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9 OptionBio | mardi 15 octobre 2013 | n° 496 santé publique | actualités solidarité greffes Don d’organes : honorer ceux qui donnent de leur vivant infectiologie Il n’y a pas que le sida : connaissance populaire de l’hépatite B La société doit prévoir une reconnaissance particulière pour les donneurs vivants d’organe, estime la FNAIR, Fédération nationale d’aide aux insuffisants rénaux (premiers concernés par ce type de don) à l’occasion de la Journée nationale de réflexion sur le don d’organes et la greffe (22 juin). Ce fut à l’origine la Journée natio- nale du don d’organes, sa mutation eut pour but de proposer aux parti- sans d’un don d’organe d’en parler en famille, puisque c’est elle qui en dernier autorise le prélèvement en cas de mort brutale. Pour la FNAIR, les donneurs vivants prennent un risque, éventuellement dissuasif, au niveau de leurs revenus [et de leur vie ?]. Une vraie indem- nisation et une reconnaissance de l’État seraient décisives à encourager le don du vivant, inverser la pénurie de greffons et réduire le nombre de patients dialysés en liste d’attente. À propos du don de rein de donneur vivant, des études auraient montré, cite la FNAIR, que les sujets qui ont donné leur rein avaient, 20 ans après le prélèvement, un meilleur état de santé que la population générale. Donc aujourd’hui, s’il existe un risque pour ce donneur, il est sur- tout… financier : risque de perte d’emploi en raison de l’absentéisme dû aux soins. Envisager une indemnisation de donneurs ? Selon la FNAIR, les poli- tiques entendraient rémunération et pas question de rémunérer le don d’organe. Cas d’école… or l’indem- nisation est prévue : l’article 34 de la loi n° 84-16 du 11 janvier 1984 dispose que les fonctionnaires qui ont subi un prélèvement d’organe au bénéfice d’un tiers relèvent de l’une des clauses de l’article 27 du Code de pensions civiles : le fait d’exposer ses jours pour sauver la vie d’une ou plusieurs personnes. Les fonc- tionnaires conservent dans ce cas l’intégralité de leur salaire jusqu’à ce qu’ils reprennent leur service et leur retraite. La FNAIR a bien potassé son sujet ! Sujet tabou, dit-elle. Dans un souci d’équité pour ceux désirant faire don de leur vivant, la FNAIR suggère à l’État de prendre des dispositions identiques pour l’ensemble des régimes de l’Assu- rance Maladie. Cette égalité de traitement, inscrite dans le droit, témoignerait de la reconnaissance de la société. Ce que demande la FNAIR à l’État est de ne pas pénaliser les citoyens qui accomplissent ce geste de géné- reux, en leur accordant une recon- naissance légitime et une sécurité économique. | Y.-M. D. source FNAIR : www.fnair.asso.fr À l’occasion de la Journée mondiale contre les hépatites, plus de 9 000 Français de 18 à 69 ans ont été interrogés sur leurs connaissances de l’hépatite B 1 . Constat : comparées à celles du VIH et du sida, sa transmission sexuelle et par toxicomanie, les connaissances du virus de l’hépatite (VHB) semblent insuffisantes. C’était la première fois que notre santé publique s’inquiétait de cette perception du VHB [parent pauvre de la médiatisation par rapport au VIH- NDLR]. Pour l’InVS, ce constat est inquiétant, il y aurait en France plus de 280 000 VHB-positifs (dont 150 000 s’ignoreraient tels). D’où moindre sen- sibilisation à l’infection à VHB, alors qu’un vaccin existe, mais comment le demander si l’on n’est pas informé ! Parmi les risques et maladies que les sujets interrogés déclarent craindre beaucoup ou pas mal, hépatites virales et sida se situent au même niveau (20 %), après cancer (59 %), accidents de la circulation (59 %), démences séniles (40 %) et maladies cardiaques (39 %), et avant IST (hors VIH :17 %) et tuberculose (12 %). Par ailleurs, ils se perçoivent plus à risque d’être contaminés par le VHB (8 %) que par le VIH (4 %). Pourtant, 27 % indiquent avoir été dépistés pour le VHB et 61 % pour le VIH. Les sujets les plus à risque d’hépa- tite B (usagers de drogues, sujets ori- ginaires de pays d’endémie) déclarent avoir été dépistés plus souvent que la population générale (45 % vs 27 %). Plus rassurant : 55 % des sujets se disant plus à risque d’hépatite B se déclarent vaccinés. Ce type d’enquête 2 , indique l’InVS, est utile pour orienter les cam- pagnes et les actions de santé publique ; renforcer les connais- sances sur un vecteur et sa patho- logie permet aussi de sensibiliser les Français au dépistage et à la vaccination, tels les sujets à risque. L’hépatite B est encore responsable de 1 300 décès annuels, malgré un vaccin efficace. | Y.-M. D. notes 1. Enquête coordonnée par l’Observatoire régio- nal de santé (ORS) Ile-de-France, avec l’Institut national de prévention et d’éducation pour la santé (INPES) et l’InVS), financée par l’Agence nationale de recherche sur le sida et les hépatites virales (ANRS), l’INPES et l’Institut de recherche en santé publique (IReSP). 2. Brouard C, Gautier A, Saboni L, Jestin C, Semaille C, Beltzer N. Hepatitis B knowledge, perceptions and practices in the French general population : the room for improvement, BMC Public Health 2013;13:576 (13/6/2013) Lien : http:// www.biomedcentral.com/1471-2458/13/576. © DMITRY © ARTENS

Il n’y a pas que le sida : Connaissance populaire de l’hépatite B

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9OptionBio | mardi 15 octobre 2013 | n° 496

santé publique | actualités

solidarité greffes

Don d’organes : honorer ceux qui donnent de leur vivant

infectiologie

Il n’y a pas que le sida : connaissance populaire de l’hépatite B

La société doit prévoir une reconnaissance particulière pour les donneurs vivants d’organe, estime la FNAIR, Fédération nationale d’aide aux insuffisants rénaux (premiers concernés par ce type de don) à l’occasion de la Journée nationale de réflexion sur le don d’organes et la greffe (22 juin).

Ce fut à l’origine la Journée natio-nale du don d’organes, sa mutation eut pour but de proposer aux parti-sans d’un don d’organe d’en parler en famille, puisque c’est elle qui en dernier autorise le prélèvement en cas de mort brutale.Pour la FNAIR, les donneurs vivants prennent un risque, éventuellement dissuasif, au niveau de leurs revenus [et de leur vie ?]. Une vraie indem-

nisation et une reconnaissance de l’État seraient décisives à encourager le don du vivant, inverser la pénurie de greffons et réduire le nombre de patients dialysés en liste d’attente.À propos du don de rein de donneur vivant, des études auraient montré, cite la FNAIR, que les sujets qui ont donné leur rein avaient, 20 ans après le prélèvement, un meilleur état de santé que la population générale. Donc aujourd’hui, s’il existe un risque pour ce donneur, il est sur-tout… financier : risque de perte d’emploi en raison de l’absentéisme dû aux soins.Envisager une indemnisation de donneurs ? Selon la FNAIR, les poli-tiques entendraient rémunération et pas question de rémunérer le don d’organe. Cas d’école… or l’indem-nisation est prévue : l’article 34 de

la loi n° 84-16 du 11 janvier 1984 dispose que les fonctionnaires qui ont subi un prélèvement d’organe au bénéfice d’un tiers relèvent de l’une des clauses de l’article 27 du Code de pensions civiles : le fait d’exposer ses jours pour sauver la vie d’une ou plusieurs personnes. Les fonc-tionnaires conservent dans ce cas l’intégralité de leur salaire jusqu’à ce qu’ils reprennent leur service et leur retraite. La FNAIR a bien potassé son sujet ! Sujet tabou, dit-elle.Dans un souci d’équité pour ceux désirant faire don de leur vivant, la FNAIR suggère à l’État de prendre des dispositions identiques pour l’ensemble des régimes de l’Assu-rance Maladie. Cette égalité de traitement, inscrite dans le droit, témoignerait de la reconnaissance de la société.

Ce que demande la FNAIR à l’État est de ne pas pénaliser les citoyens qui accomplissent ce geste de géné-reux, en leur accordant une recon-naissance légitime et une sécurité économique. |

Y.-M. D.

sourceFNAIR : www.fnair.asso.fr

À l’occasion de la Journée mondiale contre les hépatites, plus de 9 000 Français de 18 à 69 ans ont été interrogés sur leurs connaissances de l’hépatite B1. Constat : comparées à celles du VIH et du sida, sa transmission sexuelle et par toxicomanie, les connaissances du virus de l’hépatite (VHB) semblent insuffisantes.

C’était la première fois que notre santé publique s’inquiétait de cette perception du VHB [parent pauvre de la médiatisation par rapport au VIH-NDLR]. Pour l’InVS, ce constat est inquiétant, il y aurait en France plus de 280 000 VHB-positifs (dont 150 000 s’ignoreraient tels). D’où moindre sen-sibilisation à l’infection à VHB, alors qu’un vaccin existe, mais comment le demander si l’on n’est pas informé !

Parmi les risques et maladies que les sujets interrogés déclarent craindre beaucoup ou pas mal, hépatites virales et sida se situent au même niveau (20 %), après cancer (59 %), accidents de la circulation (59 %), démences séniles (40 %) et maladies cardiaques (39 %), et avant IST (hors VIH :17 %) et tuberculose (12 %).Par ailleurs, ils se perçoivent plus à risque d’être contaminés par le VHB (8 %) que par le VIH (4 %). Pourtant, 27 % indiquent avoir été dépistés pour le VHB et 61 % pour le VIH.Les sujets les plus à risque d’hépa-tite B (usagers de drogues, sujets ori-ginaires de pays d’endémie) déclarent avoir été dépistés plus souvent que la population générale (45 % vs 27 %). Plus rassurant : 55 % des sujets se disant plus à risque d’hépatite B se déclarent vaccinés.

Ce type d’enquête2, indique l’InVS, est utile pour orienter les cam-pagnes et les actions de santé publique ; renforcer les connais-sances sur un vecteur et sa patho-logie permet aussi de sensibiliser les Français au dépistage et à la vaccination, tels les sujets à risque. L’hépatite B est encore responsable de 1 300 décès annuels, malgré un vaccin efficace. |

Y.-M. D.

notes1. Enquête coordonnée par l’Observatoire régio-nal de santé (ORS) Ile-de-France, avec l’Institut national de prévention et d’éducation pour la santé (INPES) et l’InVS), financée par l’Agence nationale de recherche sur le sida et les hépatites virales (ANRS), l’INPES et l’Institut de recherche en santé publique (IReSP).2. Brouard C, Gautier A, Saboni L, Jestin C, Semaille C, Beltzer N. Hepatitis B knowledge, perceptions and practices in the French general population : the room for improvement, BMC Public Health 2013;13:576 (13/6/2013) Lien : http://www.biomedcentral.com/1471-2458/13/576.

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