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IN SITU INSTALLATION Contre et proche du mur: ligne en toile peinte en noire, présence du pinceau dans une boite de conserve posée sur un tabouret, ombre et lumière. En face se tient une photographie de 72x91,5cm sur un panneau, représentant à l’échelle réelle, une partie de la composition décrite en premier lieu. L’image décompose le geste pictural dans son déroulement. Le motif de la ligne noire apparait en trois temps, du foncé au clair. Les motifs du pinceau et de la boite de conserve sont légèrement dédoublés. L’image révèle également l’espace dans lequel l’action s’est déroulée. En effet, les rayures verticales qui rythment la composition graphique donnent à voir le relief d’une autre paroi murale. A trois reprises je suis allé peindre un fragment de la ligne sur une durée de trois semaines (mon corps n’a pas le temps d’apparaître sur l’image), dans un lieu qui n’est pas celui de l’installation. Les objets proches du mur sont éclairés par une lumière blanche suspendue à un escabeau remettant les conditions d’éclairage de l’exposition du papier sensible photographique. Une lumière qui fut donc allumée trois semaines durant. Ce sont des objets de chantier qui renforcent l’idée du «processus en cours» présent dans l’image. Cependant la lumière de chantier éclaire ce qui est déjà terminé et non pas l’image qui représente le déroulement de l’action. La notion de chantier est détournée, inversée.

In situ

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IN SITUInstallatIon

Contre et proche du mur: ligne en toile peinte en noire, présence du pinceau dans une boite de conserve posée sur un tabouret, ombre et lumière.

En face se tient une photographie de 72x91,5cm sur un panneau, représentant à l’échelle réelle, une partie de la composition décrite en premier lieu.

L’image décompose le geste pictural dans son déroulement. Le motif de la ligne noire apparait en trois temps, du foncé au clair. Les motifs du pinceau et de la boite de conserve sont légèrement dédoublés.L’image révèle également l’espace dans lequel l’action s’est déroulée. En effet, les rayures verticales qui rythment la composition graphique donnent à voir le relief d’une autre paroi murale.A trois reprises je suis allé peindre un fragment de la ligne sur une

durée de trois semaines (mon corps n’a pas le temps d’apparaître sur l’image), dans un lieu qui n’est pas celui de l’installation.

Les objets proches du mur sont éclairés par une lumière blanche suspendue à un escabeau remettant les conditions d’éclairage de l’exposition du papier sensible photographique. Une lumière qui fut donc allumée trois semaines durant.Ce sont des objets de chantier qui renforcent l’idée du «processus en cours» présent dans l’image. Cependant la lumière de chantier éclaire ce qui est déjà terminé et non pas l’image qui représente le déroulement de l’action. La notion de chantier est détournée, inversée.

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Il s’agit ici d’indiquer plastiquement la méthode utilisée pour produire l’image : le sténopé. Pour que l’image soit sans déformation, j’ai choisi de poser horizontalement six papiers photo-sensibles sur un panneau incurvé. Ainsi la «divergence de la lumière» est la même au centre et aux extrémités du panneau. D’autre part, la qualité graphique de l’image renoue avec les premières photographies (Nicéphore Niepce).

Conteneurs de marchandises

Appareil sténopé

Geste pictural

Panneau incurvé sur lequel seront posés les papiers photo-sensibles.

Lors d’une expérimentation

Entre ces deux conteneurs, un trou de 2mm laissant passer la lumière blanche.

De l’InstallatIon au processus De réalIsatIon

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L’espace photographié est celui de la paroi interne d’un conteneur de marchandise.Cela apparait à travers les rayures verticales dans la composition de la photographie. La présence du conteneur de marchandise est également suggérée par deux objets:

La boite de conserve et le carton de manutention expriment, par leur fonction, l’idée de contenant et de marchandise.Avec une logique indicielle entre les objets et l’image, nous pouvons anticiper la présence du conteneur de marchandise.

C’est donc par un dialogue entre la sculpture, l’image et le geste que nous pouvons parler de «remise en contexte» spatial et temporel.La ligne noire et l’ensemble proche du mur (tabouret, boite de conserve et pinceau) sont remis «in situ» : dans son déroulement et son espace de réalisation.

Le dialogue des médiums n’aboutit pas simplement à une remise en contexte. Il s’agit de comparer l’espace de la galerie d’exposition à celui d’un conteneur de marchandise, de questionner la dimension temporelle de l’œuvre, son lieu d’exécution et son statut selon les espaces traversés.A la différence du travail de Joseph Kosuth «One and Three Chairs», la

dialectique est rendu possible par l’utilisation complémentaire des médiums, et non par une mise en confrontation. Par exemple la forte présence de la ligne noire sur fond blanc (perception formelle, directe et claire) qui compense la fragilité de la photographie (motifs en disparition), mais qui va ajouter une dimension temporelle au geste pictural.

Ce travail questionne le processus créatif, l’image maintient l’ensemble dans son temps et lieu de réalisation. S’il s’agissait d’une simple remise en contexte j’aurais choisi de mettre l’image à l’envers (car avec le sténopé l’image est toujours renversée), et j’aurais laissé les négatifs.

Enfin il s’agit de détourner la fonction de certains objets, de se servir de leur formes pour les imbriquer dans le processus créatif: Nous l’avons vu furtivement mais l’appareil sténopé est lui aussi un conteneur de marchandise. Steven Pippin à lui aussi réalisé des œuvres photographiques en transformant en sténopés des objets divers (frigo, cabine photo, baignoire, armoire…)

Du processus De réalIsatIon à une représentatIon autonome