INSCRIPTIONS RÉCEMMENT DÉCOUVERTES EN ALGÉRIE

INSCRIPTIONS RÉCEMMENT DÉCOUVERTES EN ALGÉRIEAuthor(s): Général CreulySource: Revue Archéologique, Nouvelle Série, Vol. 13 (Janvier à Juin 1866), pp. 287-290Published by: Presses Universitaires de FranceStable URL: http://www.jstor.org/stable/41746751 .

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INSCRIPTIONS

HÉCEMMENT DÉCOUVERTES EN ALGÉRIE .

1. PRÈS GUELMA Province de Consta ntine.

P NERVAE- RIB POT $T

D D

S ŽT BALITHONIS

HONOREM gř Fl//

Ce fragment d'inscription m'a été envoyé, le 16 février dernier, par M. le capitaine du génie Dewulf, qui venait de le trouver à quatre kilomètres de Guelma, près de la route de Millèsimo, ferme Cheymol. La route de Millèsimo étant tracée sur la carte de l'Algérie au 400,000m% et l'emplacement de ce village, qui, lui-même, n'est guère qu'à quatre kilomètres de Guelma, y étant pareillement mar- qué, il est facile de reconnaître à très-peu près le lieu de la décou- verte; mais il eût été utile de s'assurer si le colon dans la maison duquel elle se trouve aujourd'hui ne l'aurait pas apportée de quel- que autre point.

D'après le croquis du capitaine Dewulf, les arêtes supérieure et inférieure de la pierre paraissent être celles de la taille; les arêtes latérales, au contraire, y sont exprimées par des arrachements. Ces indications et le contexte même donnent à croire qu'il ne manque, pour avoir le texte intégral ou, au moins, une partie formant un sens déterminé, que les commencements et les fins de ligne, et en-



288 ÄEVÜE ARCHÉOLOGIQUE. core qu'un assez petit nombre de lettres, ce qui permet de hasarder une restitution approximative.

Il y a, en outre, à tenir compte des observations suivantes : 1° à la lin de la première ligne on voit un trait horizontal qui, sans doute, est le reste de la lettre T, initiale du nom de Trajan : cela lève l'in- certitude où l'on pourrait être entre le premier Nerva et son succes- seur; 2° la ligne 3, composée de deux lettres seulement, est néan- moins complète : on ne saurait en douter, d'après l'indication qui m'est fournie, que l'inscription est en très-beaux cai actères, ce qui ne permet guère de supposer des lettres illisibles avant et après les deux D, initiales des verbes de la dédicace; 3° l'S qui commence la troisième ligne est évidemment la finale du nom de l'auteur du monument : le nom suivant est celui de son père, au génitif; il appar- tient à la langue punique, et on le connaissait déjà par l'acte à'hos- pitium passé, l'an 27 de Jésus-Christ, entre C. Silius Avióla et les gens de Thimiliga, en Afrique, dont un des députés y est dit fils de Balithon (Balithonis f.) ; 4° L' honor dont il s'agit dans la cinquième ligne, et dont la dénomination commence par un F suivi d'une haste verticale, est indubitablement le Flamonium perpetuum (v. Inscr. rom. de l'Alg., à Calamo).

Je crois, en conséquence, pouvoir lire avec une certaine probabi- lité :

[Genio Iiii]p(eratoris) Nervae T[rajani] [Aug(usti) Germ(anici) T]rib(unicia) Poi(estate) [Co(n)s(ulis) II]

D(edit) D(edicavit) [ u]s Balithonis (Fil(ius)]

[ob] Honorem Fl(amonii) [P (er) p (etui)]

Un monument qui remonte, comme celui-ci, au ier siècle de l'ère chrétienne, et qui a pour auteur un Flamine perpétuel, de race vrai- semblablement phénicienne, est certainement digne d'intérêt; j'ose donc espérer qu'on me pardonnera les détails infimes dans lesquels j'ai dû entrer pour établir le caractère qui, selon moi, lui appar- tient.



INSCRIPTIONS RÉCEMMENT DÉCOUVERTES EN ALGÉRIE. 289

2. A FEDJ-MERAOU, CERCLE DE SOUKAHRAS Province de Gonstantine.

Le capitaine du génie Dewulf, à qui je dois l'excellent estampage au moyen duquel a été fait le dessin ci-dessus, m'informe que Fedj- Meraou est situé près de la frontière tunisienne. D'autres documents, dont j'ai rapporté les indications sur mon exemplaire de la carte d'Algérie au 400, OOO1"8, me font voir que les ruines situées près de ce col sont à trente et un kilomètres de Soukahras (l'ancienne Tha- gaste), dans la direction de l'est, et à quatre kilomètres au plus de la frontière tunisienne. Il y passe une voie romaine, qui allait pro- bablement, par la ligne la plus directe, de Madaure au point où commence, au pied des montagnes, la partie large et plate de la célèbre vallée du Bagrada , aujourd'hui la Medjerdah.

L'inscription se lit facilement :

Haos aug(usto) sac(rum). L(ucius) Lepidius Primulus sacerdos hoc loco ini- tiatus aram posuit votum solvit. D(ecreto) d(ecurionum).

Tout le monde, cependant, n'admettra pas la lecture que je pro- pose pour la première ligne : au lieu de l'indéclinable Haos, punique ou lybique, on pourra préférer d'ajouter à ce nom de divinité topi-

ni. 20



290 REVUE ARCHÉOLOGIQUE.

que une désinence latine; d'autres croiront peut-être mieux satisfaire à celte condition grammaticale en décomposant comme ceci : Hao s(ancto )Aug{usto). Pour moi, je ne pense pas qu'on ait songé à lati- niser tout cet olympe barbare dont nous connaissons quelques per- sonnages soit par les inscriptions, soit par la Johannide de Corippus, et je m'en rapporte à ces vers da poëte africain, concernant le dieu Gurzil :

lerna ferox his ductor erat Gurzilque sacerdos. (II, 109.) Iode ferunt Gurzil : Gurzil cava sana resultant. (IV, 681.) Hi mactant Gurzil, illi tibi, corniger Ammon. (VII, 304.)

Il faut enfin que je justifie mon interprétation des sigles de la dernière ligne, qu'on pourrait êlre tenté de lire dédit, dedicavit ou dono dédit. Le prêtre Primulus établit un autel et satisfait ainsi au vœu qu'il avait fait en vue de son initiation au culte dont il allait être chargé dans ce lieu. Ce qu'il énonce à ce sujet dans sa dédicace est complet, il ne lui reste rien à dire dans ce sens : donc les sigles de la dernière ligne se rapportent à un autre ordre d'idées. Ils expriment, selon moi, l'autorisation donnée par Y ordo des décurions, de dresser l'autel sur le terrain public.

Général Creuly.



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