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Histoire du système de Bange: Dès l'année 1871 des études furent menées sur un nouveau système d'artillerie afin de remplacer le système Reffye, lui même un système qui modifiait de vieilles pièces en bronze (quelques-uns datant du 18ème siècle !) à chargement par la bouche en les transformant en pièces rayées et chargeables par la culasse. Le système Reffye comprenait 3 pièces différentes: un canon de cavalerie de 5 mle. 1873 ( le vieux système du poids du projectile était toujours en utilisation, le véritable calibre étant de 75 mm ), un canon de campagne de 7 mle. 1873 ( 85 mm) et un canon de siège et de place de 138 mm mle. 1874. Apparemment le canon de 7 mle. 1873 entra en service dans le courant de l'année 1870; serait-il à temps pour la fin des combats avec les prusses ? Si oui, ce serait la seule pièce d'artillerie à chargement par culasse à l'inventaire disponible aux forces françaises pour affronter les canons à chargement par culasse Krupp qu' employèrent les prusses. Le systeme Reffye est en dotation jusqu'en 1877 pour la pièce de 7 de campagne et 1878 pour la pièce de 5 de cavalerie, et les deux jusqu'en 1884 comme pièces de forteresse et de place. La pièce de 138 mm de siège était en service de 1875 jusqu'en 1882, et comme pièce de place jusqu'en 1900. Deux hommes travaillèrent sur le système qui éventuellement remplaça le système Reffye, Henri de Lahitolle et Charles de Bange. Lahitolle créa un canon de campagne, de siège et de place de 95mm modèle 1875 et modèle 1888 Lahitolle , mais ce furent les créations de M. de Bange que retint l'armée française comme standard dès la fin des années 1870 et qui l'emportèrent sur le système Lahitolle. Les matériels de Bange faisaient l'ensemble d'un des premiers véritables systèmes d'artillerie à chargement par la culasse, tout comme son analogue le plus proche d'outre Rhin, le système Krupp (1) . Les matériels du système de Bange étaient d'une nature même plus systématique que ceux de chez Krupp puisque le système fût crée au seul besoin de l'armée française, par un officier français dans un arsenal d'état, et non destiné à l'exportation à l'origine comme bon nombre des créations de chez Krupp, une société privée. Les canons de de Bange étaient les premiers au monde avec une culasse à vis avec obturateur � plastique � (en vérité un composé d'amiante), un procedé adopté par la suite par bon nombre de pays, surtout la

Histoire du système de Bange

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Page 1: Histoire du système de Bange

Histoire du système de Bange:Dès l'année 1871 des études furent menées sur un nouveau système d'artillerie afin de remplacer le système Reffye, lui même un système qui modifiait de vieilles pièces en bronze (quelques-uns datant du 18ème siècle !) à chargement par la bouche en les transformant en pièces rayées et chargeables par la culasse. Le système Reffye comprenait 3 pièces différentes: un canon de cavalerie de 5 mle. 1873 ( le vieux système du poids du projectile était toujours en utilisation, le véritable calibre étant de 75 mm ), un canon de campagne de 7 mle. 1873 ( 85 mm) et un canon de siège et de place de 138 mm mle. 1874. Apparemment le canon de 7 mle. 1873 entra en service dans le courant de l'année 1870; serait-il à temps pour la fin des combats avec les prusses ? Si oui, ce serait la seule pièce d'artillerie à chargement par culasse à l'inventaire disponible aux forces françaises pour affronter les canons à chargement par culasse Krupp qu' employèrent les prusses. Le systeme Reffye est en dotation jusqu'en 1877 pour la pièce de 7 de campagne et 1878 pour la pièce de 5 de cavalerie, et les deux jusqu'en 1884 comme pièces de forteresse et de place. La pièce de 138 mm de siège était en service de 1875 jusqu'en 1882, et comme pièce de place jusqu'en 1900.Deux hommes travaillèrent sur le système qui éventuellement remplaça le système Reffye, Henri de Lahitolle et Charles de Bange. Lahitolle créa un canon de campagne, de siège et de place de 95mm modèle 1875 et modèle 1888 Lahitolle, mais ce furent les créations de M. de Bange que retint l'armée française comme standard dès la fin des années 1870 et qui l'emportèrent sur le système Lahitolle. Les matériels de Bange faisaient l'ensemble d'un des premiers véritables systèmes d'artillerie à chargement par la culasse, tout comme son analogue le plus proche d'outre Rhin, le système Krupp (1). Les matériels du système de Bange étaient d'une nature même plus systématique que ceux de chez Krupp puisque le système fût crée au seul besoin de l'armée française, par un officier français dans un arsenal d'état, et non destiné à l'exportation à l'origine comme bon nombre des créations de chez Krupp, une société privée. Les canons de de Bange étaient les premiers au monde avec une culasse à vis avec obturateur plastique (en vérité un � �composé d'amiante), un procedé adopté par la suite par bon nombre de pays, surtout la Grande-Bretagne, et plus tard les Etats-Unis. C'est une technique de base toujours utilisée pour les pièces d'artillerie à culasse à vis. Ils étaient tous construits en acier, et rayés progressivement à pas constant. Ils étaient montés sur des affûts rigides, sans freins de recul. Le système comprenaient les matériels suivants : le canon de montagne de 80 mm mle. 1877, le canon de cavalerie de 80 mm mle. 1877, le canon de campagne et de place de 90 mm mle. 1877, le canon long lourd de siège et de place de 120 mm mle. 1878, le canon long lourd de siège et de place de 155 mm mle. 1877, le canon court de siège et de place de 155 mm mle. 1881 sur un affût dit à col de cygne (c'est avec ces deux matériels d'ailleurs qu'apparaît � �le calibre de 155 mm, maintenant le standard pour presque toute l'artillerie de par le monde), le mortier de siège et de place de 220 mm mle. 1880, le mortier de siège et de place de 270 mm mle. 1885, le canon de côte de 240 mm mle. 1884, et le mortier de côte de 270 mm mle. 1889 dit mortier G . � �Tous ces matériels étaient toujours en service au début de la Première Guerre Mondiale, bien que pour la plupart en réserve et aux entrepôts ou aux places fortes. Et ceci malgré le fait qu'à l'époque l'armée française avait besoin de toute l'artillerie lourde sur laquelle elle pouvait mettre main. La France avait bien quelques matériels lourds plus modernes en service en août 1914, mais en assez piètre quantité face à la panoplie plus moderne des allemands (qui eux aussi manquaient des matériels lourds en plusieurs catégories importantes). Ces pièces en comprenaient 210 120mm court modèle 1890 Baquet, 134 canons courts de 155mm court modèle 1890 Baquet, 104 canons courts de 155mm C.T.R. modèle 1904 Rimailho (ceci était en effet la bouche à feu d'un 155 mm C. mle. 1881 (de Bange) sur un affût à déformation

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semblable à celui du 120 mm C. mle. 1890, tout dû à un général Baquet) et 108 canons courts de 155mm court modèle 1881 et 1881/12 de Bange/12 ( dit aussi de 155 mm C. T. R. (Court Tir Rapide) mle. 1904), qui était un obusier de profil assez moderne, et de système de chargement assez bizarre et unique pour n'importe quelle époque dû à un colonel Rimailho. Finalement il y avaient 108 canons courts de 155 mm mle. 1881/12. Il s'agit d'une modification de plus du vieux 155 mm C. mle. 1881, cette fois ci par le fameux colonel Fillioux du fameux GPF, par l'ajout d'un frein à ressort et le montage du matériel sur une plateforme sur laquelle le matériel roulait au moment du recul, des plans inclinés sur lesquels roulait des galets à ressort montés à l'avant de l'affût qui freinaient le mouvement en arrière, puis le tout ramené par le ressort. Ce matériel serait même monté sur des camions plus tard afin d'en faire une sorte d'artillerie automoteur rudimentaire. Au courant de la guerre presque toutes ces pièces décrites ci-haut disparaissaient à cause d'usure, ou seront remplacées par de nouveaux matériels. Plus tard un bon nombre de 120 mm L. mle. 1878 et de 155 mm L. mle. 1877 seront modifiés pour traction automobile en ajoutant une suspension et une lunette de crosse. Ils devinrent par la suite les matériels de 120 mm L. mle. 1878/16 et 155 mm L. mle. 1877/16. A l'époque la France souffrait durement du dogme du Colonel de Grandmaison de l'attaque à tout va. C'était une doctrine qui boudait l'artillerie lourde de campagne en faveur du canon de campagne de 75 mm mle. 1897, estimé bon à tout faire, et ce qui est important, très mobile par rapport aux matériels plus lourds, des matériels qui auraient encombrer toute offensive française à la baïonnette contre l'ennemi selon les durs de l'offensive à outrance. Mais face à la puissance de feu massive de l'artillerie lourde allemande (les obusiers moyens et lourds de campagne de 10,5 cm et de 15 cm, les canons de 10 cm (en vérité ils étaient de 10,5 cm) à longue portée, et les mortiers de 21 cm; en tout quelques 3850 pièces moyennes et lourdes) l'armée française serait contrainte à sortir des stocks ses vieux canons de la série de Bange à défaut de matériels plus aptes. Ces canons serviront jusqu'en 1940 dans l'armée française ( à l'exception du canon de 80 mm de cavalerie et du mortier de 220 mm qui disparurent des stocks entre les deux guerres) la plupart en stocks de réserve sauf dans les cas particuliers de 600 120 mm L. mle. 1878, et de 743 155 mm L. mle. 1877. Ces derniers étaient affectés aux régiments d'artillerie hippomobiles de réserve générale ou de position d'intervalle (Wesley Thomas)(1) Le système de Bange utilisait une culasse à vis avec obturateur plastique avec des charges à sac tandis que le système Krupp utilisait un coin à glissage horizontale avec obturation à douilles dans lesquelles les charges prenaient place. Les Allemands (et plusieurs autres pays de l'Europe central) utiliseraient ce système (modifié bien sûr au fil des années) pour les culasses de presque tous leurs dessins d'artillerie entre 1860 et 1945. Le système de Bange aurait des variations ultérieures comme le système Schneider et Asbury, mais les fondamentaux resteraient les mêmes (le système Schneider combineraient surs certains matériels (le 155 mm C. mle. 1915 S. par exemple) une douille en laiton pour l'obturation avec une culasse à vis). La plupart des matériels d'artillerie moderne utilisent une variation de la culasse et de l'obturation mise au point par Charles de Bange en 1877

Mortier de Bange modèle 1880/91 capturé par les Allemands. Les pièces de Bange servirent non seulement pendant la Première et la Seconde Guerre Mondiale dans l'armée française, mais furent également utilisées par plusieurs nations étrangères, dont les Allemands, après capture (Photo Kurt Johnson, contribuée par Wesley

Thomas)

90mm modèle 1877 de Bange95mm modèle 1875 et modèle 1888 Lahitolle