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L ECLAIREUR SALONS BARBIERS Retour vers le futur Vos petites annonces p.31 N°663 L’Atelier Vintage à Lyon : au bonheur des hommes www.leclaireur-coiffeurs.com SALONS BARBIERS Retour vers le futur STEP BY STEP LA COUPE AU BOL PAR VINCENT MOUTAULT STEP BY STEP LA COUPE AU BOL PAR VINCENT MOUTAULT INTERVIEW EXCLUSIVE Alain Juppé TOURNÉE WELLA Émotion et spectacle total TOURNÉE WELLA Émotion et spectacle total EUGÈNE PERMA au féminin à Nantes EUGÈNE PERMA au féminin à Nantes N°663 - Mardi 15 novembre 2016 - 3€ T.T.C. • www.leclaireur-coiffeurs.com

L ’ ECLAIREUR - sidimen.com · la prochaine réédition de son livre « Barbes et moustaches : Comment les tailler au poil ! », chez Larousse, Sarah travaille ... un lieu où réunir

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L ’ ECLAIREURSALONS BARBIERS

Retour vers le futur

Vos petites annonces p.31

N°663

L’Atelier Vintage à Lyon : au bonheur des hommes

www.leclaireur-coiffeurs.com

SALONS BARBIERS

Retour vers le futur

STEP BY STEPLA COUPE AU BOL PAR VINCENT MOUTAULT

STEP BY STEPLA COUPE AU BOL PAR VINCENT MOUTAULT

N°6

63 -

Mar

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2016

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INTERVIEW EXCLUSIVEAlain Juppé

TOURNÉE WELLA

Émotion et spectacle total

TOURNÉE WELLA

Émotion et spectacle total

EUGÈNE PERMA

au féminin à Nantes

EUGÈNE PERMA

au féminin à Nantes

N°6

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Ceux qui ont ouvert un salon barbier avant l’explosion de la tendance ont dû faire face au scepticisme des banquiers, qui leur prédisaient la faillite. Une époque pas si lointaine,

qui paraît pourtant à des années-lumière… Aujourd’hui, les lieux dédiés se multiplient, portés par la tendance.

Une explosion de lieux dédiésSarah Daniel-Hamizi, plus connue sous le nom de Barbière de Paris, d’abord installée dans le 9ème arrondissement de la capitale, a ouvert voici 2 ans un local de 200 m² dans le 1er, multipliant ainsi la surface de son premier salon par 10 ! Avec 25 collaborateurs au total. L’année 2017 verra l’ouverture de deux nouveaux espaces à Paris, rive gauche, et de deux autres aux Etats-Unis, à New York et San Francisco. Fulgurante, l’ascension d’Alexandre Boulom est également symptomatique. Il a ouvert son premier salon La Clé du Barbier (Paris 5ème) en août 2013. Fin 2014, le salon comptait 14 collaborateurs. En janvier dernier, il ouvre un nouveau salon dans le 1er arrondissement, et emploie aujourd’hui, sur les deux points de vente, 24 personnes (dont 5 sans contact avec la clientèle : pour gérer les stocks, s’occuper du site internet, des événements…). En 2017 ouvriront deux Clé du Barbier à Lille et Nantes, et un 3ème salon est en projet dans un autre quartier de Paris. Début 2016, Sébastien Paucod, déjà à la tête de l’Atelier Gentlemen (Paris 18ème), crée Gentlemen 1919, un vaste espace dans le 8ème arrondissement. Même phénomène en région. A Saint-Estève, près de Perpignan, c’est Guillaume Fort, deux fois gagnant pour la France du concours American Crew All Star Challenge, qui quitte en 2012 son premier salon pour un local plus grand. A Strasbourg, Kamila et Samia Gaouar ouvrent fin 2015 Sidi Men, un lieu dédié à la beauté globale au masculin. Quant à Hervé Boibessot, à Toulouse, il investit cette année un nouvel espace qu’il baptise Tonsor&Cie, transformant son ancien salon, O’Cofador, en centre de formation.

Salons barbiers : retour vers le futur

On ne compte pas une semaine sans qu’il s’en ouvre un, à Paris ou en région… Quoi donc ? Un salon barbier, bien sûr ! En parallèle, les pionniers du secteur développent leur activité, parfois de façon exponentielle. Le tout, dans un esprit de tradition revisitée.

Tradition revisitéeMais pour ces coiffeurs, tout ceci n’est ni plus ni moins qu’un retour aux racines : « L’importance de la beauté au masculin, ce n’est pas nouveau ! s’exclame David Ferrara, l’associé d’Hervé Boibessot (Tonsor&Cie). Au début du siècle, l’homme prenait soin de lui… Il y a eu une éclipse ces dernières décennies, c’est tout. D’ail leurs, les 45-65 ans sont moins sensibles à l’effet de mode que les plus jeunes. Certains de nos clients portent la barbe depuis 40 ans, et c’est la première fois qu’ils vont chez le barbier ! » Nombre de coiffeurs ont vu leur grand-père se rendre chez le barbier. « Autrefois, on disait : "Je vais chez mon coiffeur, et il en profite pour me faire la barbe". Aujourd’hui, on dit : "Je vais chez le barbier", constate Guillaume Fort. Mon salon fait tampon entre le passé et le présent, ça rassure ». « On reste sur un travail traditionnel, mais avec de nouveaux outils, de nouveaux produits, de nouvel les géométries », synthétise Alexandre Boulom. Dans les salons La Barbière de Paris, on propose un panel de prestations : coupe de cheveux, rasage et taille de barbe, bien sûr, mais aussi esthétique, notamment dans Le Sublimoir, un lieu où l’on pratique des soins approfondis de la barbe et du visage. « J’essaie d’être dans l’innovation constante, explique Sarah, et de proposer, en lien avec des dermatologues, des prestations peu courantes : maquil lage de la barbe, sculpture du torse pour créer des fondus, voire dessiner des "tablettes de chocolat". » Ou le barbier comme alternative à la salle de gym ! Certains pratiquent l’esthétique, d’autres choisissent de ne pas le faire, ou juste à la marge, avec un soin de peau avec les produits de rasage, par exemple. En tout cas, ces lieux reposent sur l’alliance de la coupe homme et d’un service barbier pointu, avec rasage à l’ancienne, mâtinée de conseil : « Les hommes voient que dans les enseignes type Sephora, les conseil lères ne connaissent pas bien ces questions », note Samia (Sidi Men).

DANS UN SALON LA CLÉ DU BARBIER (PARIS 1ER)©

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Un univers globalDans tous ces lieux, les codes masculins sont à l’honneur : fauteuils barbier, bien sûr, mais aussi meubles vintage, accessoires soigneusement sélectionnés… Des ponts sont créés avec l’univers global de la mode : les deux sœurs à la tête de Sidi Men mènent une active politique de marketing et d’échange de clientèle, avec par exemple un afterwork prévu au moment de la Saint-Valentin en commun avec le Printemps de Strasbourg : « Une experte mode et ma sœur seront là pour donner des conseils », souligne Samia. En parallèle avec la prochaine réédition de son livre « Barbes et moustaches : Comment les tail ler au poil ! », chez Larousse, Sarah travaille aussi sur un autre ouvrage, pour les pays francophones et anglophones, « L’art de la barbe et du barbier », conçu comme un livre d’art, riche en photos. Certains évoluent vers le concept global : « Avec Gentlemen 1919, j’ai voulu créer un lieu où réunir tous les plaisirs au masculin, précise ainsi Sébastien Paucod : se faire pratiquer des soins des cheveux et de la barbe, mais aussi boire un bon whisky, fumer un bon cigare… » Ainsi, dans le salon, un sas mène à un bar (d’où, d’ailleurs, le nom de Gentlemen 1919, date de l’instauration de la prohibition aux Etats-Unis). Le barman y propose différents whiskys, des cocktails oubliés… Un club à l’anglaise, en quelque sorte, « sauf que les femmes sont les bienvenues au bar », souligne Sébastien. Dans le deuxième salon La Clé du Barbier, on trouve aussi un bar de 8 m de long, avec smoothies et cafés haut de gamme. L’idée, dans les deux cas : un bar type hôtel. La Barbière de Paris et Tonsor&Cie ont lancé leur gamme de produits, Alexandre Boulom, pour La Clé du Barbier, étudie sérieusement la question. Celui qui mène cette logique de concept global le plus loin est sans conteste Hervé Boibessot, avec Tonsor&Cie. Le concept, gagnant de l’édition 2016 du concours Talent Starter, co-organisé par L’Eclaireur et le MCB by Beauté Sélection, repose sur 3 piliers : le salon barbier

EN AVANT LES FEMMES !C’est sans doute Sarah Daniel-Hamizi, la Barbière de Paris, qui a été la pionnière. Lorsqu’elle a débuté, il était inconcevable que le barbier soit… une barbière ! Elle a ensuite suivi le parcours qu’on connaît : deux salons et bientôt plus, formations, shows… « Je reçois beaucoup de messages de femmes

qui me remercient d’avoir ouvert la voie » , dit celle qui, dans son équipe de 25 collaborateurs, veille à compter autant de femmes que d’hommes. A La Clé du Barbier, plusieurs femmes font aussi partie de l’équipe: pour Alexandre, « une équipe mixte permet de contenter tout le monde » . A Lyon, Schéhérazade Borreani est à la tête de l’Atelier Vintage, un salon barbier (voir article Région p. 20). A Strasbourg, ce sont deux sœurs, Kamila (coiffeuse) et Samia (biologiste de formation) Gaouar, qui ont créé Sidi Men. « Certains clients, réticents au départ, vivent finalement la composition très féminine de l’équipe comme une agréable surprise, explique Samia. Nous leur apportons notre regard de femme… d’autant plus que certains viennent au salon avant un rendez-vous galant ! »

...proprement dit, le concept store, avec vente de vêtements, d’articles de sport, et le côté « club », avec organisation d’événements : vernissages, dégustations… Evoluant, de plus en plus, vers le lancement d’une marque à part entière.

DANS UN SALON LA BARBIÈRE DE PARIS (PARIS 1ER)LE SALON GUILLAUME FORT (SAINT-ESTÈVE, PYRÉNÉES-ORIENTALES)

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POUR UN CONCEPT GAGNANT…• Se distinguer par son travail : si c’est pour faire une taille à la

tondeuse qu’avec un peu d’entraînement, le client saura reproduire chez lui, ce n’est pas la peine. « Même moi, je ne sais pas reproduire à la maison ce qu’on me fait au salon », assure Sébastien Pocaud (Atelier Gentlemen et Gentlemen 1919). Proposer des services innovants. Bref, apporter une vraie valeur ajoutée.

• Apporter écoute et conseils avisés. « Pour moi, la coiffure, c’est 60 % de psychologie, et 40 % de talent » , juge Alexandre Boulom (La Clé du Barbier).

• Créer un salon vraiment masculin. Un lieu commun peut-être, mais c’est indispensable. Meubles vintage, choix des coloris, tout en restant assez généraliste pour que tout homme puisse s’y retrouver.

• Ne pas se focaliser sur une prestation, la taille de barbe par exemple. Il faut être aussi un très bon coiffeur, car bien malin celui qui peut prévoir l’évolution des tendances…

L’indispensable qualité du serviceReste que l’explosion de ces salons pose question. Tout axer sur la barbe peut être risqué à moyen terme même si, comme le dit Samia Gaouar, « on a franchi un cap. Aujourd’hui, dans de nombreux secteurs d’activité, il est possible d’aller travailler avec une barbe. » Et de toute façon, le désir des hommes de prendre soin d’eux semble entré dans les mœurs. Tous les responsables

de salon à qui nous avons parlé affirment « former eux-mêmes » leurs collaborateurs. Plusieurs voix, dont celle de Sarah, pointent le manque de formation et réclament un « diplôme spécifique de barbier, ou au moins une certification. » Tous dénoncent la tendance à ouvrir trop vite un lieu dédié, après 2 jours de formation seulement. Dans certains coins, les élèves de BP option « coupe homme et entretien du système pilo-facial » se forment en

LA CLÉ DU BARBIER (PARIS 1ER)

TONSOR & CIE (TOULOUSE)

GENTLEMEN 1919 (PARIS 8ÈME)

SIDI MEN (STRASBOURG)

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regardant des vidéos sur YouTube, faute de profs disponibles et/ou formés… « Dans mon ancienne école, à Nantes, sur 18 élèves de BP, 17 ont choisi cette option ! rapporte Alexandre Boulom. Mais les professeurs sont enfermés dans un programme et une grille d’évaluation qu’ils doivent respecter. Il faut avoir un bon maître d’apprentissage. Nous avons du retard par rapport au Maghreb et à la Turquie, où l’apprenti observe pendant un an. Ici on a trop de charges, il faut du personnel opérationnel tout de suite. Pour moi, c’est plutôt cela le problème qu’une question de formation. » Car le retour des hommes dans les salons spécialisés ne sera durable que si la qualité est au rendez-vous. La grande question est sans doute, pour ces lieux, de créer un univers suffisamment masculin, mais pas trop typé, pour que chaque homme puisse s’y retrouver : le hipster, mais aussi le banquier, le cuisinier… Comme dit Alexandre, de la Clé du Barbier : « Classieux, mais pas "prout prout". Musique street, mais pas racaille. » C’est tout l’enjeu !

Catherine Sajno

“Et pourquoi pas un diplôme spécifique de barbier, ou au moins une certification ?”