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D. Guillaume Honoré de Balzac La Fille aux yeux d’or (1835) Édition de référence : La Duchesse de Langeais. La Fille aux yeux d’or Folio n°846. Édition présentée, établie et annotée par Rose Fortassier — Bibliographie : + Contexte : . BECKER, Colette : chapitre 5 « Le XIXe siècle : explosion du genre », in Le Roman, Bréal, coll. « Grand amphi », 1996 + Première approche : . PARIS, Jean : Balzac, Balland, 1986 . RICHARD, Jean-Pierre : « Corps et décors balzaciens », in Études sur le romantisme, Seuil, 1971 (rééditions plus récentes) + Approfondissement : . MARCEAU, Félicien : Balzac et son monde, Gallimard, coll. « Tel », 1986 (1971) . BARBÉRIS, Pierre : Balzac. Une mythologie réaliste, Larousse, 1971 + Usuels : . LONGAUD, Félix : Dictionnaire de Balzac, Larousse, 1971 . LOTTE, Fernand : Dictionnaire biographique des personnages de la Comédie humaine, José Corti, 1952 Un aperçu de la Comédie humaine : table des matière conçue par Balzac en 1841 pour l’édition de ses œuvres complètes

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D. Guillaume

Honoré de Balzac La Fille aux yeux d’or (1835)

Édition de référence : La Duchesse de Langeais. La Fille aux yeux d’or Folio n°846. Édition présentée, établie et annotée par Rose Fortassier

— Bibliographie : + Contexte : . BECKER, Colette : chapitre 5 « Le XIXe siècle : explosion du genre », in Le Roman, Bréal, coll. « Grand amphi », 1996 + Première approche : . PARIS, Jean : Balzac, Balland, 1986 . RICHARD, Jean-Pierre : « Corps et décors balzaciens », in Études sur le romantisme, Seuil, 1971 (rééditions plus récentes) + Approfondissement : . MARCEAU, Félicien : Balzac et son monde, Gallimard, coll. « Tel », 1986 (1971) . BARBÉRIS, Pierre : Balzac. Une mythologie réaliste, Larousse, 1971 + Usuels : . LONGAUD, Félix : Dictionnaire de Balzac, Larousse, 1971 . LOTTE, Fernand : Dictionnaire biographique des personnages de la Comédie humaine, José Corti, 1952 — Un aperçu de la Comédie humaine : table des matière conçue par Balzac en 1841 pour l’édition de ses œuvres complètes

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D.Guillaume

DEUG 1 : UE 13 Balzac, La Fille aux yeux d’or

Examen

Dans la société que décrit Balzac, « la misère et le luxe sont toujours en présence, comme deux

athlètes dans un cirque où tous deux doivent périr ».

Félix Davin (et Balzac), « Introduction » aux Études philosophiques, 1834

En quoi cette phrase vous paraît-elle pouvoir éclairer la lecture de La Fille aux yeux d’or ?

Après avoir réfléchi sur ses termes, vous proposerez une nouvelle formulation de

ce sujet. Celle-ci précédera l’énoncé d’une problématique permettant de construire

une dissertation, dont vous rédigerez un plan détaillé (parties, sous-parties

brièvement expliquées, transitions).

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D.Guillaume

DEUG 1 : UE 13

Balzac, La Fille aux yeux d’or

Examen

Balzac «croit que la pensée, augmentée de la force passagère que lui prête la passion, et telle que

la société le fait, devient nécessairement pour l’homme un poison, un poignard. »

Félix Davin (et Balzac), « Introduction » aux Études philosophiques, 1834

En quoi cette phrase vous paraît-elle pouvoir éclairer la lecture de La Fille aux yeux d’or ?

Après avoir réfléchi sur ses termes, vous proposerez une nouvelle formulation de

ce sujet. Celle-ci précédera l’énoncé d’une problématique permettant de construire

une dissertation, dont vous rédigerez un plan détaillé (parties, sous-parties

brièvement expliquées, transitions).

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D.Guillaume UE 13 Balzac, La Fille aux yeux d’or

LE ROMAN Éléments d’une chronologie

— 1) Le roman antique et son contexte VIIIe s. av. JC. Homère, L’Iliade, L’Odyssée IVe s. av. JC. Aristote, La Poétique Ie s. av. JC. Virgile, L’Énéide IIe s. Apulée, L’Âne d’or III-IVe s. Longus, Daphnis et Chloé

— 2) Le roman médiéval av. 1066 Chanson de Roland 1160 Roman d’Énéas 1170 Roman d’Alexandre (alexandrins) 1177-1180 Chrétien de Troyes, Le Chevalier à la charrette, Le Chevalier au lion, Conte du Graal 1200-1240 cycle en prose de Robert de Boron, Roman de l’Estoire dou Graal

— 3) L’explosion du genre 1532-1552 Rabelais, Pantagruel, Gargantua, Tiers livre, Quart livre 1605-1606 Cervantès, Don Quichotte 1607-1627 Honoré d’Urfé, L’Astrée 1654-1660 Madeleine de Scudéry, Clélie (« Carte du Tendre ») 1678 Mme de Lafayette, La Princesse de Clève 1721 Montesquieu,Lettres persanes 1731-1742 Marivaux, La Vie de Marianne, Le Paysan parvenu 1759 Voltaire, Candide 1761 Rousseau, La Nouvelle Héloïse 1764 Horace Walpole, Le Château d’Otrante 1782 Laclos, Les Liaisons dangereuses 1791 Sade, Justine ou les Malheurs de la vertu 1794 Ann Radcliffe Les Mystères d’Udolpho 1797 Matthew Lewis, Le Moine 1800 Friedrich Schlegel, Entretien sur la poésie 1802 Chateaubriand, René 1819 Walter Scott, Ivanhoé 1820 Charles Robert Mathurin, Melmoth ou l’homme errant 1830 Stendhal, Le Rouge et le Noir — 3) Balzac 1822-1827 Horace de Saint Aubain 1829 Les Chouans, Physiologie du mariage 1831 La Peau de chagrin 1833 Eugénie Grandet, Ferragus (Histoire des Treize I) 1834 La Duchesse de Langeais (Histoire des Treize II)

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1835 Le Père Goriot, Melmoth réconcilié, Séraphîta, La Fille aux yeux d’or (Histoire des Treize III) 1836 Le Lys dans la vallée 1837-1843 Illusions perdues 1838-1847 Splendeurs et misères des courtisanes

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UE 13

Sujets de dissertation

« Balzac va droit au but. Il saisit corps à corps la société moderne. Il arrache à

tous quelque chose, aux uns l’illusion, aux autres l’espérance, à ceux-ci un cri, à

ceux-là un masque. »

Victor Hugo : « Oraison funèbre au Père Lachaise », 21 août 1850

« J’ai maintes fois été étonné que la gloire de Balzac fût de passer pour un

observateur ; il m’avait toujours semblé que son principal mérite était d’être

visionnaire, et visionnaire passionné. Tous ses personnages sont doués de l’ardeur

vitale dont il était animé lui-même. Toutes ses fictions sont aussi profondément

colorées que des rêves. »

Charles Baudelaire, L’Artiste, 1850

Dans La Fille aux yeux d’or de Balzac, « Paris est un dieu cruel. »

Nicole Mozet, Balzac au pluriel, PUF, 1990

« Balzac se bat contre la vaste et profonde nuit de l’inconnu, où baigne, pour lui,

le peu de réalité distincte que nous livre notre perception habituelle. »

Albert Béguin, Balzac lu et relu, Seuil, 1965

Balzac « veut montrer que la succession des faits […] sera telle que l’exige le

déterminisme des phénomènes mis à l’étude. C’est presque toujours ici une

expérience « pour voir » […]. Le romancier part à la recherche d’une vérité. »

Émile Zola, Les Romanciers naturalistes, 1881

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L’unité de la Comédie humaine est une « (u)nité ultérieure, non factice, sinon

ellefût tombée en poussière comme tant de systématisations d’écrivains médiocres

qui, à grand renfort de titres et de sous-titres, se donnent l’apparence d’avoir

poursuivi un seul et transcendant dessein. […] elle est née d’un moment

d’enthousiasme où elle est découverte entre des morceaux qui n’ont plus qu’à se

rejoindre ; unité qui s’ignorait, donc vitale et non logique, qui n’a pas proscrit la

variété, refroidi l’exécution. »

Marcel Proust, À la recherche du Temps perdu, « La Prisonnière », 1923

« Le roman balzacien est dès l’abord le roman de l’immédiat, considéré comme

aussi et plus poétique, comme aussi et plus important que l’historique et le

légendaire. »

Pierre Barbéris, Balzac, une mythologie réaliste, Larousse, 1971

« Balzac […] ne possédait pas le don littéraire : chez lui s’ouvrait un abîme entre

la pensée et la forme. »

Théophile Gautier, Honoré de Balzac, Poulet-Malassis et de Broise, 1859

Dans la société que décrit Balzac, « la misère et le luxe sont toujours en présence,

comme deux athlètes dans un cirque où tous deux doivent périr ».

Félix Davin (et Balzac), « Introduction » aux Études philosophiques, 1834

Balzac «croit que la pensée, augmentée de l force passagère que lui prête la

passion, et telle que la société le fait, devient nécessairement pour l’homme un

poison, un poignard. »

Ibid..

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D.Guillaume

UE 13 Balzac, La Fille aux yeux d’or

Questionnaire

— 1. Comment s’organise, au début du roman, la description de la société parisienne (étapes et

principes) ?

1) 2. Qui a fait l’éducation d’Henri de Marsay ?

2) 3. Où de Marsay voit-il pour la première fois la fille aux yeux d’or ?

3) 4. Quand de Marsay recueille les première informations concernant cette femme,

comment explique-t-il sa réclusion dans l’hôtel du marquis de Sans Réal ?

4) 5. Quel est le secret de Paquita Valdès, que découvre de Marsay à la fin du roman,

et pour quelles raisons touche-t-il particulièrement le jeune homme ?

D.Guillaume

UE 13

Balzac, La Fille aux yeux d’or

Questionnaire

— 1. Comment s’organise, au début du roman, la description de la société parisienne (étapes et

principes) ? [5]

5) 2. Qui a fait l’éducation d’Henri de Marsay ? [3]

6) 3. Où de Marsay voit-il pour la première fois la fille aux yeux d’or ? [2]

7) 4. Quand de Marsay recueille les première informations concernant cette femme,

comment explique-t-il sa réclusion dans l’hôtel du marquis de Sans Réal ? [5]

8) 5. Quel est le secret de Paquita Valdès, que découvre de Marsay à la fin du roman,

et pour quelles raisons touche-t-il particulièrement le jeune homme ? [5]

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9

D.Guillaume

UE 13 Balzac, La Fille aux yeux d’or

Questionnaire

9) 1. Qu’est-ce qui mène la société parisienne, selon le narrateur, au point qu’il le

répète comme un refrain dans sa description initiale ? [3]

10) 2. Expliquez l’origine, le nom et l’éducation de Henri de Marsay. [5]

11) 3. Qui est Moinot ? [3]

12) 4. Où se trouve le boudoir de Paquita ? [3]

13) 5. 5. Quels indices peuvent éveiller chez de Marsay certains soupçons, annonçant la

révélation finale du secret de Paquita ? [6]

D.Guillaume

UE 13

Balzac, La Fille aux yeux d’or

Questionnaire

14) 1. Qu’est-ce qui mène la société parisienne, selon le narrateur, au point qu’il le

répète comme un refrain dans sa description initiale ? [3]

15) 2. Expliquez l’origine, le nom et l’éducation de Henri de Marsay. [5]

16) 3. Qui est Moinot ? [3]

17) 4. Où se trouve le boudoir de Paquita ? [3]

18) 5. Quels indices peuvent éveiller chez de Marsay certains soupçons, annonçant la

révélation finale du secret de Paquita ? [6]

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D.Guillaume

UE 13 Balzac, La Fille aux yeux d’or

Questionnaire — 1. Comment s’organise, au début du roman, la description de la société parisienne (étapes et

principes) ? [5]

19) 2. Expliquez l’origine, le nom et l’éducation de Henri de Marsay. [5]

20) 3. Qui est Moinot ? [2]

21) 4. Quand de Marsay recueille les première informations concernant cette femme,

comment explique-t-il sa réclusion dans l’hôtel du marquis de Sans Réal ? [3]

22) 5. Quels indices peuvent éveiller chez de Marsay certains soupçons, annonçant la

révélation finale du secret de Paquita ? [5]

D.Guillaume

UE 13 Balzac, La Fille aux yeux d’or

Questionnaire

— 1. Comment s’organise, au début du roman, la description de la société parisienne (étapes et

principes) ? [5]

23) 2. Expliquez l’origine, le nom et l’éducation de Henri de Marsay. [5]

24) 3. Qui est Moinot ? [2]

25) 4. Quand de Marsay recueille les première informations concernant cette femme,

comment explique-t-il sa réclusion dans l’hôtel du marquis de Sans Réal ? [3]

26) 5. Quels indices peuvent éveiller chez de Marsay certains soupçons, annonçant la

révélation finale du secret de Paquita ? [5]

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UE 13 Méthodologie de la dissertation

BALZAC : LA FILLE AUX YEUX D’OR

Introduction

A.Le roman jusqu’à Balzac : aventures de l’unité

— 1) Définition : pbmatique par excellence : vague ; usage = récit de fiction en

prose, d’une certaine étendue.

+ a) cf. Définition du Robert :

3° (XVIe) Mod. et cour. Œuvre d’imagination en prose, assez

longue, qui présente et fait vivre dans un milieu des personnages

donnés comme réels, nous fait connaître leur psychologie, leur

destin, leurs aventures. Les romans de Mme de Lafayette, de

Stendhal, de Dumas. […].

— définition = semble valoir surtout pour roman de type

balzacien : or, celui-ci s’est défini à partir de toute une histoire.

+ b) > étymologie : roman < 12e = romanz < lat. pop. Romanice = « à la façon

des romains », ≠ Francs.

. = désigne d’abord textes litt. adaptés du latin au français.

. > un trait majeur du genre = impur : cf. traduction (étym : tradition +

trahison… : traduttore traditore.

. cf. élts. d’histoire du genre.

a. 2) Le roman antique.

+ a) Deux composantes majeures :

. aventures : Âne d’or d’Apulée (IIe s)

. intrigue amoureuse : Daphnis et Chloé de Longus (gc. : III-IVe s. ap. JC.)

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+ b) Genre tardif (< poésie alexandrine : Alexandre le Grand : 356-323 av. JC.)

et mineur : en particulier, n’existe pas pour la Poétique d’Aristote (IVe s. av. JC).

. Théorie de la mimèsis = imitation ou représentation, qui marque tte la litt.

et l’art occidental jusqu’à nos jours (redécouvert à la Renaissance).

. = surtout illustrée par tragédie et épopée (comédie = perdue ? lyrisme HS).

. Critères max. = cohérence et unité : pb. Pour le roman.

b. 3) Le roman médiéval. + a) D’abord adaptation de textes latin et en particulier d’épopée = récit

légendaire rapportant l’histoire d’un peuple à travers les hauts faits de ses héros

(Iliade [siège de Troie] et Odyssée [retour] d’Homère, Énéide de Vrigile [Énée =

fils du troyen Anchise et d’Aphrodite > ancêtre de Romulus > Rome…]).

. XIIe s. : Roman d’Alexandre (> vers : alexandrin) et Roman d’Énéas.

. Ce dernier = fait d’Énée l’ancêtre du roi breton légendaire

Arthur : cf. prétention d’Henri II Plantagenet sur la couronne de

France (anglo-normand / Français).

. Cf. Balzac : importance des généalogie, d’un roman à l’autre

(l’histoire déborde l’œuvre) + fonction politique du roman.

+ b) Importance max. = Chrétien de Troyes = popularise la « matière de

Bretagne » et le cycle arthurien : fondation de la table ronde > quête du Graal.

Tension :

. Principe d’ordre : cour + christianisation du Graal (ap. Chrétien : vase dans

lequel Joseph d’Arimati a recueilli sang du Christ).

— Union de la morale chevaleresque et de l’amour courtois :

courage et vertus guerrières au service de la Dame, idéalisée, qu’il

s’agit d’honorer.

. Principe d’incertitude : aventures = imprévues (sentiers qui bifurquent dans

forêts), parfois inexliquées (merveilleux + non-dénouement du Conte du Graal) et

celle d’un individu.

— Roman = forme du récit dans un monde problématique : vérité

à chercher, à conquérir / épopée = dans un monde clos, mythique

(cf. Lukàcs).

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+ c) XIIIe s. : apparition et développement du roman en prose = suites et

variantes multiples du cycle arthurien > fresque immense, enchevêtrée : histoire

et sens de la chrétienté.

c. 4) L’explosion du genre : succès, parodie et philosophie. + a) Survivance du roman de chevalerie + courtoisie, au moins dans l’esprit = >

XVIIe s, avec réactivation du genre antique de la pastorale.

. Astrée d’Honorée d’Urfée (5000 pages) puis Clélie de Madeleine de

Scudéry (dix volumes + Carte du Tendre).

. Longueur, débats amoureux ; complexité de la structure : récits par

enchâssements, lettres.

+ b) Déterminantes dans la genèse du roman moderne = œuvres comiques,

critiquant cette tradition héroïque et courtoise. Dès la Renaissance :

. Rabelais = Gargantua, Pantagruel , Tiers livre et Quart livre (1532-1552).

— Structure de roman médiéval (naissance et exploits ; aventures

au fil d’une quête [femme pour Panurge, voyage, dive bouteille]).

— Visée philosophique humaniste : débats théologiques, moraux,

politiques, pédagogiques…

— Comique liée à saisie totale de la réalité : sources populaires +

masque pour la critique.

. Cervantès = DonQuichotte (1605-1616)

— Intégralement fondé sur une dérision des romans de chevalerie.

— Témoigne d’une crise métaphysique (≠ confiance humaniste de

Rabelais) : séparation de l’idéal (DQ.) / le bon sens pratique (SP.).

+ c) XVIIIe siècle : évolution décisive du genre accompagne le siècle des

Lumières et de la Révolution.

. Affirmation progressive de la subjectivité des pers. et de leur mobilité

sociale ; cf. Marivaux : La Vie de Marianne (1731-42) et Le Paysan

parvenu (1734).

— courant sentimental : sentiments forts, larmoyants…

— nouveauté d’un réalisme non comique, permettant notamment

représentation des classes populaires (/ prépondérance des grands

genres : épopée, tragédie, lyrisme = mettent en scène pers. nobles

ou idéalisés).

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— ≠ Voltaire, par ex. : fiction critique non réaliste, schématisme du

conte (< trad des Mille et une Nuits, 1702) / cf. Sthendal, db. XIXe

> Balzac.

. Valorisation de la critique raisonnée > relativisation des discours, voire

des vérités : peut structurer romans entiers vus à travers plusieurs pers. = romans

épistolaires (polyphonie).

— Montesquieu : Lettres persanes (1721) = critique au nom de la

raison / Laclos : Liaisons dangereuses (1782) = mise en scène

d’une intelligence détachée de tout moralisme.

. Polyphonie, plus que le réalisme soc., peut être mise au service de

véritables constructions philosophiques par le roman lui-même. Enjeu = relation à

une morale, au moment où les structures politiques, sociales et idéologiques

basculent (contestation de la raison par la sensibilité).

— Rousseau : La Nouvelle Héloïse (1761) = utopie moralisatrice

non dépourvue d’ambivalences.

— Sade = rationnalisme systématique mis au service de passions

sans frein : Justine ou les Malheurs de la vertu (1791).

+d) Ce contexte = celui du romantisme naissant. Alliance de la philosophie et de

l’esthétique : discours théorique ne peut valoir que s’il accorde aussi sa place à la

sensibilité et s’adresse à elle > l’art peut montrer la réalité conflictuelle des idées,

qui ont une histoire : le roman peut apparaître comme le genre litt. par excellence,

genre total qui inclut tous les autres et les déborde (expression, représentation,

réflexion).

— Friedrich Schlegel : Entretien sur la poésie (1800).

. Balzac entreprendra donc son œuvre au moment où le roman a hérité des

plus grandes ambitions (philosophiques) mais aussi d’une représentation galt. très

sélective du monde (intrigue centrée sur peu de pers., voire un seul, traversant

une réalité qui lui reste ext.).

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B. Balzac, le roman et la FO.

d. 1. Vie d’Honoré de Balzac (1799-1850) : de Bonaparte à la

Seconde République

+a) Famille : B. naît à Tours (> cf. Lys 1836 + Contes drôlatiques àp 1832

[Rab.])

. Père, Bernard-François Balssa : famille de paysans albigeois > réussite

dans l’administration sous la RF. : poste à Tours ; à Paris àp. 1815 (Restauration).

— imbu des Lumières : écrit traités philosophiques et philantropes ;

croyance à la puissance et bonté de la Raison.

. Mère, Laure Sallambier : famille de petits commerçants parisiens ; épouse

à 18 ans un quinquagénère d’avenir.

— mal mariée > adultère d’où un fils : Henry, le cadet et le préféré.

— > indifférence, voire haine pour ses autres enfants : Honoré, Laure et

Laurence.

+ b) Formation : 1814-1828.

. Études de droit et apprentissage de clerc chez un notaire, mais bientôt

ambitions littéraires :

— 1819 : obtient de rester seul dans sa mansarde parisienne.

— Écrit, sans succès, des œuvres philosophiques et théâtrales.

— 1822-1827 = écrit, pour vivre, des romans en collaboration ou seul =

« petites opérations de littérature marchande », « cochonneries littéraires ».

. Formation sentimentales et mondaines auprès de femmes nett. Plus âgées

que lui :

— 1822-1836 : Antoinette de Berny (rebaptisé Laure et la Dilecta) ;

relation maternelle (double de son âge).

— 1825-1838 : duchesse Laure d’Abrantès ; poursuit intro. dans le

monde.

. Débuts de ses tentatives dans les affaires : se fait éditeur et imprimeur

(1825-26) = fait faillite et contracte des dettes.

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+ c) Premiers succès littéraires, virage politique et sentimental : 1828-1833

. En 1829 paraissent les deux premiers ouvrages signés de son nom :

— Les Chouans (d’abord : Le Dernier Chouan) = roman historique et de

mœurs + intrigue sentimentale : prend acte de la corruption de la Rév..

— Physiologie du mariage = maximes provocantes présentant

l’infidélité des femmes comme quasi inévitables et proposant divers remèdes ;

succès, nott. auprès des femmes : B. apparaît comme analyste de l’âme fém..

. 1831 = La Peau de Chagrin : grand succès — préparé dans le monde —,

qui fait de B. un conteur à la mode.

— Marquis Raphaël de Valentin / comtesse Foedora (instigation de

Rastignac), ≠ Pauline Gaudin ; désir > mort.

. Complications sentimentales : outre quelques liaisons diverses (nott. :

courtisane Olympe Pelissier)

— fait connaissance avec duchesse de Castries en 1831 = se laisse

courtiser pendant un an, avant de se refuser.

— reçoit en 1832 première lettre signée « L’Étrangère » = Madame

Hanska, amour de sa vie, qu’il épousera peu avant de mourir, en 1850.

. 1831 = aussi conversion politique : du libéralisme au légitimisme.

— envisage de se présenter au élection législative en 1831.

— Parti libéral sous la Restauration (cf. Benjamin Constant) = remet pas

forcément en cause règne des Bourbons, mais défend liberté acquise depuis 1789 :

de pensée, presse et culte ; aussi pensée individualiste et libéralisme éco..

≠ être légitimiste pour B. après 1830 (= défense de « Henri V » :

branche aînée et non Orléans) : remise en cause du règne de la bourgeoisie, d’un

libéralisme de fait < B. favorable à un pouvoir fort et centralisé, rassemblant les

énergie de la nation au lieu de les laisser se diviser (> intérêt aussi pour utopie

collectiviste saint-simonienne).

+ d) Le rayonnement : 1833-1840

. Activité d’homme de lettres :

— 1838-39 : s’inscrit à la Société des Gens de Lettres, récemment créée,

et la préside (cf. défense des droits d’auteurs).

— 1839 : candidat à l’Académie française.

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— 1840 : fonde la Revue parisienne, entièrement écrite par lui ; fait

faillite.

. Nombreux voyages et rencontres :

— Première rencontre avec Madame Hanska, à Genève ; puis se verront

à Vienne.

— En Autriche, rencontre Metternich (chancelier autrichien ; rôle max.

lors de la réorganisation de l’Europe au traité de Vienne en 1815, après chute

NB.), qui lui fait visiter champ de bataille de Wagram ; rencontrera Talleyrand

(homme politique fr., ministre sous la rév., NB. et la Restauration ; figure du

traître) en Italie ; dîner probable à Paris avec Vidocq (ancien bagnard devenu

espion puis chef de la sûreté) et les bourreaux Samson père et fils.

. Début du projet de La Comédie humaine :

— 1836-37 = songe à regrouper tous ses romans en une œuvre unique,

sous le titre générale : d’Études sociales.

— en a écrit des pièces majeures : Eugénie Grandet (fin 1833), Le Père

Goriot (1835), Histoire des Treize (1833-35 : dont FO. ), Le Lys dans la vallée

(1836), db. Illusions perdues (1837), db. Splendeurs et misère des

courtisanes (1838).

+e) L’achèvement : 1840-1850

. 1840-42 = décide du titre et de la structure générale de La Comédie

humaine : à paraître en 17 volume (finalement 20, posthumes), jusqu’en 1848.

— termine Illusions (1843) et Splendeurs (1847) ; écrit Le Cousin Pons

et La Cousine Bette (1847-48).

. Meurt malade et épuisé après avoir finalement épousé Madame Hanska,

qu’il a été retrouver en Ukraine (est rentré à Paris pour mourir).

e. 2) Balzac et le roman : le moment stratégique de La Fille aux

yeux d’or (1834-1835).

+ Ascendance double dans la genèse du roman « balzacien » (né avec Eugénie

Grandet et Père Goriot) : phi. des Lumières et romantisme, frénétique (roman

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hist. ; roman noir, Sade) : vision soc. et prétention explicative + exotisme,

aventures et passions extrêmes.

+ a) Romantisme et romanesque : longue pratique du roman de consommation

courante par B. (sous pseudonyme : Horace de Saint Aubain)

. grande admiration pour les romans historiques à la Walter Scott (cf.

Ivanhoé, 1819) = orientation décisive.

. grand succès du roman noir ou « gothique » au db. Du s , ds lignée de

romanciers anglais comme Horace Walpole (Le Château d’Otrante, 1764), Ann

Radcliffe (Les Mystères d’Udolphe, 1794), Matthew Lewis (Le Moine, 1797) et

Charles Robert Maturin (Melmoth ou l’homme errant, 1820).

. imprègne aussi sa production assumée, notamment dans les années 30 :

écrit Melmoth réconcilé en 1835 + cite Ann Radcliff in FO. (p. 303) : passion

exacerbée [genre dit « frénétique » ds années 20], parfois satanisme, pers.

sensibles persécutés, enfermés et outragés dans des souterrains et châteaux

obscurs (cf. aussi Sade : allusion à Justine p. 332).

— à rattacher à toute la production fantastique e de B. : Peau de chagrin

> en 1835 = publie aussiSéraphîta < lecture des mystiques et de Swedenborg (h.

et f. amoureux l’un de l’autre et d’un ange androgyne, Séraphitus-Séraphita, qui

finit pas se dissoudre en pur esprit). Double lecture de cette veine, outre recherche

d’un certain succès :

* historique (cf. Barbéris): rejet du régime bourgeois et libéral

mis en place avec la Monarchie de Juillet ; réalité bloquée > le signifier en visant

un au-delà du réel, comme ouverture à la création.

* logique interne de l’œuvre : son ambition philosophique, visant

à dévoiler la vérité du réel.

+ b) Rattachement à la philosophie des Lumières : un certain optimisme ds.

croyance à la raison et au progrès (> dénonciation implacable de leur dévoiement

dans la réalité).

. ambition première et pê dernière de B. = être philosophe ; 1817-18 = écrit

Note sur la philosophie et la religion, Note sur l’immortalité de l’âme ; considère

l’immense édifice de la CH. comme matériau, séries d’ex. aboutissant à des

Études phi. (Peau, Sér.) et Études analytiques (forme de traité ; seul réalisé = Phy.

du mariage…).

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. inspiration importante = théorie du naturaliste Geoffroy Saint-Hilaire :

classement des espèces, mais aussi croyance à leur évolution, en interaction avec

leur milieu > modèle pour la saisie du monde contemporain et de son histoire

devient vitaliste et organique : il s’agit de comprendre une réalité complexe, en

mouvement, en découvrant de grandes forces souvent cachées (≠ réalisme

simplement descriptif, aimable, du Tableau de Paris de Sébastien Mercier, 1781-

88 ).

— ens. romanesque qui se met en place àp de 1835 en gros — avec Père

Goriot et retour des personnages d’un roman à l’autre — cherche à saisir dans son

entier une réaliré en expansion et métamorphose : retour des pers. = saisir leur

évolution et capter une même réalité sous des points de vue différents.

+c) FO. montre l’art balzacien en gésine : . Au centre du texte = intrique romanesque et scène frénétique :

— héros cynique et cruel, complicité d’un bagnard et de divers

complices soudoyés ; femme exotique recluse et séductrice, révélation d’une

liaison entre lesbiennes, meurtre sanguinolent, surprise des identités

(reconnaissance)…

. Vision d’une société bloquée, où la réalisation des désirs forts passe par

des entreprises hors-la-loi : Paquita Valdès, d’origine havanaise et géorgienne,

esclave au mains du vieux marquis et de la jeune marquise de San Réal, doit

déjouer la surveillance qui l’enferme / Henri de Marsay, pour parvenir à ses fins,

doit s’aider des Treize = société secrète à laquelle appartient nott. Ferragus

(p.344), ancien bagnard et chef des Dévorants (autre société secrète).

— FO = 3e partie de l’Histoire des Treize : Ferragus (1833), La

Duchesse de Langeais (1834), FO. (1835) > cf. notice et doc. pp. 365-74.

* Les Treize = fondée sous l’Empire (1804-1814) et dissoute à la

mort de NB. (1821 < projetaient de l’enlever ?) ; unit hommes prêts à tout pour

réaliser leur désir : but = jouissance ; moyen = complicité secrète > forme de

clairvoy ance et d’omnipotence.

. Appartenance à l’Hist. des 13 = montre bien laboratoire du système

balzacien.

— Cycle dans le cycle : retour programmé des pers. > expansion.

* De Marsay et Ferragus aident Montriveau à enlever la DL.

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* De Marsay = reparaît dans bcp. romans, cf. présent ds Goriot >

1835 aussi = Contrat de mariage : devient président du conseil en 1830.

* Fils de Lord Dudley > rôle de Lady Dudley in Lys (1836)

. Composition très singulière du roman expose dualité pbmatique de

l’entreprise balzacienne = long prélude, pmublié à part sous une premère forme

en 1833 : tableau mythique et socio. de Paris.

— Pb. : comment le rattacher à l’intrigue ? > ce roman permet de

questionner l’unité de l’œuvre.

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UE 13 Méthodologie de la dissertation

BALZAC : LA FILLE AUX YEUX D’OR

Dissertation 1

« Balzac va droit au but. Il saisit corps à corps la société moderne. Il arrache à

tous quelque chose, aux uns l’illusion, aux autres l’espérance, à ceux-ci un cri, à

ceux-là un masque. »

Victor Hugo : « Oraison funèbre au Père Lachaise », 21 août 1850

En quoi cette affirmation de Victor Hugo vous paraît-elle pouvoir éclairer la

lecture de la FO ?

f. 1) Analyse des termes importants : à souligner dans l’énoncé du

sujet > travail à faire au brouillon.

. Difficulté de ce sujet = abondance des termes > importance de l’analyse,

pour simplifier l’énoncé et en extraire une problématique.

+ Balzac : l’écrivain, le romancier

. Pt. de vue, en dernière instance = celui de l’art du romancier (≠

personnages : seulement comme moyens du roman)

. Particularité romantique (dont nous avons hérité) = parler d’une œuvre à

travers son auteur ; mais ici, plutôt que fusion, confusion = considération de

l’œuvre comme un être (âme et corps, organisme vivant).

+ va droit au but : aborde l’essentiel sans détour ?

. Pb. / FO < long préambule av. d’entrer dans le romanesque…

. Le romanesque (l’histoire, les péripéties) = pas l’essentiel ?.

. L’essentiel — le but — = de quel point de vue ? Celui du romancier > but

du romancier ≠ seulement plaire au lecteur par une histoire divertissante.

— = aussi : comprendre le réel ?

— cela est aussi une manière d’intéresser le public ? Plaisir du public =

aussi critique, de l’esprit ?

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— au moins pb. décalage entre temps abstrait de l’idée (vérité dont toutes

les parties sont vraies en même temps) et temps du roman (déroulement

progressif).

+ Il saisit corps à corps la société moderne :

. société = ens. des hommes vivant ensemble (relations : famille, pouvoir,

sentiment, passions…) > volonté de totalisation, mais sans transcendance évidente

(le tout = le monde réel ; soc. jusqu’à ses marges : brigands et homosexuels…)

— est-ce un tout ? quel réel ?

. moderne = contemporaine — de Balzac, et de Hugo > du lecteur

d’aujourd’hui ?

— saisir le présent = exigence assez nouvelle de l’art à l’époque (propre

au roman, nott. / opposition au genres trad. : tragédie, poésie lyrique, et même

roman) ; lié au romantisme comme exigence d’expression actuelle (un devenir au

présent : cf. réforme esthétique de V. Hugo lui-même [préface Cromwell, 1827])

— modernité = définie par Baudelaire :

Salon de 1846 : « Toutes les beautés contiennent, comme tous les

phénomènes possibles, quelque chose d’éternel et quelque chose de

transitoire — d’absolu et de particulier. »

Le peintre de la vie moderne, 1863 : « Le beau est fait d’un élément

éternel, invariable, dont la quantité est excessivement difficile à

déterminer, et d’un élément relatif, circonstanciel, qui sera, si l’on

veut, tour à tour ou tout ensemble l’époque, la mode, la morale, la

passion. »

— le moderne = se comprend aussi en relation avec ce qui dépasse le

contemporain : le passé (et l’avenir : le devenir, l’histoire) et l’éternel (catégories

invariables : abstraction, réflexion, croyance) > une des forces majeures de B. =

de donner des perspectives au présent.

. saisir corps à corps : sens propre et figuré

— sens propre possible / FO. = mise en jeu intense et violente des corps ;

panorama social débouche sur mise en scène érotique puis mutilation d’un corps

et meurtre.

— sens figuré = exprimer (cf. sens étym. = pousser hors de ; presser —

saisr — pour en tirer le meilleurs, presser le jus…) / analyser, comprendre (étym. :

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prendre en soi) > brutalité de l’expression = celle d’une analyse qui ne ménage

rien : dévoile, déshabille le corps social.

. corps à corps = amoureux + lutte ; brutalité = passionnel et pê

cruelle : déshabillage ou dépeçage, équarrissage…

. corps à corps = implique deux corps : romancier se met aussi en

jeu, pas sûr de l’emporter ≠ position surplombante que l’on attribue

volontiers à B. ; en quoi l’écrivain se met-il en jeu ?

+ Il arrache à tous quelque chose : . Confirme violence du rapport instauré par l’œuvre : registre = combat de

fauves ou de chiffonniers (≠ conversation de salon [18e] ou didactisme [Hugo])…

— Paradoxe : œuvre qui se veut totalisante agit av. tout par mutilation de

ceux qu’elle concerne ; image de la création (y compris intellectuelle,

intelligente) comme force aveugle et féroce : indépendante de la morale en

particulier, en tout cas d’un morale douce — asservie à la jouissance du créateur

/ exigeante pour le lecteur comme pour elle-même…

. Pas oublier de considérer aussi la création comme créatrice, constructrice.

. À tous : qui est concerné ? Ceux dont l’œuvre parle / à qui elle parle (du

temps de B. et pê du nôtre = les mêmes ?) = personnages + lecteurs.

+ Arracher l’illusion > masque ; l’espérance > cri. (attention au jeu des

anaphores)

. composante de démystification = critique social et psychologique sans

concession (moteurs sociaux et passionnels : DM, Lady Dudley ms aussi ttes

couches sociales et générations — père de DM., sphères de Paris…).

— Implique aussi reconnaissance de la mystification = nécessité du

secret et du mensonge ; arrache des masques mais en pose aussi.

. Espérance > cri = fermeture des issues (pas de solution magiques ou

religieuses pour régler difficultés humaines) > agitation exacerbée des passions,

jusqu’à rage et souffrance (DM, Dudley / Paquita).

— Force suprêmes = avidité (or et plaisir) + force du sang et des classes

(surgissement final de la sœur de DM = clôture du récit par désir de Paquita +

complicité des assassins parents et socialement privilégiés).

. Lecteur aussi se voit arraché illusion et espérance ?

— / vision de la société

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— / attente d’un roman : explication / distraction ; sens complet (moyen

de suspense, de mystère — romanesque — + valeur idéologique : remise en cause

de la nécessité d’un sens complet, déterminé [infini romantique…]).

+ Affirmation de Victor Hugo.

. Point de vue de l’écrivain + transfo. de l’affirmation en analyse étayée (<

poser des questions à ces affirmations).

. Hugo = auteur des Misérables (1862 : fresque historique et sociale,

engagement politique) + des Contemplations (1856 : vertige métaphysique : « tout est

plein d’âmes »).

— 1850 = peu avant exil (1851) : opposition violente à NIII.

+ Éclairer la lecture.

. Lecture = compréhension et interprétation d’un fait littéraire (≠ simplement

subjectif, moral…) > traiter de l’œuvre comme telle.

. Éclairer = (suppose de l’obscurité) rendre plus clair : netteté des idées +

mise en évidence de choses qui ne l’étaient pas (astuce, nuances).

g. 2) Synthèse > Problématique.

+ Pour VH, l’essentiel du roman balzacien est une confrontation avec la société

de son temps, entre expression et démystification.

. Interroger relation constitutive entre visée de l’œuvre et tension entre

critique et expression (intelligence et passion, Lumière et romantisme).

+ 1) Buts et détours. Quel est le but fondamental de l’œuvre balzacienne et

comment l’atteint-elle ?

. a) Didactisme et romanesque

— préambule interminable, publié d’abord à part = vision systématique

de la société, classe par classe, montrant possibilité du mouvement social et

logique général e de l’avidité (or et plaisir : déperdition d’énergie).

— épisode romanesque à souhait, avec ingrédients pour capter et

maintenir l’intérêt : personnages séduisants, exotisme, secrets, passions perverses,

cynisme et violence.

— Contradictions ? Prétendre à l’enseignement (intellectuel et moral :

Lumières) en recourant à un récit racoleur ? Œuvre boîteuse, entre ses deux

parties (quel rapport, outre celui d’un simple exemple de passion) ?

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. b) Un discours visionnaire

— Intro. Ne peut être réduite au didactique positiviste, matérialiste :

référence dantesque = ouvre perspective métaphysique et place tout de suite disc.

Ds récit et roman sur registre de la poésie : détour (rhétorique ?) de la fable et de

l’image.

. Procède par exemples : journée du mercier

. Images : mercier-Protée, circulation de l’or, enfer, boyaux…

. c) Théories et personnages

— Séparation impossible du disc. et du récit < pers. principal = DM. ne

cesse de faire disc., à soi-même, au lecteur et à Paul de Manerville : nécessité de

la fatuité avec les femmes et de la discrétion avec tous, relativisation de tout cela /

vrai projet de vie, politique.

— Écho du narrateur lui-même, opposant les forts aux faibles, et

défendant une certaine nécessité du cynisme ; mais désavoué par la fable : DM.

séduit pas une femme qui lui échappe. Paquita, celle que tous désirent = ne

parlent pas (pas de théorie : opposée absolue du narrateur).

* Trans. Le récit incarne le discours mais le déborde apparemment.

Interroger le corps social du texte et le corps dans le texte, pour mieux

comprendre cette difficulté à expliquer ce qui est raconté, à mettre en récit ce que

l’intro. semble vouloir démontrer.

+ 2) Le corps à corps. Comment se confronte-t-elle au monde de son temps ?

. a) L’intime du temps : société, histoire

— Traversée large de la soc., à travers les personnages eux-mêmes,

malgré relative brièveté de l’histoire : facteur Moinot, écrivain public Poincet,

immigrés divers (Christemio le cubain, mère georgienne de Paquita…), noblesse.

— DM. lui-même = arlequin socio-historique : cosmopolite, élevé par un

ecclésiastique typique du 18e s., noble mais détaché de toute croyance et à ce titre

émancipé de l’ancien régime, apte à vivre ds monarchie bourgeoise (même si

épisode = pendant les Cent Jours…)

. b) Corps désiré, corps sacrifié.

— Au cœur caché de cette société = fille dont la beauté et le regard

renvoient au monde ses valeurs suprêmes = or et plaisir ; approche longue, vers

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cet être exotique et reclus : roman montre difficile accès au vrai plaisir, qui vient

d’ailleurs.

— Ensemble social non harmonieux, sans véritable circulation entre les

êtres et les sphères (≠ intro.) : Paquita homosexuelle, esclave, finalement

meurtries et tuées quand elle enfreint la toute-puissance de ses maîtres.

. c) Roman démembré, roman Protée.

— Roman pê à l’image de ce monde immense et déchiré : épisode lui-

même tient mal (discours en tête), et doit s’étayer — sans succès — de L’Histoire

des Treize [intervention de Ferragus, mais ds un rôle anecdotique].

— Ne trouve pas de forme bien close pour dire un monde violent,

complexe et ouvert : déséquilibre expressif, accompagne gestation de la CH. :

retour du pers. de DM, apparu ds Père Goriot et qui deviendra ministre in Contrat

de mariage ; sacrifice du héros unique, multiplication des points de vue pour

comprendre le réel.

* Trans. Analysant une société, le roman montre aussi une souffrance. La

violence du temps semble mettre à mal l’unité de l’œuvre, entre expression et

démystification.

+ 3) Masques et arrachements. Comment la violence, la difficulté portées par

l’œuvre mettent-elles en rapport l’analyse critique et l’expression des passions ?

. a) Secrets sans espoir

— Le roman arrache les masques et montre leur nécessité : ds un univers

d’argent et une société bloquée (Restauration mais surtout Monarchie de Juillet,

au moment où Bzc. Ecrit FO), gdes passions sont secrètes et sans morales —

enfermement de Paquita, discrétion de DM qui appartient à une soc. secrète ; un

meurtre enterre définitivement cette passion.

— Masques sociaux ne cachent aucune raison d’espérer :

individualismes féroces ; la seule naïve, qui aime une fois dans sa vie, est

sacrifiée.

. b) Intensités

— Malgré dissimulation qui l’entrave, seul élt. positif qui circule dans le

roman, comme l’or dans la soc. décrite = énergie ; volonté de DM et de Pq. (>

ingéniosité ds intrigue : comme le romancier), rage de DM (de la duègne, de

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Christemio, de Lady Dudley = typique < énergie entravée dans sa volonté ou

jouissance) > jusqu’au ridicule (combat avec coussin…).

. c) Les ombres du roman

— Masques arrachés laissent mystère : reconnaissance rocambolesque de

la fin rendue possible par désir de Paquita = sentant sans le savoir relation entre

DM et sa sœur ? Composante fantastique dans création de la relation la plus forte

du roman.

— Sens ? Roman compose lien le plus fort (évident et pas remis en cause

à la fin) : inceste par victime interposée ; lien du sang (avec interdit semi-

transgressé) = aussi lien de classe. Sens politique, peu après conversion de Bzc. au

monarchisme ? Suggère statut d’utopie : règne des frères et sœurs = désirable et

interdit ?

. Romancier pê pas indemne : hors du discours, roman lui arrache

illusion qu’il crée.

+ Concl. : roman ne se donne pas non plus simplement au lecteur, à qui ne cesse

d’arracher la possibilité de composer un sens simple et univoque. Cette difficulté

= laisse lecture ouverte et permet modernité continuée de l’œuvre.

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UE 13 Méthodologie de la dissertation

BALZAC : LA FILLE AUX YEUX D’OR Dissertation 1

Problématique.

— Pour VH, l’essentiel du roman balzacien est une confrontation avec la société de son temps, entre expression et démystification. . Interroger relation unissant visée de l’œuvre et tension entre critique et expression (intelligence et passion, Lumière et romantisme).

Éléments pour un plan * Trans. Le récit incarne le discours mais le déborde apparemment. Interroger le corps social du texte et le corps dans le texte, pour mieux comprendre cette difficulté à expliquer ce qui est raconté, à mettre en récit ce que l’intro. semble vouloir démontrer. * Trans. Analysant une société, le roman montre aussi une souffrance. La violence du temps semble mettre à mal l’unité de l’œuvre, entre expression et démystification. Le corps à corps. Comment l’œuvre se confronte-t-elle au monde de son temps ? Buts et détours. Quel est le but fondamental de l’œuvre balzacienne et comment l’atteint-elle ? Masques et arrachements. Comment la violence, la difficulté portées par l’œuvre mettent-elles en rapport l’analyse critique et l’expression des passions ? . Un discours visionnaire . Corps désiré, corps sacrifié. . Théories et personnages . Roman démembré, roman Protée. . Secrets sans espoir . L’intime du temps : société, histoire . Intensités . Les ombres du roman . Didactisme et romanesque

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UE 13 Méthodologie de la dissertation

BALZAC : LA FILLE AUX YEUX D’OR

Dissertation 2

Dans La Fille aux yeux d’or de Balzac, « Paris est un dieu cruel. »

Nicole Mozet, Balzac au pluriel, PUF, 1990

1. Réflexion sur les notions

— Paris :

+ Comme lieu : qu’est-ce que c’est qu’un lieu dans un / ce roman ?

. Celui de l’ensemble de l’action : mais = a beaucoup de prolongement dans

la vie des personnages principaux, dont la plupart sont +/- des étrangers (De

Marsay et l’Angleterre, sa sœur et l’Espagne, Paquita et La Havane, Christemio

le mulâtre, sa mère et la Georgie [monde d’esclavage : comme les Antilles

françaises ; cf. abolition de l’esclavage en 1848], Paul de Manerville et la

province…) ; Londres comme lieu d’où vient la menace : retour de margarita

Euphémia.

— îlots de tranquillité = femmes vivant à l’oriental (De Marsay = férocité

du despote oriental : pardonne pas ; pour lui, idéal de l’amour = volupté qui dort,

méditerranéenne : Espagne, Italie).

. Plusieurs lieu ds Paris = surtout, cpdt., centre (aristocratique)

— DM : rue de l’Université (= Fbg. St. Germain : quartier de

l’artistocratie) + cercles de jeu + jardin des Tuileries [Terrasse des Feuillants,

grille de la rue Castiglione] = lieu où se montrer (se voir, se croiser) et aller à la

chasse [se retire chaque fois avant l’action : 2e RDV, meurtre final].

— Paquita : Tuileries comme lieu de RDV = échappatoire / son

esclavage (ouverture, échange) ; Bd. Montmartre comme lieu de RDV secret (bd.

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comme lieu de passage : avant ouverture de Paris par Hausmann, après la

Commune = pour empêcher barricades et permettre passage des armées) > bouge

sinistre, à la Radcliffe (lieu romanesque : bas-fonds de Paris — cf. feuilleton de

Sue : Les Mystères de Paris : 1842-43), hôtel de la rue St. Lazare.

. = clôture multiple : murs avec chiens + porte + gardes (ouverture

fin = par tuyaux qui laissent passer des cris).

. ouverture romanesque : chambre voluptueuse, qui appartient à

Euphémia ; lieu déplacé : l’ailleurs est ici (= reconnaissance

sensoriel de l’hôtel par DM, à qui l’on veut faire croire qu’il est

ailleurs) ; baron de Nucingen à côté (grand banquier juif

alsacien)…

. paradoxe de la chambre d’amour dissimulée au cœur d’un univers

de haine et d’intérêts.

— peuple : les ouvriers : cabarets font une ceinture de boue à la ville

(249) = menace environnante [renversement du gvt. chaque semaine si pas ivresse

ds cabarts] : Paris sur la défensive comme hôtel de San Réal : noblesse aussi a les

pieds ds les immondices (261).

. peuple aussi au centre de Paris : femme du mercier travaille aux

Halles (ventre physique — marché — comme les financiers [3e cercle] sont ventre

monétaire), ouvriers = figurant à l’Opéra (autre service des hautes sphères : muet

comme Paquita).

+ Ce lieu = une société :

. Fresque du début : comparaison avec l’enfer de Dante, du bas jusqu’en

haut — mais aussi mène le monde, moteur intellectuel et politique : « Paris est à la

tête du globe » (263) + lumière de 1789 + Ps comme bateau dont la vigie du grand

mât est Napoléon. (id.)= ambivalence : puissance destructrice (interne) est aussi

créatrice (vers l’ext.).

. Comparaison avec la nature — « champ » remué db. ; « Ps. Physique » >

« Ps moral », recherche d’un « moteur » : « l’or et le plaisir ».

— force du physique : débauche d’énergie crée une apparence

cadavéreuse et factice (masque : dissimulation = comme hôtel SR et vie qui s’y

mène).

. Société multiple (cf. même comme pers ; nommés : Laurent, Moinot,

Poincet) ms rassemblée par vision mythologique :

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— religieuse : enfer < quelle est la faute ? Recherche galisée du plaisir

(dilapidation individualiste, opposée sans doute à l’union sacrée des Treize ; à la

poigne centra).

— naturaliste : dépense d’énergie usant les vies

— sociologique : vain mouvement d’ascension.

— Est :

+ Noyau prédicatif de la phrase > qu’est-ce qui permet d’affirmer cela ds le

roman, comment et pourquoi ?

. discours du narrateur / composition de l’histoire.

+ Etre / devenir — ou être comment ?

. évident / caché ; symboliquement ?

h. Un dieu cruel :

+ Dieu = une puissance, parée de certains attributs, à qui l’on voue un certain

culte (ds un certain système religieux).

. un dieu / plusieurs : dieu unique > monothéisme > dieu créateur

(puissance) ; ms dieu d’amour (nouveau testament) > garde de ce dieu la

puissance créatrice, sans l’amour (qui permet le salut) : Dieu-Paris pour B. =

puissance impersonnelle (avidité, cupidité ; avarice au sens ancien), désir de

richesse, plaisir et pouvoir (paganisme).

— un dieu matérialiste, voire immanent : n’existe pas hors des hommes

(se distingue peu d’un instinct) ; pê : moteur de l’histoire ; force qui fait évoluer

les société ds l’histoire (en tout cas ds la société bourgeoise instaurée pour finir

par la RF, comme le montre la Monarchie de Juillet).

. > pas un dieu de bonté : dieu de l’intérêt, voire de la cruauté

(indifférence au bien d’autrui).

— Paris = symbole de ce dieu, qui représente plutôt esprit de l’époque ;

Ps. comme centre de pouvoir et de culture (condensation d’énergie, qui rayonne

sur le pays [tout le monde y vient] et le monde ; cf. aussi Napoléon comme force

centralisatrice et rayonnante).

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. Paganisme ds ce rabaissement de la définition de Dieu : « or et plaisir » =

évoque plutôt veau d’or (idole : amour des objets) et grande prostituée Babylone

(cf. FYO = femme exotique : symbole babylonien de Paris).

* Dans la FO. : voir en quoi cette logique se réalise de façon particulière ?

— ou : comment le « dieu » propre à l’œuvre se rapporte à l’esprit du

temps ? Les régnants règnent mais ne jouissent pas : Paquita doit mourir, dans le

monde tel qu’il est, ms elle est la vraie source productrice de valeur (dépense et

provoque énergie créatrice).

+ Allusion possible = « un dieu jaloux » / dieu de l’ancien testament.

. Réclame culte exclusif : que peut être le culte rendu à Paris ?

— = respect du système de valeur (esprit du temps) : s’échiner en

dépense d’énergie pour or, plaisir et ascension sociale.

— Pers. qui ne respecte pas ce code :

. Paquita ? Pure source de plaisir et recherche de la satisfaction

immédiate — sans tenir compte des contraintes matérielles

(ignorance de l’argent : 339).

. DM. : recherche le plaisir mais a l’or (aristo. Blasé — quoique

bâtard : pas assumé par son père) ; transgression = ds cynisme :

incroyance ; veut utiliser les valeurs du profit ≠ y adhérer ; le

réclame-t-elle ?

— aussi : énergie jeune / monopole des vieux.

. Margarita Euphémia : bloque la libre circulation des biens et des

personnes = cesse de chercher, de s’échiner à la dépense ; son

délire = possession (comme père Grandet — mais lui, a investi…)

> écarté de la société des intérêts : sacrifice de soi au Dieu d’amour

(d’autant plus sacrifice que sans croyance : remords = passionnel

[pas de compte à rendre à la société]) > se cloître pour lui comme

elle aurait voulu que P. se cloître pour elle…

. Culte = passe aussi par sacrifice : don ds l’espoir d’un contre-don.

— DM. ne donne rien (vertige de la toute puissance) > n’a rien, à

l’arrivée (a eu ce qu’il a d’habitude, ds règne de l’or et du plaisir : plaisir) ; n’a pas

amour total et exclusif (même souhait que sa sœur : cf. aussi nom des

« Dévorants »).

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— Sacrifice majeur = Paquita : contrairement à l’esprit du temps, n’a pas

reconnu puissance en place > sacrifiée : avec cruauté, et sur autel paradoxal de

l’amour (≠ amour chrétien) ; cf. logique du sacrifice selon Margarita = se

rembourse du sang offert par Paquita à DM..

. Paquita aussi sacrifié à Paris comme dieu par l’intermédiaire des

Treize : dépendance de DM. / Paris, qu’il ne peut quitter (société

secrète l’aide ds cette vengeance dont il est privé : Treize comme

version noire des 12 apôtres + JC).

+ Cruel :

. Renversement des valeurs chrétiennes : jouissance dans le mal délibéré

(DM. et Margarita, ds la soumission de Paquita).

. Paris comme Dieu qui mange ses enfants : mère esclave vend sa fille une

seconde fois (son cadavre) < passion du jeu : dépense ds Paris (comme DM. : 302

av. 1e rencontre ; 328 en gal).

2. Problématique > plan

— En quoi Paris, comme lieu romanesque, représente-t-il aussi un système de

valeurs qui dépasse les individus et les sacrifie ?

— 1. Paris, espace romanesque des intrigues et de la puissance.

+ a. Centre de toute une géographie romanesque. . Ds déroulement de l’intrigue : hôtel St. Lazare = l’intime et l’interdit /

espaces de rencontre : Tuileries, Bd. Montmartre, restaurants et cercles de jeu

(voire mondanité chez DM. et Manerville) ;

. Origine des personnages : convergence vers Paris de provenances diverses,

et notamment exotiques (érotisme Paquita, sauvagerie Christemio et mère

georgienne).

+ b. Centre d’un système de puissance.

. Hôtel St. Lazare et rue de l’Université = Ps. de la richesse et de

l’aristocratie. Or lieu cruel, claquemuré ( cf. défenses multiples) qui devrait être

ailleurs (cf. stratagème de P / DM. : passion pas à sa place).

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. Or : Ps. social décrit par Balzac = enfer orienté vers le pouvoir

aristocratique et financier, et cerné par débauche ouvrière (qui assure maintien du

pouvoir au lieu de le renverser) > parallélisme du romanesque et du socio-

politique.

— 2. Paris, divinité infernale de l’or et du plaisir.

+ a. Une énergie destructrice et créatrice.

. Le monde infernal parisien traversé d’une force ambiguë : immondice et

« tête du globe » ; créativité et centralisation politique valorisée (RF, Napoléon).

. Une force physique et historique à laquelle tous se soumettent : Ps.

créateur comme dieu, ms inversion des valeurs chrétiennes (intérêt et jouissance >

possible jusqu’à la cruauté : or pour Balzac àp de 1831, « deux Vérités éternelles :

la Religion et Monarchie ») + matérialisation (déforme les corps ; naturalisation).

+ b. Les personnages rendent à ce dieu un culte ambigu.

. Pers. principaux = plus ambigu que les types sociaux de l’intro. (mercier)

ou de l’intrigue (facteur Moinot, écrivain public Poincet : eux-mêmes liens entre

des zones de force).

. DM. : a déjà l’or, et chasse le plaisir, volonté de puissance et de jouissance

— et même ambition politique — ms. : ne peine pas pour réussir, et beauté (pas

déformé par l’effort) + incroyance.

. Paquita = dévoile au cœur de la soc. sa vérité cachée = consommation et

esclavage (pas encore abolie ds les Antilles d’où elle vient) ; suscite le désir et

l’exerce + aliénation : son libre désir > reproduction de son esclavage : frère de sa

maîtresse ; mais prend initiative transgressive : ignorante de l’argent, jouit de ses

maîtres au lieu de les servir, et aime.

— 3. Sacrifice et châtiment dans le culte parisien de l’or et du plaisir.

+ a. Une victime sacrificielle : Paquita . Sacrifié par Margarita car transgressant son pouvoir : logique sadique et

sacrificielle du sang rendu.

. Par sa mère par goût de l’or et du jeu.

. Par DM. comme émanation de Paris par les Treize.

+ b. Châtiment des usurpateurs ou contestation du dieu ?

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. DM. n’adhère pas à la société du temps (origine + cynisme + culte possible

à NB par les Treize) + ambition de toute puissance > frustré.

. Margarita : bloque circulation > mise à l’écart + soumission à Dieu.

. Esprit du roman = cruel pour culte de l’or et du plaisir ; victime de la

société dépeinte = héroïne de l’œuvre : comme cercles inférieurs de la soc., P. est

source redoutable de toute créativité et jouissance.

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D. Guillaume UE 13

BALZAC : LA FILLE AUX YEUX D’OR Dissertation 2 : proposition de plan détaillé

I Paris, espace romanesque des intrigues et de la puissance. 1. Centre de toute une géographie romanesque. . Dans le déroulement de l’intrigue : hôtel St. Lazare = l’intime et l’interdit / espaces de rencontre : Tuileries, Bd. Montmartre, restaurants et cercles de jeu. . Origine des personnages : convergence vers Paris de provenances diverses, et notamment exotiques (érotisme Paquita, sauvagerie Christemio et mère georgienne). 2. Centre d’un système de puissance. . Hôtel St. Lazare et rue de l’Université = Ps. de la richesse et de l’aristocratie. Or lieu cruel, claquemuré ( cf. défenses multiples) qui devrait être ailleurs (De Marsay les yeux bandés : passion pas à sa place). . Or : Ps. social décrit par Balzac = enfer orienté vers le pouvoir aristocratique et financier, et cerné par débauche ouvrière (qui assure maintien du pouvoir au lieu de le renverser) > parallélisme du romanesque et du socio-politique. * La cohérence de l’organisation spatiale au plan romanesque et sociale tient à l’emprise d’une idéologie — le culte de l’or et du plaisir — à laquelle les personnages résistent en même tps qu’ils s’y soumettent. II Paris, divinité infernale de l’or et du plaisir. 1. Une énergie destructrice et créatrice. . Le monde infernal parisien est traversé d’une force ambiguë : immondice et « tête du globe » ; créativité et centralisation politique valorisée (RF, Napoléon). . Une force physique et historique à laquelle tous se soumettent : Ps. créateur comme dieu, ms inversion des valeurs chrétiennes (intérêt et jouissance > possible jusqu’à la cruauté : or pour Balzac à partir de 1831, « deux Vérités éternelles : la Religion et Monarchie ») + matérialisation (déforme les corps ; naturalisation). 2. Les personnages rendent à ce dieu un culte ambigu. . Personnages principaux = plus ambigu que les types sociaux de l’intro. (mercier) ou de l’intrigue (facteur Moinot, écrivain public Poincet : eux-mêmes liens entre des zones de force). . De Marsay. : a déjà l’or, et chasse le plaisir, volonté de puissance et de jouissance — et même ambition politique — mais. : ne peine pas pour réussir, et beauté (pas déformé par l’effort) + incroyance. . Paquita = dévoile au cœur de la société sa vérité cachée = consommation et esclavage (pas encore abolie dans les Antilles d’où elle vient) ; suscite le désir et l’exerce + aliénation : son libre désir > reproduction de son esclavage : frère de sa maîtresse ; mais prend initiative transgressive : ignorante de l’argent, jouit de ses maîtres au lieu de les servir, et aime. * Résister à ce dieu bourgeois a un prix, qui — pour Paquita — va jusqu’à la mort. Mais, par son intrigue, le roman oppose à cette cruelle divinité la puissance mystérieuse de la victime qui lui est sacrifiée. III Sacrifice et châtiment dans le culte parisien de l’or et du plaisir. 1. Une victime sacrificielle : Paquita . Sacrifié par Margarita car transgressant son pouvoir : logique sadique et sacrificielle du sang rendu ; par sa mère par goût de l’or et du jeu ; par De Marsay qui est une émanation de Paris (les Treize). 2. Châtiment des usurpateurs ou contestation du dieu ? . DM. n’adhère pas à la société du temps (origine + cynisme + culte possible à Bonaparte par les Treize) + ambition de toute puissance > frustré. . Margarita : bloque circulation > mise à l’écart + soumission à Dieu. . Esprit du roman = cruel pour culte de l’or et du plaisir ; victime de la société dépeinte = héroïne de l’œuvre : comme cercles inférieurs de la soc., Paquita est source redoutable de toute créativité et jouissance.

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UE 13 Méthodologie de la dissertation

BALZAC : LA FILLE AUX YEUX D’OR

Dissertation 3

Balzac « veut montrer que la succession des faits […] sera telle que l’exige le

déterminisme des phénomènes mis à l’étude. C’est presque toujours ici une

expérience « pour voir » […]»

Émile Zola, Les Romanciers naturalistes, 1881

i. Situation de la citation : Z. fait de Balzac un précurseur du

naturalisme =

+ Poursuivre réalisme initié par Stendhal et Bzc mais de façon plus

systématique :

. Toute catégorie sociale et ph. : ouvriers, vices

. Application délibérée de lois scientifiques : théorie des tempéraments,

hérédité > construction des Rougon-Macquart :

— faire concurrence à la Comédie humaine = par fresque relatant

l’histoire d’une seule famille : montrer effets de l’hérédité (ancêtre commun = une

folle > troubles de personnalité de ses descendants).

— Balzac « veut montrer » : quoi, et comment ? / « déterminisme » /

« expérience pour voir »

+ Dans le préambule descriptif :

. expliquer le physique par le moral

. règle de l’or et du plaisir

+ Dans l’ensemble du roman : pas évident

. DM et Paquita = contre-exemples / laideur démontrée d’abord

— relation ambiguë à la loi de l’intérêt

. Pers. secondaires = plutôt exemples :

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— mère de P., Moinot (accepte de donner renseignements, contre

argent). Poincet id. = rend service ≠ de son métier (écrivain public ≠ traducteur)

. Exception = Treize : solidarité + passion (mais : au service du pvr et du

plaisir)

+ Ce que B. montre / soc. = oppression d’individu d’exception, passionnés, /

société post-révolurtionnaire devenue capitaliste bourgeoise, régie par intérêts.

. Pas dit comme tel : loi occulte, à deviner par fragments + comme morale

de l’histoire.

+ Déterminisme = loi de causalité absolue (chaque ph. = produit, déterminé par

un ens. de condition qui précèdent > ph. ne peut pas ne pas se produire).

. Pensée matérialiste + un des fondements de la science moderne naissante :

importance du corps et de l’énergie, mais pas de référence scientifique (réf db. =

Dante et la scolastique : raisonnement subordonné à l’existence de Dieu).

— loi chez Bzc. = pas scientifique : plutôt esprit d’une époque (juge

athéisme et individualisme : > « L’or et le plaisir ».

. Déterminisme du milieu ?

— Paris façonne les êtres : mais ds le sens d’un devenir (≠ fixité) ; loi =

mouvement (ce qui est un destin = les règles du mouvement)

— Paquita vient des Antilles + Georgie : esclave

— DM. : obscurci par complexité de sa généalogie

. Hérédité claire : physique = grâce aristocratique + alliance nord-

sud (yeux bleus + cheveux noirs) ;

— moralement cynique = comme ses deux parents ss doute (cf.

légèreté, galanterie de sa mère) + éducation de Maronis (vista

politique et mondaine); issu de transfuges : aristo. Apatrides,

brouilleurs de lignées + prélat cynique, ss croyance [pers. forts, ne

s’en tenant pas au règles édictées par la société].

— déterminisme (à la Zola) : cf. sœur, passionnée et pervertie

(homosex. + cruauté).

— déterminisme de l’intrigue : force du sang (perception

obscure de la fratrie par Pq. ; évidente par DM. et Margarita) +

solidarité de classe (méchants aristos pas punis).

. Déterminisme explicité à la fin — quasi boutade : « Elle était fidèle au

sang » — mais pas expliquée, théorisée.

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— Déterminisme fonctionne comme une loi (force) obscure, inaperçue :

plutôt un destin (cf. ≠ dieu-Paris) : Atrides < faute d’Atrée, donnant à manger à

son frère Thyeste ses propres enfants.

— Le sang = autant un principe énergétique et politique qu’une R.

biologique : cf. conversion politique de B..

— Cette force = se dégage du récit : ≠ déterminisme moral, économico-

politique du db.. ; B. ne semble pas du tout « vouloir montrer » sa réalité : le récit

y parvient (comme si fantasme du sang l’emportait pour finir sur règne de

l’individualisme bourgeois : présentée comme déchaînement d’une force quasi

physique).

+ Expérience pour voir : . Expérience = production d’un essai, d’un test visant à vérifier une loi

(scientifique : réitérable > mêmes conditions produisent mêmes effets)

— pbmatique ici < seule loi vérifiée (or et plaisir) l’est ds le préambule, à

travers ≠ couches sociales envisagées galt. (répétition)

— pers. essentiels du roman = ne vérifient pas clairement cette loi ; celle

qui se vérifie plutôt n’est pas clairement énoncée : « La force du sang » = titre du

chap. III.

. Pê sens différent : expérience au sens d’essai tentative d’une chose

inconnue > « voir » ≠ vérifier, mais percevoir, surprise de la sensation (le

particulier qui contredit le gal : anti-déterminisme).

— cf. DM. = irrésistible (certaine ambivalence sexuelle > séduit hommes

et femmes) > séduit effectivement FO : mais en fait est séduit par elle (elle vient

le chercher) ; surprise agréable de la difficulté (obstacles), puis désagréables de la

concurrence (pas d’innoncence ; mœurs partic. : déguisement > colère >

« Mariquita ») ; « pour voir » : importance de la sensation = séduction au premier

regard (mais au fond de ses yeux ≠ or, mais recherche de la passion [≠ plaisir] ; et

surtout « loi du sang ») : en ce sens = acquiert une exp., a appris qqch. (abîmes

possibles ce la personnnalité).

— de même : programme narratif apparent du préambule = surpris,

contourné-dépassé par le récit : ≠ histoire de promotion sociale, ou quête d’or et

de plaisir ; plutôt toile de fond (effet de perspective) = dessine fresque grandiose

de la médiocrité bourgeoise [misère galisée] sur laquelle se détachent quelques

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destins d’exception, mus par « force du sang » [tripes de Paris (ventre, av. Zola) >

yeux d’or].

— La succession des faits : question du temps ds le récit (histoire / récit)

+ Ds optique expérimentale = succession prévisible et qui peut se répéter.

. Ici = DM. irrésistible > séduction de FO = a effectivement lieu, mais à

travers des surprises : obstacles puis concurrence.

— ceux-ci, qui font plaisir à DM = justt. trace de ce qui va le dépasser

(de l’autre loi, du sang, qui se manifeste ici par puissance adverse) : bifurcation ds

l’enchaînement (pas autre homme [cf. pas marquis]).

+ La succession des faits = stratégique et lacunaire, ds l’exposé qu’en fait le

narrateur omniscient.

. Mentionne très rapidement l’existence de Margarita Euphémia Porrabéril

(dit Euphémie), son mariage avec marquis de San Réal + adresse à Paris, son

passage aux antilles d’où retour avec fille de mœurs singulières.

— après tourbillon de noms dont lecteur ne voit pas le rapport entre eux,

l’utilité / intrigue (qu’il est pressé de connaître).

— magré adresse + nom (par Moinot, à propos de Paquita) : lecteur ne

fait pas nécessairement le rapprochement ; de plus : Pqt. dit « Mariquita » = nom

pas donné avant : succession (réelle) des faits reste masquée.

— explicitation = très rapide aussi, juste à la fin du roman (347-9) :

« LD. Doit être votre père » + N. de la femme juste énoncé par narrateur (sous une

forme ≠), et se disent réciproquement « sœur » et « frère » [pas de question, de

commentaire, de récit de vie : ø vraisemblance ψ]

. Lecteur surpris bien plutôt que conforté ds constat d’un déterminisme : le

passé ressurgit ds le présent (à la Proust) et jeu sur intervalle de temps ds le récit

et ds l’histoire > force de surgissement tient à cette double distance +

renversement rapide (opposition , haine à mort > fraternité, complicité).

— complication de l’intervalle > force romanesque et mythique du

surgissement.

— « phénomène » = ce qui apparaît ; mais importance aussi de ce qui

n’apparaît pas.

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La FO, dans son développement, vérifie-t-elle une loi énoncée au préalable par B,

ou bien l’expérience vécue concrètement par les personnages déjoue-t-elle ce que

le récit laisse prévoir?

I. L’enfer et ses lueurs : déterminismes sociaux-historiques et espaces de liberté

1. La loi de l’or et du plaisir. . É noncée par le narrateur, puis vérifiée à travers les différents types ; elle

est pour Balzac la vérité de la monarchie libérale et bourgeoise à laquelle aboutit

finalement la Révolution. Paris : condensé symbolique de cette vérité. Présenté

comme un ordre religieux et non scientifique (Dante).

. Détermine aussi pour une large part le comportement des pers. dans le

roman : De Marsay, Manerville, Moinot, mère de Paquita (à expliquer)

2. Les marginaux d’un ordre implacable

. Chacun peut être ramené à une causalité (origine et milieu) : Paquita fille

d’esclave ; origines et éducation complexe de DM., séducteur sans foi ni loi:

parents cosmopolites nobles, séducteurs et cyniques brouillant leur lignées,

précepteur ecclésiastique sans croyance mais clairvoyant et bien introduit dans le

monde.

* Clairement posées, les lois sociales déterminent puissamment caractères et

comportement. Mais dans cet ordre, l’intrigue se bâtit sur une série d’exceptions

et de surprises.

II Expériences de l’exception : marges et surprises

1. Des expériences hors-norme

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. La fresque initiale = tableau sur le fond duquel se détache, par contraste,

les personnages principaux : exceptions brillantes (beaux, passionnés) à l’ordre

utilitariste. Développement par opposition.

. Rapports ambivalents des héros à l’ordre dominant : DM. et sa société

secrète (mais au service de son plaisir), P. esclave et naïvement amoureuse (mais

O complaisant de plaisir pour ses maîtres et recherchant le sien propre).

2. Des expériences inattendues . DM. heureusement surpris dans sa certitude de conquête : importance de la

sensation, notamment visuelle (premier regard aux Tuileries, mise en scène de

volupté orientale au cœur de Paris) ; bonheur d’une résistance qui se mue en

tromperie et possession (le séducteur séduit, troublé et joué : P. comme élément

perturbateur).

* Marginalité sociale et surprise permettent le romanesque. Celui-ci, pourtant, fait

émerger une obscure causalité qui n’est pas celle de l’époque.

III. La force du sang : surprises d’un ordre occulte 1. Destins aristocratiques dans la médiocrité du monde bourgeois

. Le dénouement révèle la détermination du récit par les liens familiaux,

comme par un destin : relation DM-Euphémia renoué à travers l’amour et la mort

de Paquita. Sans explication vraisemblable : ni pas B. ni par les pers. ; ce

déterminisme est une fatalité qui reste obscure. Fantasme politique, opposant loi

familiale d’exception à l’ordre commun ?

2. Le récit renforce et déjoue sa propre loi de succession

. Loi d’autant plus obscure qu’elle n’est pas exposée au début, et que les

indices qui la révèlent sont stratégiquement disséminés et réduits : écart début (bio

des enfants de Dudley) / fin > force de surgissement d’un passé lointain. Le

lecteur ne voit pas se vérifier une loi, mais découvre les ressorts obscurs de

destins d’exception. Vision romanesque l’emporte sur projet didactique.

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D. Guillaume UE 13

BALZAC : LA FILLE AUX YEUX D’OR

Dissertation 3

Balzac « veut montrer que la succession des faits […] sera telle que l’exige le déterminisme des phénomènes mis à l’étude. C’est presque toujours ici une expérience « pour voir » […]»

Émile Zola, Les Romanciers naturalistes, 1881

j. Mise en perspective de la citation : illustration de l’esthétique naturaliste. + Application au roman du déterminisme scientifique (tempérament, hérédité) : cf. fresque d’une seule famille : Les Rougon-Macquart, de Zola. . Certaines conditions (naturelles, sociales) déterminent les comportements, de génération en génération.

— « B. veut montrer » – « déterminisme » — « expérience "pour voir" » :

+ B. veut montrer : projet délibéré + démonstration (loi > exemple) . Différence : préface / récit (loi expliquée ? illustrée ?)

+ Déterminisme : règle de causalité . Dans FO. : qu’est-ce qui détermine les personnages ? (règles de comportement, milieu — social,

familial —, moment historique…) Une seule loi ? Plusieurs ? Rapports entre ces lois ?

. Les règles s’appliquent-elles toujours ? Exceptions ? Liberté ?

+ Expérience « pour voir » : . Modèle scientifique : mêmes conditions > mêmes résultats (répétition, vérification de ce que l’on

sait déjà [= voir]).

— Peut-on prévoir ce qui va se passer dans la FO ?

. Expérience = aussi essai de ce que l’on ne connaît pas (possibilité de surprise) : dans FO, pour qui ?

(personnages ? romanciers ?) [démontre-t-il ce qu’il dit vouloir démontrer ? ou autre chose ?]

. Voir = aussi percevoir : rôle de la sensation (particulière > ≠ règle : générale)

— cf. « phénomène » = ce qui apparaît (pour vérifier la loi, ici) Et ce qui n’apparaît pas ?

— La « succession des faits » + Enchaînement de la causalité : cause > effet (= vérification de la règle)

+ Temps du roman : de l’histoire (= les faits racontés) mais aussi du récit (le texte dans son déroulement).

. La progressionde l’histoire / du récit démontre-t-elle une loi formulée au départ ? Nous permet-elle

d’en découvrir une autre ? Tout nous est-il toujours dit ? Quand et comment ?

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Balzac, La Fille aux yeux d’or. Dissertation 3

La FO, dans son développement, vérifie-t-elle une loi énoncée au préalable par B, ou bien l’expérience vécue concrètement par les personnages déjoue-t-elle ce que le récit laisse prévoir? I. L’enfer et ses lueurs : déterminismes socio-historiques et espaces de liberté 1. La loi de l’or et du plaisir. . Énoncée par le narrateur, puis vérifiée à travers les différents types ; elle est pour Balzac la vérité de la monarchie libérale et bourgeoise à laquelle aboutit finalement la Révolution. Paris : condensé symbolique de cette vérité. Présenté comme un ordre religieux et non scientifique (Dante). . Détermine aussi pour une large part le comportement des pers. dans le roman : De Marsay, Manerville, Moinot, mère de Paquita (à expliquer) 2. Les marginaux d’un ordre implacable . Chacun peut être ramené à une causalité (origine et milieu) : Paquita fille d’esclave ; origines et éducation complexe de DM., séducteur sans foi ni loi: parents cosmopolites nobles, séducteurs et cyniques brouillant leur lignées, précepteur ecclésiastique sans croyance mais clairvoyant et bien introduit dans le monde. * Clairement posées, les lois sociales déterminent puissamment caractères et comportement. Mais dans cet ordre, l’intrigue se bâtit sur une série d’exceptions et de surprises. II Expériences de l’exception : marges et surprises 1. Des personnages hors-norme . La fresque initiale = tableau sur le fond duquel se détache, par contraste, les personnages principaux : exceptions brillantes (beaux, passionnés) à l’ordre utilitariste. Développement par opposition. . Rapports ambivalents des héros à l’ordre dominant : DM. et sa société secrète (mais au service de son plaisir), P. esclave et naïvement amoureuse (mais O complaisant de plaisir pour ses maîtres et recherchant le sien propre). 2. Des expériences inattendues . DM. heureusement surpris dans sa certitude de conquête : importance de la sensation, notamment visuelle (premier regard aux Tuileries, mise en scène de volupté orientale au cœur de Paris) ; bonheur d’une résistance qui se mue en tromperie et possession (le séducteur séduit, troublé et joué : P. comme élément perturbateur). * Marginalité sociale et surprise permettent le romanesque. Celui-ci, pourtant, fait émerger une obscure causalité qui n’est pas celle de l’époque. III. La force du sang : surprises d’un ordre occulte 1. Destins aristocratiques dans la médiocrité du monde bourgeois . Le dénouement révèle la détermination du récit par les liens familiaux, comme par un destin : relation DM-Euphémia renoué à travers l’amour et la mort de Paquita. Sans explication vraisemblable : ni pas B. ni par les pers. ; ce déterminisme est une fatalité qui reste obscure. Fantasme politique, opposant loi familiale d’exception à l’ordre commun ? 2. Le récit renforce et déjoue sa propre loi de succession . Loi d’autant plus obscure qu’elle n’est pas exposée au début, et que les indices qui la révèlent sont stratégiquement disséminés et réduits : écart début (bio des enfants de Dudley) / fin > force de surgissement d’un passé lointain. Le lecteur ne voit pas se vérifier une loi, mais découvre les ressorts obscurs de destins d’exception. Vision romanesque l’emporte sur projet didactique.

D.Guillaume

DEUG 1 : UE 13Balzac, La Fille aux yeux d’or Proposition de corrigé : groupe 2

Balzac «croit que la pensée, augmentée de la force passagère que lui prête la passion, et telle que la société le fait, devient nécessairement pour l’homme un poison, un poignard. »

Félix Davin (et Balzac), « Introduction » aux Études philosophiques, 1834

Problématique :

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Dans La Fille aux yeux d’or, de Balzac, passion et emprise de l’ordre social confèrent-elles à la pensée une force destructrice ? Remarques 1)La question est ouverte : il peut donc y avoir plusieurs réponses (plusieurs manière de lier entre elles les notions importantes du sujet). 2) Dans votre réflexion, tenez compte des termes abstraits, mais aussi des images que comporte le sujet (ici : poison >[agit à l’intérieur, et parfois lentement] / poignard [agit de l’extérieur, et vite]) I. Complexité du déterminisme social

1. La recherche de l’or et du plaisir commandent sentiments et conceptions. a. Ingéniosité du mercier, qui trouve une foule d’activités à exercer (la passion fait penser) b. Aliénation des prolétaires, qui dépensent leur force dans le travail et la débauche, au lieu de se

révolter (la passion entrave la pensée). 2. Les personnages obéissent à ce déterminisme alors même qu’ils semblent lui

échapper. a. Paquita connaît une grande passion qui l’arrache à sa prison : mais elle offre du plaisir et aime un homme riche (passion > pensée, conscience). b. Du Marsay connaît un moment de passion pour Paquita, mais la solidarité familiale et sociale entre aristocrates sera finalement la plus forte (une passion plus forte que l’autre).

II. Les forces singulières de la passion

1. La passion, ressource de pensée et d’action. a. Les personnages qui réfléchissent le plus sont sous l’emprise d’une passion : De Marsay et Paquita, dans l’élaboration de leur intrigue amoureuse. b. Les personnages sans passion manquent de lucidité : Paul de Mannerville, béat devant De marsay ; l’aristocratie, oisive et passive, qui ne se rend pas compte qu’elle est à la merci du peuple (de même tous sont un moment joués par Paquita). 2. La passion, poison et poignard de la pensée.

a. La passion poison : obsession amoureuse des protagonistes, puis celle de la vengeance pour Henri ; la passion du pouvoir, qui empoisonne la société. b. La passion poignard : elle frappe rapidement et prend le pas sur tout, qu’elle soit subie ou qu’elle mène à l’acte ; coup de foudre initial ; Henri est frappé au cœur par le mot « Mariquita » ; meurtre final (non réfléchi).

III. Construction et destruction de la pensée.

1. Les passions luttent contre une société trop raisonnable. a. La grande passion que montre le récit (celle de Paquita pour Henri) s’oppose à l’ordre social,

qui finit par l’étouffer. b. Les personnages énergiques (par leur passions et leur pensée) ne peuvent se satisfaire que

contre l’ordre de la monarchie bourgeoise : les Treize (mais Henri sera président du Conseil) 2. Le récit fait et défait sa pensée.

a. Il se présent d’abord comme une œuvre didactique, illustrant l’esprit de l’époque. b. Il montre pour finir que la loi du sang l’emporte mystérieusement dur celle de l’or et du

plaisir.

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D.Guillaume

DEUG 1 : UE 13Balzac, La Fille aux yeux d’or Proposition de corrigé : groupe 1 et 5

Sujet Dans la société que décrit Balzac, « la misère et le luxe sont toujours en présence, comme deux athlètes dans un cirque où tous deux doivent périr ». Félix Davin (et Balzac), « Introduction » aux Études philosophiques, 1834 Problématique En quoi peut-on considérer que La Fille aux yeux d’or de Balzac proposent le spectacle de la misère et du luxe qui s’opposent, physiquement, comme deux personnages voués à leur perte ? Remarques 1)La question est ouverte : il peut donc y avoir plusieurs réponses (plusieurs manière de lier entre elles les notions importantes du sujet). 2) Dans votre réflexion, tenez compte des termes abstraits, mais aussi des images que comporte le sujet (ici athlètes [corps, force], cirque [art du spectacle, populaire ; cercle]) I. Cercles antagonistes de l’enfer social

1. Plus complexe qu’un cirque, la société décrite superpose cinq sphères infernales, menées par la soif de l’or et du plaisir (forme de misère morale partagée)

2. Elle oppose néanmoins les possédants aux démunis, d’une sphère à l’autre et dans le détail de l’intrigue : Henri paye Laurent et Moinot ; le marquis paye concierge, gardes, duègne… ; la marquise s’achète Paquita.

II. Spectacle cruel des corps

1. L’emprise sociale du désir de richesse se manifeste physiquement : tableau délabré des corps parisiens (usé, jauni ; apparence morte : masques), auquel le récit oppose une exception.

2. L’intrigue amoureuse est une parade de beaux corps qui se termine en massacre, après l’étreinte entre maître et esclave : coup de foudre pour une beauté (yeux d’or), mise en scène du boudoir, meurtre sanglant dans le même lieu.

III. Destin ambigu des classes et de l’œuvre

1. Les possédants triomphent (aristocrates dans un monde bourgeois) : la loi familiale du sang est plus forte encore que celle, sociale, de l’or et du plaisir, ce qui rend énigmatique la construction du livre : le cercle de la démonstration initiale ne se referme pas exactement.

2. Car le sort des maîtres est précaire : le prolétariat les menace, une esclave les a attirés et trompés, et, par ce livre comme dans un cirque, le spectacle de leur immoralité est proposé au peuple (nous, lecteur du roman).