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24 // REVUE FRANCOPHONE DES LABORATOIRES - AVRIL 2010 - N°421 Instruments volumétriques à piston (IVAP) De ce fait, les incertitudes de mesure sont plus larges que celles évaluées au laboratoire d’étalonnage. 2 e cas : envoi du matériel au laboratoire d’étalonnage À réception des matériels, la revue de contrat donne éven- tuellement lieu à des échanges administratifs avec le client (matériel sous garantie ou non, bon de commande incomplet, mal libellé, etc.). Chaque matériel est enregistré, puis le technicien habilité pro- cède à un nettoyage externe du matériel. Après accord ou confirmation du client et sous condition de vérification sous accréditation, la mise en conformité technique (entretien, répa- ration) est effectuée. Le matériel est ensuite mis en température dans la salle d’étalonnage. Cette salle bénéficie de conditions particulières environnemen- tales et techniques : - la température est contrôlée à 21 +/- 2 °C, - l’hygrométrie est supérieure à 50 %, - l’eau est déminéralisée (résistivité à 18 M Ohms en sortie), - toutes les sondes de mesure de température (air, eau), de pres- sion atmosphérique et d’humidité de l’air sont étalonnées par un organisme externe (reconnaissance mutuelle avec le Cofrac), Introduction : la fonction métrologie La métrologie est la science des mesures (Petit Larousse). Dans les laboratoires de biologie médicale (LBM), le biologiste respon- sable (ou la personne habilitée) doit définir dans le système de management de la qualité une procédure de métrologie (voir hors série novembre 2009, Enjeux du Labo de la Revue Francophone des Laboratoires). Cette procédure de métrologie identifie les matériels qui relèvent d’une caractérisation métrologique. Les exigences normatives La norme ISO 8655 contient les éléments permettant la confir- mation métrologique, c’est-à-dire « l’ensemble des opérations nécessaires pour assurer qu’un équipement de mesure répond aux exigences correspondant à l’utilisation prévue ». Voici donc les exigences normatives posées. Le document du Cofrac LAB LABM Ref 02 déc 2007 reprend ce concept en sa page 26. Pour ce qui concerne les systèmes analytiques, le contrôle de qualité interne (CIQ) et l’évaluation externe de la qualité (EEQ) par comparaison des résultats obtenus (groupes de pairs) entre laboratoires répondent à l’exigence mentionnée (§ 5.6.3 a). En revanche, les grandeurs telles que les volumes (pipette), les masses (balance), les vitesses (centrifugeuse), les temps (chro- nomètre) et les températures (enceinte thermorégulée) doivent bénéficier d’un raccordement métrologique. Rares sont les laboratoires de biologie médicale disposant du matériel adapté et des compétences requises pour effectuer à la fois la vérification, l’entretien et l’étalonnage sous accrédi- tation Cofrac. C’est pourquoi de très nombreux laboratoires s’adressent à un établissement disposant d’un laboratoire d’étalonnage accrédité. Nous ne retiendrons ici que le cas des pipettes. IVAP et étalonnage sous accréditation En cas de sous-traitance auprès d’un laboratoire d’étalonnage, le LBM peut choisir entre deux possibilités. 1 er cas : déplacement sur site Si l’accréditation dont il dispose l’autorise, le laboratoire d’éta- lonnage peut se déplacer, sous conditions : - nombre et type de matériel concernés, - pièce climatisée et isolée disponible, - table de pesée stable (marbre), - mise en température 12 h au préalable des balances et autres matériels nécessaires. La procédure globale (vérification, maintenance éventuelle, étalonnage sous accréditation) est identique à celle effectuée au laboratoire d’étalonnage (voir ci-dessous). Cependant l’ab- sence de stabilité des conditions ambiantes est prise en compte. © BSIP/SCIENCE PHOTO LIBRARY/IAN HOOTON

Instruments volumétriques à piston (IVAP)

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24 // REVUE FRANCOPHONE DES LABORATOIRES - AVRIL 2010 - N°421

Instruments volumétriques à piston (IVAP)

De ce fait, les incertitudes de mesure sont plus larges que celles évaluées au laboratoire d’étalonnage.

2e cas : envoi du matériel au laboratoire d’étalonnageÀ réception des matériels, la revue de contrat donne éven-tuellement lieu à des échanges administratifs avec le client (matériel sous garantie ou non, bon de commande incomplet, mal libellé, etc.).Chaque matériel est enregistré, puis le technicien habilité pro-cède à un nettoyage externe du matériel. Après accord ou confirmation du client et sous condition de vérification sous accréditation, la mise en conformité technique (entretien, répa-ration) est effectuée. Le matériel est ensuite mis en température dans la salle d’étalonnage.Cette salle bénéficie de conditions particulières environnemen-tales et techniques :- la température est contrôlée à 21 +/- 2 °C,- l’hygrométrie est supérieure à 50 %,- l’eau est déminéralisée (résistivité à 18 M Ohms en sortie),- toutes les sondes de mesure de température (air, eau), de pres-sion atmosphérique et d’humidité de l’air sont étalonnées par un organisme externe (reconnaissance mutuelle avec le Cofrac),

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Introduction : la fonction métrologie

La métrologie est la science des mesures (Petit Larousse). Dans les laboratoires de biologie médicale (LBM), le biologiste respon-sable (ou la personne habilitée) doit définir dans le système de management de la qualité une procédure de métrologie (voir hors série novembre 2009, Enjeux du Labo de la Revue Francophone des Laboratoires). Cette procédure de métrologie identifie les matériels qui relèvent d’une caractérisation métrologique.

Les exigences normatives

La norme ISO 8655 contient les éléments permettant la confir-mation métrologique, c’est-à-dire « l’ensemble des opérations nécessaires pour assurer qu’un équipement de mesure répond aux exigences correspondant à l’utilisation prévue ». Voici donc les exigences normatives posées.Le document du Cofrac LAB LABM Ref 02 déc 2007 reprend ce concept en sa page 26.

Pour ce qui concerne les systèmes analytiques, le contrôle de qualité interne (CIQ) et l’évaluation externe de la qualité (EEQ) par comparaison des résultats obtenus (groupes de pairs) entre laboratoires répondent à l’exigence mentionnée (§ 5.6.3 a). En revanche, les grandeurs telles que les volumes (pipette), les masses (balance), les vitesses (centrifugeuse), les temps (chro-nomètre) et les températures (enceinte thermorégulée) doivent bénéficier d’un raccordement métrologique.Rares sont les laboratoires de biologie médicale disposant du matériel adapté et des compétences requises pour effectuer à la fois la vérification, l’entretien et l’étalonnage sous accrédi-tation Cofrac.C’est pourquoi de très nombreux laboratoires s’adressent à un établissement disposant d’un laboratoire d’étalonnage accrédité. Nous ne retiendrons ici que le cas des pipettes.

IVAP et étalonnage sous accréditation

En cas de sous-traitance auprès d’un laboratoire d’étalonnage, le LBM peut choisir entre deux possibilités.

1er cas : déplacement sur siteSi l’accréditation dont il dispose l’autorise, le laboratoire d’éta-lonnage peut se déplacer, sous conditions :- nombre et type de matériel concernés,- pièce climatisée et isolée disponible,- table de pesée stable (marbre),- mise en température 12 h au préalable des balances et autres matériels nécessaires.La procédure globale (vérification, maintenance éventuelle, étalonnage sous accréditation) est identique à celle effectuée au laboratoire d’étalonnage (voir ci-dessous). Cependant l’ab-sence de stabilité des conditions ambiantes est prise en compte.

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- les masses étalons de travail sont étalonnées contre un jeu de référence lui-même étalonné par un organisme externe (ce jeu est strictement réservé à ce seul usage).

Protocoles de vérification et d’étalonnage

Selon le type d’ IVAP différents protocoles sont utilisés.

Pipette monocanalUne balance de résolution 10 μg est utilisée pour les volumes > 100 μl et une balance de résolution 1 μg pour les volumes ≤ 100 μl.En général, 3 volumes sont testés (100 %, environ 50 % et 10 %), sauf pour les IVAP à volume fixe (volume nominal). 4 ou 10 pesées sont effectuées pour chaque volume testé (en fonction du contrat).Chaque balance est équipée d’un réservoir d’eau confinant ainsi la cellule de mesure dans une atmosphère humide évitant tout risque d’évaporation. Un faisceau IR rompu au moment du passage de l’embout ouvre la cellule de mesure. Le tout est piloté par ordinateur.

Pipette multicanauxLe système MCP (Multi Channel Pipetting) de Mettler est lui aussi piloté par ordinateur. Chaque module (au nombre de 5) comporte 1 cellule de pesée et 12 réservoirs (tare et double pesée). L’ensemble repose sur deux tables indépendantes dont l’une en marbre assure une parfaite stabilité. 4 ou 10 pesées sont effectuées pour chaque volume testé (en fonction du contrat).La méthode de mesure utilisée est la méthode gravimétrique, par distribution (Ex) (méthode de référence selon la norme NF EN ISO 8655-6). Le liquide utilisé est de l’eau de « grade 3 » selon la norme NF EN ISO 3696. L’évaporation est minimisée en uti-lisant un piège à humidité. La conversion masse en volume est faite en utilisant la table de correction masse/volume : facteur de correction Z, annexe A, tableau A1 de la norme NF EN ISO

8655-6. La formule est Vi = mi.Z. Le volume moyen calculé permet de déterminer le biais (erreur de justesse Ev) par com-paraison à la valeur cible (volume théorique). L’erreur aléatoire est définie par l’écart type (distribution des mesures).

Calcul de l’incertitude de mesureSelon le Vocabulaire International de Métrologie, l’incertitude de mesure est un « paramètre associé au résultat d’un mesurage, qui caractérise la dispersion des valeurs qui pourraient être raisonnablement attribuées au mesurande ».Le calcul de cette incertitude est relativement complexe du fait du nombre de variables en causes. Pour simplifier : toutes les erreurs identifiées de la chaîne de mesure (matériel de mesure, environnement et IVAP à étalonner) sont prises en compte, pour chacune d’elle une incertitude type est évaluée. Il en résulte une incertitude élargie associée au volume moyen U.

ConformitéLa déclaration de conformité porte sur le constat que l’erreur de justesse (Ev) des volumes de l’IVAP, augmentée de l’incer-titude d’étalonnage élargie (U), est inférieure ou égale à l’er-reur maximale tolérée (EMT) définie dans le texte de la norme NF EN ISO 8655-2-5, table 1 et 2 (erreurs systématiques auto-risées) : |E| + U ≤ EMT. L’erreur aléatoire (sv) est inférieure ou égal à l’erreur maximale tolérée (EMT) définie dans le texte de la norme NF EN ISO 8655-2-5, tables 1 et 2 (erreurs aléatoires autorisées) : s ≤ EMT.Le matériel est lui-même étiqueté (n° du certificat et date d’éta-lonnage).Ce raccordement ne dispense pas le laboratoire de mettre en place en interne une procédure d’étalonnage indiquant notamment la fréquence et la méthode d’étalonnage sous accréditation.

Document rédigé par Claude Naudin et Raphaël Paulin (Métrologue, Responsable qualité, Société Biohit)