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TESTS Gas Gas 300 Raga Replica Apprendre les jumps PRATIQUE Où faire un stage ? Tous les centres Match rando Beta 250 4T Long Range Montesa 250 4RT STORY Coutard’s family ÉVASION Trip de rêve au Maroc DÉCOUVERTE Team Maya Moto La passion de la compétition INTERVIEWS Toni Bou Alex Ferrer HORS SERIE 2010 HS TRIAL N°5H France Métro : 6 - BEL/LUX : 6,90 - CH : 11,40 FS - Tom/S : 950 XPF - CAN : 10,50 $ Can - Dom/S : 6,70 - Port. : 7

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TESTS

Gas Gas 300 Raga Replica

Apprendre lesjumps

PRATIQUE

Où faire un stage?Tous les centres

Match randoBeta 250 4T Long Range

Montesa 250 4RT

STORY

Coutard’sfamily

ÉVASION

Trip de rêveau MarocDÉCOUVERTE

Team Maya MotoLa passion de la compétition

INTERVIEWS

Toni BouAlex Ferrer

HORS SERIE 2010

HS TRIAL N°5H France Métro : 6 ! -BEL/LUX : 6,90 ! - CH : 11,40 FS - Tom/S :

950 XPF - CAN : 10,50 $ Can - Dom/S :6,70 ! - Port. : 7 !

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BALADE

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MARRAKECH ET L’ATLAS

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France

ItalieEspagne

Lorsqu’on a pris nos ticketspour ce trial-show, on était

loin d’imaginer que notremeneur de revue allait autantnous faire souffrir, pour mieuxnous bichonner. Le Maroc est

un cabaret sauvage, avecdécors et costumes à faire

rougir n’importe quel moulinde Paris. Calez-vous bien sur

vos repose-pieds, lespectacle va commencer.

Maroc

Mauritanie

Algérie Libye

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a 504 break chargée,la rédac’ de MV sedirige vers le sud de

Paris avec en main, un ticketpour le soleil. Dans le hall del’aéroport, Guédaro, grandamateur de trial et amoureuxde l’Afrique se languit. Le Pro-fesseur se met dans l’am-biance en écoutant un peu deRaï, Lolo déambule pénible-ment avec son matos photosur le dos et traîne un cabasOgio de 28 kg tandis que Jo-lab, qui n’a jamais mis les piedsni en Afrique ni sur une motode trial, se demande un peudans quelle aventure il est entrain de s’embarquer. L’avionest à l’heure, l’équipe s’envoledirection Marrakech. Troisheures plus tard, la tempéra-ture extérieure est de 37 de-grés. Short et lunettes de so-

leil sont de rigueur. Le rideau se lève sur l’Afrique et c’estun visage connu qui nous accueille dès nos premiers passur le sol marocain. Rodo, ex-membre de la rédac’,s’est reconverti « tour operator » à Marrakech. Enfinpresque. Après avoir sillonné le globe et fait à peu prèstoutes les randos du monde pour votre maga-zine préféré, il a monté sa petite entre-prise, Nomad Ride, et propose un séjourque l’on se devait d’inaugurer. Le guide,bronzé et affûté comme une lame, a lesourire aux lèvres. Pas de perte de temps,les sacs sont déjà sur le toit du Land Roverqui nous attendait sur le parking, au milieudes mobylettes et des vieilles Mercedes. La Médina,quartier historique de Marrakech, est à une poignée dekilomètres. Plus on s’en approche, plus on a l’impres-sion de remonter le temps. Les avions de l’aéroportlaissent rapidement place à des voitures décorées avecdes peintures maison, les mobylettes se multiplient,

transportant deux ou trois passagers avec pour seule pro-tection, une djellaba qui vole au vent. Les bâtiments enciment de la ville nouvelle deviennent des maisons tra-ditionnelles, le béton se fait rare, les rues sont en terrebattue, des chats et des poules se promènent en li-berté. Le décor est planté. Nous, on est en mode tou-riste avec nos belles baskets neuves et nos gros sacsà roulettes. Ça attire forcément l’œil. Les gamins duquartier nous proposent de l’aide contre quelques pièces.Premier arrêt dans le riad du guide, situé dans un despetits Derb du quartier du Mokef, le Barbès de la Mé-dina, entre la Medersa ben Youssef, fameuse école co-ranique visitée par tous les touristes et le quartier destanneurs de cuir. Pour se remettre du voyage, Rodonous emmène chez un de ses voisins. Apéro chez le chefFrançois Soulier, fondateur de Zone 6 dans les Halles àParis en 1972, le premier bouclard 100 % TT de la ca-pitale qui vendait du trial. Off Road, qui deviendra Chal-lenge 75 plus tard, ouvrira en 1974, date du premier MV.Autant vous dire que le Chef Soulier en a plus d’une àraconter ! Il s’est installé à Marrakech pour se mettre auvert, on le comprend. Deuxième zone de la soirée et pre-miers pieds pour certains, au Riad Dar Tayib de Mon-sieur Vincent. Endroit enivrant, tant par sa beauté quepar son service de boissons fraîches. Pour l’instant, çase passe pas trop mal. Une fois désaltérés, direction laplace Jemâa el-Fna, poumon de la vieille ville, véritableChamps Élysées de Marrakech. Grillades et calamars

sont servis dans des gargotes ambu-lantes qui s’installent le soir en rangd’oignons. On se remplit la panse pourune poignée de dirhams, avant demettre le cap sur l’African Chic,l’adresse incontournable du débutde nuit dans la ville nouvelle. Concert

en live et bonne ambiance. Retour au riadde Rodo en scooter, dans ce véritable labyrinthe étroitque sont les souks déserts, pour un repos bien mérité.Avant de passer aux choses sérieuses, on ne pouvait ré-sister à la tentation de se promener dans les souks à lalumière du petit matin. D’innombrables petites bou-tiques bordent des rues minuscules où naviguent tantbien que mal mobylettes, mules chargées, touristes et

L

L’arrivée à Marrakech nousmet tout de suite dansl’ambiance. Apéro au riadet balade en scooter dansla Médina. Vis ma viede Marocain !

BALADEMARRAKECH ET L’ATLAS

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piétons sur le qui-vive. Corvée de chech pour l’équipe.Cette étoffe, portée en écharpe par les Parisiens à lamode, est un cadeau-souvenir idéal. C’est le momentde tailler les prix dans une séance de négociations ron-dement menée par notre guide, dans un marocain ap-proximatif. 30 dirhams au lieu de 50 (soit environ 3 eu-ros au lieu de 5), l’affaire est dans le sac après unebonne demi-heure de discussion. Ce n’est pas le mo-ment de s’endormir sur ses lauriers. Nous sommes at-tendus chez François Léthier, pilote de buggy Schles-ser en championnat du monde rallye-raid (qui devraitdevenir l’importateur Gas Gas Maroc à la rentrée), pourle départ de notre balade. Une petite tête dans la piscinede notre hôte pour nous mettre en jambes et Yallah !

Cap sur le désertLes motos nous attendent sagement dans le garage deMonsieur François. Quatre Honda Montesa Cota 4RT, ru-tilantes et alignées avec le plein d’essence. Une Cota315 R vient compléter cette troupe de grimpeuses af-friolantes. On enfile les maillots MV et les bottes neuves(du test que vous pouvez lire page 54) avant de s’enfoncerdans l’Oued N’Fis, aux portes du désert d’Agafay. Pe-tite séance de fesh-fesh que notre guide ne manquerapas de goûter rapidement au prix d’une belle figure,par pure conscience professionnelle. L’oued est en crueet le passage habituel, repéré par Rodo, n’est plus pra-ticable. On jardine un peu et on alerte une horde de chienssauvages avec le bruit sourd de nos moteurs. T’es sûrqu’on va pas se faire croquer là? Nos potes à quatrepattes doivent se dire la même chose. La méfiance desclébards s’est finalement transformée en pitié, et ilsnous montrent gentiment la voie en traversant cettesection peu profonde de l’oued que l’on ne pouvait dis-tinguer avec les remous de l’eau. Le Professeur saitque le chien est le meilleur ami de l’homme et s’élancetoutes soupapes ouvertes dans le sillage des cabots,sous l’œil inquiet du proprio des Montesa. Il franchitl’oued et nous invite à en faire de même de l’autre côtéde la rive. Une bonne occasion de tester l’étanchéité denos bottes ! Après quelques kilomètres de piste rou-lante, le désert s’offre à nous. Les paysages sont de plusen plus beaux. Difficile de tenir en place. Chacun se lancetour à tour dans un petit hors-piste, grimpant impa-tiemment sur le premier caillou venu. « Tout doux bijou,nous lance Rodo. Gardez vos forces pour la suite, vousen aurez besoin. » Une belle colline surplombant le dé-sert se pointe. Tous les regards se croisent avec lamême idée : « Allons voir ce qu’il y a là-haut ! » Pas vrai-ment confiant sur ce vélo à moteur, Jolab s’inquiète desavoir si ça passe, sous les railleries de ses camarades :« Hey jeune, si tu ne montes pas ça, tu peux faire demi-tour tout de suite ! » Guédaro ouvre la voie et passe àzéro, comme tous les autres. Finalement, Jojo s’élanceet ça passe tout seul. « C’est dingue ce que l’on peutfaire avec ces petites bêtes-là ! » En haut de la colline,une vue panoramique à 360° sur le désert éclairé par unelumière ocre qui sonne déjà la fin de cette premièrejournée. « Vous voyez l’Oasis là-bas? C’est notre hôtel »annonce Rodo. L’endroit est idyllique. Planté au beau mi-lieu du désert, le complexe de La Pause, formé de deuxgrands bâtiments en terre et de quelques tentes sousles oliviers au bord d’une petite rivière, nous tend les bras.Après une douche, tout le monde se retrouve sous lagrande tente Rahima en poil de chèvre. À la lueur d’unebougie, on se fait servir un excellent tajine de bœuf auxpruneaux et aux poires avec une pincée d’amandesgrillées. Le top! Un petit coup de thé à la menthe dégusté

«À peine sortisdu désert, on

grimpe sous letélésiège de

l’Ouka. »

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«Arrivée en hautdu col de Tizi N’Eddy,le paysage faittourner la tête. »

BALADEMARRAKECH ET L’ATLAS

Passage technique avant d’arriver dans le village d’Abislampour un repas typique. Une fois à la station de ski, on a mêmeeu droit au sauciflard !

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Qui ?Animée par Rodo, Nomad Ride est une nouvelle structurede randonnée 100 % trial.

0ù?Au départ de Marrakech vers le Haut-Atlas. Vols quotidienslow cost Transavia (filiale d’Air France), Atlas Blue, Easy Jet,Jet 4 You, Royal Air Maroc… Comptez entre 200 euroset 300 euros en moyenne l’aller-retour.

Quand?Toute l’année. Ne craignez pas l’été, il fait frais en altitude !Janvier et février, période d’enneigement potentiel dessommets. Magnifique ! Un coup de ski en passant à l’Ouka?

Machine?Montesa Honda 4RT 250 4T injection. La championnedu monde en titre.Montesa Honda 315 2T. Vieillissante mais multiplechampionne du monde avec Lampking et Fujinami et reinedu pivot léger dans les épingles en montée !Gas Gas 280 TXT Pro. LA référence 2T actuelle.Toutes les machines reçoivent un kit selle et réservoir pouraugmenter l’autonomie et permettre de se reposer, voirede pédaler dans les conditions délicates ! Réservoir additionnelde 3 litres avec siphon automatique Acerbis monté sur les tésde fourche pour les étapes sauvages sans ravitaillement.Un parc éclectique et en excellent état.

Programmes?On a testé la formule 5 jours en version Gentleman Rider. Dujamais vu sur une rando testée par MV en termes de qualitéd’hébergement ! Une formule 5 nuits, 4 étapes de moto quidébute comme toutes les autres formules par un transfert detrente minutes vers une adresse de charme et qui se terminedans un riad de la medina pour une soirée finale à Marrakech.Nomad Ride propose tous ses programmes dans deuxversions. Trekker ou Gentleman Rider. La différence ?Le standing des hébergements. Originalité et confort pourles Trekkers qui n’ont pas à craindre d’être pris pour descampeurs ! Exclusivité et luxe pour les Gentlemen Rider.Pour vous donner une idée de ce que nous avons testé, visitezles sites des hébergements de nos étapes en liens dans notreroad-book.! Formule 4 J (3 étapes) : 990 euros Trekker/1390 eurosGentleman Rider! Formule 5 J (4 étapes) : 1190 euros Trekker/1590 eurosGentleman Rider! Formule 6 J (5 étapes) : 1350 euros Trekker/1750 eurosGentleman Rider! La Transatlas (7 J/6 étapes) : 1490 euros Trekker/1890 eurosGentleman Rider (tarifs base 4 pilotes)La Transatlas est la classique de Nomad Ride qui permettrad’enjamber le Haut-Atlas à partir de la rentrée. Une semainecomplète depuis Marrakech et les contreforts du Haut-Atlasaux casbahs (villages fortifiés en terre) d’Aït Ben Haddou(portes du Sud marocain) avant l’ultime transfert vers la villerouge. Possibilité de terminer ou de couper l’aventure par un4000 ! Un trekking à pied au départ d’Imlil (une journée etdemie) pour gravir le Toubkal à 4167 m (toit du Haut-Atlas)accompagné par des mules qui se chargent de transporter voseffets personnels. Nuit en refuge à 3200 m d’altitude en modeLes Bronzés !

Prestation?Prise en charge totale depuis et jusqu’à l’aéroport, locationet entretien des machines, motos de secours en parallèle surle véhicule d’assistance, essence, boissons (eau pour leCamelBak, soda, thé à la menthe… hors vin uniquement),pas de mauvaise surprise avec Nomad Ride, du all includecomme aiment les Anglais !

Difficulté ?Les parcours peuvent être adaptés au niveau du groupe maisnécessitent une expérience du tout-terrain. Le minimum?Savoir rouler debout ! La Transatlas se destine aux trialisteset enduristes en mal de sentiers techniques et d’évasion versce Maroc des montagnes berbères méconnues.

Contacts?www.nomadride.com, [email protected],Nomad Ride Line : +212613037203.

PARTIR AVEC

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BALADEMARRAKECH ET L’ATLAS

«Nous passeronsla nuit en lodge,entourés de bougies.Instant magique! »

sur un transat à la belle étoile clôture cette journée.Nous apprendrons plus tard que nous avons raté de peudes VIP de choix. La fille Kennedy, épouse d’ArnoldSchwarzenegger, le gouverneur de Californie, et sespetits-enfants ont passé la nuit dans notre chambre laveille, accompagnés de gardes du corps et des servicessecrets ! Cela renseigne un peu sur la qualité du gîte. Lelendemain matin, Guédaro se trompe de monture. Il en-fourche un dromadaire et s’enquille une petite zone au-tour de la rivière. Lolo immortalise le moment pendantque le Professeur profite pleinement de l’endroit une der-nière fois, à grands coups d’adjectifs élogieux. Assez plai-santé, on a de la route. La prochaine étape se situe dansun petit village sur les contreforts du Haut-Atlas où uncertain Abislam nous attend de pied ferme. On démarrepar une petite session de free ride dans le désert. Tech-nique, précis, Guédaro nous bluffe dans un style queRaga ne renierait pas. Il fera moins le malin par la suite,on y reviendra. Ça commence à grimper léger, justehistoire de mériter un petit thé au bord de l’eau tur-quoise du lac Lalla Tekerkoust. Lolo en profite pour ré-cupérer sa lampe frontale, oubliée là trois semainesplus tôt alors qu’il venait repérer les lieux en VTT. Car oui,l’animal connaît un peu le terrain. Dans le cadre d’un re-portage pour nos confrères du magazine Bike, il a soi-gneusement étudié les parages. Cela explique certai-nement qu’il se place en mode réserve, sachantpertinemment ce qui nous attend dans la montagnemarocaine. Notre guide, lui, est plutôt rassurant. Étrange,quand on connaît un peu le loustic. Qu’à cela ne tienne,on se lance à l’assaut du plateau du Soutkana.

VertigesPremières difficultés et premières suées. Rodo finit parnous prévenir au pied de l’obstacle. Un chemin mule-tier, large d’une trentaine de centimètres avec copieuxdévers et un peu de vide (quasiment rien, environ 200mètres !) se pose sur notre chemin. Il passe mollo, avecGuédaro dans son sillage qui a sorti la jambe « Amont »pour assurer le coup, timidement imité par le Professeurqui n’en mène pas large avec une fréquence cardiaqueavoisinant les 280 BPM. Début de vertige, mauvaise li-monade! Lolo, résidant en altitude dans les Alpes, passesans vertige, alors que Jolab, en bon crossman, n’apas réfléchi plus que ça et n’a pas vraiment prisconscience du danger en enquillant à toc dans ce che-min de la mort. Le village d’Abislam est en vue. À flancde montagne, cette bourgade entièrement composée demaisons en pierre sans terre séchée semble accrochéeà la paroi rocheuse depuis des lustres. Pour y accéder,juste un petit sentier escarpé, emprunté par des muleset par les habitants du village. Pas d’électricité ni d’eaucourante, juste quelques bougies et une source encontrebas. Nous descendons vers le « grand restaurant »d’Abislam, escorté par les gamins du village qui courenten sandalettes sur les rochers saillants. Après deuxbons kilomètres de zone copieuse où personne n’aréussi le sans-faute, les motos sont garées dans la courde notre restaurateur. Il nous invite à prendre place dansla pièce principale d’environ vingt mètres carrés avec,au centre, une petite table basse ronde entourée de ta-pis et de coussins. En guise d’apéro, Abislam nous sert« roubsse et zit la hude », comprenez du pain et de l’huiled’olive produite au village. Un délice. Arrive ensuitel’omelette berbère cuite à l’étouffée dans le tajine. En des-sert, pastèque et melons frais. Pas de doute, Abislammérite son étoile au guide berbère ! On profite de la ter-rasse pour prendre le thé et visiter les « cuisines ».

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Après avoir câliné les chevreaux et les poussins qui sebaladent dans le village, il faut reprendre la route. L’hos-pitalité et la gentillesse des habitants de ce village nousont donné toutes les forces nécessaires pour rejoindreTahannaout et le domaine des Terres d’Amanar. Une nou-velle fois, il s’agira de vaincre la peur du vide. Ce spotd’activité en pleine nature est le rendez-vous des ama-teurs de sensations fortes. Au menu, un pont suspenduet la plus grande tyrolienne d’Afrique, plus de 300 mè-tres de long. Le Professeur se porte volontaire pour fil-mer et Guédaro s’empare du Canon pour les photos. Onse demande encore pourquoi… Rodo s’élance au-des-sus du vide, suivi par Jolab et Lolo. La vue, au milieu ducanyon, à plus de 100 mètres de haut, est imprenable.Nous passerons la nuit en lodge, après un dîner soustente berbère, entourés de mille bougies avec Marrakechby night en toile d’horizon. Instant magique…Pour commencer une nouvelle journée, l’équipe se lancedans le canyon de terre rouge d’Outral. Tout le mondeest en mode « dahu » avec une patte sortie, le long del’oued Sidi Fars. Nous arrivons ensuite sur « la Zone ».Un passage très technique que nous ne pouvonscontourner. Rodo nous avait prévenus, lors des recos,certains ont sorti la Ventoline à mi-parcours. Il ouvre, maismalgré sa connaissance du terrain, pêche par un légermanque de technique et pose des pieds tous les cinqmètres. Guédaro et Lolo auront un peu plus de réussiteet pensent qu’avec un peu d’entraînement, il y a moyende passer à zéro. Jolab se lance sans conviction et seplante à la première occasion. Sans ses collègues, nuldoute qu’il serait encore sur place à faire fumer le pneuarrière à grands coups d’embrayage. Le professeur, quin’a rien manqué du spectacle, se lance en dernière po-sition, fort des erreurs de ses camarades. Il finira par sor-tir la grosse attaque en milieu de zone avec quelquesgestes aléatoires, mais ça grimpe quand même. Cinq mi-nutes de pause ! Le ciel se voile, il est temps de partirvers la station de ski de l’Oukaïmeden située à2700 mètres d’altitude. Trois heuresde grimpette, dans la brume et lecrachin de ce gros nuage, coincéentre deux versants de montagne.C’est ça le Maroc ? Ben ouais,

aussi. Nous passons au-dessus du nuage à plus de2500 mètres pour retrouver le soleil. On range les coupe-vent et on ressort les lunettes fumées. Enfin ! Quelqueskilomètres plus tard, nous arrivons à l’auberge « ChezJuju ». Un ski-bar marocain avec vue sur les pistes dela station de l’Oukaïmeden. The place to be ! L’un desvendeurs ambulant de bibelots sur le parking, appâtantle touriste avec une magnifique assiette en marbre fa-çon fossile à 5 dirhams, nous le confirme : « Juju, c’estle roi de la montagne. » On veut bien te croire ! Mais pourl’assiette, c’est pas possible, désolé. Déjeuner en ter-rasse avec saucisson et cornichons en apéro. Inutile depréciser que l’assiette n’a pas fait long feu. La carte pro-pose même un cassoulet au menu d’hiver. Pour cetterando estivale, on fera plus léger avec la fameuse es-calope de poulet panée, d’une finesse remarquable.Une petite sieste pour digérer et l’équipe se lance dansla vallée de l’Ouka pour une séance photo qui a bien faillitourner au vinaigre. Un nouveau dévers est sur notre che-min. Là, c’est du copieux. Guédaro se lance prudemment,jambe sortie en mode « French cancan », mais ce der-nier ripe sur une petite boulette et sa roue avant flirte avecle vide. Gros flip, re-mauvaise limonade ! Blanc commeun chech qu’il était l’ancien ! On termine la grimpette ausommet du col de Tizi N’Eddi à 2926 mètres. Là-haut,la vue est saisissante. La roche acérée des montagnes,entourée d’une impressionnante mer de nuages, dé-coupe un ciel bleu foncé. On reste scotché devant cespectacle irréel. Guédaro semble un peu perdu, il a be-soin de sommeil. Les clichés sont dans la boîte, tout lemonde rentre au bercail pour profiter de la wi-fi et don-ner un peu de nouvelles. Y a du neuf sur motoverte.com!La soirée s’achève après avoir mangé un bon bout deviande au coin du poêle Godin émaillé, entouré de skissur les murs. Sahari rouge pour tout le monde et tarteà la crème en dessert. Une façon comme une autre dese remettre de cette dure journée. On perdra nos kilos

demain sur la moto.

Le bouquet finalAprès une bonne nuit en alti-tude, l’équipe a rechargé lesbatteries et explosé son taux

Pas de sandwich au fromagesur cette rando authentique.Tajine et omelettes berbères

pour cette formule« gentleman rider ».

J1 : Marrakech-Désertd’Agafay (La Pause :www.lapause-marrakech.com)J2 : Agafay-Outral (Terresd’Amanar :www.terresdamanar.com)J3 : Outral-Oukaïmedem(Chez Juju :www.hotelchezjuju.com)J4 : Ouka-Imlil(www.douar-samra.com)

NOTREROAD-BOOK

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BALADEMARRAKECH ET L’ATLAS

Le domaine d’Aamanar est l’endroit parfait pour travailler sa peurdu vide. Avec la tyrolienne, la plus grande d’Afrique, c’estsensations fortes garanties !

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«Session free ride dansle désert d’Agafay. Difficile

de tenir en place! »

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de globules rouges. Jolab annonce lacouleur : « Aujourd’hui, je vais être ra-pide comme l’éclair. » Sauf que pourle moment, le parcours était accessi-ble, avec quelques points techniques.Là, c’est une autre histoire. Le pro-gramme est de descendre la vallée del’Ourika, sorte de Mecque des ran-donneurs, pour faire une première halteau village d’Agouns. Le parcours endescente s’effectue dans un premiertemps par une large piste carrossableen lacets. Ça bombarde : accéléra-tions, freinages, pivots. Mais à l’ap-proche du village, la piste s’arrête etpour continuer à s’enfoncer dans lavallée, on doit emprunter un petit che-min de pierres roulantes. Il fait moinsle malin Jojo… La moto part dans tousles sens. L’un jubile par contre, c’estLolo, le Directeur Artistique et res-ponsable des photos de ce sujet. Caril ronchonne le jeune, mais il ne s’estpas rendu compte du paysage quil’entourait. Le village se dessine sur lamontagne, entouré de champs de bléen espaliers façon rizière balinaisesous un beau ciel bleu. Lolo ne peutplus s’arrêter d’appuyer sur le dé-clencheur. C’est vrai que ça a sérieu-sement de la gueule. On traverse le vil-lage par un petit sentier muletier maisRodo crève de l’arrière sur ce chemin

de pierres tranchantes. L’animal a pensé à tout. Dans sasacoche, il a emporté un kit de mèches pour réparer letubeless. L’opération est rapidement un succès. Restece gros bout de mèche qui dépasse. Les gars, per-sonne n’a un cutter? La bonne blague ! Mais Rodo nelâche pas l’affaire pour autant. Cette paysanne dans sarobe imprimée de fleurs et portant de merveilleuseschaussettes en laine jaune qui tente de passer sur l’étroitchemin, obstrué par sa moto en carafe, tiens une fau-cille bien aiguisée. Elle la lui prête gentiment, sans tropcomprendre pourquoi, et il taille le caoutchouc. Parfait !Allez, circulez, y’en a qui bossent. On reprend la route,direction Timichi. Brahim Oussalem nous y attend pour

le repas du midi. On accède à son gîte par une petite zoneque Lolo et Guédaro enquillent à bloc comme deuxgros bourrins. C’est plus du trial ça, les gars ! L’auberge,perchée à 2089 mètres, est un repère bien connu destrekkeurs. On re-goûte aux joies de l’omelette berbèreet du thé à la menthe, avant de se lancer dans une as-cension à 3179, soit 1100 mètres de dénivelé hostile.Là, on rentre dans le côté sportif de la rando. Petits bras,demandez l’itinéraire bis ! Le chemin est très raide, lamontée se fait à base de pivots. Un peu trop crispé surla poignée de gaz, Jolab finira par effectuer un joli lancéde Montesa dans un pif paf serré. Avec Lolo, son com-pagnon de cordée, ils voient le bout du col après deuxbonnes heures de trial limite extrême. Ça calme mais ilsont le temps de reprendre leurs esprits et de faire sécherle maillot MV. Guédaro et le Professeur montent « pé-père », accompagnés du guide qui leur file occasion-nellement un bon coup de main quand le dévers réveilleleurs vieux démons. Ils arrivent en haut, le souffle courtet le regard vague. Petite séance de récupération augrand air avant de redescendre sur Imlil. Rodo en pro-fite pour faire l’état des lieux. Deux pédales de frein tor-dues et un peu de tôle froissée. Les casseurs sont lespayeurs ! Les motos étaient nickel avant d’arriver, il esthors de question que le prochain client roule avec ungarde-boue rayé. C’est dit ! Cela ne nous empêchera toutde même pas de rallier notre point d’arrivée au refugedes Mouflons. Après cette dure journée, Rodo se devaitde nous remettre en état. Alors, en lieu et place d’unetraditionnelle douche, il nous conduit dans le hammamdu douar. Le douar est le nom donné aux maisons ma-rocaines recouvertes de terre, avec des plafonds ap-parents en bois d’eucalyptus et de roseaux tressés. Lehammam est en préchauffage depuis 24 heures. Le feude bois, entretenu sous le sol de pierre, a été allumé laveille et chauffe cette petite cave sombre et voûtée.Tout le monde en calbute pour un nettoyage en pro-fondeur. Rodo s’improvise masseur, enfile le gant de crinet frotte (un peu fort) le dos de qui le veut bien avec dusavon noir. Rinçage à l’eau glacée, histoire de se réveillerpour le repas du soir. L’équipe est propre comme un souneuf mais un brin entamée par ce bouquet final. Apéroléger, repas copieux et petite nuit dans un endroit typiqueet authentique. Les plumards sont « haut de gamme »(comme depuis le début du séjour d’ailleurs) et il nefaudra pas longtemps pour éteindre les dizaines debougies qui éclairent la baraque. Tout le monde s’endortavec la conviction que notre vieux copain Rodo ne s’estpas foutu de nous. Des souks de Marrakech à Imlil, enpassant par le désert d’Agafay et la station de ski del’Ouka, faut bien reconnaître que le voyage était magiqueet mérite la standing ovation. Des randos trial commecelle-ci, y’en a pas cinquante. Le concept que développeNomad Ride, avec un parcours « roots » et un héber-gement « Gentleman rider », devrait en séduire plusd’un. Après cinq jours de spectacle, le rideau tombebeaucoup trop tôt sur les Folies Berbères. Demain, re-tour à l’aéroport de Marrakech Menara, direction Pa-name… Mauvaise limonade ! !

Par Jordan Labbé, Photos Laurent Reviron

Le guide touche quelquesmots en marocain. Pratiquepour négocier les souvenirs.En haut, Rodo et Jolabposent avec leur nouvel ami.

Merci... à Acerbis pour nous avoir permis de découvrir leur nou-veau réservoir frontal additionnel de 3 litres. Une réserve de car-burant qui se déverse automatiquement dans le réservoir princi-pal grâce à une durit de raccordement à la prise d’air du bouchonde réservoir d’origine et le principe du siphon. Trop fort ! Simple,efficace, indispensable en rando et surtout moins cher qu’un ré-servoir adaptable.

BALADEMARRAKECH ET L’ATLAS

Page 13: HS P RANDO TRIAL 2de tailler les prix dans une séance de négociations ron-dement menée par notre guide, dans un marocain ap-proximatif. 30 dirhams au lieu de 50 (soit environ 3

« Ils arrivent en hautdu col, le souffle courtet le regard vague. »