52
LA REVUE DE L’ÉCO-EFFICACITÉ ÉNERGÉTIQUE 823 ISSN 0758-3826 / JANVIER/FÉVRIER 2014 INTERVIEW ÉCLAIRAGE LED Gardez un œil sur l’optique COGÉNÉRATION Les enjeux d’une solution à fort potentiel SÉCURITÉ Ne négligez pas la maintenance de vos BAES Pour la gestion active du bâtiment tertiaire, industriel et collectif Innovation et start-up dans le pilotage du bâtiment Philippe Pelletier Président du Plan Bâtiment durable « L’efficacité énergétique des bâtiments est aujourd’hui irréversible. »

Innovation et start-up - Filière 3e · Avec des outils numériques renouvelés –un nouveau site d’info en continu (),une chaîne YouTube pour toutes nos interviews de professionnels

  • Upload
    others

  • View
    0

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: Innovation et start-up - Filière 3e · Avec des outils numériques renouvelés –un nouveau site d’info en continu (),une chaîne YouTube pour toutes nos interviews de professionnels

LA REVUE DE L’ÉCO-EFFICACITÉ ÉNERGÉTIQUE 823ISSN 0758-3826 / JANVIER/FÉVRIER 2014

INTERVIEW

ÉCLAIRAGE LED

Gardez un œil sur l’optique

COGÉNÉRATION

Les enjeux d’une solution à fort potentiel

SÉCURITÉ

Ne négligez pasla maintenance de vos BAES

Pour la gestion activedu bâtiment tertiaire,industriel et collectif

Innovation et start-up dans le pilotage du bâtiment

Philippe PelletierPrésident du Plan Bâtiment durable

« L’efficacité énergétique des bâtiments est aujourd’hui irréversible. »

Page 2: Innovation et start-up - Filière 3e · Avec des outils numériques renouvelés –un nouveau site d’info en continu (),une chaîne YouTube pour toutes nos interviews de professionnels
Page 3: Innovation et start-up - Filière 3e · Avec des outils numériques renouvelés –un nouveau site d’info en continu (),une chaîne YouTube pour toutes nos interviews de professionnels

annonce par Google du rachat de Nest (spécialiste du thermostatintelligent) a fait l’effet pour certains d’un véritable coup de semonce.En se positionnant aussi ouvertement et de façon aussi significative(plus de 3 milliards de dollars), le géant américain semble valider d’unseul coup ce que beaucoup pensaient de longue date : l’efficacité énergétique n’est pas tant une affaire de technologie que d’usages.

A fortiori lorsque les prix modérés de l’énergie (ce qui est le cas en France comme auxÉtats-Unis, bien que pour des raisons très différentes) ne permettent pas d’avoir unsignal prix très incitatif. Ce que le président de Nest, Tony Fadell, résume en assurantqu’il est temps que l’efficacité énergétique soit « sexy ». Sous-entendu, moins « ration-nelle » et « culpabilisante »…Alors que de nombreux acteurs du secteur ne parviennent pas à penser l’efficacité énergétique en dehors de l’alternative « produits / services », ce rappel est essentiel, ence qu’il remet l’utilisateur au centre. Un utilisateur qui n’aspire pas à être le récepteurpassif d’un produit ou d’un service, mais qui souhaite simplement que ses besoins soientsatisfaits, dans un « design d’usage » intuitif.

Pour autant, l’heure n’est bien entendu pas à renoncer à concevoir de bons produits,voire des produits extrêmement innovants, et on peut noter à cet égard que le thermostat de Nest incorpore plus de 400 brevets exclusifs. C’est donc bien plutôt à uneintégration subtile de l’ensemble des considérations (économiques, financières, techniques, de design, d’usages…) que nous sommes appelés, en tant que filière allantde la conception à l’installation, en passant par la R&D, le marketing et les logiciels. Bref, une mutation dont les start-up (auxquelles nous consacrons notre dossier dans cenuméro) seront un des ingrédients importants.

Vous l’avez constaté par ailleurs, cette mutation touche également votre j3e. Nouveauformat, nouvelles rubriques, nouveaux experts : votre magazine continue à évoluer pourrépondre au plus près aux besoins d’information des professionnels de la filière. Avec des outils numériques renouvelés – un nouveau site d’info en continu (www.filiere-3e.fr), une chaîne YouTube pour toutes nos interviews de professionnels et d’experts, etune présence sur l’ensemble des médias sociaux – j3e ambitionne de continuer à vousaccompagner au quotidien dans votre prise d’information et votre réflexion. Et de tenirson rôle d’aiguillon de notre filière. Bonne lecture !

Jean TILLINAC

© D

R

En couverture : La vague numérique va révolutionner le bâtiment à travers un écosystème d’objetsintelligents, interconnectés, pilotables à distance. Cette révolution technologique s’accompagne d’un changement profond dans la chaîne des valeurs et des acteurs avec l’arrivée de start-up réactiveset innovantes. Notre dossier du mois évoque cette évolution et comment ces orientations vonttransformer les mondes du bâtiment et de la ville intelligente. © Sergey Nivens – Fotolia.com

Le géant américainsemble valider d’un seul coup ce que beaucouppensaient de longuedate : l’efficacitéénergétique n’est pas tant une affaire de technologie que d’usages.

Les mutations en cours,de Google à… j3e !

j3e 823 / JANVIER/FÉVRIER 2014 - www.filiere-3e.fr 3

ÉDITO

L’

Page 4: Innovation et start-up - Filière 3e · Avec des outils numériques renouvelés –un nouveau site d’info en continu (),une chaîne YouTube pour toutes nos interviews de professionnels

4 j3e 823 / JANVIER/FÉVRIER 2014 - www.filiere-3e.fr

© G

C -

ME

DD

E

FORD 2e de couv.

FEICON BATIMAT 4e de couv.CANDID&YOUNG 27CNPP 24INNOVATIVE BUILDING 39MESSE FRANKFURT 31

j3e N° 823 JANVIER/FÉVRIER 2014

© S

erge

y N

iven

s -

Foto

lia.c

om

10

© D

R

13 - Marché unique des produits verts : Schneider Electric et ses partenaires sélectionnés dans la catégorie « Onduleur »

Guide méthodologique : L’Afnor publie le 1er guide du management de l’innovation

Bornes de recharge : L’engagement environnemental de Petitjean

14 - Silver économie : S’appuyer sur les retours d’expérience

16 - Nomination : Damien Giroud, nouveau président de la plate-forme Datacenters du Gimélec

Rénovation énergétique de l’habitat : AMI pour des plates-formes d’aide en Île-de-France

Services innovants : Le projet « Analyse conso PME/PMI » en cours de développement

17 - Forum LED 2013 : Du tri à faire en éclairage LED

18 - Microcentrale solaire : L’accès à l’énergie pour des populations rurales défavorisées

19 - Enseignement : Accord-cadre Schneider Electric et l’Éducation nationale

Gestion technique du bâtiment : Siemens et Rezidor visent 25 % d’économies d’énergie en 5 ans

En bref• Donnez votre avis sur la vision du bâtiment responsable à 2020-2050• Coopération Promotelec-Électricien sans frontières

LISTE DES ANNONCEURS -N° 823 - janvier/février 2014

14©

Fot

olia

18

© D

R

10 Le Paquet énergie-climat de 2008 est un échec,selon la Cour des comptes

11 Patrimoine public : le long chemin vers laréhabilitation énergétique

12 Les objets connectés peuvent aussi être utilisésdans le cadre d’une attaque

ANALYSES

INTERVIEW

6 Philippe Pelletier : Président du Plan Bâtiment durable

ACTUALITÉ13

j3e est un périodique inscrit à la Commissionparitaire des publications et agences de pressesous le no 0617 T 85793. Il est édité par la Société 3e Médias, SAS au capital de 140 000 euros ; siège social,23, rue Galilée, 75116 Paris ; représentant légalJean Tillinac.

© 3e Médias, Paris. Reproduction interdite.Toutefois, des photocopiespeuvent être réalisées avecl’autorisation de l’éditeur.Celle-ci pourra être obtenueauprès du Centre Français duCopyright, 20, rue des Grands-

Augustins, 75006 Paris, auquel 3e Médias a donnémandat pour le représenter auprès des utilisateurs. Tél. : + 33 (0) 1 44 07 47 70.Dépôt légal : janvier, février 2014

Conception graphique - Réalisation : Planète Graphique Studio - Paris 17e

Impression : IPPAC / Imprimerie de Champagne52500 Langres.

Directeur de la publication : Jean Tillinac

Rédaction3e Médias : 23, rue Galilée, F-75116 ParisTél. + 33 (0) 1 44 92 50 50Fax + 33 (0) 1 44 92 50 51Rédacteur en chef : Jean-Claude KarpelèsSecrétariat de rédaction : Pascale Renou (50 46)Ont collaboré à ce numéro : Jean-Paul Beaudet, Nicolas Delcaze, David Grout, Jean-François Moreau, Élodie Parier, Julian Schorpp

DiffusionMarketing-développement : David Le Souder (50 50)Relations abonnements : Solène Collat (50 41)Abonnement pour la France : voir page 5.Pour l’étranger : 155 € HT franco ;

175 € HT par avion Prix au numéro : 17 €

Publicité3e Médias23, rue Galilée, F-75116 ParisTél. + 33 (0) 1 44 92 50 50 Fax + 33 (0) 1 44 92 50 51Directeur de clientèle print & digital :Thierry MeunierLigne directe : 01 44 92 50 56Mobile : 06 80 21 50 26

Pour joindre vos correspondants : Téléphone : composez le 01 44 92 suivi des 4 chiffres mentionnés (à côté du nom)

e-mail : @filiere-3e.fr précédé de l’initiale du prénom et du nom entier (en minuscule)

SOMMAIRE

Page 5: Innovation et start-up - Filière 3e · Avec des outils numériques renouvelés –un nouveau site d’info en continu (),une chaîne YouTube pour toutes nos interviews de professionnels

3 QUESTIONS À

F FOURNISSEURS ENERGIE FP n Production FT n Transport FD n Distribution

C CONSTRUCTION / FABRICATION CE n Equipement Electrique CL n Eclairage CG n Génie climatique CMn Mesure, Contrôle CA n Automatismes CI n Micro informatique CV n VDI - Sécurité, communication CO n Outils

O MAÎTRISE D’OUVRAGE OP n Promoteur, constructeur OT n Collectivités territoriales OE n Etat (Ministères, DDE, DDA)

P PRESCRIPTION / MAÎTRISE D’ŒUVRE PA n Architecte PI n Architecte d’intérieur PE n BE, ingénierie, conseil PC n Bureau de contrôle PMn Métreur, économiste, géomètre D DISTRIBUTION DI n Importateur DGn Grossiste DDn Détaillant

I INSTALLATION / MAINTENANCE IE n Electricien IC n Chauffagiste, climaticien IA n Automaticien, informaticien,

instrumentiste IV n Installateurs Réseaux, VDIU EXPLOITANTS UI n Utilisateurs industrie UT n Utilisateurs tertiaire UF n Utilisateurs infrastructures UC n Collectivités territorialesG ENSEIGNEMENT / FORMATION GAn Enseignant GBn Etudiant GC n StagiaireS SERVICES SA n Direction générale SC n Direction commerciale SK n Chargé d’affaires SL n Direction marketing SMn Direction des travaux SB n Direction des études SN n Services techniques SX n AutresE EFFECTIF DE L’ENTREPRISE E0 n 1 à 4 E1 n 5 à 10 E2 n 11 à 50 E3 n 51 à 300 E4 n 301 à 1000 E5 n + 1000

À COMPLÉTER

© E

rco

Offre papier + numérique n Abonnement 1 an : 150 € TTC

9 numéros du magazine papier + accès à l’ensemble du site Internet

Offre tout numérique n Abonnement 1 an : 100 € TTC

9 numéros du magazine en version électroniqueuniquement (diffusion par e-mail) + accès à l’ensemble du site Internet

n Règlement par chèque bancaire à l’ordre de 3e Médias

ËOUI, JE SOUHAITE M’ABONNER AU MULTIMÉDIA j3e

Bulletin à découper ou à photocopier et à nous retournerdûment complété à l’adresse suivante : j3e ServiceAbonnement – 23, rue Galilée – 75116 Paris Cedex Pour tout renseignement sur votre abonnement, contactezSolène Collat. Tél. : 01 44 92 50 41 ou par e-mail : [email protected]

Nom . . . . . . . . . . . . . . . . . . Prénom . . . . . . . . . . . . . . . . Société . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Activité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Adresse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Code postal . . . . . . . . . . . . Ville . . . . . . . . . . . . . . . . Tél. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Fax . . . . . . . . . . . . . . . . E-mail . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

28

36

© S

erge

y N

iven

s -

Foto

lia.c

om©

IGN

ES

20

50

PERFORMANCE ÉNERGÉTIQUE

28 Éclairage LEDGardez un œil sur l’optique !

32 CogénérationLes enjeux d’une solution à fort potentiel

DOSSIER

20 Innovation et start-up dans le pilotage du bâtiment :les grandes tendances

50 Dan Napar, Président du Syndicat des automatismes dugénie climatique et de la régulation (ACR)

40 Tour Blanche, La DéfenseRéhabiliter un IGH de 1967 en immeuble HQE, BBC

44 Éclairage d’entrepôtLa fluorescence combinée à l’intelligence

RÉALISATION

36 Éclairage de sécuritéNe négligez pas la maintenance de vos blocs !

SÉCURITÉ

PRODUITS47

Infrastructure LAN : Concevoir des documents de prescription adaptés Alimentation de secours : Cummins complète sa gamme de groupes électrogènes Domotique : La gestion de l’énergie à portée de chaque foyerProtection électrique : Prises électriquesindustrielles sur coffrets avec protectionCVC : Contrôleur intelligent à interface intuitiveTableaux débrochables de distribution BT : Un niveau encore plus élevé de sécurité Alimentation sans interruption : GE étoffe sa gamme d’onduleursVidéoprotection : Caméras Full HD 30 % plus petites que les standards

46

© P

hilip

s lig

htin

DR

46 Soundlight Comfort CeilingLe confort acoustique et le confort visuel combinés

ÉQUIPEMENTS ET TECHNIQUE

j3e 823 / JANVIER/FÉVRIER 2014 - www.filiere-3e.fr 5

SOMMAIRE

40

© N

icol

as V

erce

llino

Page 6: Innovation et start-up - Filière 3e · Avec des outils numériques renouvelés –un nouveau site d’info en continu (),une chaîne YouTube pour toutes nos interviews de professionnels

© GC - MEDDE

L’efficacité énergétique des bâtiments estun mouvement aujourd’huiirréversible

6 j3e 823 / JANVIER/FÉVRIER 2014 - www.filiere-3e.fr

INTERVIEW

Page 7: Innovation et start-up - Filière 3e · Avec des outils numériques renouvelés –un nouveau site d’info en continu (),une chaîne YouTube pour toutes nos interviews de professionnels

Président du Plan Bâtiment durable. Depuis janvier 2009, il s’est vu successivementconfier la conduite du comité stratégique du Plan Bâtiment Grenelle (2009-2012), puis l’ambitieuxprogramme du Plan Bâtiment durable sur la performance énergétique des bâtiments (2012-2017).Conscient des enjeux et de l’immensité de la tâche, Philippe Pelletier mène de front des dossiersaussi urgents et essentiels que la lutte contre la précarité énergétique, la montée en compétencesdes professionnels du bâtiment et les moyens de financement à mettre en œuvre pour soutenir la rénovation énergétique du parc existant. Sans impatience, sans craindre les tensions qu'elle suscite, il dirige à pas comptés cette révolution en marche.

Propos recueillis par Pascale Renou

j3e - Dans le cadre de l’éco-condition-nalité des aides publiques, 30 000 pro-fessionnels de la filière bâtimentdevraient être qualifiés RGE au 1er juillet2014. Un tel objectif est-il atteignable ? Philippe Pelletier - Le principe de l’éco-conditionnalité des aides publiques estquelque chose de nouveau dans notrepays, et je l’approuve vivement puisquej’ai été à l’origine de ce mouvement. Lesprésidents des fédérations du bâtimentont compris qu’il serait difficile de fairemonter les professionnels en compétencessans cette perspective. Nous avons poséce principe d’éco-conditionnalité ensem-ble, au moment où se mettait en place laqualification RGE. Nous n’avions pas fixéde date précise. Les ministres ont annoncémi-2014. Par définition, un délai n’estjamais le bon, il est toujours trop tôt outrop tard, mais arrêter une date évite derester dans une sorte de virtualité ; il faut,à un moment, hâter le pas.L’offre de service RGE ne sera probable-ment pas au niveau attendu, il y aura sansdoute un peu de tension dans certainesbranches, toutes n’avancent pas au mêmerythme, mais l’élan que cela va créer estune bonne chose. Cette tension momen-tanée ne me fait pas peur.

j3e - Y a-t-il assez de formateurs et delieux de formation ? Les modes pédago-giques sont-ils adaptés aux besoins ? Laqualification est un processus souventlong, lourd et coûteux… P.P. - Des progrès réguliers sont réalisésconcernant ces sujets ; il y a des formationssur site, nous sommes ouverts à des for-

mations dispensées par les industriels etles distributeurs… ; c’est quelque chosequi se construit en marchant et, pour lemoment, personne n’a dit qu’il y a uneliste d’attente inquiétante. Les organismes de formation ontconscience qu’il va falloir augmenter lenombre des formateurs et diversifier lespédagogies pour répondre à la demandequi ne peut aller que croissante. Mais nousne partons pas de rien, les formateurs quivont être habilités à dispenser la formationRGE forment déjà aux activités du bâti-ment, c’est un ajustement à organiser.Quant à l’attribution de la qualification,nous réfléchissons avec les organismescertificateurs pour que la procédure soitplus légère, moins coûteuse et plus rapide. Tout cela est en mouvement. La directionest bonne et le principe excellent : pas uneuro public ne sera dépensé si les travauxde rénovation énergétique d’un bâtimentne sont pas confiés à une entreprise qua-lifiée.

j3e - Les aides de l’État suffiront-ellespour que les ménages passent à l’acte ? P.P. - Je n’ai jamais pensé que les 16 mil-lions de résidences principales seraientrénovées dans un laps de temps court.Personne ne peut l’imaginer. Je m’inscrisdans la durée ; ce que fait la loi en fixantun horizon 2050. N’ayons pas une exi-gence impossible qui fait qu’on jugeraitqu’un processus est mauvais parce que,dans un temps théorique trop court, nousn’aurions pas le résultat attendu.Notre objectif premier était de généraliserla prise de conscience que le coût de

l’énergie va peser sur le pouvoir d’achat.Cela est en train de s’ancrer dans lesesprits. Le coût de l’énergie va augmenter ;nous ne savons pas quand ni comment,mais nous en avons l’intuition. Il fautensuite comprendre que, même si nousn’en sommes pas encore là, l’inaction vacoûter cher.Quant aux ressorts qui feront passer lesménages à l’acte, ils peuvent varier selon :- la prise de conscience des enjeux pla-nétaires et du réchauffement climatique,même si ce n’est pas ce qui pèse actuel-lement le plus dans la décision desménages ;- l’importance du montant des chargesde chauffage. Pour les ménages en situa-tion de précarité énergétique, ce sujetpèse lourdement ; certains ne se chauffentpas. Pour d’autres, la décision de rénoversera prise lorsqu’ils auront compris qu’ilspeuvent mieux se chauffer sans greverleur budget de fonctionnement ; - en outre, un autre levier, que je croispuissant dans les temps à venir, est lavalorisation du bien. Une étude auprèsdes notaires a montré une différencesignificative de la valeur d’une maisonselon qu’elle est économique ou énergi-vore. Les propriétaires vont comprendrequ’ils doivent consacrer une partie deleur épargne à maintenir la valeur de leurpatrimoine.

j3e - Comment encourager les bouquetsde travaux pour éviter des chantiers mor-celés qui ne sont in fine pas toujourscohérents ni efficaces ? P.P. - Pour cela il faut relancer l’éco-PTZ, …

Philippe Pelletier

j3e 823 / JANVIER/FÉVRIER 2014 - www.filiere-3e.fr 7

INTERVIEW

Page 8: Innovation et start-up - Filière 3e · Avec des outils numériques renouvelés –un nouveau site d’info en continu (),une chaîne YouTube pour toutes nos interviews de professionnels

8

Philippe Pelletier

… je ne vois pas d’autre solution. Ce prêt al’avantage de mettre à disposition desmaîtres d’ouvrage un capital qu’ils n’ontpas ou ne veulent pas consacrer à un bou-quet de travaux énergétiques qui produitpourtant un effet immédiat. Il faut qu’ilscomprennent que cette approche necoûte pas plus cher que des travaux « àla petite semaine », dès lors que la tréso-rerie de l’opération est mise à leur dis-position. Ils rembourseront sur unelongue durée, feront les travaux en uneseule fois et réaliseront des économiesd’échelle sur leur facture. Le crédit d’impôt développement dura-ble est l’autre élément qui donne de lacohérence à notre démarche car il vafavoriser la réalisation de bouquets detravaux. En cela, le CIDD s’inscrit dansla même logique que l’éco-PTZ.

j3e - Et les banques vont s’engager ?P.P. - Elles disent être prêtes à s’engager,et je vous rappelle qu’elles l’avaient faitinitialement. Nous avons connu unepériode où il y avait jusqu’à 10 000 éco-PTZ/mois. Si elles ont arrêté de distribuercet éco-prêt, c’est parce qu’on leur deman-dait de contrôler l’éligibilité des travaux.Ce n’était pas leur rôle. Avec un tempsadministratif trop lent, il a enfin été décidéd’ajuster le système pour que ce soit l’en-treprise de travaux qui porte cette res-ponsabilité. Il nous a manqué un peu detemps pour que cet ajustement soit inscritdans le projet de loi de finances 2014. Ilsera acté dans le prochain dispositif légis-latif, le plus rapidement possible. Lesbanques ont été impliquées dans cetteréforme, et j’y mets beaucoup d’espoir.Mais ne soyons pas impatients à l’égarddes ménages ou même des copropriétairesqui ne sont pas passés à l’acte. Pour répon-dre à leurs attentes, il fallait que l’offre semette en place.

j3e - Les copropriétés, justement, ont dumal à s’engager dans la rénovation.Comment les mobiliser ?P.P. - La rénovation des copropriétés estun sujet compliqué auquel nous allonsfortement nous atteler en 2014. Pour lemoment, notre action s’exerce surtoutauprès des fédérations immobilières quis’étaient concentrées sur le projet de loiAlur. Elles vont bientôt pouvoir se mobi-liser sur d’autres sujets, en particulier despartenariats et des actions de formationmassive des syndics.Nous savons ce qu’il faut expliquer auxsyndics ; ce sera fait avec les Régions, lesénergéticiens et le soutien de réseauxmutualistes. Je pense aussi que de grandsréseaux bancaires vont nous appuyer. Il fallait, avant toute chose, qu’une « boîteà outils » soit mise au point. La parution,le 27 décembre dernier, du décret ouvrantla voie à l’éco-PTZ collectif permettra àun syndic de présenter les financementsen même temps qu’il présentera, à lacopropriété, les dépenses de travaux. Etlorsque la loi Alur sera votée, de nom-breuses dispositions allégeront la procé-dure et la prise de décision. Les outils sont désormais en place pourle secteur des copropriétés. Il faut main-tenant former les syndics. C’est le pointde départ. L’information des coproprié-taires viendra ensuite, c’est un sujet du 2e trimestre 2014.

j3e - Qu’en est-il des collectivités terri-toriales ? La loi Handicap, qui peut se tra-duire par une coûteuse mise en confor-mité des ERP, ne permet pas à certainescollectivités de rénover leurs bâtimentscomme elles le voudraient. P.P. - Dans le projet que l’on porte pourla rénovation énergétique du parc tertiairepublic et privé (rapport Gauchot), nousavons posé un principe fondamental qui

est la soutenabilité de la dépense. C’est unprincipe en parfaite adéquation avec lesrègles européennes selon lesquelles on neconduit pas un acteur, quel qu’il soit, àune dépense qui ne serait pas soutenable.Si les moyens ne sont pas disponibles, ladépense n’a pas lieu. Notre conseil aux collectivités est deconcentrer leurs efforts sur un type debâtiment ou un immeuble en particulier.La recommandation que je leur adresseest de traiter en priorité le parc éducatif.Certaines régions l’ont déjà fait avec leslycées et c’est une très bonne démarche.Si l’on assurait la rénovation des écoles,collèges, lycées et universités, les jeunesqui y sont scolarisés seraient les meilleursambassadeurs du monde pour inciter leursparents à s’engager eux aussi dans la réno-vation du logement. J’entends bien que les territoires ont desobligations qui se télescopent, que leursfinances ne sont pas extensibles. Mais iln’y a pas, à ce jour, d’obligation de réno-vation pour les collectivités. Il est vrai quele décret de rénovation du parc tertiairedoit être acté en 2014, et c’est pour celaque j’ai pensé bon de lancer un engage-ment volontaire à l’intention de ceux quiveulent et peuvent s’engager dans le mou-vement sans attendre.

j3e - Cette charte pour la rénovationénergétique que vous évoquez et qui aété signée par une trentaine d’acteurs nereprésente, en m2, qu’une part infime duparc français…P.P. - Il y a bien plus d’une trentaine designataires. Leur nombre augmente régu-lièrement. Un évènement, en janvier, amarqué l’engagement de nombreux nou-veaux signataires. L’ARF (Association desRégions de France) a signé et encourageses Régions à faire de même. Quelquesvilles et départements réfléchissent…

j3e 823 / JANVIER/FÉVRIER 2014 - www.filiere-3e.fr

« Les outils sont désormais en place pour le secteur des copropriétés.

Il faut maintenant former les syndics. C’est le point de départ, et ce sera fait. »

INTERVIEW

Page 9: Innovation et start-up - Filière 3e · Avec des outils numériques renouvelés –un nouveau site d’info en continu (),une chaîne YouTube pour toutes nos interviews de professionnels

Mais, vous avez raison, cela représente peude m2 au regard des 850 millions du parcexistant, et je vais m’attaquer au deuxièmevolet de ce sujet. Le premier consistait àdonner un élan, à rassembler tous les « voltigeurs » capables de se mettre enmouvement. Nous allons maintenant tra-vailler avec les chambres de commerce etdes métiers pour voir comment accom-pagner les entreprises propriétaires dansla rénovation de leurs bâtiments.

j3e - Dans l’ensemble de ces dispositifsmis en œuvre pour soutenir la rénova-tion du parc existant, la régulation etl’approche globale du bâtiment, indis-pensables pour obtenir les résultatsattendus, semblent peu visibles... P.P. - J’ai toujours défendu et je continuede défendre la complémentarité entre l’efficacité énergétique passive et active. Jepense que la bonne démarche est d’expli-quer que l’efficacité énergétique repose surle triptyque « bâtiment isolé, système éner-gétique maîtrisé, comportement ajusté ».Ce n’est peut-être pas encore audible detous, mais regardez la dernière actionpublique, ce programme de la Franceindustrielle autour de la rénovation éner-gétique des bâtiments. Le pilotage de ceprogramme a été confié à Delta Dore etPoint P. C’est bien la preuve que efficacitésactive et passive sont complémentaires. Je passe beaucoup de temps avec les indus-triels, et je pense mobiliser l’ensemble desacteurs, mais tous conviennent que le sujetle plus aigu dans ce domaine est la qualitéde la mise en œuvre. Cela dit, j’entends ce

que vous dites et, parmi les sujets que l’ontraite, il faut sans doute que l’on mettedavantage l’accent sur cet aspect d’ap-proche globale qui englobe une mainte-nance et un pilotage précis.

j3e - Quelle vont être vos actions priori-taires en 2014 ? P.P. - La mise en perspective de l’étape2020 est essentielle pour la constructionneuve, mais la rénovation du parc rési-dentiel est tout à fait prioritaire. Il fautque nous progressions à grands pas dansla lutte contre la précarité énergétique en2014, comme nous l’avons fait dans lesderniers mois de 2013, c’est-à-dire entraitant journellement 200 à 300 maisonstouchées par la précarité énergétique. Ilfaut que l’on conserve ce rythme ouqu’on l’accroisse. La résidence indivi-duelle est le plus urgent de nos sujets. Àsurface égale, une maison consommedeux fois plus d’énergie qu’un apparte-ment. Et, paradoxalement, les gens lesplus fragiles sont propriétaires de leurmaison.

Quant à l’accompagnement des ménages,qui est traité au niveau du département etde l’intercommunalité sous la conduite del’Anah, je voudrais qu’il s’inscrive dans ladurée, car il y a là des enjeux sociaux trèssérieux avec des ménages qui habitent enzone rurale ou périurbaine et qui se sententabandonnés par la collectivité.Parmi les autres priorités de 2014, il fautengager le mouvement de la rénovationdes copropriétés, comme je l’ai dit. Il fautégalement continuer à développer cet élanautour de la rénovation du parc tertiaire,en essayant de flécher les actions publiquessur le parc des bâtiments éducatifs. Enfin,du côté de l’offre, il faut réussir l’éco-conditionnalité au 1er juillet.

L’efficacité énergétique des bâtiments estun mouvement dont je suis convaincuqu’il est aujourd’hui irréversible, mêmes’il s’inscrit dans la longue durée. Les pro-fessionnels qui douteraient encore que lemarché est là devraient changer d’avis. Larénovation énergétique des bâtiments,c’est maintenant.

« Nous allons travailler avec les chambres de commerce et des métiers pour voir

comment accompagner les entreprises propriétaires dans la rénovation de leurs bâtiments. »

Philippe Pelletier INTERVIEW

Je n’ai jamais pensé que les 16 millions de résidences

principales seraient rénovéesdans un laps de temps court.

Je m’inscris dans la durée ;ce que fait la loi en fixant un

horizon 2050. N’ayons pasune exigence impossible

qui fait qu’on jugerait qu’un processus est mauvais

parce que, dans un tempsthéorique trop court, nous n’aurions pas le

résultat attendu.

© DR

j3e 823 / JANVIER/FÉVRIER 2014 - www.filiere-3e.fr 9

Page 10: Innovation et start-up - Filière 3e · Avec des outils numériques renouvelés –un nouveau site d’info en continu (),une chaîne YouTube pour toutes nos interviews de professionnels

ANALYSES

jour même de la publication du rapport.Une concentration excessive sur le loge-ment et le tertiaire, « des mesures pour lestransports coûteuses mais peu efficaces » etla quasi-absence de mesures pour l’agri-culture, pourtant grande émettrice, sontles principales défaillances identifiées parla Cour des comptes. En principe, laFrance devrait miser davantage sur l’effi-cacité énergétique, « plutôt que sur la dé-carbonisation de la production d’énergie »,a déclaré Didier Migaud aux députés.

Les énergies renouvelables négligées Le développement de la chaleur renouve-lable a également été négligé, déplorent lesmagistrats qui plaident pour un renforce-ment du dispositif de soutien.La montée en puissance des énergies renouvelables a pris du retard, constate la Cour. L’objectif fixé pour 2020 (23 % de la production d’électricité) « sera très difficile à atteindre » si l’ajout de capacitéde production verte ne devient pas « six fois plus important que sur la période 2005-2011 ».

(1) La Commission européenne a finalement pro-posé que les 28 États membres se fixent pour objec-tif de réduire de 40 % leurs émissions de gaz à effetde serre d'ici à 2030 par rapport à 1990. Réductionqui correspond aux recommandations du Gieecpour contenir la hausse moyenne des températuresen deçà de 2 °C au niveau mondial d'ici à la fin dusiècle. La proposition prévoit également que l'UEaugmente la part des EnR à 27 % en 2030, sansimposer aux États d'objectifs contraignants en lamatière. Enfin, la Commission a décidé de remettreà plus tard la discussion sur l'efficacité énergétique.

L a publication, jeudi 16 janvier, durapport de la Cour des comptessur la mise en œuvre du paquet

climat-énergie de 2008 tombe à pic.Le débat sur l’avenir de la politique éner-gétique et climatique à l’horizon 2030 batson plein à Bruxelles. Le 22 janvier, laCommission européenne dévoilera ses ré-flexions sur le sujet.L’analyse des magistrats a une bonnechance d’influencer la négociation, qui sepoursuivra lors des réunions des minis-tres en février et des chefs d’État et degouvernement mi-mars. (1)

D’autant plus que le message envoyé estsans équivoque : le paquet climat-énergieadopté par l’UE a échoué et la France n’apas réussi à mettre en place une politiquecohérente et efficace.

L’Europe a trop d’objectifs Pour la Cour des comptes, le cadre euro-péen est « complexe et peu lisible ». Le pa-quet comprend une multitude de textes,qui doivent permettre d’atteindre ces ob-jectifs. Mais, selon la Cour des comptes,cette « multiplicité d’horizons et d’objec-tifs » rend difficile la « mise en œuvre cohérente et un suivi efficace ».Les principaux instruments européens dela politique climatique sont jugés large-ment inefficaces par les sages de la rueCambon. Faute d’un prix du carbone suf-fisamment élevé, le système d’échange dequotas d’émission de gaz à effet de serren’a pas incité les industriels à rendre leursprocédés moins polluants ou à investir

dans le captage et le stockage du carbone.La baisse des émissions en France s’ex-plique en grande partie par une activitéréduite en période de crise économique.Il n’est toutefois pas certain que la Franceatteindra ses objectifs, une fois l’économierelancée, estiment les magistrats.À l’avenir, l’Union européenne devrait re-voir sa politique, notamment en misantsur un seul objectif de réduction de l’« empreinte carbone », propose la Courdes comptes. Une telle approche permet-trait de prendre davantage en compte laproduction d’électricité hexagonale déjàlargement « décarbonisée ». Elle seraitégalement plus propice à favoriser la ré-duction des émissions de gaz à effet deserre, « but ultime de la politique euro-péenne ». Le développement massif desénergies renouvelables peut entraîner une« carbonisation paradoxale » du mixénergétique, telle que constatée en Alle-magne, avertissent les magistrats.

Des mesures nationales incohérentes et mal évaluées Peu clémente avec l’Europe, la Cour descomptes ne se prive pas non plus d’épin-gler le gouvernement français. Sa critiqueprincipale vise l’« insuffisance de pilotageinterministériel » des mesures prises au ni-veau national. Le rôle du comité intermi-nistériel devrait être renforcé.« Foisonnantes », elles n’ont « pas la cohé-rence nécessaire », a résumé le premier pré-sident de la Cour des comptes, DidierMigaud, auditionné par les députés le

Les mesures prises par la France sont jugéesincohérentes. L’Europe est appelée à miser sur unseul objectif de réduction de l’empreinte carbone.

PAR JULIAN SCHORPP, www.contexte.com

Le paquet énergie-climat de 2008 est un échec, selon la Cour des comptes

La Cour des comptes déplore l’insuffisance del’évaluation des mesures prises par la France.

10 j3e 823 / JANVIER/FÉVRIER 2014 - www.filiere-3e.fr

Page 11: Innovation et start-up - Filière 3e · Avec des outils numériques renouvelés –un nouveau site d’info en continu (),une chaîne YouTube pour toutes nos interviews de professionnels

ANALYSES

j3e 823 / JANVIER/FÉVRIER 2014 - www.filiere-3e.fr 11

tale de l’investissement, à la manièred’une survaleur, pour faire accepter desretours sur investissement plus longs quepour des investissements traditionnels.Comme nos autoroutes, comme nos aé-roports, comme nos écoles, comme nosréseaux haut débit, la performance éner-gétique est un investissement public né-cessaire. Sa survaleur, la valeur qui necorrespond pas à un montant mais à unressenti, est comprise par tous. S’impli-quer activement dans le bien-être de sonenvironnement, contribuer aux écono-mies de consommations et de dépenses,se projeter dans le long terme, impulseren tant qu’individu un mouvement gé-néral bénéfique sont autant de qualifi-catifs pour cette notion de survaleur.Des arbitrages sont donc nécessaires. Des efforts doivent être consentis par lesdifférents acteurs. Les prêteurs gagne-raient à assouplir leurs exigences de « track record » sur des dossiers qui, pardéfinition, en sont aujourd’hui orphe-lins. Un mix investisseurs complexe, quiintègre des retours sur investissementsdifférenciés en montant et en temps, serait adapté aux caractéristiques dumodèle technico-économique de la réhabilitation énergétique. Les pouvoirspublics doivent faire des arbitrages d’in-vestissement à long terme. Un complé-ment en crowdfunding pourrait êtreenvisagé. La réhabilitation énergétique des bâti-ments publics a été reléguée en arrière-plan du Grenelle lorsque la premièresource de financement identifiée, leséconomies d’énergie réalisées grâce auxtravaux, est mort-née. Elle doit retrou-ver une place de premier plan.

P rendre conscience de son envi-ronnement et contribuer à lemaintenir en bon état pour les

générations futures donne du sens à nosexistences. Nous sommes tous pour l’ef-ficacité énergétique : l’État, les citoyens,les fournisseurs, les constructeurs, lesmainteneurs… Notre objectif national :une consommation d’énergie en Francedivisée par quatre d’ici à 2050, pour ré-duire d’autant les émissions de gaz àeffet de serre. Amélioration thermiquede l’enveloppe, exploitation efficace deséquipements performants, utilisationd’énergies renouvelables, comportementsobre des utilisateurs : les leviers de laperformance énergétique sont maîtriséspar les professionnels du bâtiment.

Au cœur de l’action, un enjeu majeur :les bâtiments publics représentent 40 %des bâtiments tertiaires et 15 % des bâ-timents résidentiels. Leur consomma-tion d’énergie représente 1,5 milliardd’euros par an sur les 2 milliards decharges annuelles d’énergie, en comp-tant les transports. Leur rénovationénergétique doit être conduite. En même temps, l’idée première quiconsistait à payer les travaux réalisés àl’aide des économies d’énergie renduespossibles a fait long feu. Le modèle estbancal pour plusieurs raisons : mécon-naissance des coûts et consommationsde référence, évolution non maîtriséedes coûts unitaires des sources d’éner-gie, incertitudes sur les évolutions com-portementales des usagers. De plus,pour les collectivités, peu d’incitations àl’investissement existent : restrictionsdes subventions de l’Ademe, pas d’en-

couragement fiscal du gouvernementsous la forme, par exemple, d’une TVAréduite globale sur ce type de projet.L’État a reculé sur les objectifs du Gre-nelle, constatant l’ampleur de la tâche.Les banques se cachent derrière le « track record » qu’elles réclament,même pour des projets par définitionpionniers.Alors comment rénover nos hôtels deville, gymnases, écoles, musées ? Outrele resserrement généralisé des sources definancement, deux principaux facteursralentissent l’accès au financement pources projets : leur échelle et leur modèletechnico-économique.

L’échelle du projet dans l’espace, le pé-rimètre technique : comment optimiserune GTC sur un nombre restreint de bâ-timents ? Comment créer un « pool »d’économies d’énergie de taille critiquesur la base d’un périmètre de bâtimentshétérogènes et pourtant parfois réduit ?Et l’échelle du projet dans le temps, ladurée du projet : serait-il possible d’ob-tenir un meilleur taux de retour sur uneglobalité de projets que sur plusieursprojets traités individuellement ?

Son modèle technico-économique : laperformance énergétique fait le plussouvent l’objet d’une politique d’inves-tissement initial à faible retour, voirenul. Si l’identification en amont des in-vestissements les plus rentables entermes d’économie d’énergie, voire lesplus reproductibles sur un patrimoine,est bien entendu un préalable nécessaire,il semble aussi nécessaire de valoriser ladimension qualitative environnemen-

Tout le monde s'accorde sur le fait que la rénovation desbâtiments publics est nécessaire. Mais comment s'engagerdans la voie quand les pouvoirs publics reculent sur lesobjectifs et les investisseurs sur le financement ?

PAR ÉLODIE PARIER, spécialiste de la gestion financière des contrats public-privé, Dé.FI

Patrimoine public : le long cheminvers la réhabilitation énergétique

Page 12: Innovation et start-up - Filière 3e · Avec des outils numériques renouvelés –un nouveau site d’info en continu (),une chaîne YouTube pour toutes nos interviews de professionnels

ANALYSES

Virtuel et physique Comme nos appareils intègrent de plus enplus nos données et préférences person-nelles, l’opportunité pour les hackersd’utiliser ces informations à des fins mal-veillantes est très tentante. Non seulementnotre sécurité physique pourra être com-promise, mais nos identités virtuelles le seront également. Et c’est un risqueénorme lorsqu’on sait que le temps moyennécessaire pour réparer les dommagescausés par une usurpation d’identité estestimé à 330 heures.

L’innovation sécurisée Du fait que nous passons de plus en plusde temps sur Internet, il n’est pas surpre-nant que des personnes malveillantes aientdéplacé leurs attaques en ligne. Internet estune mine d’argent et d’informations quis’est avérée irrésistible pour les cyberes-crocs. Nous devons nous améliorer entermes de protection personnelle si nousvoulons ralentir, voire endiguer, le succèsdes cybercriminels. Nous vivons dans unmonde moderne de confort incroyable,mais comme la technologie surpasse nosrêves les plus fous, fabricants et consom-mateurs doivent, de la même façon, êtreconscients des conséquences qu’il y a à relier nos identités les unes aux autres, afind’essayer de préserver notre vie privée etnotre sécurité personnelle.

N ous vivons dans un monde decommodités modernes sophis-tiquées. L’informatique, intégrée

désormais dans tous les aspects de notrevie quotidienne, a permis d’avoir accès àtoutes sortes d’informations où et quandnous en avons besoin. Des dispositifs, deplus en plus intelligents, peuvent désor-mais communiquer entre eux de manièreinédite. Ericsson prédit que, d’ici à 2020, ily aura 50 milliards d’appareils connectésà Internet. Les possibilités offertes par cet« Internet des objets » sont infinies. Maissommes-nous prêts pour cet avenirconnecté ? Loin de ne concerner que lesPC, téléphones et tablettes, ce sont désor-mais d’autres appareils (téléviseurs, voi-tures, appareils médicaux, distributeursautomatiques, etc.) qui deviennent capa-bles de communiquer.

Attention, logiciels malveillants devant Si nous nous projetons dans un mondeavec 50 milliards d’appareils connectés en2020 (pour environ 1 milliard, il y a unan), le concept de voiture connectée nesurprend plus. Le Nevada vient ainsi dedémarrer un programme visant à définirles règles à respecter concernant les voi-tures se pilotant de façon autonome. Ima-ginez, par exemple, de pouvoir un jourprendre un taxi où il n’y a pas de chauf-feur, juste un ordinateur derrière le volant.Mais qui dit ère de la voiture connectée ditégalement ère des menaces se propageantà ces nouvelles cibles. Le code de la route sera toujours là pourindiquer quand tourner à gauche, s’arrêter

ou céder le passage. Malheureusement, iln’y a aucun panneau pour guider les uti-lisateurs lors de manœuvres sur l’auto-route virtuelle et connectée. Les appareilssans fil, tels que les systèmes d’immobili-sation de véhicules contrôlés via l’Internet,qui peuvent désactiver à distance une voi-ture, pourraient également être utilisés àmauvais escient pour désactiver des véhi-cules appartenant à des propriétaires peuméfiants. Ceux-ci ne sauront pas ce qui sepasse jusqu’à ce que le logiciel malveillantfrappe. Au Texas, on a recensé plus de 100 véhicules ayant été désactivés à partir d’un système de désactivation par télécommande.

Le hacking fait mal Ce ne sont pas seulement les voitures quipeuvent occasionner des problèmes desécurité. Imaginez si quelque chose, dontvous êtes dépendant pour rester enbonne santé, a été piraté par des per-sonnes mal intentionnées ? La menace estbien réelle. Comme de plus en plus detechnologies numériques sont intro-duites dans les véhicules, les systèmes detransport et les matériels médicaux, lamenace d’attaque par des logiciels mal-veillants augmente. Les objets connectéspeuvent aussi être utilisé dans le cadred’une attaque, comme ce fut le cas aumois de décembre lorsque des chercheursallemands ont découvert un réseau bot-net ayant pris la main sur des télévisions,des routeurs et même des réfrigérateurs.Ce réseau avait envoyé plus de 750 000spam et phishing entre le 23 décembre2013 et le 16 janvier 2014.

Des dispositifs de plus en plus intelligents peuventdésormais communiquer entre eux de manière inédite. Les possibilités offertes par cet « Internet des objets » sontinfinies, mais sommes-nous prêts pour cet avenir connecté ?

PAR DAVID GROUT, directeur Avant-Vente Europe du Sud, Intel-McAfee

Les objets connectés peuvent aussi être utilisés dans le cadred’une attaque

Les équipements de la maison (smart TV, réfrigérateur…)deviennent aussi la ciblede hackers. Lire l’articlesur le blog de McAfee

12 j3e 823 / JANVIER/FÉVRIER 2014 - www.filiere-3e.fr

Page 13: Innovation et start-up - Filière 3e · Avec des outils numériques renouvelés –un nouveau site d’info en continu (),une chaîne YouTube pour toutes nos interviews de professionnels

ACTUALITÉ

Schneider Electricet ses partenairessélectionnés dans la catégorie « Onduleur »

j3e 823 / JANVIER/FÉVRIER 2014 - www.filiere-3e.fr 13

Marché unique des produits verts

L’Afnor vient de publierun guide normatif(FD X 50-271) pour aider à la mise en œuvre d’unedémarche de manage-ment de l’innovation. Destiné aux entreprisespetites ou grandes, auxassociations ou collectivi-tés, il s’applique à touttype d’innovation et réper-torie les questions clés :recherche des opportuni-tés d’innovation, définition des axes d’inno-vation, évaluation des menaces... Les étapescomplémentaires sont

L’Afnor publie le 1er guide dumanagement de l’innovation

présentées sous forme defiche de bonnes pratiques :identifier les connais-sances et les savoir-faire,repérer les contraintes etles axes d’innovation per-tinents, organiser le retourd’expérience, définir lastratégie de propriété intellectuelle... Ce guidedonne toutes les clés pourdoper la volonté d’innover.Élaboré par la France, ilsera proposé à l’Organisa-tion internationale de nor-malisation (ISO) pour unereprise en norme interna-tionale.

L’entreprise Petitjean,certifiée ISO 14001,innove pour répondre auxambitions environnemen-tales des collectivités etdes entreprises, notam-ment avec la borne d'alimentation électriqueDistri’Volt. 100 % éco-conçue, recyclable et inté-grable dans des mâts

L’engagement environnemental de Petitjean

d’éclairage public, ellepermet de multiplier lespoints de recharge sansajouter de nouvellesbornes. Une innovationqui favorise un accès facile pour tous à la recharge des véhiculesélectriques et encouragel’évolution des comporte-ments responsables.

Guide méthodologique

Bornes de recharge

En avril 2013, laCommission euro-péenne a publié

une communication auParlement européen et au Conseil pour « faciliterl’amélioration de l’informa-tion relative à la perfor-mance environnementaledes produits et des organi-sations » par la mise enplace d’un marché uniquedes produits verts. Dansce cadre, une phase expé-rimentale de 3 ans a étélancée avec la participa-tion de volontaires pourtester des méthodes demesure d’empreinte envi-ronnementale : pour lesproduits (EEP) et les orga-nisations (EEO). Parmi les90 candidatures reçues et14 pilotes désignés, legroupe Cemep-Gimélec, Eaton, Emerson,Legrand, PEPecopassport,SGS et Socomec associé àSchneider Electric a été

sélectionné pour la catégorie « Onduleur ».Ces partenaires devront :- définir et valider le processus de développe-ment des règles propres au groupe de produits « Onduleur » ;- évaluer la performanceenvironnementale de produits ;- définir et valider des systèmes de conformité et de vérification adaptés ;- tester différents moyensde communication B2B etB2C pour les informationsrelatives à l'empreinte environnementale des produits.Le travail des pilotes a débuté le 4 novembre2013. Une première réunion des parties prenantes se tiendra le 26 février. À noter qu’un 2e appel à volontaires est prévu au 2e trimestre 2014.

C’est la part des EnRdans le bouquet énergé-tique à l’horizon 2030que la Commission euro-péenne propose en vue

du Conseil européen, les 20 et 21 mars prochains.Selon le Syndicat des énergies renouvelables, cet ob-jectif traduit une progression plus faible que pour lapériode 2007-2020, alors que les filières des EnR au-ront accompli une grande partie de leur courbe d’ap-prentissage d’ici à 2020. Il est par ailleurs proposé que cet objectif ne soitcontraignant qu’au niveau de l’Union européenne et

non de chaque pays, ce qui déresponsabiliserait cha-cun des États membres, selon le Syndicat. Jean-LouisBal, président du SER, espère que le gouvernementfrançais sera plus ambitieux que la Commission etproposera dans le futur projet de loi de programma-tion sur la transition énergétique une augmentationplus significative des énergies renouvelables : « Ilest plus important que jamais que l’Europe atteigneles 20 % contraignants d’énergies renouvelables en2020, pour lesquels la France s’est engagée à hauteurde 23 %. Rappelons qu’au rythme actuel, qui nousconduirait à 17 %, notre pays ne sera pas au rendez-vous. »

27 %

Page 14: Innovation et start-up - Filière 3e · Avec des outils numériques renouvelés –un nouveau site d’info en continu (),une chaîne YouTube pour toutes nos interviews de professionnels

14 j3e 823 / JANVIER/FÉVRIER 2014 - www.filiere-3e.fr

ACTUALITÉ

S’appuyer sur les retours d’expérience Silver économie

Silver Economy Expo, premier rendez-vous 100 % BtoB des technologies et servicespour les seniors, s’est tenu à Paris les 5 et 6 décembre derniers. Au programme de cetévènement, une conférence sur l’expérience menée en Limousin par la Région, Legrandet la Fondation Caisses d’Épargne pour la solidarité. Instructif pour tous ceux qui voudraient s’engager dans une démarche d’aide au maintien à domicile.

hostiles aux solutions do-motiques dès lors qu’ellesy trouvent un intérêt, queles systèmes sont simplesà utiliser et qu’il y a un accompagnement à l’usage(le taux d’acceptation enLimousin atteint 97,3 %).Jusqu’à présent, la téléas-sistance permettait de se-courir les personnes ayantchuté. Les solutions domo-tiques sont préventives,elles permettent, parexemple, de limiter leschutes, souvent fatales à cet âge. L’expériencemenée en Limousin a montré que la domotique,lorsqu’elle est associée àun service d’assistance deproximité, divise par troisle nombre de chutes et réduit considérablementl’hospitalisation. »

La technologie estmoins l’enjeu que la volonté des hommesLes facteurs de réussitesont multiples. Si, pour Olivier Vallée, responsa-ble des partenariats ausein de la direction mar-keting France, groupe Le-grand, « la technologie nepeut avoir de sens qu’avecun service associé pourpermettre de réagir faceaux situations, la mise aupoint de la domotique et lafiabilité des systèmes sontdes facteurs clés ». Demême la proximité du ser-vice d’assistance : « Il fautêtre proche géographique-

pour la solidarité et legroupe Legrand. Ensem-ble, ces acteurs publics etprivés ont mis en place unservice de téléassistanceavancée dont la réussitepourrait servir de modèle.

Associer domotique etservices de proximitépour convaincreNon seulement la mise enplace de cette plate-formeet d’un service à la per-sonne 24/7 dans l’ensem-ble du territoire limousin a répondu aux attentes,mais elle a créé de l’em-ploi, mobilisé d’autres services et permis d’anti-ciper, avec le groupe Legrand, ce que pouvaitapporter la filière indus-trielle dans le domaine de la Silver économie. Un résultat très positif,selon Évelyne Sancier, directrice de Projet, Fon-dation Caisses d’Épargnepour la solidarité, dont ilfaut tirer des leçons : « Les personnes que nous accompagnons (80 ans enmoyenne) ne sont pas

Avec l’allongementde la durée de vieet le nécessaire

développement du main-tien à domicile, la Silveréconomie (1) est devenueun enjeu économique et sociétal majeur. Le « contrat de filière », signépar les ministres ArnaudMontebourg et MichèleDelaunay, le 12 décembre

dernier (flashcode), pré-voit notamment d’adapter80 000 logements d’ici à2017 en s’appuyant sur ladomotique pour aller versdes logements connectés.Une voie dans laquelle larégion Limousin s’est déjàfortement engagée grâceà un travail mené ensynergie avec la Fonda-tion Caisses d’Épargne

Les seniors représentent un marché en crois-sance :- 15 millions de Français ont plus de 60 ans (1) ;- la population des 75 ans et + aura doubléen 2050 (1) ;- 54 % des dépenses de consommation desFrançais seront assurées par les seniors en2015 (2) ;- le marché des technologies pour personnes

âgées représentait, en 2009, près de 18 M€.Il est évalué à 61,7 M€ à l’horizon 2015 (3).

(1) Insee 2011.(2) Étude Credoc – Consommation et modes de vies– n° 261 – Juin 2013 – « Les seniors “connectés” entretiennent plus de relations sociales et consom-ment plus ».(3) Étude « Les marchés européens des technologiesde l’aide à l’autonomie », Cabinet Frost & Sullivan2011.

Un enjeu national, économique et sociétal

Les personnesâgées ne sont pas hostiles aux solutions domotiques dès lors qu’elles y trouvent un intérêt, que lessystèmes sontsimples à utiliseret qu’il y a un accompagnement à l’usage. © Fotolia

Page 15: Innovation et start-up - Filière 3e · Avec des outils numériques renouvelés –un nouveau site d’info en continu (),une chaîne YouTube pour toutes nos interviews de professionnels

ACTUALITÉ

j3e 823 / JANVIER/FÉVRIER 2014 - www.filiere-3e.fr 15

Dans l’expérience menée en Limousin et présentée lorsdu salon Silver Economy Expo, le pack domotique proposépar Legrand comprend :- un parcours lumineux ;- un interrupteur communicant pour déclencher l’éclai-rage ;- un détecteur de fumée ;- une tirette de douche ;- un transmetteur ;- un bracelet électronique d’une portée de 50 m.Ces équipements sont interconnectés et interagissent :le détecteur de fumée, par exemple, va déclencher si-multanément une alerte au domicile et à la plate-formede téléassistance, qui va aussitôt entrer en contact avecle client.Parmi les options complémentaires, Legrand propose undétecteur de gaz avec une électrovanne pour couper l’ar-rivée du gaz en cas de fuite.

Le pack domotique minimum

Jusqu’à présent, la téléassistance permettait de secourir les personnesayant chuté. Les solutions domotiques sont préventives, elles permettent,par exemple, de limiter les chutes, souvent fatales pour les personnesâgées. © Legrand

ment et culturellementpour créer du lien,confirme Évelyne Sancier.Cela permet d’entrer plusfacilement chez le clientpour étudier ce qu’on peutlui installer et le convain-cre de l’intérêt de ces solu-tions. Nos plates-formesdépartementales sont à 20 minutes maximum duclient le plus éloigné. » Mais « la véritable innova-tion se fait dans nos têtes :il faut vouloir changer etavancer avec cet état d’es-prit », affirme Patrick Mal-léa, DG du Centre nationalsanté et autonomie. C’estpeut-être là, en effet, quesurgissent les principauxpoints de blocage : com-ment mobiliser et mettreen synergie l’ensemble des acteurs ? « Il faut aller dans la prise deconscience et penser inno-vation organisationnelle,préconise le DG du Centrenational santé et autono-mie. Beaucoup de retoursd’expérience sont deséchecs parce que les inter-venants sont historique-ment divisés et veulentparfois “préserver leurs ac-quis” ; de fait, la même ex-

départements de France,pour partager nos retoursd’expériences, note le représentant du groupeLegrand. Nous montreronsainsi la voie à des prési-dents de conseils générauxqui voudraient se lancerdans la même démarche. Il ne faut pas partir d’unprojet qui va prendre dutemps et dont les résultatsn’apparaîtront pas avantun ou deux ans, conseille-t-il. Le sujet de la Silveréconomie va devenir urgent, il faut se faireconfiance et s’appuyer sur les expériences menéespour avancer plus vite. »

Pascale Renou

(1) La Silver économie regroupe les entreprises agissant pour et/ou avec les personnes âgées.Création de services personnalisés,de technologies pour l'autonomie, ces biens et services seront bientôtindispensables et sont autant d’activités appelées à se dévelop-per fortement dans les prochainesannées.

périence pourra donner detrès bons résultats dansune région, à l’instar du

Limousin, et pas dans uneautre. » La technologieest moins l’enjeu que lavolonté des hommes.

Utiliser le businessmodel des opérateursde télécom À ces problématiques,s’ajoute celle du finance-ment, à commencer par lecoût de ces solutions domotiques. « Il varie évidemment en fonctiondes packs, répond Olivier Vallée. Pour l’opérationmenée dans le Limousin(encadré), il est d’environ1 000 €. Mais les clients nevont pas payer 1 000 ou 1 500 €, il y a une forfaiti-sation, un abonnementmensuel, comme pour unsmartphone ou Internet.Pour une meilleure accep-

tabilité de ces solutions,nous devons pouvoir appli-quer les méthodes utilisées

par les opérateurs de télécom. » Les conseils généraux in-terviennent aussi dans lefinancement et sont sou-vent les seuls financeursde ces opérations : à tra-vers une aide personnali-sée à l’autonomie (APA)d’une part, et par la solva-bilité d’un reste à charge(environ 18 €) d’autrepart. Dans le Limousin,l’abonnement est à 6,30 €/mois dans certainsdépartements, préciseÉvelyne Sancier.

Cette expérience menéeen Limousin et présentéeà Silver Economy Expo est un exemple parmid’autres. « Nous essayonsde créer une commission,au sein de l’Assemblée des

« Il ne faut pas partir d’un projet qui va prendre dutemps et dont les résultats n’apparaîtront pas avantun ou deux ans. Le sujet de la Silver économie vadevenir urgent, il faut se faire confiance et s’appuyersur les expériences menées pour avancer plus vite. »

Olivier Vallée, groupe Legrand

Les 10 « Silver actions » du contrat de filière Silver économie

Page 16: Innovation et start-up - Filière 3e · Avec des outils numériques renouvelés –un nouveau site d’info en continu (),une chaîne YouTube pour toutes nos interviews de professionnels

ACTUALITÉ

terre d’accueil des data-centers, pour peu qu’il yait une réelle volonté poli-tique, traduite par desplans d’actions concrets,de soutenir et faciliter leurdéveloppement », a expli-qué le nouveau président. j3e lui consacrera une interview dans le numérod’avril, dans le cadre dusalon Solutions Datacen-ter Management, qui sedéroulera au Cnit, Paris-La Défense, les 9 et 10 avril prochains.

Damien Giroud, nouveau président dela plate-forme Datacenters du Gimélec

Nomination

tion énergétique. Ces nou-veaux usages numériquesseront notamment sup-portés par des datacen-ters, qui devront être leplus performants possiblepour limiter leur impactsur l’environnement. Lerôle du Gimélec, à traverssa plate-forme Datacenters,est d’accompagner cestransformations en assu-rant le lien avec les orga-nismes qui réfléchissentdéjà à la question. Le syndicat collabore avec le

Green Grid, l’Afnor, le CEN,le Cenelec et l’Etsi Data-centers. Spécialiste du domaine, directeur FranceSolutions Datacenterschez Schneider Electric,Damien Giroud entendrenforcer ces échangespour soutenir une visioncommune des défis à rele-ver. « Nous souhaitonsmettre en avant les atoutsde l’Europe, et plus parti-culièrement ceux de laFrance, qui a les moyensde devenir une véritable

16 j3e 823 / JANVIER/FÉVRIER 2014 - www.filiere-3e.fr

AMI pour des plates-formesd’aide en Île-de-France

Rénovation énergétique de l’habitat Services innovants

prises publiques locales(société d’économie mixte,société publique locale),aux départements, seulsou en consortium si la col-lectivité est chef de file. Leprojet pourra être porté parune association spécialisée(Alec, EIE…) mandatéepar une ou plusieurs col-lectivités. Deux vagues desélection sont prévuespour 2014 :Session 1 : précandidaturejusqu’au 13 février 2014, 12 heures. Candidature finaliséejusqu’au 13 mai 2014, 12 heures.Session 2 : précandidaturejusqu’au 13 mai 2014, 12 heures. Candidature finaliséejusqu’au 10 septembre2014,12 heures.Les candidatures sont gérées sur www.ile-de-france.ademe.fr.

L’Ademe et la Région Ile-de-France ont lancé le

premier appel à manifesta-tions d’intérêt « Plates-formes locales de larénovation énergétique ».Cet AMI vise à accompa-gner la création et/ou lerenforcement de plates-formes locales de rénova-tion énergétique dulogement privé, individuelet collectif, en complémentdu dispositif de guichet unique. Elles ontpour but d’aider le particu-lier dans son projet de rénovation en proposantdes parcours de servicescoordonnés et adaptés, pouvant porter sur les volets technique, adminis-tratif et financier et s’éten-dant de l’amont à l’aval duprojet. Cet AMI s’adresseaux communes et à leursgroupements, aux entre-

Le projet « Analyse consoPME/PMI » en cours de développement

Après avoir été la-bellisé par le pôlede compétitivité

Capenergies, le projet « Analyse conso PME/PMI »,proposé par EcoCO2 etGrontmij, a été sélectionnépar l’État, la région Paca etl’Ademe dans le cadre deleur appel à projets d’inté-rêt sur les « Services inno-vants à destination desPME/PMI de Paca pourmaîtriser leurs consomma-tions d’énergie ». Les principaux critères retenus pour cette sélec-tion ont été l’aspectinnovant du projet et plusencore les retombées éco-nomiques qui devraienten résulter.

Partant du constat que lesPME/PMI manquent detemps et de moyens pourréaliser un bilan de leur

situation énergétique ethésitent à engager desactions d’efficacité éner-gétique sans l’assuranced’un ROI rapide, EcoCO2et Grontmij ont décidé demettre au point une offrede services adaptée.

Cette offre permettra auxPME/PMI de connaîtreleurs intensités énergé-tique et carbone et pourraêtre poursuivie, si elles lesouhaitent, par un diagnostic approfondi, desrecommandations person-nalisées et la mise enœuvre d’actions pratiques.Le projet a démarré en novembre 2013 et devraitvoir le jour dans les pro-chains mois. L’offre et lesoutils seront testés sur unéchantillon de PME/PMIvolontaires avant leur déploiement commercial.

Le développementdes usages numé-riques et la montée

en puissance des smartcities vont avoir un im-pact direct sur la transi-

© D

R

Page 17: Innovation et start-up - Filière 3e · Avec des outils numériques renouvelés –un nouveau site d’info en continu (),une chaîne YouTube pour toutes nos interviews de professionnels

ACTUALITÉ

j3e 823 / JANVIER/FÉVRIER 2014 - www.filiere-3e.fr 17

Rencontré au salonForum LED,Georges Zissis,

professeur à l’universitéToulouse 3 (laboratoire Laplace), a dressé un étatdes lieux pour le moins cri-tique du marché de la LED :« Je suis convaincu que laLED est une bonne tech-nologie, mais il reste beau-coup à faire. Certes, il y aune amélioration, maisnous rencontrons encoreénormément de problèmesde qualité. » L’eldoradocommercial que repré-sente la LED attire desopportunistes non expertsqui disent et font n’im-porte quoi ; pour GeorgesZissis, le vrai problème dela LED est là. « J’entendsparler de LED à 150 lm/Wtous les jours, lâche-t-il,ironique. Mais cette valeurest au niveau de la puce,pas en sortie de la lampe,ce que l’on ne dit pas tou-jours. Certaines lampescommencent à approcherles 100 lm/W, la plupartsont autour de 60 ou 70 lm/W. »La prudence s’imposedans le choix d’un éclai-rage LED, même si la grillede maturité élaborée par leSyndicat de l’éclairagemontre que la technologieest mature pour beaucoupd’applications : « Pourconstruire cette grille, leSyndicat est parti du prin-cipe que celui qui crée lalampe, conçoit le systèmeou l’installe maîtrise latechnologie. En se basant

Forum LED, d’une nouvellecertification qui permettrade démarquer les lumi-naires de qualité à la ma-nière des produits NF. Pource faire, l’organisme certifi-cateur en matière de sécu-rité basse tension et CEMa conclu un partenariatavec Piséo, plate-formetechnique de caractérisa-tion photométrique, électrique et thermique de sources et d’appareilsd’éclairage. « Nous sommesen phase de finalisation des règles techniques, nous allons faire des essais demesure de performance en laboratoire pour ensuiteétablir des contrôles et lesuivi des produits dans ladurée pour éviter les dé-rives, détaille le représen-tant du LCIE BureauVeritas. Nous espérons lespremières certificationsdans le courant du premiertrimestre 2014. »

j3e consacrera son dossiercentral du numéro de maià l’éclairage LED (installa-tion et gestion thermique).L’occasion de faire un pointsur ces avancées. P. R.

sur cette hypothèse, lagrille est cohérente, affirme ce professeur.Malheureusement, 80 % dece que l’on voit sur le mar-ché est mal conçu ou malinstallé. » Selon lui, il faudra encore attendre 5 ou 6 ans pour nettoyer le

marché de l’éclairage LEDet cela ne se fera pas sanscontrôle aux frontières.

La normalisation ISO 13032-4 annoncée pour 2014 Bonne nouvelle : la normalisation en cours au Cenelec (ISO 13032-4) etannoncée pour mi-2014pourrait enfin cadrer cesecteur du point de vue de la mesure de l’efficacitéénergétique. « Il y a desnormes pour les produits à LED, mais pas de proto-cole de mesure, expliqueChristophe Martinsons,responsable du pôle Éclai-rage, Électricité, Électro-magnétisme au CSTB.Depuis des années, chacunmesure avec ses outils etselon ses méthodes. Un fabricant peut annon-cer 90 lm/W sans qu’il soitpossible de le vérifier. »Ironie de l’histoire, unenorme existe dans ce

domaine, et ce depuis 2008 :la norme américaine LM-79-08. La 1re version de la norme ISO 13032-4, actuellement en premièrephase d’approbation, et attendue pour 2014, estd’ailleurs pilotée par lesAméricains, beaucoup plus

en avance que l’Europe surle sujet. Philosophe, Chris-tophe Martinsons note que« nous avons 6 ans de retard sur les États-Unis,mais nous allons avoir unenorme vraiment internatio-nale ».

Lancement de la certification LCIE Bureau Veritas-PiséoSuffira-t-elle à repérer lesbons produits LED ? Pasforcément, selon Serge Da Mota, du LCIE Bureau Veritas. D’où l’annonce officielle, pendant le salon

Du tri à faire en éclairage LED Forum LED 2013

Le salon-exposition Forum LED, qui s’est déroulé dans la Grande Halle de la Villette, à Paris, fin novembre, a été l’occasion de faire le point sur la technologie LED et l’état de l’art dans le domaine de l’éclairage. Si le discours des industriels était pour le moins engageant, celui des institutionnels était nettement plus mesuré.

Selon les organisateurs,cette édition 2013 est unbon cru : le salon a compta-bilisé 90 exposants, dont 36 internationaux. Plus de2 800 visiteurs ont été dé-nombrés (+ 31 % par rap-port à 2012), dont 26 % devisiteurs internationaux.Cette forte présence de l’in-

ternational se retrouve logi-quement au niveau des par-ticipants aux conférencesavec 38 % de participantsétrangers. En 2014, le salon se tiendra,une fois n’est pas coutume,les 14 et 15 octobre, à laGrande Halle de la Villette,à Paris.

Forum LED 2013, en chiffres

« Je suis convaincu que la LED est unebonne technologie (…). Malheureusement,

80 % de ce que l’on voit sur le marché est mal conçu ou mal installé. »

Georges Zissis,

professeur à l’université Toulouse 3 (laboratoire Laplace)

Page 18: Innovation et start-up - Filière 3e · Avec des outils numériques renouvelés –un nouveau site d’info en continu (),une chaîne YouTube pour toutes nos interviews de professionnels

ACTUALITÉ

L’accès à l’énergie pour des populations rurales défavorisées

Microcentrale solaire

dans le monde n’ayant pasaccès à l’énergie.

L’objectif de Microsol estd’être une centrale capablede produire simultanémentde l’électricité, de l’eau etde la chaleur pour apporterune énergie fiable, peu coû-teuse et propre. En 4 points,le cahier des charges établitdes spécifications tech-niques et une modélisation :- propreté : aucune émis-sion de GES ni produitstoxiques ; matériaux recyclables tels que l’acieret l’aluminium ;- disponibilité : approvision-nement en continu etstockage de l’énergie ther-mique sans batteries élec-trochimiques chères, dontla durée de vie serait limitéepar les températures élevées ;- robustesse et maintenabi-lité : matériel standard etsolution innovante de pro-duction d’eau potable sansmaintenance (basse tempé-rature, basse pression) ;- possibilités de contrôle etsupervision à distance.

La première centrale surle site du CEA répond àces critères avec des capteurs thermiques pa-raboliques qui absorbentle rayonnement solairepour chauffer de l’eau, ce fluide ayant été retenupour sa disponibilité etl’absence de risques depollution. Cette eau chauf-fée est stockée à 180 °Cdans une cuve fermée de20 m3 pour le stockaged’énergie thermique.Cette chaleur peut êtreutilisée directement pourdes micro-industries locales (agroalimentaire,textile…). Elle permet degénérer de l’électricité àpartir d’une turbine origi-nale de type ORC (2), développée par la jeuneentreprise Exoes, entraî-nant un générateur. Cegénérateur peut produirejusqu’à 50 MWh/an. Lemodule de productiond’eau potable, à partird’eau salée ou polluée,fonctionne sans mem-brane, par évaporation, et peut produire jusqu’à 2 m3/j. Schneider Electrica également intégré denombreuses autres tech-nologies (système de motorisation pour trackersolaire, variateurs de vitesse, système de supervision et contrôle àdistance, onduleur solairepour un microréseau électrique…).Microsol n’est pas une simple expérimentation,

Microsol a été lancée en 2011,dans le cadre des

Investissements d’avenir,volet Démonstrateurs etPlates-formes technolo-giques en énergies renou-velables et décarbonéespiloté par l’Ademe. Ce projet, d’un montant de 10,9 M€, financé à hauteurde 5,1 M€ par l’Ademe est,selon son président BrunoLéchevin, « un des deuxprojets avec démonstrateurdestiné à l’exportation versl’Afrique et plus générale-ment les pays à fort enso-leillement pour des villagesou communautés non reliésau réseau électrique ». Comme l’a rappelé Pradeep Monga, directeurÉnergie et Changementclimatique de l’Unido (organisation pour le développement industrieldes Nations unies), il est important de déployer cessolutions en Afrique car lesbesoins de ces populationssont l’énergie et l’eau,mais plus généralementaussi, 1,3 md de personnes

comme le confirme GillesVermot-Desroches, direc-teur Développement dura-ble de Schneider Electric :« C’est un projet clé dansnotre stratégie de dévelop-pement d’une offre com-plète et intégrée d’accès à l’énergie. En collaborantactivement avec de jeunesentreprises françaises inno-vantes, nous faisons nonseulement émerger unetechnologie adaptée auxbesoins des micro-indus-tries, mais nous créons lesconditions d’une filièrefrançaise d’excellence àl’export. » Avec, en sus, unnouveau business modèleet une collaboration entregouvernement, entre-prises, entrepreneurs, collectivités et villages.L’investissement de départse chiffrant à plusieurscentaines de milliers d’eu-ros (prix cible : 300 000 €),le modèle de financementdevrait nécessiter la colla-boration de plusieurs deces acteurs.

Prochaine étape : l’installa-tion d’un site pilote enAfrique, en 2014, et le démarrage de la phase de commercialisation dès2015, les premiers résul-tats à Cadarache étantprometteurs.

Jean-Paul Beaudet

(1) CEA, SAED, Exosun, Stiral,Exoes, TMW et les laboratoires du Leme (Paris X) et Lemta (Nancy).(2) ORC : Cycle organique de Rankine.

18 j3e 823 / JANVIER/FÉVRIER 2014 - www.filiere-3e.fr

Le 20 novembre dernier, sur le site du CEA de Cadarache, Schneider Electric, chef de file de 9 partenaires (1)

publics et privés, a présenté le premier démonstrateur en grandeur réelle du projet Microsol : une microcentralesolaire thermique pour produire simultanément de l’électricité, de l’eau potable et de la chaleur.

Page 19: Innovation et start-up - Filière 3e · Avec des outils numériques renouvelés –un nouveau site d’info en continu (),une chaîne YouTube pour toutes nos interviews de professionnels

ACTUALITÉ

j3e 823 / JANVIER/FÉVRIER 2014 - www.filiere-3e.fr 19

Accord-cadreSchneider Electric et l’Éducation nationale

Enseignement

Domotique et le bac proÉlectrotech & Systèmesnumériques, par exemple ; · accompagnement du mi-nistère sur les réflexionsautour de la transitionénergétique et des nouveaux métiers ; · découverte du monde de l’entreprise pour lesjeunes grâce aux 7 IPE(ingénieurs pour l'école)détachés par SchneiderElectric au sein des aca-démies ; · appui aux filières profes-sionnelles via l’apprentis-sage. À l’international, SchneiderElectric France et le minis-tère de l’Éducation natio-nale vont poursuivre leurcoopération afin d’appuyerdes pays dans la mise enœuvre de politiques de formation professionnelleefficaces. Elle cible essen-tiellement des élèves dezones défavorisées dansune démarche de contribu-tion au développementéconomique local.

Schneider Electric asigné un accord decoopération avec le

ministère de l’Éducationnationale d’une durée de 5 ans. Il s’agit, par cet accord, de développer unedynamique de travail com-mune en mettant l’accentsur les nouveaux métiersde l’énergie, aussi bien au niveau national qu’àl’international : · formation des professeurs(visite des établissementsrégionaux de SchneiderElectric, mise à niveautechnique des différentscorps de métiers de l’Éducation nationale, etc.) :plus de 500 professeursdes filières techniques formés par an en France ; · création de solutions pé-dagogiques : plus de 800maquettes pédagogiquesdiffusées dans les établis-sements des filières tech-niques chaque année ; · participation aux com-missions d'évolution desdiplômes, comme le BTS

Les copilotes du chan-tier RBR 2020-2050 (1)

du Plan Bâtiment durablesouhaitent partager leurspistes de réflexion avec le plus grand nombred’acteurs. Un blog dédié(www.rbr20202050.fr)vient d’être mis en placepour recueillir les avis etcontributions du plusgrand nombre afin de lesmettre à disposition detous. L’ambition dugroupe de travail est de

EN BREF

Donnez votre avis sur la vision du bâtiment responsable à 2020-2050

consolider ses deux pre-miers rapports avec l’avisde l’ensemble des acteursde la filière. Ce faisant,c’est une vision renforcéeet partagée du bâtimentet de la ville à l’horizon2020-2050 qui sera présentée aux pouvoirs publics, courant 2014.N’hésitez pas à participerà cette réflexion !

(1) Réflexion Bâtiment responsable

2020-2050.

L’association Promotelecs’est engagée à soute-nir l’ONG Électricien sansfrontières (ESF) qui agit de-puis 28 ans et dans 40 payspour l’accès sécurisé àl’électricité, là où il setrouve menacé. Les enga-gements pris conjointementporteront notamment sur :• le partage d’expériencedes collaborateurs de Pro-motelec avec les bénévolesd’ESF en termes de sensibi-lisation et d’information lors

Coopération Promotelec-Électricien sans frontières

d’activités pédagogiquesconduites par l’ONG auprèsdes populations bénéfi-ciaires ;• une sensibilisation de leurs interlocuteurs respectifs (membres, partenaires...) aux actionsmenées par chacun ;• la mise à disposition parPromotelec de son expertiseen sécurité électrique.Près de 1,5 milliard de per-sonnes dans le monde n’ontpas accès à l’électricité.

Siemens et Rezidor visent 25 % d’économies d’énergie en 5 ans

Siemens BT et Carlson Rezidor ont annoncé leur parte-

nariat dans le programmeThink Planet d’optimisa-tion énergétique dans leshôtels Radisson Blu etPark Inn by Radisson, enEurope. Le projet pilote de

ce programme est l’hôtelRadisson Blu d’Amster-dam, pour lequel les solutions mises en œuvre(contrôle des chambres,optimisation de la GTB,éclairage LED…) devraientréduire de 30 % les dépenses énergétiques de

l’hôtel et être rentabiliséesen moins de 4 ans. Lesconsommations d’énergieferont l’objet d’un suivi etd’une optimisation conti-nue et à distance par Siemens. Le programme Think Planet, établi par Rezidor,

vise 25 % d’économies en5 ans. Lancé en 2012, ils’appuie sur 5 principes.Le premier consiste à in-vestir dans des solutionsd’économies d’énergie.Les 4 autres reposent surl’adoption d’habitudesénergétiques.

Gestion technique du bâtiment

Page 20: Innovation et start-up - Filière 3e · Avec des outils numériques renouvelés –un nouveau site d’info en continu (),une chaîne YouTube pour toutes nos interviews de professionnels

20 j3e 823 / JANVIER/FÉVRIER 2014 - www.filiere-3e.fr

DOSSIER

Innovation et start-updans le pilotage du bâtiment : les grandes tendances

© S

erge

y N

iven

s -

Foto

lia.c

om

Découvrez les grandes tendances qui structurent les innovations et les start-up qui les développent, et quelles conséquences en tirer sur la façon dont vont se transformerles mondes du bâtiment et de la ville intelligente de demain.

Page 21: Innovation et start-up - Filière 3e · Avec des outils numériques renouvelés –un nouveau site d’info en continu (),une chaîne YouTube pour toutes nos interviews de professionnels

En janvier 2014, la société américaine Google, proba-

blement la plus emblématique des technologies

numériques, rachète pour 3,2 milliards de dollars la

société Nest Labs, une start-up américaine spéciali-

sée dans les objets « intelligents », notamment les alarmes

anti-incendie et des thermostats connectés à Internet. Ce mouve-

ment stratégique n’est pas anodin ; c’est la troisième plus grosse

acquisition pour le géant américain de l’Internet, dans un métier

pourtant a priori bien éloigné de la recherche de données. Il met

l’accent sur la vague d’innovations qui traverse le secteur du bâti-

ment ces dernières années.

Rudy Provoost, président de Rexel, a bien décrit « l’émergence d’une

nouvelle transition énergétique, portée par une grappe d’innovations

issues de la convergence entre le numérique, l’énergie et les services »,

dans son ouvrage récent Énergie 3.0 : « Grâce à un ensemble d’objets

communicants et d’algorithmes, l’apport des logiciels, l’impact des

réseaux dédiés, mais surtout la compréhension du comportement de

l’usager et le développement des services différenciés, l’énergie sera

maîtrisée de façon personnalisée en fonction des besoins précis, à la

fois financiers, de santé, de sécurité et de confort. »

Cette accélération de l’innovation est particulièrement vivace

en France : les start-up françaises constituent un écosystème

extrêmement riche et innovant, capable de se distinguer des

concurrents internationaux dans les grands évènements mon-

diaux. Selon la société Ecosys, les éco-activités représentent en

France 500 000 emplois directs et 400 000 emplois indirects, soit

12 000 entreprises, 14 pôles de compétitivité dans le réseau éco-

tech et 18 pôles dans le réseau bâtiment durable et efficacité

énergétique.

Quelles sont donc les grandes tendances qui structurent les

innovations et les start-up qui les développent, et quelles consé-

quences peut-on en tirer sur la façon dont vont se transformer

les mondes du bâtiment et de la ville intelligente demain ?

Sept grandes tendances peuvent être dégagées. En voici l’état

des lieux.

Des logiciels pour optimiser la performance énergétique des bâtiments « Le logiciel est en train de manger le monde » : cette phrase de

l’entrepreneur et investisseur américain Marc Andreessen est

fameuse dans la Silicon Valley californienne et décrit bien une

réalité : il n’existe plus beaucoup de métiers que les logiciels

ne seraient pas en train de transformer. Le secteur de l’effi-

cacité énergétique dans le bâtiment n’y échappe pas ; il en

constitue même un exemple frappant.

Si très peu de bâtiments sont aujourd’hui équipés de logiciels

permettant d’analyser et de piloter la consommation énergé-

tique (environ 2 % du parc tertiaire), les innovations logi-

cielles se sont multipliées ces dernières années et sont portées

à se diffuser avec le déploiement des compteurs intelligents

Linky. Dans le secteur résidentiel, les sociétés Ijenko, Egreen,

Ewattch ou Gridpocket proposent des solutions permettant

à chacun d’évaluer sa consommation et de mettre en œuvre

des actions destinées à la réduire. Dans le tertiaire, Avob édite

le logiciel « Building Energy Saver for SMB » qui cible les bâ-

timents petits et moyens avec un objectif de retour sur inves-

tissement annoncé de 24 à 36 mois. Qualistéo édite la

solution Lynx Wattseeker, adoptée notamment par la SNCF.

La société pose comme objectif des économies d’environ

15 % dans les bâtiments moyens. Les solutions vont jusqu’à

s’adapter automatiquement aux différents paramètres qui pèsent

sur la consommation du bâtiment ; Ubiant propose, par exem-

ple, Hemis, une solution basée sur de l’intelligence artificielle,

qui dispose d’une capacité d’apprentissage et de prédiction.

DOSSIER

j3e 823 / JANVIER/FÉVRIER 2014 - www.filiere-3e.fr 21

Numérique, électrique et énergétique convergent dans le bâtiment et cette convergence ouvre la voie à de nouveaux usages et de nouveaux services, dont la finalité est à la fois une meilleure performance du bâtiment, une maîtrise de l’énergie et un confort amélioré, et ce de manière personnalisée. La vague numérique révolutionne le bâtiment à travers un écosystème d’objets intelligents,interconnectés, pilotables à distance. Cette révolution technologique en entraîne une autre, celle de « l’open innovation » : acteurs traditionnels du bâtiment et start-up deviennent partenaires pouratteindre les objectifs énergétiques et environnementaux de la filière, à l’image de ce que Bouygues a mis en œuvre, en 2008, à travers le GIE Enjeu énergie positive. Les start-up sont le nouveau maillon fort de la chaîne, et cette tendance va se renforcer dans les prochaines années, comme le montre ce dossier.

/Dossier réalisé parNICOLAS DELCAZES

Page 22: Innovation et start-up - Filière 3e · Avec des outils numériques renouvelés –un nouveau site d’info en continu (),une chaîne YouTube pour toutes nos interviews de professionnels

Mais les logiciels se situent à d’autres étapes dans la chaîne de

valeur, notamment en amont, au niveau de la construction

du bâtiment ou de l’audit énergétique. La start-up Izuba offre,

par exemple, un logiciel de modélisation dynamique ther-

mique, Comfie, conçu par l’université Mines ParisTech, qui

permet d’analyser les différents paramètres d’un projet de

construction d’un bâtiment : projection des besoins en chauf-

fage ou climatisation, évaluation du confort d’été...

Internet des objets et objets connectés Mais la diffusion des logiciels dans la plupart des circuits de

l’activité humaine n’est probablement qu’une des facettes de

la révolution numérique, l’interconnexion entre les objets en

constituant une autre : 50 à 80 milliards d’objets seront

connectés à l’horizon 2020. Les objets, quels qu’ils soient,

communiquent de façon croissante entre eux. Il peut s’agir

des dalles lumineuses de la société Oyalight, qui entrent en

concurrence avec les traditionnels tubes fluorescents. Ces

dalles sont équipées de variateurs de lumière, de détecteurs

de présence, de détecteurs de fumée et de fonctionnalités de

secours en cas d’incident (garantie d’un minimum de lumi-

nosité). Elles peuvent être pilotées à distance. Il peut aussi

s’agir de capteurs dédiés à mesurer la qualité de l’air, comme

ceux que produit la start-up NanoSense. Des outils précieux

quand on sait que, selon l’Observatoire français de la qualité

de l’air intérieur, l’air intérieur est plus pollué que l’air exté-

rieur. La gestion de l’énergie n’est pas oubliée, avec le « Smart

Analyzer », de Smart Impulse, un compteur électrique de der-

nière génération, capable d’identifier la consommation de

chaque type d’appareil dans un bâtiment (éclairage, infor-

matique, ventilation, etc.).

Stocker, traiter et sécuriser les données Ce monde du logiciel, qui se diffuse dans les bâtiments, est de

plus en plus proposé « dans les nuages », ces fameux « clouds »

délocalisés en dehors des ordinateurs de l’entreprise ou du

particulier. Malgré la métaphore aérienne, il n’en reste pas

moins un monde très matériel, fondé sur les centres de don-

nées, ou datacenters, de gigantesques fermes de serveurs dotés

de puissantes capacités de calcul, capables de traiter et stocker

de vastes quantités de données. Les logiciels de pilotage du

bâtiment dépendent in fine des datacenters pour fonctionner

et se développer : Philippe Diez, vice-président Schneider

Electric IT France, note ainsi qu’il « est important, en France,

que l’on ait des datacenters, pas uniquement pour une raison de

souveraineté des données, c’est-à-dire que les données soient

stockées en France, mais aussi pour créer un écosystème qui va

permettre à des start-up de créer des solutions et des applica-

tions. Des bassins numériques se développent : comme autour

des gares au moment de la révolution industrielle, l’activité éco-

nomique se structure autour des nœuds du réseau ». Ces data-

centers sont gourmands d’un point de vue énergétique ; leur

DOSSIER

22 j3e 823 / JANVIER/FÉVRIER 2014 - www.filiere-3e.fr

L’open innovation, par laquelle un grand groupe intègre l’innovation des start-up, est cruciale

AVIS D’EXPERT

DAVID DORNBUSCH, président du Cleantuesday

En 5 ans, l’association Cleantuesday a organisé environ 150 évènementsrépartis dans les dix plus grosses villesfrançaises et une dizaine de pays. Ellerassemble environ 15 000 professionnelsdes cleantechs à l’échelle mondiale. Son but est d’introduire les méthodes de travail de l’Internet dans le mondedes cleantechs et de faire travailler lesstart-up et les grands groupes, parfoisinsuffisamment ouverts à l’innovationexterne. L’open innovation, par laquelleun grand groupe intègre l’innovation desstart-up, est en effet cruciale. L’économiedes géants du numérique, Microsoft etGoogle, fonctionne autour d’un modèlesimple : des entreprises géantesenvironnées d’un écosystème de start-up, qui sont partenaires ou fournisseurssur les projets. Pour schématiser, chez

Microsoft, pour un employé del’entreprise, il y en a cinq, employés pardes start-up, qui travaillent en lien avecl’entreprise. Or l’économie française n’esttraditionnellement pas structurée decette manière. Elle est partagée entre de grands groupes qui s’appuient sur del’innovation interne, et de toutes petitessociétés sous-traitantes, avec uneinsuffisance d’entreprises de tailleintermédiaire. C’est d’autant plusdommage que la France ne dispose pas,comme aux États-Unis, de puissantsfonds d’investissement, ou, commel’Allemagne, d’un tissu très dense degrosses PME, voire des fonds publicschinois.

Les start-up doivent donc se tourner versleurs partenaires naturels : les grands

groupes. En effet, dans le secteur destechnologies propres, elles ne peuvents’en passer pour deux raisons. Lapremière, pour compenser des frais derecherche et développement souventimportants car répartis sur des dizainesd’années. La commercialisation doit êtreconséquente, et les coûts de déploiementà l’échelle mondiale sont colossaux. Par exemple, sur le milliard de dollars de fonds levés par la société Tesla,spécialisée dans la voiture électrique, les trois quarts sont consacrés à lacommercialisation. Cette situation esttrès marquée en France dans le domainedes infrastructures électriques : alorsqu’en Allemagne, on peut dénombrerenviron deux cents producteursd’électricité significatifs, en France, lespartenaires potentiels pour les start-up

Page 23: Innovation et start-up - Filière 3e · Avec des outils numériques renouvelés –un nouveau site d’info en continu (),une chaîne YouTube pour toutes nos interviews de professionnels

gestion et leur optimisation sont aussi marquées par des in-

novations portées par un écosystème d’industriels, d’univer-

sitaires et de start-up, comme la société Vesta-System.

Les données stockées dans les datacenters doivent aussi être

protégées dans les entreprises et chez les particuliers : c’est la

question de la cybersécurité, dans laquelle de nombreuses

start-up françaises excellent, comme Netasq, Brainwave,

Arkoon ou Dictao.

Le décollage de la domotique et des produits de l’électronique grand public dans l’habitat L’innovation technologique dans la maîtrise énergétique des

bâtiments est marquée par des interférences entre le secteur

résidentiel et le secteur tertiaire. Dans le secteur informatique,

les directions de systèmes d’information sont confrontées à

une demande accrue de technologies pointues de la part de

collaborateurs habitués à disposer, à la maison, de matériels

évolués. Le secteur du bâtiment intelligent tertiaire est aussi

porté par l’innovation que l’on rencontre dans les produits

de l’électronique grand public et la domotique.

La société Myfox, spécialisée dans la sécurité, a, par exemple,

proposé un capteur anti-effraction issu des nanotechnologies.

Lifedomus commercialise un système d’exploitation multi-

protocoles, centralisant tous les besoins de l’habitant, de la sé-

curité à la consommation de médias en passant par le pilotage

des automatismes. Les start-up cherchent à développer des

solutions « plug&play » pouvant être installées directement

par l’utilisateur sans avoir recours à un installateur, comme

la Blyssbox, vendue chez Castorama, dont la technologie a été

développée par M2M Solution.

Enjeux du design : beauté, simplicité et « simplexité » « La laideur se vend mal », notait le célèbre designer français

Raymond Loewy. L’innovation n’est pas seulement technolo-

gique, elle est aussi faite de design : simplicité, beauté, prati-

cité. La société Netatmo, dont l’objectif est de réinventer les

objets du quotidien à travers l’Internet et les smartphones,

s’est notamment fait une spécialité : proposer des objets par-

ticulièrement bien pensés. Sa station météo connectée de-

signée par Philippe Starck l’avait emporté au Consumer Elec-

tronics Show de Las Vegas, en 2013 ; elle a été primée de nou-

veau à cette grand-messe des objets connectés, en janvier

2014, avec d’autres types d’objets.

L’apparition de nouveaux modèles économiques Mais il ne suffit pas de proposer des solutions technologiques

bien dessinées : encore faut-il inventer les façons les plus per-

tinentes de rémunérer ces nouveaux biens et services. Les

technologies permettent de créer de nouveaux métiers de ser-

vice, par exemple celui de conseil en efficacité énergétique.

DOSSIER

j3e 823 / JANVIER/FÉVRIER 2014 - www.filiere-3e.fr 23

L’open innovation, par laquelle un grand groupe intègre l’innovation des start-up, est crucialesont beaucoup moins nombreux.Pour les grandes entreprises, l’openinnovation est la condition pour resterinnovantes et pour se développer carplus aucune société n’est à l’abri de lamondialisation et des ruptures dans lesmodèles économiques. C’est un outil demanagement, pour dynamiser larecherche et le développement interne,qui débouche trop souvent sur desinnovations marketing et pas assez surdes innovations de rupture. Or cesdernières permettent de fixer desstandards et des modèles qui permettentensuite de peser dans les standardsmondiaux.

L’innovation est aussi financière. Le monde est dans une situation desurliquidité, d’excédents de capitaux.

Beaucoup de capitaux devraient pouvoirse concentrer dans les secteurs dusmartbuilding. Aux États-Unis, 90 % despanneaux solaires sont posés en tiersfinancement (un tiers financeur prête lasomme pour installer les panneaux et se rembourse sur une partie des gainsréalisés). Pour la première année, il va se poser plus de panneaux solaires auxÉtats-Unis qu’en Allemagne, ce quiconduit à mobiliser l’énorme machinefinancière américaine, et à générer del’innovation financière (par exemple, la titrisation (1) du parc de panneauxsolaires). En France, le tiers financementdu solaire ne se met pas en place.

Le problème est plus important dansl’efficacité énergétique, qui n’est pasaujourd’hui considérée comme

« bankable » par les grandes institutionsfinancières. Les projets sont trop petits :les grands financeurs ont besoin de grosprojets. Il est difficile d’établir desensembles homogènes, tant les projetsd’efficacité énergétique sont différents.Enfin, le remboursement du financementpar une partie des économies réaliséespar l’efficacité énergétique manque de « track record » ; elle n’est pas encoreconsidérée comme suffisamment fiable.Si ces conditions étaient réunies, lesecteur de l’efficacité énergétiqueconnaîtra un essor sans précédent dansles prochaines années.

(1) Technique financière qui consiste àtransformer des actifs en titres souscritspar des investisseurs.

Page 24: Innovation et start-up - Filière 3e · Avec des outils numériques renouvelés –un nouveau site d’info en continu (),une chaîne YouTube pour toutes nos interviews de professionnels

DOSSIER

24 j3e 823 / JANVIER/FÉVRIER 2014 - www.filiere-3e.fr

AVIS D’EXPERT

PIERRE NOUGUÉ, dirigeant d’Ecosys Group et du Cleantech Open France

Aujourd’hui, le secteur des « cleantechs » (énergiesrenouvelables, efficacité énergétique,transport économe en carburant…)est marqué à l’échelle internationalepar sa convergence avec lestechnologies de l’information et de lacommunication, autour d’une grandetendance : « to do more with less », « faire mieux avec moins » de gâchisde toute nature et plus d’intelligence.C’est notamment ce qu’a montré lafinale mondiale 2013 du CleantechOpen, en novembre dernier, quirassemblait plus de 1 000 start-upissues de 30 pays, à Palo Alto dans laSilicon Valley. Les investisseurs sonttendanciellement moins attirés versla part verte et davantage par la densité de technologies del’information dans les start-up de « clean technologies » : le grand défides données massives (« big data »)et données qualitatives, de leuranalyse et de leur utilisation, polarisel’innovation.

L’usager veut que tout soit simpleOr cette dimension croissante dunumérique est particulièrement fortedans les secteurs dominés par le B2B (business-to-business) commel’efficacité énergétique. Elle s’est eneffet diffusée par le B2C (business-to-consumer), les produitsélectroniques pour le grand public oula téléphonie mobile, et elle a donnéaux consommateurs l’illusion quetout est simple. Aujourd’hui, le B2Cmet la pression sur le B2B qui estplus en retard et soumis à denombreuses complexités. L’usagerd’un logement n’a pas le réflexed’intégrer la complexité climatique etthermique de son bâtiment dans uneapproche domotique ou d’efficacitéénergétique : il veut que tout soitsimple. Le smarthome est sous lapression du smartphone. Dans cenouvel environnement où l’usage, le confort d’usage et le bénéficeutilisateur prédominent, il fautrompre avec la complexité pour faireprévaloir ce qu’il convient d’appeler

la « simplexité », l’illusion de lasimplicité alors que les mécanismessont complexes. Cela va nécessiter des phases de test, d’apprentissage, dedéveloppement de pilotes, doncl’invention de processus de partageet de collaboration. C’est sur ceconstat notamment qu’ont été créésEcosys Group et le Cleantech OpenFrance.

En effet, pour les start-up, quatredéfis principaux doivent être relevés,selon le baromètre du CleantechOpen France de juin 2013 : lastructuration, l’industrialisation, la commercialisation etl’internationalisation. L’enjeu estqu’elles puissent se développer dansun environnement très spécifique :les technologies vertes, notammentdans l’énergie, ne se développentpas à partir de rien, mais consistentsouvent à optimiser des structuresou des réseaux existants. À cette fin, elles doivent se structurerrapidement, souvent en ayantrecours à des fonds propresconséquents, afin de mettre en placele plus vite possible des procédésindustriels et une phase decommercialisation.L’internationalisation permet dediversifier les partenaires possiblesafin de ne pas dépendre d’un seul.

De nouveaux process pour les grands groupesLes grands groupes, quant à eux,sont confrontés à une transition(notamment énergétique) qui vadurer jusqu’à la moitié du XXIe siècleau moins. Cette métamorphose va lesforcer à être plus agiles, àexpérimenter de nouvelles pratiqueset à mettre en place des partenariatset des alliances. Les grands groupesdoivent intégrer l’idée qu’une partiede leur innovation va venir del’écosystème extérieur tant lamutation à l’œuvre transforme lessecteurs économiques. Tout le mondes’accorde pour dire que lesentreprises qui vont réussir dans

les années à venir sont cellescapables d’intégrer ces innovationsissues de l’extérieur, ce qui supposede mettre en place de nouveauxprocess, de nouvelles formesd’organisation : cartographied’acteurs, mise en place d’accordsjuridiques, collaboration entre desservices qui ne se parlaient pastoujours (R&D, juridique, ressourceshumaines…), partenariat avec desconcurrents potentiels… Microsoft etApple sont spécialistes pour intégrerces compétences externes. Certainsgroupes y parviennent déjà, commele montre l’action de BouyguesImmobilier avec IssyGrid. Lepromoteur immobilier devientopérateur urbain. Le projet génèredes partenariats entre différentesparties prenantes : grands groupes,acteurs publics, PME/ETI auxcompétences complémentaires, et permet de créer de nouveauxmodèles économiques au service des citoyens consommateurs.

Quatre facteurs clés de réussiteLe champ de bataille économique est en train de se transformer. Il y a aujourd’hui moins deconcurrence verticale entrefabricants, distributeurs,installateurs, etc., qu’entreopérateurs en urbanité, en énergie, en mobilité. Le meilleuropérateur est celui qui offre à sonclient les meilleurs services dans le meilleur temps au meilleur prix.C’est celui qui met en place desoffres pour se confronter à la réalitéet cherche en permanence àcomprendre les comportements desusagers, puis à trouver rapidementles alliances pour répondre auxproblèmes. Quelle que soit leur taille, lesentreprises et acteurs qui vontréussir dans les prochaines annéess’organiseront autour de ces grandsprincipes : simplexité, collaboration,compréhension des usages,commercialisation rapide desinnovations.

« Il faut rompre avec la complexité pour faire prévaloirce qu’il convient d’appeler la simplexité. »

Page 25: Innovation et start-up - Filière 3e · Avec des outils numériques renouvelés –un nouveau site d’info en continu (),une chaîne YouTube pour toutes nos interviews de professionnels

Grâce aux logiciels d’audit et de diagnostic énergétique de la

start-up Sfereno, un installateur ou un conseiller en efficacité

énergétique peut automatiser et faciliter les mesures permet-

tant de mieux comprendre la consommation du bâtiment, et

définir les travaux à réaliser : isolation, changement des fenê-

tres, installation d'équipements électroménagers plus perfor-

mants, changement des dispositifs de chauffage ou

d'éclairage, etc. De même, la société de domotique GreenLeaf

annonce des gains de temps d’installation de 50 à 80 % et des

réductions de coût des projets de 20 à 50 % grâce à sa solution

automatisée pour les installateurs (production automatique

des devis client, des directives d’installation et de la liste du

matériel, interface de visualisation pour le client…). Des ou-

tils restent à diffuser : selon une étude de la Fondation Rexel-

OpinionWay, de 2013, 61 % des électriciens effectuent des

projets de rénovation énergétique en faisant plans et calculs

sans logiciels spécialisés, et 50 % des électriciens n’utilisent

pas d’ordinateur ou de tablette pour présenter leurs solutions

aux clients.

Mais les solutions de pilotage du bâtiment permettent de pro-

poser de nouvelles formes de services. La société Vivalib, spé-

DOSSIER

j3e 823 / JANVIER/FÉVRIER 2014 - www.filiere-3e.fr 25

cialiste en ingénierie des lieux de vie adaptés aux seniors, s’ap-

puie sur les produits Hager pour réhabiliter des logements

qui permettent la prolongation du maintien à domicile des

personnes âgées (depuis la rénovation thermique jusqu’à la

mise en sécurité de l'installation électrique et l’intégration de

solutions techniques favorisant le confort et la prolongation

du maintien à domicile). Un service appelé à croître : en 2015,

un tiers des Français aura plus de 60 ans ; les seniors seront

plus de 40 % en 2030.

Dans l’efficacité énergétique et les énergies renouvelables, plu-

sieurs nouvelles tendances sont aussi à l’œuvre, comme l’accom-

pagnement du client dans le long terme et le sur-mesure. À partir

des interfaces d’analyse de la consommation du bâtiment

d’Ijenko, l’installateur peut entamer une relation commerciale

fondée sur les services, la maintenance et l’optimisation de l’ins-

tallation du client. Dans un autre registre, la start-up Disa Solar

s’est consacrée à une offre de panneaux solaires sur mesure.

Réseaux sociaux L’ensemble de ces solutions ne pouvait pas ne pas être touché

par les réseaux sociaux. Les start-up proposant des logiciels …

Page 26: Innovation et start-up - Filière 3e · Avec des outils numériques renouvelés –un nouveau site d’info en continu (),une chaîne YouTube pour toutes nos interviews de professionnels

de pilotage de la consommation énergétique du bâtiment,

comme Ijenko ou Egreen, s’appuient sur l’étude de la psycho-

logie comportementale, très marquée par la notion de com-

paraison entre les individus et par la « pression par les pairs » :

a-t-on envie de consommer davantage que ses voisins pour

un bâtiment identique ? Peut-on aussi s’entraider ? La société

d’entrepreneuriat social Michamps 4B édite, par exemple, le

premier réseau social en efficacité énergétique, qui permet de

mesurer et comparer les productions et consommations

d'énergie.

DOSSIER

26 j3e 823 / JANVIER/FÉVRIER 2014 - www.filiere-3e.fr

AVIS D’EXPERT

SERGE SUBIRON, président d’Ijenko

Ijenko est un acteur de la maisonconnectée et de la gestion del’énergie dans l’habitat individuel. La société a développé une plate-forme cloud de gestion de l’énergieet de la sécurité en résidentiel, etconstruit une légitimité sur le marchéfrançais et international. Elle necouvre pas toutes les problématiquesdu bâtiment intelligent, mais seconcentre sur la maison connectée.Les principaux acteurs quiinterviennent dans ce domaine sontles fournisseurs d’énergie, lesopérateurs de télécommunications,ainsi que quelques grandspartenaires comme Toshiba.

La place de l’installateurélectricien dans ces nouveaux schémas Venant des métiers destélécommunications et de l’IT et enregardant quelles pourraient être lesvaleurs ajoutées de ces métiers-làaux métiers de l’énergéticien, nousavons tout d’abord mis l’accent surle sujet du plug&play car, dans laphilosophie de l’Internet des objets,ceux-ci doivent être invisibles :comment peut-on se passer desélectriciens ? En réalité, cette idée,poussée par de nombreuses start-updes objets connectés selon laquelleon pouvait se passer des corps demétier, est une fausse bonne idée.Quand on touche au chauffage, auradiateur électrique ou aux modulesd’effacement dans les tableaux, ilfaut s’appuyer sur l’expertise desprofessionnels certifiés. Si on limitel’offre à du pilotage léger de

l’électroménager, de la télévision, onrisque de « gadgétiser » l’offre : lesgens pourraient ne pas y voir devaleur au-delà d’une période dedécouverte.Les installateurs électriciens, leschauffagistes devront s’appuyer deplus en plus sur les nouvellestechnologies de l’Internet des objets,sur de nouveaux protocoles radioouverts et interopérables commeZigbee ou EnOcean. C’est, je crois, le rôle de réseaux comme Rexel ouSonepar, ou d’acteurs industrielscomme Toshiba de les accompagnerdans l’évolution naturelle de leursmétiers. Les possibilités offertes sontréelles : dans les expérimentationsque nous avons réalisées,notamment avec Direct Énergie,l’installateur peut, avec leconsentement du client, garder unœil sur une partie des équipementset proposer des services detélémaintenance ou des améliorationsde l’installation. Il y a ici élaborationd’un lien d’usage un peu plus continuet récurrent que le schéma vente-installation. Il existe une valeur pourle client de savoir que la performancede son ballon d’eau chaude sedégrade avant qu’il y ait un problème.Les compagnies d’assurance pourrontégalement intervenir dans ce schéma gagnant-gagnant.

Jouer sur les levierscomportementaux de l’usager Ijenko joue sur trois levierscomportementaux pour permettre au consommateur de réaliser des économies d’énergie.

Le pragmatisme économique d’unepart, qui traduit toute dimensiontechnique en unité parlante (euros,nombre de voitures évitées sur lepériphérique en équivalent CO2). La dimension normative d’autre part : comment puis-je me comparer à un foyer équivalent. « L’écologiematernelle » enfin : comment peut-onoptimiser le confort tout en essayantde transmettre des éco-gestes, avecun aspect communautaire. SurIssyGrid, par exemple, on peutextrapoler au niveau d’un quartierl’impact qu’une économieindividuelle aurait à l’échellecollective. Un dernier axe a trait à la « gamification » avec l’attributionde « points de mérite » ; à nospartenaires opérateurs detransformer les points enprogrammes de fidélité, en avoirs, en gratifications.

De la « big data » à la « small personal data »Un foyer équipé avec 5-6 capteursremonte en moyenne 200 000données par mois sur notre plate-forme. L’enjeu de cette « big data » dela maison connectée est d’analyserces données, de les rendreintelligibles et actionnables, à la foispar l’opérateur de services, parl’installateur, pour apprendre,prévoir, anticiper, maintenir, piloter,optimiser, mais aussi pour le clientfinal, afin qu’il consomme moins etmieux, et qu’il améliore son confortsimplement. L’utilité de la big datane serait-elle pas in fine la « smallpersonal data » ?

Savoir passer de la « big data » à la donnée utile à l’usager

Open innovation Cette vague d’innovations nécessite pour tous les acteurs –

prescripteurs, collectivités, industriels, installateurs – d’expé-

rimenter et de partager les expériences afin de définir les ser-

vices et les modèles économiques les plus pertinents. Certains

grands industriels ont mis en place des programmes « d’open

innovation » par lesquels ils intègrent les innovations des

start-up dans leurs propres processus d’innovation. C’est le

cas de Toshiba France, avec son offre de plates-formes de ser-

vices Pluzzy, qui s’appuie notamment sur Avob et Ijenko.

Page 27: Innovation et start-up - Filière 3e · Avec des outils numériques renouvelés –un nouveau site d’info en continu (),une chaîne YouTube pour toutes nos interviews de professionnels
Page 28: Innovation et start-up - Filière 3e · Avec des outils numériques renouvelés –un nouveau site d’info en continu (),une chaîne YouTube pour toutes nos interviews de professionnels

conventionnelles, mais les LED sontparfois intégrées de cette façon ;- le système par transmission, qui pro-jette le flux lumineux de la source à tra-vers des lentilles ; lentilles qui vontguider les rayons de lumière et modifier

la forme de la nappe.

De nouvelles optiques pour plus de créativité Associée aux LED, et selonses caractéristiques, l’optiqueva permettre des effets quel’on ne soupçonne pas tou-jours, mais qui changent sen-siblement la forme de lalumière : elliptique ou circu-

laire, intensive ou diffuse ; la gammede ces « effets spéciaux » est large, et cepoint devra être pris en compte dansle choix d’un système d’éclairage pourrépondre parfaitement aux attentes del’utilisateur.

La mise en forme du faisceau lumineuxd’une LED est associée à l’utilisationd’un plus grand nombre de techniquesqu’avec les sources conventionnelles uti-lisant essentiellement de la tôle réflé-chissante pliée, formée…, expliqueNicolas Pousset, conseiller technolo-gique de S2E2. Avec les LED, il est pos-sible de conserver ce procédé, mais il estégalement possible d’utiliser :- des optiques individuelles à clipser surchaque LED ; - des optiques collectives (matrice d’op-

L ors d’une conférence qui s’estdéroulée dans le cadre des salonsBatimat, Interclima+elec et Idéo

Bain, en novembre dernier, David Madéore, architecte, directeur Étude etPrescription chez Erco, est intervenupour rappeler quelques fonda-mentaux sur l’éclairage LED.Si cette nouvelle sourced’éclairage s’impose de plus enplus comme une alternativeaux solutions traditionnelles,elle demande une approchetrès différente du fait qu’elleest un semi-conducteur, avecdes caractéristiques et uncomportement qui n’ont rienà voir avec les sources conventionnelles.Et ce, notamment au niveau de l’op-tique.

Un dispositif optique pour diffracter la lumière et modifier sa forme Une des principales caractéristiques dela LED est le champ dans lequel elleémet de la lumière. «Contrairement auxsources traditionnelles, qui émettent desphotons [quantifiés sous la forme d’unflux lumineux en lumens] à 360° dansl’espace, les diodes émettent un faisceaude lumière entre 120 et 180° environ, ex-plique David Madéore. Cette lumièreplus focalisée change tout en termes d’in-tégration et d’utilisation. Naturellementorientée, elle va permettre d’être beaucoupplus précis dans l’éclairage. » Plus précis

et plus efficace puisqu’il n’y aura pas deflux perdu, comme pour les autressources d’éclairage.

En matière d’éclairage, le nombre de lux(photons qui frappent une surface)

détermine le niveau d’éclairement. « Pour toutes les sources d’éclairage, ils’agit de diriger les rayons lumineux dansla direction souhaitée de telle sorte que leflux lumineux (flux utile) soit optimisé etla lumière résiduelle (flux perdu) minimi-sée », rappelle l’expert d’Erco. C’est lerôle du réflecteur et du dispositif optique (lentilles) qui vont canaliser leflux émis, diffracter la lumière et modi-fier sa forme pour l’adapter aux besoins.

Élément essentiel d’un système d’éclai-rage, le dispositif optique procède selondeux principes d’intégration :- le système par réflexion : un élémentréfléchissant en aluminium capte lesrayons lumineux et les réfléchit dans labonne direction. Ce principe est essen-tiellement utilisé avec des sources

En dehors de son design, un produit d’éclairage à LED est généralementvalorisé par sa durée de vie exceptionnelle qui réduit les coûts demaintenance, sa faible consommation d’énergie, sa petite taille qui ouvre des champs d’applications nouveaux... On oublie souvent de dire quel’efficacité globale d’un système d’éclairage LED dépend aussi et largementde la qualité de son optique.

ÉCLAIRAGE LED

Gardez un œil sur l’optique !

« En changeant les optiques, il est possible de travailler la lumière des LED, de très intensive à très large, en passant par des formes différentes. Cette technologie offre une palette de possibilités créatives infinies, bien plus importantes qu’avec

les sources classiques. » David Madéore, Erco

PERFORMANCE ÉNERGÉTIQUE

28 j3e 823 / JANVIER/FÉVRIER 2014 - www.filiere-3e.fr

Page 29: Innovation et start-up - Filière 3e · Avec des outils numériques renouvelés –un nouveau site d’info en continu (),une chaîne YouTube pour toutes nos interviews de professionnels

© Erco

qu’ils atteignent aujourd’hui les perfor-mances des produits verriers qu’ils ontremplacés. Beaucoup moins coûteux,ces polymères sont aussi plus faciles àdupliquer de par leur constance intrin-sèque, ils offrent une plus grande libertéde conception, et, parce que la LED nechauffe pas (dans son faisceau) comme

Contrairement à une sourcehalogène classique, qui montre des déperditions de lumière, lumièrediffuse et flux perdu au niveau de la douille (traits rouges), le faisceaudes LED est orienté et ne présentequasiment pas de flux perdu. © Erco

Un vaste spectre de répartitions est envisageable en fonction des optiques choisies. La conception de l’optique va sensiblement modifier le flux sortantdu luminaire. © Erco

j3e 823 / JANVIER/FÉVRIER 2014 - www.filiere-3e.fr 29

tiques clipsée sur une matrice LED) ;- des plaques de matériaux transparents(PMMA ou PC) sérigraphiés tels queceux utilisés pour les chemins lumineuxdu nouvel hôpital d’Orléans ;- des plaques de matériaux diffusants(toile, tissus, polymères…) et offrant unencombrant minimal...

Toutes ces techniques permettent d’ac-compagner la créativité des ingénieurs,designers, architectes… pour adresserde nouveaux marchés et nouveaux besoins.

Les industriels de l’optique ont déve-loppé des polymères d’une qualité telle

Halogène LED

L�optique doit canaliser et utiliser la lumière avec le moins de perte de lumière possible pour obtenir le meilleurrendement effectif à la sortie du luminaire. Elle doit également, biensûr, assurer un confort optimal à l�usager (pas d�éblouissement,homogénéité de lalumière).

Page 30: Innovation et start-up - Filière 3e · Avec des outils numériques renouvelés –un nouveau site d’info en continu (),une chaîne YouTube pour toutes nos interviews de professionnels

On constate que si la iodure métallique est plus efficace que la LED en lm/W (lumière émise/watts consommés), le rapport s’inverse dans la colonne lux/watt (quantité de lumière efficace pour éclairer la surface ciblée/watts consommés) et ce parce que la LED n’a pas de flux perdu. Le rapport lux/watt est donc un paramètre de comparaison important dans la performance des lampes à condition que la distribution en intensité lumineuse des sources comparées soit similaire. Seule l’efficacité lumineuse reste un comparatif absolu. À noter le très faiblerendement de l’halogène comparé aux autres sources. (source : Erco)

Lampe Flux lumineuxflux (lm)

Rendement lm/W(lm/W)

Rendement du luminaire (flux sortant)

LOR (%)

Luminaire(lm/W)

Illuminance(lx/W))

14142050100

1 0808701 6501 2502 200

7762832522

81,281,265,547,958,7

6350541213

9948011 0887851 745

7157541617

Puissance(W)

Illuminance3 m (lx)

néanmoins une légère perte de rendu lumineux du fait de cette opacité » ;

- l’optique secondaire (ou collimateur).Montée directement sur la LED ou au-tour, elle comprend les lentilles (et lesréflecteurs) placés sur le dessus de laLED. Son rôle est d’optimiser le faisceaulumineux et de « collimater » la lumière(obtenir des rayons parallèles) ;

- l’optique tertiaire est un dispositif ex-terne, interchangeable, qui comprend denombreux systèmes de lentilles dont laconception offre beaucoup de variantesen formes (conique, plate, bombée), enépaisseur et en matériaux (polymèreopaque ou translucide, film plastique…).« Avec des dalles de plafond, par exemple,ce diffuseur permet un rétro-éclairageexempt d’optique secondaire, ajoute l’ex-pert de Neolux. La lumière de la LEDvient directement frapper la surfaceopaque du diffuseur ou ses tranches si lediffuseur est rainuré. » Ainsi, l’optique tertiaire diffuse et fa-çonne la lumière pour s’adapter au typed’éclairage recherché.

Un luminaire ne comporte pas toujourstrois optiques. Il peut se composer uni-quement d’un réflecteur métallique etd’une lentille primaire, « mais, dans cecas, attention aux “aberrations optiques”,alerte Romain Bouquet. Lorsque le ré-flecteur n’est pas de bonne qualité, lesrayons lumineux des LED ne seront pastoujours correctement dirigés. On peutavoir une tache lumineuse cernée d’uneauréole ; ces aberrations optiques se ren-contrent notamment lorsqu’il y a un mé-lange de couleurs. »

une lampe à incandescence ou fluores-cente, ces polymères jaunissent moinsdans la durée. Reste que ces optiques doivent être parfaitement conçues, et notammentexemptes de bulles d’air, d’humidité oud’inclusions (poussières, par exemple)qui dégraderaient leurs caractéristiqueset leur performances.

Les différentes optiques d’un système LED Rappelons qu’en éclairage LED, on distingue trois types d’optiques :

- l’optique primaire. Directement sou-dée à la LED, elle fait partie intégrantedu dispositif. L’objectif de cette optiqueest de protéger la diode et d’en extraire

le maximum de lumière, en intensitécomme en ouverture. Sa compositionpeut sensiblement impacter la qualitédu flux, notamment si les résines utili-sées (époxy, polyuréthane, silicone) nesont pas de bonne qualité, vieillissentmal et dégradent la lumière qui les tra-verse. « Ces résines sont très importantes,note Romain Bouquet, chef de ProjetsR&D de Neolux. Au-delà de l’étanchéitéet de la protection mécanique de la LED,elles impactent directement l’aspect duflux lumineux. Dans un tube équipé debarrettes de LED, par exemple, ces résinespermettront de lisser la lumière en unenappe homogène pour éviter de voirchaque point lumineux. Il existe des résines transparentes et opalisées qui permettent un lissage encore plus fin, avec

Pour aller plus loinIngénieur en optoélectronique et dirigeant de la société LED EngineeringDevelopment, Laurent Massol a publié Les LED pour l’éclairage, un ou-vrage dans lequel il explique tout ce qu’il faut savoir sur ce sujet,depuis les principes électroniques élémentaires jusqu’aux performancesdes composants les plus récents. Les problématiques de leur intégrationdans une application d’éclairage y sont présentées de manière détaillée,notamment les optiques.

Au sommaire de cet ouvrage pratique, illustré de nombreuxgraphiques :- un rappel de physique sur l'émission de lumière ;- l’émission lumineuse à partir d'un semi-conducteur ;- les performances (efficacité et pertes) ;- les méthodes d'alimentation ;- les performances optiques et thermiques ;- les modules de LED ;- le cycle de vie des LED, la métrologie (mesures deconsommation électrique, chaleur, optiques) ; - les enjeux commerciaux et évolutions prévisibles.Les LED pour l’éclairage, de Laurent Massol, collectionTechnique et Ingénierie, chez Dunod.

PERFORMANCE ÉNERGÉTIQUE

30 j3e 823 / JANVIER/FÉVRIER 2014 - www.filiere-3e.fr

Blanc froid (+ efficace)Blanc chaudIodure métalliqueHalogèneHalogène

Page 31: Innovation et start-up - Filière 3e · Avec des outils numériques renouvelés –un nouveau site d’info en continu (),une chaîne YouTube pour toutes nos interviews de professionnels

j3e 823 / JANVIER/FÉVRIER 2014 - www.filiere-3e.fr 31

Juger la qualité d’une optique Sans connaissances techniques, difficile de juger la qualitéd’une optique. David Madéore conseille de mesurer le ren-dement du luminaire : « Il faut savoir quel est le flux de laLED et le flux sortant du luminaire ; une optique de qualitémédiocre va naturellement faire baisser ce rendement. » Pourlui, l’optique est d’abord une logique d’intégrateur, maiselle appelle la vigilance des prescripteurs, surtout lorsquel’on envisage l’achat d’un luminaire LED dans la durée. « L’arrivée de la lumière digitale et le développement de la filière optoélectronique ont profondément changé la donne,reconnaît-il. C’est une nouvelle façon de concevoir l’éclairageau niveau de l’intégration optique et thermique. Et commetoute nouvelle technologie qui n’est pas encore normalisée etencadrée, nous sommes à u ne étape où l’on trouve de tout surle marché. Mais entre un appareil encastré LED à 70 € et unautre à 500, il y a forcément des questions à se poser. Restervigilant sur la qualité et s’adresser à des professionnels sérieuxpermettront d’atteindre plus sûrement les performances an-noncées. »

En mai, j3e consacrera son dossier central à l’installation età la gestion thermique d’un système LED. Un autre sujet majeur qui exige, là aussi, une bonne connaissance de cettetechnologie si l’on veut qu’elle tienne toutes ses promesses.

Pascale Renou

Un luminaire LED ne comporte pas toujours 3 optiques. Il peut se composer uniquement d�unréflecteur métallique et d�une lentille primaire,mais, dans ce cas, attention aux �aberrations

optiques�. Lorsque le réflecteur n�est pas de bonne qualité, les rayons lumineux des LED

ne seront pas toujours correctement dirigés. On peut avoir une tache lumineuse cernée d�une

auréole, notamment lorsqu�il y a un mélange de couleurs. © Neolux

PERFORMANCE ÉNERGÉTIQUE

Page 32: Innovation et start-up - Filière 3e · Avec des outils numériques renouvelés –un nouveau site d’info en continu (),une chaîne YouTube pour toutes nos interviews de professionnels

32 j3e 823 / JANVIER/FÉVRIER 2014 - www.filiere-3e.fr

ensembles de bâtiments publics ou ter-tiaires consommant beaucoup d’énergie.

Pour des bâtiments moins gourmands,on parle de « micro-cogénération », quiest « l’entrée de gamme » en termes depuissance des solutions de cogénération,ajoute Jean-Louis Rasmus, directeurProduits De Dietrich : « C’est tout sim-plement l’application de la cogénérationaux bâtiments de taille plus réduite avecune puissance maximale de productionélectrique de 36 kW. » « Elle se présentedans un ensemble compact, simple à ins-taller, quelles que soient les énergies utili-sées et les gammes de produit », ajoutePascal Guyon.

Pour des besoins de chaleur et d’électricité constants et permanents La cogénération adresse le marché duchauffage individuel dans le résidentiel

O livier Camp, président de Novotek, l’affirme : « Si 30 %des besoins de chauffage étaient

assurés par des cogénérateurs, la productionélectrique serait de 15 TWh, soit l’équiva-lent annuel de 2 réacteurs nucléaires. »La cogénération est une piste à considérerpour lisser les pics de consommation :à la différence de certaines énergies in-termittentes, ce principe est en pleinfonctionnement lors des pointes, quandles besoins de chauffage atteignent leurmaximum. « La cogénération en petitesinstallations, à une échelle conséquente,pourrait être un atout majeur pour ré-pondre aux pointes de consommationélectrique, faire baisser les coûts de renfor-cement des réseaux électriques et rempla-cer le parc thermique primaire d’appointdes centrales à flamme. Notamment dansdes régions comme Paca ou la Bretagne »,confirme le président de Novotek.Autre atout remarquable de ce concept :

son empreinte écologique plus faible parrapport à une production électriqueissue d’un site d’appoint de productioncentral fuel ou gaz, avec 1 tCO2/an parkW installé, selon le Club Cogénérationde l’ATEE (1).

Un concept initialement développé pour le tertiaire Couvrir les besoins thermiques dechauffage, d’eau chaude et produire del’électricité, tel est le principe de base dessystèmes de cogénération des bâtimentsrésidentiels ou tertiaires, explique PascalGuyon, responsable Produits de lagamme cogénération de Viessmann. « Le système cogénération est donc unesource de chaleur alimentée par une éner-gie primaire (gaz, biogaz ou bois) coupléeà un générateur qui va produire l’électri-cité. »Le principe n’est pas nouveau, il a initia-lement été développé pour de grands

La cogénération est la production simultanée de deux énergies différentes à partir d’un seul système : production d’électricité et de chaleur, le plussouvent ; la chaleur étant issue de la production électrique ou l’inverse. Cette solution a de nombreux atouts pour répondre aux enjeux de la transitionénergétique, d’autant qu’elle est de plus en plus modulable pour s’adapter aux besoins de l’utilisateur. Le marché français est encore embryonnaire, mais l’évolution du coût de l’énergie pourrait bien changer la donne.

COGÉNÉRATION

Les enjeux d’une solution à fort potentiel

PERFORMANCE ÉNERGÉTIQUE

La production d’énergie décentralisée(produite à domicile et pas dans unecentrale) ne provoque que 5 % de perted’énergie. En revanche, la productionpar une centrale et l’acheminement de

l’énergie jusqu’au domicile entraînent environ 62 % de pertes.Ce gain de performance s’accompagne en outre d’uneréduction des émissions de CO2. (source : De Dietrich)

5%« EDF prévoyant d’augmenter ses tarifs de rachatd’électricité issue de la cogénération d’originerenouvelable, nous sommes confiants sur lesperspectives 2014. D’autant plus que le marché est conséquent : il y a un parc installé qui totalise 1 million de chaudières fioul de plus de 25 ans et 4 millions de plus de 15 ans. »

Olivier Camp, président de Novotek

Page 33: Innovation et start-up - Filière 3e · Avec des outils numériques renouvelés –un nouveau site d’info en continu (),une chaîne YouTube pour toutes nos interviews de professionnels

j3e 823 / JANVIER/FÉVRIER 2014 - www.filiere-3e.fr 33

active le mouvement d’un piston ; cemouvement permet ensuite de faire fonc-tionner l’alternateur », explique Jean-Louis Rasmus.Avec ce type de solution il n’est guèrepossible de produire plus de 1 kW élec-trique, mais l’ensemble présente unrendement sur PCI (pouvoir calori-fique inférieur) souvent supérieur à100 %. De quoi couvrir environ 50 à 70 % des besoins domestiques (soit une con sommat ion é l e c t r i que > 3 000 kWh/an) et des besoins dechauffage d’environ 20 kW.

- solutions avec moteur à combustionalternée : par rapport au moteur Stirling, les puissances fournies sontplus importantes. Un circuit récupère lachaleur à différents niveaux : les gaz decombustion, le moteur lui-même etl’huile de lubrification. Un échangeurpermet ensuite de transmettre la chaleurrécupérée au circuit de chauffage. « Pourdes systèmes de cogénération de moyennepuissance, par exemple, on peut utiliserun moteur fonctionnant au gaz naturelou bien au biogaz, qui entraînera un générateur synchrone pour produirel’électricité, précise Pascal Guyon. Le rendement global est en moyenne de 85 à 90 % et peut, dans certains cas, atteindre 95 %. »

ou en logements collectifs, mais elle estparticulièrement adaptée partout où lesbesoins de chaleur et d’électricité sontconstants et permanents tout au long del’année : complexes sportifs avec piscine,hôpitaux et écoles, hôtellerie, restaura-tion…« Pour les bailleurs sociaux ou/et les syn-dics de copropriété, l’électricité produitepourra alimenter les parties communesdes bâtiments, et servira d’appoint auxbesoins de chauffage. Dans ce type decontexte, les puissances installées iront de5 à 20 kW, et jusqu’à 50 kW dans certainscas », notent Pascal Guyon et Jean-LouisRasmus. « L’important est de bien dimen-sionner les puissances installées par rap-port aux besoins du ou des bâtiments,conseille Pascal Guyon. La cogénérationdoit tourner à plein régime le plus longtemps possible, l’idéal est de couvrirenviron 20 % de la puissance totale ther-mique. Avec les nouveaux produits prévuspour 2014, la puissance de cogénérationpourra être modulée de 30 à 100 % touten gardant un bon rendement. »

Différentes solutions selon les puissances requises La plupart du temps, l’énergie primaireutilisée est le gaz, et ce pour les différentes gammes existantes de la micro-cogénération (jusqu’à 36 kW

électriques). La chaudière micro-cogé-nération est en fait une chaudière àcondensation classique, qui peut fonc-tionner au gaz naturel, biogaz ou bois.S’y ajoute un moteur pour produire uneénergie mécanique ; cette énergie méca-nique permet d’entraîner un alternateurpour produire de l’électricité. Habituel-lement perdue, l’énergie thermique obtenue par la production d’électricitéest récupérée pour le chauffage et l’eauchaude sanitaire. L’électricité ainsi produite est soit utili-sée en autoconsommation avec reventedu surplus d’énergie non consommé(injection sur le réseau), soit revendueen totalité.

Suivant les puissances, la cogénérations’appuie sur différentes technologies.Deux d’entre elles sont particulièrementutilisées :- solutions avec moteur Stirling : cemoteur à combustion externe repose surle principe d’un gaz qui se dilatelorsqu’il reçoit de la chaleur et secontracte en refroidissant. Le moteurStirling peut travailler avec différentessources de chaleur : rayonnement solaire, chaleur rejetée. « Le fluide calo-porteur (de l’hélium, par exemple) estchauffé par une partie de la chaleur de lachaudière à condensation, il se dilate et

Couvrir les besoins thermiques dechauffage et d’eau chaude tout enproduisant de l’électricité, tel est leprincipe de base des systèmes de

cogénération. Une solution encore troppeu implantée en France comparé à sesvoisins européens alors qu’elle présentedes atouts économiques et écologiques.

© Viessmann

Page 34: Innovation et start-up - Filière 3e · Avec des outils numériques renouvelés –un nouveau site d’info en continu (),une chaîne YouTube pour toutes nos interviews de professionnels

34 j3e 823 / JANVIER/FÉVRIER 2014 - www.filiere-3e.fr

PERFORMANCE ÉNERGÉTIQUE

Quant à la maintenance, elle est limitéeétant donné la robustesse de la solution. »

Une solution encore émergentesur le marché français Selon le représentant de Viessmann, lesprincipaux marchés de la cogénérationen Europe sont l’Allemagne, la Bel-gique, l’Italie, la Pologne et le Royaume-Uni. La France a encore peu recours àcette solution ; la raison généralementavancée est celle du prix encore avanta-geux de l’électricité dans l’Hexagonecomparé à ses voisins européens. « Cemanque de pertinence économique faitque la cogénération en France est encoreun marché de niche, avec seulementquelques centaines d’installations par an »,analyse l’expert de De Dietrich. Mais leschoses pourraient bientôt changer : l’aug-mentation du coût de l’électricité pour-rait susciter un engouement pour ladiversification des sources d’approvision-nement. Favorisant en même temps l’au-

toproduction/ autoconsommation dans lesecteur distribué (résidentiel et petit ter-tiaire). »

Le souhait d’autonomie énergétique parla production d’électricité est une orien-tation de plus en plus considérée, selonOlivier Camp : « EDF prévoyant d’aug-menter ses tarifs de rachat d’électricitéissue de la cogénération d’origine renou-velable, nous sommes confiants sur lesperspectives 2014, tant au niveau de lamicro-cogénération que des systèmes depuissance supérieure, affirme le présidentde Novotek. D’autant plus que le marchéest conséquent : il y a un parc installé quitotalise 1 million de chaudières fioul da-tant de plus de 25 ans et 4 millions de plusde 15 ans. »« Produire localement son énergie et defaçon continue sur la période de chauffeest aussi une façon de limiter les pertesde distribution et de transport d’électri-cité. C’est un moyen de réduire les émis-sions de CO2 », souligne Jean-LouisRasmus.

Intérêts financiers de la cogénération en France Reste que le prix d’une solution de cogénération est encore élevé ; son ROIn’est pas très attractif : entre 7 et 15 ansselon la situation initiale, la puissanceélectrique produite et les hypothèses surles augmentations du prix de l’énergie. Plus la puissance électrique délivrée estimportante, plus le prix du kW élec-trique devient intéressant : pour 70 kW,il est d’environ 1,8 k€ du kW. Pour les petites installations de micro-cogénération gaz, le tarif d’injection estcelui de 2001, c’est-à-dire le tarif bleu, àenviron 8,3 c€/kWh. « Un tarif insuffi-sant pour garantir un ROI correct », jugePatrick Canal, de l’ATEE. L’augmentation en volume des installa-tions et l’entrée sur le marché françaisde nouveaux compétiteurs devraientdonner davantage d’intérêt à cette solu-tion. Les aides de l’État sont égalementun atout pour la micro-cogénération.Elle est en effet compatible avec la RT2012 et, pour Patrick Canal, « à courtterme, ce type de solution pourrait per-mettre de faire un pas conséquent vers leniveau Bepos ».

D’autres technologies existent, baséesprincipalement sur le cycle de Rankine,avec des micro ou miniturbines (lirel’encadré page ci-contre).

Côté installation, une micro-cogénérationest du même niveau technique qu’unechaudière à condensation. Ajoutons néan-moins que :- chez Viessmann et De Dietrich, le mo-teur Stirling est encapsulé dans un module séparé, ce qui facilite la mainte-nance et l’entretien ;- pour les systèmes à moteur à combus-tion, il est nécessaire d’avoir desconnaissances complémentaires en mé-canique et en électricité ;- pour les cogénérations à énergie bois,c’est en général un chauffagiste avecl’expérience du granulé bois qui mettrala solution en place. « Principe de raccordement et compteursont similaires à ceux d’une installationphotovoltaïque, complète Olivier Camp.

Échangeur de chaleur supérieur

Assure le réchauffement et la compression du gaz.

Chambrethermiquecontenant du gaz Hélium

Chambre dans laquelle le phénomène de compression/détente engendre le mouvement du piston.

Bobine cuivre

Produit de l’électricité à partir du mouvement du piston.

Échangeur de chaleur inférieur

Permet le refroidissement

et la détente du gaz.

Piston libre

Fonctionne avec un mouvement de va-et-vient.

Moteur Stirling (moteur thermique à combustion externe)

© D

e D

ietr

ich

Page 35: Innovation et start-up - Filière 3e · Avec des outils numériques renouvelés –un nouveau site d’info en continu (),une chaîne YouTube pour toutes nos interviews de professionnels

j3e 823 / JANVIER/FÉVRIER 2014 - www.filiere-3e.fr 35

PERFORMANCE ÉNERGÉTIQUE

Il faut noter que les incitations fiscalessont limitées aux micro-cogénérationsavec un crédit d’impôt (2013) proposéaux micro-cogénérations gaz de moinsde 3 kW électriques : ce crédit d’impôts’élève à 17 % (26 % dans le cadre d’unbouquet de travaux).

Quelles perspectives d’avenir ? Au-delà de l’intérêt purement financier,la cogénération représente potentielle-ment la création de 20 000 emplois,selon l’ATEE. Pour développer ce mar-ché, la France pourrait s’inspirer de ses voisins, plus volontaires dans ce domaine : « L’Allemagne, par exemple,

propose un bonus de 5,41 c€/kWh pourune durée de 30 000 heures, illustre Patrick Canal. Pour un prix de marchéaux environs de 27 c€/kWh, celaconduit à une rémunération dépassant32 c€/kWh, soit quatre fois plus qu’enFrance. »Des propositions d’adaptation du tarifpetites installations ont récemment étésoumises au ministère du Développe-ment durable par l’ATEE ; le groupe deréflexion sur l’autoproduction/autocon-sommation lancé par le Medde et la direction générale Énergie Climat pour-rait s’emparer du sujet et relancer ledébat. Selon la DGEC, le potentiel de la

cogénération en France est de 1,5 à 2 GW électriques à horizon 2018 (2).Alors, vers un smart grid de chaudièresde cogénération interconnecté au ni-veau d’un quartier ? Non seulement lessolutions sont d’ores et déjà disponibles,mais le prix de rachat de l’électricité enfonction du volume produit pourraitinciter à aller dans ce sens.

Jean-François Moreau

(1) Source 2010. ATEE : Association technique énergieenvironnement.

(2) Rapport de la DGEC « Analyse du potentiel de lacogénération haut rendement », d’octobre 2010.www.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/101015_Rapport_potentiel_coge_pour_UE-1.pdf

La micro-cogénération au bois

Les collectivités sont de plus enplus intéressées par le concept decogénération bois. Ainsi, le françaisNovotek mène un projet pour unoffice d’HLM dans un éco-quartier(dans le nord de la France) qui vapermettre de produire 36 kW élec-triques et environ 150 kW énergiethermique. Après plus de 5 ans deR&D, l’industriel a mis au pointune chaudière granulés bois avec

un rendement de 95 % ; cogénéra-tion incluse, le rendement global,est de 86 %. « La technologie baséesur le moteur Stirling ne permetpas vraiment de dépasser beaucoupplus de 1 kW de production élec-trique, avec une limitation sur latempérature de fonctionnement à110 °C, explique Olivier Camp, pré-sident de Novotek. Raison pour la-quelle nous avons mis au point et

breveté une solution ba-sée sur le cycle thermo-dynamique de Rankine(ORC), principe utilisédans la machine à va-peur. Le cogénérateurest une turbine scroll àcycle de Rankine, quiproduit chaleur et élec-tricité. Cette solutions’adresse au marché do-mestique, au petit ter-tiaire, aux collectivitéset au petit industriel. »Pour illustrer l’intérêtde cette solution, il citel’exemple d’une école, àCholet (49) : « La facturefioul de cette école étaitde 15 000 €. Elle est pas-sée à 5 000 € avec le pel-let (granulés bois). Quantà la facture électrique,elle a été allégée grâceà la production élec-trique en cogénération.

De manière générale, le ROI estd’autant plus rapide à atteindreque la taille de la chaudière estimportante, analyse-t-il. Comparésà une chaudière au fioul, les ROIen micro-cogénération sont de 6 à9 ans selon les configurations, etce en intégrant les économies réa-lisées sur le coût d’approvisionne-ment et grâce à l’autoconsomma-tion. »

Le cogénérateur est une turbine scroll à cycle de Rankine, qui produit chaleur et électricité.Cette solution s’adresse au marché domestique, au petit tertiaire, aux collectivités et aupetit industriel. © Ecométis

Page 36: Innovation et start-up - Filière 3e · Avec des outils numériques renouvelés –un nouveau site d’info en continu (),une chaîne YouTube pour toutes nos interviews de professionnels

SÉCURITÉ

36 j3e 823 / JANVIER/FÉVRIER 2014 - www.filiere-3e.fr

N ous le savons tous : les BAES,ces petits blocs verts lumineuxaux pictogrammes explicites

sont là pour guider nos déplacementsvers la sortie d’un bâtiment (2) en casd’alerte ou de coupure de l’éclairage gé-néral. Combinés aux blocs autonomesd’ambiance, leur présence rassurantepermet de réduire les mouvements depanique et d’assurer une évacuationplus rapide et plus sûre tout en facilitantl’intervention des secours, en cas de né-cessité. C’est dire si leur maintien en étatde fonctionnement est vital. D’ailleurs,« une défaillance partielle ou totale de cesdispositifs peut motiver un avis défavora-ble à la poursuite de l’exploitation del’établissement », rappelle le colonel

Alain Gaudon, du SDIS du Bas-Rhin,sur le site Internet que vient de lancerIgnes sur l’éclairage de sécurité.

Les exploitants de sites n’ontpas suffisamment conscience de leur responsabilité Pourtant, 30 % des 27 millions de BAESet LSC installés en France sont en mau-vais état ou, pire, hors service. Une né-gligence qui s’explique, le plus souvent,par l’absence d’une personne en chargede la sécurité pour assurer le suivi et la maintenance de ces dispositifs. « Dansles bâtiments équipés de moins de 200 blocs, il n’y a pas de personnel tech-nique attitré pour suivre et vérifier l’étatde ces équipements, confirme Luc Sersi-ron, président du métier Éclairage de sécurité d’Ignes, alors qu’il existe des solutions techniques efficaces pour facili-

Le parc des blocsd’éclairage de sécuritéinstallés en Francetotalise 27 millionsd’équipements (BAES et LSC [1]). Un tiers de ces équipements est horsservice, en mauvais étatou mal entretenu. Face àce constat préoccupant,Ignes vient de lancer une campagne desensibilisation et un siteInternet dédié pourrappeler l’importance del’éclairage de sécurité etles préconisations pourassurer sa maintenance.

ÉCLAIRAGE DE SÉCURITÉ

Ne négligez pas la maintenance de vos blocs !

Les fabricants d’éclairage de sécurité rassemblés au sein d’Ignes et une dizaine de partenaires des filières électrique, incendie et bâtiment se sont mobilisés pour « faire bloc pour la maintenancede l’éclairage de sécurité ». Dans le cadre de cette démarche qui se poursuivra tout au long de l’année 2014, ils ont lancé le site www.faire-bloc-pour-la-maintenance.com.

ter leur maintenance et réduire les tempsd’intervention. Faute d’entretien, beau-coup de ces appareils s’encrassent avec letemps et risquent de ne plus fonctionnerau moment de l’évacuation. »

Autre problème : les exploitants de sitesn’ont pas suffisamment conscience deleur responsabilité dans ce domaine. Or,selon les textes qui régissent la vérifica-tion et la maintenance périodiques deces installations, le non-respect de cetteexigence engage leurs responsabilités pé-nale et civile (voir encadré « Textes régle-mentaires »). En cas de manquement, ilss’exposent à des injonctions de la Com-mission de sécurité ou de l’Inspectiondu travail pouvant aller jusqu’à la ferme-ture de l’établissement, comme évoquépar le colonel Alain Gaudon. Aux pertesd’exploitation résultant d’une telle déci-

Page 37: Innovation et start-up - Filière 3e · Avec des outils numériques renouvelés –un nouveau site d’info en continu (),une chaîne YouTube pour toutes nos interviews de professionnels

j3e 823 / JANVIER/FÉVRIER 2014 - www.filiere-3e.fr 37

SÉCURITÉ

sion, s’ajouteront des sanctions pénales(amende et peine d’emprisonnement).Conseil aux responsables de sites : n’attendez pas un sinistre pour constaterla non-conformité de vos installationsd’éclairage de sécurité !

Le recours à un intervenant qualifié, gage de conformité réglementaire Comme pour n’importe quel équipe-ment, le vieillissement des luminairesd’éclairage de sécurité est à la fois nor-mal et inévitable. Seule solution pourgarantir, dans la durée, leur bon fonc-tionnement et se conformer à la régle-mentation : procéder régulièrement etde manière rigoureuse à leur vérificationet à leur maintenance.La norme NF C 71-830 – Maintenancedes blocs autonomes d’éclairage de sé-curité BAES et BAEH – a été publiée en2003 à l’intention des responsables desites. Ce référentiel définit un modeopératoire précis pour s’assurer quel’éclairage de sécurité reste en capacitéd’assurer ses fonctions.

En éclairage de sécurité, ce contrôle né-cessite le recours à un intervenant qua-lifié et habilité (habilitation électrique,travail en hauteur, etc.). Selon la norme NF C 71-830, il établiraun diagnostic périodique des luminaireset prendra en charge les différentes opé-rations techniques (tableau). Il devraégalement respecter des obligationsd’information de mise en garde et deconseil au responsable du site concerné.Cet intervenant qualifié peut être untechnicien : - d’une entreprise d’installation élec-trique ;- d’un service technique interne d’uneentreprise ou d’une administration ; - d’une société de Facility Management ; - d’une entreprise spécialisée en main-tenance d’installations de sécurité (SSI,poteaux d’incendie, extincteurs, désen-fumage, etc.).

La maintenance : au-delà de l’obligation, une opportunité économique La maintenance préventive évite lescoûts de remise en état de la totalité des

(1) Ces opérations peuvent être effectuées automatiquement par les BAES comportant un systèmeSati (Système automatique de test intégré), conforme à la norme NF C 71-820 en vigueur. Les BAESrépondant à ces exigences sont marqués du sigle « NF AEAS BAES Performance Sati », qui garantitleur conformité à la norme par un organisme indépendant.

Pour attester de l’intervention duprofessionnel qualifié, 3 éléments de preuve et de suivi sont requis : - une étiquette de vérification à renseigner et à apposer sur l’appareil indiquant le nom de l’entreprise, la date de la vérification et l’identification du mainteneur ; - la remise d’un rapport de vérificationdétaillé informant l’exploitant de l’état de son parc ; - l’inscription dans le registre de sécurité des travaux effectués et des remarquesparticulières ou anomalies rencontrées.

Des textes réglementaires différentsselon le type de bâtiment

Opérations techniquesde maintenance

La vérification et la maintenance périodiques de l’installation d’éclairagede sécurité sont strictement encadrées par la réglementation. Les responsablesdes établissements recevant du public (ERP), des travailleurs (ERT) ou desrésidents (habitat collectif) doivent s’assurer que les BAES (Blocs autonomesd’éclairage de sécurité) et les LSC (Luminaires pour source centrale) sontbien vérifiés et entretenus périodiquement selon les exigences prévues : - pour les ERP, par les articles EC 13 et EC 14 du règlement de sécuritécontre les risques d’incendie et de panique ;- pour les ERT, par les arrêtés des 26/02/2003 et 14/12/2011 (art. 11) ; - pour l’habitat collectif, par l'arrêté du 30/01/86 et pour les IGH, parl'arrêté du 30/12/11 (articles GH5 et GH58).

EXPLOITANT INTERVENANTQUALIFIE

Tous les mois

Tous les 6 mois Tous les ans

BAES et/ou LSC en place

Appareil sous tension X X

X

X

X

X

X

X

X

X

X

X

X

X

X

X

X

X

X

X

X

X

XX

Témoin de charge (1)

Etat des sources lumineuses de secours (1)

Conformité des composants remplaçables

Autonomie de la batterie (1)

Aspect de la batterie

Nettoyage général de l’appareil

Télécommande (sauf en habitation collective)

Mise en place de l’étiquette de maintenance

Rapport de vérification

Registre de séurité

Toute anomalie constatée doit faire l’objet d’une intervention de maintenence exécutée par une personne qualifiée.

BAES et/ou LSC parfaitement visibles

État physique extérieur satisfaisant

Voyant vert pour les BAES Performance SATI

Page 38: Innovation et start-up - Filière 3e · Avec des outils numériques renouvelés –un nouveau site d’info en continu (),une chaîne YouTube pour toutes nos interviews de professionnels

SÉCURITÉ

38 j3e 823 / JANVIER/FÉVRIER 2014 - www.filiere-3e.fr

installations et augmente la durée de viedes produits, elle est aussi une opportu-nité, pour les responsables de sites, derepenser leur installation par souci deperformance énergétique.

Les avantages d’une installation optimisée Comme pour tout autre équipement, leremplacement des appareils d’éclairagede sécurité devra être envisagé avec levieillissement des appareils. Profiterd’une opération de maintenance pourrénover tout ou partie de l’installationpermettra d’optimiser l’installation etde réduire le coût d’exploitation du bâ-timent en bénéficiant de nombreuxavantages :

- des économiesd’énergie avec latechnologie LED etdes équipements éco-conçus permettant de

diviser par 5 les consommations d’éner-gie des installations d’éclairage de sécurité. Ces solutions, proposées no-tamment par les industriels du secteuradhérents d’Ignes, sont reconnaissablespar l’éco-label NF Environnement ;

- une simplificationdes vérifications ré-glementaires grâceaux blocs Sati per-mettant, sans couperle secteur ni manipu-

ler les blocs, de visualiser leur état defonctionnement et de procéder aux vé-rifications obligatoires ;- une optimisation de la maintenanceavec les systèmes adressables. La gestioncentralisée de l’installation indiquantl’emplacement du luminaire défectueuxet la nature de la panne permettra de ré-duire le temps d’intervention en cas dedéfaut et, par voie de conséquence, lecoût de maintenance ; - une intégration au bâti plus esthé-tique : l’arrivée précoce des LED dans lesecteur de l’éclairage de sécurité a per-mis de travailler sur le design des blocspour qu’ils s’intègrent mieux dans l’architecture des bâtiments, tout enaméliorant la lisibilité des signaux d’éva-cuation. Les responsables de sites ont donc toutà gagner à être vigilants sur la mainte-nance de leurs installations d’éclairagede sécurité.

… Le 9 décembre dernier, Ignes et 10 par-tenaires (3) ont annoncé le lancementd’une campagne de sensibilisation du-rant l’année 2014 pour rappeler l’im-portance de l’éclairage de sécurité dansle bâtiment et enrayer la négligence enmatière de maintenance. Un site Inter-net (www.faire-bloc-pour-la-mainte-nance.com) vient d’être mis en place.Témoignages et cas pratiques à l’appui,il aborde d’une façon simple, claire et didactique tous les aspects de ce secteurtrès réglementé, mais également porteurd’innovations technologiques et envi-ronnementales. Un forum permetd’échanger entre les professionnels dusecteur. Gageons que cette démarcheportera ses fruits. P. R.

(1) Bloc autonome d’éclairage de sécurité et Luminairespour source centrale.

(2) Établissements recevant du public (ERP), des travailleurs(ERT) ou des résidents (habitations collectives).

(3) FFMI, FFIE, Fedelec, Serce, Capeb, SVDI, FGME,Recylum, LCIE Bureau Véritas, Promotelec.

« La nouvellegénération de BAESpermet la réduction

des coûts d'exploitationet de maintenance.Auparavant, il fallaitenviron une demi-journée pour vérifierun établissementcontre 2 heuresaujourd'hui grâce à la visualisation des voyants LED. »

Olivier Léger, directeur du Centre techniquemunicipal, ville de Pantin (93)

La municipalité gère environ 180 bâtiments de différents types

(crèches, halte-jeux, écoles, restauration…)ce qui représente plusieurs milliers de BAES.

Cas d’école : 500 € d’économies/anDans un lycée équipé d’une installation de 150 blocs, un système adressable100 % LED permet une économie de 9 €/an/bloc sur les coûts de maintenance,auxquels s’ajoutent 4 €/an/bloc liés à l’économie d’énergie, soit 1 950 €/ande réduction sur le budget d’exploitation. Si le lycée envisage de remplacer son installation équipée en blocs Sati 100 % LED par des blocs Sati-adressables, l’amortissement intégral dusurcoût de l’installation est < 5 ans, grâce aux 500 € d’économie généréschaque année. (Source : Ignes)

Témoignages et cas pratiques à l’appui, le site Internet aborde d’une façon simple, claire et didactique tous les aspects de ce secteur très réglementé. Il explique notamment commentoptimiser son installation et réduire ses coûts d’exploitation.

Maintenir et rénover son installation permettent de réduire vos coûts d’exploitation en bénéficiant des avantages offerts par les dernières technologies.

En quelques années les économies d’énergie et de coût d’exploitation sont supérieures au prix d’achat des nouveaux équipements.

• Utilisation de produits à faible consommation et certifiés pour leur excellence environnementale

• Emploi de sources lumineuses tels que les Leds dont la consommation énergétique est 5 à 8 fois inférieure aux autres sources lumineuses

Économies d’énergie

Page 39: Innovation et start-up - Filière 3e · Avec des outils numériques renouvelés –un nouveau site d’info en continu (),une chaîne YouTube pour toutes nos interviews de professionnels

j3e 823 / FÉVRIER 2014 - www.filiere-3e.fr 39

SÉCURITÉ

Page 40: Innovation et start-up - Filière 3e · Avec des outils numériques renouvelés –un nouveau site d’info en continu (),une chaîne YouTube pour toutes nos interviews de professionnels

RÉALISATION

40 j3e 823 / JANVIER/FÉVRIER 2014 - www.filiere-3e.fr

Lorsque Perella Weinberg Partners devient propriétaire de la tour Chartis, en 2011, le groupe projette la réalisation d�une simple remise en état de cet IGH construit dans les années 1960. La réflexion menée en amont sur les consommations énergétiques du bâtiment va engager le propriétaire dans un chantier beaucoup plus important.

TOUR BLANCHE, LA DÉFENSE

Réhabiliter un IGH de 1967en immeuble HQE, BBC

tation au projet : l’investisseur décide defaire de cette tour de 1967, devenue uneépave thermique, un immeuble HQE ré-novation, accessible aux personnes àmobilité réduite, éligible à la labellisa-tion BBC. Budget total pour réhabiliterles quelque 28 500 m2 Shon du bâtiment :35 M€, soit 1 228 €/m2 rénové. L’architecte Silvio Petraccone est mis-sionné pour la maîtrise d’œuvre, etCréatis, filiale du groupe Spie Bati-gnolles, pour le pilotage de l’ensembledes travaux. Il s’agit, en 21 mois, de pas-ser de 1 à 20 sur l’échelle de la perfor-mance énergétique. Cette rénovation estun défi aussi bien technique qu’écono-mique.

Remettre aux normes un bâtiment des années 1960 Construite à une époque où les normesde sécurité et la réglementation ther-mique n’existaient pas, il a fallu com-plètement repenser le bâtiment. « Iln’est pas possible de réhabiliter une tour

E n 1967, à Courbevoie, la tourCB15 (1), fait partie des tout pre-miers immeubles de grande

hauteur (IGH) du futur site de La Défense qui n’est pas encore le bouillon-nant quartier d’affaires que l’on connaîtaujourd’hui. Large de 44 m, longue de 22 m, haute de 99 m (2), sa masse en bétons’élève alors de manière presque incon-grue au milieu d’habitations anciennes.Habitations qui vont être rasées pourlaisser place à un programme immobilierde 21 tours aux dimensions équivalentes. La tour CB15 développe ainsi 5 niveauxen sous-sol, 3 en entresol et 27 en super-structure, dont deux niveaux (11 et 26)avec des coursives. En 2001, devenue latour AIG (elle sera rebaptisée « tourChartis » en 2009 par l’assureur qui l’oc-

cupe et change de nom), elle connaîtune première rénovation : son hall d’ac-cueil est alors complètement transforméet 6 étages sont restaurés. En 2011, Perella Weinberg Partners acquiert l’édifice pour 110 M€. En 2012,après le départ de Chartis, l’investisseurdécide de réhabiliter la tour pour la va-loriser avant de la mettre sur le marchéde l’immobilier.

Passer de 1 à 20 sur l’échelle de la performance énergétique,à coût maîtrisé L’objectif initial du groupe américain estde rénover la façade et de remettre 6 ni-veaux en état. L’audit énergétique et untravail de réflexion approfondi mené enamont vont donner une nouvelle orien-

Les 5 niveaux de sous-sol de la tourBlanche sont destinés aux locauxtechniques et au stockage. Y serontinstallés 2 CTA complémentaires à celles installées en terrasse ainsi que 2 groupes électrogènes (1 000 kW). Cinq mois de travaux ont été nécessairespour déposer CTA, groupes et réseauxexistants. © Nicolas Vercellino

Page 41: Innovation et start-up - Filière 3e · Avec des outils numériques renouvelés –un nouveau site d’info en continu (),une chaîne YouTube pour toutes nos interviews de professionnels

j3e 823 / JANVIER/FÉVRIER 2014 - www.filiere-3e.fr 41

donner le nouveau nom de l’IGH : latour Blanche. « Nous avons financé unerecherche et mené de multiples essais surla taille des points et leur espacement ;nous avons travaillé avec un orthoptisteparce que nous savions que certaines per-

sonnes ont du mal à s’habi-tuer à ce type de vitrage etqu’il peut provoquer des trou-bles de la vision, des maux detête… Nous ne pouvions pasprendre ce risque. » Le choix se porte sur un vi-trage avec une densité depoints de 35 % de la surface,l’espacement entre chaquepoint cote 1,5 mm. Ce vi-

trage sérigraphié n’est pas déployé surtoutes les façades : au nord, ainsi qu’auxétages inférieurs où la lumière est moinsimportante, les parois vitrées sont endouble vitrage classique. Surprenant à première vue, ce « voile lai-teux » posé à même le verre a l’avantagede réfléchir le rayonnement solaire, li-mitant de facto l’impact thermique desbaies vitrées. Des stores ont été posésentre cette double peau et les fenêtresqui, fait rare dans un IGH, peuvent s’ou-vrir sur cette paroi émaillée.L’éclairage artificiel, presque intégrale-ment en LED (lire l’encadré p.43), com-plète cet impressionnant travail menésur la lumière.

des années 1960 et de la rendre entière-ment conforme aux normes d’au-jourd’hui, explique Silvio Petraccone. Ilfaut améliorer autant que possible, et c’estce que nous avons fait pour cette tourd’une manière évidemment incommen-surable. »Pour la sécurité incendie, « nousavons travaillé avec Philippe Gé-rard, de Socotec, le grand spécia-liste des tours en France. Il a sudiscerner les points de sécuritéfondamentaux sur lesquels inter-venir. Le bâtiment disposait d’unsystème de désenfumage et d’unezone CHC (3), en revanche, l’en-semble des niveaux communi-quaient pour faire passer les organes dechauffage ». Des planchers coupe-feu sont aménagés ;quant à la zone de circulation protégée,elle est réduite de moitié pour optimiserl’espace privatif, offrant ainsi une plusgrande surface de bureaux. Une optionqui a véritablement « déverrouillé » ceprojet de réhabilitation, selon Silvio Petraccone.

Un impressionnant travailmené sur la lumière Autre enjeu majeur : la façade, alter-nance d’imposants piliers en béton et deparois vitrées, ne représentant à ellesseules que 40 % de la superficie des fa-

çades du bâtiment. L’architecte suggèrede conserver la structure béton pour saqualité et la beauté « vibrante » du ma-tériau et de son modelé, mais il fautcomplètement repenser l’étanchéité et lalumière pour s’inscrire dans l’objectif

HQE/BBC voulu par le maître d’ou-vrage. « Respecter les contraintes imposéespar les cibles HQE (facteur lumière dujour, ne pas dégrader le niveau d’éclairageexistant…) et répondre aux exigencesthermiques du label BBC est devenu ex-trêmement compliqué en rénovation, re-connaît l’architecte. Passer d’un simplevitrage existant à une double peau ab-sorbe évidemment davantage de lumière,et l’idée n’était pas de “combattre” les po-teaux béton, il fallait intégrer ces élémentset trouver la solution. »

La solution ? Un verre innovant, agrafé,émaillé en face extérieure de minusculespoints blancs qui vont, au demeurant,

« Nous avons respecté l’esprit du maîtred’ouvrage : valoriser l’existant à travers

une démarche économique etdéveloppement durable afin de mettresur le marché immobilier un bâtimentcompétitif comparé à d’autres tours de La Défense qui restent vides. »

Silvio Petraccone, architecte

La tour Blanche, ex-tour Chartis. Une rénovation complète qui a transforméce bâtiment devenu une épave thermiqueen un immeuble HQE éligible au labelBBC. © Nicolas Vercellino

Page 42: Innovation et start-up - Filière 3e · Avec des outils numériques renouvelés –un nouveau site d’info en continu (),une chaîne YouTube pour toutes nos interviews de professionnels

42 j3e 823 / JANVIER/FÉVRIER 2014 - www.filiere-3e.fr

RÉALISATION

- 8 centrales de traitement d’air ; - 1 000 points d'alarmes techniques ; - 400 compteurs (250 pour l’énergieélectrique, 150 pour les calories et lecomptage d’eau).

Particularité de la solution proposée parDelta Dore, un tableau de bord énergé-tique qui permettra de mesurer lesconsommations par zone (immeubleentier, étage, poste de travail) et par typed’énergie pour pouvoir établir des éti-quettes énergétiques.Avec sa télécommande physique ou vir-tuelle (via son ordinateur), l’usager aurala possibilité de déroger et d’intervenirsur l’éclairage, les stores, le chauffage etla climatisation dans une plage quipourra être individualisée. Avec la télé-commande virtuelle, il sera en effet pos-sible de connaître l’éco-comportementdes utilisateurs et de modifier la plage deconsignes dans laquelle l’usager sera au-torisé à déroger.Un outil de recloisonnement dyna-mique, associé à ce tableau de bordénergétique, facilitera la programmationdes applications en cas de réaménage-ment des bureaux. Enfin, un outil d’autodiagnostic appor-tera une assistance à l’exploitation enl’alertant sur des incohérences de fonc-tionnement (une mesure de tempéra-ture qui ne correspondrait pas à laconsigne donnée, par exemple) . Cetoutil de « check-up » est prévu pourchaque bureau. Enfin, les contrôleurspilotant l’éclairage et les stores sontdotés d’une alimentation en découpage.Cela permettra de dégager 20 à 30 %d’économies en mode veille.

Un chantier qui a multiplié les défis Le gros œuvre a incontestablement repré-senté le plus gros challenge de ce projet :récupérer l’espace perdu (des coursives niveaux 11 et 26), agrandir le toit terrasseen modifiant les acrotères existants enmétal par de nouveaux en béton ; désamianter complètement la tour en combinaison avec l’intervention des faça-diers… sans compter le défi que repré-sente un chantier de cette ampleur dansun site aussi dense que celui du quartierd’affaires de La Défense. « Au plus fort del’activité, 200 personnes participaient aux

Des outils de gestion centralisée pour une consommation maîtrisée L’ensemble des applications de confortde la tour seront régulées et pilotées demanière centralisée. Delta Dore a étémissionné pour le lot GTB (matériel,analyse fonctionnelle et mise en ser-vice), Spie Batignolles prenant en charge

la mise en œuvre. La solution proposéepar l’industriel est construite sur une ar-chitecture LonWorks. Elle permettra lepilotage centralisé de :- 2 500 points d’éclairage en Dali ;- 1 000 stores (pilotage combiné avecl’éclairage) ;

- 1200 multicapteurs (détecteurs de pré-sence, luminosité, 1er et 2e jours) ;

- 870 ventilo-convecteurs ;

AVIS D’EXPERT

SILVIO PETRACCONE, architecte

Face à un projet d’une telle ampleur,n’aurait-il pas mieux valu démolir etreconstruire ? La question n’a jamaisété envisagée, selon l’architecte,Silvio Petraccone, qui explique lechoix de maintenir la tour existante.« Toute la difficulté d’uneréhabilitation réside dans la capacitéà évaluer un immeuble pour quel’investisseur puisse négocier uneoffre d’achat. Avant d’acheter, il abesoin d’éléments sur l’état dubâtiment, ses consommations,l’ampleur des travaux, l’estimationde leur coût... La tour Chartis a été étudiée très enamont et dans sa globalité. Nousavons visité les locaux alors qu’ilsétaient encore occupés, ce qui étaitdéjà une première difficulté pourl’évaluer. Même lorsque vous avez lesplans d’un bâtiment, vous ne pouvezjamais être certain que ce qui a étéfait est conforme au document quevous avez entre les mains. Et il y atoutes les surprises que vous

découvrez au cours d’un chantier,que vous ne pouvez pas évaluer audépart. Il faut pouvoir, par exemple,justifier la destruction d’élémentsque l’on pourrait penserindispensables et qui, en définitive,ne le sont pas. Un ingénieur d’EgisBâtiments nous a énormément aidéspar son analyse de l’immeuble et sesinfrastructures.Démolir la tour aurait pris beaucoupplus de temps, aurait coûté plus cheraussi. C’est vrai, il y a desrénovations qui ont coûté beaucoupd’argent et ne sont pas à la hauteur ;et, même avec la bonne adéquationéconomique, une rénovation n’estjamais gagnée d’avance. Dans le casde cette tour, nous avons réussi àtrouver un compromis : partir del’existant, investir dans l’intelligence,être performant à budget maîtrisé etgarantir le résultat. C’est d’ailleursgrâce à cette adéquationéconomique qu’elle a été bien perçuepar le marché et louée rapidement. »

Même avec la bonne adéquation économique, une rénovation n’est jamais « gagnée d’avance ».

La tour avait cetteparticularité d’êtreentourée d’une ceinturebéton. Construite sansparvis, personne nesavait où se situaitl’entrée, l’accès pouvantse faire sur trois côtés.Le hall a étécomplètement rénovésur une triple hauteur(RC jusqu’au 2e étage) ;la ceinture béton entreles piliers a été sciée (enblocs manu-portables !)pour faire largemententrer la lumièrenaturelle et créer unvaste hall d’entrée. © Nicolas Vercellino

Page 43: Innovation et start-up - Filière 3e · Avec des outils numériques renouvelés –un nouveau site d’info en continu (),une chaîne YouTube pour toutes nos interviews de professionnels

j3e 823 / JANVIER/FÉVRIER 2014 - www.filiere-3e.fr 43

RÉALISATION

travaux, relate Jean-Noël Bidet, le très se-rein chef de chantier de Créatis. Les délaisserrés exigeaient de tourner à plein régime,les accès limités imposaient une logistiquemillimétrée, l’intendance pour l’ensembledes personnels du chantier (bureaux tech-niques, restauration, sanitaires, vestiaires…)nécessitaient de l’espace dans le bâtimentlui-même… : pour mener ce chantier, il étaitcrucial de travailler de manière extrême-ment coordonnée entre tous les corps d’état,ce partenariat était indispensable pour ajus-ter l’organisation et le planning quand nousnous trouvions face à une situation impré-vue, comme lors du désamiantage, parexemple (de l’amiante trouvée dans lesjoints, au niveau des ascenseurs a contraintà refaire les paliers). » Cette nécessairecoordination explique le fait que Créatis aété mandaté pour piloter le groupementd’entreprises et la totalité du chantier. Les travaux sont toujours en cours.Jusqu’à présent, budget et délais ont étérespectés. La livraison est prévue mi-avril.Le nouveau locataire de la tour Blanches’appelle ERDF. Pascale Renou

(1) CB15, abréviation de Courbevoie-bureaux-quartier 1de La Défense-5e tour érigée sur le site. La tour prendrasuccessivement les noms de tour Aquitaine, tour AIG, tourChartis et aujourd’hui tour Blanche.

Le choix de la LED pour optimiser le poste éclairageHormis les sous-sols et entresolséclairés en fluorescence, les 27 ni-veaux en superstructure de la tourBlanche sont « full LED », des LEDde dernière génération (140 lm/W àla sortie de la LED), selon le fabricantArlus/Debbas France. L’immeublecompte environ 4 300 dalles 300 x300 pour les plateaux de bureaux, 5 600 points lumineux en cor-niche pour les zones de circu-lation (une LED tous les 5 cm), environ 400 m linéairede LED pour les ascenseurs etdes lignes continues pour lehall d’entrée qui devrait rece-voir un traitement particulierau moment de l’aménagement.Au total, 2 500 points d’éclairagesont asservis et capables de re-monter des informations à la

GTB (température, présence, lumi-nosité, fréquentation des salles deréunion, etc.). Les dalles sont équipéesd’une vasque 3D opaque qui diffuseun flux lumineux très confortable (4 000 K, IRC > 85, UG < 19) et ne for-ment pas un point de lumière intenseen faux plafond. L’éclairage généralconsomme moins de 6 W/m².

La tour Blanche doit son nom à la couleur de son vitrage et des piliers béton repeints enblanc, mais elle le doit aussi au matériau choisi pour revêtir les murs intérieurs : du CorianM1 de 6 mm, difficilement combustible et très facile d’entretien. En IGH, il y a un potentielcalorifique lié aux matériaux de construction. Il est ici de 255 mégajoules, ce qui laisse àl’aménageur 400 MJ/m2, limite à ne pas dépasser pour respecter le potentiel calorifiquetotal autorisé. © Nicolas Vercellino

Tous les étages disposent de fenêtres donnant sur unvitrage « effet store », chacune pouvant être ouvertepar les occupants. Ce choix, rare en IGH, permet dejouer sur l’aspect psychologique de l’ouverture d’unefenêtre ; il décuple aussi la performance énergétiquede la tour en améliorant la circulation de l’air grâce àune double peau ventilée. © Nicolas Vercellino

Intervenants sur le chantier• Maître d’ouvrage : Perella Weinberg Partners• Architecte et maître d’œuvre : SilvioPetraccone, Agence Petraccone & Vodar

• Maître d’ouvrage délégué : Alterea Cogedim• Maître d’œuvre exécution : Egis Bâtiment• Pilotage du chantier et du groupement

d’entreprises : Créatis (Spie Batignolles)

(2) La tour CB15 s’inscrit dans le programme de 21 toursde bureaux prévu par le premier plan de masse de l’Epad(aujourd’hui Epadesa, Établissement public d’aménagementde La Défense Seine-Arche) et doit respecter les dimensionssuivantes : 24 m de large sur 42 m de long et 115 m de haut.

(3) CHC : circulation horizontale commune (zone de cir-culation protégée).

Page 44: Innovation et start-up - Filière 3e · Avec des outils numériques renouvelés –un nouveau site d’info en continu (),une chaîne YouTube pour toutes nos interviews de professionnels

À Disneyland Paris, l’entrepôt de 22 000 m2 dédié au stockage de denréesalimentaires, produits souvenirs et pièces détachées pour les attractions estun gouffre en termes de consommation d’énergie pour l’éclairage. Un nouveausystème vient d’être mis en place par Osram ; il vise une réduction drastiquede la consommation et des coûts de maintenance.

ÉCLAIRAGE D’ENTREPÔT

La fluorescence combinée à l’intelligence

grâce aux économies estimées par Osramà 120 000 €/an : moindre consommationd’énergie (1153 MWh/an (1) au lieu de 2 420 (2)) et maintenance réduite. La

durée de vie nettement supérieuredes nouvelles sources fluorescentes(24 000 heures contre 8 700 aupa-ravant) ainsi que la prise en comptedes contraintes thermiques du mi-lieu industriel vont permettre d’es-

pacer les interventions de maintenance.Alors que des opérations préventivesétaient engagées au besoin ou par zone 2 fois par an, les nouveaux tubes ne se-ront changés qu’une fois tous les 3 ansdans le cadre d’une opération de main-tenance globale.

(1) Chiffrage relevé grâce aux compteurs mis en place.(2) Chiffrage à partir des factures.

L’ espace couvre 22 000 m2 ; 220 personnes y circulent 7 j/7et 24 h/24. C’était l’entrepôt le

plus consommateur des coulisses du parcDisneyland Paris en matièred’éclairage. La direction du sitesouhaitait revoir le système pourgagner en confort visuel et enperformance énergétique. La ré-novation de l’éclairage, réaliséeen partenariat avec Osram, s’est dérouléeen site occupé pendant 7 mois.

Des tubes fluorescents T5 Modario asso-ciés à un système de gestion Dali Pro ontété installés à 10 m de hauteur. Chaquerangée de luminaires entre les racks estindépendante et dispose de sa propreprogrammation. Première en milieu in-

dustriel, les luminaires sont équipés dedétecteurs de luminosité naturelle et deprésence. Ces dispositifs intelligentss’adaptent automatiquement en fonction

de la lumière naturelle, réduisent l’inten-sité de la lumière artificielle en 3 min ets’éteignent au bout de 10 min si personnen’est détecté sur les lieux. L’éclairage serallume instantanément en cas de pré-sence.

L’investissement, qui s’élève à 600 000 €,devrait être amorti en moins de 5 ans

44 j3e 823 / JANVIER/FÉVRIER 2014 - www.filiere-3e.fr

Une première en milieu industriel :les luminaires sont équipés de détecteurs de luminosité naturelle et de présence.

© Disney

Page 45: Innovation et start-up - Filière 3e · Avec des outils numériques renouvelés –un nouveau site d’info en continu (),une chaîne YouTube pour toutes nos interviews de professionnels

+ D’INFOS au 01 44 92 50 60www.filiere-3e.fr

bureaux d’étude • architectes • prescripteurs distributeurs • installateurs • exploitants • maîtres d’ouvrage

Le magazine référent sur l’approcheglobale et la gestion active des bâtiments

tertiaires, industriels et collectifs

Abonnement

CVC•Éclairage•Ouvrants•Sécurité •Électricité •GTB• Réseaux et supervisionDatacenters •Véhicules électriques •Photovoltaïque•Smart Grids

Nos domainesd’intervention :

Conçu avec et pour les professionnels du bâtiment

9NUMÉROSPAR AN

Une publication Médias

Page 46: Innovation et start-up - Filière 3e · Avec des outils numériques renouvelés –un nouveau site d’info en continu (),une chaîne YouTube pour toutes nos interviews de professionnels

46 j3e 823 / JANVIER/FÉVRIER 2014 - www.filiere-3e.fr

ÉQUIPEMENTS ET TECHNIQUE

SOUNDLIGHT COMFORT CEILING

Le confort acoustique et le confort visuel combinés

Révolutionnaire, le plafond Soundlight ComfortCeiling intègre entièrement la lumière etl’acoustique. Développé par Philips et Ecophon(Saint-Gobain), il est principalement destiné auxbureaux paysagers.

N ous passons 80 à 90 % denotre temps à l’intérieur debâtiments. Recréer des envi-

ronnements intérieurs où le son et la lumière se comporteraient d’une façonnaturelle permettrait d’en faire des lieux plus agréables à vivre, car la lumière et le son influencent notre bien-être. Cette synergie est aujourd’hui pos-sible grâce au Soundlight ComfortCeiling, un concept principalement développé pour les bureaux paysagerspar Philips et Ecophon (Saint-Gobain).

Soundlight Comfort Ceiling remplit lesexigences attendues d’un système deplafond dans tous ses aspects et dans lerespect des normes. La solution d’éclai-rage intégré, quant à elle, n’est pas réali-sée au détriment de l’acoustique : 100 %des dalles lumineuses sont des absor-bants acoustiques.

Les dalles s’installent avec le systèmeConnect Grid, qui fait partie de la solu-tion Soundlight Comfort Ceiling. L’ins-tallation est facile et apporte une grandeflexibilité pour adapter la conceptiond’éclairage selon les activités.Piloté en Dali, l’éclairage fonctionne àpartir de commandes intelligentes pourla gradation, le maintien de luminositéet la détection de présence. Les LED in-tégrées dans les dalles lumineuses (LEDTiles, brevetées) sont disponibles dansles couleurs de température 3 000 et 4 000 K. Leur efficacité lumineuse est de65-70 lm/W, identique aux meilleurssystèmes de tubes fluorescents du mar-ché. Leur consommation énergétique,leur rendement élevé et leur longuedurée de vie permettent d’économisersur les factures d’énergie sans compro-mis sur la performance de l’éclairage. Ainsi, tout en améliorant le confortacoustique et visuel des utilisateurs,

Le meilleur de l’acoustique et de l’éclairage- Confort acoustique : grâce auxdalles en laine de verre de hautedensité utilisant la 3RD Technology,les bruits non souhaités sont absor-bés, le son ne se propage pas, laclarté de la voix est améliorée. - Confort lumineux : les propriétésde la surface du plafond aident àpropager la lumière du jour vers

l’intérieur du bâtiment ; la lumièrediffuse (grande surface d’émission)offre un confort visuel sanscontrastes excessifs, sans ombrestrop dures, sans risque d’éblouisse-ment ; la perception de la pièce estaméliorée grâce à l’apport de lumièreverticale qui illumine murs et pla -fond.

OccuSwitch Dali. Facile à connecter et à intégrer en faux plafond, ce multicapteurpermet de contrôler l’éclairage en fonctionde la présence et du niveau de la lumière du jour. Il est possible de lui associer descommandes locales et de le faire fonctionneren parallèle ou en liaison avec un réseauGTB. Le boîtier Control Box, en lien avec lemulticapteur, assurera un contrôle intelligentde l’alimentation des dalles lumineuses (LEDTiles). Il combine la puissance et les donnéesde l’OccusSwitch Dali et dispose de 6 portsde sortie BT pour contrôler les dalles.Chaque port de sortie peut contrôler entre 2 et 5 dalles lumineuses.

le système Soundlight Comfort Ceilingcontribue-t-il à optimiser sensiblementla performance énergétique du bâti-ment.

© P

hilip

s Li

ghti

ng

Page 47: Innovation et start-up - Filière 3e · Avec des outils numériques renouvelés –un nouveau site d’info en continu (),une chaîne YouTube pour toutes nos interviews de professionnels

PRODUITS

j3e 823 / JANVIER/FÉVRIER 2014 - www.filiere-3e.fr 47

Alimentation de secoursCummins complète sa gamme de groupes électrogènes

DomotiqueLa gestion de l’énergie à portée de chaque foyerComposée d’une box et de modules qui communiquent viale réseau Zigbee, Wiser, de Schneider Electric, permet demesurer (en euros et en kWh, en global ou par appareil) lesconsommations énergétiques d’un logement, de program-mer le chauffage pièce par pièce, de couper les veilles inutiles,de gérer le ballon d’eau chaude en fonction des tarifs ou desbesoins, et de commander les appareils connectés à des prisespilotées à distance. Les fonctionnalités sont accessibles surtous les terminaux : smartphone, tablette, etc. Solution sansfil, son installation est simple et sans gros travaux.Éligible au CIDD et aux certificats d’économie d’énergie(CEE BAR-TH 21), la solution Wiser permet jusqu’à 30 %d’économies sur la facture énergétique d’un logement etpeut être rentabilisée en moins de 4 ans.

Infrastructure LANConcevoir des documents de prescription adaptés

Nexanspropose 2 nouveaux documents pour aider les concep-teurs à formuler leurs réponses à des projets de câblage : undocument dédié aux datacenters et un document complète-ment revu et étendu pour les bâtiments tertiaires. Ces dossiersde prescription utilisent une approche modulaire pour créerrapidement un dossier sur mesure. Le logiciel intègre un calculateur de déviation de la valeur NVP (calcule l’effet d’unevaleur de NVP incorrecte sur la longueur calculée par rapportà la longueur physique réelle ; indique la différence potentielleentre la longueur physique et la longueur calculée par le testeur). S’ajoute un calculateur d’isolation d’alimentation, delongueur de lien horizontal, de remplissage de chemin de câbles, de hauteur d’empilement, du delta en fonction de laNVP et un outil de sélection de câbles fibre optique.

© C

umm

ins

© N

exan

s

Dernier-né de la gamme de groupes électrogènes Power Gene-ration de Cummins, le C170D5, d’une puissance secours de 170 kVA, est adapté aux applications requérant une alimenta-tion de secours de petite puissance. Il est doté :- d’un alternateur 2/3 à faible réactance permettant de réduirel’échauffement ;- d’un système de refroidissement avec radiateur attelé ;- d’un système de contrôle Power Command 1.2 en commandede contrôle standard (redémarrage et arrêt automatiques inclus) - d’une alarme de contrôle et l’affichage du statut.Son réservoir de 448 l lui confère une autonomie de 14 heuresà 75 % de charge et possède une capacité de rétention desfluides de 110 %. S’ajoute un capotage résistant à l’épreuve dela rouille et des intempéries tout en offrant une insonorisationaméliorée de 79 dB(A) (à 1 m et à 75 % de charge).

© S

chne

ider

Ele

ctri

c

Page 48: Innovation et start-up - Filière 3e · Avec des outils numériques renouvelés –un nouveau site d’info en continu (),une chaîne YouTube pour toutes nos interviews de professionnels

PRODUITS

CVCContrôleur intelligent à interface intuitive

SupervisionLa chaîne du froid sous surveillanceDans la chaîne du froid, une attention particulière est apportée à la surveillance des températures, gage de la sûretésanitaire. La solution de supervision Pyrocontrole de Chau-vin Arnoux, composée d’une IHM tactile CPS Touch® et desmodules E/S PDM, va au-delà de cette simple surveillance.Contrôle des températures en continu, enregistrements automatiques des valeurs 24 h/24, exploitation des donnéessécurisées, surveillance des utilitaires, dispositifs d’alerte, optimisation des coûts d’énergie... le CPS Touch regroupesur un même écran l’ensemble des paramètres de différenteszones pour une supervision adaptée à chaque besoin, de lasimple surveillance d’une chambre froide à une supervisioncompilant plusieurs zones.Autre atout : il est possible de contrôler l’interface à distancevia Ethernet.

Protection électriquePrises électriques industrielles sur coffrets avec protectionMarechal Electric a conçu une gamme CD de prises élec-triques industrielles, de 16 à 63 A, sur coffrets avec protection.Ces coffrets, dotés de 1 ou 2 prises Decontractor DSN ou DS,disposent d’une protection différentielle 30 mA (1 x 40 A 3P+N) et de disjoncteurs (disjoncteur PC1 : 1 x 16 A 1 P+N,disjoncteur PC2 : 1 x 32 A 3 P+N). La compacité du coffret,les multiples configurations proposées (CD1 à CD16) assu-rent une installation facile. L’accès au bornier (3 P+N+T 16 mm²) via une porte frontale vissée facilite le raccorde-ment. Chaque coffret est livré monté câblé. La connexion etla déconnexion des prises s’opèrent par simple pression surun bouton rouge « interrupteur ». La deuxième partie « bor-nier » a été conçue pour un accès rapide pour le raccorde-ment. Option verrouillage par clé disponible sur demande.

48 j3e 823 / JANVIER/FÉVRIER 2014 - www.filiere-3e.fr

© A

irzo

ne

© C

hauv

in A

rnou

Mar

echa

l Ele

ctri

c

Le contrôleur Blueface d’Airzone, solution pour pompe à chaleur, suroptimise l’efficacité énergétique des applicationsCVC des bâtiments résidentiels et tertiaires. Associée à la fonctionnalité Eco-Adapt intégrée, son interface permet decontrôler le confort et de réaliser jusqu’à 53 % d’économiesd’énergie (étude menée avec le Costic) selon les scénarios :- A : températures selon la norme EN ISO 7730/2006 (22 ºC enhiver, 24 ºC en été) ;- A+ : températures pour améliorer l’efficacité énergétique (21,5 ºC en hiver, 25 ºC en été) ;- A++ : températures pour une efficacité énergétique maximaletout en maintenant le confort (21ºC en hiver, 26 ºC en été) ; - manuel : le thermostat établit la température de consigne pourtoutes les zones.Liaisonnable sur serveur Web pour un contrôle à distance deszones via un PC ou un smartphone.

Page 49: Innovation et start-up - Filière 3e · Avec des outils numériques renouvelés –un nouveau site d’info en continu (),une chaîne YouTube pour toutes nos interviews de professionnels

PRODUITS

Alimentation sans interruptionGE étoffe sa gamme d’onduleurs

VidéoprotectionCaméras Full HD 30 % plus petites que les produits standards

La nouvelle gamme de caméras de vidéoprotection Canon secompose de 3 modèles mini-dômes, déclinés en versions fixe,pan-tilt et PTZ, et d’une caméra fixe. Grâce à leur angle devue de 96°, les dômes VB-S30D et VB-S31D ainsi que la ca-méra fixe VB-5900F assurent une couverture optimale auxopérateurs. Exclusivité du marché, le dôme PTZ VB-S800Dpossède un grand angle de vue de 78° et un zoom optique3.5x. Dotées de la fonction de contrôle intelligent des ombresSSC, elles peuvent reproduire des images parfaitement lisiblesmême dans des conditions d’éclairage difficiles. Grâce à leursoutils analytiques, et via la micro-carte SD, les intégrateurssystèmes pourront configurer ces caméras de façon à permet-tre la détection d’objets abandonnés, les tentatives de sabo-tage de matériel ou la surveillance de zones en mouvement.

Tableaux débrochables de distribution BTUn niveau encore plus élevé de sécurité Avec la gamme Capitole 40, Eaton propose une solution d’ar-moire électrique et de contrôle de moteur jusqu’à 6 300 A et690 V, comprenant des unités fonctionnelles fixes, déconnec-tables et débrochables (départs moteurs, départs de distribu-tion). Le système a été conçu pour répondre aux applicationsles plus exigeantes. Avec le MTP (position de test mécanique),toutes les unités débrochables sont pourvues d’un levier ac-tionnable commandant 3 positions : « débroché », « test », « embroché ». Lorsque l’on insère l’unité fonctionnelle, ellereste partiellement retirée des barres de distribution ; le cir-cuit principal et les circuits de commande sont découplés.Tous les composants sont maintenus derrière des portes fer-mées (IP41) qui mettent le personnel à l’abri des risques d’arcélectrique. Vidéo à voir sur www.eaton.eu/Capitole40.

© G

E

j3e 823 / JANVIER/FÉVRIER 2014 - www.filiere-3e.fr 49

Avec sa technologie à double conversion indépendante dela tension et de la fréquence d’alimentation (VFI), la nou-velle gamme d’ASI VCO, de GE, assure un apport continud’énergie propre et conditionnée aux applications critiquestelles que les réseaux de télécom, réseaux VDI, PC et ser-veurs. Disponible de 1 à 3 kVa à 230 V pour une hauteurd’unité compacte de 2 racks, la gamme VCO fournit uneprotection pour un rack IT sans empiéter sur l’espace d’au-tres équipements IT. Son mode Eco offre une efficacité opérationnelle supérieure à 95 %, réduisant les coûtsd'énergie et de refroidissement. Le changement de batteries s’effectue rapidement, éliminant les temps d’arrêt, même sila charge est connectée. Options de communication disponibles, dont les modesUSB, RS232 et SNMP. Le logiciel d’arrêt automatique dufabricant est fourni avec la gamme.

© C

anon

Page 50: Innovation et start-up - Filière 3e · Avec des outils numériques renouvelés –un nouveau site d’info en continu (),une chaîne YouTube pour toutes nos interviews de professionnels

Dan Napar, Président du Syndicat des automatismes du génie

climatique et de la régulation (ACR)

La réintroduction, par le législateur, des équipements derégulation dans les actions éligibles au CIDD a été accueillieavec un grand soulagement par Dan Napar, président de l’ACR,qui avait œuvré dans ce sens. Il analyse les conséquences que cette exclusionpouvait représenter et le chemin à faire en matière de prise en compte de larégulation et de la GTB dans les bâtiments.

encore séparés, mais il n’y a pas de lot effi-cacité énergétique, d’où le problème du « tout cohérent » que je viens d’évoquer.Il faudrait raisonner en coût global (achat,installation, exploitation et maintenance)et approche globale système. Nous n’ysommes pas. Et la maintenance devientun poste tellement lourd quand il fautrevoir tout ce qui n’a pas été correctementorchestré au départ que l’on dénigre laGTB ; les promoteurs n’en veulent pas au

prétexte que le coût deconstruction serait tropimportant. Le bâtimentvendu, il faudra de toutefaçon revoir la régulation etla GTB pour l’ajuster àl’usage réel.C’est pour cela que, dans le

cadre du salon Interclima+elec, en novem-bre dernier, nous avons annoncé le lance-ment de labels Efficacité énergétique vussous l’angle de la régulation et de la GTB.Il faut combattre cette idée que la GTB nesert à rien et lui redonner son rôle, d’autantplus qu’elle est un des postes qui coûtentle moins cher dans le bâtiment.Quant à une action de l’Europe en faveurde la régulation, nous y travaillons. Il faut,à ce niveau-là aussi, faire savoir que l’onapporte de l’efficacité énergétique en inter-agissant entre les usages et qu’il faut unerégulation et une GTB orientées besoins.

Propos recueillis par Pascale Renou

(1) Mais aussi de tous les autres dispositifs d’aide publique :Eco-PTZ, taux de TVA réduit à 5,5 % et prime d’aide auxtravaux.

(2) Les organisations professionnelles d’industriels et lesfédérations du génie climatique et de la régulation (ACR,Fnas, Fedene, Ignes, Profluid, UECF-FFB) se sont regroupéespour demander le maintien des systèmes de régulation duchauffage dans le CIDD.

j3e - La régulation du chauffage, notamment par le biais de la GTB, estfinalement éligible au CIDD (1). Pouvez-vous retracer rapidement les faits ?Dan Napar - Dans la première mouturedu projet de loi de finances 2014, ce posten’avait effectivement pas été pris encompte dans le choix des équipementséligibles au crédit d’impôt développe-ment durable (CIDD). Le gouvernementavait décidé de privilégier les rénovationslourdes (isolation, EnR) et d’ignorer la régulation,comme si elle allait de soi etimportait peu.Nous (2) avons entamé unedémarche pour obtenir unamendement à ce projet de loide finances. Il a fallu expliquerl’importance du régulateur, cet équipe-ment « archi-basique » mais tellementessentiel. Notre action a donné une visi-bilité à ce sujet et je dois dire que nosarguments de bon sens ont été entendussans provoquer de résistance. Le texte aété amendé en notre faveur et voté àl’Assemblée nationale avec le soutien dugouvernement.

j3e - On pourrait penser que la régulation, avec le coût de l’énergie quine cesse d’augmenter et des équipe-ments de plus en plus « intelligents »,va se généraliser sans qu’il soit utile del’associer au CIDD…D. N. - Détrompez-vous ! Le taux de péné-tration des équipements de régulation enFrance n’est que de 50 %. Certes, il est plusimportant dans le grand tertiaire, mais làoù vous avez beaucoup d’équipementsvous avez aussi beaucoup d’incohérences.Une tour, par exemple, ne sera pas toujoursrégulée par zone s’il y a des locataires dif-férents à chaque étage.

C’est toute la problématique posée par lefoisonnement de dispositifs d’aides finan-cières que l’État est en train de mettre enplace. Les pouvoirs publics veulent desrénovations lourdes qui privilégient l’iso-lation, les équipements performants et lesénergies nouvelles, mais sans se poser laquestion de l’équilibre entre ces trois élé-ments. Or le « tout cohérent » n’existe pass’il n’y a personne pour trouver l’équilibreentre confort et consommation. C’est bel

et bien le rôle de la régulation et de la GTB.Un exemple : le rendement optimal d’unechaudière est autour de 70 % de sa charge.La charge sera-t-elle la même après avoirbien isolé le bâtiment ? Pas forcément. Etne croyez pas que les utilisateurs vontréduire le chauffage par eux-mêmes ; ilsse couvriront moins ou ouvriront la fenê-tre s’il fait trop chaud tout en pensant quele bâtiment est mieux chauffé. Oublier larégulation dans une action de rénovationest presque synonyme de surconsomma-tion. Ce n’est évidemment pas le butrecherché.

j3e - Tous les discours sur le facteur 4, la performance énergétique, le coût del’énergie… n’ont-ils pas entraîné une meilleure prise en compte de la GTB ?L’Europe pourrait imposer la régula-tion…D. N. - Lorsque nous menons des enquêtesde terrain dans le tertiaire, nous constatonsque le discours sur la GTB n’a pas changé.Non seulement les lots du bâtiment sont

3 QUESTIONS À

Oublier la régulationdans une action de rénovationest presque synonymede surconsommation.

© D

R

“ “

50 j3e 823 / JANVIER/FÉVRIER 2014 - www.filiere-3e.fr

Page 51: Innovation et start-up - Filière 3e · Avec des outils numériques renouvelés –un nouveau site d’info en continu (),une chaîne YouTube pour toutes nos interviews de professionnels
Page 52: Innovation et start-up - Filière 3e · Avec des outils numériques renouvelés –un nouveau site d’info en continu (),une chaîne YouTube pour toutes nos interviews de professionnels