Le billet de Jérôme LejeuneDirecteur artistique de

RICERCAR

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Dirk Snellings rejoint le Parnasse

C’est avec une immense tristesse que nous venons d’apprendre le décès de Dirk Snellings, emporté par une longue maladie. Ceux qui l’ont connu garderont dans leur mémoire ce rire si communicatif, et l’enthousiasme perpétuel avec lequel il transmettait le plaisir de ce qui était sa passion: La Musique. Dirk Snellings accumulait toutes les qualités du musicien. Une voix d’abord, reconnaissable entre toutes, cette basse profonde, une tessiture qui, à la Renaissance, était paraît-il typique des Flandres ; ce sont ces voix qui, à la cour de Charles-Quint, impressionnaient ceux qui avaient la chance d’entendre les chantres de la Capilla Flamenca. C’était aussi le cas de Johannes Ockeghem dont la voix de basse était qualifiée par Erasme de «Aurea Vox », une voix d’or. Chercheur infatigable, Dirk Snellings avait trouvé avec sa Capilla Flamenca l’instrument idéal pour faire connaître le

très riche répertoire des compositeurs Franco-Flamands, devenant l’ambassadeur de ce fantastique répertoire dans le monde entier. Durant de nombreuses années, Dirk Snellings et sa Cappila Flamenca ont été les complices de nombreux projets d’enregistrements pour Ricercar qu’il s’agisse du répertoire du Nord du Pays, ou de celui du Sud. C’est toujours avec le même souhait de perfection et de respect des documents anciens que plusieurs disques ont été réalisés révélant aux mélomanes des répertoires méconnus ou revisitant avec talent l’œuvre de compositeurs plus célèbres : Arnold de Lantins, Johannes Brassart, Alexander Agricola, Heinrich Isaac, Adriaan Willaert, Roland de Lassus. Anoine Brumel, Pierre de la Rue ou tant d’autres resteront donc absents chez Ricercar. Mais Dirk Snellings était là aussi dans bien d’autres occasions, avec différents ensembles, toujours disposé à offrir avec talent et générosité sa passion pour d’autres musiques de celles de la Renaissance tardive ou de celles de l’époque baroque. Dirk Snellings nous a quitté. Je garderai dans ma mémoire son sourire, son dévouement, ce souvenir d’un musicien passionné et passionnant mais surtout la cordialité d’un ami avec qui ce que l’on considère comme du travail est tout simplement du bonheur. Peut-être, là où il, est a-t-il déjà retrouvé son ancêtre à la voix d’or, Johannes Ockeghem ?