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Imagerie des cavités nasales et sinus chez le chien et chez le chat

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Le Point Vétérinaire / N° 256 / Juin 2005 / 74

Lors de jetage chronique ou d’épistaxis, le recours à l’imagerie doit êtreprécoce. Il peut s’agir de radiographies nasales et sinusales sous anesthésiegénérale, voire d’un scanner en première intention.

’examen des voies aériennes supérieu-res nécessite souvent le recours à desexamens complémentaires dont le choixest parfois difficile. Du jeune chat quiéternue après une escapade dans le

jardin au colley âgé de dix ans qui présente uneépistaxis récidivante, le profil des animauxcandidats à cette exploration est varié. Cet article rappelle l’anatomie des cavitésnasales du chien et du chat, puis décrit lesmodalités pratiques des techniques d’imagerieactuellement disponibles, en précisant leursavantages et inconvénients respectifs. Ilprésente ensuite l’aspect normal des cavitésnasales et des sinus paranasaux pour chacunede ces techniques et les aspects typiques deslésions les plus communes.

Anatomie des cavitésnasalesLes cavités nasales représentent les premièresvoies respiratoires [1]. Elles débutent juste enarrière des narines et s’étendent jusqu’à la lamecriblée de l’ethmoïde qui les sépare des lobesolfactifs cérébraux. Les sinus constituent leprolongement naturel des cavités nasales dansl’épaisseur des os du crâne. Les parois descavités nasales sont constituées sur les côtéspar l’os maxillaire, dorsalement par les os nasalet maxillaire, ventralement par l’os maxillaire,l’os palatin et le vomer qui forme une gouttièredans laquelle repose le septum. Ce dernier estune lame cartilagineuse rostralement et osseusecaudalement qui sépare les deux cavités nasales. La face caudale des cavités nasales est consti-tuée par l’ethmoïde, d’où partent des volutesfinement ossifiées qui s’enroulent en spirales etqui, recouvertes d’une muqueuse, constituentles cornets nasaux (ou conchae).Les cornets dorsal (ethmoïdal) et ventral(maxillaire) occupent la portion rostrale dechaque cavité nasale et délimitent trois passages: les méats ventral, moyen et dorsal. Ventrale-ment au cornet ventral, le méat ventral mènedirectement aux méats nasopharyngiens quis’ouvrent par les choanes dans le nasopharynx.Chez le chien, le méat dorsal est large, tandisque le méat moyen est étroit et court. Ce derniercommunique caudalement avec le méat ventral.La portion caudale des cavités nasales est

occupée par le cornet ethmoïdal. Souvent, chezle chien, une au moins de ses lames s’étend dansle sinus frontal. Le nerf olfactif se ramifielargement dans la muqueuse des cornetsethmoïdaux, de la partie caudale du septum etdes parois caudales des cavités nasales.• Chez le chien, trois sinus paranasaux sontprésents de chaque côté : le sinus (ou récessus)maxillaire, le sinus frontal et le sinus sphénoï-dal. Le sinus frontal est divisé en trois portions(rostrale, médiale et latérale). Il est souventoccupé partiellement par les cornets ectotur-binaux. Le sinus sphénoïdal est une cavité del’os présphénoïde, presque totalement rempliepar une lame des cornets endoturbinaux chezle chien. Chez le chat, les sinus frontaux sont simples etpeu développés. Ils sont presque remplis parles cornets ectoturbinaux. Le sinus sphénoïdeest au contraire plus développé que chez lechien car il est presque libre des cornetsendoturbinaux.

Techniques d’explorationdes cavités nasales1. Radiographie

! TechniqueEn dehors de l’examen direct ou à l’otoscope desnarines, qui n’offre qu’un champ d’explorationlimité, la radiographie a constitué la premièreapproche des affections des cavités nasales. • L’obtention des clichés nécessite d’anesthésierl’animal afin de permettre le positionnementadapté qui est contraignant. Un temps de poselong et un kilovoltage faible (inférieur à 60 kV)peuvent ainsi être utilisés afin d’obtenir un boncontraste radiographique. Des écrans lents(vitesse de 100 ou inférieure) et une technique“en direct” (l’animal est placé directement surla cassette, à même la table) fournissent uneimage dont la résolution spatiale est excellente,ce qui autorise une observation détaillée. Àl’inverse, l’utilisation d’écrans rapides ne permetpas d’obtenir une définition suffisante desstructures osseuses fines et peut conduire à deserreurs de diagnostic.L’incidence ventro-dorsale dite “gueule ouverte”est recommandée car elle permet de limiter lasuperposition de la langue et des mandibules

LRésumé

Les cavités nasales sontexplorées par radiogra-

phie, scanner et/ou par ima-gerie par résonance magné-tique (IRM). L’obtention desclichés radiographiquesnécessite une anesthésieg é n é r a l e d e l ’a n i m a l .L’incidence ventro-dorsale,dite “gueule ouverte”, estrecommandée. Elle est éven-tuellement complétée par uncliché des sinus frontaux.L’imagerie en coupe a permisd’améliorer nettement le dia-gnostic des affections nasa-les (pas de superpositions).La détection des lyses osseu-ses est très précoce au scan-ner. L’IRM offre, en revanche,un contraste tissulaire supé-rieur. L’interprétation des ima-ges permet de localiser lalésion, d’en évaluer l’agressi-vité et l’étendue. Elle peutsuggérer une rhinite bacté-rienne (souvent peu agres-sive), par corps étranger oumycosique (aspergilloseostéolytique). Une tumeurnasale est suspectée lors d’i-mages d’opacification parune masse tissulaire souventagressive. La tomographiepermet alors d’établir unbilan d’extension.

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Imagerie des cavités nasaleset des sinus

RADIOGRAPHIE ET TOMOGRAPHIE CHEZ LE CHIEN ET CHEZ LE CHAT

par Yannick RuelConsultant en imagerie Paris et

région parisienneImagerie médicale vétérinaire

10-12, rue Robert-de-Flers75015 Paris

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sur les cavités nasales. L’animal est placé sur ledos, le chanfrein en contact avec la cassette. Lamesure de l’épaisseur à radiographier s’effec-tue en région moyenne du chanfrein. Lemaxillaire est solidarisé à la cassette (par unlien ou du ruban adhésif). Un lien est placé dansla gueule de l’animal afin d’ouvrir celle-ci, touten gardant les mains hors du faisceau primairepour respecter les règles de radioprotection. Ilest souhaitable de prendre la langue avec lamandibule dans le lien, afin d’éviter qu’elle nese superpose aux cavités nasales. Si l’ouverturede la gueule est réduite, il est possible d’obli-quer légèrement le faisceau d’avant en arrière(vers l’intérieur de la bouche) afin d’obtenir uneprojection d’une plus grande proportion descavités nasales. Cette angulation ne doit pasdépasser 15 à 20° [2]. Si le tube n’est pas inclina-ble, la partie de la cassette qui correspond aubout du nez peut aussi être soulevée légèrement.Lors de la réalisation de ce cliché, il convientde veiller à respecter une parfaite symétrie ducrâne, gage d’une comparaison fiable entre lesdeux cavités nasales. Une autre technique consiste à placer l’animal endécubitus sternal et à entrer la cassette “en coin”dans sa gueule. L’incidence est alors verticale surle chanfrein, en centrant au niveau du stop.• Une radiographie des sinus frontaux estsouvent associée à ce cliché : le chien esttoujours sur le dos, le nez perpendiculaire au

plan de la cassette. Le faisceau est alors centrésur le stop, dans un axe tangentiel aux sinusfrontaux. Ici encore, la symétrie est primordiale.• Une incidence latéro-latérale présente moinsd’intérêt en raison de la superposition des deuxcôtés. Elle met cependant en évidence leslésions de la partie dorsale des os de la face lorsd’atteintes étendues et destructrices.

! Aspect normalLes superpositions des nombreuses structuresosseuses qui constituent le crâne compliquentla compréhension et l’interprétation des images(PHOTO 1). La visualisation des cornets nasaux,fines structures faiblement minéralisées, estpossible lorsqu’ils sont contrastés par l’air. Unaspect finement strié et symétrique entre lesdeux cavités est alors observé. En régionrostrale, ces cornets forment des lignes parallè-les au septum. Caudalement, l’aspect plustortueux correspond aux cornets ethmoïdaux.La ligne osseuse visible médialementcorrespond à la visualisation du vomer. Leseptum, cartilagineux, ne forme pas d’imagevisible [5]. L’opacité est homogène sur toute lalongueur des cavités nasales.

2. Imagerie en coupes : scanner et IRMCette technique a permis d’améliorer le diagnos-tic des affections nasales. L’obtention d’imagesen coupes supprime en effet la superpositiondes structures, et permet de repérer et de locali-ser précisément les destructions tissulaires(PHOTO 2). !!

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PHOTO 1. Radiographie ventro-dorsale gueuleouverte des cavités nasales d’un chien. Sur ce cliché de bonne qualité, le maxillaireest nettement dégagé de la mandibule. Lasymétrie est bonne et permet la comparaisondes deux cavités nasales. L’aspect linéaire etlongitudinal des cornets rostraux (1) peut êtreobservé, ainsi que le vomer (2) (le septumcartilagineux n’est pas visible), les cornetsethmoïdaux (3) et la lame criblée de l’ethmoïde (4).

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PHOTO 2. Coupes transversales obtenues par scanner des cavités nasalesnormales d’un chien, de rostrale à caudale (A à D). Elles montrent notamment lescornets ventraux (A1), le septum nasal (B2, portion cartilagineuse), les récessusmaxillaires (C3), les sinus frontaux (D4), le méat nasopharyngé (D5) et les volutes ethmoïdiennes (D6). Ces structures, qui apparaissent superposéeset indistinctes sur une radiographie, sont ici bien différenciées.

AttentionPour la radiographiedes cavités nasales,l’utilisation d’écransrapides ne permet pasd’obtenir une définitionsuffisante des structuresosseuses fines et peutconduire à des erreurs de diagnostic.

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• Le scanner est ainsi plus sensible et spécifiqueque la radiographie pour repérer les opacifica-tions ou les lyses osseuses, et pour préciser siune lésion est uni- ou bilatérale [12]. Cetteméthode nécessite une anesthésie générale del’animal. Généralement, un premier examen encoupes fines (de 1 à 1,5 mm) et filtre osseux estréalisé, suivi d’un examen avec injection d’unproduit de contraste iodé par voie intraveineuse.Ce produit peut aider à différencier les structu-res tissulaires du mucus ou des débrisnécrotiques, ou à mieux délimiter les contoursd’une tumeur. Il permet aussi de mettre enévidence une extension d’un processus tumoraldans l’encéphale à travers une effraction de lalame criblée ethmoïdienne. Les images acquisespar le scanner sont des coupes transversales.Les scanners modernes permettent une recons-truction dans les autres plans (sagittal et dorsal),et offrent ainsi une meilleure évaluation del’extension d’une lésion et une observation plus

facile des structures situées dans le plan decoupe des images originales ; c’est le cas de lalame criblée de l’ethmoïde (PHOTOS 3 ET 4).• L’imagerie par résonance magnétique offreun contraste tissulaire nettement supérieur àcelui du scanner. Elle met en évidence les tissusanormaux au sein des tissus sains. Elle permetaussi d’obtenir d’emblée des plans sagittaux etdorsaux, sans nécessiter une reconstruction de

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PHOTO 3. Reconstructiondorsale par scanner descavités nasales du mêmechien. Sont visibles lescornets ventraux (1), leseptum (2), les volutesethmoïdales (3), les récessusmaxillaires (4), la lamecriblée de l’ethmoïde (5)dont on distingue lesperforations, et les lobescérébraux olfactifs (6).

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PHOTO 6. Coupe transversalepar scanner en régionrostrale lors d’une rhinitebactérienne chez un chien.Un épaississement muqueuxest observé dans les deuxcavités nasales. Les lamesdes cornets nasaux restentintactes. Aucune lyse des osde la face n’est visible. Le septum est intact.

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PHOTO 4. Reconstruction parasagittale parscanner des cavités nasales du même chien.Sont distingués le cornet ventral (1), le palaisdur (2), l’os nasal (3), les volutes ethmoïdales(4), le méat nasopharyngé (5), la choane (6), lesinus frontal (7), la lame criblée de l’ethmoïde(8) et le lobe olfactif (9).

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PHOTO 5. Radiographie ventro-dorsale gueuleouverte lors d’une rhinite bactérienne chez un chat. Une opacification de la cavité nasalegauche est observée. Les fines lamesossifiées des cornets nasaux et le vomerrestent visibles. Aucune image de lyseosseuse n’est mise en évidence.

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PHOTO 7. Coupe transversale par scanner enrégion rostrale lors d’une rhinite par corpsétranger chez un chien. Une lésion tissulaireest observée dans la cavité nasale droite. Les cornets nasaux ne sont plus visibles au sein de la masse (lyse) et deux petitesstructures minéralisées (corps étrangers) sontmises en évidence (flèches).

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PHOTO 8. Coupe transversale par scanner dansla région du méat nasopharyngé lors d’unerhinite par corps étranger chez un chat. Unestructure de même densité que les tissusenvironnants est observée dans le méatnasopharyngé (flèche). Cette structure linéairese poursuit d’une coupe à l’autre jusque dansla cavité nasale où elle occasionne une rhinite.Il s’agit d’un brin d’herbe.

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l’image. Des produits de contraste veineuxpeuvent en outre être administrés afind’augmenter le contraste des tissus lésés. Malgrél’absence d’étude comparative statistique, il estnéanmoins possible de supposer que l’IRM offreau moins la même sensibilité que le scanner.Elle permet de différencier plus précisémentles accumulations de liquide des structurestissulaires dans les cavités nasales ou sinusa-les. Les lyses osseuses discrètes sont enrevanche plus difficiles à reconnaître car lacorticale osseuse ne produit pas de signal IRM.

Aspect des principaleslésionsNombre de publications ont décrit les aspectsplus ou moins spécifiques des différentesaffections rencontrées.Chacune des techniques doit permettre derépondre aux questions suivantes :- l’aspect des cavités nasales et des sinus est-ilnormal ou anormal ?- la lésion est-elle agressive ou bénigne ?- si la lésion est agressive, existe-t-il des signesen faveur d’une tumeur ?- si la lésion est agressive, quelle est son étendue ?- y a-t-il un envahissement cérébral ?

1. Rhinite bactérienneLa rhinite bactérienne est une lésion peuagressive, mais qui peut être à l’origine detroubles chroniques et d’une modificationétendue des cavités nasales et des sinus.Les remaniements classiquement observés sontun épaississement de la muqueuse nasale et uneproduction accrue de mucus. Une sinusitecomplique parfois la rhinite. Elle se manifestealors par un épaississement de la muqueusesinusale et un contenu liquidien plus ou moinsimportant dans les sinus.Dans son aspect typique, le caractère peuagressif de la lésion préserve la visualisationdes cornets nasaux et du vomer, tant sur laradiographie qu’à l’examen tomodensitomé- !!

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PHOTO 10. Radiographie rostro-caudale dessinus frontaux lors d’une sinusite aspergillairechez un chien (aspect non spécifique, cette image pouvant être observée lors d’unesinusite bactérienne ou lors d’une tumeur).Une opacification du sinus frontal droit est observée (il apparaît plus dense que legauche, d’aspect normal). Aucune lyseosseuse n’est visible. L’augmentation de densité correspond à un encombrement de la cavité sinusale par du liquide, du tissuinflammatoire ou des filaments mycéliens.

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PHOTO 12. Radiographie ventro-dorsale gueuleouverte lors d’une tumeur de la cavité nasaledroite chez un chien (aspect spécifique). Uneopacification de la portion caudale de la caviténasale droite est observée. Elle est associée à une désorganisation des volutesethmoïdiennes et du cornet dorsal (lyse). Une discrète irrégularité de la face droite du vomer est visible sur le cliché d’origine.

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PHOTO 9. Radiographie ventro-dorsale gueuleouverte lors d’une rhinite aspergillaire chez un chien (aspect spécifique). Uneradiotransparence anormale de la caviténasale gauche est observée en régionrostrale. Les lames des cornets rostraux(ventral et dorsal) ne sont plus visibles.

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PHOTO 11. Coupe transversalepar scanner en régionmoyenne des cavités nasaleslors d’une rhinite aspergillairechez un chien. Une vacuitéde la cavité nasale droite estobservée, sans massetissulaire visible. Elle est dueà une lyse complète descornets. La cavitécontrolatérale présente unélargissement des espacesentre les cornets, témoind’une atteinte moins sévèrede ce côté. Cet aspect estspécifique.

Points forts! Un temps de pose long et un kilovoltage inférieur à 60 kV permettent d’obtenirdes radiographiescorrectement contrastées.L’utilisation d’écrans lents etd’une technique “en direct”fournit une image d’excellenterésolution spatiale qui autoriseune observation détaillée.! L’incidence radiographiqueventro-dorsale dite “gueuleouverte” est recommandéecar elle permet de limiter la superposition de la langueet des mandibules sur les cavités nasales.! L’IRM offre au moins la même sensibilité que le scanner. Elle permet dedistinguer plus précisémentles accumulations de liquidedes structures tissulaires dans les cavités nasales ou sinusales.! Les épillets et les autrescorps étrangers végétaux sontrarement visibles sur uneradiographie. Au scanner, laprésence d’un peu d’air autourde ceux-ci peut en délimiter le contour.! Les tumeurs nasales ne sontpas toujours ostéolytiques,notamment le lymphomenasal chez le chat.

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trique. L’aspect radiographique typique est uneopacification plus ou moins marquée d’une oudes deux cavités nasales, sans disparition descornets nasaux ethmoïdaux, ni lyse des os dela face (PHOTO 5). Les cornets nasaux rostrauxpeuvent être masqués par le contenu liquidien,hémorragique ou purulent, des cavités nasales(signe de continuité) [9].Le scanner et l’IRM révèlent un septum et descornets nasaux intègres et une diminution desespaces libres dans la cavité nasale, en raisonde l’épaississement muqueux et de la produc-tion accrue de mucus (PHOTO 6).Chez le chat, les rhinites chroniques peuventprésenter un caractère plus agressif, avec unelyse possible des cornets nasaux. Les os de laface ne sont habituellement pas concernés parla lyse.

2. Rhinite à corps étrangerLe diagnostic de rhinite à corps étranger esthabituellement difficile à établir. La survenuedes symptômes est souvent paroxystique, dèsl’intromission du corps étranger dans la caviténasale. Les corps étrangers radio-opaquespeuvent être décelés aisément par la radiogra-phie ou, mieux encore, par le scanner. Enrevanche, les épillets et autres corps étrangersvégétaux sont souvent peu denses et ne sont pasvisibles sur une radiographie. Dans de rares cas,il est possible de repérer le granulome inflam-matoire qui se forme autour du corps étranger[4, 11]. Au scanner, la présence d’un peu d’airautour du corps étranger peut délimiter soncontour, alors parfois reconnaissable par uneforme plus géométrique que les structuresanatomiques normales de la cavité nasale(PHOTOS 7 ET 8). Une destruction discrète descornets nasaux environnants et une réactiontissulaire modérée sont parfois observées auscanner ; la confusion peut alors être faite avecune rhinite aspergillaire localisée. La reconnais-sance de ces corps étrangers reste cependantdifficile [7]. Les corps étrangers radio-opaquessont aussi divers que des dents ou des fragmentsde dents, des plombs de chasse ou desmorceaux d’os ou d’aliments inhalés ou régurgi-tés. Un rinçage nasal vigoureux permet parfoisde déloger le corps étranger, et de réaliser dansle même temps le diagnostic et le traitement.

3. Rhinite mycosiqueLa rhinite mycosique la plus fréquente enFrance est l’aspergillose nasale. Elle se distin-gue de la rhinite bactérienne, dans les formesévoluées, par un caractère essentiellementlytique. L’image radiographique typique est uneaugmentation de la radiotransparence descavités nasales (PHOTO 9). Cette lésion estsouvent bilatérale (dans 65 % des cas) [8],symétrique ou non. Elle est habituellementsituée plutôt dans la partie rostrale des cavités

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PHOTO 13. Radiographie latérale lors d’une tumeur des cavitésnasales chez un chien (aspect spécifique). Une lyse majeure est observée, ainsi qu’une ostéoprolifération de contourirrégulier et mal délimité au niveau de l’os nasal et de la partiedorsale du maxillaire. Un épaississement des tissus mousdorsalement à cette lésion osseuse est également visible.

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PHOTO 15. Coupe transversalepar scanner en fenêtretissulaire lors d’une tumeurde la cavité nasale gauchechez un chien. Uncomblement de cette cavitéest observé. Une effractiondu septum est visible, avecun début d’envahissementde la cavité nasale droite.L’épaississement des tissusmous dorsaux traduitl’infiltration des tissusextérieurs à la cavité nasalepar la tumeur.

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PHOTO 14. Coupe transversalepar scanner en fenêtreosseuse lors d’une tumeurde la cavité nasale gauchechez un chien. Cette cavitéapparaît comblée par unestructure tissulaire. Leseptum n’est plus visible et la masse tissulairecommence à gagner lacavité nasale droite. Unediscrète érosion de la faceinterne de l’os nasal estvisible (flèche).

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PHOTO 16. Reconstruction dorsale par scanneren fenêtre osseuse lors d’une tumeur de la cavité nasale gauche chez un chien. La reconstruction permet d’évaluer plusfacilement l’extension rostro-caudale de lalésion. Une destruction partielle du septumest observée, ainsi qu’une érosion de la lameorbitaire osseuse (flèche).

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PHOTO 17. Reconstructionparasagittale par scanner,après l’injection d’un produitde contraste iodé, lors d’unetumeur des cavités nasalesavec envahissement cérébralchez un chien. La partiecaudale de la cavité nasaleest occupée par une massetumorale. Une destruction dela lame criblée de l’ethmoïdeest observée. La fixationd’iode dans les lobesolfactifs (flèche) traduit un envahissement cérébralpar la tumeur.

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nasales [11]. Une atteinte sinusale concomi-tante peut être observée (PHOTO 10).Au scanner ou à l’IRM, une vacuité de la caviténasale atteinte est également notée, avec unedestruction des cornets et une absence de massetissulaire, les filaments mycéliens ne consti-tuant généralement pas une véritable masse(PHOTO 11). Une atteinte sinusale est visible auscanner dans 74 % des cas, sous la forme d’unépaississement muqueux ou de structurestissulaires anormales [8]. La lyse des os de laface (os frontal surtout), du vomer et del’ethmoïde est fréquemment décrite, mais elleest peu importante. La destruction des cornetsest en revanche intense et domine le tableaulésionnel [8], avec un effet de “cavitation”.

4. Tumeurs nasalesLes tumeurs malignes présentent un caractèreagressif. Les plus fréquentes sont les adénocar-cinomes, les carcinomes, les carcinomes épider-moïdes et les lymphomes (surtout chez le chat).Chez le chien, les lésions tumorales sont souventunilatérales. À un stade avancé, toutefois, unedestruction du septum peut conduire à uneatteinte bilatérale. La région caudale est plusfréquemment concernée [6]. Une opacificationpar une masse tissulaire est alors visible sur lesclichés radiographiques (PHOTO 12). Une lysedes cornets nasaux, du vomer, des os de la face,de la lame criblée ou la présence d’un tissuanormal derrière l’œil caractérisent une lésionagressive, généralement tumorale [3] (PHOTOS

13, 14 ET 15). Un bilan d’extension précis estobtenu par une technique de tomographie : lescanner ou l’IRM (PHOTO 16). Ces méthodespermettent notamment d’observer un éventuelenvahissement cérébral à travers la lame cribléede l’ethmoïde, ce qui compromet fortement leschances de réussite d’un traitement chirurgicalou d’une radiothérapie (PHOTOS 17 ET 18).Cet aspect caractéristique des tumeurs n’estparfois pas observé, notamment pour leslésions peu évoluées. La confusion avec unprocessus bénin, tel qu’une rhinite, est alorspossible. Certains types tumoraux peuvent enoutre présenter des aspects divers, avec unelyse plus ou moins marquée. C’est le casnotamment du lymphome nasal chez le chat,qui peut apparaître sous la forme d’une massetissulaire, uni- ou bilatérale, avec ou sans signesde lyse des cornets nasaux ou des os de la face[10] (PHOTO 19). Une biopsie du tissu est alorsrecommandée.

Ces différentes techniques d’imagerie, enprécisant le degré d’agressivité de la lésionnasale et en évaluant son extension, permettentd’orienter le diagnostic, même si celui-ci ne peutêtre établi dans tous les cas. La mise en évidencedes corps étrangers reste délicate quand il s’agitde structures végétales. Un diagnostic précoceest le gage d’un traitement efficace et le moinsdélabrant possible. Les symptômes se manifes-tent souvent tardivement. Ainsi, l’explorationtardive d’un jetage chronique ou d’une épistaxisexpose à découvrir une lésion déjà très étendueet donc inopérable. Même si une radiographiepermet de différencier une tumeur évoluéed’une rhinite chronique, cette technique estsouvent imprécise. Elle nécessite en outre uneanesthésie générale de l’animal et un position-nement délicat. L’économie réalisée par rapportà un scanner est donc discutable. Il est ainsipossible d’envisager le recours à ce dernier enpremière intention lors d’affection nasalechronique réfractaire aux traitements. ■

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PHOTO 18. Coupe parasagittale par IRM enpondération T1, après l’injection de gadolinium,lors d’une tumeur des cavités nasales avecenvahissement cérébral chez un chien. Les lobes olfactifs sont envahis (flèches) par une tumeur qui occupe la portion caudaledes cavités nasales et les sinus frontaux.

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PHOTO 19. Radiographie ventro-dorsale gueuleouverte lors d’une tumeur de la cavité nasaledroite chez un chat. Une opacification de lacavité nasale droite est visible, sans évidencede lyse osseuse. L’aspect est non spécifiquecar cette image peut être observée lors derhinite bactérienne. L’agressivité de la lésion a été confirmée par scanner. Les tumeurs sontparfois peu lytiques, notamment lors delymphome ou en début d’évolution, ce quirend le diagnostic plus difficile à établir.

Bibliographie1 - Barone R. Anatomie comparéedes mammifères domestiques. 3e éd. Vigot. Paris. 1986:761.

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