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influence du livre numérique sur l’industrie de l’édition au québec (2013). bilan et enjeux

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influence du livrenumérique sur l’industrie de

l’édition au québec (2013).bilan et enjeux

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influence dulivre

numérique surl’industrie de

l’édition auquébec (2013).

bilan et enjeux

Amélie Coulombe-Boulet

MONTRÉAL

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© Amélie Coulombe-Boulet 2014Dépôt légal : 1er trimestre 2014, Bibliothèque etArchives nationales du QuébecPortrait de l’industrie l’édition au Québec depuisl’arrivée du livre numérique (2013) .Bilan de la situation actuelle et description desprincipaux enjeux réalisés à partir d’une séried’entrevues avec les principaux acteurs du milieu.Étude réalisée sous la supervision du professeurLaurent Lapierre dans le cadre de la maîtrise enmanagement d’HEC Montréal.

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épigraphe

[…] le livre est, comme la roue, une sortede perfection indépassable dans l’ordrede l’imaginaire. Lorsque la civilisation

invente la roue, elle est condamnée à serépéter ad nauseam. Que nouschoisissions de faire remonter

l’invention du livre aux premiers codex

(environ le IIe siècle de notre ère) ou auxrouleaux de papyrus plus anciens, noussommes là devant un outil qui, par delà

les mues qu’il a subies, s’est montréd’une extraordinaire fidélité à lui-

même. Le livre apparaît ici comme unesorte de « roue du savoir et de

l’imaginaire » que les révolutionstechnologiques annoncées ou

redoutées n’arrêteront pas. Une fois

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cette rassurante mise au point faite, ledébat véritable peut s’engager.

Jean-Philippe de Tonnac,N’espérez pas vous débarrasser des livres

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contenu

Introduction : Une industrie enplein foisonnement

1

Méthodologie vListe des figures ixListe des tableaux xi

1. Quelques définitions

1.1 Les termes couramment utilisés 151.2 Les formats, les supports et leslogiciels de lecture disponibles

17

2. Bilan : une révolutiondéjà amorcée

2.1 Des livres numériques en ventepartout

23

2.2 Une offre exponentielle 25

3. Un milieu qui sequestionne

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3.1 Description de la chaîne du livre 313.2 Réaction et enjeux des acteurstraditionnels et des nouveauxjoueurs

37

3.2.1 Les auteurs 393.2.2 Les éditeurs 493.2.3 Les diffuseurs-distributeurs,incluant l’entrepôt numérique

71

3.2.4 Les librairies 853.2.5 Les bibliothèques 107

4. Les principaux enjeux

4.1 Le piratage et les verrousnumériques

121

4.2 Les métadonnées 1294.3 Le prix réglementé 137

Conclusion : Un modèle à revoir etune cohabitation à prévoir

147

Annexe 1 - liste des entrevues 157Annexe 2 - offre en français 163Annexe 3 - historique 165Annexe 4 - profession littéraire 169Annexe 5 - vente de livres neufs 171Annexe 6 - coûts en librairie 173Bibliographie 175

viii

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introduction : une industrieen plein foisonnement

Les ventes de livres numériques progressent demanière importante partout à travers le monde.En 2012, on évaluait le marché mondial de l’ebookà 859 millions $ (Kozlowski, 14 février 2013).. AuxÉtats-Unis, on estime que 22 % du marché du livreest occupé par le numérique (Morel, 12 avril 2013)comparativement à la France, où il atteint 3,1 % duchiffre d’affaires de l’édition française avec unvolume d’activité de 81,76 millions d’euros (LivresHebdo, 27 juin 2013). Dans la plus récente versiondu rapport annuel du Canadian Book Consumer2012, on apprend que les livres numériquesreprésentent 15 % de tous les achats de livre auCanada avec Kobo comme appareil de lecturepréféré (Booknet Canada, 30 avril 2013). Selon lesexperts, le livre numérique pourrait représenter

1

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de 15 à 25 % du marché mondial du livre en 2015(Therrien, 23 mars 2013).

Qu’en est-il chez nous? Pour l’instant, lemarché du livre numérique au Québec resteencore modeste, représentant moins de 3 % desventes totales (Boisvert, 6 avril 2013)1. Cependantl’arrivée du livre numérique questionne toutes lesprincipales parties prenantes de ce secteur :auteurs, éditeurs, distributeurs, libraires,bibliothécaires et lecteurs. La plus importanteindustrie culturelle au Québec, avec un chiffred’affaires annuel avoisinant les 800 millions dedollars, 12 000 emplois, 30 000 nouveautés misesen marché et 4 500 titres publiés annuellement(ADELF, 2012 : 1), sera-t-elle bouleversée par lelivre numérique?

Nous tenterons de répondre à cette questionen dressant un portrait du secteur de l’édition auQuébec depuis l’arrivée du livre numérique, desliseuses et des librairies en ligne. Pour ce faire,nous nous appuierons sur des documents etrapports officiels, ainsi que sur une séried’entrevues inédites réalisées avec les leaders dusecteur de l’édition. Dans le cadre de nos

1. Les chiffres diffèrent selon les intervenants et les articles, mais ilsoscillent toujours entre 3 et 5 % du marché.

2

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recherches, précisons enfin que nous noussommes limités exclusivement aux livres enfrançais.

3

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méthodologie

L’arrivée du livre numérique constitue sommetoute un changement tout récent. Lespublications qui traitent de ce sujet sont peunombreuses. La très grande majorité desinformations que nous avons recueillies setrouvent dans les entrevues que nous avonsréalisées avec les acteurs de la chaîne du livre, soitdes écrivains, des éditeurs, des diffuseurs-distributeurs, des libraires et des bibliothécairesafin de représenter le plus fidèlement possiblechacun des secteurs de la filière du livre àl’exception des imprimeurs, qui ne sont passoumis à la Loi 511 et parce que, bien évidemment,les livres numériques ne nécessitent pasd’impression. D’ailleurs, les imprimeurs ne fontpas partie de la Table interprofessionnelle du milieudu livre, qui regroupe les sept grandes associationsprofessionnelles du secteur de l’édition. Nous

1. Pour plus de détails sur cette Loi, voir la section 3.1.

v

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avons également rencontré les nouveaux joueursles plus influents du livre numérique, soit lesreprésentants de l’entrepôt numérique, de laliseuse Kobo et de l’éditeur en ligne PressBook.

Chaque intervenant s’est prononcé sur lesimpacts de l’arrivée du livre numérique dans saprofession et sur les enjeux qui le touchaient plusspécifiquement. La liste des intervenantsinterviewés avec leur titre professionnel et la datede la rencontre se retrouve à l’annexe 1.

Étonnamment, aucune donnée statistiquen’est disponible sur le marché de la plus grosseindustrie culturelle au Québec. L’Observatoire dela culture et des communications2 ne fournitaucun chiffre spécifique sur le livre numérique, ettoutes les données concernant la vente de livresnumériques sont incluses dans les statistiquesgénérales. Monsieur Benoît Allaire, conseiller enrecherche à l’Observatoire de la culture et des

2. L’Observatoire est une instance au sein de l’Institut de lastatistique du Québec dont la mission est de produire et diffuserdes statistiques publiques sur les activités de la culture et descommunications au Québec en réponse aux besoins concrets desintervenants du secteur. L’Observatoire est financé par unpartenariat comprenant l’Institut de la statistique du Québec, leministère de la Culture et des Communications, BAnQ, laSODEC, le CALQ et la Régie du cinéma.

vi

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communications, nous a informés en juillet 2013qu’une enquête sera menée à l’automne 2013 etqu’une publication à ce sujet est prévue pourl’hiver 2014. En comparaison, même si le marchéen France représente moins de 4 % des ventes, denombreuses études sont disponibles sur le sujet.

vii

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liste des figures

FFiigure 1.gure 1. De la cDe la chaînhaîne de du liu livre imvre imprimprimé à la cé à la chaînhaîneeddu liu livre nvre numumériériqqueue

Cette figure est présentée dans la section 3.1Description de la chaîne du livre

FFiigure 2.gure 2. StrucStructure dture de la pe la plalatefteformorme Ce CanantootookkCette figure est présentée dans la section 3.2.3

Les diffuseurs-distributeurs, incluant l’entrepôtnumérique

FFiigure 3.gure 3. RRéépapartirtitition don des ves venentes finaltes finales des deelilivres nvres neufs seeufs sellon la caon la catégtégoriorie de de poine points dts de ve venentete,,QuéQuébecbec, 20, 201212

Cette figure est présentée dans la section 4.3Le prix réglementé

ix

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liste des tableaux

TTaabblleaeauu 1.1. RRéépapartirtititionon ddeses écriécrivainsvains sesellonon lleererevvenenu tiu tiré dré de la créae la créatition lion littéraittérairere, Qué, Québecbec, 2008, 2008

Ce tableau est présenté dans la section 3.2.1 Lesauteurs.

TTaabblleaeauu 2.2. PPaartsrts ddee mamarcrchhéé ddeses édiéditeursteurs sesellononlleur proeur propripriéété eté et la cat la catégtégoriorie de de lie livresvres

Ce tableau est présenté dans la section 3.2.2Les éditeurs.

TTaabblleaeauu 3.3. VVenentestes finalfinaleses ddee lilivresvres nneufseufs sesellononlles poines points dts de ve venentete, Qué, Québecbec, 20, 20110-0-20201212

Ce tableau est présenté dans la section 3.2.4Les librairies.

xi

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1. Quelquesdéfinitions

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1.1 les termescouramment

utilisés

D

Définissons d’abord l’objet de notre étude, soit lelivre numérique.

Un livre numérique est un fichier contenant untexte sous forme numérique. Il peut contenir dutexte, des images, ou les deux, et peut être lu sur unordinateur et sur d’autres appareils électroniques.Bien qu’ils soient souvent l’équivalent électroniquede livres imprimés, il existe des livres qui ne sontpubliés qu’en format numérique.1

1. Définition donnée par PRETNUMERIQUE.CA dans son introductionaux livres numériques et aux appareils de lecture.

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Dans le monde anglophone, on parle de ebook etde ereader. Selon l’Office de la langue française(OQLF), les traductions acceptables pour ebooksont livre numérique, livre électronique ou livrel,tandis que l’on traduit ereader par lecteurélectronique, liseuse électronique, tablette delecture, lecteur de livres numériques ou encorelecteur de livrels. Au Québec, nous utilisonsprincipalement l’expression « livre numérique »pour désigner le ebook, « liseuse » est associé àl’appareil de lecture ou tablette électroniqueproprement dit, notamment lorsque celui-ci n’estpas destiné exclusivement à la lecture comme leiPad, par exemple.

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1.2 les formats,les supports et les

logiciels delecture

disponibles

DIl existe une variété d’appareils de lecturenumérique (support physique qui permet destocker et de livre des livres numériques). Outreles ordinateurs et les téléphones intelligents, onles divise en deux catégories, les liseuses et lestablettes électroniques.

La principale fonctionnalité d’une liseuse estla lecture et le téléchargement de livresnumériques. Développée avec la technologie e-Ink, l’encre électronique, elle permet de lire des

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livres numériques sans fatiguer ses yeux et offrele même confort de lecture qu’un livre papier. Lesplus répondues au Québec sont le Kindled’Amazon, le Kobo de Chapters/Indigo et le SonyReader. À l’inverse, la tablette est un outilmultifonctionnel à mi-chemin entre le téléphoneintelligent et l’ordinateur portable, qui offre unemultitude d’applications comme la messagerieélectronique, la navigation Web, l’écoute de films,de musiques, et également la lecture de livres oude journaux au format numérique. La plus connueet la plus répandue est le iPad d’Apple (Michaux,3 février 2013).

La liseuse Kobo est la plus utilisée au Canada,suivi du Kindle. La tablette iPad arrive en

3e position, car elle est utilisée pour plusieursautres usages que la lecture1.

Pour être lus sur le Kindle, les livresnumériques doivent être sauvegardés dans leformat propriétaire d’Amazon et être achetés surla boutique en ligne d’Amazon. Les livres offertspar Apple doivent, quant à eux, être achetés surl’iBookstore et être lus dans l’application BlueFire

1. Information donnée par Christian Liboiron lors de l’entrevueréalisée le 3 mai 2013.

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Reader d’iBooks. Ils ne peuvent être lus que surun iPad, un iPhone ou un iPod Touch. Les autresliseuses fonctionnent en epub (acronymed’electronic publication), c’est-à-dire un format« ouvert », qui peut être décodé sur la plupart desappareils de lecture.

Les livres numériques au Québec sontprincipalement offerts en deux formats, soit l’epubet le PDF. Le PDF (acronyme pour PortableDocument Format) est un format statiquerespectant la mise en page originale, qui convientà tous les types d’ouvrages, incluant les livresillustrés. Même s’il représente 40 % des ventes auQuébec, il ne constitue pas un format de livrenumérique2. L’epub est un format conçu pour lalecture à l’écran qui s’ajuste automatiquement à lataille de l’écran de l’appareil utilisé et qui convientdavantage aux mises en page simples comme lesromans. Pour pouvoir lire ses livres sur unordinateur ou sur un autre appareil, l’utilisateurdoit s’être muni du logiciel Adobe Acrobat pour

2. Information donnée par Christian Liboiron lors de l’entrevueréalisée le 3 mai 2013.

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les PDF ou Adobe Digital Edition pour les epub3

(Rioux, 2011 : 47).Pour des raisons commerciales, il n’existe pas

de format de livre numérique unique qui puisseêtre lu sur tous les appareils. Cependant, il fautnoter que le 12 mars dernier, l’Associationinternationale des éditeurs (IPA) a adopté leepub3 en tant que standard international pourl’édition, soit le standard de référence pour ladistribution de publications uniques de fichiersHTML et autres contenus Web (ANEL, 12 mars2013). Par ailleurs, une étude commandée par laFédération européenne et internationale deslibraires traitant des formats du livre numériqueencourage l’utilisation de l’epub3 comme normeinteropérable du livre numérique. (Michaux, 12juillet 2013).

3. Pour plus de détails, visiter consulter le guide de démarrage dePRETNUMERIQUE.CA.

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2. Bilan : unerévolution déjà

amorcée

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2.1 des livresnumériques envente partout

DMême si les livres numériques ne représententqu’un faible pourcentage des ventes de livres, ilssont disponibles dans de nombreux points devente. Les plus grandes chaînes de librairies auQuébec (Renaud-Bray, Archambault et Coopsco)offrent maintenant des livres numériques quipeuvent être achetés en ligne. Archambault a été lepremier, en offrant des livres numériques sur sonsite transactionnel dès août 2009 (Agence QMI, 26août 2009). Renaud-Bray a suivi en mars 2011(Courteau, 17 mars 2011), préférant offrir la ventede livres physiques en ligne avant de se lancerdans le numérique (Schmouker, 6 octobre 2009).

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Les librairies indépendantes se sontregroupées pour offrir tous les livres numériquesquébécois disponibles sur le site transactionnelruedeslibraires.com. Les grands joueursmondiaux (Amazon, Apple, Kobo, bientôtGoogle) sont également présents sur le marché etoffrent aux Québécois des livres numériques enfrançais sur leur boutique en ligne. Si latechnologie permet aux auteurs et aux éditeurs devendre des livres numériques directement sur leursite, peu se sont prévalus de cette opportunitépour l’instant.

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2.2 une offreexponentielle

D

Il est difficile de quantifier précisément l’offre delivres numériques en français au Québec. Si lastructure de ventes numériques reproduit lastructure de livre papier, les données depublications et de ventes de livres numériques enfrançais ne sont centralisées par aucun organismepour l’instant. Les différents points de vente sontalimentés par les distributeurs de livresnumériques, les principaux étant MessageriesADP, Prologue et l’Entrepôt du livre numérique1.

1. Un entrepôt numérique est une plateforme technologique où leséditeurs déposent leurs livres en formats numériques pour leurdistribution chez les libraires numériques sur le Web. (Rioux, 2011: 7)

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La plupart des distributeurs gardent secrètementleurs données, mais nous avons pu colliger lesinformations suivantes : l’entrepôt numériquecontient plus de 15 000 livres numériques,Archambault se proclame Leader du livrenumérique au Québec avec plus de 82 000 titresen français sur son site Web2; Kobo offre 45 000titres en français, dont tous les livres québécois enformat epub (encore 60 % des livres numériquesquébécois sont des PDF).

En décembre 2011, Bibliothèque et archivesnationales du Québec (BAnQ) a commencé àoffrir le prêt de livres téléchargeables. À partir defévrier 2012, ce service était offert à travers laplateforme PRENUMERIQUE.PRENUMERIQUE.CCAA dans lesbibliothèques de Montréal. Elle comprend plus de18 000 titres en français, dont 3 000 titresquébécois pouvant être téléchargés dans près de750 bibliothèques publiques. Il est égalementpossible d’emprunter plus de 60 000 titresnumériques européens, canadiens-anglais ouaméricains sur le portail de BAnQ. Enfin, surplusieurs sites Web, nous pouvons trouverplusieurs ouvrages libres de droits. L’annexe 2 fait

2. Page consultée le 25 mai 2013, qui n'est plus disponible en ligne.

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la recension de quelques sites de distribution oud’achats de livres numériques en français3Livres etpixels .

Une des stratégies des éditeurs consiste àpublier la version numérique de leurs livres enmême temps que sa version papier. Bien que l’offrequébécoise en français augmente de jour en jour,force est de constater qu’elle demeure bieninférieure à l’offre de livres en anglais, où desdizaines de milliers de livres sont offerts.

3. Pour consulter des listes plus exhaustives, visiter Aldus 2006 et

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3. Un milieu quise questionne

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3.1 description dela chaîne du livre

DAvant d’aller plus avant, il serait bon de décrirecomment s’est structurée et développée l’industriedu livre à partir de la Loi 51, communémentappelée Loi sur le livre. Adoptée en 1981, cette Loivise à « augmenter l’accessibilité territoriale etéconomique du livre en soutenant l’implantationd’un réseau de librairies agréées partout auQuébec et en garantissant un prix acceptable pourtous » et à « développer une infrastructureindustrielle du livre qui soit de qualité etconcurrentielle en créant des conditionséconomiques favorables pour les entreprises dusecteur du livre » (Gouvernement du Québec,1981). Elle s’applique aux entrepreneurs de la

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chaîne du livre (libraires, éditeurs et distributeursagréés), ainsi qu’aux acheteurs institutionnels(ministères, organismes gouvernementaux,municipalités, bibliothèques publiques, etc.).

Ainsi, les acheteurs institutionnels doiventacquérir tous leurs livres, à prix régulier, auprèsdes libraires agréés1 situés dans leur régionadministrative. Cette mesure a été mise en placeparce que le maillon faible de la chaîne était lalibrairie. Sans elle, beaucoup des librairiesn’auraient ni survécu ni même vu le jour(Baillargeon, 2012 : 46). Aujourd’hui, les ventesdes librairies aux institutions représentent enmoyenne 22 % de leurs chiffres d’affaires(Baillargeon, 2012 : 147).

Par la suite, l’État québécois a adopté d’autresmesures visant à développer ou à consolider lachaîne du livre, dont le Plan Vaugeois, implantéentre 1980 et 1985, et la Politique de la lecture et du

1. Les agréments accordés par la Loi 51 donnent à leurs titulaires desobligations et des privilèges. Dans le cas des libraires, elles doiventrecevoir les envois d’office de 25 éditeurs titulaires d’un agrément;les conserver à l’étalage pendant au moins 4 mois; maintenir unstock d’au moins 6 000 titres différents de livres comprenant aumoins 2 000 titres publiés au Québec. En contrepartie, les librairesobtiennent le droit de vendre des livres aux institutionsquébécoises selon les modalités prescrites par la Loi. (Lasalle, 2013 :3)

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livre en 1998 (Baillargeon, 2012 : 47). La premièremesure visait à assurer la présence de biblio-thèques publiques dans la majorité desmunicipalités et à améliorer les collectionsexistantes. Quant à la Politique, elle cherchait àfavoriser la diffusion du livre, principalementquébécois, par différentes mesures qui touchaienttant les librairies que les bibliothèques. Parexemple, pour favoriser l’achat de livres québécoispar les bibliothèques publiques, le ministère de laCulture, des Communications et de la Conditionféminine (MCCCF), défraie 75 % du prix desouvrages publiés au Québec.

En parallèle, rappelons que la Société dedéveloppement des entreprises culturelles(SODEC) a été instituée en 1994 et qu’elle appuiel’industrie du livre depuis, notamment par descrédits d’impôt pour l’édition de livre, desprogrammes d’aides à l’exportation, dessubventions aux Salons du livre et aux différentsacteurs de la chaîne. Depuis novembre 2009, leséditeurs québécois peuvent bénéficier d’unnouveau programme d’aide financière pournumériser, convertir et déposer leurs ouvragesdans un entrepôt numérique situé au Québec(Melançon, 23 novembre 2009).

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Toutes ces mesures ont permis l’implantationou l’amélioration d’institutions de diffusion dulivre au Québec. Elles ont favorisé la diffusion dulivre québécois et, par conséquent, ledéveloppement d’une industrie nationale del’édition du livre. Grâce à cela, les éditeurs duQuébec représentent aujourd’hui plus de 51 % dumarché québécois, comparativement à moins de20 % dans les années 1970 (ANEL, 2012 : 5). En 40ans, le Québec a développé une expertiseprofessionnelle et ses éditeurs ont pu conquérirleur propre marché.

Ainsi, l’industrie du livre au Québec s’eststructurée en différents secteurs que l’on appellela chaîne ou la filière du livre, décrite par MarcMénard dans son ouvrage Les chiffres et les mots.Réunis sous l’égide de la Table interprofessionnelledu milieu du livre2, les intervenants de la chaîne dulivre se rencontrent plusieurs fois par année pourdiscuter des enjeux qui les concernent et assurer

2. Cette table interprofessionnelle réunit les associations suivantes :Union des écrivaines et des écrivains québécois (UNEQ),Association nationale des éditeurs de livres (ANEL), Associationdes distributeurs exclusifs de livres en langue française (ADELF),Association des libraires du Québec (ALQ), Fédérationquébécoise des coopératives en milieu scolaire (Coopsco), RéseauBIBLIO du Québec, Bibliothèques publiques du Québec (BPQ)

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le développement de leur industrie. L’arrivée dulivre numérique remet en cause le rôle de tous lesacteurs de la filière, en plus de bousculer lesdynamiques de marché, les modèles d’affaires etles structures de prix3 (voir l’annexe 3 pour plus dedétails sur l’arrivée du livre numérique).

Figure 1 – De la chaîne du livre imprimé à lachaîne du livre numérique

3. Dans cette chaîne, les revenus de la vente d’un livre sont répartiscomme suit : auteur (10 %), éditeur (35 %), distributeur (15 %) etlibraire (40 %) (Boissonnault, 2013 : 16).

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3.2 réaction etenjeux des

acteurstraditionnels etdes nouveaux

joueurs

D

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3.2.1 les auteurs

DUn auteur québécois peut désormais publier enligne et vendre directement ses livres aux lecteursintéressés sans passer par toute la chaînetraditionnelle. Saisit-il cette opportunité? L’auteuraméricain assurément, puisqu’aux États-Unis lenombre de livres autoédités, imprimés etnumériques, a connu une croissance de 287 %depuis 2006 et représentent annuellement 250 000titres (Smith, 2 janvier 2013). Même le New YorkTimes a choisi un livre autoédité dans sa liste des10 meilleurs titres de 2012 (Digital Book World, 17décembre 2012). Le phénomène n’a pas du toutla même ampleur au Québec comme l’indiqueFrancis Farley-Chevrier, directeur de l’Union desécrivaines et des écrivains québécois (UNEQ)1.

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Il n’y a pas de tendance lourde qui pointe versl’autoédition pour le moment. Et aucunphénomène à la Fifty Shades of Grey. Il faut direqu’ici, les structures ne sont pas les mêmes et queles plateformes d’autoédition ne sont pas légion.Kobo, entre autres, a développé une plateformed’autoédition numérique appelée Writing Life,mais il faudra voir dans quelle mesure ça peuts’appliquer ici et si Kobo lui donnera un nomfrançais. Mais, pour l’instant, le livre numériquen’est pas une réalité encore très manifeste pourles écrivains et n’a pas encore atteint son pleindéploiement.

Les chiffres donnés par Christian Liboiron,responsable des relations éditeurs et spécialiste ducontenu pour Kobo au Québec2, corroborent cefait. Dans la plateforme d’autopublication WritingLife de Kobo, une centaine de titres seulement ontété publiés au Québec. Il s’agit d’un phénomènemarginal. Cette faible participation s’explique enpartie par le fait que les deux leaders mondiaux del’autoédition, Kobo et Amazon, n’ont pas encorevéritablement investi le marché québécois.

Les écrivains québécois sont par contre très

1. Entrevue réalisée le 9 mai 2013.2. Entrevue réalisée le 3 mai 2013.

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préoccupés par la Réforme de la loi sur le droitd’auteur3, mise en application par le gouvernementfédéral, afin de s’adapter aux réalités numériques.Dans sa nouvelle mouture, la Loi permet d’utiliserdes œuvres protégées et de les rendre disponiblesen numérique dans des contextes d’éducation,une exception au droit d’auteur très permissiveet qui permet de mettre les œuvres en ligne. Ceschangements sont loin d’être anodins commel’indique Francis Farley-Chevrier :

La Loi a renversé la dynamique. Au départ, leconcept de droit d’auteur, c’est que l’œuvre estprotégée dès sa création. L’auteur a l’exclusivitéet le monopole sur son utilisation; il décide quipeut l’utiliser en accordant ou non sa permission.Maintenant, c’est en quelque sorte l’inverse : encas de contrefaçon, ce sont les auteurs qui doiventporter le fardeau de la preuve. Dans le numérique,c’est ça le grand problème pour les auteurs.

En désaccord avec cette mesure, le gouvernementdu Québec a annoncé en décembre 2012, qu’ilcontinuera à verser des redevances aux auteurs.La ministre Malavoy a indiqué que la rétribution

3. Pour plus de détails, visiter Culture équitable et Projet de loi C-11/

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des artistes à leur juste valeur fait consensus auQuébec et que l’accès aux œuvres ne peut se faireau détriment des créateurs (Lévesque, 11 décembre2012). Le gouvernement a renouvelé une ententeavec Copibec, qui gère collectivement les droits dereproduction d’éditeurs et auteurs, pour rétribuerles créateurs d’œuvres littéraires pour l’utilisationde leurs œuvres dans les institutionsd’enseignement publiques et privées. Il s’agit d’uninvestissement de 9 millions qui sera versé entre le12 décembre 2012 et le 30 juin 2015.

Si l’idée d’une rémunération juste semble faireconsensus, la question de la redevance que reçoitun artiste sur ses œuvres numériques fait quantà elle débat. Ce n’est pas le prix du livre qui estpréoccupant – celui-ci étant fixé par l’éditeur –mais la rémunération de l’écrivain. La position del’UNEQ à ce sujet est simple : l’écrivain ne doit pasêtre pénalisé. Pour l’instant, le modèle dominantreste celui de la rémunération en pourcentage,c’est-à-dire généralement 10 % du prix de vente àl’unité, que ce soit un livre imprimé ounumérique. Or, comme le prix des livresnumériques est généralement plus bas que leslivres imprimés, la rémunération de l’auteur, pourune œuvre de même qualité, se retrouve

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grandement affectée, comme le souligne FrancisFarley-Chevrier :

La rémunération en pourcentage sur le prix devente des livres numériques, c’est une pratique quel’UNEQ ne favorise pas. Nous préférons l’autrepratique, également répandue, où l’éditeur versela même redevance en dollars, quel que soit leformat. Donc, si l’auteur reçoit 2 $ de redevancespour la vente d’un livre papier, il recevraégalement 2 $ pour la vente d’un livre numérique.En fait, pour l’UNEQ, c’est une positionplancher : nous n’acceptons pas que travail del’écrivain soit dévalué ni que l’auteur reçoivemoins en dollars pour les ventes numériques, parceson travail intellectuel a la même valeur. Parcontre, est-ce que ça reflète vraiment une structureéconomique de la même manière que le 10 % lereflète pour le papier ? Cela reste à voir.

La situation économique des écrivains peutexpliquer cette préoccupation pour les questionsde droit d’auteur et des redevances. Selon l’étudeLes écrivains québécois. Portrait des conditions depratique de la profession littéraire au Québec, publiéeen 2010, la partie attribuable à la création littéraireparmi les revenus des écrivains, s’avère faible : le

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revenu médian de la création littéraire est de2450 $; 65 % des écrivains québécois ont tiré moinsde 5 000 $ de leur travail de création littéraire, et78 % des écrivains ont tiré des revenus d’autresactivités que la création littéraire (Provençal,2011 : 18)4 (Consulter l’annexe 4 pour plus dedétails).

TTaabblleaeau 1 – Ru 1 – Réépapartirtitition don des écries écrivais sevais sellon lon leererevvenenu tiu tiré dré de la créae la créatition lion littéraittérairere, Qué, Québecbec, 2008, 2008

De plus, il faut penser que de nouvellespratiques comme le streaming (lecture en ligne),l’abonnement, le téléchargement à l’unitédeviendront de plus en plus populaires,notamment parce qu’elles permettent de nouvellespratiques de lecture, de diffusion et de contact

4. Le revenu médian (39 400 $) des écrivains, en incluant toutes lesformes de revenus, est inférieur à celui des Québécois de 25 ans ouplus touchant un revenu et titulaire d’un diplôme universitaire (50750 $). (Provençal, 2011 : 10).

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avec les lecteurs. Ces nouveaux modes dediffusion et de commercialisation, quicorrespondent à des modalités différentes depaiement pour les lecteurs, amèneront forcémentde nouvelles formes de rémunération des auteurs.

L’auteure Margaret Atwood, qui publie sousforme de feuilleton sur le site Byliner, a indiquéen entrevue qu’Internet crée un nouveau marchépour les auteurs et qu’il leur offre la possibilitéde modifier son histoire en cours de route et deprendre en compte les remarques des lecteursquasiment en temps réel (Thomann, 24 avril 2013).Elle a d’ailleurs commenté la rémunérationpratiquée par Byliner :

« In fact, their arrangements (with writers) are verygenerous. We split the net. And they live up to theirmotto: We’ll find you something good to read. »(Greg, 16 juillet 2013).

Olivia Guillon, économiste à l’université Paris-13,met plutôt les auteurs en garde contre l’illusiond’avoir plus de pouvoir économique lors de ladisparition d’intermédiaires.

Tant que les créateurs de contenu (et j’inclus leséditeurs) sont éparpillés, ne sont pas coalisés, ils

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n’ont pas les mêmes pouvoirs économiques que lesgroupes mondialisés en face d’eux. Seules desnégociations collectives peuvent rééquilibrer unpeu la balance entre ces grands acteurs en positiondominante et les auteurs et éditeurs qui formentune population beaucoup plus éclatée et pasnaturellement encline à s’organisercollectivement. D’où les difficultés, mais aussi lanécessité d’aboutir à des accords consensuels etefficaces sur les contrats d’édition numérique.(Guillon, 2012 : 15)

Ainsi, les auteurs auront à travaillerindividuellement et collectivement sur les modesde rémunération à réinventer : mécanismes degestion collective et de redistribution, basesforfaitaires, etc. De son côté, l’UNEQ auranécessairement à revoir ses critères d’adhésion,qui sont actuellement basés sur le livre papier(pour être membre, il faut être l’auteur d’un romand’au moins 48 pages imprimées) si elle veut êtrereprésentative des écrivains et des nouveauxmodes d’écriture (feuilletons en ligne, petitsformats, etc.)

Outre l’aspect de la rémunération, plusieursauteurs se questionnent sur l’impact de l’arrivéedu numérique sur la création, sur l’imaginaire et

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sur la mise en forme de leurs œuvres5. En fait,beaucoup d’auteurs se trouvent démunis, parceque « produire des fichiers et les vendre en lignene fait pas partie de leur métier […] la maîtrise descompétences informatiques ne fait pas partienativement de leur profession » (Guillon, 2012 : 14).Créer des projets en tirant profit des spécificitésdu numérique demande une expertise et un travailcollaboratifs que tous les auteurs ne sont pas prêtsà faire, précise Francis Farley-Chevrier.

Par contre, les écrivains ont saisi que l’arrivéedu numérique constitue une opportunité dediffusion formidable tant pour le livre numériqueque pour le livre papier. Nombreux sont ceux quiutilisent le Web comme un point de départ pourleur diffusion, soit par le biais d’un site Web, d’unblogue, d’une page Facebook ou d’un compteTwitter. Ces outils leur permettent decommuniquer directement avec leurs lecteurs, defaire connaître leur travail, de tester de nouvellespratiques, d’élargir leur réseau et de créer unecommunauté autour de leur œuvre.

Pour l’instant, l’arrivée du numérique n’a paschangé en profondeur les pratiques d’écriture,

5. Pour en connaître d’avantage, consulter le document Forum sur lacréation littéraire au Québec

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mais il a donné beaucoup d’autonomie à l’auteurquant à sa diffusion et à son lien avec son lectorat.Encore peu préoccupés par les questionstechniques et la valeur ajoutée du livrenumérique, les auteurs se préoccupent davantagede rémunération, de droit d’auteur et misent surla recherche d’un modèle économique équilibrépour tous les acteurs de la chaîne du livre.

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3.2.2 les éditeurs

DDu côté des éditeurs, les questions qu’apporte lenumérique se formulent bien autrement, même si,tout comme pour les écrivains, l’autoédition estperçue comme une menace.

Encore marginale au Québec1, l’autoéditionpourrait prendre de l’ampleur à l’instar deWattpad2, la plateforme d’autoédition torontoiselancée en 2006 et qui connaît un succès fulgurant.Chaque mois, 11 millions de visiteurs naviguentsur le site de Wattpad pour lire gratuitement lestextes proposés parmi les 5 millions d’histoires,

1. L'autoédition prend une telle ampleur aux États-Unis que desauteurs connus délaissent leur éditeur et se publient eux-mêmes.En réaction au phénomène, certains éditeurs traditionnels lancentleur propre plateforme comme par exemple Simon & Schuster(Hemliger, 4 décembre 2012)

2. Pour plus de détails, visiter Wattpad.

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rédigées dans 25 langues. La gratuité du site attireles lecteurs ainsi que la disponibilité des textes surtous les supports de lecture, y compris lestéléphones de base. Même si ce sontmajoritairement des auteurs inconnus qui ypublient, certains connaissent un succès épatantcomme cette adolescente britannique, AbigailGibbs, dont le texte The Dark Heroine, a été lu par17 millions d’internautes (Thomann, 7 décembre2012).

Éventuellement, on peut croire que lephénomène d’autoédition prendra également del’ampleur au Québec, même s’il n’est aujourd’huiqu’embryonnaire et prendra un rôle ou une formeprobablement fort différents, selon les besoinsauxquels il répondra. De phénomène marginal, ilpourrait être récupéré par l’industrie, comme filtrelittéraire par exemple. De plus, les formeséconomiques qu’il prendra sont égalementappelées à se développer. Quoiqu’il en soit, mêmesi les outils d’autoédition ne menacent pas encorevraiment la structure de la filière du livre, ceux-ci donnent tout de même accès à un plus grandnombre de publications et permettent unediffusion rapide des idées.

L’autoédition oblige inévitablement les

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éditeurs à redéfinir leur rôle comme spécialiste ducontenu,, tel que l’explique Bianca Drapeau, vice-présidente de l’ANEL et directrice de l’éditionnumérique et des nouvelles technologies auxPresses de l’Université du Québec (PUQ)3.

La plupart des auteurs qui font un exerciced’autoédition se rendent vite compte que, sans lesupport de leur éditeur, leur livre ne va pas très loindans l’univers du livre, que ce soit pour la mise enforme des contenus, qui techniquement n’est passimple, ou pour la diffusion. Depuis toujours leséditeurs accompagnent le créateur : ils améliorent,réécrivent, révisent et illustrent leurs textes, puis ilsle soutiennent et le conseillent dans la promotionet le développement de la diffusion, etc. C’est untravail d’équipe quelle que soit la forme que prendle texte publié. Finalement, l’autoédition oblige leséditeurs à améliorer l’accompagnement qu’ilsoffrent à leurs auteurs.

L’arrivée du livre numérique ne changera donc pascomplètement le rôle des éditeurs, dans la mesure

3. Entrevue réalisée le 20 février 2013. Bianca Drapeau était Directricede l’édition numérique et des nouvelles technologies au Presses del’Université du Québec (PUQ) au moment de l’entrevue. Depuismai 2013, elle est chef du marketing et des communications chezDe Marque.

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où ils vont continuer de rechercher, de filtrer, deproduire et de distribuer du contenu. Par contre,ils devront trouver des manières de rendre cecontenu disponible sur de multiples médias,formats, plateformes.

Le contenu ne sera d’ailleurs plus limité autexte du livre seulement et les éditeurs devrontréfléchir à la plus-value que peut apporter un livrenumérique, à l’enrichissement possible ducontenu, et à la présentation même qui pourrait(c’est à voir et à tester) aussi inclure des élémentsaudio ou vidéo. Dans le domaine de la fiction parexemple, on pourrait nourrir l’expérience dulecteur avec l’ajout de la musique qu’écoute l’undes personnages, les cartes géographiques quipermettent de suivre son parcours à travers lesrues d’une ville. Les livres de cuisine et de voyagepourraient offrir des applications, des mises à jouren ligne et des abonnements, etc.

Pour les éditeurs québécois, il s’agit d’un défiimportant pour ne pas perdre leurs parts demarché acquises depuis les années 1970 et qui restestable à 42 % dans le marché du livre en général età 36 % dans la littérature (Allaire, 2011 : 3). (pourplus de détails sur les ventes de livres neufs, voirl’annexe 5).

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Tableau 2 – Parts de marché des éditeurs selonleur propriété et la catégorie de livres

La tendance actuelle des éditeurs québécois està la numérisation, plus qu’au développement denouveaux produits. C’est une question definancement. La SODEC offre depuis juillet 2011,un soutien financier pour permettre aux éditeursde numériser, de convertir et déposer leurs titresdans l’entrepôt numérique. Cette aide peutatteindre 70 % des coûts admissibles, jusqu’àconcurrence de 500 $ par titre et de 30 000 $ parexercice par éditeur4. L’appui de la SODEC visedeux objectifs : 1. à favoriser le positionnementinternational des éditeurs québécois enaugmentant les contenus en ligne ou sur d’autressupports numériques et 2. à éviter que les

4. Pour plus de détails, consulter le Programme d’aide aux entreprisesdu livre et de l’édition spécialisée, SODEC Québec, juillet 2011.

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consommateurs québécois se tournent vers desœuvres étrangères.

En ne développant pas suffisamment l’offre, leséditeurs risquent de voir leurs œuvres piratées etleurs parts de marché diminuer considérablement,un enjeu de taille selon Christian Liboiron.

Si les éditeurs ne se dépêchent pas à sortir du livrejeunesse et du livre pratique, j’ai peur que çaredevienne comme dans les années 60, c’est-à-direun marché dominé par les éditeurs français, et queles éditeurs québécois doivent rattraper un retardpar la suite. Hachette est prêt à lancer une tonnede contenus sur le marché québécois et Gallimards’en vient avec une offre exceptionnelle, incluantentre autres les Découvertes Gallimard5 qui sontdisponibles avec des vidéos, des extraits sonores,etc.

Bianca Drapeau abonde dans le même sensexpliquant, que, pour l’instant, les éditeurs nesont pas en retard par rapport à la France, ilsrisquent de l’être dans le développement denouveaux produits :

5. Depuis l'entrevue avec Christian Liboire, Découvertes Gallimard sontmaintenant disponibles sur ipad. Pour plus de détails, consulterDécouvertes Gallimard

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« Les Français se sont moins investis dans lanumérisation, même s’ils ont eu beaucoupd’argent de leur gouvernement pour numériserleur fond, et davantage dans le développement.L’arrivée de leurs nouveaux produits risque debouleverser le marché. »

Ce développement de nouveaux de nouveauxproduits, des livres faits et pensés pour lenumérique, pose problème à bien des éditeursquébécois, tant pour des raisons financières quepour des questions de perception. Le défi est detaille, dans un marché formé de petits joueurspour qui l’arrivée du numérique signifie l’ajoutd’une tâche supplémentaire et non l’embauche depersonnel, comme l’explique Bianca Drapeau :

Dans les petites maisons d’édition, il y a souventles deux scénarios suivants. Soit l’éditeur estquelqu’un qui est très technophile comme JeanPetitgrew chez Alire, qui a fait lui-même tous leslivres en format epub. N’ayant pas d’argent àinvestir, il a utilisé son temps pour développer lui-même son expertise. Ou bien, c’est comme chezSoulières, l’exemple parfait de la petite maisond’édition qui a un beau succès commercial etcritique, où ils sont deux ressources « technonuls ».

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Ils ont dû trouver un partenaire en qui ils avaientsuffisamment confiance pour développer un projetet développer quelques titres avec les moyens qu’ilsavaient.

Pour bien des éditeurs donc, la recherche et ledéveloppement de produits numériques sont toutsimplement hors d’atteinte. Pour pallier à cetteréalité, les associations du milieu du livre ontréclamé en 2012 dans les Recommandations finalesdu Conseil consultatif de la lecture et du livre(MCCQ, 2012 : 12) des subventions majeures audéveloppement de nouveaux produits.

Ceci dit, le soutien de la SODEC connaît desrépercussions concrètes. Les éditeurs québécoisont numérisé la plupart de leurs ouvrages déjàparus et ont publié en format numérique leursnouveautés. Actuellement, environ 15 000 titresquébécois sont disponibles dans l’entrepôtnumérique, et des milliers d’autres sont égalementofferts par le biais des autres entrepôts,notamment ADP qui distribue les livres publiéspar Quebecor.

La diffusion représente aussi un défi de taillepour les éditeurs qui doivent faire face à lamultiplication croissante des titres offerts sur le

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marché. Les éditeurs doivent trouver de nouveauxcanaux pour la promotion et la diffusion de leurproduction, apprendre à se démarquer sur le Web,utiliser les médias sociaux et les blogues commedes outils supplémentaires, et ce même en dehorsdes frontières du Québec.

À court terme, les éditeurs ont et auront toutintérêt à transformer leurs processus, à entraînerleurs employés et à offrir leur contenu sur desformats multiples – électronique ou imprimé, PDFou epub et sur toutes les plateformes. Ils devrontdévelopper leur capacité à distribuer le contenueux-mêmes, que ce soit sur leur propre plateformenumérique ou des plateformes partagées, évitantainsi les frais liés à la distribution et à la diffusion6.

D’ores et déjà, le support numérique et laquestion de la diffusion mondiale ont obligé leséditeurs à revoir les contrats avec leurspartenaires, dont les auteurs bien évidemment. Àla suite de consultations et de formations del’ANEL, la plupart des éditeurs ont maintenantun nouveau contrat-type qui inclut la vente pourle format numérique, présent et à venir, et sous« toutes les formes ». Ce sont les contrats d’achats

6. Actuellement, les principaux éditeurs ne vendent pas en ligne, quece soit Boréal ou Québec Amérique, ou autres.

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ainsi que les autres droits à obtenir qui demeurentproblématiques, ainsi que le souligne BiancaDrapeau :

Certaines maisons d’édition à l’étranger neveulent pas céder les droits numériques parce qu’ilest difficile de gérer les droits par territoire. Il y aaussi tous les autres types d’achats (illustrations,photos, vidéos) qu’on intègre dans les livresnumériques. Les sociétés de gestion collective oules entreprises de revente donnent encore des prixpour l’utilisation Web, avec en tête la notion detirage. Par exemple, pour l’achat d’une photo dansun livre qui peut être diffusée sur toutes lesplateformes, même si l’éditeur indique qu’il a unpotentiel de X lecteurs à travers le Québec ou leCanada, son livre ne s’adresse qu’à la personnequi achète. La négociation s’avère parfois trèsardue et il y a des concepts à redéfinir.

LL’’aarrirrivvée dée deses pupurre pe plalayyererssL’autre véritable menace pour les éditeurs est

assurément l’arrivée d’éditeurs pure players, quel’OQLF recommande d’appeler des « sociétéspoint-com ». On peut définir ces joueurs commedes éditeurs qui « publient des livresexclusivement dans des formats numériques ou

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qui développent et fournissent des logicielsapplicatifs et des services dédiés à l’édition de

livres numériques enrichis » (Belina, 1er mars 2013).En juin 2013, le blogue Prospective du livre et de

l’édition recensait 108 éditeurs numériques oufournisseurs de services d’édition numériques7

francophones parmi lesquels on compte sixéditeurs québécois8. S’ajoutent également le StudioC1C4, un fournisseur de services numériques,Marmalades, une application de lecture novatriceet PressBooks, un logiciel d’édition de livres ouvertset qui permet de publier aisément dans tous lesformats numériques9.

PressBooks, une plateforme gratuite pour lesoutils de base et payante pour des fonctionnalitéssupplémentaires, s’inscrit dans cette tendanceémergente d’une nouvelle vague de microédition,qui développe des outils servant à publier deslivres peu chers ou bien gratuits (Hemlinger, 26décembre 2012). Ces types de services viennent

7. Pour plus de détails, consulter la liste à jour de Prospective du livreet de l'édition.

8. Numerkilivres, Robert ne veut pas lire, À temps perdu, Làska, ELPÉditeurs, Fleur de Lys

9. C'est d'ailleurs cette application qui m'a permis de créer la versionnumérique de mon travail que vous lisez actuellement.

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bien sûr ébranler les pratiques habituelles deséditeurs traditionnels et leur structure de prixcomme l’explique Hugh McGuire, fondateur dePressBooks et coéditeur de Book: A Futurist’sManifesto (O’Reilly)10.

La différence majeure dans la publicationélectronique, c’est l’offre et la demande. Lesbarrières à l’entrée traditionnelles pour les auteurset les nouveaux éditeurs n’existent plus et çapermet un accroissement énorme de contenus deslivres. C’est l’augmentation de l’offre finalementqui pousse les changements les plus importants.Avec les outils comme PressBooks, n’importe quipeut être publié et c’est ce qui changecomplètement la dynamique du marché : leséditeurs traditionnels qui ont une certaine façonde faire des choses avec des coûts connus, tout d’uncoup, sont concurrencés par des gens qui ont uneapproche complètement différente avec desstructures de coûts et de bénéfices aussicomplètement différentes.

Ces éditeurs émergents explorent au fond denouveaux modèles économiques. L’éditeur Robertne veut pas lire par exemple, offre des textes

10. Entrevue réalisée le 4 juin 2013.

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numériques en feuilletons conçus être lus sur unécran de petite taille : le lecteur reçoit unepremière partie du livre et une alerte par courrieldès qu’une nouvelle section est publiée. Chaquelivre coûte en moyenne 4 $. Làska, qui se spécialisedans la romance francophone contemporainepropose différents forfaits pour l’été : 17 $ pour3 mois et plus de 23 titres ou encore tout leurcatalogue pour 44,99 $ pour 6 mois. Numeriklivresoffre des livres gratuits, des classiques à 1,99 $ etdes nouveautés entre 1,99 $ et 9,99 $.

LL’’éétatabblissemlissemenent dt du prix du prix du liu livrevrePour l’instant, le prix du livre numérique

fluctue d’un site à un autre, et aucune structurede prix n’est pas encore établie. La plupart deséditeurs vendent le livre numérique 25 % moinscher que le livre imprimé. C’est très variable d’unéditeur à un autre, suivant Bianca Drapeau. Parexemple, les trois presses universitairesquébécoises offrent des tarifs différents : auxPresses de l’Université du Québec (PUQ), leslivres numériques sont 25 % moins chers que leslivres imprimés, aux Presses de l’Université Laval(PUL) c’est le même prix et aux Presses de

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l’Université de Montréal (PUM), c’est à 50 % derabais.

Plusieurs intervenants, comme ChristianLiboiron et Bianca Drapeau, considèrent que lesprix des livres numériques sont trop élevés auQuébec, ce qui freinerait la croissance du marchéet empêcherait un véritablement engouement.Selon Liboiron, le prix moyen des achats estd’environ 10 $, alors que le prix moyen au Québecest de 15 $. Il y a donc une différence de 50 % entrela demande et l’offre. Selon une étude publiée parKobo en mai 2013 (Ulstroke, 30 mai 2013), les prixdes livres numériques aux États-Unis ont fluctuéentre 7 et 9 $, avec un prix de vente moyen autourde 7,50 $ l’an dernier. Les données de Digital BookWorld concordent : prix moyen des best-sellersnumériques à 6,94 $ et prix de la majorité des titresachetés entre 3 et 9,99 $ (Greenfield,14 janvier 2013).

La popularité de l’autoédition serait en grandepartie responsable de cette baisse de prix, parceque les livres autoédités se vendent à 2,99 $ oumoins et que leur volume de ventes augmente.Éventuellement, on pourrait penser que le prixdes livres numériques se stabilisera, puisque lesauteurs auto-publiés ont eux-mêmes tendances à

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augmenter le prix de leurs livres. Commel’indique Greenfield « When it comes to ebookpricing in the post-Deparment of Justice era, thecommentators mostly go it wrong. It’s not a race tothe bottom; it’s a race to the middle » (Greenfield,9 avril 2013).

La plupart des intervenants de la chaîne dulivre s’entendent pour que le livre numérique soitmoins cher que le livre imprimé, mais dans unecertaine mesure. Pour les écrivains, comme pourles libraires, il importe surtout de ne pasdévaloriser le travail de création, ainsi quel’indique Katherine Fafard11, directrice del’Association des libraires du Québec (ALQ) :

Nous sommes d’accord pour qu’il y ait unedifférence de prix entre le papier et le numérique,ça c’est sûr. Par exemple, un livre papier qui sevend à 24,99 $ est à 15 $ en numérique. Mais ilfaut une valeur à l’œuvre. On ne peut pas vendre à5 $ le livre sur lequel un auteur a travaillé pendantdes années! On vend des chansons à l’unité pour0,99 $, mais on ne peut pas vendre les chapitresd’une œuvre littéraire. À mon sens, un livre en

11. Entrevue réalisée avec Katherine Fafard, directrice del’Association des libraires du Québec (ALQ) et GenevièveBernier, responsable de la formation à l’ALQ le 10 mai 2013.

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bas de 10 $, c’est inacceptable. Même dans lamusique, très rares sont les albums qui se vendenten bas de 10 $.

Le concept de « valeur intellectuelle » n’est pas seulà empêcher les éditeurs québécois de baisser lesprix. Il faut savoir qu’au Québec, les coûts deproduction numérique ne sont pas moindres queles coûts des livres imprimés. C’est une questionde coûts variables versus de coûts fixes. Certainscoûts variables de production et de distributionpourront évoluer ou disparaître comme les coûtsd’impression, de diffusion, de distribution etd’entreposage physique, mais les coûts fixesd’édition demeurent, y compris pour lenumérique. En plus des coûts fixes de création(travail de l’auteur et coût d’édition d’unmanuscrit), ce sont ajoutés de nouveaux coûts quirésultent de la numérisation : numérisationproprement dite, conversion des ouvrages,programmation informatique, coût de laproduction numérique variant en fonction de lacomplexité, de la qualité du texte, de la proportiond’images et de la technique utilisée, coûts desécurisation des fichiers, coûts de distribution oudiffusion numérique, financement de la bande

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passante de l’agrégateur, etc. Au demeurant, leséditeurs québécois produisent encore leurs livresde façon traditionnelle : les livres sont d’abordproduits au format papier et ensuite transformésen livres numériques. Les éditeurs ne sont paséquipés de logiciel de content management, commec’est le cas de grandes maisons d’éditionaméricaines, qui leur permettrait de réaliser deséconomies de production comme l’expliqueBianca Drapeau.

Par exemple, Random House a un système de suivide contenu directement en ligne. Dès que l’auteurentre son texte dans le système, les réviseurs-correcteurs sont avisés et ils font leurs corrections.Tout est automatisé dans leur système en ligne età la fin, ils peuvent exporter leur fichier en epub,en xml ou plein d’autres formats. C’est pour celaqu’ils ont moins d’interventions techniques à faire.Bien sûr, la qualité des produits s’en ressent : lescésures sont souvent inadéquates, des majusculesapparaissent sans raison, etc. Chez nous, leséditeurs québécois ne sont pas prêts à faire de tellesconcessions sur la qualité de leurs produits. Onn’est pas rendus là.

Le défi pour les éditeurs québécois sera de mettre

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à jour leurs méthodes de production et penser àdévelopper un logiciel de gestion du contenu queles petits éditeurs ne peuvent se permettre.

Le fait de garder les prix élevés permet, certes,aux acteurs de protéger la structure industrielle,mais peut aussi avoir d’autres conséquences, dontcelle de ne pas assurer la relève du lectorat. Lafixation du prix est un enjeu fondamental pourHugh McGuire :

Je comprends qu’on ne veut pas détruire lastructure éditoriale avec des bas prix, mais est-ceque c’est vraiment un bénéfice à long terme pourla vie littéraire du Québec? Pour moi, l’important,c’est d’avoir une culture littéraire dynamique quiest vraiment intégrée dans la société et d’avoir unestructure qui réussit à créer et à maintenir cetteculture actuelle. Même si la structure a été trèsébranlée aux États-Unis, est-ce qu’on assiste à lamort de la culture littéraire? Pas du tout! C’est unmarché vibrant avec un accroissement de créationénorme et une participation accrue dans cetteculture. Regarde Wattpad! On peut ne pas aimercette littérature avec tous ces jeunes qui écriventdes romans de vampires, mais il y a unecommunauté : ils ont 11 millions d’usagers actifs!On observe la naissance d’acteurs qui produisent

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des trucs de qualité. So do we need the otherstructure?

Baisser les prix signifie qu’il faut peut-êtreenvisager le marché autrement. Par exemple, leséditeurs pourraient proposer des courts textes àprix moyens, soit autour de 5 $, pour que les genslisent et puissent tester à peu de frais : il est plusfacile d’acheter une nouvelle policière à 3 $ ou 4 $plutôt que d’acheter 2 ou 3 livres à 25 $.

Comme les barrières physiques sont abolies,il faut penser le marché francophone dans sonentier. Ceux qui, comme Hugh McGuire, necraignent pas de se mettre à dos la chaîne du livrepeuvent également s’essayer à des pratiques plusagressives pour conquérir le marché francophone.Voici ce que McGuire proposerait à un éditeur quivoudrait conquérir la francophonie :

We’re going to conquer the French and Quebecoismarket by aggressively pricing, I’m gonna start adigital only published print, and build communityaround. I would say: how do we become the bestebooks publisher in the French market across theworld? That would be my objective and I wouldgo and talk to 10 really successfully book publishersand say: how do we do this in French? And to

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be free from the value chain, I would start a newpublishing, one that doesn’t get any money fromSODEC, doesn’t do anything and take all theFrench market.

Il s’agit d’une pensée radicale par rapport àl’ensemble des acteurs de la chaîne du livre, maiselle est à considérer. À l’opposé du spectre se situeClément Laberge, vice-président des servicesd’édition numérique chez De Marque12 :

Il faut être conscient les États-Unis sont uneexception. Ailleurs dans le monde, les éditeurs sedisent qu’il ne faut surtout pas suivre la voie desAméricains. Alors est-ce qu’on peut taxer deconservatisme les éditeurs qui se donnent lesmoyens pour que la transition se fasse un peu pluslentement ? Non, c’est de la prudence, voire de labonne gestion. […] Que, pendant un certain tempsles prix soient trop élevés et aillent progressivementvers un point réaliste, ça m’apparaît raisonnable.Les éditeurs québécois sont aussi audacieux quedes structures fragiles peuvent être. Il est plus facilepour un éditeur faisant partie d’un groupe énormede prendre des risques que pour un éditeur dansune petite structure qui joue chacun de ses postes

12. Entrevue réalisée le 18 février 2013

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chaque année. Par contre, est-ce que ça trahit lefait que c’est un handicap d’avoir que des petitesstructures ?

Sans être en retard, les éditeurs doivent s’assurerde continuer à numériser au même rythme que lespays européens. À titre comparatif, ChristianLiboiron mentionnait que la croissance ducatalogue, partout dans le monde, est entre 1 à 2 %par mois alors qu’au Québec, elle n’est que de0,5 %, la moitié moins qu’en France. En n’offrantpas assez rapidement du contenu en français, leséditeurs risquent que les consommateurs setournent vers les livres anglophones, ce quipourrait faire pâtir toute l’industrie.

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3.2.3 lesdiffuseurs-distributeurs,

incluantl’entrepôt

numérique

DAvec l’arrivée du livre numérique, l’auteur oul’éditeur peut vendre directement à partir de sonsite transactionnel. Dans ce contexte, le rôle desdistributeurs est remis en cause : en fait, pourquoidevrait-on accorder une remise de 40 % à unintermédiaire? La question est de taille et lesdistributeurs ont, un moment, douté de leur

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survie comme l’explique Serge Théroux1,directeur chez Diffusion Dimedia :

Il y a 2 ½ ans à peu près, l’arrivée du numériquereposait très certainement la question dudistributeur parce que tout le monde cherchait unmodèle qui allait éliminer l’intermédiairedistributeur-diffuseur. Moi-même, j’ai cru qu’onallait être carrément éliminés. Rapidement,certains éditeurs m’ont contacté pour medemander de faire leur entrée de données, ce quenous faisions déjà, et faire leurs suivis auprès deslibrairies en ligne. J’allais me contenter d’un rôlede distributeur, c’est–à-dire m’assurer de lafacturation et des suivis, mais mon collègue, notrePDG, Pascal Assathiany, pressentait les chosesautrement. Il était persuadé que notre rôle allaitêtre aussi déterminant que dans le papier. Alors,on a décidé de prendre le relais de la diffusion,de se monter des banques de données, de respecterla chaîne du livre papier et de travailler avec deslibraires, des revendeurs, etc.

Diffusion Dimedia a alors participé audéveloppement de l’entrepôt numérique. Cetteplateforme, qui permet aux acteurs de la chaîne

1. [1] Entrevue réalisée le 18 février 2013.

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de déposer leurs livres numériques et de lesdistribuer, a été créée par l’entreprise québécoiseDe Marque, en collaboration avec l’Associationnationale des éditeurs de livres (ANEL). Grâce àune subvention de la SODEC, l’ANEL a investi100 000 $ et De Marque estime sa part à plus de6 millions. Le développement de l’entrepôt a étéfait en partenariat avec les différents acteurs del’édition (éditeurs, diffuseurs, distributeurs,libraires), pour tenir compte des besoinsspécifiques de chacun et de l’ensemble del’industrie.

La plateforme, qui utilise la technologieCantook, a été élaborée en prenant l’éditeurcomme point d’appui de l’industrie. Elle fournit àchacun des acteurs, les outils pour qu’ils puissentchoisir la solution technologique qui convient lemieux à leur propre stratégie et aux moyens dontil dispose. Par exemple, la plateforme permet à unéditeur qui le désire de faire disparaître lesintermédiaires (diffuseur, distributeur ou libraire)et de vendre directement ses livres sur son siteWeb. À l’inverse, elle peut aussi s’adapter auxbesoins d’un éditeur qui souhaite reproduire lachaîne du livre traditionnelle et confier ladiffusion et la distribution à son diffuseur-

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distributeur traditionnel (comme pour le livrepapier). Dans le cas de Diffusion Dimedia,l’entreprise a choisi de confier la distributionnumérique à l’entrepôt numérique, mais de garderle rôle de diffusion. De cette manière, l’entrepôtjoue un rôle de transporteur, de véhicule, alorsque Diffusion Dimedia demeure l’interlocuteurprivilégié des libraires.

En offrant des formations et un soutientechnique constant aux éditeurs qui se joignaientà l’entrepôt numérique, De Marque a contribué àdévelopper une offre grandissante et à structurerun nouveau marché. Aujourd’hui, l’entrepriseestime qu’entre 60 et 70 % des éditeurs québécoissont entreposés dans l’entrepôt numérique. Selonles chiffres les plus récents, la plateformecompterait environ 15 000 titres québécois et15 000 titres français (Therrien, 23 mars 2013). Plusde 115 éditeurs québécois sont branchés, oncompte 255 346 ventes depuis août 2009 et263 601 prêts depuis novembre 2011 (Aldus, 26 juin2013).

Le développement de cette plateforme tientégalement compte de la nécessité de rendre lescontenus disponibles dans une diversité de pointsde vente ayant des technologies différentes. Au

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Québec, les livres numériques doivent êtredisponibles pour les acteurs locaux, commeRenaud-Bray, Archambault, ruedeslibraires.com,mais aussi pour des géants comme Apple, Koboou Amazon, en tenant compte des spécificitéstechniques propres à chacun. Cette polyvalenceconstitue assurément un avantage selon ClémentLaberge :

Je pense qu’au Québec on a bénéficié d’unavantage en étant dans un petit marché audépart : on a été obligés d’imaginer une plateformequi fonctionnerait tant avec des petits éditeurs quedes plus gros, alors que dans de plus grandsmarchés, les gens ont développé des plateformesfaites pour les besoins des très gros. Pour les besoinsdu marché québécois, on a trouvé un équilibreintéressant. Il ne faut pas perdre de vue que lemarché sera international. On ne peut pasimaginer un environnement technique limité à depetits marchés. L’évolution à long terme dépendd’une dimension internationale, notammentparce que les grands acteurs qui vendent les livresnumériques sont internationaux. Si on nedéveloppe pas la capacité de jouer à la mêmeéchelle qu’eux, ça va devenir très difficile.

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Il faut savoir que De Marque exporte, adapte etdéveloppe également ses produits à l’étranger. Enopération depuis 2009, sa plateforme dedistribution numérique Cantook est utilisée enFrance, en Italie et dans plusieurs autres pays.Clément Laberge estime que l’entreprise détientenviron 40 % du marché numérique en Franceavec sa partenaire Eden Livres (incluantGallimard, La Martinière et Flamarion) et 60 à70 % en Italie avec Edigita (qui regroupe 3 des 4plus importants groupes d’édition). La plateformenumérique est connectée à de grands libraires enligne canadiens, américains et européens :Archambault, Barnes & Noble, Renaud-Bray,ePagine, etc., de même qu’avec de grands joueurs100 % numériques, comme Apple, Kobo, Amazon.De Marque distribue actuellement près de 50 000livres en provenance de plus de 500 éditeurs dansplus de 200 points de vente et 30 pays (Marcotte, 31mai 2013).

Voici un graphique qui permet de mieuxcomprendre comment se déploie la plateformed’entreposage et de distribution Cantookdéveloppée par De Marque.

Figure 2 – Structure de la plateforme Cantook

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Si les avantages financiers d’implanterCantook en France et en Italie sont évidents pour

De Marque, notamment en ce qui concernel’amortissement des coûts de développement, lesavantages stratégiques sont aussi nombreux pourl’industrie du livre au Québec. Ces partenariats

internationaux permettent une meilleureconnaissance stratégique du marché et un

développement technologique d’avant-garde,comme ce fut le cas de l’entente signée entre De

Marque et Amazon-France qui permet auxéditeurs québécois de bénéficier de la technologie

et de l’entente développées en France,lorsqu’Amazon a voulu s’implanter au Québec.

Cette vision internationale constitue un élémentfondamental pour l’avenir, précise Clément

Laberge.Comme pour l’éditeur, l’arrivée du numérique,

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loin d’éliminer le diffuseur-distributeur, a eucomme effet contraire de redéfinir son rôle.Contrairement aux prévisions, la majorité deséditeurs québécois ne vendent pas leurs ouvragesen ligne, sauf les éditeurs de manuels scolaires.Dans ce marché principalement composé de petitséditeurs, ces derniers ont vite réalisé qu’ilsn’avaient ni les compétences, ni les ressourcespour réaliser le travail traditionnellement effectuépar les diffuseurs-distributeurs. Effectivement, ilne suffit pas de déposer le livre dans un entrepôtnumérique : il faut faire les suivi avec les libraires,produire des rapports quotidiens, facturer à la findu mois, s’assurer de la place du livre sur le siteWeb, faire des promotions, etc.

En plus de l’entrepôt numérique, les éditeurspeuvent aussi faire appel aux principauxdistributeurs québécois, soit Diffusion Dimedia,Prologue et Messageries ADP, membre du groupeQuebecor. Ces deux derniers ont développé uneinfrastructure de distribution numérique et ontcontinué à faire de la diffusion. Ils offrentmaintenant différents services : numérisation etconversion des fichiers, entreposage numérique,sécurité et protection des fichiers, diffusion etdistribution numériques, feuilletage, statistiques

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et rapports de ventes en ligne, de visionnement etde téléchargement, facturation et collecte, conseilspour la création de livres numériques,, etc.

Comme plusieurs manières de faire coexistent,certains éditeurs choisissent de confier ladistribution papier à un distributeur et des’occuper de sa diffusion numérique, ce qu’on faitles Presses de l’Université du Québec par exemple.

Ainsi que l’indique Serge Théroux, une fois latechnologie maîtrisée, le numérique s’est intégréaux pratiques courantes. Ce qui a principalementchangé, c’est le travail de diffusion, les pratiquescommerciales, les pratiques de promotion.

Le numérique, une fois qu’on maîtrise latechnologie, c’est le même métier, mais avec unvocabulaire un peu différent. Au début, nous noussommes concentrés sur la transmission desdonnées pour s’assurer qu’il y ait une offre.Maintenant, on entre dans une phase decommercialisation, de suivis et de promotions. Parexemple, on vérifie le traitement des titres sur lesdifférents sites pour s’assurer d’une meilleure place,chose qu’on ne faisait pas auparavant. On s’assureque certains titres vont profiter de la meilleurediffusion ou de la meilleure promotion. On proposedes coups de cœur, etc. Ce sont les discussions avec

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les éditeurs qui ont changé, elles relèvent plus de lastratégie.

Tout comme les éditeurs, les diffuseurs-distributeurs ont dû travailler à bâtir desstructures de prix incluant une structure deremise au client. Dans le modèle papier, la remiseaux librairies agréées est de 40 %. Pour l’instant,la remise en numérique d’environ de 30 %, parcequ’il n’y a pas de coûts de stockage, ni demanipulation de stock. Ce 30 % couvre la gestionde données, de la facturation client, de ladiffusion.

La question de l’information est égalementcruciale. Les éditeurs qui utilisent l’entrepôtnumérique ont accès à tous les détails des produitsqu’ils vendent dans tous les points de vente, ycompris Amazon, Apple, etc., même si ces deuxjoueurs conservent jalousement une partie del’information. Sur ce point, la création del’entrepôt numérique et celle des autres entrepôtsconstituent des avantages notoires pourl’industrie du livre au Québec, car ils permettentd’obtenir certaines données sur le marché.Autrement, l’industrie n’en aurait pratiquementaucune, comme cela a été le cas dans la filière de

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l’industrie de la musique (Boucher, Gendron etLessard, 2011 : 9). Pour Clément Laberge, il s’agitd’un élément crucial :

Il y a un enjeu véritable et ça devrait être une denos préoccupations majeures. Quand l’industriedu livre, qui est la plus grosse industrie culturelleau Québec, bascule vers autre chose, c’estfondamental d’avoir des informations sur lestendances qui prennent forme et cela le plus tôtpossible, pour apprendre des erreurs des autres etreproduire plus vite les bons coups. Aujourd’hui,même l’Observatoire de la culture n’a pas encoreréussi à faire une étude sur le numérique. […] Avecl’entrepôt numérique, nous avons réussi àramasser l’information, mais je crois qu’on devraits’organiser comme industrie pour comprendremieux l’évolution du marché. J’ai des positionsassez extrêmes sur ce sujet, que j’ai déjà expriméesdans un rapport de la SODEC : on devrait lierl’obtention d’aide publique pour tout le monde, aufait de mettre en commun, j’hésite à dire rendrepublic, les données qu’on récupère du marché.Comme industrie, on se bâtirait un capitalintellectuel inestimable, qui nous éviterait peut-être de prendre des moyens coercitifs, commeréglementer les prix.

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Même si les données ne sont pas toutesdisponibles, le monde de l’édition a réussi àconserver la diffusion et la distribution,notamment grâce à la création de l’entrepôtnumérique, ce qui constitue un acquisconsidérable. Contrairement au milieu de lamusique, le monde de l’édition s’est doté demoyens techniques pour prendre le viragenumérique. Avec l’entrepôt, tous les éditeursquébécois peuvent, techniquement et de façonabordable, rendre leurs livres disponibles partoutau Québec et à l’étranger. De plus, tous les acteursde la chaîne ont été respectés dans le processus. Ils’agit d’un exploit dont l’industrie peut être fièrecomme l’explique Clément Laberge :

Le projet est arrivé à un moment où les gens n’ycroyaient pas. Il n’y avait pas de batailles sur desgros montants ou sur des enjeux économiques.Aujourd’hui, si on proposait de refaire ce projet,on n’y arriverait pas : tout le monde voudrait tirerla couverte de son bord. On a gagné la premièremanche. […] Pour moi, l’enjeu fondamental dansles prochaines années, c’est de réfléchir avec unevision économique large, de penser àl’international et donc, de ne pas succomber auxpremières opportunités, comme baisser les prix,

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mais se donner du temps pour réfléchir mieux. Ilfaut fuir l’isolement et ne pas réfléchir uniquementsur le Québec.

Avec cette offre mondiale et la disparition de laprotection territoriale qu’apportait le livrephysique, la diffusion devient un enjeu majeur :il n’y a jamais eu autant de livres disponibles auQuébec. Or, l’espace pour présenter cette offre etmettre de l’avant la production locale se raréfie.L’espace théoriquement infini sur le Web,constitue un lieu d’entreposage que de véritablespromotions. Sur le site Web d’un revendeur, quece soit Apple ou Renaud-Bray, le nombre de titresque l’on peut véritablement promouvoir varieentre 7 et 10. C’est bien peu, considérant lenombre de titres. Les éditeurs québécois doiventrivaliser d’ingéniosité pour se démarquer etdevront développer tout leur savoir-faire en termemarketing.

Enfin, il faut prendre parti du fait que les livresquébécois sont maintenant disponibles partout.Par exemple, Diffusion Dimedia a conclu uneentente avec Volumen, pour rendre disponible enFrance et sur le marché européen, les titres endiffusion des éditeurs québécois. Serge Théroux

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nous rappelle également que « l’offre québécoiseen papier s’est développée malgré le fait qu’il n’ya jamais eu autant de livres étrangers disponiblessur le marché ».

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3.2.4 les librairies

DComme les autres acteurs, les librairies ont étémenacées de disparition dès l’arrivée du livrenumérique. Leur situation s’est effectivementprécarisée comme l’a exprimé le président del’ANEL lors de l’annonce de la fermeture de laLibrairie générale française au printemps dernier(Bellemare, 8 mai 2013). Le bilan parle de lui-même : 20 établissements dans 10 régions ontbaissé le rideau depuis 2010. Regardons lasituation plus en détail.

Le Québec compte un grand nombre delibrairies grâce à la Loi 51. En contraignant lesacheteurs institutionnels (bibliothèques,universités, collèges, etc.) à acquérir leurs livresà prix régulier auprès des librairies agréés situéesdans leur région administrative, la Loi a contribué

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à créer un réseau de librairies partout sur leterritoire québécois.

Il existe deux grandes chaînes québécoises delibrairies, soit Renaud-Bray, qui compte29 succursales, et Archambault, qui en compte 15.Ces deux chaînes vendent des livres numériquesen ligne tant au grand public qu’aux institutions.La chaîne canadienne Chapters/Indigo compte 9succursales dans la région métropolitaine et offrela vente de livres en ligne également. Depuisquelques années, on compte des librairiesuniquement en ligne, comme Amazon, Apple etKobo.

Le réseau de librairies québécoises comprendprès de 220 librairies indépendantes. Une centained’entre elles sont associées et formentl’Association des libraires du Québec (ALQ), quivise à promouvoir le métier de libraire1. Afin dedévelopper l’aspect commercial des librairies, ellesont fondé en 2007 la corporative des Librairiesindépendantes du Québec (LIQ). La majorité deslibrairies indépendantes membres de l’ALQoffrent la vente de livres numériques par le biais dela plateforme ruedeslibraires.com, lancée en 2011.

1. Pour plus de détails sur la mission de l'Association des libraires duQuébec (ALQ), visiter leur page Mission et historique.

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Pionnières de la vente en ligne avec Gallimard etArchambault2, les LIQ font la vente de livrespapier et de livres numériques. Le siteruedeslibraires.com offre plus de 250 000 titres,dont environ 15 000 livres numériques québécoiset environ 67 000 livres numériques étrangers3.

Les plus grandes craintes des librairesquébécois ont été suscitées par l’arrivée chez nousdes grandes chaînes – Amazon, Apple, Kobo – quirisquent de monopoliser les ventes papier, par lavente en ligne, ainsi que les ventes numériques,avec pour conséquence une baisse del’achalandage en librairie. Il s’agit d’un enjeucolossal pour les librairies indépendantes, commel’indique Dominique Lemieux, directeur généraldes LIQ4: « Renaud-Bray et Archambault sont descompétiteurs traditionnels. On sait comment sepositionner par rapport à eux. Apple, Amazon,c’est très différent parce qu’ils ont des moyenscolossaux pour leur promotion et des outilstechnologiques liés à leur infrastructure. »

2. Les LIQ ont été parmi les premières à vendre des livres en lignegrâce au site livresquebecois.com lancé en 2010.

3. Les livres étrangers sont principalement de livres d’éditeursfrançais ou des traductions.

4. Entrevue réalisée le 22 mai 2013

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Effectivement, l’achat de livres numériques surKindle ou iPad est beaucoup plus facile que l’achaten librairie en ligne. Rappelons que le succèsd’Amazon est dû à sa liseuse conviviale avec accèsInternet intégré, qui a rendu facile l’achat d’unegrande variété de livres, et ce, à des prix trèscompétitifs. La simplicité du Kindle, saconnectivité, son magasinage intégré avec laboutique Amazon et son système de livraison l’ontdifférencié de tous les autres produits (Anan,Olson et Tripsa, 2009 : 2). Le marché américain estd’ailleurs toujours dominé par Amazon.

Les appareils de lecture d’Amazon et d’Applepossèdent une boutique en ligne intégrée quipermet à l’utilisateur de commander des livres enun seul clic (les livres sont automatiquementtéléchargés au bon format dans l’appareil del’acheteur et peuvent être lus immédiatement). Àl’inverse, le consommateur qui possède un autreappareil de lecture, doit d’abord se rendre sur laboutique en ligne, choisir le bon format et, si lelivre possède un verrou numérique, se créer uncompte Adobe, télécharger l’application de lectureet l’ouvrir avant d’accéder à son livre. Cesdémarches supplémentaires sont un irritantmajeur, aussi bien pour les consommateurs que

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pour les détaillants. Étant donné la complexité dela vente en ligne, toutes les librairies québécoisespossèdent une page web explicative5 et un servicede soutien technique sur le livre numérique. Lesproblèmes causés par les verrous numériquesseront vus plus en détail à la section « Piratage etverrous numériques ».

Captifs d’Amazon et d’Apple, les propriétairesde Kindle sont des clients perdus pour les autreslibrairies. L’offre de livres francophones est encorelimitée sur les boutiques d’Apple ou d’Amazon,mais la situation risque d’être différente dans deuxans, puisqu’on estime que la même offre seradisponible sur l’ensemble des plateformes. Cettesituation constitue un défi très important pourtoutes les librairies québécoises, en chaîne ouindépendantes, comme l’explique DominiqueLemieux :

Le défi est de savoir comment se distinguer parmices gros joueurs qui ont la facilité technologiqueimportante, d’où l’importance pour nous de s’allierà des partenaires pour être en mesure d’offrir desalternatives intéressantes. Il faut trouver un moyen

5. À titre d’exemple, visiter les sites d'aide en ligne d’Archambault oude Renaud-Bray.

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de rendre les transactions le plus simples et le plusaccessibles possible pour les utilisateurs. Bien sûr,nous allons aussi tenter de nous démarquer enoffrant des outils de conseils et de promotion del’offre francophone, qui ne sera jamais faite à courtterme sur l’iBookstore ou sur Amazon.

L’une des stratégies des librairies indépendantesa été de se regrouper pour développer leur sitetransactionnel, ruedeslibraires.com. Chaquelibraire peut personnaliser sa page, sespromotions, etc. Développé dans le respect de laLoi 51, la plateforme permet aux libraires deconserver leurs liens avec leurs clientsinstitutionnels, pour les ventes papier etnumérique : chaque institution ou chaqueutilisateur peut attribuer ses achats à une librairieagréée de sa région. Très peu connu du public engénéral, le site dépasse ses objectifs de vente grâceaux ventes institutionnelles, notamment auprèsdes bibliothèques publiques. Environ le tiers desventes de livres numériques au Québec sontréalisées par leurs ventes aux bibliothèquespubliques6.

6. Information donnée par Dominique Lemieux lors de l’entrevueréalisée le 22 mai 2013.

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L’autre stratégie prisée par les librairies est deréfléchir à une offre de liseuses pour leurs clients.Déjà échaudés par la vente d’une liseusedéveloppée au Québec, qu’ils ont dû abandonnerfaute de développement par le fabricant, leslibrairies indépendantes désirent réussir à terme àse positionner dans ce marché en établissant unpartenariat avec d’autres acteurs. La vente d’uneliseuse est un élément essentiel de fidélisationcomme l’explique Dominique Lemieux.

C’est un constat : l’acheteur de livres numériquespasse d’abord par la tablette ou par la liseuse etensuite, il va chercher son contenu. C’est doncimportant pour les libraires de se positionner avecun outil pour fidéliser l’acheteur de livres qui vapasser par la librairie, une fois qu’il a acheté sonappareil. Même si la vente de la liseuse ne luirapporte qu’une remise de 10 et 12 %, le librairepeut fidéliser sa clientèle et c’est ce qui compte.

Christian Liboiron abonde dans le même sens :« le plus grand déterminant des ventes, de ladomination de marché dans le livre numérique,c’est les liseuses. Dans cinq ans, les leaders dans lelivre numérique seront forcément des joueurs quiont des liseuses ou des appareils ».

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Les LIQ travaillent aussi en collaboration avecBIBLIOPRESTO.CA, l’organisme qui développedes services en ligne pour les bibliothèques, pourajouter un bouton « Achetez » sur le sitePRETNUMERIQUE.CA qui permet le prêtnumérique en bibliothèque. Ce boutonpermettrait à un utilisateur d’acheter un livre et del’attribuer, dans l’esprit de la Loi 51, à une librairiede sa région7.

L’entrée en scène d’Amazon a fait augmenterde façon exponentielle l’offre aux consommateurs.Tant les ventes en ligne d’Amazon que les ventesnumériques affectent les activités des libraires. Endécembre dernier, on pouvait lire dans La Presseque « 28 % des Québécois compt[ai]ent faire desachats en ligne chez Amazon en cette période desFêtes. C’est plus que le total combiné des achatsprojetés chez Archambault et Renaud-Bray(22 %) ». (Roy, 3 décembre 2012).

Dans le même sens, les plus récents chiffrespubliés par l’Observatoire de la culture et descommunications sont tout à fait éloquents : lesventes des librairies ont reculé de 7 M$ en 2012,soit une baisse de 1,6 %, et dans l’ensemble, les

7. Pour plus de détails sur le prêt numérique en bibliothèque, voir lasection 3.2.5 Les Bibliothèques .

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librairies ont moins bien fait en 2012 que lesétablissements du marché de la grande diffusion.Depuis 2008, les librairies sont nettement en pertede vitesse : leurs ventes ont baissé de 0,7 % enmoyenne chaque année de 2008 à 2012. Leslibrairies indépendantes ont quant à elle vue leurpart des ventes passer de 31,9 % à 27,7 %. (Allaire,Benoit (2013), p. 3).

Tableau 3 – Ventes finales de livres neufs selonles points de vente, Québec, 2010-2012

Conscients que la présence des grands joueursrisque de s’accentuer, les libraires ont mis enplace des mesures stratégiques pour assurer leursurvie et leur croissance, comme l’indiqueGeneviève Bernier :

Dans le cadre d’un projet sur les nouveauxmodèles d’affaires, nous avons analysé Amazon.On connaît leur fonctionnement et face à ungrand joueur comme ça, nous devons travailler

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autrement. Nous ne pouvons pas employer leursstratégies, les appliquer à notre réalité et essayerde faire concurrence. Des experts de tous horizonsnous le répètent : ce qui va maintenir les gens àfréquenter la librairie, mais aussi le commerce dedétail indépendant, c’est le besoin de l’être humaind’être en contact avec le livre et avec un conseillerqui peut pousser plus loin ses découvertes, sonexpérience… plus loin que ne peut le faire unalgorithme! Les gens ont besoin de communiqueravec d’autres êtres humains et la librairie peutpermettre ces échanges. Nous allons essayerd’accompagner les libraires dans cette voie, derenforcer la place du libraire comme médiateurculturel dans sa communauté. On le voit par descas succès en librairie, comme Le Port de tête quiest devenue la librairie de lancement, Olivieri etses multiples causeries, Monet et sa salled’exposition ou les Bouquinistes à Chicoutimi quiorganisent des rencontres. Ce sont ceux qui ontdavantage de facilité à garder l’achalandage.

Afin de renforcer leur positionnement stratégiquesur le Web, les librairies déploieront à l’automne2013 une campagne médiatique d’envergure pourfaire connaître le site ruedeslibraires.com au grandpublic, l’idée de cette campagne étant de

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communiquer que l’achat de livres numériquespasse par le réseau qu’ils connaissent, c’est-à-direcelui des bibliothèques et des libraires de quartier.Éventuellement, les LIQ prépareront une versionmobile de ruedeslibraires.com, et l’ALQdéveloppera, en partenariat avec la STM, unecampagne qui se déploiera dans les autobus etdans le métro et qui permettra de rendredisponibles certains titres pour feuilletage sur lestéléphones intelligents. Cette campagne incluraégalement une application de géolocalisation quipermettra à l’utilisateur de localiser le livre qu’ildésire se procurer8.

Outre ces actions collectives, chaque librairie,indépendante ou non, doit assurer sa proprepromotion, notamment sur le Web (médiassociaux, blogues, recommandations). Sans voirleurs ventes augmenter en flèche, les libraires quiy consacrent temps et énergie, établissent desrapports de fidélité avec leur clientèle etconstatent le maintien de leur achalandage.Différentes initiatives ont vu le jour. Par exemple,Archambault a développé un club de lecture

8. Depuis la rédaction de ce travail, la campagne Lire vous transportea été lancée en octobre 2013. Pour plus d'information, consulter lesite de la STM.

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numérique, chapeauté par Chrystine Brouillet,avec extraits gratuits hebdomadaires etchroniques télévisées. De même, Renaud-Bray etKobo offrent des infolettres sur les livresnumériques à leurs clients annonçant diversespromotions.

Comme on le devine, la réalité est biendifférente pour les librairies indépendantes quin’arrivent pas à utiliser pleinementruedeslibraires.com ou à exister sur le Web, fautede disposer de ressources humaines, techniqueset financières suffisantes. La promotion est perçueune tâche supplémentaire. Le regroupement estdonc l’une des stratégies les plus importantes pourles libraires indépendants, tel que l’expliqueDominique Lemieux :

Aucune libraire indépendante au Québec oupresque n’aurait été capable de développer unestructure comme ruedeslibraires.com, d’investirl’argent, le temps et la connaissance. Tandis quesi nous jouons collectivement, il y a lieu et place àprendre ce virage numérique de façon intéressante.Le même raisonnement s’applique à la vente delivres numériques aux bibliothèques. Aucunelibrairie n’aurait été capable de développer latechnologie pour s’arrimer avec

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PRETNUMERIQUE.CA, mais nous y sommesarrivés parce que nous l’avons développée deconcert avec eux. Les libraires indépendants ontété le premier réseau, avant même les chaînes[Archambault, Renaud-Bray], à offrir la vente delivres numériques aux bibliothèques publiques, etce, pendant 6 à 8 mois. Notre mission, c’est dedonner aux libraires des outils performants quileur permettent d’être actifs et présents et d’êtreaussi forts que les chaînes. Ce n’est pasindividuellement qu’elles vont y arriver, maiscollectivement.

Les libraires indépendants souhaitent égalementoffrir des livres numériques en anglais, mais làencore, leur ambition est rapidement freinée par lemanque d’infrastructures. Les éditeurs québécoisont développé des modèles d’agrégateurs quijouent le rôle de fournisseurs, tandis qu’aux États-Unis et au Canada-anglais, l’éditeur faitdirectement affaire avec la librairie en ligne, que cesoit Apple, Amazon, Barnes and Nobles ou Kobo.Les éditeurs déposent leurs fichiers sur le serveurde la librairie et celle-ci entrepose les fichiers dechacun des éditeurs. Au Québec, aucune deslibrairies en ligne n’entrepose les fichiers sur leursserveurs, car tout est déposé sur les serveurs de

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l’agrégateur. Elles ne disposent pas desinfrastructures nécessaires pour accueillir lesfichiers, ce qui rend plus complexe la présence delivres anglophones.

Si l’entrepôt numérique représente un atoutpour le marché du livre québécois, il complexifiecertaines opérations ou partenariats avec d’autresjoueurs (Dominique Lemieux). Si Apple etAmazon uniformisent les fichiers de chacun deséditeurs pour correspondre à leur structure, leslibraires doivent travailler avec des données quiproviennent de technologies différentes.L’information qu’ils présentent auxconsommateurs n’est pas identique d’un titre àl’autre : certains titres sont protégés par DRM,d’autres par filigrane, avec des formats différents,etc. Ce manque d’uniformité peut êtreproblématique par rapport à la simplicité et àl’uniformité que l’on retrouve chez les grandsjoueurs.

Il faut toutefois préciser qu’il s’agit surtoutd’un problème d’uniformisation des données.C’est le manque de normes précises et uniformequi complexifie la tâche des libraires et nonl’entrepôt comme tel, qui a, rappelons-le, permisaux libraires de garder une marge de manœuvre et

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un contrôle sur leurs données et leur inventaire,ce qui n’est pas le cas des libraires à l’extérieur duQuébec.

Le prochain élément à développer, comme lesoulève Dominique Lemieux, est le volet du livrelittéraire en milieu scolaire. Pour l’instant, leslibrairies ne peuvent pas vendre directement delivres numériques aux écoles. L’industrie doitdonc travailler collectivement pour élaborer despartenariats d’affaires avec le milieu scolaire,comme elle l’a fait avec les bibliothèquespubliques. La demande est là, mais par manquede facilité, les enseignants piratent les ouvragesà défaut de pouvoir les acheter légalement. Leslibraires auront tout intérêt à développerrapidement un moyen technologique pour vendrele livre numérique aux écoles. Mais encore…

Pour Dominique Lemieux, la question estbeaucoup plus large. Au-delà des défistechnologiques, c’est la promotion même de lalecture qui est en jeu dans notre société. Pourl’ensemble des libraires, il faut continuer àvaloriser le lieu et à vendre des livres, qu’ils soientpapier ou numérique, à agir collectivement et fairede la promotion de la culture, de la création.

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Le véritable enjeu est celui de l’accès à ladiversité éditoriale.

Soulignons enfin un autre problème que l’onobserve dans plusieurs librairies indépendantes :celui la succession et de la relève. La relève se faitrare dans un secteur d’activité où la rentabilité estbien souvent inférieure à 1 %. Pour favoriser leprocessus de succession et la revente, l’ALQtravaille avec les libraires à moderniser leurcommerce, ce qui implique forcément un voletnumérique.

KKoobobo, liseuses e, liseuses et lit libraibrairirie en lie en ligngneeLe marché a vu naître de nouveaux joueurs

comme Kobo, détaillant de liseuses et libraireuniquement en ligne. Encore discret au Québec9,Kobo se situe, selon les estimations de ChristianLiboiron, en troisième position dans les ventesnumériques au détail en français au Canada, aprèsArchambault et Apple. Notons que Kobo ne faitpas de ventes aux institutions, comme

9. Même si Kobo vend des livres numériques depuis décembre 2011au Québec, son véritable lancement se fera à l’automne 2013 avecune campagne promotionnelle majeure. En effet, ils voulaients’assurer d’avoir un site Web performant en français avant de selancer, le site Web actuel présentant de nombreuses lacunes.

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ruedeslibraires.com et se concentre sur le grandpublic.

Fondée à Toronto, puis rachetée parl’entreprise japonaise Rakuten, Kobo estdominante sur le marché canadien-anglais etreprésente 20 % du marché mondial du livrenumérique. Au Canada, 3 millions de livresnumériques sont disponibles : un peu plus de 2millions en anglais et plusieurs autres langues et45 000 titres en français, parmi lesquels tous lesepub québécois actuellement disponibles. Koboest présent dans plus de 190 pays et est très connumondialement, sauf aux États-Unis, où le marchéest dominé massivement par Amazon et Apple10.

Selon Christian Liboiron, les éditeursquébécois voient d’un bon œil l’arrivée de Koboau Québec, notamment parce que l’entreprise aadopté le format standard, le epub, ce qui permetl’interopérabilité tant pour les commerçants quepour les consommateurs, à l’inverse d’Amazon etd’Apple avec leurs formats propriétaires. Leséditeurs apprécient également leur présencemondiale et le modèle d’affaires que l’entreprise

10. Information donnée par Christian Liboiron lors de son entrevue le3 mai 2013.

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qui préconise des ententes avec des partenairesdans chacun des territoires où Kobo est présent.

Pour les éditeurs, c’est un avantage notoire : ilspeuvent vendre facilement dans le monde entieravec un contact dans chacun des territoires, quiparle leur langue. Déjà, nous avons de très bonnesventes avec notre page Web dédiée aux livresquébécois en France. Le fait d’avoir toujours unpartenaire local aide énormément, par exempleavec la FNAC en France ou avec WHSmith enAngleterre.

Le type d’entente varie selon les pays, mais ilimplique aussi de protéger le milieu où Kobos’implante. Aux États-Unis par exemple, Kobo aune entente de partage de revenus sur la ventede liseuses avec les libraires indépendantsaméricains. L’entreprise se retrouve à la foispartenaire et compétiteur, un étrange mélange queChristian Liboiron explique ainsi :

On pourrait être en compétition directe avec lespartenaires locaux, c’est d’ailleurs ce qu’Amazonet Apple imaginent, mais ce n’est pas le cas.Comme Kobo doit développer sa présence dans200 pays, c’est très difficile de le faire seul, de là

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ses partenariats. S’ils n’ont pas un branding fort,comme la FNAC ou WHSmith en Angleterre, leslibraires indépendants ont une proximité avecleurs clients, ce dont profite Kobo. En contrepartie,Kobo fait profiter les libraires indépendants de leurstructure : pouvoir vendre des appareils et uncatalogue complet. Il faut savoir que nous avonsdéjà négocié des ententes avec l’ensemble deséditeurs et les libraires partenaires en bénéficient.Par exemple, si ruedeslibrairies.com signe uneentente avec nous, elle peut offrir dès demainmatin tout le catalogue de livres disponibles enfrançais sans avoir à négocier avec les plateformesou les éditeurs. La même chose s’applique auxlivres en anglais. Avoir Kobo pour partenaire, çaleur permet d’avoir un branding relativementconnu et eux le font connaître encore plus, doncc’est un cercle vertueux qui est bénéfique pour toutle monde.

Les partenaires de Kobo peuvent égalementbénéficier de leurs diverses stratégiespromotionnelles et des conseils des spécialistesgrâce à leur système de CRM (CustomerRelationship Management). Ainsi, si un lecteur a lule premier roman d’une série, le systèmel’informera automatiquement de la disponibilité

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des autres tomes, que ce soit par un bulletinélectronique ou par courriel. Kobo propose aussides stratégies de prix aux éditeurs, les informantpar exemple, que le prix offert est à 15 $ et quele prix acheté est à 10 $ et que l’offre de prix quidevrait être révisée à la baisse. Ou bien l’éditeurse fera peut-être expliquer qu’avec tel système derecommandations, il est plus avantageux devendre un livre à 4 $ et de le vendre 5 fois que de levendre seulement 1 fois à 20 $ ou 30 $.

Kobo offre des services de stratégie marketingà ses éditeurs, notamment à l’aide des statistiquesqu’il possède et des connaissances du succès dumarché anglophone. Les stratégies peuventconcerner les formats, maintenant que certainescontraintes liées au livre physique n’existent plus :publier une nouvelle de 50 pages impliquaitauparavant une mauvaise distribution en librairieà cause du format, alors qu’en numérique, celapeut vouloir dire une offre de prix à 5 $ qui s’avèrefort avantageuse.

Pour Christian Liboiron, il y a encorebeaucoup de travail à faire auprès des éditeursconcernant les stratégies de prix : en baissant leursprix, ils craignent de cannibaliser leurs ventespapier sans créer de nouveaux lecteurs. Or, ce ne

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sont pas tout à fait les mêmes lecteurs et lesstatistiques de lecture le démontrent. En cemoment, les prix sont généralement trop élevéspar rapport à ce qui se fait en numérique, situationque tente de contrer les promoteurs comme Kobo.En effet, comme c’est l’éditeur qui détermine leprix de vente, le promoteur peut l’inciter à vendreplus bas. L’éditeur doit alors accorder le même prixaux autres joueurs, ce qui ne semble pas poserproblème pour les promotions que propose Kobo.

Le prix, c’est un problème que je suis capable decontourner, parce que j’ai une offre assez variée.Par exemple, je fais une promotion prochainement

dans une newsletter où tous les 1ers tomes sont à9,99 $. Même si l’éditeur offre le même prixailleurs, je n’ai pas de problème avec ça. De toutefaçon, j’ai un système de recommandations. SiArchambault en avait un, tant mieux pour lui,mais je sais qu’il n’en a pas. C’est donc unavantage concurrentiel. Avec Kobo, on peut fairedes promotions de ce type-là.

Malgré la grande popularité des tablettes, on nesemble pas inquiet pour l’avenir des liseuses : pourles grands lecteurs de romans, l’encre électroniqueest de loin plus agréable, d’autant plus que le prix

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des liseuses tend à diminuer et que latechnologique permet aux liseuses de serapprocher du livre en terme en termesd’expérience de lecture.

Pour Christian Liboiron, un des plus grandsdéfis est d’avoir du contenu à temps, d’obtenir dela part des éditeurs une offre qui correspond à cequi est demandé, dans des formats adéquats.Liboiron déplore que certains éditeurs neproduisent que des PDF, alors que ce format n’estreconnu ni chez Amazon, ni chez Apple, ni chezKobo. Pour lui, il faut envisager le livre numériquecomme un marché international.

Le défi, au Québec, est aussi collectif, c’est-à-direqu’il y a des décisions qui doivent être prises pourl’industrie. Par exemple, le fait de ne pas avoir uneoffre complète en numérique, que Léméac, et doncMichel Tremblay, ne soit pas en numérique nuitaux autres éditeurs. Ça crée une distorsion et lemarché demeure émergent.

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3.2.5 lesbibliothèques

DSoucieux d’offrir du contenu francophone à leursusagers et ayant observé ce qui se passait auxÉtats-Unis, où le prêt numérique en bibliothèqueexiste depuis 2001, les bibliothèques québécoisesse sont vite préoccupés de l’arrivée du livrenumérique. Plusieurs d’entre elles ont songé à setourner vers Overdrive, le distributeur de livresnumériques qui dessert près de 90 % desbibliothèques aux États-Unis, ce à quoi s’estopposé farouchement Clément Laberge :

On ne peut pas donner tout le volet institutionnelquébécois à un seul acteur étranger en pensantqu’il va bien nous servir en français, qu’il va bienrendre compte des livres d’ici et qu’il va

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comprendre notre structure de prix. C’estimpossible. En plus, les acteurs étrangers n’ontpresque rien en français. Avec De Marque, on aété leader dans la démarche et on a travaillé àmettre en place une infrastructure que lesbibliothèques québécoises allaient maîtriser. On abâti une infrastructure qui est reliée à une diversitéde points de vente pour que les bibliothèquespuissent acheter à plusieurs endroits et quipourrait évoluer dans le temps.

Pour entrer dans l’univers numérique, lesbibliothèques ont créé un consortium nomméBIBLIOPRESTO.CA1 qui a développé avec DeMarque, une plateforme de prêts numériquesnommée PRETNUMERIQUE.CA, en parallèleavec le développement de l’entrepôt numérique.L’Association des bibliothèques publiques duQuébec, la Bibliothèque et Archives nationales duQuébec et le réseau BIBLIO du Québec2 ont

1. BIBLIOPRESTO.CA est un consortium des bibliothèquesconstitué en organisme à but non lucratif qui vise à développer desservices en ligne pour les bibliothèques, le principal étant laplateforme PRETNUMERIQUE.CA.

2. Les réseaux Biblio du Québec sont des réseaux régionaux deservices aux bibliothèques qui desservent les villes de moins de 5000 habitants. Toutes les acquisitions sont centralisées et lescollections circulent d’une bibliothèque à l’autre.

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travaillé de concert pour développer cetteplateforme dont le financement a été assuré par lesfonds des bibliothèques, la SODEC et le ministèrede la Culture et des Communications.

Un projet pilote a été mis en place ennovembre 2011, puis le prêt numérique a été élargiau réseau à partir de l’automne 2012. Ledéveloppement de la plateforme s’est déroulé enconcertation avec l’ensemble du milieu du livreet dans l’esprit de la Loi 51, le respect de l’espritde la loi faisait consensus entre tous les acteursimpliqués. Ainsi, la technologie utilisée pourPRETNUMERIQUE.CA permet auxbibliothèques d’attribuer leurs achats de livresnumériques à la librairie agréée de leur choix.

La plateforme leur permet de développer leurpropre collection en fonction des besoins de saclientèle et de ses moyens. Pour chacune desbibliothèques, le fonctionnement est très simple.L’usager va sur le site Web de sa bibliothèque,s’authentifie et accède à la plateforme. Danscertaines bibliothèques, on projette uneintégration fine de PRETNUMERIQUE.CA,directement dans le catalogue de la bibliothèque.L’usager sera alors dans le catalogue de labibliothèque et pourra simplement cliquer

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« emprunter » sur la notice d’un livre numériquequ’il désire.

En accord avec l’ensemble du milieu, laplateforme reproduit le modèle d’emprunt du livrepapier, c’est-à-dire que la bibliothèque ne peutprêter qu’un exemplaire à la fois, même si latechnologie permettrait de prêter le fichier àplusieurs utilisateurs en même temps. Tous se sontentendus que pour chaque livre numérique ait unmaximum de 55 prêts (il est à noter que le plafondavait été établi à 100 prêts dans le cadre du projetpilote de 2012), ce qui correspond à l’usurenormale d’un livre, après lesquels la bibliothèquedoit racheter le fichier. Cette mesure vise à assurerun minimum de ventes aux éditeurs pour les best-sellers. L’accord final entre BIBLIOPRESTO.CAet la Société de gestion de l’association nationaledes éditeurs de livres (SOGANEL3) a été rendu

3. La SOGANEL (Société de gestion de l’Association nationale deséditeurs de livres) est une société de gestion de droit d’auteurmandatée par les éditeurs de livres pour l’octroi de licences de prêtde livres numériques aux bibliothèques. Unique, cette entreprise àbut non lucratif est née de la volonté des éditeurs et desbibliothèques du Québec de s’entendre sur des modalités simplespour les bibliothèques et les usagers, sans contrevenir à la loi sur laconcurrence et sans risque d’accusation de cartel. On peutqualifier d’ingénieuse cette manière de procéder, par la créationd’une société de gestion de droits, qui permet de respecter les

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public en juillet 2013 (BIBLIOPRESTO.CA, juillet2013). C’est un choix d’industrie, tel que l’expliqueJean-François Cusson4, chargé de projet àBIBLIOPRESTO.CA :

Si une bibliothèque pense qu’un titre sera trèspopulaire, elle devra en acheter 4 exemplaires,comme elle le ferait pour un livre papier. Bien sûr,c’est difficile à expliquer à nous usagers qui necomprennent pas : « Vous avez le fichier, pourquoivous ne pouvez pas me le prêter ? » Mais c’est lefonctionnement, le choix stratégique que le milieudu livre a accepté. Autrement, ça aurait étécomplètement différent.

Tous les fichiers sont chronodégradables, c’est-à-dire qu’ils ne peuvent plus être utilisés une foisque la période de prêt est terminée. Le prêtnumérique permet le retour anticipé avant la datelimite d’emprunt pour permettre le prêt à un autreusager. Bien des bibliothèques mettent unelimitation sur le nombre de prêts possibles, car lescollections de livres numériques sont encorepetites.

modalités de la loi canadienne et de faciliter les transactions entreles acteurs, a précisé Clément Laberge.

4. Entrevue réalisée le 3 avril 2013.

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Bien que ce soit encore une hypothèse detravail, les bibliothèques évaluent différentsscénarios qui pourraient mener à l’ajout d’unbouton « Acheter » dans PRETNUMERIQUE.CAà la demande des éditeurs. Ce système existe déjàdans plusieurs bibliothèques américaines, ainsiqu’à Toronto où les bibliothèques ont conclu uneentente avec Chapters-Indigo. Ici,BIBLIOPRESTO.CA travaille de pair avec DeMarque pour développer la fonctionnalitétechnique qui va permettre l’achat en ligne dansl’esprit de la Loi 51, c’est-à-dire en permettantd’attribuer l’achat à la librairie agréée de son choix.

BIBLIOPRESTO.CA a également un projet deréférence virtuelle coopérative. À l’hiver 2014, unedizaine de bibliothèques mettront ensemble leursressources pour avoir un site Web avec unbibliothécaire en ligne, avec qui il sera possiblede communiquer en tout temps. Le système deréférence sera accessible par « chat », par téléphoneet par courriel.

Pour l’instant, l’un des enjeux auxquels lesbibliothèques font face est celui de l’insuffisancede l’offre, à un point tel que certainesbibliothèques n’ont pas pu dépensercomplètement leur budget numérique en 2012. Les

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bibliothèques souhaitent ardemment que plus delivres québécois soient disponibles. Ellesnégocient aussi avec différents groupes d’éditeursétrangers dont plusieurs utilisent la plateformeCantook, ce qui constitue un avantage commel’explique Jean-François Cusson :

Nous sommes en négociations avec plusieurséditeurs étrangers et ça risque de bien fonctionner.Ce qui est intéressant, c’est que Cantook, latechnologie de De Marque, est aussi utilisée danscertains entrepôts européens ce qui nous faciliterasans doute la vie au niveau technique. On essaiedonc de faire une négociation commune ayant lesmêmes clauses pour tout le monde. C’est pour cetteraison qu’on voulait d’abord négocier avec leséditeurs québécois, avant d’intégrer des éditeursfrançais.

Pour les livres anglophones, plusieursbibliothèques québécoises sont abonnées àOverdrive, entre autres la BAnQ, ainsi que laplupart des bibliothèques anglophones.

La pérennité et la compatibilité des formatsreprésentent un autre défi pour les bibliothèques.Il faut bien comprendre que lorsqu’unebibliothèque acquiert un livre numérique, elle

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n’achète pas un livre, mais une licenced’utilisation avec des paramètres qui sont définis,ce qui constitue une grande nouveauté pour lesbibliothécaires plutôt habitués à conserver,thésauriser, monter des collections. De plus, lesbibliothèques aimeraient bien garnir leursserveurs de contenus libres de droits, avec desauteurs comme Victor Hugo ou Alexandre Dumaspar exemple. Mais là aussi la pérennité poseproblème, puisque les bibliothèques n’ont aucuncontrôle sur les sites externes qui publient cestitres et qui peuvent les retirer du Web sanspréavis.

Les bibliothèques sont aussi aux prises avecdes problèmes de compatibilité, parce qu’elles ontfait l’achat de formats que leurs usagers ne sontpas capables de lire sur leur liseuse Kindle parexemple. Elles sont préoccupées par les formatsqui viendront éventuellement pour les livresnumériques de type « bande dessinée » ou « livrejeunesse », où les mises en page sont totalementdifférentes du livre papier traditionnel.

Pour pallier et prévenir tous ces problèmestechniques, la formation continue du personnel etl’appui aux usagers constituent un défi de taillepour les bibliothèques, et une spécificité que ne

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partagent pas les autres acteurs de la chaîne dulivre, comme l’explique Jean-François Cusson :

Formation et soutien, ça reste fondamental,comme je le répète aux bibliothèques quiimplantent la plateforme. Il faut que votrepersonnel soit formé. Achetez-vous un Kobo, uniPad, un Kindle. Achetez-en quelques-uns pour labibliothèque et incitez les employés à sefamiliariser avec chacun d’eux. C’est sûr que lesgens vont venir et qu’ils vont avoir des questions,parfois même des questions très précises. Si unusager se pointe avec un problème de liseuse et quele personnel n’arrive pas à lui répondre, il retournechez lui et ne reviendra plus.

Contrairement aux autres acteurs de la chaîne dulivre, les bibliothécaires québécois sont en avancesur ceux de la France et des États-Unis, à plusieurségards, comme l’explique Jean-François Cusson.Par exemple, certains éditeurs américains, commeSimon & Schuster refusent de vendre auxbibliothèques. Ils redoutent le piratage etcraignent de perdre énormément de ventes,contrairement aux éditeurs et aux librairesquébécois qui ont conclu une entente qui copiele monde papier et assure un revenu respectable à

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chacun des acteurs. Toute la chaîne adhère à l’idéede la bibliothèque comme lieu de découverte quigénère éventuellement des achats.

Il faut dire que les éditeurs américains ont étééchaudés par l’entente qu’ils ont conclue, peut-être trop précipitamment, avec Overdrive qui peutacquérir auprès des éditeurs le droit de revendreleurs livres à son prix et à ses conditions. Enéchange, Overdrive leur redonne 50 % des ventes.Par exemple, Overdrive peut vendre un ensemblede 500 livres d’histoire à très bas prix. L’éditeur

qui en possède 3 parmi eux recevra 50 % du 3/500e

du prix de vente total. Si au début du livrenumérique, les éditeurs américains étaientenchantés par cette entente, ils voient maintenantles enjeux et les risques de cette entente, comme lesouligne Clément Laberge :

Quand certains fournisseurs étrangers ont proposéleur modèle aux éditeurs, ils ont accepté parce queça représentait un revenu supplémentaire, sanscroire que le livre numérique prendrait l’ampleurqu’il a. Si ces fournisseurs leur proposaient lemême contrat aujourd’hui, on peut penser qu’ilsrefuseraient catégoriquement. Les bibliothèquesquébécoises ne sont donc absolument pas en retard

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par rapport aux États-Unis, ni les éditeursd’ailleurs. Ils ont refusé les conditionsgénéralement pratiquées aux États-Unis, maisn’ont pas refusé de rendre les livres disponibles auxbibliothèques.

Du côté des bibliothèques québécoises, on ne sentpas l’inquiétude et la fébrilité des autres acteurs,notamment parce que les bibliothécaires necraignent pas de grandes modifications dans leursrôles, si ce n’est qu’il risque d’y avoir moins delivres sur le rayonnage et moins d’espace dévoluà l’entreposage de livres. Les bibliothèques sedéfiniront davantage comme un lieu desocialisation dans la communauté, un endroitpour travailler, rencontrer des gens, assister à desformations ou à de l’animation. En tout cas, c’estce que croit Jean-François Cusson :

Les bibliothèques sont un des derniers lieuxpublics. Il n’existe pas d’autres endroits oùn’importe qui peut aller, peu importe son âge etsa condition sociale. C’est un lieu très inclusif. Tune vois pas cette diversité sociale et économiquequand, par exemple, tu entres dans un Renaud-Bray où la clientèle est plus homogène. À cetégard, la bibliothèque a une mission d’accessibilité

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et de démocratisation de la culture qui demeuretrès importante.

Malgré quelques tergiversations, les négociationspour le prêt en bibliothèque constituent un parfaitexemple de concertation du milieu du livrequébécois. Grâce à la SODEC, tous les acteursse sont impliqués dans le processus et tous ytrouvent leur compte. Ce que Katherine Fafardaffirme sans équivoque : « On est heureux del’entente, parce que c’est le même principe que leprêt papier et qu’il y a eu respect de toute la chaînedans le processus. Le prêt numérique contribue àfaire connaître des œuvres… et à amener des gensdans les librairies! »

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4. Les principauxenjeux

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4.1 le piratage etles verrousnumériques

DAlors qu’il s’est avéré un véritable fléau dans ledomaine de la musique, le piratage ne constituepas un problème majeur dans le monde du livrenumérique, même si tous les acteurs rencontréscroient qu’il prendra de l’ampleur avec les années.Pour l’instant, il concerne surtout les best-sellersou les livres scientifiques et s’effectueprincipalement sur des forums d’échanges delivres.

Le principal problème pour les éditeurs est detrouver les sites de piratage et d’aviser les fautifs,une démarche qui fonctionne bien, mais qui exigeune veille constante, ce que les éditeurs ne sont

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pas toujours en mesure de faire comme l’illustre,non sans humour, Francis Farley-Chevrier.

Il est parfois difficile de retracer l’individu qui amis illégalement une œuvre en ligne. On seretrouve avec des situations rocambolesques : uneplateforme de partage hébergée en Espagne maisdont le nom de domaine a été acheté aux États-Unis, et dont le propriétaire habite en Grève et faitde nombreuses transactions en France. Ça devientcompliqué et nous n’avons pas les moyens desautres industries pour lutter contre ce piratage.

Il est toutefois possible de protéger une œuvre enlui apposant un verrou numérique,communément appelé DRM (acronyme pourDigital Right Management). Le plus largementutilisé a été développé par Adobe Digital Editions.Il permet d’associer un fichier à un seul compteAdobe et ne peut être transféré dans aucun autreappareil de lecture activé sous un autre compte.Ce verrou offre de nombreuses options : nombrede pages pouvant être imprimées, pourcentage decopier-coller permis, chronodégradabilité, etc.

D’autres options permettent également deprotéger une œuvre, comme de la publier dans unsystème fermé avec un format propriétaire. C’est

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cette option qu’ont développée les producteursAmazon et Apple. Par exemple, un livrenumérique acheté sur la boutique Amazon nepeut être lu que dans le Kindle1, ce qui rassure biendes éditeurs. Ils craindront moins de déposer leursromans sur l’iBookstore, sachant qu’il s’agit d’unenvironnement fermé. Kobo a également choisiune solution alternative : gérer le verroudirectement dans leur compte FTP et offrir à tousses fournisseurs de mettre ou non un verrou surleurs livres.

Pour l’instant, le seul verrou en vigueur auQuébec est celui développé par Adobe. S’ilprotège généralement bien les œuvres, il apporteaussi sa part de problèmes. Tout d’abord, ilreprésente un coût additionnel pour les éditeursqui doivent payer à Adobe 0,25 $ pour chaque livrenumérique vendu. Pour un livre qui se vend 10 $,l’éditeur consent 2,5 % de sa valeur à l’entrepriseaméricaine. L’éditeur doit ainsi être convaincu quele piratage lui fera perdre plus d’argent.Autrement, le verrou constitue une perte nette,comme le précise Clément Laberge.

Il faut savoir aussi que le verrou pose problème

1. Certains geeks peuvent briser ces protections, mais ellesfonctionnent assez bien pour l’utilisateur moyen.

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pour la vente et le service à la clientèle.Contrairement aux librairies en ligne intégréesdans les appareils (Amazon, Apple, Kobo),l’utilisateur qui achète un livre protégé par unverrou numérique doit passer à travers plusieursétapes avant d’accéder à son livre : ouvrir uncompte Adobe, se connecter, téléchargerl’application qui lui permettra de lire le livreverrouillé2, etc. Ces étapes compliquent l’achat etla vente pour toutes les librairies et constituentun obstacle majeur. C’est un choix éditorial qui sedéfend, mais un irritant pour les libraires, commel’explique Dominique Lemieux :

Nous avons une équipe pour le soutien à laclientèle. Nous n’entendons jamais parler desclients qui achètent un livre sans DRM. Une foisl’achat complété, le client peut lire son livreaisément. Par contre, le client qui n’est pasfamilier avec les technologies et qui achète sonpremier livre avec verrou, nous appelleassurément! Il aura besoin de notre soutien pourdébloquer le livre parce que la procédure n’est pas

2. À titre d’exemple, l’utilisateur de Kindle n’a qu’à cliquer sur lebouton « Acheter » de la boutique en ligne de son fournisseurd’Amazon, iBookstore ou Kobo pour voir son livreautomatiquement téléchargé dans sa liseuse.

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évidente. Après le premier achat, c’est plus facile,mais plusieurs clients ont déjà affirmé à notrepersonnel de soutien : « C’est trop complexe, c’estmon premier et dernier achat numérique ». Pournous, c’est souvent ce service à la clientèle qui faitla différence pour le futur.

Pour cette raison, 80 % des éditeurs québécoisdistribués par l’entrepôt numérique ont décidé dene pas mettre de verrous, mais plutôt un filigrane,aussi appelé watermark3. C’est un choix stratégiqueque défend notamment Clément Laberge etDiffusion Dimedia. Pour eux, le choix est : pasde DRM, sauf exception. Parmi les exceptionsacceptables, on retrouve les éditeurs scientifiques,les éditeurs scolaires et les best-sellers dont lesventes s’effectuent dans un très court laps detemps.

La position des éditeurs québécois par rapportaux verrous numériques témoigne de leur audaceet de la solidarité avec l’ensemble des acteurs de lachaîne du livre. Alors que la majorité des éditeurs

3. La filigrane est un texte qui est apposé sur chaque livre vendu, quicomprend le nom du client final, la date d’achat, le numéro detransaction et d’utilisateur et l’identifiant du marchand ayant faitla vente. Il se retrouve sur plusieurs pages du livre au hasard et agitcomme mesure dissuasive contre la copie.

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états-uniens, français et italiens, exigent desverrous numériques contraignants, les éditeursquébécois ont accepté de mettre un filigraneseulement pour rendre l’achat en ligne plusconvivial. Il s’agit d’une attitude qui favorisel’industrie comme le démontre Clément Laberge :

Les éditeurs ont accepté parce qu’on a faiténormément de pédagogie et qu’on a expliqué quele verrou amenait énormément de contraintes, dedifficultés et de coûts. Pour les libraires, c’est uncauchemar vendre des livres avec des DMR. Lesupport technique et tout. De fait, en mettant desDRM, on se trouvait à favoriser encore, de façondémesurée, Amazon, Apple et Kobo. Si on voulaitaider les libraires à rester dans le marché, on devaittrouver un moyen simple de vendre des fichiers quin’allaient pas leur poser de problèmes. Quand tuachètes le livre, tu reçois ton lien, tu cliques dessus,bingo, tu as ton livre.

Les verrous posent également un défi auxbibliothèques, notamment d’ordre financier.Chaque prêt numérique coûte 0,10 $ auxbibliothèques. Si les prêts numériques sont encoremarginaux, la facture montera de façonexponentielle dès que les prêts eux-mêmes

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augmenteront. Ces sommes qui pourraient êtreconsacrées à l’acquisition des livres, sont verséesà Adobe. Le ratio entre le service rendu parl’entreprise américaine et les montants qui lui sontversés paraît disproportionné. Or, pour l’instant,le verrou d’Adobe est le seul valable pour lesbibliothèques. Il s’agit, pour les acteurs de lachaîne du livre, d’un enjeu fondamental.

Les bibliothèques devront donc envisagerd’autres solutions, moins coûteuses, comme lalecture en ligne. Elles commencent à envisagerl’accès en ligne (de type streaming), commealternative à long terme aux verrous, bien que celane réponde pas pour l’instant aux besoins actuelsdes usagers. En musique, il existe notamment dessystèmes mixes qui permettent aux utilisateursd’être en streaming en tout temps et de récupérerun certain nombre de titres sur leur appareil. Cesystème requiert cependant d’autres types demodèles économiques pour rémunérer l’auteursur la vente, sur l’usage, ce que l’industrie de livren’a pas encore développé.

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4.2 lesmétadonnées

DThose of us who make our living in publishingby working with metadata regard its suddenpopularity with a mix of amusement (thatsomething previously regarded as so dry is nowsexy) and exasperation (what took you so long?).In practice, metadata has been important inbookselling for many, many years. But because abook is no longer a physical object, discoverabilityvia metadata is only just now becoming a front-office problem. (Dawson, 2012 ; 1)

Le terme métadonnées se retrouve dans presquetoutes les publications concernant le livrenumérique. Elles réfèrent aux données quidécrivent un livre : ISBN, titre, auteur, année de

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parution, prix, format, sujet, etc.Traditionnellement compilées dans les cataloguesdes libraires et des bibliographies, lesmétadonnées ont pris de l’importance avec ledéveloppement des inventaires informatiques desbibliothèques et des librairies. L’arrivée de la venteen ligne par Amazon a véritablement propulsé lesmétadonnées, ainsi que l’explique Laura Dawson :

Through Amazon, consumers were looking atmetadata for the first time. No longer relegatedto wholesalers’ warehouses and library referencedesks, book metadata was front-and-center on theWebsite of “The World’s Largest Bookstore.”Suddenly ISBN and price were not enough. Whynot? Because in order to figure out what they werebuying, or what books they had to look forwardto being published, consumers needed to see themetadata, too. Consumers wanted to know asmuch about each book as humanly possible. Theywanted cover images, robust descriptions, andexcerpts. They wanted to know when a book waspublished or going to be published—they wantedto place orders for books before they even rolled offthe presses. (Idid.)

Les éditeurs et les distributeurs ont commencé à

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transmettre aux différents points de vente desrenseignements additionnels comme les donnéessur l’auteur, la couverture arrière, la table desmatières, les coordonnées d’un extraittéléchargeable, etc.

Dans le monde du livre physique au Québec,les éditeurs se fiaient encore récemment à leurdistributeur-diffuseur pour la gestion desmétadonnées. Ils avaient l’habitude de donner unfichier Word contenant les informations deventes. Aujourd’hui, ils se retrouvent dans unentrepôt numérique et ne savent plus trop quelschamps remplir, n’ayant pas de ressources, nid’expertise à cet égard. Les éditeurs ont dû adapterleurs pratiques pour fournir correctement toutesles données au distributeur, à l’entrepôtnumérique ou au libraire.

Parmi ces données, les différents systèmes declassification posent également un défi auxéditeurs, puisque plusieurs systèmes de donnéescoexistent sans être toutefois arrimés. Leurgestion est loin d’être simple, comme l’expliqueBianca Drapeau :

Les classifications sont les principalesmétadonnées qui sont galvaudées ou inutilisées. Il

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existe différents systèmes comme Dewey1, celui dela BTLF2 ou le BISAC que les américains utilisentet qu’on doit absolument documenter si on veutvendre chez Amazon ou chez Kobo. Même si leséditeurs documentent tout cela, chacun desrevendeurs a ses propres catégories, que ce soitRenaud-Bray ou Archambault ou un autre. Unpolar peut se retrouver classé en Travail social etil a alors peu de chances d’être vendu. Quand lesdonnées que nous avons documentées sont malou pas utilisées par les revendeurs, on l’impressionqu’on recommence tout le temps.

Il en résulte que certains éditeurs ne mettent queles informations minimales et les métadonnéesque reçoivent les libraires et les entrepôts sont loind’être uniformes et elles sont souvent incomplètes.Le revendeur se retrouve par conséquent avec unsite Web comprenant des titres sans descriptions

1. La classification décimale de Dewey (CDD) est un système visant àclasser l’ensemble du fonds documentaire d’une bibliothèque, développéen 1876 par Melvil Dewey, un bibliographe américain.

2. Au Québec, la Banque de titres en langue française (BTLF) avec sonoutil Memento constitue une source de données importante que leslibrairies peuvent utiliser pour nourrir leurs sites Internet. Il s’agit d’unservice payant qui ne comporte ni couvertures de livres, ni résumés, cequ’offrent gratuitement les agrégateurs.

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ou sans page couverture, des noms d’auteurs malorthographiés, etc.

Pour pallier à ce problème, les Américains ontdéveloppé le standard ONIX pour définir etcommuniquer les informations sur les produits.Plusieurs éditeurs et distributeurs québécois, dontDiffusion Dimedia, implantent ce logicielcompatible avec le grand standard demétadonnées de livres pour regrouper et faciliterla transmission de données. Parce qu’il s’agit d’unvéritable enjeu : les métadonnées sont à peu prèsla seule façon de vendre un livre sur le Web. Si unlivre est mal classifié, il sera impossible à trouveret à vendre. Le passage à un monde numériquevient changer totalement changer la dynamiquedu marché comme le décrit Hugh McGuire :

C’est la disparition des librairies physiques quirend les métadonnées essentielles. If you want tosell your books, people have to be able find them. Jetrouve étrange que la gestion des métadonnées soitperçue comme quelque chose de supplémentaireau travail d’un éditeur. C’est peut-être un nomtrop complexe parce que c’est simplement defournir les informations pour que ton livre soittrouvable. Si ce n’est pas de rendre ton livretrouvable, je ne sais pas c’est quoi ton rôle comme

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éditeur! Finalement, la protection contre Amazonet les grands joueurs, c’est d’être très trouvable surle Web. Les data devraient absolument êtreutilisées de façon agressive.

Outre leur aspect descriptif, les métadonnéesoffrent de multiples possibilités pour les stratégiescommerciales. Les systèmes informatiquespermettent d’obtenir des renseignementsconcernant les données de ventes et tout ce quiémerge de la diffusion sur le Web : données surles achats, les consultations, la lecture d’extraits,les habitudes d’achat, le profil des acheteurs, etc.Dans certains cas, on peut même savoir ce queles gens lisent, à quelle heure, pendant combiende temps, les livres qu’ils terminent ou à quellepage ils arrêtent. Ce type de données constitueune mine d’or pour le travail de promotion, dediffusion et même de création ou pour l’envoi debulletins ou de textes à publier.

Peinant encore à traiter correctement leursdonnées, les éditeurs n’en perçoivent pas toutesles possibilités promotionnelles et stratégiques. Ilsn’ont assurément pas le réflexe d’aller extraire cesdonnées et de les utiliser pour leurs campagnesmarketing ou le développement de nouveaux

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marchés et ainsi plusieurs opportunités d’affaires,selon Bianca Drapeau :

Pour beaucoup d’éditeurs, c’est encore le rôle dudistributeur de fournir les métadonnées. Ils seretrouvent dans un entrepôt numérique et nesavent pas quels champs remplir pour vendre enEurope, où aller inscrire le prix en euros, parcec’est leur distributeur en France qui a toujours faitcela. Finalement, ils se retrouvent à mettre leurslivres en vente uniquement au Canada et perdentdes ventes. Les métadonnées, c’est le nerf de laguerre!

La présence de l’entrepôt numérique constitue àcet égard un atout majeur, puisque le site permetd’obtenir une grande partie des métadonnées dumarché et qu’il les partage avec ses éditeurs,contrairement à Amazon ou à Apple quiconservent ces données stratégiques. Kobo et lesprincipaux agrégateurs québécois partagentégalement toutes ces informations avec leursutilisateurs. Sans les acteurs locaux, le Québecn’aurait aucune de ces données.

Ces données sont utilisées par les libraires quipeuvent connaître les ventes de livres, le profil desacheteurs, des statistiques de ventes, etc. Grâce au

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site ruedeslibraires.com, les librairiesindépendantes ont accès à toutes cesmétadonnées. Chacune peut s’en servir sur sonsite personnalisé, gérer les livres qui sont mis del’avant, faire un palmarès de ventes ou dessélections thématiques, etc.

Finalement, les métadonnées sont importantespour les bibliothèques, tant pour la recherche quepour la gestion des achats. Elles ont développé dessystèmes de classifications à partir desmétadonnées existantes, en se servant notammentdes codes Bisac (Book Industry Standards andCommunications) qui sont de plus en plus utiliséespar les éditeurs québécois3. De plus, elles ontdéveloppé des modules de statistiques qui leurpermettent de planifier leurs achats en fonctiondes préférences de leurs utilisateurs ou de justifierleurs demandes de budgets auprès desadministrateurs.

3. Effectivement, pour vendre des livres sur l’iBookstore, il faut queles livres soient codés avec ce standard.

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4.3 le prixréglementé

DLa réglementation du prix du livre est l’une despréoccupations majeures du milieu et ses acteursse sont mobilisés pour produire à l’automne 2012,l’opération Nos livres à juste prix. Ils réclament quele prix du livre, tant papier que numérique, soitréglementé et qu’aucun rabais supérieur à 10 % duprix du livre ne puisse être consenti pendant les 9premiers mois de sa mise en marché. Après cettepériode, le prix est laissé à la discrétion ducommerçant. Cette mesure vise à prémunir lachaîne du livre et tout particulièrement leslibrairies, des effets de la concurrence et de lavente au rabais des best-sellers sur le réseau dulivre et sur la bibliodiversité.

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En juin dernier, le gouvernement du Québeca annoncé qu’une commission parlementaire surune éventuelle réglementation du prix des livresneufs aura lieu à compter du 19 août 20131. Elleentendra des représentants de divers milieux(industrie du livre, associations deconsommateurs, détaillants, milieuxéconomiques et juridiques) pour mesurer lesimpacts d’une telle réglementation, en étudier lafaisabilité et faire des recommandations (Nadeau,5 juin 2013). Notons que cette mesure réclamée àplusieurs reprises par le milieu du livre avait étérejetée en 2000 par le gouvernement québécois,alors dirigé par le Parti québécois.

Les intervenants du milieu du livre endossentla position de cette initiative, même s’ils ne sont

1. Cette commission s'est déroulée entre le 19 août et le 19 septembre2013. Pour plus de détails, consultez les documents de consultationde la Commission de la culture et de l'éducation concernant laréglementation du prix de vente au public de livres neufsimprimés et numériques. Pour l'instant, aucune mesure n'a étéadoptée, mais le ministre de la culture Maka Koto a annoncé endécembre 2013 que le gouvernement du Québec élaborera unprojet de loi pour limiter à 10 % le rabais sur les nouveautésimprimées et numériques pendant neuf mois (Bertrand, 2décembre 2013). Du côté du livre canadien-anglais, on annonçait lachute des prix des ebooks à la suite d'un accord survenu entrequatre grands éditeurs et le bureau de la concurrence (La pressecanadienne, 2 février 2014)

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pas directement touchés. Tous désirent préserverla structure de réseaux des librairies et éviter uneguerre de prix comme celle qui a eu lieu aux États-Unis et qui a causé la faillite de la chaîneaméricaine Borders (ADELF, 2012 : 2).

Grandement touchés par les rabais effectuésdans les magasins à grande surface, les librairesréclament fortement cette mesure. Ils ne peuventsoutenir la concurrence et dénoncent les ententesconclues avec les distributeurs qui stipulent qu’unlivre peut se vendre 30 % moins cher dans unmagasin à grande surface. Une situation quiexaspère les libraires, affirme Katherine Fafard :

Les libraires n’en peuvent plus de se faire traiterde voleurs par leurs clients qui voient le mêmelivre beaucoup moins cher chez le commerçantd’à côté ou qui vont en librairie chercher desconseils et se précipitent l’acheter chez Costco.Les libraires ne veulent pas empêcher les Costcoet les Walmart de vendre des livres, parce queça contribue à démocratiser la lecture, maisrecherchent un équilibre. Ils veulent le vendreau même prix.

Le déplacement des ventes des best-sellers vers lesgrandes surfaces entraîne inévitablement une

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diminution de la rentabilité de la librairie2. Pourrépondre aux obligations de la Loi 51, les librairiesagréées tiennent en inventaire des nouveautés(environ 500 best-sellers et 25 000 autres titres),mais aussi des livres de fond (plus de 750 000titres) qui requièrent une équipe de librairesprofessionnels (Lemay, 14 mars 2013) (voir lastructure de coûts des librairies agréées àl’annexe 6). En comparaison, les grandes surfacesn’offrent que de 300 à 500 titres (Lasalle, 2011 : 18).

Rappelons que l’esprit de la loi québécoise surle développement des entreprises québécoisesdans le domaine du livre est de soustraire la ventedu live aux lois traditionnelles du marché.L’adoption d’une loi sur le prix du livrepermettrait aux librairies de se réapproprier unepartie des ventes, ce qui entraînerait bienévidemment une augmentation de la rentabilité deleurs entreprises3. Les chiffres publiés parl’OCCQ en juillet 2013 corroborent cesaffirmations.

2. Il convient de rappeler que la Loi 51 a voulu assurer une margebénéficiaire viable en garantissant l’exclusivité des marchés publicsaux librairies agréées.

3. Il faudra également revoir le système de l’office pour la vente desnouveautés et la vente de livres de fond pour améliorer la santéfinancière difficile.

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De 2008 à 2012, les ventes de livres deslibrairies ont diminué de 0,7 % annuellement enmoyenne, tandis que celle de la grande diffusiona augmenté de 2,2 %. (Allaire, 2013 : 11). Outre leRoyaume-Uni où le Net Book Agreement a étéabandonné en 19974, plusieurs pays occidentaux,comme la France, ont adopté des politiques pourprotéger le prix du livre.

Il va de soi que l’idée même du prix réglementéne fait pas l’unanimité auprès tout le monde.Parmi les pourfendeurs, on trouve notammentl’Institut économique de Montréal qui a publiéune étude et divers articles au printemps 2013.Selon leurs calculs, l’instauration d’un prixunique du livre, causerait la diminution des ventesde livres québécois de 17 %, en plus de réduire ladiversité des titres disponibles (IDEM, 7 février2013). La crédibilité de leurs résultats est fortementminée par leurs hypothèses de travail : supposerque les librairies offrent en moyenne 20 % derabais sur le prix suggéré, témoigne d’une

4. Depuis l’abolition du Net Book Agreement, 25 % des librairiesanglaises ont fermé. Le coût moyen des livres a augmenté de 49,6 %alors que le coût général de la vie progressait deux fois moins vite.En Europe continentale, le maintient de mesures de protection astabilisé le prix moyen du livre (Nadeau, 8 décembre 2012).

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mauvaise connaissance du milieu où lescommerçants n’offrent pratiquement aucun rabais(ANEL, 7 février 2013).

Alain Dubuc, chroniqueur à La Presse,s’oppose également à cette législation. Il précise« qu’une bonne façon d’encourager la lecture, c’estde s’assurer que le livre rejoigne les gens, qu’il soitaccessible là où ils sont, y compris dans les Costcode ce monde » (Dubuc, 3 décembre 2012). À sonavis, les politiques culturelles doivent favoriser lesutilisateurs et les créateurs de l’activité culturelle,plutôt que de soutenir un réseau de distribution.

Il rappelle que les ventes des grandes surfacesne sont pas colossales. En 2012, ellesreprésentaient 10,8 % des ventes,comparativement à 65 % pour les librairies, commele montre la figure 3. Il rajoute que, si les patronsde Hachette et de Gallimard appuient l’idée duprix réglementé au Québec, ce n’est pas paraffection pour les libraires d’ici, mais pour ne pasêtre obligés de consentir des ristournes aux grosacheteurs (Dubuc, 3 décembre 2012).

Figure 3 – Répartition des ventes finales delivres neufs selon la catégorie de points de vente,

Québec, 2012

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En réglementant le prix du livre, les acteurs de la chaîne désirent préserver une multiplicité de détaillants et éviter la création d’un oligopole, un marché où il y aurait peu de joueurs et que ceux-ci viennent de l’étranger, ce qui nuirait à la circulation des œuvres québécoises.

Le problème du prix du livre se pose de manièreencore plus aiguë dans le secteur du numérique,notamment parce que les impacts ont une portéebeaucoup plus durable dans le temps. Leconsommateur qui achète un Kindle n’achète passeulement une liseuse, mais probablement 90 %des livres qu’il achètera dans les prochainesannées. Pour ces raisons, Clément Laberge estpersuadé que le prix réglementé est indispensablepour le livre numérique, un moyen légitime etnécessaire pour encadrer les pratiques sur les prix.Il s’explique :

En numérique, les rapports de force sont encoreplus inégaux que dans le papier. Les gens quitrouvent que le jeu est injuste entre la librairie

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Monet, Renaud-Bray, Costco ou Walmart n’ontrien vu. On parle de la force de frappe d’Amazon,d’Apple, de Kobo : on n’est même pas dans lamême ligue ! Si on laisse Amazon libre de fixer lesprix, c’est la fin. Autant ne pas essayer d’aider leslibraires à vendre des livres numériques, c’est peineperdue. Il faut se rappeler qu’Amazon a vendu seslivres numériques à perte pendant des années pourvendre le Kindle. C’était une stratégie de prise demarché incroyablement puissante. Il n’y a aucunjoueur québécois qui peut jouer ce jeu. Si on ne sedémène pas pour trouver une manière d’encadrerles pratiques de prix sur le livre, on ne peut pas yarriver.

Même si tous les acteurs plaident pour laréglementation du prix, le livre numérique estprotégé, pour le moment en tout cas, par les typesde contrats qui sont en place. Dans ces contrats demandat ou d’agence, le prix de vente est déterminépar l’éditeur et ils incluent une clause indiquantque les prix sont les mêmes chez tous lesdétaillants, contrairement aux contrats derevendeurs comme ceux d’Amazon5. ChristianLiboiron estime qu’actuellement 95 % des contrats

5. Pour plus de détails, lire Qui fixe les prix des ebooks ? de StéphanieMichaud publié dans Lettres numériques.

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signés au Québec sont des contrats d’agence6.Ainsi, c’est une forme d’imposition du prix uniqueofficieuse. Bianca Drapeau abonde dans le mêmesens, en précisant toutefois que les éditeurs, unefois le contrat signé, n’ont pas de pouvoir sur lesrabais ou les promotions que les revendeurspourront faire, ce qui peut engendrer dessituations délicates.

6. Selon Christian Liboiron, la proportion de contrats-agence varieentre 50-50 ou 40-60 au Canada-anglais.

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conclusion : unmodèle à revoir

et unecohabitation à

prévoir

La mLa mododernisaernisatition don du mu mododèèlle qe quéuébécoisbécoisLa Loi 51 a eu les résultats structurants

escomptés : elle a présidé à la création et ausoutien d’une industrie du livre dynamique quioffre aux lecteurs québécois une diversité de titresen langue française publiés ici comme à l’étranger,et ce, sur l’ensemble du territoire. La filière du livreemploie actuellement plus de 12 000 personnes auQuébec et génère un chiffre d’affaires annuel deprès de 800 M $. Plus de 4 500 titres sont publiéschaque année, qui s’accaparent 42 % des ventesfinales (ADELF, 2012 : 1).

L’État est présent à toutes les étapes de lachaîne : soutien aux tournées de promotion et auxsalons du livre, subventions à l’édition et à

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l’exportation, crédits d’impôts, budgets pourl’achat de livres auprès des écoles et desbibliothèques, etc. Ce n’est pas un hasard; lavolonté du gouvernement au moment de créer laLoi 51 était de ne pas laisser son industrie nationaledu livre aux seules forces du marché (ADELF,2012 : 5).

À la lumière des entretiens menés, la coalitiondes acteurs et leur soutien à la chaîne du livre sontfrappants, à l’exception des nouveaux joueurs.

En ce sens, la chaîne du livre correspondprécisément au modèle de développement desindustries culturelles québécoises, telles quedéfinies par Michel de la Durantaye, soit une« gouvernance par consultation […] basée sur laconcertation et la participation de tous les acteurssocioéconomiques à la formulation et à la mise enœuvre de stratégies de développement desindustries culturelles » (Martin, de la Durantaye,Lemieux et Luckerhoff, 2012 : 423).

Comme le détaille de la Durantaye, ce modèlepermet de mobiliser les ressources privées etpubliques autour de projets communs ou d’intérêtstratégique pour l’ensemble des joueurs, deprotéger la diversité du marché et de partageréquitablement les risques et la gouvernance.

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Impliquant une alliance des pouvoirs publics etprivés, ce modèle repose sur la reconnaissance dela légitimité de l’intervention publique (Martin, dela Durantaye, Lemieux et Luckerhoff, 2012 :425-426).

Même si ce modèle est pratiquement absentdans le discours des intervenants, il n’en constituepas moins l’un des principaux facteurs du succèsde l’industrie. Les institutions et la génération quil’ont créé, il y a 35 ans, ont changé et le rôle del’État a évolué. La globalisation des marchés et larévolution numérique ont égalementconsidérablement changé le visage de l’industrie.Pour éviter que les excès du marché ne tuent pasla diversité, il serait donc légitime « que les Étatsnationaux aident leur production nationale pardes différentes mesures réglementaires,financières ou fiscales. » (de la Durantaye, 2012 :308). Dans le contexte actuel de la reconfigurationde la chaîne de valeur québécoise, le rôle de l’Étatserait de maintenir un environnement favorableau développement culturel contre la puissance desconglomérats, en protégeant la diversité dumarché et en sauvegardant les joueursindépendants (Lemieux, Luckerhoff et Paré, 2012 :27).

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Dans Enjeux des industries culturelles, leschercheurs rappellent que les petites sociétéscomme la nôtre doivent mobiliser leursinstitutions pour les protéger contrel’homogénéisation des cultures par lesmultinationales et qu’il faudra « s’en souvenir enbonifiant le modèle de gouvernance des industriesculturelles du Québec » (Lemieux, Luckerhoff etParé, 2012 : 27).

Ce modèle rencontre maintenant des limites etil serait temps de le moderniser. Mais comment ?Afin de s’adapter et survivre, il serait bond’envisager de « faire plus de place àl’investissement privé pour permettre de générerplus de profits qui vont permettre à l’État d’êtreplus complémentaire » (de la Durantaye, 2012 :299). On a d’ailleurs pu constater quelquesinitiatives heureuses dans cette direction. Lacréation de l’entrepôt numérique et de laplateforme PRETNUMERIQUE.CA en sontd’excellents exemples, où l’entreprise privéeinvestit tout en respectant les paramètres collectifset génère des profits afin de récupérer soninvestissement et croître.

Pour contrer la taille modeste de la population,qui constitue une fragilité structurelle, il faut

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songer à développer de nouveaux marchés, denouvelles perspectives de diffusion et depromotion de la production québécoise. Leséditeurs ont commencé à exploiter avec succèscette voie grâce à des partenariats entre l’ANEL, laSODEC et Québec Édition. Selon l’OCCQ, entre2002 et 2007, le taux de croissance annuelle desventes des éditeurs à l’extérieur du Québec est de16,6 %. Les ventes hors Québec sont passées de46,3 M$ en 2002 à 73,9 M$ en 2007, un taux decroissance annuel moyen de 9,8 % (de laDurantaye, 2012 : 303).

L’État doit prendre en considération que lesystème est plus concurrentiel au planinternational et qu’il est aussi tourné versl’exportation de produits et services culturelsquébécois à l’étranger. Pour l’État, la façon degérer les risques pourrait être de protéger et desoutenir les preneurs de risques en cultures et lescréateurs, par exemple Québec Édition et lesexportations. (Martin, de la Durantaye, Lemieuxet Luckerhoff, 2012 : 429)

Finalement, la formation des publics est uneautre question importante. Pour l’instant, unelogique axée sur l’offre semble dominer, mais lesintervenants sont sensibles à cette question : tant

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les libraires que les éditeurs ou les distributeursont mentionné l’importance de développer unpublic-lecteur dans un monde où ledivertissement se fait toujours plus attrayant. À cetitre, la bibliothèque aura un rôle à jouer de plusen plus important.

Les chercheurs d’Enjeux des industries culturellesau Québec rappellent que depuis les années 1980,la bibliothèque publique a contribué à la chaînedu livre québécois. Elle est maintenant appelée àjouer un rôle de mobilisation des connaissancesdans toute la société québécoise, rôle toujoursplus important, notamment pour compenser pournotre petite taille et pour nos moyens modestes(Martin, de la Durantaye, Lemieux et Luckerhoff,2012 : 429). À cet égard, Francis Farley-Chevrierpropose une réflexion intéressante :

Le succès du livre numérique pourrait très bienpasser par la bibliothèque. […] En musique, iTunesa connu du succès parce que les gens achètentbeaucoup de musique. Pourquoi les gens achètent-ils? Pour réécouter la musique et c’estfondamental. Les livres que l’on relit sont rares,alors la bibliothèque jouera un rôle essentiel.

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Pourquoi acheter et laisser des tonnes de donnéesinutilisées sur un disque dur?

UnUne coe cohahabibitatatition à préon à prévvoioir er et à réglt à réglememenenterterL’arrivée du livre numérique a déjà commencé

à bouleverser le monde de l’édition au Québec. Leslivres imprimés ne disparaîtront assurément pas,mais nous pouvons prévoir que les ventes de livresnumériques augmenteront de manière graduelleet constante. Si les prédictions s’avèrent juste,elles pourraient représenter 15 à 20 % du marchéen 2015. Il faudra donc prévoir la cohabitation desdeux formats. Sans avoir l’ampleur de latransformation états-unienne, cette mutationobligera chacun des acteurs de la filière à revoirson rôle et ses pratiques au risque de disparaître. Sicertains sont déjà avancés dans le développementde leur profession, d’autres risquent d’être happéspar la vague de changement, faute de préparation.

L’arrivée de cette nouvelle technologie avec sesacteurs internationaux met en lumière la structuremême de l’industrie : une filière constituéeprincipalement de petits acteurs structurée à partirde la Loi 51 et qui profite des différentes politiquessur le livre et la lecture. Une grande solidaritéexiste entre tous les maillons de la chaîne,

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solidarité qui a donné lieu notamment à lacréation d’un entrepôt numérique et d’uneplateforme couplée d’une entente pour le prêtnumérique qui s’exportent même à l’étranger. Encontrepartie, le milieu du livre est grandementtributaire des actions de l’État pour faire face auxchangements et pour se développer. Ses joueurssont peu habitués à une logique purementmarchande et tout ce qui concerne la recherche etl’innovation doit impérativement être soutenu pardes subventions gouvernementales.

Il m’apparaît donc que les membres de la filièredevront agir collectivement pour s’assurer que lalégislation évolue en leur faveur et pour se doterd’outils adéquats pour maintenir l’industrie, quece soit par des normes communes, des contrats-types, des accords sur le prix ou des outilsd’information et de statistiques, etc. À l’instar dela création de l’entrepôt numérique, qui a permisde conserver le contrôle sur la distribution, lesacteurs québécois du livre doivent se donner lesmoyens de jouer avec les acteurs mondiaux.

Les différents maillons de la chaîne devrontégalement innover à petite, moyenne et à grandeéchelle, sans attendre le secours des subventions,car les barrières à l’entrée qui protégeaient leur

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écosystème n’existent plus. De nouveaux acteurs,indifférents à la protection de la filière, avec denouvelles manières de produire, avec, danscertains cas, des moyens financiers ahurissants,verront le jour et viendront bouleverser leshabitudes. Il faudra repenser les moyens deproduction et les types de produits pour y incluredes livres courts, à petits prix, des feuilletons enligne, des outils d’auto-publication, du paiement àla page, etc. Autrement, le marché se verra inondéde livres étrangers, de romans à 2,99 $ ou de clubde lectures en ligne et risquera de perdre unepartie de son lectorat.

De plus, la filière du livre devra mettre lapromotion au cœur de ses actions : faire connaîtreses bons coups, diffuser son offre numériquegrandissante, s’assurer que les livres soienttrouvables partout et qu’ils trouvent leurslecteurs. Le livre numérique n’ayant qu’uneexistence virtuelle et non physique, la manière dele promouvoir changera drastiquement. Il s’agitd’entrer dans une logique de « trouvabilité »(discoverability) et de développer une structure dedonnées et de diffusion qui permettront auxlecteurs francophones, où qu’ils soient, de trouveraisément les livres québécois.

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En se dotant de règles et de normes claires,l’industrie pourra s’engager plus efficacement etdurablement dans une logique marchande, tout ense donnant les moyens d’assurer la présence de cebien culturel qu’est le livre.

Il en va de la survie et du développement d’uneindustrie et de ses emplois.

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annexe 1 - listedes entrevues

FFrraanncis Fcis Faarrlleyey-C-Chevrierhevrier

• Secteur d’activités : Écrivains• Directeur de l’Union des écrivaines et des

écrivains québécois (UNEQ)• Entrevue réalisée le 9 mai 2013

BiaBianncca Dra Drapeaapeauu

• Secteur d’activités : Édition universitaire– ANEL

• Directrice, édition numérique etnouvelles technologies aux Presses del’Université du Québec

• Vice-présidente de l’Associationnationale des éditeurs de livres (ANEL)

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• Présidente (CA) de la Société de gestionBTLF

• Membre du comité Édition de livresSODEC – Porte grande ouverte sur lenumérique

• Entrevue réalisée le 20 février 2013

Note : Bianca Drapeau était Directrice de l’éditionnumérique et des nouvelles technologies auPresses de l’Université du Québec (PUQ) aumoment de l’entrevue. Depuis mai 2013, elle estChef du marketing et des communications chezDe Marque.

HHugugh McGuirh McGuiree

• Secteur d’activités : Logiciel depublication en ligne et auteur

• Fondateur de PressBooks, LibriVox etiambik audio

• Co-éditeur avec Brian O’Leary de Book:A Futurist’s Manifesto (O’Reilly)

• Entrevue réalisée le 4 juin 2013

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SerSergge Te Thérhérouxoux

• Secteur d’activités : Diffusion-Distribution, Partenaire pour la créationde l’entrepôt numérique

• Directeur de Diffusion Dimedia• Membre du comité Édition de livres

SODEC – Porte grande ouverte sur lenumérique

• Entrevue réalisée le 18 février 2013

BenBenooît Pît Prieurieurr

• Secteur d’activités : Diffusion-Distribution

• Directeur général de l’Association desdistributeurs exclusifs de livres en languefrançaise (ADELF)

• Entrevue téléphonique réalisée le 12octobre 2012

CCllémément Laberent Laberggee

• Secteur d’activités : Entrepôt numérique

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• Vice Président Services d’éditionnumérique chez De Marque

• Membre du comité ANEL – Technologie• Membre du comité Édition de livres

SODEC – Porte grande ouverte sur lenumérique

• Entrevue réalisée le 18 février 2013

CChhristiaristian Libon Liboiriroonn

• Secteur d’activités : Liseuse et librairie enligne

• Responsable des Relations éditeurs etSpécialiste du contenu chez Kobo

• Entrevue réalisée le 3 mai 2013

KKatatherinherine Fe Fafafaarrdd etet GGeneneviève Berniereviève Bernier

• Secteur d’activités : Librairie• Katherine Fafard :Directrice générale de

l’Association des libraires du Québec(ALQ)

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• Geneviève Bernier : Spécialiste de laformation et du dossier Livresnumériques à l’ALQ

• Entrevue réalisée le 10 mai 2013

DDoominiquminique Lemieuxe Lemieux

• Secteur d’activités : Librairie• Directeur général des Librairies

indépendantes du Québec (LIQ)• Entrevue réalisée le 22 mai 2013

JJeaeann-F-Frraannççoois Cusis Cusssoonn

• Secteur d’activités : Bibliothèque –PRENUMERIQUE.CA

• Chargé de projet PRENUMERIQUE.CAà BIBLIOPRESTO.CA

• Entrevue réalisée le 3 avril 2013

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annexe 2 - offreen français

PPrinrincipacipaux situx sitees os offrffraant dnt dees livrs livrees ns nuummériquériquees ens enfrfraannççaisais

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annexe 3 -historique

HHististooriqurique et re et rééperpercuscussiosions dns de le l’’aarrivée drrivée du livru livreennuummériquériquee

Après l’industrie de la musique, c’est vers l’éditionde livres que se tourne maintenant l’attention,surtout depuis la multiplication sur le marché, aucours des quatre ou cinq dernières années,d’appareils numériques de lecture de plus en plusabordables et ergonomiques.

Même si le marché du livre semble mieuxrésister à la montée du numérique, le marché dulivre numérique donne des signes réels decroissance, notamment aux États-Unis, où lesventes de livres numériques ont augmenté de162,9%, au cours du premier trimestre de 2011,pour atteindre 313 millions de dollars (USD), alorsque les ventes du livre papier ont diminué de18,7%1. Selon les experts de ce marché, le livre

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numérique pourrait représenter de 15 à 25% dumarché mondial du livre en 2015. En comparaison,le marché du livre numérique au Québec resteencore modeste (moins de 2%), alors qu’on aassisté à un certain essoufflement de la croissancedes ventes de livres au cours des dernières années.

SourceSource :: Boucher, Catherine, Harold Gendronet Martin Lessard (2011). Porte grande ouverte sur lenumérique. Rapport sur la consultation Optionculture, virage numérique, Montréal, Société de

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annexe 4 -professionlittéraire

DDoonnnnéeées cs coonnccernaernant lnt lees cs coonnditioditions dns de pe prratiquatique de de lae lapprrooffeesssiosion littn littérérairaire ae au Quu Quéébecbec,, eextrxtraitaits ds de le l’’EEnqunquêtêtee

aaupuprrèès ds dees écrivains ds écrivains du Quu Quéébecbec, 20, 201100

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annexe 5 - ventede livres neufs

DDoonnnnéeées cs coonnccernaernant la ventnt la vente de de livre livrees ns neufeufs as auuQuQuéébecbec

dde 2008 à 20e 2008 à 201122

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annexe 6 - coûtsen librairie

StruStructucturre de de la me la moyoyenennne de dees cs coûtoûts ds de quatre quatre libe librrairieairiessagragrééeééess

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