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EHESS Histoire, dogme et critique dans la crise moderniste by Émile Poulat Review by: Jean Séguy Archives de sciences sociales des religions, 41e Année, No. 94 (Apr. - Jun., 1996), pp. 96-97 Published by: EHESS Stable URL: http://www.jstor.org/stable/30128728 . Accessed: 12/06/2014 10:49 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . EHESS is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Archives de sciences sociales des religions. http://www.jstor.org This content downloaded from 195.34.79.20 on Thu, 12 Jun 2014 10:49:10 AM All use subject to JSTOR Terms and Conditions

Histoire, dogme et critique dans la crise modernisteby Émile Poulat

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Histoire, dogme et critique dans la crise moderniste by Émile PoulatReview by: Jean SéguyArchives de sciences sociales des religions, 41e Année, No. 94 (Apr. - Jun., 1996), pp. 96-97Published by: EHESSStable URL: http://www.jstor.org/stable/30128728 .

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ARCHIVES DE SCIENCES SOCIALES DES RELIGIONS

seulement connaissance de l'existence de ce premier jet? Rien n'apparait moins certain. D'ailleurs un pape n'est pas oblig6 par les in- tentions, m~me assur6es, de son pr6d6cesseur.

Les AA. de l'ouvrage ont bien soin de re- placer ce projet d'encyclique dans le fil des quelques autres documents et des gestes du rbgne de Pie XI condamnant I'antis6mitisme et le racisme, de mime que tout ce qui pouvait porter atteinte i l'unit6 du genre humain. Mais ils ont soin de souligner ici que l'antiracisme et le philos6mitisme de Pie XI - et de plusieurs thdologiens et penseurs catholiques de son 6po- que - n'empechait pas son - ou leur - antiju- dai'sme. Le projet d'encyclique portait nettement trace de cette ambiguit6 de la pens6e catholique de cette p6riode. En mime temps que le r61e des Juifs dans le salut 6tait claire- ment proclam6, le document en projet n'h6si- tait pas i affirmer que les mimes Juifs pervertissaient la soci6t6 en de multiples fa- gons: en particulier parce que leurs activit6s les conduisaient soit au lib6ralisme, soit au so- cialisme, ces deux ennemis du Saint-Siege ro- main postrdvolutionnaire.

La publication de Humani Generis Unitas (le titre propos6 de ce brouillon d'encyclique) pouvait-elle cr6er le sursaut moral qui aurait empech6 la +solution finale+ d'etre mise en route ? Les AA. ne manquent pas de se poser la question. Ils regrettent sans doute la non publication. Ils ne se montrent pas certains que la publication aurait produit des effets effi- caces dans le sens souhait6. E.P., dans sa Pr6- face, doute que l'opinion publique, i la veille du second conflit mondial, ait 6t6 mobilis6e - ou ait pu etre mobilis6e - en faveur des Juifs : <cil faut le dire crfiment... les Juifs, ce n'ktait vraiment pas le problme, pour personne>> (p. 28). Quant i l'opinion catholique on peut douter 6galement qu'elle 6tait capable alors de suivre et d'amplifier 6ventuellement l'ensei- gnement antiraciste et philosfmite de l'ency- clique inaboutie. L'influence de Drumont et de Maurras y restait trop forte, sans compter la normativit6 de 1' antijudai'sme traditionnel, pour que l'encyclique publide, ait pu produire des effets autres qu'ambigus. E.P. ne croit pas, en tout cas, qu'aucun complot se soit nou6 au Va- tican contre le document en question pour re- tarder son arriv6e sur le bureau du pape et sa publication (sous Pie XI ou par la suite). I1 ne pense pas non plus - sa propre exp6rience des archives eccl6siastiques et vaticanes aidant- que la recherche de G.P. et de B.S. ait ren- contr6 plus de difficultis, ou d'+empache- ments+ que toute autre recherche dans les memes milieux, sur des documents semblables. Sur ces deux points, I'avis du pr6facier diffbre

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done de celui des deux AA. de l'Encyclique cachie de Pie XI.

Jean S6guy.

94.55 POULAT (Emile).

Histoire, dogme et critique dans la crise mo- derniste. (3e ed.), Paris, Albin Michel, 1996, LXXIX-739 p. (Bibliothbque de l'Evolution de l'Humanitd).

Publi6e en 1962 (l'ann6e de la soutenance), la these de doctorat is Lettres d'E.P., alors ti- r6e B 2200 exemplaires, connut une deuxibme 6dition en 1979. La Bibliothbque de l'Evolu- tion de l'Humanit6 l'accueille aujourd'hui sur ses rayons. A ce texte dfji connu et toujours 6minemment utile, l'auteur a ajoutd ici un trbs remarquable compl6ment bibliographique, et le texte reconstitu6 de ce que fut l'intervention de feu le Professeur Alphonse Dupront, lors de la soutenance d'E.P. (<<La r6flexion d'Al- phonse Dupront>>, pp. 721-33). Mais la nou- veaut6 est surtout repr6sent6e, nous semble-t-il en cette troisibme 6dition, par l'c<Avant-Pro- pos + intitul6 <<Permanence et actualit6 du mo- dernisme >.

Depuis sa parution en 1962, I'ouvrage d'E.P. est devenu un classique, remarque justement la p. 4 de couverture. Il en a 6t6 rendu compte avec comp6tence et p6n6tration par notre col- lbgue Henri Desroche (deced6 en 1994) dans Arch., 15, no 199. Nous renvoyons nos lecteurs a cette recension experte. Par contre, il convient de pr6senter et de commenter le long et nouvel Avant-Propos de cette derniere edi- tion.

Ici comme partout ailleurs lorsqu'il parle de modernisme, I'A. souligne qu'il ne s'agit pas d'un contenant dont les contenus se laisseraient exhaustivement d6nombrer en 616ments consti- tutifs; il s'agit de bien plus, <d'une grande mi- gration des intelligences les plus ouvertes, un transfert de comp6tence et d'ob6dience> (p. XXIII). Ce qui est en fait un conflit oppose deux pr6tentions universalistes: celle de l'E- glise, porteuse d'une culture ancienne, d'une part, celle - d'autre part - d'un univers (intel- lectuel entre autres aspects) en formation, jeune done et entrainant. Dans cette opposition, les conceptions de l'histoire - et de ce qui ar- rive i la r6v61ation chr6tienne lorsque l'histoire i la moderne, historicisme compris, est appli-

qu6e i ses sources - occupent une place cen- trale. E.P. qui connait le dossier moderniste mieux que personne et I'a d6j8 expos6 (dans sa these pr6cis6ment) saisit I'occasion de cette r6flexion nouvelle A son sujet pour fournir -

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dans son Avant-Propos - un expos6 des plus document6s sur l'historicisme lui-m~me; c'est- A-dire sur cette prise de conscience r6cente dans notre histoire, par laquelle - au-dela de la recherche historienne elle-mime et de ses problbmes propres - les Occidentaux se connaissent objets, autant que sujets, histori- ques, contingents donc, eux-memes et tout ce qui les concerne. Dans cette situation, qu'ad- vient-il des valeurs en g6ndral; qu'advient-il des pr~tentions i la v~rit6 absolue (l'Absolu- theit allemande) de la part d'une r6v1lation qui ne saurait 8tre, elle-m~me, que relative et contingente, en tant que ph6nombne historique situ6 dans un univers de pens6e qui ignore n&- cessairement oi il va et s'il posshde un sens (au double sens de < signification >> et de < di- rection >)?

Le problime (dans le cas de la <<crise moderniste>> du d6but de notre sidcle) est celui - sp6cifiquement - de la rencontre en- tre l'Eglise et la culture moderne comme +science >. Pour la premiere la question peut s'exprimer en termes de survie : h quelle sauce etre mang6, en somme? La r6action < accom- modatrice>> finit-elle n6cessairement dans l'acculturation consomm6e? L'intransigeance mine-t-elle f meilleur sort? Si une science ~< catholique >> des choses sacries pr6tend ~< sub- sister et s'affirmer, il lui faut apprendre a vivre dans cette lumibre (de la science moderne, J.S.) sans s'y brfiler > (p. L). Fort programme; pra- ticable, semble ajouter E.P., qui pr6cise n6an- moins - est-ce un encouragement?: <<Notre science n'exclut pas la religion : elle s'en passe et la laisse a la discr6tion de chacun>. Et en- core : notre science est +une science qui prend le large, sans autre souci qu'elle-mime> (p. LXIV).

Que le modernisme ne se resume pas en cette crise du debut du XXe sidcle (dont une partie seulement (1904-1906) fait l'objet de la

these d'E.P.), le mime auteur le montre sans mal. Occult6 autoritairement par la hidrarchie eccl~siastique (en particulier), le modernisme - comme heurt entre deux pr~tentions au monopole du <dire vrai>> et du <<penser droit >>- n'a pas cess6 dans la repression dont il se trouvait l'objet: il s'est euph~mis6 et r&- pandu sans bruit sous des aspects nouveaux. Une partie de l'Avant-Propos se penche sur ce problbme des <<formes douces+ du moder- nisme et de leur diffusion dans le corps social. Un constat : le christianisme aujourd'hui <se naturalise>>; <+non pas en renongant a tout <<surnaturel +... mais parce que rien ne lui pa-

raft plus naturel (d~sormais; J.S.) que cet ap- pel f des critbres extrinsbques pour juger de la foi > (p. XXII). Et encore: + Mme en ma-

BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE

tibre de religion, la confiance du grand nombre va au magistbre de la science, plus ais6ment qu'd celui de l'Eglise> (p. XXIII).

C'est autour de la r6cente + affaire du Je- sus de Jacques Duquesne qu'E.P. traite - prin- cipalement - de l'actuelle diffusion des <<formes douces du modernisme >. On n'est pas loin de partager - en certains de leurs aspects au moins, les plus critiques probablement - les analyses de l'A. sur le cas en question et sur l'ensemble du problbme. On a plus de mal, par contre, f passer - avec lui - de ces analyses memes f la fapon tris n6gative dont il envisage l'avenir de l'Eglise et du christianisme f partir de leurs seuls rapports f l'intelligence mo- derne. Nous sommes fermement persuad6 quant f nous qu'aucune religion - parmi les re- ligions de proph6tie 6thique en tout cas - ne se laisse r6duire f ses aspects intellectuels et a ses 6ventuels <<modernismes >>. Elles posse- dent d'autres ressources - 6motionnelles y comprises. On renvoie la-dessus au chapitre conclusif de l'Absolutheit d'Ernst Troeltsch.

Jean S6guy.

94.56 PUEL (Hugues).

Les Paradoxes de l'Cconomie. L'&thique au defi. Paris, Ed. Bayard/Centurion, 1995, 251 p.

H.P. dominicain, professeur d'6conomie, s'inscrit dans cet ouvrage dans la mouvance de Lebret et se propose d'adapter sa pens6e, celle d'un humanisme 6conomique, au contexte 6co- nomique actuel (mondialisation de l'6conomie, crises, ch8mage...). Ii nous invite a passer de I'6thique 6conomique a une <6conomie 6thi- que +, en analogie avec le d6veloppement ac- tuel d'une bioethique.

L'ouvrage se compose de cinq parties, dont la premiere est destin6e a d6noncer < les effets de trompe-l'oeil>> de l'6conomie. Les parties deux, trois et quatre abordent trois grands dos- siers 6conomiques : l'entreprise, le march6, le travail et mettent en relief les paradoxes qui les traversent. Enfin la cinquibme partie, plus directement centr6e sur les r6flexions 6thiques en lien avec l'6conomique et le social, pr6sente la doctrine sociale de l'Eglise catholique et ses prolongements 6conomiques (notamment sa position vis-a-vis du droit de propri6t6), I'6la- boration philosophique de l'humanisme chr6- tien, et enfin, les r6cents travaux en langue allemande sur l'6thique 6conomique. L'auteur conclut sur l'imp6ratif de solidarit6, condition n6cessaire a l'avinement d'une 6conomie 6thi- que.

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