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magazine Agriculture Alimentation Environnement Le dialogue avec la société socle de la recherche finalisée Le dialogue avec la société socle de la recherche finalisée INR A RECHERCHE La forêt déshabillée... Une technologie pour cartographier les sols dissimulés sous la forêt N°3 - JANVIER 2008 HORIZONS Les attentes du Grenelle DOSSIER La consommation des fruits et légumes une expertise de l’Inra

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AgricultureAlimentationEnvironnement

Le dialogue avec la sociétésocle de la recherchefinalisée

Le dialogue avec la sociétésocle de la recherchefinalisée

INRA

◗ RECHERCHELa forêt déshabillée...Une technologie pour cartographier les sols dissimulés sous la forêt

N°3 - JANVIER 2008

◗ HORIZONSLes attentes du Grenelle

◗ DOSSIERLa consommation des fruits et légumesune expertise de l’Inra

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INRA MAGAZINE • N°3 • JANVIER 2008 ●

Dans le cadre du Grenelle de l’environnement, des représentants de l’Etat et de la société civile se sont réunisde juillet à septembre 2007 pour définir une feuille de route en faveur des professionnels, des élus, du développement et de l’aménagement durables. Marion Guillou et Guy Riba ont participé au groupe de travail intitulé : « modes de production et consommation durables » et à l’un des deux intergroupes mis enplace dans un second temps, celui sur les OGM. Ils faisaient partie du collège « Etat », les 4 autres collègesétant constitués de représentants des collectivités locales, des ONG, des employeurs et des salariés. L’Institut n’était pas présent lors de la phase de négociation finale. Interview de Guy Riba, directeur généraldélégué de l’Inra.

E n 2005, l’Inra inscrivait dans sa stratégie institutionnelle sa volonté de resserrer son lien direct avec les différentescomposantes de la société. Sans doute l’histoire de l’Inra

puis son évolution récente pour accompagner les mutations del’agriculture, des approches territoriales ou de l’alimentation,ont-elles façonné une approche particulière de l’échange,de la mise à disposition des connaissances, de la discussion des trajectoires d’innovation.

Les équipes de l’Inra prennent toute leur place dans lesrencontres qui émaillent la vie publique. C’est essentiel parce que les questions de recherche qui préoccupent notreinstitut aujourd’hui sont au cœur des attentes des professionnels,des orientations des politiques et des choix des citoyens.A travers la création des Carrefours de l’innovationagronomique, la restitution publique des expertises scientifiquescollectives et leur mise en débat, la conception de programmesde recherche en collaboration, l’institut est à l’écoute de tous.

Nous mesurons cependant que du chemin reste à parcourir pour rendre accessible les avancées produites et assurer une meilleure fluidité aux échanges.

Inra Magazine, notre site Internet qui permet à chacun de suivre,en ligne et en intégralité, les colloques, nous ont permis de franchir une étape.

En 2008, notre site accentuera son ouverture internationale,et intégrera les technologies nécessaires à l’écoute et aux échanges.

Avec nos meilleurs vœux,

Marion Guillou,présidente-directrice générale

Chers lecteurs,

◗sommaire

Directrice de la publication : Marion Guillou. Directeur éditorial : Pierre Establet. Rédactrice en chef : CatherineDonnars. Rédaction : Magali Sarazin, Pascale Mollier, Hélène Deval, Patricia Léveillé, Frédérique Chabrol. Conception :Citizen Press - 01 53 00 10 00. Photothèque : Jean-Marie Bossennec, Julien Lanson, Christophe Maître. Maquette :Patricia Perrot. Couverture : Faire Savoir. Impression : Rafal. Dépôt légal : janvier 2008.

03◗ HORIZONSLes attentes du Grenelle

Une vigne d’avance

06◗ RECHERCHES& INNOVATIONS

La forêt déshabillée

Comment développer la culture des légumineusesà graines en Europe

Découverte d’un lien entrenutrition et synthèse de l’ADN

Réduire la production de méthane chez lesruminants

Médaille d’or pour uneinnovation viticole

13◗ DOSSIERFruits et légumes

25◗ REPORTAGELe centre de microbiologiedu sol et de l’environnement

Information scientifique et technique

Le rôle territorial de l’élevage bovin

29◗ IMPRESSIONS

34◗ REGARDDe l’usage des indicateursbibliométriques

36◗ AGENDA

EDITO

3● INRA MAGAZINE • N°3 • JANVIER 20082

Les attentes du Grenelleenvers la recherche agronomique

repères

ISSN : 1958-3923

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INSTITUT NATIONAL DE LA RECHERCHE AGRONOMIQUE147 rue de l'Université • 75338 Paris Cedex 07 www.inra.fr

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Le Grenelle de l’environ-nement a marqué les espritspar la nouveauté de sa démarche. Quelle analyse en faites-vous en tant queparticipant ?Guy Riba : Même si les débats ontparfois été vifs, ils ont donné l’occa-sion aux participants de construireune nouvelle forme d’échange mul-tipartite. J’ai été très attentif à la ma-nière dont se sont construits ceséchanges. Cela m’a d’autant plus in-téressé que nous développons à l’Inrades expériences de concertation ori-ginale pour un institut de recherche.Par exemple, avant de mettre en placel’essai de vigne transgénique résis-tante au virus du court-noué sur ledomaine expérimental de l’Inra de

Colmar, nous avons consulté ungroupe ouvert et nous avons endenduses recommandations avant de met-tre en place cet essai. Nous avonsmené récemment une autre action, la

prospective « CAP- environnement »qui associe à des scientifiques un éven-tail encore plus large de partenairespour déterminer nos orientations derecherche.

Une opération pilote en matière de programmation : le projet CAP-environnement

L’Inra a conduit l’expérience pilote CAP-Environnement « Concertationen Amont des Programmes sur l’Environnement » dans le but deformaliser une méthode de « partenariat d'orientation ». Il a associédes chercheurs et une grande diversité d’acteurs sociétaux (instituts,ministères, agences de l’environnement, ONG, agriculteurs, industriels)concernés par la finalité des recherches à l'Inra, pour définir ethiérarchiser des objectifs de recherche dans le domaine des relationsagriculture-environnement. Les propositions et recommandationsproduites par les participants seront analysées par les départementsscientifiques de l'Inra au cours des prochains mois pour préparerleurs programmes des années à venir.

Grenelle2 mois etdemi :réflexion

15 jours :consultation

3 jours :décision

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● INRA MAGAZINE • N°3 • JANVIER 2008

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INRA MAGAZINE • N°3 • JANVIER 2008 ●

en bref

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O« Pour les femmes et la science » Deux jeunes étudiantes enthèse à l'Inra, AngéliqueBesson-Bard (Dijon) etMarjolaine Vareille (Clermont-Ferrand), ont reçu la bourse« Pour les femmes et lascience » remise par lafondation l'Oréal en partenariatavec l'Unesco et l'Académiedes Sciences. Cette initiative a pour objectif de favoriserl'accès des femmes auxcarrières scientifiques.

OVisibilité sur le web L'Inra se situe au 24e rangmondial des instituts derecherche les plus visibles surinternet, selon le classementannuel mondial « Webometrics »(Espagne). Le CNRS est lepremier organisme européen de recherche à figurer dans leclassement au 6e rang mondial.Viennent ensuite : l'Inria (12),l’Inra (24), l'Inserm (47), l'Insee(55) et le CEA (56).www.webometrics.info/

OSite Internet en versionespagnole L'Inra vient d'ouvrir son siteinternet en version espagnole.Cette démarche accompagne lavolonté d'ouverture de l'institutvers les problématiques derecherche des régions du Sud.www.international.inra.fr/es

OMission en Chine L’Inra a participé le 2 décembreà la première réunion del'International Advisory Board.Créé par l'Académie dessciences agricoles de Chine(CAAS), ce conseil a pourvocation de renforcer laprésence de la Chine dans larecherche agronomiquemondiale.

OBilan social L'édition 2006 du bilan socialprésente la situation des ressources humaines, des conditions de travail et de rémunération à l'Inra. www.inra.fr/les_hommes_et_les_femmes

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+d’infosArticle paru dansla revue Nature,26 août 2007www.nature.com/nature/journal/vaop/ncurrent/index.htmlOcontact : [email protected]

+d’infoswww.inra.fr

Une vigned’avance

Que nous apporte cette avancée scientifique ?Jean Masson : Elle va nous aiderà mieux connaître la diversité géné-tique de la vigne et à caractériser lafonction de ses gènes. Elle nous per-mettra de conserver cette biodiversitéet de mieux en tirer parti. Nous pour-rons ainsi identifier des gènes de ré-sistance utiles dans la lutte contre lemildiou et l’oïdium notamment (etréduire l’utilisation des produitsphytosanitaires) ou bien les gènesimpliqués dans les caractéristiquesaromatiques des vins. En comprenantmieux les mécanismes responsablesde la tolérance à la sécheresse, au froid,il sera possible d’anticiper les consé-quences du réchauffement climatique.Ce programme franco-italien illustrebien le caractère indispensable de larecherche fondamentale et des par-tenariats qui permettent de mobiliserdes compétences et des budgetsimportants, mais aussi celui de dépo-ser des ressources génétiques caracté-risées.

Comment l’Inra a-t-il obtenuces résultats ?J. M. : L’histoire de cette réussite acommencé il y a 20 ans. Le pro-gramme de génomique réalisé sur Ara-bidopsis, à contre-courant des mis-sions finalisées de l’Institut et trèscontroversé à l’époque, a généré desconnaissances, des compétences et desméthodes innovantes. Et une recon-naissance scientifique de l’Institut dansle domaine cognitif ! A la fin des an-nées 1980, à Colmar nous avons dé-marré un programme de création delignées homozygotes à partir de PinotNoir, ce qui ne correspondait pas nonplus aux attentes de la filière viticole.Mais cette phase d’investissement nousa donné des clés pour comprendre labiologie des plantes cultivées et leursgénomes. Et pour gagner sur nos

concurrents en séquençant le génomede la vigne en seulement 2 ans !

A qui appartiennent ces résultats ?J. M. : Les résultats sont entièrementdisponibles depuis octobre 2006 pourles scientifiques de tous pays à partirde bases de données publiques. L’ac-cès à la séquence de la vigne passe parl’intermédiaire de sites web.

Comment l’Inra compte-t-il valoriser cette avancée auprèsde la profession viticole ?J. M. : L’Inra met ses compétencesau service de la filière et l’associe à ladéfinition de programmes de recher-che. Nous avons organisé fin octobre,à Colmar une table ronde réunissantchercheurs d’instituts français, alle-mands et suisses, représentants descollectivités territoriales, étudiants,syndicats agricoles et organisationsviticoles. Un débat a été ouvert surl’utilisation du séquençage. Cette dé-marche participative innovante a per-mis aux participants de partager pré-occupations et attentes. L’objectif étantde traduire ce dialogue en projetsscientifique. Le 11 décembre prochainà Paris, une nouvelles rencontre avecles professionnels aura le même ob-jectif : exploiter ce travail de fond pouraméliorer la vigne ou le vin. ●

Propos recueillis par Hélène Deval

Quelle place tient la recherchedans ce type de processus ?G. R. : Les acteurs du Grenelle ont ex-primé leur attente vis-à-vis de la recher-che agronomique pour qu’elle proposedes modes de production durable. Al’écoute de ces attentes, l’Inra a apportédes éclairages sur les résultats déjàobtenus et a identifié des besoins de re-cherche. Le risque dans ces discussionsétait d’aller vers une simplification troppoussée des débats : en effet il n’y aurapas une solution pour une agriculturedurable, mais des solutions diversifiées,plus complexes que par le passé, et adap-tées à des situations locales.

Les conclusions du Grenellesont-elles génératrices de changements pour l’Inra ? G. R. : Le processus du Grenelle faitapparaître une sollicitation très fortevis-à-vis de la recherche agronomique,avec un risque pour nous, celui de dé-cevoir à court terme. Cela rend d’au-tant plus nécessaire de mener de frontquatre types d’action : diffuser et met-tre en débat les résultats disponibles- savoirs, savoir-faire, innovations, mé-thodes d’évaluation - expliciter les ob-jectifs et échéances des programmesde recherche, discuter avec les pou-voirs publics des besoins prioritairesd’expertise collective, poursuivre ledialogue avec les différents acteurs surles orientations prioritaires.L’Inra animera courant 2008 un débatinterne autour du Grenelle de l’envi-ronnement et autour des recomman-dations issues de la prospective CAP-

Le décryptage entier du génome de la vigne, résulte de la collaboration du Génoscope et de l’Inra, en France, et de plusieurs universités ainsi que de l’Istituto di Genomica Applicata en Italie. Un matériel végétal sélectionné à Colmar a permis cette extraordinaire avancée. Questions à Jean Masson,président du centre Inra à Colmar.

FEUILLE ET RAMEAU

de vigne. Cépage

Pinot noir.

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Les principales demandes adressées à la recherche agronomique lors du Grenelle

Les treize programmes issus du Grenellewww.legrenelle-environnement.fr

O Systèmes agricoles innovants : développer uneagriculture à haute valeur environnementale et productive

O OGM : renforcer la recherche publique et les méthodes d’évaluation bénéfices/risques

O Biomasse : évaluer les biocarburants de premièregénération (à partir de plantes de grandes cultures)et développer les biocarburants de deuxième génération (à partir de lignocellulose)

O Biodiversité : acquérir des connaissances, évaluer la biodiversité, étudier la microbiologie des sols

O Gouvernance et expertise : développer le partenariat avec toutes les parties concernées

O Lutter contre les changements climatiques- Moderniser le bâtiment et la ville- Efficacité énergie et carbone- Urbanisme et gouvernance territoriale- Mobilité et transports

O Santé et environnement, économie de fonctionnalité, économie circulaire, déchets

- Programme santé-environnementO Préserver la biodiversité et les ressources

naturelles, pratiques agricoles, OGM - Agriculture écologique et productive - Programme OGM- Stopper la perte de biodiversité- Qualité écologique des eaux- Biocarburants, biocombustibles- Programme Outre-Mer

O Instaurer une démocratie écologique - Programme gouvernance- Programme communautaire et international

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DISCUSSIONdu groupe de travailmode de productionet consommationdurables.

environnement, pour procéder auxajustements qui seraient nécessairessur les orientations de recherche.

Y a-t-il des questions que vousauriez aimé voir davantage prises en considération ? G. R. : Oui, je pense par exemple àl’adaptation des systèmes agricoles etforestiers au changement climatique,au développement des biotechnologiesvertes ou aux systèmes alimentairesprenant mieux en compte le dévelop-pement durable. Les questions poséesà la recherche sont multiples. Le pro-cessus du Grenelle n’est pas terminé,la mise en œuvre de certaines pistes vanous mobiliser dans les mois à venir. ●

Propos recueillis par Pascale Mollier

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INRA MAGAZINE • N°3 • JANVIER 2008 ●

Une utilisation inédite du Lidar, télédétection par laser aéroporté, a permis de cartographieravec précision les sols dissimulés sous la forêt. Cette première, réalisée près de Nancy par des chercheurs de l’Inra et des archéologues, dévoile le plus bel ensemble de parcellesagricoles gallo-romaines connu à ce jour. Cette technologie va renouveler profondémentl’étude des sols et des couverts forestiers.

● INRA MAGAZINE • N°3 • JANVIER 2008

L e Lidar nous a aidé à voir laforêt comme jamais ! » jubi-lent Etienne Dambrine etJean-Luc Dupouey, de l’Inra

à Nancy, chercheurs en écologieforestière et responsables du projet.C’est au début du mois de mars,quand les arbres sont encore dé-pouillés de leurs feuilles, que les scien-tifiques ont envoyé un avion léger ba-layer de son faisceau laser les 110 km2

de la forêt de Haye en Lorraine. A sonbord, un Lidar (1) appareil de télé-métrie qui émet deux à trois impul-sions laser par m2. L’altitude des ci-bles successives atteintes par le rayonlaser (branche, tronc, sol) est déduitedu temps de retour du signal et l’in-tensité de ce signal donne des indi-cations sur les propriétés physiquesde l’objet visé. Le Lidar sert déjà àconnaître l'épaisseur et la composi-tion des nuages, détecter les parti-cules polluantes dans l’air, établir descartes de risque en zones inondables,cartographier les lignes à haute-tension… Pour les scientifiques nan-céens, l’ensemble des points relevésa permis de générer deux modèles

numériques : l’un pour le sol, renduvisible « comme si on avait enlevé lesarbres », l’autre pour les arbres. Lepremier montre des sites archéolo-giques déjà connus, comme le campcelte fortifié d’Affrique, mais aussiune multitude de murs, fossés et ter-rasses, qui dessinent le plus grandparcellaire agricole gallo-romainidentifié jusqu’à maintenant en forêt.

Une histoire des sols à redécouvrir Cette démarche est une des derniè-res étapes du programme « Incidencedes pratiques agricoles passées sur labiodiversité spécifique en forêt »associant les mondes éloignés del’écologie et de l’archéologie.Démarré en 2000 sous l’égide del’ONF, la DRAC (2) de Lorraine etl’Inra et financé par le GIP-Ecofor(3), il est aujourd’hui également sou-tenu par le Conseil régional de Lor-raine et l’Union européenne. Ce pro-jet a montré à quel point l’écologieactuelle des forêts est influencée parl’utilisation antique du sol. C’est dansce contexte que les chercheurs ont

établi que la biodiversité des forêtsest durablement perturbée lorsqu’ily a eu une occupation agricole an-térieure, comme celle des gallo-ro-mains il y a 1700 ans en forêt deHaye. « Les sols de ce type de forêtont été épierrés et enrichis par d’an-ciens apports en fumier. Ils sont plusfertiles, plus riches en phosphore et ennitrate assimilables par les plantes, queceux des forêts non cultivées » expliqueEtienne Dambrine, spécialiste enscience du sol. Leur végétation recèleplus d’espèces nitrophiles ouphosphorophiles, dites « rudérales »,comme l’ortie ou la petite perven-che, connues pour pousser sponta-nément dans les friches et les ruines.En revanche, les forêts « anciennes »,jamais utilisées pour l’agriculture,sont plus riches en espèces à très fai-ble capacité de dispersion, muniesd’organes souterrains (bulbe ou rhi-zome) qui permettent leur surviehivernale, tels le muguet et l’anémonedes bois. « Sur une échelle de valeurpour la conservation de la nature, lesécosystèmes des forêts anciennementcultivées sont plus faibles, même si lesarbres y poussent plus haut ! complèteJean-Luc Dupouey, spécialiste de lavégétation. Nous recherchons à pré-sent des effets analogues sur les insec-tes et sur les microbes du sol, bactérieset champignons. » Un changement deces invisibles hôtes pourrait expli-

A GAUCHE :photo aérienne d’une zone d’un km2, forêt de Haye.A DROITE :image Lidar faisant apparaître 2 voies romaines et des parcellesagricoles gallo-romaines en microreliefs.

LE LIDARconsiste à balayer laforêt avec unrayon laser à hautefréquence et à mesurerla distance du pointd’impact.

IMAGE 3Dde lavégétationobtenuegrâce auLidar.

La forêtdéshabillée

en brefquer pourquoi l’écosystème reste per-turbé après presque deux millénai-res, alors que dans les simulations, lesempreintes chimiques de cette agri-culture antique disparaissent.

De nouvelles cartes en main « Avec le Lidar, les archéologues et lesforestiers se dotent d’un moyen inespéréde détection des vestiges en forêt, jus-qu’alors invisibles en repérage aérien,résume Jean-Luc Dupouey. La préci-sion des cartes topographiques sera do-rénavant d’une dizaine de centimètres,contre 50 mètres actuellement. Autreavantage, un massif forestier entier peutêtre « radiographié » en quelques heu-res seulement ! » De plus, le milliardde points relevés par le Lidar dans lavégétation va permettre de caracté-riser automatiquement la forme desarbres, fastidieuse à déterminer surle terrain avec les outils traditionnels.Des informations sur la hauteur desarbres, le recouvrement du sol par lesarbres ou la quantité de bois sur pieden seront extraites.Les chercheurs pourront en outre met-tre en relation l’âge des arbres avecleur hauteur, pour en déduire une cartede fertilité à large échelle. A terme, cesoutils vont révolutionner l’aménage-ment des forêts, mais aussi leur ges-tion patrimoniale. Selon l’anciennetéde la forêt - une jeunette de quelquessiècles, une vieille dame de plusieursmillénaires ou même une aïeule donton ne retrouve plus l’âge -, on pourraorienter les choix de gestion et le ni-veau de protection. Pour l’heure, lesscientifiques voudraient bien établirla carte des forêts anciennes de laFrance entière, à partir de donnéesLidar mais aussi de documents histo-riques et d’archives.

La forêt cache bien son passé Cette expérimentation bat en brèchequelques idées fausses, tant chez lesarchéologues que chez les écologues.D’une part, on ne peut se limiter àfouiller les champs contemporainspour retrouver les cultures antiques.D’autre part, on peut mettre en doutele mythe des « épaisses et profondesforêts » du temps des gallo-romains.Au contraire, entre 60 et 80 % de laforêt de Haye était déboisée au pro-fit de champs, comme en attestent lesmurets d’épierrement détectés auLidar. Les cultivateurs d’alors avaientsoigneusement nettoyé leur parcellede tous ses cailloux, utilisés ensuitepour édifier des petits murets, déli-

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ODiagnostic moléculaire Originaire d'Amérique du Nord,le nématode du pin (Bursaphe-lenchus xylophilus), ravageurdu sol, est une menace poten-tielle pour les forêts européen-nes de conifères. Dans lecadre du projet européen Port-chek, un diagnostic moléculairede détection de ce parasitevient d'être mis au point parl'Inra en collaboration avec leCentral Science Laboratory(Grande Bretagne) et l'univer-sité d'Evora (Portugal). Molecular Plant Patholoy, 2007.

OBiomosysTM-HWUne équipe Inra (Toulouse) acréé un capteur de surveillancedes encrassements des lignesde production adapté auxindustries agroalimentaire,papetière et pétrochimique.Baptisé BiomosysTM-HW, cet outil est protégé par unbrevet et commercialisé par la société NéoSENS.

OStabilité du carbonedans les sols profonds Les sols constituent un largeréservoir de carbone. Dans lescouches profondes, au delà de20 cm, les stocks de carbone,très anciens, sont stables. Deschercheurs ont montré que lefacteur clé de cette stabilitéétait l'absence de substrat végétal nécessaire à l'activitédes microbes qui décompo-sent le carbone. Ces résultatsamènent à revoir à la baisse,pour ces réserves profondes,les prévisions actuelles de libération de carbone dans l'atmosphère du fait d’unchangement de climat. Nature, 8 novembre 2007

OUn gène de la tendretédécouvert Le gène DNAJA1 expliqueraitjusqu'à 63% la variabilité de latendreté de la viande bovine.Ces résultats, protégés par unbrevet, devraient déboucher surun test d'identification desanimaux ayant un potentiel pourproduire une viande tendre.Journal of Agriculture and FoodChemistry, 2007.

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mitant ainsi leurs propriétés et tra-çant des chemins à l’image des pay-sages irlandais ou de nos Caussesfrançais. Et comme il y a très peud’érosion en forêt, toutes ces tracesont perduré. Enfin, « il faut bien com-prendre qu’un paysage forestier ne s’é-rode pas comme s’il était grignoté peuà peu par les villages avoisinants,conclut Jean-Luc Dupouey, mais ima-giner que les forêts bougent carrémentde lieux ! » Si l’on se perd encore enconjectures sur les raisons qui ontchassé les cultivateurs de la forêt deHaye, une chose est certaine, les fo-rêts demeurent à jamais hantées parleurs anciens occupants ! ●

Propos recueillis par Magali Sarazin

(1) Light Detection and Ranging ou détectionet télémétrie par la lumière.(2) Direction régionale des affaires culturelles(3) www.gip-ecofor.org

+d’infosOcontact :[email protected]@[email protected]@culture.gouv.frOréférences :- Dupouey J.L. et al : La Mémoire des Forêts. Actes du colloque « Forêt,archéologie et environnement », 14-16janvier 2004, Nancy, Inra-DRAC-ONFéditions, 2007- Dambrine E. et al : Biodiversity patterns inpresent French forests related to formerRoman agriculture. Ecology 88, 2007.

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Les forêtsoccupent

30 %du territoirefrançais. Ce taux aquasimentdoublé depuis1830.

17 %du carbonefossile émisdansl’atmosphèreen France sont captés par les forêts.

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INRA MAGAZINE • N°3 • JANVIER 2008 ●● INRA MAGAZINE • N°3 • JANVIER 2008

Pourquoi s’intéresser aux légumineuses ?Jean Dénarié : Les légumineusesà graines (pois, féverole, soja…) etles légumineuses fourragères (luzerne,trèfle…) sont sources de protéinespour l’alimentation animale. En plusde leurs qualités nutritionnelles, cesplantes sont avantageuses pour l’en-vironnement : parce qu’elles sont ca-pables d’utiliser l’azote atmosphé-rique, grâce à une symbiose avec desbactéries fixatrices d’azote, les légu-mineuses ne nécessitent pas l’utilisa-tion d’engrais azotés. Ce qui permetd’économiser l’énergie fossile néces-saire à la production, au transportet à l’épandage de ces engrais et deréduire les émissions de gaz à effet deserre (CO2 et surtout N2O) qui leursont associées. Malheureusement leslégumineuses sont peu cultivées en

Europe pour diverses raisons, éco-nomiques et techniques, en particu-lier la faiblesse et l’irrégularité de leursrendements, car ces plantes ont étébeaucoup moins étudiées et amélio-rées que les céréales et les oléagineux.L’objectif premier du programmeGLIP a donc été de mettre au pointdes outils innovants pour faciliter l’a-mélioration des légumineuses.

Comment les génomes des légumineuses ont-ils été étudiés ? J. D. : Les légumineuses cultivées ontun génome de grande taille et sou-vent complexe. C’est pourquoi la lé-gumineuse Medicago truncatula, ap-parentée à la luzerne, sert de modèle :son génome est de petite taille. Desrecherches antérieures avaient mon-tré que l’ordre des gènes sur les

chromosomes est fortement conservéentre Medicago et la légumineuse àgraines la plus cultivée en Europe, lepois, malgré la très grande différencede taille entre leurs génomes. L’idéedirectrice du GLIP a été d’exploitercette conservation des génomes entreespèces modèles et cultivées pour dé-velopper de nouveaux outils. Un pro-gramme international de séquençagedu génome de M. truncatula, qui doitse terminer fin 2008, a déjà permisd’identifier et de localiser plus de40 000 gènes sur les huit chromo-somes. Pour pouvoir transférer chezles légumineuses cultivées cetteénorme quantité d’information surl’ordre des gènes, un programme decartographie comparée a permis delocaliser des centaines de gènes de ré-férence sur les cartes génétiques deplusieurs espèces : pois, féverole, pois

chiche, lentille, lupin, haricot et trèfle.L'ensemble de ces résultats est mis àdisposition grâce à la bioinformatiqueafin de guider les sélectionneurs dansla localisation des gènes d’intérêt.

Après avoir localisé lesgènes, comment connaîtreleurs fonctions ? J. D. : On procède par étapes. Dansun premier temps, on identifie, grâceà des puces d’ADN, les gènes « can-didats », ceux dont l’expression estfortement modifiée dans certainesconditions physiologiques (forma-tion des graines, stress environne-mentaux, etc.). Dans un deuxièmetemps, on caractérise leur fonctionen étudiant des plantes présentantune mutation dans ces gènes. D’im-portantes collections de mutants ontété créées par des équipes de l’Inra,du CNRS et du John Innes Institute(GB), avec trois méthodes complé-mentaires permettant d’identifierefficacement la présence de muta-tions dans un gène donné.Les équipes ont mis leurs résultats encommun via des bases de données.Cette approche coordonnée est exem-plaire au niveau international pourles légumineuses.Grâce à ces outils de génomique, leschercheurs ont identifié des gènes im-pliqués dans la résistance aux patho-gènes chez M. truncatula, le pois, laféverole et le pois chiche. Ils ont aussicaractérisé, chez le pois, cinq nou-veaux gènes impliqués dans l’archi-tecture de la plante. Or, celle-ci condi-tionne de nombreuses composantesdu rendement, telles que la progres-sion des maladies ou la compétitionentre organes pour les ressources eneau et minéraux. Enfin, des gènes ma-jeurs impliqués dans l’accumulationdes protéines dans la graine ont étécaractérisés, chez la légumineuse mo-dèle et chez le pois.Les ressources génétiques et géno-miques créées au cours de ce pro-gramme devraient grandement faci-liter l’amélioration génétique nonseulement des légumineuses à grai-nes, mais aussi des légumineusesfourragères (luzerne et trèfle), et li-gneuses (robinier) pour la produc-

Comment développer la culture des

à graines en Europelégumineuses

Le programme européen « Grain Legumes Integrated Project » (GLIP) explore depuis 2004 de nouvelles stratégies pour promouvoir la culture des légumineuses à graines en Europe et leur utilisation dans l’alimentation animale. A l'approche de la fin de ce projet, un congrès a eu lieu à Lisbonne du 12 au 16 novembre 2007 pour faire connaître les résultats. Interview de Jean Dénarié, responsable du volet génomique du GLIP et directeur de rechercheémérite de l’Inra, au Laboratoire des interactions plantes-microorganismes à Toulouse.

GLIP67institutions25 pays

à l’Inra14 labo-ratoires à Dijon,Montpellier,Nantes,Rennes,Toulouse etVersailles.

repères

tion durable de biomasse par destaillis à courte rotation, afin de pro-poser de nouveaux rôles pour les lé-gumineuses dans les agro-écosystè-mes européens.

Quels sont les autres résultats majeurs du programme ? J. D. : Beaucoup de résultats im-portants ont été obtenus. D’une façongénérale, des travaux interdiscipli-naires ont permis d’objectiver lesavantages des légumineuses cultivéesen Europe. Sur le plan nutritionnel,elles constituent une source alimen-taire suffisamment riche en protéi-nes et en énergie pour les animauxd’élevage, y compris pour les pois-sons, grâce à l’amélioration des mé-thodes de fractionnement des grai-nes. Sur le plan agronomique,l’introduction de légumineuses à grai-nes dans les rotations présente unbilan énergétique, environnementalet financier globalement positif, et ce,dans différentes régions d’Europe. Laculture en association, dans un mêmechamp, de légumineuses à graines etde céréales permet d’obtenir des ren-dements satisfaisants dans des condi-tions de cultures à bas intrants (en-grais, pesticides) compatibles avecl’agriculture biologique.

Pensez-vous que ces résultats vont avoir une influence sur la culture deslégumineuses en Europe ? J. D. : Grâce à l’Association euro-péenne de recherche sur les protéa-gineux (AEP) et à une plateforme de

GOUSSESde pois.

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NODOSITÉS RACINAIRES

de pois hébergeant

des bactériesfixatrices

d’azote.

+d’infosLe programme GLIP est coordonnépar T.H. Noel Ellis, John Innes, Norwich, Grande-Bretagne.www.eugrainlegumes.orgOcontact :[email protected]

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veille technologique (GL-TTP), nousorganisons le transfert des connais-sances vers les sélectionneurs intéres-sés par les légumineuses. Mais la pro-motion des légumineuses dépendrades efforts conjoints entre scientifiques,partenaires du monde agricole et dé-cideurs politiques. Il s’agit d’inverseren effet une situation bien établie de-puis 1945 : l’Europe importe plus de70% de ses besoins en protéines vé-gétales, principalement sous forme desoja en provenance du Brésil, d’Ar-gentine et des Etats-Unis. Les culturesde légumineuses ne couvrent que 1 à7 % des surfaces arables en Europecontre plus de 25 % aux Etats-Unis.Les défis posés actuellement à l’agri-culture européenne offrent sans douteune opportunité de développementaux légumineuses, qui ont l’avantageunique de permettre de concilier lesenjeux alimentaires, énergétiques etde protection de l’environnement. L’a-griculture européenne est à la croiséedes chemins : si nous voulons déve-lopper des systèmes agricoles durableset diminuer l’impact de l’agriculturesur l’environnement, nous devronscultiver davantage de légumineuses.Un objectif raisonnable serait d’at-teindre 20% des surfaces cultivées, cequi signifie schématiquement l’intro-duction d’une légumineuse dans lesrotations une fois tous les cinq ans. ●

Propos recueillis par Pascale Mollier

FORTE COLINÉARITÉ DES GÉNOMES de la légumineuseMedicago truncatula et du pois. Les segments blancs, très largement majoritaires,représentent une colinéarité entreles deux génomes, les segments grisreprésentent des remaniements.

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● INRA MAGAZINE • N°3 • JANVIER 2008 INRA MAGAZINE • N°3 • JANVIER 2008 ●11

Découverte d’un lien entre

nutritionet synthèse de l’ADN◗

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Nutrition et hérédité sont deux fonctions essentielles de la cellule. Il est désormais impossible de les considérer séparément, comme le montrent les travaux de chercheurs de l’Inra et du CNRS menés sur la bactérie Bacillus subtilis.

On sait depuis les années1970 que l’activité desprincipales fonctionsd’une cellule dépend des

nutriments disponibles dans son envi-ronnement. Mais on ne sait toujours pascomment ces régulations sont effectuéesni comment elles permettent la survie etla croissance optimale de la cellule, mêmedans des conditions nutritionnelles ex-trêmes ! » Laurent Jannière, généticien,résume ainsi l’enjeu des travaux de bio-logie intégrative menés par son équipedans le Laboratoire de GénétiqueMicrobienne de l’Inra à Jouy-en-Josas.Ces huit dernières années, l’équipe s’estintéressée à la relation entre les fonc-tions de la nutrition et de l’hérédité.Ces deux types de fonctions mettenten jeu de nombreuses machines com-plexes appelées enzymes.

Quand la nutrition d’une cellule estmodifiée, sa capacité à répliquer sonADN change. Mais « tout se passecomme si on connaissait les notes d’uneœuvre majeure ainsi que les musiciensqui l’interprètent, sans savoir qui est lechef d’orchestre ni comment il dirige sonorchestre » décrit Laurent Jannière. Poury voir clair, son équipe a étudié unorganisme modèle simple, la bactérieB. subtilis. En combinant un grandnombre de mutations génétiques, ilsont pu identifier pour la première foisle chef d’orchestre de la réplication. Ilcorrespond à cinq réactions successi-ves du métabolisme central carboné.Une prouesse, sachant que B. subtilispeut réaliser plus de 1000 réactionsmétaboliques différentes. Au cours dece travail, les auteurs ont égalementidentifié les « premiers violons » qui

correspondent à trois des dix enzymesclés de la réplication, seules à même decomprendre le message envoyé par lechef d’orchestre. Cette relation permetd’ajuster la vitesse de réplication etd’assurer la stabilité de l’ADN quelleque soit la richesse du milieu nutritif.Les enzymes du métabolisme centralcarboné joueraient donc un rôle ré-gulateur en plus de leur fonction mé-tabolique classique. Les chercheurss’attèlent depuis à préciser commentcette régulation s’effectue : de façondirecte, par contact physique entre desenzymes métaboliques et de réplica-tion, ou indirecte par l’intermédiairede « molécules-messages ».Ces résultats, bien qu’obtenus sur desbactéries, peuvent cependant être rap-prochés d’observations faites sur lescellules animales, reliant d’autres fonc-tions essentielles au même chef d’or-chestre. Il en est ainsi des fonctionscomme l’apoptose, mort programméedes cellules, ou l’angiogenèse, forma-tion des nouveaux vaisseaux sanguins.Ces travaux pourraient aussi conduireà considérer sous un angle nouveau lesévénements précoces de la cancéro-genèse. Parmi ceux-ci, on observe unedérégulation de la glycolyse (« effetWarburg ») et une diminution de lafidélité de la réplication et de la stabi-lité de l’ADN. Elles pourraient découlerde perturbations dans la relation entrenutrition et hérédité. ●

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+d’infosOcontact : [email protected]éférence : Jannière L, Canceill D,Suski C, Kanga S, Dalmais B, et al.(2007) Genetic Evidence for a LinkBetween Glycolysis and DNAReplication. PLoS ONE, e447.

Réduirela production de

méthane chez les ruminants

L ’effet de serre est lié auxémissions de gaz : gaz car-bonique (CO2), protoxyded’azote (N2O) et méthane

(CH4) essentiellement. Bien que saconcentration dans l’atmosphère soittrès inférieure à celle du CO2, lacontribution du CH4 à l’effet de serreest de 20%, en raison notamment deson pouvoir radiatif supérieur. Ré-duire les émissions de CH4 est unestratégie qui pourrait être efficace àcourt terme pour l’environnementdans la mesure où la durée de vie duCH4 dans l’atmosphère est de seule-ment 12 ans, contre 100 à 120 anspour le CO2 et le N2O. L’agriculturecontribue pour environ 50% à l’en-semble des émissions de CH4, les 3/4étant couverts par les activités liéesà la riziculture et à l’élevage. Si à l’é-chelle mondiale les rizières sont unesource importante de CH4, en Eu-rope, la quasi-totalité de ces émis-

Un récent rapport de la FAO souligne la part importante de l’élevage dans les émissions de gaz à effet de serre. Ce document a le mérite d’attirer l’attention sur cette source méconnue, mais il occulte le fait que les ruminants sont les seuls à pouvoir utiliser et valoriser les prairies. Ils ont ainsi un rôle importantd’entretien de l’espace. Par ailleurs, ces prairies stockent le carbone et de ce fait compensent en partie le bilan des émissions de gaz de ce secteur.

VACHEAPPAREILLÉED'UNCOLLIER SF6pour lesmesures deCH4 (méthane)qu'elle rejette.

VUE AUMICROSCOPEÉLECTRONIQUE(grossissement10 000 fois) de l’intérieurd’une cellule dela bactérieBacillus subtilisjuste avantqu’elle ne sedivise pourdonner deuxcellules fillesidentiques

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micro-organismes du rumen par éli-mination des protozoaires ou par in-oculation de souches bactériennesexogènes, ou encore réaliser une vac-cination contre les micro-organismesméthanogènes. Une autre optionconsiste à introduire de nouveaux ad-ditifs alimentaires (huiles essentiel-les, acides organiques,…). Ces voiesthéoriquement prometteuses n’ontcependant pas démontré leur effica-cité à long terme, ni leur sécurité pourl’animal et le consommateur, et leurcoût n’a pas été estimé. S’agissant d’es-sais menés dans des conditions éloi-gnées de la pratique, leur applicationserait prématurée.Au niveau de l’animal, nos études ontmontré qu’il est possible de jouer surla ration et le mode de production.L’ajout d’aliment concentré à base decéréales dans la ration, ou d’acidesgras polyinsaturés (acide linolénique,présent en particulier dans la grainede lin) diminue de 30 à 50% les émis-sions de méthane tout en maintenantle niveau de production des animaux.Au pâturage, l’émission de CH4 rap-portée à la quantité d’herbe ingéréeest en moyenne plus faible (-20 %)lorsque la densité animale à la parcelleest forte (2,2 contre 1,1 bovins/ha).Ces résultats suggèrent que l’intensi-fication réduit la production de CH4par unité de produit (kg de lait ou deviande). Cependant, si l’on ajoute auxémissions de CH4 produit par l’ani-mal, les autres gaz à effet de serre(CO2, N2O) produits au niveau del’exploitation par les lisiers ou liés àl’utilisation d’intrants (fabrication ettransport des engrais et aliments, ma-tériel, énergie consommée sur l’ex-ploitation…), les émissions totales de

sions provient de l’élevage, et plusprécisément des fermentations di-gestives des herbivores (70%) et desdéjections animales (30%).Le CH4 est produit dans le rumen aucours de la digestion microbienne desaliments. Il est rejeté dans l’atmos-phère par éructation (rots) ; ce quiconstitue d’ailleurs une perte en éner-gie pour l’animal. Bien que ces émis-sions de méthane soient impression-nantes en valeur absolue (2 milliardsde m3 par an), il est important d’enrelativiser la portée : les ruminantsparticipent à hauteur de 3% au ré-chauffement de la planète. Différen-tes approches sont étudiées pour di-minuer ces émissions dans denombreux pays et, en France, notam-ment à l’Inra de Clermont-Theix.Il est envisageable de diminuer la mé-thanogenèse via des biotechnologiesmodifiant l’écosystème microbien.Par exemple, opérer une sélection des

GAZ À EFFET DE SERREBIOLOGIE INTÉGRATIVE

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Enveloppe(délimite la bactérie)

Matériel génétique (lieu de la synthèse d’ADN)

Cytoplasme(lieu de transformation

des aliments)

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● INRA MAGAZINE • N°3 • JANVIER 2008

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La consommation des

Fruits et légumesune expertise de l’Inra

Dossier rédigé essentiellement à partir de la synthèsedu rapport d’expertise

« Les fruits et légumes dans l’alimentation -enjeux et déterminants de la consommation »

réalisée par l’Inra à la demande du ministère del’Agriculture et de la Pêche, novembre 2007

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+d’infosOpublications : • Martin C., Morgavi D., Doreau M.,Jouany J.P., 2006. Comment réduire laproduction de méthane chez lesruminants ? Fourrages, 187 : 283-300. • Pinares-Patiño, C.S., D’Hour, P., Jouany,J.-P., Martin, C., 2007. Effects of stockingrate on methane and carbon dioxideemissions from grazing cattle. Agriculture,Ecosystems and Environment,121:30–46.Ocontact :[email protected]

+d’infosOcontact :[email protected] ,[email protected], unitéexpérimentale de Pech [email protected], unité mixte derecherche : « Sciences pour l’œnologie »,Montpellier

gaz à effet de serre sont indépen-dantes du niveau d’intensification del’exploitation.La sélection génétique d’animauxvisant à diminuer la méthanogenèsereste, quant à elle, du domaineprospectif ; même s’il existe des dif-férences importantes de productionde méthane entre animaux. S’agit-il

d’un caractère génétique et/ou de va-riations liées à l’écosystème micro-bien d’un animal à l’autre ? Ces dif-férences sont-elles maintenues dansle temps ?Les moyens de réduire de manièresignificative la production de mé-thane par les ruminants existent doncet les efforts de recherche de l’Inra

sur cette thématique prioritaire se-ront accrus. L’efficacité de ces moyensdoit être évaluée à l’échelle de lachaîne de production et pas uni-quement à l’échelle de l’animal et entenant compte d’un ensemble de cri-tères environnementaux (entretiendu territoire et de la biodiversité…),sociétaux (qualité des produits, res-triction de l’emploi d’additifs ali-mentaires…) et économiques. Enlien avec ses partenaires, l’Inra s’en-gage résolument dans cette voie. ●

Cécile Martin, Diego Morgavi,Jean-Pierre Jouany

et Michel Doreau

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ONS De multiples obstacles

Consommation1

Des bénéfices globaux

Santé2

Améliorer la qualité des fruits et légumes

Agronomie3

Vers une segmentationcroissante du marché

Filières4

Médaille d’or pour une innovation viticole

L ’entreprise française EurodiaIndustrie SA a obtenu la mé-daille d’or du Palmarès del'Innovation du Sitevi, le

salon international pour les acteursdes filières vin et fruits & légumes(27-29 novembre, Montpellier) pourun nouveau procédé d’acidificationdu vin développé à partir desrecherches de l’Inra. Depuis plus de10 ans, le pH des vins augmente, dufait des conditions climatiques danscertaines régions, des pratiques viti-coles et œnologiques. Or, l’acidité aun rôle essentiel en limitant ledéveloppement bactérien dans le vinmais aussi en préservant l’intensitéaromatique du vin et son intensitécolorante. L’acidification du vin sefaisait jusqu’à présent par additiond’acide tartrique, technique qui peut

altérer son goût : amertume, goût mé-tallique, dureté en bouche.Le procédé, mis au point à l’Inra ausein de l’unité expérimentale de PechRouge, près de Narbonne, est basé surl’électrodialyse bipolaire à travers unemembrane. Il permet, de retirer exclu-sivement des cations basiques enexcès, ions potassium en particulier,sans modifier les autres constituantsdu vin. Cette méthode soustractiveest précise et stable dans le temps. Surle plan sensoriel, les vins sont per-çus avec des notes plus « fraîches »et « moins lourdes en bouche ».La filiale de l’Inra, Inra Transfert, aassuré en 2003 le lien des laboratoi-res vers la société Eurodia avec unpassage au stade industriel en 2004.Le procédé avait été approuvé parl’Organisation internationale de la

vigne et du vin dès 1999. Mais enattendant l’agrément par le Codexœnologique européen, les expéri-mentations sont conduites souscontrôle de la Direction générale dela concurrence, de la consommationet de la répression des fraudes et del’Institut français de la vigne et duvin, pour une diminution maximaledu pH de 0,3 unités. Il est autorisé enEurope pour les marchés nationaux,en dérogation à la législation envigueur et dans la limite de 50 000 hlpar an. ●

LE RUMEN permet ladigestion microbiennedes fourrages qui produitdu méthane ensuiteéructé.

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Consommation

Les fruits et légumes souffrent de leur image : pas pratiques à peler, s’écrasant au fond du sac pour les premiers, nécessitant trop de temps à cuisiner pour les seconds. Et chers ! Les obstacles sont multiples et il est nécessaire d’en comprendre les mécanismes, surtout si l’on veut favoriser leur consommation.

1

De multiples obstacles

L’expertise scientifique collec-tive s’est intéressée aux dé-terminants de la consomma-tion des fruits et légumes, en

France et dans les pays développés.Cet ensemble inclut aussi les conser-ves, les surgelés, les jus de fruit, lescompotes et les soupes, mais pas lespommes de terre (féculents).

Une consommation inférieureaux recommandationsLes sources d’information sur laconsommation fournissent des esti-mations différentes. Certaines sour-ces reposent sur des méthodes d’esti-mation et de recueil de données tellesles enquêtes alimentaires réalisées par

la FAO (2) ou l’Insee (comptabiliténationale), d’autres sont des enquê-tes d’achat des ménages (budget defamille de l’Insee ; TNS Worldpanel)ou des enquêtes sur la consomma-tion des individus (études nutrition-nelles). Ces différences rendent dif-ficiles les comparaisons.L’ensemble des estimations nationa-les suggère que la consommation desfruits et légumes n’a que très peu aug-menté depuis la fin des années 90.Elle s’élève en moyenne nationale à365 gr/j. La part des produits trans-formés dans la consommation totaleprogresse. Tandis que les prix desproduits frais ont augmenté, ceuxdes légumes transformés (- 40 % par

rapport à la moyenne des prix alimen-taires de 1960 à 2005) et des jus defruits (dès la fin des années 80) ontbaissé en même temps que l’évolu-tion des modes de vie privilégiel’économie de temps de préparationculinaire. Dans tous les cas, cetteconsommation reste, pour 60 % desadultes, inférieure en quantité aux re-commandations nutritionnelles de400 g/jour, établies par l’OMS en 1990comme le minimum souhaitable.Au niveau européen, un gradientnord-sud ressort : la consommationde fruits et légumes est plus impor-tante dans les pays méditerranéens etplus faible en Scandinavie ou auxPays-Bas.

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INRA MAGAZINE • N°3 • JANVIER 2008 ●III

Des freins individuelsS’il existe une sous-consommationde fruits et de légumes, elle s’accom-pagne de fortes disparités qui sont dedifférentes natures, pas toujours pri-ses en compte par les études deconsommation.Parmi les caractéristiques socio-démographiques, on retiendra l’effet« âge ». La consommation de fruitset légumes, faible chez les enfants,croît ensuite régulièrement jusquevers 60-65 ans, puis diminue. L’effet« génération » s’y additionne, c'est-à-dire que les jeunes générations, àâge égal, consomment moins queleurs aînés. Par ailleurs, les femmessont de plus grandes consommatri-ces, ainsi que les personnes vivant encouple. Les habitudes alimentairesont aussi leur importance : il y a unlien certain entre la consommationde fruits et légumes dans l’enfance,et une fois adulte.

Autres déterminants à considérer, lesperceptions et les représentations.Des caractéristiques sensorielles,comme l’aspect (couleur, taches), lasaveur (acidité, amertume), l’odeur(quand elle est jugée désagréable) oula texture (dur, fibreux, présence degraines) peuvent provoquer un rejet.Malgré l’absence d’étude globale, lesfacteurs sensoriels jouent souvent unrôle plus important que les infor-mations (ou croyances) relatives à lasanté par exemple. Une motivationplus cognitive que sensorielle peutégalement guider le consommateur.Ainsi, la mention « biologique » d’unproduit augmente son appréciation,alors que les tests ne mettent pas enévidence des différences sensoriellesmajeures.Moins étudiées, les représentationsassociées aux fruits et aux légumessont pourtant indispensables à lacompréhension des préférences desconsommateurs. La sociologie de l’a-limentation a notamment développéun cadre conceptuel intéressant, maisqui n’a pas encore été appliqué à laconsommation de fruits et légumes.Il s’agit d’une alternative à la théo-rie du choix rationnel et repose sur

L’expertise scientifique collective (ESCo) répond à une questiongénéralement complexe posée par un commanditaire, le plus souvent un ou des ministère(s). Elle lui fournit un ensemble organisé de connaissances scientifiques, faisant la part des acquis, incertitudes,lacunes et controverses.

Une analyse de la bibliographie scientifiqueL’expertise se fonde sur une recherche bibliographique qui permet de cartographier le champ des connaissances, toujours large car l’ESCo traite de problématiquesbiotechniques et socioéconomiques nécessitant des approches pluridisciplinaires. Ainsi, pour « Fruits et légumes », les documentalistes ont interrogé « la » base de donnéesdes publications des scientifiques à travers le monde, le « web of science », mais aussi des bases plus spécifiques en agriculture, économie et management, médecine… Ce corpus scientifique est complété par des publications non académiques : rapportsinstitutionnels, articles techniques, données statistiques...

Un travail d’analyse et de synthèse collectifUn va-et-vient s’instaure alors avec les experts pour ajuster le périmètre à prendre en compte dans la bibliographie. Pour « Fruits et légumes », les documentalistes ont fourniune liste de 3000 références scientifiques et les experts en ont retenu 1330, jugées les plus pertinentes, sur lesquelles ils ont fondé leur travail. Ensuite vient la phase d’analyseconjointe entre les experts. « L’analyse puis la synthèse des experts ne se réduit pas à l’addition des différents points de vue, mais doit produire un travail véritablementcollectif, où chaque contribution individuelle aura été examinée, discutée et enrichie aucours du débat », résume Claire Sabbagh, qui dirige l’unité ESCo de l’Inra, cheville ouvrière de ce dispositif.

L’expertise ne donne pas de préconisationsLa démarche n’aboutit pas à la formulation de recommandations ou d’avis, ni à dessolutions clé en main, mais à un état des connaissances organisé et le plus objectifpossible. Les travaux donnent lieu à la publication d'un rapport et d'un document de synthèse. Un séminaire de restitution à un cercle élargi de décideurs permet de partager les résultats avec les partenaires socio-professionnels concernés et éventuellement de donner une suite au travail en termes de programmation de larecherche. Un colloque public permet enfin une mise en débat plus large des conclusions.Ocontact : [email protected]

L’expertise scientifique collective, une synthèse critique des connaissances

2

Depuis le lancement du Programmenational nutrition santé (1) en 2001, lesFrançais savent qu’il faut manger « aumoins cinq fruits et légumes par jour ».

Mais cela ne suffit pas à changer leurshabitudes : 60 % d’entre eux restent en dessousdes recommandations. Une sous-consommationqui touche particulièrement les jeunes et lespersonnes défavorisées. Dès lors, commentagir ? Par l’information ? En améliorant la qualitédes produits ? En baissant les prix ? C'est dans ce cadre que le ministère del'Agriculture et de la Pêche a commandé à l'Inraune expertise scientifique collective pour fairel'état des lieux des connaissances scientifiques

concernant les déterminants de la consommation,les enjeux de santé liés à un accroissement dela place des fruits et légumes dans l’alimentationet l’impact sur les filières. L’expertise donne deséléments d’une analyse soulignant les donnéesavérées et les incertitudes, afin d’envisager lesactions à mener aussi bien du côté de l’offrequ’auprès des consommateurs et répondre audouble objectif de soutien économique auxfilières de production et de protection de la santépublique. Au final, de nouvelles questionsémergent, signe que la recherche doit approfondirses investigations. Ce dossier est aussi l’occasionde faire le lien entre l’état des connaissancesscientifiques et les recherches en cours à l’Inra.

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ger plus de fruits et légumes, on peutintervenir de deux façons, en agissantsur l’individu ou bien sur son envi-ronnement. Les évaluations permet-tent de préciser ce qui est le plusefficace. En France, seuls 7 des 87 pro-jets régionaux intégrés au premierProgramme national de nutritionsanté (PNNS, 2001-2005) ont faitl’objet d’une évaluation. Les analysesdisponibles sont de fait essentielle-ment anglo-saxonnes. Avec un bémolà la clé : elles relèvent davantage debilans quantitatifs des actions menéessur le terrain que de résultats scien-tifiques.Les politiques d’intervention sur l’in-dividu visent ses préférences ou sesmotivations. L’éducation nutrition-nelle est la forme la plus utilisée,devant les campagnes de recom-mandations ou le marketing informa-tionnel. Le niveau de connaissances’améliore nettement dans le casd’actions éducatives auprès d’enfantsscolarisés ou d’adultes de commu-nautés ciblées, sans pour autant chan-ger les comportements. C’est en mi-lieu scolaire que les expériences sontles plus convaincantes, surtout quandelles sont relayées par le milieufamilial.Dans tous les pays où une recom-mandation du type « 5 fruits et lé-gumes par jour » est mise en œuvre,- Etats-Unis, Angleterre, Irlande, Da-nemark, Norvège, Nouvelle-Zélande-

la consommation augmente, mais de0,2 à 1 portion en moyenne et restesous la barre fatidique des cinq por-tions.Du côté du marketing information-nel, les labels ou les étiquetagesnutritionnels ont au mieux des effetsnuls, et au pire, des effets contre-productifs quand ils sont perçuscomme un signal négatif sur le goûtde l’aliment. Cette interprétation né-gative sur le goût peut également sur-venir face à une baisse des prix.Quand on peut isoler et mesurerl’effet d’une baisse de prix, la réac-tion est positive, mais là encore ellepeut être interprétée comme un si-gnal négatif.

accorderaient une certaine prioritéaux légumes et dans une moindre me-sure aux fruits. La priorité serait ce-pendant plus élevée pour la viande etle poisson. Les ménages pauvres achè-

teraient plus de fruits et légumes trans-formés, mais pas de produit frais, tan-dis que pour les populations très pau-vres, les achats de fruits et légumesresteraient inchangés.De plus, on observe une hétérogénéitégéographique. Ainsi, en France, lesachats de fruits et légumes sont plusimportants dans le Sud-Est et plus fai-bles dans le Nord-Est. Les personneshabitant dans de grandes aggloméra-tions, Paris excepté, ont une dépensesupérieure en fruits et légumes frais,alors que la dépense de produits enconserve ou surgelés est la plus forteen région parisienne. Au problème duprix peut s’ajouter celui de l’accès àl’offre. Des études anglo-saxones leconfirme. Aux Etats-Unis une étuderelate que sur 50 magasins visités dansle Tenessee, seulement 62 % propo-saient des fruits ou légumes frais, etles tomates, par exemple, n’étaient pré-sentes que dans 30 % des points devente. A contrario, disposer d’un jar-din favorise la consommation de fruitset légumes.Enfin s’ajoute une conséquence del’augmentation de la restauration horsfoyer : le consommateur ayant ten-dance à privilégier d’autres alimentsque fruits et légumes pâtit de laconcurrence avec d’autres aliments.

Les politiques d’intervention :quelle efficacité ?Pour inciter le consommateur à man-

© Emmanuelle Petitdidier

quatre valeurs de la consommation :hédonique (plaisir de la consomma-tion) ; instrumentale (effets utilitai-res, par exemple sur la santé) ; ex-pression de soi (image donnée àtravers la consommation) et enfin,partage (aptitude du produit à êtreconsommé dans des situations de so-cialisation). Ce cadre pourrait êtreappliqué aux fruits et légumes pourmieux comprendre comment favori-ser leur consommation.

La barrière du prix et de l’accessibilitéAu cours des quarante dernièresannées, l’évolution des indices de prixmontre en France que le prix des fruitset légumes frais a augmenté davan-tage que la moyenne des prix ali-mentaires. Cette augmentation estparticulièrement marquée pour les lé-gumes (+ 40 %). Or les consomma-teurs y sont très sensibles. Les fruitset légumes représentent 12 % de leurbudget alimentaire, moins que laviande (23 %) et les produits céréa-liers (16 %) mais autant que les pro-duits laitiers. En cas d’accroissementdu budget alimentaire, les ménages

L’Observatoire des préférencesalimentaires du nourrisson etde l’enfant (OPALINE) est unprogramme de recherchecommencé en 2005 pourcomprendre l’origine despréférences alimentaires destout-petits, dans un contexteoù l’obésité infantile augmente.L’apprentissage du goût desaliments commence dès leseptième mois de la vieutérine, mais, passé l’âge de deux ou trois ans, leshabitudes alimentairesdeviennent très difficiles àmodifier. Les chercheurs

étudient donc les comporte-ments alimentaires de bébésde cette tranche d’âge. Lespremiers résultats, présentéspar type d’aliments, dont lesfruits et légumes, sontattendus pour 2008. OPALINEest financé par l’Inra, l’Inserm,l’Agence nationale de larecherche (ANR), le Conseilrégional de Bourgogne ainsique par le mécénat de Blédina,CEDUS, Nestlé et Symrise.

Ocontact : Sophie Nicklaus, chercheurà l’unité « Flaveur, vision etcomportement du consommateur »[email protected]

OUNE RECHERCHELe berceau des préférences alimentaires

En Europe, les catégories de faiblestatut socio-économique (SSE),définies essentiellement par laprofession du chef du foyer,consomment peu de fruits et delégumes (frais et surgelés) et de jusde fruit. A l’exception toutefois despays forts producteurs etconsommateurs de fruits et légumescomme la Grèce, l’Espagne, le Portugal, la Pologne et la Hongrie,où les personnes de faible SSE enfont une consommation élevée.La même relation existe pour le

revenu et le niveau d’éducation, quisont aussi deux variables associéesau SSE. En France, les ménagespauvres consomment moitié moins de fruits que les autres, mais aussimoins de légumes frais et surgelés, de confiture et de compote. Desétudes européennes montrent que les consommateurs à faible niveaud’éducation consomment égalementmoins de fruits et légumes (hors paysméditerranéens). Selon des travauxaméricains, l’impact de l’éducation est même supérieur à celui du revenu.

Les fruits et les légumes, marqueurs sociaux

En somme, les interventions effica-ces en faveur de la consommationde fruits et légumes agissent à la foissur l’individu et son environnement,en l’impliquant activement ainsi queson milieu social proche. En outre,les interventions combinées les plusefficaces sont à l’échelle locale.

(1) Le premier PNNS (2001-2005) a établi des repères nutritionnels quiconstituent désormais la référencefrançaise officielle. Le deuxième PNNS(2006-2010) part du constat que laconsommation des fruits et légumesstagne depuis les années 80. Il recommande toujours « au moins 5 fruits et légumes par jour » et vise l’objectif de réduire le nombre de petitsconsommateurs.www.sante.gouv.fr/htm/actu/pnns_060906/plan.pdf

(2) Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture : www.fao.org

+d’infosOrepères en France125 kg de légumes par an et par personne sont consommés, dont 92 kg frais et 33 kg en conserveet surgelés,ainsi que 63 kg de fruits frais, 7 kg de fruits transformés et 23 litresde jus de fruit.Source : INSEE, comptabiliténationale, 2004Orepères dans le mondeConsommation de légumes parpersonne :372 g/jour en Europe 233 g/jour au Moyen-Orient179 g/jour en Asie150 g/jour en Amérique latine 77 g/jour en Afrique.Consommation de fruits : 271 g/jour en Amérique latine 212 g/jour en Europe204 g/jour au Moyen-Orient 85 g/jour en Asie 95 g/jour en Afrique.Source : FAO, données 1998

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POTAGER DOMESTIQUE

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les produits transformés (conserves,surgelés, jus...) assurent une bonnepréservation des teneurs en micronu-triments. Celles-ci sont d’autant plusélevées que les récoltes industrielles sefont plus généralement à maturité desfruits ou légumes et que la transfor-mation intervient rapidement aprèsrécolte. S'ils ne correspondent pas à lamême gamme de produits ni auxmêmes usages que les produits frais,les produits transformés ont l’avan-tage de la praticité, d’une disponibi-lité toute l'année, d’une bonne conser-vation à domicile et de prix plus basque les produits frais… Leur consom-mation, encore minoritaire, s’accroît.Face à la baisse des achats de produitsfrais, c’est elle qui assure un maintiende la consommation totale de fruits etlégumes.Au bilan, l’évaluation rigoureuse despertes en micronutriments dues austockage ou à la transformation im-pose donc de prendre en compte l’en-semble de l’itinéraire suivi par le pro-duit, depuis sa récolte jusqu’à saconsommation. L’évaluation des ap-ports réels des fruits et légumes à l’or-ganisme est donc extrêmement com-plexe.

Un effet protecteur non prouvéL'hypothèse d'un effet protecteur desfruits et des légumes contre les gran-des maladies chroniques est née del'observation, dans les années 80,d'une corrélation entre une consom-mation plus élevée de fruits et légu-mes et un risque plus faible d'être at-teint par ces pathologies.Ces résultats doivent toutefois êtrenuancés car ces études comportentdes facteurs de confusion liés au faitqu’il est très difficile d’isoler l’effetpropre des fruits et légumes. Car leurgrande consommation est générale-

Trois arguments sous-tendentles bénéfices des fruits et lé-gumes pour la santé : unecontribution aux apports en

micronutriments nécessaires au bonfonctionnement de l'organisme, uneffet protecteur contre les grandes pa-thologies chroniques que sont lesmaladies cardiovasculaires, neuro-dégénératives et métaboliques (dia-bète) et les cancers, et enfin uncontenu énergétique faible, point quidevient crucial avec le développementrapide du surpoids et de l'obésité.

Des apports importants en micronutrimentsLes fruits et légumes sont une sourceimportante de vitamines, minérauxet fibres nécessaires au bon fonction-nement des principales fonctionsphysiologiques de l’organisme. Ils as-surent une part essentielle des apportsen béta-carotène et vitamine C et unepart importante pour les fibres, la vi-tamine B9, le potassium et le magné-sium. Par exemple, les caroténoïdescontenus dans les fruits et légumes de

couleur orange et les légumes feuillesgénèrent de la vitamine A qui joue unrôle essentiel dans la vision. Le po-tassium agit en étroite relation avecle sodium pour assurer le bon fonc-tionnement des cellules.Il est cependant impossible de déter-miner de manière globale l’apport enmicronutriments à l’organisme. D’unepart, parce que les teneurs de tous cesmicronutriments sont très variablesen fonction de la variété cultivée, duclimat, des pratiques culturales, desmodes de conservation et de trans-formation des produits ainsi que despratiques culinaires. L’épluchage, parexemple, est un facteur majeur de lavariation des teneurs de nombreuxcomposés.D’autre part, certains composés sontplus stables que d’autres et leur te-neur se maintient plus ou moins aucours des différentes étapes dustockage et de la transformation de latransformation. Les données existan-tes permettent cependant de remet-tre en question le préjugé classique desupériorité des fruits et légumes frais :

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R ment associée à un mode de vie plussain, globalement plus protecteur.Ainsi, les études épidémiologiquesles plus récentes n'ont pas permis deconclure de manière irréfutable àl’existence d’un lien causal entre lesfruits et légumes et la maladie. Detels liens restent plausibles, mais leurdémonstration formelle reste à faire.Toutefois, un effet bénéfique mêmefaible reste intéressant en terme desanté publique, c'est-à-dire à l'échellede toute une population.

Une exposition aux pesticides sous surveillancePrès de 45% des échantillons de fruitset légumes analysés dans le cadre duplan de surveillance national présen-taient en 2005 des résidus d’agentsphytosanitaires et environ 7% deséchantillons contenaient des teneurssupérieures aux limites maximalesautorisées. Sans appréhender l’en-semble des questions relatives aux ré-sidus de pesticides, l’expertise a sou-ligné que l'exposition moyenne dela population reste inférieure aux va-leurs toxicologiques de référence pourles risques chroniques.Le degré d’exposition aux pesticidesest quantifié de deux manières : ladose journalière admissible pour lerisque chronique de long terme et ladose de référence aiguë pour le risqueà court terme (un repas, un jour). Lesméthodes d’évaluation usuelles com-portent cependant une limite im-portante : elles considèrent l’exposi-tion pesticide par pesticide, tandis quenotre alimentation diversifiée nousexpose aux résidus de plusieurs pro-duits. L’Union européenne a engagéune réflexion pour de prendre encompte l’exposition simultanée et cu-mulée de plusieurs pesticides. La ré-glementation sur les pesticides de-vrait évoluer en fonction de cesnouvelles connaissances.L’expertise souligne par ailleurs quele lavage et l'épluchage permettent deréduire l'ingestion de résidus de pes-ticides (hormis les produits systé-miques qui diffusent dans l’ensembledes organes de la plante), mais l’éli-mination de la peau et des feuillesextérieures fait aussi disparaître uneproportion importante des micronu-triments, qui y sont plus concentrés.Les experts ont également pointé les

concentrations croissantes en nitratesdans les sols, l’eau et les plantes, ce quipeut ajouter un autre risque pour lasanté.Ils relèvent enfin une forte progres-sion du nombre des allergies aux fruitset légumes, qui représentent actuelle-ment près de 60% des cas d’allergiesalimentaires, tous âges confondus.Au terme du bilan réalisé, les experts

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confirment l’intérêt de la consomma-tion des fruits et légumes pour le main-tien d’une bonne alimentation. La re-commandation de consommer « aumoins 5 fruits et légumes par jour »reste valable. Les travaux récents mo-dèrent toutefois l’enthousiasme sur leseffets protecteurs des fruits et légumeset rappellent que l’alimentation doitêtre envisagée dans sa globalité.

LE JONGLEUR,extrait de lasérie les Jardinsd'étonnants deSylvie Roche, réalisée pour le théâtre Eprouvette (Nièvre).

Santé2

Des bénéfices globauxLe rôle des fruits et légumes est avéré dans l’apport en micronutriments, mais des incertitudes demeurent quant à leur rôle dans la prévention de pathologies.

« Nous étudions l’impact de latransformation sur les qualitésnutritionnelles des fruits et légumes,avec la tomate comme modèle des fruitscharnus. Le devenir des micronutriments,tels que les polyphénols, la vitamine C,les caroténoïdes, varie selon lesméthodes de transformation : cuissons,broyages, déshydratation, congélation,hautes pressions… Nous étudionsactuellement l’oxydation descaroténoïdes de la tomate au cours de la transformation en sauce tomate. Le passage des polyphénols des fruitsaux boissons est un sujet de rechercheimportant. Lors de la fabrication d’un jusde pomme, certains polyphénols,

solubles, diffusent dans le jus maisd'autres comme les tannins restentconcentrés dans les marcs. C’estpourquoi, nous nous intéressons à l’utilisation des épluchures et desmarcs, riches en composantsantioxydants. Des innovations dans cedomaine font l’objet de brevets.Par ailleurs, le devenir des moléculeschange selon l'intensité et la durée du chauffage, le pH, l’oxygène et les ions métalliques et ce jusque dans l’estomac ! »

D’après un entretien avec Catherine Renard,directrice de recherche, unité « Sécurité et qualitédes produits d'origine végétale », Avignon,Ocontact : [email protected]

OUN PROGRAMMELes propriétés nutritionnelles des fruits et légumes évoluent lors de la transformation

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© Xavier Remongin / Min. Agri. Fr

DÉGUSTATIONDE JUS

à base depommes et de

carottes.◗

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à la conservation hivernale du champ-ignon) ou la plantation de variétéspeu sensibles. Ainsi, Ariane, pommecréée par l’Inra et inscrite au catalo-gue officiel en 2002, possède deuxgènes de résistance à la tavelure.D’autres travaux ont montré l’inté-rêt des mélanges variétaux, d’un rangà l’autre ou, mieux, sur un mêmerang. Un essai réalisé en partenariatavec le Groupe régional d’agriculturebiologique de Rhône-Alpes (GRAB)a associé une variété sensible (Smoo-theeR) à une autre résistante (Bau-jade). Ce mélange a permis de réduire

le taux de fruits tavelés à la récolte de48% à 67%, selon l’année.Ces travaux s’appuient sur des essaisconduits pour la plupart dans les sta-tions expérimentales de l’Inra. La mo-délisation permet de comprendrel’impact des différents facteurs deproduction. Ainsi, elle a permis devérifier que l’architecture des arbres(par exemple les pêchers) jouait unrôle plus ou moins défavorable sur ledéveloppement des parasites (moni-liose).Ces travaux prolongent un pro-gramme précurseur en France sur la

Agronomie3

Améliorer la qualité des fruits et des légumes

On reproche souvent aux tomatesd’avoir perdu leur goût. Pourtant, lestests de dégustation en aveuglemontrent que les variétés anciennes detomate ne sont pas plus appréciéesque les variétés nouvelles car elles nesont pas assez fermes. En fait, ce sont

les variétés de longueconservation créées dans les

années 1980 pouraméliorer la logistiquecommerciale qui sontresponsables dumécontentement des

consommateurs.

Au-delà des variétés, le goût varieselon que les tomates sont produitessous serre ou en plein champ. De même, une tomate mûrie sur pied a meilleur goût qu’une tomate cueillieverte. Une conservation à moins 4°Ccasse le potentiel aromatique. Le projeteuropéen Eusol cherche à mieuxcaractériser, dans le génome de latomate, les sites génétiques impliquésdans le goût.

Ocontact : Mathilde Causse directrice, unitéGénétique et amélioration des fruits et légumesInra , Avignon - [email protected]

OUNE QUESTION SCIENTIFIQUE le goût des tomates

Les pratiques agricoles et lesfacteurs génétiques ont uneinfluence sur les qualités nu-tritionnelles. Les teneurs en

vitamines et autres composés d'inté-rêt nutritionnel varient fortementd’une variété à l’autre : des écarts de1 à 10 en glucosinolates (composésprotecteurs des plantes potentiellemntpréventifs du cancer) ont été obser-vés dans le brocoli, les teneurs en ca-roténoïdes (pigments précurseurs dela vitamine A) vont de 1 à 4 dans lapomme ou la tomate. Ces résultats,qui relativisent la pertinence des va-leurs moyennes figurant dans les ta-bles de composition des aliments,suggèrent aussi qu'une améliorationgénétique est possible.

Améliorer la qualité nutritionnelle par la génétiqueJusqu'à présent, la qualité nutrition-nelle n’a pas été au cœur des critèresde sélection qui ont privilégié pro-ductivité, résistance, aspect, texture,

conservation… Désormais, les tech-nologies de marquages moléculaireset de cartographie génétique permet-tent de localiser les gènes contrôlantla variation de la composition enmicronutriments et d’envisager descroisements valorisant ce critère.Les variations dues à l’environnementet aux conditions de production sem-blent moins importantes que l’effetgénétique. Une forte fertilisation azo-tée a cependant un effet défavorablesur la concentration en vitamine Cdans les agrumes ou la tomate. Enl’état actuel des connaissances, aucunmode de production, biologique, in-tégré ou conventionnel, ne présented’avantage ou de désavantage parti-culier en matière d’accumulation descomposés nutritionnels.

Des recherches pluridisciplinaires…Au-delà de l’expertise, il nous a sem-blé intéressant de regarder commentla recherche agronomique peutcontribuer à améliorer les fruits et les

légumes en faisant appel à de nom-breuses disciplines scientifiques. Laconnaissance génétique contribue parexemple à analyser, préserver la di-versité des espèces cultivées et sauva-ges apparentées et à proposer denouvelles méthodes d’innovation va-riétale. La physiologie décrypte les mé-canismes d’élaboration de la qualité,les interactions entre la plante et sesbioagresseurs. L’épidémiologie etl’agronomie aident à optimiser les sys-tèmes de production et à maîtriser lesmaladies et les ravageurs. Quant auxsciences économiques et sociales, ellesétudient la faisabilité et les résultatsdes différents systèmes agricoles. Au-jourd’hui, le défi pour les scientifiquesest d’intégrer ces différentes connais-sances pour concevoir des outils d’aideà la décision et des référentiels de« production intégrée ».

… au service d’une production intégréeEn novembre dernier, lors d’un « Car-refour de l’innovation agronomique » ,la protection intégrée en arboricul-ture était au cœur des discussions. Dèsles années 1950, des entomologistesprônent la « lutte intégrée » contre lesravageurs en utilisant leurs prédateurs.La production intégrée inclut cetteméthode et combine différentes tech-niques de culture dans une stratégiede production qui englobe les enjeuxsocioéconomiques.Les travaux sur la tavelure (champi-gnon parasite qui tache les feuilles etles fruits), maladie redoutée des pom-miers, illustrent ces recherches. L’Inraa démontré que l'on peut réduire lesbesoins en traitements fongicidesgrâce à l'élimination ou à l'enfouis-sement des feuilles mortes (ce qui nuit

Depuis 30 ans, la Société d’investissement et de développement des cultures légumièreset horticoles en Basse-Normandie, le Sileban,multiplie des démarches environnementalesnovatrices. Bernard Guillard, son président, en témoigne.

Quelles mesures agro-environnementales avez-vous adoptées ?B. Guillard : Dès 1994, la filière légumière Basse-Normandie lance une démarche agro-environnementalequi aboutit à la qualification de nos produits. En 1995,la Val-de-Saire devient « région pilote » en adaptant auxlégumes le règlement européen agro-environnemental.On introduit une rotation sur 30% de nos surfacesavec des céréales et une réduction de la fertilisation en azote et phosphate. Les résultats sont observablesquelques années plus tard : meilleur équilibre et amélioration de la structure des sols. On franchit une étape, entre 2000 et 2006, 180 producteurssignent des Contrats territoriaux d’exploitation (CTE),soit 80% de la sole légumière concernée, 6000 ha. LeSileban mesure les effets probants sur les sols et sur laqualité des eaux souterraines. Alors que les résultatsde nos forages étaient tous au-dessus de 50mg/l de

nitrate en début du programme, la plupart sont passésen dessous de ce seuil. Les producteurs ont bienréalisé que les rendements augmentaient, la qualitédes légumes aussi tandis que les coûts de revientbaissent. On se lance maintenant dans de nouvellesmesures agro-environnementales. L’objectif : organisernos cultures et nos paysages pour abaisser la pressionparasitaire et diminuer le besoin en pesticides. Au-delàde la rotation, on veut créer des zones de régulationécologique sur 15% des surfaces. Ces zones sont desbandes non productives (couvert non encore défini)disposées judicieusement dans le parcellaire comme« garde-manger » des auxiliaires des cultures.

Quels sont les projets communs avec l’Inra ?B. G. : La connivence avec l’Inra date de 1981, avec ledétachement d’une ingénieure à l’Inra à Rennes. Elle aabouti en 1996 au montage d’un programme« carotte » élargi au niveau national. Il a mis en avantles effets bénéfiques de l’interculture sur les processusépidémiques de maladies transmises par le sol. Nous sommes engagés dans PICleg ainsi que dans un PSDR (Programme pour et sur le développementrégional) prenant en compte le volet socio-économiquegrâce à des crédits du Conseil régional.

OUN PARTENARIATLa station expérimentale du Sileban (Nord Cotentin)

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L’expertise met l’accent sur la grande variabilité de la qualité nutritionnelle des fruits et légumes entre variétés et modes de production. Les recherches à l’Inra se focalisent sur des systèmes de production intégrée moins dépendants des pesticides.

« Production fruitière intégrée » quel’Inra a mené avec l’institut techniquedes fruits et légumes (CTIFL) entre1999 et 2004. Un projet du même typedémarre sur la production intégréedes cultures légumières, « PICleg ».Un GIS créé en novembre 2007coordonnera sur les dix prochainesannées les recherches sur la produc-tion intégrée des cultures légumièresde plein champ et sous serres. Le par-tenariat que l’Inra entretient avec lesmaraîchers du Sileban, dans le Co-tentin (voir encadré) s’inscrit dans ceprogramme national PICleg.

❝Organiserles cultures et les paysagespour diminuerl’usage despesticides ❞

© Frédéric Béhar / Min. Agri. Fr

RAMASSAGEdes salades laitue.

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Rdifié les modalités d’approvisionne-ment de la grande distribution en in-troduisant des relations plus contrac-tuelles avec les organisations deproducteurs. Ces démarches de seg-mentation du marché constituent untrait majeur de l'évolution de l'offre.Elles visent à « discriminer » lesconsommateurs au regard de leursdispositions à payer des fruits et deslégumes haut de gamme, « bio », demarques ou « génériques ».

Une co-régulation de la qualité sanitaireSur le plan sanitaire, la dernière dé-cennie a vu le renforcement de laréglementation publique et le déve-loppement de normes privées (indi-viduelles ou collectives) qui s’ajou-tent aux obligations réglementaires.Les distributeurs, en particulier, lesutilisent pour différencier leur offreen communiquant auprès desconsommateurs sur les garanties quileur sont données.De fait, dans ce secteur, les normespubliques et privées forment un sys-tème de « co-régulation » des ques-tions sanitaires.Bien sûr, la multiplication des stan-dards et normes a un impact sur l’accès aux marchés, notammentd’importation des pays tiers. Des tra- 2

vaux ont mis en évidence leur rôle de« barrière » aux frontières européen-nes. Le Royaume-Uni, par exemple,n’importe plus de fruits et légumesen dehors du référentiel européen debonnes pratiques agricoles « Eurep-gap ».

Comment augmenter la consommation ?Au-delà des éléments déjà rapportés,les implications, pour la filière, d'unepolitique d'accroissement de laconsommation des fruits et légumesn’ont été que peu étudiées jusqu’à pré-

●X INRA MAGAZINE • N°3 • JANVIER 2008

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Filières4

Vers une segmentationcroissante du marché

Des prix en hausse pour le frais…Le prix de vente des fruits et légu-mes frais n’a pas suivi la baisse en-registrée par la plupart des produitsagricoles. L’importance de la main-d’œuvre dans les coûts de produc-tion et le faible niveau des soutienspublics aux producteurs (contraire-ment aux grandes cultures ou àl’élevage par exemple) représententune partie de l’explication associéeau fait que les producteurs ont par-tiellement conservé les gains de pro-ductivité réalisés au cours des quinzedernières années. Ceci leur a per-mis de compenser, en quelque sorte,la forte chute des revenus au débutdes années 90. Malgré tout, le sec-teur reste marqué par une forte hé-térogénéité, une fraction significa-

tive des exploitations ne dégageantque de faibles revenus.Le secteur subit des crises qui tien-nent essentiellement à l’impossibilitéd'ajuster l'offre à court terme en pé-riodes d’excédents dans un secteur deproduits périssables.

…en baisse pour les produitstransformésLe secteur des fruits et légumes trans-formés s’inscrit dans une logique éco-nomique différente. Les producteurs(ou leurs interprofessions) passentcontrat avec les transformateurs. Lesmarques de distributeurs sont net-tement plus développées que pour lamoyenne des produits de l’agro-alimentaire : elles représentent plusde la moitié du marché en valeur deslégumes surgelés et un peu moins

pour les légumes appertisés. Classi-quement, les prix de détail et le par-tage de la valeur sont influencés parle degré de concentration des entre-prises industrielles et de distributionainsi que par la réglementation surles règles de concurrence encadrantces relations, dont la pertinence estaujourd’hui remise en question.

Concurrence des produits importésLa protection aux frontières euro-péennes représente l’instrument ma-jeur de régulation des marchés defruits et légumes. Pour les légumes,deux tiers des importations provien-nent d’un autre pays européen (Es-pagne principalement) ; les pays mé-diterranéens représentent 60% desimportations de pays tiers. Les fruitssont importés d’Europe et de l’hé-misphère sud, les produits exotiques(bananes, ananas) et de contre-saison(pommes, poires) représentant unepart importante de la demande.

Des gammes de produits différenciéesLe secteur des fruits et légumes fraisa cherché à accroître sa valeur ajou-tée en élargissant la gamme des pro-duits offerts aux consommateurs.Cette stratégie est surtout le fait desmarques de distributeurs, les signesofficiels de qualité (AOC par exem-ple) et les marques de producteursétant peu nombreux. Cette segmen-tation repose sur des critères de ca-libres, de variétés, de conditionne-ment ou encore de modes deproduction. La segmentation a mo-

La diversité des filières fruits et légumes rend complexe une approche économiqueglobale du secteur.

Un groupe « filière fruits et légumes » au sein de l’InraOTÉMOIGNAGE DE…

Benoît Jeannequin, DIRECTEUR DU DOMAINE EXPÉRIMENTAL HORTICOLE DU MAS BLANC DE L’INRA, À MONTPELLIER

Le projet européen « EU-MED AGPOL »coordonné par l’Institut d’agronomieméditerranéen a réuni des chercheursd’équipes européennes et de pays dusud de la Méditerranée. Ils ont étudiél’incidence de la libéralisation deséchanges de fruits et légumes entrel’Union européenne (UE) et les paysméditerranéens, prévue à l’échéance2010, selon les accords commerciauxconclus lors de la conférence deBarcelone en 1995. Parmi les produitsagricoles, les fruits et légumes formentun secteur sensible de part et d’autrede la Méditerranée. Les outils deprotection douanière qui leur sontappliqués constituent un systèmecomplexe. Les chercheurs ont mesurél’avantage dont bénéficientactuellement les pays méditerranéensvis-à-vis des autres fournisseurs del’UE. Les situations sont contrastées :le Liban ou la Turquie ne paient pas detaxes lors de l’entrée de la plupart de

leurs exportations sur les marchéseuropéens, Israël bénéficie de peud’avantages commerciaux ; le Maroc a,quant à lui, négocié des accèspréférentiels pour ses principalesexportations, les tomates notamment.En confrontant ces informations à unemodélisation économétrique des fluxd’importations de l’UE, la deuxièmeétape de la recherche a permis decomparer l’impact de ces barrièresdouanières et des autres freins auxéchanges. Parmi les coûts qui limitentles échanges, le transport estdéterminant pour les fruits et légumes,surtout les plus périssables ; lesmesures dites non tarifaires telles queles normes (sanitaire, qualité…)constituent également des barrières.

Ocontact : Emmanuelle Chevassus-Lozza,Laboratoire d’études et recherche en économie,Lereco, Inra, [email protected]://eumed-agpol.iamm.fr

Freins aux échanges Europe-Méditerranée

« Le groupe filière « Fruits et légumes » de l’Inra a pour mission de favoriser les interactions avec les partenaires socio-écono-miques et de contribuer à construire avec eux des orientations de recherche. Françoise Dosba et moi-même sommes chargésd’animer ce groupe de dix chercheurs relevant de disciplines scientifiques allant de la biologie moléculaire à l’économie.En 1999, nous avons commencé par dresser un état des lieux des recherches conduites à l’Inra, de manière à faire ressortir lesforces mais aussi les limites voire les lacunes dans certains domaines. L’exercice a été réactualisé cette année avec l’appui dedocumentalistes pour analyser l’évolution des programmes de recherche.Par ailleurs, nous nous sommes mobilisés sur un second chantier plus prospectif portant sur l’évolution des filières fruits et lé-gumes. Si le travail de recueil de données a été fastidieux, en revanche la confrontation des analyses avec les acteurs profes-sionnels et institutionnels a donné lieu à de passionnantes réunions ! Ce travail a abouti à l’édition d’une synthèse dans laquellesont présentées les caractéristiques des filières ainsi qu’un diagnostic mettant en relief les principaux facteurs de préoccupationdans un contexte de concurrence accrue.Avec l’appui de l’unité prospective de l’Inra, nous avons élaboré une note synthétique identifiant des scénarios à quinze ans, pourle secteur des fruits et légumes. Elle a également alimenté la discussion lors des rencontres que nous organisons entre acteurset chercheurs pour identifier des orientations de recherche. Nous attachons une grande importance à consulter l’ensemble despartenaires du secteur afin de s’appuyer sur ce regard le plus large possible pour mieux identifier dès aujourd’hui des cibles derecherche qui permettront de répondre aux enjeux et aux problèmes de demain. »

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+d’infosOExpertise Fruits et légumesRapport d’expertise « Les fruits etlégumes dans l’alimentation - enjeux et déterminants de la consommation »Pierre Combris, Marie Josèphe Amiot-Carlin, France Caillavet, MathildeCausse, Jean Dallongeville, MartinePadilla, Catherine Renard, Louis-Georges Soler (éditeurs) www.inra.fr/les-partenariats/expertiseOlivres :Histoire et amélioration de 50plantes cultivées, Claire Doré, FabriceVaroquaux, Ed.Quae - 2006Fruits et légumes, caractéristiques etprincipaux enjeux. Un point sur lafilière, Benoît Jeannequin, FrançoiseDosba, Marie Josèphe Amiot-Carlin, Ed. Quae - 2005Histoires de légumes des origines à l’orée du XXIe siècle, Michel Pitrat,Claude Foury, Ed. Quae - 2003Oweb :Recherche sur le végétalwww.inra.fr/internet/Directions/PPVCarrefour innovation agronomiquewww.www.inra.fr/ciagOPôles de compétitivité :Avignon : Pôle Européen d’InnovationFruits et Légumes Dijon : Vitagora « Goût - Nutrition -Santé » Angers : Vegepolys (semence,maraîchage, arboriculture, plantesaromatiques)

Ocontacts :[email protected] (expertisescientifique collective à l’Inra) [email protected] (coordinationexpertise Fruits et légumes)[email protected] (procédés detransformation)[email protected] (alimentationhumaine)[email protected] (plante etproduits du végétal)[email protected] (PicLeg)[email protected](filières légumes)[email protected] (filières fruits)

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R ❝La segmentationdu marché offre auconsommateur desproduits de qualitésdifférenciées ❞

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Tous dans un même bâti-ment, nous serons plus vi-sibles à l’international ».Au-delà de GoogleEarth,cette remarque souligne

ce que les chercheurs en microbio-logie du sol et de l’environnementespèrent de la dynamique en cours.Le nouveau bâtiment matérialise lareconnaissance d’une disciplinescientifique montante, l’écologiemicrobienne et les relations micro-bes-plantes. Il affiche aussi l’impor-tance du site dijonnais dans un do-maine porteur : le renforcement dela microbiologie des sols est l’une destreize mesures en faveur de la bio-diversité retenues par le Grenelle del’environnement.

Plateaux techniquesDe conception résolument moderne,l’architecture privilégie aussi la sécu-rité et la rationalité des installationsscientifiques. Une coursive entière-ment vitrée faisant le tour d’un largepatio intérieur dessert les labos dontla cloison vitrée procure un éclairagenaturel sans réverbération directe dusoleil et offre une vue sur les « ma-nips ». L’atmosphère dépressuriséeou en surpression évite que les conta-minants n’entrent ou ne sortent deslaboratoires. Tout cela prolonge la dé-marche qualité que Philippe Leman-ceau, directeur de l’une des deux uni-tés de recherche qui a investi les lieux,a mis en place avec deux animatricesqualité. Outre les laboratoires de

microbiologie pasteurienne, un en-semble d’équipements de microsco-pie (confocale, à balayage, à trans-mission, à dissection laser) et degénotypage apportent au lieu une vé-ritable plus value scientifique. Struc-turés en plateaux techniques, ils sontouverts à tous les scientifiques du« Grand campus dijonnais ». Au rez-de-chaussée une zone est dédiée auxexpériences utilisant la radioactivité.Fabrice Martin, particulièrement sou-cieux de l’ouverture de la recherche,pilote depuis 2003 ces services mu-tualisés (Sercobio).Les quelque 180 personnels qui peu-plent le Centre de microbiologie dusol et de l’environnement (CMSE) separtagent entre deux unités mixtesde recherche associant des chercheursde l’Inra, du CNRS, de l’université deBourgogne et des « visiteurs » étran-gers. L’une des unités est centrée surl’écologie microbienne du sol et del’environnement (MSE) et l’autre surles interactions entre plantes, micro-bes et environnement (PME). Com-plémentaires dans leurs recherches,les uns et les autres vont devoir faireculture commune.

Décrire la flore microbiennedes solsUn premier pan de travaux s’attacheà décrire la diversité de la flore bac-térienne et fongique, évaluée à 104

ou 105 espèces différentes par-gramme de sol. Lionel Ranjard cher-cheur de l’unité MSE travaille sur la

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LE NOUVEAUBÂTIMENT inauguré le 30 novembre 2007

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unitésO INRA À DIJON

Le Centre de microbiologie

du sol et del’environnement

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repères «52chercheurs

28ingénieurs

37techniciens

25doctorants

6 post-doctorants

16contractuels

Examiner les publicationsscientifiques des chercheurstravaillant sur la filière desfruits et légumes, toutesdisciplines confondues, donneune vision du positionnementquantitatif et qualitatif destravaux de l’Inra. Une analysebibliométrique a ainsi interrogéla base de donnéesinternationale de référence, le« web of science » (WOS). Surla période 2000-2005, 1 211articles y sont indexés. Ilsrelèvent principalement desdomaines suivants : santé desplantes, agronomie, génétique,

agroalimentaire et alimentation.Les espèces les plus étudiéessont : tomate, pois et haricot,pomme, pêche, raisin de tableet agrumes. Les sciencessociales, mal couvertes par leWOS, sont de ce fait sousreprésentées. La majorité desarticles est cosignée avec unou plusieurs partenaires,principalement originaires desEtats-Unis ou d’Europe. Enfin,les revues dans lesquellesparaissent les articles ayant unauteur Inra sont pour plus de lamoitié des revues de notoriété« excellente ».

Etude bibliométrique des publicationsscientifiques de l’Inra concernant les fruits et légumes

sent. Les objectifs actuels de santé pu-blique appellent la recherche à consoli-der les connaissances et à concevoir desoutils d’aide à la décision pour augmen-ter leur consommation. Les pistes de ré-flexion s’orientent vers l’utilisation si-multanée de l'ensemble des leviersd'action en complétant les politiques d'in-formation par des politiques d'offre. Danscette optique, un élargissement de lagamme offerte aux consommateurs as-sociant, d’un côté, une baisse des prix sur

les segments de produits génériqueset, d’un autre côté, une améliorationde la qualité sur les segments de pro-duits différenciés pourrait constituerune voie intéressante. Cela supposeune politique volontariste.Lors du colloque de restitution des ré-sultats de l’expertise, le ministre del’Agriculture, Michel Barnier, a affirméouvrir ce chantier en commençant parun programme de distribution defruits dans les écoles. ●

© Pascal Baudry / Min. Agri. Fr

ARRACHAGEde carottes en pleine terre.

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●ESCALIER ETPALIERSdesservant les trois étagesdu bâtiment.

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●FABRICE MARTIN,directeur derecherche etMuhammad Anees,thésard pakistanaispréparant deséchantillons d'ADNde sol.

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●RÉALISATION DECOUPES SEMI FINES d'échantillon de racinesà l'aide d'un microtomeà paraffine.

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●CHRISTINE ARNOULDvisualisant uneexpérience à l'aide du microscope optiqueconfocal.

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VISUALISATIONde l'expression

des gènesribosomiques sur

des spores de Glomus

intraradices.

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●RÉGÉNÉRATION

de variétésfruitières

régionales.

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© Inra / Christophe Maître © Inra / P. seddas, C. Arnould

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+d’infosOweb :www.dijon.inra.frwww.dijon.inra.fr/pmewww.dijon.inra.fr/biotecOcontacts :[email protected]@[email protected]

caractérisation de l’ADN extrait des2200 échantillons du Réseau de me-sure de la qualité des sols français(RMQS) piloté par l’Unité Infosol del’Inra à Orléans. Enregistrées dans une« DNAthèque », les données permet-tent des comparaisons selon l’usagedu sol (agricole, forestier, urbain),l’évolution des pratiques ou du cli-mat, mais aussi de mesurer les consé-quences d’une pollution industriellepour le sol. La modélisation en croi-sant biologie, cartographie et géosta-tistique représente la façon dont labiodiversité microbienne se régule.« Les chercheurs ont ainsi observé unerépartition hétérogène mais structuréede la flore microbienne des sols franci-liens selon un transect lié au pH », illus-tre Lionel Ranjard. Une autre ques-tion taraude les chercheurs : lefonctionnement de l’écosystème est-il affecté lorsque la biodiversité micro-bienne est réduite ? Des études ontmontré que non, en situation « stan-dard », mais qu’en est-il en conditionsplus extrêmes ? Laurent Philippot vatâcher d’élucider ce point, en Suède,à partir des données d’une station ex-périmentale fonctionnant depuis 1956.

Symbioses microbes-plantesSi l’activité des microorganismes estglobalement peu connue, on utilisedéjà en agriculture le fait qu’une partde la flore du sol bactérienne (Rhi-zobium) et fongique (champignonsmycorhizogènes) entretient des sym-bioses avec les plantes. D’un côté, lesmicrobes colonisent les racines et senourrissent des molécules évacuéespar exsudation : 30 à 40% de l’éner-gie de la plante est ainsi libérée auprofit du cortège microbien avoisi-nant. De l’autre, la microflore facilitel’absorption par les racines de com-posés organiques et minéraux qu’elletransforme en nutriments (carbone,azote…) accessibles à la plante. Leschampignons mycorhizogènes déve-loppent également des hyphes, longsfilaments qui absorbent, stockent ettransportent les éléments nutritifsjusqu’à la plante. Ces hyphes connec-tent les racines entre elles constituantun réseau de communication, à lamanière d’un Internet souterrain.C’est un des arguments en faveur dusemis direct : il ne casse pas cettestructure de coopération.Par ailleurs, les microorganismes dusol développent autour des racinesun environnement antagoniste auxpathogènes qui ont du mal à s’im-planter. Ce qui confère aux sols une

certaine résistance aux maladies d’o-rigine tellurique. « L’activité symbio-tique microbes-plantes contribue éga-lement à la santé des plantes », complèteVivienne Gianinazzi-Pearson, direc-trice de l’Unité PME qui mène sur cesujet un programme avec la Chine etle Brésil. Françoise Simon-Plas etXavier Daire étudient, eux, les méca-nismes de défense dus à des micro-organismes non symbiotiques (du solou de l’air) lesquels alertent la planteet induisent une cascade de réactionsactivant ses défenses. « Cette biotech-nologie douce est une alternative auxpesticides ou aux OGM. Trois entre-prises commercialisent en France detels métabolites (appelés éliciteurs) ens’appuyant sur les travaux de l’Inra »,complète Silvio Gianinazzi, coordi-nateur du CMSE. Les chercheurs ex-plorent comment générer cet état derésistance uniquement autour dupoint d’attaque du pathogène afin desolliciter le moins possible les res-sources de la plante.

Services écosystémiques Les micro-organismes ont égalementun rôle détoxifiant du sol. Ils sontcapables d’utiliser la matière activedes pesticides comme une source denutriment et de diminuer ainsi leur

demi-vie dans le sol. C’est sur ces pro-cessus que travaille Fabrice Martin.Une récente innovation valorise cettecompétence pour décontaminer leseffluents phytosanitaires dans des« biobacs » en sortie de champ.Cette biodégradation vaut aussi pourles composés azotés, l’enjeu étant alorsla lutte contre le réchauffement cli-matique. Selon la nature de la micro-flore et la structure du sol, l’azotesoluble est réduit en N2 ou en N2O.Le premier est le principal constituantde notre atmosphère, le second, ungaz à effet de serre. Comprendre lemécanisme à l’œuvre permet d’unepart d’orienter les agriculteurs versdes pratiques agricoles (labour, pH,choix culturaux) favorables à la ré-duction en N2 ; et d’autre part, de pré-dire les flux de N2O dégagés dansl’atmosphère par les microorganismesd’une parcelle cultivée. ●

Catherine Donnars et Gérard Simonin

reportage photo : Christophe Maître

●VUE SUR LES

LABORATOIRES à partir

d’un couloircirculaire vitré.

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C’est une mue imprévisible qu’opère cette année le campusscientifique de Dijon ! Le bâtiment du CMSE précède unréaménagement qui va relier par une esplanade l’Inra etl’université. D’autres frontières s’effacent. Le CMSE et deux autresunités de recherche vont constituer une opération structurante surl’« agro-écologie de la parcelle cultivée ». Créée en 2007, laFédération de recherche Buffon - du nom du célèbre naturalistebourguignon du siècle des Lumières - chapeaute dorénavantl’ensemble des recherches régionales sur l’agro-environnement. Depuis juillet, le GIS Agrale englobe la recherche (université, Inra,CNRS) et les écoles supérieures agronomiques, Enesad et Ensbana. Un Centre régional d’innovation de transferttechnologique (CRITT) Agro-environnement est né début 2007.

Ça bouge à Dijon !

Financementdu bâtiment

10,35millions d’euros

57%Conseilrégional

43%Inra

repères

© Inra / Gérard Simonin

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●FRANÇOISE

SIMON-PLAS,chercheuse,

unité derecherche

Plantes-microbes-

environnement.

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●PHILIPPE

LEMANCEAU,directeur de l’unité

de rechercheMicrobiologie

du sol et del’environnement.

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● INRA MAGAZINE • N°3 • JANVIER 2008 INRA MAGAZINE • N°3 • JANVIER 2008 ●29

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des « archives ouvertes » (open ar-chive). En France, de nombreuxorganismes de recherche publics ontsigné la déclaration de Berlin qui af-firme entre autres que « nous rem-plissons imparfaitement notre missionde diffusion de la connaissance si l’in-formation n’est pas mise rapidementet largement à la disposition de la so-ciété. » L’Inra concrétise cette volontépolitique en créant une base institu-tionnelle de publications, Prodinra,dans laquelle sont répertoriés tous lesarticles, livres, communications… desscientifiques, soit environ 6000 pu-blications par an. De plus, l’Institutparticipe au projet d’archives ouver-tes nationales (HAL) avec le CNRSet d’autres partenaires. Les comitéséditoriaux des revues scientifiques del’Inra intègrent cet objectif dans leurstratégie ce qui suppose de revoirparallèlement le modèle économiquedes revues. En effet, on passe d’unmodèle où le lecteur paie un abon-nement à un modèle où l’auteur paiepour être diffusé. Cette libre diffusionsur Internet accroît significativementles citations des articles.

Des projets collectifsLes nouvelles technologies de re-cherche et de gestion de l’informa-tion font émerger de nombreux pro-jets qui impliquent collectivementdocumentalistes, terminologues etscientifiques. Une coopération se dé-veloppe au sein de l’Inra et entreorganismes de recherche. Les Editions

unmétier

O INFORMATION SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE

L’information scientifique a basculé vers le « tout numérique »

OJeunes chercheurs« Notre investissement se porte sur les doctorants, dont le cursusles oblige à suivre des modules de formationà l’IST. » D. F.

OFormation « Les chercheurs sont demandeurs de formation car ils passent beaucoup de temps dans la recherche d’informations. A Avignon, nous organisons de 5 à 6 sessions thématiques deux foispar an. 70 personnes se forment, soit 10% de l‘effectif. L’idée est d’enclencher une dynamique, en parallèle de l’accompagnement des documentalistes rattachés aux unités de recherche » Pascal Aventurier, Avignon.

OPublications « Valoriser les publications Inra,c’est les rendre visibles par les moteurs de recherche. La saisie dans ProdInra est une tâchequi peut paraître ingrate mais dont la valeur ajoutéeréside dans le résumé, les adresses, les référencesqu’ajoutent les documentalistes. » D. F. « Déposer un article directement dans les archivesouvertes est une démarche plus difficile que deconsulter ces archives... Les chercheurs peuventdéposer des versions « post-print » ou « pre-print » ce qui permet de faire connaître leurs travaux tout en publiant dans des revues » P. A.

OVeille stratégique« Le département santé animale a ouvert en 2005 un service de veilleréglementaire auquel participent une trentaine d’experts de différentsorganismes. Aujourd'hui, environ 400 inscrits utilisent ce service. Nous travaillons maintenant à un bouquet d’outils de veille sur les innovations industrielles, les évènements (appels d’offre, bourses, colloques), ou sur desaspects en direction des filières... » Marie-Colette Fauré, Toulouse

OBibliométrie « Dans l’expertise scientifiquesur les fruits et légumes, la base bibliographiquepermet de construire un corpus scientifique surdes problématiques sociétales. Dans l’analyse bibliographique des recherches Inra sur les filièresfruits et légumes, la base biblio est un indicateurdu positionnement scientifique de l’Institut » D. F.

OBase de connaissances « Nous travaillons sur un outil de représentation des connaissances scientifiques horticoles, qui constituera un référentielpour tous les scientifiques du domaine et une interface innovante (graphe) pour rechercher l'information. Les chercheurs prennent conscience qu'il faut de nouveaux outils pour extraire l'information utile, noyée dans des masses documentaires croissantes. » P. A.

OLivres « On n’a plus ni livre, ni revue sauf nos propres revues de l’IST » M.C. F.« Etant responsable de la bibliothèque de l’école Montpellier Supagro, les rayonnagesde livres et de revues sont encore alimentéscontrairement aux bibliothèques des centresInra. Ce sont mes antidépresseurs, face aumonde virtuel » Dominique Fournier, Montpellier.

Verbatim de trois responsables IST

Quæ qui réunissent les services « édi-tion » du Cirad, du Cemagref, del’Ifremer et de l’Inra, démarrent unprojet d’édition scientifique numé-rique. L’idée est de concevoir des pro-duits éditoriaux multi-supports. Unaccord avec Google print a déjà étésigné. L’Inra s’implique dans un pro-jet de bibliothèques numériques avecle Cemagref, le Cirad, l’IRD ; dans leprojet Termsciences (sur la termi-nologie) avec le CNRS (Inist) et d’au-tres partenaires, etc. De même, nousnégocions dorénavant collectivementl’achat des ressources électroniquesd’Elsevier (Science direct) ou deThomson scientific (Web of science etJournal Citation Reports). De plus,l’organisation régionale de la recher-che (en pôles et réseaux thématiquesde recherche avancée) nous incite ànous préparer à des partenariatsrégionaux.En revanche, nous n’avons pas en-core franchi l’étape européenne enrépondant aux appels d’offre IST.Nous n’en avons d’ailleurs pas forcé-

ment les capacités ni l’objectif au-jourd’hui. Ce qui n’empêche pas lesdocumentalistes d’être souvent solli-cités dans les projets européensmontés par les scientifiques.

SpécialisationsMalgré ces bouleversements, les docu-mentalistes continuent d’avoir un soclecommun de compétences : le traite-ment de l’information. Mais l’évo-lution technologique et les besoins desscientifiques les orientent vers des spé-cialités : veille stratégique ou partena-riale, gestion des connaissances (relierles connaissances des experts avec dessources d’information diverses), biblio-métrie. Celle-ci se développe avec lademande croissante d’indicateurs pourcaractériser l’activité scientifique. Lesdocumentalistes doivent égalementtransférer leurs savoirs. Le projet« MISTer » de formation des docto-rants à l’IST est par exemple validé parles écoles doctorales.Enfin, pour mieux définir le posi-tionnement de l’IST à l’Inra, nous

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« L’Internet a fondamentalement transformé les réalités matérielles et économiques de la diffusion de la connaissance scientifique et du patrimoine culturel.

Pour la première fois, l’Internet nous offre la possibilité de constituer une représentation globale et interactive de la connaissance humaine, et la garantie d’un accès mondial ».

Déclaration de Berlin sur le libre accès, octobre 2003.

+d’infosOweb :www.inra.fr/intranet-istwww.inra.fr/prodinrawww.termsciences.frLibre accès :http://openaccess.inist.fr etwww.archives-ouvertes.fr www.avignon.inra.fr/information_documentation_produits/documentation_information_scientifique_et_technique/projets/le_projet_ontofruit

Plus de

150documentalistestravaillent à l’Inra.

repèresavons lancé, il y a un an, un chantierdénommé « FuturIST » qui identifieles besoins des scientifiques, les ser-vices à rendre et précise les compé-tences et l’organisation pour rendreles services. Ce projet initié par ladirection de l’Inra implique l’IST, laDRH, les documentalistes et lesscientifiques. Cette vaste réflexionnous est enviée par les documenta-listes d’autres organismes. ●

D’après un entretien avec Odile Hologne, directrice déléguée

à l’Information scientifique et technique

C. D.

étape d’une politique nationale d’ac-quisition de ressources électroniques.Aujourd’hui, depuis leur poste de tra-vail, les chercheurs accèdent à plusde 3000 abonnements électroniqueset plébiscitent ce service. A Versailleson est passé de 400 abonnements -« papiers » début 2000 à une dizaineactuellement. Quant à la salle de lec-ture, elle a été transformée, en partie,en bureaux et salle de réunion !

Le libre accèsEn corollaire du développement d’In-ternet, l’Inra accompagne, depuis2004, le mouvement en faveur du libreaccès aux connaissances scientifiques(open access) et à leur diffusion dans

L e domaine de l’informationscientifique et technique(IST) a beaucoup évolué de-puis les années 2000. Qu’il

s’agisse de recherche documentaire,de traitements des données, de dif-fusion des articles, les méthodes ontchangé avec Internet. Avec l’accès auxrevues électroniques et l’usage deGoogle comme moteur de rechercheles documentalistes ne sont plus unpassage obligé.A l’Inra, le « grand virage » vers le nu-mérique date de 2002. L’Institut ouvreune plateforme d’accès interne auxrevues électroniques éditées par El-sevier, un des principaux éditeursscientifiques privés. C’est la première

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INRA MAGAZINE • N°3 • JANVIER 2008 ●

Qu’est ce qui vous a plu dans le travail de l’autre ?Stéphane Ponton : J’apprécie le coup de crayon et la BD met habilement en scène le travail du chercheur comme il est vécu, sanspour autant s’en tenir à une description. Lescénario est pimenté par les anecdotes duvoyage en forêt amazonienne. Ce projet m’a tout de suite enthousiasmé parceque son lectorat va de 11 à 77 ans et que nousavons besoin de démultiplier les initiatives quipermettent d’intéresser les jeunes aux sciences !Julie Blanchin : Ma précédente BD, le chantdu Paypayo, portait déjà sur l’écologie enGuyane. Le directeur de Quae, Camille Raichon*,m’a proposé de reprendre l’idée avec un comitéde suivi scientifique afin d’enrichir le contenuscientifique et historique. En revanche, leschercheurs et Quae nous ont laissé totalementlibres sur le graphisme et le scénario.

Comment vous y êtes-vous pris ?J. B. : Avec Laurent Sick, graphiste, qui a réaliséle CD-ROM, nous sommes partis deux mois pour le repérage et les enregistrements. Nous avons rencontré des chercheurs et techniciens de l’Inra, du Cirad, de l’Engref, du Museum, du CNRS… La « tour à flux » est au centre de la BD : cet équipementscientifique exceptionnel permet de mesurer, à hauteur de la canopée, les échanges gazeuxentre la forêt et l’atmosphère. Les autreschapitres se sont greffés autour. De retour, nous avons réalisé la BD et le CD-ROM en lien avec les équipes de Nancy.

Pourquoi Nancy ?S. P. : Les unités de recherche Ecologie desforêts de Guyane (Ecofog) et Ecologie etEcophysiologie Forestières de Nancy travaillentsur la forêt. Les questions scientifiques de fondsont similaires en milieux tempéré et tropical :

appréhender le fonctionnement complexe desécosystèmes forestiers, comprendre quelles sontles relations entre biodiversité et fonctionnement,anticiper les évolutions du fait des changementsenvironnementaux... Les liens entre les deuxunités sont historiques et entretenus par de trèsnombreuses collaborations. Les nancéiensimpliqués dans le comité de suivi scientifique de la BD sont d’ailleurs d’anciens chercheursd’Ecofog.

Comment avez-vous concilié BD et contenu scientifique ?S. P. : Il a fallu poser des mots qui respectaientles réalités scientifiques sans surcharger la BD,d’où l’idée d’offrir un complément scientifiqueplus approfondi à travers le CD-ROM.

Le titre est joli… J. B. : Il renvoie à la terre rouge des latosols de Guyane et résonne comme le signal d’alarmeau réchauffement climatique. C’est aussi le nomd’un tout petit village situé sur les rives duMaroni. Avec le dessin de pirogue, la couvertureest une invitation à l’aventure écologique.

Propos recueillis par C. D.

OTERRE ROUGEJulie Blanchin, Laurent SickÉDITIONS QUAE, 2007, 110 PAGES CD ROM INCLUS, 25 €

Une BD

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uncolloque

O PROSPECTIVE AGRICULTURE 2013

En tant qu’économiste, quelles particularités avez-vous rencontré dans cet exercice prospectif ? Vincent Chatellier : Les modèlesutilisés en économie cherchent àmieux appréhender l’évolution desvolumes de production, de consom-mation, d’exportations et d’impor-tations, et l’évolution des prix. En re-vanche, ils sont à ce jour moins bienarmés pour rendre compte des consé-quences environnementales et terri-toriales. Cette insuffisance nécessitele recours à des approches multidis-ciplinaires comme cela a été privi-légié dans cette étude prospective. Parailleurs, il est difficile d’anticiper surles chocs climatiques et sur les crisessanitaires. Pourtant les effets peuventêtre substantiels tant à l’échelle d’unepetite région agricole que d’un pays.Par exemple, la sécheresse persistanteen Australie, la crise de l’ESB et la fiè-vre catarrhale ovine ont interféré demanière inattendue sur l’évolutionde l’offre et sur les flux commerciaux.

Quelles politiques pèsent le plus sur l’avenir du secteurbovin entre la PAC, l’OMC etl’impact d’un développementdes biocarburants ?V. C. : Ces trois éléments sont im-briqués. La Politique agricole com-mune (PAC) aura, comme par lepassé, une influence déterminante surle secteur bovin. Malgré les ajuste-ments envisagés par la Commissioneuropéenne, les aides directes conti-nueront de jouer à moyen terme un

rôle important dans le revenu des éle-veurs. Les critères de conditionnalitédu soutien européen modifieront lamanière dont seront traduits les en-jeux environnementaux et sanitairesliés à l’élevage. La baisse des droitsde douane envisagée par l’Organisa-tion mondiale du commerce (OMC)nuit à la compétitivité de la viandebovine européenne qui sera com-pensée par un recours accru aux im-portations. Dans le secteur laitier, lesimportations resteront limitées (2%à 3% de la consommation euro-péenne). Le développement des bio-carburants devrait, quant à lui, avoirune incidence hétérogène sur les sys-tèmes d’élevage selon leur degré d’a-chat en céréales (dont le cours seraiten hausse) et leur recours aux tour-teaux protéiques (coproduits des bio-carburants d’où un prix en baisse).

Quelle analyse faites-vousdes récentes propositions de réforme de la PAC émisespar la Commission européenne ?V. C. : L’abandon des quotas laitiersà l’horizon de 2015 suscite d’inten-ses réflexions en France, où les pou-voirs publics ont toujours joué un rôleimportant dans la régulation de cesecteur, ce d’autant que les quotaspoursuivaient un objectif concomi-tant d’aménagement du territoire en« fixant » le volume de production pardépartement. Dans le secteur allaitant,le découplage* total des primes laissepeser le risque d’une délocalisationpartielle de la production, au détri-

ment des zones de montagne ou inter-médiaires. L’homogénéisation pro-gressive du paiement unique par hec-tare, l’accentuation du taux demodulation des aides et le bascule-ment de crédits vers le développementrural préconisés par la Commissionpourraient être globalement favora-bles aux activités d’élevage et plus par-ticulièrement aux systèmes herbagersextensifs. L’exercice prospectif met enévidence le besoin de politiques pu-bliques ciblées sur les élevages à l’herbe(bovin et ovin) compte tenu de leursrôles environnemental et territorial. Ilsouligne aussi que tout autant que sou-tenir les revenus agricoles, il convien-dra de leur apporter une stabilité, enassociant instruments individuels etcollectifs, privés et publics, de gestiondes risques et des crises. ●

Propos recueillis par C. D.

* Avec le découplage, le soutien n’est plus lié à l’acte de production. Comme dans le cas du paiement unique, il est attribué forfaitairementsur la base d’un montant historique de paiements alloués aux exploitants.

L’Inra, dans le cadre d’un partenariat avec le Crédit Agricole et Groupama, vient de conclure une étudeprospective sur l’agriculture européenne et française à l’échéance 2013. Parmi les résultats, l’Institut souligne un risque de fragilisation du secteur bovin. Vincent Chatellier, un des économistes ayant contribué à cet exercice prospectif, nous explique pourquoi et sur quels aspects.

Le rôle territorial de

l’élevage bovin

+d’infos• Les résultats de la prospectiveagriculture 2013 sont présentés en troisfascicules « résultats et enseignementsprincipaux par scénario », « résultats etenseignements principaux par thème » et « objectifs et méthodologie »www.inra.fr/agriculture2013• Evolution de la Politique agricole commune, Inra Sciences sociales -septembre 2007 www.inra.fr/internet/Departements/ESR/publications/iss/iss07-2.php• « Bilan de santé » PACec.europa.eu/agriculture/capreform/index-fr.htm• www.inra.fr/unite-prospective• www.inra.internet/Departements/ESR/

Terre rouge est une bande dessinée racontant l’expédition de deux jeunes gens en Guyaneauprès d’équipes de recherche en écologie forestière. Interview croisée de StéphanePonton, chercheur à Nancy et de Julie Blanchin, illustratrice et co-scénariste de la BD.

en Guyanesur les recherches©

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VincentChatellier,Inra, Nantes.

* Camille Raichon est décédé le 7 octobre 2007.

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INRA MAGAZINE • N°3 • JANVIER 2008 ●● INRA MAGAZINE • N°3 • JANVIER 2008

De l’utilité des milieux humidesO CONSERVER LES MILIEUX HUMIDES : POURQUOI ? COMMENT ? par Geneviève Barnaud et Eliane Fustec, CO-EDITION EDUCAGRI ET QUAE

zones humides. Leur ouvragede synthèse est centré sur leszones humides de noscontrées ouest-européennesen majorité modelées oucréées par l’homme pourdivers usages agricoles,piscicoles, cynégétiques ou deloisirs. Leur fonctionnementest, aujourd’hui, conditionnépar le maintien et lareconstitution des effetsbénéfiques de certainespratiques mais aussi par uncontrôle accru des causesdirectes et indirectes de leurpersistante dégradation.Les scientifiques se sontintéressés récemment àl’identification et à laquantification des fonctionsdes milieux humides : contrôledes crues, épuration des eaux,lutte contre l’érosion, maintiende la biodiversité… De mêmequ’est récente leur évaluationsocio-économique. Ces travauxont infléchi la portée et lamanière d’utiliser les diversoutils juridiques et techniquesaffectés à la conservation et àla restauration des milieux

humides : loi sur l’eau, loirelative au développement desterritoires ruraux, directiveseuropéennes, conventionsinternationales. Cependant, lanécessité d’une meilleurecohérence entre les différentespolitiques influençant ledevenir de ces milieux, si elleest admise, peine encore à seconcrétiser, malgré le plangouvernemental d’action enfaveur des zones humidesdatant de 1995. De fait, lamobilisation des scientifiques,des gestionnaires et desautres acteurs, notamment dumonde agricole, devient uneobligation afin de préciser etde valoriser les multiples rôlesdes zones humides ainsi quepour imaginer les moyens defaire face intelligemment auxeffets des changementsglobaux.

Véronique BarreMinistère de l’écologie

et du développement durableDirection des études économiques

et de l’évaluation environnementale

Les milieux humides sontparmi les écosystèmes les

plus emblématiques desrelations contradictoires qui sesont développées, depuis lestemps les plus anciens, entrel’homme et la nature. Malgréleur intervention majeure dansles équilibres et dans larichesse de la biosphère d’unepart, et d’autre part les mesuresde protection qui se sontmultipliées au cours desdernières décennies, plus de lamoitié d’entre eux ont disparu.Ils restent parmi lesécosystèmes les plus menacés. Spécialistes du fonctionnementet de la conservation de cesmilieux, les auteurs ontactivement participé au Conseilscientifique du programmenational de recherche sur les

«www.quae.com

c/o Inra - RD 10 -F-78026VersaillesCedex

éditionsQuæ

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OOGM : quels risques ? par Jacques Testard et Yves ChupeauCe petit bouquin a l’originalité de présenter les arguments dedeux contradicteurs scientifiquesqui se répondent alternativement :Jacques Testard, directeur derecherche à l’Inserm et présidentd’Inf’OGM et Yves Chupeau,président du centre Inra à Versailles.Éditions Prométhée - collection pourou contre ? - 2007 - 62 p. - 10 €.

en bref

revues

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SOPaysages : de la connaissance à l'action par Martine Berlan-Darqué, Yves Luginbühl, Daniel Terrasson Sont ici rassemblés les travauxmenés, principalement en Europe,pour comprendrele fonctionnement des politiquesde protection et de gestion du paysage. Le livre abordesuccessivement les enjeux de l’action paysagère, les relationsentre paysage et espace publicurbains, les politiques et enfin les modalités de participation du public.Éditions Quæ - 2007 - 316 p. - 25 €.

OAlimentation populaire et réforme socialepar Anne Lhuissier Par une approche ethnographiquedes pratiques alimentaires dans laseconde moitié du XIXe siècle,l’auteure propose une typologie desfamilles ouvrières selon leur rapportà l’épargne, à la consommation et aux modes de vie. L’ouvragemontre par exemple comment la vieurbaine en imposant un repas dumidi hors domicile a participé à la différenciation sociale des consommations alimentaires.Éditions de la Maison des sciences de l’Homme et Éditions Quæ - 2007 -272 p. - 26 €.

OCommunications en ligne Les communications du colloque« Les mondes ruraux à l’épreuvedes sciences sociales » (Dijon, mai2006) sont éditées sous formenumérique. Cette compilationtémoigne de l’état des recherches,principalement réalisées par dejeunes chercheurs, sur des thèmesvariés : conflits, appropriation des espaces, mondes agricoles,scolarités, politisation des espacesruraux, économie, environnement,histoire et usages des sciencessociales.Quæ - www.symposcience.org

OLes biotechnologies au feu de l’éthique par Claude DurandCe livre examine la légitimitééthique des recherches à partir de la position et des pratiques de chercheurs, ainsi que de l’encadrement normatif etréglementaire de l’innovation.L’auteur, directeur de recherche au CNRS, nourrit son analyse par l’observation d’un laboratoiretravaillant sur le clonage animal à l’Inra et du Généthon (laboratoirede thérapie génique).Éditions l’Harmattan - coll. Scienceset société - 2007 - 234 p. - 21 €.

OBioclimatologie - concepts et applicationspar Sané de Parcevaux, Laurent Huber Synthèse entre les sciencesphysiques et biologiques, la bioclimatologie contribue à lacompréhension des relations entre le climat et les écosystèmes cultivésou naturels. Destiné aux étudiants,professionnels, géographes,aménageurs…, ce manuel présenteles principes théoriques, des méthodes d’analyse et des exemples d’application.Éditions Quæ - collection Synthèse -2007 - 324 p. - 45 €.

OLE COURRIER DE L’ENVIRONNEMENT NUMÉRO 54 - SEPTEMBRE

ODEMETER 2008CLUB DÉMÉTER - SEPTEMBRE 2007 - 25 €

Edité par la Missionenvironnement-société,

« service de contre-pied » del’Inra comme le présente sondirecteur, Patrick Legrand, dansl’éditorial, ce numéro revient surl’impact de la réglementation surla biodiversité des semences proposées aux agriculteurs et jardiniers. Il évalue la marche à franchir pour qualifierles exploitations, sujet repris par le Grenelle, à l’aune du référentiel d’agriculture raisonnée. Deux articles sur les jachères fleuries montrent comment favoriser la biodiversité des pollinisateurs peut conduire à des préconisations culturales différentes selon que l’onregarde plutôt les abeilles domestiques ou plutôt leursconsoeurs sauvages.

L ’édition 2008 du Déméter - Économie et stratégiesagricoles - offre une large place aux thématiques et

auteurs de l’Inra. B. Chevassus-au-Louis et M. Griffon(Cirad) entament la revue par un plaidoyer pour une

agriculture à haute valeurécologique. D. Desbois et J. Néfussi analysent les résultatséconomiques des productions sous signes de qualité. La deuxièmepartie forme un riche dossier sur les biocarburants. Il fait unpoint sur la demande et lescapacités de production d’énergie(J.P. Favennec) ; analyse les

politiques européennes et américaines (D. Treguer) ;présente un focus sur le Brésil (J. P. Bertrand & al) et traite enfin de manière précise les différents aspects des biocarburants de deuxième génération : ressources,transformation, conséquences pour l’agriculture, bilansenvironnementaux (J. Cormeau et G. Gosse).

Comment un « lac à truite » devient un « lac à brochet »

+d’infosOwww.inra.fr/dpenv/pa.htm

+d’infosOwww.clubdemeter.com

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O POISSONS DES LACS NATURELS FRANÇAISEcologie des espèces et évolution des peuplementspar O. Schlumberger et P. Élie, ÉDITIONS QUAE - 2008 - 224 PAGES - 29 €

Pourquoi telle espèce est-elle fréquentedans tel lac ? Pourquoi telle autre ne se

rencontre que rarement ? Cet ouvrage réponden détaillant les exigences écologiques d’unetrentaine d’espèces de poissons de lacs :stratégies de reproduction, de croissance,d’alimentation, la structure des populations,

peuplements, relations inter-spécifiques...Il aborde également les répercussionspossibles du changement climatique sur les écosystèmes lacustres. Biologistes,écologues et gestionnaires de milieuxaquatiques y trouveront d’utiles informationspour évaluer et gérer les lacs.

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spécifique pour harmoniser les pratiques entreorganismes de recherche et produire des indicateursd'émergence nationale. Il doit notamment conduire desnégociations avec Thomson Scientific pour que cettefirme adapte ses pratiques d'analyse à la complexité dusystème de recherche français et prenne aussi enconsidération l’évolution des fronts de science.

Les indicateurs bibliométriques par catégoriesdisciplinaires proposés par ThomsonScientific sont-ils pertinents pour l’Inra ?G. R. : Oui car ces indicateurs constituent un regardexterne objectif sur le positionnement de l'organismesur ses champs disciplinaires, trèsutile pour les choix stratégiquesque celui-ci doit faire. Ladirection souhaite porter unregard nouveau et identique surla stratégie de publications deséquipes de chacun des départe-ments de recherche de l'Inra,exceptés ceux qui sont en chargedes sciences économiques etsociales.L’examen doit porter simultanément sur le nombred'articles publiés, la qualité des revues ciblées et le nombrede citations reçues. Nous avons donc conçu et appliquéune approche normalisée du classement des revues pardiscipline, ce qui permet des comparaisons inter-disciplinaires jusqu'alors interdites en raison de laspécificité du facteur d'impact par discipline. Car unchercheur appartenant à une communauté scientifiquede 30000 spécialistes n’a pas les mêmes chances d’êtrecité que s’il appartient à une communauté de 3 000 000 !

Comment les indicateurs bibliométriquesentrent-ils dans la stratégie de l’Inra ?G. R. : Nous avons par exemple découvert, à travers lesindicateurs issus de la base Essential Science Indicators deThomson Scientific, la très bonne performance de l'Inradans les domaines liés à l’horticulture alors que ce secteurn'avait pas été mis en avant comme ambition scientifiquemajeure. Il devenait irresponsable de ne pas tirer profitde ce positionnement de l'Inra pour donner à la filièrefrançaise le rayonnement et l'influence qu'elle mérite. Cechoix nous a conduit à privilégier les productionsfruitières et légumières dans le cadre du rapprochemententre l’Inra et le CIRAD (8) ; à renforcer les liens avecl'Asie où se situe le bassin de développement majeur dela filière potagère et enfin, à consolider nos participationsau « Global Horticulture Initiative » que vient de lancerl'Alliance des organismes internationaux ainsi qu’au« Challenge programme : High Value Crops » de la Banquemondiale.

Les orientations de recherche de l’Inradoivent-elles être évaluées avec les mêmes outils ?G. R. : Non, ce serait une erreur de limiter les indicateursaux activités académiques de production de connais-

Comment l’Inra considère-t-il le classement2007 de Shanghai (3), palmarès des meilleures universités du monde, où la première université française n’apparaît qu’à la 39e place ?Guy Riba : Pour l’Inra qui vise l’excellence scientifique,il est important d’être dans ces classements internationaux.En France, ce classement a provoqué une profonde ondede choc. Mais il a aussi permis une prise de conscienceparmi les organismes de recherche. Ils découvraient uneréalité jusqu'ici peu explorée : les indicateurs biblio-métriques sont devenus universels et font l'objet declassements déterminants au niveau international. Chaqueorganisme doit donc se doter d’un service compétent pourproduire et analyser des indicateurs issus tant de sespropres bases de données, que des bases de donnéesinternationales. Le CREBI, Centre de ressources etd’expertise en bibliométrie de l’Inra installé à Jouy-en-Josas, est un des pionniers en la matière.

Que doit mettre en œuvre l’Inra pour êtrevisible dans les classements internationaux ?G. R. : L’Inra doit se regarder comme les autres regardentl’Inra ! C'est-à-dire à la lumière des données produitespar la société américaine Thomson Scientific, en particuliersa base de données bibliographiques Science Citation IndexExpanded (4) qui s'est imposée comme l'outil de référencepour étudier la production académique mondiale en« sciences dures ». Résultat : l'Inra obtient le deuxièmerang mondial dans les champs disciplinaires au cœur deson métier, les sciences agronomiques et les sciencesvégétales et animales, tant par le nombre d'articles publiésque par le nombre de citations reçues (5). L’enjeu est demaintenir ce rang. Nos chercheurs doivent en particulierveiller à libeller correctement les adresses et à mentionnerdans leur affiliation l’Inra lorsqu’ils publient (6). Une étudea montré que presque 30 % de nos publications ne sontpas comptabilisées pour ces raisons. De plus, le traitementdes adresses mis en œuvre par Thomson Scientific n’estpas adapté à la complexité du dispositif de recherchefrançais où coexistent plusieurs tutelles.

Est-ce que l’Inra s’inscrit dans une démarchenationale face à Thomson Scientific ?G. R. : Oui, dans le cadre de l’Observatoire des scienceset des techniques (7) qui s’est muni d’un dispositif

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sances, car ils ne couvrent qu'une partie des missions d'unorganisme de recherche finalisée comme l’Inra. Il est doncnécessaire de compléter l'analyse bibliométrique en tenantcompte de la production de ressources biologiques ou debases de données, du transfert des innovations et dessavoir-faire dans la durée, des activités d’expertise ou deformation, de la dynamique des partenariats académiqueset socio-économiques, de la diversité des ressourcesfinancières et enfin de la capacité d’évolution descompétences.De plus, les logiques scientifiques ne peuvent suffire àorienter les recherches qui doivent, également, répondreaux attentes des citoyens, des consommateurs et des acteurs

socio-économiques, comme entémoignent les questionnementsdu Grenelle de l’environnement.

Qu’en sera-t-il del’évaluation des chercheurset de celles deslaboratoires ?G. R. : Les indicateurs biblio-métriques sont avant tout un outilde gouvernance pour l’Inra,

notamment pour mieux positionner ses départementsscientifiques, mais ils ne peuvent pas être utilisés en tantque tels pour l’évaluation des individus dont le parcoursest plus complexe à apprécier. S’agissant par ailleurs del’évaluation des unités, il convient de mettre au pointun ensemble d'indicateurs que l'on puisse établir, suivresans ambiguïté et rendre opposable. A cet effet, l’Inraexpérimente une méthode de suivi contractuel négociéentre les chercheurs d’une unité, le chef de service, le chefde département et la direction générale. ●

Propos recueillis par Magali Sarazin

(1) Animées par les pairs.(2) Calcul basé sur le nombre de citations des articles publiés par unerevue sur une période de deux ans.(3) Etabli depuis 2003 par l’université Jiao Tong de Shangaï :http://ed.sjtu.edu.cn/ranking.htm(4) Produits de Thomson Scientific, Science Citation Index Expanded, SocialScience Citation Index (SSCI) et Arts & Humanities Citation Index (A&HCI)constituent le Web of Science (WOS), base de données bibliographiquesqui contient des notices d’articles d’environ 9000 journaux considéréscomme représentatifs de la meilleure production mondiale.(5) Pour la période de janvier 1997 à avril 2007, d’après Essential ScienceIndicators, autre outil de Thomson Scientific qui agrège sur 10 ans lesdonnées de citations reçues par les articles du WOS.(6) Normaliser les adresses dans les publications :www.inra.fr/intranet-ist/publication/affiliation_lettre_aux_chercheurs_riba.pdf(7) www.obs-ost.fr(8) www.cirad.fr

En 10 ans l’Inra a publié 18 000 articles, le nombre de ses publications scientifiques a augmenté de 30 %.Chaque article est cité en moyenne 10 fois.

Oquelques chiffres

De l’usage des indicateursbibliométriques

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Etablis à partir de l’analyse statistiquedes articles que publient les chercheurs dans les revues scientifiques (1), les indicateurs

bibliométriques se déclinent en nombre de publications, nombre de citations d’articles, en facteur d’impact des revues (2),etc. Guy Riba, directeur général délégué de l’Inra, chargé des programmes, du dispositif et de l'évaluation scientifiques,explique comment ces indicateurs, malgréleurs imperfections, peuvent être de bonsoutils de gouvernance.

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Les indicateurs bibliométriques sontavant tout un outil de gouvernance pour l’Inra.❞

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SÉVILLE, ESPAGNE

Modélisation des politiquesde développementagricoles et rurales /« Modelling Agriculturaland Rural DevelopmentPolicies »Séminaire de l'Associationeuropéenne des économistesagricoles, sur le thème des modèleset des approches de modélisationdestinés à évaluer les politiques de développement agricole et rural.WWW.eaaeseminar.es

5/6 févrierPARIS

40e Journées de larecherche porcineL'objectif des Journées de la rechercheporcine (JRP), co-organisées par l'Inraet l'IFIP - Institut du Porc, est depermettre la diffusion rapide auprèsdes partenaires de la filière, desrésultats de la recherche : compétitivité,respect de l'environnement, bien-êtredes animaux, sécurité alimentaire des produits.WWW.journees-recherche-porcine.com

17/20 févrierVIENNE, AUTRICHE

Premier symposium surl’horticulture en EuropeSymposium organisé parl’Association of Food, VeterinaryScience and Agriculture (ALVA) en Autriche, avec la participation de l’Inra. L’objectif de la rencontre estde donner aux chercheurs l’occasiond’échanger leurs connaissances,informations, réflexions et techniques.WWW.she2008.eu

23 fév/2 marsPARIS, PORTE DE VERSAILLES

Salon international de l’AgricultureL’Inra proposera au public des« ateliers découverte » animés pardes scientifiques, sur ses recherchesen cours dans les domaines de l’alimentation, l’agriculture et l’environnement et organisera desrencontres avec les professionnels defilières agricoles ainsi qu’un colloquesur le thème du sol.WWW.inra.fr

28/29 févPARIS

Les entreprisescoopératives agricoles,mutations et perspectivesColloque de la Société françaised'économie rurale (SFER), en association avec l'Inra, l'Écolenationale d'ingénieurs des travauxagricoles de Bordeaux (Enitab), Coop de France et l'Associationinternationale d'économie agro-industrielle et alimentaire (AEIA2).WWW.sfer.asso.fr

1 /2 avrilVERSAILLES

Journées Jean-PierreDeffontainesJournées scientifiques organiséesautour de l'œuvre de Jean-PierreDeffontaines qui fut chercheur à l’Inra : ses apports pourl'agronomie et la géographie, mais aussi pour de nouvelles formes et objets de recherche.WWW.inra.fr/sad/deffavril/deffavril.htm

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DÉVELOPPEMENT DU NODULE chez la plante hôte (Medicago sativa) suite à l'inoculation par une souche de Rhizobium meliloti dont un gène est fusionné avec un gène rapporteur (gène Lac Z d'Escherichia coli). 7e jour après inoculation (coloration au bleu de méthylène et éclaircissement à l'hypochlorite de sodium). Observation en microscopie photonique à fond clair.

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