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Histoire des arts : Le déserteur de Boris · PDF filevie. - La dernière strophe est plus agressive car elle affiche clairement le désir d’ouvrir le monde à la désertion afin

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Page 1: Histoire des arts : Le déserteur de Boris · PDF filevie. - La dernière strophe est plus agressive car elle affiche clairement le désir d’ouvrir le monde à la désertion afin

Histoire des arts : Le déserteur de Boris Vian

Thème : Art, technique et expression Problématique : Dans quelles mesures une œuvre artistique musicale censurée perdure dans son temps et crée des débats au sein de la société ?

I) Boris Vian : un artiste touche à tout et engagé : Boris Vian est un artiste complet et complexe. Il touche à tous les arts

qu’ils soient musical, pictural ou littéraire. Sa signature sera constamment tintée d’interdit et de censure. Il écrira sous différents pseudonymes et est difficile à cerner. Son œuvre est riche et touche tous les arts : poésie, roman (l’Ecume des jours, l’arrache-cœur …). Sa vie sera ponctuée par le travail acharné qu’il fournira et la maladie plus tard.

II) L’œuvre du déserteur : contexte et censure : La chanson, enregistrée le jour même de la défaite de Dien-Bien-Phu, par pur hasard, sera

immédiatement interdite de diffusion radio, et interdite de vente. L’indépendance du Laos du Cambodge et du Vietnam est déclarée par les accords de Genève (juillet 1954). Une censure, demandée par Paul Faber, politique de la ville de Paris et ancien combattant, est demandée autour de cette chanson qui passe à la radio afin de ne pas avoir de propos délibérément antimilitariste. Afin de répondre à cette attaque, Boris Vian adresse une lettre ouverte appelée : « Lettre ouverte à Monsieur Paul Faber ». La censure sera levée en 1962. Boris Vian est alors mort depuis trois ans.

Personne ne veut chanter cette chanson sauf un artiste nommé Mouloudji, qui demandera à Boris Vian de changer quelques paroles.

Il enregistrera plus tard la version « armée » mais c'est la version Mouloudji qui sera apprise par

tous les jeunes entre 1954 et 1960-62, transmise par les associations. III) Ecriture du déserteur :

Le texte de Bortis Vian délivre un message clair sur sa volonté de déserter et d’exhorter les autres à « refuser d’obéir ». Le poème est constitué de trois strophes en rimes embrassées et en hexasyllabes :6

syllabes). Le rythme régulier permet de façon simple d’installer un tempo et de guidé le lecteur vers le cœur du message qui arrivera à la fin du poème. C’est ici une situation d’urgence qui est mise en avant car les

papiers ont été reçus à l’instant « je viens de recevoir mes papiers militaires » et il doit partir pour la guerre.

- La première strophe s’organise autour de l’adresse au président afin de notifier son refus de partir.

- La deuxième strophe s’organise autour de la famille qui voit ses proches mourir à la guerre et donc l’absurdité même de subir cela. Ici, c’est un discours autour de Boris Vian comme soldat car le

« je » domine. L’idée est de dire cette absurdité et expliquer ce qu’il veut faire après avoir déserter : il partira sur « les chemins » utilisation du futur « J’irai sur les chemins » : message de vie.

- La dernière strophe est plus agressive car elle affiche clairement le désir d’ouvrir le monde à la désertion afin de ne plus vivre dans la peur et la mort. Boris Vian veut que chacun « refuse » cette situation en n’allant plus combattre et propose au président d’y aller lui-même.

En plus d’une organisation au sein du poème, l’écriture montre une structure répétitive qui s’installe tout au

long du poème afin de toucher l’auditoire et d’insister sur l’importance de l’action. Dans la première strophe c’est le vers « Monsieur le Président » qui est répété puis dans la

deuxième strophe c’est « j’ai vu » et « on m’a volé » ce qui insiste sur les situations réelles de guerre et enfin « refusez » exhortation répétée par trois fois dans la dernière strophe.

IV) Influence de l’œuvre : Ce n’est qu’en 1966, avec la vague des protest songs suite à la révolte de Berkeley contre la guerre au

Viêt-Nam, que cette chanson est redécouverte par Peter, Paul et Mary (mais dans la version “édulcorée” de Mouloudji et avec un titre différent, The Pacifist), qui la chantent en français.

Quelques changements sont opérés : « Monsieur le Président » est remplacé par « Messieurs qu'on nomme grands » ; « ma décision est prise, je m'en vais déserter » est remplacé par « les guerres sont des bêtises, le monde en a assez » etc. De plus, étant non violent, Mouloudji veut modifier la fin car, il n'imagine

pas avoir un fusil et tirer sur des gendarmes.

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Monsieur le Président Je vous fais une lettre Que vous lirez peut-être Si vous avez le temps Je viens de recevoir Mes papiers militaires Pour partir à la guerre Avant mercredi soir Monsieur le Président Je ne veux pas la faire Je ne suis pas sur terre Pour tuer des pauvres gens C'est pas pour vous fâcher Il faut que je vous dise Ma décision est prise Je m'en vais déserter Depuis que je suis né J'ai vu mourir mon père J'ai vu partir mes frères Et pleurer mes enfants Ma mère a tant souffert

Elle est dedans sa tombe Et se moque des bombes

Et se moque des vers Quand j'étais prisonnier

On m'a volé ma femme On m'a volé mon âme

Et tout mon cher passé Demain de bon matin

Je fermerai ma porte Au nez des années mortes

J'irai sur les chemins

Je mendierai ma vie Sur les routes de France De Bretagne en Provence

Et je dirai aux gens: Refusez d'obéir Refusez de la faire N'allez pas à la guerre

Refusez de partir S'il faut donner son sang Allez donner le vôtre Vous êtes bon apôtre Monsieur le Président Si vous me poursuivez Prévenez vos gendarmes Que je n'aurai pas d'armes

Et qu'ils pourront tirer