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ARTICLE IN PRESS Modele + L’évolution psychiatrique xxx (2014) xxx–xxx Disponible en ligne sur www.sciencedirect.com ScienceDirect Article original Hystérie et structure d’hébergement : nouvelles notes pour une clinique de l’habiter Hysteria and housing service: New notes in favour of a clinical approach to dwelling Frédéric Vinot (Docteur en Psychologie Clinique, Psychanalyste, Maître de Conférences en Psychologie Clinique) UFR lettres, arts et sciences humaines, laboratoire LIRCES (EA3159), université de Nice Sophia-Antipolis, 98, boulevard Édouard-Herriot, BP 3209, 06204 Nice cedex 3, France Rec ¸u le 14 novembre 2012 Résumé Objectifs. Si l’on constate une très forte actualité des travaux en sciences humaines sur la question de l’habiter afin de la différencier radicalement de celle du logement, les propositions psychanalytiques sont peu nombreuses. Dans ce cadre, l’auteur propose d’explorer la conception lacanienne de l’habiter afin de repérer les effets de l’habiter sur le rapport au logement. Méthode. L’article s’appuie sur l’analyse d’une supervision de travailleurs sociaux d’un centre d’hébergement. La problématique clinique d’une femme accueillie au centre et voulant sur un mode hysté- rique s’en faire « le centre » permet de présenter les liens et différences entre les conceptions de Heidegger et de Lacan : tous deux pensent l’habitat en termes langagier. Cependant, si pour le philosophe, le langage est la maison de l’être, pour le psychanalyste l’habitat langagier implique également une dimension de perte corporelle (castration symbolique présentant comme un « loyer langagier »). Cette conception d’une clinique psychanalytique de l’habiter peut être modélisée par une réinterprétation du schéma du Graphe (1958), schéma permettant de repérer la distinction entre « habiter le langage » (névrose) et « être habité par le langage » (psychose). Résultat. Cette approche débouche sur une conception métapsychologique de l’habiter incluant donc une déshabitation initiale conc ¸ue comme confrontation du sujet au manque dans l’Autre. Or, tout symptôme hystérique vise à obturer ce manque et à le maintenir vide en même temps. À ce titre, le rapport au logement peut être compris comme symptôme du rapport du sujet au manque dans l’Autre. Toute référence à cet article doit porter mention : Vinot F. Hystérie et structure d’hébergement : nouvelles notes pour une clinique de l’habiter. Evol psychiatr XXXX; vol (n o ): pages (pour la version papier) ou Adresse URL [date de consultation] (pour la version électronique). Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] 0014-3855/$ see front matter © 2014 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. http://dx.doi.org/10.1016/j.evopsy.2014.02.001 EVOPSY-824; No. of Pages 11

Hystérie et structure d’hébergement : nouvelles notes pour une clinique de l’habiter

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L’évolution psychiatrique xxx (2014) xxx–xxx

Disponible en ligne sur www.sciencedirect.com

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Article original

Hystérie et structure d’hébergement : nouvelles notespour une clinique de l’habiter�

Hysteria and housing service: New notes in favour of a clinical approachto dwelling

Frédéric Vinot (Docteur en Psychologie Clinique, Psychanalyste,Maître de Conférences en Psychologie Clinique) ∗

UFR lettres, arts et sciences humaines, laboratoire LIRCES (EA3159), université de Nice Sophia-Antipolis, 98,boulevard Édouard-Herriot, BP 3209, 06204 Nice cedex 3, France

Recu le 14 novembre 2012

Résumé

Objectifs. – Si l’on constate une très forte actualité des travaux en sciences humaines sur la question del’habiter afin de la différencier radicalement de celle du logement, les propositions psychanalytiques sontpeu nombreuses. Dans ce cadre, l’auteur propose d’explorer la conception lacanienne de l’habiter afin derepérer les effets de l’habiter sur le rapport au logement.Méthode. – L’article s’appuie sur l’analyse d’une supervision de travailleurs sociaux d’un centred’hébergement. La problématique clinique d’une femme accueillie au centre et voulant – sur un mode hysté-rique – s’en faire « le centre » permet de présenter les liens et différences entre les conceptions de Heideggeret de Lacan : tous deux pensent l’habitat en termes langagier. Cependant, si pour le philosophe, le langageest la maison de l’être, pour le psychanalyste l’habitat langagier implique également une dimension deperte corporelle (castration symbolique présentant comme un « loyer langagier »). Cette conception d’uneclinique psychanalytique de l’habiter peut être modélisée par une réinterprétation du schéma du Graphe(1958), schéma permettant de repérer la distinction entre « habiter le langage » (névrose) et « être habité parle langage » (psychose).Résultat. – Cette approche débouche sur une conception métapsychologique de l’habiter incluant donc unedéshabitation initiale concue comme confrontation du sujet au manque dans l’Autre. Or, tout symptômehystérique vise à obturer ce manque et à le maintenir vide en même temps. À ce titre, le rapport au logementpeut être compris comme symptôme du rapport du sujet au manque dans l’Autre.

� Toute référence à cet article doit porter mention : Vinot F. Hystérie et structure d’hébergement : nouvelles notes pourune clinique de l’habiter. Evol psychiatr XXXX; vol (no): pages (pour la version papier) ou Adresse URL [date deconsultation] (pour la version électronique).

∗ Auteur correspondant.Adresse e-mail : [email protected]

0014-3855/$ – see front matter © 2014 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.http://dx.doi.org/10.1016/j.evopsy.2014.02.001

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Discussion. – Le cas évoqué démontre un lien entre le fantasme hystérique (et le transfert qui le traduit) etune modalité symptomatique de maintien de l’habiter. Cela permet d’interroger les ressorts psychiques dela précarité et le rapport au logement.Conclusion. – Il y a différentes manières d’habiter, c’est-à-dire différentes manières de se situer face aumanque dans l’Autre. Dans le cas d’hystérie développé, il apparaît que le rapport symptomatique au logementest aussi une facon de maintenir le langage habitable.© 2014 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Mots clés : Psychanalyse ; Hystérie ; Fantasme ; Précarité ; Habiter ; J. Lacan ; Structure d’hébergement ; M. Heidegger ;Étude théorique ; Cas clinique

Abstract

Objectives. – Although we notice a very strong current of the works in human sciences on the question of‘dwelling’ to differentiate it radically from ‘housing’, the psychoanalytical proposals are sparse. The authorsuggests investigating the lacanian concept of dwelling.Method. – The article is based on the analysis of a supervision of social workers of a housing service. Theclinical case of a woman excluded from her housing illustrates the links and the differences between theconcepts of Heidegger and Lacan: both of them think of dwelling in terms of language. However for thephilosopher, the language is the house of the being; for the psychoanalyst the linguistic housing environmentalso implies a dimension of physical loss. This psychoanalytical concept of dwelling can be modelled withan interpretation of the lacanian Graph (1958), which allows us to understand the distinction between “todwell in the language” (neurosis) and “be dwelled by the language” (psychosis).Results. – This approach results in a conception of dwelling including an initial “uninhabitation” conceivedas a confrontation of the Subject with the lack of the ‘Other’. Any hysterical symptom aims at filling this lackand at keeping it empty at the same time. The relationship to the housing can be understood as a symptomof the Subject to the lack of the Other.Discussion. – The clinical case demonstrates a link between the hysterical fantasy (and its transference)and a symptomatic modality of housing. It questions the psychical dimensions of precariousness and therelationship to housing.Conclusion. – There are various ways to dwell, i.e., to face up to the lack of the Other. In the developed caseof hysteria, it seems that the symptomatic relationship to housing is also a way to maintain an ‘inhabitable’language.© 2014 Elsevier Masson SAS. All rights reserved.

Keywords: Psychoanalysis; Hysteria; Phantasy; Precariousness; Dwelling; J. Lacan; Housing service; M. Heidegger;Theoretical study; Clinical case

Dans un article précédent [1], j’ai proposé l’idée d’une clinique de l’habiter, initialementappréhendée à partir de rencontres cliniques de dits sans domicile fixe. Il était alors principalementquestion de relever quelques éléments d’une analyse sociologique du Samu social pour relanceret préciser la place du langage dans les pratiques de maraude. Dans cette optique, écouter unsujet, c’est écouter son rapport au langage et la facon dont il l’habite ou en est habité. Ce quiimplique que l’éviction de la parole contient en elle-même une éviction de l’habiter. Ce n’est pasle moindre paradoxe de la clinique de la rue que d’être au plus près d’une clinique de l’habiter !

Mon propos cette fois-ci concernera ce qu’on pourrait présenter comme une césure entrese loger et habiter. Cette distinction inaugurée par Martin Heidegger à partir des années 1950,fait aujourd’hui l’objet d’une importante reprise comme l’attestent les récentes publications denombreux philosophes contemporains [2] (mentionnons par exemple Henri Maldiney [3], Thierry

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Paquot [4], Chris Younès, Benoît Goetz [5], Michel Serres [6], etc.), d’anthropologues et desociologues (Michel Agier [7], Francois Laplantine [8] Jean-Paul Martineau [9]), ou encore depenseurs de la géographie (Augustin Berque [10], Michel Lussault [2]), ou de l’esthétique (BernardSalignon [11]).

On le voit c’est un vaste champ des sciences humaines qui se penche actuellement sur laquestion de l’habiter, y compris dans ses conséquences socio-éducatives comme en témoigne unrécent numéro de la revue Vie Sociale et Traitement [12]. Or, il nous faut bien reconnaître que lespropositions psychanalytiques sur ce point sont, à ce jour, aussi discrètes que peu nombreuses. Laquestion que nous traiterons est donc celle-ci : comment une clinique psychanalytique référée à lastructure du langage nous permet-elle de penser cette question du rapport au logement – dont onsait à quel point elle peut être souvent évoquée par les patients – en la différenciant et la référantà la question de l’habiter ? S’il y a bien une pratique clinique qui permette de mettre en évidencecette distinction, cette césure entre l’habitat et le logement, c’est précisément celle qui se vit et seconstruit au quotidien dans les centres d’hébergement.

1. Clinique de l’habiter : la dame aux lapinous, 1re partie

Nous voici donc dans une institution qui héberge et accompagne des personnes en situationde grande précarité, puisqu’elles n’ont plus de logement. Dans le cadre d’une supervision, lesprofessionnels de l’équipe parlent ce jour-là d’une femme qu’ils ont en accompagnement depuisquelques mois. Ayant perdu son emploi, et son logement de fonction, elle consomme régulièrementde l’alcool, se creusant ainsi un certain déficit : « alors qu’elle n’a pas de sou, elle a besoin d’alleracheter du vin » est-il dit. Une fois hébergée dans l’institution, cette femme a dans un premiertemps intrigué son monde en disposant à sa fenêtre de nombreuses peluches de lapins. L’équipedécouvre ensuite qu’elle a accroché dans le logement qui lui était attribué le poster d’un lapinparticulièrement en forme, puisque doté d’attributs extrêmement visibles et fort remarquables.Constatant que les lapins et leur dimension hautement sexualisée commencent à envahir l’espacecommun de l’institution, la nécessité d’une clarification entre espace privé et espace public se faitsentir, il est donc fait appel au chef de service, mais au-delà de cette réponse circonstancielle, unequestion se pose : que faire de ces lapins priapiques et surtout de l’usage transférentiel supposéqu’en fait cette dame ? Peu à peu, les membres de l’équipe repèrent que cette femme s’adresse sys-tématiquement à chacun d’entre eux au sujet des lapins, ce qu’ils appellent son « délire lapinou »,en interprétant d’abord ces demandes récurrentes comme une tentative de repérer des failles dansl’équipe, voire d’y mettre le bazar. Mais il leur apparaît bientôt qu’elle s’applique avant tout, jouraprès jour, à devenir leur objet de discussion, mieux : il s’agit d’être au centre de l’institution,d’en devenir son liant. Il s’agit en fait d’être l’objet qui permettrait qu’il y ait du rapport entre lesmembres de l’équipe. Elle s’emploie donc à faire « la copule » comme le dit Lacan à propos deDora [13]. Et cette position ne va pas sans générer chez l’équipe un malaise croissant confondantle fait de l’expulser de cette position centrale et celui de l’expulser de la structure d’hébergement.

Mais que faisait cette dame auparavant ? Il est remarquable qu’elle ait exercé la fonction de. . .

concierge, fonction que la sagesse populaire crédite d’une aptitude certaine à se mêler de tout,ou plutôt du tout. Néanmoins, quelque chose avait dû finir par mal se passer puisqu’elle évoquerégulièrement des années de lutte contre le syndic, contre les co-propriétaires qui cherchèrent àl’expulser et qui y réussirent.

Et maintenant, où est-elle logée dans cette institution ? Eh bien, dans la loge anciennementattribuée à la concierge : « Chouette la loge ! J’y suis, j’y reste ! » avait-elle lancé au défi de sacondition d’hébergée temporaire (l’accompagnement proposé par l’institution est concu comme

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limité dans le temps). « J’y suis, j’y reste » : la formule n’est pas sans intérêt, elle sonne commel’équivalent moïque d’un cogito propriétaire : « je reste donc je suis »1. On voit donc ici unerépétition s’engager qui prend comme terrain manifeste le rapport au logement alors que ce quiest en jeu serait une facon d’habiter l’Autre auquel le sujet s’adresse dans le transfert. L’enjeu dela différenciation habitat/logement est justement de permettre un repérage clinique des effets del’un sur l’autre, à savoir les effets de l’habiter sur le logement.

À sa facon, Bernard Salignon repère bien cette césure telle que la langue allemande peut la faireentendre. L’allemand dispose en effet de deux termes pour désigner la maison : Haus et Heim.Si Haus désigne la réalité matérielle de la construction, Heim renvoie quant à lui à « l’indiciblede la maison, irréductible à l’objectivation [. . .] la langue révèle qu’il n’y a pas d’images ni demots pour représenter cet intime, en faisant de Heim la racine du mot qui signifie en allemand “lesecret” » [11]. C’est vers cet indicible au cœur secret non pas de la langue, mais du langage quenous invite cette clinique de l’habiter. Il s’agira donc moins de développer un « habitat intérieur »(Alberto Eiguer [14]), ou d’explorer « ce feuillet le plus externe de l’enveloppe psychique » (DidierAnzieu2) que de prendre acte de la distinction radicale entre l’habiter et le logement que nousrecevons de l’enseignement de Lacan, pour ensuite en repérer les usages subjectifs, déployésnotamment sur le versant de l’hystérie (tel que la dame aux lapinous nous les fera comprendre).

2. De l’habitat langagier selon Lacan

Petite devinette impertinente : comment dit-on en lacanien « avoir un toi(t) sur la tête » ?Réponse :

S1

$

Avoir un S1 sur le $, c’est-à-dire un signifiant maître qui le nomme « Toi », T-O-I. C’en est enquelque sorte la porte d’entrée dans le discours du Maître. Mais ce toit, T-O-I-T, en est-on proprié-taire ? Qu’y a-t-il de si redoutable pour de nombreux patients dans l’engagement que constituel’acquisition d’un appartement, d’une maison ? Ne serait-ce pas la crainte qu’avec l’accession austatut (social) de propriétaire s’évanouisse le statut (inconscient) du sujet à savoir qu’il est toujourslocataire. . . de l’Autre ? Sans faire référence à l’expérience psychanalytique Benoit Goetz, écritdans Théorie des Maisons : « le danger qui guette c’est que le locataire se persuade trop fortementqu’il est bel et bien propriétaire de cet espace qu’il occupe de manière transitoire. « Personne n’estchez soi » nous rappelle Emmanuel Levinas. « Nous sommes tous des étrangers, des passagers,des locataires, mais nous avons tendance à l’oublier » [5]. Le sujet est donc fondamentalementlocataire en tant qu’il a à payer, régulièrement, et même très régulièrement : à chaque acte de parolecorrespond son coût de castration. L’oubli du loyer se paye cher. Et nous voilà donc questionnéssur ce qu’est qu’habiter. . . Mais qu’habite-t-on ?

Lacan s’est saisi du terme dès les années 1950 pour appuyer son retour à Freud. Dans leséminaire III, il évoque, je cite, « le langage en tant qu’il est habité par le sujet, lequel y prend

1 Ce à quoi l’analyste répondrait en silence : « je suis donc ce reste ». . .2 Dans cette conceptualisation, l’habitat est en effet défini comme « un feuillet de l’enveloppe psychique construit

méthodiquement à partir d’un matériau perceptif et moteur, selon les repères temporels et spatiaux de notre mondeeuclidien, en un agencement cohérent et stable, dont la texture et la forme sont précisément liées à ces qualités de stabilitéet de cohérence (. . .) Dans la cure analytique, l’habitat est représenté par l’espace temps de la séance, le rythme desséances, la règle fondamentale, etc., cadre nécessaire pour opérer le tissage de la membrane » [15].

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plus ou moins la parole, et par tout son être, c’est-à-dire en partie à son insu ». Et il continue :« comment ne pas voir dans la phénoménologie de la psychose que tout du début à la fin, tient àun certain rapport du sujet à ce langage tout d’un coup promu au premier plan de la scène, quiparle tout seul, à voix haute, dans son bruit et sa fureur comme aussi dans sa neutralité ? » Et ilconclut ainsi : « si le névrosé habite le langage, le psychotique est habité, possédé par le langage »[16]. Remarquons la nuance : nous passons de la propriété – qui, comme je le développerai plusbas, serait peut-être le fantasme du névrosé – à la possession, manifestation d’un langage venanthabiter le sujet.

Il est remarquable qu’une fois énoncée (en 1956), cette conception de l’habitat langagier nequittera plus Lacan puisqu’on la retrouve tout au long du séminaire et de ses textes écrits, lamodifiant à chaque fois selon l’avancée de ses réflexions. Pour ne citer que quelques exemples :en 1965 « j’essaie de situer ce qu’il en est des conséquences d’avoir précisément à se situer, àhabiter le langage articulé »3 ; ou encore dans un texte comme « L’étourdit » où il est question du« stabitat »4 [17] ; et enfin dans le séminaire Encore, où le rapport à la langue est dit cette fois-ci de« cohabitation »5 [18]. Si un repérage plus précis et ordonné reste à faire, il convient de remarquerque cette conception du langage comme habitat ne vient pas de nulle part.

Il est fort probable que Lacan l’ait trouvée chez Heidegger. Les propos de ce dernier sur lelangage disent clairement ce que Lacan lui doit (tout du moins dans les années 1950). On lit eneffet chez Heidegger ceci :

« à la fois effrénés et habiles, paroles, écrits, propos radiodiffusés, mènent une danse folleautour de la terre. L’homme se comporte comme s’il était le créateur et le maître du langage,alors que c’est celui-ci au contraire qui est et demeure son souverain. Quand ce rapportde souveraineté se renverse, d’étranges machinations viennent à l’esprit de l’homme. Lelangage devient un moyen d’expression. En tant qu’expression, le langage peut tomber auniveau d’un moyen de pression [. . .] Au sens propre du terme, c’est le langage qui parle.L’homme parle seulement pour autant qu’il répond au langage en écoutant ce qu’il lui dit »[20].

Cette conception de la prise de parole en tant que réponse au langage (et non à une autre parole,ce qui serait alors communication) se retrouve tout à fait dans la modélisation du graphe du désir,dans le fait que le symptôme, par exemple, est concu comme s(A), soit le signifié de l’Autrevenant du lieu de la parole [21].

Cependant, il y a peut-être une distinction à souligner. Certes, la psychanalyse et la penséede l’être s’accordent pour reconnaître que l’être humain est subordonné au langage et non passon maître. Mais si pour Heidegger, « le langage est la maison de l’être. Dans son abri habitel’homme » [22], pour Lacan le langage est plutôt ce qui tombe sur un animal pour en faire unparlêtre, il est donc loin d’en être la « niche »6. Le corps humain ne ressort pas indemne de cetoi(t) qui lui tombe sur la tête ! Il en est meurtri, et par là-même se met à désirer trouver un autre,de toit, ou plutôt chez un autre supposé « mieux » ou détenir « quelque chose en plus » (S2/a). Ma

3 Lacan J. Le Séminaire Problèmes cruciaux pour la psychanalyse. Inédit.4 « Mais de quoi s’agit-il ? Du rapport de l’homme et de la femme en tant justement qu’ils seraient propres, de ce qu’ils

habitent le langage, à faire énoncé de ce rapport. Est-ce l’absence de ce rapport qui les exile en stabitat ? Est-ce d’labiterque ce rapport ne peut être qu’inter-dit ? » [17].

5 La distinction entre « habiter le langage » et « co-habiter avec la lalangue » est abordée dans un autre texte [19].6 La prise de distance de Lacan vis-à-vis d’Heidegger sur la question de l’habitat langagier est abordée par Francois

Balmès [23].

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première écriture (S1/$) si elle est nécessaire, était donc loin d’être suffisante. Le « chez » advienten second, où l’on retrouve le « personne n’est chez soi » qu’écrivait Lévinas [24]. On est toujourschez l’Autre. Ce qui s’écrit :

S1

$→ S2

a

On aura reconnu ici l’écriture finalisée du Discours du Maître (que Lacan référait directementà l’inconscient) mais dès 1957 on peut déjà lire en toute lettre cette idée dans une remarque àpropos de l’objet : « un objet est toujours une reconquête. C’est uniquement à reprendre une placequ’il a d’abord déshabitée, que l’homme peut arriver à ce que l’on appelle improprement sa propretotalité » [25]. La totalité ne se fantasme donc qu’à reprendre une place initialement déshabitée,ce que notre seconde partie développera. Assumer cette déshabitation initiale serait donc renoncerà la totalité. . .

Disons-le maintenant autrement : d’une certaine facon, si la logique de l’aliénation instaure unbail et un prix à payer pour habiter le langage, la logique de la séparation, elle, en serait le momentdu paiement. Ce sont deux temps différents. On ne paye pas son loyer avec le bail (autrementdit avec les signifiants), pour payer il faut la mise en circulation d’une monnaie (c’est-à-direl’objet a). Cela peut se lire dans le Graphe du désir tel qu’il est développé dans le séminaire de1957–1958 sur Les Formations de l’inconscient [21]. Circuler dans le Graphe, c’est l’occasion devisiter une maison non pas de plein pied, mais une maison à étages. Le graphe raconte commentle sujet, articulant vers l’Autre sa demande dans la chaîne signifiante, va rencontrer chez l’Autreune réponse et un désir. La réponse (aliénation) se situe au premier étage, le désir (séparation)au second. Je m’appuierai dès maintenant sur une version simplifiée du « Graphe du désir » selonLacan [21] (Fig. 1).

Fig. 1. Version simplifiée du graphe du désir.

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Le premier étage est celui où, pour l’enfant, l’Autre se situe d’emblée comme toute-puissancesymbolique. Le grand Autre y est présenté comme le code, ou le « trésor des signifiants », il imposeau sujet l’aliénation à ses signifiants. Remarquons qu’à cet étage cet Autre n’est pas barré. D’unecertaine facon, c’est ce que décrit fort bien la fameuse expression du « bain de parole »7. Mais àen rester là, dans ce bain, il y a un risque car c’est bien à en rester à cet étage que le sujet peutdéfinitivement être habité par le langage. En effet, si on en reste à une interprétation non désirantede l’Autre (pas de référence faite à Abarré, pas de symbolisation du second étage), le bain delangage ne vient en rien extraire la jouissance du corps du sujet. On peut par exemple penser auPrésident Schreber et à ce qu’il peut témoigner de ce qu’il appelle « la langue fondamentale ».Lacan l’analyse ainsi : « ce sont des éléments originaux du code, articulables les uns par rapportaux autres, car cette langue fondamentale est si bien organisée qu’elle couvre littéralement lemonde de son réseau signifiant, sans que rien d’autre soit là sûr et certain, sinon qu’il s’agitde la signification essentielle, totale » [21]. On retrouve ici très nettement cette dimension d’unenveloppement de langage (qui couvre, baigne littéralement et totalement le monde), langage sansmanque organisateur qui soit symbolisé. Voilà donc les effets d’une aliénation qui ne se risqueraità aucune séparation. Et le petit Hans ne s’y est pas trompé, lui qui précisément, passe du fantasmede la baignoire à celui du. . . percoir8 !

Le second étage, par contre, est celui qui partant de l’Autre comme lieu du code, est en quelquesorte aspiré par le signifiant du manque dans l’Autre : S(Abarré). Au-delà de la réponse de l’Autre,il y a son désir : « l’Autre me dit ca, mais que me veut-il ? ». On remarquera qu’en chemin Lacanprend soin de situer le mathème de la pulsion ($♦D). À cet étage, comme l’Autre ne répond plus,le sujet est renvoyé à sa propre demande, ce qui le pousse à en articuler les signifiants pulsionnels(ce qui est la stricte définition lacanienne de la régression9). Deux remarques au sujet de ce secondétage :

• c’est bien parce qu’il y a ce lieu là, S(Abarré), ce lieu du manque dans l’Autre qu’une habitationest possible. Ce lieu c’est par exemple un point de silence que vient réévoquer l’analyste danssa pratique. C’est ce qu’indique Lacan dans un texte de 1958 « La direction de la cure etles principes de son pouvoir » lorsqu’il pose cette question « À quel silence doit s’obligermaintenant l’analyste pour dégager au-dessus de ce marécage [l’analyse qui répond à tous lesdésidérata de la demande] le doigt levé du Saint-Jean de Léonard, pour que l’interprétationretrouve l’horizon déshabité de l’être où doit se déployer sa vertu allusive ? » [27]. Le silence etl’interprétation sont ici mis en lien avec cet horizon déshabité de l’être qui permet une habitationdu langage. On habite le langage en tant qu’il est déshabité de l’être. En 1965, Lacan le dirad’une autre facon : « on habite le langage [. . .] mais on n’habite pas le manque. Le manque,

7 On trouve par exemple cette expression chez D. Anzieu : « À l’occasion de la tétée et des soins, le bébé [. . .] est tenudans les bras, serré contre le corps de la mère dont il sent la chaleur, l’odeur et les mouvements, porté, manipulé, frotté,lavé, caressé, le tout généralement accompagné d’un bain de paroles et de fredonnements » [26].

8 « Nous voyons déjà se dessiner le mode de suppléance qui permettra de dépasser la situation primitive, dominée par lapure menace de dévoration totale par la mère. Quelque chose s’en dessine dans le fantasme de la baignoire et du percoir.Comme tous les fantasmes du petit Hans, c’est un commencement d’articulation de la situation. Il y a, si l’on peut le dire,retour à l’envoyeur, c’est-à-dire à la mère, de la menace. La mère est déboulonnée, et c’est le père qui est appelé à jouerle rôle de perceur » [25].

9 « Par l’intermédiaire de la demande, tout le passé s’entrouvre jusqu’au fin fonds de la première enfance. Demanderle sujet n’a jamais fait que ca, il n’a pu vivre que par ca, et nous prenons le relais. C’est par cette voie que la régressionanalytique peut se faire et qu’elle se présente en effet [. . .] La régression ne montre rien d’autre que le retour au présent,de signifiants usités dans des demandes pour lesquelles il y a prescription » [27].

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Fig. 2. Écriture de l’habiter selon le graphe du désir.

lui, peut habiter quelque part [. . .] il habite à l’intérieur de l’objet a, non pas l’Autre, espacedans lequel se déploient les versants de la tromperie, mais le désir de l’Autre est là, caché aucœur de l’objet a »10. Dans cette dernière phrase, on retrouve le champ subjectif de nos deuxétages ;

• que la pulsion soit ce qui mène au signifiant du manque dans l’Autre, rendant le langage habi-table, nous enseigne sur la dimension pulsionnelle du paiement. Au-delà du symbolisme analde l’argent, il y a une dimension pulsionnelle propre au loyer psychique et c’est dans la logiquede la séparation qu’elle est le plus à l’œuvre. Le loyer se paie donc en « petites coupures »,comme on dit dans les films policiers, « coupure qui trouve faveur du trait anatomique d’unemarge ou d’un bord », selon la célèbre phrase de Lacan [28]. Cela est reportée sur la Fig. 2[21].

C’est parce que l’Autre est désirant que le sujet peut (et doit dans un premier temps11)s’identifier à l’objet de ce désir, ce que Lacan nomme phallus imaginaire (�), pour ensuite quit-ter cette place (−�). Il n’est pas sans intérêt de rappeler ici que le verbe « habiter » provientétymologiquement du latin habere « avoir ». Si bien que du point de vue analytique, habiter seréalise effectivement avec l’avoir, non pas sur la modalité d’une quelconque appropriation, maisen référence à l’accès à la dialectique d’avoir le phallus, dépassant ainsi celle d’être le phallus (ceen quoi consiste précisément le passage de � à −�).

Nous avons ici une conception relativement précise de la facon dont la clinique psychanalytiquepeut appréhender l’habiter, que je propose de comprendre comme le mode de prise en charge par un

10 Lacan J. Le Séminaire Problèmes cruciaux pour la psychanalyse (3/02/1965). Inédit.11 Cf. les trois temps de l’œdipe développés dans [21].

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sujet du vide central qui constitue le cœur même de son rapport au désir12. Il n’est pas inopportunde rappeler ici ce que Lacan disait de « l’architecture primitive », à savoir qu’elle « peut être définiecomme quelque chose d’organisé autour d’un vide » [29]. On comprendra donc que les velléitésde ne plus payer ce loyer psychique, ou d’opturer cet « horizon déshabité de l’être », soient aucœur de la clinique. Or, ces velléités symptomatiques viennent parfois se jouer directement sur leterrain du logement, soit la matérialité de l’habitation. Il y a donc à faire une stricte distinction,une césure, entre le logement et l’habitation, afin de repérer les effets d’un champ sur l’autre.

3. Hystérie et hébergement : la dame aux lapinous (seconde partie)

Revenons maintenant à la situation clinique évoquée plus haut. La dame aux lapinous futexpulsée de son logement de concierge, du fait que les co-propriétaires ne supportaient pas seslapins, dit-elle. Des problèmes de santé et d’alcool la mènent à être prise en charge par le centred’hébergement, et elle en vient peu à peu, par la prolifération des lapins et des demandes, aviset conseils, à véritablement saturer l’équipe, ce que nous avons référé plus haut à la fonctionde la copule. L’écriture du fantasme hystérique qui apparaît à deux reprises dans le séminaire Letransfert13 va nous permettre de remarquer certains effets de ce fantasme dans les champs sociauxdu budget et du logement pour en inférer quelques hypothèses sur le plan transférentiel. Lacanénonce ce fantasme de cette facon « a sur moins-phi, dans son rapport à grand A » :

a

−ϕ♦ A

Comprenons ce mathème ainsi : l’hystérique, méconnaissant son désir (−� est sous la barre)se fantasme comme objet (a est sur la barre) venant combler l’Autre qui, du coup en perdrait sabarre, le pauvre. Sacrifiant son désir, l’hystérique s’offre donc comme pourvoyeuse du phallusimaginaire, celui qui est imaginé pouvoir « recompléter, réparer, réanimer, réassurer » l’Autre14.L’hystérique se fantasme comme étant l’objet assurant la jouissance du partenaire, mieux : commel’être fantasmatiquement indispensable à un Autre non barré, c’est-à-dire indispensable à unmonde d’harmonie. Ce qui s’entend dans bien des occasions de la vie mondaine : l’aspiration àune famille dans laquelle tout le monde, enfin, s’entendrait, ou dans laquelle la paix régneraitentre frères et sœurs ; ou bien un travail dans lequel la communication régnerait entre salariés etdirection. On sait ce qu’il advient de ce « règne ». . . il ne dure pas longtemps. Cette localisation« entre » n’est pas sans intéresser notre propos, car la dame aux lapinous fait tout pour que saposition entre fasse enfin rapport. Entendons le con/cierge. . . C a insiste du côté d’un rapport !Mais rapport entre quoi ? Entre qui ? Et quels en sont les effets sur l’habitation langagière ?

Eh bien, d’une certaine facon, le fantasme de l’hystérique c’est de joindre les deux bouts. Etla diversité des moyens pour tenter d’y parvenir n’a d’égal que l’acharnement à pousser à boutcette logique jusqu’à en dévoiler l’impossible, pour ensuite la relancer ailleurs. Dans le SéminaireVIII, Lacan le dit ainsi : « Ce dont il s’agit pour Dora, comme pour toute hystérique, c’est d’êtrela procureuse de ce signe sous la forme imaginaire. Le dévouement de l’hystérique, sa passion des’identifier avec tous les drames sentimentaux, d’être là, de soutenir en coulisse tout ce qui peut

12 Sur ce point, la proximité de l’apport lacanien [29] avec les méditations de Heidegger est manifeste dans la référenceà la fonction du vide dans la métaphore du vase. F. Balmès [23] y a consacré un éclairant travail.13 Cf. séances du 19 et 26 avril 1961.14 Verbes employés par Lacan [13].

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se passer de passionnant et qui n’est pourtant pas son affaire c’est là qu’est le ressort, la ressourceautour de quoi végète et prolifère tout son comportement » [13].

Pour la dame aux lapinous c’est précisément dans l’Autre institutionnel qu’elle tente de nouveaude faire joint : elle fait joint entre les membres de l’équipe. Elle végète et prolifère à la fois surce mode de jouissance. Elle se trouve ainsi au centre du centre d’hébergement, là où devraitêtre le vide inhérent à toute institution. . . Bref, si le fantasme prend corps, ca rend l’institutioninhabitable ! Et précisément, « ne pas arriver à joindre les deux bouts », formule symptomatiquede la précarité hystérique – ou aussi bien formule hystérique de la précarité symptomatique –« ne pas arriver à joindre les deux bouts », donc, c’est non pas tant objecter à la réalisation dece fantasme, mais plutôt transférer, déplacer le manque dans l’Autre en manque d’argent, à lamanière d’une conversion. Creuser le déficit budgétaire, à défaut de creuser ce trou dans l’Autregarant de l’habitation.

4. Conclusion

La clinique de l’hystérie lorsqu’elle s’adresse à l’Autre social nous pousse donc à cette conclu-sion : faire en sorte que les deux bouts ne se joignent pas, y compris au détriment du budgetquotidien, c’est s’employer à se faire chuter, en tant que phallus imaginaire, ce phallus imaginairequi viendrait combler l’Autre (en faire joindre les deux bouts) et qui, du coup, risquerait de rendrele langage inhabitable. On débouche ainsi sur ce constat : ne pas joindre les deux bouts est aussiune facon d’habiter.

Déclaration d’intérêts

L’auteur déclare ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article.

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