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Histoires d'un monde éternel. Les hassidim racontent by Haïm NisenbaumReview by: Régine AzriaArchives de sciences sociales des religions, 36e Année, No. 74 (Apr. - Jun., 1991), pp. 274-275Published by: EHESSStable URL: http://www.jstor.org/stable/30122530 .

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ARCHIVES DE SCIENCES SOCIALES DES RELIGIONS

ment issue des cultes agraires canantens, et cette origine palenne a retard6 son integration & la pensee juive. D'aprks I'auteur, elle trouve sa l1gitimit6 avec les apocalypses, comme une lecture de l'histoire d'Israel qui dolt survivre a une 6poque d~sesp~r~e malgr6 les d~sastres politiques, les deviations religieuses et les per- secutions... alors que plus que jamais la mort semblait avoir le dernier mot.

Frangoise Lautman.

74.292 MOMMSEN (Wolfgang J.). The Political and Social Theory of Max Weber. Chicago, The University of Chicago Press, 1989, XIV-226 p.

(Cf. Arch., supra, n0 187-202).

74.293 MONSTER (Arno). Ernst Bloch. Messianisme et Utopie. Intro- duction A une " ph6nom6nologie * de la conscience anticipante. Paris, PUF, 1989, 276 p., bibl. (Coll. << Philosophie d'aujourd' hui ). (En annexe la dernitre interview d'Ernst Bloch).

Cette nouvelle 6tude sur Ernst Bloch n'est pas un simple expose des grandes articula- tions de sa philosophie; elle apporte un 6clai- rage nouveau sur ses rapports avec le judals- me, I'Ecole de Francfort, et avec des penseurs comme GyOrgy LukAcs et Schelling. A.M. r~ussit surtout A nous faire saisir la gentse, le contexte et le cheminement du syst~me phi- losophique 6labor6 par Bloch de l'Esprit de I'Utopie (1918) A l'Experimentum mundi (1975). (Euvre non conformiste, h~r~tique par rap- port au christianisme comme au marxisme des partis officiels, la philosophie de Bloch a connu une grande fortune essentiellement A travers la thbologie de I'esp~rance de Molt- mann et la thbologie latino-americaine de liberation. Mais en France, les milieux philo- sophiques semblent I'avoir accueillie avec un grand retard, parfois avec scepticisme. L'ou- vrage de A.M. pr6tend montrer I'originalit6 et I'actualit6 de Bloch, en mettant en reliefsa ten- tative de fonder un mat~rialisme splculatif qui r6assume I'essentiel de I'hbritage de Kant, de Hegel et de Schelling.

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Axee autour d'une << phbnomenologie de la conscience anticipante >, la philosophie de Bloch offre, d'abord des orientations thbori- ques pour repenser la religion. Celle-ci n'ap- parait plus en effet comme un reste culturel que la modernit6 tarde A dissiper, mais est apprdhendte A travers les contenus positifs de libert6 en mouvement ou en devenir, qui s'ex- priment dans la plupart des grands courants mystiques et prophbtiques. L'ouvrage de A.M. se concentre plut6t sur l'effort accompli par Bloch pour ddfendre l'idte d'un syst~me poli- tique et social revolutionnaire qui realise l'Utopie concrete de la libert6 et de la frater- nit6 universelle, et dont les fondements sont inscrits dans les potentialit~s ou les tendances de la matitre elle-meme conque comme sujet et objet A la fois. Dans son commentaire du dernier ouvrage de Bloch, Experimentum mundi, I'auteur souligne justement comment Bloch fait eclater le concept trop fixiste de cau- salit6 fondee dans la logique, pour lui substi- tuer le concept de << tendance-latence ,>, A par- tir duquel l'homme peut et doit detecter les forces d'avenir qui traversent le monde et I'histoire, pour ne pas sombrer dans le pessi- misme et le nihilisme et pour rester critique et impatient devant toute situation de manque et d'injustice.

Une telle perspective qui va A contre-cou- rant de la tendance de la philosophie occiden- tale, depuis Descartes et les Lumieres, A oppo- ser le sujet a l'objet, la nature A l'histoire, le penser A l'6tre, rejoint la conception schellin- gienne de la matiere comme puissance et dynamisme, et propose une ontologie du < non-encore etre comme fondement A la conscience anticipante dont le Principe-Espd- rance, oeuvre centrale de Bloch, expose la ph6- nomenologie. C'est d'apr~s A.M., cette onto- logie qui place Bloch dans << la distance la plus grande par rapport au marxisme > (p. 13), alors meme qu'il a revendiqu6 jusqu'au bout son appartenance A l'horizon thdorique de Marx.

Laennec Hurbon.

74.294 NISENBAUM (Harm). Histoires d'un monde 6ternel. Les hassi- dim racontent. Paris, ld. de l'Aire Libre, 1990, 317 p. (Coll. (< Quintessence >>).

Le hassidisme reste une source intpuisable de sagesse et de symbole. Pour beaucoup il

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BULLETIN DES OUVRAGES

reste I'image magnifibe d'un monde disparu dont on chercherait A retrouver le sens, la spi- ritualit6, la saveur et I'6motion. Pour preuve, deux 6diteurs nous proposent simultantment leur recueil de sentences et d'histoires, puistes dans la tradition hassidique (cf. Arch.. supra. n 288). Les curieux et les non-splcialistes n'y trouveront sans doute pas les 6l1ments ntces- saires A une connaissance approfondie de cc mouvement pijtiste revivaliste n6 en Podolie au XVIII' siecle et dont le maitre, le Besht (acronyme pour Baal Shem Tov, Maitre du Bon Nom), affirmait qu'on pouvait servir Dieu par la joie et la ferveur tout aussi bien, sinon mieux, que par I'6tude des textes. Nean- moins, cette approche impressionniste leur fera goater le climat spirituel et intellectuel d'une tradition A laquelle viennent, de nos jours encore, se ressourcer plusieurs centaines de milliers de juifs de par le monde.

R6gine Azria.

74. 295 NOUAILHAT (Rent). Saints et Patrons. Les premiers moines de L6rins. Paris-Besangon, Les Belles Lettres, Universit6 de Franche-Comtd, 1988, 426 p. (Centre de Recherches d'Histoire Ancienne, 84).

Catholique affirm6, spcialiste du christia- nismc ancien, se situant dans une mouvance m~thodologique qui en appelle au < mat~ria- lisme

, marxien ou marxiste ou voisinent L.

Althusser et le P. Stanislas Breton, R.N. avait consacr6 un premier travail A l'approche matdrialiste des discours d'Augustin n, autre- ment dit Lespiritualisme chrdtien dans sa consti- tution (Paris, Descl6e, 1976). Dans sa recen- sion (cf. Arch., 42, n0 447), P. Ladribre souli- gnait sa richesse et sa nouveaut6 mais se de- mandait quellc 6tait exactement sa visde. Les deux prtfaciers, S. Breton et P. Leveque, s'ac- cordaient sur la crise historique du << corps social , dont t6moignait cc nouveau spiritua- lisme, mais aussi sur sa puissance efficace, puisque, seul des ideologies en presence, il avait r~ussi A articuler le nouvel ordre politi- que et le rapport Eglise-itat.

Dans cette th~se de doctorat d'Etat, sans retractatio. R.N. semble avoir d~couvert que, si St Augustin a longtemps $t6, comme on l'a 6crit, <<1l'horizon ind6passable de notre cul- ture occidentale n et < le fondateur de notre cr,020ccident chr~tien ,>, d'autres m6diations

ont joud sur le meme fond de crise mais non dans le meme esprit. Ainsi en va-t-il de I'ab- baye de Lkrins - Honorat, Eucher, Vincent, Salvien, Fauste, Cassien (qu'on accusa de semi-p~lagianisme) - au V' siecle. Avec une grande 6rudition (limit6e par les ressources documentaires qui ont surv6cu), I'auteur mon- tre bien comment < l'ile sainte , n'a pas 6t6 un simple refuge, fuite d'un monde vout~ ii la catastrophe, mais le lieu de formation des nouvelles 6lites - une v6ritable 6cole de ca- dres - qui vont prendre en main le destin de I'empire.

Plusieurs problemes demeurent qui atten- dent leur examen. Tout d'abord, en ces temps dont la centralisation romaine nous a fait perdre meme I'idee, L.rins s'inscrit comme l'un des foyers-modeles de christianisme appelant comparaison avec d'autres: Eglise celtique d'Irlande avec son monachisme et son esprit missionnaire (S. Colomban), Iglise wisigothique d'Espagne, Iglise gauloise avec ses conciles (cf. Arch., supra, n 245, et infra. n 308), Aglise d'Afrique, Eglises orientales, Iglise ambrosienne de Milan, etc. En second lieu, quel est le degr6 de parente entre augusti- niens de stricte ob6dience et ces I1riniens soupqonn6s de pelagianiser, et comment ces conflits ont-ils pu aboutir A la victoire doctri- nale des premiers, A la r6ussite administrative des seconds ? Enfin, ce voile d'augustinisme dont nous recouvrons tout un passe enseveli, n'est-ce pas une grille de lecture retrospective, commode mais simplifiante, d'une Aglise an- cienne dont I'6veque d'Hipp6ne n'a jamais 6t6 la r~f~rence exclusive et surtout derniere ? II y a eu, certes La Citd de Dieu. mais aussi, le titre est de Gilson, Les mtamorphoses de la Citr de Dieu et toutes ces recherches, auxquelles a tant contribu6 le P. de Lubac, pour mieux cerner A la fois la nature et la r6alite d'un augustinisme omnipr6sent mais comme insaisissable ail- leurs que dans les d6bats souvent confus A son sujet. Le monde des hommes ne se reduit et ne s'identifie jamais aux systemes de pens~e qu'il produit.

~mile Poulat.

74.296 OLMI (Massimo). Cattolici scomodi. Storia della sinistra cat- tolica in Francia. Rome, Lucarini, 1987, 2 vol., 752 p.

Correspondant italien de Tbmoignage chrd- tien depuis vingt ans, M.O. est journaliste, his-

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