20
T oute société démocratique a des fondements sociaux collectifs qui reposent sur la citoyenneté et la solidarité entre citoyens. En premier lieu, une so- lidarité intergénérationnelle : un développement social dans la durée assurée par une couverture sociale obligatoire et généralisée de l’éducation, de la santé et des servies sociaux par exemple ; une solidarité entre les différents groupes de la société qui favorise la résolution des conflits par la né- gociation sur la base du droit communément admis par tous ; une solidarité des territoires par le développement de services pu- blics et collectifs dans toutes les communautés (équité territo- riale). Comment cette réalité se traduit-elle concrètement ? L’impôt, la base de notre citoyenneté Au point de départ, la démocratie repose sur une philosophie poli- tique qui donne à l’impôt le fon- dement premier de la citoyen- neté. En d’autres termes, une fiscalité obtenue sur un finance- ment librement consenti des ci- toyens d’un même pays, un impôt qui est le prix que nous payons pour avoir collectivement des en- seignants, des infirmières et des travailleurs sociaux, des routes, de l’électricité à moindre coût, une collecte sélective des déchets, des espaces aménagés pour les loisirs, des mesures en faveur de l’emploi des jeunes, en faveur de l’habitat coopératif et communau- taire… Réalité oubliée ou perdue de vue ? N’empêche : si l’impôt est le prix que l’on paie comme citoyens pour avoir des services collectifs, cet impôt est la première expres- sion forte de la citoyenneté et de la démocratie. Pourquoi? Parce que l’argent des impôts sert à financer des services publics accessibles à tous, favorise une certaine redistri- bution de la richesse et agit sur l’économie et l’emploi, le dévelop- pement de nos communautés…. La force de ce lien entre citoyen- neté et impôt est le point de jonc- tion de la redistribution de la richesse et de la démocratie (li- berté, égalité, fraternité). C’est là toute la base des relations entre l’économie et nos institutions dé- mocratiques. suite à la page 3 Initiatives citoyennes, démocratie et développement local au Québec Par Louis Favreau, [email protected] Dossier réalisé sous la coordination conjointe de Louis Favreau, Yvon Leclerc, Paul Gauthier et Gervais Nadeau Vol 1 no 2 septembre / octobre 2008 Page 6 «Le mouvement coopératif, une vitalité démocratique un renouveau qui ne se démentent pas » Denis Richard, Président, Conseil québécois de la coopération et de la mutualité Page 4 et 5 « Donnez un sens à l’investissement » Claude Carbonneau Vice-président Investissement Québec 7 Angus ou la mobilisation citoyenne Par Yvon Leclerc 8 Entretien avec Laure Waridel Par Gervais Nadeau 9 La concertation, piège ou levier Par Louis Favreau 14 Le support à l’action bénévole, Par Paul Gauthier 15 Bilan des CLD, Par Yvon Leclerc AUTRES ARTICLES DE CE DOSSIER LE JOURNAL DES DÉCIDEURS DU DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE ET RÉGIONAL AU QUÉBEC

Initiatives citoyennes, démocratie et développement …w4.uqo.ca/crcoc/Fichiers/articles/Reseaux_regulier_V...Nathalie Gagnon 418 658-1530 MONTAGE Michel Rousseau concepteur infographiste

  • Upload
    others

  • View
    2

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: Initiatives citoyennes, démocratie et développement …w4.uqo.ca/crcoc/Fichiers/articles/Reseaux_regulier_V...Nathalie Gagnon 418 658-1530 MONTAGE Michel Rousseau concepteur infographiste

T oute société démocratiquea des fondements sociauxcollectifs qui reposent sur la

citoyenneté et la solidarité entrecitoyens. En premier lieu, une so-lidarité intergénérationnelle : undéveloppement social dans ladurée assurée par une couverturesociale obligatoire et généraliséede l’éducation, de la santé et desservies sociaux par exemple ; unesolidarité entre les différentsgroupes de la société qui favorisela résolution des conflits par la né-gociation sur la base du droitcommunément admis par tous ;une solidarité des territoires par ledéveloppement de services pu-blics et collectifs dans toutes lescommunautés (équité territo-riale). Comment cette réalité setraduit-elle concrètement ?

LL’’iimmppôôtt,, llaa bbaassee ddeennoottrree cciittooyyeennnneettééAu point de départ, la démocratierepose sur une philosophie poli-

tique qui donne à l’impôt le fon-dement premier de la citoyen-neté. En d’autres termes, unefiscalité obtenue sur un finance-ment librement consenti des ci-toyens d’un même pays, un impôtqui est le prix que nous payonspour avoir collectivement des en-seignants, des infirmières et destravailleurs sociaux, des routes,de l’électricité à moindre coût,une collecte sélective des déchets,des espaces aménagés pour lesloisirs, des mesures en faveur del’emploi des jeunes, en faveur del’habitat coopératif et communau-taire… Réalité oubliée ou perduede vue ?

N’empêche : si l’impôt est le prixque l’on paie comme citoyenspour avoir des services collectifs,cet impôt est la première expres-sion forte de la citoyenneté et de ladémocratie. Pourquoi? Parce quel’argent des impôts sert à financerdes services publics accessibles àtous, favorise une certaine redistri-

bution de la richesse et agit surl’économie et l’emploi, le dévelop-pement de nos communautés….La force de ce lien entre citoyen-neté et impôt est llee ppooiinntt ddee jjoonncc--ttiioonn ddee llaa rreeddiissttrriibbuuttiioonn ddee llaarriicchheessssee eett ddee llaa ddéémmooccrraattiiee (li-berté, égalité, fraternité). C’est làtoute la base des relations entrel’économie et nos institutions dé-mocratiques. suite à la page 3

Initiatives citoyennes, démocratie et développementlocal au Québec PPaarr LLoouuiiss FFaavvrreeaauu,, [email protected]

Dossier réalisé sous la coordination conjointe de Louis Favreau, Yvon Leclerc, Paul Gauthier et Gervais Nadeau

Vol 1 no 2 septembre / octobre 2008

Page 6«Le mouvement coopératif, une vitalité démocratique un renouveau qui ne se démentent pas »Denis Richard,Président, Conseil québécois de la coopération et de la mutualité

Page 4 et 5« Donnez un sens

à l’investissement » Claude Carbonneau

Vice-président Investissement Québec

7 Angus ou la mobilisation citoyennePar Yvon Leclerc

8 Entretien avec Laure WaridelPar Gervais Nadeau

9 La concertation, piège ou levier Par Louis Favreau

14 Le support à l’action bénévole,Par Paul Gauthier

15 Bilan des CLD,Par Yvon Leclerc

AAUUTTRREESS AARRTTIICCLLEESS DDEE CCEE DDOOSSSSIIEERR

LE JOURNAL DES DÉCIDEURS DU DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE ET RÉGIONAL AU QUÉBEC

Page 2: Initiatives citoyennes, démocratie et développement …w4.uqo.ca/crcoc/Fichiers/articles/Reseaux_regulier_V...Nathalie Gagnon 418 658-1530 MONTAGE Michel Rousseau concepteur infographiste

En ce début d’année scolaire,nous avons besoin des élusscolaires, des gestion-

naires, des directions d’établisse-ment, du Personnel, des parents,des bénévoles et des partenairessocioéconomiques pour contri-buer à la réussite de nos jeunes.Nous savons bien qu’il est plusfacile de critiquer un match quede sauter sur la patinoire. Maisnous ne pouvons plus nouspayer le luxe de la critique ou del’indifférence tout court. Nousavons besoin de tous nos joueurset nos joueuses. L’heure estmaintenant à l’action. Nous com -ptons sur chaque personne detoutes les générations parce quel’avenir de notre société en dépend.

Il faut aussi faire appel à nosjeunes afin qu’ilsvalorisent laréussite et l’effort et qu’ils agis-sent comme leaders positifs etinspirants auprès de leurs pairs.Il nous faut également pouvoircompter sur l’engagement detoutes les forces vives de la so-ciété pour soutenir nos jeunes, etce, tant sur le plan éducatif quesocial, économique et culturel.Plusieurs milieux ont développédes actions en concertation quiont donné des résultats très en-courageants et motivants. Il esturgent de s’en inspirer!

Nous avons un système publicd’enseignement parmi les meil-leurs au monde, il est donc es-sentiel que nous en soyons fierset que nous lui accordions le cré-dit qu’il mérite. Il n’y a pas queles élèves qui aient besoin d’en-couragement pour réussir! Lespersonnes qui travaillent au quo-tidien auprès des élèves ontaussi besoin d’encouragementpour les aider à réussir.

Mais comment y parvenir? Jevous propose aujourd’hui de re-mettre l’éducation au premierrang de nos priorités, car elle estla pierre d’assise de la force denotre société et de sa cohérence.Je lance un appel aux parents, aumilieu des affaires et aux médias

pour qu’ils valorisent le mondede l’éducation et ceux qui travail-lent en première ligne pour laréussite des élèves. Tous et toutesdoivent retenir les bonnes nou-velles diffusées au sujet del’école publique, pas juste lesmauvaises.

Il faut le rappeler : les jeunes n’ar-rivent pas tous à l’école avec lemême bagage dans leur sac àdos… Ils vivent parfois des pro-blèmes familiaux ou sociaux quisont loin de leur capacité à ré-soudre un problème mathéma-tique ou à accorder un participepassé avec l’auxiliaire avoir.Même en déployant des trésorsde compétence et d’engagement,les intervenants scolaires ne peu-vent à eux seuls faire réussir tousces jeunes. Il faut que leur réus-site et surtout que la persévé-rance scolaire deviennent unepriorité pour l’ensemble de notresociété.

Bien sûr, tout n’est pas parfait. Lapersévérance scolaire, entre au-tres, reste un défi de tous les ins-tants. Il est essentiel que tous nosjeunes puissent acquérir minima-lement une formation de base etune première qualification quileur permettent de se réaliser, detravailler, de rêver, d’occuper uneplace constructive dans notre so-ciété et de contribuer à la rendreplus forte. C’est là une prioritédes commissions scolaires. Car,au-delà des réalisations person-nelles et professionnelles, il y aaussi les défis que nous devonsrelever collectivement. Dans lematch qui se joue actuellementau niveau mondial, nous avonsbesoin de tous nos joueurs pourrester dans le peloton deséquipes gagnantes. Nous ne pou-vons pas nous permettre d’enlaisser au vestiaire.

L’ Éducation, un effort collectif

Par André Caron, présidentFédération des commissions scolaires du Québec

Réseaux • septembre, octobre 20082

• SACO (Service d’assistance canadienne aux organisations)tiendra sa 41e assemblée géné-rale annuelle les 12 et 13 sep-tembre prochain à l’hôtel Hiltonde Québec. Le nouveau prési-dent, monsieur Don Johnston etle directeur du bureau du Qué-bec de SACO, monsieur Apolli-naire Ihaza accueilleront lesmembres et les conseillers vo-lontaires qui travaillent avec lesautochtones et les pays en émer-gence.

• De son côté, La Fondation RuesPrincipales invite les élus muni-cipaux et les professionnels dudéveloppement local et de l’amé- nagement du territoire à son 21e

colloque annuel qui se tiendra authéâtre Capitole, le 24 septembreprochain. Le thème du colloque :« Misez sur sa culture » À noterque misez sur sa culture n’estpas la même chose que de misezsur la culture. Toute une diffé-rence.

• À l’Université du Québec en Ou-taouais, à Gatineau, les 24 et 25septembre, se tiendra une grandeconférence internationale où plusde 40 conférenciers dont la moitiéen provenance des pays du Suds’adresseront à plus de 300 partici-pants. Pour en savoir plus, le cahierspécial de ce numéro du journalest consacré à cet important évé-nement.

• La Fédération québécoise des mu-nicipalités tiendra son congrès an-nuel les 25, 26 et 27 septembre auPalais des congrès, à Québec sousle thème Occuper le territoire, unedynamique de concertation.

• Le 16 septembre se tiendra le pre-mier rassemblement annuel del’ARUC Développement des terri-toires et coopération. Cette ren-contre sera l’occasion de faire lebilan de la première année d’acti-vité de l’ARUC et de planifier les ac-tivités de la prochaine année.Invitation aux membres.

Le babillard des RéseauxCette chronique est consacrée aux activités des réseaux. Annoncez vous : [email protected]

ÉDITEURCoopérative d’édition RÉSEAUXJacques Lemieux, président979, avenue de Bourgogne, bureau 530Québec (Québec) G1W 2L4418 658-1530

COMITÉ DE RÉDACTION

COMITÉ RÉDACTIONNELYvon Leclerc, rédacteur en chefLouis Favreau, rédacteur en chef adjointPaul GauthierGervais NadeauRina Marchand

COLLABORATEUR Jean Lepage

COMMUNICATIONSChristine Pilote 418 658-1530

IMPRESSIONLes Presses du Fleuve inc.100, avenue de la Cour,Montmagny, (Québec) G5V 2V9

PUBLICITÉGeneviève Leclerc418 614-6614

ADMINISTRATIONCOMPTABILITÉRéseau des SADC du QuébecNathalie Gagnon 418 658-1530

MONTAGEMichel Rousseauconcepteur [email protected]

ABONNEMENTJournal RéseauxTél. : 418 614-1846www.journal-reseaux.caTarif d’abonnement12 numéros (2 ans) : 39,95 $

Envoi de Poste-publications

4165 0014Retourner toute correspondance ne pou-vant être livrée au Canada à :

Coopérative d’édition RÉSEAUX

Dépôt légalBibliothèque nationale du Québec 2006

LE JOURNAL DES DÉCIDEURS DU DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE ET RÉGIONAL

Page 3: Initiatives citoyennes, démocratie et développement …w4.uqo.ca/crcoc/Fichiers/articles/Reseaux_regulier_V...Nathalie Gagnon 418 658-1530 MONTAGE Michel Rousseau concepteur infographiste

Sans institutions et mouvementsdémocratiques, l’économie estlaissée à elle-même et la crois-sance considérée comme sourceautomatique de progrès social etculturel (pensée néolibérale). Ladémocratie fonctionne autrement :elle s’appuie en premier lieu sur lesélus qui nous représentent, les dé-bats à l’Assemblée nationale, lesCommissions sur l’agriculture, surla santé, sur plein de dossierschauds. Puis il y a les gouverne-ments locaux qui cherchent à setailler une place par rapport auxgouvernements centraux. Mais ladémocratie n’est pas que repré-sentative. EEllllee eesstt aauussssii ffaaiittee ddeemmiilllliieerrss dd’’aassssoocciiaattiioonnss ddee ttoouutteessssoorrtteess :: des centres de loisirs com-munautaires de quartier, des coo-pératives, des syndicats, desorganisations qui soutiennent ledéveloppement socioéconomiquede leur communauté, des organi-sations de coopération internatio-nale, des groupes de femmes, desréseaux de jeunes, des organisa-tions de producteurs agricoles….

LLeess aassssoocciiaattiioonnss cciittooyyeennnneess :: uunnee aauuttrree ffaa--cceettttee ddee llaa ddéémmooccrraattiiee Du mouvement des droits civiquesaux Etats-Unis avec Martin LutherKing en passant par Saul Alinskyqui fait de l’organisation commu-nautaire dans les quartiers popu-laires de Chicago et Cesar Chavezqui organise en syndicats les tra-vailleurs agricoles des États duSud, toute une tradition démocra-tique d’associations citoyenness’est bâtie dans les années 60-70sur la revendication de droits so-ciaux. Puis, dans les années 80 et90, c’est le développement d’alter-natives socioéconomiques dansles communautés qui prend les de-vants de la scène : mise sur pied decoopératives, soutien à la petiteentreprise locale, développementéconomique local…

Au Québec, nous ne sommes pasétrangers à cette tendance puisquedes Opérations dignité traduisaienten région la protestation des com-munautés rurales pendant que lescomités de citoyens traduisaientcelles des quartiers urbains deQuébec, Montréal, Sherbrooke ouTrois-Rivières. Et par la suite descoopératives de développementrégional (CDR), des SADC, des

CDÉC et finalement des CLD sontnés traduisant la nécessité de nepas uniquement résister ou contes-ter mais aussi de construire dèsmaintenant des alternatives, pren-dre en charge la relance de noscommunautés...Bref ne pas misersur le «tout à l’État», encore moinssur le «tout au marché». C’est Boi-saco sur la Côte-Nord ou la SociétéAngus dans Rosemeont/Hoche-laga-Maisonneuve. Sans oublierl’agriculture au service de la com-munautés (ASC) et le commerceéquitable initiés par le mouvementde la consommation responsable.Autant d’initiatives qui démontrentque la démocratie ne se résumepas aux élections à tous les quatreans. La démocratie est aussi asso-ciative, faite de ces milliers degroupes, réseaux, organisations.Toute société qui n’a pas de «so-ciété civile» forte s’expose à deve-nir rapidement gouvernée par unrégime autoritaire : la majorité desrégimes politiques de la planète enfont la démonstration.

LLaa ddéémmooccrraattiiee,, cc’’eessttaauussssii llaa ddéélliibbéérraattiioonnDe plus, en démocratie, la délibé-ration mobilise des énergies ci-toyennes dans des espaces dedialogue multi-acteurs où l’asso-ciatif, le public et le privé se cô-toient au sein d’institutions quirelèvent de l’État québécois : c’étaitle cas des Conseils régionaux dedéveloppement. Est-ce encore lecas avec les Conférences régio-nales d’élus ? C’était le cas avecl’arrivée des CLSC. Est-ce encore lecas avec les CSSS. D’où le diag-nostic de plusieurs : ces dispositifsont été créés par le pouvoir, les ci-toyens n’y ont qu’un pouvoirconsultatif. Il n’empêche : c’estaussi une zone d’influence degroupes de citoyens qui sont desgroupes d’intérêt public.

Nous sommes donc allés interro-ger des intervenants évoluant surses terrains et des chercheurs tra-vaillant sur ces questions. En sou-haitant que ce dossier fasseprogresser un peu plus le débat surla participation citoyenne et sa liai-son avec le développement descommunautés et la démocratie auplan local et régional.

Réseaux • septembre, octobre 2008 3

FODEX, un fonds decapital de risque créé parle Fonds de solidaritéFTQ, a pour mission definancer l'exportation deproduits et de servicesainsi que la réalisationde projets internationauxqui engendreront desretombées économiquesau Québec. Si vous avezbesoin d’un levier pourpropulser votre entre-prise vers de nouveauxhorizons, on devrait separler.

Gaétan MorinPremier vice-président

aux investissements

www.25ansfondsftq.com

Un partenaire potentiel pour mieuxexporter ? Le projet est sérieux ? Nelaissez pas le manque de financementvous arrêter…

Quand est-ce qu’on se rencontre ?

On investit. On s’investit.

Initiatives citoyennes, démocratie et développement local au Québec suite de la page 1

Page 4: Initiatives citoyennes, démocratie et développement …w4.uqo.ca/crcoc/Fichiers/articles/Reseaux_regulier_V...Nathalie Gagnon 418 658-1530 MONTAGE Michel Rousseau concepteur infographiste

C laude Carbonneau est impliquédans le développement des en-treprises des entreprises

collectives depuis près de 30 ans, dont25 directement reliés au financementde ce type d’entreprises. Au cours deces années, il a été successivement àl’emploi de la Société de développe-ment des coopératives, de la Sociétéde développement industriel et du mi-nistère du Conseil exécutif où il faisaitpartie d’une équipe qui assurait lesuivi du Sommet sur l’économie etl’emploi pour tout ce qui concerne lesdossiers relatifs à l’économie sociale.Il est aujourd’hui vice-président auxcoopératives et autres entreprisesd’économie sociale à InvestissementQuébec. À ce titre, il est responsabledes programmes s’adressant aux coo-pératives et aux organismes à but nonlucratif sur l’ensemble du territoirequébécois.

RÉSEAUX : Y a-t-il encore place pourles coopératives et les OBNL à uneépoque où les valeurs individuellesont la cote dans le discours de lamondialisation néolibérale apprêtéeà toutes les sauces ?

CCllaauuddee CCaarrbboonnnneeaauu :: (rires) Plus quejamais. Non seulement les besoinscomblés par les entreprises collec-tives ne sont-ils pas entièrement sa-tisfaits, mais il se développe unénorme potentiel qui n’est qu’effleuréau moment où on se parle. Songeonsseulement à l’idée de mettre en com-mun des services non concurrentielspour augmenter, par exemple, lepouvoir d’achat d’entreprises situéesdans les grandes villes comme dansles milieux ruraux. Les agriculteursont compris cela depuis longtempsavec la création des coopérativesd’usagers de machinerie agricole(CUMA). Devant le coût pharamineuxd’acquisition des instruments ara-toires, ils ont convenu de se donnerun véhicule dont l’objectif est d’ac-quérir en commun ces équipementset de les utiliser à tour de rôle le mo-ment venu. Personne n’est ici enconcurrence. Au lieu de geler une im-portante part du capital de la fermedans des machines coûteuses, lesagriculteurs utilisent une formule departage qui permet de réduire sensi-blement les frais d’exploitation del’entreprise.

Dans cette veine de services nonconcurrentiels, il existe une foule debesoins non comblés et je dirais qu’ils’en crée de nouveaux tous les jours.Songeons, par exemple, à ces vil-lages en dévitalisation qui sont pri-vés de services publics (écoles, pointde services de santé, etc.) et de ser-vices privés (magasin d’alimentation,poste d’essence, kiosque à journaux,produits de pharmacie, etc.) et quipeuvent regrouper ces services pu-blics et privés dans une coopérativequi offre tous ces services. Ces vil-lages conservent leurs services debase nécessaires à la vie quotidienneet les villages deviennent des havresde paix.

Si vous aviez un rêve à réaliserconcernant les coopératives et lesOBBL, que serait-il ?

Ce serait que la formule coopérativeou associative soit davantage utiliséepour le développement des milieuxde vie économique. Par exemple, onpeut penser au potentiel d’utilisationdes coopératives de solidarité pourune population qui souhaite se don-ner des services de proximité dansles domaines de la santé, de soutienaux personnes âgées, ou de servicesprivés comme l’alimentation, l’es-sence, etc.

Mais ce qu’on a moins réussi à faireet pour lequel il existe un énorme po-tentiel, c’est d’utiliser la formule coo-pérative, soit de producteur, soit desolidarité, pour permettre à nos PMEquébécoises d’être plus concurren-tielles dans un environnement qui lui,est très exigeant. Par exemple. Pre-nons plusieurs PME sur un territoirede MRC ou d’une ville. Ces PME ontbeaucoup de besoins qui ne sont pasconcurrentiels et que chacune doitcombler individuellement. Au niveaudes achats, par exemple, achats depapeterie, d’ordinateurs et de maté-riel informatique – pas des logicielscar ils peuvent être concurrentiels –mais pour les appareils de base, pour-quoi ne pas se donner un outil quipermettrait de regrouper les achats ?

Au niveau des extrants, le transport.Combien de PME situées loin descentres urbains doivent payer destransports pour livrer leurs produits

dans les villes ou aux USA ? Desfonctions dont elles n’auront pas à sepréoccuper dans leur gestion quoti-dienne. On pourrait donc imaginer deréunir dans une coop plusieurs ser-vices non concurrentiels comme lesservices de paye, afin d’amener lesPME à réduire leurs frais d’adminis-tration et les rendre plus compéti-tives. Il y a là un grand potentiel dedéveloppement.

Dans une institution comme IQ, com-ment percevez-vous votre rôle de pro-moteur des entreprises collectives ?

Globalement, la mission d’IQ est defavoriser l’investissement au Québec.Il réalise ce mandat de trois façons.Une première consiste à intéresserdes investisseurs étrangers à venirinvestir au Québec et pour ce faire, ildispose d’un personnel qualifié loca-lisé aux USA, en Europe, en Asie, etc.Il offre aux entreprises qui oeuvrentdans un créneau porteur et qui cher-chent un site pour un nouveau projet,la possibilité de s’implanter cheznous. Un bel exemple de ce typed’action est la firme française Ubisoftqui, au départ, prévoyait une implan-tation beaucoup plus modeste que cequ’elle est devenue aujourd’hui, maisque nous savions inscrite dans uncréneau d’avenir. Au fond, c’est leprincipe des grappes industrielles :on assure la présence d’un pivot au-tour duquel des entreprises viennentse greffer.

Un deuxième volet consiste à réaliserdes mandats pour le gouvernement,ce qui inclut la dimension fiscale del’investissement comme par exempleles entreprises qui souhaitent s’éta-blir dans la Vallée de l’aluminium. Ré-cemment, le gouvernement a mêmemandaté IQ pour autoriser l’avantagefiscal alors qu’auparavant, il secontentait de recommander l’avan-tage fiscal au ministère des Finances.

Le volet par lequel IQ est le plusconnu est le troisième, celui quiconcerne l’accompagnement finan-cier de la PME. Avec ses 16 bureauxcouvrant le territoire du Québec, IQfavorise les investissements de toutenature dans les PME, que ce soitl’achat d’équipement, la modernisa-tion, la recherche-développement,etc. Le rôle d’IQ est donc d’augmen-ter le rythme d’investissement dansles PME On entend ici par PME lescoopératives et les OBNL.

La vice-présidence aux coopérativeset aux OBNL se situe dans ce volet.Les interventions en économie so-ciale obéissent donc à la même lo-gique d’intervention que dans lesentreprises incorporées en vertu dela première partie de la loi des com-pagnies. Avec une nuance, toutefois.

Les produits financiers qui sontconfiés à notre vice-présidence nerelèvent pas de la loi sur IQ maisde la loi sur l’aide au développe-ment des coopératives et autrespersonnes morales sans but lucra-tif. Cette loi a été votée lors de lafusion de la SDC avec la SDI. Cette loi concerne exclusivementles coopératives et les OBNL. Et l’article 1 de cette loi spécifieque le rôle de notre vice-présidence consiste à favoriser lacréation d’emplois et l’investisse-ment. Et même si ce n’est pas li-bellé comme tel, je considère quenotre rôle consiste aussi à favori-ser le déploiement de la formule

30 millions par année pour les coopératives et les OBNL

« Donner un sens à l’investissement » (Claude Carbonneau)Par Yvon Leclerc, [email protected]

Réseaux • septembre, octobre 20084

Page 5: Initiatives citoyennes, démocratie et développement …w4.uqo.ca/crcoc/Fichiers/articles/Reseaux_regulier_V...Nathalie Gagnon 418 658-1530 MONTAGE Michel Rousseau concepteur infographiste

coopérative et associative par desinterventions financières. Donc, IQréalise auprès des coopératives etdes OBNL le même mandat qu’ellefait auprès des entreprises à capi-tal-action, mais avec une approcheadaptée aux entreprises collec-tives.

L’intégration SDC-SDI remonte à 1991,elle set donc antérieure au Sommetsur l’économie et l’emploi de 1996.C’est à ce moment que fut créée unevice-présidence réservée à l’aide fi-nancière aux coopératives ; ce n’estqu’après le Sommet, en 1997, qu’ellea été élargie aux entreprises associa-tives.

Comment se situe IQ par rapportaux autres institutions financièresqui interviennent dans le secteurcoopératif et associatif ?

Dans la gamme des produits fi-

nanciers offerts sur le marché, il ya le réseau bancaire d’un côté etle capital de risque de l’autre. IQest beaucoup plus près du réseaubancaire que des entreprises decapital de risque parce qu’IQconsent des prêts et des garantiesde prêts avec des garanties moinsexigeantes que celles qu’exigentles institutions financières.

Très souvent, IQ garantit le prêtalloué par l’institution financièreafin de permettre un investisse-ment plus important. Si par exem-ple, une institution financièreétait disposée à faire un prêt de100 000. $, notre intervention engarantie pourrait lui permettre dese rendre à 150 000. $. Ou encore,cette institution financière auraitpossiblement refusée l’interven-tion n’eut été de la garantie ac-cordée par IQ. Normalement,l’intervention d’IQ commence làoù se serait arrêtée l’institution fi-nancière.

Quelle est la proportion que vous réalisez dans les OBNL et les coopé-ratives ?

Grosso modo, c’est moitié-moitié.

La formule coopérative se prête-t-ellemieux aux règles de l’entreprise quel’OBNL ?

Il existe deux éléments de réponseà cette question. Tout d’abord, il y ades éléments qui sont intrinsèques àla formule coopérative et qui la dis-qualifie pour certains types de pro-jets. La formule coopérative estformée, par essence, par un groupede personnes qui se donnent un ser-vice. Par exemple, un groupe de per-sonnes qui se dotent d’unecoopérative funéraire. La coopérativeappartient à ceux qui le mettent enplace. Par contre, si une communautéjuge qu’elle a besoin de logementpour des clientèles spécifiques

comme, par exemple, des personnesqui souffrent de problèmes de santémentale, on comprendra que ce nesont pas les usagers qui ont la capa-cité de se prendre en main et de réa-liser cet investissement. C’est alors lacollectivité qui réalise le projet pourque cette clientèle dispose du service; on voit donc que dans ce cas, la for-mule coopérative ne serait pas ap-propriée.

Autre élément de réponse. Lorsque,pour un projet identique, on peutchoisir une formule ou une autre, laformule coopérative offre certainsavantages que n’offre pas l’associa-tion.

Au départ, il ne faut pas oublier quel’association relève de la Loi des com-pagnies et obéit à la logique de cetteloi. Sauf pour les aspects spécifiques àcette partie de la loi, l’économie géné-rale de l’association est celle de lacompagnie. Elle offre plus de libertéde fonctionnement dans son règle-

ment de régie interne que la coopéra-tive. Par exemple, le règlement derégie d’une association doit spécifierles aspects de fonctionnement démo-cratique et il ne le ferait pas que l’as-sociation fonctionnerait quand même.

De son côté, la formule coopérativeest beaucoup plus encadrée. Elle pré-voit que ce sont les usagers qui doi-vent contrôler l’entreprise, que leconseil d’administration doit êtreformé de telle façon, que la redditionde compte doit se faire selon des rè-gles précises, etc. Cet encadrementprésente l’avantage d’une certaine sé-curité pour les membres de la coopé-rative qui, ne l’oublions pas, sontpropriétaires de leur entreprise et yont investi leurs deniers. À l’inverse,les membres d’une association nesont pas propriétaires, ne sont pasobligés d’y investir du capital person-nel même si, à la fermeture des livresde l’association, ils peuvent se parta-ger les biens (à moins qu’une autredisposition ait été prévue au règle-ment).

En somme, les deux formules ontleurs particularités et leur utilité : l’as-sociation offre plus de liberté de fonc-tionnement mais doit spécifier sesrègles démocratiques lors de sa créa-tion alors que la coopérative prévoitdéjà, dans sa loi constitutive, descontraintes qui offrent d’emblée unecertaine sécurité à ses membres.

Avec l’arrivée de nouveaux joueurs financiers (Fondaction et Filaction, leRéseau d’investissement social du Québec, la Fiducie de l’économie sociale, Capital régional coopératif Des-jardins, les SADC, les CLD, etc.) la mis-sion d’IQ a-t-elle changé ?

L’offre a effectivement changé. Pourdeux d’entre eux, CRDC et Fondac-tion, ce sont des obligations qu’ils sedonnent de s’ouvrir aux entreprisesd’économie collectives. On trouve au-jourd’hui beaucoup plus d’institutionsqui offrent des produits financiersadaptés à ces entreprises. Par contre,le rôle d’IQ n’a pas changé. Il est toujours complémentaire, sa missiondemeure celle de favoriser l’inves -tissement par des interventions quiaugmentent l’importance de l’inves-tissement.

Ce qu’IQ fait de plus, maintenant, c’estun rôle de conseiller financier. Il exa-mine, avec l’entreprise, la meilleurefaçon de parvenir à un investissementoptimal. Il n’est pas optimal de comp-ter trop de joueurs dans un mêmeprojet comme il n’est pas optimal den’en trouver qu’un. Ou encore, cer-tains produits financiers sont mieuxadaptés à certains types de projets.Mais fondamentalement, notre objec-tif et notre mode d’intervention n’ontpas changé.

Même si les grandes banques délais-sent le financement des entreprises,avec une telle offre de produits finan-ciers, les entreprises québécoises nesont-elles pas privilégiées ?

Mon sentiment c’est que jusqu’à il y aenviron cinq ans, les grandesbanques canadiennes avaient ten-dance à se retirer du marché de laPME ; mais aujourd’hui, on constateleur retour vers la PME. Comme unretour de balancier. Lorsque cesgrandes banques ont décidé de se re-tirer du marché de la PME, Desjardinset la Banque nationale ont pris laplace. On n’a qu’à constater le déploiement rapide des Centres financiers aux entreprises pour com-prendre que la PME n’a pas vraimentsouffert. Même chose pour la Banquenationale. En retour de balancier, lesgrandes banques à charte souhaitentmaintenant reprendre une part dumarché, concurrence qui ne peut êtremauvaise pour le financement desPME.

Quant aux sociétés de capital de dé-veloppement (CLD, SADC, les fondssyndicaux, etc.) elles ne jouent pas lemême rôle et elles interviennent da-vantage dans le démarrage où lerisque est plus grand et où il fautcompter sur la solidarité du milieupour réussir le décollage. Les socié-tés de capital de développement sontà rendement plus aléatoire que lesinstitutions financières qui misent surun rendement fixe moins élevé quecelui des sociétés de capital derisque.

En chiffre absolu, quelle est l’impor-tance des sommes investies par IQdans les entreprises collectives auQuébec ?

On fait environ 130 interventions financières chaque année, pour globa-lement 30 M$ d’autorisations de finan-cement. Ce niveau d’investissementreprésente le montant réel et n’inclutpas l’effet de levier. Par exemple, si onautorise une garantie de prêt 75 000. $sur un prêt de 100 000. $, IQ ne comp-tabilise que 75 000. $ même si l’inves-tissement total est de 100 000. $. Leportefeuille compte environ 530 entre-prises pour 260 M $. Depuis 1998, datede sa création, Investissement Québecaurait fait 1193 autorisations pour 306 M $ d’investissement qui ont per-mis de réaliser des projets pour 695 M $et 6 000 emplois dans les entreprisescollectives. Ces résultats en font le plusimportant joueur financier dans ce sec-teur. Et toujours en complémentaritéavec des institutions financières et nonà leur place. Comme nous le faisons,par exemple, avec la Caisse Desjardinsd’économie solidaire avec qui nousavons appris à travailler et à nous com-prendre dans le respect des rôles dechacun.

Réseaux • septembre, octobre 2008 5

Claude Carbonneau, vice-président aux entreprises et autres entreprises d'économie sociale, Investissement Québec.

Page 6: Initiatives citoyennes, démocratie et développement …w4.uqo.ca/crcoc/Fichiers/articles/Reseaux_regulier_V...Nathalie Gagnon 418 658-1530 MONTAGE Michel Rousseau concepteur infographiste

Réseaux • septembre, octobre 20086

Étonnant. Parce que le mouvement coo-pératif et mutualiste

a des racines profondes et anciennes partout au Québec, certains le voientcomme un mouvement tra-ditionaliste et passéiste,mal adapté à la société actuelle et à ses grands en-jeux. Mais qu’en est-il vrai-ment?

Pour Denis Richard, prési-dent de La Coop fédérée etprésident du conseil d’ad-ministration du Conseilquébécois de la coopéra-tion et de la mutualité, c’esttout le contraire «Les coo-pératives et mutuelles sontcapables de prendre encompte l’évolution de la so-

ciété et d’être en phaseavec elle. Elles sont, à monavis, les outils privilégiéspour trouver des solutionsnovatrices et démocra-tiques aux défis les plus cri-tiques que notre sociétédoit relever ». Ces propos, illes a tenus publiquementlors d’une allocution pro-noncée à l’occasion ducongrès du CIRIEC enmarge du colloque de l’ACFAS ce printemps àQuébec.

Ricardo Petrella, professeurà l’Université catholique deLouvain en Belgiqueabonde également en fa-veur des coopératives. Lorsd’une conférence pronon-cée à Québec dans le cadre

de la Semaine de la coopé-ration en 2006, il a men-tionné : « Dans un mondeoù notre survie dépend denotre capacité de dominerl’autre, la formule coopéra-tive prend tout son senspuisqu’elle est solidaire. Ilnous appartient de faire va-loir la coopération commesolution aux enjeux denotre société. »

C’est d’ailleurs ce à quoi lemouvement coopératif etmutualiste s’affaire depuisnombre d’années, affirmerla pertinence de la solida-rité coopérative comme ré-ponse démocratique auxgrandes questions de déve-loppement. C’est sansdoute aussi ce qui expliquepourquoi on estime à plusde 15 000 le nombre de dirigeants au sein des coo-pératives et que plus de 8 millions de personnes auQuébec, 10 millions au Ca-nada, croient en cette for-mule en y devenant desmembres propriétaires etusagers.

Sous l’effet, notamment,des changements démo-graphiques, en particulierdu vieillissement de la po-pulation, on assiste à despressions de plus en plusfortes sur les services desanté. Se posent particuliè-rement la question de ladisponibilité des res-sources et celle de l’accèsaux services. La situationest particulièrement alar-mante dans le secteur desservices à domicile et desressources d’hébergement.La formule coopérativeprouve ici qu’elle demeuretoujours d’une étonnanteactualité.

En effet, M. Richard a indiqué qu’au cours des 3 dernières années les coo-pératives cliniques de santé

se sont multipliées par 10,passant de 3 à plus de 30.En y additionnant les coo-pératives de services à do-micile, les coopérativesambulancières et les coo-pératives d’hébergement etde réadaptation, c’estmaintenant plus de 115coopératives qui œuvrentdans le domaine de lasanté et des services so-ciaux au Québec. Et tout çaest rendu possible grâce àcette formule qui permetaux citoyens de s’appro-prier la gouverne de sasanté.

Un autre exemple, qu’il alivré, est celui des villagesdont la population est demoins de 2 000 habitants.Ces collectivités ont vu dis-paraître leurs services deproximité : l’épicerie, leposte d’essence, le bureaude poste, etc. Inutile d’in-sister sur l’importance deces services, non seule-ment pour le développe-ment économique de cescollectivités, mais pour lemoral de leurs habitants et,surtout, sur leur décision de« rester » ou de « partir ».

De plus, dans de nombreuxcas, il signale que c’est unprojet coopératif qui a per-mis de sauvegarder le ser-vice. Ce sont maintenant 48coopératives de services deproximité qui œuvrentdans autant de localités duQuébec. M. Richard précise« Au-delà du maintien d’unposte d’essence ou d’undépanneur (ce qui est déjàimportant sur le plan éco-nomique et social), oncomprendra qu’il y a iciquelque chose de beau-coup plus fondamental enjeu, quelque chose qu’uneentreprise privée ou que legouvernement n’aurait paspu accomplir : en s’enga-geant dans un projet coo-

pératif, la population s’estsolidarisée et s’est mobili-sée. Et on sait tous de quoiest capable une populationsolidaire et mobilisée, unepopulation qui retrouve lemoral et le goût de se bat-tre, on sait tous ce que peutaccomplir une populationqui décide de se prendre enmain ».

Un autre secteur où la for-mule coopérative prendson envol est celui desénergies renouvelables.D’ailleurs, les coopérativesagricoles ont été les pre-mières à sonner l’alarmedevant la perte de contrôledes collectivités locales surles retombées du dévelop-pement de l’énergie éo-lienne. Aujourd’hui, aumoins trois régions se sontmobilisées autour de pro-jets de coopératives éo-liennes, et tentent ainsi derépondre de manière dé-mocratique et solidaire àl’appel d’offres d’Hydro-Québec. Mais l’innovationen énergies renouvelablesne s’arrête pas là. Des coopératives forestières et certaines CDR explorent labiomasse forestière, quiprésente une autre avenueprometteuse selon de nom-breux spécialistes.

Ces exemples démontrentque les coopératives et lesmutuelles demeurent uneformule plus que pertinentepour faire face, de manièredémocratique, aux grandsdéfis sociaux et écono-miques que nous devonsrelever. Elle prouve encoreaujourd’hui qu’elle estadaptée aux réalités ac-tuelles avec des valeurscomme l’autonomie, lerefus de la dépendance, lasolidarité et le développe-ment équitable.

Savoir protégerDepuis plus de 60 ans, nous avons su protéger les valeurs de coopération et de mutualité qui ont mené à notre création. Ce sont ces mêmes valeurs qui, encore aujourd’hui, nous permettent de nous démarquer auprès de notre clientèle. Chez SSQ, nous avons les valeurs à la bonne place, voilà pourquoi nous savons protéger différemment.

1 866 332-3806 - www.ssq.ca

ASSURANCE COLLECTIVEASSURANCE INDIVIDUELLE

INVESTISSEMENT ET RETRAITEASSURANCES GÉNÉRALES

IMMOBILIER

13220

Le mouvement coopératif, une vitalité démocratique et un renouveauqui ne se dément pas!Par Gervais [email protected] Richard, président

Conseil québecois de la coopération et de la mutualité

Page 7: Initiatives citoyennes, démocratie et développement …w4.uqo.ca/crcoc/Fichiers/articles/Reseaux_regulier_V...Nathalie Gagnon 418 658-1530 MONTAGE Michel Rousseau concepteur infographiste

Nous sommes en 1987. LesCDEC se mettent lentementen place dans les quartiers

de Montréal. À la CDEC Rosemont-Petite-Patrie, on rêvait de dévelop-pement pour le milieu, avec lemilieu. À l’époque, les CDEC,c’était le communautaire, donc,pas très crédible dans les milieuxfinanciers. C’est pourtant un agentde développement de la CDEC Rosemont qui a réussi ce que personne n’osait imaginer alors :un projet de développement éco-nomique d’envergure à cœur hu-main. Christian Yaccarini, devenule pdg du Technopôle Angus serappelle…

Le contexte économique de la findes années quatre-vingt-dix, dansl’Est de Montréal, était catastro-phique. À Rosemont, le taux dechômage frôlait les 20 %. Le chan-tier maritime de la Vickers fermait,la pétrochimie était en crise, et les1000 à 1100 emplois des «shops»Angus étaient en sursis.

Pour planifier le développementde notre quartier et la sortie decrise, nous avions la CDEC et sesquatre employés. Autant aller aucombat à mains nues contre desblindés. Mais nous avions un atoutredoutable que le Canadien Paci-fique, propriétaire du site Angus,ne soupçonnait pas : la populationdu quartier. Les gestionnairesd’une entreprise comme le Cana-dien Pacifique n’ont de compte àrendre qu’à leurs actionnaires. Lapopulation ? Connaît pas. Alorsqu’au contraire, la CDEC était car-rément le mandataire de la popu-lation du quartier et c’est à cettepopulation qu’elle devait rendredes comptes. Nous comptionsmême, au sein du conseil d’administration de la CDEC, un représentant de l’intersyndicaled’Angus.

Nous avons tenu une quantité in-nombrable d’assemblées pu-bliques avec la population duquartier. D’abord, dans le cadredes discussions entourant le pre-mier plan d’urbanisme de la Villede Montréal, (remarquable exer-cice de participation populaire)puis, en accéléré, lors de l’annoncede la fermeture des «shops» en

1991. Les élus municipaux du RCMet surtout le conseiller du quartier,André Lavallée, ont été les pre-miers à nous prendre au sérieux.Ils nous voyaient aller et savaientque la population avait confianceen nous.

Et nous, tout ce qu’on souhaitait,c’était de conserver au site la vo-cation industrielle qu’elle avait de-puis 90 ans alors que le CanadienPacifique voulait changer la voca-tion du site pour y bâtir descondos de luxe. Quant à savoir cequ’on ferait d’un tel site, c’étaitautre chose. Ce sont des cher-cheurs de l’UQÀM, spécialisésdans les entreprises collectives,qui nous ont aidé à planifier notreaction. Petit à petit, les Jean-MarcFontan et Richard Morin nous ontfait réaliser, en nous informant decas similaires ailleurs dans lemonde, qu’on n’est jamais si bienservi que par soi-même!

Confusément, au départ, mais deplus en plus fermement au sortirde chaque réunion avec la popula-tion, l’idée de prendre nous-mêmes charge du développementde cette vaste friche industriellefaisait son chemin. Pourquoi pas,après tout ?

Réaction du Canadien Pacifique

Il faut dire que la population duquartier et les élites politiques etdu monde des affaires ne nourris-saient pas beaucoup de sympathiepour cette entreprise qui avait dé-ménagé son siège social à Calgaryet qui privait de leur emploi plusde mille familles. Et qui, par-des-sus le marché, nous toisait du hautde leur réputation de grande en-treprise. Quand les représentantsdu CP me voyaient arriver, ilss’empressaient de me faire laleçon et ne me prenaient pas ausérieux.

Jusqu’au jour où je leur ai men-tionné que je viendrais à la pro-chaine réunion accompagné dedeux membres du conseil d’admi-nistration : le président, Louis Ro-quet, pdg de la Société dedéveloppement industriel et levice-président, Bernard Lamarre,ci-devant pdg de Lavalin. Les

visages se sont allongés et tout àcoup, le discours a changé …

Car non seulement la populationlocale nous appuyait dans nos dé-marches et nous faisait confianceparce qu’on la tenait constammentinformée de nos négociations,mais aussi parce que les élus de laVille et la député d’Hochelaga-Mai-sonneuve, Louise Harel, prenaientfait et cause pour nous. Ces élusconnaissaient la relation étroitequi s’était établie entre la popula-tion du quartier et la CDEC.

Pourtant, deux points de vue com-plètement opposés s’affrontaientdans cette négociation. Le proprié-taire du terrain, le Canadien Paci-fique, voulait un changement aurèglement de zonage pour en faireune zone de construction résiden-

tielle qui n’apporterait aucun em-ploi. La population du quartier, quiavait vécu des emplois de ce siteindustriel pendant près de centans, voulait lui conserver sa voca-tion. C’était notre position.

De guerre lasse et voyant quenous ne cédions pas, le CanadienPacifique a accepté un compromisqui a permis de construire des lo-gements sur une partie du site etle développement du TechnopôleAngus sur l’autre partie. Dévelop-pement qui se poursuit toujours.Le «modèle» Angus en inspireplus d’un. Sa réputation dépassemême les frontières…

Merci Christian ! Faudra un jourécrire cette belle histoire de parti-cipation citoyenne …

Réseaux • septembre, octobre 2008 7

« Avec la population derrière nous, tout était possible» (Christian Yaccarini)

Angus ou la mobilisation de l’espoirPar Yvon Leclerc, [email protected]

Christian Yaccarini, président directeur-général du Technopôle Angus

Louis Roquet, président du conseil d’administrationdu Technopôle Angus

Page 8: Initiatives citoyennes, démocratie et développement …w4.uqo.ca/crcoc/Fichiers/articles/Reseaux_regulier_V...Nathalie Gagnon 418 658-1530 MONTAGE Michel Rousseau concepteur infographiste

Réseaux • septembre, octobre 20088

A u cours de la dernière dé-cennie, nous avons assistéà une prise de conscience

de la société québécoise quant àl’importance de faire des choixéconomiques et environnemen-taux socialement responsable.Mais quel rôle peut-on jouercomme citoyen? Quel est notrepouvoir collectif? Pour en savoirplus, RÉSEAUX s’est entretenuavec Laure Waridel, sociologuespécialisée en développement in-ternational et en environnement.Elle est considérée comme l’unedes pionnières du commerceéquitable et de la consommationresponsable au Québec. Elle estcofondatrice d’Équiterre, une or-ganisation québécoise vouée à lapromotion de choix écologiqueset socialement responsables.

RÉSEAUX : Constatez-vous une évo-lution quant aux choix de consom-mation effectués par les gens depuisles 10 ou 15 dernières années ?

Oui! Les Québécoises et Québé-cois semblent plus conscients desimpacts sociaux, écologiques, etéconomiques de leurs choix deconsommation. Si de plus en plusd’individus s’y mettent concrète-ment, l’ensemble de la société estencore loin de passer de la paroleaux actes. L’implication citoyenneest nécessaire pour poursuivrecette prise de conscience collec-tive et faire bouger les choses.Des facteurs de motivation éco-nomique devraient être mis enplace par le gouvernement pouraccélérer le passage à l’action.

Mais pourquoi effectuer de tels choixdans une société où l’argent mène lemonde? Pourquoi ne pas acheterdans les grandes surfaces qui se targuent de promouvoir qu’ellesachètent des produits d’entreprisesquébécoises et d’offrir les plus basprix ?

Au-delà de l’image que souhai-tent projeter certaines multina-tionales américaines commeWal-Mart dans ses publicités, ilfaut analyser où va véritable-ment notre argent lorsque l’onconsomme dans de telleschaînes. Les bénéfices de ces en-treprises sont rarement réinves-tis localement. Sans compter

qu’elles font fabriquer la majo-rité de leurs produits dans despays où les travailleurs et l’envi-ronnement sont exploités, mêmesi elles les achètent de distribu-teurs québécois. De là l’impor-tance d’élargir notre vision et deconstater toute l’importance etl’impact qu’ont nos choix deconsommation d’un bout à l’au-tre de la chaîne. Si tous ensem-ble nous nous regroupons poureffectuer des choix davantageresponsables, l’impact écono-mique et politique sera énorme.Il nous appartient à chacun deprendre en main notre propredéveloppement. Le récit de Fré-déric Back L’homme qui plantaitdes arbres est très inspirant ence sens. Chaque petit geste posé,avec beaucoup de conviction,mène aux plus grands change-ments.

Quel rôle peut-on jouer comme sim-ple citoyen pour participer à un déve-loppement économique socialement responsable?

Premièrement, nous devons réali-ser que nous avons plus de pou-voir que l’on serait porté à croirequand on prend part à la vie démocratique certes, mais aussirelativement à nos choix écono-miques. Nos choix de consomma-tion influencent l’offre deproduits.La popularité grandissante desproduits équitables en est un té-moin. Ainsi, on peut utiliser notrepouvoir d’achat (en plus de nosdroits de vote!) pour influencer lemonde qui nous entoure . Parexemple, nous avons le choix denous procurer des biens plus du-rables au lieu de favoriser le pro-duit bon marché qui ne pourraêtre réparé et qui est, dès l’achat,promis à la poubelle. Nous pou-vons aussi favoriser l’achat local,faire affaire avec notre coopéra-tive et notre caisse locale au lieude la grande chaîne ou de labanque dont les excédants profi-tent à une poignée d’investis-seurs.

Voilà des choix de consommationresponsables comme le bio etl’équitable sur d’autres plans. Onpeut aussi s’impliquer. Que ce soiten participant à la vie associative

de sa coop ou de sa caisse en ex-primant ce que nous souhaitonscomme membre. Il faut propagerce pouvoir que nous avons, deprendre part à la construction

d’un monde plus équitable, plusécologique et plus solidaire. C’esten multipliant les gestes indivi-duels et collectifs que nous y par-viendrons.

Entretien avec Laure Waridel

Pour réaliser un développement économique socialement responsable, chaque petit geste comptePar Gervais Nadeau, [email protected]

photo : Dominique Gouin

Laure Waridel, sociologue spécialisée en développement international et en environnement

Page 9: Initiatives citoyennes, démocratie et développement …w4.uqo.ca/crcoc/Fichiers/articles/Reseaux_regulier_V...Nathalie Gagnon 418 658-1530 MONTAGE Michel Rousseau concepteur infographiste

Dans le secteur de la santé etdes services sociaux, lesinitiatives citoyennes n’ont

pas manqué dans les 40 dernièresannées. Depuis les toutes pre-mières cliniques communautairesdans les années 60, des centainesd’associations de citoyens se sontlongtemps mobilisées afin d’ob-tenir des services de premièreligne dans leur quartier, en pas-sant par les CLSC et leur serviced’organisation communautairejusqu’aux coopératives de ser-vices de santé en train de seconstituer un peu partout (121 en2007 selon le Service de re-cherche du CQCM). Mais le mou-vement associatif dans ce secteurs’est hautement professionnaliséet inséré dans les dispositifs poli-tico-administratifs du gouverne-ment pendant que les CLSC, eux,ont été intégrés dans les CSSS en2004. On assiste sans doute à unretour en force de l’hospitalo-cen-trisme. Entretien avec DenisBourque, professeur en travail so-cial à l’UQO, titulaire d’une nou-velle chaire de recherche duCanada en organisation commu-nautaire et auteur d’un ouvragesur la question des partenariatsdans ce secteur1, sur l’état deslieux et ses effets sur la participa-tion citoyenne.

RÉSEAUX : Lors d’un récent séminairede recherche à l’UQAM en mai dernier,vous avez, dans votre exposé parléd’«hyperconcertation» dans le do-maine du développement des com-munautés. Qu’entendez-vous par là?En quoi les initiatives de développe-

ment des communautés n’y retrou-vent pas leur compte?DDeenniiss BBoouurrqquuee :: La concertationest d’abord une innovation d’ac-teurs sociaux, reprise commestratégie par les pouvoirs publics,devant la complexité des pro-blèmes auxquels ils sont confron-tés. Elle est victime de son succèsen raison de la multiplication desprogrammes publics et privés(Fondation Chagnon) qui appel-lent à la concertation. Elle seconjugue sous deux registres qui se croisent: 1- l’instru men -talisation qui l’utilise pour l’im plantation de programmespré-construits; 2- l’appropriationdu développement où la concer-tation permet aux acteurs et auxcommunautés de co-construiredes réponses adaptées avec lacontribution des politiques etpouvoirs publics. Sur le terrain,voici la problématique : multipli-cation des instances de concerta-tion; détournement des prioritésde celles existantes au profitd’agendas extérieurs qui s’impo-sent par leur poids politique ou fi-nancier; absence de coordinationdes concertations; sur-sollicitationdes acteurs qui sont souvent lesmêmes dans les différentesconcertations; manque de pré-gnance de la participation ci-toyenne; manque de ressourcesfinancières et de compétencesprofessionnelles pour la réalisa-tion des initiatives concertées.Cette situation épuise et menacele développement des commu-nautés.

Au même séminaire, des organisa-tions communautaires de la Mauricieparlaient de la «décentralisation tranquille» dans la décennie 90 quiles avaient relativement bien servi.Mais que depuis un certain nombred’années, c’était plutôt le contraire,une «recentralisation tranquille»?

Il y a un mouvement de recentra-lisation depuis la fin des années1990, particulièrement en santé etservices sociaux. On peut leconstater dans des pratiquescomme les ententes de gestionqui lient les établissements pu-blics et le MSSS (via les agencesrégionales) et où les cibles de ges-tion en termes de résultats à at-teindre sont quantifiés et

directement reliés à des pénalitésfinancières. Les moyens pour atteindre ces cibles sont aussisouvent imposés par des pro-grammes ou des enveloppes bud-gétaires dédiées dites «taguées».Ce mouvement concerne surtoutles priorités du MSSS et des en-jeux budgétaires majeurs. Surd’autres questions, la marge demanœuvre au plan local demeuregrande, mais la nouvelle cultureadministrative très hiérarchisante,ainsi que le poids des ententes degestion, empêchent souvent de lavoir ou de l’exploiter.

Certains affirment qu’il faut démante-ler au moins le tiers des CSSS et recréer de petites unités de travail etun minimum de démocratie locale enla matière (la Coalition SolidaritéSanté, Le Devoir du 23 juillet). Exagé-ration ou bonne manière de mettre ledoigt sur un vrai problème ?

Les problèmes les plus impor-tants se concentrent dans lesCSSS qui ont regroupé plusieursterritoires de CLSC et qui ont inté-gré un centre hospitalier compor-tant quelques centaines de lits. Cesont là deux caractéristiques majeures qui éloignent ces CSSSd’un modèle d’établissement pu-blic de proximité. En plus de laquestion de la démocratie locale,ces méga-CSSS sont confrontésau déphasage de leur territoireavec ceux de leurs partenaires lo-caux, à l’omniprésence des fonc-tions reliées à la mission decentre hospitalier sur celles reliées à la mission CLSC (pré-vention, promotion, action com-munautaire) et à la lourdeuradministrative caractéristique dece type de méga-structure. Oui,bon nombre de CSSS sont à repenser et à recomposer.

Vos travaux en cours sur quelques expériences innovatrices (Saint-Michel à Montréal, Trois-Rivières enMauricie…) nous apprennent quoipour la suite des choses ?

Ces pratiques performent à deuxniveaux : 1- une large et solideconcertation intersectorielle me-nant à une revitalisation durabledes quartiers; 2- une participationsignificative et soutenue des ci-toyens concernés. Elles sont donc

à la fois efficaces, participatives etdémocratiques, ce qui en assurela pérennité au-delà des change-ments chez certains acteurs insti-tutionnels ou bailleurs de fonds.Elles font aussi l’objet d’une re-connaissance et d’un début d’ins-titutionnalisation qui gagneraientà être soutenus par l’État dans lecadre d’une pressante politiquede développement local.

Vous revenez tout juste cet été d’uneimportante rencontre internationalede chercheurs tenue en Espagne surle tiers-secteur. Y a-t-il dans d’autrespays des exemples inspirants ?

Sommairement, le cas duRoyaume-Uni ressort comme unexemple d’impact intéressantd’un État social sur le développe-ment des communautés. Le gouvernement compte deux ministres des Communautés etdes gouvernements locaux. Uneinfrastructure importante est dédiée au développement local et à l’empowerment des communautés (www.communi-ties.gov.uk/corporate). Les mou-vements associatifs sont trèsactifs et «challengent» le gouver-nement sur certains enjeux sociaux. Ce qui est fascinant, c’estque les mêmes problématiquesse posent là comme ici : l’autono-mie du tiers secteur par rapport àl’État, l’hyperconcertation des acteurs locaux, le défi de la participation citoyenne et du développement durable, etc.

1 Concertation et partenariat, entre le-vier et piège du développement descommunautés vient de paraître auxPresses de l’Université du Québec.

Réseaux • septembre, octobre 2008 9

La concertation :

Piège ou levier pour le développement des communautés?

Denis Bourqueprofesseur en travail social, Université du Québec en Outaouais

Par Louis Favreau, [email protected]

Page 10: Initiatives citoyennes, démocratie et développement …w4.uqo.ca/crcoc/Fichiers/articles/Reseaux_regulier_V...Nathalie Gagnon 418 658-1530 MONTAGE Michel Rousseau concepteur infographiste

Réseaux • septembre, octobre 200810

C’est le 23 octobre pro-chain, à Québec, qu’auralieu le 1100ee ffoorruumm dd’’aauu--

ttoommnnee ddee llaa FFoonnddaattiioonn ddee ll’’eennttrree--pprreenneeuurrsshhiipp.. Au menu : L’espritd’entreprendre à l’école à traversdes modèles de passion, de persévérance et de partage.

Tenu dans le cadre du DDééffii ddee ll’’eenn--ttrreepprreenneeuurriiaatt jjeeuunneessssee,, l’événe-ment sera l’occasion de répandrel’enthousiasme entrepreneurial envalorisant les réussites des ac-teurs du milieu, du primaire àl’université. Les conférences etateliers offerts tout au long decette journée mettront en vedettedes jeunes, des enseignants, desagents de sensibilisation et desétablissements scolaires de par-tout au Québec, qui ont osé croireen eux, persévérer et prendre leurenvol pour atteindre le sommet de

la réussite. Ils viendront présenterleurs projets exemplaires en ma-tière d’entrepreneuriat à l’école.

Parmi ses conférenciers vedettes,le Forum compte MMoonniicc VVéézziinnaa,,directrice de l’adaptation scolaireet des services éducatifs de lacommission scolaire Kamouraska-Rivière-du-Loup, DDeenniiss MMoorriinn,,directeur conseil en entrepreneu-riat de la commission scolaire del’Énergie et DDaanniieell GGeerrmmaaiinn,, Prési-dent fondateur dduu CClluubb ddeess ppeettiittssddééjjeeuunneerrss dduu QQuuéébbeecc,, qui viendracontaminer les participants de savision saillante de l’entrepreneu-riat. Un programme inspirant!

Pour plus de détails sur la pro-grammation, les coûts de partici-pation ou pour vvoouuss iinnssccrriirree eenn lliiggnnee :www.entrepreneurship.qc.ca/forum2008

RDÉE Canada,ce n’est pas seulement

des emplois créés

des experts chevronnés

des projets innovateurs

www.rdee.ca

Mais c’est la prise en charge économique des communautés francophones et acadiennes du Canada afin de contribuer à leur vitalité et pérennité et ce, depuis plus de 10 ans.

de grandes retombées économiques

Acteurs du milieu de l’enseignement et de l’entrepreneuriat jeunesse :

Marquez votre agenda !

Nouvelles réseaux

Un membre de notre coo-pérative, le Service d’as-sistance canadienne aux

organisations (SACO) vient derecevoir un prix pour l’excel-lence de sa contribution dans lesoutien au développement despays du Sud. Plus précisément,le prix souligne la réussite durenforcement des capacités desPME aux Philippines.

Rappelons que SACO est uneorganisation sans but lucratifqui s’appuie sur le volontariat etqui fournit une expertise en développement économique eten gouvernance à ses clients etpartenaires en Afrique, Asie,dans les Amériques et dans leséconomies émergentes d’Eu-rope de l’Est ainsi qu’au Canadachez les Premières nations et lesInuits. Le bureau de Montréaladministre des programmesdans les pays de l’Afrique francophone et à Haïti. Rappe-lons aussi que SACO administre un important programme à Port-

au-Prince, en collaboration avecla Ville de Montréal.

Toutes nos félicitations

Un prix reconnaissancepour SACO

Apollinaire Ihaza, directeur du bureau deSACO à Montréal

Page 11: Initiatives citoyennes, démocratie et développement …w4.uqo.ca/crcoc/Fichiers/articles/Reseaux_regulier_V...Nathalie Gagnon 418 658-1530 MONTAGE Michel Rousseau concepteur infographiste

Réseaux • septembre, octobre 2008 11

« Miser sur sa culture ! »C’est avec ce thème que laFondation Rues Princi-

pales a choisi d’inviter lesélus municipaux et les profession-nels du développement local et del’aménagement du territoire à son21ième congrès annuel qui se tien-dra au théâtre Capitol, à Québec, le24 septembre. « Miser sur sa cul-ture », c’est axer le développementsur l’histoire, les valeurs et les gensdu milieu. Les participants sontconviés à une journée d’échange etde réflexion sur l’importance derenforcer et de mettre en valeur

tous les aspects culturels propre àune municipalité.

« Miser sur sa culture », c’est misersur son identité : les bâtiments etleurs particularités, les traditions,les us et coutumes, la présence del’art dans l’aménagement urbain,les manifestations artistiques, etc.On y discutera d’incitatifs et d’ou-tils, on s’échangera les démarchesà succès en prenant connaissancedes bons coups réussis un peu par-tout au Québec.

Un nouveau président au Réseaudes SADC du Québec

Depuis juin dernier, M. PierreMarois est devenu le nou-veau président du Réseau des SADC.

M. Marois a exercé les fonctions de sociothérapeute pendant au-delà de 30 ans et a également rempli les fonc-tions de maire de Lavaltrie jusqu’en2005. Il est président de la SADC D’Au-tray-Joliette depuis 2000 ; il siège éga-lement au sein du comité aviseur pourles régions de Laval, Laurentides et Lanaudière de Développement écono-mique Canada. Au cours des ans etdans le cadre de ces nombreuses fonc-

tions, monsieur Marois a développéune excellente capacité d’analyse desenjeux régionaux. De plus, sa connais-sance approfondie des mécanismesdes divers ordres de gouvernement luiconfère une position privilégiéelorsqu’il s’agit de faire avancer les dos-siers de développement socioécono-mique. Il porte un grand intérêt à tousles aspects de la création d’emplois. Ils’intéresse également de très près àl’accueil et à l’intégration des nou-veaux arrivants au Québec, de façon àleur permettre de participer pleine-ment à notre société.

Première rangée, de gauche à droite : Danielle Légaré (Directrice de l’engagement social àLoto-Québec), Serge Mimeault et Nathalie LeClair propriétaires des Studios des Verriers du Richelieu, ÉCONOMUSÉE du verre thermoformé, Cyril Simard, président-directeur général dela Société ÉCONOMUSÉE du Québec. Deuxième rangée, de gauche à droite : M. Jacques Ladouceur, maire de la ville de Richelieu, Mme Suzie Dubois, Préfète de la MRC de Rouville,Réjean Tardif, directeur général adjoint, Société ÉCONOMUSÉE du Québec.

Photo prise à l’occasion del’inauguration de l’ÉCONOMU-SÉE du verre thermoformé, à

Richelieu, le 10 juin dernier. Par lamême occasion, on célébrait la si-gnature d’une entente de partenariatavec Loto-Québec qui accorde à laSociété ÉCONOMUSÉE du Québec la

somme de 70 000. $ qui servira au financement en partie de la réalisa-tion de la première collection de DVD,L’Artisan à l’œuvre, qui invite à ren-contrer des artisans qui ouvrent leursportes pour offrir une expérience cul-turelle et touristique enrichissante.

Pierre Marois

desjardins.com

C’EST PLUS QU’UNE BANQUE. C’EST DESJARDINS, KOTSOVOS, MELO, HAMEL, NGUYEN, HAIDAR, FABRIZIO...Lorsque Desjardins fait en sorte d’ouvrir toutes grandes ses portes aux nombreuses communautés culturelles, c’est tout le Québec qui s’enrichit au contact de cette diversité. C’est pourquoi Desjardins s’engage à être toujours plus accessible et met tout en œuvre pour que chacun puisse participer à notre prospérité économique, sociale et culturelle, quelle que soit son origine.

Page 12: Initiatives citoyennes, démocratie et développement …w4.uqo.ca/crcoc/Fichiers/articles/Reseaux_regulier_V...Nathalie Gagnon 418 658-1530 MONTAGE Michel Rousseau concepteur infographiste

Réseaux • septembre, octobre 200812

Pour une première fois en 54 ans, les coopératives etmutuelles de tout le pays

et les coopératives d’épargne et de crédit du monde entier, célèbreront la Semaine de la coopération et la Journée in-ternationale des coopérativesd’épargne et de crédit sous un même thème, « Coopérerc’est s’enrichir mutuellement »et « My Co-op, It Belongs to Me ».

«Ce fut un bel exercice de coo-pération avec l’international quede définir un thème et de bâtirun visuel commun qui répondaux attentes de chacune des organisations impliquées » nous

confie Hélène Simard, prési-dente-directrice générale duConseil québécois de la coopé-ration et de la mutualité. «De-puis quelques années, le Conseildéveloppait un thème communavec le Conseil canadien de lacoopération et de la mutualité etla Canadian Co-operative Asso-ciation. Cette année, cette colla-boration s’est élargie au WorldCouncil of Credit Union et la Credit Union National Associa-tion (CUNA) qui est basée auxÉtats-Unis».

Les retombées internationalesdes coopératives sont mécon-nues. «Les gens sont toujours

étonnés d’apprendre que lescoopératives et mutuelles créent20 % plus d’emplois que l’en-semble des multinationales.Elles procurent de l’emploi àplus de 100 millions de per-sonnes dans le monde», préciseMme Simard. Elle nous a égale-ment indiqué que l‘Organisationdes Nations Unies (ONU) a estimé que les moyens de sub-sistance de près de 3 milliardsde personnes, soit la moitié dela population du monde, sontassurés par des coopératives.

Mais qu’en est-il au Canada etau Québec? Au Canada, quatreCanadiens sur dix sont membresd’au moins une coopérative. Lemouvement coopératif et mu-tualiste compte plus de 10 mil-lions de membres. Les 10 000coopératives et mutuelles em-ploient plus de 155 000 per-sonnes et possèdent des actifsévalués à plus de 225 milliards.Au Québec l’impact des coopé-ratives est également considéra-ble. Les 3 300 coopératives et 44mutuelles appartiennent à plusde 8 millions de membres. Ellesgénèrent 88 000 emplois, pro-duisent 22 milliards de chiffred’affaires, possèdent des actifssupérieurs à 158 milliards. Deplus, selon une étude présentéecet été par le ministère du Déve-loppement économique, de l’In-novation et de l’Exportation, lescoopératives affichent un tauxde survie de près du double su-périeur à celui des entreprisesprivées, soit 62 % après cinq anset 44 % après 10 ans.

MMaaiiss qquu’’eesstt--ccee qquu’’uunnee ccooooppéérraattiivvee ??

Mme Simard définit une coopé-rative comme suit : «Une coop,c’est la combinaison originaled’une association et d’une entre-prise dont la raison d’être est lasatisfaction des besoins desmembres. L’association permet àchaque coopérateur de grandirhumainement et socialementalors que l’entreprise lui fournitdes moyens et des occasions dedéveloppement. Pour devenirmembre d’une coopérative, lesgens doivent acheter une ou plu-sieurs parts sociales ou parts dequalification moyennant quoi ilsdeviennent copropriétaires del’entreprise, participent aux dé-cisions selon le principe démo-cratique (une personne - unevoix), élisent leurs représentantsau conseil d’administration etparticipent aux résultats selonl’usage qu’ils ont fait de leurcoopérative ».

Il est donc tout à fait normalqu’elles soient présentes dans àpeu près tous les secteurs del’économie. Que ce soit dans ledomaine de la santé, des éner-gies renouvelables, de l’alimen-tation, de la câblodistribution,de l’agroalimentaire, de l’habita-tion, de la forêt, des services à lapersonne, des services finan-ciers, des services funéraires etmême de l’édition, elles onttoutes pour finalité de répondreaux besoins de leurs membres.

De multiples activités pour sou-ligner la diversité des domainesdans lesquels elles œuvrentmais aussi pour promouvoir lesavantages et les retombées deleurs actions au sein des collec-tivités seront réalisées un peupartout autour du globe. Pourconnaître celles qui se tiendrontau Québec, visitez le www.coopquebec.coop.

10e Forum d’automneJEUDI 23 OCTOBRE 2008Hôtel Plaza Québecwww.entrepreneurship.qc.ca/forum2008

Nouveauté :

Un thème mondial pour la Semaine de la coopération 2008PPaarr GGeerrvvaaiiss NNaaddeeaauu,, [email protected]

Hélène Simard, présidente et directrice-générale du Conseil québécois de la coopération et de la mutualité

Nouvelles réseaux

Page 13: Initiatives citoyennes, démocratie et développement …w4.uqo.ca/crcoc/Fichiers/articles/Reseaux_regulier_V...Nathalie Gagnon 418 658-1530 MONTAGE Michel Rousseau concepteur infographiste

Réseaux • septembre, octobre 2008 13

« Vous parlez français ? Parlons affaires » La force d’un réseauau cœur de la relève agricole

Le Réseau des SADC et le Ré-seau de développement éco-nomique et d'employabilité

(RDÉE) ont récemment lancé l’Es-pace économique francophone ca-nadien, dans l’objectif d’aider lesentrepreneurs francophones dupays à tirer avantage d’occasionsd’affaires ainsi qu’à accéder à desmarchés età des réseaux au Ca-nada, et même à l’extérieur de nosfrontières.

Plusieurs intervenants politiques etéconomiques, dont le Secrétariataux affaires intergouvernementalescanadiennes et les chambres decommerce du Québec, ont expriméleur intérêt face à dette initiativeprometteuse. Pour sa part, le co-mité organisateur des Jeux olym-piques de 2010 a fait connaître savolonté bien arrêtée de permettreaux gens d’affairesfrancophonesde bénéficier des nombreuses pos-sibilités offertes par la tenue de cetévénement sportif de grande en-vergure. D’ailleurs, l’Espace écono-mique francophone canadienconnaît un engouement dans le

contexte du sommet sur la Franco-phonie de novembre 2008.

Afin de mieux connaître les entre-prises francophones, au Québec etparticulièrement dans le reste dupays, des sessions de travailprépa-ratoire ont été tenues. Les chargésde projet se sont attachés à définirles secteurs d’activité où évoluentces mêmes entreprises. Les effortsont été canalisés vers la constitu-tion de listes à partir de documentsexistants ; de plus, des représenta-tions ont été faites auprès des au-torités gouver nementales, etd’autres suivront. Notamment,nous souhaitons l’implication desministères fédéraux à vocation éco-nomique afin de favoriser la miseen place d’un registre des entrepri-sesfrancophones.

D’autre part, divers projets pilotesont cours présentement. Ceux-cipermettront de recueillir des infor-mations stratégiques sur les profilssectoriels et les besoins des entre-prises en matière d’échangescommerciaux intérieurs.

Page 14: Initiatives citoyennes, démocratie et développement …w4.uqo.ca/crcoc/Fichiers/articles/Reseaux_regulier_V...Nathalie Gagnon 418 658-1530 MONTAGE Michel Rousseau concepteur infographiste

Réseaux • septembre, octobre 200814

Les acteurs locaux qui agis-sent volontairement dansleur milieu pour porter des

projets sont des agents de déve-loppement économique local im-portants car leurs actions setraduisent par la production debiens et services en adéquationavec les besoins et les aspirationsde la collectivité. Aussi, les initia-tives et les organisations qui offrent du support, de l’enca -drement et qui accompagnent lesbénévoles dans la réalisation deleurs projets procurent-elles indé-niablement un effet levier sur ledéveloppement de nos milieux.

Les exemples qui illustrent ce le-vier économique sont nombreuxet, pour plusieurs, frappants. Lespectacle historique théâtral àgrand déploiement « La Fabuleusehistoire d’un royaume » qui envoiesur scène 200 acteurs bénévolesprocure à la collectivité locale etrégionale des retombées ma-jeures : au-delà des 50 000 visi-teurs qui se rendent annuellementau Palais municipal pour assister àcet évènement devenu célèbre. Cespectacle a été joué en France et est devenu un modèle dans le genre d’évènement théâtral touristique. Depuis le début de cette aventure plus de 1 300acteurs bénévoles ont exercéleur passion. Le Festival westernde Saint-Tite est un autre exempletout aussi remarquable avec ses500 organisateurs bénévoles quis’impliquent année après année.

SSuuppppoorrtt eett eennccaaddrreemmeenntt

Derrière ces projets où l’implicationd’acteurs bénévoles et volontairesest déterminante, il y a une actionqui est tout aussi déterminante.Lorsqu’on s’arrête aux facteurs desuccès de ces projets on remarquerapidement que la quantité et laqualité du support et de l’encadre-ment offert aux bénévoles sont in-dispensables.

Dès le début, tout au long de l’orga-nisation, lors de la réalisation etaprès le projet, des efforts soutenussont déployés pour encourager l’en-gagement, pour maintenir la moti-vation, pour outiller les bénévoles etpour reconnaître leur travail, carc’est souvent leur principale sourcede rémunération. Il est donc impor-tant de penser le support à nos bé-névoles aussi en terme de stratégies

d’effet levier sur le développementde nos milieux.

La collectivité de Matagami a biensenti ce besoin et s’est dotée d’unoutil de rassemblement et de sup-port pour ces bénévoles. Le Centred’action bénévole de Matagami acomme mandat de promouvoir l’ac-tion bénévole dans les différentssecteurs et de combler divers be-soins du milieu. Le Centre offre unsupport pour la gestion administra-tive, la recherche de subventions etle secrétariat. De surcroît, il est ap-pelé à jouer un rôle de déclencheurde l’action pour la collectivité.

À la lumière de ce qui précède on se rend bien compte que les administrateurs bénévoles qui siègent sur les conseils d’adminis -tration de nos corporations de développement local occupent uneposition stratégique dans la planifi-cation et le développement de nosmilieux. Ceux-ci mettent à contribu-tion leurs connaissances et, de soncoté, la corporation représente untremplin vers la collectivité pour réa-liser les éléments de la planificationstratégique qu’ils ont eux-mêmesidentifiés. Par conséquent, le rôle denos corporations consiste non seu-lement à soutenir le développementde la collectivité, mais aussi, à sou-tenir l’action de nos bénévoles.

suite à la page 15

Le support à l’action bénévole

Un levier économique incontournablePar Paul Gauthier, [email protected]

Le Festival Western :

une entreprise régionale portée pardes bénévoles

Le Festival Western de St-Tite qui s’est déroulé du 5 au14 septembre n’aurait pu avoir lieu sans l’apport im-portant des quelque 550 bénévoles impliqués. Pour

eux, mobiliser autant de bénévoles, année après année, sefait assez bien. Les responsables du festival se sont dotésd’une Politique des bénévoles afin de motiver la popula-tion à s’y investir. Au-delà des avantages qu’ils peuventrecevoir, les bénévoles apprécient la façon dont ils sonttraités. « Certains bénévoles donnent énormément detemps au festival, à raison de plusieurs réunions au coursde l’année, parfois à toutes les semaines. Ils le font avecleur cœur et ont développé un sentiment d’appartenanceau festival », explique la présidente de la SADC Vallée dela Batiscan, Madame Diane Rae, qui est bénévole depuisplus de 20 ans pour le festival. Madame Rae précisequ’elle s’implique d’abord pour sa région : « Si le festivalpeut servir à ramener des jeunes travailler chez nous, pourmoi, ma mission est accomplie; le festival c’est commeune grande famille. »

C’est donc une recette gagnante pour cet événement quiconnaît du succès depuis 41 ans et qui attire environ 725000 personnes chaque année dans cette petite municipa-lité de 3 800 habitants. Ce festival, avec un budget de 5M$, génère des économies de 50 M$ et permet la créationde 756 emplois à temps plein.

Page 15: Initiatives citoyennes, démocratie et développement …w4.uqo.ca/crcoc/Fichiers/articles/Reseaux_regulier_V...Nathalie Gagnon 418 658-1530 MONTAGE Michel Rousseau concepteur infographiste

Une équipe de chercheursde l’Université du Québecen Outaouais dirigée par

le professeur Jean-François Si-mard s’est penchée sur un pre-mier bilan de la mise sur pied, ily a dix ans, des Centres locauxde développement. Commencéeau printemps 2008 avec la colla-boration de l’Association desCLD du Québec, la recherche sepoursuivra au cours de l’annéequi vient. Nous avons rencontréJean-François Simard qui nousdévoile les premiers résultats desa recherche.

RÉSEAUX : Si vous aviez uneseule conclusion à tirer de cettepremière étape de la recherche,que serait-elle ?

JJeeaann--FFrraannççooiiss SSiimmaarrdd :: On nepeut encore parler de conclusion,mais on décèle une tendance à lamunicipalisation des CLD. Cetteaction se caractérise par une pré-sence accrue des élus locaux surle conseil d’administration desCLD. À l’origine, selon la loi 171qui créait les CLD en décembre1997, les conseils d’administra-tion devaient rassembler lesforces vives d’un milieu et aucungroupe ne devait y être majori-taire. Dix ans plus tard, nous vi-vons désormais à l’heure del’imputabilité municipale.

Comment expliquez-vous cette tendance à la municipalisation ?

J’y vois la conséquence d’une déci-sion législative et de l’évolution duconcept de développement local.

Commençons par la décision législative, la loi 34 adoptée en2003. Cette loi accordait aux élusmunicipaux de la MRC la respon-sabilité du développement éco no -mique. Et qui dit responsabilité ditimputabilité. Les élus municipauxont donc tout naturellement vouluexercer un contrôle plus serré de lagouvernance des CLD. Comme laloi ne fixait plus de quota maximalpour la présence d’un des groupesreprésentés au conseil d’adminis-tration des CLD, plusieurs MRC onttransformé le conseil pour y ad-mettre un plus grand nombred’élus municipaux et ainsi, devenirmajoritaires. Qui plus est, plusieursMRC ont ni plus ni moins fusionnéla direction du CLD à celle de laMRC. Même si l’entité juridique duCLD est maintenue, la direction desopérations du CLD relève, dans cescas, de la direction de la MRC. Etenfin, découlant de l’imputabilité, leVérificateur général et le ministèredes Affaires municipales incitentfortement les MRC à inclure dansleur « périmètre comptable » lesétats financiers des CLD, geste quine manquera pas de consoliderl’emprise du monde municipal surles CLD.

Et à propos du développement local ?

Il faut d’abord affirmer que lesCLD nous apparaissent désor-mais comme des acteurs incon-tournables du développementlocal avec la particularité que lasouplesse de leur constitutionleur permet de s’intégrer et deprendre la couleur de leur milieu.

Progressivement, durant les an-nées 70 et s’accentuant durant lesannées 80 et 90, la notion de déve-loppement économique s’est élar-gie par l’addition des exigencesenvironnementales, de la forma-tion de la main-d’œuvre, du déve-loppement culturel et social. Onparle désormais de développementlocal et de développement durable.La loi 171 de décembre 1997 ne fai-sait que confirmer cette tendance etfaisant place à une société civilemobilisée au conseil d’administra-tion des CLD. On est passé des Cor-porations de développementéconomique aux Centres locaux dedéveloppement – qui auraient dûd’ailleurs s’appeler plus justement,Centre de développement local.

Déjà à cette époque, plusieurs élusmunicipaux réclamaient la respon-sabilité exclusive du développe-ment économique sur leurterritoire, responsabilité jusqu’alorspartagée avec le gouvernement duQuébec.

Une autre tendance s’est dévelop-pée avec l’élargissement de la notion de développement local : ledéveloppement économique n’estplus l’apanage exclusif du secteurprivé de l’économie et s’étend à l’entreprise collective qui inclut,entre autres, les activités cultu-relles, les services aux personnes,les services économiques de proxi-mité, en s’appuyant, entre autres,sur les nouvelles formes de coopé-ratives et les organismes à but nonlucratif. Cette tendance a pris formedans le secteur communautaire.

Et comment se porte la participation ci-toyenne dans les CLD, après dix ansd’existence ?

C’est un aspect que nous allons étu-dier plus en profondeur dans lapoursuite de notre recherche maisles premiers résultats nous révèlentune tendance qui s’exprime surdeux périodes. La premièreconcerne la période qui s’étend dela mise en place des CLD, au coursdu printemps 1998 jusqu’à l’adop-tion de la loi 34 en 2003 et la se-conde, de l’adoption de la loi 34 jusqu’à maintenant. L’enthou-siasme des premières années autour de la participation de la société civile aux assemblées géné-rales annuelles s’est émoussé etl’élection des membres du conseild’administration par collèges élec-toraux a perdu beaucoup d’intérêtdepuis que les élus municipauxnomment les membres du conseild’administration. Notre équipe vatravailler cet aspect de la rechercheen étroite collaboration avec l’Asso-ciation des CLD du Québec.

Pour en savoir plus : Simard, J-F et Y. Leclerc, (2008) Les CLD, dix ansaprès, Revue canadienne des sciencesrégionales, numéro spécial hors série,Ottawa.

Réseaux • septembre, octobre 2008 15

Les CLD dix ans après leur création

La tentation municipalePar Yvon Leclerc, [email protected]

suite de la page 14

DDeess eexxeemmpplleess ccoonnccrreettss

En juin dernier, dans le cadre ducongrès annuel du Réseau des SADCdu Québec, ils étaient plus d’une cen-taine d’administrateurs bénévolesvenus de partout au Québec pourparcourir le territoire du Nord du Qué-bec et échanger avec les «nordqué-bécois» sur des sujets qui lesconcernent tous : la régénération dela forêt, l’énergie éolienne, la maxi-misation des retombées locales desgrands projets, l’écotourisme, etc. Ilsont rencontré les communautés criesde Waswanipi et de Mistissini sur leurpropre territoire et ils ont visité lamine d’or à ciel ouvert Troilus, demême que le Chantier Chibougamaureconnu pour ses poutres d’ingénie-rie, le site d’écotourisme Ecolodge, etla collectivité de Radisson, site de laplus grande centrale hydroélectriquesouterraine au monde. C’est avec ceregard tourné vers les réalités des au-tres collectivités que nos administra-teurs bénévoles sont retournés dansleur milieu respectif pour poursuivreleur action.

À titre d’exemple, M. Jean-JacquesGauthier, président du conseil d’ad-ministration de la SADC Achigan-Montcalm depuis plus de cinq ans, acompris l’importance d’utiliser lesforces des bénévoles au service dudéveloppement : « Ces bénévoles,des professionnels issus de plusieurs secteurs d’activités, possè-dent des expertises diversifiées. Enfavorisant les échanges et les discus-sions lors des séances du conseild’administration, cela permet de faireressortir la richesse de ces expertises.Ainsi, les interventions sont davan-tage ciblées et les compétences dechacun servent à réaliser des projetsde développement économique in-novateurs », affirme M. Gauthier.

Ce dernier a d’ailleurs été à la sourced’une réflexion sur l’importanced’améliorer la qualité de l’environne-ment. Les interventions qui ont suiviont donné lieu à un imposant projetde revitalisation du bassin versant duruisseau Vacher, lequel a touché lesdomaines agricole, résidentiel, com-mercial et industriel. Ce projet de re-boisement des berges aura desretombées positives sur le milieu. Unpaysage plus agréable et une plusgrande diversité faunique saura plaireà la clientèle touristique.

La liste des projets démontrant quel’action bénévole vaut son pesant d’orpourrait s’allonger sur plusieurspages. Une action indispensable audéveloppement économique.

Jean-François Simard, professeur, Université du Québec en Outaouais

Page 16: Initiatives citoyennes, démocratie et développement …w4.uqo.ca/crcoc/Fichiers/articles/Reseaux_regulier_V...Nathalie Gagnon 418 658-1530 MONTAGE Michel Rousseau concepteur infographiste

O n aura tout vu. Et toutlu. Le bulletin électro-nique du Centre de

vigie de la Fondation de l’en-trepreneurship nous appre-nait, récemment, sous laplume de Katia Renaud, que lafirme-conseil SECOR avait réa-lisé une étude sur l’industriedu capital de risque. Grosso

modo, les auteurs notent uneamélioration de la perfor-mance du secteur mais arri-vent à la conclusion que l’offredes institutions prêteuses qué-bécoises s’est déplacée enaval du développement des in-novations, créant ainsi un im-portant déséquilibre dans lapart des investissements des-

tinés à l’amorçage. Autrementdit, les institutions prêteusesboudent le financement du dé-marrage d’entreprises et sepointent lorsque le risqued’échec est pratiquement nul.Belle mentalité !

Mentalité qui a pris formeavec le passage du ministre

Michel Audet au gouverne-ment qui s’appuyait sur le rap-port Brunet sur le financementdes entreprises qu’il avaitcommandé. La restructurationdu financement des entre-prises qui en a découlé a tou-ché de plein fouet deuxopérations : le démarraged’entreprises et la culture en-trepreneuriale.

L’étude de SECOR rappelleque la majorité des fonds qué-bécois se sont retirés des fi-nancements inférieurs à 1M $à l’étape de l’amorçage et queles fonds gouvernementaux et

les fonds institutionnels dimi-nuent leurs contributionsalors que les fonds fiscaliséset les fonds étrangers pren-nent la relève. Va pour lesfonds fiscalisés ; mais croireque les fonds étrangers vonts’intéresser au démarraged’entreprises au Québec, c’estcroire à des plages en mon-tagne, comme dit Gilles Vi-gneault.

Le rapport stipule clairementque « le faible nombre de pro-jets menace le renouvellementdu tissu des entreprises tech-nologiques et la prospérité duQuébec ». L’intervention del’État est donc essentielle pourcréer de nouvelles entreprisesdans des secteurs promet-teurs et assurer un développe-ment économi que durable. Enconséquence, SECOR recom-mande la création de fondsd’amorçage (FODAM) avec lacontribution de commandi-taires privés. Les FIERS ont étécréé avec la collaboration d’in-vestissements publics (2.00$pour 1.00$ du privé) pour le fi-nancement des entreprises encroissance – ou en démarrageavec une importante mise defonds du promoteur. À cecompte, il faudra sans doutedoubler la participation dusecteur public pour monterces FODAM !

La question se pose : pourquoiencore et toujours créer de nou-velles patentes alors qu’il suffi-rait de renforcer ce qui existe.Les CLD, les CDR, les CDEC etles SADC ont dix et même vingtans d’expérience dans le dé-marrage d’entreprises. Pour-quoi ne pas leur confier lessommes voulues pour l’amor-çage d’entreprises ? Le gouver-nement du Québec a fait uneffort au cours des dernièresannées en investissant dansles Fonds locaux d’investisse-ment des CLD. Si le problèmepersiste comme le soulignel’étude de SECOR, c’est sur ces organismes qu’il fautmiser. Pas dans de nouvellespatentes !

Espérons que le ministre Ba-chand qui connaît bien SECORfera la sourde oreille à ce fauxchant des sirènes et investiradans les organismes existants.Nous y reviendrons.

[1] Côté. M., Denis, D. et Roy,C., « Capital d’amorçage », rap-port de recherche de SECOR-conseil, novembre 2007.

Réseaux • septembre, octobre 200816

OPTIMISER L’EFFICACITÉ

ÉNERGÉTIQUE DE MON BÂTIMENT,

UN CHOIX D’AFFAIRES

RENTABLE ET RESPONSABLE.

Pro�tez du programme Appui aux initiatives – Optimisation énergétique des bâtiments* pour améliorer notamment l’éclairage, le chau�age ou la climatisation de votre bâtiment. Vous réaliserez ainsi d’importantes économies d’énergie et contribuerez au bien-être collectif.

Obtenezun appui �nancier à la mesure de vos

économies d’électricité !

www.hydroquebec.com/affaires

* Certaines conditions s’appliquent.

Un nouveau dispositif pour le démarrage d’entreprises ?Par Yvon Leclerc, [email protected]

Coup de griffe

Page 17: Initiatives citoyennes, démocratie et développement …w4.uqo.ca/crcoc/Fichiers/articles/Reseaux_regulier_V...Nathalie Gagnon 418 658-1530 MONTAGE Michel Rousseau concepteur infographiste

J’ai croisé l’amour dans lelobby d’un hôtel de Mont-réal. Je déballe tout : son

nom est Catherine Dupuis. Atten-dez! Je ne parle pas d’une relationamoureuse mais plutôt de cegenre d’amour qui nous amène àse donner corps et âme pour sonentreprise, ses clients ou pour unecause qui nous est chère.

Catherine est co-fondatrice de Laboratoires Mauves, une entre-prise de Pointe-Claire spécialiséedans le développement et la fabrication de produits neutraceu-tiques. La firme a d’ailleurs déve-loppé une technologie uniqued’extraction à froid, un procédépermettant d’extraire les proprié-tés médicinales des plantes sansen altérer les propriétés.

La composante fondamentale del’amour, la passion, mène à uneforme d’intériorisation qui forgel’identité. C’est comme si le sujetde la passion prenait possessiond’un individu et non l’inverse.Cette intériorisation fait en sorteque l’activité et l’individu ne fontqu’un. On se reconnaît non pasen faisant une activité mais enétant l’activité. On ne fait pas dutriathlon, on devient un triathlète.On ne fait pas des affaires, on de-vient entrepreneur. On n’innovepas, on devient innovateur.

Pour ces passionnés, innover, c’estbeaucoup plus que de faire de l’ar-gent, c’est le désir de laisser satrace, d’améliorer la qualité de viedes gens, d’avoir du plaisir dans cequ’ils font. Et la passion est ungrand générateur de plaisir.

Dès les premiers instants de l’en-trevue avec Catherine, j’ai vitecompris que j’étais en présenced’un de ces innovateurs enthou-siastes, dynamiques et engagés.

AAvvooiirr llaa vvooccaattiioonnCatherine Dupuis a un parcours devie qui semblait la prédestiner dèsl’âge de quatre ans à la création deMauves. Tout d’abord, elle s’initieaux plantes, en constituant sonpremier herbier en trois volumes,avec l’aide de sa mère. Puis, c’estla prise de conscience de la fragi-lité de la vie à la suite d’une mé-ningite qui vient tout chambarder,la rendant partiellement sourde.Ces épreuves cristallisent ses ré-

flexions, l’aident à mieux saisir lesens de sa vie.

Chimiste de formation, elle ap-prend tout sur la standardisationet les molécules végétales. Peu àpeu, le goût de la rechercheémerge. Il ne manque plus qu’undéclencheur. Des voyages à tra-vers le monde, au Japon, en Es-pagne, au Pérou et au Nord duQuébec lui ouvrent de nouveauxhorizons. Elle prend alorsconscience de l’importance desmédecines douces, de l’impor-tance de la protection de l’envi-ronnement et surtout de lapossibilité de changer les choses,de contribuer à améliorer le sortdes gens et de prévenir la toxico-manie. L’intérêt pour les planteset la santé convergent. On voitdéjà apparaître les contours del’entreprise. Sa philosophie de vie,qu’elle partage avec son parte-naire et compagnon de vie ÉricChagnon, devient alors leur philo-sophie des affaires. Ils ont ensem-ble envie de refaire le monde !

RReeffaaiirree llee mmoonnddee ssuurr ppaappiieerrPuis, c’est la longue route, parse-mée d’obstacles, qui les conduira àla création de Mauves. De la rédac-tion de leur plan d’affaires dans unmodeste sous-sol jusqu’à l’établis-sement des bases de leur réseaud’approvisionnement en plantesavec une coopérative du Pérou,leur entreprise prend enfin vie surpapier, fin prête pour l’édition 2002du Concours québécois en entrepre-neurship. Ils remportent le premierprix au national. Quelques rayonsde soleil apparaissent, laissant pré-sager le beau temps…

Reste maintenant à convaincre lesbanquiers que l’idée tient laroute! Vous voulez faire quoi?Avec quoi? Comment ? Plus d’unles voyaient comme de véritablesextraterrestres sortis tout droitd’un film de Spielberg. Résistantaux changements, plusieurs d’en-tre eux préfèrent jouer « safe »avec des projets moins risqués. «Qu’à cela ne tienne, traversons lepont et on verra bien après ». Ilsse lancent tête baissée dans laconcrétisation de leur projet en louant un espace de 5 000pieds carrés, avant même d’avoir obtenu leur financement. « Aumoins le projet quitte le sous-sol

pour être enfin exposé à la clartédu jour ».

Puis la Banque de développementdu Canada embarque, de mêmequ’un troisième associé. Équiperun laboratoire peut coûter les yeuxde la tête. Mais l’entreprise fait deprécieuses économies en rache-tant d’anciens laboratoires en fail-lite. Est-ce que Mauves subira lemême sort? L’entreprise frôle la catastrophe par manque de res-sources financières. Elle est sau-vée in extremis par l’influxfinancier de nouveaux partenaires,la Caisse populaire Desjardins, laSociété d’investissement jeunesseet le Centre local de développe-ment.

AAuujjoouurrdd’’hhuuiiL’entreprise vient tout juste d’at-teindre son seul de rentabilité. Laclientèle se multiplie. Mauves fa-brique, à forfait, des ingrédientsactifs pour une centaine de ma-nufacturiers et grossistes de plu-sieurs pays. Les extraits desproduits de Mauves entrent dés-ormais dans la composition deboissons et de suppléments na-turels de marques connues.

Tel qu’on a pu le constater lorsdu Salon international de l’ali-mentation (SIAL) de Montréal,l’entreprise a aussi développé sapropre ligne de produits naturelsvendus sous la marque de com-merce Mauves. Ces produitssont distribués, entre autres, par des naturopathes et des chi-ropraticiens. Cependant, com-mercialiser ses propres lignescoûte cher. Mais quand on estconvaincu…

Aujourd’hui, Mauves distribue27 produits et dispose de huitbrevets. Au cœur de cette réus-site, on trouve une équipe de 27passionnés qui rassemblent descompétences aussi variées quela chimie, l’ingénierie, la gestion,l’enseignement et la naturopa-thie.

L’entreprise, qui vise un jour à at-teindre un chiffre d’affaires de250 millions et d’être inscrite à la bourse, vient d’aménagerdans des locaux plus spacieux.En tout 21 000 pieds carrés desalles blanches équipées à la finepointe de la technologie.

ÀÀ cchhaaccuunn ssaa ppaassssiioonnRien de moins que 65 %1 des entre-preneurs abandonnent les affairesà l’intérieur de cinq ans. Déçus deleur expérience, la moitié d’entreeux ne repartiront jamais en af-faires. Pourquoi? À cause d’unmanque de financement? Dumanque d’expérience des gestion-naires? Des conditions de marchénon favorables? Pas nécessaire-ment! C’est plutôt le manque depassion qui conduit à l’échec.

L’entrepreneur passionné d’uneidée, d’une opportunité d’affairesou d’une entreprise, remuera meret monde pour réussir. Il déploieraun effort plus élevé que les autresafin de maîtriser tous les aspects denotre projet. Avec la passion, vientla connaissance, l’engagement et lacréativité.

Il existe des milliers d’opportunitésd’affaires à explorer. Cependant, lesentrepreneurs ne sont pas tous éga-lement compétents afin de recon-naître de l’information privilégiéeou d’exploiter toutes les formesd’opportunités. Une opportunitéd’affaires ne se révèle qu’aux yeuxd’initiés capables d’en reconnaîtrela pleine valeur. Un chimiste peut,par exemple, plus facilement com-prendre et absorber de l’informa-tion sur les dernières recherches enchimie moléculaire que de l’infor-mation pertinente dans le domainedes arts ou de l’éducation physique.

Dans le cas de Catherine Dupuis, onnote que la passion et les champsd’intérêt peuvent se révéler très tôtà un individu. Bien qu’on ne puisseprévoir quand ou comment, il suffitde les suivre pour voir apparaîtredes opportunités d’affaires excep-tionnelles.

Et vous, quelles sont vos passions?

1 MDEIE, Taux de survie des entre -prises au Québec et taux de pas-sage, mars 2001

Réseaux • septembre, octobre 2008 17

Quand innovation et audace se conjuguent

Pour voir la vie en… Mauves!Par Jean Lepage, Développement économique – CLD Gatineau [email protected]

Catherine Dupuis, co-fondatrice de LaboratoiresMauves

Page 18: Initiatives citoyennes, démocratie et développement …w4.uqo.ca/crcoc/Fichiers/articles/Reseaux_regulier_V...Nathalie Gagnon 418 658-1530 MONTAGE Michel Rousseau concepteur infographiste

Réseaux • septembre, octobre 200818

La ville et la population deBaie-Saint-Paul ne font riencomme les autres. Après la

mairesse Jacynthe Simard qui arevu et corrigé la majorité des in-frastructures municipales afin deles mettre à niveau, c’est l’actuelmaire Jean Fortin qui a propulséla ville vers de nouveaux som-mets en réussissant à décrocherle titre de capitale culturelle duCanada dans la catégorie desvilles de 5 000 à 10 000 habitants.Dotée d’une bourse de 500 000. $.Jean Fortin nourrit de grandesambitions pour cette ville deCharlevoix nichée dans un décorde carte postale. RÉSEAUX l’arencontré.

RÉSEAUX : Comment une ville de-vient-elle capitale culturelle du Ca-nada ?

JJeeaann FFoorrttiinn :: Lorsque le pro-gramme a été lancé, il y a six ousept ans, j’étais déjà maire et jeme disais déjà que même sans enavoir le titre, avec tout ce queBaie-Saint-Paul avait réalisé dansle passé, cette ville était une capi-tale culturelle du Canada. J’aidonc décidé de poser la candida-ture de la ville mais elle n’a pasété retenue. Il faut reconnaîtreque nous avions rempli un peutrop rapidement les formulairesexigés. Nous n’avions quandmême pas abandonné l’idée.

Deux ans plus tard, la Ville a pré-senté un nouveau dossier de can-didature en s’appuyant sur lespropositions soumises par un co-mité consultatif présidé par CyrilSimard et composé de personna-lités originaires de Baie-Saint-Paulet qui toutes gardé une affectionparticulière pour la ville. Cettefois, nous avons étalé notre dé-monstration sur 40 ans et nousavons démontré que notre milieuinnove en matière culturelle de-puis ce temps.

Notre démonstration commenceavec le Festival folklorique deBaie-Saint-Paul en 1967, ensuite cefut la Fête foraine qui a donnénaissance au Cirque du Soleil,puis le Symposium d’art contem-

porain qui célèbre son 26ième

anniversaire cet année, Rêve d’automne qui fête son 15ième anni-versaire cet année, bref, de grandsmoments de culture populaire.Nous avons aussi voulu commé-morer des géants de la culturequébécoise qui ont vécu cheznous : Félix-Antoine Savard, en lit-térature et développement cultu-rel, le Frère Ernest en musique,René Richard en peinture. C’estdonc cet ensemble d’événementsqui a constitué notre démonstra-tion que notre Ville méritait le titrede capitale culturelle du Canada.C’est un effort collectif.

La ville de Baie-Saint-Paul participe-t-elle financièrement à la réalisationde tous ces projets ?

Oui, elle contribue à tous ces évé-nements et depuis 2004, la ville arepris la gestion du Carrefour cul-turel (autrefois le Centre d’art).Nous avons une politique cultu-relle depuis 2001 qui inclut uneentente avec le gouvernement duQuébec. Et d’ailleurs, pour posernotre candidature au titre de capi-tale culturelle, nous devions dé-montrer que les investissementset la participation de la Villeconnaissaient une progressionconstante.

Pour les acteurs locaux, que signifiecette désignation de capitale cultu-relle du Canada ?

Beaucoup de personnes, béné-voles et professionnelles, enga-gés dans la démarche. On parlede plus de 500 personnes : cho-rales, pièces de théâtre, métiersd’art, etc.

Je voulais que ce budget serve àdes fins structurantes et non pourfaire un gros événement qui pas-serait comme une comète etqu’on oublierait sitôt passée. Voilàpourquoi le mandat du comitéprésidé par monsieur Cyril Si-mard devait nous concocter unprogramme dont les bénéfices seferaient sentir durant plusieursannées. Le programme que nousavons adopté comprend septchantiers : les paysages et le pa-

trimoine, les bonnes œuvres, lechœur de la ville, les métiers et lesavoir-faire, l’histoire en devenir,la Fête, les rencontres et la com-mémoration. Des chantiers pourcélébrer le passé et construirel’avenir de Baie-Saint-Paul autourde 22 projets qui se réaliserontsur une période de plus d’un an.C’est ce programme qui a finale-ment remporté le morceau auprèsdu jury de Patrimoine Canada.

Qu’espérez-vous comme retombéesde cette programmation sur le développement de la communautélocale ?

Des retombées à long terme,avant tout. Monsieur Simard arencontré tous les groupes cultu-rels de la ville et des environs etnotre objectif, avec le programmeCapitale culturelle, est de donnerun essor nouveau aux organisa-tions et associations existantes.C’est la raison pour laquelle il y aplusieurs chantiers. Par exemple,avec la corporation des métiersd’arts, on travaille sur la réalisa-tion de produits typiquementcharlevoisiens ; un jury en a faitune sélection et au lieu de trouver,dans les boutiques, des produitsqui n’ont aucun lien avec notrehistoire et notre culture, nous al-lons maintenant y trouver desproduits de notre région.

Doit-on comprendre que vous consi-dérez l’activité culturelle comme le ferde lance du développement de votremilieu ?

Exactement. Nous croyons mêmeque la culture peut aider d’autresentreprises qui n’ont aucun lienavec la culture à vivre et à se dé-velopper. Le rôle de l’élu munici-pal est de tout mettre en œuvrepour assurer un développementharmonieux de son milieu. La cul-ture concerne aussi bien la miseen valeur des paysages, la qualitéde vie des familles que les activi-tés culturelles proprement dites.De là l’idée des 22 projets qui se-ront mis en œuvre dans le cadredes sept chantiers que nous pro-posons.

Baie-Saint-Paul, Capitale culturelle du Canada

« La culture est un facteur de développement »(Jean Fortin)Par Yvon Leclerc, [email protected]

Interrogé au sujet des re-tombées économiques duprogramme Capitale cultu-relle du Canada le directeurgénéral de le directeur gé-néral de la SADC de Charle-voix, Pascal Harvey, avoueque les effets économiquesde ce programme ne se fontpas encore sentir. Il est vraique la saison est jeune etque la plupart des projetsne sont pas vraiment enchantier, dira-t-il. Par contre,ce qu’on peut affirmer, c’estque ce programme vientconsolider les acquis deBaie-Saint-Paul au plan culturel. Et on peut déjà pré-dire qu’il y aura des retom-bées, mais il est trop tôtpour en mesurer les effetstangibles. Chez nous, laChambre de commerce ettout le monde sont persua-dés que la culture est por-teuse de développement etde développement durable; c’est aussi un attrait indéniable pour attirer desfamilles à venir s’établirdans la ville ou dans les environs, conclut-il.

Propos confirmés par AndréSimard, directeur généraldu CLD de Charlevoix. « Onne peut pas affirmer qu’il ya des retombées écono-miques palpables, au mo-ment où on se parle ; mais ily en aura sûrement à lasuite de la réalisation desprojets des chantiers encours. En outre, le rayonne-ment national et internatio-nal qui en découle ne peutmanquer de profiter au dé-veloppement économiquede Baie-Saint-Paul et mêmedes municipalités environ-nantes. » dira ce passionnéd’histoire et de culture.

Jean Fortin Maire de Baie-Saint-Paul

Page 19: Initiatives citoyennes, démocratie et développement …w4.uqo.ca/crcoc/Fichiers/articles/Reseaux_regulier_V...Nathalie Gagnon 418 658-1530 MONTAGE Michel Rousseau concepteur infographiste

La solution à la crise du mo-dèle québécois de développe-ment doit-elle être publique

ou privée? Voilà le faux dilemmeque nous présente le discours do-minant. Faux, parce qu’il ne connaîtque la logique privée centrée sur lamaximisation de l’avoir des action-naires et la logique publique cen-trée sur l’utilisation des biens etservices communs, laissant enmarge les individus et les commu-nautés; faux, parce qu’il ne reconnaît pas la légitimité de la par-ticipation citoyenne active dans laconstruction des solutions et mé-prise les initiatives associatives visant à entreprendre autrement.

Force est de constater, comme lefait Favreau, que les nombreux tra-vaux sur les pratiques où l’écono-mique et le social se croisent etinteragissent sont relativementfragmentés, faiblement auto-nomes, parfois instrumentalisés.Face à ce constat, l’auteur proposeune synthèse générale des enjeuxthéoriques, socioéconomiques, ter-ritoriaux, démocratiques, politiqueset internationaux des entreprisescollectives.

Favreau démontre clairement queles entreprises collectives, la coo-pération et l’économie sociale fontpartie des réponses appropriéespour le développement des com-munautés et des territoires. L’auteurconstruit une synthèse à partir del’analyse critique et de la compré-hension de l’intérieur des entre-prises collectives.

La reconnaissance, à côté de l’État

et du secteur privé, d’un «tiers sec-teur», dont les composantes ont untronc commun de valeurs, ne suffitpas. L’auteur distingue les famillesde cet autre secteur qui, dans laconvergence, renvoient «à des uto-pies, des visions, des stratégies etdes histoires et donc à des culturesdistinctes, lesquelles familles, parailleurs, composent toutes avec lacohabitation et/ou la concurrenceavec l’entreprise privée et l’entre-prise publique dans la productionde biens et de services destinés àrépondre à des besoins sociaux»(p. 105).

Le livre aborde de façon pédago-gique les théories de la coopérationet de l’économie sociale, en pré-sentant des expériences histo-riques significatives de ces formesd’action collective. Cet examen cri-tique de l’évolution et du dévelop-pement de l’économie sociale surle plan économique ainsi que so-ciopolitique permet de comprendrele caractère fédérateur du conceptd’économie sociale. L’auteur mon-tre aussi la participation des entre-prises collectives dans le cadred’un développement territorial du-rable et solidaire, où le social etl’économique sont de moins enmoins séparés, contrairement à lapériode pendant laquelle l’États’occupait du social et l’entrepriseprivée de l’économique. Il s’agit dela place qu’occupent ces nouvellespratiques, allant du social versl’économique et de l’économiquevers le social.

L’analyse de l’architecture politiquedes entreprises collectives traduit la

force de la compréhension que Fa-vreau possède de l‘intérieur. Lesenjeux de la con currence entre lesregroupements existants, d’autolé-gitimation et de représentativité, lacapacité de changement social et ladynamique entre les composantes,lui permettent de reconnaître deuxfamilles de l’économie sociale etdeux grands regroupements : leConseil québécois de la coopéra-tion et de la mutualité assurant lareprésentation politique et la pro-motion de la famille coopérative etmutualiste, et le Chantier de l’éco-nomie sociale représentant princi-palement la famille associative,OBNL entreprenantes. C’est unedynamique stimulante mais aussisource de tensions et de différends.

De plus, l’auteur s’interroge sur lerenouvellement de l’État social,montrant l’originalité de l’expé-rience québécoise qui s’explique,en partie, par la présence d’unmouvement syndical fort, d’unmouvement coopératif importantet d’un mouvement associatif actif.Mais Favreau constate aussi cer-tains signes de fragilisation de l’ex-périence québécoise, ce que donnelieu à quatre propositions géné-rales autour du renouvellement del’État social dont la continuation dela lutte pour démocratiser les insti-tutions publiques.

Le bilan de la coopération et del’économie sociale au Québec aucours de la dernière décennie estréalisé par Favreau en profondeur,analysant tensions et différendsentre les familles et les regroupe-ments de l’économie sociale. Il

s’agit de représentativités mal éta-blies, de concurrence, de discourshégémoniques, de déficits démo-cratiques. Ce bilan expose la préoccupation pour la relance, lerenouveau et la recomposition po-litique de la coopération et de l’éco-nomie sociale où Favreau faitressortir, entre autres, l’enjeu descapacités de transformation socialedes initiatives collectives et la re-politisation des débats au sein desdifférentes familles de l’économiesociale.

Il était inconcevable que Favreaun’aborde pas l’internationalisationdes entreprises collectives au Qué-bec, ce que l’auteur présente sousl’angle des lignes de force de l’éco-nomie sociale engagée dans la so-lidarité internationale.

Enfin, un livre à lire absolument.«Entreprises collectives…» ana-lyse, théorise et illustre, avec desexemples fort pertinents, deuxsortes de pratiques liées mais par-ticulières, faisant face à des situa-tions communes mais différentes,dans l’esprit d’entreprendre autre-ment. Des initiatives qui ont déjà150 ans d’histoire, d’efforts de créa-tion d’une économie à visage hu-main, répondant à une condition denécessité (dimension socioécono-mique), à une identité collective(socioculturelle) et à un projet de société équitable et démocra-tique (sociopolitique). Accompagnéd’une annexe bien documentéedes centres de recherche et des ou-vrages pertinents de référence, celivre offre une synthèse réussie desentreprises collectives visant à par-ticiper, pour paraphraser Petrella, àla construction des règles de lamaison au service de la vie.

Entreprises collectives. Les enjeux sociopolitiques et territoriaux de lacoopération et de l’économie sociale de Louis Favreau, chercheur à l’Université du Québec en OutaouaisPar Ernesto Molina, chercheur Institut de recherche et d’éducation pour les coopératives et les mutuelles de l'Université de Sherbrooke. [email protected]

Lu pour vous...

Réseaux • septembre, octobre 2008 19

Ernesto Molina

Page 20: Initiatives citoyennes, démocratie et développement …w4.uqo.ca/crcoc/Fichiers/articles/Reseaux_regulier_V...Nathalie Gagnon 418 658-1530 MONTAGE Michel Rousseau concepteur infographiste

Depuis plus de 25 ans

Développement économique Canadaappuie financièrement les SADC et les CAE

www.reseau-sadc .qc .ca

Un livre inspirant que vous pouvez vous procurer au Réseau des SADC

Découvrez la débrouillardise et la créativité des régions du Québec

à travers un recueil de 67 initiativesde développement local

touchant des sujets d’actualité :

· la relève en entreprise· les jeunes

· le développement durable· la diversification économique