Histoire de l¡instrumentation depuis le seizième siècle jusqu'a nos jours - LAVOIX, Henri.pdf

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^jOc_

cy-^"^

M-^^y r.A^

HISTOIREDE

L'INSTRUMENTATIONDEPUIS LE SEIZIME SICLEJUSQU'A NOS JOURS

OUVRAGES DU MME AUTEURLes traducteurs de Shakespeare en musique,Dtaille, diteurs.

:

in-8.

Baur

et

La Musique dans

la nature,

iii-8. Pottier

de Lalaine, diteur.in-8.

La Musique dansde Lalaine, diteur.

l'imagerie du moyen-ge, grand

Pouier

lYPCGRAPHIE FIRMIK-DIUOT.

MESXIL

(

ECRE

).

HISTOIREDE

L'INSTRUMENTATIONDEPUIS LE SEIZIME SICLEJUSQU'A NOS JOURS

PAR H.

LAVOIX

FILS

DE LA BIBLIOTHl^DE NATIONALE

OUVRAGE RECOMPENSE PAR L'INSTITUT

PARISLIBRAIRIE DE FIRMIN-DIDOT ETIMPRIMEURS DE l'INSTITUT,Rl'E JACUD, 66

C

1878

LHI

C

22 1955

U

t>

i

w

AU MEILLEUR DE MES AMIS

A MON PERE

AVANT-PROPOS

Dans

sa sance solennelle

du 15 novembre 1873 l'Acalele

dmie des Beaux-Arts mit au concours pourde 1875l'histoire

prix Bordin

de l'Instrumentation depuisactuelle.

XVF

sicle

jusqu' r poqueainsi rdig:

Le programme remplir.

tait

Cette histoire devra

comprendre

:

Pdans2

Un

aperu trs succinct concernant la facture

et le ca-

ractre de chacun des instruments introduits successivementla

musique

d''

ensemble. ont

Des

diffrentes modifications que ces instruments

subies depuis leur apparition jusqu' nos jours et V influence

de ces modijicatio7is sur l'emploi de chaque instrument.otir

Le

parti que

les

compositeurssoit

les

plus minents ontla

de ces diffrents instruments,

dans

musique ins-

trumentale proprement dite, soit dans la musique vocale.

Pour

traiter

un

sujet aussi considrable et aussi neuf^

dix-huit mois

seulement nous taient donns; aussi ne

pmes-nous terminer compltement, nous arrtant en ralit

VIII

AVAXT-PEOPOS.

aprs Mozart.vail

L'Acadmie, tout en prfrant notre

tra-

celui de notre concurrent, ne crut pas

devoir d-

cerner de prix

un mmoire inachev

et

nous accorda

une premire mention honorable avec une mdaille dequinze cents francs, en nous encourageant par les logesles plus flatteurs, complter l'ouvrage et

le publier.

C'est cette histoire, aujourd'hui termine, que nous prsen-

tons au public.

TABLE DES MATIERES

INTKODUCTION.Pages.

Place de l'instruinentation dans

l'art

musical.

Coup

d'il rapide sur lessicle.

instruments du moyen ge et leur emploi jusqu'au xvi

Quel1

ques mots sur les faiseurs d'instruments la

mme

poque

PREMIERE PARTIE.LES INSTRUMENTS.Chapitre premier.I.

,

Instruments cordes:

3231

Instruments cordes frottesInstruments cordes pincespandoresles tablatures,

violes et violons, vielles....

II.

:

luths, thorbes et guitares,

la

harpe:

59l'pinette, le clavecin et

III.

Instruments cordes avec clavierle

piano

gl

ChapitreI.

II.

Instruments vent:

93fltes droites et

Instruments bouche droite ou latraletraversires

93:

II.

Instruments anche doublemusettes et cornemuses

hautbois, bassons, cromomes,106

III.

Instruments anche simple

:

clarinettes et:

saxophones

118

IV. Instruments embouchure en bois

cornets bouquin et ser-

pents,

128:

en cuivredernes

cors, trompettes et

trombones.,

Les

familles

mo131

les

timbres

V. Instruments vent et clavier

:

l'orgue, l'anche libre

151156

Chapitre

III.

,

Instruments percussion,

Timbales

tambours

triangle

,

cymbales

,

cloches

,

tam-tamh

,

timbres clavier

1

56

1

X

TABLE DES MATIERES.

DEUXIME PARTIE.l'instrumentation,

premire poque.Depuisle

XVI"^ sicle jusqu'

Haydn (1500

1750).Pages

Chapitre premier.

La musique instrumentale de danse et de balletsses rsul-

en Italie, en France, en Allemagne, jusqu' l'invention de la bassecontinue (1500 1600)

163

Chapitretats.

II.

La basse continue, son invention, son usage,Allemandset les Italiensl'cole italienne

Les

183

Chapitre III. XVIIP sicles,tation.

L'orchestre dansjusqu'

pendant

les

xvii* et

Pergolse.

Simplification de

l'instrumen-

Naissance et progrs de l'accompagnement.

Monteverde,ita-

Pri, Caccini, Landi, Cavalli, Scarlatti.liennes

Les coles de violon

193les

Chapitre IV.

L'instrumentation en France pendant xvii* et Cambert, Charpentier, Lulli, Campra, Lalande, xviii* Marais, Montclair. Les violonistes. Rameau Chapitre V. Les prdcesseurs de Bach et de Haendel, au thtre, au concert. Henri Schutz, Stadelmayer, Keyser,sicles.

21

l'gliBe,etc.

Les coles de violon en Allemagne au xvii^

sicle

235 265

Chapitre YI.

Georges Friederich Haendel et Johann Sbastien Bach.DEUXIME POQUE.Depuis

Haydn

jusqu' nos jours.

La symphonie en Allemagne. Haydn, Mozart, La symphonie dramatique Chapitre VIII. Gluck et Mozart. Systme instrumental de Gluck, ses partitions italiennes franaises. Rle des instruments dans drame musical. Les ouvertures de Gluck. Rvolution opre dans l'orchestre par Mozart, son instrumentation, ses ouvertures. Chapitre VII.Beethoven.etle

28

Influence de Gluck et de Mozart sur la musique moderne

311

Chapitre IX. La musique

L'orchestre en France depuislittraire.

Grtry,de

Rameau

jusqu' Rossini.

Monsigny, Dalayrac, Nicolo et:

leur orchestre.

La

suite

Rameau

Philidor et Gossec.

La

TABLE DES MATIRES.suite

XI

de Gluck et de Mozart

:

Salieri,

Sacchini, Cherubini, Mehul,

Lesueur, Catel, Spontini, Berton, Boieldieu

329

Chapitre X.

L'orchestre

italien

et l'art de

l'accompagnement des

voix depuis le milieu du xviii sicle jusqu' Rossini.

Galuppi,

Jomelli, Anfossi, Rinaldo da Capua, Latilla, Ciampi, Piccini, Bertoni, Guglielmi, Paisiello,

Cimarosa, Ziagarelli, Paer,et

S.

Mayer....romantisme

347

Chapitre XI.

Beethoven

Weber.

Le coloris

et le

dans l'instrumentation dramatique

857

Chapitre XII.

RossLai et MeyerbeerL'orchestre dramatique en France depuis Boieldieu

372

Chapitre XIII.

jusqu' nos jours.

Auber, Hrold, Halvy, FUcien David

417

Chapitre XIV.Onslow, Reber

La

symphonie en France,

:

Berlioz, Flicien David,

429Italie, en

Conclusion.en

L'instrumentation contemporaine en Allemagne (Richard Wagner). Avenir de

France,

l'cole franaise...

449

FIN DE la table DES MATIRES.

HISTOIREDE

L'INSTRUMENTATIONINTRODUCTIONPlace de l'instrumentation dans l'art musical. Coup d'oeil rapide sur les instruments du moyen ge et leur enploi jusqu'au xvi aigu(1840), poussent cette famille jusqu'aux dernires notes leves

de l'chelle musicale. Le registre moyen est rempli par la clarinette ordinaire d'orchestre, avec ses tons de si bmol, si naturel, ^\it et de la. En 1777, un facteur nomm Horn inventa Passau

un instrument quiglais tait

devait tre la clarinette ce que le cor anle

au hautbois. Cette sorte d'alto pritpar une singulire traduction,

nom

de son indevint

venteur\e cor

et,

le lasset

Horn

de basset franais et le corno de hassetto italien. Malgr

quelques perfectionnements apports par Lotz en 1782, cet ins-

trument, surtout dans

le registre

grave, tait des plus imparfaits.

besoin d'un beau timbre plein au-dessous de celui de la clarinette se faisait tellement sentir que le cor de basset

Cependant

le

eut l'honneur d'tre employ par Mozart dans la Flie enchante,

dans la Clmence de Titus et dans

le

plusieurs autres musiciens allemands, mais

Eequiem, par Vogel, et par il ne fiit admis en

France queil

fut

mmedj

trs-tard, lorsque, sous le nom de clarinette alto, compltement transform. Ce fut Iwan Muller qui, en temps qu'il perfectionnait la clarinette, reprit le cor defit

basset et encit,

la clarinette alto.

Dans

le

rapport que nous avons

cet instrument reut de grands loges et l'inventeurles principesil

en a donnIl rectifia

la suite de sa mthode de clarinette.clefs

la perce et

donna aux

une disposition analogueet

celle de la clarinette ordinaire. Simiot adapta la clarinettealto les

changements dj apphqus au bassonle

dont nous avons

parl dans le paragraphe prcdent. Enfin

Ad. Sax, dirigeant

toujours ses efforts versrinettes,

perfectionnement de la famille des cla-

amhora

la clarinette alto.

Non

contents d'avoir invent

un baryton de

clarinette, les fac-

124

HISTOIRE DE l'INSTRITMENTATION.

teurs cherchrent encore augmenter le registre grave et fabri-

qurent des clarinettes basses. Le premier essai de ce genre futfait

par Grenser, de Dresde, en 1793. Puis, en 1807,l'orfvrerie

un nomm

Dumas, ancien chef declarinette basse treize

de l'empereur, inventa une;

clefs,'

qui fut agre par le Conservatoire

mais sa clarinette

tait

peu juste

et difficile jouer, de plus lele

nombre desbasse.

clefs

qui devait retarder dans notre pays

succs

d'Iwan Muller, fut aussi une cause de dfaveur pour la clarinette

Le pauvre Dumas, ruin par les vnements de 1815, mouau public cette clarinette qui tait celui du basson. Avant lui, enenut. Elle avait la

rut l'hpital en 1832, en confiant son invention Dacosta.Celui-ci ne tarda pas livrer

munie d'un serpentin semblable une octave plus bas quecor de basset et dix-sept

1828, Streitwolf de Gottingue avait invent une clarinette basse,la clarinetteclefs.il

forme ducelui

Son timbre ressemblait

de

ce dernier instrument, mais

tait plus plein et plus noun-i.

En

1836, Buffet reprit cette invention et produisit la clarinette basse

sonnant l'octave de

la clarinetteles

en

ut.

Ce

fut cette clarinette

que Meyerbeer employa danscompht.Il

Huguenots.

La

clarinette basse

attendait encore des amliorations et ce fut Ad. Sax qui les ac-

changea

la

perce et

fit

prs de l'embouchure

un

petit

trou, gros

comme

la tte

d'une pingle, qui permit de donner auet

chalumeau une

galit irrprochable

y adapta une

clef ou-

verte qui ne changeait rien au doigt.la clarinette basse n'avait plus

A partir

de cette poqueet,

gure de progrs faire

bienle

qu'on puisse citer encore une maladroite contrefaon sous

nom nom

grotesque de batyphon, parreviendi-ait souvent sous

le

Prussien Wieprecht, dont lesi

ma plume

je faisais l'histoire des

une clarinette basse de Muller descendant Yut (1844), une bonne clarinette descendant une tierce plus bas que la clarinette basse et expose en 1867 par Lauss Schmidt,contrefacteurs, et

d'Olmtz, on peut rellement faire dater de 1838fectionnement apport la clarinette basse.il

le

dernier per-

Pour complter

la famille,

manquait une clarinette contre-

basse et c'est encore Ad. Sax que nous en

sommesle

redevables.

En

1830, Streitwolf, de Gottingue, construisit une clarinette con-

tre-basse qui avait

deux octavesla

et

demie depuis

contre /a jus-

qu'au

si

d'en haut. Pour

forme

et le doigt, cette clari-

INSTRUMENTS A VENT.nette diffrait

125

peu de

la clarinette basse.

Elle n'tait pas plus

grande quemirefois

le

truisit sa clarinette contre-basse

basson et avait quatre notes de plus. Sax consen cuivi'e ce n'tait pas la pre;

que ce mtalfait

tait

employ pour

les clarinettes et dj,

en 1818, Alary avait

de ces instruments en cuivi-e. Nous avons eu dj l'occasion de dire notre opinion sur l'emploi du mtal laplace du bois, aussi ne reviendrons-nous pas sur cesujet. Pour donner de l'gaUt toute l'tendue de l'instrument. Ad. Sax fit le tuyau large dans la partie suprieure et se rtrcissant jusle

qu'au pavillon, point o se trouve plac

trou de sol et de

r.

Au

moyen detue.

cette clarinette contre-basse, laqu'elle ait t

famille tait constil'or-

Je ne sache pas maiselle

employe toute entire :

chestre,

permit d'tablir ainsi l'chelle

Clarinettes aigus, en la \>,fa,

mi b,la ;

r

;

Clarinettes soprano, ut, si b, Clarinettes alto, /a om

ou

mib

;

Clarinettes basses, ui ou si\>

;

Clarinettes contre-basses, fa ou

mi h-

M. Kastner, dans son

Trait d'instrumentation {1), cite encore

une clarinette-lourdon, plus basse que la clarinette basse; nous ne connaissons pas cet instrument, et nous pensons que dans de pareilles rgions il n'est plus question de timbre ou de sonorit, mais plutt d'un grondement dont l'effet ne doit pas tre desplus satisfaisants.

Pour complter

l'histoire matrielle

de

la clarinette,

nous avons,

d

citer des

instruments

comme

la clarinette

soprano

la clari-

nette contre-basse et la clarinette bourdon qui ne sont pas en

usage

;

mais,

si

ces inventions sont ingnieuses et prouvent

une

louable tendance vers la reconstitution des familles instrumentales,

nous pouvons, sans trop de hardiesse, prdire que les deux extrmits du registre des clarinettes, l'aigu comme au contregrave, ne pourront jamais tre d'une bien grande utilit dans la

composition.

On

sait

combien

le

son de l'instrument est aigre et l'orchestre.

dsagrable partir de Xut au-dessus des portes et combien son

emploi est dangereux et(1)

difficile

Au

registre contreles

Kastner, Trait gnral

/

Instrumentation, comprenant

proprits et

r usage de chaque instrument, prcd d'un rsum sur

les voix, in-f",

Paris, Prilipp,

avec im supplment concernant les nouveaux instruments de Sax.

12Cgrave,

HISTOIRE DE L'IXSTEUMENTATIOX.

un

autre inconvnient se prsente

;

outre que l'instrument

est trs-fatigant jouer, la sonorit molle et flasque des contre-bas-

ses

de clarinette ne pourra produire un bon

effet

que dans desle re-

cas excessivement rares et encore doit-elle forcment se fondre

avec celle des instruments graves en cuivre. Mais c'est surgistre le plus

beau

et le plus ncessaire de la clarinette

que

les

facteursefforts, le

fixent

surtout

leur

attention.

Malgr

tous

leurs

passage du chalumeau la clarinette est encore dfecnotes soZJ, Zaetsi\),

tueux et

les trois

places au centre

mme

de

l'chelle musicale,

dans

le registre le

plus usit , laissent encore

beaucoup dsirer sous

le

rapport

du timbre, cause du voisinage

de l'anche. Tout bien considr, tout en applaudissant aux efforts des facteurs qui ont tent de perfectionner l'instrument, nous

sommes

forc d'avouer que notre clarinette, quelle que soit l'in-

gniosit de son systme, n'est pas de beaucoup suprieure auxvieilles clarinettes

treize, quatorze et quinze,

clefs.

Cela est

si

vrai que

M. Gevaert endans cette

arrivant au Conservatoire de Bruxelles

dont

il

est directeur, et voulant introduire ofl&ciellement la cla-

rinetteseil

Bhmles

cole, l'abandonna, parat-il, sur le con-

des meilleurs clarinettistes. Bien des choses sont encore faire,

mais que

inventeurs ne perdent point de vue qu'aucun timbre

n'est plus ncessaire

au compositeur que;

celui

de la clarinette de fon-

dans toute son tenduedi'esi

qu'il faut bien se garder surtout

en un seul

les

deux registres de chalumeau;

et

de clarinette, de ces ins-

distincts l'un de l'autre

que,

si

la justesse absolue

truments devait tre acquise au prix de ces inestimables qualits,

mieux vaudrait cent fois laisser aux virtuoses le soin de pallier eux-mmes, grce leur habilet, les dfauts de leur instrument, que sacrifier une des voix les plus belles et les plus colores denotre orchestre(1 ).

En

groupant

les

instruments d'aprs leurs embouchuresle

,

c'est

ct des clarinettes que nous devons placer

saxophone mais,

l'anche est le seul rapport qui existe entre ces deux instruments.(1) Voir sur les diflfrentes clarinettes, outre le rapport des Expositions de

1855 et 1867, par Ftis, et Y Organogrnphie de Pontcoulant, un excellent article de God. "Weber dans la Ccilia, t. II, p. 35, 1827 deux articles de Ftis, Revue;

musicale, 1827-28, pages 217, 495 et 515,- Eevue et Gazette musicale, 1841, pages9,

19 et 159.

INSTRUMENTS A YEXT.

127

Le tuyau du saxophoneforme cylindriquela flte, et;

affecte la

son accord sele

forme conique, au lieu de la fait par octave comme celui de

non par douzime;

saxophone octavie

et la clari-

nette quintoie. Il est vrai de dire que c'est probablement en cher-

chant faire octavier

la clarinette,

que M. Ad. Sax a trouvle

leil

saxophone. Mais, quelle que soit l'origine de cet instrument,n'en faut pas moins reconnatre qu'en inventant

saxophone, le

facteur belge a dot l'orchestre d'une voix nouvelle et absolument

sui generis.

Le systme des

clefs et

des palettes n'a aucun rap;

port avec celui des anneaux et des clefs de la clarinette

l'anche

elle-mme, tout en procdant du

mme

principe, diffre cepen-

dant en quelques points den'a pas la

celle

de la clarinette, la languette est

plus forte et plus large et lgrement

bombe au

centre, et le bec

mme

forme. Il n'est donc point permis , aprs la plus

lgre inspection, de prtendre,

comme on l'a

fait

souvent, que le

saxophone n'est qu'une clarinette en cuivre. C'est un instrumentabsolument nouveau qu'Ad. Sax cra en 1840.complta la famille.Il construisit d'a-

bord un individu du registre grave, puis, aprs son aiTive Paris, il

Du

grave l'aigu

le

systme des

clefs et

du doigt est peu prs le mme pour tous les saxophones, qui forment un groupe instrumental, s'tendant du si grave au/(2 audessus de la 3 ligne supplmentaire de la clef desol, et se

parta-

geant ainsi1

l'chelle

musicale

:

2

3 4" 5G"

Saxophone aigu en mi i? (peu usit) Saxophone soprano en ut ou si\> ; Saxophone alto en fa ou mi o;

;

Saxophone tnor en lU ou si o Saxophone baryton en /a ou mib;;

Saxophone basse en ut ou sib Saxophone contre-basse en fa ou mib (peu usit) 8" Saxophone contre-basse en w^ou si b (peu usit). Ces instruments ont de 18 22 clefs et, en guise d'anneaux, des;

7

;

palettes

pour boucher

les trous

en facihtant

le

doigt.

Le

saxo-

phone

est

encore trop neuf pour avoir une histoire, mais on

peut dire sans crainte qu'en l'inventant,velle voix

l'orchestre.fit

En

1844,

M. Sax a ajout une nouM. G. Kastner, dans le Der-

nier

Roi de Jucla,

faire cet

instrument ses dbuts dans la

musique instrumentale;

M. Limnander, en 1851, employa,

128

HISTOIRE DE L'INSTRUMENTATIOX.

clans l'entr'acte

du premier au second

acte de Barhe Bleue,

un

saxophone alto en mib, et on a entendu dans Y Africaine ce bel instrument ; dernirement enfin M. Ambroise Thomas , dans

Hamlet

, a prouv quel magnifique parti on pouvait tirer du saxophone au thtre. Moins beau que celui del clarinette, son timbre est plein et doux, avec une couleur particulire de

tristesse et

de rsignation qui ,

dans certains cas

,

peut tre

d'une grande utiKt aux compositeurs, et sa justesse est irrprochable. C'est

une teinte de plus sur

la riche palette des matres

instrumentistes, mais, jusqu' ce jour, c'est encore dans la musi-

que militaire qu'il a rendu les plus grands services, depuis qu'en 1846 son emploi est devenu. rglementaire dans les rgiments. Il relie entre eux les registres aigus et graves des cuivres joint aux;

clarinettes,

il

joue peu prs dans l'harmoniel'orchestre,

le rle

des instru-

ments cordes dans

de plus, et ceci n'est pas sonles

moindre mrite,crus et

il

tranche par sa sonorit moelleuse surla

tons

monochromes de

masse des cuivres.

1 INSTRUMENTS IV. INSTRUMENTS A EMBOUCHURE. A EMBOUCHURE EN BOIS CORNETS A BOUQUIN ET SERPENTS.:

Untait

des caractres distinctifs de l'instrumentation, aux xvi etbocal ou bouquin en bois ou en ivoire, quile

xvii^ sicles, est l'emploi des cornets en bois auxquels on ajou-

un

communifortfit

quait avec

tuyau de l'instrument, au moyen d'un troule

troit de quelques lignes de diamtre. C'est ce bocal qui

don-

ner toute la famille des cornets

nom

de cornets houqnin.

DsIl

le

moyen ge nous trouvons

ces instruments, et au xvi" si-

cle leur famille est

rgulirement constitue.:

y avait deux sortes de cornets

les droits et les

courbs

;

on

les appelait aussi cornets blancs, et cornets noirs.

taient en bois

ou en

ivoire, leur

son tait fort

Les premiers doux {liehlich zu

hdren), et c'est pourquoi

on les nommait aussi cornets muets {stile zincJce ou corneiti muti). Leur embouchure pouvait se sparer du corps de l'instrument. Leur tendue tait la mme que celle descornets courbs, l'embouchure adhrente, qui leur survcurentet parvinrent jusqu' nous,

puisque Gluck

les

employa

et qu'il

y

INSTRUMENTS A VENT.

129

a peu d'annes on pouvait encore en entendre au fond de quel-

ques glises d'Allemagne.

Lale

famille avait pour basse le cornon,

une quinte plus bas qued'altration pendant les

baryton. Ces instruments, dont les

soprani et tnors servaient de dessus aux trombones, subirent peu

avaient sept trous sansce passage de au ton fondamental,

pouvait, au

un cornet pistons moyen d'un

142

HISTOIEE DE L INSTRUMENTATION.et sib, et

mcanisme, tre mis en ut

par lequel on vitait ainsi des

tons de rechange (1). Pour arriver au

mme

rsultat, Courtois,

en(le

1838, ajouta quatre coulisses qui mettaient l'instrument de si b

ton primitif) en

la,

en

la

t>,

en.

fa

et

en mi. Enfin, en 1854, M. Ar-

ban, l'habile coniettiste, mit en lumire un dernier perfectionne-

ment d au facteur Lecomte, et grce auquel l'instrument pouvait aborder un plus gi-and nombre de notes autrefois mauvaises ou diJciles. M. Legendre a, dans ces dernires annes, appliqu unsystme transpositeur qui, par une simple pression d'un des doigta de la main gauche, permet de baisser d'un demi-ton toute l'chelle

du cornet. Sax appliqua dester les traits.

clefs

au cornet pistons, pour

facili-

Considr au point de vue historique,fois

le

trombone a eu autre-

une famille complte,

et a

mme t pendant longtemps le plusle

parfait des instruments de cuivre. Aujourd'hui, runis par grou-

pes de trois ou quatre en comptant

trombone-basse, ces instru-

ments peuvent tre considrs la rigueur comme formant une famille , mais c'est surtout comme une sorte de trompette basse que nous devons l'tudier. En parlant du cor nous avons constat seulement la prsence des tons de rechange sans

mentionnerdcouverte

leur invention.n'est

Eu effet,

ce qui a t considr

comme

simplement que l'application au cor d'un procd employ, depuis le xvi^ sicle, pour la trompette, comme nous l'avonsdj vu, et pourle

trombone,

comme le

disent en termes trs-explicoulisse, per-

cites Praetorius et

Mersenne. Le trombone, avec sa

mettant de produire un grand nombre d'harmoniques, tait connu sous le nom 'estivemesnable ou de sacquehute, pendant le moyenge. Les trombones au xvi sicle taient regards, avec les violons,

comme les

plus souples et les plus parfaits des instruments,

lorsqu'un bon instrumentiste savait bien en tirer parti. Ils pouvaient donner galement les intervalles chromatiques et diatoniques,et,

de plus, se mariaient parfaitement la voix humaine

(2).

(1)

Ce

fut

Adam

qui

fit

ajouter le ton

d'ut,

dont

il

avait besoin pour Bontrois

ballet de la Fille

du Danube, en 1836, (Gerson, Mthode de cornet

pistons, Paris, 1840, Catelin, in-fo.)(2) Artusi,

Imperfettione dlia modtrna musica, in-fol. Venise, 1600.il

Botrigari,

Besiderio, Bologne, 1590, iu-l".iu-fol., t. II, p.

Martini, Storia dlia musica, Bologne, 1757,

430.

INSTRUMENTS A VENT.Ils servaient autrefois,

143les glises

et principalement

dans

d'Al-

lemagne, doubler

les

voix de la basse au contralto; les dessus

taient excuts par les cornets liter

bouquin aigus. Soit pour

faci-

l'excution, soit

pour avoir des basses

suffisantes, lorsque

le

les voix,

trombone marchait avec des instruments plus graves que on eut l'ide de faire des tubes additionnels, ou tonsfaciliter l'excutionle

de rechange, qui prsentaient l'avantage de

en diminuant

nombre des

positions des coulisses, et aussil'tat

de donner l'instrument l'tendue ncessaire. Voici:

du

trombone en 1620, tel que Praetorius nous le dcrit 1 le trombone discant, peu en usage parce qu'il tait trop petit pour avoir une bonne sonorit (ce soprano de trombone n'est pas sans analogie avec la moderne trompette coulisse) 2 le trombone ordinaire ou tnor, semblable au ntre 3 le trombone quarte ou baryton, 4 le trombone double, l'octave du trombone discant. Ce dernier, au temps de Praetoius, tait d'invention rcente il y l'un, employ dans les chapelles, tait en avait de deux sortes; ; ;:

le

plus ancien

;

l'autre, invent vers

1616 , par un facteurplus grave;

nomm

Hanz

Schreiber, tait le

trombone

le

il

sonnait le con-

tre mi, quelquefois

mme, on

le faisait descendre

jusqu'au contre ut.

L'embouchure de ces divers trombonesappels kriimmbiigel (triers), placsles

se dtachait

de

l'ins-

trument, ce qui permettait d'adapter des tons de rechange mobiles,

comme on met

aujourd'hui

tons

du

cor,

de

la

trompette ou -du cornet. Le trombone du

pre Mersenne diffrait en quelques points de celui de Praetorius,

mais

tait construit d'aprs les

mmes

principes.

Le vieux

tho-

ricien

ne dit pasil

si

la famille tait

employe tout entire en

France, mais

vient son tour constater l'existencetortil.

du tonde

rechange qu'il appelle

Ce

tortil n'tait

pas plac prs de

l'embouchure, mais bien au milieu

mme

de l'instrument, ce qui

devait rendre son emploi des plus compliqus.

On

se sert rare-

ment du

tortil, dit-il,

except pour la musique instrumentale,le tortil fait le

mais l'exprience dmontre quequebute une quarte plus bas que

descendre la sacIl avait

ton naturel. les

deux

piedsneuf pouces de longueur.le

De tous

instruments de cuivre,:

trombone, par sa construction, est

le

plus complet

aussi a-t-il

subi peu de changements, et ces changements ne lui ont-ils past,

en gnral, favorables. Les facteurs ont cr des timbres

144

HISTOIRE DE L'INSTRUMENTATION.efforts, rien n'a

nouveaux, mais malgr leurs

pu

faire rejeter le

vieux trombone coulisse, qui, par la vigueur et la rondeur de sessons, la sonorit cuivre de son timbre, est

pour les compositeurs

d'une

utilit

qui

le

rend indispensable

l'orchestre.

Lorsque

les

pistons eurent t invents, ce fut le facteurl'ide

Jahn qui eut le premier

de

les

appliquer au trombone, qui en eut d'abord deux (1).

Labbaye, en 1836, en ajouta un troisime, tandis que Jahn, la

mme poque, faisait quelques perfectionnements l'instrument. En 1846, Deretti amliora encore la construction et trois ans aprsle facteur

Michaud de Lyon

avait l'ide de disposer les pistonsla

du

trombone en sens inverse pour rendre plus libre

colonne d'air (2).

Engea

1852 M. Sax, en inventantla facture

les

tuyaux indpendants chan-

du trombone piston en mme temps que celle des instruments similaires de toute l'chelle. Le facteur belge ayantremarqu,et avecjuste raison,

que les tuyaux simples, rsonnant

vide, avaient la plus belle sonorit> chercha le

moyen d'appliquer

chaque instrument toutescale;

les

notes naturelles de l'chelle musiil

pour rsoudre

le

problme ,

eut l'ide de superposer lesl'autre,

tuyaux, sans qu'aucun d'euxouvrir ou fermer par

commandt

et de les faire

un piston dont les fonctions taient compltement indpendantes de celles du piston avoisinant, de tellesorte, qu'en superposant sept

instruments

les

uns au-dessus desces har-

autres,

il

obtint sept chelles diffrentes qui permettaient de pro-

duire par des

tubes vide les aliquotes naturelles

;

moniques, habilement combines, formaient la suite complte dela

gamme

diatonique et chromatique de plusieurs octaves. Ce sys-

tme ingnieux, sur lequel nous aurons revenir, a t jusqu' cejour appliqu surtout au trombone et jouit d'une grande vogue,

particulirement dans l'arme. Je ne rpterai pas ce que

j'ai

dj dit pendant ce paragraphe decoulisse sur les

la supriorit

du trombone il

trombones pistons; cependant,le

serait injuste

de ne pas constater que

trombone

six pistons et tubes in-

dpendants est appel rendre de grands services aux compositeurs (3). Halary a construit des trombones contre-basses double(1)

Carnaud, Mthode

complte de trombone pistons, Paris, 1868, in-f.t,

(2) Brevets,(3)

nouvelle srie,

XIV,

p. 327, pi. 46.

Forestier Monographie des instrumenta dants, Paris, Ad. Sax, un vol, in-4.

six pistons

et

tube* indpen-

INSTRUMENTS A VENT.coulisse descendant jusqu'au contre fa.

145

On fait grand usage du trombone basse dans les orchestres allemands. Il est regretter qu'en France nous ne l'ayons admis que par exception. Outre que de nombreuses compositions des matres allemands exigentabsolument son emploi, on pourrait complter avec lui le quatuor des trombones et viter ainsi de leur donner pour basse desinstruments d'une sonorit diffrente qui font perdre cette

masse sonore une grande partie de sa vigueur8ui generis.

et

de son timbre

A

mesure quele

la

musique militaire

se perfectionnait,

on

sentait

de plus en plusremplacer

besoin de renforcer les basses de cuivre et de serpent et les bassons qui devenaient insuffisants.le

Dj Dumas avait cherch comblerhasse et la contre-lasse guerrires (1).

cette lacune en inventant la

En

1817 on

vit s'introduire

en France

qu'une basse de trompette clefs, ^lalgr ses sons lourds et flasques, malgr son peu de justesse,l'ophiclide, qui n'est

l'ophiclidel'orchestre,

basse (2).

ne tarda pas passer de la musique militaire dans o il double ordinairement le troisime trombone la Employ jusqu' nos jours, il tend disparatre devant

les basses nouvelles, plus justes et plus sonores.

M. Ambroise Thomas, dans Hamlet, a donn l'exemple en le remplaant souvent par le sax-horn basse , au timbre plus franc et plus accus. En 1820, Labbaye voulut perfectionner l'ophiclide et lui donna un timbre trange tenant du cor, du basson et du serpent (3). On

construisit aussi des ophiclides-altos.le

En'

1844 Sommer inventad'ophiclide avec

sommerophone ou baryton

bocal, espce

en 1852, Couturier de Lyon amliora l'ophiclide, et remplaant les quatre dernires clefs par un piston, rendit plus gal le registre de l'instrument (4).

ventiles ou pistons. Enfin,

Les dfauts de

l'ophiclide n'avaient chapp ni

aux facteurs ni

et

(1) Voir la description de ces instruments dans les Archives des dcouvertes inventions nouvelles, t. I, p. 379 t. III, p. 222.;

(2)

C'est dans VOlympie de Spontini, en 1817, qu'on entendit

pour

la

premire

fois l'ophiclide

l'orchestre de l'Opra.d^ encouragement,

(3) Bulletins de la Socitt.

1821,

t.

XX,

p. 145.

Brevets

XIV, page

265, pi. 22.

(4) Brevets, nouvelle srie, t. XXIV, page 367. On avait dj, construit des ophiclides trois pistons, dont nous trouvons une mthode en 1844. Il existe aussi un ophiclide contre -basse d'alary, mais cet instrument ne parat pas avoir eu de succs.It)

146

HISTOIRE DE L'INSTRUMENTATION.

aux compositeurs; aussi essaja-t-on plusieurs fois de le remplacer En 1820 Stratwolf inventa e basshorn neuf clefs. En 1838, Danays remplaa avantageusementpar d'autres basses de cuivre.l'opliiclide altofait

par le clavicor, instrument plus juste, dont l'arme grand usage, mais qui n'a point pris place l'orchestre. En 18-10, Wieprecht inventale bass-tuba, connu en France sous le nom

de basse chromatique. En 1841, on construisit dans le mme but le cor pistons-basse. La perce des quatre pistons tait nouvelle

que l'instrumentiste en jouait deux de chaque main. Enfin citons aussi l'hlicon, basse invente par Stowasser de Vienne et le trombotonar de Besson, basseet ils taient disposs de telle faon

monstre, donttrait si

le nom seul fait reculer d'efFroi et que M. Ftis a svrement dans son rapport de 1855. Mais ces instni-

ments sont des

essais isols, et c'est

dans

les

basses des grandes

familles modernes de la masse des cuivres qu'il faut chercher le

remplaant de l'ophiclide. C'est la famille des sax-homs, ainsi quebroise

l'a

dj

fait

M. Am-

Thomas,

et celle des tubas,

que

les

compositeurs deman-

dent l'instrument qui doit prendre la place de l'ophiclide.

La

famille des tubas est complte, depuis le tnor jusqu' la basse,

mais R. Wagner, dans les Niehelungen, est le seul qui ait utilis le groupe tout entier. Les basses de tubas ont t beaucoup plus employes que les dessus, et servent nouiTir dans le registregraveles parties cuivres

de l'orchestre. Les partitions de Richard

Wagner nous donnent,dansle finale

ainsi

que nous

le

veiTons plus tard, de

nombreux exemples de l'emploi des tubas basses et M. Gounod,du second acte de Cinq-Mars, atrait le

tuba

commeplaide

basse des trombones.

Un fait rapport par Richard Wagner

loquemment en faveur du bass-tuba. L'auteur de Lohengrin,dans unarticle des plus intressants, raconte, qu'tantil

chef d'or-

chestre Vienne,

avait

mont

la Vesiae.

Spontini,

tions gnrales.

Wagner le fit inviter Le vieux matre couta son uvre,

Pour rendre hommage assister aux dernires rptipuis dit Wa-

gner tuba

:

J'ai entendu

;

je

dans votre Rienzivca. instrument appel bassne veux pas bannir cet instrument de l'orchestre, faitesla Vestale (1).

m'en une partie pour(1) Mnestrel^ 1874.

Traduction d'un article de Richard

Wagner

iatitol

:

Soureriirs de Sjwntini.

INSTRUMENTS A VENT.

147

Lede

caractre particulier de la facture instrumentale notreest la

poque

tendance vers

la constitution

de familles compltescette ten-

mme timbre et de mme espce. Dj nous avons vules clarinettes et les hautbois.

dance s'accentaer pour

Peu peu,

et

par des chemins diffrents, nous revenons au systme instrumental

du xvi^ sicle mais c'est surtout dans les instruments de cuivi'e que ce fait devient chaque jour plus vident. Le besoin de donner l'orchestre militaire plus d'homognit et de vigueur, l'application rigoureuse des lois de l'acoustique ont amen les;

facteurs crer de nouvelles familles d'instruments de cuivre.

Ast, dit Halary, dont nous avons dj parl, tablit de 1817

1821 toute une srie de bugles succs;

clefs qui

eurent un certainfaites encore,les

d'autres tentatives

du

mmefils,

genre furent

mais

c'est

surtout Sax, pre et

que sont duesla basse

inventions

tendant

constituer des familles compltes d'instruments de jusqu'au soprano.

mme

timbre et de mme espce, depuisfils,

Les instruments de Sax, pre et

sont remarquables, non-

seulement par la beaut de leurs sons et par leur justesse, maisencore par ce qu'ils rvlent une patiente et intelligente recherchedes lois de la vibration del'air;

de plus, en cherchant toujours

rendre le doigt uniforme pour tous les individus demille, les

chaque

fa-

Sax ont prouv qu'ils travaillaient, non au hasard et par empirisme, mais d'aprs un systme rationnel, sans lequel il n'est pas de rsultat satisfaisant. Ce fut en 1843 que Sax, faisant

du vieux fgel-horn (cor de signal) un bugle perfectionn, avec une perce nouvelle, cra la famille des sax-horns, depuis le soprano jusqu' la basse et la contre-basse. En 1845, s'tant aperu que la direction uniforme des pavillons donnait plus de vigueur l'orchestre militaire, et sentant en

mme temps que

l'emploi de

fanfares dans la cavalerie ncessitait l'usage d'instruments pinsportatifs,il

inventa

le

saxo-tromba, participant du bugle

et

de

la trompette,

mais qui peut tre assimil au sax-hom, dont il ne diffre que par la forme du pavillon. En 1849 il eut l'ide d'appliquer au clairon d'ordonnance tout un systme s'adaptantl'instrument rglementaire et fournissant ainsi, sans changer

d'instrument, une fanfare complte de la basse au soprano (1).(1)pi. 29,

Voir description etBrevets d'invention.

figures de

ces instruments,

1821,

t.

XXI,

p. 19,

148

HISTOIRE DE L'iNSTRUMENTATIOX.

Enfin, en 1852, parut le systme des tuj'aux et pistons ind-

pendants dont nous avons parl a a sujet des trombones. Saxajouta aux instruments aigus de la famille des clefs quitaient les trilles et donnaientfacili-

un timbre

siiigeneris la sonorit.les

Ces instruments semblent aujourd'hui devoir remplacer dans

musiquestuyaux

civiles et militaires les

bugles et les sax-homs com-

pensateurs, qui sont loin d'offrir les avantages des instruments et pistons

indpendants.

Nous avons rsum bien brivement les principales inventions des Sax, mais dans le livre de M. de Pontcoulant, dans les rapports de Ftis, le lecteur trouvera des dtails plus circonstancis,et

point en point toutes les luttes que

M. Commettant, un ami dvou du facteur belge, a racont de M. Sax soutint au sujet de ses inventions. Xous n'attachons qu'une mdiocre importance aux

nombreuses polmiques du processif facteur, aussi nous contentons-nous seulement dndiquer les pices du procs. En mme temps que Sax, "Wieprecht, directeur des musiques militaires prussiennes, compltait de son ct les familles instrumentales et

inventait en 1833 la ventile- qui porte son

nom

et qui eut

une

grande vogue en Allemagne

;

mais

la description

de ces instru-

ments

et le rcit des vives discussions qui se sont leves leur

sujet et

au sujet des sax-horns n'est point de notre ressortla lutte

(2).;

Aujourd'hui

soutenue par M. Sax est terminele

ses

instruments sont entrs pour la plupart dansblic, etil

domaine pul'a-

devient facile de se tenir galement loign et de

nimosit, ne de la lutte de puissants intrts en jeu, et de lapartialit des

amis de M. Sax, qui n'ont pas toujours t assezla

adroits

pour dissimuler derrire leurs loges

rclame plus

nuisible au facteur belge que les attaques de ses ennemis les plus acharns. La cration des familles des cuivres a donn aux or-

chestres militaires plus de souplesse, de sonorit et de vigueur,et les a rendus capables en

mme

temps, et de se faire entendre

de loin en plein

air, et

d'excuter les rpertoires les plus varis.

Mais ces avantages sont balancs par de graves inconvnients.(1)

0.

Commettant,

Histoire d'un inventeur,

un

vol. in-8.

(2)

res,

Pour les instruments employs dans la musique d'harmonie et de fanfavoyez Clodomir, Traite thorique et pratiqve de Forganisation des socitstt

musicales, karmonies

fanfares

Un

vol. in-b;

Paris, Alph. Leduc,

1873,

INSTRUMENTS A VENT.C'est au prixet la sonorit

149

du;

coloris et des timbres qu'on a acquis la justesse

la varitil

des anciens orchestres militaires a dis-

paru. Les basses,

est vrai,

ont aujourd'hui plus d'ampleur que

de plus monotone et de plus lourd que ces grosses basses et contre-basses de cuivre frappant les temps forts jamais;

mais

est-il rien

de la mesure au point de couvrirmonie, malgrtercaler?

les dessus, divisant ainsi l'har-

les

instruments intermdiaires que l'on tente d'inla faute sur les chefs

Les facteurs rejettent

de musiqueil

qui, disent-ils,

ne savent. pas employer ces instruments; dans une juste mesure

est fort

possible, en effet,

que les chefs de musique soient souvent incapa;

bles de pondrer leur orchestre

mais

il

ne

faut pas

que l'uniformit des timbres est en grande partie cause de cette lourdeur et que, dans une famille de mmeoubliersi

espce, les basses crasent toujours les dessus de leur poids sur-

tout

on

les

entend distance. N'est-il pas ncessaire, dira-

t-on, d'tablir tout l'dificeses?

harmonique sur des basses vigoureu*retirerons les vritablesles

Boit,

mais nous

ne

avantages

de nos instruments graves qu'en

mlangeant avec des indivi-

dus de familles diffrentes et avec des sonorits varies. Jusqu'ce jour l'emploi de ces familles a toujours t restreint, soit l'arme, soit

prsenter des

aux orchestres sur le thtre, lorsqu'il fallait repompes et des crmonies. Habilement mlangesil

avec

les

instruments vent et cordes,

n'est pas impossible

qu'elles puissent rendre des services et produire des eflets

nou-

veaux, mais leur emploi exigera de la part des compositeurs

beaucoup de tact et de got. Ces rserves faites, nous ne pouvons qu'applaudir aux eflTorts constants des facteurs et particulire-

ment deculier,

MM.

Ad. Sax, pre

et

fils.

Plusieurs crivains dont le

nom

fait autorit, et Ftis

en partile

soutiennent que les instruments clefs ou pistons neIl est facile

cdent en rien aux instruments naturels.

de prtendre

que

les

compositeurs franais ne savent pas crire pour la trom-

pette et le cor, et

que nos facteurs sont incapables de construire;

de bons instrumentsle

mais

il

est

moins commode de prouver que

son ne sort pas plus pur, plus color et plus franc sortant

d'un tube simple que de plusieurs tubes superposs et contourns

dans lesquels

la

colonne d'air rencontre mille obstacles qui intercourse. Certesil

rompent ou retardent sa

est fort utile

aux com-

150

HISTOIRE DE L'INSTRUMENTATION.

positeurs de retrouver dans la masse des cuivres dea intervalles et

des notes qui leur taient interdits autrefois on ne peut nier non;

plus que les difficults d'excution ne soient aplanies, que l'application des pistons, que la diminution

du nombre de tons desi

rechange, n'aient donn plus de justesse aux nouveaux engins sonores; mais quels inconvnients balanceraient ces avantages,!

on abandonnait les instruments naturels Que deviendi-ale timbre dans cette confusion de sonorits monochromes ? On peut s'en rendre facilement compte l'audition des orchestres militaires, donttout le registre, de la contre-basse au soprano, est d'une dsolante

uniformit, peine roinpue par les accents plus colors des petiteset des

grandes clarinettes et des saxophones. Autrefoisde merveilleux

l'artiste

faisait lui-mme son instrument par l'tude, et de cette lutte avecles difficults naissaient effets

dans l'excutionvrai;

des grandes uvres.

On a trouv des timbres nouveaux, il esteffets

profitons de ces dcouvertes, mais n'abandonnons pas les anciens.

Qui nous rendrait les potiquestantes de la trompetteTi'es

des sons du cor, la voix puis-

sante et saccade du trombone, les vibrations vigoureuses et cla?

Avons-nous

le droit

de profaner les

u-

des matres en remplaant par d'autres timbres ceux qu'ils

ont employs et bon escient? Gliick dans Alceste, Mozart dans

Bon Juan, Weber dansinstruments simples;

le

Freyschutz, Olron, Euryanthe, cette

merveilleuse trilogie de la couleur instrumentale, ont us desqu'ils

avaient

leur disposition, mais,

qu'on ne s'y trompe pas, ce sont encore ces

mmes instruments

qui

seuls peuvent rendre les effets cherchs par ces grands matres.

Rossini, Meyerbeer, Ambr. Thomas, Gounod, n'ont point abandonn les vieux instruments, imitons-les faisons place aux nouveaux venus et demandons-leur les services qu'ils peuvent nous rendre, mais ne laissons pas la varit du timbre, si essentielle au coloris musical, se perdre dans la monotonie; ne laissons;

pas s'tablir sans combat

le

rgne de

l'galit

devant

le piston.

,

INSTRUMENTS A VENT.

151

V. INSTRUMENTS A VENT ET

A CLAVIER l'anche libre.les

:

L'oRGUE,

Le

rle de l'orgue,

pendant

xvi* et xvii^le

sicles, est

trop

important pour qu'il nous

soit

permis de

passer sous silence;

aussi essayerons-nous dans la seconde partie de ce trayail, do

donner ce bel instrumenttoire de l'instrumentation.les

la placele

qui lui est due dans

l'his-

Nous

verrons tour tour soutenir

chanteurs et la basse continue dans la musique religieuse, m-

ler sa puissante voix

au dialogue des instruments,

reliersi

par ses

accords majestueux les combinaisons harmoniquessi

varies etet

grandioses des compositions sacres de

Bach

et

d'Haendel

uvres dramatiques des compositeurs contemporains. Mais nous ne saurions, sans dpasser les bornes que nous nous sommes fixes, rsumer, mmela scneles

se prter

aux illusions de

dans

succinctement, l'histoire de la facture d'orgue depuis

cement du xvi^

sicle.

le commenNous aurions voulu pouvoir rendre hom-

mage

ces artistes qui, se transmettant leurs traditions, ont su

amener

l'es grandes orgues au point de perfection o nous les voyons aujourd'hui. Nous aurions voulu suivre dans ses dtails la facture de l'orgue, depuis le temps o les touches avaient prs

d'un mtre,

comme nous le voyons dans

les

planches de Prtorius

jusqu' nos jours, o des meubles, ingnieusement disposs autour

de

l'artiste, lui

permettent de trouver sous sa main sans

difficult

les claviers et les registres,

au moyen de plus de six cents moteurs ou machines pneumatiques depuis ces souffleries grossires, dans lesquelles soixante soufflets taient peinerendusfaciles;

suffisants

pour ahmenter

les

tuyaux, jusqu' ces souffleries

diverses pressions, grce auxquelles

on peut dispenser chaqueil

jeu de tuyaux la masse d'air dont

a besoin. Jetons donc unsi

il de regret sur cette tude

si

intressante et

instructive et

contentons-nous de renvoyerfacture (1).(1)

le lecteur

quelques-uns des

nom-

breux ouvrages qui traitent de

l'histoire

de l'orgue et de sa

Outre les chapitres de Frtorius, de J/er.enne et d'ArtusU sur l'orgue,

le

lecteur pourra consulter les savants ouvrages de G.

K.vstxer qui tous contien-

152

HISTOIRE DE L'iNSTRUMEXTATIOX.se perfectionnait, le

A mesure que l'harmoniequese rpandait

got de

la

musi-

chaque jour de plus en plus chez

les prtres

commedu

chez les laques. Les uns voulaient augmenter la

pompe

magie des accords de l'orgue, les autres tenaient excuter chez eux la musique qu'ils avaient entendue l'glise, mais les grandes orgues taient rares et leur prix exservice divin par la;

cessif

on inventa, ds les premiers temps du moyen ge, une sorteou poser sur un meuble. Aucun instrument, sans en ex-

d'orgue courts tuyaux et clavier, qu'on pouvait porter dansles bras

cepter le luth, n'eutves,

un

plus grand succs que ces orgues portati-

dont on retrouve des reprsentations sur tous les monumentsregistre de

tant religieux que profanes. Elles servaient surtout soutenir les

voix et leur tendue ne dpassait pas, en gnral,l'chelle vocale.

le

Manuscrits de missels ou de romans d'amour,

bas-reliefs et vitraux d'glises

ou d'abbayes, tout montre

la figure

de ces instruments, qui paraissent avoir jou chez

les dilettanti

du moyen ge

le rle

que

le

piano remplit aujourd'hui. Les mo-

dles en taient varis

l'infini,

mais

il

ne parat pas que la fac-

ture de ces orgues portatives ait fait de grands progrs depuis

du xiii sicle que ces reprsentamontrent plus nombreuses mesure que nous approchons de la renaissance, et la vogue des orgues portatives est si grande qu'elles deviennent l'attribut oblig des personnages qui dans l'imagerie du moyen ge reprsentent la musique (1). Unleur invention. C'est partir

tions se

ou deux rangs de tuyaux, poss sur un sommier, qu'un, deux outrois soufflets alimentaient d'air;

un(

clavier de quatre

ou cinq oc-

nent des

dtails intressants.

fenheit ihra- Theile, Erfurt, 18i3, in-S".

Topfer G.), Die Orgelztcech und Bercha Hamel, Manuel cht/acteur dorgue...J.

3 vol. in-12 et atlas, Paris, 1849. (Encylopdie Roret). Cet ouvrage contient,

outre une excellente notice historique, une bibliographie des ouvrages relatifs

l'orgue.sur

Eegsier

(l'abb),

V orgue,'2^

sa connaissance,

sott

administration

et

son jeu, Nancy, Vaguer, l'^d. 1851,l'orgices. d.,

1862.et la

Un

vol. in-S.

Lamazou, tude;

monumental de Saint-Sulpicein- 8.

facture d'orgues moderne

Paris, Re-

pos,

Voir aussi1*"^

:

les tables des

Brevets d'invention, les tables de

la Socit

d'encouragement, les rapports de Lafage sur l'orgue de Saint-Denis,les expositions

de Fotis sur

de 1855 et

18(J7.

Scwiim, Xouveau manuelimvol, in-4

de

l'organiste praticien,(1)

vol.

(Encyclopdie Roret), Paris, 1855.

Lavoix

fils,

La

Jlusiqae dans l'imagerie du mo'jen ge,

avec

planches. Voir les planches de Willcmiu, Seroui d'Agincourt, etc.

INSTRUMENTS A VENT.tavcs, voil de quoi se

153

composaient ces

positifs, ces rgales, ces

portatifs, auxquels les textes

du moyen ge

font continuellement:

allusion.

Ces instruments taient de diffrentes grandeurs

les

uns

se portaient facilement sur le bras, et l'excutant jouait

de laquid'au-

main

droite, tandis

que de

la

gauche

il

maniait

le soufflet,;

tait plac tantt derrire l'instrument, tantt au-dessous

tres se portaient sur les

genoux

(1); d'autres, plus grands, taientfaire

ports par

un homme charg de

marcher

les soufflets tandis

que

l'artiste tenait le clavier.

Le nombre,

la disposition, la

ma-

tuyaux taient aussi varis que la forme mme des instruments. On en faisait en or, en argent, en albtre. Tantt on en comptait huit, quelquefois seize ici ils taient disposs detire des;

droite gauche, l de gauche droite. Certaines orgues avaient

uns ct des autres, dans certaines auOn peut voir dans le bel tres ils ouvrage de Heffner (2) un curieux orgue de 1527 dont les tuyauxleurs tuyaux placs les

formaient une lgante spirale.

sont ainsi disposs, et

le

portatif de Luscinius parat tre cons-

truit d'un faon analogue.

La

rgale,

si

j'en crois Luscinius et

donnent deux modles diffrents de cet instrument, n'avait pas de tuyaux. Elle consistait en un simple jeu d'anches, mis en vibration par l'air du sommier. On comprend comPrgetorius, qui

bien devait tre duril

le

son d'un pareil engin musical. Cependantpubliques et prives au com-

avait une grande vogue dans les couvents et les chteaux, et

faisait

l'ornement de toutesXVIIsiclef.

les ftes

mencement duparle

Ces orgues barbares commenaient disparatre, remplacesclavecin et dj, vers la fin

du xviii"

sicle,

leur

nom

mme

tait presque oubli, lorsqu'une dcouverte vint remettreles petits

en honneur

instruments* vent avec clavier. Je veux

parler de l'application de l'anche libre. Si les compositeurs n'a-

vaient pas quelquefois cherch tirer parti de l'anche libre, nous

ne donnerions mme pas place dans cette tude cet agent sonore. Les documents sont incertains sur l'origine de l'anche hbre, cepen-

(1)

V.

Heffser, Costumes du moyen

dr/e

chrtien, d'aprs

les

monuments

contemporains, Francfort, 1840-54,(2)

t. II, p.

1G7, 3

volumes

in-4o.

Kunfswerke und rjeratschn/ten des Mittelalttrs und der Renaissance, hcraugfjc

gebtn von HoJ'ner und Btcker , Francfort

am

Main, 1852-53,

Iu-4.

,

154

HISTOIRE DE L'INSTEUMENTATIOX.qu'il n'y aurait

dant nous croyons

pas tmrit supposer que les

jeux d'anches libres aient t trouvs et peut-tre employs

dans les rgales, bien avant que leur application par Grenier donnt naissance cette foule d'instruments asthmatiques dontle

public s'est pris depuis quelques annes. Peut-tre

un jour

les

facteurs trouveront-ils le

moyen de

faire disparatre les intol-

rables dfauts de tous les instruments issus du principe de l'anchelibre, tels

qu'harmonium, mlodium, mlophone, pokilorgue,

etc.,

mais, jusqu' ce

moment,

ils

n'ont

prendre place dans l'orchestre.table

pu vritablement leur faire Leur timbre est monotone, leur

sonorit, pour ainsi dire essoufle, devient littralement insuppor-

au bout de quelques minutes. Qu'un grand matre commeemploy le mlophone, queetc.,

Halvy, toujours curieux d'effets nouveaux et amoureux de sonart, aitles

compositeurs

comme Hrold,

Meyerbeer,

se soient

servis de

l'harmonium pour soutenir

l'intonation des voix dans la coulisse, que

l'harmonium remplace

jusqu'

un

certain point l'orgue dans les glises ou les chapelles

trop pauvi-es pour possder de grandes orgues, rien de mieux,et loin

de nous la pense de nierle

l'utilit

pratique de ce genre

d'instrument, mais de l

considrer

aux masses de l'orchestre sa voix sans plus grande perfection , ne fait qu'imitervent,il

comme pouvant mler timbre, qui, mme dans sacelle

des instruments

que les facteurs aient trouv le moyen de transformer compltement ces insti-mnents, qui, tout prenfaudra, jele

rpte,

dre, ne sont, quel que soit leur

nom, que de grands accordons.

A partir du jour o Grenier trouva ou pour mieux dire retrouval'anche libre, et l'appKqua l'orgue qu'il appela l'orgue expressif

(1820),

il

ne

se passa pas d'anne sans

que quelque facteuretc.,

perfectionnt les instruments issus de l'anclie libre. Sb. Erard,

Grucker

et Ochalt,le

Fourneaux, Merklin-Schultze , MuUer,

tous apportrent

contingent de leur intelligence et de leurs

travaux l'amlioration de l'anche libre et de ses applications.

Martin de Provins, en inventant le systme dit percussion, donna l'harmonium plus de brillant , de nettet et de vigueur dansl'mission

du son sans cependant parvenir,

faire disparatre

tous

les

dfauts de l'instrument. Aujourd'hui Debain, Alexandre,

Mustel font chaque jour de laborieuses recherches sans arriver

un

rsultat

compltement

satisfaisant.

Harmonium mlodium,

INSTRUMENTS A VENT.orgue expressif, et autres instruments duraient tous

1^5

mme

genre mrite-

une mention s'ils avaient rellement jou un rle dans l'orchestre le mlophone lui-mme, qui, grce Halvy, eut son heure de gloire , nous fournirait ample matire dyeloppement et anecdotes, mais les compositeurs n'ayant pas jusqu' ce jour donn place importante ces instruments dans leurs u;

yres,

nous ne pouvons nous y arrterVoir pourorgues expressives ett.

(1).

(1)

les

les

instruments anches

libres,

POKTCOCLAST,

Cr^az/c^ra^j^ie,

II, les

rapports des exiDOsitions et les cinq

volumes de tables des Brevets franais. Pour le mlophone les mthodes de Dessanse Mthode complte de Jacquet, Mthode de mlophone. Un vol. mlophone, Paris, Leclerc, in-fol.,,

in-fol.

Gazette musicale, 1841, pages 218 et 501.

Guido

et

Ginevra d'Ha,

lvy, ballet

dules

2" acte.,

Cet instrument

,

qui affectait la forme d'une guitare;

avaitvier,

,

parat-il

quelque chose du timbre du hautboisplacs sur le

il

n'tait pas clale

mais

lames taient mises en communicationqui,

avec

sommier au

moyen de boutons

manche

,

servaient ouvrir et fermer

les botes des anches.

M. Jacquet,

propritaire

du brevet de

Leclerc, a' expos

en 1855 un mlophone perfectionn, et on peut voir encore aujourd'hui des modles de cet instrument dans les vitrines des marchands de musique et decuriosits.

CHAPITRE TROISIEME.INSTRUMENTS A PERCUSSION.TIMBALES, TAMBOURS, TRIANGLE, CYMBALES, CLOCHES, TAM-TAM, TIMBRES A CLAVIER.

Les instruments percussion dont nous nous servons aujourd'hui ont t, tous sans exception, employs au moyen ge et pen-

dant

la renaissance, et l'on

pom'rait

mme

dire

que

la profusion

de ces sortes d'agents sonores est un des cara-ctres distinctifs del'instrumentation primitive, depuis le xvi jusqu'au milieu

dule

xvii

sicle.

Mais, tels qu'ils avaient t abandonns, vers

temps o l'instrumentation moderne commenait tels les

se former,

compositeurs

les

retrouvrent, lorsqu'ils voulurent les

introduire de nouveau dans leur orchestre, pour en varier lessonorits.

Les tambours

et

tambourins,

les triangles et les

tim-

bres, tous ces instruments

bruyants et primitifs taient peu sus-

ceptibles de perfectionnement. Quelques tentatives ont t faites

pour

faciliter l'accord

des timbales, quelques modifications ont

t apportes dans les jeux de timbres clavier, et dans les instru-

ments de

verre,

ou lames vibrantes comme l'harmonica, mais

ces changements sont ded'oeil suffira

peu d'importance

et

un

trs-rapide

coup

pour passer en revue ces agents sonores, qui, aux

timbales prs, sont rarement employes et qu'on pourrait appeler

hors d'oeuvre de la musique. Les timbales, que les anciens peuples de l'Orient avaient connues, paraissent avoir t introduites en Occident en mme temps que le luth l'poque des croisades. Elles portrent le nom deles

nacaires petites et grandes. Elles furent trs-employes pendanttoutle

moyen

ge.

Les monuments

et

les

manuscrits nous en

donnent de nombreux exemples.

On

s'en servait daus les tournois.

INSTRUMENTS A PEUCUSSION*dansles ftes et

157

l'arme (1). Devenues instruments d'honneur

pour

la cavalerie, elles

fonnaient avec les trompettes la plus

grande partie de l'orchestre des crmonies funbres et militaires. Les descriptions dtailles des funrailles princires nous en

montrent quelquefois jusqu' vingt-cinq ou trente paires runies.Enfinles timbaliers

avaient tant d'importance qu' Strasbourg,

un nommbales, avait

Willig, rput pour blouser suprieurement les tim-

une pension

et

un costume d'honneur.

Il n'est

doncfin

pas tonnant que, dans les grands ballets dramatiques de la

du

xV

et

du XVI

sicle elles aientelles

trouv tout naturellement

leur place.

En

France

furent abandonnes

militaires, jusqu' Lulli, qui les

grande Ecurie,l'orchestre.

et, partir de ce Mais en Allemagne elles furent employes sans

aux bandes emprunta pour ses opras la moment, elles ne quittrent plusintersicle,le

ruption, dans les ftes

comme

la guerre, depuisle

xvi^

jusqu' nos jours, ainsi que nousvail.

verrons dans la suite de ce trace sicle qu'on tenta de

Ce ne

fut qu'au

commencement de

perfectionner le

mcanisme de

l'accord, soitsoit,

par une pdale,Sax, au

soit

par une seule cheville

comme Gautrot

comme

moyen

de plusieurs timbales sans chaudrons, mais ces diffrents procds ont peu russi jusqu' ce jour et lorsque des compositeurs

comme

Reicha, Berlioz, Meyerbeer, ont eu besoin de donner auxils

timbales une certaine importance mlodique,

se sont contents

de se servir de quatre, six, huit ou seize de ces instruments, suivant les exigences de leur orchestration. C'est Berlioz qui a,

dans ses compositions, donnet exig les

le

plus d'importance aux timbales

baguettes tte d'pong (2). On connat de reste le tambour, la caisse claire, la caisse roulante,

le tambour de basque, et je n'ai pas besoin de les dLeur introduction dans l'orchestre est moderne , mais leur existence date des temps les plus reculs du moyen ge, sans que de notables changements aient t introduits dans leur fabrication. le

tambourin,

crire.

On

sait

que ce fut au sige de Calais,Anglais firent connatre

le le

sait, que les

3 aot 1347 d'aprs Froistambour en France, et que

(1)(2)fol..

Yoy. Carter, cit plus haut. Kastner, Mthode complte et

raisonne

du

timbales, Paris,

Brandus,

in-

158ce fut

HISTOIRE DE L'INSTRUMENTATION.

Marignan que pour

la

premire

fois les

Franais connu-

rent

le

gros tambour ou Coliii ia?npon des Suisses.

baguettes, ou caisse claire, fut ingnieusement employ parrais

Le tambour Male

dans

la

tempte d'Alajone, et Gluck a

fait

entendre pour la

premire

fois les

sons sourds de la caisse roulante danseji

churde Be-

des Scythes 'Iphignie

Tanride. Quant la grosse caisse pro-

prement

dite,

on

la rencontre

au moyen ge sous

le

nom

dondaine. Les stalles de la cathdrale de Rouen, excutes en 1467,

nous en fournissent un exemple curieux. L'instrument est portsurle

dos d'un

homme,

tandis qu'un autre frappe avec

sur la caisse laquelle on a adapt des grelots poursonorit (1). Gluck s'tait dj servi de lace fut Spontini qui le premier l'Opra

un tampon augmenter sa grosse caisse, mais

employa cet instrumentdeux

avec toute la batterie dans la marche triomphale de la Vestale.

Dj Beethoven avaitsieur Nicole t,si

fait

usage de

la grosse caisse avec

tampons. Le tambour de basque

faisait

l'ornement du thtre du

j'en crois ce passage.

Je ne vois rien d'extraor-

dinaire ce thtre que l'introduction dans l'orchestre d'un tam-

bour de basque. gloire de devenir

Il

eut

mme

sous l'Empire et la Restauration lasalon,

un instrument den'a servi qu'

mais son succs fut pas-

marquer de son frmissement sager, et depuis il le rhythme de la danse et des ballets, comme, par exemple, sonore dans la ronde bohmienne de V Etoile du Nord (2). Le tambourin, dout le rhythme sonore se marie si bien au timbre du galoubet et de la flte, est encore aujourd'hui, dans le Midi, tel qu'il tait au moyen ge; Gluck dans Ijjhignie^ Mondonville dans ses opras provenaux, Berton dans Aline reine de Golconde, s'en sont servi pour donner plus de couleur locale leurs uvres, et pendant le xviii sicle, un tambourineurtait attach l'orchestre

de l'Oprala

(3).

Le

triangle,

dont Grtry, dans

Fausse Magie,dansles

fit le

premier

usage en

France, se retrouve aussi

premiers temps du

(1)

Langlots,8).

Stalles de la cathdrale de

Rouen

:

Rouen, 1838.

Un

vol. in-S"

(p. 135, pi.{2)

Etrennes aux dames, ou Mthode de tambour de basque, par Fket, in-4'' obi.

(3)

Vidal

(F.),

Lou Tambourin,tt

Jstori de restroumen prouvenqau, seguido de la

metodo dou dou tambourin

galoubet {aycc trad, en regard). In-S", Avignon, 1SC4.

INSTRUMENTS A PERCUSSION.

159

moyen

ge, et le manuscrit de Saint-Emeran, dont Gerbertil

donn

des dessins, en est la preuve (1). Autrefoisl'antiquit, des

avait,

comme dans

anneaux sonores dont le tintement accompagnait danse. Ces anneaux ont disparu. Il en est de mme des cymbales, dont de nombreux manuscrits nous donnent diffrents modles. Du temps de Molire, dit Castil-Blaze, il taitjoyeusementla

fort la

mode dans

les salons

de s'accompagner avec des cymbales.

{Molire musicien, 2 vol. in-8.) Elles ont t introduites l'Opra

par Gluck (Iphignie en Tavride, chur des Scythes). Le seul

changement apport ces instruments est l'invention des petites cymbales antiques que Berlioz fit construire et qu'on entendit dans Romo et Juliette (2). M. Massenet, dans la musique des Erinnyes,les

a employes aussi.

Les castagnettes,

si utiles

aux compole ix sicle,

siteurs

amoureux de

la

couleur locale espagnole, se retrouvent

dans

les cliquettes

anciennes, que nous voyons dsle

sur les miniatures del splendide bible de CharlesIl est

Chauve

(3).

un autre instrmnent, le canon, dont la voixplus d'une

fait taire toutes

les autres; mais, quoiqu'il ait servile

fois,

quoique nous

trouvions chef de pupitre de la mousqueterie dans de curieux

morceaux analyss la suite de ce travail, quoique Sarti, Rossini n'aient pas ddaign de s'en servir, ne rptons pas aprs tantd'autres les nombreuses anecdotes racontes son sujet et lais-

sons aux historiens defaits.

l'artillerie

les soins

de narrer ses hauts

C'est la fin

au thtre

(4), ainsi

du sicle dernier que les cloches ont t introduites que le tam-tam (5). Mais les timbres de difen vibration au moyen d'un marteau, taient sicle, comme nous le, prouve le chapiteau de

frentes grandeurs, dont les clochettes taient disposes diatoni-

quement

et misesle

connus ds

su

(1)

Gerbert,

de Cantu

et

musica sacra.

Coussemaker, Essailale fa.;

sur

les ins-

truments de musique.(2) Scherzol'autre(3);

de

la Jieine

Mab, deux paires accordes hle si et la

quinte l'une de

la plus

grave donne

plus haute,

V. Lavoix, Imagerie,:

pi. 1,

Voir aussi par curiosit,;

le trait

de Flo1792.

rencio, intitul

Crvtnlogia o sciencia de las casta nttelas

Madrid, 5

d.,

Un

vol. in-8o.

(4)(f))

Dalatrac,

Camille.

Sl'ONTiNi, la Vestale,

IGO

HISTOIRE DE L'INSTRUMENTATION.il

Saint-Georges de Bocherrille, et

est

peu de manuscrits minia-

tures dans lesquels on ne puisse en voir des spcimens. Cet instru-

ment

primitif fut bientt remplac par les carillons clavier, si rpandus en Flandre et en Belgique. Ce fut vers 1786 qu'on inventale

en Allemagneusage danspasticciola

jeu de timbres ou fjhckenspiel, dont Mozart

fit

Flte enchante. Lorsqu'onle

monta

l'Opra l'infme

connu sons

nom

des Mystres d'Isis, on remplaa les

timbres par des barres d'acier. Aprs Mozart, plusieurs compositeurs, entre autres Meyerbeer, Halvy, Auber, etc., ont trouv

dans

les

tintements de clochettes spares et de timbres cla-

vier de jolis effets de coloris^ et

nous verrons dans

les

uvres

d'Haendel un emploi de ce genre.Enfin rbarmonica, auquel Auber dans Y Enfant prodigue, Halvy dansle

Juif Errant, donnrent

place, doit tre cit

pour m-

moire, mais l'emploi de ces instruments lames de verre est trop

exceptionnel pour qu'il soit ncessaire de nous an'ter les dcrireet raconter leur histoire.Il

en est desi

mme du xylophone,si

dont M. Saint-Saens a

fait

un

usage

pittoresque etfait

original dans la

instrument,

de lames de bois, est

Danse macabre. Cet connu depuis longtemps

en Allemagne, et son origine remonte l'poque la plus recule du moyen ge. Comme dtail, nous pouvons faire remarquer quesur les plus anciennes reprsentationsla

des danses

macabres,

mort souvent figure menant(1).

la fanbre

ronde au son du

xylophone(1)

Voyez G. Kastner,

la

Danse des morts.

Un

vol.

grand

in-4, 1851.

FIN DE LA PREMIERE PARTIE.

DEUXIME PARTIEL'INSTRUMENTATION

U

,

PREMIERE EPOQUE.DEPUIS LE XYP SICLE JUSQU'A HAYDN.

CHAPITRE PREMIER.LA MUSIQUE INSTRUMENTALE DE DANSE ET DE BALLETS EN ITALIE, EN FRANCE, EN ALLEMAGNE, JUSQU'A L'INVENTION DE LA BASSE CONTINUE (1500 A IGOO).Ds le XV sicle la rvolution harmonique se faisait sentir et musique commenait prendre son essor, se dpouillant bienil

la

timidement,

est vrai, des formes hiratiques,

mais acqurant

plus de franchise et de libert.

Tout

se transformait

dans

l'art

depuis la mlodie et l'harmonie, jusqu'aux procds matriels dela notation etles

de l'impression, et lorsque s'ouvrit

le

xvi^ sicle,

musiciens n'avaient plus qu' recueillir

un

hritage dj

riche.

Les coles

fi-anaises et belges brillaientles

de leur plus vif

clat,

formant partout des lves;Josquin des Prez,

matres se pressaient en

foule. C'taient

Carpentras, Jean

Mouton,

,

Dujardin, bientt suivis de Goudimel, Clment Jannequincadelt, etc., enfin, et leur tte, les surpassant tous

Aret

en gloire

en gnie, Palestrina,

l'lve

ne manquent pas dans cette

du Franais Goudimel. Les uvres priode. Mais si de nombreux docules

ments permettent de suivrede

transformations successives deil

l'harmonie et les progrs de la mlodie moderne ,

n'en est pasla

mme

pour

l'histoire de l'orchestre.les

Except dans

musiqueofficiel-

de danse, dansles, les

grandes ftes qu'on pourrait appeler

instruments ne tenaient qu'une place secondaire.

1C4Pourles

HISTOIRE DE L'INSTRUMENTATION.vieux matres mosastes de la musique, violes et haut-

bois, fltes et

trombones ne

se pliaient pas assez facilement

tous les sinueux mandres d'un contre-point compliqu.

La

voix

humainequi avait

seule, le plus pur, le plus souple et le plus juste des ins-

truments, leur permettait de se livrer ce savant jeu de patience

nom;

composition cette poque. Ce n'tait pas sans

peines et sans ttonnements que les musiciens cherchaient unevoie nouvelleet le

d'un madrigal, de

ciseler

moyen de marier agrablement les parties amoureusement un canon renvers oula

en crevisse, de suivre dlicatement

marche d'un contre-point

compliqu avec des instrumentistes inhabiles, avec des instruments dont les registres se trouvaient rarement complets De!

plus, les traditions religieuses taient encore toutes-puissantes

dans

l'art

savant, et malgr les nouvelles tendances, c'tait tou-

jours pour l'glise qu'taient crites les plus belles et les plus

grandes uvi-es etrer jusqu'

les

compositeurs n'taient pas sans consid-

un

certain point les instruments

comme

profanes et

truands. C'tait aux danseries, aux somptueuses ftes princiresqu'taient rservs les instruments, et l'usage des symphonies et

concerts tait des plus frquents pendant tout

le

xvi^

sicle.

Malheureusement peu de ces compositions instrumentales ont survcu au temps. Ces diverses pices d'orchestre taient publies en parties spares comme toutes celles que nous avons duXYii* sicle;

souvent

mme on

ne

les

imprimait pas, se conten-

tant de distribuer les copies manuscrites ncessah'es aux excutants , et aussitt aprs la crmonie qui avait

donn

lieu la

com-

position

du morceau,est-il

ces diffrents cahiers taient disperss et

perdus. Aussi est-ce grand peine qu'on en retrouve quelques-

uns et encorepubliques.Il

rare qu'il ne

manque pas quelques

partie^i,

ces ouvi'ages prcieusement conservs dans nos bibliothquesparat donc impossible, au premier abord, de reconstituer

l'orchestre

du

xvi'= sicle,

qui cependant devait tre bien riche et

bien vari,

avons conservgrce elles

le nombre des instruments; mais nous un grand nombre de compositions vocales et c'est que nous pouvons, jusqu' un certain point, rtabhr

en juger par

l'orchestre, tel qu'il devait treet des Palestriua.

au temps des Clment Janncquin

,

l'orchestee au xvr' sicle.Lesfi^imilles

165les

instrumentales taient calques sur

divtsions

de la voix humaine. Aussi lorsque nous savons par des docu-

ments contemporains qu'une pice vocalediesse,

tait

accompagne

par des instruments on peut toujours supposer, sans trop de har-

qu'une famille d'instruments, de

mme

timbre marchait

l'unisson des voix,

ou que des instruments d'espces diverses

sonnaient avec

mais toujours correspondant aux diffrentes parties des churs, elles. Pour les compositions purement instru-

mentales, on peut s'appuyer sur les

mmes

principes et avancerla vrit,

que ces pices taient d'une forme plus simple imites de celles de la musique vocale.

mais

A mesure que les documentsde ces habitudes destyle,

deviennent plus nombreux, partir du milieu du xvi sicle,

non-seulement nous trouvons

les traces

mais encorevocale,

les artificesle

du

conffle-point, familiers la

musiquesont

comme

canon, les imitations canoniques, la forme dia-

logue du double

chur qui

s'est

conserve jusqu' nous

,

en usage pour

les

instruments.

Le

caractre particulier de la priode musicale qui s'tend jusest,

qu'aux premires annes du xvii siclecit des

d'abord la multiplile

agents sonores et des timbres, employs suivantqu'ils

genre

de voix

devaient accompagner, puis

le

peu de cohsionqueetl'orchesil

danstre

les parties,

provenant d'une harmonie encore flottante etencore au

mal assure sur

ses basses. C'est par ces caractres

du

xvi'^'

sicle se rattache

moyen ge

faudra

l'invention de la basse continue pour le faire entrer dans

une

voie nouvelle, en permettant de fixer dfinitivement le quatuor cordes.

Du

reste, la cration

d'une vritable musique de chambre con-

tribua considrablement aux progrs de l'instrumentation.ct des grands

A

churs de

l'Eglise, les compositeurs s'taient plu

crire des ricercari, des madrigaux, de proportions moindres etsUr des paroles profanes. Ainsi rduite, la musique tait devenueplus accessible tous.

One

composait des chansons , des canzoni,

dos canzonetteda sv.onaretaient lesiiKindorela viole

da cantare. Les parties instrumentalesvocales;le

mmes quela flte

les

pardessus de viole, lale luth,

ou

excutaient l'unisson du soprano;le

duubluieut TulLo et

tnor;

le

luUi encore, la liasse dele

viole,

les

basses de flte et de hautbois, plus tard

basson,

16C

HISTOIRE DE L'INSTRUMENTATION.la basse;

le comprend, chacun l'heure du concert pouvait-il faire sa partie dans l'ensemble. Grce ces petites compositions le got de la musique s'tait d'autant plus rpandu

marchaient avec

toute cette musique, on

tait simple et facile lire, aussi

que

le

rpertoire tait plus vari.sicle vit fleurir

Le XVI

pendant une cinquantaine d'annes un

genre singulier de musique instrumentale invent l'imitation dustyle vocal.

Je veux parler du contrepoint alla mente. Cette sortefaites

de contrepoint consistait dans des improvisations

par les

chantres sur les notes du rituel. Son origine, d'aprs Doni, remonte

aux XII

et xiii^ sicles.

On

lui

donnaitfaite

le

nom

ialla mente,

parceque cette improvisation taitmoire. Pendant toutle

pour

ainsi dire de

m-

xvi'

sicle

jusqu'aux premires annes

du xvii"

les

chantres et surtout^ ceux de la chapelle Sixtine, qui

tous taient compositeurs et savants musiciens, luttaient d'ima-

gination et d'habilet dans l'improvisation de ce contre point.Plusieurs d'entre eux nous ont laiss des exemples de contrepointalla mente qu'ils avaient conservs, etrecueilsdit,

dans un de ces intressantschants improviss, afin

que possde la Bibliothque nationale, l'auteur, Fr. Severi,qu'il a transcrit ces

dans sa prface,les

queet

gnrations futures puissent savoir

comment on chantait(1).

on improvisait son poque la chapelle papale Les musiciens instrumentistes imitrent bienttla basse

les chantres.

Etant donneils

s'ingniaient qui

lgant fleurtis,

du morceau accompagner ou excuter, mieux mieux pour improviser soit un soit un accompagnement figur. La chose en vint:

ce point qu'Agostino Agazzari crivait, au xvii siclefallait

S'il

placer et classer toutes les uvres qui se chantent dansglise

une seule

de Rome, o on

fait profession

de concerter, on

n'aurait pas assez de la bibliothque d'un lgiste.

Les abus ne tardrent pas s'introduire dans ces improvisations qui donnaient librerectes, et la fin

camre auxsicle, les

fantaisies les plus incoivle

du xvi

compositeurs prirent

parti

non-seulement d'crire toute

la

umsique, qui devait tre excute,

mais encore de

chiffi-er

les basses

de

telle

faon qu'il n'y et

plus de' doute possible sur les accords dont elles faisaient par-

(1)

Seveui (Franc);

SuJini paseeuiati;

Romo,

1615. In-S" obi.

l'orchestre autic.

XVI''

SICLE.fin

If57

Le

capricieux contrepoint alla

mente prit

vers 1G25.

Cependant on en retrouve encore quelques traces en 1G74, dansles l7ini vespertini

de Graziani Si l'instrumentiste, dit l'auil

teur, veut ajouter

quelques accompagnements ces hymnes,

lui

sera facile de les tirer de la basse continue. Cette sorte d'ins-

trumentation improvise a disparu depuis longtemps, maist

elle

a

une des

curiosits musicalesici

du xvi

sicle et

il

tait

imposvoca-

sible

de ne point la signaler

en quelques lignes

(2).

Enles

dehors d'un trs-grand nombre de compositionsqui suffisent peu prs pour donner uneles

de chambre on a conserv aussi quelques pices -instrumenide

tales

de ce

genre de musique. Lorsqueemploys,ils

violes et les luths taient seulslale

formaient particulirement, ce qu'on appelait;

mucon-

sique de chambrecert tait

y adjoignait-on d'autres instruments, dit de cour ou de salle. La France, l'Allemagne,

l'Italie

l'Angleterre cultivrent ces deux espces de

musique qui, quel-

quefois, arrivaient se confondre. Les pices imitatives de Granier,

de Sublet, de Claudela Bataille de,

le

jeune, de Clment Jannequin,le

commeoiseaux

Marignan,

Sige de Boulogne,

le

Chant dessouventce passage

etc., crites

primitivement pourrois de

les voix, taientle

excutes par les instruments ainsi que noussi

montre

connu des Galanteries des

France, attribues Sauvai,se faisant

dans lequel nous voyons mademoiselle de Limeuilelle-mme la

sonner aux violons la Bataille de Marignan, pour s'encouragermort.

A

une poque plus rapproche de nous une

particularit analogue s'est reproduite lorsque Michel

Haydn

a

ajout des voix aux Se'pt paroles, composes pour les instruments

par son

illustre frre.le

Burney prtend que

premier musicien allemand qui

ait

com-

pos des pices vocales, avec accompagnement d'instruments, est

un nomm Knefal, qui

crivait vers 1560,

mais nous avons des(1),

pices antrieures ce compositeur.

M. Anton. Bchmid

dans

(1^ Voir,intitulfrinn,:

pour 1g contrepoint aa viente, le bel ouvrage de GiUSErPE Bai.m Memorie storico-critiche dlia vita e dlie opre di G. Pierluigi da PalesRoma, 1828. 2 vol. in-4''., t. I*"", page 121. Voir aussi le Dictionnaire de;

l'iain-chant de d'OiiTiGCE

Paris, 1853,

grand

in-S".;

(2) Ant.8, p.

ScHMiD, Ottaviano

dei Petrucci da

Fossoinhrone

Vienne, 1845. In*

188-213.

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HISTOIRE DE L INSTRUMENTATION.

son ouvrage sur Petrucci, dcrit en dtail un livre curieux de ITansJudenkiinig, luthiste de Vienne, avec un texte latin et allemand,

en 1523, petit in-4", par Hans Sjngi'iner. musique de chant, de luth et de violon, crite soit en tablature, soit en parties spares. L'ouvrage est compos de petites symphonies, de lieder et de danses. Il est intitul Am scJione Kinistliche Und&nveisung in diesem Buechhin, hychlivre publi Vienne,

C'est de la

:

tlich zit legreyffen,

den rechten Grundzu ernen aujf der Lantlen

und

Geijgen, etc.

On

voit,

par

le

simple nonc du titre, queet,

l'ouvrage tait aussi crit pour les instruments

dans une

in-

tressante petite prface, l'auteur a pris la peine d'annoncer

son livre

tait

non-seulement un recueil

que de musique, maisnotes,,

encore une sorte de mthode pour simplifier la lecture desdes ligatures, des proportions, des altrations,

bref, pour dimi-

nuer

les difficults

que

les

musiciens avaient accumules dans la

notation.

Un

autre recueil nous donne encore des spcimens de

musique instrmnentale au xvi* sicle. C'est une beUe dition des Harmmii ptetic de Paul Hoflieimer (Nuremberg, 1539.Petit in-S"),

un des

preiiers harmonistes de l'Allemagne. L'ou-

vrage est une espce de

Tombeau

la mmoire de ce musicien.

On y Eua4:

trouve des ptres, des distiques, de la prose, des vers, des

acrostiches, de tout enfin et

mme

de la musique instrumentale.

ItaUe, on comptait aussi beaucoup de compositions pour

instruments.

On peut

citer,

entre autres, lese

:

Canzoni da siionare

a 8 di Francesco Rovigio

lentissimi (Milan, 6sinfonie,

Ruggieri Truffio, organisti eccelvolumes) les Concerti musicali, con le sue;

commodi 2}er concertare con ogni sorte d'estrumenti, di Giovanni Giacomo Gastoldi (Venise, 9 volumes); lesaotto

voci,

canzoni et sonate des GabrielU

3, 5, 6, 7, 8, 10,

12,14 et 22

voix pour toutes sortes d'instruments dans la fameuse collection

des deux Gabrielli Andr et Jean, imprime Venise par Gardane, en 1587.

L'Angleterre, qui garda

si

longtemps

la

suprmatie pour

les

instruments cordes, et principalement pour la viole, possdeaussi des

ley

documents d'une grande importance, et en 1599, Morimprima un ouvrage uniquement instrumental, le premierofconsort lessons pour luth-tnor, pandore, cithare,llawkins nous donne, dans son histoire.

livre K

4lte, viole-tnor et basse,

l'orchestre au XVI SICLE.une lamentation de Dowland (1562-1626)de viole (1).C'taitcrite

169 pourles

voix,

avec accompagnement de dessus de viol