maux dévastateurs Seulun cinquieme de la population survivra Dece temps-la, il tirera Nuit, son premierroman, la matnce des suivants (*) L'écrirelui a demande des annees de travail, le tempsde trouver le ton juste, le bon rythme Cetteindispensable distance II accompagne Ranek,son heros qui lui ressemble, sans être lui,dans ce monde, comme en enfer Un monderégi par le principe de survie, ou il fautéchapper aux microbes, aux rafles, a l'autre,aux souvenirs et trouver de quoi manger,tenir Tenter de vivre, d'aimer, d'espérer, des'entraider, quand on peut s'entre-tuer pourun quignon de pain Est-ce pour cela, pour

faire semblant, que ce monde s'est dote deregles, de principes et d'une hiérarchie ? Cequi ajoute a l'absurdité Les roublards saventpactiser, commercer, intriguer Les autres sedébrouillent Assez mal en general etdisparaissent e References Nuit Traduit parJorg Stickan et Sacha Zilberfarb EditionsAttila 555 pages, 25 ? (*) Le nazi et lebarbier, puis Fuck Amenka, (Attila) DanielMartin daniel martin@centrefrance com

28 RUE MOREL LADEUIL63000 CLERMONT FERRAND - 04 73 17 17 17

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Premier livre d'une grande oeuvre, Nuit,place son auteur a la hauteur des plus grandsS'il fut longtemps occulte, c'est qu'ildérangeait Voila un livre qui nsque depasser inaperçu dans cette rentree Un livreancien, heureusement réédite, qui séduitimmédiatement par la qualite de sa prose, desa construction , une forme d'élégance dansle tragique, de distance dans le pire Soit untravail de litterature admirable qui permet depasser du fait a une autre dimension plusvaste, plus universelle Car partout ontrouvera le reflet de ce qui est dit de faitsparfaitement dates, localises dans quantited'événements qui se sont produits, depuis,malgre toutes les belles intentions, les « plusjamais ça », prononces la main sur le coeurEdgar Hilsenrath est ne juif, en Europecentrale, a la mauvaise penode Dans une

region sous occupation roumaine II seradéporte dans un non-lieu Une ville détruitepar les bombardements, transforme en ghettohautement surveille, soumis a la faim, auxmaladies et autres maux dévastateurs Seulun cinquieme de la population survivra Dece temps-la, il tirera Nuit, son premierroman, la matnce des suivants (*) L'écrirelui a demande des annees de travail, le tempsde trouver le ton juste, le bon rythme Cetteindispensable distance II accompagne Ranek,son heros qui lui ressemble, sans être lui,dans ce monde, comme en enfer Un monderégi par le principe de survie, ou il fautéchapper aux microbes, aux rafles, a l'autre,aux souvenirs et trouver de quoi manger,tenir Tenter de vivre, d'aimer, d'espérer, des'entraider, quand on peut s'entre-tuer pourun quignon de pain Est-ce pour cela, pour

faire semblant, que ce monde s'est dote deregles, de principes et d'une hiérarchie ? Cequi ajoute a l'absurdité Les roublards saventpactiser, commercer, intriguer Les autres sedébrouillent Assez mal en general etdisparaissent e References Nuit Traduit parJorg Stickan et Sacha Zilberfarb EditionsAttila 555 pages, 25 ? (*) Le nazi et lebarbier, puis Fuck Amenka, (Attila) DanielMartin daniel martin@centrefrance com

28 RUE MOREL LADEUIL63000 CLERMONT FERRAND - 04 73 17 17 17

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Premier livre d'une grande oeuvre, Nuit,place son auteur a la hauteur des plus grandsS'il fut longtemps occulte, c'est qu'ildérangeait Voila un livre qui nsque depasser inaperçu dans cette rentree Un livreancien, heureusement réédite, qui séduitimmédiatement par la qualite de sa prose, desa construction , une forme d'élégance dansle tragique, de distance dans le pire Soit untravail de litterature admirable qui permet depasser du fait a une autre dimension plusvaste, plus universelle Car partout ontrouvera le reflet de ce qui est dit de faitsparfaitement dates, localises dans quantited'événements qui se sont produits, depuis,malgre toutes les belles intentions, les « plusjamais ça », prononces la main sur le coeurEdgar Hilsenrath est ne juif, en Europecentrale, a la mauvaise penode Dans une

region sous occupation roumaine II seradéporte dans un non-lieu Une ville détruitepar les bombardements, transforme en ghettohautement surveille, soumis a la faim, auxmaladies et autres maux dévastateurs Seulun cinquieme de la population survivra Dece temps-la, il tirera Nuit, son premierroman, la matnce des suivants (*) L'écrirelui a demande des annees de travail, le tempsde trouver le ton juste, le bon rythme Cetteindispensable distance II accompagne Ranek,son heros qui lui ressemble, sans être lui,dans ce monde, comme en enfer Un monderégi par le principe de survie, ou il fautéchapper aux microbes, aux rafles, a l'autre,aux souvenirs et trouver de quoi manger,tenir Tenter de vivre, d'aimer, d'espérer, des'entraider, quand on peut s'entre-tuer pourun quignon de pain Est-ce pour cela, pour

faire semblant, que ce monde s'est dote deregles, de principes et d'une hiérarchie ? Cequi ajoute a l'absurdité Les roublards saventpactiser, commercer, intriguer Les autres sedébrouillent Assez mal en general etdisparaissent e References Nuit Traduit parJorg Stickan et Sacha Zilberfarb EditionsAttila 555 pages, 25 ? (*) Le nazi et lebarbier, puis Fuck Amenka, (Attila) DanielMartin daniel martin@centrefrance com

80 BOULEVARD AUGUSTE BLANQUI75707 PARIS CEDEX 13 - 01 48 88 46 00

19 JANV 12Hebdomadaire Paris

Surface approx. (cm²) : 995N° de page : 60-61

Page 2/2

ATTILA26885690300524/XCB/OTO/2

Eléments de recherche : ÉDITIONS ATTILA : maison d'éditions, toutes citations

LIONEL SHRIVERTOUT ÇA POUR QUOI

R O M A N Dans ladroite ligne de son

précèdent livre adapte au cinemaII faut qu 'on parle de Kevin qui dissequaitjusqu au malaise le parcoursd'un adolescent meurtrier LionelShriver poursuit sa radioscopie de lafamille Et place, sous son scalpeldeux couples touches par la maladieD'un cote les Burdina dont la filleaînée souffre d'unmal aussi rare quesingulier qui transforme son quotidien en calvaire Del'autre les KnacRer, dont la femmedécouvre qu'elle estatteinte d'un cancer virulent Point

LionelbhriverTout çapourquoi

Ae pathos ni de sensiblerie ici LionelShriver leur prefere une lucidité climque, sans concession Douleurs, appetit défaillant irascibilité desaffectiondes amis, cout des soins Le récitn élude aucun détail, assumant uneconfrontation angoissante avec lamaladie, révélant les reajustementsbrutaux qu'elle imprime aux relationsfamiliales et aux priorités de chacunComment rester un couple quand laculpabilité et la dependance sont aumenu quotidien ? Jusqu'où payerquand le systeme de sante - Ameriqueoblige mené les menages a la ruine ">Les reponses sont impitoyables Maîsderrière les personnages contraintsau cynisme, reste une place pour latendresse En dépit de tout •BELFOND,23£ CHRISTINE MONIN

ANTONIO MUNOZ MOLINADANS LA GRANDE NUIT DES TEMPS

ROMAN. « Le tempsdans nos mains »

se répètent les amants quand ils seretrouvent II est espagnol elle americame Le roman de leur amour estfait d'une succession de fascinantsflash back pendant un voyage entrain qu'il entreprend pour la retrouver en 1936 Ils se sont rencontres unan plus tôt, a Madrid II était architecte de renom, marie, deux enfantselle était de passage Et, tandis que lapassion secouait leurs vies la Republique vacillait, la guerre civiles'installait Le grand écrivain espagnol nous offre une fascinantereconstitution de ce temps a jamais

^V™^*"Twperdu Bien sur,on pense a Prousttant le passe despersonnages, leurquotidien ordinaire, leurs palpitat ions int imessont reinventesavec une precisiond'horloger Gen est

pas un roman sur la guerre civilemême si elle imprègne leur his

toire C'est un livre sur des gens quicroyaient leur vie immuable Unbijou d'analyse, d'une lucidité bouleversante Un récit magistral •SEUIL, 23 € YVES COLLIER

EN QUELQUES MOTS > « Avec la bicyclette, nous quittonsnotre condition dè bipède pour entrer dans le mondedu fluide et du liquide. Nous devenons poisson, oiseau. »Extrait du Goût du i-e/o, d'Hélène Giraud,le Petit Mercure, 6,60 €

Edgar Hthenrath

Edgar HilsenrathNuit

) TEMOIGNAGE.i Attention chef à œuvre

sulfureux Âmes délicates et cœurs tendress abstenir L écrivain Edgar Hilsenrath juifallemand ne en 1926 a Leipzig fut envoyépai son pere dans le shtetl le v liage familial -de Roumanie quand le nazisme fit basculerI Allemagne a la fin des annees 1930 Maîsen juin 1941 les juifs de Roumanie furent euxaussi déportes et le jeune Edgar survécut trois

ans dans le ghettode Mogilav Podolskau bord du DniestrEmigré ensuiteen France puis auxEtats Unis il mettra12 ans pour écrireson grand romanhyperrealiste - cruelet sans pathossur I experiencequ il a traversee

Experience des limites de I humaniteDans Nuit Ranek est un famélique herostrompe la mort un personnage roublardet pret a tout pour tenir un homme dont la foia ete anéantie foi en Dieu et foi en I homme

Pour lui plus nen n était sacre > Dans undecor d apocalypse cadavres et ruines on sechauffe avec la jambe de bois dup infirmeon fracasse la mâchoire de son propre frerepour en extirper les dents en or on violenteles femmes pour un quignon Lin roman qui fitscandale a sa sortie au milieu des annees1960 tant il eborgnait I image consensuelledes juifs pures victimes Et pourtant au cœurde I univers dantesque de Hilsenrath résisteDeborah la généreuse la douce la folleIntacte dans son être Et avec elle I écrivainlaisse germer la derniere étincelle d humaniteRanek sera encore capable d amour Lumiereéblouissante au milieu du cloaque qui donnetoute sa ravageuse puissance au récit

ATTILA, 26 fc MC

80 BOULEVARD AUGUSTE BLANQUI75707 PARIS CEDEX 13 - 01 48 88 46 00

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LIONEL SHRIVERTOUT ÇA POUR QUOI

R O M A N Dans ladroite ligne de son

précèdent livre adapte au cinemaII faut qu 'on parle de Kevin qui dissequaitjusqu au malaise le parcoursd'un adolescent meurtrier LionelShriver poursuit sa radioscopie de lafamille Et place, sous son scalpeldeux couples touches par la maladieD'un cote les Burdina dont la filleaînée souffre d'unmal aussi rare quesingulier qui transforme son quotidien en calvaire Del'autre les KnacRer, dont la femmedécouvre qu'elle estatteinte d'un cancer virulent Point

LionelbhriverTout çapourquoi

Ae pathos ni de sensiblerie ici LionelShriver leur prefere une lucidité climque, sans concession Douleurs, appetit défaillant irascibilité desaffectiondes amis, cout des soins Le récitn élude aucun détail, assumant uneconfrontation angoissante avec lamaladie, révélant les reajustementsbrutaux qu'elle imprime aux relationsfamiliales et aux priorités de chacunComment rester un couple quand laculpabilité et la dependance sont aumenu quotidien ? Jusqu'où payerquand le systeme de sante - Ameriqueoblige mené les menages a la ruine ">Les reponses sont impitoyables Maîsderrière les personnages contraintsau cynisme, reste une place pour latendresse En dépit de tout •BELFOND,23£ CHRISTINE MONIN

ANTONIO MUNOZ MOLINADANS LA GRANDE NUIT DES TEMPS

ROMAN. « Le tempsdans nos mains »

se répètent les amants quand ils seretrouvent II est espagnol elle americame Le roman de leur amour estfait d'une succession de fascinantsflash back pendant un voyage entrain qu'il entreprend pour la retrouver en 1936 Ils se sont rencontres unan plus tôt, a Madrid II était architecte de renom, marie, deux enfantselle était de passage Et, tandis que lapassion secouait leurs vies la Republique vacillait, la guerre civiles'installait Le grand écrivain espagnol nous offre une fascinantereconstitution de ce temps a jamais

^V™^*"Twperdu Bien sur,on pense a Prousttant le passe despersonnages, leurquotidien ordinaire, leurs palpitat ions int imessont reinventesavec une precisiond'horloger Gen est

pas un roman sur la guerre civilemême si elle imprègne leur his

toire C'est un livre sur des gens quicroyaient leur vie immuable Unbijou d'analyse, d'une lucidité bouleversante Un récit magistral •SEUIL, 23 € YVES COLLIER

EN QUELQUES MOTS > « Avec la bicyclette, nous quittonsnotre condition dè bipède pour entrer dans le mondedu fluide et du liquide. Nous devenons poisson, oiseau. »Extrait du Goût du i-e/o, d'Hélène Giraud,le Petit Mercure, 6,60 €

Edgar Hthenrath

Edgar HilsenrathNuit

) TEMOIGNAGE.i Attention chef à œuvre

sulfureux Âmes délicates et cœurs tendress abstenir L écrivain Edgar Hilsenrath juifallemand ne en 1926 a Leipzig fut envoyépai son pere dans le shtetl le v liage familial -de Roumanie quand le nazisme fit basculerI Allemagne a la fin des annees 1930 Maîsen juin 1941 les juifs de Roumanie furent euxaussi déportes et le jeune Edgar survécut trois

ans dans le ghettode Mogilav Podolskau bord du DniestrEmigré ensuiteen France puis auxEtats Unis il mettra12 ans pour écrireson grand romanhyperrealiste - cruelet sans pathossur I experiencequ il a traversee

Experience des limites de I humaniteDans Nuit Ranek est un famélique herostrompe la mort un personnage roublardet pret a tout pour tenir un homme dont la foia ete anéantie foi en Dieu et foi en I homme

Pour lui plus nen n était sacre > Dans undecor d apocalypse cadavres et ruines on sechauffe avec la jambe de bois dup infirmeon fracasse la mâchoire de son propre frerepour en extirper les dents en or on violenteles femmes pour un quignon Lin roman qui fitscandale a sa sortie au milieu des annees1960 tant il eborgnait I image consensuelledes juifs pures victimes Et pourtant au cœurde I univers dantesque de Hilsenrath résisteDeborah la généreuse la douce la folleIntacte dans son être Et avec elle I écrivainlaisse germer la derniere étincelle d humaniteRanek sera encore capable d amour Lumiereéblouissante au milieu du cloaque qui donnetoute sa ravageuse puissance au récit

ATTILA, 26 fc MC

11 BOULEVARD NATIONAL13001 MARSEILLE - 04 91 08 78 77

FEV 12Mensuel

Surface approx. (cm²) : 143

Page 1/1

ATTILA20477811300504/GTG/ACR/2

Eléments de recherche : ÉDITIONS ATTILA : maison d'éditions, passages significatifs

Sa part du ghettoAu tout début, il n'y avait rien Ou en toutcas, pas grand chose Et puis, il y eut FuckAmerica Ça pétait dans la librairie Lacouverture était soignée, avec des petitsdessins colorés oscillant entre symbolismeet géométrie, comme si les bonshommesdes panneaux signalétiques s'étaient fait lamalle Quant à l'auteur, Edgar Hilsenrath,on avait affaire a un Bukowski à la sauceyiddish tentant tant bien que mal decoucher sur le papier son expérience dughetto Dans Fuck America, son bouquin,il l'appelait Le branleur Ce sera, au final,Nuit Et le « branleur » le réécrira vingtfois avant de le livrer Sauf qu'avant depouvoir le lire, cette jeune maison d'éditionvaroise qu'est Attila nous aurait presquefait lanterner. On ne lui en veut pas troppuisque, pour nous faire patienter, elle aentre temps réédité Le nazi et le barbier, unedes charges les plus féroces et jubilatoirescontre le sionisme, fruit des annees d exild'Hilsenrath du côté de la Terre promiseÇa y est Nuit est tombé Comme la claquevicieuse et poisseuse d'un maître vachardqui cache mal derrière l'ironie et le sarcasmela volonté féroce de lutter contre l'oubli Oules réécritures hollywoodiennes et victimairesd'une Shoah en noir et blanc On pense àDoblin, évidemment Et puis à ce grand-pèrequi, en nous voyant regarder Papa Schultz,nous avait dit « Oublie ces conneriesDans les camps, ça se passait pas comme çaOn se serait entre-tué pour de la peau desaucisson »

S.B

Nuit, d'Edgar Hilsenrath, éditions Attila, 25euros.

11 BOULEVARD NATIONAL13001 MARSEILLE - 04 91 08 78 77

FEV 12Mensuel

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Sa part du ghettoAu tout début, il n'y avait rien Ou en toutcas, pas grand chose Et puis, il y eut FuckAmerica Ça pétait dans la librairie Lacouverture était soignée, avec des petitsdessins colorés oscillant entre symbolismeet géométrie, comme si les bonshommesdes panneaux signalétiques s'étaient fait lamalle Quant à l'auteur, Edgar Hilsenrath,on avait affaire a un Bukowski à la sauceyiddish tentant tant bien que mal decoucher sur le papier son expérience dughetto Dans Fuck America, son bouquin,il l'appelait Le branleur Ce sera, au final,Nuit Et le « branleur » le réécrira vingtfois avant de le livrer Sauf qu'avant depouvoir le lire, cette jeune maison d'éditionvaroise qu'est Attila nous aurait presquefait lanterner. On ne lui en veut pas troppuisque, pour nous faire patienter, elle aentre temps réédité Le nazi et le barbier, unedes charges les plus féroces et jubilatoirescontre le sionisme, fruit des annees d exild'Hilsenrath du côté de la Terre promiseÇa y est Nuit est tombé Comme la claquevicieuse et poisseuse d'un maître vachardqui cache mal derrière l'ironie et le sarcasmela volonté féroce de lutter contre l'oubli Oules réécritures hollywoodiennes et victimairesd'une Shoah en noir et blanc On pense àDoblin, évidemment Et puis à ce grand-pèrequi, en nous voyant regarder Papa Schultz,nous avait dit « Oublie ces conneriesDans les camps, ça se passait pas comme çaOn se serait entre-tué pour de la peau desaucisson »

S.B

Nuit, d'Edgar Hilsenrath, éditions Attila, 25euros.

Page 13: Hilsenrath : une revue de presse
Page 14: Hilsenrath : une revue de presse

11 RUE BERANGER75154 PARIS - 01 42 76 17 89

07 OCT 10Hebdomadaire Paris

Surface approx. (cm²) : 300N° de page : 12

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ATTILA23380555200504/XFA/MBJ/1

Eléments de recherche : ÉDITIONS ATTILA : maison d'éditions, toutes citations

Le quotidien enquartiers d'Yvert

Par MATHIEU LINDON

rvi

o

LES MATINS

I

n s'est acheté une autotamponneuse.» C'estune notation du 6 oc-tobre 1997 et on peutsupputer qu'il s'agit

d'une automobile qui a déjà vécu uneexistence accidentée plutôt que d'un vé-hicule ludique. Mais c'est le livre entier

t)

qui ressemble à une auto tamponneuseoù plusieurs niveaux de réalités entre-raient en contact. «Aussi, de 1997à 2002, j'ai rempli une boîte de 20cm deprofondeur défiches recto-verso où je con-signais le temps. Ce travail s'est appelé20cm de 4

ème dimension», écrit Fa-

bienne Yvert en introduction à Télesco-pages. Aujourd'hui, cette œuvre d'artcontemporain «devient un livre 'nor-mal'» se situant «entre to boîte à malices,ïa botte à merveilles, la boîte à trésors, laboîte à outils, la boîte de vitesse, la boîteaux lettres, la boîte de nuit, fa boîte ae con-serve [...]-. mise en boîte comme on dit miseen plis». Et c'est la vie quotidienne, passeulement ses événements mais aussi lesréflexions qu'elle suscite, les pensées etles désirs d'apparence les plus banalsmais qui prennent de l'originalité à êtreainsi soulignés, qui en est l'héroïne. Parexemple, en capitales et en caractèresgras (la typographie et la mise en pagesfont une bonne part du charme du li-vre) ; «J'ai envie de prendre toute la placedans le lit. » Télescopages pourrait aussis'appeler «Périscopages» puisque nonseulement des champs divers de per-ception s'y heurtent, mais s'y mêlentaussi ce qui est évident et ce qui est sou-terrain. «Kevin a mis sa cravate pour allervoir Wallace & Gromit. / On a sifflé d'ad-miration devant tant d'élégance en levoyant arriver si ravi. C'était la premièrefois au'fl aïïait au cinéma. / (fl ne savait pasquoi f aire de son ticket)».Née en 1962, Fabienne Yvert, qui s'oc-cupe aussi des éditions Harpo &, vitdans la région de Marseille après avoirvécu au Havre (le travail de Raymond

Page 15: Hilsenrath : une revue de presse
Page 16: Hilsenrath : une revue de presse

80 BOULEVARD AUGUSTE-BLANQUI75707 PARIS CEDEX 13 - 01 57 28 20 00

27 MARS 09Hebdomadaire Paris

Surface approx. (cm²) : 509

Page 1/1

LIVRE21981349100509/GTG/AYM/1

Eléments de recherche : SALON DU LIVRE DE PARIS : en mars de chaque année à la Porte de Versailles Paris 15ème, toutes citations

Malgré la crise, des éditeurs se lancentAvec des moyens réduits, de jeunes entreprises ont su trouver une « niche

C 'est une singularité fran-çaise • chaque année, depetites maisons d'édmonse créent,provoquant sou-

vent l'agacement des « grandes »,qui accusent ces nouvelles venuesd'encombrer les tables des librai-ries. Tomes ne survivent pas, maiscertaines s'installent dans le paysa-ge éditonal, comme Sabine Wespie-ser, Au Diable Vauvert, Les Equa-teurs, Quidam, Fmitude, Galaade,Amsterdam, Les Prairies ordinai-res. Contre toute attente, ce mouvement de création ne s'est pasralenti avec la crise, il s'est mêmeplutôt amplifié.

En ce printemps, les nouvellesfleurs de l'édition française ontpour nom Le Bruit du temps, Atti-la, Helium ou Koutoubia. Ceb qua-tre projets ont en commun d'avoireté longuement mûns par leursconcepteurs Ce sont des structu-res indépendantes, leur anima-teur ayant gardé la majorité ducapital - excepté pour Koutoubia,adossée au groupe Alphée

Pourquoi se lancer quand lacn-se se manifeste ? Comment esperent-ils vivre ' D'abord, tous ontadopté des strategies de nicheAnimée par le reporter photographe Brick Bonnier, Koutoubia apour originalité de publier deslivres liés à une zone géographi-que. De l'art de vivre aux romanshistoriques (L'Espionne ottomane,d'Alain de Savigny), en passantpar l'actualité ou la spiritualité(Soufisme, de Zakia Zouanat),tous les livres concernent le monde musulman. « L'islam sert detransversale », explique le respon-sable qui entend augmenter le

rythme des parutions (5 titres parmois à partir de septembre)

« L'édition n'aime pas la vites-se », rappelle Antoine Jaccottet,traducteur et ex-éditeur chez Galli-mard (collection « Quarto ») quia sauté le pas, àl'âge de 55 ans, grâ-ce a un héritage Avec Le Bruit dutemps, son ambition est de faireredécouvrir des grands textes dupain moine litteraire tombés dansl'oubli II a placé sa maison sousles auspices du poète britanniqueRobert Browning L'Anneau et leLivie, écrit en vers, fut un best-sel-ler dans l'Angleterre du XIX' siè-cle, admiré par Henry James, Virgi-nia Woolf, André Gide, et traduitune seule fois en 1959, chez Galli-mard Jaccottet le propose dans

une version bilingue, ce qui donneun pavé de 1424 pages, au prix de39 e

Pan fou assurément, « maîs l'ac-cueil aue j'ai reçu des libraires meconfirmequ'il^adelaplaœpourdespentes maisons comme la mienne »,dit l'éditeur. Il pubbera des textes,plus courts, d'Ossip Mandelstam,Isaac Babel, D H. Lawrence ouHenry James, et ne dépassera pasdix titres par an. Avant de se lancer,il a choisi un diffuseur adapté a saproduction, Les Belles Lettres

Autre argument pour se lanceren période de récession misersur la légèreté de la structure etsur sa réactivité. C'est le calculqu'ont fait les créateurs d'Attila,maison née de la rencontre entre

deux trentenaires, FrédéricMartin et Benoît Virot Le premiera travaillé sept ans aux côtes deViviane Mamy, contribuant au suc-cès de L'Art de la joie, de GoliardaSapienza ; Ic second a commencépar des études de journalisme.Comme on lui promettait uneannée de chômage, il a preféré fon-der, avec des amis, une revue litté-raire, Le Nouvel Attila « Le virusde l'édition est venu par nécessité »,dit Benoît Virot

« Danskspentesstructures,letra-vaild'an editeur commence la où lisetermine dans les grandes maisons »,note Frédéric Martin. En résumé, ilfaut tout suivrede la fabrication à larelation avec les libraires Chaquelivre doit être défendu pour attein-

Un ami efficace et fidèle, le libraire

I ls sont les alliés les plus soli-des, les plus fidèles, les plusefficaces de la petite édition •

les libraires. Réalisée pour le Salondu livre, une étude du Motif(Observatoire du livre et de l'écriten Ile-de-France) met en évidencela répartition des ventes de livresselon les différents circuits (librai-ries, enseignes culturelles, typeFnac, Virgin, grandes surfaces ali-mentaires et vente en ligne)

Cette analyse vient démontrerl'intuition qui était celle de Jérô-me Lindon,rancienettrès respec-té patron des éditions de Minuit.la librairie est la seule garante dela diversité éditonale, a Paris com-me ailleurs. Là où les grandesenseignes se contentent de suivreles tendances, les librairies, elles,

jouent un rôle de tête chercheuseElles sont les premières a repérerdes titres dont le succès serarelayé et amplifié par les autres

L'étude passe au peigne fin lavie commerciale de 38 titres de lit-térature générale (poésie, poli-ciers, littérature étrangère...)Avec des résultats éloquents pourla période 2004-2008 . pour cer-tains titres, le succès passe entiei e-ment par la librairie, à l'exclusionde tous les autres réseaux de ven-te Un exemple parmi d'autres : leroman Tram de nuit pour Lisbon-ne, de Pascal Mercier, un auteursuisse allemand, édité par MareilSell (« Le Monde des livres » du8 septembre 2006) s'est écoulé à20 000 exemplaires, dont plusdes trois quarts en librairie

Selon le classement etabli danscette section de l'étude, les quatrepremiers titres les plus vendus enlibrairie (parmi lesquels Le roivient quand il veut, de PierreMichon, chez Albin Michel) sontaussi les quatre derniers titres dela liste des enseignes culturellesA Pans, les ventes dans les maga-sins culturels ressemblent deplus en plus à celles des grandessurfaces alimentaires (17titres encommunsur20) Une conséquen-ce, peut-être, de la centralisationdes achats A la Fnac, par exem-ple, le choix des libraires maisona ete court-circuité par la mise enplace d'un système de sélection àl'échelle du groupe BU

A.B.-M.www lemouf fr

dre son potentiel de ventes, ce quiincite les responsables à ne pasdépasserdixhvresparan Leurmai-bon sera littéraire, maîs ils se refu-sent à définir une ligne, prenantcomme modèle l'éditeur Jean-Jac-ques Pauvert Leur premier coupde cœur concerne l'œuvre d'EdgarHilbenrath, un écrivain allemandinclassable, « un branleur degénie » âgé de 83 ans dont ils édite-ront trois livres, à commencer parFudcAmenca, récemment paru.

Un graphisme soignéLa facilite à créer des cellules

autonomes et dynamiques per-met aux petits éditeurs de se mon-trer confiants « Par avis de grastemps,lacoquedenotxserevèlesou-vent l'embarcation la plus fiable »,note Sophie Giraud, directrice édi-tonale d'Hélium qui afait ses clas-ses chez Albin Michel jeunesse,puis chez Naïve Cette nouvellemaison publie desouvrages de jeu-nesse, et des livres objets et desbeaux livres Pas plus de 15 titrespar an Elle a pu présenter à laFoire de Bologne ses premierstitres . La petite bête qui monte, deDelphine Chedru et Dups .',de Jean-Luc Fromental et Joëlle Jolivet, lesauteurs des 365 Pingouins, vendusISO 000 exemplaires dans 12 pays

« l'avenirestau livre tres soigné,car cela doit être aussi un bel objet»,indique Sophie Giraud. Les créa-teurs de ces nouvelles maisonscultivent tous le souci du détail etune grande attention au graphis-me. Dans la période actuelle, l'ima-ge que renvoie une maison appa-raît comme essentielle IM!

Alain Beuve-Méry

Oliver Gallmeister : « Les livres, on les vend un par un »

L es mêmes amis qui lui ontreproché de « surfer sur lamode écolo », en créant une

maison consacrée au nature wri-ting(« littérature de la nature »),l'ont gentiment chambre lors dulancementd'« Americana » sor-tie en janvier, cette collectionregroupe des textes sur PAméri-que à contre-jour, comme DosKapital, de Viken Berberian Cet-te fois-ci, il collait à la mode deslomans liés aux soubresauts de lafinance internationale. Maîs, enédition, pour arriver a point,mieux vaut avoir anticipé de dix-huit mois

« ll faut accepter que les chosesaillent lentement », constate Oli-ver Gallmeister, 39 ans, fondateurde la maison portant son nom etqui a publié ses premiers livres enjanvier 2006 Vingt-cinq ans dewhtade, de John Haines, le récitd'un trappeur en Alaska, et Le

Gang de la clef à molette, d'EdwardAbbey, un polar écologiste

Ancien contrôleur de gestionchez Hachette Distribution, Oli-ver Gallmeister voulait créer unemaison qui traite « de la httératu-re de l'Ouest [des Etats-Unis] et desgrands espaces » Amoureux de lanature, pêcheur à la mouche, illisait avec passion les écrivainspublies par Christian Bourgois,Actes Sud et la collection « Terred'Amérique », chez Albin Michel.Sonambition étaitde «fairecequeMichel Le Bris a réussi avec les écri-vains voyageurs, tiya vingt ans »

Pendant dix-huit mois, il nes'est pas payé Avec sa famille, ils'est installe à Vannes, maîs dispo-se d'un pied-à-terre à Paris« Devenir éditeur, c'est possible, lerester est moins évident», souli-gne-t-il De fait, l'immobilisationen capital est dix fois moins elevepour créer une maison d'édition

LMJRFNTMONLAU/RAPHO

(de l'ordre de 30 DOO €), quepour une librairie

Dans son metier, il n'y a pas dejournée type. Maîs « quand vousvous lancez, l'aspect commercialcompte autant que l'aspect edito-rial», observe-t-il. Certainsjours, il passe huit heures d'affi-lée a relire un manuscrit, mettantun soin jalouxà la qualité de latra

duction. Cette semaine était plusconsacrée à la promotion mardi24 mars, il était à Laval, dans unemédiathèque pour présenter seslivres et jeudi 26, à la librairieActes Sud d'Arles, pour un débat

Trois ans après sa ciéation, ilcompte vingt-trois titres à soncatalogue et son programme deparutions est bouclé pour lesdeux années à venir Pour l'ins-tant, son meilleur score de venteconcerne un roman policier CascoBoy, de William G Tapply, dont ila écoulé près de 10 00 exemplai-res. « Les livres, on les vend un parun Un vrai libraire ne prend pasvingt exemplaires d'un coup. S'ilvend cinq titres, il n'en commande-ra à nouveau que trois »

Avant de se jeter à l'eau, il avaitbien préparé son projet. Il aconfieà la graphiste Valerie Renaud lesoin de dessiner son emblème,une patte d'ours, entoure d'un

ovale blanc. Il a bénéficié d'unaccueil bienveillant de la partd'éditeurs comme Anne-MarieMétailié, ou encore Laurent Bec-cana (Les Arenes) qui l'a parrainéauprès de la GDE et de la Sodis,les diffuseur et distributeur deGallimard. « On ne choisit pas sondistributeur,Cestlui qui vousLoop-œ»,souhgne-t-il

L'accueil des représentants etdes libraires a aussi eté détermi-nant LeSquareàGrenoble,Cam-ponovo a Besançon, La Griffe noi-re à Samt-Maur, I 000 Pages àVincennes, Le Divan à Pans, fontpartie, entre autres, des points devente qui lui ont pennis de décol-ler. La presse a elle aussi aidé

II dispose, enfin, d'un site Inter-net remis à jour chaque mois,maîs il estime qu'« il est trop petitpourqa'Internetjoue un rôle essen-tiel pourson developpement ». mi

A, B.-M.

80 BOULEVARD AUGUSTE-BLANQUI75707 PARIS CEDEX 13 - 01 57 28 20 00

27 MARS 09Hebdomadaire Paris

Surface approx. (cm²) : 509

Page 1/1

LIVRE21981349100509/GTG/AYM/1

Eléments de recherche : SALON DU LIVRE DE PARIS : en mars de chaque année à la Porte de Versailles Paris 15ème, toutes citations

Malgré la crise, des éditeurs se lancentAvec des moyens réduits, de jeunes entreprises ont su trouver une « niche

C 'est une singularité fran-çaise • chaque année, depetites maisons d'édmonse créent,provoquant sou-

vent l'agacement des « grandes »,qui accusent ces nouvelles venuesd'encombrer les tables des librai-ries. Tomes ne survivent pas, maiscertaines s'installent dans le paysa-ge éditonal, comme Sabine Wespie-ser, Au Diable Vauvert, Les Equa-teurs, Quidam, Fmitude, Galaade,Amsterdam, Les Prairies ordinai-res. Contre toute attente, ce mouvement de création ne s'est pasralenti avec la crise, il s'est mêmeplutôt amplifié.

En ce printemps, les nouvellesfleurs de l'édition française ontpour nom Le Bruit du temps, Atti-la, Helium ou Koutoubia. Ceb qua-tre projets ont en commun d'avoireté longuement mûns par leursconcepteurs Ce sont des structu-res indépendantes, leur anima-teur ayant gardé la majorité ducapital - excepté pour Koutoubia,adossée au groupe Alphée

Pourquoi se lancer quand lacn-se se manifeste ? Comment esperent-ils vivre ' D'abord, tous ontadopté des strategies de nicheAnimée par le reporter photographe Brick Bonnier, Koutoubia apour originalité de publier deslivres liés à une zone géographi-que. De l'art de vivre aux romanshistoriques (L'Espionne ottomane,d'Alain de Savigny), en passantpar l'actualité ou la spiritualité(Soufisme, de Zakia Zouanat),tous les livres concernent le monde musulman. « L'islam sert detransversale », explique le respon-sable qui entend augmenter le

rythme des parutions (5 titres parmois à partir de septembre)

« L'édition n'aime pas la vites-se », rappelle Antoine Jaccottet,traducteur et ex-éditeur chez Galli-mard (collection « Quarto ») quia sauté le pas, àl'âge de 55 ans, grâ-ce a un héritage Avec Le Bruit dutemps, son ambition est de faireredécouvrir des grands textes dupain moine litteraire tombés dansl'oubli II a placé sa maison sousles auspices du poète britanniqueRobert Browning L'Anneau et leLivie, écrit en vers, fut un best-sel-ler dans l'Angleterre du XIX' siè-cle, admiré par Henry James, Virgi-nia Woolf, André Gide, et traduitune seule fois en 1959, chez Galli-mard Jaccottet le propose dans

une version bilingue, ce qui donneun pavé de 1424 pages, au prix de39 e

Pan fou assurément, « maîs l'ac-cueil aue j'ai reçu des libraires meconfirmequ'il^adelaplaœpourdespentes maisons comme la mienne »,dit l'éditeur. Il pubbera des textes,plus courts, d'Ossip Mandelstam,Isaac Babel, D H. Lawrence ouHenry James, et ne dépassera pasdix titres par an. Avant de se lancer,il a choisi un diffuseur adapté a saproduction, Les Belles Lettres

Autre argument pour se lanceren période de récession misersur la légèreté de la structure etsur sa réactivité. C'est le calculqu'ont fait les créateurs d'Attila,maison née de la rencontre entre

deux trentenaires, FrédéricMartin et Benoît Virot Le premiera travaillé sept ans aux côtes deViviane Mamy, contribuant au suc-cès de L'Art de la joie, de GoliardaSapienza ; Ic second a commencépar des études de journalisme.Comme on lui promettait uneannée de chômage, il a preféré fon-der, avec des amis, une revue litté-raire, Le Nouvel Attila « Le virusde l'édition est venu par nécessité »,dit Benoît Virot

« Danskspentesstructures,letra-vaild'an editeur commence la où lisetermine dans les grandes maisons »,note Frédéric Martin. En résumé, ilfaut tout suivrede la fabrication à larelation avec les libraires Chaquelivre doit être défendu pour attein-

Un ami efficace et fidèle, le libraire

I ls sont les alliés les plus soli-des, les plus fidèles, les plusefficaces de la petite édition •

les libraires. Réalisée pour le Salondu livre, une étude du Motif(Observatoire du livre et de l'écriten Ile-de-France) met en évidencela répartition des ventes de livresselon les différents circuits (librai-ries, enseignes culturelles, typeFnac, Virgin, grandes surfaces ali-mentaires et vente en ligne)

Cette analyse vient démontrerl'intuition qui était celle de Jérô-me Lindon,rancienettrès respec-té patron des éditions de Minuit.la librairie est la seule garante dela diversité éditonale, a Paris com-me ailleurs. Là où les grandesenseignes se contentent de suivreles tendances, les librairies, elles,

jouent un rôle de tête chercheuseElles sont les premières a repérerdes titres dont le succès serarelayé et amplifié par les autres

L'étude passe au peigne fin lavie commerciale de 38 titres de lit-térature générale (poésie, poli-ciers, littérature étrangère...)Avec des résultats éloquents pourla période 2004-2008 . pour cer-tains titres, le succès passe entiei e-ment par la librairie, à l'exclusionde tous les autres réseaux de ven-te Un exemple parmi d'autres : leroman Tram de nuit pour Lisbon-ne, de Pascal Mercier, un auteursuisse allemand, édité par MareilSell (« Le Monde des livres » du8 septembre 2006) s'est écoulé à20 000 exemplaires, dont plusdes trois quarts en librairie

Selon le classement etabli danscette section de l'étude, les quatrepremiers titres les plus vendus enlibrairie (parmi lesquels Le roivient quand il veut, de PierreMichon, chez Albin Michel) sontaussi les quatre derniers titres dela liste des enseignes culturellesA Pans, les ventes dans les maga-sins culturels ressemblent deplus en plus à celles des grandessurfaces alimentaires (17titres encommunsur20) Une conséquen-ce, peut-être, de la centralisationdes achats A la Fnac, par exem-ple, le choix des libraires maisona ete court-circuité par la mise enplace d'un système de sélection àl'échelle du groupe BU

A.B.-M.www lemouf fr

dre son potentiel de ventes, ce quiincite les responsables à ne pasdépasserdixhvresparan Leurmai-bon sera littéraire, maîs ils se refu-sent à définir une ligne, prenantcomme modèle l'éditeur Jean-Jac-ques Pauvert Leur premier coupde cœur concerne l'œuvre d'EdgarHilbenrath, un écrivain allemandinclassable, « un branleur degénie » âgé de 83 ans dont ils édite-ront trois livres, à commencer parFudcAmenca, récemment paru.

Un graphisme soignéLa facilite à créer des cellules

autonomes et dynamiques per-met aux petits éditeurs de se mon-trer confiants « Par avis de grastemps,lacoquedenotxserevèlesou-vent l'embarcation la plus fiable »,note Sophie Giraud, directrice édi-tonale d'Hélium qui afait ses clas-ses chez Albin Michel jeunesse,puis chez Naïve Cette nouvellemaison publie desouvrages de jeu-nesse, et des livres objets et desbeaux livres Pas plus de 15 titrespar an Elle a pu présenter à laFoire de Bologne ses premierstitres . La petite bête qui monte, deDelphine Chedru et Dups .',de Jean-Luc Fromental et Joëlle Jolivet, lesauteurs des 365 Pingouins, vendusISO 000 exemplaires dans 12 pays

« l'avenirestau livre tres soigné,car cela doit être aussi un bel objet»,indique Sophie Giraud. Les créa-teurs de ces nouvelles maisonscultivent tous le souci du détail etune grande attention au graphis-me. Dans la période actuelle, l'ima-ge que renvoie une maison appa-raît comme essentielle IM!

Alain Beuve-Méry

Oliver Gallmeister : « Les livres, on les vend un par un »

L es mêmes amis qui lui ontreproché de « surfer sur lamode écolo », en créant une

maison consacrée au nature wri-ting(« littérature de la nature »),l'ont gentiment chambre lors dulancementd'« Americana » sor-tie en janvier, cette collectionregroupe des textes sur PAméri-que à contre-jour, comme DosKapital, de Viken Berberian Cet-te fois-ci, il collait à la mode deslomans liés aux soubresauts de lafinance internationale. Maîs, enédition, pour arriver a point,mieux vaut avoir anticipé de dix-huit mois

« ll faut accepter que les chosesaillent lentement », constate Oli-ver Gallmeister, 39 ans, fondateurde la maison portant son nom etqui a publié ses premiers livres enjanvier 2006 Vingt-cinq ans dewhtade, de John Haines, le récitd'un trappeur en Alaska, et Le

Gang de la clef à molette, d'EdwardAbbey, un polar écologiste

Ancien contrôleur de gestionchez Hachette Distribution, Oli-ver Gallmeister voulait créer unemaison qui traite « de la httératu-re de l'Ouest [des Etats-Unis] et desgrands espaces » Amoureux de lanature, pêcheur à la mouche, illisait avec passion les écrivainspublies par Christian Bourgois,Actes Sud et la collection « Terred'Amérique », chez Albin Michel.Sonambition étaitde «fairecequeMichel Le Bris a réussi avec les écri-vains voyageurs, tiya vingt ans »

Pendant dix-huit mois, il nes'est pas payé Avec sa famille, ils'est installe à Vannes, maîs dispo-se d'un pied-à-terre à Paris« Devenir éditeur, c'est possible, lerester est moins évident», souli-gne-t-il De fait, l'immobilisationen capital est dix fois moins elevepour créer une maison d'édition

LMJRFNTMONLAU/RAPHO

(de l'ordre de 30 DOO €), quepour une librairie

Dans son metier, il n'y a pas dejournée type. Maîs « quand vousvous lancez, l'aspect commercialcompte autant que l'aspect edito-rial», observe-t-il. Certainsjours, il passe huit heures d'affi-lée a relire un manuscrit, mettantun soin jalouxà la qualité de latra

duction. Cette semaine était plusconsacrée à la promotion mardi24 mars, il était à Laval, dans unemédiathèque pour présenter seslivres et jeudi 26, à la librairieActes Sud d'Arles, pour un débat

Trois ans après sa ciéation, ilcompte vingt-trois titres à soncatalogue et son programme deparutions est bouclé pour lesdeux années à venir Pour l'ins-tant, son meilleur score de venteconcerne un roman policier CascoBoy, de William G Tapply, dont ila écoulé près de 10 00 exemplai-res. « Les livres, on les vend un parun Un vrai libraire ne prend pasvingt exemplaires d'un coup. S'ilvend cinq titres, il n'en commande-ra à nouveau que trois »

Avant de se jeter à l'eau, il avaitbien préparé son projet. Il aconfieà la graphiste Valerie Renaud lesoin de dessiner son emblème,une patte d'ours, entoure d'un

ovale blanc. Il a bénéficié d'unaccueil bienveillant de la partd'éditeurs comme Anne-MarieMétailié, ou encore Laurent Bec-cana (Les Arenes) qui l'a parrainéauprès de la GDE et de la Sodis,les diffuseur et distributeur deGallimard. « On ne choisit pas sondistributeur,Cestlui qui vousLoop-œ»,souhgne-t-il

L'accueil des représentants etdes libraires a aussi eté détermi-nant LeSquareàGrenoble,Cam-ponovo a Besançon, La Griffe noi-re à Samt-Maur, I 000 Pages àVincennes, Le Divan à Pans, fontpartie, entre autres, des points devente qui lui ont pennis de décol-ler. La presse a elle aussi aidé

II dispose, enfin, d'un site Inter-net remis à jour chaque mois,maîs il estime qu'« il est trop petitpourqa'Internetjoue un rôle essen-tiel pourson developpement ». mi

A, B.-M.

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Edgar Hilsenrath reçoit le prix Mémorable 2009 pour Fuck AmericaPosté par Céline le 18.11.09 à 11:02 | tags : news, prix, roman

C'est à Edgar Hilsenrath et à son roman Fuck America, que vient d'être décerné le prix Mémorable, créé l'an dernierpar le groupement de libraires indépendants Initiales pour valoriser un ouvrage injustement passé inaperçu.

Initialement publié en 1980, Fuck America raconte l'histoire de Jakob Bronsky, un émigrant juif arrivé à New Yorkquelques années après la fin de la guerre, qui enchaîne les boulots précaires afin de pouvoir continuer à écrire. Leroman, écrit avec une verve qui évoque celle de Bukowski, a été redécouvert et traduit par les éditions Attila enavril dernier. Nous avions rencontré l'écrivain lors de son passage à Paris :

Voir l'entretien avec Edgar Hilsenrath.

Au moment de sa sortie, Fuck America avait reçu un bon accueil de la part des libraires. C'est donc naturellementqu'il reçoit aujourd'hui le prix Mémorable, pour lequel concouraient également L'Italie à la paresseuse d'Henri Calet

- sorte de gonzo des lettres françaises (Le Dilettante), et Au-delà du mal de Shane Stevens (Sonatine).

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CommentairesDe Coriolano, posté le 18.11.09 à 14:47

Excellent choix. J'ai lu ce magnifique roman et je le conseil a tout le monde. Attention ca demenage.

Livres : actu romans, essais et bd, extrai ts. . . b log Mi l le feui l les.

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. Gwendal sur Commentgagner tous les concours denouvelles et se faire du blé ?. laura sur J'ai vendu meslivres ce weekend(autofiction). myosotis sur Poèmes pourl'identité nationale : lacontribution de JosephMyosotis d'Arbaud. Coriolano sur EdgarHilsenrath reçoit le prixMémorable 2009 pour FuckAmerica. GED sur Poèmes pourl'identité nationale : lacontribution de JosephMyosotis d'Arbaud. isaac sur Concours demauvaise poésie : Je t'aimemais toi tu ne m'aimes pas. cruising sur Bob Garcia, unhomme ruiné par... sa passionpour Tintin. Sophie sur Poèmes pourl'identité nationale : lacontribution de JosephMyosotis d'Arbaud. raton sur Les 7 trucs pourfaire un bon poème (2). Jacques sur Pourquoi lespamphlets ne sont plus à lamode : remise du 4e PrixAnabet

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149 RUE ANATOLE FRANCE92534 LEVALLOIS PERRET CEDEX - 01 41 34 60 00

27 MAI 11Hebdomadaire Paris

OJD : 370659

Surface approx. (cm²) : 297N° de page : 70

Page 1/1

ATTILA29293838200501/GPP/OTO/2

Eléments de recherche : ÉDITIONS ATTILA : maison d'éditions, toutes citations

leslivresdeelle

UN CŒUR EN YVERT« Pourquoi papa veut s'en aller ? - paspapa part pas papapa part pas papapapart pas. » Pour l'exquise Fabienne Yvert,une crise familiale vaut bien un poème. Endeux temps, trois mouvements, elle tournele divorce en exercice de diction ou en solode percussions. Ce père qui est sans douteparti pour une autre, elle lui invente de

bonnes raisons : le voici mort-vivant ou grand aventurier. Elle jettetout sur le papier, laisse courir son imagination et prépare sa belletambouille de refrains et de calembours. La misère du quotidiense teinte de merveilleux. « Papa part, maman ment, même meurt »,c'est un petit livre quelque part entre le témoignage vibrant et ledélire oulipien. C'est drôle, c'est déchirant, c'est beau comme duPrévert version ménagère de moins de 50 ans. AUGUSTIN TRAPENARD• « Papa part, maman ment, mémé meurt », de Fabienne Yvert (Attila, 76 p.).

rtcmeurt

SUIVEZ CETTE JEUNE FILLED'AFRO SOUVENIRSRien ne va plus pour Noah, trentenaire quimenait une vie tranquille entre son épouxet sa fille ado Enfermée dans son atelier, lesmains dans l'argile, elle n'arrive plus à créerEntre elle et son man, ce n'est pas la guerre,plutôt une forme d'indifférence Mais d'oùvient ce sentiment d'étouffement ? Petit àpetit, elle se replonge dans son enfanceafricaine qu'elle tenait jusque^ à distancele salon de beauté de Mme Fleur, appeléChez Cocotte, les soirées passées à danserle diambadong avec les gosses des rues, lesprostituées rebaptisées boutique-mon-culUne jeunesse idyllique portée au pinacleAu fil du récit, l'autoanalyse se fait cruelle Unpère adulé, érigé en icône, que tout lemonde, a commencer par elle, appelle DieuUne mère restée à Pans, qui débarque detemps en temps le sac rempli de cadeaux..B ce constat amer et délicat avec lesmeilleures intentions du monde, ces deuxidéalistes soixante-huitards lui ont volé sa vieLa fillette blonde, au milieu des petits Noirs,comblait les délires utopistes de ses parentsQui, à défaut de l'élever, la regardaientpousser de lom. Avec cette écriture coup depoing qui faisait le sel de son premier livre,« Festin de miettes », Marine Bramly récidivedans l'introspection, avec une sensibilitépudique et poignante NATHALIE DUPUIS• « Man petit bunker », de Manne Bramly(JC Lattès, 249 p)

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Page 22: Hilsenrath : une revue de presse
Page 23: Hilsenrath : une revue de presse
Page 24: Hilsenrath : une revue de presse
Page 25: Hilsenrath : une revue de presse

29 RUE DE CHATEAUDUN75308 PARIS CEDEX 9 - 01 75 55 10 00

29 SEPT/05 OCT 10Hebdomadaire Paris

OJD : 440469

Surface approx. (cm²) : 108N° de page : 127

Page 1/1

ATTILA24958445200508/XIQ/MAF/2

Eléments de recherche : ÉDITIONS ATTILA : maison d'éditions, toutes citations

LE PALMARES DE LEXPRESS

des meilleures ventesde fictions historiques

Réalisé par Tite-Live, du 28 juin au 19 septembre 2010, à partirde 400 points de vente, librairies et grandes surfaces spécialisées.

I TITRES

I L'Entreprise des Indes

2 L'Insomnie des étoiles

3 ParfcMeur de batailles, de rois et d'éléphants

4 Prodigieuses Créatures

5 Purge

6HHHH

7 Pirates

8 Lux Tenebrae

9 L'Excessive

10 Le Nazi et le Barbier

11 Inch'Allah (t I). Le souffle du jasmin

12 Le Symbole perdu

13LeKabbalistedePrague

14 Otage

15 Hammerstein ou l'intransigeance.

Une histoire allemande

AUTEURS

Erik Orsenna

Marc Dugain

Mathias Enard

Tracy Chevalier

Sofi Oksanen

Laurent Binet

Michael Cnchton

E Giacometti

etj Ravenne

A Lapierre

Edgar Hilsenrath

Gilbert Smoue

Dan Brown

Marek Halter

Elle Wiesel

Hans Magnus

Enzensberger

EDITEURS

Stock/Fayard

Gallimard

Actes Sud

Table Ronde

Stock

Grasset

Robert Laffont

Fleuve noir

Pion

Attila

Flammarion

J-C Lattes

Robert Laffont

Grasset

Gallimard

Le Palmarès L'Express est présenté chaque jeudi, à 7 h 10 sur RTL.

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I TITRES

I L'Entreprise des Indes

2 L'Insomnie des étoiles

3 ParfcMeur de batailles, de rois et d'éléphants

4 Prodigieuses Créatures

5 Purge

6HHHH

7 Pirates

8 Lux Tenebrae

9 L'Excessive

10 Le Nazi et le Barbier

11 Inch'Allah (t I). Le souffle du jasmin

12 Le Symbole perdu

13LeKabbalistedePrague

14 Otage

15 Hammerstein ou l'intransigeance.

Une histoire allemande

AUTEURS

Erik Orsenna

Marc Dugain

Mathias Enard

Tracy Chevalier

Sofi Oksanen

Laurent Binet

Michael Cnchton

E Giacometti

etj Ravenne

A Lapierre

Edgar Hilsenrath

Gilbert Smoue

Dan Brown

Marek Halter

Elle Wiesel

Hans Magnus

Enzensberger

EDITEURS

Stock/Fayard

Gallimard

Actes Sud

Table Ronde

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Grasset

Robert Laffont

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Grasset

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Le Palmarès L'Express est présenté chaque jeudi, à 7 h 10 sur RTL.

Page 26: Hilsenrath : une revue de presse

12 Culture

L’HUMANITÉ . JEUDI 22 AVRIL 2010

L’identité juive du SS Max SchulzQuand un nazi se cache sous l’identité d’une de ses victimes et devient un des fondateurs d’Israël... Le roman iconoclaste d’Hilsenrath,

paru il y a plus de trente ans, est en n disponible en français. Où l’on retrouve la verve intacte de l’auteur de Fuck America.

« La lâcheté tend à projeter sur les autres la responsabilité qu’on refuse. » JULIO CORTAZAR, ÉCRIVAIN.

LE NAZI ET LE BARBIER, d’Edgar Hilsenrath,TRADUIT DE L’ALLEMAND PAR JÖRG STICKAN ET SACHA ZILBERFARB.ÉDITIONS ATTILA, 512 PAGES, 23 EUROS.

Deux minutes et vingt-deux secondes : c’est le temps qui sépare la naissance de Max

Schulze de celle d’Itzig Finkels-tein. Ça se passe en 1907, dans deux maisons voisines, à l’angle de la rue Goethe et de la rue Schiller, à Wieshall, en Silésie. Une seule petite différence entre eux, qui comptera, cependant, dans les années à venir : Itzig est juif et Max aryen. Il en est cer-tain : les arbres généalogiques de ses pères possibles confir-ment la pure germanité des cinq amants, à ce moment-là, de sa mère, servante chez le fourreur juif Abramowicz et putain à ses heures, c’est-à-dire presque tout le temps. En attendant, les deux quasi-jumeaux sont in-séparables et, tout aryen qu’il soit, Max partage avec Itzig le yiddish le shabbat, les chants,

prières et rites de la tradition. Il apprend même l’alphabet hébreu et joue au foot dans l’équipe juive du quartier. Edgar Hilsenrath, les heureux lecteurs de Fuck America (1) le savent, ne recule devant rien : Itzig est un blond aux yeux

bleus, au nez fin et aux traits réguliers et l’aryen Max un brun, nez crochu et « yeux de grenouille ».

Ainsi commence le Nazi et le Barbier, dans une ironie grinçante et jubilatoire très Mitteleuropa teintée d’humour

new-yorkais. Mais à l’avène-ment d’Hitler, Max se rallie au nouveau pouvoir et devient un nazi bon teint. SS, premières armes avec les Einsatzgrup-pen récompensées d’un poste de « coresponsable » de camp. Un « petit camp de rien du tout,

seulement 200 000 morts ». Il y verra entrer Itzig, qui n’en ressortira pas. Mais, au-delà de l’extermination, leur destin restera lié. Le nazisme défait, Max, traqué, va tout simple-ment prendre l’identité de son jumeau et de sa victime. Son

physique et sa connaissance du judaïsme aidant, le roi des débrouillards va faire un candidat à l’immigration en Palestine plus que plausible. « On ne demande pas à un juif : faisiez-vous partie de la SS ? » surtout s’il a pris soin de se faire circoncire et tatouer un numéro de déporté.

Cette partie du roman, sans se départir de son ton inimitable, atteint une autre dimension. Renouant avec son enfance,

Max-Itzig va vivre pour de bon un judaïsme, mais qui n’a plus rien à voir avec celui de l’Eu-rope centrale, et qui s’invente soldat, kibboutznik, refusant le yiddish. Max découvre la mi-sère des villages arabes, devient sergent dans Tsahal, héros de la guerre de 1948. Mais surtout, et c’est là qu’affleure la profonde gravité d’Hilsenrath, le roman ouvre une longue méditation sur l’identité, l’expiation, la justice et le pardon, et aussi la fiction. L’ancien génocidaire Max Schulz n’est-il pas devenu réellement le juif qu’il croyait feindre ? Ne l’était-il pas de nais-sance, sinon biologiquement ? Est-il possible qu’il meure en paix avec ses six millions de victimes ? Avec ce roman, paru il y a plus de trente ans, Edgar Hilsenrath porte l’histoire drola-tique et provocatrice aux dimen-sions d’un vrai chef-d’œuvre.

ALAIN NICOLAS

(1) L’Humanité du 11 juin 2009. Lire aussi Fuck America en poche, Éditions du Seuil, 320 pages, 7 euros. Pour les germanistes, le site d’Hilsenrath : www.hilsenrath.de

Le nazisme défait, l’ancien

génocidaire Max Schulz, traqué,

va tout simplement prendre l’identité

de sa victime.

12 Culture

L’HUMANITÉ . JEUDI 22 AVRIL 2010

L’identité juive du SS Max SchulzQuand un nazi se cache sous l’identité d’une de ses victimes et devient un des fondateurs d’Israël... Le roman iconoclaste d’Hilsenrath,

paru il y a plus de trente ans, est en n disponible en français. Où l’on retrouve la verve intacte de l’auteur de Fuck America.

« La lâcheté tend à projeter sur les autres la responsabilité qu’on refuse. » JULIO CORTAZAR, ÉCRIVAIN.

LE NAZI ET LE BARBIER, d’Edgar Hilsenrath,TRADUIT DE L’ALLEMAND PAR JÖRG STICKAN ET SACHA ZILBERFARB.ÉDITIONS ATTILA, 512 PAGES, 23 EUROS.

Deux minutes et vingt-deux secondes : c’est le temps qui sépare la naissance de Max

Schulze de celle d’Itzig Finkels-tein. Ça se passe en 1907, dans deux maisons voisines, à l’angle de la rue Goethe et de la rue Schiller, à Wieshall, en Silésie. Une seule petite différence entre eux, qui comptera, cependant, dans les années à venir : Itzig est juif et Max aryen. Il en est cer-tain : les arbres généalogiques de ses pères possibles confir-ment la pure germanité des cinq amants, à ce moment-là, de sa mère, servante chez le fourreur juif Abramowicz et putain à ses heures, c’est-à-dire presque tout le temps. En attendant, les deux quasi-jumeaux sont in-séparables et, tout aryen qu’il soit, Max partage avec Itzig le yiddish le shabbat, les chants,

prières et rites de la tradition. Il apprend même l’alphabet hébreu et joue au foot dans l’équipe juive du quartier. Edgar Hilsenrath, les heureux lecteurs de Fuck America (1) le savent, ne recule devant rien : Itzig est un blond aux yeux

bleus, au nez fin et aux traits réguliers et l’aryen Max un brun, nez crochu et « yeux de grenouille ».

Ainsi commence le Nazi et le Barbier, dans une ironie grinçante et jubilatoire très Mitteleuropa teintée d’humour

new-yorkais. Mais à l’avène-ment d’Hitler, Max se rallie au nouveau pouvoir et devient un nazi bon teint. SS, premières armes avec les Einsatzgrup-pen récompensées d’un poste de « coresponsable » de camp. Un « petit camp de rien du tout,

seulement 200 000 morts ». Il y verra entrer Itzig, qui n’en ressortira pas. Mais, au-delà de l’extermination, leur destin restera lié. Le nazisme défait, Max, traqué, va tout simple-ment prendre l’identité de son jumeau et de sa victime. Son

physique et sa connaissance du judaïsme aidant, le roi des débrouillards va faire un candidat à l’immigration en Palestine plus que plausible. « On ne demande pas à un juif : faisiez-vous partie de la SS ? » surtout s’il a pris soin de se faire circoncire et tatouer un numéro de déporté.

Cette partie du roman, sans se départir de son ton inimitable, atteint une autre dimension. Renouant avec son enfance,

Max-Itzig va vivre pour de bon un judaïsme, mais qui n’a plus rien à voir avec celui de l’Eu-rope centrale, et qui s’invente soldat, kibboutznik, refusant le yiddish. Max découvre la mi-sère des villages arabes, devient sergent dans Tsahal, héros de la guerre de 1948. Mais surtout, et c’est là qu’affleure la profonde gravité d’Hilsenrath, le roman ouvre une longue méditation sur l’identité, l’expiation, la justice et le pardon, et aussi la fiction. L’ancien génocidaire Max Schulz n’est-il pas devenu réellement le juif qu’il croyait feindre ? Ne l’était-il pas de nais-sance, sinon biologiquement ? Est-il possible qu’il meure en paix avec ses six millions de victimes ? Avec ce roman, paru il y a plus de trente ans, Edgar Hilsenrath porte l’histoire drola-tique et provocatrice aux dimen-sions d’un vrai chef-d’œuvre.

ALAIN NICOLAS

(1) L’Humanité du 11 juin 2009. Lire aussi Fuck America en poche, Éditions du Seuil, 320 pages, 7 euros. Pour les germanistes, le site d’Hilsenrath : www.hilsenrath.de

Le nazisme défait, l’ancien

génocidaire Max Schulz, traqué,

va tout simplement prendre l’identité

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12 Culture

L’HUMANITÉ . JEUDI 22 AVRIL 2010

L’identité juive du SS Max SchulzQuand un nazi se cache sous l’identité d’une de ses victimes et devient un des fondateurs d’Israël... Le roman iconoclaste d’Hilsenrath,

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Cette partie du roman, sans se départir de son ton inimitable, atteint une autre dimension. Renouant avec son enfance,

Max-Itzig va vivre pour de bon un judaïsme, mais qui n’a plus rien à voir avec celui de l’Eu-rope centrale, et qui s’invente soldat, kibboutznik, refusant le yiddish. Max découvre la mi-sère des villages arabes, devient sergent dans Tsahal, héros de la guerre de 1948. Mais surtout, et c’est là qu’affleure la profonde gravité d’Hilsenrath, le roman ouvre une longue méditation sur l’identité, l’expiation, la justice et le pardon, et aussi la fiction. L’ancien génocidaire Max Schulz n’est-il pas devenu réellement le juif qu’il croyait feindre ? Ne l’était-il pas de nais-sance, sinon biologiquement ? Est-il possible qu’il meure en paix avec ses six millions de victimes ? Avec ce roman, paru il y a plus de trente ans, Edgar Hilsenrath porte l’histoire drola-tique et provocatrice aux dimen-sions d’un vrai chef-d’œuvre.

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pépart,mensonge,mort,troisévénementsfamilierssaisisparlej'eutroublantdela langue.PAPA PART, M AMAN MEHT,MÊME MEURT, dè Fabienne YvertÉDITIONS ATTILA, 9,50 EUROS.

Papa part, maman mentla vie balbutie Les acci-dents de la vie, comme

on dit, prennent sous la plumede Fabienne Yvert le charmeamer du bredouillis enfantinDans Télescopages, paru cetautomne, Fabienne Yvertlivrait 250 fiches, figurant unemanière d'inventaire de sonquotidien Aujourd'hui, troistextes des années quatre-vingt,édités sous forme de livre d'ar-tiste écrit à la main, reviennentau jour en un seul petit ouvrageTrois événements de la vie vuspar un enfant, reliés par ce re-gard, restitués par ce discours

Papa part, maman ment,même meurt, et un discours sedéclenche, qui tient du babil del'enfant jouant avec les sons

« Maman ment, mama maman,ma maman ment » Et très vitele jeu se déplace sur le langage,sur la manière de dire, d'éviterde dire «Mêmes'en va, mêmeest partie, même part, mêmepart en voyage, elle ne revien-dra jamais, même s'envole ( )même est au ciel » Maîs c'estaussi l'inventaire cru et chirur-gical des illusions, des prétextes,des mensonges, histoire de don-ner de fausses réponses auxvraies questions pourquoi Papapart-il9 Où va-il9 La parole hé-site, bute sur les évidences puisse lance vers l'excès baroque« Papa va à Sainte-Hélène, papapart pour l'Everest » Lire ce pe-tit livre heureusement réédité,c'est assister auxjeux troublesdu langage et du quotidien, unecomplicité qui se mue souventen guerre, pour le plus grandplaisir du lecteur

A. N.

Page 27: Hilsenrath : une revue de presse
Page 28: Hilsenrath : une revue de presse

15/04/10 20:31 - LE_SOIR du 16/04/10 - p. 38

Le destin d’un créa-teur politique-ment très incor-rect vaut au romanqu’Edgar Hilsen-rath écrivit il y a

quarante ans, Le nazi et le bar-bier, de nous arriver précédéd’une aventure éditoriale peucommune. L’auteur, survivantd’un ghetto en Ukraine, a com-mencé à écrire après la guerremais son premier roman, Nacht,n’a connu qu’une brève existencedans les librairies allemandes.En revanche, l’éditeur américainqui l’avait mis à son catalogue en1966 a demandé un autre livre àHilsenrath. Celui-ci rédige alors,en allemand, Der Nazi und derFriseur, dont la traduction sortaux Etats-Unis en 1971. Et enFrance trois ans plus tard –mais,semble-t-il, dans une version in-complète. EnAllemagne, une soi-xantaine d’éditeurs le refusent.Un des traducteurs résume lesraisons du blocage : « Pas com-

me ça, Monsieur Hilsenrath, pascomme ça ! Ce n’est pas comme çaqu’on doit parler de l’Holocaus-te ! » On ne rit pas avec ce sujet.Surtout si on est juif…Heureusement, un livre puis-

sant finit toujours par trouver seslecteurs. Après bien des années,le talent d’Edgar Hilsenrath re-connu jusque dans son pays – de-puis la fin des années 80, il estcouvert de prix littéraires –, voiciune traduction intégrale qui se-coue par l’humour dont elle dé-borde. Evacuons tout de suite labarrière entre bien-pensant etmal-pensant. Entre bon et mau-vais goût. Le romancier ne s’ensoucie pas, pourquoi devrions-

nous l’édifier ? La vie de MaxSchulz, d’origine aryenne puresouche quel que soit son pèreparmi cinq possibilités, devenumeurtrier de masse avant deprendre l’identité d’un juif ayantéchappé à l’Holocauste, relèved’une amoralité tranquille. Rienne vaut la survie. Et celle-ci justi-fie tout, y compris les pires hor-reurs.L’horreur commence tôt pour

le petit Max. Battu et violé parson beau-père, hanté par lescoups de bâtons et les sévices entous genres, il ne trouve la paixque dans la famille d’Itzig Fin-kelstein. Son ami a le même âgeque lui mais il est juif et le salon

de coiffure de sonpère est très fré-quenté, au contraire de celui quetient le beau-père de Max.Au physique, tout oppose Max

et Itzig. Le premier est une carica-ture de juif. Le second, d’unaryen. Les apparences trompeu-ses n’empêchent pas chacun desuivre son destin.Max, d’être fas-ciné par un discours d’Hitler quiconstitue un grand moment duroman. Itzig, d’être rejeté avec safamille et d’être déporté vers lescamps de la mort au moment oùMax, qui a revêtu l’uniforme SS,est devenu un assassin en série.Comment Max, quand la guer-

re s’achève, échappe à la mortpour tomber entre les mainsd’une vieille folle. Comment il de-vient, en compagnie d’une com-tesse grande et blonde, un grosbonnet du marché noir. Com-ment il décide de se faire passerpour un juif rescapé, de se fairetatouer un numéro sur le poignetet d’émigrer en Palestine. Com-ment finit cette histoire. Autantd’épisodes qu’il restera à décou-vrir en lisant ce roman.C’est une expérience inhabi-

tuelle. Elle oblige à se tenir toutau bord de la folie, à laisser dé-bouler tous les excès, à envisagerl’impensable. Avec les trouvaillesd’une écriture où le grave et legrotesque s’équilibrent.

PIERRE MAURY

La bibliothèque du Soir

La Biblio-thèqueidéale,

c’est ce que vouspropose Le Soirchaque semaine.

La littérature française en 24volumes, choisis par Jeand’Or-messon. Voilà Montesquieu…Montesquieu est un grand

écrivain. Et un esprit univer-sel qui s’est illustré dans les do-maines les plus divers. Avecses Lettres persanes, il est unpamphlétaire libertin, inso-lent et hardi.Parues sans nom d’auteur

en 1721, en pleine Régence,dans l’effervescence des idées etdes passions trop longtempscontenues par la gloire du Roi-Soleil, les Lettres persanes

sont un roman où Montes-quieu s’inscrit dans la lignéetrès classique des épistoliers sa-tiriques et fonde en mêmetemps, par la méthode des re-gards obliques, la sociologiemoderne. Les Lettres persanessont un portrait de la Francesous la Régence. C’est une sati-re sociale, et l’occasion de juge-ments sans compromis sur lareligion catholique et le gouver-nement monarchique. Jean d’Ormesson

de l’Académie française

On sent chez la Belge Anne Richtercette profonde connaissance des lit-tératures du fantastique, du mystè-

re, de l’étrangeté, de l’inquiétude, de la cruau-té. Elle oublie les clichés, les tics d’écriture, lefrénétique et le sanglant, pour faire siennecette poétique de l’ambiguïté qui cimente les

diverses contrées du genre. Son dernier opus,Le chat Lucian et autres nouvelles inquiètes,est un exemple parfait de ce qu’est le fantasti-que pur : le trouble, le tragique et la retenue.Chez Richter, la violence des sentiments, le

tumulte des pensées se cachent derrière desapparences trompeuses. On croit pouvoir fai-re confiance, on se trompe. Les choses, lesgens ne sont jamais ce qu’ils paraissent. Leschats non plus. Lucian semble un chat cares-sé, endormi, pataud.Méfiez-vous. Sa cruautéest sans égale. Thomas, l’expert en œuvresd’art, est un monstre. Vera se perd dans untableau noir. Et Melchior dans un paysagetropical.Noir, tout cela, bien sûr. Parce que les gens

sont ce qu’ils sont. Mais ça n’empêche pas ni

l’ironie ni la beauté. En particulier celle desœuvres d’art qui sont la référence des nouvel-le et qu’Anne Richter analyse avec lucidité etfascination. Le Girl with a kitten de LucianFreud,Les esclavesdeMichel-Ange, l’extraor-dinaire Judith décapitantHolopherne d’Arte-misiaGentileschi qui offrent toujours plus designifications qu’on pourrait le croire.La beauté aussi de l’écriture sensible, qui

rend si bien l’individu dans chaque personna-ge. Cette jeuneHilde et la narratrice des « Es-claves » aux destins tragiques. Le Grégoiredu « Noir absolu », agonisant devant la prin-cesse du peintre Navez. Et le Melchior de« Les fourmis dans la lune » qui préfère le rê-ve du manguier à la vie de famille. JEAN-CLAUDE VANTROYEN

Edgar Hilsenrath ose tout dans « Le nazi et le barbier »,un roman vraiment décoiffant.

Sous les trompeuses apparences

Version inéditede l’Holocauste

leslivres

Les lettrespersanesMONTESQUIEU9,90 euros avec lebon en page 36

romanLe nazi etle barbier ���EDGARHILSENRATHTr. de l’allemand parStickan et ZilberfarbAttila512 p., 23,50 euros

nouvellesLe chat Lucian et autresnouvelles inquiètes ���ANNE RICHTERL’âge d’homme/La Petite Belgique95 p., 14 euros

HILSENRATH nous oblige à nous tenir au bord de la folie. © D. R.

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Le Nazi et le BarbierEDGAR HILSENRATH

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Il paraît que juste avant de mourir on voit sa vie défiler devant ses yeux. Nos recherches sur l’activité cérébrale ont permis d’établir que c’est authentique. Et nous avons développé une technologie qui nous permet d’enregistrer ce film. Nous pouvons tout savoir sur la vie d’un individu. Nous appelons ce t te t echnolog ie Re -M ind.

Un thriller palpitant au rayon BDsortie le 2 avril

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Le Soir Vendredi 16 avril 2010

38

1NL www.lesoir.be

Page 29: Hilsenrath : une revue de presse

Littérature

L'indicible, côté farceArticle paru dans l'édition du 26.06.10

Edgar Hilsenrath signe un roman iconoclaste autour des métamorphoses grotesques d'un nazi

lusieurs romans ont récemment choisi d'étonnants partis pris pour écrire l'histoire du second conflit mondial et de la Shoah. Dernier en date :

celui de Paul Verhaeghen, Oméga mineur (Le Cherche Midi, lire « Le Monde des livres » du 18 juin), quelques mois après l'agitation qui entoura

le Jan Karski de Yannick Haenel (Gallimard, 2009) et un peu plus de trois ans après le Goncourt attribué aux Bienveillantes de Jonathan Littell

(Gallimard, 2006).

Dans une veine parallèle, Le Nazi et le Barbier d'Edgar Hilsenrath interroge les mises en récit de l'innommable, du point de vue d'un bourreau

picaresque : Max Schulz. Cependant, à l'exception de ce point de départ, ce roman-là n'a rien à voir. Et puisque l'on parle de veine : le sang est

partout dans ce livre, façon gore et comique, plus ketchup qu'hémoglobine par moments - mais méfions-nous quand même.

Iconoclaste, Edgar Hilsenrath l'est, sans aucun doute. Les lecteurs de Fuck America (Attila, 2009 ; Points, 2010), le savent déjà. Allemand, né en

1926, considéré comme un provocateur ou un grand écrivain, il est probablement l'un et l'autre. Dans Le Nazi et le Barbier, il fait preuve d'une

innocence montée sur trampoline pour jouer avec l'indicible. La question n'est pas de savoir si on peut le dire (l'innommable), bien évidemment,

mais comment le dire (et pourquoi).

Son personnage principal, Max Schulz, enfant « illégitime mais aryen » d'une grosse femme de petite vertu, rejoint les SS à la fin des années 1930,

parce que « l'avenir de l'Allemagne sera noir à coup sûr » comme leurs uniformes. Sur le front de l'Est, puis dans un camp de concentration, il se

livre aux pires monstruosités avant de disparaître, la guerre finie. Il prend l'identité (voire la personnalité) d'Itzig Finkelstein, son meilleur ami

d'enfance, juif, et s'enfuit en Israël.

A première vue, Le Nazi et le Barbier est une farce divertissante, presque une série B sur la culpabilité, gouailleuse et grossière, mais d'un rare

équilibre. Un peu à la manière irréelle du film de Dennis Dugan, Rien que pour vos cheveux (2008), Max Schulz a la passion du métier de coiffeur (et

de barbier comme Charlie Chaplin dans Le Dictateur) - et un sens politique incertain quoique bizarrement patriote. Avec une grâce indiscutable, la

naïveté du candide sanguinaire rend tout absurde, comme lorsqu'il compte (pendant la campagne de Russie) « les victimes de la même manière que

gamin (...) les pavés en jouant à la marelle ».

Shabbat en taxi

Cependant, l'obsession sexuelle de Schulz/Finkelstein, dans son détail et sa frénésie, en fait un être humain presque comme les autres. A l'image des

autres personnages d'Hilsenrath, en tout cas, rarement pudiques sur ce chapitre. Violé par son beau-père quand il n'est encore qu'un nourrisson,

Max Schulz cherche l'amour, lui aussi. Mais dans des disproportions de rondeurs et de graisses qui lui évoquent la silhouette de sa mère. Ici encore,

c'est l'occasion de quelques passages savoureux, notamment lorsqu'il passe shabbat en taxi ( « un cas de force majeure ») à hésiter entre une

prostituée maigre mais juive ( « quand ça remue, ça fait clic-clac »), et une autre plus en rapport avec son canon, mais arabe.

Nul relativisme historique dans ce roman, cependant. Même quand l'auteur pousse le bouchon le plus loin possible, et fait de l'ancien SS un

terroriste sioniste et un héros d'Israël, le récit se protège en alternant un mélange de spontanéité crue et d'extrême complexité romanesque.

Parfois, les figures et l'architecture sont tellement apparentes qu'elles interdisent à dessein au lecteur de faire à Hilsenrath le procès de ses

intentions. L'un des plus beaux moments du livre est d'ailleurs la réécriture d'une scène de contes de fées : errant dans une forêt polonaise en 1945,

Schulz tombe sur une sorcière. Celle-ci lui sauve la vie, mais l'enferme et l'attache. Elle fait subir tortures, viols et humiliations sexuelles à l'ancien

bourreau nazi qui se sauve en la décapitant d'un coup de hache. Ce passage, d'une élaboration littéraire certaine, marque la métamorphose du

personnage. Max Schulz est mort, il n'est pas encore Itzig Finkelstein, mais sur le point de le devenir. En choisissant cette mise en scène, entre les

frères Grimm et le marquis de Sade, l'auteur met en abîme tout son texte comme construction, à la manière d'un architecte qui met en avant et révèle

la structure de son bâtiment.

Commande d'un éditeur américain (Doubleday), paru en 1972 en anglais et en 1977 en allemand, Le Nazi et le Barbier suscita autant d'admiration

que de scandale. Le talent burlesque de l'auteur est, il faut le dire, à la hauteur de son irréductible originalité littéraire.

La fiction, parce qu'elle se montre en permanence du doigt peut tout dire, et sur tous les tons. Exercice de liberté, ce roman ne doit rien à personne,

sinon à son personnage incertain, authentiquement schizophrène et irrésistible. C'est la garantie d'un grand livre.

Nils C. Ahl

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L'indicible, côté farceArticle paru dans l'édition du 26.06.10

Edgar Hilsenrath signe un roman iconoclaste autour des métamorphoses grotesques d'un nazi

lusieurs romans ont récemment choisi d'étonnants partis pris pour écrire l'histoire du second conflit mondial et de la Shoah. Dernier en date :

celui de Paul Verhaeghen, Oméga mineur (Le Cherche Midi, lire « Le Monde des livres » du 18 juin), quelques mois après l'agitation qui entoura

le Jan Karski de Yannick Haenel (Gallimard, 2009) et un peu plus de trois ans après le Goncourt attribué aux Bienveillantes de Jonathan Littell

(Gallimard, 2006).

Dans une veine parallèle, Le Nazi et le Barbier d'Edgar Hilsenrath interroge les mises en récit de l'innommable, du point de vue d'un bourreau

picaresque : Max Schulz. Cependant, à l'exception de ce point de départ, ce roman-là n'a rien à voir. Et puisque l'on parle de veine : le sang est

partout dans ce livre, façon gore et comique, plus ketchup qu'hémoglobine par moments - mais méfions-nous quand même.

Iconoclaste, Edgar Hilsenrath l'est, sans aucun doute. Les lecteurs de Fuck America (Attila, 2009 ; Points, 2010), le savent déjà. Allemand, né en

1926, considéré comme un provocateur ou un grand écrivain, il est probablement l'un et l'autre. Dans Le Nazi et le Barbier, il fait preuve d'une

innocence montée sur trampoline pour jouer avec l'indicible. La question n'est pas de savoir si on peut le dire (l'innommable), bien évidemment,

mais comment le dire (et pourquoi).

Son personnage principal, Max Schulz, enfant « illégitime mais aryen » d'une grosse femme de petite vertu, rejoint les SS à la fin des années 1930,

parce que « l'avenir de l'Allemagne sera noir à coup sûr » comme leurs uniformes. Sur le front de l'Est, puis dans un camp de concentration, il se

livre aux pires monstruosités avant de disparaître, la guerre finie. Il prend l'identité (voire la personnalité) d'Itzig Finkelstein, son meilleur ami

d'enfance, juif, et s'enfuit en Israël.

A première vue, Le Nazi et le Barbier est une farce divertissante, presque une série B sur la culpabilité, gouailleuse et grossière, mais d'un rare

équilibre. Un peu à la manière irréelle du film de Dennis Dugan, Rien que pour vos cheveux (2008), Max Schulz a la passion du métier de coiffeur (et

de barbier comme Charlie Chaplin dans Le Dictateur) - et un sens politique incertain quoique bizarrement patriote. Avec une grâce indiscutable, la

naïveté du candide sanguinaire rend tout absurde, comme lorsqu'il compte (pendant la campagne de Russie) « les victimes de la même manière que

gamin (...) les pavés en jouant à la marelle ».

Shabbat en taxi

Cependant, l'obsession sexuelle de Schulz/Finkelstein, dans son détail et sa frénésie, en fait un être humain presque comme les autres. A l'image des

autres personnages d'Hilsenrath, en tout cas, rarement pudiques sur ce chapitre. Violé par son beau-père quand il n'est encore qu'un nourrisson,

Max Schulz cherche l'amour, lui aussi. Mais dans des disproportions de rondeurs et de graisses qui lui évoquent la silhouette de sa mère. Ici encore,

c'est l'occasion de quelques passages savoureux, notamment lorsqu'il passe shabbat en taxi ( « un cas de force majeure ») à hésiter entre une

prostituée maigre mais juive ( « quand ça remue, ça fait clic-clac »), et une autre plus en rapport avec son canon, mais arabe.

Nul relativisme historique dans ce roman, cependant. Même quand l'auteur pousse le bouchon le plus loin possible, et fait de l'ancien SS un

terroriste sioniste et un héros d'Israël, le récit se protège en alternant un mélange de spontanéité crue et d'extrême complexité romanesque.

Parfois, les figures et l'architecture sont tellement apparentes qu'elles interdisent à dessein au lecteur de faire à Hilsenrath le procès de ses

intentions. L'un des plus beaux moments du livre est d'ailleurs la réécriture d'une scène de contes de fées : errant dans une forêt polonaise en 1945,

Schulz tombe sur une sorcière. Celle-ci lui sauve la vie, mais l'enferme et l'attache. Elle fait subir tortures, viols et humiliations sexuelles à l'ancien

bourreau nazi qui se sauve en la décapitant d'un coup de hache. Ce passage, d'une élaboration littéraire certaine, marque la métamorphose du

personnage. Max Schulz est mort, il n'est pas encore Itzig Finkelstein, mais sur le point de le devenir. En choisissant cette mise en scène, entre les

frères Grimm et le marquis de Sade, l'auteur met en abîme tout son texte comme construction, à la manière d'un architecte qui met en avant et révèle

la structure de son bâtiment.

Commande d'un éditeur américain (Doubleday), paru en 1972 en anglais et en 1977 en allemand, Le Nazi et le Barbier suscita autant d'admiration

que de scandale. Le talent burlesque de l'auteur est, il faut le dire, à la hauteur de son irréductible originalité littéraire.

La fiction, parce qu'elle se montre en permanence du doigt peut tout dire, et sur tous les tons. Exercice de liberté, ce roman ne doit rien à personne,

sinon à son personnage incertain, authentiquement schizophrène et irrésistible. C'est la garantie d'un grand livre.

Nils C. Ahl

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Page 30: Hilsenrath : une revue de presse

Livres Hebdo n° 812 - Vendredi 12 mars 2010 61.

AVANT-CRITIQUES

18 MARS > ROMAN Allemagne

Le retour de Max SchultzLes éditions Attila poursuivent leur redécouverte de l’œuvre d’Edgar Hilsenrath avec Le nazi et le barbier.

Les éditions Attila ont l’habitudene pas faire les choses à moitié.Non contents de se lancer dansla publication des œuvres com-plètes de Ramon Sender, BenoîtVirot et Frédéric Martin ontaussi décidé de faire redécouvrirEdgar Hilsenrath, singulier ro-

mancier juif allemand, né à Leipzig en 1926.Le nom d’Hilsenrath était déjà apparu en Franceau début des années 1990, lorsque Albin Michelinscrivit Le conte de la pensée dernière (1992) etLe retour au pays de Jossel Wassermann (1994),qui ont depuis été republiés au Livre de poche, aucatalogue de la collection « Les grandes traduc-tions ». L’an passé, Attila reprenait le flambeauavec le déjanté et vivifiant Fuck America quitrouva plus de 12 000 lecteurs et s’apprête à enrencontrer de nouveaux en poche grâce à la col-lection « Points ».Sorti en 1971 chez Doubleday, Le nazi et le bar-bier avait été publié une première fois par Fayarden 1977 – l’année de sa parution en Allemagneoù il suscita la polémique et fut notamment sa-lué par Heinrich Böll – mais dans une traductionde l’anglais et non de l’allemand. On découvriraici l’étrange destin de Max Schulz, enfant illé-gitime né en 1907 à Wieshalle, en Silésie. Un« aryen pure souche » aux yeux de grenouilles etau nez crochu. Sa mère, Minna, ressemblait

d’après son rejeton à « un tonneau de bière montésur échasses » et gagnait sa vie en étant servantechez un fourreur juif. Ses cinq pères putatifs exer-çant respectivement quant à eux les professionsde boucher, serrurier, apprenti maçon, cocherou majordome.Le petit Max avait pour camarade Itzig Finkelstein,le fils blond aux yeux bleus d’un coi�eur ayant ré-digé un livret intitulé La coupe moderne sans faired’escaliers. Itzig l’initia au yiddish pendant que sonpaternel, propriétaire du salon, en faisait son ap-prenti. Lorsque le mouvement national-socialisteprit de l’ampleur, Max se mit à porter un brassardà croix gammée, puis alla écouter un discours his-torique du Führer en 1933. Le futur « génocidaire »s’engagea ensuite dans la SS comme soldat de ré-serve, partit faire la guerre en Pologne en 1939. Ex-termina deux cent mille juifs dans un camp à Laub-walde en tant que « coresponsable ». A la fin de laguerre, il décida pourtant de se faire passer pourjuif et d’endosser l’identité d’Itzig Finkelstein…Présenté par Attila comme, « trente ans avant LesBienveillantes, le premierroman sur l’Holocausteécrit du point de vue dubourreau », Le nazi et lebarbier réserve bien dessurprises. Hilsenrath necesse d’y triturer lalangue, d’y secouer seslecteurs qui le suiventjusqu’au bout, les yeuxécarquillés. AL. F.

Edgar HilsenrathLe nazi et le barbier ATTILATRADUIT DE L’ALLEMAND

PAR SACHA ZILBERFARB

ET JÖRG STICKAN

TIRAGE : 10 000 EX.

PRIX : 23, 50 EUROS, 512 P.

ISBN : 978-2-917084-17-5

SORTIE : 18 MARS

25 MARS > RÉCIT Danemark

Mémoire viveDepuis Eté indien (LeSerpent à plumes, 1996),Jens Christian Grondahlenchante régulièrement seslecteurs avec des romanssensibles et émouvants.L’auteur de Bruits du cœur(Gallimard 2002, repris en

Folio) et de Sous un autre jour (Gallimard2005, repris en Folio) propose aujourd’hui unrécit autobiographique publié au Mercure deFrance dans la collection « Traits et portraits »de Colette Fellous.Jens Christian Grondahl y navigue habilemententre l’âge adulte et l’enfance. On l’écouteraparler depuis Skagen, petite ville à l’extrémitéde la pointe nord du Danemark, alors qu’ils’apprête à avoir 50 ans. Qu’il est marié à unebelle femme auxcheveux noirs et auxyeux bleus qui lui adonné deux filles dixans après unepremière union d’oùsont nés desjumeaux.« Je crois que c’est unsentiment d’absencequi, à l’origine, m’apoussé à écrire »,confie Grondahl en regardant vers son passé.Ressurgissent une mère immature qui a quittéla maison et son mari pour redevenirphotographe; un père peu doué pour lesaffaires, employé d’une compagnie denavigation puis propriétaire d’une galerieproposant des affiches d’art ; une grand-mère àfort caractère dont la peinture était « abstraiteet coloriste, pâteuse dans sa théâtralité,lyrique avec ses lignes tremblantes et sescouches de couleur glacées »; un grand-pèred’adoption qui lui a appris comment tailler uneplume de mouette et lui a offert le Faust deGoethe.A 12 ans, le petit Jens composait déjà despoèmes et dévorait Sexus d’Henry Miller.Viendrait les premières amours, les voyages, ladécision de ne pas devenir réalisateur decinéma mais romancier. Jens Christian revientsur les êtres et les moments marquants de sonexistence avec unepudeur et unesimplicité quin’étonneront pas seslecteurs. Passages dejeunesse nous éclairemerveilleusement surla formation d’un desécrivains les plustouchants de sontemps.AL. F.

Jens ChristianGrondahlPassages de jeunesseMERCURE DE FRANCETRADUIT DU DANOIS

PAR ALAIN GNAEDIG

TIRAGE : 5 300 EX.

PRIX : 22, 80 EUROS, 216 P.

ISBN : 978-2-7152-2940-2

SORTIE : 25 MARS

DR/A

TTILA

JACQ

UES

SASS

IER/

GALL

IMAR

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Edgar Hilsenrath

Jens Christian Grondahl