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In Situ 22 (2013) La peinture murale : héritage et renouveau ................................................................................................................................................................................................................................................................................................ Carole Lenfant Entre défis et contraintes. Le parcours muséographique de la galerie des peintures murales 1937-2007 ................................................................................................................................................................................................................................................................................................ Avertissement Le contenu de ce site relève de la législation française sur la propriété intellectuelle et est la propriété exclusive de l'éditeur. Les œuvres figurant sur ce site peuvent être consultées et reproduites sur un support papier ou numérique sous réserve qu'elles soient strictement réservées à un usage soit personnel, soit scientifique ou pédagogique excluant toute exploitation commerciale. La reproduction devra obligatoirement mentionner l'éditeur, le nom de la revue, l'auteur et la référence du document. Toute autre reproduction est interdite sauf accord préalable de l'éditeur, en dehors des cas prévus par la législation en vigueur en France. Revues.org est un portail de revues en sciences humaines et sociales développé par le Cléo, Centre pour l'édition électronique ouverte (CNRS, EHESS, UP, UAPV). ................................................................................................................................................................................................................................................................................................ Référence électronique Carole Lenfant, « Entre défis et contraintes. Le parcours muséographique de la galerie des peintures murales 1937-2007 », In Situ [En ligne], 22 | 2013, mis en ligne le 27 novembre 2013, consulté le 20 avril 2015. URL : http:// insitu.revues.org/10846 ; DOI : 10.4000/insitu.10846 Éditeur : Ministère de la culture et de la communication, direction générale des patrimoines http://insitu.revues.org http://www.revues.org Document accessible en ligne sur : http://insitu.revues.org/10846 Document généré automatiquement le 20 avril 2015. © Tous droits réservés

Insitu 10846 22 Entre Defis Et Contraintes Le Parcours Museographique de La Galerie Des Peintures Murales 1937 2007

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Entre Defis Et Contraintes Le Parcours Museographique de La Galerie Des Peintures Murales 1937 2007

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  • In Situ22 (2013)La peinture murale : hritage et renouveau

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    Carole Lenfant

    Entre dfis et contraintes. Le parcoursmusographique de la galerie despeintures murales 1937-2007................................................................................................................................................................................................................................................................................................

    AvertissementLe contenu de ce site relve de la lgislation franaise sur la proprit intellectuelle et est la proprit exclusive del'diteur.Les uvres figurant sur ce site peuvent tre consultes et reproduites sur un support papier ou numrique sousrserve qu'elles soient strictement rserves un usage soit personnel, soit scientifique ou pdagogique excluanttoute exploitation commerciale. La reproduction devra obligatoirement mentionner l'diteur, le nom de la revue,l'auteur et la rfrence du document.Toute autre reproduction est interdite sauf accord pralable de l'diteur, en dehors des cas prvus par la lgislationen vigueur en France.

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    Rfrence lectroniqueCarole Lenfant, Entre dfis et contraintes. Le parcours musographique de la galerie des peintures murales1937-2007, In Situ [En ligne], 22|2013, mis en ligne le 27 novembre 2013, consult le 20 avril 2015. URL: http://insitu.revues.org/10846; DOI: 10.4000/insitu.10846

    diteur : Ministre de la culture et de la communication, direction gnrale des patrimoineshttp://insitu.revues.orghttp://www.revues.org

    Document accessible en ligne sur :http://insitu.revues.org/10846Document gnr automatiquement le 20 avril 2015. Tous droits rservs

  • Entre dfis et contraintes. Le parcours musographique de la galerie des peintures murale (...) 2

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    Carole Lenfant

    Entre dfis et contraintes. Le parcoursmusographique de la galerie despeintures murales 1937-2007

    1 Lors de sa cration en 1937 par Paul Deschamps, la galerie de peintures murales et des vitrauxconstitua un vritable dfi musographique. Il sagit en effet de concevoir un muse de lafresque partir de reproductions grandeur duvres majeures de lart mural franais du IXeau XVIesicle. Lobjet de cette communication porte la fois sur le projet et les fondementsmajeurs qui ont prsid la cration de la galerie mais aussi sur les principes gnraux de lamusographie actuelle, lis la rorganisation de la collection entre 2003 et 2007 en vue delouverture de la Cit de larchitecture et du patrimoine. Les recherches effectues montrentcombien Paul Deschamps (fig. n1) fut un extraordinaire visionnaire ; les nombreux dfismusographiques quil dut relever furent sensiblement les mmes, soixante dix ans plus tard1.Figure 1

    Paul Deschamps sa table de travail, vers 1930. Paris, muse des Monuments franais. Cit de larchitecture et du patrimoine-MMF.

    Les fondements de la collection2 Directeur du muse des Monuments franais, Paul Deschamps propose, en 1937, de crer dans

    le nouveau Palais de Chaillot un muse de la fresque, appel aussi muse des primitifs franais.Cette proposition est approuve lunanimit par la commission des Monuments historiques,lors de la sance du 22 janvier 1937. La pleine adhsion ce projet fut fondamentale pourson inventeur. Paul Deschamps en souligne limportance lors de son discours lassemblegnrale annuelle de la socit des Amis du Louvre, le 12 mai 1939. Elle lui permit, par lasuite, de dfendre son projet et dobtenir les fonds budgtaires ncessaire la ralisation dece corpus.

    3 Trois grands principes ont guid la conception et la ralisation de la collection: historique,archologique et pdagogique. Dans le discours cit plus haut, pour crer cette galerie depeintures murales, Paul Deschamps sappuie explicitement sur le modle de Viollet-le-Duc:Ce que Viollet-le-Duc a fait pour la sculpture [il fait rfrence ici la galerie des moulagesquil remanie galement] ne peut-on pas le tenter pour la peinture murale et le vitrail ?Il est vident que ce vaste choix des moulages de sculpture franaise institue un moyendenseignement incomparable puisquon peut voir ainsi rapprochs des monuments rpartisdans toute la France, percevoir en peu dinstants lvolution de lart au cours de plusieurssicles, examiner de prs des uvres dont les originaux sont trop haut placs ou situs dans des

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    endroits obscurs. Enfin cest une sauvegarde pour conserver des monuments qui commencent saltrer ou quun accident peut dtruire. Il nest pas un muse au monde qui prsenteune rtrospective aussi complte de lvolution de la statuaire dans un pays tout entier2.Paul Deschamps a ainsi pleinement conscience de crer un corpus dexception comparable celui existant pour la sculpture. Les trois objectifs de ce muse de la fresque sont djnoncs trs clairement dans une note dintention non date mais vraisemblablement rdigeen 1937: On se propose un triple but: premirement crer un muse des primitifs franais laide de reproductions de peintures murales dont les originaux sont le plus souvent parpillsdans toute la France et parfois trs difficilement visibles, deuximement assurer par cesreproductions fidles le souvenir durable duvres qui seffritent ou seffacent de jour enjour, troisimement en adjoignant ce muse une vocation de la sculpture peinte au Moyen-ge3. Cette note tablit les bases du rapport intitul Pavillon de tte, Aile Paris. Projetgnral de son amnagement en muse de la fresque envoy le 14 janvier 1938 larchitecteLouis Hyppolite Boileau (1878-1849). Il est rdig par Paul Deschamps et ses collaborateursDenise Jalabert, Madame Dupras et Pierre Pradel4. Les principes fondateurs y sont clairementexposs. Les trois tages du Pavillon de tte de lAile Paris sont dans le projet presqueentirement rservs la peinture murale franaise du Moyen ge la fin du XVIesicle:Il sagit de faire connatre une manifestation de lart franais particulirement vigoureusequi jusqualors na pu tre admire que par quelques spcialistes et par quelques voyageursprivilgis. Les belles peintures murales qui durant tout le Moyen-ge et la Renaissance ontorn les glises et les chteaux de France nont laiss en effet que de rares vestiges pourla plupart difficilement visibles sur des parois sombres ou sur des votes leves dans lesdifices disperss travers la France En reproduisant la dimension des originaux cesuvres suivant les procds les plus scientifiques comme les plus fidles et en prsentantces relevs dune manire agrable et mthodique, on constituera un vritable muse desorigines de la peinture franaise extrmement instructif et sduisant dans sa nouveaut. Enoutre, on sauvera dune perte complte des uvres admirables dont les tonalits saffaiblissentde plus en plus et sont appeles disparatre5. Ainsi, suite aux nombreuses dcouvertes depeintures murales mdivales au XIXesicle, il sagit de faire connatre lart mural franaisauprs du public. Le premier principe consiste raliser un corpus grandeur de loriginal,rassembl en un mme lieu et accessible tous. Les qualificatifs employs dans la citation sontrvlateurs des fondements qui caractrisent ce corpus, dans son rapport loriginal, cr selondes procds scientifiques et fidles ainsi que la valeur agrable et mthodique accorde la prsentation.Il tait important, voire capital, que, dans son principe, ces copies puissenttre vues hauteur du regard. Ainsi la vote de la coupole de Cahors est-elle reproduite aumuse environ seize mtres de hauteur pour en faciliter la lecture. Sur place, celle-ci se situe une hauteur deux fois suprieure. Le second principe fondamental dfinit clairement unevolont de sauvegarde, de garder trace dun patrimoine fragile ou fragilis, avec lassuranceque ce corpus deviendra avec le temps un rfrent archologique.

    Mthodes et procds4 Afin de dterminer les copies raliser, Paul Deschamps sappuie sur les notes de voyage

    de Prosper Mrime, inspecteur des Monuments historiques, et de ses successeurs, et surles travaux dhistoriens dart tels qumile Mle, Andr Michel, Henri Focillon et CharlesSterling. Il consulte galement le corpus de relevs sur papier au tiers ou au quart effectus la demande des Monuments historiques6. Ensuite, il sappuie pour chacun des sites concernssur des ressources locales. Il contacte les architectes en chef des Monuments historiques, lesarchitectes des btiments de France, les socits savantes et aussi le clerg en place. Avec sonquipe, il se livre alors une vritable enqute historique et iconographique afin de validerles choix pralablement effectus et dterminer la faisabilit du projet. Se tisse alors tout unrseau qui, sur place, prpare la venue des copistes et des staffeurs du muse des Monumentsfranais7. Les peintures les plus emblmatiques ont t mises en contexte grce la ralisationde fragments darchitecture en pltre tels que chevet, abside, crypte sur lesquels elles reposent.

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    Dun point de vue didactique, cette prsentation souligne le lien indissociable du dcor peintavec larchitecture qui la reoit. Elle rend compte aussi de la diversit des supports.

    Principes musographiques de Paul Deschamps5 Une fois les peintures ralises, il convenait de sassurer de pouvoir les disposer dans les

    espaces du pavillon de tte du Palais de Chaillot. Les peintures murales occupaient loriginetrois niveaux. Le premier prsentait le corpus roman, le deuxime la peinture gothique civileet religieuse et le troisime, la peinture de la fin du Gothique et de la Renaissance (fig.n2, n3, n4). Dans son rapport de 1938, Deschamps se propose de reconstituer lesensembles complets darchitecture peinte tels que abside, petites chapelles, salles de chteauxque nous encastrerons dans des emplacements appropris. Les reproductions de peinture serontgroupes autant que les locaux permettront de le faire par poque et pour la priode romanepar cole rgionale. Des peintures civiles figuraient ainsi le programme originel.Figure 2

    Plan du niveau 1 dit dans Muse National des Monuments franais. Guide du visiteur. La peinture murale lpoqueromane par Paul Deschamps. Paris: Muses nationaux, 1948. Cit de larchitecture et du patrimoine-MMF.

    Figure 3

    Plan du niveau 2 dit dans Muse National des Monuments franais. Guide du visiteur. La peinture murale, dbut delpoque gothique (XIIIe et XIVe sicles) par Paul Deschamps et Marc Thiboud. Paris: Muses nationaux, 1948. Cit de larchitecture et du patrimoine-MMF.

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    Figure 4

    Plan du niveau 3 dit dans Muse National des Monuments franais. Guide du visiteur. La peinture murale lpoqueromane par Paul Deschamps. Paris: Muses nationaux, 1948. Cit de larchitecture et du patrimoine-MMF.

    6 Le troisime niveau est un de ceux qui sest trouv modifi plusieurs reprises lors du projet.Initialement, la mise en place de la coupole de Cahors devait crer un espace sous forme deloggia permettant de regarder dans la grande salle centrale; des liens pouvaient ainsi se faireentre les uvres des deuxime et troisime tages.

    7 Au troisime tage, priode de la fin du XVe sicle et de la Renaissance on associeracette prsentation de la peinture murale franaise des moulages de qualit et dun caractrediffrent que ceux qui sont dj prsents dans les grandes galeries. Dans les parties hautes dupavillon de tte quelques salles seront consacres aux maquettes analytiques darchitecture, une collection de moulages, dinscriptions sur pierre et la prsentation de copie de vitraux.La salle centrale trs haute sera flanque des deux cts de salles plus leves qui la dominentpar un balcon; cette disposition est trs heureuse. On pourra de la salle centrale apercevoirles surfaces peintes de la salle haute et inversement et ainsi voir bonne hauteur les peinturescouvrant les parois suprieures de la salle centrale. Ce projet dans lequel Deschamps sestprofondment investi fut finalement abandonn. Afin de donner plus de force la coupole deCahors, il fut en effet dcid de crer des niveaux bien spars.

    8 Un autre principe qui doit tre soulign porte sur le respect de la nature mme des uvres.Il existe une volont manifeste de rappeler au public quil sagit de peintures murales etnon de tableaux de chevalet. Cest une des premires proccupations de Pierre Pradel, puisde Marc Thibout comme en atteste le rapport de 1937 : une pareille ralisation nauratoute sa valeur que si lon prsente les reproductions de grands ensembles dcoratifs. Unmuse de peintures murales doit tre conu tout autrement quun muse de peinture Onsinterdira le plus possible de dtacher une figure dun dtail de ce qui lentoure, ceci supposela reconstitution totale de fragments darchitecture et la prsentation des peintures sous laforme quelles ornent8.

    9 Pour ce cas unique, il fallait aussi trouver une prsentation novatrice. La mise en place dpisa permis dencastrer certaines peintures en volume et aussi de prsenter des uvres planes(fig. n5).

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    Figure 5

    Plan du projet Galerie des peintures murales, niveau 2, coupole de Cahors, Jacques Carlu. Cit de larchitecture et du patrimoine-MMF.

    10 Soucieux du parcours de visite, Paul Deschamps tient non seulement compte de la cohrencechronologique mais aussi de lharmonie densemble. A plusieurs reprises, il apporte un sointrs particulier la lumire qui doit mettre laccent sur le propos scientifique mais galementparticiper une vision esthtique cohrente (fig. n6) (fig. n7).Figure 6

    Musographie de Paul Deschamps, peintures romanes planes et en volume, niveau 1, 1945. Cit de larchitecture et du patrimoine-MMF.

    Figure 7

    Musographie de Paul Deschamps, peintures romanes planes et en volume, niveau 1, 1945. Cit de larchitecture et du patrimoine-MMF.

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    11 Consacre lpoque romane, la premire campagne de peintures murales engage par PaulDeschamps ds 1937 est inaugure en 1945. Une nouvelle campagne est mise en uvre pourla reproduction duvres gothiques destines au deuxime niveau, inaugur en 1955. Enfin, lecorpus des uvres de la fin du Gothique et de la Renaissance est inaugur par Andr Malrauxen 1959. La rtrospective de six sicles dart mural franais est ainsi acheve. Nanmoins,entre 1959 et 1967, une cinquantaine de reproductions de peintures murales sont ralises. Ladernire est celle de Saint-Flour, copie par Pierre Jeannot.

    12 Paralllement aux reproductions de peintures murales, Paul Deschamps poursuit unprogramme de copie de vitraux grandeur; seize vitraux, raliss par des peintres verriers entre1933 et 1954, sont progressivement intgrs dans le parcours musal. Deschamps avait mmele projet de crer une galerie de maquettes darchitecture quil dut abandonner, faute de place.Il prconisait de placer les maquettes, notamment celle du chteau de Coucy dj ralise,dans un passage lgrement surlev en fond de galerie pour permettre une vue plongeante.

    13 Un article de Raymond Coignat intitul Un muse idal 9, publi dans le Figaro du12 mars 1959, dcrit le caractre visionnaire de Paul Deschamps. Affirme et rflchie, lamusographie mise en place est salue positivement par la critique. Le muse de la Fresqueinstall au Palais de Chaillot et qui vient de se terminer avec lensemble consacr aux uvresdes XVe et XVIesicles est certainement une des ralisations les plus remarquables de lamusographie contemporaine. Parfait tous points de vue tant en ce qui concerne la conceptionque la ralisation. Le journaliste sinterroge sur ce nouveau genre de muse, sur le statutdes uvres et lintrt dexposer des copies. Il est bien vident que la multiplication des lieuxde culture ne pourra pas permettre toutes les universits, toutes les grandes villes de runirdes ensembles duvres originales de haute qualit. La formule propose par le muse desMonuments franais moulages et copies apparat bien plus satisfaisante non seulement danslintrt de la culture, mais aussi dans celui de la dlectation, que la prsentation de documentsauthentiques mais de qualit secondaire.

    La rouverture du muse

    La musographie actuelle14 Soixante-dix ans plus tard, le redploiement des collections sest effectu sur deux tages,

    selon une mise en scne qui respecte au mieux les souhaits et recommandations de PaulDeschamps. Conduite de 2003 2007, la musographie a d tenir compte dune redistributiondes espaces au sein du muse lie la cration des diffrents dpartements de la Cit delarchitecture et du patrimoine. Lamnagement dune bibliothque darchitecture a entranle dplacement ltage suprieur des peintures murales romanes qui taient exposes dans cetespace depuis 1945, lexception de celles de Saint-Savin-sur-Gartempe restes en place. Cespeintures ornent la salle de lecture. Lespace disponible aux deuxime et troisime niveaux at rduit afin de crer des bureaux et des ateliers pdagogiques (fig. n8, n9, n10).

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    Figure 8

    Plan du niveau 1 ralis par lagence de Jean-Franois Bodin, musographie 2007, Bibliothque darchitecture. Cit de larchitecture et du patrimoine-MMF.

    Figure 9

    Plan du niveau 2 ralis par lagence de Jean-Franois Bodin, projet de rimplantation des uvres romanes et gothiques,musographie 2005, parcours chronologique. Cit de larchitecture et du patrimoine-MMF.

    Figure 10

    Plan du niveau 3 ralis par lagence de Jean-Franois Bodin, projet de rimplantation des uvres romanes, gothiques,fin gothique et Renaissance, musographie 2005, parcours thmatique. Cit de larchitecture et du patrimoine-MMF.

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    15 La musographie actuelle sest efforce de respecter les rgles musales en vigueur enmatire, notamment, de conservation des collections, de scurit des objets et des personnes,de gestion des flux de visiteurs et daccessibilit aux personnes mobilit rduite. Uneattention particulire a galement t apporte la transmission des savoirs aux diffrentspublics. Nombreux sont les acteurs qui ont particip la rouverture de la galerie: architectescnographe, quipes de conservation et de rgie des uvres, restaurateurs spcialiss maisaussi clairagistes, graphistes, signalticiens et cartographes, ingnieurs multimdia

    16 Le projet a eu pour ambition de conserver lesprit initi par Paul Deschamps. Cependantladaptation aux espaces dont nous disposions a demand un long travail de collaboration aveclarchitecte. Lobligation de laisser en place des peintures en volume de grand format (Saint-Savin, coupole de Cahors, Kernascleden ou Grzill) a conduit faire des choix parmi dautresensembles de plus petites dimensions. Les murs ntant pas extensibles, le parcours actuelsemble labyrinthique lun des atouts, des charmes de cette galerie.

    17 Distribue sur deux niveaux, la collection est prsente selon un ordre chronologique etthmatique : au deuxime tage sont prsentes, selon un principe chronologique, desreproductions de clbres peintures romanes et gothiques. Au troisime tage, des peinturesmurales appartenant en majorit la fin de la priode gothique et au dbut de la Renaissancesont regroupes de faon thmatique : Passion du Christ, Vie de la Vierge, les Saints, leJugement Dernier, les Vertus et les Preux, lAnnonce du paysage.

    Principes scnographiques18 La musographie actuelle rpond une volont de clart et de mise en valeur des uvres.

    Les peintures planes sont aujourdhui exposes au nu du mur afin que soit respectlesprit mme de la peinture murale. Les rserves effectues dans le mur pour leur installationpermettent aussi le prt duvres dans le cadre dexpositions temporaires10.

    19 Afin de simuler une atmosphre mdivale, il a t choisi dclairer faiblement les couloirs etpassages donnant accs aux uvres qui, elles-mmes, bnficient dun clairage comparable celui dune bougie. Cette disposition prend bien videmment en compte la scurit desvisiteurs11.

    Une scnographique didactique: maquetteset supports20 Comme le prconisait Paul Deschamps, la galerie sest enrichie de moulages choisis en

    fonction de rapprochements iconographiques ainsi que de vitraux et de maquettes. Cesdernires, au nombre de vingt-quatre, sont de deux types qui remplissent chacun unefonction bien prcise. Des maquettes topographiques, dites de situation, lchelle 1/500,permettent dapprhender lenvironnement des difices conservant les uvres originales. Lesautres maquettes, lchelle 1/33, sont des corchs darchitecture. Elles prsentent une coupepartielle transversale ou longitudinale des difices, et situent les peintures dans ldifice.Plus dtailles que les prcdentes, elles donnent au visiteur la possibilit dapprcier lesrapports quentretiennent les dcors muraux et les lments darchitecture qui lenvironnent.Destines complter linformation du public sur la nature des difices prsents, elles sonttoutes ralises en pltre par latelier de lcole darchitecture de Barcelone. Leur fabricationminutieuse a exig un suivi rgulier assur par la Conservation de la galerie et larchitectecharg de mission la Cit: recherches de plans cadastraux, de plans prcis des difices ainsiquune campagne photographique in situ en collaboration avec les mairies concernes et lesarchives dpartementales (fig. n11) (fig. n12). Dj essentiels pour Paul Deschamps, lessupports didactiques ont aussi t au cur des proccupations de la conservation du museafin que le visiteur puisse avoir sa disposition toutes les informations ncessaires unebonne comprhension des uvres. En 1939, Deschamps souhaitait que des photographies etdes cartes soient prsentes ainsi que des cartels dtaills expliquant liconographie des scnessculptes pour la galerie des moulages.

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    Figure 11

    Maquette en pltre de la cathdrale Saint-tienne dAuxerre, chelle 1/500e.Phot. C. Lenfant. Cit de larchitecture et du patrimoine-MMF.

    Figure 12

    Maquette en pltre de lglise Saint-Martin de Vic, chelle 1/33e.Phot. C. Lenfant. Cit de larchitecture et du patrimoine-MMF.

    21 La rdaction de lensemble des cartels simples ou dtaills et des panneaux thmatiques12

    ncessaires la musographie de la galerie des peintures et des vitraux a t ralise ensappuyant sur les recherches les plus rcentes. Leur conception a ncessit la recherchedinformations prcises (tant sur luvre originale que sur la commande de la reproduction)et la constitution du plan des difices devant figurer sur les cartels. Dans un soucidhomognit, le suivi de lensemble de la production des supports didactiques a t confiau responsable de la signaltique de la Cit, en respectant les intentions du matre duvre. Lardaction des fiches de lecture, ralises par la conservation, traduites en plusieurs langues,ncessite dimportantes recherches iconographiques. Lensemble des documents utiles leurlaboration alimente les dossiers duvre de la documentation du muse. Une carte, des planset des photographies de dtails viennent tayer le contenu textuel.

    22 La scnographie de 2007 a intgr linstallation de bornes multimdia modulables. Certainsdispositifs sont consacrs la prsentation gnrale de la galerie. Leur contenu peut treenrichi, lors dune exposition temporaire par exemple. Elles permettent au visiteur de sereprer ou de choisir un parcours en fonction des uvres qui lintressent. Dautres dispositifsconsacrs une visite virtuelle dun difice in situ, lexemple de labbatiale de Saint-Savin-

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    sur-Gartempe, prsentent larchitecture de ldifice, lemplacement des uvres originales encorrespondance avec la collection du muse, et liconographie prcise de chaque scne.

    Restauration et suivi du projet de rouverture23 Le dmnagement des uvres sest accompagn de la premire campagne de restauration des

    collections du muse de la Fresque. Elle a permis de remdier des dcollements, desdchirements et des usures. Il a t ncessaire de dposer les peintures planes pour procder leur dmarouflage et de dposer ensuite les coques en staff (forme de calepinage invers).Le dmontage des chapelles a alors mis au jour une infestation de stegobia paniceum, ouvrillettes du pain, qui staient nourri de lamidon autrefois utilis dans la colle de marouflage,dont la prsence aurait pu, terme, mettre les uvres en pril. Cette dlicate oprationdassainissement, de restauration, puis de remarouflage des toiles avec un adhsif acrylique, at conduite de 2004 2007 par des restaurateurs spcialiss13, suivant le protocole prconispar le Laboratoire de recherches des Monuments historiques. Leur intervention a permis lesauvetage de cette collection unique.

    24 Toute lquipe de la Conservation, avec lappui de la Rgie des uvres, a t mobilise eta suivi toutes les tapes de restauration de lensemble des peintures en volume ainsi que letravail musographique du dpartement. Cette tche a consist, in situ, consigner et analyseravec les restaurateurs les diffrentes tapes de lavancement du chantier de restauration :dmarouflage, dsinfection des uvres, rintgration, finitions Les uvres ont fait ainsilobjet dun suivi attentif. Des runions hebdomadaires, avec la matrise duvre et la matrisedouvrage, suivies de comptes rendus prcis se sont tenues sur le montage dfinitif despeintures murales en volume et planes.Figure 13

    Galerie des peintures murales en cours de montage, installation des structures en pltre vers 1944. Cit de larchitecture et du patrimoine-MMF.

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    Figure 14

    Galerie des peintures murales en cours de montage, installation des structures en pltre en 2006 pour les peinturesmurales en volume.Phot. B. Lomont. Cit de larchitecture et du patrimoine-MMF.

    Figure 15

    Galerie des peintures murales en cours de montage, installation pour les peintures murales planes en 2006.Phot. C. Lenfant. Cit de larchitecture et du patrimoine-MMF.

    25 Sur sa dernire phase, la restauration de lensemble des peintures, le remontage des staffsdes chapelles en volume et lachvement de la musographie et de la scnographie ont tconduits paralllement durant le second semestre 2006 (fig. n13, n14, n15). Ce travail a tparticulirement prouvant pour lensemble des quipes en prsence: lavancement du grosuvre (passage des gaines, mises aux normes diverses, montage des plafonds, des cloisons)sest poursuivi pendant que la scnographie slaborait et se modifiait pour enfin se raliser enmme temps que le travail des quipes des restaurateurs, staffeurs et peintres fresquistes (fig.n16) (fig. n17). La multiplication des tches et leur proximit dans un espace contraint necessaient de poser des difficults, notamment sur la scurit des uvres restaures.

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    Figure 16

    Restauratrice au travail sur les copies grandeur des peintures murales de la cathdrale Saint-tienne de Cahors en2006-2007.Phot. B. Lomont. Cit de larchitecture et du patrimoine-MMF.

    Figure 17

    Restaurateur au travail sur la copie grandeur de la peinture murale du Palais des Papes dAvignon, article de presse,1955. Cit de larchitecture et du patrimoine-MMF.

    26 Aprs lacheminement des peintures murales planes des rserves vers Chaillot, leur installationsur place a t conduite par lquipe des restaurateurs en collaboration avec la Conservation etla Rgie. Laccrochage se fit au moyen de cornires et pattes de fixation spcifiques, chaqueuvre tant fixe dans une rserve approprie, permettant sa mise au nu du mur14. Puis,toutes les uvres planes ont t protges afin que les travaux de peinture des cimaises, la posede lclairage, la rsine pose au sol nengendrent pas leur dtrioration. Enfin des retouchesde la couche picturale des uvres planes ont t excutes, quand cela tait ncessaire, larestauration majeure de ces uvres ayant t ralise lors des annes prcdentes.

    27 La conception scientifique a t assure par Robert Dulau, Annick Lebail et moi-mme. A cejour, toutes les uvres inscrites ds 2004 dans la musographie prvisionnelle de la galerie despeintures murales et des vitraux: peintures, moulages, vitraux, maquettes, ont t prsentes15.Sur les vingt-quatre maquettes darchitecture prvues par la musographie, dix-neuf taientexposes pour louverture de la galerie. Le nombre total duvres prsentes dans la galerieen 2007 slevait 138. Enfin il a t prvu que lespace laiss libre sous la coupole de Cahorspuisse accueillir des expositions temporaires, de type exposition-dossier, consacres desmonographies dartistes ou une thmatique en lien avec les collections (fig. n18).

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    Figure 18

    Nouvelle prsentation de lespace sous la Coupole de Cahors et niche en attente de la maquette de situation.Phot. C. Lenfant. Cit de larchitecture et du patrimoine-MMF.

    28 Je terminerai par une citation de Paul Deschamps qui me semble rsumer la scnographie dela galerie des peintures murales et des vitraux de 1937, et qui me parat sappliquer pleinementau souci de mise en valeur de ce corpus et au nouveau parcours musal quoffre dsormaiscette galerie depuis sa rouverture en 2007: Loccasion simposait de renouveler tout leprogramme, de se soumettre aux lois de la Musographie moderne, de mettre les uvres mieuxen valeur [] dautre part, puisque nous disposions de plus de place, ne pouvions-nous pastenter de reprsenter par la copie dautres arts que la sculpture, tels que la peinture muraleet le vitrail, et aussi larchitecture par des maquettes? Mais alors lancien nom du Musene convenait plus, et dailleurs ce terme de sculpture compare quelque peu hermtique,ntait pas toujours compris. Je soumis la question Monsieur Henri Verne, Directeur desMuses Nationaux qui me proposa aussitt le titre de Muse des Monuments Franais. Ce nomvoquait la mmoire dAlexandre Lenoir qui, dans son vieux muse des Monuments franais,conserva tant de monuments disperss ou menacs par la Rvolution. Et le titre fut adopt16.

    Notes

    1 - Je profite de cette communication pour remercier Robert Dulau, conservateur en chef, sans lequelcette galerie naurait pas conserv son me, Annick Le Bail pour les recherches et la passion sans galepour cette collection. Ce travail en trio restera pour ma part une aventure extraordinaire. Je tenais aussi remercier Marie-Paule Arnault, alors directrice du muse et lquipe de conservation, Bndicte Mayer,Emilie Rawlinson, Elodie Jeannest, Emmanuelle Polack, qui ont particip activement aux cts de laRgie des uvres llaboration de cette galerie ainsi que, bien sr, Jean-Franois Bodin architectescnographe, son collaborateur Marc Valet et enfin Jean-Jacques Bruni architecte du btiment.2 - Assemble gnrale annuelle de la socit des Amis du Louvre le 12 mai 1939.3 - Note ou archives du discours MMF/archives, cote en cours de classement.4 - Note conserve dans les archives du MMF, cote en cours de classement.5 - Ce dernier appel au Louvre en 1939 sera remplac par Marc Thibout.6 - Voir larticle de Jean-Daniel Pariset dans ce numro: La collection de relevs de peintures muralesde la Mdiathque de larchitecture et du patrimoine sous lil de la commission des monumentshistoriques.7 - Je ne dveloppe pas ici la question de la technique de la copie ni de la formation des copistesslectionns par Deschamps.8 - Archives MMF, cote en cours de classement.9 - Archives MMF, cote en cours de classement.10 - Comme les deux reproductions des peintures de Saint-Floret prsentes la Bibliothque nationalede France dans le cadre dune exposition consacre au Roi Arthur en 2010.

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    11 - Des blocs de secours clairs en permanence, distribus rgulirement le long du parcours de visite,lui indiquent la sortie.12 - Soit au total: 106 cartels et 13 panneaux de thmes et de sous-thmes.13 - La restauration a t confie la socit de restaurations de peintures murales ARCOA, agre parles Monuments historiques.14 - Certaines rserves ont d tre refaites, leurs dimensions ne correspondant pas aux uvres. Cetteopration a impliqu de recasser en partie les cimaises et de reprendre enduits et peintures. Les pattesde fixation ont t peintes dans la teinte mme de luvre par la restauratrice G. Albers.15 - lexception de la reproduction du vitrail de Poitiers, dont le montage a t ralis en 2010 dans lagalerie des moulages (salle Viollet-le-Duc) sous la direction de Laurence de Finance.16 - Discours prononc par Paul Deschamps lassemble gnrale annuelle de la Socit des amis duLouvre, le 12 mai 1939, p.4. Archives du MMF.

    Pour citer cet article

    Rfrence lectronique

    Carole Lenfant, Entre dfis et contraintes. Le parcours musographique de la galerie des peinturesmurales 1937-2007, In Situ [En ligne], 22|2013, mis en ligne le 27 novembre 2013, consult le 20avril 2015. URL: http://insitu.revues.org/10846; DOI: 10.4000/insitu.10846

    propos de l'auteur

    Carole LenfantAdjointe au conservateur de la galerie des peintures murales et des vitraux, Muse des Monumentsfranais, Cit de larchitecture et du patrimoine [email protected]

    Droits d'auteur

    Tous droits rservs

    Rsums

    Cet article retrace deux dfis musographiques raliss soixante-dix ans dintervalle. Lepremier est celui qua reprsent la cration de la galerie des peintures murales et des vitrauxau sein du muse des Monuments franais en 1937, alors que ce muse exposait jusqualors descollections de moulages. Le deuxime dfi a t relev lors de la rouverture de cette galerie,en 2007, alors que le muse devenait le dpartement patrimonial de la Cit de larchitectureet du patrimoine.The main object of this article is to give an account of two extraordinary museographicchallenges which took place seventy years apart : the creation in 1937 of the gallery of wallpaintings and stained-glass windows to complete the existing cast collection in the new musedes Monuments franais and the new impulse given to this gallery in 2007 for the reopeningof the museum within the Cit de larchitecture et du patrimoine.

    Entres d'index

    Mots-cls : musographie, Muse des Monuments franais, Cit de larchitectureet du patrimoine, Paul Deschamps, conception scientifique, scnographie, corpus grandeur de loriginal, copies de peintures murales, vitraux, parcours musal,maquettes topographiques, supports didactiques, restauration