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Impulsion royale à l’énergie solaire N° 33 - Octobre/Novembre 2012 - 4ème Trimestre Developpement durable Les enjeux en Méditerranée Les enjeux en Méditerranée Charte de l'Énergie Compensation Après Rio : quoi de neuf ? Le Maroc s'engage Boulif : "Elle sera graduelle"

Impulsion royale à l’énergie solaire Les enjeux en

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Impulsion royale à l’énergie solaire

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Developpement durable

Les enjeux enMéditerranéeLes enjeux enMéditerranée

Charte de l'Énergie Compensation

Après Rio : quoi de neuf ?Le Maroc s'engage Boulif : "Elle sera graduelle"

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Voeux

Le Président et le Bureau Exécutif de la Fédération de l’Energieont l’insigne honneur de présenter àS.M. LE ROI MOHAMMED VI

Que Dieu l’assisteleur hommage déférent et leur indéfectible attachement

aux valeurs sacrées de notre paysà l’occasion de la célébration du treizième anniversaire

de son accession au Trône de ses glorieux ancêtres.Les opérateurs de l’énergie saisissent également cette opportunité

pour renouveler à notre Auguste Souverainleur engagement et leur adhésion à accompagner

les programmes de développement économique et social du Maroc

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Notre programme ambitieux pour la production d’énergies nouvelles

« Convaincu de la nécessité de préserver l’avenir des générations futures, Nous n’avons de cesse d’insister sur la concomitance des exigences de développement avec l’impératif d’assurer la protection de notre environnement, afin de garantir, à terme, les conditions d’un développement durable pour notre pays. Nous agissons, donc, avec détermination pour assurer la préservation, la gestion judicieuse et la valorisation de nos ressources naturelles au service de l’économie nationale. Dans la même démarche s’inscrit le programme ambitieux que Nous avons lancé pour la production d’énergies renouvelables, éolienne et solaire, en vue de réduire nos importations en énergies conventionnelles et d’alléger le fardeau qu’elles représentent pour l’économie nationale.»

Èxtrait du discours du Trône, prononcé par SM le Roi Mohammed VI à Rabat, le 30 juillet 2012

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Vivo Energy est la nouvelle compagnie panafricaine opérant sous la marque mondialement reconnue Shell. Notre objectif est de créer une société dynamique, à fort potentiel de croissance, capable d’offrir durablement de la valeur à nos clients, à nos employés, aux communautés auprès desquelles nous opérons et à notre environnement au sens le plus large. A travers cet objectif, nous aspirons à devenir l’entreprise d’énergie la plus respectée en Afrique.

Devenir l’entreprise d’énergie la plus respectée d’AfriqueVivo Energy, la nouvelle entreprise de distribution et commercialisation de la marque Shell en Afrique

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Energie & Stratégie Octobre / Novembre | 5

SommaireSommaireN° 33 - Octobre/Novembre 2012

Magazine de la Fédération de l’Energie

23, Bd. Mohamed Abdou – Palmiers, Casablanca – 20340

Tél. : (212)0522 99 70 71/72 – Fax : (212)0522 98 52 80Email : [email protected]

Directeur de la PublicationMoulay Abdallah Alaoui

Comité ScientifiqueMed Bennani Smirès, Rachid Idrissi Kaïtouni,

Saïd Mouline

Rédacteur en ChefFouad Nejjar

Conception et réalisationAveprod

13, rue des Tuileries – Palmiers, CasablancaTél. : (212)0522 25 65 42 – Fax : (212)0522 25 64 83

Email : [email protected]

ImpressionEdit

Edito : « Maintenir le cap »

Energie News - Nation

Energie News - International

Actualité : Forum de l’énergie

L’engagement continu du Royaume

Discours inaugural de Fouad Douiri

La station solaire à un groupe saoudien

Evénement : Ouarzazate

Les défis énergétiques euro-méditerranéens

Message Royal au colloque

Déclaration du Vice-Président de l’AMP

Les atouts importants du Royaume

Les spécialistes saluent le cap du Maroc

L’aventure de « Solar Impulse »

Bakkoury : «C’est un événement historique»

Dossier : Le gaz en Méditerranée

Les évolutions de l’industrie du GNL

Le Maroc parmi les nouveaux importateurs

Interview de Pedro Moraleda

Opérateurs & associés

Activités de la Fédération de l'Energie

Lydec et le développement de Casablanca

Photovoltaïque : le rôle précurseur de Soitec

Samir : 10 millions de tonnes produits par an

Économie & Énergie

Le pétrole n’est pas en voie de disparition

SolarPaces à Marrakech

Najib Boulif : « La réforme sera graduelle »

L'Economiste : analyse de Nabil Bayahya

La transition des EnR en Afrique

Phosphates : exportations en progression

Interview de Hanan Hanzaz Fehri

Environnement : l’après Rio+20

Chronique de J.M. Lorach et S. Pagnier

Médias et publications

Le Maroc dans "Gaz d'aujourd'hui"

Fukushima: j’y pense et puis j’oublie...

A. Benkhadra et la découverte de pétrole

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F. Amoroso

M. Bakkoury

Solar Impulse

M. Boulif

F. Douiri

Ouarzazate

H. Hanzaz Fehri

Forage de pétrole

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Energie & Stratégie Octobre / Novembre 2012 | 7

Editorial

Maintenir le cap

Nul vent n’est favorable pour celui qui ne sait où il va (Sénèque)

Par Moulay Abdallah AlaouiPrésident de la Fédération de l’Energie

Le bien-être de la population maro-caine, la compétitivité de nos entre-prises et le fonctionnement global de la société sont dépendants d’une

énergie sûre, durable, disponible et dont l’ap-provisionnement est sécurisé. Les infrastructures éner-gétiques qui alimenteront notre industrie, nos centra-les électriques, les clients finaux, les foyers et les ser-vices en 2030, ainsi que les bâtiments qui seront utilisés, sont conçus et construits aujourd’hui. Les schémas de production et de consommation d’éner-gie en 2030 se déterminent dès à présent. Nous avons, certes, une stratégie énergétique natio-nale avec des objectifs et orientations qui cou-vrent les deux prochaines décennies.Cependant, nous devons rester vigilants pour que les investissements ne soient pas différés quelles que soient les contraintes pour ne pas créer des incertitudes chez les investisseurs, les partenaires et les citoyens. Tout investis-sement différé coûtera plus et entrainera des perturbations à long terme. Le cas du gaz naturel, appelé à remplacer le charbon, doit être un chantier prioritaire aujourd’hui, tant pour l’investissement que pour la diversité des sources d’approvision-nement et ne peut souffrir d’aucun retard. Des contrats de fourniture de gaz de longue durée sont requis pour garantir les investissements dans les infrastructures de production et de transport de gaz.C’est la raison pour laquelle, la Fédération

de l’Energie a toujours milité pour une large concertation impliquant le secteur public, donnant ainsi une dimension sociale à la pro-blématique de l’énergie.Il conviendrait qu’une feuille de route soit élaborée pour mettre en œuvre les conditions

nécessaires à la réalisation du programme de développe-ment énergétique.Nous suggérons des comi-tés ad hoc pour réfléchir sur les orientations à donner qui impulseront les différentes composantes de la stratégie nationale. Aussi proposons-nous les pistes de réflexion suivantes :1- Les prix de l’énergie pour mieux intégrer les coûts, no-tamment ceux des nouveaux investissements avec une at-

tention particulière pour les groupes les plus vulnérables. 2- L’efficacité énergétique3- Le développement des sources d’énergie renouvelables4- Les investissements publics et privés dans les infrastructures et dans la recherche et le développement. Des tables rondes devraient être dédiées à cette thématique pour évaluer les poli-tiques publiques régissant chaque filière, et faire le point sur l’avancement des dos-siers identifiés.Ces propositions peuvent être enrichies par la jonction d’autres thèmes liés au climat, à l’environnement, la décarbonatation, le déve-loppement durable, le tout dans un package écologique.

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Energie & Stratégie Octobre / Novembre 2012 | 9

Abdelilah Benkirane à la CGEM : « Le gouvernement est déterminé »

Le chef du gouvernement Abdelilah Benkirane s’est entre-tenu, le 19 septembre à Casablanca, avec Mme Meryem Bensalah, Présidente de la CGEM et les membres de la Confédération. A cette occasion, M. Benkirane rappelé «la conjoncture critique» que traversent l’économie mondiale et les principaux partenaires du Maroc, ce qui requiert «une mobilisation collective, la coopération et la complé-mentarité» pour faire face à cette situation. Il a expliqué, que cette réunion traduit «une volonté commune» pour une mise en œuvre optimale du mémorandum d’entente du 6 mars 2012, dans le sillage des entretiens, en août dernier, entre le chef de gouvernement et une délégation de la CGEM, conduite par sa présidente, sur les voies et mécanismes de consolidation du partenariat entre le public et le privé. Il a réitéré la détermination du gouverne-ment à se concerter avec les acteurs socio-économiques afin de réunir les conditions favorables aux réformes de-vant contribuer au développement du climat des affaires et aider à remédier aux dysfonctionnements structurels dont souffre l’entreprise.

Energie News - National

Des chiffres éloquentsLa publication par la Fédération de l’Energie de l’étude conjoncturelle « Les chiffres clés », pour la période 2010-2011 au Maroc, a recueilli tous les suffra-ges en retenant l’attention des experts en la matière. A tel point qu’il a fallu en imprimer une 2ème édition, en septembre, pour satisfaire la demande de nos fidèles lecteurs. Pour sa part, la presse nationale a largement commenté les statistiques et analy-ses contenues dans ce document, en saluant le travail minutieux effectué par ses auteurs, en l’occurrence les responsables de l’agence « Cybèle Engineering ». La publication ayant été diffusée en France, particulièrement auprès des respon-sables gouvernementaux et des acteurs de l’écologie, du développement dura-ble et de l’énergie, nous a valu un nombreux courrier. Paul Lavergne, habitué des colloques sur l’Energie et autres manifestations au Maroc, Conseiller du directeur général Energie & Climat, Chargé de mission (CGDD) en France, estime « le document précieux pour comprendre la politique énergétique ma-rocaine ». Un témoignage qui confirme, si besoin est, la teneur des chiffres clés publiés.

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Le Maroc a retenu EDF Énergies Nouvelles pour construire ISO MW au nord du pays, un projet mené en partenariat avec le Ja-ponais Mitsui & Co. Situé à l’est de Fès, le parc éolien de Taza sera équipé de 50 éoliennes Alstom de 3 MW. Un appel d’offres complémentaire devrait être lancé cette année, portant sur 850 MW. EDF EN va ouvrir une filiale à Casablanca « afin de déve-lopper des activités éoliennes et solaires dans le pays ». EDF EN Maroc et Mitsui seront chargés de la conception, du financement, du développement et de la construction du parc de Taza, ainsi que de son exploitation et de sa maintenance pendant vingt ans. Ils confieront au moins 30 % des travaux de construction à des sous-traitants marocains.

EDF Énergies Nouvelles

On écrit à la fédération

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Energie News - Nation

Une perspective qui n’est plus lointaine. A en croire la compa-gnie Pura Vida Energy, le rêve serait, plutôt, à portée de main. Elle a relevé à la hausse ses estimations de réserves en or noir dans le gisement offshore Mazagan (situé dans les eaux d’El Jadida) à 7 milliards de barils dont 5,3 milliards reviendraient à la société, PVE détient, en effet, 75% des actions contre une participation de 25% pour l’Etat marocain. Des prévisions qui sont le double de ce que PVE déclarait début septembre. Lire en page XX, la réaction de Mme Amina Benkhadra, DG de l’ONHYM (photo).

Le Maroc, producteur de pétrole ?

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Energie News - International

1ER TOUR DU MONDE « 100% Solaire »

Le MS Tûranor PlanetSolar, premier catamaran fonctionnant uniquement à l’énergie solaire, vient de boucler son tour du monde. Il aura parcouru quel-que 60 000 kilomètres pour rejoindre le port Hercule de Monaco, son point de départ. Long de 35 mètres par 23 mè-tres de large, le bateau battant pavillon suisse a été recouvert de 537 m’ de mo-dules photovoltaïques (puissance totale de 120 kWc). Après 19 mois de naviga-tion autour du globe et des escales dans 28 pays du monde, Raphaël Domjan, chef d’expédition et initiateur du pro-jet chez PlanetSolar, s’est déclaré très heureux de n’avoir pas utilisé une goutte de carburant : « Nous avons démontré que nous possédions les technologies et les connaissances pour devenir dura-bles. » Le vaisseau s’est ensuite rendu à Marseille, où il fut l’invité d’honneur des Journées européennes du solaire.

2012-2015La France préside l’UIG

L’avenir apparaît chargé d’incertitudes mais aussi de formidables

opportunités pour le gaz naturelJérôme Ferrier, Président de l’UIG pour le triennat 2012-2015

Le 25ème Congrès mondial du gaz organisé début juin 2012 à Kuala Lumpur en Malaisie s’est terminé par une passation de pouvoir. Ainsi, la France a pris les rênes de l’Union internationale du gaz (UIG) pour les trois années à venir (2012-2015). Cette organisation dont fait partie le Maroc est la voix de l’industrie mon-diale du gaz et contribue à son progrès technique et économique. Ses activités génèrent de nouveaux outils et ressources qui aident à la réflexion d’une stratégie industrielle et à la prise de décisions tout en renforçant les synergies entre les membres.

Les pétroliersLes premiers bénéficiaires de la flambée ac-tuelle sont donc les groupe pétroliers : Shell, BP, Exxon, Total… ont déjà vu leurs bénéfi-ces bondir en 2011, année pendant laquelle le baril de Brent s’est presque constamment maintenu au-dessus de 100 dollars. Le record de bénéfice de 2008 reste encore à battre ce-pendant. Cette année-là, le baril avait atteint un sommet à 147 dollars.L’EtatPlus de 60% du prix de l’essence correspond à deux taxes : l’une, la taxe intérieure sur les produits énergétiques, est fixe. L’autre, la TVA (à 19,6%) évolue selon le prix du pétrole : plus

il est haut, plus elle rapporte. En 2011, elle a amené 10,7 milliards d’euros dans les caisses publiques, selon le rapport des Douanes.Les transports en communQuand rouler en voiture devient trop cher, nombre d’automobilistes deviennent usagers des transports en commun. Une hausse dura-ble du prix de l’essence amène plus de passa-gers dans les transports en commun, d’abord sur les distances longues, desservies par les TER et RER, puis, plus progressivement, sur les trajets courts - métro, bus, tramway.Les énergies renouvelablesEolienne, solaire, marine... A long terme, les énergies «propres» semblent promises à pren-

dre le relais du pétrole. La hausse du prix de l’essence peut-elle accélérer le processus ? Le prix de l’essence ne joue pas vraiment, car il y a peu d’énergies de substitution pour les transports. En revanche, à chaque hausse du-rable du prix du baril, les ventes d’appareils de chauffage à énergie renouvelable - principale-ment le bois - augmentent.»Le commerce de proximitéLes centres commerciaux de périphérie, ac-cessibles seulement en voiture, perdent de leur attrait. «Les gens essayent de rouler le moins possible, donc la fréquentation est plutôt en baisse. Cela renforce l’attrait de la proximité.»

Les « Heureux » de la flambée des cours de pétroleGroupes pétroliers, transports en commun, commerce de proximité... Quand la flambée des prix des carburants fait râler les automobi-listes, certains réalisent de bonnes affaires… en France, la situation est identique dans de nombreux pays.

Le spécialiste américain des modules photovoltaïques à couches minces en CdTe (tel-lurure de cadmium) First Solar va fermer son site allemand de Francfort-sur-l’Oder d’ici fin 2012. En novembre dernier, le groupe y avait pourtant inauguré une nouvelle usine, doublant la capacité de production du site de 250 à 500 MWc. First Solar invo-que une détérioration du marché européen pour justifier cette décision et souhaite se tourner vers des marchés plus stables. Combinée à d’autres ac-tions en Europe, aux États-Unis et en Malaisie, la fermeture du site devrait entraîner une réduction des effectifs du groupe de 30 %, qui lui permettra de diminuer ses coûts de fonctionnement de 30 à 60 millions de dollars (47 millions d’euros) cette année.

Photovoltaique : restructuration

Jérôme Ferrier

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12 | Energie & Stratégie Octobre / Novembre 2012

Energie News - International

Delphine Batho nommée à l’Energie, en FranceDelphine Batho ministre de l’Ecologie, du développement durable et de l’énergie. Dès sa prise de fonction, a pris connaissance des dossiers urgents. S’agissant du code minier, elle réaffirme l’engagement du gouvernement français de le refondre.Pierre-Franck Chevet, présent au colloque internatio-nal sur le gaz, organisée à Casablanca le 29 mars 2012, conserve son poste de directeur général à la direction générale de l’énergie et du climat (DGEC), tout comme Laurent Michel en tant que directeur général, délégué aux risques majeurs, au sein de la direction générale de la prévention des risque (DGPR), et Pierre-Marie Abadie comme directeur à la direction de l’énergie.

Chef de Cabinet de Mme Delphine Batho

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ActualitéPages 14 à 20

Forum et charte de l’Energie à Rabat

Sous le Haut Patronage de SM Le Roi Mohammed VI

Energie & Stratégie Octobre / Novembre 2012 | 13

Kuneralp : « Le Royaume, attractif »

Le Maroc signe la Charte de l’Energie

Energie solaire : une compagnie saoudienne remporte le contrat de 500 millions de dollars

36 intervenants au forum de Rabat

Douiri : « un pas positif et un signal »

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14 | Energie & Stratégie Octobre / Novembre 2012

ActualitéForum de l’énergie

Cette Charte a été signée entre le ministre de l’Energie, des Mines, de l’Eau et de l’En-vironnement, Fouad Douiri, et le président de la Conférence de la Charte de l’énergie,

Selim Kuneralp, lors du Forum de l’énergie de Rabat organisé conjointement par le ministère et le secréta-riat de la Charte de l’énergie.La signature de la charte est «un pas positif et un signal politique fort» sur le respect par le Royaume des normes internationales en la matière, a déclaré à la presse Douiri, notant que le Maroc ambitionne d’améliorer la sécurité de l’approvisionnement, de maitriser l’évolution des coûts et de développer l’efficacité énergétique. «En signant la déclaration politique de la charte de l’énergie, le Maroc va être plus attractif pour les investisseurs étrangers dans le

domaine de l’énergie» a estimé Kuneralp dans une déclaration à la presse.Le Forum de l’énergie de Rabat, qui réunit les pays de la région Mena, a, pour objectif, de discuter «de la création d’un marché régional intégré compétitif» dans ce secteur et de renforcer la coopération avec les instances internationales spécialisées, a affirmé le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération, Saad Dine El Otmani.Placée sous le thème «La création d’un marché ré-gional de l’énergie compétitif et intégré Mena : la contribution de la Charte de l’énergie», cette confé-rence est la 1re édition organisée hors des pays si-gnataires du traité de la Charte de l’énergie, avec la participation du Maroc comme observateur interna-tional. Cette conférence a mis l’accent sur les ques-

Le Maroc a signé, le 20 septembre 2012 à Rabat, la Déclaration politique de la Charte de l’énergie, qui vise le renforcement de la coopération entre les pays signataires dans ce secteur.

La signature de la charte est un pas positif et un signal politique fort sur le respect par le Royaume des normes internationales

L’engagement continu du Royaume

De g. à d. MM. Amrani, Kuneralp, Douiri et Othmani (MAE)

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Energie & Stratégie Octobre / Novembre 2012 | 15

ActualitéForum de l’énergie

tions politiques essentielles qui se posent au secteur de l’énergie au niveau international et les importants développements énergétiques attendus dans la région Mena dans les prochaines années. L’initiative du Maroc de signer, la Déclaration po-litique de la charte de l’énergie est une nouvelle il-lustration de son engagement continu en faveur de l’amélioration de la sécurité de l’approvisionnement et du développement de l’efficacité énergétique.Lancée en décembre 1991, la Charte de l’énergie est une convention sectorielle multilatérale mettant en place le cadre, les fondements et les principes gé-néraux nécessaires à la création d’un climat propice à la coopération régionale et internationale dans le domaine énergétique en vue d’assurer la sécurité des approvisionnements.

Raffermir la coopération entre les pays signatairesCet instrument fait sien les principes économiques pour le développement du secteur de l’énergie aux niveaux national et international, notamment la sup-pression des obstacles au commerce de l’énergie, l’adoption de cadres politiques et législatifs d’inves-tissement afin d’attirer les capitaux, les expertises techniques et les technologies, ainsi que l’adoption des principes de marché libre dans ce secteur. Il met aussi l’accent sur la protection des investissements,

l’utilisation des énergies renouvelables, l’efficacité énergétique et la protection de l’environnement et la promotion de l’éducation et la formation profes-sionnelle. La Charte de l’énergie vise la consécration d’un modèle économique à long terme dans le do-maine de l’énergie, basé sur une économie de mar-ché et contribuant au développement social et à une meilleure qualité de vie.En outre, elle vise à raffermir la coopération entre les pays signataires en vue d’atteindre les objectifs de sécurité d’approvisionnement, de gestion et d’utilisa-tion optimale des ressources et d’assurer un dévelop-pement durable. Ladite Charte a pris la forme d’un instrument international juridiquement engageant, le Traité de la Charte de l’énergie dont la fonction prin-cipale est d’établir et d’améliorer le cadre juridique pour la coopération énergétique, prévu par la Charte. 24 pays, dont le Maroc, en sont observateurs.Le Traité a pour vocation d’offrir un cadre juridique international permettant la protection des investisse-ments dans le secteur de l’énergie et l’intensification des échanges et du transit des produits énergétiques. Il respecte strictement le principe de souveraineté des Etats sur les ressources énergétiques, n’impose aucun mode d’exploitation de ces ressources et ne fixe aucune règle sur la perception de taxes ou royal-ties s’appliquant à cette exploitation.

Le Traité a pour vocation d’offrir un cadre juridique international permettant la protection des investissements dans le secteur de l’énergie

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16 | Energie & Stratégie Octobre / Novembre 2012

ActualitéForum de l’énergie

Je suis convaincu que les travaux de cette conférence contribueront à conférer un élan renouvelé à nos ef-forts au service d’un développement volontariste, maîtrisé et durable du

secteur énergétique des pays de la région MENA.D’ailleurs, cette Conférence intervient après la Sème Conférence sur les Energies Renouvelables dans la région MENA, tenue en mai dernier à Marrakech, dont la déclaration finale a confirmé l’engagement des pays de notre région à renforcer leur coopération en vue d’un développement volontariste des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique (…)Comme vous le savez, deux fractures énergétiques existent dans notre région, l’une entre les pays du Nord et les pays MENA, l’autre entre ces derniers eux-mêmes.En effet, de grandes disparités existent en termes: de disponibilité en ressources énergétiques fossiles; de consommation d’énergie et de rythme de crois-sance de cette consommation; d’accès à l’électricité; de prédominance des énergies fossiles dans le bilan énergétique; d’émissions de gaz à effet de serre.En outre, les pays de la région MENA et ceux de l’Union Européenne sont interdépendants énergéti-quement, compte tenu des impératifs de sécurité des approvisionnements pour les uns et de sécurité de la demande pour les autres.Une telle interdépendance devrait être mieux perçue et mise à profit, afin de mettre en place les conditions d’émergence d’un ensemble économique à crois-sance soutenue et durable. A cette fin, un véritable partenariat énergétique régional basé sur des rapports d’un type nouveau devrait être mis en place dans no-tre région.

Pour le déploiement de technologies sobres et efficacesUn tel partenariat devrait reposer sur un marché énergétique régional intégré, une vaste zone de li-bre-échange, une sécurité énergétique accrue, un développement durable du secteur et la lutte contre

la pauvreté énergétique, tout en mettant à profit les multiples synergies et en intégrant les dimensions politique, institutionnelle, technologique, humaine industrielle et financière.Ce partenariat devrait également permettre le dé-ploiement de technologies énergétiques renouvela-bles, sobres en carbone et efficaces et la limitation des impacts sur l’environnement de notre région, particulièrement vulnérable aux effets du change-ment climatique, même s’elle n’est pas un émetteur clé au niveau mondial.

Promotion de projets énergétiques régionauxFace aux contraintes et incertitudes tant climatiques qu’énergétiques, à la forte croissance de la demande d’énergie dans les pays de la région MENA et de prix des énergies fossiles durablement élevés et volatiles, la progression vers des marchés régionaux intégrés et optimisés, des systèmes énergétiques plus durables et des marchés énergétiques plus stables et plus sûrs devient une nécessité plutôt qu’un choix. (…)D’importants projets énergétiques régionaux ont également été promus, notamment dans le cadre de l’Union pour la Méditerranée. A cet égard, le Plan Solaire Méditerranéen, en cours de mise en œuvre, favorisera le développement à plus grande échelle des énergies renouvelables et de l’efficacité énergéti-

Fouad Douiri, Ministre de l’Energie, des Mines, de l’Eau et de l’Environnement a prononcé un important discours à l’ouverture de la conférence dont voici les principeaux extraits :

Deux fractures énergétiques existent dans notre région, l’une entre les pays du Nord et les pays MENA, l’autre entre ces derniers eux-mêmes

Fouad Douiri : « Le Maroc connait une réelle dynamique»

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Energie & Stratégie Octobre / Novembre 2012 | 17

ActualitéForum de l’énergie

Notre stratégie de développement durable se retrouve au cœur des stratégies sectorielles volontaristes adoptées afin d’assurer une croissance économique forte et durable et un développement humain intégré

que autour et au-delà de la Méditerranée, contribuera à l’émergence rapide d’un marché régional attractif pour les énergies vertes et au développement des échanges « d’électricité verte» autour et à travers la Méditerranée et à combler déficit prévu au sud et à l’est de la méditerranée en eau potable par le dessa-lement de l’eau de mer. (...)Le Maroc connaît une réelle dynamique de réformes majeures entreprises sous la conduite éclairée de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, Que Dieu L’assiste, afin d’accélérer la croissance économique, de mieux intégrer le Maroc à l’économie mondiale, de soutenir le secteur privé, d’assurer le développement humain de tous les citoyens, de lutter contre la pauvreté et l’exclusion et de réduire les disparités régionales, d’intégrer les impératifs du développement durable.Notre stratégie de développement durable se retrou-ve au cœur des stratégies sectorielles volontaristes adoptées afin d’assurer une croissance économique forte et durable et un développement humain inté-gré, bénéficiant à tous nos concitoyens et à toutes les régions de notre pays, notamment dans les secteurs l’énergie , de l’eau, de l’agriculture, de l’industrie, du tourisme et du logement social. (…)

Avantages du statut avanceL’intégration du Maroc dans le système énergétique régional constitue un axe majeur de notre stratégie énergétique. Il s’agit bien pour notre pays de jouer un rôle important dans la coopération énergétique régio-nale, notamment par un développement stratégique des infrastructures nationales de transit, de stockage, d’échange et d’exportation des ressources énergéti-ques, notamment de l’électricité verte.D’ailleurs, le Statut Avancé du Maroc auprès de l’Union Européenne, qui consacre bien les choix du Maroc dans le secteur énergétique, favorisera la pleine intégration du marché marocain de l’énergie au marché européen de l’énergie, notamment pour l’électricité et le gaz, et ce à travers l’accélération de la convergence des politiques et des cadres législatif, institutionnel et de régulation vers les dispositifs en

vigueur au niveau communautaire.Ce Statut permettra également une plus grande ouverture du marché de l’électricité verte des pays de l’UE à l’électricité produite au Maroc à partir des énergies renouvelables, notamment en application des dispositions des directives européennes en vi-gueur en la matière.

Visibilité accrue de nos profits Dans l’esprit de coopération qui unit le Maroc et la Charte de l’Energie, et forts de la relative conver-gence entre les objectifs de la Charte de l’Energie et les axes de la stratégie énergétique du Maroc, j’ai la conviction que nous partageons la volonté d’aller encore plus loin, renforçant ainsi le rôle et la place du Maroc dans le processus de la Charte de l’Energie.Dans cette perspective, le Maroc entend participer activement aux concertations et travaux que vous comptez lancer lors de votre conférence statutaire en novembre prochain afin de refondre et moderniser la Charte de l’Energie.Au moment où mon pays est pleinement engagé dans la modernisation et le développement de son secteur de l’énergie, la signature de la Déclaration de la Charte de l’Energie par la Maroc permettra d’accroî-tre la visibilité internationale de nos projets énergé-tiques et constituera un signal positif sur le plan po-litique, notamment pour les investisseurs extérieurs. Elle renforcera également la position du Maroc en tant que pays de transit dans l’ouest méditerranéen et de pays pivot pour l’exportation d’électricité verte vers l’Europe. Enfin, cette signature reflète bien la volonté politique de mon pays, qui siège déjà dans d’importantes instances énergétiques internationales, tel que le Comité Exécutif du Forum International de l’Energie, et participe déjà activement aux principa-les Initiatives énergétiques internationales, de jouer un rôle encore plus important sur la scène énergéti-que internationale.

La signature de la charte de l’éner-gie permettra au Maroc de déve-lopper ses potentiels énergétiques a déclaré le président de la confé-rence de la Charte de l’énergie, Selim Kuneralp, en se félicitant de la confiance dont jouit le Royaume en tant que de «destination attrac-

tive» pour les investisseurs.«L’adhésion à la charte permettra au Royaume de dé-velopper et de renforcer davantage ses potentiels éner-gétiques tout en offrant un terrain propice et attractif

pour de prochains investissements étrangers dans ce domaine», a déclaré M. Kuneralp à l’issue d’une confé-rence de presse tenue à l’occasion de la cérémonie de signature de cette charte.Selon lui, le cadre juridique du pays est de nature à consolider les acquis dans le domaine énergétique. Son système institutionnel, a-t-il rappelé, comprend déjà une agence pour l’énergie solaire (MASEN) et une agence nationale pour le développement des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique (ADEREE) alors qu’un régulateur indépendant pour le gaz naturel et pour l’électricité est en cours de mise en place.

Selim Kuneralp : « Une destination attractive pour les investisseurs »

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18 | Energie & Stratégie Octobre / Novembre 2012

ActualitéCharte

Fouad Douiri, Ministre de l’Energie, des Mines, de l’Eau et de l’Environnement ;Amb. Selim Kuneralp, président, Conférence de la Charte de l’Energie ;Amb. Urban Rusnak, Secrétaire Général, Secrétariat de la Charte de l’Energie ;Neoklis Sylikiotis, Ministre du Commerce, de l’Industrie et du Tourisme , Chypre, Président du Conseil de l’Energie de l’ UE ;Dr. Mohammed Moussa Sobeih, Secrétaire Général Adjoint, Ligue des Etats Arabes ;Detlef Dauke, Directeur Général de la Politique Energétique, Allemagne ;Dr. Marwansyah tobo Balia, Secrétaire Général du Conseil National de l’Energie, Indonésie ;Abdul-Kareem Luaibi Sahedh, Ministre du Pétrole, Irak, Président de la Conférence de l’OPEP ;Dr. Awad A. Ibrahim, Ministre de l’Electricité et des Energies Renouvelables, Libye ;Mohamed Lamine Chakhari, Ministre de l’Industrie et du commerce, Tunisie ;Hasan Murat Mercan, Vice-Ministre de l’Energie et des Ressources Naturelles, Turque ;Mr Howard Chase, Président, Industry Advisory Panel ;Walid AI-Deghaili, Département Développement et Productivité Durables,

Commission Economique et Sociale pour l’Asie Occidentale, Nations Unies (UN-ESCWA) ;Pedro Moraleda, Directeur Général, Observatoire Méditerranéen de l’ Energie ;Guido Prud’homme, Représentant au Maroc, Banque Européenne d’Investissement ;Patricia Veevers-Carter, Responsable Energie pour la région MENA, Banque Mondiale ;Zafar Samadov, Expert Sénior, Secrétariat de la Charte de l’Energie ;Nadjib Otmane, Président, Association des Régulateurs Méditerranéens de l’Electricité et du Gaz (MEDREG) ;Konstantin Staschus, European Network of Transmission System Operators for Electricity (ENTSOE) ;Ahmed Baroudi, Directeur Général, Société d’Investissements Energétiques ;Mark Liebster, Directeur Général Upstream - Afrique du Nord, Responsable Tunisie. Shell - Tunisie Offshore GmbH ;Gilles Lafleuriel, Elia Group ;Prof. Adnan Amkhan Bayno, MENA Chambers ;André Merlin, Président Exécutif, MEDGRID ;Florian Encke, Expert Senior,

Secrétariat de la Charte de l’Energie ;Ali Fassi Fihri, Directeur Général, Office National de l’Electricité et de l’Eau du Maroc (ONEE) ;Mustapha Bakkoury, Président, Agence Marocaine pour l’Energie Solaire (MASEN) ;Hans-Gerd Hühn, Conseiller, Gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit (GIZ) ;Saïd Mouline, Directeur Général, Agence Nationale pour le Développement des Energies Renouvelables et de l’Efficacité Energétique (ADEREE) ;Gabriela Prata Dias, Expert Senior, Secrétariat de la Charte de l’Energie ;Amb. Sotiiris Varouxakis, Secrétaire Général Adjoint, Union pour la Méditerranée ;Senateur Lhou Lmarbouh, Rapporteur Spécial pour l’Energie, Assemblée Parlementaire de la Méditerranée ;Mme Miriam Bardolet, DII GmbH ;El Habib El Andaloussi, Projet financé par l’Union Européenne : «Paver la voie pour le Plan solaire méditerranéen’’ ;Youssef Rouissi, Directeur Général Adjoint, Banque de Financement, Attijariwafabank ;Patrice Dreiski, Expert Sénior, Secrétariat de la Charte de l’Energie.

Rabat20 septembre 2012

36 intervenants

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Energie & Stratégie Octobre / Novembre 2012 | 19

ActualitéStation de production solaire

Mustapha Bakkoury, le président du Directoire de l’Agence marocaine de l’énergie solaire, a affirmé le 24 sep-tembre que le consortium, conduit par

une compagnie saoudienne internationale consacrée à l’eau et l’énergie avec l’Espagnol Aries IS and TSK EE, va construire une station de production de l’éner-gie solaire d’une capacité de 160 MW.L’octroi de ce contrat est une première étape dans le cadre d’une vaste stratégie nationale visant à déve-lopper une capacité de production d’électricité à base d’énergie solaire de 2.000 MW minimum d’ici 2020, ce qui correspond à 38 % de la capacité actuelle de la production nationale de l’électricité.

Quatre consortiums étaient en lice. Le groupe saou-dien a proposé une solution plus compétitive consis-tant à produire 1 kilowatt d’énergie pour 0,19 dollars alors que les concurrents proposaient 0,24 dollars.

Ali Fassi Fihri : « un grand pas »Ce prix du kWh est jugé particulièrement compétitif, reflétant la clarté du processus, la qualité de la struc-turation et l’optimisation de la répartition des risques inhérents à ce projet.Au-delà de cela, un des points saillants de cet ap-pel d’offres a résidé dans l’engagement ferme qui a pu être obtenu de la part des candidats à réaliser au moins 30 pc de l’investissement en s’approvision-nant du Maroc, première étape dans le déploiement d’un programme d’intégration industrielle ambitieux mené par le pays et visant à développer un tissu in-dustriel local compétitif en matière de technologie solaire.

«C’est un grand pas que nous franchissons aujourd’hui. Ces résultats sont de très bon augure pour l’allègement de la pression que subit notre

Le Maroc a octroyé un contrat de 500 millions de dollars pour la construction d’une station de production de l’énergie solaire à un consortium conduit par une compagnie saoudienne

une première étape dans le cadre d’une vaste stratégie nationale visant à développer une capacité de production d’électricité à base d’énergie solaire de 2.000 MW minimum d’ici 2020

Le Saoudien ACWAremporte le marché

Ali Fassi Fihri

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ActualitéStation de production solaire

pays liée à la volatilité des énergies fossiles sans par-ler de la contribution positive à la concrétisation de notre politique de développement durable. Ceci dé-montre, sans conteste, la pertinence de la stratégie du Royaume», s’est réjoui à cette occasion, le Président du Conseil de Surveillance de Masen, Ali Fassi Fihri.Pour sa part, M. Mustapha Bakkoury, Président du Directoire de Masen, s’est félicité de la réussite de

cette première adjudication, soulignant que «le suc-cès du processus mené depuis près de deux ans, se traduit dans la compétitivité et la qualité des offres reçues, la présence d’acteurs de renom et leur adhé-sion à notre vision et à nos exigences de standards internationaux et notre ferme volonté de saisir cette opportunité pour le développement d’un secteur in-dustriel performant avec de réels impacts socio-éco-nomiques».Pour les prochaines centrales, Masen a fait le choix de développer graduellement l’ensemble du com-plexe d’Ouarzazate afin de bénéficier des avancées technologies opérées dans le secteur et capitaliser sur toute l’expérience acquise lors de ces deux dernières années mais tout en maintenant l’objectif de délivrer les 500 MW d’ici 2015. D’ailleurs, la pré-qualifica-tion de prochaines phases dudit complexe sera lancée avant la fin de l’année en cours. La première phase de ce complexe d’Ouarzazate sera développée en production indépendante (Inde-pendant Power Production û IPP), permettant une allocation des risques optimisée entre les différentes parties prenantes et s’inscrivant dans une relation tri-partite à travers un double contrat d’achat de l’élec-tricité (PPA) d’une durée de 25 ans, entre la société de projet et Masen puis entre Masen et l’ONEE, et ce, en cohérence avec la planification des moyens de production nationaux.

Le montage financier de MASENCompte tenu de l’impact du coût de financement sur le prix final du kilowattheure, Masen a mobilisé, avec le soutien de l’Etat, des financements concessionnels et des dons afin de couvrir les besoins de financement de l’investissement et a élaboré le montage afin d’en

faire bénéficier le projet in fine.Ces fonds ont été accordés par différentes institutions: l’Agence Française de Développement, la Banque Africaine de Développement, la Banque Européenne d’Investissement, la Banque Mondiale, la Commis-sion Européenne, le Fonds des Technologies Propres et la KfW Bankengruppe.Masen est en charge du déploiement du Plan Solaire Marocain qui consiste à développer une capacité mi-nimale de 2000 MW à l’horizon 2020. Ce Plan de-vrait générer des investissements de plus de 9 mil-liards de dollars et éviter des émissions de gaz à effet de serre de l’ordre de 3,7 millions de tonnes de CO2 par an à partir de 2020.Au-delà de la dimension de production électrique, l’action de Masen vise à doter le pays d’un tissu industriel compétitif, à même de maximiser le taux d’intégration industrielle locale relatif au développe-ment des centrales solaires, déployer une recherche et développement aidant à maîtriser et faire évoluer les technologies solaires, et développer des filières de formation spécialisées afin de pourvoir à l’ensemble des besoins du secteur.

ACWA, Arabie Saoudite

Masen a fait le choix de développer graduellement l’ensemble du complexe d’Ouarzazate afin de bénéficier des avancées technologies opérées dans le secteur

Mustapha Bakkoury

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ÉvénementPages 22 à 30

Energie & Stratégie Octobre / Novembre 2012 | 21

Colloque à Ouarzazate Les défis énergétiques

en Méditerranée

Sous le Haut Patronage de SM Le Roi Mohammed VI

Message royal au colloque

Dr Hans Kronberger Les spécialistes satisfaitsMustapha Bakkoury (MASEN)Fransesco Amoroso (APM)

« Solar Impulse » au Maroc

Pages 23-24

Page 26 Pages 27-28Page 25Page 25

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événement

La rencontre qui s’est déroulé sous le Haut Patronage de SM Le Roi Mohammed VI a connu la participation des représentants de 25 parlements, membres de l’APM, des

ONG et des experts marocains et étrangers en ma-tière des énergies renouvelables.Ce colloque a été l’occasion pour les parlementaires euro-méditerranéens de débattre de la contribution des énergies renouvelables particulièrement l’énergie solaire à la satisfaction des besoins en énergie, à la protection de l’environnement et au développement durable. Le choix de la ville de Ouarzazate reflète l’intérêt particulier qu’accorde le Maroc à la question des énergies renouvelables. Lors de cette rencontre, le plan marocain dans le domaine des énergies re-nouvelables et la station solaire de Ouarzazate, a été présentés. Cette centrale solaire de 500 MW, qui sera érigée à Tamezghitene, (environ 10 km au nord-est de la ville d’ Ouarzazate), entrera en service en 2015.Lancé par SM Le Roi Mohammed VI, le 2 novembre 2009, ce grand projet de production d’électricité à partir de l’ énergie solaire, d’ un coût estimé à 70 mil-liards de dirhams a suscité beaucoup d’ intérêt chez des investisseurs au niveau international.Il prévoit la mise en place, d’ici une douzaine d’an-nées, d’une capacité de 2 000 mégawatts, soit 38% de la puissance installée à fin 2008 et 14% de la puis-sance électrique à l’horizon 2020.Il s’ agit du 1er projet pilote de Desertec, projet géant de centrales solaires en Afrique et au Moyen-Orient, qui va démarrer sa production au Maroc en 2015/2016.

15% d’électricité pour l’EuropeLe projet Desertec, qui entre dans le cadre du plan solaire méditerranéen adopté au sein de l’ Union pour la Méditerranée (UPM), vise à créer d’ici 40 ans un

vaste réseau d’installations éoliennes et solaires en Afrique du Nord et au Moyen-Orient, censées fournir à terme jusqu’à 15% de la consommation d’électri-cité de l’Europe.L’investissement nécessaire est estimé à quelque 400 milliards d’euros. Grâce aux projets lancés à travers le pays, le Maroc pourra tirer profit de sa position stratégique pour assumer le rôle de plate-forme élec-trique internationale en tant que fournisseur et pont entre l’Europe et les pays du sud de la Méditerranée.Ce projet pilote, visant à produire 500 MW d’éner-gie solaire dont la majeure partie est destinée à être exportée vers l’Europe, recevra un investissement de 2,1 à 2,3 milliards d’euros.

Les 4 objectifs du MarocLe Programme de Ouarzazate sera développé en plu-sieurs phases, la première comportant une centrale cylindro-parabolique, d’une capacité comprise entre 125 MW et 160 MW, avec un système de stockage thermique de trois.Cette tranche permettra au Maroc de faire l’économie de 240.000 tonnes équivalent CO2 par an. Ce projet constitue une véritable étude de cas pour l’ ensemble des acteurs de l’ énergie au Maroc et ainsi l’ expé-rience acquise, permettra d’ accélérer les processus d’ examen et de prise de décisions pour les prochaines unités du plan solaire programmées.Selon le patron de l’ Agence marocaine pour l’ éner-gie solaire «Moroccan Agency for Solar Energy (MASEN)», M. Mustapha Bakkoury, le royaume ambitionne, en matière de sa nouvelle stratégie éner-gétique nationale, réaliser quatre objectifs, à savoir la sécurité d’approvisionnement et la disponibilité de l’énergie, l’accès généralisé à l’énergie à des prix raisonnables, la maîtrise de la demande et la préser-vation de l’environnement.

Le colloque international sur les défis énergétiques dans l’espace euro-méditerranéen, organisé à l’initiative de la chambre des conseillers en partenariat avec l’Assemblée Parlementaire de la Méditerranée (APM), s’est tenu du 14 au 16 septembre 2012 à Ouarzazate.

Colloque international à Ouarzazate

Il s’ agit du 1er projet pilote de Desertec, projet géant de centrales solaires en Afrique et au Moyen-Orient

Les défis énergétiques dans l’espace euro-méditerranéen

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événementMessage Royal

Le développement durable est indissociable du développement humainSM le Roi Mohammed VI a adressé un message aux participants à la conférence sur «les défis énergétiques dans l’espace euro-méditerranéen». Voici le texte intégral de ce message dont lecture a été donnée par Mohamed Cheikh Biadillah, président de la chambre des Conseillers.

«Louange à Dieu,.Prière et salut sur le Prophète, Sa famille et Ses compagnons. Excellences, Mesdames, Messieurs,C’est pour Nous un motif de fierté que le Royaume du Maroc accueille cette conférence sur «les défis énergétiques dans l’espace euro-méditerranéen», qui se tient sous Notre Haut Patronage, à Ouarzazate, la coquette ville qui abritera le complexe intégré de l’énergie solaire, le premier du genre, dans le cadre de notre stratégie énergétique ambitieuse.Nous saluons l’heureuse initiative que vous avez pri-se d’organiser cette importante rencontre, dans le ca-dre d’un partenariat entre la Chambre des Conseillers dans notre pays et l’Association parlementaire de la Méditerranée. Nous nous félicitons également de la pertinence du thème retenu, qui s’inscrit dans le cadre de l’incitation à la maturation des idées, et la mise au point de solutions collectives de nature à assurer l’équilibre énergétique et environnemental, dans des espaces qui s’élargissent graduellement à tous les pays de la terre.Nous saluons, au même titre, votre engagement ferme et ce que vous incarnez comme force de proposition constructive, dans le processus d’élaboration de stra-tégies et de programmes énergétiques régionaux. A cet égard, Nous rendons un hommage particulier au rôle que les deux Chambres du parlement marocain et les parlements euroméditerranéens ont joué pour soutenir et accompagner les politiques énergétiques vertes et pour renforcer leur contribution au dévelop-pement durable. Mesdames, Messieurs,La croissance économique et le développement des modes de consommation que connaît le Maroc exi-gent une promotion qualitative des capacités disponi-

bles, outre l’adoption d’une planification rigoureuse pour faire face à la double problématique énergétique et environnementale.Si notre pays ne possède pas de ressources d’énergie fossile traditionnelle, en revanche, il dispose, grâce à Dieu, de ressources énergétiques renouvelables éo-liennes et solaires de qualité supérieure, ainsi que des conditions appropriées pour leur exploitation, qu’il s’agisse du foncier ou des infrastructures électriques et hydrauliques. Convaincu de l’importance capitale de la protec-tion et la préservation de l’environnement, et ayant, très tôt, et du fait de sa position géographique, pris conscience des effets potentiels des changements cli-matiques, le Maroc s’est résolument engagé dans le processus de développement durable, qui est indisso-

La lecture du message Royal a été donnée par Mohamed Cheikh Biadillah, président de la chambre des Conseillers

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ciable du développement humain.Par conséquent, nous ne cessons d’inscrire parmi nos priorités le développement des énergies renou-velables, qui représentent une option incontournable, pour satisfaire une bonne partie des besoins énergéti-ques de notre pays. Notre objectif est de faire en sorte que les énergies renouvelables puissent couvrir d’ici à 2020, plus de 40 pc des besoins du Maroc en éner-gie électrique, dans le cadre de partenariats fructueux entre les secteurs public et privé.Si le coût de l’énergie reste élevé à ce jour, il n’en demeure pas moins que cette source énergétique re-nouvelable représente un choix stratégique promet-teur, compte tenu de la disponibilité de technologies sophistiquées permettant de stocker les énergies né-cessaires pour répondre à nos besoins, surtout dans les périodes de consommation de pointe.Outre la production d’énergie électrique, ce secteur constitue une base de développement vert. Il offre, de surcroît, une opportunité favorable au dévelop-pement économique et social, un développement à même d’assurer à notre pays la possibilité d’un po-sitionnement industriel compétitif. Il favorisera, en plus, une recherche scientifique et technique inno-vante, fermement adossée au développement. Il per-

mettra, par ailleurs, de doter nos jeunes d’une édu-cation environnementale citoyenne, et d’une culture d’utilisation optimale des énergies alternatives, ceci outre le fait de leur assurer une formation qualifiante, d’employabilité renouvelable, constamment évolu-tive. De même, il faudra s’atteler au renforcement du développement local des régions qui accueillent ces projets et qui se caractérisent souvent par leur éloi-gnement géographique du centre.En adoptant ces énergies renouvelables, nous visons, à terme, la réalisation d’un développement intégré du secteur énergétique et l’utilisation efficace de nos res-sources, de sorte à assurer la sécurité énergétique de notre région et à garantir un développement durable et équilibré sur les deux rives de la Méditerranée.Nous saisissons l’occasion de la réunion de cette importante conférence pour exprimer Notre consi-dération et Nos remerciements à tous nos partenai-res, pour l’intérêt et le soutien qu’ils accordent à la réalisation d’une structuration innovante du premier projet du plan marocain d’énergie solaire. Ce plan, de portée mondiale, connaîtra un début d’exécution avant la fin de l’année en cours. Nous entendons mo-biliser les ressources humaines, matérielles et finan-cières nécessaires pour en assurer le succès. »

Les enjeux ne concernent pas seulement le Maroc puisque l’ensemble de la communauté internationale est aujourd’hui confrontée à ce vaste défi du déve-loppement durable de la planète dans lequel l’aspect énergétique, dans sa dimension environnementale, sociale et économique oblige chacun à trouver des solutions concrètes et efficaces. A ce jour, l’espace euro-méditerranéen fait encore appel aux énergies fossiles pour 85 % de ses besoins énergétiques, contre 10 % pour le nucléaire et seulement 3 % pour les énergies renouvelables.L’objectif à moyen terme est de mettre en place le cadre d’une coopération euro-méditerranéenne apte à favoriser l’essor de ces énergies renouvelables et la création d’un marché énergétique intégré, libre et harmonieux. Ce cadre de coopération doit s’inscrire dans les législations nationales en terme de régle-mentation ou de fiscalité ce qui explique l’importance de l’engagement des parlements.Pour le Maroc, l’enjeu est encore plus vital puisque le développement du pays a entrainé l’augmentation de la consommation d’électricité (plus de 10 % depuis 10 ans), et donc le poids de la facture énergétique dans les comptes nationaux (près de 11 % du PIB). Aujourd’hui, le Maroc est dépendant à 96 % des éner-gies fossiles dans sa fourniture électrique. A l’hori-zon 2020, l’objectif assigné est de couvrir 40 % des besoins du Maroc par les énergies renouvelables et

donc d’amoindrir d’autant sa dépendance vis à vis des énergies fossiles.Le Maroc s’est ainsi engagé d’ici 2020 à fournir 2000 Megawatts via l’énergie solaire et 2000 autres Mé-gawatts via l’énergie éolienne.Cette ambition vise à positionner le Maroc comme le pays pionnier de l’économie verte en matière de déve-loppement, de recherche, de formation et bien sur de production énergétique. Cette ambition relève finale-ment d’un projet de société qui s’ancre sur l’émer-gence d’une éco-citoyenneté propre à mobiliser l’en-semble du pays dans la réussite de ce défi d’avenir. L’enjeu sera de parvenir à éduquer les nouvelles gé-nérations pour les amener à prendre conscience de la nécessaire protection de la Terre et des énergies disponibles.L’implantation à Ouarzazate de la première étape de cet ambitieux programme national dépasse donc le seul cadre économique puisque ce premier pôle de production solaire s’accompagnera de la mise en place d’une plateforme de recherche et de dévelop-pement sur les thématiques des énergies renouvela-bles. Ce pôle d’excellence fera de la cité le creuset d’une nouvelle génération de professionnels por-teurs des compétences et d’expertises qui serviront ailleurs dans les autres pays et permettront au Maroc d’atteindre un jour la position enviée d’exportateur d’électricité en direction des pays européens.

Les enjeux en Méditerranée

événementMessage Royal

Outre la production d’énergie électrique, ce secteur constitue une base de développement vert

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Energie & Stratégie Octobre / Novembre 2012 | 25

événementFransesco Amoroso :

La ville de Ouarzazate dispose de fortes po-tentialités dans le domaine des énergies renouvelables qui seront confortées par la création d’un mégaprojet de l’énergie so-

laire, considéré comme le plus grand au niveau mon-dial, a indiqué M. Amoroso, affirmant que l’APM

aspire à satisfaire les besoins de la région en énergie à moindre coût. Il a appelé, dans ce contexte, à une coordination des efforts au niveau régional pour bé-néficier de manière collective des avantages offerts dans ce domaine, affirmant que pour atteindre un tel objectif, il est nécessaire d’instaurer les canaux d’une bonne coordination entre les différents inter-venants dans le secteur des énergies renouvelables au niveau du bassin Méditerranéen, avec la participation des institutions onusiennes, de la Banque Mondiale (BM) et des partenaires parlementaires. Rappelant que l’Assemblée Parlementaire de la Méditerranée est membre observateur de l’Organisation des Na-tions-Unies, M. Amoroso a fait savoir qu’une délé-

gation de l’APM prendra part la semaine prochaine aux travaux de l’assemblée générale de l’ONU pour donner un aperçu sur ses activités et présenter les recommandations de la conférence internationale de Ouarzazate sur les défis énergétiques dans l’espace euro-méditerranéen. Les participants à cette rencon-tre devront débattre, lors de la première journée, de plusieurs thèmes dont «les énergies renouvelables et l’utilisation efficiente de l’énergie dans la Méditerra-née , les défis techniques et industriels et le rôle des parlements nationaux et régionaux et des ONG inter-nationales dans le soutien des initiatives actuelles et prochaines» en la matière. La 2ème journée de la conférence sera marquée par un exposé de Mustapha Bakkoury, président du di-

rectoire de l’Agence marocaine de l’énergie solaire sur le processus de mise en œuvre du projet de l’éner-gie solaire dans la commune de Ghassat (province de Ouarzazate). Ont pris part à ce colloque des repré-sentants de parlements membres de l’APM, d’ONG internationales et des experts marocains et étrangers dans le domaine des énergies renouvelables.

Dans une intervention devant ce forum, le vice-président de l’Assemblée Parlementaire de la Méditerranée et membre du Sénat Italien, Fransesco Amoroso, a affirmé que la conférence de Ouarzazate constitue un modèle de soutien aux efforts de l’APM visant à dynamiser l’économie, à encourager les investissements étrangers directs, à soutenir les petites et moyennes entreprises et à mettre en place de réelles opportunités en vue de réaliser l’efficience énergétique dans le bassin Méditerranéen.

L’APM aspire à satisfaire les besoins de la région en énergie à moindre coût

Un modèle de soutien aux efforts de l’APM

Mustapha Bakkoury

Fransesco Amoroso

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événementTémoignage :

Rapport final : pour une communauté méditerranéenne de l’énergie

Les atouts importants du Royaume

Cet expert autrichien, également journaliste et ancien député européen, a affirmé que la com-munauté scientifique apprécie à

leur juste mesure les efforts que fournit le Maroc pour l’exploitation de ses ressour-ces naturelles en matière d’énergies renou-velables. Pour Dr Kronberger, qui connait bien le Maroc, «l’énergie solaire, comme les énergies renouvelables sont immanqua-blement créatrices de richesses. Il est pos-sible (pour votre pays) grâce aux énergies renouvelables de fabriquer des produits industriels et agricoles exportables vers l’Europe. Et d’ajouter que la question vi-tale qui est derrière celle de l’énergie est celle de l’eau: Le Maroc est en première ligne pour les deux plans et l’énergie so-laire peut être très utile en matière de des-

salement des eaux de mer. Là aussi, les ressources sont, avec l’étendue des côtes atlantique et méditerranéenne, largement à la hauteur des besoins. Il a également sou-ligné l’importance du projet de la centrale solaire de Ouarzazate. Ce projet, a-t-il dit, montre le grand intérêt du pays pour ce type de technologie, soulignant l’existence d’opportunités d’une coopération entre l’Autriche et le Maroc en matière d’éner-gie renouvelable, respectueuse de l’envi-ronnement et de ses équilibres fondamen-taux. «Nous avons une expérience en la matière, vous avez les matières grises et premières qui pourraient rendre notre colla-boration fructueuse pour le Maroc comme pour l’Autriche», a-t-il affirmé, exprimant la disposition de la fédération qu’il dirige à examiner les voies et moyens d’une coo-

pération mutuellement avantageuse avec le Royaume. «Notre Fédération réunit des organisations les plus diverses qui épou-sent la palette très large des personnes et institutions intéressées par l’énergie solai-re: producteurs, chercheurs, commerciaux et simples usagers, a-t-il ajouté. Le Maroc, rappelle-t-on, fait du développement des énergies renouvelables un pari pour conci-lier croissance économique et protection de l’environnement, se taillant, ainsi, une place dans la cour des grands. Conforté par ses gisements importants en énergies renouvelables, notamment pour le solaire et l’éolien, le Royaume a affiché une vo-lonté inébranlable pour atténuer sa dépen-dance énergétique et porter à 20% sa part d’énergies renouvelables dans la produc-tion d’électricité en 2012.

Mis en relief par le Dr Hans Kronberger

Vous avez un très beau pays et vous avez le soleil, deux atouts importants pour le développement économique en cette période de grands bouleversements touchant les questions des sources d’énergie», a affirmé DR. Kronberger dans une déclaration à la presse.

Président de la Fédération autrichienne des associations pour l’énergie solaire

Les délégués de l’Assemblée parlementaire de la Méditer-ranée (APM) sont invités à faciliter la mise en place d’une «communauté méditerranéenne de l’énergie», en vue d’as-surer la coordination entre les principaux acteurs concer-nés, pour ce qui concerne les projets basés sur les énergies renouvelables, le renforcement des réseaux de transport nationaux et régionaux, ainsi que la promotion des inves-tissements et des cadres juridiques clairs, indique le rap-port final de la conférence sur «les défis énergétiques dans l’espace euro-méditerranéen», organisée à Ouarzazate. Il est nécessaire de créer un environnement favorable par-mi les pays de l’APM pour appuyer le Plan solaire Méditer-ranéen, en veillant à son efficacité, ajoute le rapport publié au terme de ladite copnférence. Le document a mis en re-lief le rôle clé joué par les parlements nationaux pour défi-

nir le cadre législatif et réglementaires nécessaires, y com-pris ceux qui sont liés à des mesures fiscales pour garantir la durabilité des projets et des investissements. Dans ce contexte, les participants à la conférence ont appelé à la nécessité de mettre en place des mécanismes financiers, basés sur le partenariat public-privé, afin de faciliter une approche régionale intégrée et des synergies entre les pays, les opérateurs et les investisseurs. Ils ont précisé que la diversification et la qualité des sources d’énergie sont reconnues comme une nécessité pour assurer le dé-veloppement durable et le progrès socio-économique. Les participants ont recommandé le soutien de la création d’un centre régional méditerranéen pour la formation et l’infor-mation dédiée aux énergies locales à ce processus.

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Energie & Stratégie Octobre / Novembre 2012 | 27

événementLes Echos :

La croissance soutenue que connaît le Ma-roc depuis dix ans (5,9% en 2009) génère une évolution de la demande en énergie de 8% par an. Dépourvu de pétrole, le pays est

aujourd’hui contraint d’importer 97% de sa consom-mation d’énergie. Le programme du gouvernement marocain est ambitieux : 42% de la consommation énergétique devra être assuré à l’horizon 2020 par la production d’énergies renouvelables dont 14% de solaire.Ces objectifs ambitieux peuvent être aisément at-teints compte tenu des ressources naturelles impor-tantes dont dispose le pays, notamment en matière d’exposition solaire. Les meilleurs sites bénéficient ensoleillement supérieure à 30% aux meilleurs sites européens.Le Plan Solaire est ainsi de taille à positionner le Royaume comme leader de la région : une capacité installée de 2.000 MW à l’horizon 2020, 10.000 hec-tares d’installations solaires réparties sur 5 sites, dont 500 MW à Ouarzazate, en feraient l’un des plus gros projets au monde.La loi n°13-09 relative aux énergies renouvelables, la loi n°16-09 relative à l’agence pour le dévelop-pement des énergies renouvelables et de l’efficaci-té énergétique (ADEREE) ainsi que la loi n°87-09 portant création de la société «Morocan Agency For Solar Energy» (MASEN) constituent le nouveau so-cle de textes qui concrétise la volonté du Maroc de réduire sa dépendance énergétique, tout en répondant aux besoins nationaux et en ouvrant le marché maro-cain à de nouveaux investisseurs.

Ouverture du marchéCe nouveau cadre législatif est relativement innovant et propre à encourager les investissements.La loi n°13-09, pierre angulaire du nouveau disposi-tif, a pour ambition première d’offrir des perspectives concrètes de réalisation et d’exploitation d’installa-tions d’unités de production d’énergies renouvela-bles ouvertes aux investisseurs.

Apport capital de la loi, l’Office National d’Elec-tricité ne dispose plus du monopole de production électrique à partir d’énergie renouvelables, qui peut désormais être assurée par des personnes morales ou physiques de droit privé.La loi, dans un souci d’accompagner efficacement la libéralisation du secteur, met en place un régime juri-dique relativement adapté en soumettant les produc-teurs soit à une procédure de déclaration préalable soit à un régime d’autorisation nominative. Le critère de distinction est simple : lorsque la puissance des installations est supérieure à 2 mégawatts on se trou-ve dans le champ d’application du régime de l’auto-risation, mais lorsqu’elle est supérieure c’est alors le régime de la déclaration préalable qui s’applique.L’énergie électrique produite par l’exploitant à partir de source d’énergies renouvelables est destinée à la fois au marché national et à l’exportation. Pour sa commercialisation, l’exploitant bénéficie du droit d’accès au réseau électrique national de moyenne tension, haute tension et très haute tension.Les modalités d’accès au réseau seront fixées par une convention conclue entre l’exploitant et le ges-tionnaire du réseau. La satisfaction des besoins du marché national se fera également par le biais d’une convention conclue avec l’état ou avec l’organisme délégué par lui à cet effet. L’exploitant pourra éga-lement fournir de l’électricité à un consommateur ou à un groupement de consommateurs raccordés au réseau.Il est à noter qu’en l’état actuel du droit marocain, aucun texte ne vient règlementer le contenu exact de ces conventions : la voie est ainsi largement ouverte à la négociation et à la liberté contractuelle. Les pra-tiques qui se mettront en place devraient être large-ment inspirées de ce qui se fait déjà, notamment en Europe.L’initiative du législateur a ainsi comblé une grande partie du vide juridique qui lui était antérieur tout en concrétisant la réelle volonté du royaume d’attirer de nouveaux investisseurs dans un domaine où

Le Maroc s’est doté d’un nouveau cadre législatif attrayant qui devrait permettre au royaume d’augmenter la part des énergies renouvelables, et particulièrement du solaire lit-on dans un article publié par le quotidien économique français «Les Echos».

L’initiative du législateur a ainsi comblé une grande partie du vide juridique qui lui était antérieur tout en concrétisant la réelle volonté du royaume d’attirer de nouveaux investisseurs

Les spécialistes saluent le cap suivi par le Maroc

Page 28: Impulsion royale à l’énergie solaire Les enjeux en

28 | Energie & Stratégie Octobre / Novembre 2012

les investissements sont lourds et les amortissements relativement longs.Le cap suivi par le gouvernement marocain a été salué par une grande partie des spécialistes de la région.Ces derniers se sont notamment félicités du rôle as-signé par la loi à l’ANDEREE (établissement public) et au MASEN (société anonyme dont le capital est majoritairement détenu par l’Etat). Ces organismes ont été pensés comme des instruments d’impulsion et des forces de proposition indispensables au succès de la nouvelle politique énergétiques marocaine.En outre, le plan solaire marocain a vu son dévelop-pement confié à Mustapha Bakkoury, ancien Prési-dent directeur général de la CDG, ce qui constitue une preuve indéniable de l’implication totale des autorités marocaines dans la réussite du projet qui constitue un des volets les plus importants de la poli-tique énergétique du pays.La Banque mondiale a d’ailleurs annoncé qu’elle appuyait le développement de l’énergie solaire dans les pays du bassin méditerranéen, entérinant ainsi la démarche initiée par l’Union pour la Méditerranée dans le domaine. Au début du mois de Décembre 2009, l’institution avait déclaré qu’elle investirait lourdement dans la construction de centrales thermo-dynamiques au Maroc dans les prochaines années. Bénéficiant du concours conséquent d’autres inves-tisseurs, le montant des fonds alloués au renforce-ment du programme solaire s’élèverait alors à plus de 5,5 milliards de dollars.

De possibles ajustements législatifsLa pratique, notamment en matière d’ingénierie juri-dique et financière, devra pallier la jeunesse des tex-tes qui pourraient utilement faire l’objet de certains ajustements.Au premier chef, les textes ne prévoient aucune obli-gation de rachat de l’énergie produite à la charge de l’Office National d’Electricité, à l’inverse de ce qui se fait en France.Il est indéniable que l’absence d’obligation de rachat de l’électricité produite conduira à la mise en place de mécanisme innovant permettant aux investisseurs de sauvegarder leurs taux de retour sur investisse-ment (TRI). C’est tout l’enjeu des discussions actuel-les entre les autorités marocaines et les opérateurs, qui doivent se positionner dès à présent pour peser sur les futurs choix technologiques et sur les schémas juridiques et financiers qui seront retenus.L’exportation de l’électricité devrait permettre éga-lement de remédier à l’absence de tarif de rachat ga-ranti. A cet égard, le plan solaire marocain s’inscrit totalement dans le Plan Solaire Méditerranéen conçu lui-même comme l’un des piliers de l’Union pour la Méditerranée. Ce dernier vise à développer des projets de centrales électriques utilisant des sources d’énergies renouvelables sur les rives Sud et Est de la Méditerranée pour une production additionnelle totale de 20 gigawatts d’ici 2020 : une part de l’élec-tricité ainsi produite au Maroc serait acheminée vers l’Union Européenne, garantissant la rentabilité des projets.

Article paru dans « les Echo » du 10-09-2012

événementLes Echos

Il est indéniable que l’absence d’obligation de rachat de l’électricité produite conduira à la mise en place de mécanisme innovant permettant aux investisseurs de sauvegarder leurs taux de retour sur investissement

Page 29: Impulsion royale à l’énergie solaire Les enjeux en

L’aventure duSolar Impulse

au MarocRabat - Ouarzazate

Venant de Rabat, l’avion solaire expérimental suisse « Solar Impulse » a survolé le 21 juin 2012, au soir, la centrale thermo-solaire d’Ouarzazate avant d’atterrir dans l’aéroport de cette ville, adressant, ainsi, un message fort sur la convergence entre deux visions ambitieuses ayant

pour objectif d’encourager le leadership et de défier les certitudes et les a priori.

Page 30: Impulsion royale à l’énergie solaire Les enjeux en

30 | Energie & Stratégie Octobre / Novembre 2012

événementSolar Impulse

D’immenses chapiteaux ont été dressés près de l’aéroport pour abriter les organi-sateurs de ce vol, retransmis en direct par le site +solarimpulse.com+.

Des responsables de ce projet ont indiqué à l’AFP que l’avion resterait à Rabat pendant cinq jours, «avant de s’envoler ensuite pour Ouarzazate», au sud du Maroc, à la veille de l’inauguration de la plus grande installation thermo-solaire jamais construite à ce jour dans le monde (20 septembre 2012 ndlr).Piloté par Bernard Piccard, co-fondateur du projet, l’avion solaire a décollé de l’aéroport de Madrid-Ba-rajas mardi à 05h22 (03h22 GMT).«Je suis très ému. Les Marocains ont tellement bien préparé ce vol ... Je suis ravi pour eux et je les remer-cie», a confié le pilote -après l’arrêt de son avion- à sa fille qui a suivi le vol depuis la Suisse.A sa descente, M. Piccard paraissait épuisé mais souriant. Il a été accueilli par son épouse Michèle et des dizaines d’organisateurs et de responsables ma-rocains. Un aérogare spécial a été aménagé par les

fonctionnaires de l’aéroport, sous un important dis-positif policier.«C’est un événement historique», a déclaré à l’AFP Mustapha Bakkoury, le président du directoire de l’Agence marocaine de l’énergie solaire (MASEN), qui était parmi les premiers à le saluer à sa descente d’avion.Arborant un large sourire, M. Piccard a déclaré de-vant un groupe de journalistes: «Bonjour le Maroc. Merci pour l’accueil», avant d’être conduit à l’im-mense chapiteau dressé sur la piste d’atterrissage.«Le Maroc s’engage avec beaucoup d’ambition dans le développement des énergies renouvelables. Nous admirons cet effort», a-t-il ajouté.«C’est l’aboutissement d’un rêve, un rêve devenu réalité. Je suis heureuse», a déclaré pour sa part son épouse à l’AFP.Solar Impulse est le premier avion conçu pour voler de jour et de nuit sans carburant ni émissions pol-luantes, grâce à l’énergie solaire.L’avion en fibre de carbone est mû par quatre moteurs électriques, d’une puissance de 10 chevaux chacun, alimentés par 12.000 cellules photoélectriques cou-vrant son immense aile.L’énergie est stockée durant la journée dans des bat-teries, ce qui permet à l’avion de voler la nuit.Solar Impulse a l’envergure d’un Airbus A340 (63,4 mètres) mais ne pèse que 1,6 tonne, soit le poids d’une voiture moyenne.

Conduit par le Suisse Bertrand Piccard, il a atterri -à la pleine lune- à 23H27 locales (22H27 GMT) à l’aéroport de Rabat Salé où il a été accueilli par son épouse Michèle et les organisateurs du vol. La piste sur laquelle l’avion solaire a atterri, escorté par un hélicoptère de la gendarmerie marocaine, est longue de 3,8 km, a précisé un responsable de l’aéroport.

Le président de Masen, Mustapha Bakkoury, acceuillantles pilotes de Solar impulse à son arrivée à Rabat

Mustapha Bakkoury : «C’est un événement historique»

Page 31: Impulsion royale à l’énergie solaire Les enjeux en

DossierPages 32 à 35

La situation méditerranéenne

sur les prix du gaz

Energie & Stratégie Octobre / Novembre 2012 | 31

Demande croissante de GNL dans les marchés existants et émergents

De nouveaux projets complexes de liquéfaction créent des tensions sur le marché

Marché contraint : prix de gaz qui restent élevés en Europe et en Asie

Source : Estimation de Total

Capacités de liquéfaction et regazéificationLiquéfaction :

% approvisionnement du marché selon les pays d’origine

Regazeification : Initialement producteurs voire exportateurs, certains pays se retrouvent contraints aujourd’hui à s’approvisionner sur le marché GNL

Source : Poten&Partner

Australie Qatar

2011 7% 28%

2015 19% 23%

2020 25% 17%

0

20

40

60

80

100

120

2011 2012 2015 2020

Mtp

a

Marchés "Importateur" en forte croissance

Chine

Inde

Chile

Brazil

Argentine

3,6

0

10

20

30

40

50

60

70

80

90

2011 2012 2015 2020

Mtp

a

Nouveaux importateurs de GNL Maroc

Vietnam

Uruguay

Thaïlande

Sri Lanka

Singapour

Philippines

Panama

Pakistan

Nouvelle ZélandeMalaysie

Lithuanie

Koweit

Jordanie

Jamaique

Israel

Indonesia

El Salvador

Dubai

Cuba

0

100

200

300

400

500

600

700

800

900

1000

2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021

MT

Offshore Regas

Onshore Regas

Other Atlantic

Algeria

Angola

Nigeria

Other Pacific

Indonesia

Australia

Other Middle East

Qatar

Taux d’utilisation moyen des capacités de regazéification de 40%

Demande de GNL d’ici 2020

Le Maroc, parmi les importateurs

Interview de Pedro Moraleda (OME)

Page 35

Page 35

Pages 32-33

Page 32: Impulsion royale à l’énergie solaire Les enjeux en

32 | Energie & Stratégie Octobre / Novembre 2012

Panorama du GnLDossier

Le marché du GNL a connu de fortes évolutions durant l’année 2011 avec une croissance de 9.4 %par rapport à 2010, soit une

augmentation en volume de 49,106 m3 (20,7 millions de tonnes). Sur les marchés spot et court terme du GNL, les importa-tions ont enregistré une hausse de 50 %, atteignant 61,2 Mt, soit plus d’un quart du marché total du GNL (25.4 %). Cette hausse s’explique par des circonstances spécifiques. En mars 2011, le Japon a subi un tremblement de terre, suivi d’un raz-de-marée qui ont fortement endommagé certaines de ses centra les nucléaires. Cet événement a mené à la fermeture progres-sive de ses installations et engendré une brusque augmentation de la demande ja-ponaise en gaz naturel liquéfié.

L’Asie en quête de GNL À la fin 2011, le Japon est devenu le pre-mier importateur mondial de GnL en passant de 70,9 Mt (2010) à 71,9 Mt. Il comptabilisait à lui seul 41 ,6%des impor-tations en Asie et sa part au niveau mon-dial atteignait 32,8 %. Les importations sur les marchés spot et court terme ont été particulièrement touchées (+123,5 %). La Corée vient au deuxième rang avec 35,6 Mt de GNL importées au cours de l’année 2011 (+ 8,9 %). Toutefois, sa part sur le marché mondial reste inchangée (14,8 %). En revanche, le volume annuel de ses im-portations en spot et en court terme a pres-que doublé, atteignant 10,7 Mt (+ 96 %). À Taïwan, l’augmentation des importations a été de 9,1 %et, pour la première fois, la Thaïlande est devenue importatrice de GnL(0,8 Mt). Quant à l’Inde, elle a connu la croissance la plus rapide en termes de demande de GNL (+37.4 % en 2010) et

elle est suivie de près par la Chine (+ 36,1 %). Sur les marchés spot et court terme, ces deux pays ont vu leurs importations forte-ment augmenter: multipliées par deux pour la Chine et quasiment par trois pour l’Inde.Des évolutions contrastées en Eu-rope

En Europe, la situation est bien différente. Après un vif rebond des importations en 2010 (+ 24,8 %), l’augmentation en 2011 n’a été que de 0.4 %. Le Royaume-Uni est devenu pour la première fois le troisième importateur européen avec 18.4 Mt de GNL. dont 87,5 %provenant du Qatar. À l’opposé, l’Espagne a connu la baisse la plus importante (-16,3 %) suivi de près par la Turquie (- 14,6 %). 2011 a aussi été marquée par un nouvel arrivant, les Pays-Bas, qui rejoignent ainsi le camp des pays importateurs avec 0,6 Mt. Concernant les marchés spot et court terme proprement dits, les importations européennes ont di-minué de 7,8 %(12,3 Mt). L’Amérique: le GnL ne fait pas l’unanimité En Amérique du Nord - États-Unis et Mexique – les im-portations de GNL ont également forte-ment diminué.Les États-Unis sont les principaux concer-nés (- 25,1 %) en raison du développement de la production de gaz de schiste. Quant à l’Amérique du Sud, la situation y estdif-férente. En moyenne, la demande a conti-nué à augmenter (+ 13,8 %). L’Argentine et le Chili ont confirmé leur récent intérêt pour le GNL, important 5) Mt à eux deux en un an. En revanche, la consommation brésilienne a chuté de 70,9 %à cause de la forte production des installations hydroé-lectriques. La différence importante entre les pays explique que la part mondiale du marché du GNL en Amérique du Sud ait

stagné à 2,6 °/~ sur l’année 2011.

Le Moyen-Orient en tête des exportationsLe Qatar a renforcé sa position de leader en fournissant 31,3 %du GNL mondial (75.4 Mt) au cours de l’année 2011. 26) % du total de sa production ont été exportés sur les marchés spot et court terme. La Ma-laisie a regagné son rang de deuxième pays exportateur (10,3 %) en dépassant l’Indo-nésie (9,1%) dont la production a été ré-duite. Avec 18) Mt de GNL supplémentai-res vendues à travers le monde par rapport à l’année précédente, le Qatar a participé à hauteur de 67 % à la croissance du marché mondial au cours de l’année 2011, suivi par le Pérou (9%) et le Yémen (9 %). Dans une moindre mesure, la Malaisie, le Nige-ria et la Russie ont également contribué à la croissance en augmentant leur production. Pour la première fois et avant le démarrage des nouveaux projets australiens de liqué-faction, le Moyen-Orient (39) %des ex-portations mondiales) a dépassé le bassin Pacifique (36,5%). Le bassin Atlantique a enregistré pour la seconde année une bais-se de ses volumes exportés (- 4,8 %) avec des taux de croissance négatifs dans tous les pays, particulièrement en Algérie (-1) Mt]. sauf au Nigeria et en Guinée-Équato-riale. Sur les marchés spot ou court terme, le Qatar est aussi le leader. Il fournit un tiers des volumes commercialisés, suivi du Nigeria (12 %) et de Trinidad-et-Tobago (11 %). En termes de flux interrégionaux, soulignons que les volumes spot et court terme exportés du bassin Atlantique vers l’Asie enregistraient le double en 2011, at-teignant 12) Mt

M.L.G

Sur le marché du gaz naturel liquéfié (GNL), 2011 a été une année de transformations : le Japon est devenu le premier importateur, la demande européenne est restée étale, elle s’est effondrée aux États-Unis... et le Qatar domine les exportations.

Les évolutions de l’industrie du GNL

“Gaz d’aujourd’hui”

Page 33: Impulsion royale à l’énergie solaire Les enjeux en

Energie & Stratégie Octobre / Novembre 2012 | 33

DossierInterview

26%

5%

6%

8%19%

6%

15%

4%

11%Amérique du Nord

Amérique du Sud

Afrique

Europe

Russie

Autres FSU

Asie

Qatar

Autres MO

26%

4%3%

17%13%

6%

18%

1%12%

Amérique du Nord

Amérique du Sud

Afrique

Europe

Russie

Autres FSU

Asie

Qatar

Production mondiale de Gaz : 3 309 Bcm

USA Nouvelles ressources :gaz non conventionnel

Europe

Dependance de l’Algerie, Norvège et Russie

Le GNL reste un bon compromis pour diversifier

et sécuriser l’approvisionnement de

gaz

Asie Consommateurs très dépendants

204

8917 9 50

100

200

300

400

500

Asie Europe Amerique du Nord

Amerique du Sud

Moyen Orient

Afrique Autres FSU

Bcm

LNG trade _Import Pipe_Import

Commercialisation du Gaz

Source : Cedigaz 2012

Source : Cedigaz 2012

Consommation mondiale de Gaz :

91*

10

69**15

1

4

3

23

6

241 MT produites

13

En productionEn Construction/ProjetPossible/Candidat

2011 Exporters

Qatar(75 Mt)

Indonesie(22 Mt)

Malaysie(25 Mt)

2 1 3UK

( 18 Mt)

Japan(79 Mt)Korea

(35 Mt)

2011 Importers

2 1 3

Source : Poten&Partner

(*) : Qatar = 75 Abu Dhabi = 6 Oman = 8 Yemen = 6

(**) : Australia = 19 Malaysia = 25 Indonesia = 22 Brunei = 7

Le gaz naturel dans le monde

Le GNL en 2011

Page 34: Impulsion royale à l’énergie solaire Les enjeux en

34 | Energie & Stratégie Octobre / Novembre 2012

Demande de GNL : +5% par an de 2010-2020

Le Maroc parmi les nouveaux importateurs

Demande croissante de GNL dans les marchés existants et émergents

De nouveaux projets complexes de liquéfaction créent des tensions sur le marché

Marché contraint : prix de gaz qui restent élevés en Europe et en Asie

Source : Estimation de Total

Capacités de liquéfaction et regazéificationLiquéfaction :

% approvisionnement du marché selon les pays d’origine

Regazeification : Initialement producteurs voire exportateurs, certains pays se retrouvent contraints aujourd’hui à s’approvisionner sur le marché GNL

Source : Poten&Partner

Australie Qatar

2011 7% 28%

2015 19% 23%

2020 25% 17%

0

20

40

60

80

100

120

2011 2012 2015 2020

Mtp

a

Marchés "Importateur" en forte croissance

Chine

Inde

Chile

Brazil

Argentine

3,6

0

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2011 2012 2015 2020

Mtp

a

Nouveaux importateurs de GNL Maroc

Vietnam

Uruguay

Thaïlande

Sri Lanka

Singapour

Philippines

Panama

Pakistan

Nouvelle ZélandeMalaysie

Lithuanie

Koweit

Jordanie

Jamaique

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Dubai

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2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021

MT

Offshore Regas

Onshore Regas

Other Atlantic

Algeria

Angola

Nigeria

Other Pacific

Indonesia

Australia

Other Middle East

Qatar

Taux d’utilisation moyen des capacités de regazéification de 40%

Source : Estimation de

InterviewDossier

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Energie & Stratégie Octobre / Novembre 2012 | 35

InterviewDossier

Pouvez-vous présenter l’Observatoire méditerranéen de l’énergie? Quelle est sa mission?L’Observatoire méditerranéen de l’énergie (OME) est l’associa-tion des principales compagnies énergétiques basées en Méditer-ranée et compte 30 membres de 14pays différents. L’OME a comme mission la promotion de la coopération avec les compagnies énergétiques du bassin méditerranéen, faisant de l’énergie un élément d’intégration régionale.L’objectif de l’OME consiste à donner à la dimension énergétique méditerranéenne la place qui correspond à sa part dans le marché énergétique mondial et à œuvrer pour la création d’un marché énergétique méditerranéen unique.

Dans quel cadre a été réalisé le mediterranean Energy Perspectives 20Il et à quelle fin?La publication du Mediterranean Energy Perspectives (MEP) 2011 présente les tendances énergétiques de l’offre et de la demande pour l’ensemble des 24 pays de la Méditerranée à l’horizon 2030. Le MEP2011 permet d’avoir une vue d’ensemble actualisée sur la situation passée et présente et d’analyser les enjeux auxquels la Méditerranée devra faire face dans les décennies à venir.De part sa nomenclature qui suit celle des grandes institutions internationales, les résultats présentés dans le MEP 2011 peuvent se comparer aisément aux travaux notamment de l’Union euro-péenne et de l’Agence internationale de l’énergie.Nous estimons qu’une coopération effective n’est pas possible sans une base de données fiable et susceptible d’être partagée. C’est la raison pour laquelle nous faisons régulièrement des étu-des régionales, études en profondeur de certains pays et sur des aspects concrets dans le domaine de l’énergie et concernant le bassin méditerranéen.

L’année 2011 a été marquée par des événements politiques majeurs dans certains pays méditerranéens. L’approvisionnement énergétique a-t-il été perturbé? Quid du gaz en particulier? Les marchés nationaux et internationaux du gaz ont-ils été influencés et si oui, de quelle manière?Au cours du premier semestre de 2011, on avait de bonnes raisons de s’inquiéter par rapport à l’approvisionnement en hydrocarbu-res en provenance de l’Afrique vers l’Europe : le transit des pé-troliers et méthaniers par le canal de Suez, les flux de pétrole par le pipeline de Sumed en Égypte et les exportations de gaz par le Transmet (gazoduc reliant l’Algérie à l’Italie via la Tunisie), le Greenstream (entre la Libye et l’Italie), etc.La principale inquiétude, néanmoins, concernait l’interruption des approvisionnements en provenance de la Libye. Les expor-tations de la Libye vers l’Europe représentaient l’équivalent de près de 75 %des besoins de la France en pétrole brut et plus de 20 %de ses besoins en gaz. L’importance du pétrole brut libyen est, néanmoins, plus qualificatif que quantitatif, notamment eu égard à ses propriétés qui font du brut libyen un brut particulièrement adéquat pour les raffineries européennes en général peu comple-xes. Heureusement, la production et les exportations de la Libye ont repris rapidement: sa production de pétrole est déjà àplus d’un million de barils par jour. Dans le cas du gaz, l’impact des bouleversements sociopolitiquesn’a pas été significatif pour l’Europe puisque le canal de Suez et le Transmet ont continué à fonctionnernormalement. D’ailleurs l’Europe était en excédent de gaz à ce mo-ment-là. Les flux du gazoduc Greenstream entre la Libye et l’Italie ont bien été interrompus mais ils ont déjà repris depuis novembre 2011 et l’impact sur le marché italien a été négligeable,

Pedro Moraleda, directeur général de l’Observatoire méditerranéen de l’énergie, évoque pour la revue « Gaz d’aujourd’hui » les grandes tendances et les enjeux en matière énergétique du bassin méditerranéen.

Gaz : la situation méditerranéenne sur les prix

Page 36: Impulsion royale à l’énergie solaire Les enjeux en

36 | Energie & Stratégie Octobre / Novembre 2012

celui-ci étant bien diversifié.Toutefois, cette vision réconfortante connaît quelques difficultés. Par exemple, les exportations de gaz de l’Égypte par la pénin-sule du Sinaï ont été souvent interrompues et continuent à l’être fréquemment. mettant surtout la Jordanie dans une situation très tendue vis-à-vis de ses approvisionnementsgaziers.L’instabilité politique a conduit les prix internationaux à atteindre un pic en avril 2011. Cependant, ce pic a été de courte durée, le prix moyen du pétrole reste toujours bien au-dessus du prix moyen avant le bouleversement arabe.En ce qui concerne les investissements, le climat s’est détérioré et les risques perçus sont une sérieuse contrainte qui pèse sur le financement extérieur. Si ces circonstances demeurent. il y aura forcément un impact sur les capacités d’approvisionnements à moyen et long terme en provenancedes pays du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (MOAF) vers l’Europe.Pour ce qui est de la diversification énergétique, les tentatives d’alignement graduel des prix nationaux de l’énergie dans les pays du Sud sur les prix internationaux sont suspendus et peu de place est laissée à l’introduction de nouvelles technologies, et encore moins à l’efficacité énergétiquepourtant si nécessaire. Du point de vue du monde des affaires, les opérateurs internationaux et les acheteurs doivent compo-ser avec de nouveaux interlocuteurs dans la région, prendre en compte leurs nouvelles priorités, la possible révision des contrats existants et penser à mettre en place de nouveaux accords plus innovateurs.En bref, l’impact du printemps arabe sur les approvisionnements d’hydrocarbures n’a pas jusqu’à présent été trop grave mais il n’est pas à exclure des conséquences futures. La région MOAF est censée contribuer à une part majeure de l’accroissement des productions de pétrole et de gaz naturel. Actuellement. retarder les investissements n’est pas une alternative. En seulement quatre ans nous pourrions subir les conséquences des décisions d’inves-tissement non prises aujourd’hui.

Quel impact sur le marché gazier méditerranéen vont avoir les découvertes récentes de réserves gazières en Israël? Au regard du contexte géopolitique local, Quelles perspectives ces découvertes pourraient-elles avoir?Dans le sud-est de la Méditerranée, les récentes découvertes ma-jeures de gaz dans l’offshore ont mis à jour une nouvelle zone d’exploration en eaux profondes. Mais il est encore tôt pour éva-luer l’impact de ces découvertes sur l’ensemble du marché du gaz en Méditerranée car il n’y a pas encore assez d’informations sur le potentiel réel de ces nouveaux champs gaziers. De plus, ces découvertes ont fait apparaître des défis géopolitiques complexes et des tensions diplomatiques dues aux problèmes non résolus de la démarcation des frontières maritimes entre Israël et le Liban, Chypre et la Turquie ... Il est possible qu’il ne soit pas facile pour ces pays voisins de trouver un terrain d’entente pour transformer cette zone en un nouvel Eldorado du gaz.Dans tous les cas, on s’attend à ce qu’Israël devienne un im-portant producteur de gaz une fois que les développements des champs Tamar et Leviathan seront achevés respectivement en 2013 et 2018. L’OME considère que la production de gaz d’Israël pourrait approcher les 25 milliards de mètres cubes (Gm3) avant 2030, comparé à sa production actuelle de seulement 3 Gm3.Pour exporter ce gaz, Israël va devoir développer de nouvelles infrastructures. Un terminal GNL de liquéfaction est une option à l’étude actuellement; le site restant encore à choisir - Chypre étant une option évoquée parmi d’autres.Selon ces plans, Israël sera en position de satisfaire ses besoins croissants en gaz naturel et de devenir un exportateur net de gaz et. peut-être, d’électricité. Cependant. les perspectives créées par ces récentes découvertes au large des côtes du sud-est de la Mé-diterranée permettent d’anticiper un futur radieux pour les pays concernés, à condition que les disputes territoriales n’empêchent ces mêmes pays de monétiser ces réserves estimées de gaz.

Propos recueillis par M.L.G.(«Gaz d’aujourd’hui» N° 2012)

Pedro Moraleda

InterviewDossier

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Opérateurs & Associés

Activité de la Fédéation de l'EnergiePages 38-39

Samir : 10 millions de tonnes produits par an

Activités de l'ONHYM Le rôle précurseur de Soitec

Page 44

Page 41 Pages 42-43

Energie & Stratégie Octobre / Novembre 2012 | 37

Pages 38 à 46

J.P Ermenault, DG de la Lydec

Pages 40-41

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38 | Energie & Stratégie Octobre / Novembre 2012

XxxxxxOpérateurs & Associés

Activités / fédération

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Energie & Stratégie Octobre / Novembre 2012 | 39

XxxxxxxxxxxOpérateurs & Associés

Activités / fédération

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40 | Energie & Stratégie Octobre / Novembre 2012

InfrastructuresOpérateurs & Associés

L’année 2011 constitue ainsi le record en termes de valeur des investissements réa-lisés avec 1,3 milliards de Dhs. Entre 1997 et décembre 2011, plus de 11 milliards de

dirhams HT (dont plus de la moitié financés par l’en-treprise) pour faire face à un besoin d’infrastructure énorme tant pour l’amélioration de l’existant que pour le développement. Erigé en priorité, l’assainissement liquide a représen-té 37 % du total des montants investis depuis 1997, et 53% du total des investissements en 2011. Ces inves-tissements ont eu pour objectif d’améliorer le taux de desserte, diminuer les risques de débordement lors de précipitations importantes et poursuivre les projets de dépollution. Pour l’activité eau potable, les investis-sements ont été dédiés au renforcement des moyens de contrôle de la qualité de l’eau et à l’amélioration du taux de desserte, l’économie de la ressource en eau. Les investissements engagés pour l’activité électri-cité (31%) ont permis de répondre à l’accroissement de la demande, le renouvellement des infrastructures et l’économie d’énergie. Les investissements dédiés

aux moyens communs depuis 1997 (9%) ont permis d’améliorer la qualité du service client, d’améliorer les conditions de travail (remise à niveau des locaux) et de doter l’entreprise de moyens techniques et in-formatiques performants (laboratoire d’analyses des eaux par exemple).

Le rythme s’est considérablement accéléréMalgré ces efforts soutenus, les volumes d’inves-tissements, tels que prévus par le contrat de gestion déléguée, ne suffisent pas pour faire face aux enjeux du Grand Casablanca. En effet, le programme d’in-vestissements indiqué dans le contrat révisé a été élaboré sur la base des schémas directeurs eau, as-sainissement et électricité de 2005/2006, avec l’hy-pothèse d’un rythme de croissance de 200 ha/an. Ce rythme s’est considérablement accéléré au cours des cinq dernières années atteignant plus 300 ha/an (soit

Avec des investissements en 2011, en hausse de 4,5% par rapport à 2010, Lydec poursuit un ambitieux programme afin d’accompagner le développement de la Région du Grand Casablanca, de mettre à niveau les infrastructures et d’améliorer la qualité du service.

Erigé en priorité, l’assainissement liquide a représenté 37 % du total des montants investis depuis 1997

Lydec et le développement du Grand Casablanca

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Energie & Stratégie Octobre / Novembre 2012 | 41

InfrastructuresOpérateurs & Associés

quasiment 1ha/jour). Le nouveau Schéma Directeur d’Aménagement Urbain (SDAU) validé en novem-bre 2009 prévoit un triplement de ce rythme d’ur-banisation avec 1.000 ha/an pour les 20 prochaines années.De ce fait, les besoins réels en infrastructures sont aujourd’hui au delà de ce qui était prévu dans l’ave-nant du contrat révisé en 2009, car la ville connaît une dynamique d’urbanisation plus forte que celle prévue lors de la conclusion de la 1ère révision du contrat de gestion déléguée. En particulier, des ex-tensions majeures ont été décidées, avec la création de villes nouvelles à Bouskoura, Lahraouiyyine, Zé-nata, Mansouria, ou encore Madinat Er-rahma et Dar Bouazza.

14 milliards de DH, nécessaires d’ici 2016La 2ème révision du contrat de gestion déléguée qui démarrera en 2013 devra tenir compte des derniè-res évolutions du plan d’aménagement urbain et des nouvelles priorités d’investissements. En effet, les besoins d’investissement en eau, assai-nissement et électricité pour la période 2012-2016 s’élèvent à près de 14 milliards de dirhams alors que

les ressources de financement prévisionnelles sont de l’ordre de 4 milliards de dirhams pour la même pé-riode. Par conséquent, il faut rechercher de nouveaux moyens de financement pour réaliser les investisse-ments d’infrastructures nécessaires afin de ne pas re-mettre en cause la dynamique de développement du Grand Casablanca.

Mettre à niveau les infrastructures et améliorer la qualité du service

Article ONHYM

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42 | Energie & Stratégie Octobre / Novembre 2012

Opérateurs & Associés

Un succès lié à sa capacité d’innovation : après s’être imposé sur le marché de l’électronique comme le leader mondial du silicium sur isolant (SOI), Soitec joue

aujourd’hui un rôle précurseur dans le domaine du photovoltaïque à concentration (CPV). Cette techno-logie de rupture présente de réels atouts pour le Ma-roc et a déjà donné lieu à un mémorandum d’entente avec Masen.L’histoire de Soitec débute au début des années 1990, lorsque deux ingénieurs du CEA-Leti (Commissariat à l’Énergie Atomique - Laboratoire d’électronique et des technologies de l’information) de Grenoble, An-dré-Jacques Auberton-Hervé et Jean-Michel Lamure, créent leur propre entreprise pour utiliser à l’échelle industrielle la technologie Smart CutTM. Ce procédé révolutionnaire permet la production de plaques de silicium sur isolant (SOI) qui, utilisées pour la fa-brication de transistors, dopent les performances des serveurs, des ordinateurs personnels ou des consoles de jeux.

10 ans de rechercheEn appliquant cette technologie à d’autres matériaux que le silicium et la combinant à d’autres procédés, Soitec développe en quelques années une véritable expertise en matière de matériaux semi-conducteurs. Les applications de ses produits s’élargissent à l’élec-tronique grand public (smartphones, tablettes, …), à l’automobile, à l’industrie, … En 2009, Soitec marque son entrée sur le marché de l’énergie solaire avec le rachat de la société Concen-

trix Solar. Créée en 2005 en Allemagne, celle-ci est un essaimage de l’Institut Fraunhofer des Systèmes Energétiques Solaires, le plus important institut de recherche solaire en Europe.Soitec est ainsi en mesure de combiner son savoir-faire en matière de substrats innovants avec la tech-nologie photovoltaïque à concentration (CPV) dé-veloppée par Concentrix, qui bénéficie de 10 ans de recherche au sein de l’institut Fraunhofer.

Mémorandum d’entente avec MASENLa technologie CPV repose sur l’utilisation de cel-lules à triple jonction à base de matériaux semi-conducteurs III-V. Ces cellules sont semblables aux cellules à multi-jonction déjà utilisées depuis une dizaine d’années pour des applications spatiales et ayant démontré leur résistance dans des conditions

D’origine française, la société Soitec comptait une poignée de collaborateurs à sa création en 1992. 20 ans plus tard, elle rassemble plus de 1 500 personnes sur trois continents et a réalisé un chiffre d’affaires de 323,4 millions d’euros en 2011-12.

Les modules CPV de Soitec bénéficient de la certification CEI 62108

Chrisitan Morel

Photovoltaïque : le rôle précurseur de Soitec

Soitec compte aujourd’hui 10 centrales CPV et plusieurs dizaines de démonstrateurs installés sur 4 continents. La société développe par ailleurs plus de 350 MW de projets.En parallèle, Soitec mène des travaux de R&D pour développer un nouveau type de cellule qui devrait permettre d’atteindre un rendement de près de 50%. Ce projet a été présenté dans le cadre de l’Appel à Manifestation d’intérêt « Photovoltaïque » du pro-gramme français des Investissements d’Avenir et a été retenu par l’ADEME parmi les 8 projets lauréats.

Des dizaines de démonstrateurs sur 4 continents

Energie solaire

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Energie & Stratégie Octobre / Novembre 2012 | 43

Energie solaireOpérateurs & Associés

Nous sommes fortement engagés aux côtés de Masen pour le déploiement de centrales solaires au Maroc

beaucoup plus rudes que sur terre. Leur intérêt réside dans leur très bon taux de conversion des différentes parties du spectre solaire (rayonnement infrarouge, ondes courtes et moyennes) : de l’ordre de 38%.Montées sur une plaque en verre, elles reçoivent une lumière 500 fois concentrée grâce à des lentilles de Fresnel, elles-mêmes disposées sur une autre plaque de silicone sur verre. Ces deux plaques sont ensuite assemblées grâce un cadre métallique pour former un module. Cette conception offre plusieurs avan-tages en termes de durabilité : le verre est en effet 40 fois plus résistant aux éraflures que l’acrylique, tandis l’utilisation de silicone sur verre au niveau des lentilles assure une grande stabilité aux UV.Les modules CPV de Soitec bénéficient de la certi-fication CEI 62108, qui garantit la performance et la résistance à long terme des ensembles photovol-taïques après des tests poussés : exposition en site naturel, charge mécanique, isolation, isolement en milieu humide, tenue à la grêle. Ils figurent égale-ment sur la liste de la California Energy Commission (CEC) depuis les essais réalisés par le TÜV Rhein-land Photovoltaic Testing Laboratory LLC à Tempe, dans l’Arizona.En assemblant plusieurs modules sur des trackers à déplacement bi-axial automatique, Soitec optimise la production d’énergie de ses panneaux et assure sa constance tout au long de la journée. Un algorithme propriétaire lui permet en effet de calculer à l’avance la meilleure position du tracker pour focaliser avec précision la lumière du soleil sur les cellules et géné-rer un maximum d’électricité.Avec une efficacité au niveau des modules de 30% (deux fois plus élevée que celle du photovoltaïque « standard »), la technologie CPV de Soitec offre des avantages particulièrement adaptés aux pays à fort ensoleillement direct comme le Maroc, d’autant plus qu’elle ne consomme pas d’eau et présente un bilan énergétique neutre au bout de 9 mois. C’est dans ce cadre que Soitec (aux côtés de Schnei-der Electric) a signé en juin 2011 un mémorandum d’entente avec Masen pour mettre en œuvre un par-tenariat intégré autour de sa technologie et favoriser l’émergence d’une filière photovoltaïque marocaine.Il s’agit notamment de mener un travail conjoint de recherche et développement, de partager le savoir

via la formation, d’installer un projet pilote d’une capacité totale de 10 MW, d’étudier la mise en place d’une chaîne d’approvisionnement local pour les composants des systèmes CPV (ex. : trackers) et plus largement toutes les opportunités de contribution au dynamisme économique local, notamment l’évalua-tion de l’opportunité d’installer une usine d’assem-blage de modules CPV au Maroc.

« Notre technologie est en train d’être largement adoptée par la région de San Diego aux Etats-Unis où les conditions climatiques sont similaires, et où elle s’avère être celle qui correspond le mieux à ces régions à fort ensoleillement » rappelle André-Jac-ques Auberton-Hervé, Président de Soitec (voir en-cadré).« Nous sommes fortement engagés aux côtés de Masen pour le déploiement de centrales solaires au Maroc et pour le développement économique de la région » conclut-il.

En Europe, Soitec dispose d’une usine de production des modu-les solaires de générations IV et V basée à Friburg, en Allemagne. Le site est certifié ISO 9001 et ISO 14001. Près de 200 personnes lui sont rattachées. Sa capacité de production annuelle devrait pas-ser de 18 à 50 MW dès l’été 2012.

Aux Etats-Unis, Soitec a investi plus de 150 millions de dollars pour la création d’une usine à San Diego, en Californie, afin de sou-tenir l’approvisionnement de plu-sieurs centaines de MW de projets (agrémentés par la CPUC – Califor-nia Public Utilities Commission).Avec une capacité de production

de 200 MW à terme, l’usine de San Diego devrait être opérationnelle à la fin de cette année. Soutenue par le Ministère américain de l’énergie, cette nouvelle installation Soitec vient d’obtenir une aide de 25 mil-lions de dollars dans le cadre du programme SUNPATH (Scaling Up Nascent PV at Home).

Deux sites de production et plusieurs centaines d’emplois

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44 | Energie & Stratégie Octobre / Novembre 2012

Opérateurs & AssociésRaffinage

Ce démarrage intervient après achèvement avec succès des travaux de construction, des tests réglementaires opérationnels, techniques et de sécurité.

Ce projet comprend une unité de distillation de pé-trole brut d’une capacité de 4 millions de tonnes par an et une unité de production de carburéacteur Jet A1 d’une capacité annuelle de 600.000 tonnes, précise LA SAMIR, ajoutant que les deux unités sont inté-grées au complexe de raffinage existant permettant ainsi de ramener la capacité totale de raffinage de la raffinerie Mohammedia à 10 millions de tonnes par an, soit 200.000 barils par jour. Les deux uni-tés utilisent des technologies modernes de raffinage (MERICHEM et autres technologies ) et répondent aux exigences de l’efficacité énergétique. Le pro-jet de construction du Topping 4 a été réalisé dans les limites de l’enveloppe budgétaire allouée et qui s’élève à 1,6 milliard de Dirhams, sur une durée de 32 mois, selon la même source qui ajoute que les tra-vaux de construction ont permis d’assurer 3,8 mil-lions d’heures de travail aux entreprises nationales,

ainsi que la création de 30 emplois stables pour des Ingénieurs et des techniciens pendant la phase d’ex-ploitation. Les nouvelles unités vont contribuer à l’augmentation de la productivité de la raffinerie afin de garantir l’approvisionnement du marché national en produits pétroliers à court et moyen termes. El-les vont contribuer également à l’amélioration de la marge de raffinage, ce qui aurait un impact positif sur la rentabilité et les finances de la société. Le projet Topping 4 s’inscrit dans le cadre du développement durable, par la réduction des émissions gazeuses et le respect des normes de santé et sécurité en vigueur dans le domaine du raffinage.

La SAMIR, fournisseur stratégique du Maroc en produits pétroliers, a annoncé début août le démarrage de la production commerciale, de la nouvelle unité de distillation n° 4.

Les nouvelles unités vont contribuer à l’augmentation de la productivité de la raffinerie

Samir : 10 millions de tonnes produits par an

Véritable acteur du secteur énergétique national et fournisseur stratégique du pays en produits pétroliers, la SAMIR a consenti d’importants in-vestissements et s’est dotée des technologies les plus récentes pour vous offrir des carbu-rants plus performants, propres, compétitifs, et respectueux de l’environnement, notamment le gasoil 50ppm et 10 ppm et le Super Sans

Plomb 50ppm, conformes aux normes européennes.Partenaire pour le développement durable, la SAMIR exerce ses activités en entreprise soucieuse du bien public et d’intérêt général. La dimension environnementale est une composante fondamentale qui guide les choix de la société en matière d’in-vestissement. La SAMIR en fait une préoccupation majeure en veillant à ce que ses procédés et produits aient le minimum d’impact sur la qualité de l’air.La sécurité des personnes, des installations et des zones avoi-sinantes se traduit au quotidien par le redéploiement d’une poli-tique rigoureuse de gestion de risque, conforme aux standards européens. Les efforts de promotion du management qualité

ont abouti à la certification de la majorité des activités de la société selon la norme ISO 9001 vs 2000 ; et au lancement de la certification du système management environnemental selon la norme ISO 14001 vs 2004 et l’accréditation du laboratoire d’analyses selon la norme ISO 17025.L’Energie citoyenne de la SAMIR est sans cesse renouvelée par les nombreuses actions volontaristes dans les domaines socio-culturel, environnemental, éducatif, sportif et de solidarité, tant au niveau local que national.La SAMIR est fier de ses ressources humaines qui constituent la vraie richesse de la société. Des actions de promotion en faveur de ces compétences sont constamment réalisées pour atteindre le niveau qui fera d’elles un symbole d’excellence et de fierté, en harmonie avec les impératifs des défis du secteur.Tous ces efforts témoignent de l’adhésion totale de la SAMIR à la concrétisation des actions de la Stratégie Energétique Na-tionale et de son engagement à la modernisation de l’industrie nationale du raffinage et au développement économique et so-cial du Maroc, en parfait accord avec les principes du dévelop-pement durable.

Jamal BA-AMER (DG Samir) : « devenir la meilleure raffinerie d’Afrique du nord »

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Économie & ÉnergiePages 46 à 57

SolarPACES à Marrakech Nabil Bayahya dans l’Economiste

Page 50 Page 52-53

Le pétrole n’est pas en voie de disparition

Pages 48-49

Compensation : L’expérience du Brésil

Page 51-52

Export à la hausse

l’ONHYM

Page 55

Page 54

Energie & Stratégie Octobre / Novembre 2012 | 45

Page 46: Impulsion royale à l’énergie solaire Les enjeux en

46 | Energie & Stratégie Octobre / Novembre 2012

Analyse :Focus

Jamais les prix moyens du pétrole n’ont été aussi élevés qu’en 2011 : 104 dollars (78,50 euros) le baril en moyenne annuelle; plus qu’en

2008 encore, année pourtant marquée, en juillet, par une flambée historique, où les cours avaient atteint 147 dollars. Ce qui a fait passer la facture pétrolière des pays consommateurs à 5 % du PIE mon-dial, contre 4 % en 2010. En 2012, avec un baril à 112 dollars au premier trimestre,

la note pourrait être encore plus salée. Si les cours de l’or noir demeuraient à leurs

niveaux actuels, a alerté en mars dernier l’Agence internationale de l’énergie (AIE),

le coût des importations des pays riches et émergents pourrait atteindre la somme de 1500 milliards de dollars, dont 1200 mil-liards alimenteront les caisses des pays de l’Opep. Dans ce contexte, les pays riches, confrontés à une croissance en berne et au chômage, ont obtenu du géant saoudien qu’il accroisse sa production afin d’em-pêcher une nouvelle flambée des cours. Dont les populations des pays pauvres et importateurs sont également les victimes, régulièrement oubliées. Les hausses de 2011 et 2012 ne traduisent pas un manque de quantités physiques. El-les expriment d’abord les tensions politi-ques actuelles dans une région, le Moyen-Orient, qui représente environ les deux tiers des réserves prouvées.Aux printemps arabes en Afrique du Nord s’est ajouté le conflit en Syrie et, surtout, le bras de fer entre les pays occidentaux et l’Iran sur la question de l’arme nucléaire. Même s’i l y a fort peu de chances que l’Iran, sous embargo occidental, mette à exécution sa menace de bloquer le détroit d’Ormuz par où transite 20 % de la produc-tion mondiale de pétrole, l’instabilité de la région nourrit la fébrilité des marchés.Toutefois, indépendamment de ces facteurs politiques, la demande d’énergie, tirée par les pays émergents, ne cesse de croître, si bien que le baril devrait sans difficulté se maintenir au-dessus de la barre des 80 dol-lars (niveau moyen de 2006 à aujourd’hui), voire des 100 dollars, prix d’objectif des pays de l’Opep. Or à ce niveau, le monde n’est pas guetté par une pénurie physique dont la flambée du prix du pétrole - amorcée en 2003 après quasiment vingt ans d’éner-

La hausse massive et continue du prix du baril ne ralentit pas la consommation. Au contraire, elle encourage les producteurs à exploiter les réserves de pétrole non conventionnel, dont l’extraction est désormais rentable. Et elles sont immenses.

Le pétrole n’est pas en voie de disparition

Au large des côtes du Brésil, comme ici dans la baie de Niteroi, les plateformes pétrolières offshore pullulent depuis la découverte du gisement de Tupi , qui a accru

d’un coup les réserves brésiliennes prouvées de 62 %.

Il ne faut pas compter sur la contrainte de la pénurie pour

obliger le monde à réduire rapidement sa soif de pétrole

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Energie & Stratégie Octobre / Novembre 2012 | 47

gie très bon marché - a été souvent présen-tée comme le signe annonciateur. À tort. Certes, les énergies fossiles représentent par nature des quantités finies, qui se réduisent d’autant plus vite que leur extraction s’accé-lère (63 millions de barils par jour en 1980, 82 millions en 2010). Cependant, les réser-ves exploitables à un moment déterminé ne sont pas une donnée purement géologique. Leur volume obéit aussi à des paramètres économiques et techniques: quand les cours évoluent durablement dans une fourchette de prix plus élevés, il devient rentable d’investir pour rechercher et extraire des pétroles plus coûteux à produire. Et plus ces pétroles sont exploités, plus les tech-nologies progressent, et plus leurs coûts de production diminuent. En clair, nous avons encore beaucoup de pétrole sous les pieds. Pour combien de temps? Cela dépend pour une part de l’évolution de la demande et des prix. Selon l’AIE (1), si les pays riches et les émergents tiennent les - modestes enga-gements déjà pris en matière de maîtrise de leur consommation, la demande mondiale de pétrole devrait continuer à croître au moins jusqu’en 2035, de 83 à 99 millions de barils par jour, avec des cours moyens

évoluant autour de 110 dollars à cet horizon. Cette demande sera encore majoritairement satisfaite par les pétroles dits convention-nels (on et offshore), dont la production pla-fonne, mais aussi par les pétroles dits « non conventionnels », appelés à se développer. Ces derniers peuvent être classés en deux grandes familles: d’une part, le pétrole tiré des sables bitumineux (canadiens principa-lement) et des huiles extra-lourdes (véné-zuéliennes surtout); d’autre part, celui que l’on sait fabriquer depuis longtemps à partir du gaz et du charbon.

Toujours plus profondDu côté des pétroles conventionnels, l’AIE estime que la production globale des champs en exploitation a probablement déjà atteint son maximum (le fameux « pic » pétrolier). Cette production devrait dé-sormais décliner, en dépit des moyens mis en œuvre pour améliorer les taux de récu-pération du pétrole. Ce déclin devrait être un temps compensé par la mise en exploi-tation de plusieurs champs connus, jusqu’à présent laissés de côté car plus coûteux à opérer, mais devenant rentables (l’offs-hore profond au large du Brésil, puis les ressources de l’Arctique ... ), si bien que la planète disposerait de 2500 milliards de barils conventionnels récupérables envi-ron, ou encore, sur la base de la demande estimée en 2035, soixante-dix années de consommation.En ce qui concerne les sables bitumineux et les huiles extra-lourdes, les ressources sont elles aussi importantes. Pour l’heure, avec ses sables bitumineux de l’Alberta, le Canada affiche 175 milliards de barils de réserves prouvées, dont l’exploitation, qui s’accélère aujourd’hui, est profitable quand le pétrole dépasse les 65 dollars le baril. Le Canada jouit ainsi des secon-des réserves mondiales, derrière l’Arabie Saoudite (264) et devant l’Iran (13 7). Et les ressources effectives ne représentent probablement qu’une faible partie des vo-lumes techniquement et économiquement récupérables, estimés à 800 milliards de barils. De même, pour les huiles extra-lourdes du bassin de l’Orénoque, au Ve-nezuela, les réserves étaient estimées à 60 milliards de barils en 1990. Elles sont aujourd’hui à 211 sur un volume de 500 milliards jugé récupérable. A quoi s’ajou-tent 1400 milliards de barils de sables bitu-

mineux et d’huiles extra-lourdes présents dans d’autres pays, en Russie et au Ka-zakhstan surtout. Et aussi les gisements de kérogène -la matière organique à l’origine du pétrole et contenue dans de nombreuses couches sédimentaires- situés principalement aux Etats-Unis : 1000 milliards de barils y sont aujourd’hui techniquement et économiquement exploi-tables. Il ne faudrait pas oublier, enfin, les carburants que l’on peut produire à partir du charbon et du gaz, dont les réserves sont, elles aussi, immenses.

Le statu quo peut durer 150 ansAvec les techniques et les prix actuels, la planète a donc plus d’un siècle et demi de pétrole devant elle, quand on parlait de quarante années, lorsqu’est paru le fa-meux rapport du Club de Rome, Halte à la croissance, en 1970, dans un monde deux fois moins peuplé. Ce n’est pas une bonne nouvelle. L’extraction des pétroles « extrê-mes» est une source de graves pollutions locales préoccupante, comme on le voit aujourd’hui au Canada. Auxquelles s’ajou-tent les émissions de CO2. L’extraction des pétroles non conventionnels nécessite, en effet, beaucoup d’énergie, ce qui alourdit leur bilan carbone. Extraire et raffiner du pétrole brut canadien représente des émis-sions de l’ordre de 100 kg de CO2 par ba-ril, contre 10 kg pour le pétrole saoudien. Cependant, l’essentiel des émissions liées au pétrole, conventionnel ou non, reste du côté de la consommation: 420 kg de CO2 par baril. Et c’est bien là le problème : si la hausse des prix évolue durablement autour de 80 -110 dollars, le pétrole restera dispo-nible pour de nombreuses décennies à un prix que les pays riches et les émergents devraient pouvoir supporter sans trop changer leurs habitudes de consommation. Autrement dit, il ne faut pas compter sur la contrainte de la pénurie pour obliger le monde à réduire rapidement sa soif de pétrole pour que le réchauffement clima-tique reste contenu dans les limites jugées supportables par la communauté interna-tionale (+ 2 degrés Celsius). Les décisions politiques n’en seront que plus difficiles à prendre.

ANTOINE DERAVIGNAN

Alternatives Internationales N°11 de Juillet 2012

243 milliards de tonnes de pétrole disponibles

Réserves prouvées de pétrole fin2010 (en milliards de barils)

Les pétroles non conventionnels à la rescousse

Prévisions de production de pétrole jusqu’en 2035 (en milliards de barils par jours)

Analyse :Focus

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48 | Energie & Stratégie Octobre / Novembre 2012

Energie solaireéconomie & énergie

La séance de clôture de ce conclave a été marquée par la remise du prix de «l’Inno-vation technologique», une distinction dé-cernée par l’organisation «SolarPaces», à

l’entreprise américaine «Sky Fuel». Instauré en 2009, ce prix se veut le couronnement des efforts fournis par les sociétés et les firmes oeuvrant dans le domaine de l’énergie solaire, en vue de la promotion des nouvelles technologies et innovations dans ce secteur vital et prometteur.Par la même occasion, les organisateurs ont décidé de tenir la prochaine édition de cette conférence in-ternationale en 2013 à Las Vegas, aux Etats-Unis. Placée sous l’égide de l’Agence Internationale de l’Energie (AIE), cette rencontre organisée pour la première fois en Afrique et dans la région de l’Afri-que du nord et du moyen orient, a connu la participa-tion d’un millier conférenciers, dont des chercheurs, des ingénieurs, des développeurs, des décideurs politiques et des investisseurs en provenance de 40 pays.Cet événement scientifique d’envergure a permis aux participants de concevoir une vision profonde sur les nouveaux développements de la technologie,

des marchés et des financements dans le domaine du solaire thermique à concentration et les procédés chimiques.

Pourquoi le Maroc ?Quant au choix du Maroc pour l’organisation de cette manifestation, il illustre clairement les ambitions du Royaume dans le domaine solaire, telles qu’elles ont été concrètement affichées à travers le lancement du plan solaire marocain par SM le Roi Mohammed VI.Dans ce cadre, les conférenciers ont examiné une série de questions liées essentiellement à la modé-lisation des ressources, à travers l’évaluation des potentialités que recèlent les différentes régions du Royaume dans le domaine solaire. La finalité étant de parvenir à réduire les coûts de production, à amé-liorer le rendement et à atteindre l’efficience énergé-tique escomptée.Ce conclave qui a vu l’organisation d’une série d’ate-liers, plus d’une quarantaine de conférences pléniè-res et 200 exposés techniques et scientifiques, a été une occasion de mettre l’accent sur les résultats des dernières recherches scientifiques menées dans ce domaine.

Les travaux de la 18è conférence internationale SolarPaces (Solar Power and Chimical Energy System) ont pris fin début septembre à Marrakech, après quatre jours riches en échanges et débats sur les dernières technologies et les moyens efficients de promouvoir l’énergie solaire.

Parmi les intervenants, MM. Badr Ikken (ISEREN), Yahya Zniber (Ministère de l’Energie) et Mustapha Bakkoury (MASEN)

SolarPACES 1000 conférenciers en conclave à Marrakech

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Energie & Stratégie Octobre / Novembre 2012 | 49

Caisse de compensationéconomie & énergie

Invité par le ministre délégué chargé des Affaires générales et de la gouvernance, Mohamed Najib Boulif, l’ambassadeur du Brésil au Maroc, Fre-derico S. Duque Estrada Meyer, a déclaré que

l’expérience brésilienne en matière de compensation et de sécurité alimentaire est un modèle reconnu sur le plan international : “Le système de compensation au Brésil est un franc succès en ce qu’il a permis de hisser 50 % de la population parmi la classe moyen-ne”, a indiqué l’ambassadeur, qui a rappelé les efforts de son pays pour lutter contre la pauvreté et l’exclu-sion sociale, notamment avec le lancement en 2003 du programme “Faim zéro”. Et de poursuivre qu’au cours des neuf dernières années, le Brésil a réduit la malnutrition infantile de 61% et la pauvreté rurale de 15%, grâce à la promotion de l’agriculture locale et de la consommation des produits nationaux.Pour sa part, Nabi Boulif a tenu à préciser que la réforme de la Caisse de compensation sera à la fois “profonde et graduelle” avec pour souci majeur d’assurer plus de stabilité sociale dans le pays. Et de poursuivre que cette réforme va être progressive sur plusieurs années de sorte à ce qu’elle soit avan-tageuse, globale et complémentaire des mesures et programmes sociaux déjà mis en oeuvre.

« Nous voulons que ce programme de réforme confor-te les acteurs sociaux autour d’un projet d’avenir afin de les fédérer en un pôle social solide et d’inscrire le Royaume dans une stratégie sociale intégrée s’ap-puyant sur des programmes et mécanismes efficients, au service du progrès et de développement », a pré-cisé le ministre, pour qui ce processus doit prendre en ligne de compte les expériences internationales en la matière, dont celle pionnière du Brésil.

La réforme de la Caisse de Compensation, plutôt l’expérience brésilienne en la matière, a été au centre d’une rencontre tenue début septembre à Rabat.

Le système de compensation au Brésil est un franc succès

Najib Boulif : « La réforme sera graduelle »

Depuis des années, la Caisse de compensation dépas-se largement son budget initial. L’Etat est donc appelé à la rescousse pour la renflouer, via des rallonges, à coups de milliards de dirhams. Comment cette manne est-elle dépensée ? Si l’on prend les 52 milliards de dirhams de l’année dernière, la subvention des produits pétroliers et de gaz butane a coûté 41 milliards, tandis que le sucre et la farine ont bénéficié respectivement de 4 et 3 milliards. Le reste, soit 4 milliards, a servi pour payer les arriérés de la Caisse au titre des exer-cices précédents. Voilà, le compte est bon ! Alors que le cours du baril de Brent monte en flèche et que les

produits alimentaires prennent du galon sur le marché international, les prix sont restés les mêmes dans le royaume. Magie de la compensation ! Sauf que là, on flirte avec les 6,5% du PIB, soit un niveau jamais at-teint. Et, c’est connu, quand les dépenses de fonction-nement s’envolent (la compensation est rangée dans ce chapitre), les budgets d’investissements passent à la trappe. En d’autres termes, afin de maintenir la paix sociale, l’Etat continue de casser sa tirelire pour soute-nir les prix, au lieu de financer des projets qui peuvent être source de revenus. Seulement, les aides de com-pensation profitent, en grande partie, à des gens qui n’en ont pas besoin. “Plus de 80% de la subvention va là où il ne faut pas”, déplore Najib Boulif.

Extrait de « Tel Quel » du 2 février 2012

Passez à la Caisse !

De g. à d. MM. Frederico S. Duque Estrada Meyer et Mohamed Najib Boulif

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Caisse de compensationéconomie & énergie

Nabil Bayahya : « Compensation ou compassion, peut-on réinventer l’Etat providence? »

Nabil Bayahya est diplômé de Sciences Po Paris. Il est actuellement exécutive-Partner d’un cabinet

international d’audit et de conseil, Mazars à Casablanca.(*)

Tout le monde s’accorde sur l’importance de ce pilier so-cial marocain qu’est la Caisse de compensation. Personne ne

semble détenir les clés d’une réforme juste et efficace. La théorie libérale fustige les prix administrés sans offrir d’alternative au creusement des inégalités. L’assistanat

est quant à lui dépeint comme un frein au développement économique. Entre ces extrêmes, quelle place reste-t-il à un Etat providence marocain?

Libéralisation intenableDe plus en plus de voix s’élèvent alors pour réclamer une libéralisation complète

des prix, afin de les réguler par la seule concurrence. Toutefois, le Conseil de la concurrence en évalue l’impact sur le budget des ménages les plus défavorisés à quelque 364 dirhams par personne et par an pour les seules dépenses liées à la farine de blé tendre, au sucre et au gaz butane, soit un dixième du pouvoir d’achat des

L’histogramme ci-dessus démontre que la dette de l’Etat notamment envers les groupes pétroliers a atteint un pic en mai 2012 (20,2 MDH) mais la courbe s’est infléchie depuis pour ne plus représenter que 15,6 Milliards de dirhams.

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Energie & Stratégie Octobre / Novembre 2012 | 51

économie & énergie

10% de Marocains les plus pauvres.Il est illusoire de prétendre cibler les po-pulations à travers leurs besoins, qui sont loin d’être homogènes. Certains suggèrent alors de remplacer la compensation par des allocations en numéraire, des aides en nature, ou des bons d’achat. Mais dès lors qu’au Maroc le secteur informel est éva-lué à près de 15% du PIB, et représente plus d’un emploi sur trois, il est difficile d’établir des cartes de pauvreté fiables, et surtout de vérifier que les aides ne soient pas détournées.Autre solution: subventionner le produc-teur pour faire baisser le prix à la consom-mation par un accroissement de l’offre. Ce mécanisme suppose que les distributeurs jouent le jeu, et que la filière ne cherche pas à optimiser ses marges.Qu’il s’agisse de faire baisser les prix en amont ou bien de distribuer des aides en aval, tous ces systèmes ont en commun de gérer la pauvreté au lieu de la réduire. Ils redistribuent les richesses en prélevant aux uns les sommes nécessaires à nourrir les autres, mais restent sur le plan de la créa-tion de valeur un jeu à somme nulle. Ils ne réduisent pas la fracture sociale mais l’aggravent au contraire par une «désinci-tation» collective à l’effort. L’expérience occidentale montre au contraire que l’amé-lioration des salaires et des conditions de travail agit directement sur la productivité. Henry Ford, pionnier de l’organisation scientifique du travail, en fit même sa stra-tégie. «La fixation du salaire de la journée de huit heures à cinq dollars fut une des plus belles économies que j’aie jamais faite», déclarait-il sans aucune ironie. «Je paie mes salariés pour qu’ils achètent mes voitures», ajoutait-il, anticipant de deux décennies la théorie keynésienne sur la consommation comme moteur principal de l’économie. L’Etat providence se révéla ainsi comme un formidable vecteur de croissance davantage qu’une lutte sociale.

Société figéeUne politique sociale ciblée sur le travail plutôt que l’assistanat comporte ainsi un réel effet multiplicateur sur l’activité éco-nomique. Cependant, l’importance du secteur informel risque également de com-promettre les chances d’efficacité d’une législation sociale qui existe déjà, mais qui reste peu appliquée.La Caisse de compensation a su mettre les Marocains à l’abri des fluctuations des marchés des matières premières pendant

des décennies. Mais en assurant une subsis-tance relative aux plus pauvres, ce système a contribué à figer une société où l’indice de développement humain reste parmi les plus faibles de la planète. Or, à l’échelle mondiale, une véritable compétition s’est engagée entre les pays émergents dans une course au développement qui vise à achever en une génération la transition dé-mographique, la révolution industrielle, la société de consommation, et le passage à l’ère numérique. L’enjeu est alors l’émer-gence d’une classe moyenne nombreuse et dynamique, qui saura prendre la mesure de ces changements.Cette accélération sociétale est un défi pour un Etat providence hypertrophié et bureaucratisé aujourd’hui en crise. Les po-litiques sociales devront alors s’affranchir des prismes idéologiques qui en ignorent les effets pervers, pour adapter sans cesse ce savant mélange d’étatisme et de libéra-lisme aux réalités de demain.

Croissance contre pauvretéAutre levier de création de valeur, la théo-rie du capital humain montre comment l’amélioration du bien-être collectif et du niveau moyen d’éducation accroissent la richesse globale. Le Haut commissariat au plan a ainsi étudié les changements dans les caractéristiques des populations pau-vres du Maroc entre 1985 et 2007 à travers des variables qualitatives. Il en conclut que si la croissance économique reste le prin-cipal levier de réduction de la pauvreté, la baisse des inégalités dans l’accès aux soins où le niveau d’éducation contribue pour un quart à cette dynamique sociale.L’Assurance maladie obligatoire ainsi que le Ramed sont encore trop récents pour permettre une évaluation de leurs effets in-

directs, mais elles participent de cette logi-que de développement humain. De même, la subvention à la scolarisation en milieu rural où le taux d’analphabétisme reste un des plus élevés au monde offre des pers-pectives considérables, comme l’a montré l’expérience du Brésil. L’engagement du Souverain envers les plus démunis donne ainsi au Roi des pauvres une vision éco-nomique et sociale pour le Maroc du XXIe siècle.

La compensation pousse l’inflationSéduisant, le système de compensation oublie qu’un prix sous-évalué incite à consommer, d’où une pression constante sur les producteurs incités à augmenter leurs marges. Par cet effet de ciseaux, il démultiplie ses propres besoins financiers au-delà de l’économie qu’il cherche à faire faire au consommateur. Il entretient paradoxalement un système inflationniste à l’opposé de sa vocation stabilisatrice, ce qui explique que ses prix d’achat en amont soient plus élevés que la moyenne du cours international. Il pèse ainsi de plus en plus lourd sur les comptes publics au point de représenter les 2/3 du budget d’in-vestissement du Royaume. En plus d’être inefficace, ce système est injuste, puisque contrairement à ses débuts avec la carte de rationnement, aucune limitation n’est im-posée à des acheteurs qui peuvent même être des industriels. Les ménages les plus aisés en bénéficient comme les plus pau-vres, et optimisent un pouvoir d’achat supérieur, de sorte que les 20% des plus aisés perçoivent 75% des subventions, au mépris de la vocation sociale de la Caisse.(*) Contribution parue dans le journal l’Economiste du 02/09/2012

Caisse de compensation

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économie & énergieAfrican Power Forum

Les participants à ce congrès de deux jours, placé sous le thème «la nécessaire transi-tion vers les EnR en Afrique» ont estimé que la flambée des cours de combustibles

et la rareté des ressources dans un futur proche sont également des facteurs qui promettent un avenir ra-dieux pour les énergies renouvelables, lesquelles fa-çonneront, sans nul doute, le monde de demain.Ils ont fait savoir que le développement de ces éner-gies est plus que jamais une réalité en Afrique et fi-gure désormais au coeur des priorités de nombre de pays du continent, citant à titre d’exemple la grande expérience et expertise acquise par le Maroc dans ce domaine.L’abondance des ressources renouvelables et qui sont encore très peu exploitées sera un facteur détermi-nant qui poussera certainement les pays africains à opter pour cette énergie, encore faut-il oeuvrer pour la mise en place d’une stratégie renouvelable en la matière et trouver des moyens de financement plus efficaces, notamment en ce temps de crise de liqui-dité mondiale, ont-ils expliqué.Initié par i-conférences, sous l’égide du ministère de l’énergie, des mines, de l’eau et de l’environnement

et en partenariat avec l’ADEREE, le MASEN et l’UPDEA, ce forum a offert une grande opportunité aux opérateurs publics et privés de partager leurs expériences et de découvrir les dernières avancées réalisées par le secteur. Les débats ont porté, notam-ment, sur des thématiques de grande importance liées, entre autres, au développement du renouvelable sur le continent africain, l’impact de la crise sur les in-vestissements dans le secteur, la question cruciale du financement, les politiques publiques en matière des EnR ainsi qu’un focus sur l’éolien et le solaire.

La promotion de la coopération dans le domaine énergétique s’avère indispensable pour assurer une meilleure transition du continent africain vers les énergies renouvelables (EnR), notamment dans un contexte économique mondial difficile, ont souligné les participants à la 6ème édition du forum africain de l’énergie (Africa Power Forum), dont les travaux se sont déroulés à Marrakech, fin septembre.

La flambée des cours de combustibles et la rareté des ressources dans un futur proche sont également des facteurs qui promettent un avenir radieux pour les énergies renouvelables

La transition des EnR en Afrique

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Mineséconomie & énergie

Les exportations marocaines de phosphates ont atteint près de 7,38 milliards de dirhams (MMDH) à fin juillet, contre environ 6,64 MMDH durant la même période de l’année

2011, affichant ainsi une augmentation de 11,1%, in-dique l’Office des changes.Quant aux exportations des dérivés de phosphates, elles se sont également inscrites en progression de 1,1% à plus de 20,34 MMDH contre près de 20,13 MMDH à fin juillet 2011, selon l’Office qui vient de

publier les indicateurs préliminaires des échanges ex-térieurs pour le mois de juillet. Pour ce qui est des importations en produits énergétiques, elles ont en-registré un accroissement de 11,8% à plus de 57,39 MMDH, contre plus de 51,34 MMDH à fin juillet de l’année précédente. Par désignation, la même source fait ressortir une progression des importations des gasoils et fuel (+9,4%), du gaz de pétrole et autres hydrocarbures (+4,9%) et de huile brute de pétrole avec +8,4%.

Les exportations marocaines des phosphates ont atteint près de 7,38 milliards de dirhams à fin juillet, contre environ 6,64 MMDH durant la même période de l’année 2011

Les exportations marocaines de phosphates ont atteint près de 7,38 milliards de dirhams à fin juillet 2012

Phosphates : exportations en nette progression

xxxxxxxxxx

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Port de Jorf Lasfar

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Interviewéconomie & énergie

Quel est la mission du CMPP et quels sont ses projets phares ?En tant que Centre National de Production Propre, crée dans le cadre d’un partenariat public-privé (CGEM, Ministère de l’In-dustrie, du Commerce et des Nouvelles Technologies et Dépar-tement de l’Environnement), le CMPP a pour mission d’assister les industries nationales, notamment les PME, afin d’adopter la production propre et l’utilisation rationnelle des ressources (eau, énergie…) et le transfert des technologies respectueuses de l’en-vironnement.

Depuis sa création en 2000, le CMPP a mis en place un nombre de projet pilotes financés par des bailleurs de fonds internationaux et ses partenaires nationaux. Ces projets couvrent les principaux domaines suivants: l’économie et la rationalisation d e l’eau dans l’industrie, la gestion et valorisation des déchets industriels, la dépollution industrielle, l’éco-conception, la gestion de produits chimiques l’efficacité énergétique …Aussi, le Centre développe continuellement son portefeuille de services afin de mieux répondre aux besoins croissants de l’in-dustrie nationale en matière d’accompagnement et assistance technique.

Quelle est l’action du CMPP en relation avec l’énergie ?L’énergie est devenue une préoccupation majeure des entrepri-ses nationales, ainsi, le CMPP a intégré la thématique l’effica-

cité énergétique dans l’ensemble de ses activités notamment : les ateliers de sensibilisations et d’information, la formation et le renforcement des capacités des entreprises et les diagnostics énergétiques.

Quelles orientations préconisez-vous pour asseoir une stratégie de développement durable au Maroc ?Au cours du premier semestre de 2011, on avait de bonnes raisons Je pense que la question des changements climatiques doit être au cœur de la stratégie nationale en matière de développement durable à travers l’intégration d’avantage de cette question dans les plans et programmes existants mais aussi le développement de nouveaux plans dans d’autres domaines comme celui du transport.Il faut également promouvoir dans le cadre de cette stratégie na-tionale le concept de la Consommation et Production Durable à travers notamment : l’encouragement de l’utilisation de produits

et services qui assurent la protection de l’environnement et la pré-servation de ressources naturelles, la promotion de pratiques de production durables dans l’industrie, le développement des tech-niques et technologies alternatives propres, la sensibilisation des acteurs concernés et du grand public …

Hanan Hanzaz Fehri, DG du centre marocain de production propre (CMPP), nous a accordé une interview dans laquelle elle parle de ses projets, son action et ses orientations.

L’énergie, préoccupation majeure de l’entreprise

Hanan Hanzaz Fehri, DG du CMPP

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EnvironnementAprès Rio + 20

Au-delà des déclarations, encou-ragements ou renouvellement d’engagements passés, le texte comporte un certain nombre

d’engagements nouveaux, au nombre de 9, en faveur du développement durable :

1. Objectifs du développement durable Lancement d’un processus intergouverne-mental ouvert aux parties prenantes pour élaborer des objectifs de développement durable mondiaux à adopter lors d’un ses-sion ultérieure de l’AGNU (Assemblée gé-nérale des Nations unies).

2. Gouvernance internationale de l’environnement Renforcement du Programme des Nations unies pour l’Environnement (PNUE) en tant qu’autorité mondiale reconnue en ma-tière d’environnement, qui arrête les me-sures en faveur de l’environnement mon-dial, qui favorise de façon cohérente la concrétisation de la dimension environne-mentale du développement durable au sein du système des Nations Unies et qui est la voix autorisée des défenseurs de l’environ-nement mondial.

3. Gouvernance mondiale du développement durableÉtablissement d’un forum politique inter-

gouvernemental de haut niveau pour rem-placer la Commission de développement durable des Nations unies (CDD).

4. Renforcement du rôle de la société civileAu sein du forum politique intergouver-nemental de haut niveau qui est amené à remplacer la Commission de développe-ment durable des Nations unies (CDD), il est prévu de renforcer le rôle consultatif et la participation des représentants de la société civile (accrédités auprès des Na-tions unies) au niveau international afin de mieux faire usage de leur expertise, tout en conservant le caractère intergouvernemen-tal des débats.

5. Océans et mersEngagement à traiter, avant la 69ème ses-sion de l’AGNU, la question de la biodi-versité marine au-delà des zones de juri-diction nationale, notamment en prenant une décision sur l’élaboration d’un instru-ment international sous les auspices de la Convention des Nations unies sur le droit de la mer.

6. Financement du développement durableLancement d’un processus intergouverne-mental sous AGNU, en collaboration avec les institutions financières et autres parties

prenantes, pour évaluer les besoins en fi-nancement, les moyens et outils existants afin d’élaborer une Stratégie de Finance-ment du développement durable facilitant la mobilisation des ressources et leur bon usage ; le comité intergouvernemental créé devra rendre sa proposition d’ici 2014.

7. Transfert de technologiesDemande aux agences onusiennes compé-tentes d’identifier des options visant à créer un « mécanisme de facilitation » afin de promouvoir le développement et le trans-fert de technologies vertes ; le Secrétaire Général de l’ONU présentra sur cette base à la 67ème AGNU, des recommandations relatives à ce mécanisme de facilitation.

8. Indicateurs de développement durableLancement d’un programme de travail sur les mesures de progrès au-delà du produit intérieur brut (PIB) par la Commission sta-tistique des Nations unies, en collaboration avec les autres entités des Nations unies et organisations pertinentes.

9. Consommation et production durablesAdoption du cadre décennal de program-mes pour une consommation et une pro-duction durables (dit 10YFP pour «10 Year Framework of Programmes») pré-négocié

La conférence Rio+20 s’est achevée avec l’adoption par consensus d’un texte intitulé « l’Avenir que nous Voulons ». A travers les 283 articles du texte, les 188 États représentés s’engagent sur le chemin d’une économie verte qui doit « contribuer à l’élimination de la pauvreté et à la croissance économique durable, améliorer l’intégration sociale et le bien-être de l’humanité, et créer des possibilités d’emploi et de travail décent pour tous, tout en préservant le bon fonctionnement des écosystèmes de la planète. »

L’avenir que nous voulons

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EnvironnementAprès Rio + 20

lors de la dernière session de la Commis-sion de développement durable des Nations unies (mai 2011) et lancement du proces-sus lors de la prochaine (67ème) session de l’AGNU par la désignation d’un organe ONU-Etats Membres à définir.En clôture du texte, l’article 283 propose l’ouverture par l’ONU d’un recueil des engagements volontaires pris par tous les acteurs, étatiques et non étatiques, pour mettre en œuvre des actions, programmes, stratégies de développement durable et d’éradication de la pauvreté.La conférence a été également marquée par une forte mobilisation de la société ci-vile et des collectivités locales.

Le groupe des amis de l’article 47

En marge de la conférence, l’Afrique du Sud, le Brésil, le Danemark et la France ont annoncé la création du groupe des « amis de l’article 47 » dans le but de promouvoir la responsabilité et le reportage en matière de dévelop-pement durable parmi leurs grandes entreprises respec-tives, et ce avec le soutien du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE).

Lancement du défi « Faim Zéro »

A l’occasion d’un événement de la conférence, Ban Ki-moon a lancé l’initiative « Faim Zéro ». Pour atteindre cette vision, le secrétaire général des Nations Unies a re-

censé cinq objectifs : ouvrir à 100% l’accès à une nutrition adéquate ; éradiquer la malnutrition chez les femmes en-ceintes ; valoriser la croissance de la productivité et des revenus des petits exploitants ; limiter le gaspillage.

513 milliards de dollars pour le développement durable

L’ONU a également annoncé que plus de 513 milliards de dollars ont été mobilisés par le secteur privé, les gouver-nements et la société civile pour financer des projets dans l’énergie, les transports, l’économie verte, la désertifica-tion, l’eau ou les forêts.

Quelques initiatives à suivre...

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Energie & Stratégie Octobre / Novembre 2012 | 57

EnvironnementChronique

La question de la gouvernance mondiale de l’environnement est récurente depuis une dizaine d’années. Lors de la Conférence

de Paris en 2007, les présidents français et brésilien, Jacques Chirac et Luis Ignacio Lula da Silva, s’en étaient saisis à bras le corps sans malheureusement avoir le temps politique de concrétiser leurs visions. Le président Sarkozy avait ensuite repris à son compte cette idée que la Conférence de Copenhague de 2009 ne lui avait pas non plus permis de faire aboutir. Il est né-cessaire aujourd’hui de faire à nouveau des propositions innovantes voire audacieuses. En ce sens, la mise en place d’une nou-velle institution internationale en charge de la question de l’environnement appa-raît comme impérative face à la déliques-cence de la gouvernance internationale de l’environnement. L’idée avancée par le groupe des 77 (pays en développement) et la Chine d’une « responsabilité collective mais différenciée » se heurte nécessaire-ment à des intérêts économiques fortement divergents dans un monde aussi concur-rentiel que globalisé. L’environnement doit pouvoir bénéficier à ce titre d’une enceinte internationale au pouvoir uni-

formément contraignant. Le droit qu’elle émettra se doit d’être digne du caractère fondamental de ses enjeux, à l’instar des questions sociales ou commerciales dont le traitement est supervisé respectivement par l’Organisation Internationale du travail (OIT) et l’OMC. A l’heure où les questions environnementales et économiques n’ont jamais été aussi liées, l’OMC est ainsi ca-pable de régler nombre de conflits stricte-ment commerciaux, mais ne peut en aucun cas offrir une instance neutre de règlement des différents liés à la fois au commerce et à l’environnement. De l’avis de nombreux experts, le risque d’une « marchandisa-tion » de la sphère environnementale est aujourd’hui de ce fait avéré. Des interroga-tions récurrentes gravitent par ailleurs sur le choix des fonts baptismaux susceptibles de porter cette organisation (devra-t-elle émerger du système onusien ou être créée de toute pièce en référence au modèle de l’OMC ou de l’OMS ?). Faut-il la faire as-sister d’un Tribunal international de l’en-vironnement afin de rendre ses décisions contraignantes. Deux voies aux avantages et inconvénients contrastés sont en effet possibles. La première voie consisterait à calquer cette organisation sur le modèle de

l’UNESCO en créant de toutes pièces une ONUE (Organisation des Nations-Unies pour l’Environnement) à laquelle

La question de la gouvernance mondiale de l’environnement apparaît comme l’un des principaux challenges sur lesquels la Conférence « RIO +20 » pourrait permettre d’avancer. Explications.

Vers une nouvelle gouvernance mondiale du développement durable ?

Par Jean-Marc Lorach, cadre supérieur d’entreprise publique, auteur du « Guide du Territoire Durable » et

Sandrine Pagnier-Cadieu, enseignante et chercheuse en développement durable.

Ed Groark, Alexander Ochs, Evan Musolino avec IRENA Adnan Amin et Gauri Singh

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58 | Energie & Stratégie Octobre / Novembre 2012

adhéreraient de facto tous les pays mem-bres de l’ONU. Une telle instance aurait l’immense avantage de rassembler l’essen-tiel des pays du monde en proposant une réelle gouvernance mondiale. Son évident inconvénient serait de se borner à accu-muler du « soft law », du droit mou sans possibilité coercitive. Il est en effet assuré qu’un certain nombre de pays-membres bloqueraient tout durcissement de la ré-glementation au nom de leur souveraineté nationale.

Transfert de souveraineté ?La seconde voie serait celle d’une OME (Organisation Mondiale de l’Environ-nement) créée sur le modèle de l’OMC. N’adhéreraient à celle-ci que les pays prêts à transférer une partie de leur souveraineté à cette nouvelle structure, voire à accepter de se soumettre à un Tribunal internatio-nal de l’environnement sur le modèle de la juridiction créée à l’OMC. Le fort en-gagement des pays adhérents garantirait l’émission d’une réglementation contrai-gnante qui éviterait l’écueil du « soft law ». Par contre, nombre de pays n’accepte-raient pas dans ces conditions d’adhérer à cette nouvelle organisation, ce qui rendrait son droit inapplicable dans une partie im-portante du monde. Or à l’ère du « Global Village », les pollutions émises à n’impor-te quel endroit de planète concernent tous ses habitants. Le réchauffement climatique s’impose à tous. Il n’est pas nécessaire, ni même recommandé, de créer une telle or-ganisation ex nihilo. Pourraient en effet être regroupés en son sein nombre de pro-grammes et d’institutions internationales, aux premiers rangs desquels le PNUE, le PNUD la FAO… De même, le Fond pour l’Environnement Mondial pourrait lui être rattaché et constituer avec les budgets du PNUE et du PNUD une source de finance-ment indépendante pour des montants très significatifs. Ces financements autonomes permettraient à cette future organisation internationale de se dégager du joug de la Banque Mondiale et du FMI, dans le choix de ses allocations de ressources. L’ajout à ces financements de la perception d’une écotaxe mondiale sur les activités les plus polluantes pourrait enfin permettre de décupler les capacités d’intervention de structures existantes. A l’occasion de la conférence RIO +20, qui se tient au Brésil du 20 au 22 juin, il serait intéressant en ce sens de pousser plus avant l’analyse et de voir comment il pourrait être envisageable

de compléter ce système par la mise en place d’une troisième voie. Celle d’une instance internationale qui ne se limiterait pas à la sphère environnementale, mais in-tégrerait les trois volets du développement durable : économique, social et environne-mental. Les relations entre les questions commerciales, environnementales et so-ciales sont en effet de plus en plus étroi-tes. Dès lors, il apparaît nécessaire, voire indispensable, de s’aventurer sur le che-min de la création d’une structure supé-rieure permettant d’apporter une solution définitive aux conflits traitant concurrem-ment des trois volets du développement durable. En effet, si l’interface commer-ce-environnement est déjà largement ap-parue au cœur des différends réglés par l’OMC, il est illusoire d’imaginer que la libéralisation des échanges internationaux n’aura aucune répercussion sur les normes sociales. Il est fort probable qu’à l’instar des questions environnementales, l’OMC saura attraire ces problématiques sociales, le risque étant, alors, de les voir soumises aux règles commerciales mondiales. Cette nouvelle structure juridictionnelle ne peut être envisagée qu’à la condition préalable de la création d’une OME et à l’affirmation de l’OIT au moyen de la création parallèle d’une juridiction sociale internationale dotée d’un pouvoir contraignant. Il est, en effet, indispensable que les préoccupations environnementales et sociales acquièrent un poids équivalent à celui des préoccupa-tions commerciales défendues au sein de l’OMC.

Le relais des organes de réglement des litigesCette nouvelle Cour Internationale du Dé-veloppement Durable (CIDD) intervien-drait donc davantage comme un degré sup-plémentaire, supérieur aux organisations spécialisées et ayant pour objectif de ré-pondre à leurs interrogations, de résoudre leurs conflits et d’assurer une harmonisa-tion des décisions. Ce mécanisme de règle-ment des différends constituerait le relais des organes de règlement des litiges des diverses organisations internationales, leur permettant ainsi de se recentrer sur leurs propres fonctions et compétences. L’enjeu est ici d’aller plus avant dans la construc-tion juridique et de créer une instance ca-pable d’arbitrer de manière égalitaire les différends survenant de manière transver-sale entre les différents aspects du déve-loppement durable. Même si cette création

d’une CIDD n’est évidemment pas chose aisée il est intéressant de réfléchir à sa future composition ainsi qu’à ses futures compétences. Sa composition, doit être le reflet de sa singularité ; il apparaît donc tout indiqué de proposer une instance mix-te paritaire prenant également en compte les oppositions Nord/Sud. Ses membres devront appartenir de manière égalitaire aux pays du nord et du sud et jouir d’une autorité internationalement reconnue.

Intervention du President de la CIJCompte tenu du fait que la CIDD serait une institution paritaire, il est nécessaire d’envisager le cas du partage égal des voix au sein de la Cour. Dans cette situation l’intervention d’une personnalité externe serait nécessaire pour trancher et aboutir à une solution tout en évitant les blocages procéduraux. Le Président de la Cour In-ternationale de Justice (CIJ) pourrait tenir ce rôle. Les membres de la future Cour pourraient être nommés par les person-nes composant les organes de règlement des différends de l’OME, de l’OIT et de l’OMC. Les compétences de la CIDD peuvent s’articuler autour de deux axes. La CIDD serait, à la fois, « tribunal des conflits » et instance juridictionnelle ayant pour objectif la résolution des conflits pou-vant apparaître entre les questions com-merciales, environnementales et sociales. Cette compétence emporterait l’inscrip-tion indispensable, dans le texte créant la CIDD, des différents principes régissant le commerce international, la protection de l’environnement et les normes sociales, leur conférant à tous, sans exception, une valeur juridique identique et une légitimité qui assurent leur conciliation et leur ap-plication par tous. Symbole de la prise en compte au niveau mondial et de manière égalitaire des trois aspects que recouvre le développement durable, la création de cet-te nouvelle Cour permettrait de concrétiser une démarche initiée il y a maintenant 25 ans et qui peine toujours à être réellement mise en œuvre. Par là même, elle donne-rait un nouveau souffle à la Gouvernance internationale de l’environnement et ferait, de Rio +20, une Conférence internationale à jamais inscrite dans l’histoire de l’af-firmation du concept de développement durable.

Chromique proposée par Jean-Marc Lorach et Sandrine Pagnier-Cadieu.

EnvironnementChronique

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Fukushima: j’y pense et puis j’oublie...

Par Maurice Leroy, Président de la Fédération française pour les sciences de la chimie

Depuis l’accident de Fukushima, une émotion anti-nucléaire, compréhensible, s’est emparée de tous les dialogues concer-

nant les filières de production d’électricité. On semble avoir oublié que l’émission de CO2, liée aux activités humaines, remet totalement en cause l’avenir de notre pla-nète. Il semblerait aussi que, pour certains pays, l’abandon du nucléaire rende ver-tueux et donne le droit d’oublier tous les engagements pris pour diminuer les rejets de gaz carbonique.

De l’abandon du nucléaire à l’augmentation de la facture carboneL’Allemagne a renoncé au nucléaire et af-fiche sereinement qu’elle va brûler du li-gnite grâce à des réserves pour plus d’un siècle. Le Japon, qui, avant d’arrêter toutes ses centrales nucléaires et de les relancer partiellement, produisait déjà 1,4 milliards de tonnes de CO2 par an, va brûler des quantités considérables de gaz pour lequel d’ailleurs, les flottes de méthaniers dis-ponibles ne suffisent pas à satisfaire cette nouvelle demande d’approvisionnement. La Chine, qui a construit à certaines pério-des de la dernière décennie des centrales au charbon à raison d’une par semaine est, avec les États-Unis, «le» producteur de gaz à effet de serre.Les modèles les plus récents permettant d’estimer l’élévation de température pour les 50 années à venir ont d’ailleurs été mal renseignés. On a notamment décou-vert en 2012 que 20% des rejets avaient été «oubliés» dans l’estimation totale des rejets de CO2 par la Chine. Ces 20% cor-respondent à 1,4 milliards de tonnes, soit 5% des rejets mondiaux en CO2 ! Les esti-mations des augmentations de température sont donc à revoir à la hausse. Pour com-

paraison la France rejette, toutes émissions comprises, environ 440 millions de tonnes de CO2 par an.

Des taux d’émission de CO2 très différents selon les énergiesLa comparaison des contributions des dif-férentes filières de production d’électricité (1) est intéressante car elle montre que quel que soit le mode de production, en tenant compte du cycle de vie (2) correspondant à chaque filière (mine d’uranium, élabora-tion du silicium, acier, béton...), l’émission de CO2 est inévitable.Déduire de ce tableau que la solution pour le futur consiste évidemment à choisir uni-quement l’hydroélectrique, le nucléaire et l’éolien fait partie des analyses, fréquen-tes, qui consistent à privilégier un aspect en le rendant majeur et à dérouler un rai-sonnement cohérent sans relation avec la réalité.La suite du texte présuppose que deux points importants sont connus et acceptés. D’abord on ne sait pas stocker l’énergie électrique en quantité importante. Ensuite brûler du pétrole reste pour le chimiste une destruction d’une ressource extraordinaire qui a permis d’améliorer la qualité de la vie grâce à l’accès à de très nombreux mé-dicaments, composés et matériaux.

(1) Hervé Nifenecker, L’Expansion, Le nu-cléaire émet moins de CO2 que le solaire et l’éolien, lundi 10 janvier 2011(2) Le cycle de vie permet de mesurer l’im-pact sur l’environnement d’un produit, depuis l’extraction des matières premières qui le composent jusqu’à son élimination. Cela comprend notamment la fabrication, l’installation, le transport, la maintenance et le démantèlement des structures de pro-duction d’énergies.

Pas de développement des énergies renouvelables sans le soutien du nucléaire !On entend souvent que la solution consiste à passer aux énergies renouvelables, mais celles-ci, comme toute chose, présentent avantages et inconvénients. Certes, elles sont accessibles en de nombreux endroits du territoire et leur mise en œuvre néces-site des installations moins coûteuses que celles du nucléaire. Mais leur production reste intermittente quand elle n’est pas aléatoire. Leur mode de production d’élec-tricité ne permet pas de faire face, comme le nucléaire d’ailleurs, aux pics de consom-mation. De plus, il convient de rappeler que le fonctionnement d’un TGV, le chauf-fage d’une maison ou l’éclairage urbain ne requièrent pas l’énergie à la même heure et en même quantité. S’agissant de l’éolien et du photovoltaïque on oublie souvent que l’inconstance de la production implique de disposer de centrales thermiques «asso-ciées» pour compenser les caprices de la nature. Un manque de vent et les éolien-nes tournent au ralenti ! Or la production d’énergie supplétive se traduit nécessaire-ment par des émissions de CO2.Quant au nucléaire, les installations sont coûteuses et le retour sur investissement n’est rentable qu’après 15 à 20 ans, l’ura-nium doit être importé, le traitement et le

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stockage des déchets, bien que technolo-giquement maitrisés, sont critiqués par les écologistes et la crainte de l’accident prend souvent le pas sur tout raisonnement.Il reste qu’aujourd’hui le nucléaire est installé en France, et rentabilisé. Il fournit 80% de l’électricité à un prix du KWh qui est deux à trois fois moindre qu’en Alle-magne. C’est ce qui permet de subven-tionner le KWh éolien ou photovoltaïque et de développer ainsi les parcs d’éolien-nes et de panneaux solaires qui intéressent de nombreuses régions françaises. L’arrêt du nucléaire impliquerait de trouver une autre source de soutien financier pour le développement des énergies renouvelables qui, dans le contexte actuel, semble bien cachée ! Toujours concernant éolien et photovoltaïque, il est faux de dire qu’on ne peut pas les coupler au réseau car les pro-grès techniques remarquables réalisés ces dernières années ont permis de les intégrer aux autres filières de production.

Les enjeux cruciaux du stockage du CO2Le gaz, le pétrole, le charbon sont des sources d’énergie disponibles et les tech-nologies associées à leur utilisation - chau-dières, brûleurs, réduction des consomma-tions des moteurs... - ont considérablement progressé. Cependant les énergies fossiles présentent au moins deux inconvénients : elles requièrent une importation qui se tra-duit par une dépendance géopolitique forte et leur utilisation entraine une production énorme de CO2. Si pour diminuer l’im-portation on peut envisager une ressource inexploitée comme les gaz de schistes (le consensus pour l’exploitation reste à ob-tenir !), c’est le stockage du CO2 qui est proposé comme une solution technique ac-cessible pour limiter son rejet dans l’atmos-phère. Quelques pays comme la Norvège, la Grande Bretagne, l’Australie, la Chine, l’Allemagne, la France se sont engagés dans des recherches visant à l’enfouisse-ment du CO2. Une feuille de route établie en septembre 2011 par l’Agence Interna-tionale de l’Energie et l’ONU prévoyait la réduction des émissions mondiales de CO2 de 4 milliards de tonnes à l’horizon 2050, grâce à 1800 installations de stockage à créer pour un coût de 700 milliards d’euros. L’effort principal portait sur les émissions industrielles liées à la production d’acier, de béton ou encore à la transformation de la biomasse. Les émissions de CO2 cor-respondantes sont localisées et permettent

sa capture, contrairement à celles liées aux transports ou au chauffage urbain qui sont diffuses. Aujourd’hui seules quatre-vingt installations de stockage ont été créées dans le monde et les programmes austra-liens et britanniques sont en retrait très net par rapport aux engagements de 2011. L’enfouissement est une technique qui nécessite encore études et mises au point mais la technologie de stockage du gaz en couches géologiques est maîtrisée et utili-sée en France, comme dans de nombreux pays, grâce aux connaissances acquises lors de l’exploitation du pétrole. Certes, les craintes du public qu’un enfouissement profond laisse échapper du CO2, qui en re-montant vers la surface viendrait acidifier les nappes phréatiques, sont en prendre en considération. Mais la vraie raison du re-tard dans le projet international d’enfouis-sement du CO2 est économique. En effet, toutes les études montrent que le stockage du CO2 n’est «rentable» que pour une va-leur marchande de 60 € la tonne de CO2, elle est aujourd’hui de 6 € ! Le système, étonnant voire cynique, d’achats d’autori-sation de rejets de CO2 à un pays peu in-dustrialisé par un pays développé, reste un frein important au développement d’une approche planétaire cohérente de diminu-tion des gaz à effet de serre.On voit bien ainsi que le jeu actuel qui consiste à vanter une filière en s’attachant à décrier les autres n’a pas de sens et il se révèle dangereux pour la planète et pour les générations futures. C’est de toutes manières un «mix» énergétique qu’il faut constituer. A titre d’exemple les rêves les plus fous des «nucléocrates» aboutissent à 12% d’origine nucléaire pour l’énergie totale nécessaire à l’humanité.Il faut donc impérativement développer TOUTES les sources d’énergies possibles MAIS il faut réduire les rejets de CO2.

Les conséquences dramatiques de l’augmentation des rejets de CO2Les études très récentes publiées dans Na-ture (3) insistent sur les bouleversements irréversibles du climat qui pourraient in-tervenir très rapidement et qui seraient liés à l’augmentation de la température engen-drée par les rejets anthropogéniques de CO2. On peut bien sûr évoquer le débat du changement climatique pour se dédouaner : est-il lié aux activités humaines ou tout simplement d’origine naturelle, et donc inévitable ? Mais si l’origine de ce chan-gement est naturelle souhaite-t-on pour

autant amplifier activement les effets du phénomène ?Un quart de la végétation présente au fond des océans aurait disparu en raison de la pollution et du réchauffement climatique. Or comme les arbres, ces plantes absor-bent des quantités importantes de CO2 (4). Lorsqu’on prétend se préoccuper des générations futures c’est l’acidification des océans liée à la dissolution du CO2 atmosphérique qui devrait constituer notre préoccupation majeure. Des études crédi-bles annoncent une diminution du pH de l’eau de mer pour 2050 qui passerait de 8,3 à 7,9. La conséquence ? Une modification profonde de l’équilibre des espèces consti-tuant le plancton. Cette altération des res-sources au début de toutes les chaines vi-vantes hébergées par la mer représente une véritable catastrophe écologique.De même prétendre se préoccuper des gé-nérations futures sans tenir compte de la ra-réfaction de l’eau douce dans de nombreu-ses régions du globe ne paraît pas sérieux car cela se traduira par une demande très forte en énergie afin de désaliniser l’eau de mer. Les pays du Golfe utilisent leur pétro-le pour produire de l’eau douce par osmose inverse, mais s’agissant du Sud de l’Italie, de l’Espagne, de la France les ressources énergétiques ne sont pas aussi disponibles ! A cela s’ajoute deux faits majeurs à pren-dre en compte : une population mondiale atteignant 9 milliards d’individus en 2050, entrainant une demande justifiée, venant de deux milliards d’individus supplémen-taires par rapport à aujourd’hui, de vouloir vivre selon les standards des pays nantis comme le nôtre.

(3) Nature, 7 Juin 2012 et Le Monde, Rémi Barroux et Stéphanie Foucart, p. 8, ven-dredi 8 Juin 2012 ( Voir pages 62-63)(4) Nature, Geoscience, 20 mai 2012.

Nous avons vu que toute ressource utili-sée pour produire de l’énergie conduit à un rejet de CO2. L’énergie propre n’existe pas, pas encore. Le moment paraît venu de n’en condamner aucune mais au contraire de développer au mieux leur efficacité, leur sûreté et leur fiabilité pour les rendre accessibles à toutes les générations futu-res dans le monde ! De cette manière nos messages se préoccupant de nos enfants deviendraient responsables et ne concer-neraient plus que les abords immédiats de notre petit village.

In le journal « Le Monde » du 7 juin 2012

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