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TOME 10 HUIT ÉCOLES DE LA VILLE DE MONTPELLIER PRÉSENTENT 10 ANS

HUIT ÉCOLES DE LA VILLE DE MONTPELLIER · 2019. 5. 16. · C’est le partenariat réunissant la DSDEN de l’Hérault, la Ville de Montpellier et l’Atelier Canopé qui permet

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LES

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10

Dix ans. Les Mystères ont dix ans ! Maëlle en a maintenant vingt et se souvient d’une drôle d’aventure : un fleuve en furie, une nuit dans une cabane, un goûter pour quatre, un radeau de fortune… mais que faisait Mme Gargouille ? Plus grave : virus Purple Z, Black Shark, Scorpion de Métal, Supers-Zéros, villes-dômes… l’avenir de Montpellier semble bien compromis. Heureusement, Lucas, Lili, Roxane et les autres, veillent au grain… Tout comme Diane et Dimitri qui partent à la recherche d’Apollon, de Rolland et de Samothrace, trois des dix statues antiques mystérieu-sement dixparues ; un suspect louche, un billet d’avion pour Los Angeles,

des indices cryptés, les deux écoliers-enquêteurs ont du pain sur la planche. Sacha, lui, revient sur les lieux de son enfance

et se souvient d’un Picasso volé, d’un alphabet chiffré, d’une cagoule noire et de nounours à la guimauve, voilà une affaire qui ne manque pas de sucre. Mais

patatras une catastrophe nuclaire renferme la ville sous un nuage vert ; pourtant Liona et Nelson trouvent l’amour

entourés d’animaux devenus... mais chut c’est un secret. Reste Alice, 10 ans elle aussi, qui parait-il n’aime pas lire. Taratata, les personnages des Mystères l’entraînent alors dans un tourbillon littéraire, elle en oubliera son portable.

Enfin, emporté par les poésies malines et cocasses de jeunes rêveurs, bienvenue, cher lecteur, dans la 10e édition des Mystères de Montpellier !

Ne peut être vendu.

Paul n’arrêtait pas de répéter tout bas : « c’est la fin du monde… »Dix ans déjà

Ils se téléportèrent aussitôt dans un endroit qui ressemblait à l’Enfer. Les dix parchemins sacrés

Comment est-ce possible ? Qui ose s’attaquer à l’un de nos Éphèbes ?Dixparition à Antigone

10 ans a Montpelhièr per se far plaser.Poésies occitanes

Oh coucou, mon chou en sucre ! Tu as passé une bonne journée mon Tchoupi ?

Flash Back en 2018

À chaque fois qu’il y avait purée, il y avait bataille.Vert comme le ciel

« Etre Azur jusqu’au bout. »Rêveries de promeneurs sous le ciel de Montpellier

On dirait qu’il neige de la littérature.Alice au pays des mystères

T O M E 1 0

HUIT ÉCOLES DE LA VILLE DE MONTPELLIER PRÉSENTENT

10ANS

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Les Mystèresde Montpellier

Huit écoles de la Ville de Montpellierprésentent

Ville de Montpellier

Montpellier Méditerranée Métropole

Direction des services départementaux de l’Éducation nationale

Atelier Canopé de l’Hérault

Tome 10

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Ville de MontpellierMontpellier Méditerranée MétropoleDirection des services départementaux de l’Éducation nationale Atelier Canopé de l’Hérault

Coordination pédagogique : Isabelle DemarqueCoordination du projet : Stéphanie Lacoste, Emelyne JougletSuivi d’édition : Séverine ChevéConception graphique et mise en pages : Alain ChevallierCouverture : illustration réalisée par l’école Jeanne-d’Arc

Retrouvez tous les tomes des Mystères de Montpellier, en version numérique : https://cano.pe/34montpellier

ISBN : 978-2-240-04767-0Achevé d’imprimer en mai 2019© Réseau Canopé, 2019(établissement public à caractère administratif ) Téléport 1 – Bât @4CS8015886961 Futuroscope cedexTous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés pour tous pays.

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ÉCOLE JEANNE-D’ARC

Dix ans déjà 7ÉCOLE CHENGDU

Les dix parchemins sacrés 23ÉCOLE CHARLES-DICKENS

Dixparition à Antigone 43ÉCOLE CALANDRETA DAU CLAPÀS

Découverte de poésies 65ÉCOLE CONDORCET

Flash Back en 2018 87ÉCOLE JULES-VERNE

Vert comme le ciel 101ÉCOLE SIBÉLIUS/POTTIER

Rêveries de promeneurs sous le ciel de Montpellier 119ÉCOLE DOCTEUR-CALMETTE

Alice au pays des mystères 137

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LES MYSTÈRES DE MONTPELLIER

Cette année, Les Mystères de Montpellier fête son dixième tome ! Pour cette édition « anniversaire », nos jeunes écrivains ont mis leur talent et leur imagination autour du sujet « 10 ans à Montpellier ».

Comme chaque année, les élèves de huit écoles nous transportent au cœur de notre ville par le biais de nouvelles et autres textes poétiques.

Je tiens à féliciter l’ensemble des écrivains en herbe et leurs ensei-gnants pour leur engouement et souligner la qualité de ce travail d’écriture.

Ce voyage littéraire permet de puiser beaucoup de plaisir, ainsi que de dévoiler des aspects de notre ville, de sa vitalité forgée sur son histoire, son patrimoine et ses habitants.

Diffusé dans toutes les écoles de Montpellier, j’espère que ce nouvel ouvrage apportera autant de désir de lecture que d’envie d’écriture à l’ensemble des élèves de notre belle cité.

Philippe Saurel Maire de Montpellier

Président de Montpellier Méditerranée Métropole.

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PRÉFACES

«  Dix ans à Montpellier  », c’est l’âge de ce projet d’écriture ambitieux. C’est aussi le thème de cette dixième édition des Mystères de Montpellier qui nous propose huit nouvelles et textes poétiques.

Dix classes de la ville ont ainsi travaillé pendant toute une année scolaire pour nous offrir le plaisir de lire, pour nous faire redécouvrir sous leur plume la ville de Montpellier, LEUR ville, à travers leurs yeux d’enfants de dix ans, tantôt espiègles tantôt graves.

Ces jeunes écoliers n’étaient pas seuls. Ils étaient portés par leurs enseignants dans ce « chantier » d’écriture qui répond à des enjeux didactiques et humains. Ils étaient accompagnés dans leur travail de documentation par des médiateurs culturels (médiathèques de la ville, associations locales), mais aussi par des poètes et écrivains qui ont su dynamiser et relancer leurs travaux quand le processus d’écriture avait besoin d’un nouveau souffle.

C’est le partenariat réunissant la DSDEN de l’Hérault, la Ville de Montpellier et l’Atelier Canopé qui permet depuis 10 ans la réussite d’un tel projet. Distribué et dédicacé par les enfants eux-mêmes pendant la Comédie du livre, ce tome X des Mystères de Montpellier sera également remis à tous les élèves de CM2 en fin d’année.

Ce projet collaboratif fédère des classes autour d’une œuvre commune, un «  chef-d’œuvre  », dont le destinataire n’est pas le professeur mais un public lié au projet lui-même et à sa publication. C’est un projet de grande envergure qui permet aux élèves d’assumer leur posture d’auteur, en mobilisant les compétences acquises dans les savoirs fondamentaux.

Christophe MaunyInspecteur d’Académie

Directeur des services départementaux de l’Éducation nationale

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École Jeanne-d’Arc

CLASSE DE CM1/CM2 DE THIERRY TEIXIDO

Bohème Akermann Quemere • Faustine Ausset Jules Barbieri • Inaya Bensadia • Lamiae Bomadyan Lina Boussouf • Solal Cutzach • Guillaume Decock Shinta Djuwadi Papillon • Baptiste Filleron Swann Granier • Selah Guitteaud Resiga Daphné Haimez • Nolan Ichter Nguyen Odilon Joly • Justine Lacrampe De La Fuente Louis-Raphaël Le Bigot Kauffmann • Joseph Maillet Louise Mairot • Oscar Moyat Foubert • Salima Ouhammou • Théo Sarrazin • Kéalan Seaman Léa Solano Ferreira Da Silva • Jade Vie Yakine Zaraoual • Iyuma Al Hassani Belem Asen Atanasov • Najwa Guebli • Clémentine Lepine

CLASSE DE CM2 DE LUC GRANDET ET MANON CAZALS

Rayan Abderrahmane • Juliette Baillon Mathilde Baillon • Billie Barbieri • Sacha Barboteau Jassem Benkerri • Enzo Chalendon • Lucille Cirillo Aymen El Hajjami • Maeva Erick • Gustave Espallac • Marvin Garnier • Mohamed Gazoulit Diago Hernandez Jaubert • Céleste Huchard Bernard Marceau Lannier-Rio • Hippolyte Lavigne Louise Lienard • Charlyne Marlaud • Olympe Morlet Joël Njanga Bele • Léane Parrot Lamiche Marius Peyroulet • Iness Rabah • Liam Ramet Thomas Retailleau • Antoine Rigaud • Inès Sary

Nous tenons à remercier Christelle El Jaafari, Julie Nave, René Escudié et Sébastien Ranc pour leur aide.

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Dix ans déjàM A Ë L L E

Je m’appelle Maëlle, j’ai vingt ans, je suis étudiante à la faculté de médecine de Montpellier. Je suis née à Montpellier et je n’ai jamais quitté cette ville que j’adore et dans laquelle ma vie s’est toujours déroulée agréablement et sans histoires. Sauf, peut-être, cette fameuse semaine de ma fin de CM2… C’était il y a dix ans, au mois de mai 2019…

Nous nous trouvions au pic Saint-Loup. On dormait dans des tentes par deux, il faisait froid mais nous, les élèves, nous étions motivés. Notre maitresse s’appelait Madame Gargouille. Elle était blonde, grande, sympa mais parfois très sévère ! Ce lundi était magique. Nous étions assez fatigués et en même temps très excités. C’était l’heure de manger les grillades au feu de bois. Après ce bon repas, la maitresse nous a demandé d’aller dans les tentes et de nous préparer pour la veillée. Nous avions eu cinq minutes pour nous brosser les dents, nous mettre en pyjama et rejoindre le groupe. À minuit, il était l’heure d’aller au lit parce que le lendemain, une longue journée nous attendait. Au programme : lever à huit heures, petit déjeuner, se préparer pour partir en canoë-kayak…

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LES MYSTÈRES DE MONTPELLIER

L A C L A S S E D E D É C O U V E R T E

J’ai été réveillée par les cris de ralliement des animateurs et de notre enseignante. Il était huit heures. J’ai attrapé mes habits et, à moitié endormie, je me suis dirigée vers les douches. Après ma toilette, je me suis précipitée (mieux réveillée, cette fois) vers les tables pour le petit-déjeuner. Alors que je dégustais mes pancakes au sirop d’érable, Madame Gargouille nous rappela à l’ordre : « N’oubliez pas d’aller chercher votre pique-nique, votre maillot de bain et une bouteille d’eau ! » Elle rajouta : « Vous avez dix minutes ! » Comme vous l’ima-ginez, cette journée passa très vite : canoë, pause, canoë, pique-nique, canoë, goûter, retour au camp, il était dix-sept heures… Jusqu’au repas, j’ai joué avec mes amis. Après le dîner, morte de fatigue, je n’ai pas eu la force de participer à la veillée. Je suis allée me coucher et me suis endormie en deux minutes. Le lendemain, j’étais prête dès huit heures. Au petit-déjeuner, Madame Gargouille nous a expliqué : « Aujourd’hui, mes enfants, nous irons explorer la vallée. Mais, vu le temps, a-t-elle dit en regardant le ciel, nous ne nous baladerons que

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DIX ANS DÉJÀ

ce matin et non la journée entière. » C’est ce qui s’est passé. Il a plu tout l’après-midi, alors, on a fait un Monopoly et on a joué dans les flaques. Le plus drôle, c’est quand Lou, une fille de la classe, a reçu un caca d’oiseau sur la tête. L’inconvénient, c’est que le soir, il s’est mis à pleuvoir encore plus fort et on a dû se coucher tôt. En plus, le lendemain, c’était le jour de la course d’orientation. Ce soir-là, je me souviens qu’en allant me coucher, j’eus un mauvais pressentiment. J’entendais les adultes parler de la météo avec inquiétude et je me suis dit qu’il allait se passer quelque chose… Mais ce n’était pas cela qui allait gâcher ma journée et la course d’orientation…

L A C O U R S E D ’ O R I E N T A T I O N S E P R É P A R E

«  Debout les enfants ! Toilette rapide et petit déjeuner ! Allez, allez on se dépêche ! » La voix aigüe de Madame Gargouille me tira brusquement de mon sommeil, où se mélangeaient, pêle-mêle, des membres de ma famille et la ballade en canoë de l’avant-veille. Dans mon rêve, Papa tentait de repêcher Mamie Janine, qui après avoir surfé sur les fesses en descendant un rapide du Lez, coulait à pic dans des eaux plus calmes, assommée par la rame que lui avait lancée Papi Robert pour lui venir en aide ! Bizarre… Je crois que mes parents me manquaient un peu. À moitié endormie, je me dirigeai vers les sanitaires, ma trousse de toilette suspendue au bout de mon bras ballant. Je me demandais vaguement quel jour il pouvait bien être. Une lueur traversa enfin mon esprit embrumé et me réveilla défini-tivement : jeudi, nous sommes jeudi, course d’orientation en forêt au programme ! La toilette fut vite expédiée et je rejoignis les autres, remplie d’allégresse, autour du petit déjeuner. Il s’agissait de prendre des forces pour affronter les aventures qui nous attendaient ! « Tout le monde au point de regroupement dans dix minutes ; consignes et distribution du matériel pour la course d’orientation ; les élèves en retard resteront au camp ! » hurla Madame Gargouille sur un ton qui nous incita à accélérer le mouvement. « Phrase injonctive exprime un ordre ou un conseil, leçon de grammaire numéro 2 », marmonna

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LES MYSTÈRES DE MONTPELLIER

Paul dans son bol de chocolat. Celui-là ! Il nous faisait toujours rire… J’avalais à la hâte ma dernière tartine qu’Enzo reluquait avec envie depuis qu’il avait fini d’engloutir les siennes. Quelques minutes plus tard nous étions tous regroupés à l’endroit prévu. Quelle chance ! J’étais dans le même groupe que Julie, Nathan et Paul ! Il faut dire que j’étais un petit peu amoureuse de Paul… Nathan, lui, était mon meilleur ami depuis la maternelle, et quant à Julie, je lui confiais tous mes secrets. On ne pouvait pas rêver meilleure équipe ! Chaque groupe disposait d’une carte détaillée de la région, d’une montre, d’une boussole, d’un téléphone portable avec le numéro de la maitresse, d’une enveloppe contenant les premières consignes de la course d’orientation, d’un crayon, d’une gomme et de pique-niques individuels avec suffisamment d’eau pour passer la journée. Après avoir réparti le matériel dans les sacs à dos et écouté les consignes de prudence de la maîtresse, toute la classe se mit en route vers l’orée de la forêt des Deux-Pics toute proche, dans laquelle nous nous apprê-tions à vivre une journée mémorable.

M A U V A I S P R É S A G E

La clairière du Chasseur se trouvait au tout début de la forêt des Deux-Pics. C’était notre point de départ et tous les groupes devaient s’y retrouver en fin d’après-midi aux alentours de dix-sept heures. De gros nuages sombres s’amoncelaient dans le ciel, comme un mauvais présage. Le départ fut donné par Madame Gargouille. J’étais chargée d’ouvrir l’enveloppe et de lire les consignes qui nous permettraient de trouver le premier indice : «  Sortez de la clairière du Chasseur par le sentier plein nord ; cheminez pendant quinze minutes environ jusqu’au rocher du Sanglier ; là, un géant de trente mètres de haut vous remettra le deuxième indice ». Nathan, qui n’avait jamais peur de rien, prit fièrement la tête de l’expédition la boussole à la main ; nous lui emboitâmes le pas, bien décidés à gagner la course mais un peu inquiets. L’inquiétude se dissipa assez vite, et nous avancions plein de gaieté avec un agréable sentiment de liberté. « On pourrait ne pas rejoindre les autres ce soir, ce serait l’aventure totale !  »,

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DIX ANS DÉJÀ

lança Paul. Cette idée fit tressaillir Julie et me glaça le sang. Je me souviens aujourd’hui, dix ans plus tard, qu’à ce moment précis j’eus un nouveau mauvais pressentiment. Nous venions d’arriver au pied d’un gros rocher. Pas de doute, c’était bien le rocher du Sanglier  tellement il ressemblait à la tête de cet animal ! Nous nous assîmes sur le roc pour réfléchir. Julie poussa un cri : « Le… le géant ! », en même temps son index pointait un immense chêne dont le tronc faisait au moins dix mètres de circonférence. C’est moi, qui la première découvrit la petite enveloppe cachée dans un trou du tronc à un mètre cinquante du sol. Il était déjà midi et nous décidâmes de nous restaurer au pied du géant de bois pour reprendre des forces avant de continuer la course. Au début de l’après-midi, la décou-verte des autres indices se déroula sans aucune difficulté, les étapes s’enchainaient dans la bonne humeur. Vers seize heures, alors que nous nous apprêtions à découvrir les dernières consignes qui devaient nous ramener à la clairière du Chasseur, un éclair suivi d’un énorme

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LES MYSTÈRES DE MONTPELLIER

coup de tonnerre nous cloua sur place. Un grand châtaignier venait de se faire foudroyer à moins de vingt mètres de nous ! Dans un fracas de bois qui se brise, l’arbre blessé se divisa en deux parties ; une moitié du châtaignier resta dressée, la seconde s’abattit sur le sentier avec une violence inouïe. Dans sa chute, la moitié du géant de bois avait détruit le muret de pierres sèches qui longeait le sentier et empêchait les promeneurs de tomber dans un fossé profond. Nous sommes certainement restés plusieurs minutes muets, pétrifiés par la violence de ce spectacle. La voix de Nathan brisa enfin ce long silence : « Sous le grand châtaignier, cachées entre deux pierres du muret, vous trouverez les instructions pour terminer la course… » Le muret n’était plus qu’un énorme tas de cailloux au fond d’un ravin d’une dizaine de mètres ! Notre dernier indice était enseveli sous des tonnes de roches inaccessibles. Il fallait bien se rendre à l’évidence : nous étions perdus !

P E R D U S …

Bien sûr, on essaya tout de suite d’appeler Madame Gargouille avec le téléphone portable mais il n’y avait pas une seule barre de réseau. Alors là… on commença vraiment à paniquer ! Paul semblait très fatigué, Nathan, lui, avait l’air effrayé, un peu comme s’il avait aperçu une sorcière. Quant à Julie, elle… comment dire ? Elle s’était blottie contre moi et me demandait de lui raconter des histoires pour la rassurer. Je l’avoue, moi aussi j’avais peur. Au bout d’un moment, on se mit à réfléchir au moyen de s’en sortir vivants. Après dix minutes environ, Nathan proposa d’avancer encore un peu pour rechercher du bois afin de nous construire un abri. C’est ce qu’on fit et, un peu plus loin, on remarqua une maison abandonnée, cachée derrière des arbres. Je ne sais plus qui, mais quelqu’un proposa d’y entrer et de s’y installer pour la nuit. On trouva tous l’idée très bonne mais surtout, on n’en eut pas d’autre. Nathan repira un grand coup et il ouvrit la porte. Il entra et nous le suivîmes, pas très rassurés. À l’intérieur, on entendait des craquements, on avançait petit à petit, en restant groupés. Paul n’arrêtait pas de répéter tout bas : « C’est la fin du monde… »

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DIX ANS DÉJÀ

On s’installa dans une pièce sombre remplie de vieux cartons et on commença à manger les restes de nos pique-niques, sans beaucoup d’appétit. Ensuite, Nathan sortit pour vérifier si le portable ne passait toujours pas, ce qui était le cas. J’étais persuadée qu’il en avait aussi profité pour jouer avec le téléphone mais, bon… Il pleuvait de plus en plus fort, alors, on se fabriqua des couchages avec les cartons et on se coucha. On se souhaita bonne nuit et soudain… je ressentis une grosse envie d’aller aux toilettes. Il n’y en avait pas, pas à l’inté-rieur en tout cas. Donc, je sortis sous la pluie. Il faisait froid et je dus faire pipi derrière un buisson (horrible). Au moment de rejoindre la maison, je m’aperçus que nous étions juste à côté du Lez. Je rentrai vite me coucher avec les autres. J’avais froid et je n’arrêtais pas de penser à l’aventure que nous étions en train de vivre. Finalement, je m’endormis.

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LES MYSTÈRES DE MONTPELLIER

U N M A T I N P A S C O M M E L E S A U T R E S

Ce matin-là, je me réveillai en sursaut. Une pluie fine et glaçante tombait toujours en continu. La tempête s’était calmée, mais le ciel était gris et sombre, et la brume limitait la visibilité. Brusquement, un coup de vent dégagea la vue : le Lez, grossi par les pluies violentes de la nuit, coulait à moins de cinquante mètres de nous…

Nous avions tous le ventre vide ! «  Bon les amis, déclara Nathan, on va se sortir de ce mauvais pas, ne vous inquiétez pas. Mais tout d’abord il faut trouver quelque chose à se mettre sous la dent ! Nous serons plus efficaces avec l’estomac plein ! » De sa petite voix Julie annonça : « Vous savez, hier, j’étais tellement stressée par la course d’orientation, que je n’ai rien pu avaler ; mon panier repas est intact ! ». Je proposai de me charger de la répartition du pique-nique de Julie, pendant que les trois autres partaient à la recherche de quelque chose de comestible aux alentours. Quelques minutes plus tard, mes amis revenaient, Julie en tête, son T-shirt, retroussé en besace, rempli de fraises des bois. Nous fîmes honneur à ce petit déjeuner improvisé dont je me souviendrai toute ma vie. Paul, qui

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DIX ANS DÉJÀ

pratiquait régulièrement le canoë-kayak en club déclara : « Je crois que nous devons tenter la descente du Lez jusqu’à Montpellier. Mais pour ça, il faut d’abord construire un radeau ! 

— Quand nous ramassions les fraises des bois, j’ai repéré un tas de belles et longues branches bien droites probablement laissées par des bûcherons ; c’est à quelques pas d’ici.

— Mais comment va-t-on les assembler ? demandai-je incrédule.— T’inquiète pas, dit Nathan, on va confectionner des liens avec

de l’écorce de jeunes branches d’arbre encore vertes. Mais d’abord, nous devons transporter tous les matériaux au bord de l’eau avant de commencer à assembler les bûches entre elles ! »

Aussitôt dit, aussitôt fait ! Nous nous mîmes au travail sans tarder. Deux heures plus tard, notre embarcation de fortune était prête. Entre temps, Julie avait dégoté deux vieilles planches qui trainaient au détour d’un chemin et qui feraient bien l’affaire pour servir de pagaies et guider le radeau.

« Mise à l’eau, tout le monde embarque !  » déclara le Capitaine Paul.

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LES MYSTÈRES DE MONTPELLIER

E N R O U T E P O U R M O N T P E L L I E R

Nous sommes montés à tour de rôle sur le radeau. Il paraissait stable. Paul et Nathan ont commencé à ramer. Nous avancions rapidement. Soudain, un grondement s’est fait entendre. On apercevait l’eau qui prenait de la vitesse avant de s’engouffrer dans le rapide. Paul nous dit de ramer le plus vite possible. C’est ce que nous fîmes. Puis notre radeau de fortune bascula dans le premier rapide. L’eau giclait à l’avant. Et nous prîmes la dernière vague avant de passer sur un plan d’eau plus calme. Il y eut encore d’autres descentes de ce genre-là. Toutes se passèrent sans incident notable, à part une dans laquelle le sac à dos avec les affaires de Nathan et le téléphone portable bascula dans la rivière. En voulant essayer de le récupérer, en vain, Julie s’écorcha le bras sur un rocher et faillit tomber à l’eau.

Finalement, on parcourut le Lez jusqu’à Castelnau mais on ne put pas s’arrêter à cause du courant. Il pleuvait de plus en plus fort et le niveau de l’eau commençait à monter dangereusement.

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DIX ANS DÉJÀ

A C C O S T A G E E N T E R R E C O N N U E

La nuit commençait à tomber. Julie commençait à perdre espoir. Et je crois bien que Nathan pleurait… Paul, à la manœuvre, nous fit remarquer que nous nous approchions de Montpellier.

Malgré la tempête, nous réussîmes à accoster sur une des rives. Julie demanda : « Où sommes-nous ? » Je répondis : « Nous sommes au parc Méric.  » Paul se jeta à l’eau et traina le radeau jusqu’à la berge. Alors que les deux garçons, allongés sur l’herbe, poussaient des cris et des gémissements, Julie et moi inspections les environs. Nathan suggéra de remonter une colline qui donnait sur une aire de jeux. C’est ce qu’on fit, morts de fatigue. J’aperçus une maison, une grande maison qui faisait un angle droit. Je ne sais pas pourquoi j’ai hurlé : « Une maison ! Là-bas ! »

Surpris, Paul dit :« Pfiou ! Tu m’as fait peur, Maëlle…— Je rigole pas, ai-je répliqué agacée, elle est là, face à nous ! »À ces mots, quatre à quatre, nous allâmes la voir de plus près.

Arrivés devant un grand portail, Julie proposa :« On pourrait y passer la nuit, mais il faut que les propriétaires

nous offrent l’hospitalité. »Nathan et moi partîmes à la recherche de l’interphone, mais

rapidement, nous revînmes penauds.« Je n’ai rien trouvé, dis-je.— Moi non plus, articula Nathan. »Finalement, c’est Julie qui le trouva.« Il est là ! »Il était noté en-dessous : « Maison du peintre Frédéric Bazille ».Après quelques instants de réflexion, on comprit que la maison

était abandonnée. On rassembla notre courage et on entra. Il y avait un petit salon avec une bibliothèque, dans la pièce voisine une salle à manger avec une ancienne table longue et noire de saleté. Au sol, s’étalait un somptueux tapis de couleur sombre. À côté se trouvait un escalier. Paul fut le seul à monter. Il redescendit en trainant un matelas sale, mais avec la fatigue, on ne se fit pas prier.

« Dormons là-dessus, il est assez grand pour nous tous. »

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LES MYSTÈRES DE MONTPELLIER

On s’allongea. Je vous avoue que je suis restée vingt minutes éveillée avant de m’endormir avec mes amis. En pleine nuit, je me réveillai, affamée. Je ne m’aperçus pas que Paul avait quitté le « dortoir ». J’allai vers le petit salon. Je pris un livre et je lus. Après ça, je me rendis compte que, dans un coin, caché derrière la biblio-thèque, Paul lisait lui aussi. Trente minutes plus tard, nous allâmes nous coucher.

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DIX ANS DÉJÀ

A L E R T E R O U G E

Je me réveillai en sursaut en ne sachant plus où je me trouvais. La vue de Julie, Nathan et Paul, allongés à même le sol, me ramena vite à la réalité. La masure était peut-être célèbre mais sacrément humide. J’avais dormi d’un sommeil agité, mais apparemment sans rêves. Je secouai mes camarades et leur rappelai l’objectif du jour : ATTEINDRE MONTPELLIER LE PLUS VITE POSSIBLE POUR RETROUVER LES AUTRES ! Et vu que c’était le jour où la classe devait présenter le tome 10 des Mystères de Montpellier pour la Comédie du livre, le mieux était d’essayer de les retrouver sur place. Silencieux, nous mangeâmes les quelques baies qui nous restaient en guise de petit déjeuner. Dehors il pleuvait toujours et le Lez avait inondé les rues en contrebas du parc Méric. Il n’y avait pas âme qui vive, et les habitations semblaient abandonnées. Encore une fois Paul sut trouver les mots pour nous remonter le moral tombé dans nos chaussettes humides. Le radeau fut remis à l’eau, et nous nous engageâmes dans les rues inondées bien décidés à atteindre notre but. Stupéfaite par ce spectacle impressionnant, je restai la bouche ouverte tel un poisson hors de l’eau. Même Paul qui a toujours quelque chose à dire était bouche bée. Tout en ramant, nous avions remarqué que, peu à peu, le temps se calmait. Je recon-naissais petit à petit la ville dans laquelle j’étais née… Vu de l’avenue Saint-Lazare, Montpellier ressemblait à une île, émergeant des eaux. Cela faisait cinq minutes que nous ramions, impressionnés, mais sans relâche. C’est Julie qui brisa ce long silence en nous indiquant l’heure. Il était 11h53 et la faim nous envahissait, mais ce détail n’était pas de la plus haute importance. Le niveau de l’eau baissait et cela ralentissait notre course. Dix minutes plus tard, le niveau de l’eau était encore plus faible et Nathan, pris de panique, s’affolait. Nous approchions de l’écusson et il ne restait plus assez d’eau pour continuer. Nous étions tout près du but mais il nous fallait encore marcher jusqu’à la salle Rabelais où avait lieu la présentation des nouvelles pour Les Mystères de Montpellier. C’est ce que nous avons fait en empruntant les escaliers du Corum afin d’accéder à l’Esplanade Charles-de-Gaulle.

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LES MYSTÈRES DE MONTPELLIER

R E T R O U V A I L L E S

Mon cœur battait la chamade, nous nous rapprochions de la salle Rabelais. Je sentais la joie envahir mes amis. Julie poussa fébrilement la lourde porte de la salle… À l’intérieur, plusieurs groupes d’enfants papotaient gaiement. Les lumières étaient encore allumées mais nous avions beau regarder autour de nous, pas un seul élève de notre classe n’était assis parmi les sièges de velours rouge. Nathan nous fit signe de monter vers les sièges du haut. À peine assis, on entendit du chahut. Notre classe rentrait dans la salle. Je vis une touffe frisée qui me rappela Madame Gargouille et une voix perçante me confirma que c’était elle. C’est Lou, une camarade chipie, mais gentille, qui alerta la maitresse en lui signalant notre présence. Nous avons dévalé les escaliers pour les retrouver. Certains se moquaient de nous, quant aux autres, ils laissaient éclater leur bonheur de nous revoir. Après les retrouvailles, un homme fit signe à notre maitresse : c’était le moment de passer sur scène pour présenter notre nouvelle. Très enthousiastes, le cœur léger, nous sommes montés sur la petite scène. Nous avons interprété la pièce de théâtre imaginée par Madame Gargouille. Elle présenta les élèves qui avaient participé à la pièce :

« Kenzo, Lou, Pierre, Arthur… et enfin, nos quatre aventuriers : Nathan, Julie, Paul et Maëlle ! »

À peine sortis de la salle, nous racontions aux autres nos mésaventures.

É P I L O G U E

Vous vous demandez certainement pour quelle raison nous n’avons pas été retrouvés plus tôt. Je vais vous l’expliquer… Il ne faut pas oublier que Montpellier était en pleine alerte rouge. Avec la pluie et le vent, les hélicoptères avaient du mal à décoller et ceux qui y arrivaient étaient mobilisés sur la ville. Des recherches ont quand même été organisées mais elles se sont limitées aux environs du pic Saint-Loup. Personne n’avait imaginé que nous allions essayer de revenir sur Montpellier par nos propres moyens. Je peux vous

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DIX ANS DÉJÀ

dire que nos parents étaient drôlement soulagés quand ils nous ont retrouvés. Ma mère m’a serrée dans ses bras si fort qu’elle m’a presque étouffée ! Nous, on avait d’abord cru que Madame Gargouille avait caché notre disparition pour ne pas être accusée de « perte d’enfants » mais ce n’était pas le cas. Elle a quand même changé de métier après cette affaire, je crois qu’elle a été un peu traumatisée par cette « mésaventure ».

Sinon, Nathan a pas mal grossi depuis cette époque, je veux dire, vraiment beaucoup grossi. En plus de ses études de droit, il travaille dans un fast food. Mais Paul a décidé de s’occuper de lui et de se mettre au sport et au régime. Paul, lui aussi, a beaucoup changé, il est devenu rugbyman, il joue dans l’équipe de Montpellier. Et dire que j’étais amoureuse de lui… Julie continue ses études pour devenir pianiste, on habite ensemble, on est colocataires. Tous les quatre, on se rencontre encore régulièrement. Depuis cette histoire, on est toujours restés une bonne vieille bande de copains…

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École Chengdu

CLASSE D’EMMANUEL NAVOLY

CM1 : Méryl Charraud • Axel Couly Mathis Couly • Lina Idrissi • Sarah Kassimi Simina Sandu • Léna Seck • Émilien Trace Sacha-Andréa ThionCM2 : Assia Bendaoud • Nahil Buscema-Boudouch Lilou Bonnet-Meissonnier • Romy Bruder-Sales Sophia Conrad • Amélia Elice • Lilou Diallo Amin El Boudali • Ilyasse El Hatmi • Lola Figarol Oscar Gabard • Elyes Haddou-Moreto Anne-Sophie Hallermeyer • Kenza Kherbouche Andréa Lincan • Césaria Mutschler • Alex Nafti Iliane Rakeb • Ennio Souvre

CLASSE DE MMES GUENET, REY, GARCIA, ET JANAND

CM1 : Elona Bigard • Emmanuelle Elice Maëlle Elice • Flavius Epaminonda • Nikole Kacinski Yemima Lutte • Maély Michel • Ruben Nomed Shawn SeraicheCM2 : Noam Abellaoui • Younès Ben Alla Lina Benali • Diego Boulot-Patole • Océane Bosch Isaline Demus • Inès El Hatmi • Kaïs Feuerstein Samy Gentillon • Rita Ghailaine • Joachim Gutierrez Yanis Khaldi • Kihal Hannah • Ladhem Shayma Romane Landry-Battini • Brandon Luque Enis Piron • Alan Saltarella • Farès Ziate

Nous remercions Christelle Eljaafari et René Escudié pour leur aide et leur soutien. Nous remercions aussi Emelyne Jouglet, Isabelle Demarque, Stéphanie Lacoste et Séverine Chevé pour leurs corrections et leurs conseils.

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Les dix parchemins sacrésApocalypse Montpellier

Parchemin 1Une ville en ruines, des zombies dans la brume.Dans cette atmosphère irrespirable, une lueur lugubre :des survivants, un feu de camp.Des survivants et des cafards.

Voilà dix longues années qu’un remède est étudié.Les savants cherchent en espérantqu’ ils ne seront pas mangés.

Dans la cité, des morts-vivantsaux mâchoires détraquées trébuchentsur les déchets. Dans le brouillard,on entend le désespoirdes gens qui souffrent.

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LES MYSTÈRES DE MONTPELLIER

Parchemin 2

Il régnait une atmosphère de champ de bataille sur Montpellier. La ville était désertique et morne. Là où il y avait tout, il n’y avait plus rien, à l’exception des ombres qui rôdaient dans la brume. Dix ans ! Il avait suffi de dix petites années pour que Montpellier ne soit plus qu’un champ de ruines infesté de zombies contaminés. Le seul espoir des rares survivants se trouvait dans un laboratoire du CNRS occupé par une poignée de scientifiques.

La porte blindée s’effondra dans un lourd fracas. La horde de zombies pesant de tout son poids depuis de longues heures avait fini par l’abattre. Sandy emballait tout ce qu’elle pouvait dans un gros sac en toile. L’ordinateur portable sous son bras faillit lui échapper.

— Dépêchez-vous, cria Gabriel ! Je ne pourrais pas les retenir très longtemps.

L’adolescent agitait dans tous les sens une barre d’acier pour repousser la horde de contaminés.

— On va mourir comme tous les autres !Les bras chargés de provisions, Corentin était en proie à la panique.

Sandy l’attrapa par l’épaule et lui montra une grille d’aération.— Tu crois que tu pourras passer par là.Le garçon grassouillet contempla son ventre rebondi puis remonta

ses lunettes avant de répondre :— Si c’est ça ou être mangé, je n’ai pas vraiment le choix.Sans avoir attendu la réponse de son camarade, Sandy avait

commencé à dévisser la grille. Grâce à elle, les trois camarades parvinrent à échapper de justesse aux griffes des contaminés.

Après avoir rampé près d’une heure dans les conduits d’aération infestés de cafards, le trio se retrouva enfin à l’air libre. La brume et son odeur de poudre chimique les envahirent. Montpellier, comme le reste du monde, n’était plus qu’une ville-fantôme noyée sous le brouillard.

Épuisé par leur fuite désespérée, Corentin essayait de retrouver son souffle tandis que les deux autres se répartissaient tout ce qu’ils avaient pu sauver.

— Nous devons trouver un nouvel abri avant que d’autres arrivent, dit Gabriel après avoir chargé un lourd sac sur son dos.

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LES DIX PARCHEMINS SACRÉS

Sandy approuva et prit la tête du groupe. Ils avancèrent avec prudence entre les immeubles à moitié détruits et les carcasses de véhicules brûlés. L’air éberlué, Corentin contempla l’épave d’un char d’assaut abandonné. Gabriel l’attrapa par le bras pour le forcer à avancer. Un peu plus loin, le trio dut se cacher derrière un tas de décombres pour laisser passer une dizaine de zombies gémissants. Quand les contaminés furent assez loin, Sandy leur fit signe de repartir.

Les façades des bâtiments abandonnés étaient couvertes de graffitis, de sang séché et d’une substance violette écœurante. Le virus Purple Z infectait tout, y compris la végétation. Les arbres et les plantes eux- aussi avaient l’air de morts-vivants. Et c’était comme ça dans toute la ville, dans tout le pays, peut-être même dans le monde entier.

Les rescapés continuèrent à marcher dans l’ombre des infectés, aussi longtemps qu’ils le pouvaient. Finalement, Sandy exténuée demanda à Gabriel de s’arrêter. Corentin se laissa tomber lourdement sur un banc, déplaçant au passage la brume épaisse qui recouvrait le sol. Il sortit un sandwich merguez/mayo de son emballage pour se redonner du courage. Soudain, un bruit attira leur attention. Plusieurs infectés cachés dans le brouillard se relevèrent autour d’eux et s’avancèrent en boitant. Les rescapés étaient pris au piège et trop fatigués pour s’enfuir.

Sandy et Gabriel se mirent à crier en agitant des barres d’acier pour les repousser. Corentin jeta son casse-croûte sur le mort-vivant

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LES MYSTÈRES DE MONTPELLIER

le plus proche. Le contaminé attrapa le sandwich au vol et commença à le manger. Un autre essaya de le lui arracher. Cela ne les ralentirait pas très longtemps, mais c’était déjà ça.

Les rescapés se demandaient comment ils allaient se tirer de ce mauvais pas quand une flèche se planta dans l’œil d’un contaminé et lui transperça le crâne. Trois autres projectiles suivirent le premier et tuèrent net les autres morts-vivants.

Une silhouette féminine, vêtue d’un uniforme renforcé et d’un gilet pare-balle, sortit du brouillard, un arc à la main.

Elle s’approcha, enleva sa capuche et retira son masque à gaz. Les yeux bleus, les cheveux blonds tressés en une longue natte, un grain de beauté près de l’œil droit, elle avait la trentaine. Elle les dévisagea en silence. Impressionnée par leur mystérieux ange gardien, Sandy ne put s’empêcher de lui demander qui elle était.

— Et vous qui êtes-vous ? demanda l’inconnue d’un air méfiant. — Nous sommes des scientifiques, nous cherchions un remède

à l’épidémie. Nous étions au laboratoire d’épidémiologie du CNRS jusqu’à ce qu’il soit envahi. Moi c’est Sandy, lui c’est Gabriel et voici Corentin.

— Vous n’êtes pas un peu jeunes pour des chercheurs ?Corentin répondit, entre deux bouchées d’une vieille barre

chocolatée.— Nous sommes des génies « à ce qu’il parait ». Vous êtes qui au

juste ?— Je suis le lieutenant Karatzas des Forces spéciales européennes.

Vous pouvez m’appeler Athéna. Je suis née sur les rives de la mer Égée.

Gabriel était resté bouche bée devant la guerrière. Dans un holster, elle portait un gros pistolet automatique, un Desert Eagle qui devait faire un bruit infernal à chaque tir. Retrouvant l’usage de la parole il s’adressa à elle, à son tour.

— Nous devons absolument trouver un nouveau refuge pour poursuivre nos recherches.

La femme officier réfléchit un instant avant de répondre.— Je sais où vous pourriez vous installer, mais c’est à l’autre bout

de la ville. Tenez, enfilez ces tenues, vous serez plus discrets.

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LES DIX PARCHEMINS SACRÉS

Les vêtements qu’elle leur tendit étaient sombres et gris, couleur de la nuit.

Les heures qui suivirent passèrent comme un long cauchemar éveillé. Les rues noyées dans la brume et les décombres, les véhicules abandonnés, les immeubles détruits, tout était infesté de zombies. Les trois jeunes scientifiques suivirent Athéna comme son ombre, évitant d’attirer l’attention des contaminés.

Au bout d’une longue marche épuisante, ils passèrent devant la mairie dont les contours se découpaient dans la pénombre. Plus loin, ils longèrent le bassin Jacques-Cœur. Des bébés zombies s’amu-saient dans la boue, mangeaient des ragondins ou jouaient dans le parc. Leurs mamans contaminées restaient sur les bancs en faisant des bruits bizarres pendant que les papas morts-vivants faisaient semblant de faire du sport.

Corentin se mit à pleurer en voyant la ville où il avait passé son enfance dans un tel état. Cela ne prendrait fin que quand ils auraient trouvé ce maudit antidote au virus Purple Z. Il se demanda si cela suffirait à rétablir la situation.

Après avoir traversé une avenue, ils passèrent près d’une école. Le lieutenant Karatzas était partie en reconnaissance, quand trois zombies armés de ciseaux et d’agrafeuses passèrent à travers des fenêtres brisées et les attaquèrent. Gabriel essaya d’en repousser avec sa barre de fer tandis que Corentin s’était fait agrafer le col par le troisième. Sandy appela Athéna à l’aide. Une silhouette de femme s’élança vers elle à travers le brouillard. Elle se déplaçait d’une manière étrange. Quand elle put la voir, Sandy remarqua ses lèvres violettes, ses dents qui claquaient sans cesse. Elle avait un bandana au niveau du genou imbibé de sang. Sa chevelure emmêlée la faisait ressembler à une hystérique. La contaminée commença à courir vers Sandy. La jeune fille fit demi-tour et s’élança dans l’autre sens. Par chance pour elle, la morte-vivante heurta un panneau de signalisation et tomba au sol. Elle vomit une bile violette et répugnante. Quand elle se releva, une flèche se planta dans sa tête.

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LES MYSTÈRES DE MONTPELLIER

En trois tirs supplémentaires, Athéna délivra les deux garçons de leurs adversaires. Après avoir retrouvé leur souffle, et récupéré les flèches, ils reprirent la route tous ensemble.

Quelques centaines de mètres plus loin, ils atteignirent un large bâtiment à peine terminé. Des échafaudages, du plastique et des plaques recouvraient sa façade. «  Voici votre nouveau refuge.  » L’endroit avait l’air intact, mais des centaines de zombies rôdaient dans le parking situé en face.

— Comment allons-nous faire pour entrer ? Il y en a trop, se lamenta Sandy.

— Ne vous en faites pas pour eux, je m’en charge. Quand vous serez à l’intérieur, enfermez-vous et terminez ce fichu remède.

Sans attendre leur réponse, Athéna partit en courant, droit devant elle, son Desert Eagle à la main. Quand elle eut dépassé les conta-minés, elle tira en l’air. Les morts-vivants attirés par le bruit s’élan-cèrent après elle. La voie était libre pour les trois génies. Athéna disparut dans le brouillard, des centaines de zombies à ses trousses.

Quelques semaines plus tard, Corentin testait une nouvelle version de son sérum. Gabriel vérifia que leur cobaye était bien attaché sur le lit d’hôpital.

— Tu crois que ça va marcher cette fois ?— J’espère, j’ai rajouté un peu de jus de merguez. Les contaminés

en raffolent.— Tu n’as pas fait ça ?, s’exclama Sandy.Sans répondre, le génie rondouillard fit une piqûre au contaminé

caché sous le drap. Peu à peu, la peau changea de couleur, passant du vert au rose. Le sang perdit sa couleur violette et redevint rouge. Ses yeux retrouvèrent leur couleur bleue.

— Sa température remonte s’exclama Sandy ! Déjà 20° !Le drap glissa sur le corps du contaminé. Athéna se redressa en

tremblant. Le sérum de Corentin avait marché.

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LES DIX PARCHEMINS SACRÉS

Le Tome MagiqueParchemin 3

Une lumière bleue surgit de nulle part,une ombre noire apparaît.Je jette un sort, l’ombre s’en sort.Un autre sort, l’ombre s’endort.

Parchemin 4

Enfin, après une quête de toute une année, Merlin le maître de la magie blanche et son disciple Jean-Miloud étaient sur le point de s’emparer du mythique tome X des Mystères de la Magie. Ce grimoire renfermait tous les pouvoirs dont un magicien des livres pouvait rêver.

Soudain une voix étouffée prononça une formule magique derrière eux. « Nuage de gaz du tome 6 ! » Jean-Miloud et son maître furent aussitôt aveuglés et se mirent à pleurer des larmes brûlantes. Alors que Merlin essayait de lancer un sortilège pour neutraliser le nuage de gaz, son disciple aperçut la silhouette d’une magicienne qu’il connaissait bien. Zelda, l’apprentie du terrible mage des ténèbres Ragmord le Maudit, s’empara du précieux ouvrage et disparut en utilisant les pouvoirs de son masque enchanté. Une fois le gaz toxique dissipé par une pluie et du vent venus du tome 4, les deux magiciens se jetèrent sur les traces de la voleuse.

— Comment allons-nous faire pour la retrouver ? se lamenta Jean-Miloud. Si elle donne le tome magique à son maître, ce sera une catastrophe.

— Ne t’en fais pas, je vais invoquer un animal intelligent du tome 5 et utiliser le même masque qu’elle. Tu devrais connaître ce sort, il vient du tome 6.

— Ah oui, il est même sur la couverture ! Je m’en souviens maintenant.

Content de son disciple, Merlin le félicita puis il invoqua un drôle de chat borgne qui leur fit signe de le suivre. Le vieux magicien

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LES MYSTÈRES DE MONTPELLIER

fit aussi apparaître un vieux masque à gaz de la Première Guerre mondiale d’apparence tout à fait normale. Quand ils arrivèrent à l’endroit où Zelda avait disparu, le maître de la magie blanche utilisa le pouvoir du masque.

Ils se téléportèrent aussitôt dans un endroit qui ressemblait à l’Enfer. Une grotte de pierre noire avec de la lave rougeoyante au milieu. Au fond de la caverne, Zelda se tenait devant un passage magique, un livre à la main.

— Trop tard, mon maître a déjà le tome ultime. Bientôt, personne ne pourra s’opposer à lui !

Puis sans perdre de temps, elle lança un puissant sortilège. Un terrifiant tyrannosaure du tome 7 apparut dans la grotte. Il chargea sur Jean-Miloud et son maître en poussant un cri qui ébranla la caverne. Merlin projeta son disciple au loin et invoqua autour de lui l’armure d’Enzorezo du tome 9. Le dinosaure emporta le magicien dans le fond de la caverne et un combat terrible commença.

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LES DIX PARCHEMINS SACRÉS

Jean-Miloud invoqua un raz-de-marée du tome 8 et surfa sur la vague pour bondir sur Zelda. Poussés par l’eau qui se déversait partout, les deux apprentis passèrent à travers le portail que l’apprenti de Ragmord défendait.

De l’autre côté, ils découvrirent le repaire du mage des ténèbres. Tout était dévasté et terriblement sombre et vide. On aurait dit un désert des enfers dans la nuit. Au-dessus du sorcier, des éclairs de magie tournoyaient dans le ciel. La puissance du tome ultime était infinie.

— Regarde, ton maître maudit va tout détruire s’il continue comme ça.

— Non, c’est le tien qui est maudit, Ragmord m’a recueillie quand j’étais petite.

— Il a tué tes vrais parents, Merlin me l’a dit. Et mon maître n’a pas essayé de te faire du mal quand tu nous as attaqués, il a juste invoqué une armure pour se défendre !

Jean-Miloud avait presque réussi à faire douter Zelda quand des éclairs de magie commencèrent à tomber autour d’eux.

Les deux apprentis se mirent à courir. Jean-Miloud invoqua des chevaliers et des archers du tome 7 pour les aider. Les ayant vus venir, Ragmord sourit d’un air mauvais. Il fit apparaître à son tour un énorme kraken du tome 8. Le monstre attrapa les chevaliers et les archers dans ses tentacules et commença à les manger.

Zelda invoqua des bombardiers du tome  6 qui explosèrent à la figure du kraken et l’écrasèrent au sol. Fou de rage, Ragmord utilisa la magie du tome X pour relever son monstre et le faire grandir. Des éclairs frappaient le sol partout autour d’eux. Touché au cœur, Jean-Miloud fut projeté au sol et ne se releva pas.

Ragmord éclata d’un rire diabo-lique et ordonna au kraken en train

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LES MYSTÈRES DE MONTPELLIER

de se relever de les achever. Malheureusement pour lui, le monstre aveuglé par les bombes et rendu fou par la magie du grimoire agitait ses tentacules dans tous les sens. L’un d’eux s’enroula autour de la tête de Ragmord et l’arracha comme un bouchon de bouteille.

Le tome 10 se referma en tombant au sol et toute la magie disparut aussitôt. Zelda se précipita auprès de Jean-Miloud, s’agenouilla à côté de lui. Elle prit le disciple de Merlin dans ses bras et le souleva avec l’aide de la magie. Elle se mit aussitôt à courir pour le ramener auprès de son maître qui pourrait peut-être le soigner.

Elle abandonna sans un regard le mystérieux tome X sur le champ de bataille. Quand il n’y eut plus personne, une main mystérieuse surgie de nulle part le ramassa et disparut dans les ténèbres.

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LES DIX PARCHEMINS SACRÉS

Avenir en plastiqueParchemin 5

Des pyramides de déchets,des nuages de plastiquedans un ciel gris et enfumé.Le climat change, les glaciers fondent.Un futur qui ne connait pas les ours blancsun avenir de pots d'échappement.Les océans débordent d’une eau plus noire que le pétrole.Bientôt, il n’y aura plus de vie.

Parchemin 6

Roxane étudiante aux cheveux roux avec des taches de rousseur, optimiste et indépendante avait donné rendez-vous à Nathanyel un camarade de l’université pour aller à la plage. Ensemble, les deux militants écologistes participaient à une opération de nettoyage de la plage du Grand Travers. Cannette après cannette, déchet après déchet, ils redonnaient à l’endroit son aspect naturel et accueillant.

Soudain, Nathanyel se prit le pied dans une boucle enfouie dans le sable trébucha et se retrouva par terre. Roxane déterra ce qui l’avait fait tomber. Les deux étudiants décou-vrirent un collier à moitié enseveli.

— On dirait un médaillon, je n’en ai jamais vu de pareil.

Le collier était d’aspect métallique, mais articulé. Le médaillon avait la forme d’un œuf avec une pierre bleue qui ressemblait à un bouton en son milieu. Quand elle passa son pouce dessus, l’objet se mit à vibrer. La jeune fille poussa un cri et le laissa tomber. Des rayons de lumière jaillirent de la pierre. Ils traçèrent dans l’air des contours et des formes. Peu à peu un hologramme apparut sous les yeux ébahis du duo.

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LES MYSTÈRES DE MONTPELLIER

Une voix de robot s’éleva alors que l’image d’un paysage étrange se formait devant eux.

— À l’attention des humains du passé, alerte, alerte ! Ceci est une information du futur portant sur la menace nommée 2029P… Le monde est devenu invivable. Le climat s’est déréglé. À Montpellier, on meurt de chaud, ailleurs on meurt de froid. Il y a des tempêtes chaque semaine, ce n’est plus seulement de l’eau qui tombe, mais du plastique. Il y en a partout, dans les mers, sur la terre et dans le ciel…

L’hologramme montrait une plage monstrueusement dégoûtante qui remplaçait peu à peu celle que nettoyaient Roxane et Nathanyel quelques instants plus tôt. Le sable, noir et collé par des boulettes de pétrole, disparaissait sous le plastique et les ordures. La mer était verte et gluante, chaque vague apportait des montagnes de déchets qui s’accumulaient peu à peu sur la plage.

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LES DIX PARCHEMINS SACRÉS

Une autre scène montrait des éboueurs des mers sur des barques ou des jet-skis qui essayaient d’enfermer les détritus dans des filets, mais les tempêtes emportaient tout ce qu’ils avaient réussi à rassembler. Toujours il fallait recommencer avec encore plus de résidus de plastique.

Ces images disparurent pour être remplacées par une vue de la ville de Montpellier. Les déchets portés par le vent et par la pluie s’accrochaient aux balcons et aux façades comme des plantes sauf que là encore, tout n’était que du plastique. Des morceaux de sacs, de filets, de vêtements, des bouteilles et tout un tas de petits objets impossibles à identifier. Ce n’était pas seulement leur ville, mais le monde tout entier qui était devenu un véritable dépotoir. Le ciel lui-même était envahi d’une fumée noire et épaisse.

Révoltés par ce qu’ils venaient de voir les deux étudiants s’appro-chèrent pour communiquer avec le robot-collier. Nathanyel parla le premier.

— Merci de nous prévenir, nous allons tout faire pour empêcher ce désastre.

— Combien de temps nous reste-t-il ? demanda Roxane d’une voix pleine d’inquiétude.

L’image changea et les visages de deux adultes étrangement familiers apparurent devant eux. La femme était rousse et frisée, le visage constellé de taches de rousseur. Roxane reconnut immédiatement l’homme qui se trouvait à ses côtés. C’était son ami Nathanyel.

— Vous n’avez plus de temps, il faut agir maintenant. 2029, c’est dans dix ans.

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LES MYSTÈRES DE MONTPELLIER

Les dix dieux de MontpellierParchemin 7

La route la nuit, il pleut.Lili conduit, accompagnée.Du vent, du brouillard.Des nuages, des éclairs, mais rien de naturel.Superhéros et Supers-zéross’affrontent dans le ciel.Assommé, l’un d’eux s’ écrase sur la route.« Tu devrais ralentir, dit Maman. »Trop tard. Un choc brutalet après tout est noir.

Parchemin 8Lili se réveille à l’hôpital Lapeyronie. Autour d’elle, une scène de chaos. Partout des enfants crient, des femmes pleurent. Des hommes, le visage en sang hurlent de douleur. Sur les écrans de la salle d’attente, les images en continu montrent le combat des Supers qui se poursuit.

Black Shark s’attaque à un immeuble de 16 étages. Il l’arrache du sol à mains nues et s’apprête à le lancer. Mentorion utilise la téléki-nésie pour protéger les innocents, mais c’est bien le seul.

Rapide comme l’éclair, Red Fast fonce sur Black Shark et lui met une centaine de droites dans la bouche en moins d’une seconde. Malheureu-sement pour le héros, un autre membre de la Ligue du Mal, Scorpion de Métal l’attendait, invisible.

Il donne un coup de toutes ses forces et assomme Red Fast. Plus loin, Dragon Z lance un éclair de feu sur Mentorion qui se protège derrière son bouclier. C’est alors que Golem s’élance.

Il fait trembler la terre en courant. Il bondit et donne un superman-punch à Dragon  Z.

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LES DIX PARCHEMINS SACRÉS

L’arcade sourcilière du Super explose et il est projeté au loin. Iguane d’Or se téléporte et le récupère pour le soigner. Golem cherche un nouvel adversaire. King Man apparait et lui donne un coup d’épée…

Lili n’a même plus la force de pleurer. Ses oreilles bourdonnent, elle n’entend rien. Elle ne sait pas où est sa mère. Elle devrait être à ses côtés.

— Comment t’appelles-tu, lui demande une toute petite voix ?Lili se tourne vers la voix. C’est celle d’un enfant, d’à peine dix

ans. Il est brun et porte un t-shirt étrange avec une tête d’oiseau dessinée. Un faucon peut-être, les yeux maquillés.

— Moi c’est Vincent. J’étais avec ma maman, elle est médecin. Qu’est-ce qui t’est arrivé ?

Lili n’a pas la force de répondre. Elle essaie de toucher ses jambes à travers le drap. Elle a si mal. Elle les cherche à travers le tissu, mais ne les trouve pas. Finalement, elle se remet à pleurer. Vincent essaie de la consoler. Il pose dans sa main un petit scarabée en or incrusté de jolies pierres bleues.

— Tiens, c’était à mon père. C’est tout ce qui me reste de lui. J’espère que ça pourra t’aider.

Au moment où elle saisit le scarabée, la douleur disparaît. Épuisée par ses épreuves, Lili s’endort sans voir Vincent s’en aller.

Les médecins étudient son dossier quand elle se réveille. Ils sont trois et très agités.

— Accident de la route. Cette patiente a eu les deux jambes amputées.

— Accident de Supers, je dirais. Bien, regardons ça…Quand ils soulèvent les draps, les docteurs sont ébahis et Lili aussi.

Ses deux jambes sont bien là, sans une trace de blessure.

Black Shark et sa bande continuent à mettre la ville de Montpellier à feu et à sang. Les coups se succèdent sans fin. Les corps des Supers projetés dans les airs par la force de leurs adversaires traversent les murs des maisons comme des boulets de canon. Leurs combats sont sans cesse plus violents.

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LES MYSTÈRES DE MONTPELLIER

Le scarabée a doté Lili de pouvoirs qui semblent illimités. Dès sa sortie de l’hôpital, elle a commencé à s’entraîner. Elle a même créé un costume qui ressemble à celui d’une déesse égyptienne. Elle s’est aussi renseignée sur les attaques, en les reportant sur une carte de la ville, elle a vu qu’elles suivent une forme bien précise. Un triangle équilatéral qui entoure Montpellier. Poussée par son instinct, elle se rend au centre de ce triangle, sur la promenade du Peyrou.

À sa grande surprise, elle découvre neuf autres héros vêtus comme elle de tenues de dieux antiques. Un homme portant un masque ressemblant à celui de Toutankhamon s’approche d’elle.

— Je vois que tu as rencontré Vincent. Je reconnais le scarabée. S’il t’a choisie, c’est que tu es l’élue que nous attendions.

Les dix dieux enfin réunis, ils pourront à présent affronter la menace qui pèse sur Montpellier.

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LES DIX PARCHEMINS SACRÉS

Montpellier dans les étoilesParchemin 9

Des feux d’artifice dans le ciel violet,on voit les météores se rapprocher.La Terre devient rouge, le temps s’est arrêté.Le ciel, les étoiles, tout disparaît.

La galaxie, les étoiles meurent,nous empruntons la route céleste.Comme dans un rêve,une ville dans l’univers.

La tête dans les étoiles scintillantes,je rêve, la Terre me manque.L’espace m’envahit de bonheur.Les météorites foncent à une allure vertigineuse.C’est tellement magnifique et enivrant.L’oxygène disparaît avec le temps.

Parchemin 10

La tête contre le mur de verre, Lucas pleurait en silence. Son reflet se perdait dans le ciel étoilé. Après l’avoir cherché une bonne partie de la soirée, son grand-père parvint enfin à le retrouver.

— J’aurais dû y penser plus tôt. Ça a toujours été ton endroit préféré. D’ici on a une vue superbe de l’espace. Pourquoi pleures-tu ? La fête chez ton ami ne s’est pas bien passée ?

— Si, c’était très bien. C’est juste que quand j’ai mangé le gâteau préparé par sa maman, j’ai réalisé à quel point la mienne me manquait.

Grand-père essaya de le consoler de son mieux, les yeux pleins de larmes. Comme il pleurait moins que d’habitude, Lucas sentit que le

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LES MYSTÈRES DE MONTPELLIER

moment était venu de lui poser la question à laquelle il avait toujours refusé de répondre.

— Dis papy, où sont mes parents ? Raconte-moi ce qui s’est passé.Le grand-père recula pour regarder son petit-fils. Dix ans

aujourd’hui. Décidément, il avait bien grandi. Le moment était peut-être venu de lui dire enfin la vérité.

— En 2023, des savants ont détecté des météorites qui se dirigeaient vers la Terre. Ils ont d’abord vérifié leurs calculs

puis essayé tout un tas de solutions pour les dévier, mais aucune n’a fonctionné. Alors les savants du

monde entier se sont rassemblés pour trouver la solution. Ainsi le projet villes-dômes est né. Le but était de transformer les plus grandes

villes du monde en vaisseaux géants pour emmener la population dans l’espace et sauver

l’humanité. Tout cela s’est passé avant que tu naisses. Ta mère Juliette, ma fille, était ingénieur-

architecte. Elle travaillait sur le projet ville-dôme de Montpellier quand elle a rencontré ton père, Bryan, qui y était

ouvrier spatial. Ils ont travaillé ensemble pendant des mois avant que le dôme ne soit terminé. C’est durant cette période qu’ils se sont mariés et que tu es né. Nous avons tous été très heureux en dépit des circonstances. Quand le jour du départ est arrivé, le projet avait pris du retard. Les premières météorites, les plus petites étaient déjà là. Au moment du décollage, il y a eu un problème sur l’un des moteurs. Ton père est sorti avec son équipe pour s’en occuper. Je ne sais pas trop ce qu’il s’est passé, une sorte d’énorme boulon était tordu. Il fallait un vaisseau-grue pour le redresser. Comme personne ne savait le diriger, ta mère a mis sa combinaison et elle est allée rejoindre ton père pour s’en occuper. D’autres météorites sont tombées à ce moment-là et l’une d’elles a heurté le vaisseau de tes parents. Heureu-sement pour notre ville-dôme, ils avaient eu le temps de réparer le problème. Ce sont des héros, ils nous ont tous sauvés.

Touché par l’histoire de ses parents, Lucas rentra chez lui avec son grand-père. Le soir, il s’endormit en regardant des photos de ses parents sur sa tablette.

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LES DIX PARCHEMINS SACRÉS

Le lendemain, son grand-père le réveilla l’air bouleversé.— Lucas, réveille-toi ! J’ai quelque chose d’important à te dire…

Ce matin un vaisseau venu de la ville-dôme de Barcelone est venu à notre rencontre. À bord, il y avait des personnes qui voulaient te rencontrer.

Lucas se frotta les yeux puis regarda une grande femme s’approcher de lui. Elle semblait à la fois triste et folle de joie. Derrière, un homme en combinaison spatiale la suivait.

Il ne fallut pas longtemps à l’enfant pour reconnaître ses parents.

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École Charles-Dickens

CLASSE DE ANNE-GAËLLE DELORD

Nérimène Abrane • Saïna Ameur Bissiere Milo Argaud • Théodore Arzac • Nathan Astred Neïla Azzitaoui • Kaïs Boulahya • Yazid Bouyemjane Coline Chevalier • Romaïssa Dali • Mathias Hallé Ranya Hammad • Marius Hartmann Raghda Merazka • Alycia Michel • Salma Miraoui Amina Naitbram • Rayane Ounough Nino Scheffel-Darmon • Nina Soubils • Jawad Tsaalbi Emma Van Gastel • Juliette Velot 

Avec les aides précieuses de Laure Chauvet pour l’écriture et Laure Scheffel Darmon pour les illustrations.Merci à Christèle El Jafaari pour nous avoir donné envie de lire et pour ses ficelles sur le roman policier…Merci à Sébastien Ranc qui nous a révélé quelques secrets bien gardés du quartier d’Antigone..Et mille merci à René Escudié pour nous avoir fait voyager en nous rappelant notre gâteau de rêve de nos dix ans…

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Dixparition à AntigoneL A D I S P U T E

VLAM !La porte de la chambre claque. Dimitri et moi sommes vraiment

furieux.— Tu te rends compte que cette année, nous ne pourrons pas

fêter notre anniversaire.Papa et maman exagèrent. L’anniversaire de nos dix ans, ça ne se

rate pas !— Dimitri, sortons, allons nous calmer dehors. Je ne veux plus

les voir.Un peu plus tôt dans le salon, papa et maman nous avaient

informés qu’ils n’organiseraient pas notre anniversaire cette année. Malgré nos supplications, ils n’ont pas cédé. Selon eux, nous sommes trop grands, ils ont beaucoup de travail et ces fêtes coûtent cher. Dimitri et moi sommes vraiment déçus. Bien évidemment, les « mais ce n’est pas juste !  » ne marchent pas avec maman. J’ai envie de pleurer mais pas devant elle.

C O M M E D E U X D O I G T S

Moi, c’est Diane, j’ai neuf ans, presque dix, et j’ai une boule au ventre. Dimitri c’est mon frère jumeau. Lui, il a tellement pleuré qu’il aurait pu remplir une piscine…

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LES MYSTÈRES DE MONTPELLIER

Nous quittons la maison en claquant violemment la porte d’entrée. Nous sommes furieux contre nos parents. Pendant que Dimitri appuie sur le bouton de l’ascenseur, je repense à cette dispute et suis désespérée que notre fête d’anniversaire tombe à l’eau cette année.

Nous descendons les marches qui séparent notre appartement de la place du Nombre-d’Or. Quel bel endroit ! Je suis toute petite face à cette immense place. Les façades ont une couleur dorée magnifique qui réfléchit la lumière du soleil, et les fenêtres sans volets cachent des secrets bien gardés. Mais ce que j’adore, c’est la fontaine avec au milieu la statue de Poséidon qui brille de mille feux. Cette place est tout simplement parfaite.

Mon frère et moi aimons passer du temps sous un arbre précis : le cyprès-toujours-vert. Nous lui avons même donné un nom. Il s’appelle : «  Vertuose  ». À chaque fois que nous sommes sous cet arbre, Dimitri et moi passons des heures à nous raconter les histoires de nos statues préférées qui représentent nos héros de la mythologie.

Fini de rêver ! Soudain, Dimitri crie : — Diane, regarde, par terre !Au début, j’ai cru que c’étaient deux petites crottes de chat, mais

comme elles scintillaient au soleil ça m’a paru bizarre. Alors, je les ai

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DIXPARITION À ANTIGONE

poussées avec un bâton et j’ai vu que c’était de la pierre. Sans hésiter une seconde, je les ai prises dans mes mains et j’ai commencé à les

observer méticuleusement. Je me suis tournée vers le soleil pour mieux les

analyser, quand mon idiot de frère a commencé à dire toutes les âneries qui lui passaient par la tête.

— Tu tiens dans ta main des crottes de rats séchées. Délicieux, chère sœur ! À moins que ce soient des doigts

d’extraterrestres ou encore les doigts boudinés de papa, hahahaaa ! Des doigts ? Mon frère n’était pas si bête !En effet, l’objet avait la même taille que mon doigt. On devinait

même des pliures, des phalanges creusées et un morceau d’ongle. Au toucher, je me rendis compte qu’il était un peu mouillé. Des tas de questions germaient dans ma tête, quand Dimitri me coupa net dans ma réflexion.

— Tes trucs dégoûtants sentent le chlore, chère sœur !Le chlore ! Le CHLORE de la fontaine Poséidon !Je me suis retournée immédiatement et là, j’ai vu que la statue

n’était plus là. À la place, le néant, le vide, seule l’eau jaillissait de nulle part. Poséidon avait disparu ! Je tenais sûrement dans ma main deux de ses doigts cassés !

Quand je suis revenu vers Dimitri, il était aussi pâle qu’un fantôme. Ni lui, ni moi n’étions aveugles ! La statue de Poséidon n’était plus là et cette disparition était étrange.

Toujours aussi blanc et inquiet, Dimitri se met à crier :— Diane vite, dépêche-toi, allons voir Apollon ! S’il a disparu, je

te jure que ça va mal se passer !

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LES MYSTÈRES DE MONTPELLIER

P A S T O U C H E A U X S T A T U E S !

Évidemment, mon frère a peur pour Apollon, c’est sa statue préférée depuis qu’il est tout petit. Il l’appelle : « le beau gosse comme moi ! » Tous les deux ont beaucoup de points communs ! D’abord, une super sœur jumelle qui s’appelle Diane. Dans la mythologie romaine, Diane est la déesse de la chasse et comme elle, j’adore la nature et les animaux.

— Mais non, tu rêves ! Qui voudrait d’une statue pareille ?

Je regrette aussitôt mes paroles quand je réalise que Dimitri a raison.

Apollon n’est plus sur son piédestal. Je me frotte les yeux pour vérifier que je ne rêve pas. Dimitri est abasourdi, il continue de pâlir et répète sans cesse : — Ma belle statue, ma belle statue, ma belle

statue… où est ma belle statue ? ». Pauvre Dimitri, il est totalement déboussolé.Rapidement, je remarque que le Discobole,

notre athlète au frisbee, a également disparu.C’est que je l’aime mon frère, alors fini la rigolade ! Je viens de

réaliser que si Apollon n’est plus là, peut-être que Diane aussi ! Oh là là, ce n’est pas possible ! J’espère que MA statue va bien…

Devant Diane c’est le choc ! Je suis au bord de l’évanouissement et complètement désemparée parce que ma statue, ma Diane a disparu !

C’est ma statue préférée, je l’admire depuis que je suis toute petite. Elle m’inspire car elle est très courageuse. Quand je serai grande, je serai comme elle. Les garçons disent que ce sont eux les plus forts mais moi, je pense le contraire.

— Si je retrouve celui qui a pris MA statue, il va voir de quel bois je me chauffe !

Si c’est un vol, il y a peut-être une piste à suivre. Après avoir retrouvé notre calme, nous regardons attentivement pour trouver d’éventuels indices.

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DIXPARITION À ANTIGONE

Dimitri se baisse et tire un tout petit morceau de papier coincé contre le socle.

Il le déplie, me le montre. Il y a une toute petite écriture en plein centre de la feuille. Une seule lettre, la lettre « R ».

— J’espère que ce n’est pas mauvais signe. Je n’aimerais pas que nos statues adorées aient disparu à tout jamais !

Mais à quoi peut bien servir cette lettre ? Et qui a pu la mettre ici ? Si c’est un voleur, cette lettre est peut-être sa signature.

Dimitri se baisse à nouveau, gratte le sol à l’aide d’un petit bâton.

Mais que fait-il encore celui-là ? Voilà qu’il joue et qu’il gratte comme une taupe. Mais par terre, tout contre le socle, quelque chose brille et à chaque rayon de soleil un reflet argenté nous éclate aux yeux. Là, mon frère se retourne triomphant et s’écrie :

— Diane, c’est une clé !— Super, si c’est pour me dire d’aller vérifier

toutes les serrures de la ville, laisse tomber, je ne viendrai pas avec toi !

— Mais non ! Pas une clé de porte, une clé USB !

Là, je suis presque sûre qu’elle a été laissée volontairement par le voleur pour qu’on la trouve. Sur la clé, il y a une inscription au marqueur noir qui ne nous échappe pas : la même lettre « R ». Cela fait deux lettres R et il faut à tout prix savoir ce qu’elle contient.

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LES MYSTÈRES DE MONTPELLIER

C L E F M Y S T È R E

Normalement, nous aurions ramené la clé USB à nos parents mais comme nous étions fâchés contre eux pour cette histoire d’anniver-saire, nous avons décidé de ne rien leur dire et de regarder son contenu sur un ordinateur de la médiathèque Émile-Zola. En effet, là-bas il y a Sandrine, la bibliothécaire. Nous la connaissons depuis que nous sommes petits. À l’époque, nos parents nous y emmenaient, tous les mercredis et samedis, pour lire et aller chercher des livres. Mais maintenant que nous sommes grands, nous y allons seuls.

Nous courons de plus en plus vite quand nous arrivons sur la place de Thessalie. Et là, il manque un Éphèbe. Normalement, ils sont trois dans leur fontaine et maintenant ils ne sont plus que deux.

— Comment est-ce possible ? Qui ose s’attaquer à l’un de NOS Éphèbes ?

Cela faisait maintenant cinq statues. Bizarre. Pour mieux voir, nous nous approchons de la fontaine et là, à la surface de l’eau, flottait la lettre « T ». Elle avait été plastifiée. Nous la récupérons.

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DIXPARITION À ANTIGONE

Puis, nous courons jusqu’à la médiathèque et lorsque nous passons devant Dionysos, c’est un cauchemar, Diony n’est plus là. Sur le socle vide, Dimitri me fait remarquer une tache blanche.

Mais ce n’est pas une tache, c’est un petit bout de papier collé avec une nouvelle lettre, la lettre « A » cette fois-ci.

— Alors tu comprends comme moi Dimitri, ce n’est pas un simple bout de papier, c’est un indice ! Mais à quoi ces lettres peuvent-elles bien servir ?

— Ne t’inquiète pas Diane, nous nous occuperons de ces lettres plus tard. Pour l’instant, filons à la médiathèque pour ouvrir cette clé USB.

— Vite ! Dimitri, à la médiathèque, allons trouver Sandrine !

Nous toquons à la porte de son bureau. Sandrine est si joyeuse de nous voir que nous croyons qu’elle va exploser de joie.

— Diane, Dimitri quelle surprise ! Que faites-vous là ? s’exclame-t-elle en nous serrant fort dans ses bras.

— Eh ben, parce que nous… parce que…Dimitri, impatient, sort la clé USB de sa poche et dit à Sandrine

que nous devons faire une recherche internet pour l’école. J’espère qu’elle nous pardonnera ce petit mensonge pour la bonne cause.

— J’avais justement un rendez-vous. Je vous laisse mon ordi. N’oubliez pas de l’éteindre quand vous aurez terminé.

Dimitri me fait un clin d’œil tout en me chuchotant que c’était plus facile que prévu.

Sur l’écran de l’ordinateur apparaissent deux fichiers contenant séparément une image et un texte. Je clique sur la photo. Elle s’ouvre. C’est impossible ! Sous nos yeux, nous découvrons non pas six mais DIX statues volées. Elles sont toutes là, alignées sur deux rangées face à nous. Ce voleur a vraiment du culot. Il faut analyser cette photo, la faire parler.

D’après la photo, les statues semblent être regroupées dans un hangar ou un atelier sombre avec un toit vitré car seules les statues étaient éclairées d’en haut, par une faible lumière. Malgré l’obscurité, j’arrive à distinguer sur le sol, des morceaux de pierres et des outils de sculpteur.

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DIXPARITION À ANTIGONE

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LES MYSTÈRES DE MONTPELLIER

— Diane, tu n’as pas l’impression d’avoir déjà vu cet endroit ? me demande Dimitri.

— Si, justement j’étais en train de me poser la question.— Chère sœur, tu vois qu’on a vraiment des points communs.

On n’est pas jumeaux pour rien !

Dans l’autre dossier, il y a un fichier texte.— Dimitri, ce fichier, c’est certainement une lettre ou un message.— Comment ça, un message ? Ouvre-le et lisons-le !Je clique sur l’icône et le document s’ouvre. Il est écrit :

— Diane, t’as vu, c’est le jour de notre anniversaire !

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DIXPARITION À ANTIGONE

I N T E R R O G A T O I R E N ° 1

Après avoir vérifié sur place, le vol de Moïse, Démos-thène et Samothrace, nous courons à toute vitesse à la statue d’Orlando Furioso. Une fois arrivés, nous voyons à nouveau un piédestal vide. La statue de l’homme qui porte son cheval n’est plus là. Nous restons sans voix, c’est bien la dixième statue volée. Quelle catastrophe ! Nous observons le socle et regardons partout pour chercher d’éventuels indices. Dimitri trouve une nouvelle lettre, un I écrit sur un morceau de papier quand tout à coup un petit fil violet attire mon regard. Je tire le cordon et libère une carte coincée dans une fissure. C’est un badge et pas n’importe lequel, c’est le badge professionnel de Guillaume Chaudron. J’appelle Dimitri et lui montre ma découverte.

— Guillaume Chaudron, mais c’est le copain de papa ! s’écrie Dimitri.

— C’est celui qui travaille au musée Fabre, qui nous raconte toujours des histoires sur nos statues adorées et qui collectionne des sculptures chez lui. À coup sûr, c’est lui, le voleur et sincèrement, chère sœur, moi, je ne l’ai jamais aimé et je l’ai toujours trouvé « chelou » ce type.

Il fallait effectivement suivre cette piste. Guillaume Chaudron travaille au musée Fabre. Il est ami avec notre père et il est notre premier vrai suspect.

Nous pressons le pas pour attraper le tramway et aller au musée Fabre afin d’interroger Guillaume Chaudron.

À l’accueil du musée, nous apprenons que Guillaume est au deuxième étage. En haut des escaliers, nous le repérons. Dimitri se précipite à sa rencontre.

— Salut Guillaume ! s’élance mon frère.Il ne peut pas être plus discret celui là…— Tu t’es laissé pousser la barbe ? continue mon imbécile de frère.Mais ce n’est pas possible, je décide de prendre les choses en main.— Guillaume, sais-tu que dix statues ont disparu dans le quartier

d’Antigone ?

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LES MYSTÈRES DE MONTPELLIER

— Mais non, je n’étais pas au courant ! Personne ne m’a prévenu !Je guette sa réaction, il a l’air vraiment surpris par ces disparitions. Dimitri enchaîne et lui raconte toute notre aventure de la journée.— … et Diane a beaucoup pleuré en voyant que sa statue avait

disparu.Il n’est pas obligé de tout expliquer , lui aussi a pleuré face à

l’absence d’Apollon. Bon, revenons à nos moutons. Si Guillaume Chaudron est un suspect, nous devons absolument l’interroger pour en savoir plus sur son emploi du temps.

— Où étais-tu, Guillaume, hier après-midi ? — J’étais dans l’avion.— Mais que faisais-tu dans un avion ? Et où étais-tu parti ?— Je rentrais des États-Unis et j’ai dormi durant tout le vol

tellement j’étais fatigué à cause du travail. — Mais que faisais-tu là-bas, tu travailles toujours ici d’habitude ?— Oui mais là, j’étais à Los Angeles en mission spéciale pour le

musée Fabre.

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DIXPARITION À ANTIGONE

— Et avec quelle compagnie as-tu voyagé ?— Euh… attendez que je me souvienne, c’était la compagnie

WINGO A9.— J’aimerais bien voir le billet d’avion ! Guillaume, montre-le-

nous s’il te plaît ? intervient subitement Dimitri.C’est plutôt malin de la part de mon frère car si Guillaume ment,

il ne pourra pas nous montrer son billet d’avion. Mais Guillaume glisse sa main dans la poche arrière de son jean et nous tend son billet.

— Tenez les enfants, voici mon billet.Nous l’observons méticuleusement et

c’est certain, ce n’est pas un faux billet. Il y a la date, les horaires, tout correspond. Guillaume était bien à Los Angeles, mais pour quelle mission ?

— Dites-moi les enfants, je vous trouve bien curieux et à quoi servent toutes ces questions ?

— Figure-toi qu’on a trouvé ton badge au pied du socle de la statue volée de Furioso.

— Tu ne saurais pas pourquoi par hasard ? rétorque Dimitri.— Incroyable ! Merci, je l’ai cherché partout avant de partir. J’ai

dû le faire tomber quand je suis allé déjeuner au restaurant belge, vous savez juste à côté de ce pauvre Rolland qui porte son cheval.

Bien sûr, il ne fallait pas lui dire que son badge était un indice et que cet indice menait à un suspect et que ce suspect c’était lui !

Guillaume Chaudron est rayé de la liste des suspects car il a un très bon alibi. Nous pouvons le croire grâce à la preuve qu’il nous a montrée : son billet d’avion. Mais bon, il commence à se faire tard et nous devons rentrer à la maison.

Demain, nous continuerons l’enquête…

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LES MYSTÈRES DE MONTPELLIER

I N T E R R O G A T O I R E N ° 2

Je secoue Dimitri encore plus fort et il se réveille enfin.— Ah, ce n’est pas trop tôt, gros feignant ! Je t’attendais.— C’est qui la feignasse du week-end d’habitude ? Pas le temps de se disputer, avec Dimitri nous faisons le point sur

les lettres. La veille, sur les socles de Moïse et Démosthène, nous avions trouvé les lettres O et E. Ensuite à la Victoire de Samothrace, il y avait la lettre N…

Tout à coup, je viens de me rendre compte qu’il nous manque peut-être des indices, des lettres sur les socles d’Apollon, du Discobole et près de la plaque de Poséidon. Il faut absolument y retourner. Nous déjeunons et sortons sans dire un mot à nos parents car nous sommes toujours en colère contre eux.

En descendant de notre immeuble, nous revoyons la place de Poséidon, vide.

De retour sur la place Paul-Bec, nous décidons d’ins-pecter les alentours. À terre, en évidence, il y a

un petit bracelet juste là, devant le socle. Je le reconnais immédiatement. C’est le bracelet de Rosalie notre voisine. Je sais que c’est le sien parce que je reconnais le diamant pailleté et son prénom gravé en

grosses lettres. Elle le portait en début de semaine dernière. Mais pourquoi est-il là ? Pourquoi Rosalie est-elle venue ici ? Je n’y comprends plus rien.

— Rosalie a volé les statues ! affirme Dimitri.— Mais non Dimitri, tu vas trop vite dans tes conclusions. Pour

quelles raisons aurait-elle volé ces statues, et quand ? Comment, toute seule ?

— N’oublie pas que Rosalie est sculptrice professionnelle et que son talent n’est pas reconnu ici à Montpellier.

Dimitri n’a pas tort, cela expliquerait les doigts que nous avons trouvés. Les vols des statues pourraient être une vengeance. Si c’est Rosalie qui a fait ça, je ne lui pardonnerai jamais.

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DIXPARITION À ANTIGONE

J’étais toujours perdue dans mes pensées quand j’aperçois Dimitri sourire de toutes ses dents blanches : il vient de trouver deux nouveaux indices, les lettres « P et A ».

Cela fait une semaine que nous n’avons pas vu la voisine. Plus curieux que nous, il n’y a pas. Alors c’est décidé, nous allons aller toquer à la porte et interroger Rosalie.

Devant sa porte d’entrée, j’hésite, je réfléchis. Cela ne peut pas être notre voisine si jolie, si gentille. Rosalie nous offre toujours des petits cadeaux, des bonbons, des chocolats et elle nous fait rire avec ses multiples couleurs de cheveux : dix, rien que cette année ! Rosalie est sculptrice et avec elle, nous apprenons à sculpter des petites pierres.

Dimitri sonne, on entend un drôle de bruit derrière la porte, comme quelque chose que l’on traîne… Elle ouvre.

— Bonjour, entrez les enfants !Rosalie devant nous, se tient sur des béquilles, la

jambe dans le plâtre. Nous entrons et je comprends mieux pourquoi nous ne l’avons pas vue cette semaine. Elle nous explique qu’elle s’est cassé la jambe en tombant dans les escaliers de son atelier et qu’elle est bloquée chez elle depuis l’accident. Pauvre Rosalie !

Nous sommes soulagés que le coupable ne soit pas notre voisine chérie ! Notre amie est innocente, elle n’aurait pas pu se déplacer pour

voler les statues puisqu’elle était bloquée chez elle avec sa jambe dans le plâtre.

D’un autre côté, l’enquête se poursuit puisque nous n’avons plus de suspect maintenant… Décou-ragés, nous sommes rentrés pour dîner et nous coucher.

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LES MYSTÈRES DE MONTPELLIER

L E T T R E S M Y S T È R E S

Quand je me suis levée, mon frère dormait encore. Je le secoue pour le réveiller mais il dort comme un ours. Dehors, par la fenêtre, le soleil rayonne de mille feux. Je suis dégoûtée, aujourd’hui c’est notre anniversaire, mais nous ne le fêterons pas et nous n’avons toujours pas trouvé le coupable. Il faut absolument faire parler les indices. Ces lettres doivent bien servir à quelque chose !

Quand mon ours de frère mal réveillé décide de se lever, il fait tomber les lettres par terre. Sans le savoir, Dimitri vient encore de me donner une idée de génie. Il faut assembler ces lettres pour former un mot et c’est bientôt l’heure du rendez-vous…

Nous nous rendons sur l’Esplanade de l’Europe mais malheureu-sement la place est déserte, complètement vide. Il n’y a que l’immense gazon et le socle de Samothrace. La situation est vraiment désespé-rante. En venant, nous étions passés devant la fontaine des Ephèbes où l’un des trois manquait toujours à l’appel.

Dix statues ont disparu… Dix lettres mystérieuses… Un seul mot… mais LEQUEL ? !

Nous étalons les lettres devant nous : A-A-R-N-O-I-T-E-R-P.Dimitri commence à me sortir des mots d’une autre planète ou

qui n’ont rien à voir :— Ça peut être NOITARER .

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DIXPARITION À ANTIGONE

— Et qu’est-ce que ça signifie ? C’est encore une de tes idées farfelues ? !

— Mais non ! C’est le verbe quand on coupe des noix.— Ce n’est pas comme ça qu’on va trouver le voleur !— Ou bien RAPER, PRIER, PITRE… !— Non car sinon, à quoi serviraient les autres lettres.— Je sais, PARTION ? C’est une « partion » de musique !— Sérieux Dimitri ! On dit une partition de musique !— Alors RATO !— Mais comment tu écris râteau ?— Ben, R-A-T-O.— Je crois savoir ce que je vais t’offrir pour ton anniversaire. Un

dictionnaire mon pauvre ! — RAT !?— Dimitri, le seul « RAT » ici, c’est toi !— Ben alors… RÉPAR, RÉPARA, RÉPARATION.— Dimitri ! Tais-toi, tu dis vraiment n’importe quoi ! Tu nous

fais perdre du temps et l’enquête n’avance pas à cause de toi.

Mais tout à coup, Dimitri s’écrit à nouveau :— Diane, regarde ! Il y a un nouveau bout de papier coincé dans

le socle de la statue !Sans hésiter, je m’en empare, le déplie et le lis :

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LES MYSTÈRES DE MONTPELLIER

R U E D ’ É P I D A U R E

On décide d’y aller sans perdre de temps. Le trajet semble long. J’ai très peur de tomber sur une mauvaise personne. Dimitri marche vite mais je vois bien qu’il n’est pas très sûr non plus. Moi, je suis pétrifiée et je suis obligée d’avancer pour ne pas que Dimitri voit que je suis inquiète. J’ai peur que le voleur nous fasse du mal. D’habitude j’aurais tout de suite confié à Dimitri mon inquiétude, mais là, non, ce n’est pas le moment.

Nous parvenons à la mystérieuse adresse. La porte est toute rouillée, couverte de toile d’araignées. On dirait vraiment l’entrée d’un vieux grenier abandonné mais Dimitri plaisante en disant que la porte ressemble à celle de notre classe. Je lui réponds d’un ton sec :

— Mais cervelle de moineau ! Arrête tes sottises ! Il fait peur cet endroit. Et si le voleur était là. S’il nous attendait derrière cette porte, prêt à nous assommer ou pire prêt à nous tuer.

— Et si tu te taisais qu’on puisse y aller, grosse peureuse !— Mais, mais… c’est dangereux.— Oh ! Il n’y a pas de mais…On aurait dit maman qui parlait. Allez, il faut être courageux.

Mon frère inconscient du danger, ouvre la porte de cet endroit terri-fiant. Étrangement, elle n’est pas fermée à clé. Nous entrons, il fait totalement noir et immédiatement, la porte se referme sur nous.

— Diane, ce n’est vraiment pas une bonne idée d’être là. J’ai peur Diane, j’ai peur ! murmure Dimitri.

Toujours plongés dans le noir, nous entendons comme des petits bruits de pas et des murmures qui viennent de partout. Mes yeux cherchent à voir quelque chose mais l’obscurité est totale. Encore des bruits, comme quelqu’un qui se déplace. Dimitri à côté de moi, tremble comme notre arrière-grand-mère quand tout à coup, une faible lumière apparaît, puis une autre, et une autre et encore une autre. Des bougies éclairent de leur douce lumière NOS STATUES ! Toujours ces murmures… Nous aurions pu croire que les statues voulaient nous parler mais c’était impossible car elles sont en marbre et ne peuvent ni parler, ni bouger. Pourtant, contre le mur du fond, les ombres semblent vouloir danser.

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DIXPARITION À ANTIGONE

Dimitri va mieux, il renifle de plus en plus fort.— Tu sens, chère sœur, cette délicieuse odeur de fraise et de

chocolat ?Les murmures s’amplifient. On dirait maintenant une ruche

d’abeilles furieuses qui foncent droit sur nous et là, nous voulons absolument nous échapper quand soudain, la lumière jaillit et des voix éclatent : « SURPRISE ! SURPRISE ! SURPRISE ! »

Nos parents et tous nos amis sont là, Sandrine, Rosalie qui marche sans son plâtre, les copains de classe et même Guillaume Chaudron. Toutes nos statues sont réunies pour nos dix ans. Il n’en manque pas une : Poséidon, le Discobole, Rolland et son cheval, Moïse, Démos-thène, Diony, l’Éphèbe, Samothrace, le superbe Apollon et la belle et merveilleuse Diane.

Tout cela était donc une mise en scène, un coup monté pour notre anniversaire.

— RÉPARATION, les statues étaient bien en RÉPARATION !Je te l’avais dit et toi tu ne m’écoutes jamais.C’est vrai, Dimitri avait raison. Il est finalement malin ce frangin.La fête vient de commencer mais Rosalie a l’air embêtée car dans

cette affaire, Poséidon a perdu deux doigts. Pauvre Rosalie, elle ignore que nous les avons trouvés et heureusement que je les ai gardés dans ma poche.

— Merci les enfants, je suis soulagée et Poséidon est sauvé grâce à vous !

Pendant que Rosalie prépare une colle spéciale pour réparer les doigts de Poséidon, elle nous raconte que les statues étaient abîmées et que le maire de la ville lui a demandé d’assurer la restauration des statues. Des ouvriers de la ville sont venus pendant la nuit pour ne pas déranger les riverains et ils les ont enlevées de leur support pour les déposer dans cet atelier.

Sandrine qui nous a rejoints, nous explique que pendant que les ouvriers enlevaient les statues, elle avait placé les indices, les lettres, le badge et caché la clé USB.

— Alors, toi aussi, tu étais dans le coup !— Oui, et j’ai aussi fait le montage photo et créé la lettre de

demande de rançon.

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LES MYSTÈRES DE MONTPELLIER

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DIXPARITION À ANTIGONE

Maman nous explique à son tour, que papa a utilisé la plastifieuse de son bureau et qu’il a placé lui-même la lettre dans la fontaine des Éphèbes. Tout le monde était donc complice ! Je me jette au cou de mes parents et je les remercie pour cette merveilleuse surprise.

L’odeur délicieuse que nous sentions déjà depuis le début s’inten-sifie. Dimitri s’agite dans tous les sens. Quand la musique et les « HAPPY BIRTHDAY » retentissent, le gâteau d’anniversaire arrive enfin. C’est un gâteau exceptionnel, monté sur trois étages. Crème vanille et vermicelles multicolores pour le premier, caramel beurre salé nappé de chantilly pailletée pour le second et tout chocolat blanc et noir pour le troisième étage. Un gâteau de fête avec tout en haut, deux petits personnages qui nous ressemblent comme deux gouttes d’eau et qui sont sculptés dans de la pâte à sucre blanche et scintillante.

Dans ce gâteau, il y a aussi des fraises, des framboises, de la fleur d’oranger et des nounours-guimauve au chocolat mais pas seulement, il y a aussi des rêves, des rêves incroyables, les rêves de nos DIX ans !

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École Calandreta dau Clapàs

CLASSE DE CM1-CM2 D’HUGUES BERNET

Paul André • Pablo Añon-Collet  Leïla Anouar-Ferrari • Layona Bonet-Bianay Marie Diagne • Saliou Diaw • Germain Diette-Amiot  Théo Etheve • Alice Exposito • Jules Gaudin Cléophée Jeanne • Romane Lecorre Kyllian Lounadi-Gastal • Mathéo Maleyran Tom Marchand • Yohann Pierrot • Loukian Sanchez Yaâra Schwarcz • Elias Serbout • Sina Soltan-Massal Anouk Szurek-Roullier • Lison Vieu

CLASSE DE CM1-CM2 DE CATHERINE BOURGOGNE

Mani Bacconnet • Maël Ballant Djada Bonet-Bianay • Juliette Camilli Mathieu Caussidery • Ilan Gache • Jonas Goby Mattéo Lo Presti • Maï-Li Meekel • Lucie Rousseau Rihanna Sanchez • Zoé Birycki • Maxence Broudic Zéphir Chevin • Gabriel Deleu-Richardier Marius Ferrero • Lieve Gouzes • Esteban Malaud Pénélope Philippon • Simon Rames • Aztlan Theo Danaé Vieu

Nos plus chaleureux remerciements à Chantal Enocq qui a été une grande source d’inspiration ainsi qu’à toute l’équipe d’organisation et de réalisation des Mystères de Montpellier sans qui rien ne serait possible.

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Découverte de poésies

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LES MYSTÈRES DE MONTPELLIER

1 gota dins la Mediterranèa2 uèlhs avuglats per ta beutat3 femnas que dançan sus la ComèdiaLas 4 linhas del tram coma las linhas de la manLas 5 darrièras minutas per gaitar lo Mont Pelhièr6 estelas de la Constelacion de la Sèrp qu’escandisson dins tos uèlhs

vèrdsL’art 7en a Montpelhièr coma un tant grand solelh Las 8 brancas del sap gigant bufan un vent de bonur suls enfants9 còps, ont plantèrem los pins sus la Tòrre10 ans a Montpelhièr per se far plaser.

1 goutte dans la Méditerranée2 yeux aveuglés par ta beauté3 femmes qui dansent sur la ComédieLes 4 lignes du tram comme les lignes de la mainLes 5 dernières minutes pour regarder Le Mont Pellier6 étoiles de la Constellation du Serpent qui s’ illuminent

dans tes yeux vertsLe 7e art à Montpellier comme un si grand soleilLes 8 branches du sapin géant qui soufflent un vent de bonheur

sur les enfants9 fois, où nous plantâmes les pins sur la Tour 10 ans à Montpellier pour se faire plaisir.

AztlAn tHEO, JOnAs GOBY

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TITRE DE LA NOUVELLE (À PLACER APRÈS PAGINATION DÉFINITIVE)

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LES MYSTÈRES DE MONTPELLIER

MIstÈRI…

Es la nuèit e me passegi dins l’Òrt de las PlantasD’un còp, un passatge secret se dubrís, emmascatMe trapi dins la carrièra vièlha de l’Intendéncia Corrissi sul camin del Ròc de Pesenàs L’aiga monta e me refugissi sul ClapàsM’espatarri dins una bauma jos la Plaça Joan-JaurèsMe trapi cap a cap amb lo gigant monstre de la vilaFugissi e me vau escondre jol temple de Clemenceau Descobrissi lo tresaur de MontpelhièrLo preniSul pic la vila s’abausona en posca.E cric e crac, es acabat.

MYstÈREC’est la nuit, je me promène dans le Jardin des PlantesSoudain, un passage secret s’ouvre, ensorceléJe me retrouve dans la rue Vieille de l’IntendanceJe cours sur le chemin du Roc de PézenasL’eau monte, je me réfugie sur le ClapasJe bascule dans une grotte sous la place Jean JaurèsJe me retrouve face à face avec le monstre géant de la villeJe fuis et je me cache sous le temple de ClémenceauJe découvre le trésor de MontpellierJe le prendsBrusquement, la ville s’effondre en poussière.Et cric et crac, c’est terminé.

MAttéO lO PREstI, MAnI BAccOnnEt

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DÉCOUVERTE DE POÉSIES

DIx HOMMEs à MOntPEllIER

Guilhem 1èr fondèt la vila sul puèg de l’Escudet pròche del Verdanson

Dins sa tòrre, nasquèt lo sènher Jaume 1èr d’Aragon. Rabelais, saberut, mètge, escrivan, trepegèt dins la vila.Nostradamus agachèt lo cèl de Montpelhièr e prediquèt : « Quora los pins desapareisseràn, la ciutat s’avalirà. »Frederic Bazille pintrèt lo Lez e los païsatges de la nòstra region.Jean Moulin foguèt un coratjós resistant de la 2da guèrra mondiala. Albert Dubout dessenhèt un camin risolièr cap a Palavàs.Jeanne Galzy auriá poscut escriure dins lo Mistèri de Montpelhièr.Remy Gaillard farcejaire fa rire tot lo mond François Trinh-Duc jogaire de rugbí, fòrt e fin, es infalhible amb

son balon oval.Vaquí nòu òmes e una femna dins l’istòria de Montpelhièr.

DIx HOMMEs à MOntPEllIERGuilhem 1er construisit la ville sur le mont de l’Ecusson

près du Verdanson.Dans sa tour, est né le seigneur Jacques 1er d’Aragon.Rabelais, savant, médecin, écrivain foula les rues de la ville.Nostradamus observa le ciel et prédit : « Quand les pins disparaîtront, la ville s’effondrera. »Fréderic Bazille a peint le Lez et les paysages de notre région.Jean Moulin fut un courageux résistant pendant la seconde

guerre mondiale.Albert Dubout a dessiné un chemin rigolo vers Palavas.Jeanne Galzy aurait pu écrire dans les Mystères de Montpellier.Rémy Gaillard humoriste fait rire tout le monde.François Trinh-Duc joueur de rugby, fort et fin, est infaillible

avec son ballon ovale.Voilà, neuf hommes et une femme dans l’ histoire de Montpellier.

sIMOn RAMEs, zéPHIR cHEVIn

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LES MYSTÈRES DE MONTPELLIER

10 Ans A MOntPElHIÈR

1 pas sus l’escalièr de l’avenidor2 passes per descubrir la vila ont soi nascuda3 passes per far mos primièrs passes sus la Comèdia4 passes coma las quatre linhas del tram5 passes per somiar dins l’Òrt de la Plantas6 passes dins ma novèla escòla7 passes dins mon ostal nòu8 passes al Pargue Montcalm9 passes per anar veire la font de Las Tres GràçiasVaquí mos 10 ans a Montpelhièr.

10 Ans à MOntPEllIER1 pas sur l’escalier de l’avenir2 pas pour découvrir la ville où je suis née3 pas pour faire mes premiers pas sur la Comédie4 pas comme les quatre lignes du tram5 pas pour rêver dans le Jardin des Plantes6 pas dans ma nouvelle école7 pas dans ma nouvelle maison8 pas au Parc Montcalm9 pas pour aller voir la fontaine des Trois-GrâcesVoilà mes 10 ans à Montpellier.

DAnAé VIEU, PénélOPE PHIlIPPOn, RIHAnnA sAncHEz

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DÉCOUVERTE DE POÉSIES

A 1 an, ai descubèrt la vidaA 2 ans, ai començat de parlarA 3 ans, ai rescontrat las Tres Gràçias A 4 ans, ai agut ma primièra bicicletaA 5 ans, fasiái paur als aucèlsA 6 ans, ai pedalat sus la plaça de la ComèdiaA 7 ans, soi anat al mercat dels ArcèusA 8 ans, ai fach mon primièr tornèg d’escacs a la BabòtaA 9 ans, soi passat en cicle 3A 10 ans, marchi sul camin que me mèna al collègi.

A 1 an, j’ai découvert la vieA 2 ans, j’ai commencé à parlerA 3 ans, j’ai rencontré les Trois-GrâcesA 4 ans, j’ai eu mon premier véloA 5 ans, je faisais peur aux pigeonsA 6 ans, j’ai pédalé sur la ComédieA 7 ans, je suis allé au marché des ArceauxA 8 ans, j’ai fait mon premier tournoi d’ échecs à la BabotteA 9 ans, je suis passé en cycle 3A 10 ans, je marche sur le chemin qui me mène au collège.

IlAn GAcHE, MAël BAllAnt

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LES MYSTÈRES DE MONTPELLIER

Ma vila en 10 temps.Ondada de lum sus la ComèdiaNivolada de bonur amagat dins l’ostal al CauquilhatgeTempèsta d’estelas que lusís dins tos uèlhsPluèja de sovenirs en agachant lo temps passatEsclairida de colors per CarnavalLuna novèla per emmascar las Tres Gràçias H sens hImaginacion infinida al cant dels aucèls Eslauç d’intelligéncia per bastir la vilaRevolumada per revirar lo mond e tornar a Montpelhièr

Un petit jeu : peux-tu associer chaque poême en occitan (lettre) à sa traduction française (chiffre) ? Note tes réponses en page 76.

A

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DÉCOUVERTE DE POÉSIES

AMB MOs 5 sEns

Pòdi sentir l’avenidor Tocar la vila e sas colorsEscotar los passants cantarVeire ma vila cambiar Tastar lo passatAmb mos 10 ansPòdi caminar dins la vila a costat de las Tres GràçiasPòdi tocar l’espèr d’una vila novèlaPòdi ensajar un camin nòuTornar sus mos passesNotar los cambiamentsTastar de recèptas novèlasEmbraçar mon escòlaE puèi, espepissar de libres dins la bibliotèca

Euphrosyne escotèt l’Operà Thalie montèt las marchas de la ComèdiaAglaé espeliguèt coma la flor de MontpelhièrEuphrosyne seguiguèt lo camin del PeironThalie admirèt las pinturas de Frederic Bazille Aglaé espepissèt l’evolucion de la vilaLas Tres Gràçias virolegèron e vegèron Montpelhièr cambiar Euphrosyne faguèt la beutat de la vilaThalie aparèt los sentiments secrets dels passantsAglaé legiguèt los Mistèris de MontpelhièrLas Tres Gràçias testimònis del plaser de viure a Montpelhièr.

B

C

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LES MYSTÈRES DE MONTPELLIER

Montpelhièr a 10 ans.Organizar ta vila en participant al conselh municipal dels enfantsNotar los cambiaments dempuèi tant de tempsTornar sul passat estampat dins las pèirasPescar sul Lez en agachant los alentornsEscotar la Colomba de la PatzLegir Montpelhièr e sos mistèrisH existís pas en occitanImaginar ièr e demanEstofar mas marridas pensadasRire de mos sòmis.

D

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DÉCOUVERTE DE POÉSIES

AVEc MEs 5 sEnsJe peux sentir l’avenirToucher la ville et ses couleursÉcouter les passants chanterVoir ma ville changerGoûter au passéAvec mes 10 ansJe peux vagabonder dans la ville à côté des Trois-GrâcesJe peux avoir l’espoir d’une ville nouvelleJe peux essayer un nouveau chemin Revenir sur mes pasNoter les changementsDéguster des recettes nouvellesEmbrasser mon écoleEt puis, regarder des livres dans la bibliothèque.

MAtHIEU cAUssIDERY, EstEBAn MAlAUD

Ma ville en 10 tempsVague de lumière sur la ComédieNuage de bonheur caché dans la maison au CoquillageTempête d’ étoiles qui brillent dans tes yeuxPluie de souvenirs en regardant le temps qui passeÉclaircie de couleurs pour CarnavalLune nouvelle pour ensorceler les Trois-GrâcesImagination infinie au chant des oiseauxÉclair d’ intelligence pour construire la villeTourbillon pour retourner le monde et revenir à Montpellier

lIEVE GOUzEs, zOé BIRYcKI

1

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LES MYSTÈRES DE MONTPELLIER

Montpellier à 10 ans.Organiser ta ville en participant au conseil municipal des enfantsNoter les changements depuis tant de tempsRevenir sur le passé gravé dans les pierresPêcher sur le Lez en regardant les alentoursÉcouter la colombe de la PaixLire les Mystères de MontpellierH n’existe pas en occitanImaginer hier et demainÉtouffer mes mauvaises penséesRire de mes rêves

DJADA BOnEt-BIAnAY, JUlIEttE cAMIllI

Euphrosyne a écouté l’OpéraThalie a monté les marches de la ComédieAglaé s’est épanouie comme une fleur à MontpellierEuphrosyne a suivi le chemin du PeyrouThalie a admiré la peinture de Fréderic BazilleAglaé a contemplé l’ évolution de la villeLes Trois-Grâces ont tourbillonné et vu Montpellier changerEuphrosyne a fait la beauté de la villeThalie a protégé les sentiments secrets des passantsAglaé a lu les Mystères de MontpellierLes Trois-Grâces témoins du plaisir de vivre à Montpellier.

lUcIE ROUssEAU, MAï-lI MEEKEl

3

4

Tes réponses :

A = B = C = D =

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DÉCOUVERTE DE POÉSIES

tOM MARcHAnD YOHAnn PIERROt sInA sOltAn-MAssAl

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LES MYSTÈRES DE MONTPELLIER

10 Ans A MOntPElHIÈR

10 ans a Montpelhièr es 10 ans de bonur, 10 ans de nautor e nos sentèm melhors.

10 ans a Montpelhièr passa leu, coma un TGV.10 ans a Montpelhièr es polit coma un rit que sent l’aconit.10 ans a Montpelhièr es fòrça risolièr coma se dançàvem jos

un irangièr.10 ans a Montpelhièr, la vida es polida amai se la pollucion

es poirida.10 ans a Montpelhièr, plòu de solelh sul polalhièr.10 ans a Montpelhièr demorarà totjorn 10 ans a Montpelhièr.

10 Ans à MOntPEllIER10 ans à Montpellier c’est 10 ans de bonheur, 10 ans de hauteur

et on se sent meilleurs.10 ans à Montpellier ça passe vite, comme un TGV.10 ans à Montpellier c’est beau comme un canard qui sent l’aconit.10 ans à Montpellier c’est très rigolo, comme si nous dansions

sous un oranger.10 ans à Montpellier, la vie est jolie même si la pollution est pourrie.10 ans à Montpellier, il pleut du soleil sur le poulailler.10 ans à Montpellier ça restera toujours 10 ans à Montpellier.

lAYOnA BONET-BIANAY, AlIcE EXPOSITO, ROMAnE LECORRE

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DÉCOUVERTE DE POÉSIES

10 Ans En VIlAs

10 Ans En VIllE

1 an a Besièrs a montar l’escalièr,1 an à Béziers à monter l’escalier,

2 ans a Bordèu a tirar los ridèus,2 ans à Bordeaux à tirer les rideaux,

3 ans a Marselha a cavalcar las abelhas,3 ans à Marseille à chevaucher les abeilles,

4 ans a Tolosa a èstre malurosa,4 ans à Toulouse à être malheureuse,

5 ans a Sant-Dizièr a pegar de papièr,5 ans à Saint-Dizier à coller du papier,

6 ans a Lion a potonejar de lions,6 ans à Lyon à câliner des lions,

7 ans a Nantas a domptar de gigantas,7 ans à Nantes à dompter des géantes,

8 ans a Tolon a afrontar de parpalhons,8 ans à Toulon à affronter des papillons,

9 ans a Seta a faire la fèsta,9 ans à Sète à faire la fête,

10 ans a Montpelhièr a descubrir los mistèris de Montpelhièr.10 ans à Montpellier à découvrir les mystères de Montpellier.

sAlIOU DIAW, JUlEs GAUDIN, MAtHéO MALEYRAN, lOUKIAn SANCHEZ

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LES MYSTÈRES DE MONTPELLIER

MOntPElHIÈR

Carrièra de l’Agulhariá veirem 1 pastissariáCarrièra del Caval Vèrd sautarem 2 paretsCarrièra de las Sòrres Negras corriràn 3 lèbresCarrièra de l’Olivièr serem 4 risolièrsCarrièra dels Cormorans festarem nòstres 5 ansCarrièra dels Flamencs dansaràn 6 montpelhièrencsCarrièra dels Gabians cramarem 7 CaramentransCarrièra de las Margaridas sentirem 8 flors polidasCarrièra del Rossinhòl parlaràn 9 espanhòlsCarrièra del Novèl Monde nos espaurugaràn 10 monstres

immondesE cric e crac sèm a Montpelhièr

MOntPEllIERRue de l’Aiguillerie nous verrons 1 pâtisserieRue du Cheval-Vert nous sauterons 2 mursRue des Sœurs-Noires courront 3 lièvresRue de l’Olivier nous serons 4 rigolos Rue des Cormorans nous fêterons nos 5 ansRue des Flamants-Roses danseront 6 montpelliérainsRue des Goélands nous brûlerons 7 bonhommes carnavalRue des Marguerites nous sentirons 8 jolies fleursRue du Rossignol parleront 9 espagnolsRue du Nouveau-Monde nous épouvanteront 10 monstres immondesEt cric et crac, nous sommes à Montpellier

lEïlA ANOUAR-FERRARI, MARIE DIAGNE, AnOUK SZUREK-ROULLIER

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DÉCOUVERTE DE POÉSIES

DIns 1 An

Dins 1 an, França serà una iscla.Dins 2 millenaris, 3 oceans seràn dessecats.E partirai als 4 cantons del monde.Traversarai los 5 continents a pè.Arribarai quand lo monde aurà 6 atges.E veirai las 7 meravilhas del monde.Arribarai sus las 8 planetas.E tombarai amorós de las 9 filhas de Zeus.10 ans aprèp, tornarai a Montpelhièr.

DAns 1 AnDans 1 an, la France sera une île.Dans 2 millénaires, 3 océans seront desséchés.Et je partirai aux 4 coins du monde.Je traverserai les 5 continents à pied.J’arriverai quand le monde aura 6 âges.Et je verrai les 7 merveilles du monde.J’arriverai sur les 8 planètes.Et je tomberai amoureux des 9 filles de Zeus.10 ans après, je retournerai à Montpellier.

PAUl ANDRÉ, GERMAIn DIETTE-AMIOT, ElIAs SERBOUT

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LES MYSTÈRES DE MONTPELLIER

A MOntPElHIÈR

A 10 ans sèm davant dins las veituras, a Montpelhièr marcham amb de cauçaduras. A 9 ans passam en CM2, a Montpelhièr fasèm un entre-dos. A 8 ans avèm d’argent, a Montpelhièr sèm pas perdents. A 7 ans avèm mai de maturitat, a Montpelhièr sèm assetats. A 6 ans aprenèm a legir, a Montpelhièr nos sabèm corregir. A 5 ans jogam al toboggan, a Montpelhièr liscam sus un volcan.A 4 ans aimam lo pan,a Montpelhièr aprenèm l’occitan.A 3 ans dintram a l’escòla,a Montpelhièr sèm dins una còla.A 2 ans mesuram 60 centimètres,a Montpelhièr corrissèm 10 kilomètres.A 1 an començam de parlar,a Montpelhièr sèm ja a cantar.

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DÉCOUVERTE DE POÉSIES

à MOntPEllIER À 10 ans nous sommes devant dans les voitures, à Montpellier, nous marchons avec des chaussures. À 9 ans nous passons en CM2, à Montpellier, nous faisons un entre-deux. À 8 ans nous avons de l’argent, à Montpellier, nous ne sommes pas perdants. À 7 ans nous avons plus de maturité, à Montpellier, nous sommes assis. À 6 ans nous apprenons à lire, à Montpellier, nous savons nous corriger. À 5 ans nous jouons au toboggan, à Montpellier, nous glissons sur un volcan.À 4 ans nous n’aimons pas le pain,à Montpellier, nous apprenons l’occitan.À 3 ans nous entrons à l’ école,à Montpellier, nous sommes dans une équipe.À 2 ans nous mesurons 60 centimètres,à Montpellier, nous courrons 10 kilomètres.À 1 an nous commençons à parler,à Montpellier nous sommes déjà en train de chanter.

PABlO AÑON-COLLET, tHéO ETHEVE, KYllIAn LOUNADI-GASTAL

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LES MYSTÈRES DE MONTPELLIER

MOntPElHIÈR En AcROstIc

Ma mirgueta es nascuda dins una Calandreta :Ombreta, ma pichòta Ombreta, Nòstre polit Montpelhièr,Totes los jorns, li meti sos 10 solièrs. Plòu de mots dins la nòstra poësiaE plourà de bonur dins una ora,La ciutat del Clapàs es la melhora.Hugues Aufray aima la nòstra vila,I ven en automobila.Es tot simplament risolièr,Res que 10 ans a Montpelhièr.

MOntPEllIER En AcROstIcHEMa souris est née dans une Calandreta :Ombrette, ma petite Ombrette,notre joli Montpellier,chaque jour, je lui mets ses 10 souliers.Il pleut des mots dans notre poésieet il pleuvra du bonheur dans une heure,la cité du Clapàs est la meilleure.Hugues Aufray aime notre ville,il y vient en automobile.C’est tout simplement amusant,rien que 10 ans à Montpellier.

cléOPHéE JEANNE, YAâRA SCHWARCZ, lIsOn VIEU

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DÉCOUVERTE DE POÉSIES

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École Condorcet

CLASSE DE MARIANNE DOLLY ET EMILIE DUBOIS

Archibald Arnould • Léo Banuls • Aya Benhatchi Harry Billon • Mila Blaise • Titouan Consani-Carre Ardavan Deberle • Sarah Desruelles Elliot Foisy-Chede • Aïssa Laslaa • Aurèle Lavenu Clotilde Lunardi • Deria Massoueme • Jeanne Meline Gustave Milhau • Louise Moreau • Pierre Outrebon Julia Pateffoz-Layssac • Malia Perdrieux • Axel Pieyre Gabrielle Raffaillac-Desfosse • Bilal Ramdani Hélène Sambi-Bahinga • Clémence Scali Emile Teixido • Ulysse Tinland • Flora Vergnes-Fall

Merci à Isabelle Le Moyec pour sa disponibilité et son aide précieuse. Merci à René Escudié pour sa venue et ses conseils.

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Flash Back en 2018P R O L O G U E

Je m’appelle Sacha et je me retrouve aujourd’hui animateur dans mon ancienne école, l’école Condorcet. Je suis content de retourner dans l’école de mes souvenirs. Ça me rappelle mes copains, nos disputes, mes maîtresses, nos jeux dans la cour, nos bêtises…

C’est mon premier jour. Je fais donc l’appel dans une classe et je me dirige vers la cantine avec un groupe d’enfants. Je ne reconnais plus trop l’école, beaucoup de choses ont changé ici : dans les classes il n’y a plus de tableaux à craie mais des tableaux tactiles. La cantine est plus grande et c’est devenu un self.

Aujourd’hui haricots verts-frites. Je suis assis à une table avec des CM1.

— Comment t’appelles-tu ? me demande une fille blonde.— Je m’appelle Sacha et toi ? — Léa.— Sur quoi avez-vous travaillé ce matin ? Un garçon à lunettes me répond :— On a travaillé sur un peintre de la Renaissance : Pablo Picasso.— Mais c’est n’importe quoi ! Picasso est un peintre de l’époque

contemporaine ! répond Léa en rigolant.— Picasso ? Tiens, ça me rappelle une histoire qui s’est passée

quand j’avais votre âge…

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LES MYSTÈRES DE MONTPELLIER

— Raconte-nous ! s’écrient les enfants en chœur.— C’était il y a 10 ans maintenant, le lundi 17 septembre 2018.

Il était 23 heures trente environ et je ne dormais toujours pas. J’avais regardé le match de foot à la télé avec mon père. Ce soir-là, des sirènes ont retenti dans tout le quartier. Cela faisait une heure que le match était terminé. Je me suis penché à la fenêtre et j’ai vu des voitures de police. J’ai commencé à m’inquiéter, alors je suis allé dans la chambre de mes parents mais ils dormaient déjà profondément. J’ai pensé qu’un chauffeur de bus avait été agressé, ou bien que quelqu’un avait braqué une banque. Quand j’avais votre âge, j’adorais les enquêtes policières du genre Sherlock Holmes ou Agatha Christie. J’aimais beaucoup les histoires à suspense et avoir peur.

— Moi aussi j’aime bien les histoires policières ! s’exclame Léa.— Vas-y raconte nous la suite !— D’accord, d’accord... du calme les enfants. Le lendemain

matin, je jouais avec mes copains Alex et Rose à loup touche-touche dans la cour. Soudain la sonnerie a retenti dans toute l’école. DRIIIIIIING ! ! ! !

— Allez les enfants on se range, a dit la maîtresse. Nous partons au musée voir l’exposition Picasso.

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FLASH BACK EN 2018

Elle avait l’air très pressée, et a crié très fort. Tout le monde s’est tu. Elle était stressée, elle ne voulait pas être en retard. Elle avait eu beaucoup de mal à avoir des places pour l’exposition.

Marion et Rose, qui étaient chefs de rang, se sont rangés sagement devant la porte d’entrée de l’école. Marcel leur a dit alors :

— Poussez-vous les minus ! C’est moi devant !Marcel, c’était la brute de la classe. Il était toujours en train de

nous voler nos bonbons. Et il avait tout le temps ses doigts dans le nez. Nous, on l’appelait la racaille du bac à sable. Je me suis mis avec Alex mon meilleur copain. En route pour le musée ! La maîtresse marchait très vite et c’était compliqué de la suivre. Quand nous sommes arrivés devant le musée, un agent de sécurité lui a dit qu’un tableau avait été volé la veille et que l’on ne pouvait pas rentrer.

§

J’étais en train de dire à Alex : « C’est incroyable, comment un voleur a-t-il pu s’introduire dans le musée avec toute la sécurité ? Il y a des gardes, des caméras, des alarmes et pourtant il a quand même réussi ! ».

Nous étions tous en train de descendre les escaliers du Corum. La fontaine débordait et il y avait des flaques tout autour. Rose qui m’écoutait, a glissé. Son pied droit l’a entraînée en avant, ses fesses l’ont entraînée en arrière, et elle s’est retrouvée par terre en pleurant et criant de douleur. Alex et Marion se sont précipités pour la relever. C’est alors que j’ai aperçu un bout de tissu noir accroché au scratch de son manteau.

Alex a dit :— Qu’est-ce qui est donc accroché à ton manteau ?Il s’est baissé et a décroché cet étrange bout de tissu noir. Il l’a mis

sur sa tête pour rigoler.Tous les trois sans un mot, nous avons compris que nous venions

de découvrir un indice. C’était évidemment la cagoule du voleur. Rose, dont la mère était très maniaque avait un sac stérile pour son goûter. Nous avons mis l’indice à l’intérieur. C’était un signe du destin ! Nous devions mener l’enquête ! Il était hors de question d’en

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LES MYSTÈRES DE MONTPELLIER

parler à la maîtresse. Les adultes ne comprennent jamais rien. Ils allaient nous dire que ce n’était pas nos affaires. Marion qui était très observatrice, a découvert quelques cheveux roses et dorés à l’intérieur de la cagoule. La maîtresse a dit : 

— Dépêchez-vous les enfants !Elle a repris son chemin la tête basse. J’ai juste eu le temps de

murmurer à mes copains :— On se retrouve après les TAP à 18h, derrière les poubelles de

l’école !

§

Deux heures plus tard, nous étions tous au rendez-vous derrière les poubelles. Pendant l’étude, j’avais préparé la liste du matériel dont nous avions besoin afin de mener l’enquête : une loupe pour observer les indices, un microscope pour examiner les cheveux, un

plan du musée pour étudier les portes d’accès, un bâton en cas de danger, des jumelles pour faire le guet, des talkies-walkies

pour communiquer, une lampe de poche pour voir dans le noir, une corde, un grappin pour accéder au toit, un appareil photo et un paquet de nounours en guimauve.

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FLASH BACK EN 2018

— Elle est bien ta liste, surtout les nounours en guimauve, a dit Alex.

— Mais où va-t-on trouver tout ça ? a demandé Rose.— Ah les nounours en guimauve, j’en ai chez moi, ai-je dit.— Ma mère travaille dans un laboratoire, a répondu Marion. Je

vais lui demander de nous prêter un microscope et une loupe.— N’oublie pas de prendre du scotch au cas où il y aurait des

empreintes, a précisé Alex.— Et moi, je ramènerai les plans du musée parce que ma mère y

travaille, a dit Rose.— Moi, j’apporterai la lampe de poche, ai-je dit. Voici mon

plan. Demain, nous irons au musée à 11h45. Soyez à l’heure et soyez discrets ! Et pensez au matériel, et surtout aux nounours en guimauve !

§

J’ai retrouvé mes trois amis devant la grande porte du musée. La maman de Rose est venue à notre rencontre en souriant :

— Je suis très fière de vous, moi aussi j’adore Soulages !— Mais c’est pas que l’on aime spécialement Soulages, c’est que

la maîtresse nous a donné un exposé à faire. Malgré son air déçu, elle nous a accompagnés jusqu’à la première

salle, tout de même contente de nous voir là. — Les guides et les gardiens, ils mangent le midi ? Ils ont une

pause ? Ils font pitié debout comme des statues toute la journée, ai-je dit malicieusement.

— C’est gentil de s’intéresser à la santé du personnel. Leur pause est de 12h45 à 13h30.

Mes camarades m’ont fait un clin d’œil complice.— On se retrouve à 14h sur la place de la Comédie, ok les

enfants ? a dit la maman.Nous avons acquiescé et elle nous a indiqué l’itinéraire pour la

salle de Soulages. Dès que la maman a tourné le dos, on a sorti le plan du musée pour trouver les toilettes. Nous avons grimpé sur les quatre cuvettes, afin que les gardiens ne voient pas nos pieds lors de

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LES MYSTÈRES DE MONTPELLIER

leur ronde. À 12h46, nous nous sommes séparés. Marion et Alex se sont dirigés vers la salle Picasso. Rose et moi sommes partis à la recherche de la salle de contrôle des vidéos de surveillance. Nous sommes passés sous les bannières de la scène de crime en silence. Petit à petit, très méthodiquement avec nos loupes, nous avons cherché des indices.

Puis, nous sommes allés dans la salle de vidéo surveillance qui se trouvait au dernier étage du musée. Nous avons fini par trouver la vidéo du jour du vol. Nous l’avons regardée et nous avons constaté qu’elle était brouillée. Ça faisait un bruit de vieille télé et l’écran était noir et blanc. J’ai sorti le CD et je l’ai frotté contre mon pull puis je l’ai remis dans le lecteur. Mais ça n’a rien arrangé. Rose était découragée.

— On demandera à ma grande sœur, elle est toujours sur les écrans, elle pourra nous aider !

Mon talkie-walkie a sonné. C’était Marion.— On a trouvé des empreintes de doigts sur la caméra !— Prends le scotch et pose-le sur l’empreinte ! ai-je dit, avec un

air euphorique.Quand soudain, j’ai entendu des bruits de pas venant du couloir.

J’ai juste eu le temps de glisser le CD dans ma poche et la mère de Rose est apparue dans le cadre de la porte. Elle était furieuse, elle avait les poings sur les hanches. Elle a hurlé :

— Qu’est-ce que vous faites là ?Elle nous a pris tous les deux par l’oreille et nous a traînés jusqu’à

la sortie. Nous nous sommes retrouvés devant Alex et Marion qui nous regardaient d’un air surpris et inquiet.

— Mais que faisiez-vous ? Vous m’avez pris pour une andouille avec votre exposé sur Soulages ! Je vais appeler vos parents et toi Rose, privée de sortie pendant une semaine !

Nous nous sommes dirigés chacun vers nos maisons, en silence et un peu contrariés. Quand je suis rentré chez moi, ma mère m’a fait un délicieux goûter et m’a demandé si mon exposé avait avancé. J’ai hoché la tête rapidement et j’ai filé dans ma chambre.

Le soir était tombé, quand soudain le téléphone fixe a sonné. Je me suis précipité pour décrocher le téléphone avant ma mère. Dans

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FLASH BACK EN 2018

la précipitation, j’ai renversé le vase de maman et j’ai écrasé la queue du chat qui a poussé un miaulement féroce. J’ai reconnu immédia-tement la voix de la mère de Rose dans le combiné.

— Bonjour, vous êtes sur le répondeur de la famille Touille, merci de nous laisser un message après le bip sonore. Bip ! ai-je dit de ma voix la plus sérieuse possible.

Et j’ai tout de suite raccroché.— Qui était-ce ? a demandé maman.— Rien, un faux numéro...Et je suis allé cacher le téléphone sous le lit de ma grande sœur.

Je suis retourné dans ma chambre sans faire de bruit. Je me suis glissé sous ma couette et j’ai essayé de ne plus penser à cette journée mouvementée.

§

Le lendemain matin j’ai retrouvé mes amis dans la cour de l’école. Rose nous a questionnés :

— Qu’est ce que vous avez eu vous comme punition ? — Quand ta mère a appelé j’ai fait le répondeur, ai-je dit en

rigolant. Mes parents ne sont donc pas au courant !Alex a dit d’un air dégoûté :— Moi, j’ai été privée d’écran !— Et moi, a dit Marion, j’ai été privée de nounours en guimauve !J’ai déclaré d’un air prétentieux :— Heureusement que j’ai volé discrètement la poudre dacty-

loscopique de mon petit frère qu’il avait reçu à son anniversaire dans sa mallette de petit détective. J’ai pu faire un super transfert d’empreintes digitales !

On s’est tous « checkés », on avait le sentiment d’être les meilleurs détectives ! Aussi forts que Sherlock Holmes !

Rose et moi avons montré le CD qu’on avait récupéré la veille au musée.

— Les voleurs ont trafiqué la vidéo pour ne pas qu’on les recon-naisse, les images sont totalement floues, a dit Rose.

— Je connais la personne de la situation ! Ma sœur est une vraie

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LES MYSTÈRES DE MONTPELLIER

geek : elle passe 24h/24 sur son PC. Mes parents, ça les rend fous ! Ils s’arrachent les cheveux mais elle est trop forte. Je la connais, elle va commencer par dire non et après je vais faire mon regard de chaton et elle va céder.

— Et moi, a ajouté Rose, je vais demander à mon papa qui est coiffeur s’il sait qui se fait des teintures roses dans le quartier. Commençons nos recherches par le quartier, ensuite on élargira le périmètre !

— Ah, ah, ah ! Rose qui fait une enquête sur une teinture rose !— Sacha, arrête tes blagues à deux balles ! Il faut définir nos

missions et se donner rendez-vous pour partager nos découvertes. — On se retrouve samedi soir chez moi, je vais demander à mes

parents d’organiser une soirée pyjama, ça sera ma récompense pour mon 20/20 en anglais.

§

Enfin samedi est arrivé. Pendant que mes parents regardaient un film documentaire sur les oies sauvages, nous nous sommes réfugiés tous les trois sous la couette. J’avais transformé mon lit en cabane, un vrai repère secret ! Rose n’était pas là. On s’est dit qu’il fallait qu’on aille la chercher.

— Si on jouait à Mario Kart d’abord ? a demandé Marion.Ma grande sœur est arrivée. — Je joue moi aussi !— Ok, mais tu nous aides à faire diversion avec les parents ! Tu

les occupes pendant qu’on va chercher Rose chez elle.— Ça marche les nabots ! Et au fait, je n’ai pas réussi à améliorer

les images. C’est brouillé on ne voit rien...On était un peu déçus. Je suis allé chercher des draps dans la

chambre de mes parents pour faire une corde, des coussins pour amortir la chute et des lampes de poche.

Soudain, j’ai senti que l’on nous observait. Je me suis retourné et j’ai vu une silhouette qui nous regardait d’en bas. Marion a pris sa lampe de poche et elle a éclairé le jardin. J’avais les mains moites tellement j’avais peur. La silhouette s’est approchée de nous… C’était Rose !

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FLASH BACK EN 2018

Je lui ai envoyé un drap pour qu’elle monte. Elle nous a expliqué comment elle s’était éclipsée de chez elle. Elle avait aussi pris le pass du musée de sa mère et nous allions pouvoir y entrer pour trouver d’autres indices. On est sortis par la fenêtre de ma chambre et on est partis vers le musée.

La nuit était sombre. Quelques lampadaires ne fonctionnaient plus. On n’était pas très rassurés en arrivant devant le musée. Tandis qu’on regardait les fenêtres, on a aperçu deux ombres qui bougeaient. Alex, Rose et moi, nous sommes entrés à l’inté-rieur. Marion est restée dehors à faire le guet.

Dans le hall, les lumières étaient éteintes. Alex était pétrifié de peur. Rose tremblait. Et moi, je suais à grosses gouttes. Soudain, on a entendu un bruit de pas qui s’approchait vers nous. Un faisceau lumineux est apparu au bout du couloir sombre. On a pris nos jambes à nos cous. On est sortis par où on était entrés, essoufflés et morts de trouille.

Et là, on a trouvé Marion étendue sur le sol. Elle semblait endormie comme la Belle au bois dormant. Alex l’a secouée comme un pommier, mais aucune réaction. J’avais les larmes aux yeux. Heureusement, elle respirait encore. On l’a tous portée à tour de rôle jusqu’à chez moi. On l’a ensuite mise sur mon lit et j’en ai profité pour lui faire du bouche-à-bouche tel son prince. Les copains m’ont regardé d’un air bizarre. Marion s’est réveillée brutalement et m’a envoyé une claque.

— Aïe !Et là, on a vu le bracelet qu’elle tenait serré dans sa main. Dessus

était gravé un prénom : Philippe.

§

Le dimanche est passé à grande vitesse. Mes copains étaient partis tôt le matin. On n’avait pas trop dormi suite aux événements de la soirée. Le programme du dimanche a été simple: télé, jeu vidéo avec ma sœur et nounours en guimauve à volonté. Pour une fois,

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LES MYSTÈRES DE MONTPELLIER

j’avais hâte de retourner à l’école pour voir mes copains et parler de l’enquête.

Lundi matin, Alex est arrivé en courant vers nous. Ça avait l’air important.

— Vous ne devinerez jamais ce que mon père m’a dit ce matin ! Il y a quelques semaines un maître de l’école est venu au salon de coiffure pour acheter une perruque rose pour le carnaval.

— C’est bizarre, le carnaval c’est dans 7 mois ! ai-je répondu.— Poussez-vous les têtes de crottes de crapaud ! a dit Marcel en

me bousculant. Et maintenant donnez-moi tous vos nounours en chocolat ou je vous mets la tête dans la cuvette des toilettes !

Et là, la maîtresse est arrivée et nous a dit de nous ranger d’un air agacé. Elle était énervée parce qu’on avait plein d’élèves en plus dans notre classe. Le maître de CE2 était encore absent aujourd’hui. Il n’était pas là depuis lundi dernier, le jour du vol. On trouvait ça vraiment très louche.

— C’est peut être lui le voleur du tableau, j’ai chuchoté à mes amis.— Un maître qui vole ? c’est bizarre, a dit Alex.On n’a rien écouté en classe car on pensait trop à notre enquête.

La maîtresse nous a répété toute la journée :— Au lieu de rêvasser vous feriez mieux de vous concentrer ! Dans l’après-midi, le directeur est entré brutalement dans la classe

et il a dit à la maîtresse :— Est-ce que tu as le numéro de Philippe ? Je dois lui demander

quand est-ce qu’il revient à l’école…Et tout de suite on a pensé au bracelet ! Nous nous sommes

regardés avec les yeux écarquillés comme des merlans frits. On avait le souffle coupé. Ça y est, on tenait notre coupable !

Après la classe, on était à l’accueil tous les quatre. On s’est caché derrière les poubelles en attendant que les animateurs soient rentrés dans la salle. Ensuite, on est montés discrètement dans la classe des CE2. On voulait trouver d’autres preuves. On a fouillé dans le bureau du maître. Il y avait plein de tiroirs dont l’un était verrouillé. J’ai essayé de tirer dessus mais ça ne s’ouvrait pas. Alors j’ai pris une épingle dans les cheveux de Marion et je l’ai enfoncée dans la serrure. Miracle ! Le tiroir s’est ouvert.

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FLASH BACK EN 2018

À l’intérieur, c’était rempli de feuilles d’évaluation. Au milieu des feuilles, on a trouvé un morceau de papier froissé avec plein de nombres comme des codes. Je l’ai fourrée dans ma poche puis on est descendus rapidement, l’air de rien mais tout excités. Ensuite, on a essayé de déchiffrer le code mais on n’y comprenait rien. Alors je me suis souvenu que j’avais chez moi un livre sur les codes secrets.

§

Le lendemain, quand on est sortis de l’école, on s’est dirigés vers le jardin des plantes. Marion a pris sa trottinette, Rose son vélo et moi mon overboard. Alex était à pieds. Au bout de 5 minutes, il était crevé comme un pneu. Nous étions presque arrivés quand la bande de Marcel nous a coupés la route.

— Qu’est-ce que vous faites ici les loosers ?— Pousse-toi Marcel, ai-je dit.— Ce n’est pas une bande de petits morveux qui va me dire ce

que je dois faire !Sur le trottoir d’en face, j’ai aperçu la mère de Marcel. Elle nous a

rejoints en courant et en souriant :— Oh coucou, mon chou en sucre ! Tu as passé une bonne

journée mon Tchoupi ?Marcel est devenu rouge de honte. Et nous, on pleurait de rire.— Au revoir Tchoupi ! À demain ! J’ai lancé par dessus mon épaule.Puis nous sommes entrés à l’intérieur du jardin et on s’est assis

devant la mare. J’avais amené mon livre de codes secrets. J’ai ouvert mon carnet et j’ai pris le papier froissé. Je me suis rappelé d’un code qui pouvait bien nous aider : il s’appelait l’alphabet en chiffres. Nous avons fini par le déchiffrer et j’ai lu :

— RENDEZ-VOUS JEUDI À LA GARE À 6H.Ensuite, on est allés vers la cabane en bois, à côté des

bambous. On a joué sur le téléphone d’Alex. Quand on est sortis du jardin, on a vu le maître des CE2 qui passait en vélo. Il n’avait pas l’air très malade. Pour ne pas se faire repérer, on s’est cachés derrière un arbre. Puis, on l’a suivi discrètement jusqu’à

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LES MYSTÈRES DE MONTPELLIER

une petite ruelle. Il est entré dans un immeuble pas très loin de chez moi d’ailleurs. On s’est dit que c’était perdu. Mais soudain on l’a vu sortir sur le balcon du deuxième étage. Il est resté quelques secondes puis il est entré à l’intérieur.

On a regardé avec nos jumelles. Il y avait aussi une dame blonde. Et un grand paquet de la taille d’un tableau. Rose a sorti le grappin de son sac. On a vérifié qu’il n’y avait aucun passant dans la rue. Alex l’a lancé une première fois mais a échoué. J’ai dit :

— Laisse faire le pro !J’ai raté. Et Marion a jeté à son tour le grappin qui s’est accroché

au balcon. Je suis monté suivi de Rose. On s’est cachés derrière une grande jardinière avec des bambous.

— Regarde ! il ouvre le paquet ! a dit Rose.— Mais, c’est le tableau Les Trois Musiciens ! ai-je dit.Le maître a attrapé une flûte et a commencé à jouer une mélodie,

un peu mélancolique. Brusquement, le tableau s ’est ouvert comme le chemin de traverse dans Harry Potter. Et là, on est restés bouché bée. Il y avait une partition de musique derrière la toile. La dame blonde l’a sortie avec délicatesse. Elle l’a roulée comme un manuscrit égyptien et l’a mise dans une boite. Ensuite, nous les avons vus claquer la porte avec une grosse valise dans les mains, qui avait l’air d’être lourde. Le maitre s’est dirigé vers un vieil immeuble sombre à grandes fenêtres dont l’une était cassée. Trente minutes plus tard, il est ressorti et est allé vers l’arrêt de tram. Nous sommes montés à l’intérieur et l’avons surveillé de loin. Quelques arrêts plus tard, il est descendu à la gare Saint-Roch. Nous lui avons emboîté le pas jusqu’au quai de la gare. Puis il s’est engouffré dans un wagon et a disparu.

§

Le samedi suivant on était tous les quatre chez moi, affalés sur le canapé.

— Qui va chercher des nounours en guimauve ? a crié Alex.J’ai changé de chaîne quand Marion m’a interrompu.— Reviens sur la chaîne d’avant, j’ai vu un truc qui parlait du

musée Fabre !

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FLASH BACK EN 2018

Un journaliste parlait du vol du tableau. Le tableau de Picasso Les Trois Musiciens était mystérieusement revenu à sa place. Ça alors ! On s’est tous regardés stupéfaits. L’exposition allait rouvrir ses portes.

É P I L O G U E

Le maître n’est jamais revenu. Nous, on a continué tranquillement notre année de CM1. Marcel a arrêté de nous embêter après l’histoire avec sa mère. Ces faits se sont produits il y a dix ans maintenant, mais je m’en rappelle comme si c’était hier.

— Voilà mon histoire est finie, j’espère qu’elle vous a plu, dis-je.— Que sont devenus tes amis ?— Marion veut devenir policière, Alex étudie l’informatique.

Quant à Marcel, il fait des études pour être cuisinier.— Mais elle est vraie ton histoire ? demande le garçon à lunettes.Je hausse les épaules et, l’air de rien, commence à siffler quelques

notes.

— Sacha ! tu nous réponds ?La sonnerie retentit alors. Je me lève et je fais sortir les tables

d’enfants une par une. Les élèves de ma table me regardent, je leur fais un clin d’œil complice. Je vais chercher mon sac et mon overboard et je sors de l’école en souriant.

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École Jules-Verne

CLASSE DE CM1 DE VALÉRIE SIMON

Eliott Beaujean • Nada Bensellam Juliette Blanchemanche • Zacharie Bodin Mehdi Boukhiar • Alassane Diallo • Mael Eddaouia-Bossard • Ova Eymenier • Sonya Fekir • Lisa Frances Vincent Gillet-Berger • Martin Liétar Arthur Maingault • Emie Marie • Fausto Minier Timon Mora • Murina Emma • Raphaël Murina Sara Nouar • Lou-Ann Pouderoux • Soukaïna Saksouk Ivan Scarton • Marie-Alima Tusevo-Koegel Johan Vassal • Marilou Veran • Élouane Villard-Duran

Nous remercions René Escudié pour les pistes qu’il nous a proposées, Isabelle Le Moyec pour son aide en atelier d’écriture, Titouan Antoine pour sa présentation d’un centre d’hébergement, Alain Chevallier pour sa gentillesse, Stéphanie Lacoste, Séverine Cheve, Emelyne Jouglet et Isabelle Demarque pour leurs corrections précises et constructives, Anna Jordanov pour son précieux soutien dans l’organisation de la classe pendant le projet.

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Vert comme le cielU N E B O U M Q U I F A I T «   B O U M   »

Avant de partir, je vais souhaiter une bonne nuit à ma petite sœur. Elle est en train de regarder des vidéos sur son téléphone, calée dans son lit avec tous ses doudous. La parfaite pré-ado !

— Bonne nuit la casse-pieds !— Où tu vas ?— Tu le sais bien : aujourd’hui, je fête mes vingt ans avec mes

amis de la fac.— T’as de la chance ! Toi t’as une fête et moi, je reste là

avec papa et maman. Et je m’ennuie.— Mais tu vas survivre, je t’assure, et moi je te laisse

parce que je dois y aller ! Je te rappelle que tu fêtes aussi ton anniv bientôt !

— S’il te plaît, Liona ! Je veux une histoire !— Oh ! T’en as une tous les soirs, aujourd’hui c’est

spécial ! Je dois vraiment partir.— Mais je suis ta méga-petite sœur quand même !— Bon. Cinq minutes, alors. Laquelle tu veux ?— L’histoire de tes dix ans… Quand tu avais mon

âge.— Oh non… Pourquoi cette histoire, ce soir ? Un

anniversaire raté, ça m’a suffi ! Pas envie que ça me porte la poisse !

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LES MYSTÈRES DE MONTPELLIER

— La méga-catastrophe nucléaire, il y a dix ans : s’il te plaît, raconte-moi encore cette histoire horrible.

C’est vrai que c’est important que Lucie la casse-pieds sache bien pourquoi notre vie a changé ce jour-là. Tant pis pour le retard et tant pis si elle me fait répéter. Je me lance :

— On avait préparé une gigantesque boum, avec quatorze copains et copines. Ma première boum. C’était géant, enfin, ça aurait dû… Il y avait des ballons partout, des bonbons. Papa avait mis de la super musique, maman avait préparé une fontaine de chocolat au lait et des fraises juste à côté.

— Ça rime en plus !— Ne commence pas. J’allais ouvrir mes cadeaux, et d’un

coup : BOUM. Il y a eu un éclair aveuglant. Et puis plus rien. Papa, maman, mes copains, on s’est tous rués aux fenêtres pour voir ce que c’était.

— Et qu’est-ce qui s’est passé ?— Arrête de me couper ! En plus tu connais la suite : c’était la

catastrophe nucléaire. J’ai vu un grand nuage qui se dirigeait droit vers nous. Papa et maman criaient de fermer les fenêtres, les portes. Mais au début, panique générale : personne n’écoutait personne. J’ai essayé de leur expliquer : ça ressemblait à une vraie catas-trophe nucléaire comme dans les documentaires que je regardais à l’époque…

— Ah ! D’accord : t’étais déjà passionnée de sciences !— Oui… Mais arrête de me couper, je te l’ai déjà dit.— J’ai pas d’arêtes, j’ai des os…— Et moi j’ai une histoire, tu la veux oui ou non ?Elle me fait ses yeux « kawaii ». Alors, je continue :— Cette fête, ça a été un désastre. Il y avait du brouillard, on ne

faisait que tousser. Puis le brouillard s’est dissipé. Depuis le ciel est resté vert. Après la catastrophe, beaucoup de gens sont arrivés des villages autour de Montpellier. Ils pensaient qu’ils seraient plus en sécurité dans une grande ville, avec des hôpitaux à côté. Finalement ils se sont retrouvés sans-abris et sans nourriture. Ils avaient l’air très tristes. Ils n’avaient aucune affaire. Comme ça s’était passé le soir, certains étaient même en pyjama. J’avais beaucoup de peine pour eux.

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VERT COMME LE CIEL

Je ne savais pas quoi faire. C’était tellement horrible. Quand j’y

repense, j’en ai encore des frissons. À chaque coin de rue, des familles qui avaient tout perdu. Notre monde était devenu pauvre. Les gens restaient quand même. Ils n’avaient pas le courage de quitter seuls la ville. Au départ les transports et la signalisation ne fonctionnaient plus. Imagine : plus un feu, et partout dans la ville, des voitures bloquées.

— Ça veut dire que toi, quand tu étais petite, tu sortais aussi longtemps que tu voulais sans risquer de t’étouffer à cause de l’air ?

— C’était l’inverse : à l’époque on sortait même pour s’aérer ! Maintenant nous ne pouvons rester que quelques heures dehors. Franchement pas top pour tous les sans-abris qui sont obligés de rester dans la rue tous les jours !

— Et dans les rues, alors, ça devait faire tout vide ! Il n’y avait pas de gens qui vivaient dans leur cabane ?

— Et ben pas partout comme aujourd’hui, non. Quand moi j’avais dix ans, on voyait parfois des couvertures, des chiens, des cartons installés dans des recoins. Alors que maintenant, ils se sont installés partout. Ça fait dix ans que c’est arrivé, et on n’a toujours pas eu d’idée pour que tout le monde puisse se loger.

J’entends un bruit à la fenêtre. Je me retourne. Mon chat gratte à la vitre : il est encore passé par les toits ! Je lui ouvre et le prends dans mes bras.

— Filou, je t’ai déjà dit de ne pas marcher sur les tuiles : tu pourrais tomber et tu sais bien que tu ne peux pas rester trop longtemps dehors !

— Eh ! Je croyais que t’étais grande et une scientifique en plus : tu ne sais pas que les animaux ne parlent pas ? Des fois j’ai l’impression que je suis plus intelligente que toi !

Je soupire. Filou, lui, s’assoit sur le lit face à nous, et pousse de longs  «  groiaouïïne  ». Il lève les pattes, une par une, on dirait quelqu’un qui parle avec les mains. On éclate de rire et Lucie s’amuse à l’imiter. Vexé, Filou quitte la chambre.

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LES MYSTÈRES DE MONTPELLIER

— Ce pauvre Filou ! Le jour de la catastrophe, il était sorti, comme tous les après-midi. Sur le coup, j’ai trouvé ça plutôt normal. Mais à la nuit tombée, il n’était toujours pas revenu. J’aurais voulu l’aider, mais papa et maman ne voulaient pas que j’aille le chercher dehors. C’était trop dangereux. À la radio, on nous avait interdit de sortir à cause de la pollution. J’étais tellement inquiète que j’en ai fait des cauchemars. Il est finalement rentré au bout d’une semaine, avec le poil hérissé, le bout des moustaches brûlé et déformé. Ça a été très long chez le vétérinaire : nous n’étions pas les seuls à nous inquiéter pour nos animaux. Mais il a dit qu’il n’y avait rien de grave. Moi je me demandais si les animaux sauvages allaient survivre à la catastrophe alors que les gens, eux, n’arrêtaient pas de tomber malades. Il n’y avait plus du tout de place dans les hôpitaux. Ça m’a définitivement décidée à faire des études de sciences : j’espérais trouver le moyen d’aider. J’ai eu beaucoup de chance : j’ai réussi à entrer à l’université.

— C’est sûr ! La science, c’est toute ta vie !— En prévention, la mairie de Montpellier et celles des villages

autour, avaient distribué des petites pilules rouges et bleues. C’était pour nous protéger contre les effets d’une éventuelle catastrophe. C’est toujours le cas en France, quand on construit une centrale. Enfin, il faut avoir une adresse pour y avoir droit. Alors les sans-abris, eux n’en avaient pas eu, les animaux non plus. Les gens qui avaient fui leur village pour venir ici n’avaient pas tous pensé à emporter leurs pilules avec eux. La mairie a fait quelques distributions, mais très vite, il n’y en avait plus. Et, pour que le cachet fasse effet, il ne fallait pas manger pendant douze heures. Pour la fontaine de chocolat et les fraises avec les copains… c’était raté ! Un désastre, cette fête, un désastre. Mes amis ont été obligés de rester à la maison quelques jours, le temps que le nuage se dissipe. C’était cool pour moi. Pas pour papa et maman. Mais bon, juste après la catastrophe de 2019, heureusement, tu es née. Ça a été ma consolation. Au début, tu étais très fatigante ! Maintenant, on se chamaille mais je t’aime beaucoup ma casse-pieds.

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VERT COMME LE CIEL

Lucie fait semblant de réfléchir :— Humm… Je sais pas si je t’aime, moi…J’attrape un coussin et je le lui envoie sur la tête.— Je vérifie que j’ai toutes mes affaires et je file.— Tu seras là, demain, quand je me réveillerai ?— Oui, mais au lit ! Tu devras me laisser dormir jusqu’à 11h00

du matin. Si tu veux embêter quelqu’un ce sera papa et maman ! D’accord ?

— Méga-d’accord.— Bonne nuit petite sœur, à demain.

L E S C O U L E U R S D E M O N C ΠU R

Il est neuf heures moins dix. Liona dort encore. J’en profite pour regarder tranquillement à ma fenêtre. Ça fait deux mois, que je vois ce garçon. C’est dangereux, mais il n’a pas le choix. Il fait toutes sortes de spectacles, juste devant chez moi. Il jongle, danse, fait des tours de magie… Chaque fois, une nouvelle surprise attend les specta-teurs. Il les fait même participer. Je ne peux plus m’empêcher de le contempler. Je craque dès que je le vois. Il est si beau, si drôle. Il a des yeux verts comme le ciel. Quand je le regarde avec mes jumelles, mon cœur fond, j’ai des papillons dans le ventre. Je crois que je suis amoureuse.

Oui, je suis amoureuse d’un sans-abri. J’aime son visage : il est si doux, si calme. Il est attentionné avec ses spectateurs. Il n’a pas beaucoup d’argent, ça se voit. Pourtant, il est très généreux. L’autre fois, il a donné son sandwich à quelqu’un qu’il avait vu demander à manger aux passants.

J’aimerais beaucoup être à la place de ses spectateurs pour être plus près de lui. Je voudrais vraiment lui parler, mais je suis trop timide. S’il me choisissait dans la foule pour jouer les accessoiristes, comme il le fait parfois ? Je crois que je tomberais dans les pommes ! Mais j’ai une peur rouge qu’il tombe amoureux d’une autre fille.

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LES MYSTÈRES DE MONTPELLIER

Alors, tous les soirs, j’écris dans mon journal intime ce que je pense de lui. J’essaie de trouver les mots pour aller lui parler.

— J’aimerais tellement te rencontrer pour de vrai. Mon cœur bat pour toi ! J’espère que tu m’as remarquée et que tu t’intéresses à moi. J’aimerais pouvoir être capable de te dire que toi et moi nous formerons un méga-couple.

Et puis des fois, j’ai envie de lui crier : pourquoi tu ne me regardes jamais ?

C H E R J O U R N A L

Aujourd’hui, le spectacle a été particulièrement étrange. Le garçon avait des marionnettes. C’était bizarre : l’acces-

soiriste, c’était un koala ! Je ne sais toujours pas si c’était une peluche ou un vrai !

Il était accroché à son cou ; au début, il ne bougeait pas. Normal pour une peluche ! Le garçon a raconté comment les humains ont inventé les licornes. Il avait deux marionnettes : une de licorne, une de rhinocéros. Il a manipulé le rhino, et lui a fait raconter que quand des voyageurs sont revenus d’Afrique, ils ont essayé de le décrire. Mais le résultat ne ressemblait pas du tout à l’original. Les dessina-teurs ont utilisé ce qu’ils connaissaient. La licorne est née : ils lui ont donné un corps de cheval et une dent de narval.

À ce moment-là du spectacle, le koala est descendu le long de son bras et s’est mis à manier la marionnette de licorne. J’ai vraiment été impressionnée : le garçon était si fort en marionnettes que j’ai cru que c’était un vrai koala. N’empêche ! Je me demande

comment il a fait bouger trois marionnettes à la fois : il n’a pourtant que deux mains !

Ensuite, il a sorti de son sac une sorte de boîte en forme de cœur. Il l’a confiée au koala

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VERT COMME LE CIEL

qu’il tenait dans ses bras. Ils se sont approchés d’un couple collé ! Le cœur s’est mis à scintiller, je le voyais très clairement dans mes jumelles. Ensuite ils l’ont dirigé vers deux enfants qui venaient de se chamailler : ils avaient l’air fâchés. Le cœur s’est assombri.

Ça a bien fait rire les spectateurs. Avant de le ranger, le garçon a fait un tour de scène avec le cœur. Quand il l’a dirigé vers mon immeuble, il a brillé comme une étoile : sans les jumelles, je pouvais le voir ! J’ai même entendu un bruit : comme un battement de cœur, de plus en plus rapide et de plus en plus fort.

Il a levé la tête, l’air étonné. Je me suis jetée dans ma chambre, au fond de mon armoire. J’ai eu la méga-honte !

R O M A N - T I C

Tout à l’heure, j’étais encore une fois sur mon balcon, le spectacle avait été vraiment magnifique… et très romantique quand cinq filles se sont approchées de lui. J’avais tellement peur qu’il tombe amoureux de l’une d’elles. Elles avaient toutes des jolies robes. Mon cœur a craqué. Elles étaient si belles ! J’ai vraiment cru qu’elles allaient lui parler. Je savais qu’elles en profiteraient pour essayer de le séduire avec un sourire pareil, c’était normal qu’il les attire ! Alors j’ai tenté ma chance : cette fois, je n’ai plus hésité, je suis descendue. J’ai couru dans les escaliers beaucoup, beaucoup plus vite que la lumière.

Deux secondes après, j’étais dans la rue, il y avait une dame à côté de lui avec un sac poubelle à la main. Je l’ai confondue avec l’une des cinq : elle était classe, elle-aussi. En tous cas, j’ai eu raison de paniquer : il y en avait déjà une, la tête posée sur son épaule ! Je les ai toutes bousculées. Le sac poubelle a volé et a atterri sur la tête d’une des filles. J’ai crié « Fini le spectacle ! » et comme une idiote, j’ai même ajouté « C’est le mien ! ». Il y en a une qui m’a répondu : « Et mollo ! Qu’est-ce tu veux, minable ? ».

Je dois vraiment avoir l’air hyper-enragée : elles sont en train de repartir. Je ne les quitte pas des yeux. Elles se retournent de temps en temps. Mais je peux vous dire qu’elles font moins les malines.

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LES MYSTÈRES DE MONTPELLIER

Aïe ! Le voilà qui s’approche de moi. Mon pauvre ventre ! Cette fois, les papillons font une tornade.

— Qu’est-ce qui se passe ? T’es toute pâle !— Euh… Fin… C’est que… Je… Hier… Enfin tous les jours…

Je te… Parce que…Il me fait un sourire alors je me lance :— En fait depuis un certain temps, je t’observe de mon balcon. Je

te trouve… Je pourrais dire : « très fort, merveilleux, incroyable… ».— Ch-ch… charmant.Tout d’un coup, je me sens heureuse et en même temps très

stressée. Il rougit et répond :— Je te trouve très jolie aussi.Mon cœur va s’arrêter. Je baisse la tête, et là… je vois que je suis

en chaussons. Je crois que je vais mourir de honte. Je ris bêtement et j’explique :

— Je suis descendue trop vite. J’habite juste ici, là, tu vois. Où il y a le cactus. C’est de là que je te…

Heureusement, je n’ai pas le temps d’en dire plus, il répond :— Moi, j’habite loin.— Une autre rue ?— Non, plus loin…— Euh… un autre quartier ?— Encore, plus loin…— Une autre ville ?— Non, en dehors de Montpellier !— Ah ! t’as des frères et sœurs ?— Non, je vis tout seul, en fait.— Wouah ! La méga-class !— Tu trouves ?— Ah ouais ! Moi j’pourrais vraiment pas !— Et ! C’est pas l’grand luxe, hein. C’est juste une cabane !— J’adore les cabanes !— J’te la fais visiter s’tu veux…— Méga-cool !— Ça roule ma poule !

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VERT COMME LE CIEL

P U R É E !

Je la regarde rentrer dans son immeuble : elle m’a dit qu’elle devait laisser un mot et prendre ses chaussures. Elle est si belle avec ses longs cheveux bruns ondulés. Elle a les yeux bleu-vert (la couleur qui mène au paradis). Je suis fou amoureux de cette fille. Elle a l’air si gentille, si drôle. Je suis si impatient de la revoir. J’espère qu’elle redescendra vite ! Quel est son nom ? Je ne lui ai même pas demandé !

— Bouh !— Ahhhhh ! Tu m’as fait peur, j’tai pas vu arriver : j’rassemblais

mes affaires.J’étais en train d’ajouter mon détecteur d’amour dans mon sac.

Je me rends compte qu’il s’est activé : il clignote de plus en plus vite.— C’est quoi ce bruit ?Le son de ma machine est de plus en plus fort. On dirait qu’elle

va exploser. Mais finalement, elle s’arrête : toute seule. Trop d’amour dans l’air. Je l’ai déglinguée. Elle n’a pas résisté. Je suis tellement gêné… Je change de sujet.

— Au, fait, comment tu t’appelles ?

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LES MYSTÈRES DE MONTPELLIER

— Lucie, et toi ?— Nelson.On marche, marche, marche. Pendant dix minutes on ne se dit

rien. Moi, je réfléchis : comment lui dire que je l’aime. Est-ce qu’elle ne va pas trouver ça bizarre ? On vient de se rencontrer. Mais voilà, le coup de foudre… On croise plein de gens, assis par terre dans la rue. Je la vois regarder un petit enfant avec sa maman. Elle me demande :

— Pourquoi tu ne vis pas avec tes parents ?— Longue histoire !— Pas de problème, j’adore les histoires.— Mes parents m’ont abandonné à la naissance !— Tu ne vis pas tout seul depuis que t’es bébé quand même !— Non ! J’ai été longtemps dans un orphelinat !Maintenant, on est sortis de la ville, il y a la garrigue tout autour.— Mais pourquoi t’y es plus maintenant ?— Un mercredi par mois, il y avait purée à la cantine.— C’est quoi le rapport ?— À chaque fois qu’il y avait purée, il y avait bataille. Ce jour-là,

j’en ai profité pour filer. J’ai emporté un seul souvenir : la cuillère.— C’était si…— … important la cuillère ? Ouais j’ai besoin de petits machins

pour fabriquer des grands trucs… Tu vas voir dans ma cabane.— Non ! Je voulais dire : c’était si dur l’orphelinat ?Je reste silencieux un moment. Comment expliquer ?— Pardon. Tu l’as dit. Le seul souvenir c’était la cuillère. Tu

préfères oublier, c’est ça ?Eh ! Vraiment pas bête, en plus, la fille !— En fait, le souci c’est qu’on ne me laissait rien faire.— T’étais coincé dans ta chambre ?— Non, pas du tout. Mais je ne pouvais rien fabriquer ou

exprimer. C’est pas qu’on me l’interdisait mais… je me sentais différent, pas à ma place.

— Mais ils n’ont pas essayé de te retrouver ? Quelqu’un de notre âge tout seul dehors… Ils ne doivent pas être méga-d’accord, non ?

— Oh… J’ai mes informateurs… Ils n’arrivent jamais à m’approcher d’assez près pour m’attraper !

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VERT COMME LE CIEL

— Comment ça tes infor…On est presque arrivés : je la coupe en criant bien fort :— Nous voilà !Elle se fige à côté de moi…— C’est elle ta méga-cabane ? Géniale !J’essaie de rester modeste, je réponds simplement :— Ouais…— Attends j’adore ! La clairière, la rivière, le p’tit pont… Mais

d’où ça vient tout ça ?— Alors le toit, je l’ai récupéré sur un bus ; la porte, c’est une

portière de voiture, le reste c’est surtout des palettes. Viens, on rentre.Je lui montre mon hamac :— C’est là qu’je dors. Là, mon coin-bricolage. Et ma super

cuisine.— Le réchaud, c’est ça ?— Ben… Oui : ma cuisine ! T’as soif ?— T’as aussi l’eau courante ?— Non : je récupère l’eau de pluie : viens voir.Je l’entraîne derrière la cabane. Tout d’un coup, les oiseaux se

taisent. Silence total. Lucie, elle, ne remarque pas. De toute façon, elle ne peut pas comprendre. D’ailleurs, elle enchaîne déjà :

— Tous ces récipients pleins d’eau ? C’est de l’eau de pluie ?— Euh… Non… Ça c’est pour passer dans la quatrième

dimension.J’essaie d’être marrant, mais en fait je voudrais surtout comprendre

qui les oiseaux ont vu approcher de ma cabane, sans effrayer Lucie.— Non je rigole. C’est… c’est… c’est là-bas. Viens !Elle lève la tête dans la direction que je lui indique et elle reste

pétrifiée :— Nelson, le ciel, il n’est pas vert !— Normal, on est loin des usines construites après la catastrophe.Une petite musique retentit dans sa poche :— Mon téléphone ! Oh ! Liona ! C’est ma sœur. Pourquoi elle

m’appelle toujours au mauvais moment ?J’ai réussi à l’entraîner derrière des buissons pendant qu’elle

farfouillait dans son sac. Il faudrait qu’elle fasse moins de bruit : elle

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LES MYSTÈRES DE MONTPELLIER

crie presque au téléphone. En temps normal, ça ne serait pas gênant, mais là, il y a un gros problème. Des étrangers approchent. Il y a un danger, et je ne pense même pas à partir. Je reste là, les yeux fixés sur elle. Pire ! Je remarque une feuille de platane par terre. Je ne peux pas m’en empêcher, je la prends et je la plie pour elle en forme de cœur.

I L S A B O I E N T T O U S

— Allo ? Qu’est-ce qu’il y a ?— T’es où ? J’ai eu papa et maman, t’es pas à la

maison, t’es pas chez tes copines, t’es où ?— Euhh. Je suis chez une amie, chez… chez…Je cache le téléphone avec ma main et je chuchote à

Nelson :— (Désolée…) Je suis chez Bélem !— C’est qui Bélem ?— Une nouvelle copine.— Papa et maman sont complètement affolés, ça fait des heures

qu’on te cherche. Ils ont même appelé papi et mamie pour savoir si tu n’étais pas chez eux !

— À deux heures de route ! Mais qu’est-ce qui leur arrive, c’est méga-trop loin ! J’avais laissé un mot : pourquoi ils s’affolent ?

— Il y a une révolte en ville : ne sors surtout pas !— Comment ça une révolte ?— Y en a qui en ont assez du maire qui se fiche de la pollution et

des sans-abris. Ils manifestent. On leur a envoyé les CRS. Ça court, ça hurle, ça se tape dessus, c’est n’importe quoi. Tu ne dois pas te retrouver au milieu de tout ça ! Tu comprends ? C’est la guerre civile !

— C’est quoi les cris que j’entends derrière-toi ?— T’imagines pas ! C’est incroyable ce qui se passe !

Les chiens aboient, les chats miaulent comme des fous. Si tu voyais ! Des rats sortent de partout : des caves, des égouts, des gouttières ! On dirait une invasion. Ils ont tous rejoint les manifestants.

— D’accord, je rentre à la maison !

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VERT COMME LE CIEL

— Mais non : faut pas sortir, banane ! Demande si tu peux rester chez Madeleine… Euh, j’voulais dire chez Bélem. C’est trop dangereux en centre-ville, Lucie ! Tu pourrais te blesser. J’ai même vu plein de chevaux au galop qui rejoignaient le centre en hennissant. À la radio, ils ont dit que certains animaux se sont échappés du zoo. On les aurait vus en ville. Ils se jettent dans les jambes des manifes-tants et même des policiers. Il y a même des statues qui ont disparu : le cheval de Louis XIV, les lions du Peyrou… Personne ne sait où ils sont passés.

Je cache encore le téléphone et je demande à Nelson :— J’peux dormir ici ?Il rougit :— … Euh, oui !— Bélem est d’accord, dis aux parents que je suis en

sécurité. Et toi, t’es où ?— T’inquiète pas pour moi : je vais rester dormir à la fac.

On se tient au courant.

B É L E M O U N E L S O N ?

J’essaie de me reprendre : il faut que j’explique à Lucie que quelqu’un est en train d’approcher de la cabane puisque les oiseaux n’ont toujours pas recommencé à chanter. Mais je la vois en plein stress.

— Qu’est-ce qu’elle t’a dit, ta grande sœur ?— Qu’il vaut mieux ne pas sortir en ville ! Il y a une méga-révolte

et les animaux sont devenus fous. On devrait aller dans ta cabane.Avant que je puisse lui répondre, elle est sortie du buisson.

Aussitôt, elle se met à hurler.Juste après, une autre voix s’élève. Finalement, Lucie très étonnée

crie :— Mais qu’est-ce que tu fais là ?Et j’entends, un peu plus loin :— Non ! Toi, qu’est-ce que tu fais là ? C’est ici chez Bélem ?— Et toi alors ? C’est ici la fac ?

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LES MYSTÈRES DE MONTPELLIER

Je vois Lucie se jeter dans les bras d’une jeune femme, elles rient aux éclats toutes les deux. Je ne comprends absolument rien. Mais apparemment, c’est moins grave que ce que j’imaginais. Je ne pense pas que cette fille soit sur ma piste.

— Tu peux me dire pourquoi t’es là, Liona ?— J’ai suivi Filou. Depuis quelques jours, il a un comportement

bizarre : il s’approche d’animaux qu’il chasse ou qu’il fuit d’habitude.— Comment ça ?— Te moque pas de moi, hein ! Mais hier, on aurait dit qu’il

discutait avec un chien et un pigeon !— Ça ne m’explique pas ce que tu fais là !— En ce moment, tous les animaux ont des problèmes. Je te l’ai

bien dit au téléphone. Et quand je l’ai vu quitter l’appart, discrétos…— Comment ça « discrétos » ?— On aurait dit que Filou… tu sais comme dans «  Mission

impossible  », quand quelqu’un se cache derrière toutes les portes, tous les lampadaires…

— Et alors, quand tu l’as suivi, qu’est-ce que t’as remarqué ?— Ben, j’espérais que ça m’aiderait à comprendre les animaux.

Mais, il m’a emmené jusqu’ici. J’comprends pas. Sur le chemin j’ai retrouvé des traces de plus en plus nombreuses, toutes différentes : des grandes, des petites, des traces de sabots. Mais j’ai perdu celles de Filou. Celles des autres animaux aussi d’ailleurs… Mais toi, pourquoi t’es là, alors ? C’est quoi ton histoire de copine ?

Je ne peux pas laisser Lucie se débrouiller plus longtemps. Je m’avance :

— Vous parlez de Filou ? Ça fait quelques temps qu’il vient me voir chez moi.

— C’est Bélem ?Lucie fait un drôle de sourire crispé.— Désolée, je t’ai menti. En fait, c’est Nelson.— Désolée, casse-pieds, moi aussi je t’ai

menti. En fait, le soir de mon anniv, je ne retrouvais pas des copains pour faire la fête… On étudiait déjà les drôles d’empreintes qu’on avait repérées.

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VERT COMME LE CIEL

Soudain, les oiseaux se remettent à chanter. Ils doivent penser que finalement la grande sœur de Lucie n’est pas si dangereuse.

Elles les entendent maintenant : elles relèvent la tête, et elles découvrent tous mes amis qui les observent.

G I L E T S - W O U A F S

Je suis tellement fière d’avoir permis que ma ville change. Dix ans depuis la catastrophe, à chercher à sauver tous ceux qui ont été maltraités, à m’acharner sur mes études de sciences, et finalement grâce à l’amour de ma casse-pieds, je rencontre Nelson, le seul garçon au monde capable de parler aux animaux. Nous voilà tous, hommes, femmes, enfants, animaux, statues réveillées, rassemblés pour faire le point sur la place de la Comédie. La noble monture de Louis XIV s’approche en premier du micro :

— Je tiens à vous rappeler que nous avons vécu un moment crucial. Nous voilà tous désormais réunis : statues, traces de l’His-toire de la ville, habitants et animaux. Voilà un mois que cette révolution a éclaté : elle nous a permis de reprendre nos droits.

— Finies les laisses !— Tu as raison Chien !— On ne nous maltraite plus !— Nous les renards, nous pouvons enfin nous

montrer, sans avoir peur d’être chassés ! À nous la liberté ! À nous la plage et les coquillages !

— Ça fait du bien de ne plus être en cages ! On vit avec les humains ! Ils n’ont plus peur de nous, les rhinos, les lions, les ours, les loups…

Moi, en vérité, lorsque je croise un ancien animal sauvage en allant à la fac, je ne m’en vais plus en courant… mais ça me fait

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LES MYSTÈRES DE MONTPELLIER

toujours très bizarre. Et à la tête que font les personnes autour de moi, je vois que je ne suis pas la seule.

U N N O U V E A U M A I R E

— Je peux enfin galoper comme dans mes rêves. Je te rends grâce, catastrophe nucléaire ! Tu as réveillé tous les animaux statufiés !

— Oui, Cheval de Louis XIV, répond Filou, mais il a quand même fallu cette révolution pour qu’on ait le courage de partager l’Histoire de la ville avec la population.

— Ces hommes ! Quand toi Cheval, tu en as eu assez de rester immobile sous ton roi et que tu es parti, certains ont cru que des gens avaient séparé la statue en deux pour poser Louis XIV par terre. C’est cette erreur qui leur a donné la force de se rebeller contre le maire en place, qui leur a permis de s’exprimer.

Je me souviens, à la maison, on a bien rigolé avec Lucie quand on a vu à la télé Louis XIV, assis sur son socle, sans son cheval. Il ne faisait plus très roi… Ou alors roi des nuls ! Plus du tout impres-sionnant en tous cas ! C’est vrai que c’est sûrement ce qui a donné aux gens le courage de se rebeller.

— Et quand nous avons vus les hommes dans la rue, nous les avons rejoints ! Si tous nous ne nous étions pas unis, cet affreux maire serait encore en place ! Comme si leur catastrophe nucléaire n’avait pas suffi il y a dix ans ! Les hommes et les animaux malades, c’était pas assez terrible ? Il a fallu qu’il construise des usines en pleine ville.

— Devenu complètement toc-toc, le maire !— C’était soi-disant pour donner du travail aux gens ! En fait

ça n’a même pas permis à ceux qui vivaient dans la rue de gagner assez d’argent pour se loger ! On a juste respiré de plus en plus mal. Certains ont dû se faire de belles fortunes tout de même !

— Oui… Mais très peu d’hommes, pour tous ces malheureux.— Enfin tous les humains ne sont pas aussi idiots ou incapables

de réagir ! Il y en a trois qui nous ont bien aidés ! Moi Filou, depuis le temps que je vivais avec elle, je savais que Liona essayait de sauver les animaux. Quand j’ai rencontré Nelson, j’ai su qu’ensemble ils

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VERT COMME LE CIEL

allaient faire quelque chose ! C’est vrai qu’un humain qui pouvait nous entendre, ça nous a bien aidés ! Nous n’étions donc pas les seuls à avoir muté ! Moi, juste après la catastrophe je me suis rendu compte que je comprenais le langage des humains. Mais eux ne connais-saient pas le mien, même pas Liona, même pas Lucie. Pourtant j’ai essayé de leur parler. Je les faisais juste rire ! Et puis j’ai réalisé que je n’étais pas le seul ! Mais c’était encore plus terrible ! Nous les animaux, on comprenait les humains mais on ne pouvait pas leur dire qu’ils faisaient n’importe quoi ! Et un jour, j’ai découvert les spectacles de ce garçon. Nelson. Lui non plus n’avait pas reçu de traitement, et lui aussi avait développé des pouvoirs : celui de nous parler, de voir l’amour où il se trouve et celui de la créativité. Il peut fabriquer à peu près n’importe quoi.

— Moi le Koala, Nelson avait déjà réussi à me faire sortir du zoo ! Ça faisait déjà trois ans que j’étais enfermé à Lunaret.

— Après leur rencontre ce jour-là, Liona et lui ont inventé une machine : un décodeur qui permet aux humains de nous comprendre.

— Ça fait un mois maintenant qu’avec leurs oreillettes, ils peuvent enfin nous écouter ! Les Montpelliérains nous ont chargés de les aider à diriger la ville en attendant de nouvelles élections… À nous aussi de rééduquer leur maire en lui apprenant à écouter et respecter tout le monde.

— Il prétendait qu’il n’y avait rien à faire, que c’était trop compliqué, perdu d’avance… Et oui ! Il fallait

bien quelqu’un pour lui expliquer ! C’est important les décisions prises dans une ville. La prochaine ou le prochain maire, animal

ou humain devra faire avec nous tous : les humains, SDF ou pas, et les animaux, tous les

animaux !— En attendant, les choses s’améliorent un peu. Le

ciel est en train de redevenir bleu.

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École Sibélius/Pottier

CLASSE CM1 ET CM2 D’EVA TORRES ET CHLOÉ NÉGROU

Rayan Amri • Raphaël Barrat • Zachary Bizer Théophile Coureau • Mady Doisy-Liparotti  Clovis Douillard • Ayoube El Mhamedi Elliot Erwin • Clément Forgeau • Roch Herder Anaëlle Hugon • Marwa Khaffou • Solal Kontoukas Kelya Leme-Zegbe • Elise Léonel • Ibtissem Maamar Rosalie Mesa • Guillaume Patris • Jean-Christophe Paul • Faustine Pauls • Kaïs Philippon Nicolas Pinettes • Maël Piton • Lokman Salek Léa Scotto d’Amillo • Marion Terrasson.

ÉLÈVES DE CM1 DE YANN CAPEL

Heba Aouzi-Slasli • Anfâl Aroussi Yanis Bousseliou • Taho Chaperon-Navarro Mouad Chetouani • Anwar El Bekkaoui Hamza Feghoul • Sirine Ouchari • Arthur Perez • Jules Stivala-Balderas • Elise Valenza.

Nous remercions Chantal Enocq pour son atelier d’écriture, ainsi que Emelyne Jouglet, Stéphanie Lacoste, Isabelle Demarque, Séverine Chevé pour leurs relectures et remarques attentionnées, Alain Chevalier pour son enthousiasme communicatif, Hothman Cheraga et Laurent Vives pour la présentation vidéo, ainsi que tous ceux qui de près ou de loin nous ont permis de mener à bien ce projet d'écriture poétique. pour leurs relectures et remarques attentionnées.

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Rêveries de promeneurs sous le ciel de Montpellier

Le cielDes nuages flottentau-dessus de nous,qui selon leur humeur,nous donnent le temps.Qui a créé les nuages ?– Le ciel !D’où vient la pluie ?– Des larmes des nuages !Et qui donc a créé le ciel ?

KAïs

Sous la pluie je sors, et je joue du piano.Soudain, un chien aboie et les nuages griss’effacentpour laisser place à l’arc-en-ciel.J’ai encore une place. Sans cette place, je serais seul.

RAYAn

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LES MYSTÈRES DE MONTPELLIER

Un jour,quand tu marchais avec ton chienet que le ciel était triste,tu sortis ton parapluieet le ciel cessa de pleurer.

IBtIssEM

Les étoiles

Quand je regarde les étoiles,je ne vois qu’elles, et je ne pense qu’à elles.Elles m’attirent vers leur univers :je voyage jusqu’à elles, jusqu’à leur lumière.

KélYA

J’ étais…

J’étais feu et je rêvais rouge,J’étais soleil et je rêvais jaune,J’étais herbes et je rêvais vert,J’étais ciel et je rêvais bleu,J’étais nuit et je rêvais indigo,J’étais fleur et je dansais rose.Si je dormais, plus de rêves,et le lendemain, étourdie.Puis trois petits pas, et vice-versa !

ElIsE Et léA

Le chien et le parapluie

Le chien porte le parapluie.Le parapluie porte le chien.Et qui porte le chien et le parapluie ?

sOlAl

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RÊVERIES DE PROMENEURS SOUS LE CIEL DE MONTPELLIER

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LES MYSTÈRES DE MONTPELLIER

VoltigeAlors que je voltigeais au-dessus du monde, je vis un nuage.Puis un autre, et encore un autre.Je descendis jusqu’au plus proche, je m’accroupis et puis boiiing ! je bondis jusqu’au suivant. Et ainsi de suite, jusqu’au bout des nuages.Après avoir fini de sauter, j’avais faim : heureusement que les nuages étaient en barbe à papa, je les dévorai tous.Puis il se fit tard. Alors, je rentrai.

GUIllAUME

L’aigle

L’arc-en-ciel aime les aiglesqui volent au-dessus de lui,qui le traversent et jouent avec lui.L’arc-en-ciel les prend pour des avions miniatures,qui volent au-dessus des fleurs,qui parcourentles plaines, les villes, les montagnes, la mer.Le soleil aime les regarder voler haut dans le ciel.Les fleurs observent leurs grandes ailes se pencher vers elles,ces ailes qui leur font du vent et les rafraîchissent.Les aigles aiment aussi faire des loopings et entendrequand ils passent les chien aboyer au loin.

cléMEnt

Il était une fois un chat près du feu. C’était un soir dans le noir. Puis il s’allongea sous les étoiles. Un peu plus tard, la pluie tomba. Le chat cria : « la pluie ! » Tous se mirent à l’abri, seul le chat resta dehors. Il regardait les étoiles filantes.

AnwAR

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RÊVERIES DE PROMENEURS SOUS LE CIEL DE MONTPELLIER

Les mêmes promeneurs de 10 ans, dans la ville

La villeLes rues,Les policiers,Les trams,Les voitures,Tous sillonnentla ville.Elle est humaine,Ou plutôtDe constructionHumaine.

tHéOPHIlE

Le tramway est bondé,la rue est noire.Les skates roulent,et les gens accourent.

zAccHARY Et lOKMAn

À New York, les rues sont magnifiques. À Montpellier, les gens sont polis et accueillants.Au Maroc, il y a des souks et aussi des taxis de différentes couleurs. Ils sont bleus à Rabat et rouges à Casa.

lOKMAn

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LES MYSTÈRES DE MONTPELLIER

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RÊVERIES DE PROMENEURS SOUS LE CIEL DE MONTPELLIER

10 ans : le bonheur est-il dans le pré ?

Inspirations poétiques suite à une promenade au Jardin des Plantes

« Être Azur jusqu’au bout »,je le dis pour les nuages,pour qu’ils me comprennent mieux.Chaque vague m’entend, et l’arbre me sourit.Je dis à l’arbre :« On ne peut me connaîtremieux que tu me connais ».

MARwA

Il y avait un hibou niché dans un arbre.Il avait sur sa tête des aigrettes,et c’était un aventurier,avec ses ailes.C’était aussi une petite boulede plumes,toute douce.

ElIsE

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LES MYSTÈRES DE MONTPELLIER

NatureLa nature, avec ses fleurs,qui ont tant de bonheur,sans honneur.

La nature, avec toutes ses bonnes odeurs,avec ses escargots joyeuxquand enfin il pleut.

La nature, avec ses arbres recouverts d’écorce,avec ses baies, ses plantes,et toutes les feuilles,mortes à cause du froid.

Sous les feuilles mortes, il y a les insectes ;et au-dessus se trouve le chat,à l’affût d’une proie :va-t-il réussir ?

nIcOlAs Et RAYAn

Les fleurs

Jacinthe : fleur bleue, mauve, blanche ou rose vif.Anémone des bois : plante rouge, rose, violette ou blanche avec un cœur noir.Iris : grande fleur bleue, violette, blanche, jaune ou brune, à feuilles pointues.Marguerite : fleur des champs à cœur jaune et à pétales blancs.Souci d’eau : petite plante à fleurs jaunes et orangées.Fuchsia : plante à fleurs rose vif en forme de clochettes.Rose : fleur à la tige garnie d’épines, qui sent très bon.Une fleur est délicate, douce à apprécier. C’est sûr, j’adore les fleurs.

MARIOn

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LES MYSTÈRES DE MONTPELLIER

Le soleil part, les fleurs sont gelées.La fleur est fanée.Puis les jours passent, et la fleur fait sa renaissance.Le temps passe, et la fleur crée son refrain :à chaque saison, elle renaît.

AnFâl

Après-midi. Ciel noir. Nuages épais. Tonnerre. Éclairs.L’orage. La lune. Les étoiles.Le soleil derrière la mer. Le bleu du ciel. Il s’efface et puis revient.

La nature. Les arbres. Les fleurs. Les animaux.La terre qui est sous nos pieds.

Les moustiques et les mouches.Le craquement des branches.

La mer. L’écume. Les rochers. Les vagues qui viennent et qui vont.Le sable. Les herbes.Le soleil se lève. Une nouvelle journée commence.

ROsAlIE

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RÊVERIES DE PROMENEURS SOUS LE CIEL DE MONTPELLIER

À 10 ans, qui sommes-nous ?

Mon père m’a dit que je lui ressemblais. Il m’a dit aussi que je ressemblais à mon cousin, à mon petit frère, à ma petite sœur, à mon grand frère, à mon papy, à ma maman, à mon tonton, à mon grand-père, à ma grand-mère et à mes cousins. Il m’a dit que je ressemblais à mes cousines. À toute ma famille.Il m’a dit que je ressemblais aussi aux éclairs et à la foudre. Alors je me suis regardé dans un miroir et je me suis dit que j’étais très beau.

tAHO

Dans le monde, il y a les océans,Dans les océans, il y a les mers,Dans les mers, il y a les fleuves,Au bord du fleuve Lez, il y a Montpellier,Dans Montpellier, il y a des rues,Dans les rues, il y a des piscines.Dans la piscine, il y a le grand bassinEt dans le grand bassin, il y a le petit bassin.Dans le petit bassin, il y a moi.A l’intérieur de moi, je me dis que je ne sais pas nager.Pourtant, je sais nager. Mais à l’intérieur de moi,je n’ai pas le courage de trouver la voie.

Pourtant, aujourd’hui, j’ai réussi. Et j’ai compris, on peut toujours réussir : il suffit d’y mettre du cœur.

MARIOn

La musique, c’est la vie. Elle coule dans nos veines. Les pianos jouent des notes et les notes font la musique. On apprend une fois, deux fois, trois, et on sait jouer le morceau. La musique, c’est ça pour moi.

AnAëllE

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LES MYSTÈRES DE MONTPELLIER

L’amour et l’amitié

Qu’est-ce que l’amour ?Qu’est-ce que l’amitié ?Un amas de pensées allégées !

Quelque chose de merveilleux,Qui n’est pas prêt de s’écrouler.

Si vous l’avez d’jà éprouvé,Savez-vous comme c’est mieux,D’aimer et d’être aimé ?

ROcH

Il y a Arthur. Il a un abri : des abricots et un abricotier.Il a dressé un alligator avec les abricots. Il a aussi un abri sousroche et un ami. Il s’appelle Junior.Un jour, Arthur et Junior se sont embarqués pour l’aventure, sur un bateau. Mais le conducteur blessé, ils se sont échoués sur une île. Ils ont voulu sortir de là, alors ils ont fabriqué un radeau, pour pouvoir repartir.Aujourd’hui, ils sont adultes. Avant, ils étaient adolescents.

ARtHUR

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LES MYSTÈRES DE MONTPELLIER

10 ans et le temps de grandir

Les joursLe temps, l’horloge fait tic tac. Tu es heureux. Demain, l’année passe. Tu peux ne rien faire, ou dormir, ou courir. Le silence passe et la fenêtre est ouverte.

JEAn-cHRIstOPHE

Le chat

Le chat a des yeux silencieux. Il aime beaucoup dormir et il aime aussi le mois de mai parce que c’est le mois des fraises et des cerises. Tic tac. Ça pousse.

YAnIs

Tout pour des fraises et des cerises

Je voudrais savoir planter des cerises et des fraises, je voudrais les voir pousser pour pouvoir les manger et ne plus jamais en acheter. Le temps passe et je ne sais pas encore comment les planter.Hier j’ai pleuré, aujourd’hui je dors, la semaine prochaine je n’en sais rien.Je regarde la télé mais il n’y a rien qui m’intéresse.Je demande à ma tata, elle ne sait pas planter.Je demande à ma mère, elle ne sait pas.Je demande à ma grand-mère – enfin il y a une personne qui sait.Puis je la vois en train de planter. Je suis très heureuse.Enfin je vais apprendre : je pourrai les manger, et ne plus jamais en acheter.

HEBA

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LES MYSTÈRES DE MONTPELLIER

TictacUn jour une année tictac le temps, tictac le temps de rire, tictac le temps que le chat lèche sa patte, tictac le temps de pleurer, tictac le temps de sucer son doigt, tictac le temps de rire, tictac le temps de ne rien faire, tictac le temps de planter, tictac le temps de naître.

MADY

Joyeux bonheurs à 10 ans (texte collectif et non exhaustif)

Faire la grasse matinée le week-end et le mercredi aussi.Sentir l’odeur du chocolat chaud au réveil.Lire des BD le soir tard, mais pas trop quand même.Éclabousser partout dans la salle de bains.Rentrer du judo et sentir la bonne odeur du repas.Mettre le doigt dans la crème de marron et savourer.Courir dans les hautes herbes.Rentrer pieds nus sur le terrain de foot.Tracer des signes sur le sable.Dessiner sans vraiment savoir ce que l’on dessine.Plonger dans l’eau fraîche l’été, quand il fait très chaud.Se désaltérer en dégustant une bonne glace.Éclater un ballon de baudruche pour faire peur à ma sœur.Jouer aux billes avec un ami jusqu’à 22h30.Aller au magasin pour acheter des jouets et conduire le caddie.Jouer avec une lampe de poche et retrouver des affaires sous le lit.Fêter son anniversaire avec ses amis.Passer d’heureux moments en famille.Envoyer une lettre à quelqu’un qu’on aime.

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RÊVERIES DE PROMENEURS SOUS LE CIEL DE MONTPELLIER

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École Docteur-Calmette

CLASSE DE CM1 DE CHRISTIAN MOREAU

Ewan André • Titouan Astier • Amine Ben Mohamed Mila Boumlid-Geraud • Rayane Boutyarzisset Eloïse Brun • Leïa Dalleau • Yaël Domenech Safya El Bouyahyaoui • Noémie Florent Ella Laborde • Aymeric Laravine • Marius Lioux Dounia Mehadjebi • Tessa Moot, Djenyss Pitard Léo Poincet • Maël Poincet • Victoria Portefaix Attiba • Alex Rouby • Perle Scheider-Baffie Imad Simmou • Mahé Urvoy Roche • Shana Volatier Sarah Zobel.

Nous adressons un grand merci à : René Escudié, écrivain, Isabelle Le Moyec, conseillère pédagogique Montpellier Est, Sébastien Ranc et Léa Heurtin, CPIE APIEU, Julie Nave et Brice Cubero, médiathèque Émile-Zola, ainsi qu’à tous les élèves, de Calmette ou d’ailleurs, qui ont écrit les tomes précédents des Mystères de Montpellier et inventé les personnages qui font une apparition dans notre nouvelle. Un merci particulier à Philippe Caillon, initiateur de ces aventures mystérieuses.

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Alice au pays des mystèresJ’aime pas lire ! Oui je sais, il faudrait dire : je n’aime pas lire. Avec un «  n

apostrophe  ». Je suis d’accord. N’empêche que… j’aime pas lire ! Je trouve ça nul. Je trouve ça long. Quand je lis, je m’ennuie, j’ai l’impression de ne rien faire, de perdre mon temps. La lecture, c’est pour les vieux.

Attention ! Je n’ai pas dit que je ne savais pas lire. Bien sûr que je sais lire. Mais je n’aime pas ça. Pourtant, quand j’étais petite, ma mère me lisait des histoires. Et elle a continué pendant plusieurs années. Pour ne pas lui faire de peine je faisais semblant de l’écouter mais en fait je pensais à autre chose, à mes copines, à mes jeux vidéo, à ma série télé préférée, à ce que je pourrais faire le lendemain… Enfin bref, je ne l’écoutais pas vraiment. Et même quand je l’écoutais je n’arrivais pas à me représenter les personnages, à les imaginer, alors je ne les trouvais pas intéressants. Les auteurs, je ne les connaissais pas, c’étaient des inconnus pour moi, leurs histoires ne me plaisaient pas. Aujourd’hui rien n’a changé, je n’aime toujours pas les livres.

Malheureusement pour moi, maman est  profes-seure des écoles. Elle est même directrice. Et il y a pire : cette année je suis dans sa classe. Pas cool !

Au début, ça lui faisait de la peine que je n’aime pas lire, c’est normal pour une maman maîtresse, mais

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LES MYSTÈRES DE MONTPELLIER

depuis le temps elle s’est habituée. Enfin, je crois… Malgré tout, elle ne se décourage pas et continue à m’offrir des livres… qui finissent souvent dans la bibliothèque de la classe.

Ah oui, je ne vous ai pas dit : j’habite dans l’école, au premier étage. Juste au-dessus de notre CM1. Ça présente quelques avantages : je ne me lève jamais tôt, je peux dormir plus longtemps que les copines et je ne suis jamais en retard à l’école. Chaque matin, quand maman descend préparer son tableau, je peux prendre mon temps pour petit-déjeuner tranquillement. J’en profite souvent pour me resservir un deuxième bol de chocolat chaud. Et parfois je cache quelques bonbons dans mon sac pour le goûter.

Ce matin, juste avant de descendre, je jette un œil sur la porte du frigo. Maman y met l’emploi du temps de la classe. Ah oui c’est vrai, aujourd’hui on va en bibliothèque ! Je vais encore m’ennuyer. Il faut absolument que je trouve une idée. Soudain j’aperçois le téléphone de maman en train de charger sur le meuble de la télé. C’est bon, je la tiens mon idée ! Je télécharge «  Cat and Vet  », un jeu où il faut s’occuper d’un chat trop gourmand et essayer de l’amener chez le vétérinaire avant qu’il éclate. J’y jouerai discrètement pendant la bibliothèque. Je glisse le téléphone dans ma poche et je descends rejoindre ma maman-maîtresse-qui-stresse que j’appelle parfois, pour la taquiner, ma « mamanstresse ».

— Alice, ma lectrice, me dit-elle, j’ai oublié mon portable en haut, tu pourrais aller le chercher ?

Oh là là ! Mon plan a échoué. Je suis bien obligée de lui donner, en essayant de faire bonne figure.

— Tiens maman, dis-je en lui tendant son téléphone.

En fin d’après-midi, nous voilà dans la bibliothèque. La pièce est assez petite mais très lumineuse grâce aux nombreuses fenêtres. Les étagères et les bacs débordent de livres et d’albums. Aujourd’hui, on a une séance de lecture silencieuse. Les copains s’installent un peu partout, dans des coins tranquilles, avec le livre de leur choix. Certains se cachent sous les bacs pour essayer de se chuchoter des blagues pendant que la maîtresse s’installe à une table pour corriger une pile de copies. Moi, j’aimerais bien pouvoir passer le temps avec

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le jeu que j’ai téléchargé ce matin, mais pour ça il faudrait que je réussisse à chiper le téléphone de ma mère. Oh ! Il est là-bas, près de l’imprimante. Quelle chance ! Comme maman est très concentrée sur nos copies, je m’approche à pas de loup et, mine de rien, je glisse l’appareil sous mon pull.

Ensuite, je prends un livre au hasard. Il s’intitule Les Mystères de Montpellier . Il y en a toute une série. Neuf tomes en tout. Ma mère nous en a parlé mais je n’en ai jamais lu un seul. Neuf tomes c’est trop long ! Ça doit être très ennuyant !

Je m’installe dans un coin, j’ouvre le livre, je mets le téléphone à l’intérieur et je fais semblant de lire. Quelques copines m’ont vue faire mais ne disent rien. De vraies copines, quoi ! Elles sont sympas et, en plus, elles aussi préfèrent jouer plutôt que lire.

Prise par mon jeu –  mon chat a déjà triplé de volume et ne tient plus dans l’écran du smartphone  – je ne remarque pas tout de suite que maman me regarde, très surprise de voir sa fille lire avec autant d’attention. Elle se lève et s’approche de moi. Je l’aperçois du coin de l’œil. Pour ne pas me faire prendre je referme rapidement le livre et le remets sur l’étagère. Mince ! Le portable est resté dedans. Je ne sais pas quoi faire. Pas le temps de décider quoi que ce soit, il est l’heure de partir.

Le soir à la maison, pendant que je me brosse les dents, j’entends ma mère qui m’appelle :

— Alice, tu n’as pas vu mon portable ?Aïe ! Je suis un peu paniquée. Je ne sais pas quoi dire alors je ne dis

rien. Ma mère poursuit :

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— Mais enfin où est ce téléphone ? C’est énervant, je le perds tout le temps. Il faut que j’appelle la maman de ta copine Anaïs. Je voudrais lui dire que je suis d’accord pour que tu ailles à son anniversaire. Elle a parlé d’une soirée pyjama, non ?

L’anniversaire d’Anaïs ? Bien sûr que je veux y aller ! Effecti-vement on a dit que ça finirait en soirée pyjama si nos parents étaient d’accord. Je ne peux pas manquer ça. Donc il faut que maman puisse téléphoner. Donc il faut que j’avoue. Mais si j’avoue elle va peut-être se fâcher et donc m’empêcher d’y aller… Quel dilemme ! Finalement je me décide à dire la vérité :

— Je suis désolée maman, c’est moi qui ai pris ton téléphone à la BCD.

— Et pourquoi ?— Tu sais comme je m’ennuie dans ces moments de lecture silen-

cieuse. Alors je l’ai caché dans un livre pour faire semblant de lire. En fait, je jouais. Je te demande pardon.

Elle ne dit rien mais je me sens très mal. Je crois que je deviens rouge comme une tomate.

— Et il est où maintenant ce téléphone ?— Je l’ai laissé là-bas.Maman respire un grand coup pour ne pas s’énerver et m’ordonne :— File le chercher !

Et me revoilà sur le chemin de la BCD. Je me sens coupable et un peu honteuse. Je sais que ce n’est pas bien d’emprunter quelque chose sans permission. J’espère quand même que maman me pardonnera, car, comme elle dit souvent : « Faute avouée à moitié pardonnée. »

À cette heure-là il n’y a plus personne dans les locaux. Le ménage a été fait. Tout est fermé. Mais maman m’a donné la clé.

Une fois entrée j’essaye de me rappeler où j’ai laissé le portable. Je sais que c’est dans un des Mystères de Montpellier mais lequel ? Ils sont là, devant moi, bien alignés sur leur étagère. Je m’approche et soudain je vois un des livres qui se met à bouger. Peut-être parce que le téléphone est à l’intérieur ? Je m’approche encore et là le livre se met à gigoter de plus en plus. Il se soulève, se met à planer, puis il s’envole. Je reste bouche bée. J’ai l’impression d’être dans un film

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ALICE AU PAYS DES MYSTÈRES

fantastique. Ou dans un cauchemar. Les autres tomes des Mystères de Montpellier commencent eux aussi à remuer. Au secours ! Je me cache derrière un meuble pour les surveiller. Ils se mettent tous à planer à la queue leu leu :

le tome 1 et sa couleur de parchemin, le 2 avec sa gamme d’arc-en-ciel, le 3 en noir et blanc, l’éléphant, le 4 et sa petite rue orangée, le 5 nuit noire et rouge du soir,le 6 jaune moutarde un peu piquant, le 7 en fleurs violettes : pervenche, lavande, le 8 bleu océan, tellement grand, le 9 blanc comme neige, vrai casse-tête.Je n’en crois pas mes yeux. Ils forment une farandole puis sortent

par une fenêtre et s’en vont dans la cour. Sans réfléchir, je les suis en hurlant :

— Revenez ici tout de suite ! Rendez-moi le téléphone de ma mère !Ils ne m’entendent pas. Ils continuent leur chemin, passent le portail

et filent dans la rue. Je cours derrière eux en les menaçant :— Si je vous rattrape, je vous déchire en morceaux !Mais ils vont trop vite. Alors je file chercher mon vélo pour pouvoir

les suivre. Je roule à fond dans la rue en pente. Je ne vois presque plus rien avec mes cheveux en désordre. J’arrive au rond-point devant l’Université, celui avec le gros monument qu’on surnomme le donut-saucisse. Je ne contrôle plus ma vitesse, mes freins ne servent plus à rien, je vais m’écraser contre le donut. Sa couleur rouge vient sans

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doute du sang d’autres cyclistes ? Ma vie va s’arrêter là ? Non. Je sens mon vélo se soulever et, comme par magie, je passe en plein centre du donut, sans aucune blessure. Comment est-ce possible ? Pas le temps de réfléchir, j’atterris tout près de la ligne du tramway, juste au moment où une rame arrive. Je réussis à freiner à temps. Le tramway me frôle en passant. C’est le bleu, celui avec les hiron-delles. Si seulement je pouvais m’envoler pour de bon, je réussirais à rattraper ces livres volants. Pour le moment je les ai perdus de vue. Je redémarre en les cherchant. Je ne les vois nulle part mais, c’est bizarre, on dirait que je ne touche plus le sol. Je me sens soulevée. Je rêve ou quoi ? Je décolle. Je m’envole.

Je regarde en-dessous de moi et je comprends : ce sont les livres qui me font voler. Ils sont venus se mettre sous les roues de mon vélo et ils m’entraînent avec eux. Ce sont eux qui m’ont fait passer au milieu du donut. Je suis tellement surprise que je perds l’équilibre. Je vais tomber mais les livres me rattrapent au dernier roman, oups, pardon, au dernier moment.

Maintenant bien assise sur mon vélo, je survole Montpellier. C’est magnifique. Au loin j’aperçois les Arceaux. J’approche du centre-ville. Je commence à m’habituer à voler et reconnais parfaitement le paysage qui défile sous mes pieds. D’en haut, on voit bien que les rues dessinent un écusson. Je plane au-dessus de l’Opéra Comédie et de la statue des Trois-Grâces. Un détour par la fontaine des Licornes et ensuite je franchis l’Arc de Triomphe. J’arrive au Peyrou, juste en face de la statue de Louis XIV qui s’approche, s’approche de plus en plus. Attention on va lui rentrer dedans ! Ouf non ! On lui passe majestueusement sous le nez. Puis nous frôlons le château d’eau et son petit lac. Je n’ai jamais vu d’aussi près les sculptures du Temple des Eaux : les coquillages, les déesses, les filets pleins de poissons. Je touche même le visage de Poséidon de la main. Ensuite nous plongeons sous la première arche des Arceaux. Un petit coucou à la photo de Jean Moulin et hop nous remontons survoler l’aqueduc. Nous suivons les Arceaux en slalomant entre les arches comme des petits fous et nous parvenons enfin devant une construction, une sorte de petite tour qui paraît assez ancienne.

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ALICE AU PAYS DES MYSTÈRES

Je reconnais le castelet du square Bir-Hakeim. Un jour on est venus le visiter avec la classe.

Les livres ralentissent et atterrissent juste devant le castelet. Je pose mon vélo contre un arbre pour les observer.

Les livres se sont installés sur le sol. Ils forment une ronde dans l’herbe, au milieu des arbres, leur couverture tournée vers le ciel. Lentement ils s’ouvrent. Je vois un crayon sortir du tome 5. Je retiens un cri. Le crayon se met à dessiner dans le ciel. Il trace une soucoupe volante qui grandit, se colorie, et vient se poser au milieu du square. Des gens en sortent. On dirait une famille en vacances qui discute joyeusement.

— Ça y est Mamie, dit un des enfants, on est arrivés à Mont… panier !

Toute la famille rigole. Ça a l’air d’une bonne blague1.— Les enfants, vous savez bien qu’on est à Montpellier,

répond la grand-mère. — Regardez bien, dit le papy. Les animaux de la

serre amazonienne devraient bientôt arriver. Ils sont gentils, mais faites quand même attention.

Des animaux ? Quels animaux ? Oh ! Je vois un museau qui dépasse entre deux pages du tome 4. C’est une trompe d’éléphanteau ? Ah non c’est un tamanoir ! Qu’est-ce qu’il fait là ? Et puis voilà un boa qui rampe hors du livre. Je recule, moi qui ai la phobie des serpents ! Un paca sort à son tour, puis un tatou, un ocelot, un oiseau rouge et noir et une invasion de fourmis ! C’est bientôt fini, oui ? On se croirait au zoo !

— Bonjour, dit une voix dans mon dos. Je me retourne et je vois deux enfants, une

fille et un garçon, avec des costumes colorés. Ils jouent de la musique et ils dansent.

1. Pour faire connaissance avec cette famille extraterrestre, lisez le tome 5 des Mystères de Montpellier.

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LES MYSTÈRES DE MONTPELLIER

— On ne se serait pas déjà lu quelque part ? me demande la fille.Je lui réponds poliment :— Je ne comprends pas ta question. Ou alors j’ai mal entendu ?— Pas grave ! À tout à l’heure ! À toute ! Tou tou tou…Et le garçon enchaîne :— Ti ti tou ti ti ti tou tou ti ti tou… !Ils se mettent à jouer de la musique brésilienne, pendant que les

animaux commencent à danser la samba autour d’eux2. Ils ont l’air un peu fou ces deux-là ! Je rattrape le tamanoir et je lui demande :

— Je cherche le téléphone de ma mère, il n’est pas dans votre livre ?— Snif snif, renifle-t-il, non je ne crois pas.— Tu ne l’as pas aspiré j’espère ?Mais il est déjà parti rejoindre les autres qui défilent autour du

square comme s’ils faisaient le carnaval de Rio au milieu des arbres.Tiens ? Il y a une grosse bulle transparente dans un des arbres. Si c’est

une bulle de savon je n’en ai jamais vu d’aussi énorme. Je remarque deux personnes à l’intérieur. Un homme avec une écharpe tricolore bleu-blanc-rouge et un jeune garçon. Soudain la bulle disparaît et réapparaît sur le toit du castelet. On dirait que c’est le garçon qui conduit la bulle. Mais ce n’est pas possible de conduire une bulle ! Pourtant on dirait bien qu’il s’amuse à la faire disparaître d’un endroit et réappa-raître à un autre3. La bulle est maintenant au sommet des Arceaux. Elle disparaît encore et atterrit au milieu des livres. Le garçon et le monsieur qui ressemble à un maire en sortent. Ils ont l’air de bien rigoler tous les deux. Je m’approche d’eux mais, eh ! Ça devient dangereux ! Il y a une épée qui sort d’un des livres. J’ai failli me couper. Et voilà un gant qui tient l’épée. Un gant en métal. C’est le bras d’une armure. Non, une armure entière. Un chevalier. Puis un deuxième. Et encore un, qui mange une cuisse de

2. Pour découvrir ces animaux danseurs de samba, lisez le tome 4 des Mystères de Montpellier.3. Pour en savoir plus sur cet étrange véhicule, lisez le tome 7 des Mystères de Montpellier.

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poulet. Et un autre. Quatre chevaliers en tout4. Accompagnés de leurs chevaux en armure d’argent qui galopent dans le square. Un des cheva-liers s’approche de moi. Il traîne un grand sac avec asssez de nourriture pour remplir un crocodile ! Je lui demande :

— Vous êtes qui ?— Nous sommes les chevaliers du tome 2 pardi !— Mais on n’est plus au Moyen Âge, vous devriez être dans un

musée.— Un musée ? C’est quoi un musée ?Ils sont un peu bêtes non ? En même temps, s’ils viennent vraiment

du Moyen Âge c’est normal qu’ils ne connaissent pas les musées, ça ne devait pas exister. Devant mon air surpris, il me propose:

— Tu veux de la nourriture petite damoiselle ? Quel est ton nom ?— Alice, je m’appelle Alice. Et vous ?— Tu ne nous connais vraiment pas ? Tu ne nous as jamais lus ?Encore une question bien étrange ! Je ne sais vraiment pas quoi

répondre.— Tant pis, dit le chevalier, je vais finir cette cuisse de poulet et on

va préparer la fête !Il s’éloigne avec ses amis.Je regarde autour de moi et constate que tous les tomes des Mystères

de Montpellier sont en activité. Du tome 6, celui à la couverture jaune, s’élève une épaisse fumée dans laquelle je distingue une silhouette. On dirait un soldat qui revient de la guerre avec son fusil à la main. Il enlève son masque à gaz. Oh le pauvre ! Il a été blessé au visage. Il est vraiment défiguré5. J’ai un peu peur qu’il s’approche de moi mais heureusement quelqu’un l’appelle :

— Ah mon cher Chacha 14 ! Ça fait longtemps qu’on ne s’est pas lus tous les deux !

— Bazille ! Mon ami ! répond le soldat. Tu as peint d’autres chefs-d’œuvres depuis la dernière fois qu’on s’est lus ?

Toujours cette drôle de façon de parler ! Pourquoi confondent-ils vu et lu ? C’est bizarre et ça commence à m’agacer.

4. Pour rencontrer ces 4 seigneurs médiévaux, lisez le tome 2 des Mystères de Montpellier.5. Pour frissonner devant cette « gueule cassée », lisez le tome 6 des Mystères de Montpellier.

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LES MYSTÈRES DE MONTPELLIER

Des personnages continuent à sortir de tous les livres en se saluant joyeusement :

— Salut Nostradamus ! Bonjour Léo Malet !— Ce vieux Richer de Belleval ! Il y a maintenant tellement de monde dans ce square que je ne

sais plus où donner de la tête. Je repère un vieux monsieur avec une longue perruque bouclée, l’air très fier, vêtu d’habits très beaux mais complètement démodés. Il est entouré de trois enfants qui l’appellent :

— Eh oh Lapeyronie ! Tu viens nous aider mon Gigot6 ?— Oui j’arrive tout de suite !Je tente ma chance :— Monsieur Lapeyronie, vous ne savez pas où est mon téléphone ?— Télé quoi ?— Phone. Quelque chose pour appeler les gens. Allo et tout ça. Un

téléphone quoi !— Aucune idée.— Et vous les enfants ?— Non, on ne l’a pas lu.Tous les personnages se dirigent vers le castelet et ils commencent

à en sortir des tables, des chaises, des guirlandes, des confettis, un énorme gâteau de dix étages avec dix bougies, des sodas, des jus de fruits et toutes sortes de boissons, des cartons pleins de bonbons, des macarons gros comme des ballons, et des tartes au citron de la taille d’un cochon… C’est abusé, non ?

En tout cas c’est vraiment une immense fête qui se prépare là. Mais en l’honneur de quoi ?

Il y a des ballons de baudruche accrochés dans les arbres. Des ballons dorés en forme de dix. Une sono joue de la musique à gros volume. Le disc-jockey porte une redingote noire et une longue perruque bouclée. Lui aussi ? C’est la nouvelle mode ou ils sont chauves ? Le soldat de tout à l’heure s’approche et lui crie :

— Eh Pitot ! Tu vas faire écrouler tes Arceaux !

6. Pour mieux connaître ce cher Gigot, lisez le tome 3 des Mystères de Montpellier.

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ALICE AU PAYS DES MYSTÈRES

— Pas de panique, c’est du costaud ! Ils ont tenu toutes ces années, ce n’est pas un peu de musique qui va les faire s’effondrer. Installe plutôt la boule à facettes !

Henri Pitot ? L’architecte qui a construit les Arceaux ? Je voudrais bien lui dire que je suis une fan et que j’adore son aqueduc mais il y a vraiment trop de bruit.

Je recule pour m’éloigner un peu et je reçois un coup derrière la tête. Aïe ! Je me retourne. Je viens de me cogner contre un arbre. Mais il

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LES MYSTÈRES DE MONTPELLIER

n’était pas là tout à l’heure ? D’où sort-il ? C’est un arbre un peu bizarre, tout tordu, avec plein de petits bouts de papiers glissés dans ses fentes. J’en prends un pour le lire. Il est écrit : « J’aimerais pouvoir m’envoler !  » Je comprends, c’est un vœu déposé dans cet arbre à souhaits7. Comme je suis un peu curieuse j’en lis un deuxième. « Je veux devenir un grand écrivain ». Très peu pour moi. Je le repose. À ce moment-là une petite voix sort du tronc et me demande :

— Ça va ? Tu ne t’es pas fait trop mal ?Un arbre qui parle ? De plus en plus étrange ! La voix insiste :— Qui es-tu ? Je ne t’ai jamais lue.Je réponds, en essayant de rester calme :— Je m’appelle Alice, je ne suis pas vraiment invitée à cette fête, je

voudrais juste récupérer le téléphone de ma mère. Vous ne l’avez pas vu ?

— Tu veux dire : Vous ne l’avez pas lu ?— Noooon ! Je veux dire… Oh, laissez tomber.Je m’en vais, un peu vexée et je me rends compte que mes pieds

sont trempés. D’où vient cette eau ? D’un des livres ? Ah oui. Il y a un ruisseau qui coule du tome 8. Bizarre, les pages ne sont même pas mouillées. Le ruisseau devient une petite rivière sur laquelle flotte un jouet. Un petit bateau sans doute ? Je regarde de plus près. On dirait plutôt un bus. Un bus

qui flotte comme un bateau. Un mélange entre les deux. Un bus-bateau quoi !8 Et il se met à grossir, grossir de plus en

plus jusqu’à atteindre la taille d’un vrai bus. La portière s’ouvre et toute une classe sort. Ils

sont très nombreux et ils font un vacarme d’enfer. Je leur demande :— Je cherche le téléphone de ma mère. Vous savez ce que

c’est, vous, un téléphone, hein ? Si je ne le trouve pas, elle va me punir. Vous ne l’avez pas vu ?

7. Pour glisser votre propre souhait dans l’arbre, lisez le tome 9 des Mystères de Montpellier.8. Pour apprendre à conduire un bus-bateau, lisez le tome 8 des Mystères de Montpellier.

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ALICE AU PAYS DES MYSTÈRES

— Oui, on sait ce qu’est un téléphone, mais non on ne l’a pas lu.— Vous pourriez arrêter de dire lu à la place de vu ? C’est

horripilant !— Et pourquoi on ferait ça ? Pour te faire plaisir ? On ne t’a jamais

lue nulle part toi !Je sens la colère monter. Je me mets à crier :— Où est le téléphone de ma mère ?Mais personne ne m’entend. Alors j’ai une idée : je m’approche de la

sono, je prends le micro et je hurle :— Rendez-moi le téléphone de

ma mère ! J’en ai assez de vous, de vos questions ridicules, de votre fête fatigante, et de toute façon je n’aime pas lire parce que la lecture c’est nuuuuuul !

Et là tout s’arrête. La musique s’arrête, les enfants arrêtent de chanter, les animaux arrêtent de danser, la bulle arrête de se téléporter, le bus arrête de naviguer, tout le monde arrête de discuter… Silence complet.

Personne ne me répond. Alors je me dirige vers la ronde des livres, je secoue un des tomes pour voir si le téléphone est dedans. Rien. Je le ferme en le claquant. Et soudain tous les animaux qui dansaient la samba explosent en nuages de lettres. C’est affreux ! Mais c’est très beau. C’est affreusement beau. Je secoue un autre tome. Pas de téléphone non plus. Je le claque et aussitôt tous les enfants bruyants et agaçants se transforment en une pluie de lettres. Les roues du bus deviennent des O géants et les portières des parenthèses immenses. Je claque un nouveau livre et je vois les armures des chevaliers qui se décomposent en lettrines enluminées.

Je continue à fermer les livres et, petit à petit, tous les personnages autour de moi se métamorphosent en magnifiques geysers. Mais ce n’est pas de l’eau chaude qui jaillit du sol, c’est une multitude de lettres de toutes les tailles. Le square est maintenant noyé dans un brouillard qui n’est pas constitué de gouttelettes mais de lettres. Toutes ces « gouttelettres » se suivent en formant des guirlandes dans lesquelles je distingue des éclats de phrases. Consonnes et voyelles scintillent à

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LES MYSTÈRES DE MONTPELLIER

la cime des arbres et au-dessus du castelet. Elles forment des constel-lations qui voltigent comme des flocons. On dirait qu’il neige de la littérature. Au milieu des fins cristaux de glace, j’aperçois des débris de mots fabuleux. Il me semble les avoir déjà croisés quelque part. Peut-être sur les couvertures des livres que je n’ai jamais voulu lire ?

En refermant le dernier tome encore ouvert, celui des extrater-restres, je vois la soucoupe volante se désintégrer en points d’excla-mation. Elle se fait aspirer par une tornade géante qui avale tout autour d’elle.

Tout se met à tourner dans le parc. Un gigantesque tourbillon de lettres. J’en ai le tournis. La tornade est maintenant si énorme qu’elle commence à me faire peur. Je recule un peu pour ne pas me

faire emporter. Heureusement elle commence à se calmer, elle rapetisse, ralentit, diminue encore et encore, et atterrit

dans l’herbe, juste dans un livre ouvert qui se referme aussitôt. Mais, il n’était pas là tout à l’heure  celui-là ! Je

recompte les autres. Il y en a bien neuf. Je m’approche prudemment du

nouveau. D’où sort-il ? Sur sa couverture il est écrit : Les Mystères de Montpellier tome 10. Je l’ouvre et je tombe sur un titre : Alice au pays des mystères. Tiens ? L’héroïne s’appelle comme moi. Et son histoire commence par : «  J’aime pas lire !  » Intriguée, je me plonge alors dans la lecture…

— Alice ? Je rêve ou tu es en train de lire ?Je lève la tête. Il fait presque nuit dans la BCD.— Maman ? Qu’est-ce que tu fais là ?— Je me faisais un sang d’encre, je suis venue voir ce qui t’arrivait.

Et je te trouve avec un livre dans les mains…— Oui, ça me fait drôle de dire ça mais, finalement… j’aime bien.

La mauvaise nouvelle, c’est que je n’ai pas retrouvé ton téléphone.— Regarde à la page suivante, me dit-elle en souriant.Je tourne la page. Le téléphone est bien là. Je le lui rends. Elle me

serre fort dans ses bras et me chuchote :

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ALICE AU PAYS DES MYSTÈRES

— On y va, ma lectrice ?On repart main dans la main. Au moment où la porte se ferme,

j’entrevois du coin de l’œil le tome 10 qui s’envole, plane un instant et va se ranger sur son étagère.

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Imprimé sur les presses d’Evoluprint, Parc Industriel Euronord | 10 rue du Parc, CS 85001 Bruguières | 31150 Fenouillet Cedex

Dépôt légal : mai 2019

Retrouvez tous les tomes des Mystères de Montpellier, en version numérique : https://cano.pe/34montpellier

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Dix ans. Les Mystères ont dix ans ! Maëlle en a maintenant vingt et se souvient d’une drôle d’aventure : un fleuve en furie, une nuit dans une cabane, un goûter pour quatre, un radeau de fortune… mais que faisait Mme Gargouille ? Plus grave : virus Purple Z, Black Shark, Scorpion de Métal, Supers-Zéros, villes-dômes… l’avenir de Montpellier semble bien compromis. Heureusement, Lucas, Lili, Roxane et les autres, veillent au grain… Tout comme Diane et Dimitri qui partent à la recherche d’Apollon, de Rolland et de Samothrace, trois des dix statues antiques mystérieu-sement dixparues ; un suspect louche, un billet d’avion pour Los Angeles,

des indices cryptés, les deux écoliers-enquêteurs ont du pain sur la planche. Sacha, lui, revient sur les lieux de son enfance

et se souvient d’un Picasso volé, d’un alphabet chiffré, d’une cagoule noire et de nounours à la guimauve, voilà une affaire qui ne manque pas de sucre. Mais

patatras une catastrophe nuclaire renferme la ville sous un nuage vert ; pourtant Liona et Nelson trouvent l’amour

entourés d’animaux devenus... mais chut c’est un secret. Reste Alice, 10 ans elle aussi, qui parait-il n’aime pas lire. Taratata, les personnages des Mystères l’entraînent alors dans un tourbillon littéraire, elle en oubliera son portable.

Enfin, emporté par les poésies malines et cocasses de jeunes rêveurs, bienvenue, cher lecteur, dans la 10e édition des Mystères de Montpellier !

Ne peut être vendu.

Paul n’arrêtait pas de répéter tout bas : « c’est la fin du monde… »Dix ans déjà

Ils se téléportèrent aussitôt dans un endroit qui ressemblait à l’Enfer. Les dix parchemins sacrés

Comment est-ce possible ? Qui ose s’attaquer à l’un de nos Éphèbes ?Dixparition à Antigone

10 ans a Montpelhièr per se far plaser.Poésies occitanes

Oh coucou, mon chou en sucre ! Tu as passé une bonne journée mon Tchoupi ?

Flash Back en 2018

À chaque fois qu’il y avait purée, il y avait bataille.Vert comme le ciel

« Etre Azur jusqu’au bout. »Rêveries de promeneurs sous le ciel de Montpellier

On dirait qu’il neige de la littérature.Alice au pays des mystères

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HUIT ÉCOLES DE LA VILLE DE MONTPELLIER PRÉSENTENT

10ANS

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