Dimanche 1er décembre 2013 - 16H00 Arsenal Grande Salle Metz CONCERT COMMENTE « IMPRESSIONS D’ESPAGNE » Direction et commentaire Alexandre Myrat Violon Denis Clavier Emil Waldteufel Valse fantaisie d’après España de Chabrier Jules Massenet Le Cid – Castillane, Aragonaise, Madrilène Camille Saint-Saëns Havanaise Edouard Lalo Symphonie espagnole – Habanera Jacques Ibert Escales – Valencia Maurice Ravel Alborada del gracioso

Rythmant la vie parisienne durant toute la seconde moitié du XIXe siècle, les expositions universelles nourrissent le goût des Français pour l’exotisme, des contrées « nègres » jusqu’à l’Extrême-Orient dont Debussy et tant d'autres se font l’écho sublimé. Moins lointaine mais tout aussi attirante, l’Espagne gagne elle aussi ses lettres de noblesse en terres artistiques, telle cette « Carmen » qui tourne bientôt la tête à Mérimée, avant Bizet. Friande de sonorités nouvelles, la musique n’est en effet pas en reste. Ravel et Debussy n’échapperont pas à cet appel du Sud, et avant eux Chabrier, Saint-Saëns ou Lalo y sacrifieront volontiers. ÉMILE WAL DTEUFEL (1837 - 1915) Valse fantaisie d'après España de Chabrier En 1882, Chabrier séjourne pendant quatre mois en Espagne. Une fois de retour en France, encore séduit par une incroyable floraison de rythmes et de mélodies, il écrit sa première œuvre destinée à l’orchestre : España. Pour la composition de cette œuvre évoquant l'Espagne, Chabrier utilise deux thèmes de danses : l’un vif et brillant, celui de la jota aragonaise et l’autre, sensuel et langoureux, inspiré de la malagueña du sud de l’Espagne. Trois ans plus tard, la Valse-fantaisie arrangée par Émile Waldteufel ne fit qu’accroître le succès de l'œuvre. De manière très habile Waldteufel reprend l'essentiel du matériau thématique de la pièce de Chabrier. 1885 Événements contemporains Première communication téléphonique sans fil. La statue de la Liberté, œuvre du sculpteur français Bartholdi, arrive à New York. Pasteur invente le vaccin et pratique la première vaccination contre la rage sur un jeune garçon. Grévy est réélu Président de la République française. Peugeot lance le vélocipède. Mort de Victor Hugo. Œuvres contemporaines Te Deum de Bruckner. Dvorák 7e Symphonie. César Franck Variations symphoniques pour piano. JULES MASSENET (1842 - 1912) Le Cid, Suite de ballet - Castillane, Aragonaise, Madrilène

La suite fut créée (incorporée à l’opéra lui-même) le 30 novembre 1885 à l’Académie de musique. En 1885, un an après le triomphe de Manon, Jules Massenet compose Le Cid, opéra en quatre actes d’après la pièce éponyme de Corneille. L’action se déroule dans l’Espagne du XIe siècle : Chimène cherche à se venger de Rodrigue, qui a tué son père, mais elle ne peut cesser de l’aimer – et finira par l’épouser. L’ouvrage est le dernier de Massenet à répondre à l’esthétique du « grand opéra », marquée par la richesse des moyens, musicaux et scéniques. Comme il se doit pour ce genre d'ouvrage, un ballet apparaît au milieu du deuxième acte, intégré à l’action : sur la grande place de Burgos, l’Infante fait l’aumône tandis que des danses populaires se succèdent. Massenet compose ici des pages de couleur ibérique qui ont rapidement trouvé leur autonomie au concert. La Castillane présente un innocent motif des flûtes avec lequel contrastent plusieurs élans orchestraux. Le thème de l’Aragonaise tournoie, scandé par le tambour de basque. La Madrilène consiste d’abord en un délicat duo cor anglais et flûte, bientôt accompagné par la harpe (qui évoque, bien entendu, une guitare) ; puis vient une mélodie joyeuse très rythmée soutenue par des castagnettes.

CAMILLE SAIN T-SAËNS (1835 - 1921) Havanaise pour violon et orchestre La Havanaise composée en 1887, est dédiée à Pablo de Sarasate, le grand violoniste virtuose espagnol, ami du compositeur. Elle combine le charme et la virtuosité du violon soliste au rythme alangui de la Habanera. On prétend qu’elle vînt à Saint-Saëns de la contemplation et du babillage sonore des étincelles dans la cheminée alors qu’un feu de bois brûlait un soir d’hiver. L’anecdote fût-elle trop belle pour être vraie ; il n’en demeure pas moins que l’on trouve dans cette page un « don du rêve », une poésie passionnée, un chant profond, plein de grâce et de naturel qui ont souvent tenté les plus célèbres violonistes. 1887 Événements contemporains Début de la construction de la Tour Eiffel à Paris. Démission du Général Boulanger. Démission du Président de la République Jules Grévy et élection de Sadi Carnot comme Président de la République. Paul Gauguin s'installe à Pont-Aven. Invention du disque en cire par Émile Berliner qui permet une reproduction fidèle des ondes sonores. En 1889, il inventera un gramophone. Mort de Borodine à St- Pétersbourg. Œuvres contemporaines Fauré écrit son Requiem. Verdi compose Otello. ÉDOUARD LALO (1823 - 1992) Symphonie espagnole pour violon et orchestre opus 21. (1874) - Habanera

Créée le 7 février 1875 aux Concerts populaires de Jules Pasdeloup, sous la direction de ce dernier, avec le dédicataire au violon. En dépit du titre, cette partition n'est finalement, ni une symphonie, ni un concerto mais une habile synthèse des deux genres s'ordonnant en cinq mouvements et dont l'adjectif du titre souligne la présence de rythmes ibériques. Elle est surtout déterminée par la personnalité de son destinataire et dédicataire, le violoniste espagnol Pablo de Sarasate, à qui Édouard Lalo offrit une partition taillée sur mesure, capable de le faire rayonner tout en rappelant sa nationalité. Lalo acquiert sa notoriété de compositeur grâce à cette Symphonie espagnole, qui devient rapidement l’une des partitions les plus célèbres du répertoire français. Particulièrement réussi, l’Intermezzo en la mineur est bâti sur les rythmes joyeux de la Habanera. 1874 Événements contemporains Première exposition impressionniste à Paris qui soulève un tollé de la critique. Naissance du compositeur Arnold Schoenberg à Vienne. Naissance dans le Connecticut du compositeur Charles Ives. Œuvres contemporaines Moussorgski Tableaux d’une exposition pour piano. La Chauve-souris opérette viennoise de Johann Strauss. Tchaïkovski Quatuor n°2. Requiem de Verdi

JACQUES IBERT (1890 - 1962) Escales - Valencia

Créées à Paris, salle Gaveau avec l’orchestre des Concerts Lamoureux sous la direction de Paul Paray en janvier 1924. En 1919, Jacques Ibert jeune compositeur sur la route de Rome vers la Villa Médicis effectue une croisière sur la Méditerranée en compagnie de sa jeune épouse. Il avouera, au terme de ce périple, être inspiré par les paysages, les yeux imprégnés des lumières du sud. Il compose Escales, entre 1920 et 1922 à la Villa Médicis, et à Paris. L'œuvre fait partie du « deuxième envoi de Rome », travail obligatoire des pensionnaires musiciens. Cette musique délibérément pittoresque était à l'origine une Suite d'orchestre portant trois numéros, auxquels Ibert attribua plus tard, sur demande de son éditeur, des titres. Les trois escales ont lieu, successivement, sur la côte italienne (Rome-Palerme), dans le sud tunisien (Tunis-Nefta) et en Espagne (Valencia). 1922 Événements contemporains Raymond Poincaré est nommé Président du conseil, Pie VI succède à Benoît XV au Vatican. Landru, accusé d'avoir assassiné, dépecé et brûlé dix femmes, est guillotiné à la prison de Versailles. En Russie, Staline devient secrétaire général du parti communiste. Naissance de l'U.R.S.S. (Union des républiques socialistes soviétiques). Mussolini marche sur Rome, forme son gouvernement et obtient les pleins pouvoirs. Première émission de radiodiffusion à la B.B.C. En France, Création du code de la route. Howard Carter découvre la tombe de Toutankhamon à Louxor. Décès à Paris de l'écrivain Marcel Proust à l'âge de 51 ans. Décès du dernier castrat Alessandro Moreschi. Œuvres contemporaines Manuel de Falla Le retable de Maître Pierre. Maurice Ravel réalise une orchestration des Tableaux d’une exposition de Moussorgski. Arnold Schoenberg écrit une méthode de composition avec 12 sons : système d’écriture qui prend le nom de dodécaphonisme. MAURICE RAVEL (1875-1937) Alborada del gracioso

Création de la version orchestrale le 17 mai 1919 à Paris par l’Orchestre Pasdeloup dirigé par Rhené-Baton. Quatrième pièce des Miroirs pour piano, l’Alborada del gracioso composée en 1905, et orchestrée en 1919, n’est pas seulement l’une de ses œuvres les plus célèbres, c’est aussi l’une de ses meilleures tentatives de « musique espagnole ». Le titre ne gagne pas vraiment à être traduit : Alborada del gracioso est tellement plus beau que « Aubade du bouffon » ! Comme dans la plupart des autres orchestrations ravéliennes, « brillent une ingéniosité et une virtuosité qui n’ont jamais été surpassées ». Les timbres que la version pianistique portait en germe s’y retrouvent magnifiés, plus colorés encore tout en demeurant, pour certains, sublimes : ainsi ce son de guitare si prégnant… sans guitare. 1905 Événements contemporains Loi sur la séparation de l'Église et de l'État en France. Fondation du parti socialiste SFIO (Section française de l’Internationale ouvrière) sous la direction de Jean Jaurès. En Russie, 1re révolution. Le tsar Nicolas II de Russie accepte la création d'une Douma (assemblée) élue au suffrage restreint et indirect. Gabriel Fauré est nommé directeur du Conservatoire de Paris. Fondation du Trio Cortot–Thibault–Casals. Œuvres contemporaines Mahler Symphonie n°7. Sibelius Concerto pour violon. Salomé, opéra de Richard Strauss.

ALEXANDRE MYRAT Chef d’orchestre

Né à Volos (Grèce). La musique lui est « révélée » alors qu’il a treize ans. Il dirige son premier concert sept ans plus tard (MIDEM classique à Cannes (1970), Orchestre de Monte Carlo, soliste : Henryk Szeryng). Il étudie à Paris avec Igor Markevitch, Max

Deutsch et Nadia Boulanger (« Né pour diriger », commentera-t-elle). Depuis la première audition intégrale de l’Orestie de Darius Milhaud qu'il dirige pour Radio France en 1976, une carrière internationale le conduit en France, Belgique, Pays-Bas, Grande-Bretagne, Italie, Espagne, Yougoslavie, Bulgarie, Allemagne, Grèce, Corée… . La même année, il est lauréat du concours Gino Marinuzzi de San Remo. Naturalisé français en 1977, Alexandre Myrat collabore régulièrement avec les orchestres de Radio France, réalisant enregistrements, concerts, premières auditions ainsi que la mémorable création mondiale en 1978, à la tête du nouvel Orchestre philharmonique de Radio France, de la Symphonie « La Journée de l'existence » d' Ivan Wyschnegradsky, en présence du compositeur. Ce concert « live », édité en CD par Shiiin en collaboration avec l’INA, a été accueilli par des critiques élogieuses et un « Diapason d'Or » est venu s'ajouter aux prix du disque obtenu pour ses enregistrements EMI & AUVIDIS. En 1984, il fonde Le Sinfonietta – Orchestre régional de Picardie, qu’il dirige jusqu’en 1989. Cette période établie sa réputation de « mozartien ». Parallèlement, il coopère comme chef invité avec de nombreuses autres formations : Orchestre national de Belgique, Orchestre symphonique de Liège, Orchestre de chambre de Norvège, London Mozart Players, English Chamber Orchestra… . Il réalise de nombreux enregistrements pour la BBC et dirige pendant trois années consécutives le jeune Orchestre d’Edimbourg avec lequel il remporte, en 1994, les Prix du « meilleur orchestre » et du « meilleur enregistrement » du concours international de Vienne. Depuis 1991, il collabore régulièrement avec le Mégaron d’Athènes. Il fonde La Kamerata d’Athènes, premier orchestre grec qui, sous son impulsion, rayonne internationalement, et avec lequel il produit également des opéras. Quelques points forts, de 20 ans de travail avec cette formation dont il est chef permanent depuis sa création : • pour EMI - Le Retour d’Ulysse, l’opéra de Thanos Mikroutsikos, (présenté à l’Opéra de Montpellier / Festival de Radio France et au Mai musical Florentin) • pour ARTION RECORD - Pierre et le loup de Prokofiev, Le Carnaval des animaux de Saint-Saëns • pour BLUE NOTE - Music Stories (Thanos Mikroutsikos/ Gary Burton) • pour AGORA (label pour lequel il a commencé une série d’enregistrements consacrés à Mozart avec le Kammerorchester Pforzheim). En 2002, une tournée en Espagne avec Mstislav Rostropovitch. En 2003, le Festival d’Athènes et le Festival Celibidache (Munich). En 2004, il dirige les concerts importants liés aux cérémonies des jeux olympiques d’Athènes. En 2005/ 2007, il est chef invité principal de l’Orchestre de Patras dans le cadre de Patras 2006, capitale européenne de la culture. Première en Grèce des Noces de Stravinsky avec le SWR Vokalensemble (Mégaron, novembre 2006). Membre de l’encadrement de l'Académie lyrique de Vendôme depuis 2006, il est également depuis 2008, principal chef invité de la Philharmonie de Targu - Mures. En 2011, Alexandre Myrat est nommé directeur artistique de l'Orchestre symphonique d'État de Thessalonique. En janvier 2013, il est promu Officier dans l'Ordre des Arts et Lettres.

DENIS CLAVIER violon

Après avoir étudié avec Gérard Poulet, Pierre Nérini, Augustin Dumay et Jean Hubeau, il obtient son premier prix de violon et de musique de chambre à l’unanimité au Conservatoire national supérieur de Musique de Paris. Il se consacre pendant un an au jazz, notamment avec Jean-Louis Chautemps et Siegfried Kessler, ainsi qu’à la musique yiddish, puis à la musique baroque avec Jean-Claude Malgoire, Christophe Coin, William Christie, Christopher Hogwood… Supersoliste de l’Opéra de Lille de 1980 à 1986, il est supersoliste de l’Orchestre national de Lorraine depuis 1986. Parallèlement à ses fonctions de « Konzertmeister », Denis Clavier se consacre à sa carrière de concertiste et à la musique de chambre. Il s’est produit dans la plupart des pays d’Europe ainsi qu’en Amérique du Sud, et a enregistré pour, France Culture, France Musique, TF1, Antenne 2, FR3, la Radio Polonaise, Essischer Runfung et la Saar Rundfunk (Concerto à la mémoire d’un Ange de Berg).

Sa discographie comporte avec l’Orchestre national de Lorraine Tsigane de Ravel (J. Houtmann), le Concerto pour violon de Stravinski (F. Quattrocchi) ainsi que le Concerto pour violon et la Suite hongroise de Reynaldo Hahn (F. Quattrocchi) : un des cinq disques de base de la discographie de Reynaldo Hahn ; en musique de chambre : les Trios n° 4-6-7 de Henri Réber, l’oeuvre pour violon et piano ainsi que le quintette de Reynaldo Hahn, et dans le cadre de la « Mémoire musicale de la Lorraine » le Quintette op.24 et le Quatuor op.68 de Théodore Gouvy (Indispensables Fayard 1996), ainsi que le Quatuor n° 6 et le Quintette op.55 du même Gouvy (« Choc de la musique » & « recommandé » par Klassic Heute). Après avoir récemment enregistré un cd de mélodies avec Élisabeth Vidal et André Cogniet, il prépare actuellement l’enregistrement du 6e Quintette (inédit) et du 2e Trio avec piano de Gouvy, dans le cadre de l’année Gouvy, en partenariat avec le Conseil général de la Moselle – Moselle Arts Vivants et K617. Il a également interprété les concertos de Arce Sejas « Tiawanaku in memoriam », Bach, Beethoven violon et triple, Bernstein Sérénade, Bloch Baal Shem, Brahms violon et double, Casanova, Chausson Poème, Dompierre Diableries, Dvorák Romance, Leroux D’Aller, Martinu, Mendelssohn, Milhaud Le Boeuf sur le toit, Mozart n°4 et 5, Narboni (création), Prokofiev n°1, Ravel Tsigane, Florent Schmitt Habeyssée, R. Strauss, Vivaldi Quatre saisons et récemment Ñawpa pour violon et orchestre à cordes de Thierry Pécou. Il enseigne au sein d’une classe de « préparation au métier d’orchestre » au CNR de Metz et a donné des masterclasses en Amérique du sud.