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Maison des Sciences de l’Homme d’Aquitaine Projet : Internet en Afrique subsaharienne L’INTERNET AU MALI : ACTEURS ET USAGES Rapport de Théophile Vittin Copyright MSHA, Pessac, 2002 – Tous droits réservés

Internet au Mali - MSHA, Maison des Sciences de … · cours de réalisation en partenariat avec la Banque Mondiale qui y a incité les ... - 1 Réseau FH de 2 434 Km dont 979 Km

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Maison des Sciences de l’Homme d’Aquitaine

Projet : Internet en Afrique subsaharienne

L’INTERNET AU MALI : ACTEURS ET USAGES

Rapport de Théophile Vittin

Copyright MSHA, Pessac, 2002 – Tous droits réservés

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INTRODUCTION

1 - Bref descriptif du Mali

Ancienne colonie française, tendances marxiste-léniliste mais, en mêmetemps entretient des relations avec des pays autres que communistes. Il adéveloppé ses relations avec la France et l’Occident depuis la rupture des relationsavec l’URSS en 1980.

La situation géographique du Mali le rend vulnérable aux facteurs climatiqueset fragilise son système écologique (périodes de sécheresse).

Parmi les différents pays d’Afrique, le Mali possède l’une des plus faiblesdensités téléphoniques : en 1995, il y avait deux téléphones pour 1.000 habitants.

Le Mali est un grand pays enclavé considéré comme l’un des pays les pluspauvres au monde (classé 171ème sur 174 pays, sur la base de la valeur de sonindicateur de pauvreté humaine). Anciennement appelé Soudan français, le Mali aobtenu son indépendance en septembre 1960. La majorité de la population vit dansle sud du pays, où se trouve la plupart des terres arables et des centres urbains.

Le coton est le principal produit d’exportation, mais l’extraction de l’or est entrain de gagner en importance. Le pays possède aussi un grand cheptel (bovins,ovins et caprins), et s’autosuffit en poissons d’eau douce. L’absence d’uneinfrastructure de transport adéquate reste l’un des obstacles majeurs au progrèséconomique. En 1997, le gouvernement malien a continué la mise en œuvre réussiedu programme d’ajustement structurel recommandé par le FMI, et qui a permis àl’économie de connaître de meilleurs taux de croissance, de se diversifier, etd’attirer les investissements étrangers.

Les indicateurs généraux (Tableau n° 1 )

Nom du pays : Le MALIZone géographique : Afrique occidentalePays frontaliers : Algérie, Niger, Burkina faso, Côte d'Ivoire, Guinée,Sénégal, MauritanieSuperficie : 1'241'238 km2

Population : 10'690'000 hbtsTaux de croissance : 3,28% (1995-2000) (Projection de l’ONU)Capitale : Bamako (1 million d'hbts)Principales villes : Gao, Koulikoro, Mopti, Ségou, Sikasso, TombouctouLangue officielle : FrançaisPrincipales langues : bambara, fulani, senoufo, songhraiTaux d'alphabétisation : 25%

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Tx de population urbaine : 28%PIB par habitant : 230 $ (1998)Monnaie : franc CFA (1 Franc CFA = 0,01 Franc Français)

Sources : Banque Mondiale, PNUD

2 - Genèse de l’Internet (rappel de l’historique)

Le Mali fut connecté à l'Internet le 31 décembre 1996 grâce à l'installationd'un nœud national Internet d'un coût de 300 millions de francs CFA financés à 50%par l'opérateur historique des télécommunications, la Société desTélécommunications du Mali (SOTELMA) et l'Agence des Etats-Unis pour leDéveloppement International (USAID) à travers l'Initiative Leland1. Ce nœud estentré en fonction le 26 juin 1997 et son lancement officiel eut lieu le 20 septembre1997. Après un appel d'offres lancé par la SOTELMA, quatre Prestataires de ServicesInternet (PSI) ont reçu un agrément de commercialisation. Un cinquième PSI futagréé en juin 1999.

De 1992 à 1997, le Réseau Intertropical d'Ordinateurs (RIO) de l'InstitutFrançais de Recherches Scientifiques pour le Développement en Coopération(ORSTOM) permettait aux institutions de recherches et aux ONG l'envoi de courrierélectronique et de fichiers par UUCP X25 via Montpellier en France (cf.http://rio./net.pays/ml.html). De 1995 à 1997, SPIDER (alors sous forme d'ONG)fournissait les mêmes prestations via FIDONET et grâce au support du groupenéerlandais Toolnet. La Société Bintta (Malinet) commercialisa aussi de 1995 à 1997le courrier électronique en passant par le Réseau X 25 de l'ORSTOM.

I) - L'ENVIRONNEMENT DE L'INTERNET

I.1 - LES TÉLÉCOMMUNICATIONSI.11 -Le cadre juridique et réglementaire

Au Mali, l'opérateur historique des télécommunications est la Société desTélécommunications du Mali (SOTELMA)2 qui a été créée par l'Ordonnance n° 89-32/P-RM du 9 octobre 1989 ratifiée par la loi n° 90-018/AN-RM du 27 février 1990.La SOTELMA est une Société d’État dotée de la personnalité juridique et del'autonomie financière. Elle est sous la tutelle du Ministère de la Communication; uncontrat – plan ETAT/SOTELMA régit pour une période triennale les engagementsréciproques des deux parties. La SOTELMA est dirigée par un Conseild'Administration de huit membres nommés par décret en Conseil des Ministres (soitun Président Directeur Général représentant l’État et Président du Conseild'Administration ainsi que des représentants de sept Ministères) et un Commissaire

1 L'initiative Leland est un programme de 15 millions de dollars destiné à faciliter et àaccroître la connectivité de 20 pays africains afin qu'ils soient présents et actifs sur lesautoroutes de l'information et qu'il puissent mieux affronter les défis du développement (Voir lesite http://www.info.usaid.gov/régions/afr/leland )2 SOTELMA : BP 740 Bamako, Mali - Tél : (223) 21-52-80/21-53-30 - Fax : (223) 21-30-22 - Telex :2906 MJE-mail : [email protected] , http://www.sotelma.ml

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aux Comptes désigné par le Ministre des Finances. Le Conseil d'Administrationdéfinit et conduit la politique générale de la Société.

La SOTELMA a pour mission, l'exploitation du service public destélécommunications et le développement des services de télécommunication. Elledoit "offrir les services de télécommunication au plus grand nombre d'usagers surtoute l'étendue du territoire national en assurant une bonne qualité de service à desprix accessibles, tout en garantissant la rentabilité". La SOTELMA dispose d'unmonopole en matière de télécommunications et assure les fonctions d'exploitation etde réglementation. La Société participe au développement socio-économique duMali par ses créations d'emplois et sa contribution au budget national.

L'organigramme de la SOTELMA comprend une direction générale, dixservices, six directions techniques et opérationnelles et sept directions régionales.

Dans les faits, la SOTELMA est à la fois opérateur unique destélécommunications (monopole), régulateur du secteur (en raison de l'absence d'unorgane indépendant de régulation des télécommunications3), gestionnaire du nœudInternet national et du domaine ml, fournisseur de services Internet et promoteurde projets pilotes d'application de l'Internet. Ces chevauchements de compétenceset d'attributions lui confèrent un rôle dominant et des prérogatives exorbitantes,toutes choses qui lui permettent d'orienter et de modeler le secteur destélécommunications et le développement de l'Internet, non sans quelquescontradictions.

I.12 - La réforme du secteur des télécommunicationsUn programme de libéralisation du secteur des télécommunications est en

cours de réalisation en partenariat avec la Banque Mondiale qui y a incité lesautorités politiques maliennes dans le cadre d'un Programme d'AjustementStructurel. Dans cette optique, la SOTELMA a élaboré une Déclaration de PolitiqueSectorielle qui fixe le calendrier et les modalités de la réforme du secteur. CetteDéclaration a été adoptée par le Conseil des Ministres en sa session du 27 juillet1998. Ses objectifs consistent à accroître l'offre de service téléphonique et à faciliterl'accès au plus grand nombre d'usagers, notamment en zone rurale, tout enpromouvant le développement des nouvelles technologies et en développant sonréseau et ses ressources humaines.

La Déclaration de Politique Sectorielle comporte deux axes stratégiques :a) - l'ouverture du capital de la SOTELMA au secteur privé qui s'effectuera en deux étapes à savoir :

- La prise de participation au capital par un partenaire stratégique (apport defonds propres destinés à la mise en œuvre de plans d'investissements et dedéveloppement des ressources humaines) et par les travailleurs. L'Etat détiendraalors 46% du capital, les salariés 10% et le secteur privé 44%.- L'ouverture du secteur des télécommunications à la concurrence qui se réalisera en deux étapes au terme desquelles le secteur sera complètementlibéralisé à savoir :

b) - un régime transitoire d'exclusivité avec poursuite du monopole concédé à laSOTELMA sur les infrastructures et services de base jusqu'à la fin de l'an 2000. Et

3 L'instance de régulation existante, le Conseil Supérieur de l'Audiovisuel ne s'occupe que desmédias classiques et pas du tout des télécommunications.

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au-delà de cette échéance, un régime général de concurrence avec ouverture detous les segments du marché des télécommunications.

Un Comité de Régulation des Télécommunications (organe indépendant)devrait être mis sur pied en février 2000 ; la première étape de l'ouverture ducapital de la SOTELMA devrait intervenir en décembre 2000 et la deuxième étape endécembre 2002. D'ici là, la SOTELMA mettra en œuvre son plan d'action et mèneraune campagne d'information sur les enjeux et les bénéfices de la réforme qui devraimpliquer tous les acteurs et partenaires sociaux.

Pour l'instant, certains segments du marché sont d'ores et déjà ouverts à laconcurrence :- Fourniture et installation de services Internet ;- Installation des terminaux et des commutateurs PABX.

I.13 - La stratégie de développement de la SOTELMALa SOTELMA a une stratégie de développement qui fixe des buts précis :

sécurisation du réseau, amélioration sensible de la qualité de service, réalisation del'objectif d'une ligne principale pour 100 habitants en 2001, desserte de toutes les701 communes rurales du pays d'ici 2005, numérisation intégrale du réseau(commutation et transmission). D'autres grands projets sont en perspective à laSOTELMA et qui sont résumés en annexe 4.

De multiples mesures d'accompagnement sont prévues : renforcement de lacapacité opérationnelle du personnel technique, recherche de financementsextérieurs, formation d'experts etc.

I.14 - Infrastructures et prestations de la SOTELMAI.141 - Le réseau des télécommunications

La SOTELMA gère un réseau de télécommunications qui comprend, en 1999 :- 18 Centres téléphoniques automatiques, dont un Centre de transit national et un

centre de transit international;- 10 centres de raccordements distants (Centres satellite);- 24 centraux téléphoniques manuels;- 1 centre télex- 9 Réseaux de Téléphonie Rurale desservant 80 localités + 3 mono voies.- 1 Station Terrienne internationale de Standard A- 1 Réseau satellite DOMSAT comprenant une station maîtresse, et six stations

éloignées pour désengorger la partie septentrionale du pays.- 1 Réseau FH de 2 434 Km dont 979 Km de FH numériques et 1455 Km de FH

analogiques- 1 Réseau VSAT- 1 Réseau X.25 (MALIPAC)- 1 Réseau Cellulaire de type AMPS introduit en 1996.- 1 Nœud National INTERNET.

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I.142 - Les données techniques, commerciales et financières

Le tableau n° 2 donne des chiffres sur les activités de la SOTELMA.

Tableau n°2 : Les données techniques, commerciales et financières

Données Techniques et commerciales au 31/12/1998- Parc téléphonique fixe 27 063- Parc cellulaire 4 473- Cabines publiques SOTELMA 264- Cabines publiques privées (soit 75% du parc total des cabines publiques) 719- Effectif du personnel 1 325- Services offerts : Téléphonie (fixe et mobile), télégraphie, télex, transmission des données,Internet.- Taux d'automatisation des LP : 98%- Taux de numérisation commutation : 89%- Taux de numérisation Transmission : 34%- Couverture Nationale : 83 communes desservies sur les 701 communes urbaines etrurales.- Télé Densité téléphonique : 0,32%

Données financières au 31/12/1997- Capital social 8,792 milliards CFA- Chiffres d'affaires 29,500 milliards CFA- Résultats d'exploitation 11,158 milliards CFA- Investissement 13,805 milliards CFA- Autofinancement (soit 76,5%) 10,561 milliards CFA- Dettes 14,910 milliards CFA

Source : SOTELMA

I.143 - Les tarifs des communications téléphoniquesPour la taxation des communications téléphoniques, la SOTELMA procède à

un comptage automatique qui se fait par impulsions périodiques. Chaque impulsioncorrespond à une Taxe de Base (TB), soit 85 francs CFA. Le nombre d'impulsionsest fonction de la distance et de la durée de la conversation. On en arrive aux tarifsci-dessous :- Communications locales : en moyenne 1 TB toutes les cinq minutes, soit 85 F

CFA.- Communications interurbaines : la taxation varie d'une taxe de base toutes les

minutes à une taxe de base toutes les 12 secondes. Cf. l'annexe n° 2.- Communications internationales : les taxes téléphoniques diffèrent selon les

jours ou les horaires (système de tarif réduit). L'annexe n°3 donne les tarifs horstaxes pour les différents pays. Certains pays limitrophes francophonesconnaissent les tarifs les moins élevés4 (700 F CFA hors taxe5 la minute pour leBurkina-Faso, la Côte d'Ivoire, le Niger et le Sénégal en tarif plein). La minute decommunication en tarif plein coûte 1345 F CFA hors taxe pour la France, 1825 F

4 Réseau Panaftel subventionné par le Canada.5 Soit 18% de TVA en sus.

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hors-taxe pour la Grande-Bretagne, 3000 F hors taxe pour les Etats-Unis, Cuba,le Japon, l'Afrique du Sud et le Kenya.

Il ressort de ce qui précède que les communications téléphoniques restentchères. Les communications internationales sur lesquelles la SOTELMA réaliseprès de 60% de son chiffre d'affaires sont lourdement taxées servant ainsi deniche à la Société qui a vu son trafic international augmenter de 23% ces troisdernières années. Quant aux communications interurbaines, elles sontpénalisées puisque les appels coûtent entre 55 et 425 F CFA la minute. Pourremédier à cet état de chose, la SOTELMA a décidé de facturer les connectionsInternet réalisées de l'intérieur du pays au coût d'une communication locale, soit85 F CFA les 5 minutes (système dit de numéro national).

I.144 - La fourniture de services Internet

La SOTELMA est responsable de l'implantation et du développement del'Internet au Mali. L'accès du Mali à l'Internet se fait par une passerelle nationaleliée à un fournisseur de services Internet aux Etats Unis, à l'aide d'une liaisonsatellite VSAT avec un débit de 128 kbps en montée et 512 kbps en descente6.La SOTELMA abrite le nœud national Internet ainsi que les équipementsnécessaires à la connexion; elle assure la maintenance et la qualité de laconnexion. La SOTELMA assure aussi la gestion Top Level Domain (ml). qui a étérapatrié de France en novembre 1997.

La connexion Internet du Mali permet les services suivants : courrierélectronique; transfert de fichiers; accès aux différentes banques de données;world wide web; forum de discussion.

I.2 - L'informatique

L'informatique a connu un développement spontané au Mali ces troisdernières années avec la multiplication des sociétés de commercialisation dematériels informatiques et des centres de formation (initiation, analystes-programmeurs et BTS soit BAC+2). Il y a toutefois un déficit en formation et enressources humaines. Il n'existe par exemple pas d'écoles d'ingénieurs eninformatique; l'informatique n'est pas intégrée aux enseignements et il n'y a pas depolitique nationale en la matière.

L'équipement en informatique est faible : le parc d'ordinateurs était estimé à4000 en novembre 1999. Les produits informatiques sont taxés comme des produitsde luxe : 49% de droits de douane + 18% de TVA soit 67% de taxation aussi bienpour le hardware que pour le software. Les ordinateurs coûtent deux fois à deux foiset demi plus cher qu'en Europe : il faut compter en moyenne 1.200.000 F CFA pourun ordinateur, ce qui est un coût prohibitif pour le pouvoir d'achat local. Il est a cet

6 Au départ le débit était de 64 kbps. La capacité du nœud fut augmentée grâce à l'assistance del'USAID. La Sotelma est en train de négocier un contrat pour une seconde liaison qui permettra desécuriser l'accès international, de pallier la saturation de la bande passante et de porter ledébit des lignes spécalisées des PSI à 128 kbps.

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effet significatif qu'une part non négligeable des ordinateurs aient été acquis sur lesdons et subventions des agences d'aide et des ONG.

II - LES ACTEURS DE L'INTERNET

En dehors de la SOTELMA, plusieurs autres protagonistes de l'Internetpeuvent être répertoriés dont les actions influent sur le développement de cettetechnologie.

II.1 - Le gouvernement malienII.11- La politique nationale en matière d'Internet

Elle relève à la fois de la SOTELMA et du Ministère de la Communication. Dansla réalité, il n'y a pas de politique élaborée de l'Internet. Les Nouvelles Technologiesde l'Information et de la Communication (NTIC) font l'objet de déclarations deprincipe et d'une réaffirmation constante de leur rôle dans le développement et faceà la mondialisation et à l'avènement de la "société de l'information". La nécessitéproclamée de développement des NTIC dont le Président malien Alpha O. KONARE,s'est fait lui-même le porte-parole7ne s'est pas jusque là traduite par des politiquesconcrètes. Il y a un décalage entre la volonté politique affichée et une sorte deléthargie quotidienne de l'administration. En un sens, l'on pourrait dire que lastratégie Internet se fait de façon spontanée par le bas (usages, pratiques) et estimpulsée de l'extérieur par les agences d'aide notamment l'USAID, l'Etat secontentant de prendre acte des mutations survenues et de s'ajuster aux initiativesde ses partenaires étrangers. L'impécuniosité de l'Etat malien et son agenda(urgences liées à l'ajustement économique, a la lutte contre la pauvreté, prioritéspolitiques et sociales diverses) contribuent à une telle situation qui jusque-là l'aamené à réagir au coup par coup.

II.12 - L'ébauche récente d'une stratégie nationale

Du 2 au 5 octobre 1999 a eu lieu à Bamako un Séminaire sur la StratégieNationale d'Introduction des Nouvelles Technologies de l'Information et de laCommunication, organisé avec l'assistance de la Commission Economique pourl'Afrique de l'ONU. Cet important séminaire a été largement consacré à l'Internetdont les protagonistes au Mali étaient présents ainsi que des bailleurs de fonds.Plusieurs communications y furent présentées qui ont donné lieu à des échanges,débats, réflexions et recommandations.

Sur la base des travaux de ce séminaire, un document-cadre a été élaborépar un comité interministériel assisté de l'USAID. Ce document servira de base auxprojets concrets à soumettre aux bailleurs de fonds. Le document est en train d'êtrefinalisé et sera par la suite adopté et soumis au Conseil des Ministres. Des besoinsont d'ores et déjà été identifiés et les modalités d'une campagne de sensibilisation àl'Internet arrêtées. Un ambitieux Plan de Développement des NTIC d'une durée de 7 Le Président malien est l'initiateur, avec le réseau ANAIS et l'Etat de Genève, des Rencontressur l'Afrique et les Nouvelles Technologies dont la deuxième session ("Internet les passerellesdu Développement") se tiendra sous sa Présidence à Bamako en février 2000.

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trois ans (2000-2002) a été élaboré qui cible quatre principaux domaines oùl'Internet sera introduit ou développé :

- Santé : télémédecine, formation du personnel médical, accès à des banques dedonnées etc.

- Education : mise en place d'un réseau national d'éducation et de recherches,équipement et connexion des lycées et collèges, introduction de l'informatiquedans l'enseignement de base.

- Culture : développement de contenus nationaux et locaux afin de mieuxs'approprier l'outil Internet, développement de l'usage de l'Internet dans lesmédias.D'autres projets sont prévus :

- L'extension du projet pilote de Télécentre Communautaire Polyvalent deTombouctou à d'autres communautés maliennes.

- Le projet expérimental de télékiosque mobile à réaliser par la SOTELMA enpartenariat avec la société Worldspace et qui permettra des démonstrations etdes initiations à l'Internet à travers tout le pays (marchés, fêtes foraines etfoires des villes).

- Le projet de mise en place de 10 cybercafés a Bamako qui est actuellement dansune phase exploratoire, le principe de son financement par le CRDI à traversl'Initiative Accacia étant acquis.

- Le projet d'extension des nœuds et points de présence de la SOTELMA dans troisrégions du Mali afin de leur permettre un accès à haut débit. Ce projet permettraégalement de couvrir la Coupe d'Afrique des Nations de football événement trèsprisé sur le continent et qui aura lieu au Mali en 2002; plusieurs stades serontmobilisés dans quatre villes du Mali, ce qui nécessitera des communicationsrapides et sécurisées essentiellement via l'Internet.

Pour attendre tous ces objectifs, il est prévu de créer une structuregouvernementale qui sera en charge des NTIC, de rechercher des financementsextérieurs et de prévoir des investissements de l'Etat en la matière.

II.2 - Les partenaires et intervenants étrangersII.21 - L'USAID et l'Initiative Leland

Au Mali, l'USAID finance le développement de l'Internet à travers l'InitiativeLeland (500 000 dollars sur trois ans) mais aussi à travers un programme del'USAID/Bamako dénommé "Information et Communication" qui permet unfinancement additionnel de 500 000 dollars pour l'Internet jusqu'en 20028. Cecipermet à l'agence d'aide américaine de jouer un rôle de premier plan au Mali;parallèlement, l'USAID met l'accent sur la commercialisation de l'Internet par desopérateurs privés, la libéralisation du marché des télécommunications et la libreconcurrence.

8 Les deux programmes se complètent d'autant plus utilement que l'initiative Leland arrive à sonterme. Des négociations sont en cours pour obtenir des financements supplémentaires au titre del'Initiative Leland et du Programme "Information et Communication" de l'USAID/Bamako ce quipérennisera le rôle de l'agence américaine.

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Depuis la signature d'un protocole d'accord avec le gouvernement malien le 6août 1996, l'USAID a procédé au financement du nœud Internet et assuré laformation technique du personnel de gestion du nœud dont elle a contribué àaccroître le débit.

Elle a également apporté son appui logistique, financier et en personnel àplusieurs sessions de formation organisées depuis 1997 à l'intention des agents dela SOTELMA et des Prestataires de Services Internet (PSI). En septembre 1999,l'USAID a organisé à Bamako un atelier sous-régional de haut niveau à l'intentiondes administrateurs de réseaux de la sous-région, en association avec l'ISOC-Mali.Plusieurs autres sessions de formation ont été organisées par ses soins à l'intentiondes utilisateurs de l'Internet dans les domaines de la santé, de l'agriculture, del'éducation et de la gouvernance en ciblant les personnes ayant déjà accès àl'Internet ou qui y auront accès dans un futur proche (administrateurs etcollaborateurs de projets essentiellement).

L'USAID apporte son soutien à l'ISOC-Mali et envisage de connecter sous peul'Assemblée Nationale du Mali. Mais sa plus grande réalisation concerne la connexionde l'Université du Mali. Ce dernier projet en cours de réalisation permettra de relierentre eux et de connecter les quatre Facultés, les trois Instituts et les trois grandesEcoles que compte l'Université du Mali et qui sont dispersés dans la ville de Bamako,ainsi que le Centre National de Recherches Scientifiques et Technologiques (CNRST)qui a un rôle de promotion et de coordination de la recherche au niveau national.

Une nouvelle technologie sera utilisée, à savoir la connexion avec desmodems sans fil (ondes hertziennes). L'Université et le CNRST pourront alors sepasser des fournisseurs d'accès en utilisant une liaison radio les reliant directementà la SOTELMA. Deux serveurs centraux seront créés et gérés par l'Université et leCNRST. Au niveau de chaque faculté, école ou institut, il est prévu un serveur localet un Intranet ainsi que des salles informatiques équipées d'ordinateurs connectés àl'Internet.

Ce projet de connexion de l'Université est géré par un Comité de pilotagecomposé de représentants de l'Université, de l'USAID et de la SOTELMA. Une phased'initiation des enseignants, chercheurs et étudiants, vient d'être achevée. Desappels d'offres ont été lancés et les équipements devraient être livrés au premiertrimestre de l'an 2000; l'installation des modems et des serveurs, la réalisation desintranets et la formation des administrateurs de réseaux interviendront au secondsemestre, de manière à ce que le projet soit opérationnel dès octobre 2000.

II.22 - L'UNESCO, L'UIT, LA DANIDA ET LE CRDI

L'Union Internationale des Télécommunications (UIT), l'Organisation desNations Unies pour l'Education, la Science et la Culture (UNESCO), l'Agence danoisede coopération (DANIDA) et le Centre de Recherches pour le DéveloppementInternational (CRDI, Canada) ont initié et financé, en collaboration avec l'Etatmalien et la SOTELMA, un projet pilote de Télécentre Communautaire Polyvalent(TCP) à Tombouctou. Doté d'un budget de 200 millions de francs CFA, le TCP deTombouctou est opérationnel depuis décembre 1998. Il vise à impliquer les NTIC

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dans les actions de développement communautaire des populations de la région deTombouctou et les ONG opérant dans la région9.

Le TCP de Tombouctou fournit entre autres des services publics detélécommunication (téléphone, fax, Internet) sous forme de "self service". Doté dehuit ordinateurs, il dispose d'un serveur relié au Nœud Internet de la SOTELMA parliaison spécialisée. Sept ordinateurs fonctionnant sur réseau utilisent la connexion àtravers un routeur central. Le TCP procède aussi entre autres à la formation despopulations à l'utilisation des NTIC ciblant en priorité les artisans, les maîtres et lesprofesseurs, les élèves, les élèves, les animateurs radio. Un site web(www.tombouctou.org.ml) a été créé en son sein par les créateurs locaux avecl'appui des formateurs du TCP. Après les trois ans que doit durer le projet avant dedevenir autonome, il sera procédé à une évaluation et l'expérience pourra êtreétendue à quatre autres villes du Mali. D'ores et déjà l'OMS et l'UNICEF ont faitsavoir qu'elles souhaitent contribuer aux projets futurs.

II.23 - L'Agence de la Francophonie

L'Agence de la Francophonie intervient au Mali dans le domaine de l'Internetpar le biais de son Point d'Accès aux Inforoutes pour la Jeunesse de Bamako (cf.infra, § II.5.3) et par son Centre Syfed/Refer (CSR).

Le CSR de Bamako qui fera partie du Réseau des Universités de langueFrançaise (Réseau AUPELF – UREF de la Francophonie) sera inauguré le 20 février1999. Il disposera d'une liaison spécialisée de 64kbps auprès de la SOTELMA etservira à la fois de fournisseur d'accès et de cybercentre; cela permettra auxenseignants, chercheurs et étudiants de 2e et 3e cycle d'avoir accès à tous lesservices Internet grâce aux ordinateurs, équipements et connections fournis parl'Agence de la Francophonie. Grâce au CSR, l'Université du Mali pourra aussi profiterdu réseau et des prestations de l'Université Virtuelle Francophone.

Dans le cadre du Fonds francophone pour le développement des inforoutes,l'Agence de la Francophonie a réalisé des stages de formation au Mali et octroyé desaides pour le soutien à la création de contenus francophones.

II.24 - Le réseau ANAISLe réseau ANAIS (Réseau Consultatif sur les stratégies d'information en

Afrique) mis en place par la Fondation du Devenir de Genève (www.anais.org) viseune meilleure appropriation des NTIC par les Africains. Dans cette optique, a étécréée une antenne malienne (ANAIS-Bamako)10 en septembre 1997 qui initie desactions de sensibilisation et de promotion de l'Internet au Mali (voir infra § IV.3.1).La Fondation du Devenir apporte son soutien à l'antenne malienne ainsi qu'àquelques projets et expériences locaux.

9 Sur le contexte, les justifications, les objectifs et les activités du TCP de Tombouctou, l'onpourra se reporter à http:www.tombouctou.org.ml. Sur le concept de télécentre communautaire etles expériences initiées en Afrique, se reporter à http://www.idrc.ca/acacia/telecentre.htlm

10 htt://www.malinet.ml/anais. L'Antenne Anais-Bamako est domiciliée à la Présidence de laRépublique et son responsable Pascal Baba COULIBALY est le Chef de Cabinet du Président KONAREqui s'est personnellement impliqué dans le développement des NTIC. D'où un volontarismeprésidentiel bien affiché.

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II.25 - L'institut PANOS

L'Institut PANOS (http://www.panos.sn) est une ONG qui dispose d'uneantenne régionale à Bamako et qui intervient dans le domaine de l'Internet au Malià travers son programme "Médias pour une Afrique de l'Ouest démocratique" avecdes actions ciblées sur la radio et la presse écrite (Voir infra, les § III.2.1. etIII.2.2.3).

II.3 - Les acteurs de vulgarisation de l'Internet

II.31 - Le réseau Anaïs

La Fondation du Devenir de Genève a initié des actions de promotion del'Internet au Mali. Ainsi, du 17 au 21 mars 1999, Anaïs-Bamako a organisé dans lacapitale malienne la première fête de l'Internet; durant ces cinq jours ont étéréalisés : trois conférences-débats sur les thèmes relatifs à l'Internet auxquelles ontparticipé plusieurs centaines de personnes; deux reportages et une émission-débatà la radio et à la télévision nationales; des interviews diffusées sur les antennes desradios privées et dans les journaux; et une journée portes ouvertes sur l'Internetavec démonstrations et initiations gratuites offertes par les P.S.I.

De même, le réseau ANAIS organise du 21 au 23 février 2000 à Bamako, unerencontre internationale "Bamako 2000, Internet les passerelles du développement"qui rassemblera 300 participants afin de dresser un état des lieux, de définir desstratégies réalistes pour mettre l'Internet au service du développement, de mettreen valeur les expériences originales d'utilisation de l'Internet etc. Des ateliers detravail et des rencontres professionnelles seront organisés à cet effet (cf.www.bamako2000.org ).

II.32 - L'ISOC Mali

Le chapitre malien de l'Internet Society (ISOC) créé en mars 1998 et quicompte une soixantaine de membres tout actifs a pour objectif de mettre en placeet de coordonner les opérations d'information et de sensibilisation à l'Internet. Ilbénéficie du soutien de l'USAID et associe tous les acteurs et utilisateurs del'Internet. L'ISOC-Mali crée et développe des contacts entre ses adhérents, organisedes semaines de formation et des conférences et anime des groupes de réflexiontraitant de sujets touchant à l'Internet. Plusieurs sorties de presse ont déjà eu lieupour faire connaître l'ISOC-Mali.

II.33 - Les autres initiatives

D'autres initiatives éparses de vulgarisation et de sensibilisation peuvent êtrerépertoriées.- La SOTELMA a organisé plusieurs expositions-démonstrations sur l'Internet. En

outre, du 26 novembre au 5 décembre 1999, elle a tenu un stand à la FoireExposition de Bamako (Febak), où, à l'appui d'un accès gratuit à l'Internet (e-mail et navigation), les visiteurs avaient droit à des explications et desdémonstrations sur les NTIC (Internet, antennes VSAT etc).

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- Lors de la deuxième édition du Festival des Radios africaines à Bamako du 25 au27 novembre 1999, l'organisateur, l'Institut PANOS, a mis en place au Palais desCongrès de Bamako, un cyberespace avec 10 ordinateurs connectés qui ontpermis pendant trois jours à 500 personnes de s'initier à l'Internet et à d'autresde suivre des conférences-débats consacrées à l'Internet.

- Sur Radio Guintan, station à forte audience qui s'adresse aux femmes et auxjeunes, une émission hebdomadaire. "Le Magazine de l'Internet" est diffuséedepuis mai 1999 tous les jeudis de 21h35 à 21h50 par le journaliste FilifingDIAKITE et au cours de laquelle le gestionnaire du nœud Internet à la SOTELMArépond aux questions des auditeurs; un spécialiste invité traite aussi d'un aspectde l'Internet. Une émission analogue, "Radio Net" est diffusée depuis septembre1999 tous les samedis de 15h30 à 15h45 sur la deuxième chaîne de la radionationale.

- Un Club des universitaires pour la vulgarisation de l'Internet à été créé ennovembre 1999 à la Faculté des Sciences et Techniques de l'Université; ce clubvise à faire connaître l'outil Internet et à faciliter l'accès des universitaires enorganisant des conférences, des sessions de formation et de démonstration et encréant des cybercafés dans les facultés.

Les activités d'initiation et de formation des P.S.I. contribuent aussi à lapromotion de l'Internet.

II.4 - LES FOURNISSEURS D’ACCES

La SOTELMA prévoit d'agréer au total 16 Prestataires de Services Internet.Une vingtaine de demandes d'agrément sont en attente et deux autres PSIdevraient démarrer leurs activités en mars 2000 ce qui portera leur nombre à sept.La plupart des PSI étaient à l'origine des sociétés d'informatique (vente dematériels, maintenance, ingénierie de réseaux locaux), activités qu'ils cumulentavec la formation. Les PSI sont concentrés pour l'instant à Bamako et sont dessociétés de droit malien. Ils ont tous procédé à un autofinancement et rencontrentsouvent des difficultés d'accès au crédit bancaire. Les PSI ont connu une fortecroissance du nombre d'abonnés, ce qui traduit une demande forte qui pourtantn'arrive pas à être satisfaite en raison du nombre limité de lignes dont ils disposent: tous les PSI ont en effet formulé des demandes d'extension de lignes auprès de laSOTELMA, demandes qui n'ont pas pu être satisfaites d'où un effet de saturation.Parallèlement, les PSI connaissent des difficultés de recouvrement des fraisd'abonnement, ainsi qu'une irrégularité des paiements. Ils recrutent leur personnelsur place et les forment sur le tas compte tenu de la faiblesse de l'expertise localedéjà évoquée. Pour certaines prestations, ils recourent à l'extérieur (Sénégal,France) ou y envoient leurs techniciens pour une courte formation.

Les PSI sont reliés au nœud national par des Liaisons Spécialisées (LS) de 64kbps (modems synchrones connectés sur des routeurs). Ils paient un abonnementmensuel de 1 100 000 francs CFA hors taxes (+18% de TVA) à la SOTELMA avecune réduction de 30% pour les six premiers mois. Les usagers se connectent surleur PSI par le réseau téléphonique commuté. La communication internet leur estfacturée aux prix de la communication locale y compris les abonnés connectésdepuis l'intérieur du pays. Dans la pratique, les PSI rencontrent des difficultés liéesà des défaillances fréquentes des LS sans que les services techniques de la

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SOTELMA puissent y remédier dans des délais courts. Il y a une saturation de labande passante (avec parfois d'interruptions souvent brèves des contacts avecl'extérieur lorsque surviennent des pannes au niveau du nœud national). L'accès desusagers aux serveurs des PSI est souvent malaisée surtout aux heures de pointe.Les tarifs et modalités d'abonnement varient d'un PSI à l'autre et peuvent parfoisêtre négociés au cas par cas. Outre la connexion des usagers, les PSI conçoivent ethébergent des sites web : environ 70% des sites hébergés sont conçus par lesresponsables des institutions concernées eux-mêmes.

II.41- La Société BINTTA SA

(Bureautique, Informatique, Nouvelles Technologies, Télécommunications et Audiovisuel)

Email : [email protected] internet : http://www.malinet.ml

Anciennement Malinet, BINTTA SA fut le premier fournisseur de servicesinternet et garda de facto un quasi-monopole pendant la transition du système x 25de l'ORSTOM à la connexion Internet (1995-1996) en raison de l'orientationexclusive de l'ORSTOM vers les Facultés, Centres de Recherches et les ONG, et nonvers la clientèle privée.

Créée fin 1994, BINTTA SA est une société anonyme au capital de100 000 000 de FCFA dirigée par un PDG dont le siège est à Paris et qui a dessuccursales au Togo et en Guinée. Elle commercialise du matériel informatique(vente, installation, configuration, maintenance), procède à des formations degroupe pour l'Internet (gratuite jusqu'à trois personnes et au-delà payante soit 25000 F CFA par personne) et héberge les sites de Anaïs/Bamako, du Centre CulturelFrançais, du Centre Culturel américain, de l'Ambassade américaine, de laCoopération française au Mali, de la Banque Internationale du Mali et du journal LESECHOS.

BINTTA SA dispose de 16 lignes de téléphone. La société a formulé depuisplus d'un an des demandes de lignes supplémentaires auprès de la SOTELMA sanssuccès. Elle connecte par liaison radio le Centre de Recherches sur les MaladiesTropicales de la Faculté de Médecine. BINTTA est équipée d'un serveur LINUX géréavec un logiciel SOLARIS et de cinq modems. Six personnes s'occupent de l'Internet: un ingénieur Administrateur du réseau, un webmaster et quatre techniciens.

BINTTA S.A. propose une gamme variée de formules d'abonnement comme lemontre la liste des tarifs figurant en annexe 5. Elle permet aussi un accès à soncybercentre (équipé de 5 ordinateurs) au tarif de 1500 FCFA l'heure. Le cybercentreest ouvert de 8 heures à 18 heures avec un bon taux d'utilisation des ordinateurs eten moyenne une quarantaine de clients par jour y compris ceux ayant unabonnement libre service (boîte à lettre pour le courrier électronique) et qui peuventaussi accéder à la liste de discussion des Maliens et amis du Mali, Malilink (ex ListeMalinet).

BINTTA SA a 500 abonnés dont 85% sont à Bamako. Cette clientèle estcomposée essentiellement de sociétés privées et d'institutions de la place,d'expatriés (coopérants, ong.). Les factures sont réglées mensuellement en liquideet par chèque.

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II.42 - DATATECH

Email : [email protected] web : http://www.datatech.toolnet.org

DATATECH est une Société à Responsabilité Limitée créée en 1994 et qui àl'origine s'occupait de la vente de matériel informatique. Elle a commencé laprestation de services Internet en septembre 1997 avec un premier investissementde 25 millions de francs CFA.

DATATECH dispose de 27 lignes (8 au départ) ainsi que de deux serveurs etde deux routeurs. Un cybercentre équipé de quatre ordinateurs connectés lui sert deservice d'appoint. Datatech emploie 11 personnes dont 6 informaticiens. Troisformules d'abonnement sont proposées en plus d'une initiation gratuite des clients àleur demande (email et navigation). (Voir les tarifs en annexe n_ 6). La sociétécompte 350 abonnés assez diversifiés; centrée au départ sur les ONG etl'administration, la clientèle s'est élargie aux particuliers, aux sociétés de la place etaux commerçants. 90% des abonnés sont à Bamako.

Selon son Directeur Général, l'informaticien Ousmane BERTHE, Datatechs'orientera prochainement vers trois projets à savoir : le commerce électronique ens'alliant à de grands opérateurs internationaux; l'information en ligne (presse écrite,radio) en ciblant le marché des Maliens de l'extérieur; la réalisation de sitessupplémentaires pour les entreprises et les produits locaux. Pour l'instant,DATATECH abrite cinq sites : l'Agence de Développement Social, l'Institut du Sahel,l'Union Technique des Mutualistes, la Société immobilière WAHODE. Trois autressites sont en développement et devraient être disponibles en ligne sous peu :l'USAID, l'Observatoire du développement humain et durable et un bureau d'étudede la place.

II.43 - LE CEFIB(Centre d'Etude et de Formation en Informatique et Bureautique)

Email : [email protected] Internet : http://www.cefib.comLe CEFIB est une société privée qui sert a la fois de Centre de formation en

informatique et de PSI (CEFIB / INTERNET), les deux activités étant bien distinctes,et la société n'effectuant pratiquement pas de vente de matériel. CEFIB/Internet aété opérationnel dès août 1997. Il dispose de deux serveurs et de six postes detravail. 22 lignes sont disponibles à CEFIB (8 lignes au départ) qui compte fairepasser le nombre de lignes à 32 sous peu. CEFIB a un effectif de 59 personnes soit50 pour la formation et 9 pour l'Internet comprenant l'administrateur du réseau, ledirecteur commercial CEFIB/Internet, deux ingénieurs, quatre techniciens et unemployé administratif.

CEFIB mise sur la qualité de ses services (après-vente, assistance,disponibilité); l'initiation à l'Internet est gratuite et aucun service n'est facturé. D'oùdes tarifs plus élevés que ceux de la concurrence ;- 25 heures de connexion : 35 000 FCFA- 50 heures de connections : 60 000 FCFA

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- Connection illimitée : 75 000 FCFACEFIB compte 400 abonnés dont 95% à Bamako. Les abonnés sont surtout

des ONG, des institutions étatiques, et des entreprises privées. Le Centre hébergeplusieurs sites web : Télé Klédu, Le Grand Hotel de Bamako, Djenné Location(voitures), les ONG. Forpro et "ATT pour l'enfance", le Ministère de la Promotion dela Femme et de l'Enfant, la Société Imprim Color, l'Unité de formation et d'appuiaux entreprises et Media Mali. Des pages web sont également consacrées à sixsociétés de la place.

II.44 - SPIDER

Email : [email protected] Internet : http://www.spider.toolnet.org

SPIDER est une Société à Responsabilité limitée qui a été opérationnelle soussa nouvelle forme à partir du 1er août 1997. La Société dispose de 13 lignes. Enraison de la non-satisfaction par la SOTELMA d'une requête d'augmentation delignes déposée depuis plus d'un an, SPIDER a recouru à un système demultiplicateur de lignes qui lui permet de gagner cinq lignes supplémentaires.

La Société est dirigée par l'informaticien Emmanuel DABOU, un des pionniersde l'Internet au Mali11 et Secrétaire Général de l'ISOC. Elle compte 15 personnesdont le gérant, un directeur technique, un directeur financier, un directeuradministratif, deux ingénieurs sortis des Ecoles de la place et formés sur le tas,quatre techniciens et du personnel administratif et commercial (dont celui ducybercafé SPIDER).

SPIDER mise beaucoup sur la formation ce qui selon son gérant lui permetd'équilibrer ses comptes eu égard à l'irrégularité de paiement des abonnés, à lanon-satisfaction de ceux-ci dûe au faible nombre de lignes disponibles, auxdifficultés d'accès au crédit bancaire. De même, SPIDER procède à des câblages deréseaux, installations d'intranet et location de ses salles équipées.

Bien qu'ayant une clientèle assez diversifiée, SPIDER cible surtout les grossesentreprises, (soit une cinquantaine d'abonnés), les institutions et les ONG. Lesfactures sont adressées par courrier avec des paiements en espèces ou parchèques. La Société pratique les tarifs ci-après (hors taxe) :- 1) Abonnement mensuel avec frais d'inscription et d'installation de 25 000 FCFA.

. 10 heures de connection : 17 500 FCFA

. 30 heures de connection : 35 000 FCFA

. Connection illimitée : 50 000 FCFA- 2) La conception et la réalisation de sites web sont facturés :

. 30 000 FCFA la page de garde,

. 20 000 FCFA la page pour les 10 premières pages,

. et 10 000 FCFA pour chaque page supplémentaire. L'hébergement de page web coûte 100 000 FCFA de 0 à 5 Mo et 17 500 FCFA de 5à 10 Mo.

11 De janvier 1996 à juin 1997, SPIDER, (alors sous forme d'ONG) offrait des prestations decourrier électronique par RTC via FIDONET et comptait une cinquantaine d'abonnés essentiellementdes ONG.

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Selon son gérant, E. DABOU, SPIDER compte "théoriquement" près de 1000abonnés mais en raison de l'irrégularité des paiements, ce chiffre doit être ramené à700 abonnés effectifs. SPIDER envisage de créer un centre de formation et deconnecter par ondes radios ses plus gros clients (Institutions, ONG). La Société offretous les services Internet y compris tous les services multimédia (web, cd room,etc). Elle héberge les sites de la Société Agromali, du cabinet de conseil ARRM, ainsique les pages web de sept sociétés de la place.

II.45 - AFRIBONE MALI S.A.

E-mail : [email protected] Internet : http://www.afribone.net.ml

Cinquième PSI à être agréé par la SOTELMA, Afribone est opérationnel depuisjuin 1999. C'est une Société Anonyme, dirigée par un Président Directeur Général,Eric STEVANCE un des pionniers de l'Internet au Mali12.

Afribone propose des services professionnels en télématique et sur Internet àune clientèle institutionnelle et corporative aussi bien publique que privée, maisaussi au grand public. La Société fonctionne en partenariat avec un groupeinternational, Afribone Inc13. Elle concentre ses activités autour des servicessuivants :- connexion à Internet- développement et hébergement des sites web- conception et réalisation de sites intranets et extranets- formation sur des thèmes précis dans le domaine de l'Internet

Afribone dispose de 18 lignes et est équipée de quatre serveurs Linux. SonPDG a récupéré un logiciel qu'il a adapté à ses besoins et qui lui permet de suivre etde gérer en temps réel les activités de ses abonnés et de ses équipements : suivi del'activité du serveur messagerie, appréciation de l'utilisation de la bande passante,horaires, durée et nombre des connections, nombre de e-mails envoyés et reçus,périodes de densité et de pics du trafic... Ceci permet une gestion pointue desconnections ainsi qu'une analyse marketing fine. La société a un effectif de sixemployés dont un ingénieur formé à l'Université du Maroc, un agent administratif etcommercial, quatre techniciens (niveau BAC + 4 formés sur le tas) pour le suivi, laconception et le développement de sites web.

Afribone connecte trois clients par liaison radio : l'Institut d'Economie Rurale,l'International Cropp Research Institute for the Semi-Arid Tropres (ICRISAT, CGIARCenter) et l'Ambassade du Canada. Elle offre plusieurs modalités et tarifs deconnexion (voir annexe n° 7) et dispose de 150 abonnés assez diversifiés : sociétés,projets et ONG, particuliers. Afribone cible les clients les plus importants et lesgrandes sociétés ce qui lui permet d'être performant tout en ayant un moindrenombre d'abonnés. Elle mise avant tout sur son professionnalisme. Les factures

12 Ingénieur de nationalité française, Eric STEVANCE a été en charge du réseau x 25 de l'ORSTOMavant de passer chez Malinet pour finir par créer avec un autre acteur expérimenté de l'internet,Boubacar KANTE l'entreprise privée malienne Afribonne. Mali SA.

13 Afribone Inc a son siège au Canada. Afribone Guinée vient de démarrer et deux autres

succursales, Afribone Gabon et Afribone Sénégal devaient démarrer sous peu.

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sont déposées chez les abonnés et des essais d'envoi électronique des factures ontété réalisés avec succès et devraient être institutionnalisés.

Afribone héberge les sites web de plusieurs sociétés et institutions. LesSociétés Bani Voyage et Appaloosa (bar-restaurant), l'Institut d'OphtamologieTropicale, le Club TV5, Labo SEP (ressources naturelles), l'Ambassade des Etats-Unis et le Centre Culturel Français. La réalisation des sites coûte 150 000 FCFA etleur hébergement 100 000 FCFA avec possibilité d'un hébergement simultané sur unsite canadien du groupe Afribone.

II.5 - Les points d'accès publics

Ceux-ci se sont développés depuis 1998 et l'on observe une augmentationcroissante du nombre d'usagers qui y ont recours. Il faut dire que les accès publicsconstituent un moyen de contourner les difficultés de non-possession d'unordinateur ou d'un abonnement et/ou la non-disponibilité de lignes auprès des PSI.Ils répondent assez bien aux besoins d'usagers occasionnels ou aux moyens limités.

Les télécentres privés ne fournissent pratiquement pas de prestations internetet se cantonnent aux communications téléphoniques et envois de fax. Jouant sur laproximité, se polarisant sur les communications internationales et interurbaines quileur assurent une rentabilité, les télécentres ne sont pas équipés en ordinateurs etne disposent pas de personnel qualifié pour l'initiation ou l'assistance des usagers.

II.51 - Le cybercafé SPIDER

Seul vrai cybercafé de Bamako, il a été mis sur pied par l'ISP SPIDER en mai1998 et offre l'accès à l'Internet aux habitants de la ville de Bamako ainsi que desrafraîchissements. Le tarif de connexion est de 2000 francs CFA l'heure avec uneréduction de 50% pour les élèves et les étudiants14; 15 ordinateurs connectés, viaun intranet relié à une ligne spécialisée sont mis à la disposition des usagers (e-mailet navigation essentiellement). Deux personnes sont employées à plein temps pourinitier ou encadrer les internautes et les horaires (8h – 20h30) sont souples avecsouvent une extension jusqu'à 23H, pratiquement jusqu'au dernier client.

D'une vingtaine de clients par jour en 1998, la fréquentation est passée àplus de quatre-vingts clients par jour. Les clients sont surtout des étudiants, destouristes et des expatriés, des commerciaux et des avocats qui recourentessentiellement au e-mail. SPIDER a en projet de créer deux autres cybercafés àBamako (à connecter par liaison radio) et un cybercafé à Ségou à 240 km deBamako. La Société attend que la SOTELMA ait installé un nœud local dans cettedernière ville avant d'y démarrer ses activités.

II.52 - Les cybercentres

Il s'agit des salles mises à disposition par les PSI BINTTA SA et DATATECH(cf. supra § II.4.1 et II.4.2.). Deux grands hôtels de Bamako en disposent aussi(Hôtel de l'Amitié et Grand Hôtel) avec respectivement deux et un ordinateur

14 500 FCFA par heure pour les enfants le samedi et le dimanche.

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connectés qui sont réservés en priorité à leurs clients mais dont l'accès est élargiaux nationaux.

II.53 - Les autres points d'accès public

Le Centre Syfed Refer de l'Agence de la Francophonie et le TCP deTombouctou (cf. supra § II.2.2 et II.2.3) en font partie.

A Bamako, il existe à la Maison des Jeunes, un Centre PAJE (Point d'Accèsaux inforoutes pour la Jeunesse) mis en place dans le cadre des activités del'Institut Francophone des Nouvelles Technologies de l'Information et de laFormation (INTIF)15. Le PAJE a pour objectif de permettre à des jeunes d'accéder àl'Internet pour trouver des informations, communiquer avec d'autres jeunesfrancophones de par le monde etc. Les élèves, étudiants, jeunes des associations etcentres communautaires ainsi que les jeunes diplômés sans emploi peuvent s'yfamiliariser à l'Internet en y accédant à moindre coût.

Le point PAJE de la Maison des Jeunes de Bamako a démarré ses activités enmai 1999 avec cinq ordinateurs connectés via le PSI SPIDER. Le PAJE estsubventionné parl'INTIF qui a formé et qui rémunère les deux animateurs qui initient les jeunesinternautes et assurent le fonctionnement du PAJE. Tout jeune qui le désire peutbénéficier de 24 heures d'utilisation de l'Internet pendant trois mois à raison dedeux heures par semaine moyennant l'acquisition d'une carte de membre dont lecoût est de 3000 francs CFA. A défaut d'être détenteur d'une carte de membre, lejeune paie 500 FCFA de l'heure. En raison de l'affluence des jeunes largement sous-tendue par le bouche à oreille, la programmation se fait par rotation de groupes de18 personnes (soit 3 à 4 jeunes par ordinateur) durant deux heures et deux fois parsemaine16. Au 2 décembre 1999, sept sessions de formation avaient été organiséeset 608 jeunes avaient été initiés dont 95% n'avaient jamais touché un ordinateur.Depuis octobre 1999, chaque inscrit peut avoir une adresse e-mail (hotmail,caramail, yahoo.) pour envoyer et recevoir du courrier, centre d'intérêt principal de75% des jeunes inscrits. Ce bilan fait dire au jeune animateur en chef du PAJE,Mamoutou TRAORE (qui se dit "fou de recherches et d'Internet") avec enthousiasmeet fierté : "Nous avons cassé le mythe entre le jeune malien et l'ordinateur".

Le projet devrait prendre fin en juin 2000 date à partir de laquelle il devraitêtre financé par les autorités maliennes. Dans l'optique de cette échéance, le PAJEprévoit d'assurer ultérieurement une partie de son fonctionnement parautofinancement. C'est la raison par laquelle les frais d'inscription qui étaient de 250francs CFA17 ont été portés à 3000 FCFA et qu'il est prévu à l'avenir de facturerl'heure d'accès à Internet à 750 FCFA pour les titulaires de carte de membre et à1500 FCFA pour les non détenteurs de ladite carte18. La création d'un autre PAJEdans la ville de Ségou est prévue par l'INTIF.

15 http://www.intif.francophonie.org16 Les sessions ont lieu du lundi au vendredi de 9h à 11h pour la formation et de 14h à 16h30pour la pratique libre des jeunes déjà initiés (e-mail, navigation).17 De mai à juillet 1999, les prestations étaient gratuites.18 Si 95% des inscrits sont des jeunes (dont de nombreux étudiants de la faculté de médecine),quelques fonctionnaires et jeunes opérateurs économiques fréquentent le PAJE.

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III - LES USAGES DE L'INTERNET

III.1 - Les usages généraux

Largement impulsé de l'extérieur, l'Internet a été réapproprié au Mali àtravers des usages divers. Axé à ses débuts sur la recherche et les ONG, l'usage del'Internet s'est élargi à un public diversifié mais circonscrit à la capitale. Les jeunes,le monde universitaire (chercheurs, professeurs, étudiants), les cadres del'administration, des grandes entreprises, et des banques de Bamako constituentavec les institutions internationales, les ONG et les expatriés, les publics del'Internet désormais perçu comme un outil indispensable. Le e-mail est très priséalors même que la navigation est nettement moins fréquente. Les autres servicesde l'Internet ne sont presque pas utilisés (téléphonie via Internet, ftp, gopher, talk,telnet etc)19. Le nombre de sites hébergés localement ainsi que leurs contenus sontfaibles.

Le boom du courrier électronique20 va de pair avec les pratiques de co-utilisation de boîtes aux lettres, l'amplification des recours aux points d'accès publicet aux adresses e-mail gratuites (caramail, hotmail, yahoo). Ceci traduitl'appropriation du e-mail, l'existence d'une demande et une perception postale del'Internet : à l'instantanéité du e-mail par rapport au courrier postal s'ajoute le faitqu'il est devenu le moyen le moins onéreux pour communiquer à l'international,d'autant plus que les tarifs de la SOTELMA restent très élevés et que ceux destélécentres le sont nettement plus21. L'Internet concurrence et tend à supplanter letéléphone et le fax pour l'international en vertu de sa rapidité qui crée uneaccoutumance, son gain de temps et d'argent, de l'enclavement du pays, et del'existence d'une forte communauté malienne à l'étranger. Ces usages générauxpeuvent être complétés par ceux repérés dans les trois domaines ciblés par l'étude.

III.2 - L'USAGE DE L’INTERNET DANS L’EDITION ET LES MEDIAS

Le paysage médiatique malien reste marqué par un nombre très élevé deradios (72 radios dont 56 autorisées et 16 non autorisées) et 164 journauxindépendants dont 32 paraissent régulièrement. Ces médias privés coexistent avecdes médias d'Etat (deux chaînes de radio, une chaîne de télévision et un quotidiengouvernemental l'ESSOR). L'appropriation de l'Internet par chacun de ces médiasest globalement tardive et faible, les journalistes étant peu familiarisés avec cettetechnologie. C'est surtout dans la presse écrite qu'elle est repérable et l'utilisationde l'Internet dans les médias a été pour une bonne part impulsée par lesprogrammes de coopération qui ont privilégié le désenclavement des médias del'intérieur et la circulation des informations entre villes de l'intérieur et la capitale.Dans le domaine de l'édition proprement dite, des usages de l'Internet n'ont pas étérepérés. 19 Ce diagnostic mériterait d'être confirmé par une enquête auprès des abonnés pour connaîtreles proportions d'usage de ces différents services.20 Le logiciel adapté de AFRIBONE nous a permis de constater avec son PDG que chez ce PSI, lamessagerie a constitué 80% des connections du mois de novembre avec 2 fois plus de messages reçusqu'envoyés. Le 31 novembre 1999 par exemple, 2500 e-mails avaient été envoyés et reçus avec unpic de 28 messages en cinq minutes vers 10 heures.21 Dans un télécentre de Bamako, une minute de communication avec la France est facturé 3500FCFA; 6500 F CFA pour les autres pays européens et les Etats-Unis, 2500 pour le Burkina etc_

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III.21 - La Maison de la Presse

Pour pallier aux difficultés rencontrées par les journalistes et les médias auMali, le projet pilote "Médias et NTIC" d'une durée de trois ans a été initié en 1997par la Maison de Presse de Bamako et l'Institut PANOS. Ce projet qui visel'utilisation de l'Internet par les médias a été financé par l'Institut PANOS (coûts desconnections, salaires du coordinateur, équipement en six ordinateurssupplémentaires) pour 20 millions de francs CFA, la Maison de la Presse prenant encharge les frais de communication et les frais de fonctionnement courants. L'objectifdu projet est de désenclaver l'intérieur du Mali, notamment les régions les plusreculées où les journaux arrivent avec deux à trois semaines de retard22, departiciper à une décentralisation de l'information avec un accès en temps réel, defamiliariser des acteurs maliens des médias à l'Internet et de fournir desinformations à l'étranger. L'évaluation du projet devrait intervenir en juillet 2000 etsi les résultats sont concluants, l'Institut PANOS poursuivra son financement.

La Maison de la Presse qui sert de desk central est en liaison avec quatreantennes régionales équipées et connectées : Ségou, Mopti, Tombouctou et Gao.Les antennes régionales font remonter par e-mail les informations de leur localitéset reçoivent les informations de la capitale par le même canal . Plusieurs radios etjournaux des différentes localités23 ainsi que les correspondants régionaux del'Agence Malienne de Presse sont associés à cet échange d'informations en tempsréel24.

Pour matérialiser ce projet, un site Média-Mali a été lancé le 10 juillet 1998qui est hébergé par CEFIB (http:/www.cefib.com/presse/default.htm). Ceci permetde rendre les informations (qui sont sélectionnées et mises en ligne) accessibles auxjournalistes et aux publics nationaux et étrangers. Le site Média-Mali comporte troisfenêtres.- Une fenêtre de présentation des médias maliens, des différentes lois sur la presse,

des associations de journalistes, de la Maison de la Presse etc.- Une deuxième fenêtre qui sert de portail pour les Maliens de l'extérieur25 avec une

sélection hebdomadaire des articles de journaux26 avec un archivage desanciennes revues de presse. L'actualité nationale est largement couverte avec unéventail de la majorité des journaux y compris ceux de l'intérieur ("Maliprofond").

22 Par exemple, Tombouctou qui est à 1100 km de Bamako est fort mal desservie en journaux. Parroute et voie fluviale, selon les véhicules, l'état des pistes et les moments de l'année, on peutmettre 2 jours à une semaine pour y accéder. De petits avions (15 à 20 passagers) font le trajet2 fois par semaines (3 heures avec escale).23 Les radios communautaires sont devenues des lieux de dépôt de diverses informations.24 Des problèmes financiers et techniques sont survenus. Les factures de téléphones des antennessont vite devenues astronomiques alors qu'elles ne sont pas budgétisées dans le projet. Desproblèmes de lignes et de défectuosité des communications (bruits) entravent ces échanges.L'antenne de Mopti n'a jamais réellement fonctionné parce que les liaisons téléphoniques nemarchent pas et celui de Ségou fonctionne tant bien que mal. A Tombouctou, pas plus de 35personnes ne peuvent téléphoner à la fois.25 Rappelons l'existence d'une liste de discussion des Maliens et amis du Mali (Malilinkprécédemment liste Malinet) regroupant 800 personnes qui est hébergée par Bintta/Malinet etrécemment transférée sur un serveur, canadien (email : [email protected] ).26 Le coordonnateur du Projet achète les journaux en kiosque et rédige la revue de presse qu'unclaviste resaisit et met en forme, le CEFIB se chargeant de la mise en ligne.

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- Une troisième fenêtre plutôt touristique qui est en construction mettra en exergueles atouts touristiques du Mali et présentera le Mali sous ses différents aspects,les différents hôtels etc.

Au 29 mai 1999, le site Media-Mali avait reçu 11 465 visiteurs et il arrive queles Maliens de l'extérieur, des institutions ou des chercheurs étrangers sollicitent pare-mail des informations que le coordonnateur du projet leur transmet par le mêmecanal. Ce site revêt d'autant plus d'importance que le Mali n'a pas de site officiel etque Média-Mali diffuse systématiquement les comptes-rendus des Conseils desMinistres.

Le Centre Informatique de la Maison de la Presse qui est doté de 11ordinateurs (avec une seule ligne) est accessible à tous les journalistes qui peuventy être initiés à l'Internet27, à l'informatique, à la formation PAO etc. Le centre reçoiten moyenne cinq visiteurs par jour28. La plupart des journalistes qui le fréquentent yviennent pour envoyer des e-mails, rechercher des informations soit avec une idéevague (moteurs de recherches), soit sur des thèmes précis ou pour accéder auxsites de journaux étrangers29. Le coordinateur du projet les oriente et les conseille.D'autres journalistes ont des adresses e-mail gratuites et viennent vérifier et releverleur courrier. La Maison de la Presse est aussi abonnée gratuitement à plusieurslistes de diffusion (OMS, ONU, Réseau Régional d'information pour l'AfriqueAustrale).

III.22 - La presse écrite

III.221 - L'agence Malienne de Presse

L'Agence Malienne de Presse (AMAP) est l'abonné principal des agences depresse internationales. Elle redistribue les dépêches aux médias locaux et leurfournit des informations nationales. L'AMAP édite et diffuse le quotidiengouvernemental l'ESSOR. Sur la vingtaine d'ordinateurs30 disponibles à l'AMAP, troisseulement sont connectés à l'Internet, (soit 1 ordinateur à l'Agence et deux autres àla rédaction du quotidien l'ESSOR) via un abonnement à BINTTA Sa. Il y a un usagecollectif de ces appareils par les journalistes étant donné que l'AMAP n'a qu'uneseule adresse e-mail. Plusieurs stages d'initiation ont été organisés pour une dizainede journalistes par l'USAID. L'Internet est utilisé essentiellement pour la messagerieélectronique; les journalistes naviguent peu et seul le Rédacteur en Chef de l'ESSORutilise fréquemment le web pour recouper les informations reçues par le fil desdépêches d'agences. Pour obtenir des informations sur certains évènements noncouverts par l'AFP, les journalistes de l'AMAP ont ponctuellement recours àl'Internet. Par exemple, lors de la Coupe du monde de football des cadets, ceux-ciont utilisé le site de la Fédération Internationale de Football (qui avait lui-même desliens avec le site de la compétition) pour obtenir la composition des équipes, le

27 Selon le Coordonnateur du Projet, Mahamadou TALATA, 90% des journalistes ne savent pasutiliser l'ordinateur.28 Des non journalistes (fonctionnaires, particuliers), sont parfois tolérés et accèdent auxordinateurs.

29 Les sites des cinq fournisseurs d'accès locaux comportent des liens avec les grandes agences de(AFP, Reuters) les principaux journaux français, africains (Côte d'ivoire, Sénégal) voireanglais, allemands, américains ou canadiens (CEFIB).30 Dont 10 acquis sur fonds publics et dix autres sur financement de l'UNESCO et du CERDI.

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minutage, les résumés des rencontres, les noms des buteurs etc. De même, pourcertains grands sujets ou évènements comme le Sommet de l'OMC à Seattle ennovembre 1999, les journalistes se sont connectés sur les sites de journaux français(les quotidiens "Le Monde" et "Libération" notamment) pour compléter l'informationbrute fournie par l'AFP; ils ont utilisé les comptes rendus, commentaires et analysesdes envoyés spéciaux de ces journaux.

L'Internet joue donc de temps à autre un rôle d'outil et de source d'appointau fil de l'AFP. Ce rôle est d'autant plus apprécié que les journaux français consultéssur le web mettent quatre à cinq jours après leur parution pour être disponibles àBamako : l'obtention des éditions en temps réel fut-ce dans une version réduite etselon des critères français est ainsi permise par l'Internet. Pour compléter de tellessources avec un point de vue africain, les journalistes visitent les sites du journalsénégalais "Le Soleil" et du journal ivoirien "Le Jour", journaux paraissant dans despays limitrophes et contenant aussi des informations régionales bien mises à jour.La visite de ces différents sites se fait donc au gré de l'actualité.

Les journalistes visitent aussi le site de Médias France Inter Continent (MFI),l'agence multimédia de Radio France Internationale qui fournit des élémentsd'actualités, des articles prêts a être publiés et des features. Ces articles et fichesdocumentaires étaient envoyés aux médias africains par courrier auparavant, ce quise poursuit parallèlement à la diffusion en ligne. L'AMAP reçoit aussi desinformations par e-mail de l'Agence de presse SYFIA ainsi que des features del'OMS, documents qui transitaient antérieurement par courrier postal.

L'AMAP ne dispose pas de site web en raison de son incapacité actuelle à leravitailler et le mettre à jour (ordinateur, numérisation, poste de réviseur). Elle neveut pas non plus perdre pour l'instant les recettes procurées par ses 1200 abonnésde l'étranger (émigrés maliens essentiellement) à qui elle adresse une versionhebdomadaire de l'actualité nationale. Elle étudie donc la possibilité de mettre enligne une version simplifiée avec des tarifs peu élevés et un mot de passe; ses coûtspostaux en seraient réduits et elle pourrait diffuser plus amplement certains appelsd'offres, numériser et diffuser des photos sur le web, etc_ L'AMAP compte renforcerson équipement, améliorer sa connectivité et disposer d'un site web afin d'êtreopérationnel lors de la Coupe d'Afrique des Nations de 2002 qui aura lieu au Mali etqui constitue un important marché.

III.222 - Les journaux privés

Trois journaux privés recourent à l'Internet pour obtenir des informations :"L'INDEPENDANT", "INFO-MATIN" et "LES ECHOS". N'étant pas abonnés au fil del'AFP, ces journaux recourent au web (à l'appui de l'écoute des radiosinternationales), pour alimenter leurs pages internationales31 (AFP, journauxfrançais_) en y récupérant des articles (parfois publiés tels quels) ou photos offertesà usage libre.Deux journaux maliens ont un site web : "LES ECHOS" premier journalà investir la Toile et qui est hébergé par BINTTA/Malinet(http://www.malinet/palabre/presse/les echos) mais dont les pages ne sont pasmises à jours et le quotidien INFO-MATIN qui a son site propre, www.info-matin.com ; ce site héberge aussi des pages de l'hebdomadaire "LE CANARD 31 Les journaux consacrent la plus grande partie de leurs pages à l'actualité nationale, auxfaits divers et au sport.

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LIBERE" qui est diffusé par le même groupe. Le site d'INFO-MATIN est assez à jouravec la mise en ligne de quatre pages sur les six du journal (actualité nationalesurtout) et des archives depuis le 18 octobre 1999 (1980 visiteurs au 15/12/99).

III.223 - Les radios et la télévision

La radio et la télévision d'Etat regroupées au sein de l'office de Radio et deTélévision du Mali (ORTM) sont connectées à l'Internet; mais seuls les Directeurs etquelques personnes ont accès à des ordinateurs dont ils peuvent disposer librement.Les journalistes ne peuvent user à volonté de ces connexions, certains d'entre euxrecourant à la Maison de la Presse. Dans les médias audiovisuels persistent lesanciennes habitudes à tel point que les journalistes de l'ORTM préfèrent obtenir le filde l'AFP sous forme de télex (imprimé) en se déplaçant à l'AMAP plutôt que d'utiliserla possibilité de le recevoir sur leur ordinateur. Et pour cause, ils n'ont pas souventaccès à un ordinateur.

Quant aux radios privées, rares sont celles disposant d'une adresse e-mail endehors de deux radios bénéficiaires du programme "Internet Audio" de l'InstitutPANOS32.

En effet, à Bamako, la radio commerciale Radio Klédou et la stationcommunautaire Radio Tabalé participent au Réseau de la Banque de Programmes(BDP)33de l'Institut Panos domiciliée à l'antenne de Bamako. Ce Réseau qui utilisel'Internet et regroupe 12 radios d'Afrique francophone est opérationnel depuis mars1999. Les 12 stations (dont les deux radios maliennes citées) ont été équipéesd'ordinateurs multimédias et de logiciels appropriés34 qui leur permettent d'envoyerchacune des émissions à la BDP de l'Institut PANOS à Bamako. Le responsable de laBDP, Johan DEFLANDER reformate ces émissions (reportages de 7 à 10 minutesenvoyés par Internet une fois par semaine) et les met sur un site audio hébergé enAngleterre35. Les deux radios maliennes et leurs 10 autres consœurs peuvent alorstélécharger les émissions stockées sur le site anglais, les transférer sur leursordinateurs et les rediffuser.

In fine, ce système permet aux deux radios maliennes de disposergratuitement des reportages de correspondants dans chacun des autres paysparticipant au programme et de voir leurs propres reportages repris par les dixautres radios du programme et plusieurs radios francophones en Europe et auCanada qui peuvent recourir aussi au site anglais. Ainsi, lors de l'électionprésidentielle de novembre 1999 au Niger, les deux radios maliennes ont pudisposer rapidement d'un reportage de 10 minutes d'un journaliste de la stationnigérienne Radio Anfani, ce qui leur a économisé des frais de téléphone et faitgagner du temps. La BDP prévoit de procéder bientôt à des échanges de e-mailportant sur l'actualité régionale avec aussi des demandes à la carte et la possibilitépour d'autres stations non membres du réseau mais titulaires d'une adresse e-maild'en bénéficier. 32 Quatre stations de radios des antennes régionales du projet pilote "Médias et NTIC" sontconnectés et sont en relation avec la Maison de la Presse.33 E-mail : [email protected] Les logiciels, disponibles en anglais ont été traduits en français et les ordinateurs ont étéconfigurés : L'Institut PANOS a financé l'équipement, l'abonnement Internet, un forfait des fraisde téléphone ainsi que la formation des journalistes et des techniciens.35 http://www.oneworld.org/panos_audio

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III.3 - L'USAGE DE L’INTERNET DANS L’EDUCATION ET LA CULTURE

Au Mali, l'Internet a beaucoup pénétré les milieux de la recherche. Ilcommence à s'introduire dans le monde de l'enseignement. En revanche, sonutilisation dans le domaine de l'art et de la culture est très peu développée.

III.31 - La recherche scientifique et technique

Plusieurs institutions de recherches étaient connectées via le Réseau RIO del'ORSTOM avant l'avènement de l'Internet. Depuis 1997, tout en bénéficiant desprestations du Réseau RIO, les institutions de recherches se sont connectés àl'Internet à travers des abonnements auprès des PSI. Diverses institutions derecherches36participent à de multiples projets et réseaux internationaux37. Ladescription plus loin de l'expérience du Centre de Recherches sur les MaladiesTropicales de la Faculté de Médecine (§ II.4.1) illustre bien les pratiques ettendances des centres de recherches et des chercheurs qui sont ainsi décloisonnés.L'Internet joue alors un rôle compensateur au regard des insuffisances locales dedocumentation, de formation et de diffusion de l'information scientifique ettechnique.

Les chercheurs arrivent, grâce à l'Internet, à s'arrimer à des programmes derecherches, à participer à des colloques internationaux, à correspondre avec leurshomologues. L'obtention d'adresses e-mail leur ouvre de nombreuses portes.

III.32 - L'enseignement universitaire

Les enseignants et les étudiants de l'Université du Mali sont restés un peuplus en marge par rapport aux chercheurs; l'utilisation de l'Internet n'est pas encorebien entrée dans les habitudes : beaucoup d'étudiants finissent leur cycle sansavoir touché un ordinateur et moins de 10% d'entre eux sont abonnés à un PSI ouont accès à un cybercafé ou un point d'accès public. Toutefois, l'Universitécommence à s'ouvrir à l'Internet; la plupart des enseignants disposent d'uneadresse e-mail gratuite (hotmail Caramail etc)38, chaque école ou Faculté a étééquipée d'un ordinateur sur financement du Rectorat. Des sessions d'initiation et deformation ont eu lieu chez le PSI SPIDER pendant une semaine en mai 1999 etdurant lesquelles responsables de l'Université, professeurs et étudiants ont pu sefamiliariser à l'Internet. Ces sessions ont suscité un certain engouement et lesmentalités commencent à évoluer39. Les professeurs tout comme les étudiants 36 Citons entre autres le CNRST, l'Institut d'Education Populaire, l'Institut d'Economie Rurale,l'Institut du Sahel, l'Institut National de Recherche sur la Santé Publique, l'Ecole Nationaled'Administration etc_ Près d'une dizaine de Centres de Recherches et Ecoles utiliseraientl'Internet de façon relativement intense.37 Ces réseaux et projets n'ont pu être tous identifiés et analysés ici.38 Ces adresses gratuites pallient la non disposition d'un ordinateur personnel et facilitent lacommunication électronique lors des déplacements, notamment à l'étranger.

39 L'Internet était jusque là perçu comme l'apanage des mathématiciens ou des scientifiques, voirecomme une technologie compliquée et inacessible. Avec la vulgarisation et l'initiation, lesétudiants commencent à entrevoir tout le parti qu'ils peuvent en tirer.

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s'échangent par exemple des adresses de sites ou des documents obtenus surInternet40. Avec l'inauguration prochaine du Centre Syfed/Refer et la connection del'Université d'ici l'an 2001 par l'USAID (cf supra, § II.2.1. et II 2.3), l'Internet serapropulsé à l'Université. Cela facilitera l'accès du monde universitaire (gratuité outarifs modiques, élargissement à l'ensemble des étudiants) et permettra à l'Internetde jouer le rôle compensateur déjà évoqué pour la recherche41. De même, l'accèsaux connaissances sera amplifié (accès aux théories, concepts et publications,compléments aux cours académiques et aux ouvrages indisponibles, échangesdivers, auto-formation, etc)

III.33 - L'enseignement primaire et secondaire

L'usage de l'Internet y est quasi-inexistant. L'USAID prévoit d'équiper et deconnecter plusieurs lycées de la capitale et des provinces.

Dans l'enseignement primaire, le projet "Cellule d'Appui à l'EnseignementFondamental" (CAEF) a initié en partenariat avec le Réseau Africain de Formation àDistance (RESAFAD)42un programme d'utilisation de l'Internet pour créer et mettreen ligne des modules de formation pour les maîtres et directeurs d'écoles (modulesadministratifs et modules pédagogiques), modules qui pourraient être échangésavec les autres pays africains partenaires du RESAFAD. Ce programme d'un coût de50 millions de francs CFA visait à établir un réseau national et échanger desconnaissances. Après l'achat des équipements (sept ordinateurs, un serveur, desmodems et imprimantes), les formations de directeurs d'écoles et d'agents desDirections régionales de l'éducation n'ont pu se réaliser via l'Internet comme prévumais plutôt sur du support papier en raison du manque de techniciens pour la miseen ligne, des problèmes d'obtention de lignes et de connection auprès de laSOTELMA, de communication avec les directions régionales, d'accès aux serveurs duPSI, des difficultés de paiement des communications etc. Ces difficultés techniqueset financières ont suspendu le programme dont le matériel est sous-utilisé. Desdémarches sont en cours pour sa relance et son renforcement institutionnel.

III.4 - L'usage de l'Internet dans le domaine de la santé publique

Les potentialités de l'Internet souvent mises en avant pour les pays endéveloppement ne sont pas encore pleinement utilisées au Mali. Pour l'instant, il n'ya par exemple pas de recours à cette technologie pour l'information du grand public,l'imagerie médicale ou l'assistance médicale spécialisée à distance. Outre ladisponibilité, au Ministère de la santé et à l'hôpital Gabriel Touré de Bamako, dequelques ordinateurs connectés qui permettent un usage classique de l'Internet (e-mail, navigation), nous avons identifié un projet qui utilise l'Internet de façonintensive et qui est présenté ci-après.

40 L'ORSTOM de Bamako permet, à l'appui de celui de ses collaborateurs maliens, l'accès desétudiants de l'Institut d'Economie rurale, de l'Institut polytechnique rural et de quelquesstagiaires a son centre informatique (10 ordinateurs connectés).41 Le professeur Moussa KANTE, Responsable des projets NTIC au Rectorat nous déclarait :"Internet est une bouffée d'oxygène; à défaut de faire de la recherche, on peut actualiser sesconnaissances dans son domaine à travers le Net" .42 Programme de la coopération Française et de l'AUPELF/UREF qui vise à utiliser les NTIC commevecteur d'appui au système éducatif africain. http://www.lid.jussieu.fr/resafad/

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III.41 - L'utilisation de l'Internet au CRMT

Le Centre de Recherches sur les Maladies Tropicales (CRMT) du Départementd'Epidémiologie et des Affections Parasitaires de la Faculté de Médecine del'Université du Mali a un programme de recherches et de formation sur le paludismeet la médecine tropicale. Ce programme est mené en partenariat avecSatellife/HealthNet, les Facultés de Médecine des Universités de Maryland et deTulane aux Etats-Unis, le National Institute of Health (NIH) et le National Librarydes Etats-Unis. Le programme, dénommé Mali-Tulane a débuté en 1990 avec l'appuide Healthnet43, centré au départ sur la recherche et la formation sur le paludisme.Dirigé par le professeur Ogobara DOUMBO44, ce programme de recherches et deformation est ouvert aux diplômés et étudiants en fin de cycle, aux chercheurs etscientifiques en parasitologie, entomologie, médecine clinique et médecine tropicaleetc. Le CMRT accueille également des professeurs, chercheurs, médecins etanthropologues étrangers et plusieurs chercheurs maliens effectuent des stages,spécialisations et missions en Europe et aux Etats-Unis dans le cadre departenariats divers. Le programme fonctionne donc en réseau avec des relationspermanentes et des échanges entre le CRMT et des centres de rechercheseuropéens, américains, canadiens et australiens.

Au département d'Epidémiologie et des Affections Parasitaires, trentechercheurs maliens confirmés collaborent au programme . Tous ces chercheurs ontaccès à l'Internet, ce qui leur permet d'être en contact quotidiennement avec leurscollègues étrangers, les professeurs et chercheurs maliens en stage ou endétachement à l'étranger, etc. De nombreux documents sont échangés via l'internetqui permet surtout l'accès aux publications les plus récentes, aux banques dedonnées, au National Library45, à la documentation de l'Organisation Mondiale de laSanté (OMS) centralisée à Genève. De même, l'internet permet de solliciter oud'interroger en temps réel des professeurs et chercheurs étrangers. Le professeurO. DOUMBO nous a par exemple confié que lorsqu'il n'arrive pas à donner uneréponse satisfaisante à ses étudiants sur une question, il envoie un e-mail à unspécialiste qui lui donne des éléments de réponse.

Le programme Mali-Tulane dispose aussi d'antennes à l'intérieur du Mali(Mopti, Tombouctou, Kida) et des équipes de médecins et de chercheurs se rendentaussi ponctuellement à l'intérieur des pays (études cliniques). Le Centrecommunique avec toutes ces équipes via l'Internet avec un échange permanentd'informations concernant surtout l'épidémiologie. Ainsi, lorsque des épidémies depaludisme surviennent par exemple, le Centre peut par échange d'e-mails donnerdes avis et instructions en temps réel pour la gérer à l'intérieur du pays et ce sur labase des résultats de ses recherches et des informations qu'il a centralisées.L'Internet permet ainsi d'apporter un appui aux différents programmes de lutte 43 Healthnet est le réseau mondial de communication de Satellife qui est une ONG financée par leCRDI et qui relie les professionnels de la santé à travers le monde, avec une attentionparticulière accordée aux pays en développement (notamment africains) dont elle cherche àdécloisonner les praticiens et les chercheurs. Healthnet favorise et facilite l'accès et leséchanges d'informations en matière de santé en fournissant des équipements et des prestationsadaptées aux besoins des pays concernés. Pour ce faire, Healtnet dispose de deux satellites enbasse orbite, de réseaux d'ordinateurs munis de téléphone et d'un système radio, ainsi que desnœuds dans différents pays. Se reporter à http://www.healthnet.org .44 Les Professeurs Yeya Touré (entomologie) et Abdoulaye Djimbe (biologie moléculaire)participent également au programme.45 Le National Library est l'une des plus grandes bibliothèques scientifiques au monde.

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contre le paludisme ou contre les maladies parasitaires telles que le ver de Guinée,la Schistosomiase, les parasitoses intestinales etc. Le CRMT collabore activementpour ces derniers cas avec la Direction des études du Ministère de la Santé etl'Institut National de Recherches sur la Santé Publique.

Le CRMT collabore ou exécute aussi des projets de l'Union Européenne,d'universités allemandes ou anglaises, de l'OMS et de l'UNICEFF, toutes choses quilui confèrent une notoriété et une dimension critique et permettent un effet desynergie. En se polarisant sur des projets de recherche fonctionnels et donc ens'astreignant à des obligations de résultats et de compétitivité, le CMRT parvient àvivre de la recherche. Il dispose d'une autonomie financière et de recherches parrapport à l'Université et aux autorités maliennes qui n'interfèrent pas dans sesactivités. Le Centre établit directement des relations avec ses partenaires qui lefinancent, contournant l'Etat qui selon le Professeur DOUMBO "doit se cantonner àun rôle de facilitateur"46. Cette spécificité du CRMT (qui il faut le rappeler avaitaccès au courrier électronique de façon autonome avant l'avènement de l'Internetgrâce à Healthnet)47 explique pour une bonne part le développement de l'usage del'Internet dans ses activités.

De fait, l'équipement du Centre a été financé par le National Institute ofHealth des Etats-Unis et Healthnet. Les subventions des universités et centres derecherches partenaires et les financements de divers autres projets permettent lefonctionnement du CRMT qui paie lui-même la majeure partie de ses chercheurs surles fonds de ses programmes48. Cette alchimie lui permet de disposerd'équipements suffisants.

Le CRMT dispose en effet de 40 ordinateurs tous connectés à l'Internet49. Unréseau Intranet a été mis en place qui relie les laboratoires, les bureaux, le "Guest-House"50, les antennes régionales et les domiciles des principaux professeurs (quisont reliés par antennes radio et peuvent travailler et se connecter depuis chezeux). Une salle informatique permet d'assurer la fiabilité des communications etabrite deux serveurs51, ainsi que des équipements d'accès direct au satellite(téléphone portatif, ordinateur portatif branché sur MOBIQ avec un logiciel déjàconfiguré_). Deux groupes électrogènes sont également disponibles qui servent deback-up en cas de coupure du courant ou de problèmes au niveau de la Société 46 Cette affirmation sous-entend l'idée, décelable chez nombre de nos interlocuteurs, que lorsquel'Etat finance un projet ou y contribue pour une part, la pérennité dudit projet n'est pasassurée étant donné que l'Etat ne tient pas ses engagements. Cela éclaire les réticences duProfesseur DOUMBO à nous révéler son budget et le montant total de ses financements. L'oncomprend aussi qu'à la SOTELMA et au Ministère de la Communication l'on ne dispose pas de détailssur le fonctionnement du Centre.47 A l'origine, le satellite de Healthnet passait deux ou trois fois par jour et le Centre nedisposait que de deux ordinateurs. Le courrier électronique (seule prestation à l'époque) étaitalors envoyé et reçu avec un décalage de douze heures. Le Pr DOUMBO qualifie ce système originelde "vieillot" et surtout déplore le fait qu'il ne permettait par l'envoi de documents importants.48 Sur les 30 chercheurs du Département d'Epidemologie et des Affections Parasitaires, cinqseulement sont payés par l'Etat malien. Et à en croire le Professeur DOUMBO, les 25 autres nerêvent sûrement pas de devenir fonctionnaires.

49 A raison de 30 ordinateurs dans les bureaux et laboratoires, deux ordinateurs dans la salleinformatique et huit ordinateurs dans chacune des huit chambres du Centre d'Hébergement. Faitsignificatif, l'Université du Mali n'a fourni qu'un seul ordinateur et par comparaison, labibliothèque de la Faculté de Médecine ne dispose que de trois ordinateurs.50 Le Centre d'Hébergement abrite en permanence cinq chercheurs ou stagiaires étrangers qui ontaccès à l'internet depuis leur chambres ou la salle d'informatique, disposant ainsi de conditionscomparables à celles de leurs pays d'origine.51 Dont l'un sert de "back-up". Le NIH et les universités américaines partenaires peuvent accéderdirectement au deuxième serveur.

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"Energie du Mali" qui distribue l'électricité. La logistique et la maintenance de toutce matériel sont assurées par un ingénieur malien formé à cet effet aux Etats-Unis,employé a plein temps et payé sur les fonds du Centre. Un site web devrait êtrecréé et mis en ligne par le Centre en l'an 2001.

Le système de communication du CRMT est ainsi sécurisé et complètementautonome. En effet, le Centre est abonné au PSI BINTTA auquel il est relié parliaison radio (64 kbps). En cas de panne de cette liaison, de difficultés au niveau dela SOTELMA ou de difficultés d'accès au serveur de Bintta, le Centre peut envoyerou recevoir du courrier électronique52 par accès direct au satellite. Il est ainsi relié aWashington et aux antennes régionales53.

Il apparaît que l'Internet est au CRMT à la fois une nécessité et l'option d'uneéquipe de recherche professionnalisée dont les chercheurs qui affirment "ne paspouvoir fonctionner sans l'Internet" – publient en anglais, travaillent le samedi et ledimanche, présentent les résultats de leurs recherches à l'American Society ofTropical Médecine (12 communications en 1999) etc. Cette insertion dans lacommunauté scientifique internationale, les impératifs de compétitivité etd'excellence, l'intérêt des bailleurs de fonds et des institutions partenaires.54 ontcontribué à une appropriation de l'Internet et à la naissance de nouveaux réflexes(partage d'expériences, ouverture sur le monde, anticipation d'actions dans deszones de pandémie, gestion des épidémies en temps réel). Cette expérience montrela viabilité et les avantages de l'usage de l'Internet dans les domaines de larecherche et de la santé, mais aussi les conditions de son optimalisation(financement, sécurisation, équipement).

VI. CONCLUSION

L'introduction et le développement de l'Internet au Mali ont engendré denouveaux enjeux. Certes, de nombreuses contraintes et limites existent : faiblessede la télédensité, du parc d'ordinateurs et des ressources humaines, coûtsprohibitifs des équipements informatiques et des communications téléphoniques,inadéquation des infrastructures de télécommunication et faible desserte del'intérieur du pays, coupures intempestives de courant, absence de politiquecohérente et incitative en matière d'Internet, analphabétisme etc. Cependant,l'Internet se développe au Mali en dépit de ces contraintes.

De fait, l'impact de l'Internet au Mali s'est traduit par une forte croissance dunombre des abonnés (qui est passé de 800 en décembre 1997 à 1500 en septembre1998 pour atteindre les 2200 abonnés en novembre 1999); le développement dumulti-usage et du recours aux points d'accès publics traduisent un engouement pourl'Internet et l'on peut estimer à 10 000 le nombre des internautes maliens (régulierset occasionnels). L'Internet commence à entrer dans les mœurs, tout au moins dans

52 Hormis la navigation.53 Ces antennes sont également desservies par trois centres délocalisés qui sont équipésd'appareils portatifs d'accès au satellite ainsi que de panneaux solaires. Elles peuvent, en casde pannes ou de défectuosité des communications téléphoniques, envoyer des e-mail par satellite.54 La combinaison de projets fondamentaux (par exemple ceux en cours de développement de vaccin,de biologie moléculaire ou de biotechnologie), et de programmes de gestion des épidémies cultivel'intérêt de divers partenaires. Pour une bonne part, ceci est permis par l'utilisation del'Internet.

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la capitale où sont concentrés 90% des usagers. Sa pénétration se traduit surtoutpar le boom du courrier électronique.

Il apparaît dès lors qu'il y a une clientèle solvable en messagerie électroniquetrès importante. Seulement, la faiblesse des équipements de télécommunications etsurtout le déficit de lignes téléphoniques rendent malaisée la satisfaction d'unedemande désormais existante et nettement supérieure à celle d'un pays développé.Il y a une saturation de l'offre de connection par rapport à une demandedynamique.

Dans de telles circonstances, l'enjeu se déplace sur les capacités de réponsede la SOTELMA qui malheureusement restent faibles malgré des efforts réels cestrois dernières années; l'opérateur historique est contraint de réagir au coup parcoup, n'arrivant pas à gérer les enjeux et mutations induits par le développementde l'Internet et auxquels ses ressources humaines et financières et sa logique nel'avaient pas préparé55, à un moment où pourtant son rôle demeure central. Laperduration du statu-quo risque d'engendrer des voies de fait et l'on pourra assisterà des installations sauvages de VSAT, un recours à des opérateurs étrangers viasatellite, et une accélération de l'introduction de technologies émergentes56. On en aun avant-goût avec les liaisons radios que deux PSI ont installées à leurs clients àgros besoins profitant du vide juridique de la SOTELMA en la matière. Il estvraisemblable d'ailleurs que ces liaisons radio se développent très prochainement.C'est donc le rôle et la place de la SOTELMA qui sont en jeu.

Dès lors, la libéralisation du secteur des télécommunications, la privatisationde la SOTELMA et la mise en place d'un organe régulateur indépendant et doté deréels pouvoirs constituent des enjeux et des échéances déterminants : ces réformespeuvent, si elles sont bien menées, aider à débloquer la situation. Pour l'instant, ilimporte de multiplier le nombre de lignes et de sécuriser les liaisons avec les PSI etavec l'international (augmentation de la capacité du nœud, un back up) et derecourir à des technologies adaptées aux besoins du pays, conditions d'un serviced'accès de masse à l'Internet. Le financement de ces infrastructures sembleautrement plus urgent que certains objectifs ambitieux de "démocratisation del'accès à la société de l'information" qui donnent lieu à des programmes omnibus.De même, il convient de remédier aux inégalités spatiales en installant des nœudsreliant les villes de l'intérieur directement à la SOTELMA. Tels sont les défis à releveren priorité pour favoriser et optimaliser l'usage de l'Internet. D'autres objectifs liés àla formation, au dégagement de ressources budgétaires pour l'Internet par l'Etat, àla baisse de la fiscalité sur l'informatique, à la sensibilisation à l'Internet(vulgarisation), à l'alphabétisation etc. ne sont pas à négliger non plus; mais ilsn'ont tout leur sens que s'ils accompagnent une capacité d'offrir la connectivité.

55A l'arbitrage permanent entre rentabilité et mission de service public, viennent s'ajouter destergiversations sur la démarche à adopter : faut-il prendre le pari de miser à fond surl'Internet en renonçant à la manne des communications internationales et en espérant un surcroîtde recettes via l'Internet ? Comment financer les investissements sans réduire les recettes ? Cestergiversations génèrent en aval une multiplication des PSI sans pour autant satisfaire lademande, une concurrence figée avec des PSI choyant leurs gros clients et ne pouvant baisserleurs prix etc, une offre discrétionnaire de lignes supplémentaires etc_56 Assymétrical Digital Subseriver Line (ADSI), Internet par réseau cellulaire etc.