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Histoire — Thème 1 :
Chrétientés et islam (VIe-XIIIe siècles),
des mondes en contact
Chapitre 3 :
La Méditerranée au centre des contacts
entre chrétiens et musulmans
I/ L’amitié entre Charlemagne et Haroun al-Rachid
Doc. 1 : Les contacts entre Charlemagne et Haroun al-Rachid
« On a encore de leurs lettres, où ils lui témoignent en ces termes toute leur affection. Haroun, prince des Perses et
maître de presque tout l’Orient, à l’exception de l’Inde, lui fut uni d’une si parfaite amitié qu’il préférait sa bienveil-
lance à elle de tous les rois et potentats de l’univers, et le regardait comme seul digne qu’il l’honorât par des marques
de déférence et des présents. Aussi quand les envoyés que Charles avait chargés de porter des offrandes au Saint sé-
pulcre du Seigneur et Sauveur du monde, et aux lieux témoins de sa résurrection [en 800], se présentèrent devant
Haroun et lui firent connaître les désirs de leur maître, le prince des Perses ne se contenta pas d’acquiescer à la de-
mande du roi, mais il lui accorda la propriété des lieux, berceau sacré de notre salut, et voulut qu’ils fussent soumis à
sa puissance. Lorsque ensuite ces députés revinrent, Haroun les fit accompagner d’ambassadeurs qui apportèrent à
Charles, outre des habits, des parfums, et d’autres riches produits de l’Orient, les plus magnifiques présents ; c’est
ainsi que peu d’années auparavant, à la prière du roi, Haroun lui avait envoyé le seul éléphant qu’il eût alors. (…)
L’empereur se rendit de Spolète à Ravenne, y demeura quelques jours, et gagna Pavie; on lui annonça que des am-
bassadeurs d’Haroun, roi des Perses, étaient entrés dans le port de Pise; il envoya au devant d’eux, et se les fit pré-
senter (… ). L’un d’eux (car ils étaient deux) était Perse d’Orient et envoyé du roi des Perses ; un autre, Sarrasin
d’Afrique, et envoyé de l’Émir Abraham [Ibrahim] qui gouvernait le pays de Fez sur les confins de l’Afrique. Ils
annoncèrent à l’empereur que le juif Isaac qu’il avait envoyé quatre ans auparavant au roi des Perses, avec Sigis-
mond et Lanfried, revenait avec de grands présents. Quant à Lanfried et Sigismond ils étaient tous deux morts. Alors
l’empereur envoya le notaire Erchenbald en Ligurie, pour préparer une flotte qui apporta l’éléphant et les autres cho-
ses qu’Isaac menait avec lui. (…)
Le 20 juillet [802], Isaac vint et amena à l’empereur l’éléphant et les autres présents que lui envoyait le roi des Per-
ses : le nom de l’éléphant était Abulabaz [Abul-Abbas]. »
D’après Eginhard, Vie de Charlemagne, IXe siècle
Doc. 2 : Charlemagne reçoit les présents d’Ha-
roun al-Rachid
L’ambassadeur Isaac (en jaune), marchand juif
connaissant l’arabe, est envoyé à Bagdad en 797 au-
près d’Haroun al-Rachid (786-809). Outre l’amitié
mutuelle, une alliance militaire est créée contre les
souverains musulmans d’Espagne (issus de la dynas-
tie des Omeyyades) mais aussi pour faire contrepoids
à la puissance byzantine en Italie.
L’ambassadeur revient en 802 avec de nombreux ca-
deaux pour Charlemagne (agenouillé devant l’autel,
tout à droite puis debout devant l’ambassadeur),
dont un éléphant (mais aussi un chameau). Seuls
quelques monarques peuvent en posséder dans le
monde oriental.
Q.1 : Qui sont les deux personnages dont il est question (titre, dynastie, capitale, dates de règne) ?
Q.2 : Pourquoi Haroun al-Rachid et Charlemagne cherchent-ils à forger une alliance militaire ?
Q.3 : Que s’échangent Haroun al-Rachid et Charlemagne?
Q(+) : Qu’y a-t-il d’étonnant à leur amitié et leur alliance (plusieurs éléments attendus) ?
Doc. 3 : Le siège de Jérusalem (1099)
Miniature, manuscrit français du XIVe siècle, BNF, Pa-
ris
En 1099, après l’appel à la croisade, les chevaliers chré-
tiens assiègent puis prennent Jérusalem et fondent des
Etats latins en Orient.
II/ La Méditerranée aux XIIe-XIIIe siècles
Doc. 2 : Le djihad
« Le Coran, la tradition et l’unanimité des docteurs de la Loi, tous sont d’accord que le jihad est un devoir
collectif, et qu’il devient un devoir personnel dans certains cas, comme à l’heure actuelle où les troupes
[des croisés] attaquent à l’improviste le territoire musulman. La lutte contre ces troupes revient obligatoire-
ment à tous les musulmans qui en sont capables. Appliquez-vous à remplir le précepte de la guerre sainte !
Prêtez-vous assistance les uns aux autres afin de protéger votre religion et vos frères ! Saisissez cette occa-
sion d’effectuer chez l’infidèle cette incursion qui n’exige pas un effort trop grand et qu’Allah vous a pré-
parée. »
Al Sulami, Traité de la guerre sainte, début du XIIe siècle
Doc. 1 : L’appel de Clermont
En 1095, le pape Urbain II lance le premier appel à la croisade depuis la ville de Clermont.
« Ô fils de Dieu ! (… ) Il importe que, sans tarder, vous vous portiez au secours de vos frères qui habitent
les pays d'Orient et qui déjà bien souvent ont réclamé votre aide.
(…) Comme la plupart d'entre vous le savent déjà, un peuple venu de Perse, les Turcs, a envahi leur pays
(…). Dans le pays de Romanie [l’Empire romain], ils s'étendent continuellement au détriment des terres
des chrétiens, après avoir vaincu ceux-ci à sept reprises en leur faisant la guerre. Beaucoup sont tombés
sous leurs coups ; beaucoup ont été réduits en esclavage. Ces Turcs détruisent les églises ; ils saccagent le
royaume de Dieu.
Si vous demeuriez encore quelque temps sans rien faire, les fidèles de Dieu seraient encore plus largement
victimes de cette invasion. Aussi je vous exhorte et je vous supplie – et ce n'est pas moi qui vous y exhorte,
c'est le Seigneur lui-même – vous, les hérauts du Christ, à persuader à tous, à quelque classe de la société
qu'ils appartiennent, chevaliers ou piétons, riches ou pauvres, par vos fréquentes prédications, de se rendre
à temps au secours des chrétiens et de repousser ce peuple néfaste loin de nos territoires. Je le dis à ceux
qui sont ici, je le mande à ceux qui sont absents : le Christ l'ordonne.
À tous ceux qui y partiront et qui mourront en route, que ce soit sur terre ou sur mer, ou qui perdront la vie
en combattant les païens, la rémission de leurs péchés sera accordée. Et je l'accorde à ceux qui participeront
à ce voyage, en vertu de l'autorité que je tiens de Dieu. (…) »
Foucher de Chartres, Historia Hierosolymitana [Histoire de Jérusalem]
Doc. 7 : Le sac de Constantinople (1204)
En 1204, les Vénitiens détournent une croisade vers
Constantinople, qui est prise par les chevaliers.
« (…) Les ennemis ne trouvant plus de résistance, firent
tout passer au fil de l'épée, sans distinction d'âge, ni de
sexe. Ne gardant plus de rang, et courant de tous côtés en
désordre, ils remplirent la ville de terreur, et de désespoir.
(…) Ils brisèrent les saintes images, qui méritent les adora-
tions des fidèles. Ils jetèrent les sacrées reliques des mar-
tyrs en des lieux que j'ai honte de nommer.
(…) Ce que j'ai à ajouter est encore plus important. Vous
vous étiez chargés de la Croix, et vous nous aviez juré et
sur elle, et sur les Saints Évangiles, que vous passeriez sur
les terres des chrétiens sans y répandre de sang, et sans
vous détourner ni à droite, ni à gauche. Vous nous aviez dit
que vous n'aviez pris les armes que contre les Sarrasins, et
que vous ne les vouliez tremper que dans leur sang. Vous aviez promis de vous abstenir de la fréquentation
de vos femmes, dans le temps que vous porteriez la Croix comme des soldats enrôlés sous les enseignes du
Sauveur. Il est évident, cependant, que bien loin de défendre son tombeau, vous outragez les fidèles qui
sont ses membres. Bien loin de porter la Croix, vous la profanez, et vous la foulez aux pieds. »
Nicetas Choniatès (témoin et historien), Histoire de l’Empire byzantin
Doc. 5 : Le commerce en Orient
« [...] Cependant, les allées et venues des cara-
vanes de l’Égypte à Damas, en territoire chré-
tien, n'étaient pas plus interrompues que celles
des musulmans allant de Damas à Saint-Jean
d'Acre. Aucun des marchands chrétiens n'était
arrêté ou vexé. Les chrétiens font payer, sur
leur territoire, aux musulmans une taxe qui est
appliquée en toute bonne foi. Les marchands
chrétiens, à leur tour, paient en territoire mu-
sulman sur leurs marchandises ; l'entente est
entre eux parfaite et l'équité est observée en
toute circonstance. Les gens de guerre sont
occupés à leur guerre ; le peuple demeure en
paix [...] »
Ibn Jahyr, voyageur musulman. Il visite la ré-
gion autour de Jérusalem au XIIe siècle.
Doc. 4 : Les Etats latins d’Orient
Doc. 6 : Le mode de vie des cheva-
liers chrétiens en Orient
« Nous qui étions occidentaux, nous sommes
devenus orientaux [...]. Nous avons oublié les
lieux de notre origine ; plusieurs d'entre nous
les ignorent ou même n'en ont jamais entendu
parler.
Untel possède ici des maisons en propre com-
me par droit d'héritage, tel autre a épousé une
femme, non parmi ses compatriotes, mais sy-
rienne, arménienne, parfois même une Sarra-
sine baptisée. [...] On se sert des diverses lan-
gues du pays ; et les langues jadis parlées à
l'exclusion les unes des autres sont devenues
communes à tous, la confiance rapproche les
races les plus éloignées. La parole de l'Écritu-
re se vérifie : "Le lion et le bœuf mangeront
au même râtelier." Le colon est maintenant
devenu presque un indigène ; qui était étran-
ger s'assimile à l'habitant. »
Ceux qui étaient là-bas pauvres, Dieu ici les a
rendus riches. [...] Pourquoi retourneraient-ils
en Occident ? »
Foucher de Chartres, Historia Hierosolymitana
Doc. 8 : la Reconquista
Doc. 9 : les relations entre communautés dans l’Espagne reconquise
« Le roi d’Aragon a autorisé les musulmans de rester dans les maisons qu’ils ont à l’intérieur de la ville du
Tudèle pendant un an ; l’année écoulée, ils devront s’en aller dans les faubourgs avec leurs meubles, leurs
femmes et leurs enfants. La mosquée principale restera en leurs mains jusqu’à leur départ. Celui qui voudra
quitter Tudela pour aller soit en terre musulmane, soit ailleurs, qu’il soit libre d’aller en sécurité. Les mu-
sulmans conserveront leurs lois. On ne convoquera pas de force un musulman à la guerre, ni contre les mu-
sulmans, ni contre les chrétiens. Aucun chrétien n’entrera de force dans la maison ni le jardin d’un musul-
man »
Charte accordée à Tudèle après sa reconquête par Alphonse Ier, roi d’Aragon, 1119
Q.1 : (doc. 1) A quelle date sommes-nous ? Depuis combien de temps les musulmans contrôlent-ils Jérusa-
lem ? Comment le pape justifie-t-il la guerre sainte ? Contre qui doit-elle être menée et dans quel but ? Est-
ce le même peuple que celui qui contrôlait le califat Abbasside ?
Q.2 : (doc. 2) Expliquez le passage souligné. Comment l’auteur justifie-t-il et encourage-t-il les musul-
mans au djihad ?
Q.3 : (doc. 1, 3, 4 et 8) Où se déroulent les croisades ? Quels en sont les buts ?
Q.4 : (doc. 5) Expliquez ce texte en montrant ce qu’il peut avoir de surprenant.
Q.5 : (doc. 6) Que nous montre ce texte ?
Q.6 : (doc. 7) Qu’est-ce que l’auteur veut nous montrer ? De quel peuple est-il proche ?
Q.7 : (doc. 9) Que nous montre ce document ? Comment l’expliquer ? Pourquoi cela est-il étonnant ?
Q(+) : (doc. 5 et 9) En quoi ce qui est expliqué dans ces deux documents n’est-il finalement pas si éton-
nant ?