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Newsletter Hiver 2014 © IDAY-International aisbl Porte-voix pour l’éducation en Afrique La vie du réseau IDAY Projet régional Travailleurs domestiques Entretiens avec Patrick Spirlet (UE) et Minoru Nagasawara (OIT- Kenya) Rubriques Les travailleurs invisibles IDAY

IDAY Lettre d'information - Les Travailleurs invisibles

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Rubriques : Les nouvelles du réseau, Le projet régional des travailleurs domestiques, Des interviews avec des spécialistes de l'UE et de l'OIT, Le projet FES au Togo.

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NewsletterHiver 2014

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Porte-voix pour l’éducation en Afrique

La vie du réseau IDAY Projet régional Travailleurs domestiques

Entretiens avec Patrick Spirlet (UE) et Minoru Nagasawara (OIT- Kenya)

Rubriques

Les travailleurs invisibles

IDAY

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IDAY p. 2 / Hiver 2014 www.iday.org

Noël est pour beaucoup un moment d’espoir pour un monde meilleur et plus solidaire. A cette occasion, je souhaite exprimer une pensée spéciale pour :

- Les 185 personnes, principalement des femmes et des enfants, qui viennent d’être enlevées au Nigéria par Boko Haram ainsi qu’aux 224 jeunes Nigérianes qui vivent un calvaire depuis plus de 200 jours. IDAY exprime sa sympathie pour Madame Hadiza Bala Usman, qui mène avec courage la campagne pour libérer ces filles et pour nos membres, Chief Yemisi A. Sanusi et M. Mohammed Attah, qui apportèrent leur concours à cette campagne.

- Les plus de 1000 jeunes, hommes, femmes et enfants africains, qui trouvèrent la mort cette année lors de tentatives d’émigration clandestine provoquées par le manque de perspectives dans leur pays.

- Les familles des victimes des violences au nord du Nigéria et en République Démocratique du Congo, de l’épidémie d’Ebola en Guinée, au Sierra Leone et au Libéria, sans oublier les parents des 400 000 enfants morts du paludisme alors qu’il existe un remède qui devrait être accessible à tous.

- Les milliers de mineurs en prison à travers l’Afrique, qui sont privés de l’éducation qui leur permettrait de mener une vie digne. Les centaines de milliers, si ce n’est millions, d’enfants travailleurs domestiques à qui est dédié cette Newsletter et les enfants, particulièrement les filles, vivant dans les zones de conflits/post-conflits ou ces camps de réfugiés dans lesquels l’accès à la scolarité reste incertain.

- Barbara Twikirize Kanwarutokye, cette travailleuse domestique ougandaise de 18 ans brûlée vive par ses employeurs alors qu’elle venait leurs demander le paiement de son modeste salaire. Sans oublier les travailleurs domestiques qui manquent de professionnalisme dans leur fonction, se vengent par frustration pour certains, là où aucune réglementation ne protège les employés et les employeurs.

Comme le demande Madame Usman « levons-nous main dans la main pour défendre les opprimés » et construire un monde plus juste. Cela fait chaud au cœur de voir tant d’organisations africaines qui se mobilisent pour relever ce défi et nous sommes heureux de leur témoigner notre profond respect pour leur travail incessant.

Joyeux Noël et Bonne Année nouvelle.

Jean-Jacques SchulPrésident-fondateur d’IDAY-International

Avec le soutien de la Fondation Roi Baudouin

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Sommaire

2 - Mot du Président d’IDAY3 - Actualités IDAY-International4-5 - Projet régional Travailleurs domestiques 6 - Interview de Patrick Spirlet (UE-Burundi)7 - Entretien avec Minoru Ogasawara (ILO-Kenya)8 - Projet FES au Togo

A propos d’IDAY

IDAY-International est un réseau de plaidoyer regroupant les associations de la société civile africaine oeuvrant pour l’éducation.

IDAY-International se bat pour le droit de tous les jeunes Africains à une éducation de base de qualité en encourageant un dialogue constructif entre la société civile africaine et ses gouvernements.

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IDAY-International 19, rue des Jambes - 1420 Braine-l’Alleud - Belgique Editeur Responsable : J-J. SchulRédacteur en chef / graphiste : L. FourmentinTél. +32 (0)2 385 44 12 - [email protected] bancaire : IBAN - BE 93 5230 8026 6767BIC - TRIOBEBB (TRIODOS).

Rendez-vous sur notre site internet www.iday.org et recevez notre newsletter tous les trimestres en nous envoyant un mail à : [email protected]

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IDAY

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IDAY p. 3 / Hiver 2014www.iday.org

A Muramvya, Burundi, les 6 et 7 novembre 2014, des coalitions nationale membres du réseau IDAY se sont réunies pour l’Assemblée régionale d’Afrique de l’Est. Les coalitions représentées étaient celles du Burundi, de la RDC, du Kenya, de l’Ouganda, du Rwanda et de la Tanzanie. Deux représentants d’IDAY-International étaient aussi présentes ainsi qu’Eric Uwintwaza de Burundi Compétences, qui a animé des séances de réflexion sur le plaidoyer et l’engagement collectif des membres.

Les échanges et les décisions ont porté sur les points suivants : la gestion des coalitions, les stratégies de plaidoyer collectif, une réflexion sur IDAY et les objectifs du réseau, un bilan et les perspectives des campagnes régionales, le partage des responsabilités en matière de financement et le cadre régional de coordination et d’échange.

Prix et récompensesLe réseau IDAY est extrêmement fier de voir plusieurs de ses membres récompensés pour leur engagement sans faille pour le développement de l’Afrique et leurs actions envers les plus démunis et vulnérables.

Voici les lauréats de cette année 2014 :

Docteur Denis Mukwege - Prix Sakharov 2014 pour son travail à l’hôpital Panzi en RDC où il soigne et opère les femmes et filles victimes de viols.

Patrick Engeu Ongwang - récompensé par le Ministère de la santé ougandais pour son travail de recherche sur l’Artemisia Annua afin de soigner le paludisme.

Annette Ntignoi pour sa nomination par le Sénat belge au titre de “Femme de Paix 2014” .

Yemisi Sanusi pour son prix “Ambassadrice de la Paix” par la “Universal Peace Federation UK”.

Pour plus d’informations, n’hésitez pas à poser vos questions en envoyant un e-mail à [email protected].

Actualités / IDAY-International

Assemblée régionale IDAY de l’Afrique de l’Est

L’éducation des enfants et des jeunes en situation de déplacement prolongé en Afrique

Des représentants de la société civile de l’Afrique de l’Est, des organisations internationales, des agences des Nations Unies et d’autres se sont réunis les 4, 5 et 6 novembre 2014 à Muramvya au Burundi pour examiner la situation de l’éducation des enfants et des jeunes en situation de déplacement prolongé en Afrique. Ils ont élaboré des pistes d’ action concertée pour promouvoir le droit de tous ces enfants à une éducation de qualité.

Quelques jours après ce séminaire, les membres d’IDAY-Kivu/RDC ont organisé une visite du camp de personnes déplacées de Mugunga à Goma, RDC.

Échanges entre coalitions

Du 21 au 25 décembre 2014, le CIAD (membre d’IDAY-Burundi) a effectué une mission d’appui auprès des membres d’IDAY-Tanzanie au camp de réfugiés de Nyarugusu pour le développement de la culture d’Artemisia annua.

Séminaire régional du 4 au 6 novembre 2014 à Muramvya

Création d’IDAY-Niger

Le réseau IDAY est fier de compter une nouvelle coalition nationale : IDAY-Niger vient en effet d’être constituée. L’Assemblée constituante de la coalition a eu lieu le 30 novembre 2014, 7 organisations fondatrices étaient présentes et ont adopté les statuts, le règlement d’ordre intérieur et procédé à la formation du Bureau Exécutif National.

La nouvelle coalition IDAY-Niger entend compléter l’action du Réseau des Organisations du Secteur Éducatif au Niger (Rosen), notamment en faisant la promotion d’une offre éducative diversifiée et adaptée aux besoins des jeunes non-scolarisés ou déscolarisés.

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IDAY p. 4 / Hiver 2014 www.iday.org

La problématique

Le Rwanda, le Burundi, l’Ouganda, le Kenya et la RDC comptent une multitude d’enfants et de jeunes travaillant comme domestiques. Cette forme de travail attire de nombreuses familles car elle leur offre une alternative au travail de rue, à la délinquance et à l’enrôlement dans les forces armées (en particulier dans le Kivu, au Burundi et au Rwanda).

Cependant, ce travail se transforme trop souvent en quasi-esclavage pour ces travailleurs avec un déni de leurs droits et des traitements inhumains conduisant à des violences psychologiques, physiques ou sexuelles.

De plus, le travail domestique infantile échappe à la surveillance des services de protection de l’enfance car cette forme de travail n’est pas réglementée juridiquement. Ces enfants ne bénéficient donc d’aucune protection contre les abus et se voient complètement privés d’éducation et d’enfance.

Les Travailleurs Invisibles

“ Mettre fin à la violence contre les enfants travailleurs domestiques en Afrique orientale et RDC par la réglementation et l’éducation ”

Le projet

Dès 2010, des ONG membres du réseau IDAY expriment leurs inquiétudes par rapport à cette problématique et se coordonnent pour mener une campagne régionale avec des organismes spécialisés : des représentants du gouvernement du Burundi, de l’UNICEF, de l’Organisation Internationale du Travail (OIT) et des personnalités académiques des pays de la région.

Des enquêtes préliminaires sont alors réalisées par IDAY-DRC à Kinshasa, par IDAY-Ouganda à Kampala et par plusieurs partenaires dans 4 villes du Burundi en 2013. Elles confirment l’urgence de protéger les enfants et les jeunes travailleurs domestiques. Grâce au soutien financier de l’Union européenne, un vaste projet régional de 3 ans est alors mis en place.

Le projet est réalisé dans 5 pays : la RDC, le Burundi, le Rwanda, l’Ouganda et le Kenya, de novembre 2013 à novembre 2016. Il regroupe 14 partenaires, des ONG de la société civile et des Ministères concernés.

Le projet vise à promouvoir des politiques servant à éviter et à répondre aux abus subis par les enfants domestiques et à leur assurer l’accès à une éducation de qualité.

Des expertises locales au cœur du projet

Le projet s’appuie sur des initiatives et expertises locales qui démontrent la validité des mesures proposées. On compte parmi elles le centre de l’association Women and Children Protection (WCP), à l’Est de la République Démocratique du Congo, spécialisé dans l’accueil et la formation des jeunes travailleurs domestiques. La RDC est en effet très touchée par cette problématique et ces centres répondent à un besoin pressant de formation ; formation dont plus de 70% des domestiques souhaitent bénéficier selon les enquêtes locales.

C’est dans ce contexte, et inspiré par le centre de formation de l’association Convergence pour l’Autodéveloppement des Domestiques (CAD) au Burundi, que WCP propose des formations en alphabétisation et en coupe-couture à plusieurs dizaines de jeunes travailleurs domestiques. Dans le cadre de la coalition IDAY-Kivu/RDC, WCP réalise également un important travail de plaidoyer auprès des autorités pour mettre en place des mesures de protection des travailleurs domestiques.

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IDAY p. 5 / Hiver 2014www.iday.org

Projet régional / Travailleurs domestiques

WCP a bénéficié du soutien financier des Soroptimist de Belgique pour démarrer le centre et développer les premières formations :

- 130 jeunes travailleurs domestiques - dont 103 jeunes filles - ont suivi des cours d’alphabétisation pendant 1 an. Ils sont maintenant capables de lire un contrat et d’exiger le respect de leurs droits minimaux auprès de leur employeur. - 50 jeunes travailleurs domestiques ont démarré une formation en couture. Grâce à cette formation, les jeunes filles et garçons sont plus compétents, peuvent prétendre à de meilleures conditions de travail et développer des activités génératrices de revenus.- 50 jeunes travailleurs domestiques suivent actuellement la formation en alphabétisation - Plusieurs campagnes de sensibilisation ont été menées dans les médias et auprès des autorités congolaises

Afin de développer les formations offertes aux enfants et aux jeunes, WCP ouvrira un troisième volet : la formation en cuisine, appelée « Art culinaire » et l’ouverture d’un petit restaurant comme lieu d’apprentissage et pouvant générer des revenus pour le centre de formation.

“ Le travail domestique des enfants constitue, selon l’OIT, l’une des pires formes de travail des enfants et correspond à une forme moderne d’esclavage ”

Le travail des enfants concerne 15,5 millions d’enfants dans le monde

Ouganda - 750 000

Kenya - 1 000 000 Rwanda - 800 000

Burundi - 350 000

RDC - Chiffres non-disponibles

Les estimations portent à 5 millions le nombre de

travailleurs domestiques dans les pays concernés

=Ce qui correspond à

1 domestique par foyer

On estime que 30% des travailleurs domestiques sont des enfants

Quels sont les résultats attendus ?La réglementation légale du travail domestique et la garantie de formations adaptées

et reconnues officiellement par l’État contribueront :

× à augmenter le niveau d’éducation national × à renforcer la reconnaissance sociale et l'exécution du travail domestique comme une profession à part entière respectée × à développer un secteur tertiaire qualifié

Actions d’IDAY× Une vaste enquête régionale menée dans les 5 pays × Une évaluation du cadre de travail juridique et politique × Des campagnes de promotion et de sensibilisation × Des formations et des échanges de bonnes pratiques

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IDAY p. 6 / Hiver 2014 www.iday.org

En quoi les enfants et les jeunes sont-ils spécifiquement impactés par cette problématique ?Au Burundi, le travail domestique est soumis à la règlementation de l’OIT sur les travailleurs domestiques ainsi qu’aux dispositions nationales en matière de droit du travail. Ces instruments contiennent des orientations sur la manière d’éviter le travail des enfants et de protéger les jeunes travailleurs domestiques. Par ailleurs, la Convention des Nations-Unies relative aux Droits de l’Enfant, ratifiée par le Burundi en 1990, énumère les différents Droits des enfants.

Toutefois, malgré ce cadre législatif protecteur et l’engagement du Gouvernement dans la lutte contre le travail domestique des enfants, cette problématique reste préoccupante au Burundi. Les enfants travailleurs sont exposés à des violations de leurs droits les plus fondamentaux. Ils sont victimes de violences physiques, sexuelles ou encore psychologiques.

Pourquoi l’UE a-t-elle choisi de soutenir des projets, dont celui d’IDAY, en faveur des travailleurs domestiques ? De manière générale, la protection et la promotion des droits de la personne humaine et donc de l’enfant sont des objectifs prioritaires de l’Union européenne découlant des engagements internationaux souscrits par l’Union européenne.

Dès lors, l’Union européenne soutient des projets dans le domaine de la protection des enfants et en particulier les cas de ceux qui sont soumis au travail domestique. Il faut rappeler que le travail domestique des enfants entrave à terme le développement d’un pays. En effet, ces enfants employés dans des conditions précaires voire dangereuses sont privés d’éducation, de soins de santé et dans la plupart des cas, ils sont victimes d’insécurité alimentaire.

Ces faits limitent fortement l’accès de ces enfants à l’éducation avec des conséquences importantes sur leur épanouissement, leur développement et leur insertion dans la société. Ce n’est pas un hasard si 7 des 8 Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), instruments destinés à rompre le cycle de la pauvreté, concernent directement ou indirectement les enfants. Ce point est particulièrement important au Burundi, pays qui dont la population est composée à 56 % de mineurs.

Quels sont, selon l’UE, les axes d’ intervention sur lesquels il faut intervenir pour améliorer durablement les conditions de vie des jeunes travailleurs domestiques ?La situation des droits de l’Homme et en particulier des enfants est abordée de manière régulière dans les contacts diplomatiques avec les pays partenaires. Dans le cas qui nous occupe, l’action de l’Union européenne porte notamment sur la prévention du phénomène des Enfants travailleurs domestiques à travers un travail de sensibilisation en continu de la communauté sur les inconvénients de faire travailler les enfants et le développement des alternatives économiques en faveur des familles à risques. Des mesures d’accompagnement des enfants travailleurs domestiques peuvent être envisagées pour permettre leur éventuelle rescolarisation. Il est important de promouvoir un plaidoyer au niveau des pouvoirs publics pour mettre en place un système de protection des enfants domestiques et les sensibiliser à mettre en action les documents qui ont été rectifiés par le Burundi sur la protection des enfants. En effet, le code et les lois sont là, mais il faudrait aussi travailler sur différents niveaux comme l’Inspection du travail par exemple, pour pouvoir mettre en pratique les lois et textes existants.

Par ailleurs, la Délégation de l’Union européenne au Burundi appuie des projets de la société civile visant à répondre à la problématique des enfants travailleurs domestiques.

Quel rôle la société civile burundaise peut-elle jouer dans l’amélioration des conditions de vie des jeunes travailleurs domestiques ?Dans une recommandation consacrée aux racines de la démocratie, la Commission européenne a annoncé un renforcement de l’aide accordée aux organisations de la société civile dans les pays partenaires. Elle a reconnu en ces organisations des acteurs indépendants et efficaces du développement.

A cet égard, la société civile burundaise s’illustre par son dynamisme dans ces différents domaines d’intervention. Je pense que la société civile, comme les différents acteurs gouvernementaux, ont un rôle important à jouer, surtout au niveau du changement de comportement de la société, de l’information de la sensibilisation de la communauté sur le phénomène des jeunes travailleurs domestiques.

Interview de Patrick SpirletChef de la Délégation de l’Union européenne au Burundi

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IDAY p. 7 / Hiver 2014www.iday.org

Spécialiste du travail des enfants pour l’OIT au Kenya

Interviews / Entretiens

Entretien avec Minoru Nagasawara

1. Pourriez-vous décrire la problématique du travail domestique et la manière dont cette forme de travail affecte les enfants et les jeunes ? En Afrique, le travail domestique est souvent intégré à des logiques d’entraide, de réciprocité et d’interdépendance entre proches, amis ou personnes de la même communauté. Les travailleurs domestiques en Afrique sont plus susceptibles de devoir affronter des conditions de travail précaires et instables, ce qui dans beaucoup de cas conduit à l’exploitation des travailleurs, à des abus et au déni de leurs droits humains.

Les dangers et les risques liés aux conditions de travail des enfants domestiques sont un sujet de grave préoccupation. L’OIT a identifié un certain nombre de dangers et des risques auxquels les travailleurs domestiques, en particulier les enfants, sont exposés. Certains des risques les plus courants auxquels ils sont confrontés sont : les jours ouvrables longs et fatigants; la manipulation d’objets dangereux tels que des couteaux, des haches et des casseroles chaudes ; une nourriture et un logement insuffisant ou inadéquat ; l’utilisation de produits chimiques toxiques ; porter de lourdes charges ; et les traitements humiliants ou dégradants, y compris la violence physique et verbale et les abus sexuels.

Le travail des enfants dans le travail domestique est l’une des pratiques les plus courantes en Ouganda. Les enfants travailleurs domestiques subissent différentes formes d’abus et d’exploitation. En raison de l’absence de modalités régissant leur service de la part de leurs employeurs, les enfants travailleurs domestiques sont généralement surexploités, sous - voire pas du tout- payés. Les enfants domestiques et en particulier les filles sont exposés au risque d’exploitation sexuelle par les membres masculins des maisons dans lesquelles ils travaillent et ils sont plus susceptibles d’être privés de la possibilité d’aller à l’école ou de s’inscrire dans toute forme de formation professionnelle productive.

2. Quelle est l’approche de l’OIT sur cette question ?Pour résoudre le problème du travail des enfants domestiques, une attention particulière doit être accordée aux besoins et à la vulnérabilité de ces enfants. Nombre d’entre eux ont déjà abandonné l’école ou n’y ont jamais été inscrits en raison de la pauvreté de leur famille. L’interdiction, la prévention et l’élimination du travail des enfants domestiques et leur protection par la reconnaissance d’un âge légal minimum pour travailler sont les principales stratégies promues par l’OIT pour lutter contre ces situations. Pour résoudre le problème des enfants domestiques d’une manière durable, nous devons sensibiliser la société sur les risques et les conséquences du travail de ces enfants. Les gouvernements doivent clairement mettre en place un âge minimum pour l’emploi pour le travail domestique. Les enfants et les jeunes travailleurs domestiques doivent avoir accès à l’éducation ou à une formation professionnelle et le cas échéant, les jeunes travailleurs domestiques ayant l’âge légal pour travailler doivent pouvoir exercer leur profession dans des conditions adéquates.

Telles sont les principales initiatives qui doivent être élaborées par les gouvernements, les partenaires sociaux, y compris les organisations de travailleurs domestiques, et les organisations de la société civile dans le but de fournir aux travailleurs domestiques des conditions de travail décentes.

En 2011, l’OIT a adopté la convention n° 189 et la recommandation n° 201 sur le travail domestique. La Convention n° 189 demande aux États qui la ratifient de fixer un âge minimum pour les travailleurs domestiques. La Recommandation n° 201, paragraphe 5 (2) suggère des mesures spécifiques “pour réglementer les conditions de travail et de vie des travailleurs domestiques”, pour protéger les jeunes travailleurs domestiques, notamment en : (1) limitant strictement leur heures de travail pour leur assurer suffisamment de temps pour se reposer, se former, aller à l’école, pour les activités de loisirs et les contacts familiaux ; (2) interdisant le travail de nuit ; (3) Imposant des restrictions sur tout travail excessivement exigeant, que ce soit physiquement ou psychologiquement ; et (4) Créant ou renforçant des mécanismes pour surveiller leurs conditions de travail et de vie.

Des campagnes de sensibilisation et de plaidoyer contre le travail des enfants en général, et le travail des enfants domestiques en particulier, le renforcement des capacités des partenaires sociaux pour une meilleure compréhension du travail des enfants, le soutien aux organisations nationales des travailleurs, sont d’autres mesures qui pourraient contribuer à abolir le travail des enfants domestiques ou pour améliorer les conditions de travail des jeunes travailleurs domestiques. En Tanzanie, par exemple, la « Conservation Hotels Domestic Allied Worker’s Union » (CHODAWU) a contribué à retirer plus de 6000 enfants du travail domestique avec l’appui du BIT (à travers l’IPEC).

3. De quelle manière les objectifs du projet IDAY sur les enfants travailleurs domestiques sont-ils compatibles avec la démarche de l’OIT ?La présence des enfants travailleurs domestiques est souvent cachée en raison de ses liens avec des logiques sociales et culturelles. Dans de nombreux pays, le travail domestique des enfants est non seulement acceptée socialement et culturellement mais est également considéré comme positif comme une forme de travail protégée et non-stigmatisante et également préféré à d’autres formes d’emploi - en particulier pour les filles. C’est une des raisons pour lesquelles il est très difficile d’avoir des données précises sur les travailleurs domestiques en général et sur les jeunes domestiques en particulier.

J’espère donc que les enquêtes menées par IDAY dans certains pays d’Afrique vont nous aider à avoir des informations plus détaillées sur le travail des enfants domestiques. Je crois également qu’IDAY prévoit d’organiser des campagnes de sensibilisation en utilisant les résultats de ces enquêtes. Cela va très certainement aider les pays concernés à poursuivre les discussions en vue d’éliminer le travail des enfants domestiques et à améliorer les conditions de travail des jeunes travailleurs domestiques qui ont atteint l’âge minimum d’emploi.

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Au Togo, de nombreux enfants sont abandonnés ou orphelins à cause de la pandémie du VIH/SIDA et de la grande pauvreté dans les zones rurales. En moyenne, une personne sur cinq est pris en charge par leur famille élargie ou la communauté ! Les autres enfants doivent se débrouiller, travailler pour survivre ou se retrouvent dans la rue, n’accédant pas à l’éducation.

Le Rônier, une organisation membre d’IDAY-Togo, a conçu le programme FES “Fonds Enfant Soleil” pour assurer la scolarisation et l’accueil par les communautés de ces orphelins et enfants abandonnés.

Le programme s’appuie sur les valeurs sociales fondamentales de la famille et de la solidarité. Il se concentre sur l’éducation qui est une clé pour l’avenir de ces enfants et pour le développement de leur communauté. Le programme aide les familles locales à recueillir les orphelins et les enfants pauvres grâce à de petites subventions pour l’élevage, ce qui leur permet de générer des revenus supplémentaires pour assurer l’éducation de leur enfant adoptif. Après trois années, chaque famille bénéficiaire du programme rend l’équivalent de ce qu’elle a reçu pour permettre au programme d’aider encore plus d’enfants. Ce régime d’entraide basé sur les familles est géré par les coopératives FES dans chaque village.

Ces coopératives gèrent également des activités communautaires génératrices de revenus (agricoles pour la plupart) qui servent à améliorer l’accès et la qualité de l’éducation pour tout le village. Grâce à des systèmes

d’épargne-crédit mis en place dans chaque village (et entre villages) le programme contribue à renforcer l’autonomie de ces communautés. 513 enfants de 5 à 14 ans dans 14 villages du Sud-Togo ont été scolarisés et soignés grâce à ce programme jusqu’ici. Le nombre d’enfants pris en charge augmente chaque année et d’ ici 2018 ce seront plus de 1500 orphelins et enfants vulnérables qui seront secourus et intégrés.

IDAY-Togo plaide pour un soutien accru du gouvernement pour les écoles de ces villages, qui dépendent principalement de la communauté, et pour une généralisation de cette approche.

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Projet “Fonds Enfant Soleil” au Togo

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