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Histoire du safran 1 Histoire du safran Des fleurs de safran, représentées par de petites touffes rouges, sont cueillies par deux femmes sur une fresque minoenne incomplète découverte dans les fouilles d'Akrotiri sur l'île égéenne de Santorin. Lhistoire du safran, dans sa culture et son usage, remonte à plus de 3500 ans [1] ,[2] et traverse plusieurs cultures, continents et civilisations. Le safran, une épice issue des stigmates séchés de fleurs de safran (Crocus sativus), fait partie des substances les plus chères du monde de toute l'Histoire. Avec son goût amer, son odeur proche du foin et ses tons légèrement métallisés, le safran est utilisé comme assaisonnement, parfum, teinture et médicament. Le safran vient du Moyen-Orient [3] ,[4] , mais a été cultivé pour la première fois en Grèce [5] . L'ancêtre sauvage de la fleur de safran domestique est le Crocus cartwrightianus. Des agriculteurs ont élevé des spécimens de C. cartwrightianus en sélectionnant des plantes ayant des stigmates particulièrement longs. À force de croisements, à la fin de l'Âge de Bronze, une forme mutante de C. cartwrightianus, C. sativus, est apparue en Crète [6] . La première référence au safran a été repérée dans des écrits botaniques assyriens datant de l'ère d'Assurbanipal (VII e  siècle av. J.-C.). On a retrouvé depuis des documents indiquant l'usage du safran sur 4000 ans dans le traitement de quelques quatre-vingt-dix maladies [7] . Le safran s'est ensuite lentement propagé à travers l'Eurasie, atteignant plus tard l'Afrique du Nord, l'Amérique du Nord et l'Océanie. Dans la culture gréco-romaine Un détail de la fresque des « Cueilleurs de Safran », sur un mur de l'édifice Xeste 3. Plusieurs fresques représentant le safran ont été découvertes dans les fouilles d'Akrotiri. Le safran a joué un rôle significatif durant la période classique gréco-romaine (du VIII e  siècle av. J.-C. au III e  siècle) [8] . Néanmoins, la première apparition du safran dans la culture grecque est plus ancienne et remonte à l'Âge du Bronze. Une récolte de safran est présente sur une des fresques de la Crète minoenne au palais de Knossos [2] , qui dépeint des fleurs ramassées par de jeunes filles et des singes. L'un des sites de ces fresques se trouve dans l'édifice Xeste 3 d'Akrotiri, sur l'île grecque de Santorin (connue aussi en grec ancien sous le nom de Théra). Les fresques de Xeste 3 sont datées de 16001500 av. J.-C. [7] (plusieurs autres dates ont été données, comme 30001100 av. J.-C. [9] ou encore le XVII e  siècle av. J.-C. [10] ). Elles représentent une déesse grecque supervisant la cueillette de fleurs et la sélection de stigmates qui seront utilisés dans la fabrication d'un médicament [9] . Une fresque au même endroit représente également une femme utilisant du safran pour soigner son pied en sang [7] . Ces fresques de Théra sont les premières représentations picturales exactes d'un point de vue botanique de l'utilisation du safran en tant que plante médicinale [9] . Les terres minoennes de culture de safran d'Akrotiri à Santorin ont été finalement détruites par un terrible tremblement de terre et l'éruption volcanique qui suivit entre 1645 et 1500 av. J.-C. [11] . Les cendres volcaniques ensevelirent les fresques du safran, permettant leur conservation [12] .

Histoire Safran

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Histoire du safran 1

Histoire du safran

Des fleurs de safran, représentées par de petitestouffes rouges, sont cueillies par deux femmes sur

une fresque minoenne incomplète découvertedans les fouilles d'Akrotiri sur l'île égéenne de

Santorin.

L’histoire du safran, dans sa culture et son usage, remonte à plus de3500 ans[1] ,[2] et traverse plusieurs cultures, continents et civilisations.Le safran, une épice issue des stigmates séchés de fleurs de safran(Crocus sativus), fait partie des substances les plus chères du monde detoute l'Histoire. Avec son goût amer, son odeur proche du foin et sestons légèrement métallisés, le safran est utilisé comme assaisonnement,parfum, teinture et médicament. Le safran vient du Moyen-Orient[3] ,[4]

, mais a été cultivé pour la première fois en Grèce[5] .

L'ancêtre sauvage de la fleur de safran domestique est le Crocuscartwrightianus. Des agriculteurs ont élevé des spécimens de C.cartwrightianus en sélectionnant des plantes ayant des stigmatesparticulièrement longs. À force de croisements, à la fin de l'Âge deBronze, une forme mutante de C. cartwrightianus, C. sativus, estapparue en Crète[6] . La première référence au safran a été repérée dansdes écrits botaniques assyriens datant de l'ère d'Assurbanipal(VIIe siècle av. J.-C.). On a retrouvé depuis des documents indiquantl'usage du safran sur 4000 ans dans le traitement de quelques quatre-vingt-dix maladies[7] . Le safran s'est ensuitelentement propagé à travers l'Eurasie, atteignant plus tard l'Afrique du Nord, l'Amérique du Nord et l'Océanie.

Dans la culture gréco-romaine

Un détail de la fresque des « Cueilleurs de Safran», sur un mur de l'édifice Xeste 3. Plusieurs

fresques représentant le safran ont étédécouvertes dans les fouilles d'Akrotiri.

Le safran a joué un rôle significatif durant la période classiquegréco-romaine (du VIIIe siècle av. J.-C. au IIIe siècle)[8] . Néanmoins,la première apparition du safran dans la culture grecque est plusancienne et remonte à l'Âge du Bronze. Une récolte de safran estprésente sur une des fresques de la Crète minoenne au palais deKnossos[2] , qui dépeint des fleurs ramassées par de jeunes filles et dessinges. L'un des sites de ces fresques se trouve dans l'édifice Xeste 3d'Akrotiri, sur l'île grecque de Santorin (connue aussi en grec anciensous le nom de Théra). Les fresques de Xeste 3 sont datées de1600–1500 av. J.-C.[7] (plusieurs autres dates ont été données, comme3000–1100 av. J.-C.[9] ou encore le XVIIe siècle av. J.-C.[10] ). Ellesreprésentent une déesse grecque supervisant la cueillette de fleurs et lasélection de stigmates qui seront utilisés dans la fabrication d'unmédicament[9] . Une fresque au même endroit représente égalementune femme utilisant du safran pour soigner son pied en sang[7] . Cesfresques de Théra sont les premières représentations picturales exactesd'un point de vue botanique de l'utilisation du safran en tant que plantemédicinale[9] . Les terres minoennes de culture de safran d'Akrotiri àSantorin ont été finalement détruites par un terrible tremblement de terre et l'éruption volcanique qui suivit entre1645 et 1500 av. J.-C.[11] . Les cendres volcaniques ensevelirent les fresques du safran, permettant leurconservation[12] .

Histoire du safran 2

Des légendes grecques anciennes décrivent des marins sans peur embarquant pour des voyages longs et périlleuxdans les terres éloignées de Cilicie, d'où ils pensaient pouvoir ramener ce qu'ils considéraient comme étant le safranle plus précieux du monde[13] . La légende la plus connue sur le safran est celle décrivant l'histoire de Crocus etSmilax : Crocus, jeune et bel homme, suit la nymphe Smilax dans les bois près d'Athènes. Durant leur courte périoded'amour idyllique, Smilax est sous le charme de ses avances, puis commence à se lasser de ses attentions. CommeCrocus insiste malgré ses réticences, elle en vient à l'ensorceler, transformant le jeune Crocus en fleur de safran, sesstigmates orange flamboyant symbolisant sa passion immortelle pour Smilax[14] . La tragédie et l'épice seraientévoquées plus tard par Ovide[15] :

Cette reconstruction inexacte[16] d'une fresqueminoenne de Knossos, Crète, représente un

homme (au lieu d'un singe) récoltant des fleurs desafran.

« Toi aussi, Celmis, maintenant diamant, jadis très fidèle àJupiter enfant,et vous, Curètes, nés d'une pluie abondante, et vous,devenuspetites fleurs, Crocus et Smilax, je vous passe sous silence.Je retiendrai vos esprits par le charme d'un récit nouveau. »— Ovide, Métamorphoses[15]

Pour les peuples de la Méditerranée antique, le safran provenant de laville côtière de Soles (Cilicie) était le plus précieux, en particulierlorsqu'on s'en servait en tant que parfums et pommades[8] . Toutefois,des personnalités telles que Hérodote et Pline l'Ancien ont valorisé sesconcurrents assyrien et babylonien du Croissant fertile comme étant

meilleurs en tant que traitements des maladies gastro-intestinales et rénales[8] . La production de safran grec del'antre corycien au Mont Parnasse est aussi devenue remarquable. La couleur du crocus corycien est mentionnée pourune comparaison dans les Argonautiques d'Apollonios de Rhodes[17] , et ses effluves dans les Épigrammes deMartial[18] .

Une déesse grecque (montrée endétail) supervise la fabrication de

médicaments à base de safran. Détailde la fresque de Théra sur l'île

volcanique de Santorin.

À la fin de l'Égypte ptolémaïque, Cléopâtre verse un quart de tasse de safran dansses bains chauds pour bénéficier de ses propriétés cosmétiques et de ses qualitésde colorant. Elle l'utilise aussi avant de rencontrer des hommes, croyant en sesvertus aphrodisiaques[19] . Les guérisseurs égyptiens emploient le safran commetraitement contre un large panel de maladies gastro-intestinales[20] . Par exemple,quand des maux d'estomac se transforment en hémorragie interne, un traitementégyptien consiste en des graines de fleur de safran mélangées et écrasées avecdes restes d'arbre d’aager, de la graisse de bœuf, de la coriandre, et de la myrrhe.Cette pommade ou cataplasme est appliquée sur le corps. Les médecins del'époque s'attendent à « [l'expulsion du] sang par la bouche ou le rectum quiressemble à du sang de porc une fois cuit »[21] . Les affections du systèmeurinaire sont aussi soignées via une émulsion oléagineuse de fleurs de safranprécoces mélangées à des haricots rôtis ; c'est appliqué localement sur l'homme.La femme ingère une préparation plus complexe[22] .

Dans cette période gréco-romaine, grâce aux Phéniciens, le commerce du safranest largement répandu parmi les Méditerranéens. Leurs clients vont des parfumeurs de Rosette en Égypte, auxmédecins de Gaza, en passant par les habitants de Rhodes qui portaient des petits sacs de safran pour masquer laprésence de concitoyens malodorants lors de sorties au théâtre[23] . Pour les Grecs, le safran est souvent associé auxcourtisanes professionnelles et domestiques connues sous le nom d’hétaïres. De plus, de grandes teintureries deSidon et Tyr utilisent des bains de safran comme ersatz. Là-bas, les robes royales sont trempées trois fois dans desteintures en pourpre foncé ; pour les robes des prétendants et roturiers, les deux derniers bains sont en fait à base desafran, ce qui éclaircit la teinte pourpre[24] .

Histoire du safran 3

Les Grecs et les Romains apprécient le safran pour son usage en tant que parfum et déodorant. Ils le répandent dansles espaces publics tels que des halls et cours royaux ou les des amphithéâtres. Quand l'empereur Néron est entrédans Rome, on a répandu du safran dans les rues, les riches Romains prennent tous les jours des bains de safran. Ilsemploient le safran comme mascara, mélangent des fils de safran dans leurs vins, l'éparpillent dans les halls et lesrues en pot-pourri, et l'offrent à leurs divinités. Les colons romains ont emporté du safran avec eux lorsqu'ilss'établirent dans le sud de la Gaule. Il y fut cultivé de manière intensive jusqu'aux invasions barbares de 271 av. J.-C.Diverses théories s'affrontent sur le retour du safran en France, certains évoquant l'arrivée des Maures auVIIIe siècle, d'autres la Papauté d'Avignon au XIVe siècle[25] .

Dans la culture perse

Deux fleurs de safran dans la Préfecture d'Ōsakaau Japon.

Des pigments de safran ont été retrouvés dans les peinturespréhistoriques servant au dessin d'animaux sauvages dans de l'artrupestre âgé de 50000 ans découvert dans l'Irak d'aujourd'hui[14] ,[26] .Plus récemment, les Sumériens ont employé le safran commeingrédient dans leurs remèdes et potions magiques. Ils ne cultivent pasde safran et préfèrent le récolter sur des fleurs sauvages, considérantque seule l'intervention divine octroyait les propriétés médicinales dusafran[27] . De tels témoignages corroborent le fait que le safran est unproduit qui a été en usage bien avant que sa culture dans les palaisminoens de Crète atteigne son apogée dans le IIe millénaire av. J.-C. Lesafran est également loué depuis 3 000 ans dans le Tanakh hébraïquepour son parfum suave[28] :

« Tu as la fraîcheur d'un verger de paradis planté degrenadiers aux fruits exquis. S'y croisent les parfums duhenné et du nard, du nard et du safran, du laurier et de lacannelle avec ceux de tous les bois odorants ; »— Cantique des cantiques[28]

En Perse, le safran (plus particulièrement le cultivar 'Hausknechtii') est cultivé à Derbent et Ispahan au Xe siècle av.J.-C. On a retrouvé là-bas des fils de safran perse entremêlés dans des tapis et linceuls royaux[14] . Le safran servaitaux croyants comme offrande à leurs divinités, mais aussi de teinte jaune éclatante, parfum, médicament. Ainsi, desfils de safran étaient éparpillés sur les lits et servis dans des thés chauds pour contrer les accès de mélancolie. En fait,les étrangers sont nombreux à soupçonner que les fils de safran perse utilisé pour épicer nourriture et thés sont dessédatifs et des aphrodisiaques. Ces craintes expliquent l'appréhension des voyageurs à goûter la cuisine persesafranée[8] . Dissous dans l'eau avec du santal, le safran perse est utilisé pour laver les corps transpirants après dedurs travaux sous le soleil brûlant de Perse[29] . Plus tard, le safran perse a été abondamment utilisé par Alexandre leGrand et ses armées durant leurs campagnes asiatiques. Ils s'en servent dans le thé et dînent de riz safrané. Alexandreen saupoudre même ses bains chauds. Il croit pouvoir soigner ainsi ses nombreuses blessures, et sa confiance grandità chaque traitement. Il va jusqu'à recommander les bains au safran à ses subordonnés. Les soldats grecs, sous lecharme de ses prétendues vertus curatives continuent à l'utiliser de retour en Macédoine[30] . La culture du safranatteint aussi ce qui est aujourd'hui la Turquie, les récoltes se concentrant autour du nord de la ville de Safranbolu ;cette région est encore connue pour ses festivals annuels autour de la récolte du safran.

Histoire du safran 4

Dans la culture indo-chinoiseIl existe plusieurs récits contradictoires à propos de l'arrivée du safran dans le sud et l'est de l'Asie. Certains reposentsur des récits historiques glanés dans des archives perses. Beaucoup d'experts ont montré que le safran, avec d'autresépices, aurait été introduit en Inde grâce aux efforts de quelques dirigeants perses voulant retrouver dans leurs jardinsen Inde les plantes de leur région d'origine : ils accomplissaient cela en transplantant des cultivars sélectionnés àtravers l'Empire Perse[31] . Selon une autre version, il semble qu'après la conquête du Cachemire par la Perse, descormes de fleurs de safran ont été transplantés dans de la terre cachemire. Les premières récoltes ont eu lieu quelquepart avant 500 av. J.-C.[5] . Les Phéniciens ont commencé dès le VIe siècle av. J.-C. à proposer ce nouveau safrancachemire le long de leurs vastes routes commerciales. Une fois vendu, le safran cachemire est utilisé pour luttercontre la mélancolie et en tant que teinture textile[8] .

Le monolithe de 17.8 m deGomateshvara, datant de 978–993ap. J.-C., est oint de safran tous les12 ans par des milliers de fidèles,

lors de la cérémonie Maha MasthakaAbhisheka.

D'un autre côté, des légendes traditionnelles racontent que le safran est arrivé lapremière fois entre le XIe et le XIIe siècle ap. J.-C., avec deux ascètes soufisétrangers et nomades, Khwaja Masood Wali et Hazrat Sheikh Sharifuddin, quivoyageaient à travers le Cachemire. Tombés malades, ces étrangers ontquémandé des soins auprès du chef d'une tribu locale. En remerciement etrécompense pour l'aide de ce chef, ils lui auraient alors offert des bulbes de fleursde safran. Depuis ce jour, on adresse à ces deux saints des prièresreconnaissantes lors de la saison de récolte du safran à la fin de l'automne. Unechapelle et un tombeau en or leur sont consacrés à Pampore, village indiencélèbre pour ses champs de safran. Toutefois, le poète et érudit cachemireMohammed Yusuf Teng conteste cela. Pour lui, cela fait plus de deux millénairesque le safran est cultivé au Cachemire. On ferait mention de ces anciennescultures indigènes dans des épopées tantriques cachemires de cette époque[32] .

D'anciens récits bouddhiques chinois de l'ordre monastiqueMula-Sarvāstivādin[33] (ou vinaya) exposent une toute autre histoire del'introduction du safran en Inde. Selon la légende, l'apôtre bouddhiste indienarhat du nom de Madhyantika (ou Majjhantika) a été envoyé au Cachemire auVe siècle av. J.-C. À son arrivée, il aurait semé les premiers plants de safran de

Cachemire[34] . Depuis lors, l'usage du safran s'est répandu à travers le sous-contient indien. En plus de son emploien cuisine, les stigmates de safran sont également trempés dans de l'eau pour produire une solution dorée utiliséecomme teinture textile. Le succès de cette teinture est tel qu'immédiatement après la mort du Bouddha SiddhārthaGautama, ses moines gardiens ont décrété que le safran serait la couleur officielle des robes et rideauxbouddhiques[35] .

Quelques historiens pensent que le safran est arrivé en Chine avec les envahisseurs mongols provenant de Perse. Lesafran est cité dans des anciens textes médicaux chinois, y compris l'important traité médical Bencao gangmu, grandcodex d'herbes médicinales (p. 1552–78), un tome datant d'environ 1600 av. J.-C. (et attribué à Shennong)documentant des milliers de traitements à base de plantes médicinales contre différents maux[35] . Cependant, auxenvirons du IIIe siècle ap. J.-C., les Chinois ont fait référence au safran, indiquant qu'il provenait du Cachemire.Ainsi, Wan Zhen, un expert médical chinois, rapporte que « [l']habitat du safran est le Cachemire, où on le cultive eton l'offre au Bouddha ». Wan a aussi réfléchi sur l'usage du safran à son époque : « La fleur [de safran] fane aprèsquelques jours, et on obtient du safran. Il est prisé pour sa couleur jaune uniforme. Il peut être utilisé pour parfumerle vin »[34] .De nos jours, la culture du safran s'est répandue en Afghanistan grâce aux efforts de l'Union européenne et du Royaume-Uni. Ils ont conjointement promu la culture du safran auprès des fermiers afghans pauvres et démunis en tant qu'alternative idéale à la production illégale mais lucrative de l'opium[36] , insistant sur le caractère du climat

Histoire du safran 5

ensoleillé et semi-aride de l'Afghanistan qui est très favorable à la croissance des fleurs de safran.

Des manuscrits enluminés médiévaux européens,tels que cette peinture du XIIIe siècle représentant

l'assassinat de l'archevêque de CantorbéryThomas Becket, utilisent souvent de la teinture de

safran pour fournir des nuances de jaune etd'orange.

Dans la culture européenne

La culture du safran en Europe a rapidement décliné à la suite de lachute de l'Empire romain. Pendant plusieurs siècles, cette culture sefait rare voire inexistante à travers toute l'Europe. Cette tendances'inverse quand la civilisation maure s'étend en Afrique du Nord pours'établir dans la péninsule ibérique, dans une partie de la France et dansle sud de l'Italie. Les Maures auraient réintroduit des cormes de safrandans la région poitevine après leur défaite contre Charles Martel lors dela bataille de Poitiers de 732[37] . Deux siècles après leur conquête del'Espagne, les Maures ont planté du safran dans les provinces du sudd'Andalousie, de Castille, de la Manche, et de Valence[37] .

Quand la Peste noire ravage l'Europe entre 1347 et 1350, la demandepour le safran et sa culture explose. Il est convoité par les victimes dela peste pour ses propriétés médicinales, mais la plupart des fermierseuropéens capables de le faire pousser ont été emportés par la maladie,d'où l'arrivée de grandes quantités de safran provenant de terresextra-européennes[38] . Néanmoins, les fils de safran de premièrequalité des terres musulmanes ne partent jamais pour l'Europe,conséquence des conflits qui éclatent avec le début des Croisades. Desimportations qui venaient d'endroits tels que Rhodes ont fournil'Europe centrale et du nord.

Attaque sur Falkenstein, par le peintre d'histoireKarl Jauslin

Le précieux safran devient l'un des points de friction dans les conflitsqui ont éclaté entre la noblesse et une bourgeoisie en plein essor,comme le Conflit du safran ((de) Safrankrieg) de 1374. Suite aupiratage d'une cargaison de 360 kg de safran par des nobles[38] n'ayantpas été récompensés pour une aide qu'ils avaient fournie auparavant, lechâteau Falkenstein (de), où ils se réfugient, subit un siège de quatorzejours, à la suite duquel les nobles capitulent, récoltent une forte amendeet les mercenaires les ayant aidés finissent tous décapités. Ce fret desafran, pour la ville de Bâle, serait évalué aujourd'hui à plus de500000 $ US[39] mais servira à dédommager l'effort de guerre, lesmarchands à qui il était destiné ne recevant au final que le faiblereliquat.

Le commerce du safran au XIVe siècle est le sujet de convoitise, piratage et vol massifs. Les pirates sillonnant leseaux méditerranéennes se détournaient des chargements d'or, leur préférant le safran vénitien et gênois en route pourl'Europe. Les Bâlois, conscients de ce problème de piratage, ont par conséquent commencé à développer la culturedu safran localement en plantant leurs propres cormes. Après plusieurs années de récoltes de safran abondantes etlucratives, Bâle est devenu très prospère par rapport aux autres villes européennes. Bâle essaie alors de protéger sonstatut en rendant hors-la-loi l'exportation de cormes en dehors des limites de la ville ; des gardes sont postés pourempêcher les voleurs de cueillir les fleurs ou déterrer les cormes. Malgré toutes ces précautions, pour des raisons malconnues après une dizaine d'années, la culture du safran dépérit, ce qui pousse la ville de Bâle à l'abandonner[40] .

Histoire du safran 6

Des fils de safran perse d'Iran.

Le cœur du commerce de safran en Europe centrale s'est déplacéensuite à Nuremberg, pendant que les marchands de Venise continuentleur domination sur le marché méditerranéen. Là-bas, des variétés desafran d'Autriche, de Crète, de France, de Grèce, de l'Empire ottoman,de Sicile, et d'Espagne sont disponibles. On trouve aussi des spécimensfrelatés, certains trempés dans du miel, mélangés avec des pétalesd'œillet d'Inde, ou conservés dans des caves humides pour augmenterle poids des fils de safran. Du coup, les autorités de Nuremberg ont étécontraintes de signer des arrêts sévères qu'on a regroupés ensuite sousl'expression « code Safranschou », et dont le but est de réguler lecommerce du safran[41] . Les frelateurs de safran sont alors condamnésà des amendes, emprisonnés voire immolés[42] .

Peu de temps après, l'Angleterre devient un producteur de safraneuropéen de premier plan. Le safran s'y serait[43] répandu dans les régions côtières de l'est de l'Angleterre auXIVe siècle durant le règne d'Édouard III. Dans les années qui suivirent, le safran a été fugitivement cultivé à traverstoute l'Angleterre. En particulier, le Norfolk, le Suffolk et le sud du Cambridgeshire ont été massivement plantés.Rowland Parker rapporte à propos de sa culture dans le village de Foxton aux XVIe et XVIIe siècles qu'elle est «d'habitude [le fait de] gens ayant un petit bout de terre » ; un acre planté de safran peut produire une récolte à hauteurde 6 £, en faisant « une culture très rentable, dès lors que du travail non rémunéré est disponible ; le travail nonrémunéré est une des caractéristiques principales en agriculture à l'époque et pour encore deux siècles »[44] .

Néanmoins, à long terme, la culture du safran a seulement survécu dans les terres claires, bien drainées, et calcairesde la campagne au nord de l'Essex. D'ailleurs, la ville d'Essex appelée Saffron Walden a reçu son nom pour refléterson statut de centre en pleine croissance de commerce et de culture du safran. Au départ, son nom était CheppingeWalden mais il a été changé pour montrer l'importance de cette culture au niveau local ; et aujourd'hui les armoiriesde la ville représentent des crocus en fleur[45] . Pourtant, lorsque l'Angleterre est sortie du Moyen-Âge, dessentiments puritains grandissants et des nouvelles conquêtes à l'étranger compromettent l'usage et la culture dusafran anglais, les puritains influents étant partisans d'une nourriture plus austère, simple, et non épicée.Parallèlement, un afflux d'épices supplémentaires d'Orient sur un marché des épices en pleine croissance permet auxamateurs d'épices, anglais voire européens, d'avoir plus de choix dans leurs assaisonnements[46] .Cette tendance est plus tard documentée par le révérend William Herbert, curé-doyen de Manchester. Il acollectionné des échantillons et compilé beaucoup d'informations sur tous les aspects de la fleur de safran[47] . Ils'inquiète de la baisse continue de la culture du safran tout au long du XVIIe siècle et à l'aube de la Révolutionindustrielle. Une des causes de ce déclin se trouve dans l'introduction en Europe de cultures faciles à développertelles que le maïs et la pomme de terre, qui récupèrent régulièrement les terres réservées auparavant aux cormes desafran[48] . De plus, l'élite qui compose traditionnellement la majeure partie du marché du safran s'en désintéresse auprofit de nouveaux arrivants exotiques tels que le chocolat, le café, le thé et la vanille. En fait, une culturesignificative du safran ne se trouve plus maintenant que dans le sud de la France, de l'Italie, et de l'Espagne, le safranayant été très bien assimilé dans leurs cultures locales[48] .

Histoire du safran 7

Dans la culture nord-américaine

Une fleur de safran.

Le safran arrive en Amérique avec les milliers d'Alsaciens,d'Allemands, de Suisses anabaptistes, de Frères de Brethren et autresqui ont fui les persécutions religieuses en Europe[49] . Ils se sontinstallés pour la plupart dans l'est de la Pennsylvanie, dans la vallée dufleuve Susquehanna[50] . Vers 1730, ces colons, connus ensuite sous lenom de Pennsylvania Dutch, cultivent beaucoup de safran dont lesbulbes ont traversé l'Atlantique pour la première fois dans les malles dedisciples allemands de l'Église Schwenkfeldienne. Ces derniers adorentle safran et le cultivent de retour en Allemagne[51] . Très vite, lePennsylvania Dutch saffron inonde le marché des colons espagnols auxCaraïbes, une demande soutenue extérieure lui assurant une cote élevéeà la Bourse de Philadelphie, rivalisant avec le niveau de l'or[52] .

Cependant, en 1812, la seconde guerre d’indépendance détruit la plupart des navires de commerce exportant le safranaméricain dans le monde. Les producteurs de safran pennsylvanien doivent alors gérer leurs excédents, les échangescommerciaux avec les Caraïbes n'ayant jamais recouvré leur niveau d'avant[53] . Malgré tout, les cultivateursPennsylvania Dutch utilisent le safran de manière très variée dans leur cuisine maison, gâteaux, nouilles, et plats àbase de poulet ou truite[54] . La culture du safran, qui a traversé les temps modernes, est encore présente dans lecomté de Lancaster en Pennsylvanie[51] .

Notes et références• (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu d’une traduction de l’article de Wikipédia en anglais intitulé «

of saffron History of saffron [55] » (voir [[|la page de discussion]]).[1] Deo 2003, p. 1.[2] Hogan 2007, p. 3.[3] Grigg 1974, p. 287.[4] Hill 2001, p. 272.[5] McGee 2004, p. 422.[6] Goyns 1999, p. 1.[7] Honan 2004.[8] Willard 2001, p. 41.[9] Ferrence 2004.[10] Dalby 2002, p. 124.[11] Willard 2001, p. 37.[12] Willard 2001, p. 37–38.[13] Willard 2001, p. 2–3.[14] Willard 2001, p. 2.[15] Willard 2001, p. 1.[16] Hood, S. (1978) The Arts in Prehistoric Greece, Yale University Press, p. 48-49 ; Platon, N. (1947) Kritika Chronika, p. 505-506.[17] (en) Les Argonautiques d'Apollonios de Rhodes (http:/ / www. gutenberg. org/ dirs/ etext97/ 1argn10. txt) dans le Projet Gutenberg.[18] (en) Ancient Rome in so many words (http:/ / books. google. com/ books?id=gl5T47CvuDsC& dq=crocus+ and+

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Histoire du safran 8

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