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J Chir 2004,141, N°5 • © Masson, Paris, 2004 327 Revue de Presse 3) La SE représente la meilleure option chez les sujets âgés ou à risque opératoire. Cependant, chez les sujets jeunes, le risque de symptômes à long-terme doit faire envisager un traitement laparoscopique de la lithiase de la voie biliaire principale cha- que fois que cela est possible. Mots-clés : Voies Biliaires. Traitement. Lithiase. Sphinctérotomie en- doscopique. 1. Gastroenterol Clin Biol 2002;26:1980-1987. 2. Gut 1984;25:59-62. Les symptômes de reflux pharyngo-laryngé prédictifs d’un adénocarcinome de l’œsophage K. Reavis, C. Morris, D. Gopal, J. Hunter, B. Jobe Laryngopharyngeal reflux symptomes better predict the presence of oesophageal adenocarcinoma than typical gastroesophageal reflux symptoms. Ann Surg 2004;239:849-858. Le but de cette étude était de déterminer si les symptômes de reflux pharyngo-laryngé (RPL), (toux chronique, asthme, sen- sations répétées de blocage alimentaire haut, irritations du fond de la gorge, fausses-routes, sinusite, dysphonie), isolés ou as- sociés à un reflux gastro oesophagien (RGO), étaient significa- tivement associés à la présence d’un adénocarcinome de l’œso- phage. Les pourcentages de malades ayant au moins un symptôme de RPL et/ou de RGO ont été déterminés et comparés dans 4 groupes de malades. Le premier groupe incluait 63 malades porteurs d’un adénocarcinome de l’œsophage, diagnostiqué entre 1997 et 2002. Deux autres groupes de 50 malades non consécutifs, ont été sélectionnés à partir d’un registre d’endos- copies réalisées pour un RGO connu et surveillé : 50 malades avaient un endobrachyoesophage (EBO) sans dysplasie, et 50 malades avaient une oesophagite sans EBO. Le dernier groupe de 56 malades « contrôle » a aussi été sélectionné à partir d’un registre de consultations. Ils ne devaient avoir ni symptômes de RGO, ni pris d’anti-acides et avaient, pour 36 % d’entre eux, eu une endoscopie normale. Les groupes étaient compa- rables en terme d’âge, de sexe, de consommation de tabac, de comorbidités. Cependant, les malades qui avaient un adénocar- cinome de l’œsophage étaient de 10 ans plus âgés que les autres. Les symptômes de RPL étaient plus fréquents chez les malades qui avaient un adénocarcinome de l’œsophage (54 %), compa- rés à ceux qui avaient un EBO (40 %), une œsophagite sans EBO (26 %), et comparés à ceux du groupe contrôle (19,6 %). Ces différences étaient statistiquement significatives. Parmi les malades qui avaient un adénocarcinome de l’œsophage, la toux chronique était le symptôme le plus fréquent de RPL (38 % des cas). À l’inverse, seulement 43 % des malades porteurs d’un adénocarcinome de l’œsophage avaient des symptômes typi- ques de RGO, comparé à 66 % des malades qui avaient un EBO et 86 % des malades qui avaient une oesophagite sans EBO (86 %). Ces différences étaient statistiquement significa- tives. Trente pour cent des malades qui avaient un adénocar- cinome de l’œsophage présentaient des symptômes de RPL isolés (sans symptômes de RGO) et 27 % n’avaient jamais eu ni RGO ni RPL. En analyse multivariée, la toux chronique, le diabète, l’âge, étaient les seuls facteurs prédictifs indépendants d’un adénocarcinome de l’œsophage. Les auteurs concluent que les symptômes de RPL doivent constituer un signe d’alarme pour réaliser une endoscopie à la recherche d’un EBO et d’un adénocarcinome de l’œsophage. Commentaires 1) En dépit de l’utilisation large des inhibiteurs de la pompe à protons chez les malades ayant un RGO, qui traite l’œsopha- gite, mais pas l’EBO, en dépit de la conférence de consensus de 1999 qui recommande la réalisation d’un fibroscopie devant un RGO chez tout sujet de plus de 50 ans ou devant des symp- tômes atypiques [1], l’incidence de l’adénocarcinome de l’œso- phage continue de croître [2-5]. 2) C’est la première fois qu’il est suggéré que, dans la popula- tion des malades ayant un RGO, la présence de symptômes de RPL et l’absence de symptômes de RGO sont associés à un risque plus élevé d’adénocarcinome de l’œsophage. Les limites méthodologiques de cette étude sont importantes et liées à la sélection rétrospective des groupes de malades comparés. 3) Ce travail suggère que les symptômes de RPL doivent être pris en compte pour recommander une endoscopie à la recher- che d’un EBO ou d’un adénocarcinome de l’œsophage chez les malades porteurs ou non de symptômes de RGO. Mots-clés : Œsophage. Prophylaxie. Cancer. Reflux pharyngo- laryngé. 1. Gastroenterol Clin Biol 1999;23:56-65. 2. Gastroenterol 2004;127:310-330. 3. Gastroenterol 2002;122:26-33. 4. N Engl J Med 1999;340: 825-831. 5. Am J Gastroenterol 2004;99:991-996. Intérêt de l’imagerie par résonance magnétique mammaire dans la stratégie thérapeutique des cancers du sein F. Bagley The role of magnetic resonance imaging mammo- graphy in the surgical management of the index breast Cancer. Arch Surg 2004;139:380-383. Le traitement chirurgical des cancers du sein s’oriente depuis 20 ans vers des techniques conservatrices. Cependant, les tu- meurs évoluées, centrales, ou multicentriques nécessitent sou- vent une mastectomie totale. Le carcinome mammaire est mul- ticentrique dans environ 40 % des cas, que ce soit sous une forme intracanalaire ou sous la forme de foyers micro-invasifs. Le diagnostic est le plus souvent porté au cours de l’examen extemporané mais parfois seulement sur l’histologie définitive, obligeant à une intervention en deux temps. L’imagerie par ré- sonance magnétique (IRM) mammaire semble être de grand intérêt pour l’évaluation plus précise de l’étendue des lésions, pour la mise en évidence de lésions multifocales, ou pour le diagnostic des récidives. Cette étude a comparé l’exploration conventionnelle par mam- mographie à l’IRM mammaire. 237 malades consécutives ont été incluses. Vingt-sept malades étaient porteuses de 35 tu- meurs invasives. Les malades ont été réparties en plusieurs groupes : 1. Celles avec un nodule palpable (n = 9) qui avaient subi une cytoponction : 7/9 avaient eu une mammographie positive et 2/9 avaient une mammographie considérée comme normale. L’IRM montrait chez 3 malades 2 tumeurs ipsilatérales (mul- ticentriques), 3 avaient des tumeurs plus étendues que ne le suggérait la mammographie, 3 étaient sans autre anomalie que celles observées à la mammographie. Les 6 malades portant des cancers multicentriques ou plus étendus que prévu ont eu une

Intérêt de l’imagerie par résonance magnétique mammaire dans la stratégie thérapeutique des cancers du sein: F. Bagley. The role of magnetic resonance imaging mammography in

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J Chir 2004,141, N°5 • © Masson, Paris, 2004

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Revue de Presse

3) La SE représente la meilleure option chez les sujets âgés ouà risque opératoire. Cependant, chez les sujets jeunes, le risquede symptômes à long-terme doit faire envisager un traitementlaparoscopique de la lithiase de la voie biliaire principale cha-que fois que cela est possible.

Mots-clés : Voies Biliaires. Traitement. Lithiase. Sphinctérotomie en-doscopique.

1. Gastroenterol Clin Biol 2002;26:1980-1987.2. Gut 1984;25:59-62.

Les symptômes de reflux pharyngo-laryngé prédictifs d’un adénocarcinome de l’œsophage

K. Reavis, C. Morris, D. Gopal, J. Hunter, B. JobeLaryngopharyngeal reflux symptomes better predictthe presence of oesophageal adenocarcinoma thantypical gastroesophageal reflux symptoms.Ann Surg 2004;239:849-858.

Le but de cette étude était de déterminer si les symptômes dereflux pharyngo-laryngé (RPL), (toux chronique, asthme, sen-sations répétées de blocage alimentaire haut, irritations du fondde la gorge, fausses-routes, sinusite, dysphonie), isolés ou as-sociés à un reflux gastro oesophagien (RGO), étaient significa-tivement associés à la présence d’un adénocarcinome de l’œso-phage.Les pourcentages de malades ayant au moins un symptôme deRPL et/ou de RGO ont été déterminés et comparés dans4 groupes de malades. Le premier groupe incluait 63 maladesporteurs d’un adénocarcinome de l’œsophage, diagnostiquéentre 1997 et 2002. Deux autres groupes de 50 malades nonconsécutifs, ont été sélectionnés à partir d’un registre d’endos-copies réalisées pour un RGO connu et surveillé : 50 maladesavaient un endobrachyoesophage (EBO) sans dysplasie, et 50malades avaient une oesophagite sans EBO. Le dernier groupede 56 malades « contrôle » a aussi été sélectionné à partir d’unregistre de consultations. Ils ne devaient avoir ni symptômesde RGO, ni pris d’anti-acides et avaient, pour 36 % d’entreeux, eu une endoscopie normale. Les groupes étaient compa-rables en terme d’âge, de sexe, de consommation de tabac, decomorbidités. Cependant, les malades qui avaient un adénocar-cinome de l’œsophage étaient de 10 ans plus âgés que lesautres.Les symptômes de RPL étaient plus fréquents chez les maladesqui avaient un adénocarcinome de l’œsophage (54 %), compa-rés à ceux qui avaient un EBO (40 %), une œsophagite sansEBO (26 %), et comparés à ceux du groupe contrôle (19,6 %).Ces différences étaient statistiquement significatives. Parmi lesmalades qui avaient un adénocarcinome de l’œsophage, la toux

chronique était le symptôme le plus fréquent de RPL (38 %des cas). À l’inverse, seulement 43 % des malades porteurs d’unadénocarcinome de l’œsophage avaient des symptômes typi-ques de RGO, comparé à 66 % des malades qui avaient unEBO et 86 % des malades qui avaient une oesophagite sansEBO (86 %). Ces différences étaient statistiquement significa-tives. Trente pour cent des malades qui avaient un adénocar-cinome de l’œsophage présentaient des symptômes de RPLisolés (sans symptômes de RGO) et 27 % n’avaient jamais euni RGO ni RPL. En analyse multivariée, la toux chronique, lediabète, l’âge, étaient les seuls facteurs prédictifs indépendantsd’un adénocarcinome de l’œsophage.Les auteurs concluent que les symptômes de RPL doiventconstituer un signe d’alarme pour réaliser une endoscopie à larecherche d’un EBO et d’un adénocarcinome de l’œsophage.

Commentaires1) En dépit de l’utilisation large des inhibiteurs de la pompe àprotons chez les malades ayant un RGO, qui traite l’œsopha-gite, mais pas l’EBO, en dépit de la conférence de consensusde 1999 qui recommande la réalisation d’un fibroscopie devantun RGO chez tout sujet de plus de 50 ans ou devant des symp-tômes atypiques [1], l’incidence de l’adénocarcinome de l’œso-phage continue de croître [2-5].2) C’est la première fois qu’il est suggéré que, dans la popula-tion des malades ayant un RGO, la présence de symptômes deRPL et l’absence de symptômes de RGO sont associés à unrisque plus élevé d’adénocarcinome de l’œsophage. Les limitesméthodologiques de cette étude sont importantes et liées à lasélection rétrospective des groupes de malades comparés.3) Ce travail suggère que les symptômes de RPL doivent êtrepris en compte pour recommander une endoscopie à la recher-che d’un EBO ou d’un adénocarcinome de l’œsophage chez lesmalades porteurs ou non de symptômes de RGO.

Mots-clés : Œsophage. Prophylaxie. Cancer. Reflux pharyngo- laryngé.

1. Gastroenterol Clin Biol 1999;23:56-65.2. Gastroenterol 2004;127:310-330.3. Gastroenterol 2002;122:26-33.4. N Engl J Med 1999;340: 825-831.5. Am J Gastroenterol 2004;99:991-996.

Intérêt de l’imagerie par résonance magnétique mammaire dans la stratégie thérapeutique des cancers du sein

F. BagleyThe role of magnetic resonance imaging mammo-graphy in the surgical management of the indexbreast Cancer.Arch Surg 2004;139:380-383.

Le traitement chirurgical des cancers du sein s’oriente depuis20 ans vers des techniques conservatrices. Cependant, les tu-meurs évoluées, centrales, ou multicentriques nécessitent sou-vent une mastectomie totale. Le carcinome mammaire est mul-ticentrique dans environ 40 % des cas, que ce soit sous uneforme intracanalaire ou sous la forme de foyers micro-invasifs.Le diagnostic est le plus souvent porté au cours de l’examen

extemporané mais parfois seulement sur l’histologie définitive,obligeant à une intervention en deux temps. L’imagerie par ré-sonance magnétique (IRM) mammaire semble être de grandintérêt pour l’évaluation plus précise de l’étendue des lésions,pour la mise en évidence de lésions multifocales, ou pour lediagnostic des récidives.Cette étude a comparé l’exploration conventionnelle par mam-mographie à l’IRM mammaire. 237 malades consécutives ontété incluses. Vingt-sept malades étaient porteuses de 35 tu-meurs invasives. Les malades ont été réparties en plusieursgroupes : 1. Celles avec un nodule palpable (n = 9) qui avaient subi unecytoponction : 7/9 avaient eu une mammographie positive et2/9 avaient une mammographie considérée comme normale.L’IRM montrait chez 3 malades 2 tumeurs ipsilatérales (mul-ticentriques), 3 avaient des tumeurs plus étendues que ne lesuggérait la mammographie, 3 étaient sans autre anomalie quecelles observées à la mammographie. Les 6 malades portant descancers multicentriques ou plus étendus que prévu ont eu une

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mastectomie totale. Une des 3 malades avec des tumeurs mul-ticentriques avaient en outre deux tumeurs dans le sein opposé(malgré une mammographie normale…) et a eu une mastecto-mie bilatérale.2. Celles avec une mammographie suspecte (n = 10), sans no-dule palpable : la biopsie stéreotaxique s’est révélée positivedans tous les cas. L’IRM a mis en évidence un cancer multi-centrique chez deux malades et une forme plus large que pré-vue chez deux autres, nécessitant pour les 4 une mastectomietotale.3. Celles avec une mammographie suspecte pour lesquellesl’IRM a été jugée suffisamment performante pour la prescrireavant toute biopsie (n = 8). L’IRM a mis en évidence deux can-cers multicentriques et 2 malades avec une tumeur plus largeque prévue. Trois malades ont eu une mastectomie totale, lesautres un traitement conservateur. Tous les cancers multicen-triques dépistés à l’IRM ont été confirmés sur les pièces histo-logiques, de même que les deux cancers du sein opposés chezune patiente et les cancers plus larges que prévus.En définitive, l’IRM a évalué avec exactitude la taille des can-cers chez 32/35 malades (91 %). Par ailleurs, l’IRM pré-opé-ratoire a modifié le geste opératoire chez 13/27 malades (48 %)

avec la découverte d’un cancer multicentrique (n = 6) ou d’unetumeur plus large que prévue (n = 7).

Commentaires1) Certes, il s’agit d’une série limité en nombre et de faiblerecul, mais avec une performance de l’IRM très intéressante,permettant de mieux apprécier la taille tumorale et de dépisterles formes multicentriques et par voie de conséquence d’ajusterl’exérèse chirurgicale.2) Il est particulièrement important de préciser si l’IRM mam-maire permet de réduire le taux de récidive après interventionconservatrice ; la grande majorité des malades recevant une ra-diothérapie complémentaire. La place de l’IRM dans le dia-gnostic des récidives locales sur sein opéré ou irradié est éga-lement particulièrement importante à préciser.3) En l’absence d’une étude numériquement plus importanteconfirmant ces données, l’IRM paraît dès à présent pouvoirêtre recommandée aux malades porteuses de lésions invasiveset candidates à une intervention conservatrice.

Mots-clés : Sein. Traitement. Cancer. IRM.