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Même si elle l’a pris de court, le di- recteur national de santé publique, Ho- racio Arruda, s’est rallié à la décision gouvernementale d’annuler les quatre journées de Noël. « Si on veut vraiment épargner notre système de santé, il faut que les cas baissent au maximum », a-t-il mentionné. Selon lui, des « efforts monumentaux » auraient dû être con- sentis pour redresser a situation épidé- miologique à temps pour Noël. Le ministère de la Santé recensait jeudi 1470 nouvelles personnes décla- rées positives à la COVID-19. Pas moins de 737 personnes étaient hospita- lisées, dont 99 personnes dans une uni- té de soins intensifs, indique le dernier VOIR PAGE A 5 : Le chef du gouvernement s’était pourtant donné jusqu’au 11 décem- bre pour décider s’il maintiendrait ou annulerait ses plans pour Noël. « On est obligé de se rendre à l’évi- dence, ce n’est pas réaliste de pen- ser qu’on va réussir à réduire la pro- gression du virus de façon satisfai- sante », a-t-il déclaré jeudi, tout en précisant qu’il s’agissait d’une déci- sion du gouvernement et non de la Santé publique. M. Legault a justifié celle-ci, notam- ment par l’accroissement du nombre de personnes atteintes, hospitalisées et mortes de la COVID-19, ainsi que des 6000 professionnels de la santé hors combat. « Il faut protéger notre per- sonnel », a-t-il fait valoir. MARCO BÉLAIR-CIRINO CORRESPONDANT PARLEMENTAIRE À QUÉBEC LE DEVOIR En deux semaines, le premier ministre François Legault a donné puis ôté à des millions de Québécois l’espoir de tenir des petits rassemblements pendant la période des Fêtes. Face à la flambée des cas de COVID-19, le « contrat mo- ral » est caduc, a-t-il annoncé jeudi. Les Québécois qui résident en zone rouge ne pourront donc pas participer à un ou deux rassemblements de 10 personnes ou moins les 24, 25, 26 ou 27 décembre avant et après s’être iso- lés comme il l’avait envisagé le 19 no- vembre dernier. Avis légaux.............B5 Édito.......................A6 Grille TV..................B2 Idées.......................A7 INDEX MARIE-MICHÈLE SIOUI JESSICA NADEAU LE DEVOIR Depuis la prise de parole publique de femmes autochtones de Val-d’Or dans un reportage de l’émission Enquête en 2015, 215 dossiers d’enquête criminelle ont été ouverts au Québec à la suite d’allégations formulées par des Au- tochtones à l’endroit de policiers. Au total, 18 d’entre eux ont mené au dé- pôt d’accusations criminelles contre 17 policiers, révèle une compilation inédite du Devoir. « Dix-huit sur 215, c’est très peu. […] Ça n’aide pas à augmenter la confiance du public et des Autochto- nes en particulier, surtout quand on sait que ces 215 plaintes sont fort cer- tainement la pointe de l’iceberg », a commenté Sébastien Brodeur-Girard, professeur à l’École d’études autoch- tones de l’Université du Québec en Abitibi, lorsque Le Devoir lui a soumis ces chiffres. Selon lui, il est « toujours délicat » de commenter ce genre de décompte, puisque chaque cas est unique, mais il note à titre d’exemple qu’entre 2009 et 2014, 21 % des plaintes déposées aux services policiers au Canada pour agressions sexuelles ont finalement donné lieu à un procès. Pour les voies de fait, le taux de judiciarisation est de 38,5 %. Celui des Autochtones ayant dénoncé des policiers est de 8,4 %, se- lon les chiffres du Devoir. En 2015, Québec a pris les grands moyens pour faciliter la dénonciation des policiers par des personnes autoch- tones. Le Service de police de la ville VOIR PAGE A 2 : III DÉNONCIATIONS AUTOCHTONES 215 plaintes, 17 policiers accusés Longtemps critiqué pour leur manque de transparence, les enquêtes du BEI se dévoilent Le premier ministre s’était donné jusqu’au 11 décembre pour décider s’il maintiendrait ou annulerait ses plans pour Noël. JACQUES BOISSINOT LA PRESSE CANADIENNE Pour suivre l’actualité en continu, consultez nos plateformes numériques Météo.....................B6 Mots croisés...........B6 Sports.....................B6 Sudoku...................B6 Ça n’aide pas à augmenter la confiance du public et des Autochtones en particulier, surtout quand on sait que ces 215 plaintes sont fort certainement la pointe de l’iceberg SÉBASTIEN BRODEUR-GIRARD » VOL CXI N O 277 / LE VENDREDI 4 DÉCEMBRE 2020 / 1,52 $ + TAXES = 1,75 $ WWW.LEDEVOIR.COM ZEITGEIST À l’école de l’amour, la chronique de Josée Blanchette | B 8 ACTUALITÉS Des fêtes propices à la super-propagation du virus | A 5 CHRISTOPHE HUSS LE DEVOIR e pianiste et compositeur québécois André Gagnon est décédé jeudi, à l’âge de 84 ans, des suites d’une mala- die neurodégénérative, la « maladie à corps de Lewy ». « J’ai le cœur brisé : notre beau André Gagnon nous a quittés. Je remercie la vie de l’avoir con- nu, d’avoir eu le bonheur de jaser au téléphone avec lui et d’avoir eu le privilège de chanter sa musique empreinte d’humanité et de lumière », écrivait hier Marie-Nicole Lemieux. La contralto avait enregistré en 2012 Lettres de Madame Roy à sa fille Gabrielle, six mélodies composées sur l’œuvre de Michel Tremblay. « Dédé. Les mots me manquent pour le moment… Le Québec a perdu un de ses plus beaux fleurons », a écrit hier ce dernier. C’est Audiogram, la maison de disques du pianiste, compositeur, chef d’orchestre et arrangeur, qui a an- noncé, jeudi en début d’après-midi, la nouvelle du dé- cès d’André Gagnon. Une vague d’émotion La nouvelle de la disparition de ce créateur d’inoubli- ables mélodies a suscité un flot de réactions. « Le Québec perd un de ses grands musiciens. Ses mélo- dies continueront de nous émerveiller », a déclaré le premier ministre François Legault. VOIR PAGE A 4 : III 1936 – 2020 Le Québec perd un de ses fleurons Pianiste, compositeur, chef d’orchestre et arrangeur, André Gagnon est mort à 84 ans L VOIR PAGE A 4 : ANDRÉ GAGNON III CORONAVIRUS Un Noël confiné pour des millions de Québécois François Legault recule sur le « contrat moral » du temps des Fêtes

III DÉNONCIATIONS AUTOCHTONES 215 plaintes, 17 policiers

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Même si elle l’a pris de court, le di-recteur national de santé publique, Ho-racio Arruda, s’est rallié à la décision gouvernementale d’annuler les quatre journées de Noël. « Si on veut vraiment épargner notre système de santé, il faut que les cas baissent au maximum », a-t-il mentionné. Selon lui, des « efforts monumentaux » auraient dû être con-sentis pour redresser a situation épidé-miologique à temps pour Noël.

Le ministère de la Santé recensait jeudi 1470 nouvelles personnes décla-rées positives à la COVID-19. Pas moins de 737 personnes étaient hospita-lisées, dont 99 personnes dans une uni-té de soins intensifs, indique le dernier

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M. Legault a justifié celle-ci, notam-ment par l’accroissement du nombre de personnes atteintes, hospitalisées et mortes de la COVID-19, ainsi que des 6000 professionnels de la santé hors combat. « Il faut protéger notre per-sonnel », a-t-il fait valoir.

MARCO BÉLAIR-CIRINOCORRESPONDANT PARLEMENTAIREÀ QUÉBECLE DEVOIR

En deux semaines, le premier ministre François Legault a donné puis ôté à des millions de Québécois l’espoir de tenir des petits rassemblements pendant la période des Fêtes. Face à la flambée des cas de COVID-19, le « contrat mo-ral » est caduc, a-t-il annoncé jeudi.

Les Québécois qui résident en zone rouge ne pourront donc pas participer à un ou deux rassemblements de 10 personnes ou moins les 24, 25, 26 ou 27 décembre avant et après s’être iso-lés comme il l’avait envisagé le 19 no-vembre dernier.

Avis légaux.............B5Édito.......................A6Grille TV..................B2Idées.......................A7

INDEX

MARIE-MICHÈLE SIOUIJESSICA NADEAULE DEVOIR

Depuis la prise de parole publique de femmes autochtones de Val-d’Or dans un reportage de l’émission Enquête en 2015, 215 dossiers d’enquête criminelle ont été ouverts au Québec à la suite d’allégations formulées par des Au-tochtones à l’endroit de policiers. Au total, 18 d’entre eux ont mené au dé-pôt d’accusations criminelles contre 17 policiers, révèle une compilation inédite du Devoir.

« Dix-huit sur 215, c’est très peu. […] Ça n’aide pas à augmenter la confiance du public et des Autochto-nes en particulier, surtout quand on sait que ces 215 plaintes sont fort cer-tainement la pointe de l’iceberg », a commenté Sébastien Brodeur-Girard,

professeur à l’École d’études autoch-tones de l’Université du Québec en Abitibi, lorsque Le Devoir lui a soumis ces chiffres.

Selon lui, il est « toujours délicat » de commenter ce genre de décompte, puisque chaque cas est unique, mais il note à titre d’exemple qu’entre 2009 et 2014, 21 % des plaintes déposées aux services policiers au Canada pour agressions sexuelles ont finalement donné lieu à un procès. Pour les voies de fait, le taux de judiciarisation est de 38,5 %. Celui des Autochtones ayant dénoncé des policiers est de 8,4 %, se-lon les chiffres du Devoir.

En 2015, Québec a pris les grands moyens pour faciliter la dénonciation des policiers par des personnes autoch-tones. Le Service de police de la ville

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III DÉNONCIATIONS AUTOCHTONES

215 plaintes, 17 policiers accusésLongtemps critiqué pour leur manque de transparence, les enquêtes du BEI se dévoilent

Le premier ministre s’était donné jusqu’au 11 décembre pour décider s’il maintiendrait ou annulerait ses plans pour Noël.JACQUES BOISSINOT LA PRESSE CANADIENNE

Pour suivre l’actualitéen continu, consultez nos plateformes numériques

Météo.....................B6Mots croisés...........B6Sports.....................B6Sudoku...................B6

Ça n’aide pas à augmenter la confiance du public et des Autochtones en particulier, surtout quand on sait que ces 215 plaintes sont fort certainement la pointe de l’icebergSÉBASTIEN BRODEUR-GIRARD»

VOL CXI NO 277 / LE VENDREDI 4 DÉCEMBRE 2020 / 1,52 $ + TAXES = 1,75 $WWW.LEDEVOIR.COM

ZEITGEISTÀ l’école de l’amour, la chronique de Josée Blanchette | B 8

ACTUALITÉSDes fêtes propices à la super-propagation du virus | A 5

CHRISTOPHE HUSSLE DEVOIR

e pianiste et compositeur québécois André Gagnon est décédé jeudi, à l’âge de 84 ans, des suites d’une mala-die neurodégénérative, la « maladie à corps de Lewy ».

« J’ai le cœur brisé : notre beau André Gagnon nous a quittés. Je remercie la vie de l’avoir con-nu, d’avoir eu le bonheur de jaser au téléphone avec lui et d’avoir eu le privilège de chanter sa musique empreinte d’humanité et de lumière », écrivait hier Marie-Nicole Lemieux. La contralto avait enregistré en 2012 Lettres de Madame Roy à sa fille Gabrielle, six mélodies composées sur l’œuvre de Michel Tremblay. « Dédé. Les mots me manquent pour le moment… Le Québec a perdu un de ses plus beaux fleurons », a écrit hier ce dernier.

C’est Audiogram, la maison de disques du pianiste, compositeur, chef d’orchestre et arrangeur, qui a an-noncé, jeudi en début d’après-midi, la nouvelle du dé-cès d’André Gagnon.

Une vague d’émotionLa nouvelle de la disparition de ce créateur d’inoubli-ables mélodies a suscité un flot de réactions. « Le Québec perd un de ses grands musiciens. Ses mélo-dies continueront de nous émerveiller », a déclaré le premier ministre François Legault.

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III 1936 – 2020

Le Québec perd un de ses fleuronsPianiste, compositeur, chef d’orchestre et arrangeur, André Gagnon est mort à 84 ans

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