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Histoire de France d’Ancien régime Quatrième cours : Les grands Capétiens (1180-1315). Mutations politiques et sociales du Moyen-âge central

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Histoire de France d’Ancien régime

Quatrième cours :

Les grands Capétiens (1180-1315). Mutations politiques et sociales du Moyen-âge central

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Quatrième cours :

1 – Le règne de Philipe II dit l’Auguste (1180-1223)

2 – Le règne de Saint-Louis (1226-1270)

3 – Le règne de Philipe le bel (1285-1314)

4 – Mutations politiques et sociales du Moyen-âge central en France

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1 – Le règne de Philipe II dit l’Auguste (1180-1223)

1.1 - La lutte contre les Plantagenêts

• Après l’annulation de son mariage avec Aliénor, Louis VII se remarie à deux reprises : sa seconde épouse, lui ayant donné deux filles avant de mourir, il épouse Adèle de Champagne, qui donnera naissance à une fille et un garçon, Philippe.

• Louis VII fait couronner son fils en 1179. Après avoir signé une trêve avec Henri II, Louis décède. Philippe n’étant âgé que de 15 ans, sa mère et ses oncles assureront la régence. Mais il est à la fois précoce et remuant et n’entend pas accepter cette subordination.

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• Le domaine royal demeure réduit en 1180, la situation de la royauté est fragile et les possessions d’Henri II en France sont plus importantes que celles des Capétiens, même si il demeure vassal de Philippe pour de nombreux fiefs.

• Afin d’affaiblir Henri II, Philippe soutient ses fils dans leur fronde contre leur père. La mort d’Henri II en 1189 et la 3e croisade imposent une trêve entre les deux trônes.

• Cette troisième croisade, la « croisade des rois », faisait suite à la conquête de Jérusalem par Saladin en 1187, après une quarantaine d’années de paix dans la région, alors que les seigneurs francs s’étaient assimilés en partie à la population et que le commerce entre l’orient et l’Europe s’était grandement développé.

• Cette croisade ne fut guère heureuse. Frédéric Barberousse se noya et malgré la prise de Saint-Jean D’âcres, un conflit éclata entre Richard et Philippe.

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• Philippe, prétextant des problèmes de santé, abandonna la croisade pour rentrer en France en 1191. Richard dut conclure la paix avec Saladin, qui conservait Jérusalem, mais s’engagea à garantir l’accès aux lieux saints.

• Alors que Richard continuât à guerroyer, Philippe mit à profit son absence pour s’emparer de son fief du Vexin. Richard décide alors de rentrer, mais il est fait prisonnier par l’empereur Frédéric IV, qui le retint jusqu’en 1193.

• Une fois libéré, Richard infligea une série de défaites à Philippe. Néanmoins, aucun des deux adversaires ne parvint à s’imposer et le conflit s’enlisa. Il fallut attendre la mort de Richard en 1199 pour que Philippe enregistre certaines victoires définitives.

• Une fois Richard mort, son frère Jean accéda au trône d’Angleterre et récupéra toutes les possessions des Plantagenêts. En 1203, accusant Jean d’avoir assassiné Arthur de Bretagne, Philippe exigea qu’il comparaisse devant lui, ce que Jean refusa.

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• Jean fut déchu de toutes ses possessions pour cause d’indignité et d’immoralité et les armées royales s’emparèrent de la Normandie, du Maine, de l’Anjou et de la Touraine. Mais l’Aquitaine demeurait anglaise.

• Jean suscita une coalition contre Philippe mais grâce à deux victoires, dont celle de Bouvines contre le Saint-Empire, qui accrût le prestige de la France en Europe, Philippe parvint à briser ses adversaires.

• Puis l’armée royale s’empara de l’Auvergne et de l’Artois, pendant que le prince Louis s’emparait de Londres et de l’est de l’Angleterre. La couronne anglaise ne dû sa survie qu’à la mort de Jean et à l’arrivée sur le trône d’Henri, auquel la noblesse anglaise se rallia, parvenant à faire échec à la conquête de l’Angleterre.

• Le domaine royal verra sa superficie varier grandement par la suite, mais lorsqu’il s’éteint en 1223, Philippe a pleinement mérité son titre d’auguste, le domaine contrôlé par les Capétiens ayant été multiplié par cinq.

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1.2 - La croisade contre les Albigeois (1209-1229)

• La réforme grégorienne est très loin d’être parvenue à faire taire les hérésies qui fleurissent partout à partir du Xe siècle et dont la corruption et la vénalité du clergé constituent les principales causes.

• De toutes les hérésies de France, celle des Albigeois est la plus importante. On donna par la suite aux hérétiques le nom de Cathares, c’est-à-dire les parfaits, qui est le titre donné aux plus hauts représentants religieux de cette tendance du christianisme.

• On a apparenté la doctrine cathare à de nombreuses autres hérésies, dont les bogomiles bulgares.

• Parmi les éléments doctrinaux cathares, on compte le rejet de la divinité du Christ et surtout une conception dualiste de la divinité : le monde est gouverné par deux Dieux, l’un bon, qui règne sur le monde spirituel, l’autre mauvais et violent qui gouverne le monde matériel.

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• C’est une différence importante avec le Satan officiel, qui est un ange déchu. La manifestation concrète de cette vision de l’univers est bien sûr un rejet des choses matérielles et un mépris évident de la vie terrestre. C’est ce qui rendra si difficile leur soumission : la mort est pour eux quelque chose de merveilleux.

• L’influence du mouvement, auquel adhérent une partie importante de la population et de la noblesse, poussera la papauté, après avoir épuisé les moyens traditionnels, à réclamer de Philippe II une action énergique.

• Aux prises avec les Anglais, le roi ne se montra que médiocrement intéressé et la papauté se tourna vers Raimond VI de Toulouse, qui ne pût ou ne fût en mesure de faire beaucoup. Il est assassiné en 1208.

• S’inscrivant dans la logique des croisades et s’appuyant sur sa prétention à mener les affaires matérielles du monde, Innocent III en appela à la croisade sur ces terres vassales du roi de France.

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• La croisade qui débute en 1209 verra une participation de nombreux pays d’Europe, même si les Français sont les plus nombreux. Le roi de France ne participa pas aux opérations, mais il ne les condamnât pas non plus. Ce n’est qu’en 1224 qu’il prendra les choses en mains.

• Pendant deux décennies, le sud de la France sera victime des exactions des chevaliers du nord, sous la conduite de Simon de Montfort. Parmi les principaux événements, on doit mentionner la prise de Béziers et le massacre de ses habitants par les croisés, ainsi que la capture de Carcassonne et l’expulsion des habitants de la ville refusant d’abjurer leur foi.

• Malgré tout, les croisés ne parviennent pas à écraser les hérétiques. En 1224, après avoir stabilisé la situation contre l’Angleterre, Louis VIII répond à l’appel du pape et se lance en direction sud. La conclusion de la paix en 1229 par le traité de Paris conduisit éventuellement les terres du sud à rejoindre la couronne française.

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• L’hérésie ne s’éteindra pas aussi facilement, mais à partir de 1229, c’est la sainte inquisition qui prend le relais pour réduire les derniers foyers d’opposition.

• Finalement, en 1244, le château de Montségur, dernier refuge des derniers irréductibles, fut pris après un siège d’un an et les 200 survivants furent brulés.

• Manifestation éclatante des divisions et distinctions existant entre le nord et le sud de la France, la croisade contre les Albigeois, ne relève pas seulement d’un conflit idéologique, mais aussi politique car au-delà de la dimension religieuse, c’est le droit de Paris à gouverner les terres franques, ainsi que le degré de centralisme du pouvoir du nord qui est posé par ce conflit, dont les nordistes sortiront vainqueurs.

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2 – Le règne de Saint-Louis (1226-1270)

2.1 – Consolidation du pouvoir royal

• À la mort de Philippe II, son fils Louis monte sur le trône. Fils d’Isabelle de Lorraine, il est donc le descendant de Charles de Lorraine et héritier carolingien. Il est aussi le premier capétien à ne pas avoir été sacré roi du vivant de son père.

• Louis VIII le Lion ne régnera que 3 ans et quelques mois sur la France, mais il aura le temps de poursuivre la politique d’unification du territoire mené par son père.

• Cependant, c’est du vivant même de Philippe que Louis VIII signera sa plus importante victoire contre Jean sans Terre, dont il triomphe en 1214.

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• Le traité signé en 1217 consécutivement à cette victoire n’ayant pas été respecté par la couronne anglaise, Louis VIII annexe à partir de 1224 le territoire de la Guyenne.

• Puis en 1225, pendant la croisade contre les cathares, il entame l’annexion du Languedoc. À la suite du siège d’Avignon en 1226, de nombreuses villes du sud-est décident de faire allégeance, dont Nîmes, Castres, Carcassonne et Albi.

• Après cette campagne, Louis VIII atteint de dysenterie meurt à la fin de l’année 1226. Quant à Toulouse, elle continuera de résister jusqu’en 1228 et ne rejoindra la couronne française que sous Louis IX.

• Le plus vieux des cinq fils de Louis VIII n'avait que douze ans à la mort de son père, ce qui ouvre une période de régence, confiée à sa mère Blanche de Castille.

• C’est sa mère qui dirigea l’éducation du nouveau roi de France et sa piété eut une grande influence sur son fils.

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• Blanche exerça jusqu'à sa mort en 1252 une grande influence sur le gouvernement du royaume et assuma à nouveau la régence pendant la croisade.

• Louis fut aussi éduqué pour devenir un roi chrétien : versé dans les écritures, il apprit à manier l’épée, ce qui fit de lui un modèle de chevalier, capable de parler théologie et de conduire une armée, imposant aux barons sa volonté après avoir lavé les pieds des pauvres.

• Très pieux dès le départ, la croisade transforma le roi au point de scandaliser certains de ses sujets qui ne voyaient plus en cet homme ascétique et exagérément humble dans son mode de vie un véritable roi.

• Peu enclin à écouter les avis des barons de son entourage, Louis fut cependant très accessible pour les religieux, surtout les dominicains et franciscains, qui étaient nombreux autour de lui et exercèrent une grande influence sur son comportement et sur sa politique.

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• Cette politique fut avant tout le reflet d'une certaine morale. Il ne rejetait pas le recours à la force, mais uniquement s’il était convaincu qu’elle était le passage obligé de la paix et de la justice, dans le respect du droit de chacun et même de celui de ses adversaires.

• Mais cette morale est chrétienne et même si lui arrivât de douter du bien-fondé des croisades, la conversion des infidèles était pour lui fondamentale, d’où la promulgation d’ordonnances privant les Juifs de leurs moyens d'existence et de leurs droits religieux

• Très chrétien, il était aussi très royal et quelquefois ces deux caractéristiques entraient en contradiction. C’était que pour lui, la fin (le salut des âmes et la défense de la foi) justifiait les moyens (le pouvoir royal).

• Il lui arrivait d’être injuste, convaincu que l’objectif en valait la peine. C’est aussi ce qui le fit s’opposer parfois au pape et aux évêques de France, afin de faire respecter ses prérogatives et son indépendance.

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• Le prestige que valent ces vertus s'ajoute à celui que le roi tire d'une succession sans faille et de la dimension religieuse de la fonction royale, mais aussi de la puissance royale construite par son grand-père

• Grâce à cet héritage, il parviendra à placer la monarchie hors de la pyramide des droits féodaux et à assainir la situation politique du royaume.

• Ses actions les plus spectaculaires sont liées aux efforts qu’il déploya pour mettre un terme aux conflits qui venaient d’ensanglanter et de déchirer la France, soit la conquête du Midi par les croisés septentrionaux et la lutte des Capétiens contre les Plantagenêts.

• Après une révolte du comte de Toulouse, le traité de Lorris (1243) entraîna la soumission de la France méridionale et la confirmation d’une réorganisation du Languedoc, telle que Blanche Castille et le cardinal de Saint-Ange en avaient jeté les bases dès 1229.

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• La grâce accordée à quelques grands féodaux, allié à l'écrasement des derniers cathares et aux actions énergiques des sénéchaux royaux et des inquisiteurs assurèrent la stabilisation politique du midi. Les autres grands barons se le tinrent pour dit.

• En mourant, Louis VIII avait amoindri le domaine royal par les apanages qu’il avait prévu pour ses autres fils. Il fallait donc clarifier la gestion et exploiter les revenus seigneuriaux par une rationalisation des structures administratives et par la spécialisation des membres de la cour royale (une section judiciaire, le Parlement, et une section financière, les « gens des comptes »).

• Saint Louis multiplia le nombre d’enquêteurs chargés d'entendre les plaintes et de réformer les abus. L'intérêt politique rejoignait là le souci du roi de voir les droits de tous respectés, et en premier lieu par les officiers royaux eux-mêmes.

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• Une certaine tendance à l'unification du royaume se manifestait. Louis parvint à faire reconnaître son droit à légiférer dans l'intérêt commun et à faire valoir ses ordonnances dans les grands fiefs. Il usait d'ailleurs modérément de cette prérogative.

• C'est aussi pour clarifier, unifier et faire reconnaître la prééminence royale que Louis  décréta que sa monnaie aurait cours dans tout le royaume.

• Exploitant son droit à exiger des roturiers de son domaine et des communes un service en armes ou le rachat de celui-ci, il put lever plusieurs « tailles » et « décimes » sur le clergé qu'il avait précédemment défendu contre les exactions de la fiscalité pontificale.

• Il étendit sa protection sur les groupes sociaux capables de faire contrepoids aux puissances qui concurrençaient la sienne : il soutenait les évêques contre les féodaux et le pape, les universitaires et les ordres mendiants contre l'épiscopat et le clergé séculier.

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• Il protégeait l'indépendance des villes contre leurs seigneurs, mais n'hésitait pas à faire intervenir ses officiers dans la gestion interne des municipalités pour limiter les abus financiers des oligarchies urbaines, car la richesse et la bonne gestion des villes garantissaient une part importante de ses revenus.

• L'équilibre assuré entre les divers pouvoirs, Louis IX pouvait placer la monarchie hors du droit commun : il faisait reconnaître par les juristes qu'aucune raison ne justifiait la rébellion d'un vassal contre son roi, et par les canonistes qu'aucun évêque ne pouvait excommunier la personne royale.

• Après sa mort à Tunis le 25 août 1270, Louis fut vénéré comme un saint. Boniface VIII le canonisa le 11 août 1297, mais cette décision de circonstance avait été préparée par une longue enquête et un véritable procès de canonisation. Louis devint ainsi le seul roi de France à être canonisé.

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2.2 – La politique étrangère de Louis IX

• Conséquence de la stabilisation intérieure, la puissance de la couronne française en Europe se déploya sous Louis IX. Dès le début de son règne, fermeté et sagesse lui valurent le respect des autorités religieuses et politiques d’Europe et même ses échecs lui permirent de consolider sa réputation.

• Modeste, désireux de ne pas surexploiter son avantage, il refusa pour ses frères la couronne d'Allemagne en 1240 et celle de Sicile en 1253, soignant son image de médiateur, comme lors du conflit entre Frédéric II et Innocent IV. Il fit céder plusieurs fois l’empereur et protégea le pape sans adhérer à la politique guelfe.

• Pieux et sensible aux difficultés de l'Orient latin, il a aidé l'empereur byzantin en lui achetant fort cher les reliques de la Passion, pour lesquelles il fit construire dans son palais la « Sainte-Chapelle ».

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• Voulant frapper au cœur la puissance musulmane, il s’embarqua le 28 août 1248 pour l'Égypte. Il remporta une victoire à Damiette en 1249, mais vaincu et capturé à Mansourah l’année suivante, il dut verser une rançon pour gagner la Syrie, où il passa quatre ans à réorganiser l'administration et le système défensif.

• Dans le même temps, il nouait des relations diplomatiques avec le successeur de Gengis Khan, Kubilaï, l’empire mongol étant encore à païen.

• À son retour de croisade, son prestige avait atteint des sommets et il était en état d'intervenir dans les conflits qui opposaient les grands barons et les princes étrangers. Il s'entremit entre Flandre et Hainaut en 1256, entre Navarre et Bretagne, entre Bourgogne et Chalon, entre Bar et Lorraine, entre Savoie et Dauphiné.

• En 1242, le roi d’Angleterre avait tenté de forcer la main militairement à Taillebourg et à Saintes, mais sans succès.

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• Vainqueur, Louis IX fit preuve de magnanimité et de sagesse pour ménager Henri III et pour tenter de trouver une solution au conflit entre France et Angleterre.

• Par le traité de Paris (1259), il restitua à Henri certains territoires dont il n'était pas assuré que la conquête ait été légitimement fondée, dont le Limousin.

• Ces concessions, Saint Louis les croyait suffisantes pour s’assurer de la fidélité de son vassal et de l'appartenance définitive à la couronne de France de l'essentiel de l'héritage des Plantagenêts : Normandie, Anjou, Touraine, Maine et Poitou.

• Pris comme arbitre par Henri III et ses barons, il prononça en faveur du roi le « dit » d'Amiens en 1264, que les barons anglais n'acceptèrent pas, mais ils eurent recours encore et encore à l'arbitrage de ses conseillers.

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• Poursuivant la politique matrimoniale de sa mère, grâce à qui son frère Alphonse régnait sur Toulouse, Saint Louis a en 1246 obtenu pour son frère Charles d'Anjou la main de l'héritière de Provence. La conjonction des manœuvres d'Urbain IV et des ambitions de Charles conduisit le roi à accepter que son frère reçût la couronne de Sicile (1266).

• L’intervention en Italie fut en partie responsable des erreurs de la croisade de 1270. Mal conseillé par son frère, qui souhaitait garantir les relations économiques entre la Sicile et Tunis, ignorant la situation interne de l'Islam et peu secondé des barons qui n'aspiraient qu'au repos, Saint Louis prit la décision d'attaquer Tunis.

• L'aide de Charles fit défaut : trop occupés en Italie, le frère du roi et ses barons n'arrivèrent en Afrique qu'après la mort de Louis, survenue le 25 août 1270. La force d'âme du roi mourant fit plus pour sa renommée que n'eût fait une éphémère victoire.

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3 – Le règne de Philipe le bel (1285-1314)

3.1 – Politique intérieure

• Il y eut un intermède avant Philippe IV, son père, Philippe le Hardi, bien mal nommé si l’on se réfère aux chroniques qui le décrivent comme un homme faible, malingre physiquement et moralement timoré.

• À l’exception de la campagne d’Aragon, qui marque le début de l’implication de la France dans les affaires espagnoles, son règne relativement long est étrangement dépourvu des hauts faits des règnes précédents et suivants, ce qui donne à penser que le roi était en effet de caractère plutôt faible et fût la plupart du temps le jouet des luttes d’influences entre les différents clans. Il meurt en 1285. Son fils Philippe, alors âgé de dix-sept ans, lui succède sur le trône.

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• Commence alors l’un des règnes les plus déconcertants de l’histoire de France. La puissance du pays est alors bien assisse en Europe, le pays compte 15 millions d’habitants et le pouvoir royal semble incontestable, d’autant que Philippe saura s’entourer de gens très compétents pour diriger le royaume.

• Mais une analyse plus fine de la situation révèle des failles dans l’administration et des difficultés financières qui annoncent en partie les violents orages à venir.

• Le domaine royal ne connut pas de grands accroissements sous Philippe IV, si ce n’est que la prise de contrôle de quelques villes, comme Lille, Tournai, et Lyon, qui lance le processus d’expansion des domaines royaux vers l’est.

• Cependant, la construction du centralisme se poursuit sur ce domaine où l’autorité de la couronne est de plus en plus affirmée.

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• Le problème le plus difficile que dû résoudre Philippe IV concernait les finances. Avec la croissance de l’appareil administratif, le roi ne pouvait plus gouverner avec les seuls revenus du domaine royal et les taxations extraordinaires. Philippe tenta d'établir une imposition régulière par différents moyens mais n'y réussit pas.

• Les confiscations de biens de groupes considérés comme des corps étrangers poursuivirent et même s’accélérèrent. Ces confiscations allaient souvent de pair avec des expulsions collectives, comme pour les Juifs, alors que près de 100 000 furent expulsés du royaume en 1306. Les marchands italiens furent aussi frappés, moins sévèrement, mais plus souvent en 1277, 1291 et 1311.

• Philippe le Bel eût recours à des altérations de la valeur nominale ou intrinsèque de la monnaie, qui avait des conséquences à court terme bénéfiques pour le trésor royal en diminuant la valeur des dettes intérieures.

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• Mais cet avantage était de peu de poids face à la diminution des revenus royaux et de l’inflation, cause de troubles sociaux de plus en plus fréquents. Ces manipulations monétaires valurent à Philippe IV de son vivant le surnom peu flatteur de « roi faux-monnayeur ».

• Afin de contrôler la grogne populaire, le roi eut recours à à la convocation d’assemblées nationales pour donner un vernis de légitimité populaire à ses décisions

• Les prédécesseurs de Philippe avaient périodiquement eu recours à la convocation d’assemblée, soit de la noblesse, soit du clergé, soit de la bourgeoise urbaine, mais celle de 1302 innove car elle concerne les trois ordres : les « états généraux du royaume ».

• Par ces consultations, l’État parvint à créer une opinion publique nationale, manifeste de la naissance d’une raison d'État. Cette propagande contribua à renforcer la « religion royale » et masqua pour un temps les conflits sociaux et la relative inefficacité de l'administration.

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• Les problèmes fiscaux de Philippe sont causés par l’incapacité de son administration à connaître le chiffre de la population, la richesse des individus et du pays, à réunir les renseignements indispensables à un gouvernement rationnel, les gens capables d'aider la monarchie préférant souvent des carrières privées plutôt que le service du roi.

• Mais il ne faut pas exagérer l'inefficacité de l'administration à l’époque : par l'intermédiaire des baillis et sénéchaux que Philippe le Bel choisit en dehors du pays qu'ils devaient administrer et assigna à résidence dans leurs circonscriptions, l'impulsion royale se transmettait peu à peu à tout le pays.

• La laïcisation des conseillers royaux s'accélère et les gardes des Sceaux sous Philippe IV, successeurs des chanceliers, sont des laïcs. Les conseillers royaux sont choisis un peu partout sur le territoire, au nord comme au sud, ce qui contribue aussi à fédérer l’ensemble.

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3.2 – Le premier des « rois maudits »

• L’expression a été popularisée par Druon, mais son origine est réelle : lorsqu’après plusieurs années de persécution contre l’ordre des Templiers, son maître, Jacques de Molay, sera condamné au bûcher, il aura le temps avant de succomber de « maudire jusqu’à la treizième génération » les responsables de sa mort, dont le roi Philippe le Bel.

• Les rapports extrêmement tendus qu’entretient Philipe IV avec la papauté et avec la religion en général justifient d’une certaine façon cette expression imagée.

• Avec le pape Boniface VIII (1295-1309), les relations s'étaient maintenues et par égard pour le roi de France, le pape avait en 1297 canonisé Louis IX. Ce sont les difficultés financières que connait le France qui vont conduire à une crise aigüe entre la papauté et le roi de France.

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• L'enjeu était pour la royauté française l'attachement du clergé au royaume et l'indépendance du monarque dans le gouvernement de tous ses sujets.

• En 1296, le pape interdit le versement par les clergés français et anglais de subsides à leurs souverains, puisque pour le pape, les rois sont subordonnés à l’Église, ce que Philippe condamna vivement, obligeant Boniface à faire machine arrière l’année suivante.

• En 1301, suite à une querelle concernant la suzeraineté du roi sur la ville de Pamiers, Boniface, dans une autre bulle, réaffirme la supériorité du pape sur le roi. Avec la crise monétaire, c’est l’autre raison qui poussa Philippe à convoquer les états généraux, dont la majorité des membres, y compris de ceux issus du clergé, soutint la position du roi face au pape.

• Boniface VIII aggrava la tension par une nouvelle bulle reprenant les formules de « théocratie pontificale » élaborées depuis Grégoire VII.

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• Le roi lança alors un appel à un concile pour juger le pape, accusé d'hérésie, de simonie et de crimes de toutes sortes. Le pape répliqua en excommuniant le roi.

• Guillaume de Nogaret fut envoyé en Italie pour arrêter le pape, le 7 septembre 1303, en vue du concile. Dès le 9 septembre, Boniface fut cependant libéré par ses partisans, mais il mourut un mois plus tard.

• Les successeurs, de Boniface, Benoît XI et Clément V, français d’origine, rétablirent de bonnes relations avec Philippe. Lors du procès contre Boniface VIII en 1310, Philippe fut lavé de toutes responsabilités dans les événements de septembre 1303 et l’excommunication fut annulée. Mais Boniface ne fut pas condamné.

• Le 13 octobre 1307, Philippe ordonna l’arrestation de tous les Templiers de France, sous des accusations infamantes (sodomie, sacrilège, idolâtrie) et parvint à obtenir du pape la suppression de l'ordre dans toute la Chrétienté par le concile de Vienne, le 3 avril 1312.

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• Le plus important succès de Philippe dans ses rapports avec la papauté fut l'installation de la papauté à Avignon, à portée des pressions et influences françaises. Dictée par la situation italienne, cette solution provisoire allait se prolonger pendant trois quarts de siècle et valoir, temporairement cependant, un surcroît de puissance à la France.

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3.3 - Politique étrangère

• Malgré les accords signés avec l'Angleterre sous Saint Louis et Philippe III le Hardi, la vassalité anglaise, la suzeraineté française des territoires anglais, les incidents entre marins des deux royaumes et le désir de Philippe le Bel de récupérer l'ensemble des terres françaises conduisirent à la rupture avec la couronne anglaise et donc à une guerre qui éclata en 1294.

• Philippe prit l'initiative et remporta les engagements en Aquitaine et en Flandre, mais accepta l'arbitrage du pape, qui proposa d’en revenir au statu quo ante, ce que Philippe accepta, afin d’assurer la paix avec l’Angleterre.

• Afin de sceller cette réconciliation, les Plantagenêts et les Capétiens recoururent aux alliances matrimoniales : Édouard Ier épousa la sœur de Philippe et Édouard II, héritier de la couronne anglaise épousa Isabelle, la fille du roi de France.

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• Ces alliances matrimoniales auront des conséquences tragiques pour le royaume de France en 1328, car elles serviront à fonder les prétentions d’Édouard III à la couronne française.

• L’autre pomme de discorde avec l’Angleterre était située au nord-est du territoire : la Flandre était l’une des zones les plus riches du territoire, ainsi qu’une couverture militaire permettant de défendre le cœur du royaume français, l'Île-de-France.

• La richesse de la Flandre fondait par ailleurs ses volontés d’indépendance et elle était aussi intimement liée à l’Angleterre, qui lui fournissait la laine nécessaire aux métiers qui faisaient sa renommée européenne.

• Désireux d’assurer sa domination politique de tout le territoire, le roi de France intervenait constamment dans les affaires flamandes, s'appuyant sur une grande partie de la noblesse du pays, contre le comte, les bourgeois et les artisans.

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• Un rapprochement initié par le comte avec l’Angleterre Ier et la défaite de 1297 qui lui fut consécutive entraîna une violente répression française et les matines de Bruges en 1302, soit le massacre de Français par les habitants de Bruges, ranima les hostilités et provoqua une intervention française qui tourna à la catastrophe, alors que les milices flamandes infligèrent une défaite à la chevalerie française, lors de la bataille des éperons.

• Ne pouvant laisser les choses en l’état, Philippe prit sa revanche sur les Flamands en 1304 et imposa un traité sévère à ses vassaux, par lequel la population se trouva soumise directement à la couronne capétienne.

• Cette politique flamande constitue un élément important de la poussée française en direction de l'Empire. Cette poussée apporta des dividendes important en Hainaut, en Lorraine, et surtout à Lyon, mais ne permit cependant pas à Philippe le Bel à faire de son frère, Charles de Valois, un empereur.

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4 – Mutations politiques et sociales du Moyen-âge central

en France4.1 – Développement de l’État français

 

• À partir de Philippe II, les rois vont accroître leur domination politique, grâce à la diversification des modes de contrôle : au pouvoir strictement militaire et féodal s’ajoutent alors d’autres outils, économiques, idéologiques et administratifs.

• Au plan économique, la royauté peut compter sur deux grands types de revenus : ressources dites « ordinaires » et « extraordinaires ».

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• Les premières réfèrent aux revenus seigneuriaux perçus par le roi sur ces domaines, au même titre que tous les autres seigneurs (les impôts) ainsi que les amendes et les droits de péages. Plus le domaine royal s’accroit, plus la puissance économique royale se développe.

• Mais il peut recourir à des impôts extraordinaires : décimes destinées aux croisades, impôts sur les Juifs ou sur les Lombards, etc.

• Cependant, ces mesures exceptionnelles ne sont possibles que par ce que la royauté peut compter sur une légitimité nouvelle et des ressources administratives capables de rendre effectifs ces levées d’impôt exceptionnelles.

• La légitimé du roi s’appuie sur différents éléments spécifiques, qui sont cependant tous de même nature : celui-ci n’est pas un homme ordinaire et se pare d’une puissance qui relève partiellement de la divinité. Le roi est un être sacré et oint par l’Église.

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• Le caractère thaumaturge du roi à partir des premiers Capétiens relève bien sûr de la fraude, mais elle frappe considérablement les esprits

• La symbolique de cette dynastie participe aussi à la consolidation de la légitimité de l’État. Ainsi en est-il de la fleur de lys qui devient au cours du XIIe et XIIIe siècle le symbole de la monarchie française. Les tentatives des chroniqueurs d’établir une continuité entre les premières dynasties du territoire et les Capétiens relèvent aussi de cette symbolique.

• Du point de vue de la légitimé, c’est l’acquisition de la justice territoriale, qui devient une prérogative exclusive du roi, qui contribue le plus à accroître la légitimité. La paix du roi, les interdictions de 1258 et de 1268 des guerres privées, ou plus tard du duel judiciaire, par exemple, participent à ce mouvement général de concentration de la justice entre les mains du roi, qui fait que l’on passe de « suzerain » à « souverain ».

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• Pour mettre en œuvre sa supériorité, le roi compte sur un pouvoir législatif monopolisé et une administration compétente. C’est ce que l’on appelle les ressources administratives, lesquelles sont nécessaires à l’accroissement de la légitimité politique du roi.

• On assiste à un recours plus fréquent aux ordonnances royales, lesquelles peuvent s’appliquer au domaine royal, aux territoires du royaume qui n’appartiennent pas en propre à la dynastie, ou à ces deux zones à la fois.

• Lorsqu’il s’agit d’ordonnance sur des territoires qui n’appartiennent pas aux Capétiens, la question de la légitimité se pose et c’est le développement de celle-ci qui permet la croissance de l’efficacité des ordonnances. Pour les mettre en œuvre, la royauté se dote d'une administration de plus en plus centralisée.

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• Au début du XIIe siècle, la cour est itinérante et composée de chevaliers et de proches vassaux, dont les attributions se précisent  en se divisant en deux structures : l’Hôtel du roi, qui s’occupe des affaires personnelles du monarque (et dont les charges deviennent graduellement héréditaires) et le Conseil du roi, qui se trouve à la tête de la gestion du royaume.

• Au développement de la puissance royale correspond la complexification des structures administratives, dont le nombre ne cesse de croitre, et qui contribuent à l’augmentation du centralisme décisionnel. Ces appareils administratifs s’installent à Paris, dont le rôle de centre politique s’affirme.

• Ainsi, le conseil du roi se ramifie avec le temps et ses attributions se précisent : apparaît une cour des pairs où siègent vassaux ecclésiastiques et seigneurs laïcs (à raison de représentants chacun), une autre structure portant le nom de Conseil du roi, et surtout le parlement.

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Gouvernance royale au XIIIe

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• Cette dernière structure, nouvelle à l’époque, est celle qui a le plus contribué à centraliser la justice sur le territoire et à accroître la légitimé royale.

• Ce n’est pas une structure législative, mais bien judiciaire : à partir de 1250, le parlement siège en permanence et devient l’instance suprême de la justice en France, relevant directement du roi. Il est composé de trois chambres : requêtes, enquêtes et décisions.

• Enfin, le contrôle du centre politique sur les régions du pays se précise aussi. Jusqu’à Philippe II, l’administration royale est essentiellement domaniale et les prévôts sont chargés de faire respecter les pouvoirs royaux sur les domaines de la couronne. Mais le contrôle des féodaux demeure très faible.

• Philippe II, s’inspirant des modes d’organisation anglo-normands, va créer l’institution du bailli en 1190, avec la tâche de superviser et de contrôler l’application des décrets royaux sur tout le territoire.

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• Sous Louis IX, ces baillis deviennent des officiers salariés de l’État, mais en même temps, ce sont de plus en plus des châtelains locaux qui occupent ces postes, réduisant ainsi le pouvoir de contrôle du centre. D’où la création en 1254 de postes de commissaires enquêteurs, chargés de contrôler les baillis.

• Tout cela fait en sorte que, du Xe siècle au XIIIe siècle, l’autorité royale croît constamment sur le territoire, entrainant une centralisation politique de plus en plus grande, réduisant d’autant l’autonomie des seigneurs féodaux.

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4.2 – Démographie

• Entre le Xe et le XIVe siècle, l’Europe a connu une très forte hausse démographique. Au cours de cette période, les famines sont moins nombreuses, ce qui sous-entend que les techniques agricoles se raffinent et que les flux commerciaux augmentent.

• Cette croissance est difficile à cerner, puisqu’il n’y existe pas de documents précis permettant d'établir le nombre et l'évolution des habitants d'un village ou d'une région. D'une façon générale, on pense qu’entre 950 et 1300, la population française a doublé, ou même dans certaines régions, triplé.

• Les taux de croissance ne sont pas très élevés, soit de 0,3 à 0,6 % par année, ce qui met en évidence la nature de cette croissance, continue et étalée dans la durée, et non explosive.  

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• La croissance de la production agricole est de même nature et tiens davantage à une amélioration des techniques qu’à une révolution technique. Les données climatiques de l’époque soulignent aussi un adoucissement général des conditions en Europe.

• Cette pente douce et constante soulève une interrogation : la croissance démographique est-elle une cause ou une conséquence de la croissance agricole? on peut supposer que les deux phénomènes sont concomitants.

• Le phénomène démographique le plus important de la période concerne la mutation de l’habitat : alors que le haut Moyen-âge se distinguait en matière de peuplement par une désurbanisation, causée par l’effondrement des structures commerçantes et une archaïsation générale des modes d’organisations, la période centrale du Moyen-âge voit une inversion des flux migratoires villes-campagnes.

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• Les conditions de la paysannerie demeurent difficiles, alors que près de 75 % de la récolte disparaît dans diverses taxes et redevances, laissant le reste pour permettre les semailles de l’année suivante et l’alimentation modeste de la famille.

• Mais ces conditions s’améliorent par rapport à la période précédente, grâce aux innovations techniques (la charrue) et agricoles (assolement), qui permettent une augmentation de la production.

• Des agglomérations urbaines de plus en plus importantes s’organisent, stimulées par la croissance des flux commerciaux et le développement de l’industrie locale, mais surtout politiquement, par la construction de l’absolutisme et l’affaiblissement du féodalisme.

• Mais malgré cette urbanisation manifeste, la France et l’Europe en général, demeurent essentiellement rurales : au XIIIe siècle, la population des villes ne constitue que 5 à 10 % de la population totale.

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• Malgré sa faiblesse numérique, la concentration urbaine a un rôle à jouer dans une foule de phénomène observé au cours de la période : alphabétisation, accroissement des flux commerciaux, développement d’une société civile, expérimentation et innovation scientifique, etc., tous ces éléments étant d’une certaine façon liés.

• Dans ces villes en croissance apparaissent des associations (corporations, guildes ou hanses) rassemblant des corps de métiers, dont le rôle est d’assurer une solidarité et un soutien mutuel contre la concurrence et le besoin. Mais l’opposition des seigneurs à ces mouvements indépendants de l’ordre féodal entraîna leur politisation et la création de communes libres.

• La prospérité et l'unité de la bourgeoisie neutralisent peu à peu le pouvoir du seigneur, les citoyens trouvant des alliés chez les évêques, dont le pouvoir était souvent en concurrence avec celui des féodaux.

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• Parfois, c'est le roi lui-même qui soutenait les prétentions des bourgeois, dans le but d'affaiblir le pouvoir des grands feudataires du royaume.

• Dans la plupart des cas, les bourgeois achetaient leurs libertés au seigneur. Si le seigneur acceptait, on rédigeait des « chartes de franchise » énumérant les droits accordés aux communes libres. Mais souvent, les citadins durent recourir à la violence pour imposer leurs revendications aux féodaux.

• es droits accordés aux villes étaient très variables en fonction de la région : par exemple, au nord-est, les communes jouissaient de nombreux pouvoir, comme ceux de battre monnaie, de lever des milices, d’élaborer ses propres lois.

• Mais il n’y pas en France (à l’exception de la Flandre) de communes dont les pouvoirs étaient aussi grands qu’en Italie du Nord ou en Allemagne, la construction de l’absolutisme se heurtant tôt ou tard à ce phénomène.

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• Un mot sur Paris, dont l’importance ne cesse de croître tout au long du Moyen-âge central. On estime que le centre politique de la France compte déjà à la fin du XIIIe siècle 200 000 habitants.

• À ses fonctions politiques, la ville ajoute une force d’attraction culturelle (et donc religieuse), alors que l’Université de Paris devient le centre intellectuel de l’Europe. Les monuments religieux y sont aussi très présents : cathédrale Notre-Dame de Paris (dont la construction débute en 1160) et Sainte-Chapelle (1245), par exemple.