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Institut Régional du Travail Social...Que répondez-vous à ceux qui s’inquiètent de voir évoluer les jeunes dans l’univers virtuel des nouvelles technologies ? Sur ce plan,

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Institut Régional du Travail Social Service Scolarité Générale / Sélections

11 rue Guyon de Guercheville

14200 HÉROUVILLE SAINT CLAIR

SÉLECTION DES MONITEURS EDUCATEURS

Epreuve écrite de français du 07 Janvier 2012 (de 9 h 00 à 11 h 15)

Nombre total de pages : 4 pages

Document : SERRES Michel, Petite Poucette, La génération mutante,

in Libération, 3 septembre 2011.

I – COMPREHENSION DE TEXTE ( 04 points)

Expliquer :

- A – « les institutions, complètement dépassées, ne suivent plus. »

- B – « mais cela ne constitue pas les gens. »

- C - « Le virtuel est vieux comme le monde ! »

- D - « Cela ne produit pas les mêmes adultes. »

II – MAITRISE DE LA LANGUE ( 04 points)

Donner la définition des mots suivants :

- A - « diligenter »

- B – « responsable »

- C - « synthèse »

- D – « latitudes »

III– TRAVAIL D’ECRITURE (12 points)

Dans une discussion ordonnée et argumentée (introduction, développement

avec paragraphes, conclusion), vous montrerez votre réflexion sur la question

suivante.

Y a-t-il aujourd’hui, selon vous, un choc des générations entre la jeunesse et le

monde plus ancien des adultes ?

Présentation, orthographe, syntaxe (de 0 à -5 points)

En estimant qu’on peut attendre des candidats une maîtrise correcte de

l’écrit, le correcteur pourra pénaliser (max. 5 points) les travaux non

satisfaisants.

Aucune feuille de brouillon ne sera acceptée

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Michel Serres, diplômé de l’Ecole navale et de Normale Sup, a visité le monde avant de l’expliquer à des générations d’étudiants. Historien des sciences et agrégé de philosophie, il enseigne toujours, à plus de 80 ans. Ce prof baroudeur, académicien pas tout à fait comme les autres, scrute les transformations du monde et des hommes de son œil bleu et bienveillant. Son sujet de prédilection : la jeune génération, qui grandit dans un monde bouleversé, en proie à des changements comparables à ceux de la fin de l’Antiquité. La planète change, ils changent aussi, ont tout à réinventer. « Soyons indulgents avec eux, ce sont des mutants », implore Michel Serres, par ailleurs sévère sur sa génération et la suivante, qui laisseront les sociétés occidentales en friche. Entretien.

Vous annoncez qu’un « nouvel humain » est né. Qui est-il ?

Je le baptise Petite Poucette, pour sa capacité à envoyer des SMS

avec son pouce. C’est l’écolier, l’étudiante d’aujourd’hui, qui vivent un

tsunami tant le monde change autour d’eux. Nous connaissons actuellement

une période d’immense basculement, comparable à la fin de l’Empire

romain ou de la Renaissance.

Nos sociétés occidentales ont déjà vécu deux grandes révolutions : le

passage de l’oral à l’écrit, puis de l’écrit à l’imprimé. La troisième est le

passage de l’imprimé aux nouvelles technologies, tout aussi majeure.

Chacune de ces révolutions s’est accompagnée de mutations politiques et

sociales : lors du passage de l’oral à l’écrit s’est inventée la pédagogie, par

exemple. Ce sont des périodes de crise aussi, comme celle que nous vivons

aujourd’hui. La finance, la politique, l’école, l’Eglise… Citez-moi un domaine

qui ne soit pas en crise ! Il n’y en a pas. Et tout repose sur la tête de Petite

Poucette, car les institutions, complètement dépassées, ne suivent plus. Elle

doit s’adapter à toute allure, beaucoup plus vite que ses parents et ses

grands-parents. C’est une métamorphose ! […]

Vous dites que les institutions sont désuètes ?

Souvenez-vous de Domenech qui a échoué lamentablement à

entraîner l’équipe de France pour le Mondial de foot. Il ne faut pas lui en

vouloir. Il n’y a plus un prof, plus un chef de parti, plus un pape qui sache faire

une équipe ! Domenech est en avance sur son temps ! Il faudrait de

profondes réformes dans toutes les institutions, mais le problème, c’est que

ceux qui les diligentent traînent encore dans la transition, formés par des

modèles depuis longtemps évanouis.

Un exemple : on a construit la Grande Bibliothèque au moment où l’on

inventait Internet ! Ces grandes tours sur la Seine me font penser à

l’observatoire qu’avaient fait construire les maharajahs à côté de Delhi, alors

que Galilée, exactement à la même époque, mettait au point la lunette

astronomique. Aujourd’hui, il n’y a que des singes dans l’observatoire indien.

Un jour, il n’y aura plus que des singes à la Grande Bibliothèque. Quant à la

politique, c’est un grand chantier : il n’y a plus de partis, sinon des machines à

faire élire des présidents, et même plus d’idéaux. Au XIXe siècle, on a inventé

1 000 systèmes politiques, des marxistes aux utopistes. Et puis plus rien, c’est

Document

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bizarre non ? Il est vrai que ces systèmes ont engendré 150 millions de morts,

entre le communisme, la Shoah et la bombe atomique, chose que Petite

Poucette ne connaîtra pas, et tant mieux pour elle. Je pense profondément

que le monde d’aujourd’hui, pour nous, Occidentaux, est meilleur. Mais la

politique, on le voit, n’offre plus aucune réponse, elle est fermée pour cause

d’inventaire. Ceci dit, moi non plus, je n’ai pas de réponses. Si je les avais, je

serais un grand philosophe.

La seule façon d’aborder les conséquences de tous ces changements,

c’est de suspendre son jugement. Les idéalistes voient un progrès, les

grognons, une catastrophe. Pour moi, ce n’est ni bien ni mal, ni un progrès ni

une catastrophe, c’est la réalité et il faut faire avec. Mais nous, adultes,

sommes responsables de l’être nouveau dont je parle, et si je devais le faire,

le portrait que je tracerais des adultes ne serait pas flatteur. Petite Poucette, il

faut lui accorder beaucoup de bienveillance, car elle entre dans l’ère de

l’individu, seul au monde. Pour moi, la solitude est la photographie du monde

moderne, pourtant surpeuplé.

Les appartenances culturelles n’ont-elles pas pris de l’importance ?

Pendant des siècles, nous avons vécu d’appartenances, et c’est ce qui

a provoqué bien des catastrophes. Nous étions gascons ou picards,

catholiques ou juifs, riches ou pauvres, hommes ou femmes. Nous

appartenions à une paroisse, une patrie, un sexe… En France, tous ces

collectifs ont explosé, même si on voit apparaître des appartenances de

quartier, des communautés autour du sport. Mais cela ne constitue pas les

gens. Je suis fan de rugby et j’adore mon club d’Agen, mais cela reste du

folklore, l’occasion de boire de bons coups avec de vrais amis… Quant aux

intégrismes, religieux ou nationalistes, je les apparente aux dinosaures. Ma

Petite Poucette a des amis musulmans, sud-américains, chinois, elle les

fréquente en classe et sur Facebook, chez elle, partout dans le vaste monde.

Pendant combien de temps lui fera-t-on encore chanter « qu’un sang impur abreuve nos sillons » ?

Que répondez-vous à ceux qui s’inquiètent de voir évoluer les jeunes dans l’univers virtuel des nouvelles technologies ?

Sur ce plan, Petite Poucette n’a rien à inventer, le virtuel est vieux

comme le monde ! Ulysse et Don Quichotte étaient virtuels. Madame Bovary

faisait l’amour virtuellement, et beaucoup mieux peut-être que la majorité de

ses contemporains. Les nouvelles technologies ont accéléré le virtuel mais ne

l’ont en aucun cas créé. La vraie nouveauté, c’est l’accès universel aux

personnes avec Facebook, aux lieux avec le GPS et Google Earth, aux savoirs

avec Wikipédia. Rendez-vous compte que la planète, l’humanité, la culture

sont à la portée de chacun, quel progrès immense ! Nous habitons un nouvel

espace… La Nouvelle-Zélande est ici, dans mon iPhone ! J’en suis encore tout

ébloui !

Ce que l’on sait avec certitude, c’est que les nouvelles technologies

n’activent pas les mêmes régions du cerveau que les livres. Il évolue, de la

même façon qu’il avait révélé des capacités nouvelles lorsqu’on est passé de

l’oral à l’écrit. Que foutaient nos neurones avant l’invention de l’écriture ? Les

facultés cognitives et imaginatives ne sont pas stables chez l’homme, et c’est

très intéressant. C’est en tout cas ma réponse aux vieux grognons qui

accusent Petite Poucette de ne plus avoir de mémoire, ni d’esprit de

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synthèse. Ils jugent avec les facultés cognitives qui sont les leurs, sans

admettre que le cerveau évolue physiquement.

L’espace, le travail, le savoir, la culture ont changé. Et le corps ?

Petite Poucette n’aura pas faim, pas soif, pas froid, sans doute jamais

mal, ni même peur de la guerre sous nos latitudes. Et elle vivra cent ans.

Comment peut-elle ressembler à ses ancêtres ? Ma génération a été formée

pour la souffrance. La morale judéo-chrétienne, qu’on qualifie à tort de

doloriste, nous préparait tout simplement à supporter la douleur, qui était

inévitable et quotidienne. C’était ainsi depuis Epicure et les Stoïciens.

Savez-vous que Louis XIV, un homme pas ordinaire, a hurlé de douleur

tous les jours de sa vie ? Il souffrait d’une fistule anale, qui n’a été opérée

qu’au bout de trente ans. Son chirurgien s’est entraîné sur plus de 100

paysans avant… Aujourd’hui, c’est un coup de bistouri et huit jours

d’antibiotiques. Je suis le dernier client de mon dentiste qui refuse les

anesthésies, il n’en revient pas ! Ne plus souffrir, c’est un changement

extraordinaire. Et puis, on est beaucoup plus beau aujourd’hui. Quand j’étais

petit, les paysans étaient tous édentés à 50 ans ! Et pourquoi croyez-vous que

nos aïeux faisaient l’amour habillés, dans le noir ? La morale, le puritanisme ?

Rigolade ! Ils étaient horribles, tout simplement. Les corps couverts de

pustules, de cicatrices, de boutons, ça ne pouvait pas faire envie. La fraise,

cette collerette que portaient les nobles, servait à cacher les glandes qui

éclataient à cause de la petite vérole ! Petite Poucette est jolie, elle peut se

mettre toute nue, et son copain aussi. Quand on la prend en photo, elle dit

« cheese », alors que ses arrière-grands-mères murmuraient « petite pomme d’api » pour cacher leurs dents gâtées.

Ce sont des anecdotes révélatrices. Car c’était au nom de la pudeur,

et donc de la religion et de la morale, qu’on se cachait. Tout cela n’a plus

cours. Je crois aussi que le fait d’être « choisi » lorsqu’on naît, à cause de la

contraception, de l’avortement, est capital dans ce nouvel état du corps.

Nous naissions à l’aveuglette et dans la douleur, eux sont attendus et

entourés de mille soins. Cela ne produit pas les mêmes adultes.

L’individu nouveau a une très longue vie devant lui, cela change aussi la façon d’appréhender l’existence…

Une longue vie devant et aussi derrière lui. L’homme le plus cultivé du

monde des générations précédentes, l’uomo di cultura, avait 10 000 ans de

culture, plus un peu de préhistoire. Petite Poucette a derrière elle 15 milliards

d’années, du Big Bang à l’homo sapiens, le Grand Récit n’est plus le même !

Et on est entrés dans l’ère de l’anthropocène et de l’hominescence, l’homme

étant devenu l’acteur majeur du climat, des grands cycles de la nature.

Savez-vous que la communauté humaine, aujourd’hui, produit autant de

déchets que la Terre émet de sédiments par érosion naturelle. C’est

vertigineux, non ? […]

SERRES Michel, Petite Poucette, La génération mutante,

in Libération, 3 septembre 2011.

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Proposition de correction pour le sujet M.E

Thème : La nouvelle génération et le monde ancien

Document : SERRES Michel, Petite Poucette, la génération mutante, in Libération, 3 septembre 2011.

Ces éléments sont fournis à titre indicatif. Orthographe, syntaxe, expression et présentation : soustraction jusqu’à 5 points. Questions :

I – Compréhension de texte (4 points) A - « les institutions, complètement dépassées, ne suivent plus » L'auteur avance un argument pour expliquer les responsabilités qui incombent à

Petite Poucette. Il évoque ici le fait que les structures organisatrices de la société

sont devenues caduques. Elles ont été bâties sur, et pour, des sociétés qui n'existent

plus aujourd'hui, tant le monde a changé. Ces structures subsistent, mais sont

inopérantes.

B - « mais cela ne constitue pas les gens » L'auteur traite évoque ici le communautarisme et le sentiment d'appartenance

culturelle. Il souligne que ce sentiment et cette appartenance, cela a pu être le cas

avant, ne constitue pas aujourd’hui une identité. D'après l'auteur, on ne peut se

définir, se penser ainsi.

C - « le virtuel est vieux comme le monde ! » Sur la question, apparemment d'actualité, de l'omniprésence du virtuel dans la vie

des gens, l'auteur répond sur le mode de l'exclamation. Il s'agit pour lui d'une

évidence : la fiction n'est pas une nouveauté. Elle est aux sources mêmes de la

culture.

D - « cela ne produit pas les mêmes adultes » L'auteur fait ici référence à l'ensemble des soins et attentions apportés à la

conception et à la venue au monde des enfants. L'importance du choix des parents

devant les progrès de la technique a pour conséquence que les enfants n'ont pas le

même statut qu'avant. Ils sont investis différemment. Il y a là une différence avec les

« anciens » qui venaient au monde « plus spontanément ».

II – Maîtrise de la langue (4 points) A - « diligenter » : Il s'agit de l'action de gouverner (entendu comme tenir un

gouvernail), de mener à bien une manœuvre.

B - « responsable » : C’est une capacité double : celle d’agir sans en référer

au préalable à un supérieur, mais c’est également la faculté de rendre compte,

d’assumer, de répondre (d’où responsabilité) de ses décisions.

C - « synthèse » : La synthèse est l'action qui consiste à regrouper, en un tout

cohérent et unifié, des éléments qui se trouvaient séparés et distincts.

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D - « latitudes » : La latitude est le repère pour connaître la proximité d'avec

les pôles. Dans le texte, il faut comprendre « sous nos latitudes » par « dans nos

régions ».

III – Dissertation (12 points) Y a-t-il aujourd’hui, selon vous, un choc des générations entre la jeunesse et le monde plus ancien des adultes ?

Il est absolument nécessaire que le candidat ait composé un devoir rigoureusement construit :

- une introduction en bonne et due forme (accroche, sujet,

problématique, plan)

- un développement composé de plusieurs parties (comme annoncé

dans l’introduction)

- une conclusion qui montre en quoi les étapes de la réflexion

permettent de formuler une réponse.

Dans le développement, on attend que le candidat soit capable d’organiser

des pistes de réflexion sur la problématique de la jeunesse et de son rapport avec le

monde adulte/ancien.

On attend du candidat qu’il ne « tombe » pas dans des énumérations stériles

d’illustrations, mais qu’il pose des pistes / étapes de réflexion. A titre de « pistes » de

réflexion, on peut avancer des tensions ou problématiques suivantes :

− Il existe des modèles de société dans lesquels il y a un réel « choc »

entre les deux mondes. (référence au mouvement punk, par exemple).

La confrontation est alors culturelle, physique, voir philosophique.

− Certaines sociétés développent des modes d'apprentissage du monde

adulte, par des rites de passage (bal des célibataires (cf. Bourdieu),

service militaire, mariage).

− On peut observer des « glissements », et non plus des chocs ou des rites

de passage vers le monde adulte : adulescence, départ tardif du foyer

parental, coexistence d'un travail et d'une vie avec sa famille

parentale, … Dans ce modèle, il n’y aurait plus de frontières clairement

définies entre les adultes et les jeunes.

− Il est possible de penser de réelles différences entre ces deux univers,

sans parler de chocs, car la frontière entre les deux semble perméable.

Les « anciens » apprendraient aux jeunes à découvrir le monde

(l'enseignant face à ses élèves), et ces derniers révèleraient aux

premiers un nouvel univers qui va s'étendre (les enfants qui expliquent

les nouvelles technologies à leurs parents).

− On peut également penser le rapport entre ces deux univers à travers

la notion d’héritage laissé par les anciens, et que les jeunes

s’approprient (savoir-faire, histoire, habitus, …).

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Institut Régional du Travail Social Service Scolarité Générale / Sélections 11 rue Guyon de Guercheville 14200 HÉROUVILLE SAINT CLAIR

SÉLECTION DES MONITEURS EDUCATEURS

1ère Epreuve écrite du 09 janvier 2010 (de 9 h 00 à 11 h 15)

Nombre total de pages : 3 I – COMPREHENSION DE TEXTE (10 points)

1. Proposez un titre à ce texte.(1 point)

2. Dégagez les axes et reformulez les. (3 points)

3. Expliquez « …aux yeux de ce gouvernement, nous sommes tous des criminels en puissance.» (2 points)

4. Expliquez « Ceux qui nous gouvernent n’ont-ils aucun sens de l’Histoire,

aucune culture philosophique leur permettant de comprendre où s’arrête l’action du gouvernement et où commence la vie privée de l’individu ? »(4 points)

II – TRAVAIL D’ECRITURE (10 points) Dans une discussion ordonnée et argumentée (introduction, développement avec paragraphes, conclusion), vous expliciterez votre réflexion sur ce sujet. Présentation, orthographe, syntaxe ( 0 à 5 points sur 20)

Aucune feuille de brouillon ne sera acceptée.

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Royaume-Uni Les libertés THE DAILY TELEGRAPH (extraits)- Londres � Les Britanniques furent précurseurs en matière de droits et de libertés individuelles. Aujourd’hui, leur pays est hérissé de caméras de surveillance. Car, en douze ans, les travaillistes ont multiplié lois et règlements sécuritaires.

Nous autres Britanniques sommes en colère. Normalement, quand nous sommes irrités, nous réagissons par un haussement d’épaules. Nous ne sommes pas comme les Français, qui à la moindre occasion descendent dans la rue pour lancer des pavés sur les CRS. Mais le flegme qui nous caractérise est mis à rude épreuve par une classe politique qui se mêle de nos vies à tout bout de champ : elle a oublié qu’elle ne devait le faire que lorsque c’était strictement nécessaire. Nous sommes perdants sur les deux tableaux : nous sommes à la fois surgouvernés et mal gouvernés.

4 millions de caméras de surveillance installées en Grande-Bretagne, soit une pour quatorze personnes.

On nous espionne davantage que le Nord-Coréen moyen. Nous sommes persécutés par les fascistes de la santé et les obsédés de la sécurité, secoués par les ralentisseurs. Si nous fumons, on nous dit où cloper ; si nous buvons, on nous culpabilise ; si nous conduisons une grosse voiture, nous sommes des parias ; si nous chassons, nous sommes devenus des criminels ; une remarque « déplacée » peut nous valoir une visite de la police ; si nous tenons tête à des voyous, nous pouvons finir au tribunal. Des innocents ont été enregistrés dans un fichier ADN destiné aux criminels et ils y resteront tant que la Cour européenne des droits de l’homme n’aura pas décidé qu’il faut les en retirer – ce qui ne manque pas de sel, quand on sait que ce même gouvernement a adopté le Human Rights Act [ loi sur les droits de l’homme] pour afficher son attachement aux libertés. Nos enfants vont tous avoir leur signalement dans une base de données baptisée ContactPoint, tout cela parce que d’abominables tuteurs ont tué une petite fille qui aurait dû être surveillée par les services sociaux. Les dysfonctionnements du système amènent à considérer que tous les enfants sont en danger.

De plus, aux yeux de ce gouvernement, nous sommes tous des

criminels en puissance. En effet, pourquoi voudrait-il que nous soyons inscrits dans un registre national d’identité si ce n’est pour savoir à tout moment où nos sommes ? Et pourquoi Le voudrait-il ? Je n’ai rien à craindre, mais je ne vois pas pour quoi je devrais être fiché dans une base de données nationale.

Comment en est-on arrivé là ? Le scandale des notes de frais des

députés [révélé en mai par The Daily Telegraph] est à cet égard tout à fait révélateur. De toute évidence, ils n’ont pas fait correctement leur travail. Ils sont censés discipliner le gouvernement, mais ils ont ouvert les vannes à une législation pléthorique. Ils ont passé une trop grande partie de leur temps à trouver des moyens toujours plus habiles d’augmenter leurs émoluments. Ils ont perdu de vue leur mission première.

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Nos hommes politiques ont perdu le sens de l’histoire. Les travaillistes ont créé de nouveaux délits à un rythme deux fois supérieur à celui de leurs prédécesseurs conservateurs, qui étaient déjà redoutables à cet égard, et la cadence n’a cessé de s’accélérer. Qu’on soit d’accord ou non avec toutes ces lois ou certaines d’entre elles, il est incontestable que cette frénésie législative fait évoluer notre pays dans un sens que bon nombre d’entre nous ne souhaitent pas.

Comment expliquer cette hyper-activité législative des gouvernements modernes ? Va-t-on cesser de contrarier les activités des sujets de Sa Majesté, et notamment leurs activités professionnelles, par des mesures injustifiées, liberticides et marquées du sceau de l’incompétence ? Ceux qui nous gouvernent n’ont-ils aucun sens de l’Histoire, aucune culture philosophique leur permettant de comprendre où s’arrête l’action du gouvernement et où commence la vie privée de l’individu ? Manifestement, ils ont oublié à quel point un travail législatif excessif pouvait nuire à la liberté individuelle.

Le scandale des notes de frais a fait remonter tout cela à la surface : le ras-le-bol envers un gouvernement qui a augmenté les impôts alors qu’il s’était engagé à ne pas le faire et qui a ensuite gaspillé des millions de livres pour financer des systèmes informatiques défaillants et une haute administration pléthorique ; l’incrédulité face à ces ministres qui affirment que la criminalité a baissé alors que nos propres yeux nous disent le contraire ; l’agacement face aux réglementations ineptes, l’utilisation injustifiée des amendes et des prélèvements, les règles de stationnement absurdes, les directives européennes aberrantes, les fouineurs multiculturalistes, l’énorme « quangocratie » [de quango , quasi autonomous non-governmental organisation, des ONG financées par le gouvernement mais autonomes dans leur fonctionnement] surpayée et foncièrement inutile, coupée de l’homme de la rue. Cela dure depuis longtemps, et les responsables sont ceux-là mêmes qui n’ont rien fait pour y mettre le holà : les députés.

Nous sommes fous de rage, alors mettez-vous à la fenêtre et hurlez votre colère. Allez, vous en mourrez d’envie. Philip Johnston

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Service Scolarité Sélections

Proposition de correction du sujet ME 2010

Durée de l’épreuve : 2 h 15 I. COMPREHENSION DES TEXTES (10 pts)

1.1 Proposition de titre :

Le titre doit interroger le rapport du pouvoir législatif à la liberté individuelle, par exemple : quand nos libertés sont bafouées, que faire ? Doit-on tout accepter ? (1 point)

1.2 Les grands axes du texte : 1.2.1 Les lois sécuritaires limitent nos libertés (l’idée ici attendue est celle d’une atteinte à nos libertés). (1.5 point) 1.2.2 Les dérives possibles d’une législation trop rigide. (1.5 point)

1.3 « … aux yeux de ce gouvernements, nous sommes des criminels en puissance ». Le candidat devra montrer l’atteinte aux libertés (registre national d’identité, fichier ADN etc.…) qui découle d’une législation trop axée sur la sécurité et pas assez sur la prévention. (2 points)

1.4 «Ceux qui nous gouvernent n’ont-ils aucun sens de l’Histoire, aucune culture philosophique leur permettant de comprendre où s’arrête l’action du gouvernement et où commence la vie privée de l’individu ? » Il est attendu ici que le candidat montre l’importance du respect de la vie privé. En outre il devra insister sur l’atteinte aux droits de l’homme que caractérise les fichiers d’identité et une possible dérive « totalitaire » en cas de non respect des droits fondamentaux ( liberté, dignité) (4 points)

II. TRAVAIL D’ECRITURE (10 pts)

Privilégier les devoirs qui respectent une introduction, un développement construit(deux ou trois parties) et une conclusion. Il est attendu que le candidat prenne des exemples concrets pour étayer son propos, fichier Edwige etc… Outre cela, il devra expliciter les dérives possibles que pourraient engendrer des règlements sécuritaires trop importants (atteinte à notre dignité etc…)

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Institut Régional du Travail Social Service Scolarité Générale / Sélections 11 rue Guyon de Guercheville 14200 HÉROUVILLE SAINT CLAIR

SÉLECTION DES MONITEURS EDUCATEURS

1ère Epreuve écrite du 08 Janvier 2011 (de 9 h 00 à 11 h 15)

Nombre total de pages : 3 Consigne : 1 page Document : 2 pages I – COMPREHENSION DE TEXTE (08 points)

1. Proposez un titre à ce texte. (1 point)

2. Dégagez l’articulation du texte. (2 points)

3. Expliquez , en tenant compte du contexte :

- Le banc ne déçoit pas. Il est fidèle à lui-même. (1 point) - Cette petite victoire sur la rue leur donne des ailes. (1 point) - C’est frustrant parce qu’on sait bien que, quelque part, peut-être

deux cents mètres de nous et sans qu’on le sache, une personne est dans le besoin. (3 points)

II – TRAVAIL D’ECRITURE (12 points) « C’est grâce à un meilleur encrage dans la société civile que nous pourrons continuer à aller vers ceux qui n’ont plus rien. » Exprimez-vous sur ce thème dans un développement construit. Présentation, orthographe, syntaxe ( 0 à - 5 points sur 20)

Aucune feuille de brouillon ne sera acceptée.

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Agrandir la photo Georges, Karen et Lucile font partie des bénévoles de la Croix-Rouge qui « maraudent » tous les soirs, à la rencontre des sans-abri .

Le Samu social organise des maraudes tous les soirs, pour aller à la rencontre des plus vulnérables. Une couverture, un café chaud, un toit parfois. Son objectif : garder le contact avec ceux dont la rue s'est emparée La température flirte avec les -7°C. Alors ce jeudi soir, Lucile a doublé sa paire de chaussettes. Elle a prévu les gants et le bonnet. La soirée va être longue et fraîche. Cette femme de 40 ans est bénévole à la Croix-Rouge. Elle est, plus exactement, chef d'équipe au Samu social. Il est 20 h. Elle prend place dans le camion des maraudes aux côtés de Georges, 37 ans, salarié de la Croix-Rouge, et de Karen, 40 ans, bénévole depuis l'année dernière. Ils s'en vont à la rencontre des vulnérables, des sans-abri, pour distribuer des couvertures, proposer un café ou une soupe chaude et, pourquoi pas, s'ils arrivent à convaincre et à rassurer, transporter Paul dans un centre d'hébergement d'urgence (CHRS).Paul a 76 ans. Après quelques kilomètres au départ de la rue Louis-Morin, siège de la Croix-Rouge à Troyes, le trio du Samu social aperçoit le vieil homme. Il attend sur un banc, en tirant sur son bout de mégot. Il est un peu méfiant, Paul. Pourtant il connaît Georges depuis un bail. L'éducateur en est à son troisième hiver de maraudes. L'approche se fait polie, on doit renouer le contact à chaque fois. Paul raconte son « truc » pour faire sauter la sécurité d'un briquet, revient sans détails sur son séjour à l'hôpital, répète qu'il voudrait bien récupérer ses meubles. Ses meubles qui l'attendent, quelque part dans une cave depuis plusieurs années. Ça fait dix-sept ans que Paul vit dans la rue. Tandis que la plupart des sans-abri du département trouvent refuge sous une tente, dans un hall, au milieu d'un squat, lui est capable de dormir sur un banc avec une simple couverture, par -10°C. Pourtant, il ne porte pas de gants et ne double pas ses chaussettes. Son état de santé s'est détérioré ces derniers temps. Georges et son équipe ne vont pas lâcher le morceau cette fois. Mais toujours en douceur et avec respect. Il faut qu'il accepte le toit qu'on lui propose. Paul s'inquiète. Pourra-t-il se déplacer comme il veut ? N'y aura-t-il pas d'autres occupants antipathiques ? « Comment va faire mon copain Gégé s'il ne me voit plus sur mon banc ? » Georges, l'éducateur, comprend la réticence : « Imaginez avoir vécu pendant près de vingt ans dans un placard. N'auriez-vous pas un peu de mal à retourner dans la rue ? » Une heure et demie de discussions sera nécessaire pour que Paul accepte. Avec inquiétude. La dernière fois, le centre ne lui plaisait pas. À peine arrivé, il a sauté dans un bus de ville pour retourner sur son banc. Le banc ne déçoit pas. Il est fidèle à lui-même. Après quelques éclats de rire à l'arrière du camion et un gobelet de soupe chaude, l'équipe du Samu social conduit Paul au foyer aubois, à Saint-Julien-les-Villas, dans une chambre médicalisée. L'infirmière est accueillante, l'endroit est neuf et sent bon. Il y a même la télé. L'homme dormira là et pourra ouvrir la fenêtre s'il a trop chaud. Il sera libre de retourner sur son banc, pendant la journée. Paul sourit et ses yeux brillent. Les trois amis sont émus. Cette petite victoire sur la rue leur donne des ailes. Ils continuent leur périple, à la rencontre des jeunes du centre-ville, des égarés de la

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gare, d'un homme qui titube en rentrant chez lui. Il n'y aura pas d'appel du 115 ce soir. Tout est calme et personne n'a demandé d'aide. « C'est frustrant parce qu'on sait bien que, quelque part, peut-être à deux cents mètres de nous et sans qu'on le sache, une personne est dans le besoin », souffle Georges en terminant sa maraude. Demain, il repartira à sa recherche. La Croix-Rouge lance un appel à la solidarité. « Si vous voyez un homme à la rue, composez le 115 sur votre téléphone », encouragent les bénévoles du Samu social. Un appel gratuit pour un geste de civisme qui pourrait sauver des vies. A lire aussi... L’EST-ECLAIR Mélanie LESOIF-KADDAR Article paru le : 8 décembre 2010

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Service Scolarité Sélections

Proposition de correction du sujet ME 2011

Durée de l’épreuve : 2 h 15 I. COMPREHENSION DES TEXTES (08 pts)

1.1 Proposition de titre : (1 point)

Une soupe chaude et un toit pour Paul . 1.2 L’articulation du texte : (2 points)

Deux parties dans ce texte assez explicites, la première montre une victoire contre la froideur de la rue, et la seconde montre l'importance de la solidarité et par conséquent nous concerne tous, ce qui revient à montrer la nécessité du respect de la dignité humaine.

1.3 Explication en tenant compte du contexte (5 points)

- Le banc ne déçoit pas. Il est fidèle à lui-même. (1 point) - Cette petite victoire sur la rue leur donne des ailes. (1 point) - C’est frustrant parce qu’on sait bien, que quelque part, peut-être à deux

cents mètres de nous et sans qu’on le sache, une personne est dans le besoin.( 3 points)

II. TRAVAIL D’ECRITURE (12 pts)

« C’est grâce à un meilleur encrage dans la société civile que nous pourrons continuer à aller vers ceux qui n’ont plus rien. »

Privilégier les devoirs dont le développement est construit .