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n°106 dimanche 21 mars 2010 Bulletin de liaison et d’information des professeur(e)s d’histoire, géographie et éducation civique de l’académie d’Aix-Marseille Histoire, Géographie et Littérature C'est sur ce thème, en prélude au futur enseignement d'exploration "littérature et société", que nous avons rédigé nos rubriques pour ce numéro de votre bulletin. Bien avant le film de Jean-Jacques Annaud, le livre de Umberto Eco a fait date dans l'histoire du roman historique. Sommaire Editorial --------------------------------------------------------------------------- Histoire Géographie --------------------------------------------------------------------------- Balladiffusion Gazette des TICE Rendez-vous Vu d’ailleurs Informations institutionnelles --------------------------------------------------------------------------- Responsabilité éditoriale, auteurs, contacts, abonnements

Histoire, Géographie et Littérature · C‱est oublier que les œuvres littéraires sont présentes dans les programmes d‱histoire de longue date souvent en liaison avec ceux

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n°106 – dimanche 21 mars 2010

Bulletin de liaison et d’information des professeur(e)s d’histoire, géographie et éducation civique de l’académie d’Aix-Marseille

Histoire, Géographie et Littérature

C'est sur ce thème, en prélude au futur enseignement d'exploration "littérature et société", que nous avons rédigé nos rubriques pour ce numéro de votre bulletin.

Bien avant le film de Jean-Jacques Annaud, le livre de Umberto Eco a fait date dans l'histoire du roman historique.

Sommaire

Editorial

---------------------------------------------------------------------------

Histoire

Géographie

---------------------------------------------------------------------------

Balladiffusion

Gazette des TICE

Rendez-vous

Vu d’ailleurs

Informations institutionnelles

---------------------------------------------------------------------------

Responsabilité éditoriale, auteurs, contacts, abonnements

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Confluences Ce mois-ci, La Dur@nce est entièrement consacrée aux relations que nos disciplines entretiennent avec la littérature. Numéro de circonstance ? Sans doute, puisque la création de l‘enseignement d‘exploration, "Littérature et société", dans le cadre de la réforme du lycée, invite les professeurs d‘histoire-géographie à travailler de concert avec leurs collègues de lettres. Mais pas seulement, car les liens qui unissent nos disciplines sont anciens et ne concernent pas que le lycée. Ils méritent d‘être interrogés afin de conforter — ou de refonder — une collaboration devenue coutumière. Pourtant, la méfiance est fréquemment de mise. Surtout si on la résume au vieux débat sur les liaisons entre l‘histoire et la fiction. La récente polémique autour du livre de Yannick Haenel qui les mêle étroitement pour les besoins d‘un roman qui raconte l‘action du résistant polonais Jean Karski apporte une preuve supplémentaire — s‘il en fallait une ! — des relations parfois délicates que la littérature noue avec l‘histoire. Le rapport à la vérité en est la principale pierre d‘achoppement. Certes, l‘œuvre littéraire n‘a pas cette intention de vérité qui la distingue du récit historique, mais le professeur d‘histoire-géographie peut-il pour autant lui dénier tout intérêt ? C‘est oublier que les œuvres littéraires sont présentes dans les programmes d‘histoire de longue date souvent en liaison avec ceux de français, et ceci, dès la classe de 6e, qu‘il s‘agisse des mythes grecs, de la légende de la fondation de Rome ou des récits bibliques ; sans compter les multiples passerelles établies grâce au Socle, notamment dans la « compétence humaniste » ! Ce panorama ne serait pas complet si l‘on omettait l‘introduction à tous les niveaux du cursus scolaire de l‘histoire des arts. Des six grands domaines artistiques, ce sont sans doute les « arts du langage » qui devraient encourager les croisements disciplinaires les plus précoces et les plus nombreux. Les nouveaux programmes du collège ajoutent à la fréquentation habituelle des œuvres, une attention toute particulière au récit. Ainsi, il n‘y a pas moins d‘une douzaine d‘occurrences du verbe « raconter » dans le nouveau programme de 6e alors qu‘il était ignoré de l‘ancien. L‘enseignement d‘exploration, Littérature et société, mis en place avec la réforme du lycée ne fait donc que prolonger une complicité intellectuelle qui s‘exprimait déjà antérieurement et qui continuera de s‘épanouir dans la pratique usuelle des cours. Il faut dire que l‘histoire-géographie partage avec l‘enseignement du français des finalités souvent très proches : outre la formation du jugement, ces disciplines ont pour ambition de fixer les repères nécessaires à la constitution d‘un patrimoine collectif ; patrimoine jugé indispensable à l‘exercice responsable de la citoyenneté. Tout changement dans les programmes est l‘occasion de le vérifier : la pédagogie de l‘apprentissage de la langue ou l‘importance à accorder aux « grands auteurs français », la place de la grammaire ou celle de la communication suscitent des débats publics aussi passionnés que ceux qui, régulièrement, touchent l‘enseignement de l‘histoire. Ces remarques plaident pour un renforcement des liens avec l‘enseignement du français. Au collège, la mise en œuvre progressive, engagée dès cette année à titre expérimental dans bien des établissements, d‘une évaluation par compétence dans le cadre du Socle offre l‘opportunité de mesurer l‘intérêt d‘une telle collaboration. Celle-ci devrait conduire à lever quelques illusions, dont la plus tenace qui fait de la maîtrise de la langue une condition préalable à l‘enseignement de l‘histoire-géographie. Connaissons-nous vraiment les contenus et les méthodes des autres disciplines qui, comme l‘histoire-géographie, font partie des « humanités » ? Il faut avouer en toute humilité qu‘en bien des cas notre savoir est limité, ou au moins fragmentaire. Ce nouveau numéro de La Dur@nce s‘efforce, à sa manière, de contribuer à un nécessaire rapprochement ; le nom de ce bulletin n‘est-il pas d‘emblée une invite aux rencontres disciplinaires ?

Gérald Attali, Jacqueline Chabrol, Jean-Louis Leydet IA-IPR d'histoire-géographie

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Patrick Parodi et Béatrice Tinelli

Littérature et histoire forment un couple complexe ; la seconde a dû se résoudre à s’affranchir de la première pour gagner son statut de science humaine à part entière. Néanmoins, aujourd’hui encore, les œuvres littéraires de tout type ŕ pièces de théâtre, poèmes épiques, récits mythiques, romans historiques ŕ demeurent des références importantes dans les programmes scolaires, car elles restent des matériaux fondamentaux pour les historiens. 1) La poésie et l’histoire Certains genres littéraires sont moins fréquemment utilisés que les autres par les enseignants, et notamment les œuvres poétiques sont dans ce cas. Pour le niveau de sixième, les poèmes épiques sont pourtant analysés en détail ; ils constituent en

effet bien souvent les sources fondamentales des époques étudiées. Pour mener à bien cette étude, les travaux de l’historien Samuel Noah Kramer, qui compare les âges héroïques décrits dans la littérature épique de la région de Sumer au IIIe millénaire avant J.-C. avec ceux de la Grèce antique narrés par Homère et des peuples germaniques à l’époque des invasions de l’Empire romain d’Occident, du IVe au VIe siècle après Jésus-Christ, nous apportent une piste de travail intéressante. En effet, selon lui, cette littérature reflète les coïncidences entre ces trois périodes et constitue un élément fondamental des civilisations qui s’y sont développées puisque « chacun de ces âges épiques a vu apparaître des légendes épiques narratives, de forme poétique, qui devaient être récitées ou chantées ». Ainsi, l’œuvre littéraire dans ce cas est à la fois un témoignage et un élément constitutif essentiel d’une civilisation particulière. Or, deux de ces périodes faisant partie du nouveau programme de sixième, centré en outre sur l’histoire des Arts, il peut paraître intéressant de considérer l’analyse de ces poèmes épiques comme une sorte de fil conducteur, en les comparant à d’autres sources historiques, archéologiques ou artistiques, et en recourant éventuellement à un partenariat avec les professeurs concernés également par l’enseignement de l’histoire des Arts. Samuel Noah Kramer, L‘histoire commence à Sumer, Champs, Flammarion, 1994, p. 285 et suivantes.

Ce fil conducteur peut être employé dans les autres programmes du collège. En effet, si le recours aux œuvres poétiques, jouant parfois fortement sur l’évocation, peut paraître délicat, ces textes peuvent s’avérer particulièrement intéressants justement pour cette même raison ; ils permettent en effet d’aborder des perceptions, des sensations, des émotions difficiles à donner à voir autrement : c’est le cas par exemple du vécu de la guerre ou de certains traumatismes collectifs. Ainsi, V. D. Hanson insiste sur l’importance de l’apport des poètes antiques comme Tyrtée, dont les textes constituent l’une des rares sources historiques nous permettant d’accéder au ressenti des Grecs au combat et qui offre l’avantage de compléter la définition technique du combat hoplitique et les images souvent sommaires de ce type de guerre que nous offrent les représentations iconographiques. Victor Davis Hanson, Le modèle occidental de la guerre, la bataille d‘infanterie dans la Grèce classique, publié en 1989 pour l’édition originale, en 1990 pour la traduction française effectuée par Alain Billault, aux Éditions Texto.

Quant aux poèmes de Toge Sankichi, ils s’attachent à exprimer les diverses émotions qui ont animé les Japonais après le bombardement atomique d’Hiroshima, le 6 août 1945. Là encore, ils peuvent efficacement être confrontés aux nombreuses œuvres artistiques ŕ picturales, cinématographiques ou autres ŕ portant sur ce sujet douloureux. Toge Sakichi, Poèmes de la bombe atomique, aux éditions Teper, collection Bruits du Temps, 2008

Enfin, les textes des poètes résistants, qui à l’instar de René Char, évoquèrent la guerre, s’avèrent là encore des matériaux utiles. A l’occasion du centenaire de la naissance de cet auteur, le site Educnet propose des pistes pédagogiques intéressantes et favorisant une interdisciplinarité étroite entre l’enseignement du Français, de l’Histoire et des Arts. http://www.educnet.education.fr/theatre/pilotage/evenements-nati/centenaire-rene/bulletin-offici/doc-char

Les références à des œuvres picturales étant nombreuses, certaines études peuvent se faire conjointement, ainsi que le signale toujours le site Educnet. http://www.educnet.education.fr/louvre/ecriture/char1.htm et /char2.htm)

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Enfin, certains de ces échanges peuvent être réalisés avec bonheur avec des œuvres présentes dans notre région, conservées à la Maison de René Char, installée à L'Isle-sur-la-Sorgue, dans l’Hôtel Campredon. http://www.campredon-expos.com

2) Le roman historique Littérature et histoire. Ce couple n’a cessé de troubler l’imaginaire collectif et d’interroger les

spécialistes de chaque discipline. Il est aussi à l’origine de nombreux débats et polémiques : la littérature peut-elle, au nom de la liberté créatrice, transformer la réalité historique au risque d’en troubler le sens et la perception, et donc la représentation ? Peut-elle être source d’information pour l’historien qui en dépassant le filtre de l’imaginaire, peut accéder au passé ? Ces interrogations seront au cœur de la nouvelle option proposée en classe de seconde : « littérature et société ». On peut consulter les propositions de programme de l’option à l’adresse suivante : http://media.eduscol.education.fr/file/consultation/67/4/seconde_projet_prog_2010_exploration_Litterature-Societe_135674.pdf

Sur le site de la fondation Agora Vox, le professeur Raphaël Frangione veut dépasser la relation entre vérité et invention. Pour lui, la littérature fait percevoir les ambiguïtés des actions individuelles et est un moyen de comprendre le monde, tout en permettant de ne pas oublier des moments du passé que les travaux d’historien ne rendent pas toujours accessibles. Son article s’appuie sur trois romans ayant pour contexte d’histoire la Seconde Guerre mondiale : Les Bienveillantes (Ed. Gallimard, 2006) de Jonathan Littell, Pelures d‘oignon (Ed. du Seuil, 2007) de Gunter Grass et Dans le café de la jeunesse perdue (Ed. Gallimard, 2007) de Patrick Modiano. Cet article fort riche et intéressant qui interroge aussi la place du narrateur et du lecteur est consultable à l’adresse suivante : http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/litterature-et-histoire-verite-ou-35189

La communication de Robert Kopp à l’Académie des Sciences Morales et Politiques pourra compléter cette lecture ; à travers l’exemple de La Princesse de Clèves, il montre comment le roman acquiert aux XVIIe et XVIIIe siècles un statut d’honorabilité qu’il emprunte à l’histoire. Se crée un pacte « qui consiste, pour le lecteur, à faire semblant de croire au caractère factuel d‘une fiction et, pour l‘auteur, à présenter celle-ci sous les dehors d‘un livre d‘histoire. Chacun sait que l‘autre ment, mais chacun fait semblant de croire l‘autre sur parole. Ainsi, le roman, genre alors à peine existant, voire inexistant au regard des poétiques normatives, conquiert une sorte d‘honorabilité : il se fait passer pour un document ». Robert Koppe évoque alors « la fiction du non-fictif » qu’il analyse à travers les œuvres de Balzac et des Goncourt dont les récits sur la prostitution sont utilisés par les historiens, mais en conclut que « le roman n‘est jamais un document d‘histoire par son prétendu contenu factuel, mais par sa participation à un imaginaire collectif, par la part qui est la sienne dans l‘univers des représentations d‘une société. D‘où l‘importance des réactions suscitées par ces textes : elles permettent de préciser quelque peu les composantes de cet imaginaire. Situer un texte dans son contexte, ce n‘est pas seulement en étudier les origines, mais aussi l‘utilisation qui en est faite ». http://www.asmp.fr/travaux/communications/2005/kopp.htm

Les rapports entre littérature et histoire posent donc de multiples questions qu’il est difficile de retracer ici en totalité. Les débats sont parfois vifs comme celui provoqué par « Les Bienveillantes » de Jonathan Littell qui raconte les confessions d’un bourreau nazi. Une conférence sur le malaise provoqué par ce livre est visible à l’adresse suivante : http://www.akadem.org/sommaire/themes/liturgie/6/6/module_2122.php On retiendra surtout l’intervention de la psychanalyste Rosette Tama qui analyse le livre selon le problème de la fiction : en effet, selon elle, l’ouvrage intervient à un moment clé pour l’histoire de la Shoah, celui du passage du temps du témoignage à celui de l’histoire et de la fiction. L’ouvrage est donc un outil pédagogique, car il renvoie à la part d’inhumanité de chaque personne et permet de comprendre comment des hommes et des femmes peuvent la laisser s’exprimer dans un contexte historique précis

Les polémiques nées à la publication du roman sont retracées sur les pages de Wikipédia : http://fr.wikipedia.org/wiki/Les_Bienveillantes, page fortement critiquée par Guy Laflèche, de l’Université de Montréal, qui se montre très sévère envers l’ouvrage : « Les Bienveillantes ne sont pas l'œuvre d'un intellectuel, d'un écrivain ou d'un artiste. C'est le travail d'un triste et sinistre tâcheron. Un scandale de librairie [...] » http://mapageweb.umontreal.ca/lafleche/po/go/jl.html

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On peut retrouver sur le site http://francois.muller.free.fr/diversifier/romans_et_histoire.htm une proposition de romans pour chaque grande période de l’histoire contemporaine.

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Brigitte Manoukian et Véronique Blua

http://www.liberation.fr/haiti-seisme-janvier-2010-je-t-ecris-haiti,99856

Haïti, janvier 2010, la terre a tremblé

« Le carnet noir - En voyage, je garde sur moi toujours deux choses : mon passeport (dans une pochette accrochée à mon cou) et un calepin noir où je note généralement tout ce qui traverse mon champ de vision ou qui me passe par l’esprit. Pendant que j’étais par terre, je pensais aux films de catastrophe, me demandant si la terre allait s’ouvrir et nous engloutir tous. C’était la terreur de mon enfance. Le silence - Je m’attendais à entendre des cris, des hurlements. Rien. Un silence assourdissant. On dit en Haïti que tant qu’on n’a pas hurlé, il n’y a pas de mort. Quelqu’un a crié que ce n’était pas prudent de rester sous les arbres. On s’est alors réfugié sur le terrain de tennis de l’hôtel. En fait, c’était faux, car pas une fleur n’a bougé malgré les 43 secousses sismiques. J’entends encore ce silence. Le temps - Je ne savais pas que soixante secondes pouvaient durer aussi longtemps. Et qu’une nuit pouvait n’avoir plus de fin. Plus de radio, les antennes étant cassées. Plus de télé. Plus d’Internet. Plus de téléphone portable. Le temps n’est plus un objet qui sert à communiquer. On avait l’impression que le vrai temps s’était glissé dans les soixante secondes qu’ont duré les premières violentes secousses. » Extraits de témoignages de Dany Laferrière, auteur haïtien, prix Médicis 2009 pour L‘énigme du retour - Dossier spécial du Nouvel Observateur. http://bibliobs.nouvelobs.com/20100121/17121/tout-bouge-autour-de-moi# « Je reprends la chronique de l’après. L’après s’est vraiment installé. On vit moins dans l’attente craintive d’une nouvelle réplique que dans celle de signes positifs d’une amélioration dans l’immédiat et dans le court terme des conditions de vie de la majorité de ceux que le séisme a laissés sans abris, sans ressources. Ces signes, ils ne viennent pas. On perçoit même le retour de certains réflexes qui avaient fait de la société haïtienne ce qu’elle était avant le séisme, une société de quasi-ségrégation. Deux sœurs appellent le responsable d’un club de riches transformé en camp de réfugiés pour lui dire que les membres ont aussi des droits et qu’elles aimeraient bien pouvoir se reposer au bord de la piscine. Elles ne sont pas majoritaires, et tous les riches ne sont pas odieux. Mais... » Extrait de Chronique de l‘après, par l’écrivain haïtien Lyonel Trouillot, envoyée chaque jour sur le site du Point. http://www.etonnants-voyageurs.com/spip.php?article4868 On consultera d’autres témoignages d’auteurs sur le site de Libération http://www.liberation.fr/haiti-seisme-janvier-2010-je-t-ecris-haiti,99856 et celui du Festival International du livre et du film Etonnants voyageurs http://www.etonnants-voyageurs.com/spip.php?article4847

Étonnants voyageurs est un festival qui a lieu chaque année à Saint-Malo (21ème festival en 2010) et qui

en 2007 a tenu une édition à Haïti et devait à nouveau réunir cette année de nombreux écrivains… http://www.etonnants-voyageurs.com/

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Littérature et géographie : quand les arpenteurs du monde font des récits du monde… Le rivage des Syrtes, écrit par Julien Gracq est un roman, mais c’est aussi un roman géopolitique

(Yves Lacoste) écrit en 1973 par un géographe-géomorphologue sorti de l’ENS, et qui n’est autre qu’un certain Léon Poirier. « Gracq s‘oriente vers la promenade et le regard passionné : de ce décor laissé quasiment vide, il s‘attache à décrire à la fois l‘éphémère et les structures, l‘éternel et le fugace, la couleur d‘un instant de la journée et ce qu‘il y a derrière les paysages. Il y a une obsession de rendre compte, comme dans le cas de Turner qui peignait deux ou trois aquarelles dans la journée. (…) Gracq s‘estime être à la fois porteur d‘une tradition géographique et littéraire. » Marc Lohez, compte-rendu d’un Café Géo http://www.cafe-geo.net/article.php3?id_article=66

Quand Nicolas Bouvier publie, après plusieurs tentatives avortées, L’usage du monde en 1963, il ne pensait peut-être pas que ce récit de voyage de 18 mois en 1953-1954 allait devenir un livre culte. Michel Sivignon en fait l’éloge dans un article publié dans un Bulletin de l‘association des Géographes français, (n°3 , 2007, Géographie et littérature) : « Plus qu‘un récit de voyage classique, ce livre est une somme de réflexions où le géographe trouve des réponses à des questions qu‘il est nécessairement amené à se poser dans l‘exercice de sa profession et dans son rapport au terrain : le rapport entre géographie et voyage, entre géographie et littérature et la place de l‘expression du moi dans le discours scientifique. »

Le rivage des Syrtes ou L‗usage du monde restent des références en épistémologie, mais ne sont plus aujourd’hui des livres pour le géographe, sinon pour l’historien. La littérature peut-elle contribuer à la connaissance et à la compréhension du monde ? Si une photographie, une peinture, une carte, visions et représentations subjectives du monde, sont

des supports de la géographie, un texte littéraire l’est aussi. Le récit du voyageur fait partie de cette géographie mentale (ou géographie de l’espace vécu) : comment voyons-nous le monde ? « La géographie est sensible, les géographes sont sensibles à la géographie du monde, à ses beautés et à ses drames, et les hommes aussi. Sensible : ―qui fait une vive impression physique et morale‖ dit le dictionnaire Larousse. (…) La géographie tout particulièrement est sensible, directement face au monde, physiquement, corporellement autant qu‘idéellement, ou, si l‘on peut se permettre, phénoménologiquement. (…) le corps adhère à l‘espace qui l‘enveloppe. Le mouvement, la marche, le voyage font partie de la géographie. Les cinq sens s‘y trouvent en éveil. Presque tous les géographes le vivent ainsi, mais souvent pour s‘en amuser, comme s‘il s‘agissait d‘un simple folklore. Très peu y trouvent sens. (…) le toucher, car les pieds du géographe se crottent à toutes les aspérités du monde (…) ». ou, à propos de Madame Bovary : « Flaubert écrit le roman d‘une frustration et d‘une passion, l‘éveil et l‘étouffement d‘une jeune femme moderne. Mais il restitue aussi, mieux qu‘aucun géographe ne l‘a jamais fait, les trois espaces d‘une vie dans toute leur épaisseur : les origines rurales et paysannes, le bourg des relations étroites et des enfermements, la grande ville bruissante et fascinante, un monde en devenir. Aujourd‘hui, nous n‘en avons pas fini avec cette géographie-là. Mme Bovary, c‘est nous. » Aimez-vous la géographie ? Armand Frémont, Flammarion, 2005 Armand Frémont (La région espace vécu, Flammarion, réédition en 2009 ou Normandie sensible, Cercle d’Art, 2009 : « La Normandie est mon pays, mon laboratoire, mon terrain de travail et de plaisir, ma plus belle lecture ») ou Jean Pierre Paulet (Les représentations mentales en géographie, Economica, 2002) sont deux représentants de cette géographie Ŗhumanisteŗ qui s’intéressent à l’homme et son espace vécu, perçu, reçu, imaginé, représenté.

« Et les habitations humaines se disposaient dans notre microcosme naïf, toujours selon cette configuration à trois niveaux. Notre village, Svetlaïa, sur la rivière ; un chef-lieu, Kajdaï, plus en aval à dix kilomètres du village, et enfin, sur le grand fleuve, la seule vraie ville, Nerloug, avec son magasin où l‘on pouvait acheter même de la limonade en bouteille. » (Andreï Makine, Au temps du fleuve Amour, éditions du Félin, 1994).

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Michel Sivignon rapporte avec cet extrait comment Makine fait de la géographie sans le savoir, dans sa perception enfantine des choses qui l’entourent, comme une expérience première qui ne cessera de s’élargir. « Il n‘y a pas de géographie qui vaille sans expérience sensible. Cette expérience sensible est d‘abord une découverte du monde qui nous entoure, des paysages au sein desquels nous nous mouvons, paysages composés d‘images, mais aussi de sons et d‘odeurs. Ces images, ces sons, ces odeurs sont ressentis en fonction de nos dispositions personnelles, de notre propre histoire et nous pouvons les restituer dans un journal intime, dans un poème ou dans un récit. » (Michel Sivignon, Géographie humaine, A. Colin, 2002, chapitre 1 Ŕ La géographie spontanée).

Les usages de textes littéraires sont plus fréquents en histoire qu’en géographie. Quelques exemples de pistes et surtout des ressources à introduire dans nos séquences. Le désert en textes et en images (proposition ancienne sur le site de l’académie de Poitiers)

Les textes sont des extraits de Le Clézio, Maupassant et Fromentin, accompagnés de trois photographies (désert d’Arabie et de Namibie). Proposé en module de seconde en lettres-géo, le scénario est intéressant dans sa lecture littéraire, mais très pauvre dans sa lecture géographique (trois jolies images de dunes) et les textes peuvent difficilement être exploités). http://ww2.ac-poitiers.fr/hist_geo/spip.php?article299

Les villes inspirent les écrivains, elles sont des décors, des lieux où se déroulent des histoires : on peut alors puiser dans la littérature des descriptions architecturales, urbanistiques, des ambiances et des vies. Hommage à Izzo et à Marseille « Dans Total Kheops, roman de J.-C. Izzo, la ville que parcourt et décrit le héros est plus que le simple décor d‘une enquête policière, elle est l‘objet de sa quête, le personnage central du récit. En montrant ce qu‘est la ville par la façon dont elle est pratiquée, l‘écrivain met en scène une expérience spatiale qui, à certains égards, peut être considérée comme un modèle de pratique citadine. » (M. Rosemberg, Les pratiques citadines d‘un héros de roman policier, article dans Géographie et littérature, BAGF, n° 3, 2007)) Jean Claude Izzo est « l‘homme qui a fait de Marseille un personnage » écrit Michel Sanson dans Le Monde au moment de sa mort en janvier 2000. On pourra trouver sur le site qui lui est consacré quelques extraits à lire en parcourant un plan de Marseille, des Goudes à l’Estaque, des extraits qui racontent les promenades du héros Fabio Montale dans Total Keops, Solea, Chourmo. http://www.jeanclaude-izzo.com/ « Il n‘y avait que son adresse. Rue des Pistoles, dans le Vieux Quartier. Cela faisait des années qu‘il n‘était pas venu à Marseille. Maintenant il n‘avait plus le choix. On était le 2 juin, il pleuvait. Malgré la pluie, le taxi refusa de s‘engager dans les ruelles. Il le déposa devant la Montée-des-Accoules. Plus d‘une centaine de marches à gravir et un dédale de rues jusqu‘à la rue des Pistoles. Le sol était jonché de sacs d‘ordures éventrées et il s‘élevait des rues une odeur âcre, mélange de pisse, d‘humidité et de moisi. Seul grand changement, la rénovation avait gagné le quartier. Des maisons avaient été démolies. Les façades des autres étaient repeintes, en ocre et rose, avec des persiennes vertes ou bleues, à l‘italienne. De la rue des Pistoles, peut-être l‘une des plus étroites, il n‘en restait plus que la moitié, le côté pair. L‘autre avait été rasée, ainsi que les maisons de la rue Rodillat. À leur place, un parking. C‘est ce qu‘il vit en premier, en débouchant à l‘angle de la rue du Refuge. Ici, les promoteurs semblaient avoir fait une pause. Les maisons étaient noirâtres, lépreuses, rongées par une végétation d‘égout. » (Extrait du livre Total Khéops).

Migrants et migrations Bilal, sur la route des clandestins, Fabrizio Gatti (Liana Levi 2008) « Tandis qu‘un bateau en bois ne meurt jamais. C‘est un ancien proverbe des pêcheurs vénitiens qui le dit. (…) Mais pas à Sfax. Depuis quelques années, les vieux bateaux de pêche ne sont plus remis à neuf. Il est plus avantageux

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de les vendre tels quels. Ce n‘était pas le cas autrefois. Aucun pêcheur ne se serait embarqué sur un rafiot pourri… Mais les clients de Madame Hope n‘ont pas le choix. Ils ne peuvent pas rebrousser chemin. Seul Amadou, le jeune papa de Miriama, a eu assez peur pour affronter de nouveau le Sahara, les tortures. Et maintenant, sous sa véranda, aux confins du Niger et du mali, le remords de ne pas avoir eu assez de cran tourmente ses nuits... Les autres ne sont pas aussi faibles et résignés qu‘Amadou. Ils ne s‘arrêtent pas devant la mer. Les autres ne pensent qu‘à arriver. » (p 260) Les récits de reporters, journalistes et investigateurs font de nombreux succès de librairie. F. Gatti, envoyé spécial de l‘Espresso (hebdomadaire italien) enquête en tant qu’infiltré dans les filières des migrations clandestines qui parcourent le Sahara, et s’introduit dans des camps de rétention de l’UE. Édifiant et terrifiant. Un roman, sur le même thème : El Dorado, de Laurent Gaudé, Actes Sud, 2006 « … Ils nous disaient que nous étions là pour garder les portes de la citadelle. Vous êtes la muraille de l‘Europe. C‘est cela qu‘ils nous disaient. C‘est une guerre, Messieurs. Ne vous y trompez pas. Il n‘y a ni coup de feu, ni bombardement, mais c‘est une guerre et vous êtes en première ligne. Vous ne devez pas vous laisser submerger. Il faut tenir. Ils sont toujours plus nombreux et la forteresse Europe a besoin de vous. - Discours huilés, discours mensongers, dit le vieux sicilien en allumant une cigarette et en plissant les yeux.» « "La citadelle Europe" est une expression que nous transmettons dans nos cours à nos élèves, accompagnée d‘une caricature, d‘un article de journal, de statistiques... Et si pour une fois, nous l‘accompagnions... d‘un roman ? Ce très beau roman est à lire pour soi, mais aussi à recommander à nos élèves de Terminale, ceux qui sont prêts à tenter une aventure littéraire tout autant que géographique ! Et pourquoi pas, offrons-nous le plaisir de leur en lire quelques passages lorsque nous traitons de la « Méditerranée, une Interface Nord Sud. » Un récit de fiction mais si proche de la réalité. Des lieux qu‘il est facile de placer sur une carte de l‘espace méditerranéen. Des personnages dont on peut tracer les itinéraires, ceux la même des grands flux migratoires. Des rencontres, qui révèlent tous les acteurs de ce trafic humain. Et des enjeux qui dépassent les destins personnels.ŗ (Compte-rendu de Solange Pierrat) http://www.histoire.ac-versailles.fr/spip.php?article467

Ballades en Asie émergente Voyage au centre de la Chine est le récit de Frédéric Bobin, correspondant du Monde à Pékin entre 1998 et 2004. Un récit comme un carnet de route, de Shenyang, la friche sidérurgique convertie à l’industrie du plaisir, au royaume des femmes Na sur les contreforts du Tibet, en passant par Fengdu et les fantômes du barrage des Trois Gorges, c’est Ŗla Chine des gens ordinaires» que racontent nombre de témoignages recueillis entre villes et campagnes. Dans le même registre, La Chinafrique, Pékin à la conquête du continent noir, Serge Michel et Michel Beuret, Grasset, 2008. Deux journalistes enquêtent sur la présence des entreprises chinoises en Afrique. Redondant, car les exemples se succèdent, mais intéressant pour comprendre une présence ancienne et les enjeux sous-jacents. Pour l’Inde, je me limite à citer seulement quelques romans incontournables pour éviter d’en écrire des pages et des pages tant la liste est longue et mon intérêt aiguisé !

- Aucun dieu en vue, Altaf Tirewala, Actes Sud, 2007 (Lieu : Bombay, des nouvelles qui se croisent). - Le seigneur de Bombay, Vikram Shandra, Pocket, 2009

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- Bombay, Maximum city, Suketu Mehta, Buchet-Chastel, 2006 : enquête grandiose sur le fonctionnement d’une mégapole) - Loin de Chandigarh, Tarun Tejpal, Buchet-Chastel, 2005 (650 pages d’un roman d’amour dans l’Inde contemporaine, mondialisée, celle des classes moyennes) - Le vendeur de saris Rupa Bajwa, Édition des deux terres, 2006 (on plonge ici plutôt dans l’Inde des misérables) - Les fabuleuses aventures d‘un indien malchanceux qui devint milliardaire, Vikas Swarup, Belfond, 2006 - Slumdog millionnaire, est un roman avant d’être un film à succès. En user et en abuser, dans les mots et les images, pour travailler sur Bombay. - Compartiment pour dames, Anita Nair, Picquier poche, 2004 (Bien sûr, des histoires de femmes et dans un train) - Le dieu des petits riens, Arundathi Roy, Poche (Pour un roman superbe, mais aussi pour l’auteur qui a écrit d’autres ouvrages Ŕ Le coût de la vie, par exemple Ŕ et se bat contre la politique des grands barrages) - La colère des aubergines, Bulbul Sharma, Picquier poche, 2002 (Pour les histoires et les recettes de cuisine : de la géographie sensible et savoureuse) Juste deux mots sur ma dernière lecture indienne : Cette nuit-là de Indra Sinha (Albin Michel, 2009). ŖJ‘étais humain avant. À ce qu‘on dit. Moi, je ne m‘en souviens pas, mais les gens qui m‘ont connu quand j‘étais petit disent que je marchais sur mes deux pieds comme les hommes. » Le héros est un jeune de dix-neuf ans qui se déplace à quatre pattes depuis l’âge de six ans, après l’explosion de l’usine chimique américaine Union Carbide à Bhopal en 1984. « Mes bras enlaçaient toujours le tuyau de cheminée, à présent froid, d‘où les poisons s‘étaient échappés pour tuer une ville. La cheminée geignait. À trente mètres au-dessus du sol, le vent lui soufflait dans la bouche et le faisait résonner comme une flûte géante. J‘ai posé l‘oreille contre sa paroi rugueuse et j‘ai écouté. Des voies paraissaient hurler à l‘intérieur. On était au cœur de la nuit et cette plante lugubre qui retentissait dans mon crâne me faisait dresser les cheveux sur la tête. J‘avais le pouvoir de comprendre les choses, j‘ai su tout de suite de quoi il retournait. C‘étaient les morts de dessous la terre, c‘étaient leurs os, leurs cendres qui criaient vengeance contre leurs meurtriers. » Un roman piquant dans les mots (et les gros mots aussi !), rebondissant, bouleversant, sur cette tragédie qui fit plus de 20 000 morts. Les victimes n’ont pas été indemnisées, les sols et les rivières restent contaminés et les enfants naissent malformés. Un ouvrage dont il est difficile d’extraire des passages pour un cours mais on peut faire une lecture de quelques pages en classe, ou en recommander la lecture, pour réfléchir et se questionner sur les risques technologiques ici et ailleurs.

Mondialisation « - Tu ne comprends pas Kate, je te l‘ai souvent répété, ce sera partout la même chose. Partout nous serons en Globalia, partout nous retrouverons cette civilisation que je déteste. - Evidemment, puisqu‘il n‘y en a qu‘une ! Et c‘est heureux, aurais-tu la nostalgie du temps où il y avait des nations différentes qui n‘arrêtaient pas de se faire la guerre ? Baïkal haussa les épaules. Kate poussa son avantage. - Il n‘y a plus de frontières désormais, ce n‘est tout de même pas plus mal ? - Bien sûr que non Kate. Tu me récites la propagande que tu as apprise comme nous tous. Globalia, c‘est la liberté ! Globalia, c‘est la sécurité ! Globalia, c‘est le bonheur. - Tu te crois certainement plus malin que moi, mais tu ne peux tout de même pas nier qu‘on peut aller partout. Ouvre ton multifonction, sélectionne une agence de voyage et tu pars demain pour n‘importe quel endroit du monde… - Oui, concéda Baïkal, tu peux aller partout. Mais seulement dans les zones sécurisées, c‘est-à-dire là où on nous autorise à aller, là où tout est pareil. - Mais tout Globalia est sécurisé ! L‘Europe, l‘Amérique, la Chine… Le reste, c‘est le vide, ce sont les non-zones. » Jean Christophe Ruffin, Globalia, Gallimard, 2004 Globalia est un roman de science-fiction qui décrit un monde sous gouvernance unique, où l’on ne vieillit pas et où les hommes sont libres parce que sous surveillance totalitaire. Globalia doit pourtant se protéger d’un ennemi commun, le terrorisme des non-zones. « Une réflexion qui repose

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sur deux idées principales : d'abord, imaginer l'évolution possible des rapports Nord-Sud, sujet que je connais assez bien puisque, par profession, je voyage entre pays riches et pays pauvres. Ensuite, explorer l'inattendu des démocraties, qui, après avoir triomphé dans les années 1990, commencent à révéler de plus en plus un caractère sinon totalitaire, du moins pas si paradisiaque qu'on le prétend. » http://www.gallimard.fr/catalog/Entretiens/01050269.htm Sylvie Brunel, Frontières, Denoël, 2003 Un roman d’amour d’abord : Sarah et Marc, engagés dans une ONG en Afrique, tombent amoureux puis se quittent en abandonnant aussi leur mission humanitaire. Car le roman dit aussi les difficultés des ONG à agir dans les pays en guerre entre dictature, rebelles, enjeu pétrolier, les critiques de l’auteure contre une ONG plus « entreprise» qu’« humanitaire» (Sylvie Brunel a été présidente d’Action contre la faim avant d’en démissionner). Un Ŗroman de géopolitiqueŗ pour travailler sur les acteurs de la mondialisation (rôle des ONG) et les enjeux divers dans les conflits post-guerre froide. Lire le compte-rendu complet http://www.cafegeo.net/article.php3?id_article=20 « Le chauffeur commentait : - À quoi ça ressemble tout ça ? L‘Inde hésite. Nous ne savons plus ce que nous voulons… - Parce qu‘un jour vous l‘avez-su ? - Je suis communiste. J‘avais oublié que Calcutta était depuis longtemps une municipalité rouge. Amitav ne décolérait pas. Le maire venait de décider une révolution. Désormais, l‘eau serait payante. Seuls les habitants des taudis en seraient exemptés. - L‘eau, c‘est la vie. Comment peut-on faire payer la vie ? J‘étais tout ému. Rencontrer un vrai collectiviste était une rareté de nos jours. - Vous vous rendez compte ? Un adjoint a voulu mesurer la quantité d‘eau consommée par chacun. Comme si l‘on mesurait la quantité d‘air que nous respirons ! ». (L‘avenir de l‘eau) Erik Orsenna n’est pas responsable d’ONG ni reporter mais académicien, botaniste, globe-trotteur et géographe aussi. Voyage au pays du coton (petit précis de mondialisation I, Fayard, 2006), ou L‘avenir de l‘eau (petit précis de mondialisation II, 2008, succès oblige !) peuvent être utilisés en cours, en lecture, ou intégrés dans un dossier documentaire. Claude Robinot (académie de Versailles) a proposé une combinaison TICE-Géographie-Littérature, à partir d’un extrait de Voyage au pays du coton, sur Washington, capitale de la décision. A partir du texte, les élèves sont invités à retrouver sur Google Earth les images satellitales les plus précises correspondant aux lieux décrits, puis doivent justifier l’expression capitale de la décision. http://www.histoire.ac-versailles.fr/IMG/doc/coton1.doc

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Dominique Santelli et Frédérique Platania

La nouvelle donne géopolitique, une émission de France Inter animée par Bernard Guetta a

diffusé le 15 février 2010, un sujet intitulé : « Le pouvoir iranien marque un point». Il explique comment lors du 31e anniversaire de la révolution islamique, le pouvoir a inventé la manifestation sans témoin. Ce jeudi, dans un périmètre réservé, il a fait venir par bus des campagnes voisines, de gros contingents de gens sûrs, pour organiser une manifestation truquée et sans témoin. Les télévisions officielles ont filmé cette manifestation « propre » et sans débordement, tandis les autres manifestants étaient bloqués dans des rues voisines et que les journalistes étrangers étaient interdits. Ainsi, personne n’a vu l’opposition et le gouvernement iranien s’est dit plébiscité. Cet évènement est à utiliser dans nos classes en éducation civique et ECJS pour montrer comment un régime non démocratique contrôle la force et les médias, et souligner également, dans ce type de système les limites des manifestations. http://sites.radiofrance.fr/franceinter/chro/geopolitique/

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Les amphis de France 5 proposent des podcasts audio et vidéo sur des sujets très variés. Le réchauffement climatique, thème « à la mode » et largement développé aujourd'hui par les scientifiques et les médias, est au menu de cette vidéothèque numérique. Une interview de Jacques Hubschman, professeur émérite de géographie à l’université de Toulouse le Mirail, "propose à travers une série de définitions simples d'aborder non seulement ses conséquences, mais également ses causes et ses origines". L’entretien de 52 minutes est divisé en sept sous thèmes à utiliser selon ses objectifs : les causes du réchauffement et l’effet de serre, l’ozone, les puits à carbone, les conséquences du réchauffement, des scénarios catastrophes, la théorie du chaos, des solutions. "Ainsi à l'aide d'exemples concrets, l'auteur apporte un regard géographique à un phénomène mondial controversé". http://www.canal-u.tv/producteurs/canal_geo_universite_toulouse_le_mirail/dossier_programmes/tous_les_programmes/le_rechauffement_climatique

Le 21 janvier 1939 fut créé, à Rieucros (près de Mende, en Lozère), le premier camp de concentration français. Il sert d'abord à l'internement de combattants de la guerre d'Espagne, puis des étrangers suspects, il devient le 2 octobre 1939 camp disciplinaire pour femmes "indésirables et suspectes". Ce document proposé par Canal université, grâce aux témoignages des dernières rescapées, "retrace la vie quotidienne et les luttes de ces femmes à l’intérieur du camp". Rolande Trempé, ancienne résistante et professeure d’histoire contemporaine à l’Université de Toulouse y apporte "une mise en perspective politique et historique au fil des témoignages", avec le regard de l’écrivain Michel Del Castillo interné lui aussi. Une occasion nous est ici donnée de travailler avec nos élèves sur des ressources locales et sur le thème des femmes résistantes trop souvent oubliées de nos programmes. http://www.canal-u.education.fr/producteurs/universite_toulouse_le_mirail/dossier_programmes/documentaires/camps_de_femmes2

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Daniel Dalet et Philippe Caracchioli

Besançon 2010 : le compte-rendu

C'est une tradition bien établie : chaque année, les IA-TICE (Interlocuteurs Académiques TICE) se réunissent pour faire le point sur l'enseignement de l'histoire-géographie. La capitale francomtoise accueillait cette réunion nationale en janvier dernier, le compte-rendu est en ligne sur Educnet : "Trois points forts : des propositions pour l'usage du numérique en histoire, des avancées et des interrogations sur les usages du numérique en géographie, une volonté de renforcer des synergies entre le travail des équipes TICE académiques et l'action de la Sdtice..." http://www.educnet.education.fr/histgeo/actualites/CR-Besancon-2010

Internet Explorer de plus en plus concurrencé... et de moins en moins fiable IE occupe toujours une position dominante, mais ses principaux rivaux grignotent mois après mois des parts de marché. Le classement à ce jour : - Internet Explorer : 58 % - Mozilla Firefox : 29 % - Safari : 5 % - Google Chrome : 4 % - Opera : 2 % (Étude réalisée dans 23 pays européens par AT Internet Institute) Cette tendance devrait s'amplifier du fait d'une importante faille de sécurité observée dans IE, faille qui a d'ailleurs permis la cyber-attaque chinoise à l'encontre de Google le mois dernier et qui a tourné à l'incident diplomatique entre les États-Unis et la Chine. A la suite de ces problèmes de sécurité, les autorités françaises, par l'entremise du CERTA (Centre d'Expertise Gouvernemental et de Traitement des Attaques informatiques), dans un bulletin d'alerte en date du 15 janvier, recommande l'utilisation d'un autre navigateur que IE. http://www.certa.ssi.gouv.fr/site/CERTA-2010-ALE-001/index.html

L'Iran ferme l'accès à Gmail C'est la dernière mesure en date prise par les dirigeants iraniens pour tenter de surveiller les flux d'information concernant leur population. La messagerie Google n'est donc plus accessible, elle devrait être remplacée par un dispositif national plus facilement contrôlable. D'autres décisions similaires ont déjà été prises concernant, par exemple, YouTube ou la confiscation d'antennes satellites.

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Parallèlement, une "cyber-armée iranienne" a réalisé (et réussi !) plusieurs attaques contre de grands sites comme Twitter et, plus récemment, Baidu, numéro 1 des moteurs de recherche en Chine (ZDNet). http://www.zdnet.fr/actualites/internet/0,39020774,39712926,00.htm#xtor=EPR-100

France : le très haut débit pour tous en 2025 ? Selon Michel Mercier (ministre de l’Espace rural et de l’Aménagement du territoire), l'accès au haut débit serait actuellement la principale revendication des populations rurales dans notre pays. Nicolas Sarkozy se serait engagé pour une couverture totale du territoire d'ici 2025. (Localtis.info) http://www.localtis.info/cs/ContentServer?c=artJour&pagename=Localtis%2FartJour%2FartJour&cid=1250259395616

Internet nuit à la santé ? Selon un article du journal Psychopathology, il existerait une relation entre utilisation excessive d'internet et dépression. L'étude réalisée en Angleterre montre que les états dépressifs sont cinq fois plus importants que la moyenne chez ce type d'internaute. http://content.karger.com/ProdukteDB/produkte.asp?Aktion=Ausgabe&Ausgabe=253793&ProduktNr=224276

FIG 2009 : vidéos en ligne sur Educnet Vous n'avez pas pu vous rendre au FIG cette année ? Vous n'avez pas tout raté : " ... Des séances ou séquences pédagogiques sont présentées au FIG par les enseignants dans un espace dédié à la Géomatique. Elles font l'objet d'une brochure dont les articles sont en téléchargement, mais aussi depuis cette année de deux courtes vidéos grâce au CNDP... " http://www.educnet.education.fr/histgeo/actualites/videos-FIG-2009

Classes mobiles : des vidéos pour comprendre Roland Odore nous signale que le site académique "Mediatice" a mis en ligne quelques vidéos tournées au Collège d'Oraison avec notre collègue Gilles Chamayou pour comprendre le fonctionnement d'une "classe mobile" informatique. http://www.mediatice.ac-aix-marseille.fr/webphp/

BeGraphic : un SIG gratuit sous Excel La société «Be Graphic » propose un module de dessin vectoriel qui s’intègre dans PowerPoint et Excel (versions 2000 à 2007). L’interface est traduite en français. Ce logiciel permet en particulier de créer des cartes en utilisant comme base de données des feuilles Excel. Il peut donc remplacer, dans le cadre d’un usage basique, un SIG. On peut intégrer dans cet outil des fonds de cartes au format Windows MetaFiles (WMF) qui est un des formats proposés par la cartothèque de l’académie d’Aix-Marseille et le site de Daniel Dalet (d-maps.com) qui met à disposition les cartes non utilisées par un usage scolaire direct. Rappelons le principe : il s’agit de composer une carte, non pas en dessinant dessus, mais en donnant une couleur ou en affectant un pictogramme sur un élément vectoriel prédéterminé (par exemple une carte de France divisée en éléments de base que peuvent être les Régions). Le logiciel permet d’afficher à côté de la carte une légende claire et dynamique. On peut en effet à partir de celle-ci (menu déroulant) faire apparaître sur la carte les différentes données contenues dans la feuille de calcul. Les seuils de discrétisations sont également bien visibles. Cet outil illustre bien l’importance prise par l’information géographique dans le monde de l’entreprise. Dans le cadre d’une présentation à usage mercatique, à côté des histogrammes et des images la carte semble devenir incontournable. Des perspectives intéressantes, en particulier pour nos classes de STG. Un autre intérêt est la création à partir de la même feuille de supports d’informations graphiques différents. L’occasion de monter que la carte n’est qu’une construction, une mise en forme particulière et orientée d’un jeu de données. Les points forts du produit : l’aspect « professionnel » et la facilité d’utilisation pour un utilisateur d’Excel averti, avec une insertion bien pensée dans ce tableur. Un point faible bien sûr : l’appartenance de cette solution au monde du logiciel propriétaire et payant à un moment où la suite Open Office tend à concurrencer la suite Microsoft dans le monde éducatif. Une version d’évaluation est disponible en téléchargement. La société n’affiche pas sur son site internet de prix, mais propose des devis personnalisés en fonction de l’usage. http://www.begraphic.com/

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Murièle Massé, Caroline Bon et Sandrine Khaled

Autour du thème Histoire et Littérature

- A Aix-en-Provence, exposition « Un écho aux œuvres de Camus» Cette exposition est construite à travers le prisme de la reliure qu’elle conçoit comme « un écho aux œuvres de Camus ». Pour autant, elle s’attache à faire découvrir ou redécouvrir les œuvres de Camus à travers la sensibilité des différents relieurs de l’auteur, soit près de 82 ! Centre de documentation Albert Camus. Cité du Livre, cour carrée, 8/10 rue des Allumettes, 13090 Aix-en-Provence. Du 25 février au 28 mai du mardi au vendredi de 14 h à 18 h, cette exposition est gratuite http://www.citedulivre-aix.com/Typo3/fileadmin/documents/Expositions/camusart/index.htm - Exposition Marcel Sahut Cette exposition au musée des Tapisseries présente une sélection de cent dessins retraçant l'histoire des arts de la scène de 1934 à 1974. Quarante années durant lesquelles Marcel Sahut a capturé d'un trait juste et puissant les plus grands comédiens, chanteurs, auteurs et danseurs : Jean Anouilh, Georges Brassens, Albert Camus, Jeannine Charrat, Jean Gabin, Johnny Halliday, Eugène Ionesco, Louis Jouvet, Henri Salvador, Jean Vilar, Achille Zavatta, et tant d'autres. Une magnifique exposition à voir et à revoir tant l’artiste fait ressortir la personnalité de chaque personnage dessiné. Au musée des tapisseries, ancien Palais de l’Archevêché, 28, place des Martyrs de la résistance, 13100 Aix Du 1er février au 25 avril tous les jours sauf le mardi de 13 h 30 à 17 h (de 10 h à 18 h à partir du 15 avril) Tel : 04 42 23 09 91 / Fax : 04 42 91 88 73 E-mail : [email protected] http://www.aixenprovencetourism.com/aix-musees.htm

Un point sur le Centre de Documentation du FRAC PACA Le Fonds Régional d’Art Contemporain met à la disposition du public 5 000 ouvrages sur l’art contemporain. Dix fonds distincts sont ainsi consultables sur place. CeuxŔci sont essentiellement consacrés aux artistes ayant exposé au Frac. Cependant, deux fonds mettent à la disposition des enseignants des ressources qui peuvent être utiles à l’enseignement de l’histoire des arts : - ouvrages généraux : ouvrages thématiques, catalogues d’expositions et de collections, essais sur l’art contemporain, la peinture, le cinéma, l’architecture… - revues spécialisées : Art Press, Artforum, Beaux-Arts Magazine, Contemporary Visual Art, Dits, Flash Art, Frieze, Les Cahiers du Mnam, Les Inrockuptibles, Le Journal des arts, Mouvement, Multitudes, L’Œil, Parachute, Parkett, Semaine,..., auxquelles le FRAC est abonné ; mais aussi des gratuits : Code magazine, Hors-d’œuvre, Off Shore, Pacemaker, Papiers Libres, Particules, Trouble, (U)l.s, Zérodeux,... À terme, le catalogue du fonds documentaire sera consultable sur le site du FRAC. FRAC PACA, 1 place Francis Chirat, 13002 Marseille, Métro Joliette Le centre de documentation est ouvert au public sur rendez-vous du mardi au vendredi de 14h à 18 h, consultation sur place uniquement. Fermé les jours fériés Tel. 04 91 91 27 55 -Fax. 04 91 90 28 50 ou [email protected] ou [email protected] pour la documentation, les éditions et l’iconographie, [email protected] pour la documentation, les échanges et le catalogage http://www.fracpaca.org/rubrique.php3?id_rubrique=21

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En lien avec les nouveaux programmes de sixième et seconde A Quinson, le Musée de préhistoire des Gorges du Verdon propose une exposition intitulée « La naissance des alphabets sur les rives de la Méditerranée ». Elle est présentée comme « Une histoire des lettres qui nous mènera de la Mésopotamie à l’Égypte où sont nés les premiers systèmes d’écriture jusqu’à la naissance de l’alphabet phénicien puis grec ». Exposition à voir du 5 février au 30 avril 2010. Musée de Préhistoire des gorges du Verdon 04500 Quinson Tél. : 04 92 74 09 59 Ouvert tous les jours sauf le mardi de 10 h à 18 h. Ouverture jusqu’à 19h du 6/02 au 22/02 http://www.museeprehistoire.com/

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Stéphane Gallardo et Alain Sidot

Une rubrique consacrée aux récits de voyage... Rory MacLean, Magic bus, Éditions Hoëbeke tonnants voyageurs, 2008, 415 p.

Rory MacClean est un écrivain voyageur. Il a consacré son dernier ouvrage à la route des hippies. 10 mois entre Istanbul et Goa en passant par l’Iran, l’Afghanistan, le Pakistan, l’Inde et le Népal sur les traces des « Intrépides ». Son récit est fait de rencontres avec les habitants des régions traversées, enrichi par une mise en perspective historique des voyages hippies et des conséquences sur les espaces qu’ils ont parcourus. Le titre Magic bus fait référence à Ken Kesey, une des personnalités marquantes de l’ère hippie. En 1964, il a traversé les États-Unis à bord d’un car de ramassage scolaire reconverti. Son voyage était un des précédents culturels de la piste vers l’Asie. Au volant de ce Magic bus, Neal Cassady, dont Jack Kerouac Ŕ le Whiteman du be-bop Ŕ s’est inspiré pour le personnage central de Sur la route. Tout le périple de Rory Maclean est rythmé par des anecdotes de cette époque hippie avec pour musique de fond les Beatles, Marianne Faithfull, les Rolling Stones, Bob Dylan ou encore les Pink Floyd. Un questionnement revient au fil du périple, en écho aux hypothèses de Bruce Chatwin quelques décennies plus tôt : les hippies ont-ils contribué à renforcer la résolution anti-occidentale des traditionalistes iraniens et afghans ? « Leur manie de mettre en avant la liberté personnelle n‘a-t-elle pas poussé ces nations déstabilisées à chercher frileusement refuge dans le passé ancien. » De même, la piste des Intrépides a donné naissance à une industrie touristique. Ces chantres de la contre-culture qui pensaient trouver le salut dans les montagnes himalayennes, ont contribué à la mondialisation des espaces qu’ils traversaient, et qui jusque-là étaient restés en marge. L’orientalisme et ses médecines douces ont pénétré l’Occident par le biais des Beatles, donnant alors naissance à une démultiplication des « pèlerinages » vers l’Inde notamment. Les Indiens trouvaient, d’ailleurs les hippies plutôt sympas rappelle une des rencontres de l’auteur, mais ils ont été désillusionnés avec le succès bollywoodien Haré Rama Haré Krishna sorti en 1971. Dans ce film l’héroïne Ŕ ex-miss India Ŕ s’enfuyait de chez elle pour suivre la route des hippies jusqu’au Népal. Le film offre le spectacle d’Occidentaux drogués errant dans les boîtes de nuit de Katmandou. À la fin, l’actrice principale se suicidait. « Première victime cinématographique de la fusion entre l‘Est et l‘Ouest. » La route des hippies c’est donc également l’histoire de la mondialisation et de la naissance des cultures métisses. La route unique qui reliait autrefois Istanbul à l’Asie orientale est depuis devenue multiple … « Dans un millier de salles d‘embarquement, une nouvelle génération d‘Intrépides se tient tout au bord du monde. Des randonneurs islandais en tongs lorgnent du côté des hôtesses de la compagnie Gulf Air (…). De jeunes garçons de Bombay en transit font du baratin aux vendeuses

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philippines des boutiques hors-taxes. Sur un autre continent, des gamins argentins grimpent dans des autocars-lits à impériale afin de traverser les Andes et d‘arriver sur les plages du Pacifique. (…) En Tanzanie, des apprentis pilotes frôlent des pistes en terre battue pour faire fuir les girafes (…). Des adolescents malais prennent l‘avion jusqu‘à Hong-Kong pour un week-end consacré aux boutiques (…). Des Écossais qui prennent une année sabbatique entre le bac et l‘université apprennent à pénétrer dans une yourte mongole en lançant : « Nokhoi Khor ! » - « ne lâchez pas le chien ! » De jeunes mariés égyptiens dorment à la belle étoile dans le désert de Namibie. Depuis les horizons désolés de la toundra arctique jusqu‘au pont de la classe touriste d‘un paquebot des Caraïbes, de nouveaux voyageurs se dressent pour accueillir le lever du soleil. » p 403-404 L’auteur livre des descriptions poétiques et vivantes des territoires qu’il traverse et des gens qui les pratiquent. Istanbul « La géographie complexe d‘Istanbul fait qu‘il est quasi impossible d‘en dresser une carte : trois douzaines de quartiers qui envahissent sept collines, pas de véritable centre, de l‘eau un peu partout, un méli-mélo chronologique. Le grand âge dilue sa fluidité. Je n‘arrive pas à assurer ma prise sur les courants de sa politique glissante, de ses transports chaotiques, de ses habitants qui se réunissent pour discuter, jaser et marchander. Sa lumière est maritime, puisqu‘elle a une mer sur chaque épaule, et pourtant la ville se trouve à plus de trois mille kilomètres de tout océan. Dix minutes de balade me permettent de passer d‘un village de pêcheurs grecs endormi à un cul-de-sac dans le style Habsbourg, qui fait penser à un tableau de Klimt. A l‘horizon déferlent des vagues de tours et de gratte-ciel du Nouveau Monde. Dans la spirale croissante de mes déambulations, l‘anarchie de ses rues, ses couleurs changeantes, ses millions de voix, ses rêves d‘un passé légendaire me paraissent à la fois étrangers et familiers. » Téhéran « Téhéran. Capitale de la révolution. Temple des martyrs. Foyer du programme d‘armement nucléaire de la garde révolutionnaire. Une maladie urbaine nourrie par la colère, le désespoir et une pollution si épaisse qu‘elle teinte l‘air. Naguère la ville la plus occidentalisée du Moyen-Orient, elle est aujourd‘hui un immense cimetière de la tolérance. (…) Dans les rues grouillantes, des paramilitaires tout en muscles se tiennent par la main, des mendiants psalmodient des prières, des jeunes femmes se promènent en roupouch bien coupé, qui moule le postérieur et attire l‘attention sur leur silhouette. Des nuées de mobylettes congestionnent les intersections, entre les blocs de tours grises identiques, remontent les couloirs d‘autobus à contresens et foncent jusque dans les bazars jonchés de détritus.» Bagram, base militaire américaine afghane « Situé à soixante-cinq kilomètres au nord de Kaboul, Bagram est un des centres névralgiques des cinq commandements globaux de l‘armée américaine. Dans cette vaste base, anciennement soviétique, sont stationnés quinze mille soldats. (…) Il y a deux Burger King, plus un restaurant Pizza Hut et une demi-douzaine de supermarchés. Sans oublier le complexe sportif, un assortiment de chapelains et un millier d‘ordinateurs reliés par plus de cent-trente kilomètres de câble. (…) Une demi-douzaine de voiturettes de golf viennent nous chercher. (…) Nous débouchons dans la métropole de tentes vertes et bifurquons au croisement de « Exxon Boulevard » et « Chevron Street ». (…) Après deux mois sur la route, je suis confondu par cette mine de biens de consommation typiquement américains : du beurre d‘arachide Reeces, des Twinkies, des côtes de bœuf surgelées, des CD proposant des compilations de jazz. (…) Nous ne sommes pas aux États-Unis certes, mais je peux vous garantir que nous ne sommes pas non plus à proximité de l‘Afghanistan. » Islamabad « Islamabad se révèle être une ville conçue par des urbanistes et ponctuée d‘enclaves de verdure, de larges avenues et de villas aux murs blancs protégés par des gardes armés, comme les repaires cachés des dictateurs d‘Amérique latine. Je sens son caractère artificiel, divorcé de la culture locale, son quadrillage et ses centres commerciaux qui participent de la banlieue homogénéisée. Le long de l‘avenue de la Constitution – que les autochtones appellent l‘avenue de la Constitution suspendue – s‘étend le quartier diplomatique dans toute sa stérilité. » Katmandou « Tout autour de moi, la banlieue moderne et tentaculaire fait penser à une douzaine d‘autres capitales asiatiques, plutôt qu‘à une ancienne idée du paradis. Je suis sur une passerelle qui enjambe les méandres du Vishumati, lorsque les réverbères se mettent à clignoter, avant de s‘éteindre tout doucement. Il n‘y a plus d‘électricité dans la ville, soit à cause d‘une grenade maoïste, soit à cause d‘un pot-de-vin qui a trop tardé à se concrétiser, et voilà Katmandou plongé dans l‘obscurité. Je mets pied à terre pour essayer de me repérer. (…) La route qui remonte vers

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Swayambhu est elle aussi dans le noir. Si bien que je m‘enfonce dans la bousculade déroutante, écoutant se mélanger les divers idiomes du vieux Népal et me dirigeant à vue de nez vers le cœur de la vieille ville. Dans la pénombre du crépuscule des bicyclettes pousse-pousse brinquebalent à travers le labyrinthe de rues pavées (…) Des maisons en bois bancales se dressent au-dessus de saints hommes (…). Les appels de vendeurs ambulants résonnent parmi les édifices croulants. » Les gérants du Pudding Shop, premier café de la route des hippies, à Istanbul « Dans votre livre, vous pourrez écrire que ce sont les hippies qui ont découvert la Turquie. (…) À l‘époque notre pays n‘avait pas de politique touristique, pas de téléphone, pas de centre d‘information (…). Parce que c‘était leur nature, mon oncle et mon père voulaient aider nos jeunes visiteurs à trouver leur chemin. Alors, ils affichaient des petites annonces sur le mur de notre pastane, indiquant le hammam le plus proche ou le prochain bateau pour Antalya. (…) Ce sont les hippies également qui nous ont appris à faire le Nescafé. »

Guy Delisle, Pyongyang, L’Association, 2003 Guy Delisle est auteur de BD. La rubrique de documentation en géographie du bulletin n° 86 de décembre 2007 avait déjà mentionné son travail en Birmanie (Chroniques birmanes, Editions le Shampooing, 2004). Ici il s’agit d’un ouvrage plus ancien mais très intéressant sur la capitale de la Corée du Nord. En mission à Pyongyang pour corriger les séquences d’animation d’un dessin animé, Guy Delisle en profite pour croquer avec beaucoup d’humour et de cynisme la capitale d’un des derniers Etats « fermés ». Fermé, l’État ne l’est pas à l’aide humanitaire, en effet c’est le pays qui reçoit le plus d’aide humanitaire permanente. Les ONG présentes nourrissent plus d’un tiers de la population, un rationnement discriminant de l’alimentation organisé par l’État ayant plongé la Corée du Nord dans l’insécurité alimentaire. Cette présence des ONG, mais également du Coca Cola, montre la mondialisation de ce pays, mais également les limites de la politique d’autosuffisance Ŕ le « Juché » - et de l’idéologie. Toujours accompagné d’un guide et d’un interprète, l’auteur nous balade dans les rues inanimées de Pyongyang, « ville fantôme dans un pays ermite » (p 25). La capitale nord-coréenne, ses trois hôtels, sa statue monumentale de Kim Il Sung (22 m), son immeuble gigantesque inachevé et inoccupé prévu pour accueillir des athlètes lors des Jeux Olympiques de Séoul en 1988, ses haut-parleurs municipaux qui encouragent les citadins au travail et à la solidarité… C’est également le quartier fermé des expatriés, représentants d’ONG essentiellement, ou encore des Américains venus déterrer des corps de soldats de la guerre de 1950-1953 et rechercher d’éventuels survivants enfermés dans des camps de « rééducation » depuis plus de 40 ans. Pyongyang est surtout une cité peuplée de sujets qui vivent au rythme de l’État et de son représentant suprême Kim Jong Il, présent sous forme de pin’s sur chacun des habitants de la cité. Au-delà de la ville, le pays semble être une immense campagne, où des haut-parleurs encouragent les paysans dans leur tâche et les flancs de montagnes sont décorés de graffitis en l’honneur du souverain. Une autoroute relie la capitale au musée des amitiés dans lequel sont réunis les cadeaux offerts au régime depuis 1950. Cet ouvrage peut être un support original pour aborder, notamment en classe de terminale, la question des espaces enclavés, « à l’écart de la mondialisation » pour montrer comme le disait Olivier Dollfus le caractère englobant de la mondialisation. « Nul ne peut faire abstraction [de la mondialisation] : refuser certains de ses effets, par le repli sur son groupe d‘appartenance ou par la recherche d‘une production autonome, c‘est aussi la prendre en compte et c‘est se situer par rapport à elle. C‘est en ce sens que l‘on peut dire que la mondialisation s‘internalise dans la vie et le quotidien des individus comme de toutes les sociétés. » Olivier Dollfus, « les espaces de la mondialisation », Sciences Humaines n°17, 1997.

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Des signes extérieurs, preuves d’échanges avec le reste monde, sont présents sur le territoire nord-coréen. Les récentes tentatives d’affirmation diplomatique (rapprochement du voisin sud-coréen, ou envoi de fusée) sont également la preuve de la participation de cet État au processus, et de son appartenance à l’espace mondialisé.

Bill Bryson, Nos voisins du dessous. Chroniques australiennes, Petite bibliothèque Payot, réed 2005 Les ouvrages sur l’Australie sont rares. Et d’une façon générale, on ne sait pas grand-chose de ce pays-continent situé aux antipodes. Bill Bryson est un auteur américain de récits de voyage. Parmi ses ouvrages, celui-ci sur l’Australie, pays dans lequel il s’est rendu à plusieurs reprises et dont il livre un récit très drôle et pertinent. Bill Bryson raconte l’Australie comme le pays le plus dangereux du monde (serpents, requins, crocodiles, araignées) certes, mais surtout comme une société extravertie, amicale et accueillante. L’auteur n’est pas un aventurier, mais il aura écumé lors de ses différents séjours les quatre coins du pays, traversant des espaces encore sauvages, s’aventurant dans les eaux de corail et de requins, foulant le sol poussiéreux du désert de Simpson ou encore les avenues aérées de Melbourne… Il ponctue son récit d’anecdotes croustillantes, hilarantes, mais vraies. Une seule question reste en suspens tout au long de son ouvrage, celle des Aborigènes. Le sujet semble être toujours tabou, les Australiens commençant tout juste à reconnaître les premiers habitants du pays. De longues pages reviennent sur la colonisation de l’Australie, sur les rapports conflictuels entre Blancs et Indigènes, mais aussi sur le système politique complexe Ŕ incompréhensible ? Ŕ de cet ancien dominion. Voici deux extraits retenus pour aborder les dynamiques urbaines en seconde, ou sur les paysages urbains en sixième à travers l’exemple de l’Australie et plus précisément de Sydney. Sydney, la cité idéale « La vie n‘offre guère de meilleur endroit où l‘on puisse souhaiter se trouver, à huit heures et demie du matin par un beau jour d‘été, que Circular Quay à Sydney. D'abord, le panorama est superbe, un des plus beaux du monde. À votre droite, étincelant et presque aveuglant, vous avez le célèbre opéra qui lance vers le ciel la hardiesse de ses toits. A votre gauche, Harbour Bridge, ce pont immense et majestueux. De l‘autre côté des eaux, comme une invitation à la fête, les dorures de Luna Park, ce parc d‘attraction avec sa drôle de tête de fou grimaçant en guise d‘entrée. La baie est sillonnée de ferries démodés à la silhouette ventrue, semblant sortir tout droit d‘un livre d‘enfants des années 1940 et dégorgeant de files d‘employés de bureau bronzés, en tenue estivale, qui vont remplir les hautes tours de verre et de béton se dressant derrière vous. » p 90 L’Australie, un monde de villes « Il est difficile de décrire le vide colossal de l‘Australie. C‘est de loin l‘une des nations les moins densément peuplées de la terre. En Grande-Bretagne, la densité de population est de 244 habitants au kilomètre carré, en France elle est de 109,1, aux États-Unis de 29,8. (Et il faut rappeler le record de 28 748 à Macao, un pays certainement douillet et convivial.) L‘Australie, en revanche, ne compte que 2,5 habitants au kilomètre carré. Mais ce chiffre lui-même est trompeur puisque les Australiens vivent en majorité dans une série d‘agglomérations regroupées le long des côtes et boudent les étendues désertiques de l‘intérieur. En fait, la proportion de gens (quatre-vingt-six pour cent) vivant en zone urbaine en Australie est comparable à celle des Pays-Bas et s‘approche même de celle de Hong-Kong. » p 174.

Jack Kerouac, Sur la route, Folio, 1960 réed 2007 En 1944, à New York se forme un trio d’amis inséparables : Jack Kerouac, Allen Ginsberg et William Burroughs. Ils ont la vision d’une « génération de types à la coule illuminés et fous qui tout à

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coup se lèveraient pour parcourir l‘Amérique, sérieuse, curieuse, clocharde et faisant du stop dans toutes les directions, en loque, béate, d‘une laideur belle dans sa grâce et sa nouveauté » (in Yves Buin, Kerouac, Folio Biographies n°17) C’est cette traversée multiple de l’Amérique par Sal et ses amis de la Beat Generation que conte ce roman autobiographique. C’est un ouvrage éclairant sur les États-Unis de l’après-guerre (l’action se passe en 1947) et sur les mouvements marginaux balbutiant aux quatre coins des États-Unis avec pour lieu de ralliement, San Francisco. Des dizaines de véhicules prennent en stop Sal sur les routes droites à perte de vue de tous les Etats du territoire américain. C’est surtout « l’Amérique d’en-bas » qui est décrite, celle des clochards, des vagabonds, des immigrés mexicains, des ouvriers agricoles Ŕ que l’on rencontre dans Des souris et des hommes de Steinbeck Ŕ des étudiants bourgeois qui ont fait vœu de pauvreté et de retour aux sources, des Indiens ivrognes et oubliés, des Hollywoodiens en quête de célébrité, des serveuses des road houses. Le roman nous plonge dans les métropoles rayonnantes - pas pour tout le monde Ŕ américaines, mais aussi dans les villes industrielles de l’Arkansas, du Colorado et de l’Iowa, des villes transit traversées par les camions et les trains de marchandises ; Sal s’embraque à travers les grandes plaines du centre, le plateau désertique de l’ouest. Mais ce n’est pas un éloge aux grands espaces comme le livre Into the wild, plutôt une description amère de l’Amérique de la guerre froide et du rêve américain. Los Angeles, South Main Street « South Main Street, où Terry et moi allions nous balader en mangeant des hot-dogs, était un fantastique carnaval de lumière et de sauvagerie. Des flics bottés fouillaient les gens presque à tous les coins de rue. La pègre la plus carabinée du pays grouillait sur les trottoirs – tout ça sous les étoiles pâles du sud californien noyé dans le halo brun du vaste campement désertique qu‘est en fait Los Angeles. On pouvait humer le thé, l‘herbe, j‘entends la marijuana, qui surnageait dans l‘air parmi les relents de chilis et de bière. Le flot magnifique, sauvage du bop s‘exhalait des bistrots ; cela faisait un pot pourri avec toutes les sortes de rythmes cow-boy et boogie-woogie de la nuit américaine. Des nègres extravagants avec des casquettes bop et des barbiches passaient en rigolant ; puis des épaves aux longs cheveux, à bout de fatigue, qui débarquaient droit de New-York par la route 66 ; puis des vieux rats du désert, traînant leur ballot en quête d‘un banc public à la Plaza ; puis des pasteurs méthodistes aux manches effilochées et, de temps en temps, un saint du genre « Fils de la Nature », portant la barbe et la sandale. » p 126 Le Nebraska « Puis ce fut Omaha et, bon Dieu, le premier cow-boy que j‘ai jamais vu marchant le long des murs déserts des abattoirs, avec un vrai chapeau de cow-boy sur la tête et des bottes du Texas (…). - Pendant la crise, me dit le cow-boy, j‘avais l‘habitude de faire le dur au moins une fois par mois. À cette époque on voyait des centaines de types voyager sur les plates-formes ou dans les fourgons, et ce n‘étaient pas de simples clochards, c‘étaient toutes espèces de gens sans travail, qui naviguaient d‘un endroit à l‘autre, et les vagabonds n‘étaient qu‘une minorité. C‘était comme ça dans tout l‘Ouest. Je ne sais pas où ça en est aujourd‘hui. Le Nebraska, j‘ai rien à en foutre. Dans les années trente, il n‘y avait ici rien d‘autre qu‘un énorme nuage de poussière aussi loin que la vue pouvait porter. Pas question de respirer. Le sol était noir. Je vivais ici en ce temps là. Ils peuvent rendre le Nebraska aux Indiens (…). Je déteste ce damné pays plus qu‘aucun autre au monde. » p 39

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Annabelle Sourisseau et Fabrice Touboul

Le thème de ce numéro « Histoire et littérature » n’est pas un des plus aisés en ce qui concerne

cette rubrique. Toutefois, si vous avez des compétences particulières dans ces deux domaines croisés, vous pouvez songer à une évolution de carrière et présenter le concours de conservateur des bibliothèques. Vous en trouverez les modalités et les attentes sur le site du MEN, épreuves et programmes. On ne peut que rappeler la liaison étroite de nos enseignements avec la maîtrise de la langue française et la connaissance de la culture humaniste (grandes œuvres littéraires). Ce lien est clairement établi dans les compétences et connaissances du socle commun. Il est nécessaire pour chaque élève sortant du collège de maîtriser les éléments du socle (Décret nº 2006-830 du 11 juillet 2006).

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Le Bulletin Officiel spécial n° 1 du 4 février 2010 présente la réforme du lycée. http://www.education.gouv.fr/pid23791/special-n-1-du-4-fevrier-2010.html Ainsi, la classe de seconde devient une classe de détermination. Les enseignements en seconde « comprennent, pour tous les élèves, des enseignements généraux communs, des enseignements optionnels d'exploration offerts au choix des élèves. Ces derniers ont également la possibilité de suivre un enseignement optionnel facultatif. » L’histoire et la géographie seront enseignées 3 h par semaine ; l’ECJS sera pratiquée « en groupe à effectif réduit » à raison de 0,30 h hebdomadaire. L’autonomie des EPLE (établissement public local d’enseignement) se traduit par la capacité à organiser. Ainsi concernant les enseignements, il est prévu : «Une enveloppe horaire est laissée à la disposition des établissements pour assurer des enseignements en groupes à effectif réduit. Son volume est arrêté par les recteurs sur une base de 10 h 30 par semaine et par division, ce volume pouvant être abondé en fonction des spécificités pédagogiques de l'établissement. Son utilisation dans le cadre de l'établissement fait l'objet d'une consultation du conseil pédagogique ». De même, l’organisation de l’accompagnement personnalisé (72 heures annuelles) de tous les élèves fait l’objet de propositions du conseil pédagogique, puis doit être approuvée par le CA. Il doit comprendre « des actions coordonnées de soutien, d'approfondissement, d'aide méthodologique et d'aide à l'orientation, pour favoriser la maîtrise progressive par l'élève de son parcours de formation et d'orientation.» A cela s’ajoute un dispositif de « tutorat proposé à tous les élèves. Il consiste à les conseiller et à les guider dans leur parcours de formation et d'orientation.» A l’issue des conseils de classe, il peut être recommandé à l’élève de suivre des stages passerelles. Il peut également bénéficier de stages de remise à niveau, notamment pour éviter un redoublement. La réforme est applicable pour la classe de seconde dès septembre 2010. Vous trouverez les modifications du cycle terminal, applicables les années suivantes, à la suite du même BO. Retenons le maintien de la proposition pourtant fortement contestée, de rendre optionnel l’enseignement d’Histoire géographie aux terminales scientifiques (2h par semaine). En revanche, l’ECJS reste obligatoire pour tous.

La réforme du lycée met en œuvre également le développement de l’histoire des arts et le renforcement de l’accès à la culture pour tous, dans le prolongement de ce qui a été fait à l’école et au collège. Ainsi, chaque lycée, dans le cadre du volet culturel de son projet d’établissement (circulaire n° 2007-022 du 22 janvier 2007), doit développer une démarche partenariale visant à favoriser l’accès de tous à toutes les formes de culture (pratiques artistiques, mais également connaissances en histoire des arts, cultures cinématographique, musicale, littéraire…). Pour ce faire, « un « référent culture » est désigné dans chaque lycée. Il s'agit d'un professeur volontaire qui a pour mission d'assurer la cohérence, la qualité et le suivi de la mise en œuvre du volet culturel du projet d'établissement. » Vous trouverez le détail de ses missions en cliquant sur le lien suivant : http://www.education.gouv.fr/cid50473/mene1002846c.html

Répartition de la DGH. Dans le cadre de la politique d’autonomie pédagogique renforcée de l’EPLE, les chefs d’établissement ont vu modifié l’article 3 (R. 421-9 du code de l’éducation). Jusqu’alors le chef d’établissement soumettait la répartition de la DGH au CA et, en cas de rejet lors du vote, l’inspection académique tranchait. Cette procédure affirmait la prérogative de l’État. Dès cette année, « dans l'hypothèse où la proposition relative à l'emploi des dotations en heures est rejetée par le conseil d'administration, la commission permanente procède à une nouvelle instruction avant qu'une nouvelle proposition soit soumise au vote du conseil d'administration. Le second vote du conseil doit intervenir dans un délai de dix jours suivant son premier vote. En cas de rejet de cette seconde proposition, le chef d'établissement en qualité de représentant de l'État arrête l'emploi des dotations en heures ». L’autonomie et la responsabilité du chef d’établissement se voient donc renforcées. Les syndicats des personnels de direction ont fait observer que cette modification les met en première ligne, alors qu’ils n’ont pas d’autonomie sur la dotation globale. http://www.education.gouv.fr/cid50478/mene0929852d.html

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