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Introduction Ce num6ro de la Revue fran~aise de transfusion et d'hdmobiologie est consacr6 ~ l'attitude ~ adopter vis-a-vis du donneur de sang chez lequel a 6t6 d6couvert une anomalie biologique. Nous avons pour cela fait appel ~ des anteurs dont la comp6tence et l'exp6rience sur ce sujet 6talent reconnues. Le but de cet ensemble de textes 6tait de proposer une attitude non st6r6otyp6e et directive, mais adaptable et pratique, pour la meilleure information et la meilleure prise en charge du donneur chez lequel un don de sang vient de r6v61er une anomalie. J. Coste, J.M. Lemaire et B. Habibi sugg6rent les 616ments d'attitude vis-a-vis du donneur de sang chez lequel le test de d6pistage vient de r6vler la pr6sence d'anticorps dirig6s contre le virus HTLV-I ou II. Depuis janvier 1989, en effet, le d6pistage des anticorps sp6cifiques est obliga- toire dans les Cara3bes au niveau de tous les dons de sang. En m6tropole, selon la circulaire du 17 mai 1989, il est conseill6 d'effectuer le test chez les sujets originaires d'une zone d'end6mie, ou de les orienter vers le don d'un plasma qui sera fractionn6. Comme pour le diagnostic de 1'infection par le VIH, des crit6res de Western-blot ont 6t6 d6finis pour affirmer une infection par le HTLV-I/II. Les derniers tests s6rologiques connaissent de moins en moins de r6actions qualifi6es d'~ ind6termin6es ,~, que seuls la PCR et le RIPA, qui demeurent des techniques lourdes, r6serv6es /~ quelques laboratoires sp6cialis6s, peuvent ~ ce jour r6soudre. Par ail- leurs, il appara~t d'ores et d6j~ certain que la distinction sur le Western- blot entre les 2 r6trovirus HTLV-I et HTLV-II sera prochainement possible avec sfiret6. Avec A.M. Jullien, nous avons d6velopp6 tree proposition d'attitude vis-a-vis d'un donneur chez lequel le test de d6pistage biologique vient de r6v61er une s6ropositivit6 dirig6e contre le virus de l'immunod6ficience humaine (VIH). Si les critbres diagnostiques de l'infection par le VIH sur le Western-blot sont anjourd'hui admis et utilis6s, l'ensemble des pro- blbmes soulev6s par le d6pistage biologique n'a pas encore 6t6 r6solu. Nous n'6voquerons pas ici le ~(test antigbne ,~, dont l'usage n'a, pour Ttr~s ~ part : J J. Lefr6re, I.N.T.S., 6, rue Alexandre-Cabanel, 75015 Pans.

Introduction

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Introduction

Ce num6ro de la Revue fran~aise de transfusion et d'hdmobiologie est consacr6 ~ l 'att i tude ~ adopter vis-a-vis du donneur de sang chez lequel a 6t6 d6couvert une anomalie biologique. Nous avons pour cela fait appel ~ des anteurs dont la comp6tence et l 'exp6rience sur ce sujet 6talent reconnues. Le but de cet ensemble de textes 6tait de proposer une attitude non st6r6otyp6e et directive, mais adaptable et pratique, pour la meilleure information et la meilleure prise en charge du donneur chez lequel un don de sang vient de r6v61er une anomalie.

J. Coste, J.M. Lemaire et B. Habibi sugg6rent les 616ments d 'at t i tude vis-a-vis du donneur de sang chez lequel le test de d6pistage vient de r6vler la pr6sence d 'ant icorps dirig6s contre le virus HTLV-I ou II. Depuis janvier 1989, en effet, le d6pistage des anticorps sp6cifiques est obliga- toire dans les Cara3bes au niveau de tous les dons de sang. En m6tropole, selon la circulaire du 17 mai 1989, il est conseill6 d 'effectuer le test chez les sujets originaires d 'une zone d'end6mie, ou de les orienter vers le don d'un plasma qui sera fractionn6. Comme pour le diagnostic de 1'infection par le VIH, des crit6res de Western-blot ont 6t6 d6finis pour affirmer une infection par le HTLV-I/II. Les derniers tests s6rologiques connaissent de moins en moins de r6actions qualifi6es d'~ ind6termin6es ,~, que seuls la PCR et le RIPA, qui demeurent des techniques lourdes, r6serv6es /~ quelques laboratoires sp6cialis6s, peuvent ~ ce jour r6soudre. Par ail- leurs, il appara~t d 'ores et d6j~ certain que la distinction sur le Western- blot entre les 2 r6trovirus HTLV-I et HTLV-II sera prochainement possible avec sfiret6.

Avec A.M. Jullien, nous avons d6velopp6 tree proposition d 'at t i tude vis-a-vis d 'un donneur chez lequel le test de d6pistage biologique vient de r6v61er une s6ropositivit6 dirig6e contre le virus de l ' immunod6ficience humaine (VIH). Si les critbres diagnostiques de l ' infection par le VIH sur le Western-blot sont anjourd 'hui admis et utilis6s, l 'ensemble des pro- blbmes soulev6s par le d6pistage biologique n ' a pas encore 6t6 r6solu. Nous n '6voquerons pas ici le ~( test antigbne ,~, dont l 'usage n'a, pour

Ttr~s ~ part : J J. Lefr6re, I .N.T.S. , 6, rue Alexandre-Cabanel, 75015 Pans.

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diverses raisons, pas encore 6t6 rendu syst6matique au niveau des dons de sang en France. Dans notre texte, nous n'avons pas non plus 6voqu6 le probl6me que pose la d6couverte d 'un anticorps anti-core isol6 de mani6re durable (anti-p 25 ou anti-p 18). S'il est certain qu'un sujet pr6sentant un tel anticorps n'est pas infect6 par le VIH, aucun consensus n 'a encore 6t6 6tabh sur l'utilisafion ou la non-ntilisation du sang dorm6 par ce sujet.

I1 faut souligner l 'importance des enqu6tes ascendantes et descen- dantes d6clench6es par la d6couverte, chez un donneur de sang, d'une s6ropositivit6 anti-VIH. Ces enqu6tes, dont les principes sontt d6taill6s dans notre texte, sont fondamentales h la fois pour le d6pistage d'infec- tions rest6es 6ventuellement m6connues et pour l 'obtention de donn6es sur la persistance du risque transfusionnel d'infection VIH.

Parmi les annonces de la d6couverte d'une anomalie biologique chez un donneur de sang, celle d 'une s6ropositivit6 VIH reste, en raison du pronostic de l'infection, ceUe qui n6cessite le plus de pr6cautions d'ordre psychologique. L'information du sujet permet, par l'interm6diaire de ce dernier, l 'information de ses partenaires, pr6sents ou pass6s. On con~oit donc, sur le plan de la pr6vention de la diss6mination de l'infection, l ' importance de l'entretien m6dical avec le sujet s6ropositif. En outre, la d6termination des facteurs de risque des sujets reconnus s6ropositifs l'occasion d 'un don de sang fournit des donn6es 6pid6miologiques dont la connaissance permettra au m6decin de collecte d'affiner les 616ments de l'entretien qui pr6cbde tout don de sang.

Le d6pistage de ces 2 r6trovirus au niveau des dons de sang et l 'information des donneurs infect6s sontt des 616ments d'importance pour pr6venir le risque de transmission transfusionnelle d'antres r6trovirus dans les prochaines ann6es.

L'attitude devant la d6couverte d'une baisse pathologique de l'h6ma- tocrite ou de l'h6moglobine chez un donneur de sang est expos6e par G. Boulard, P. Gruyer, L. Noel et B. Saint-Paul. Cette anomalie biologique, qui se rencontre surtout chez la doniaeuse de sang, est le plus souvent h6e

une carence martiale. Celle-ci impose la mise en routte d'une enqu6te 6tiologique, afin que soit d6but6e une th6rapeutique de la carence en fer et de la maladie causale. Les anteurs insistent sur l 'importance de la qualit6 de l'entretien m6dical et de l'exarnen physique qui pr6c6dent le don, et sur la fiabilit6 d 'un d6pistage de la baisse de l'h6moglobine ou de l'h6matocrite.

B. Chataing expose l'attitude ~t adopter vis-~t-vis d 'un donneur chez lequel une s6rologie syphilitique positive vient d'6tre d6cel6e. Le test de dbpistage, effectu6 dans le laboratoire du centre de transfusion, n6ces- site, en cas de positivit6, que soit demand6 un test de confirmation par un laboratoire sp6cialis6. En fonction du r6sultat de ces tests s6rologi- ques, le doimeur sera remis dans le circuit des dons ou adress6 au m6decin traitant pour plus ample investigation et traitement sp6cifique 6ventuel.

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C. Trepo, P. Opolon et leurs collaborateurs pr6sentent les 616ments de l 'attitude h adopter f ace / t la d6couverte d 'un marqueur s6rique du virus de l 'h6patite B e t / ou d 'une 616vation du tanx s6rique des transami- nases, tandis que M.H. Elghouzzi, P. Giral, P. Opolon, C. Trepo, R. Poupon et A.M. Jullien pr6sentent ces 616ments face /~ la d6couverte d'une s6rologie positive pour le virus de l 'h6patite C. Ces derniers mois, ce dernier a quelque peu vol6 la vedette au virus de l 'h6patite B, dont l 'incidence au niveau des donneurs de sang reste cependant non n6gli- geable. La raise en route, en mars 1990, d 'un test de d6pistage s6rologi- que des anticorps dirig6s contre le virus de l 'h6patite C a repr6sent6 un progrbs notable dans la pr6vention des maladies virales transmissibles par transfusion. Les auteurs soulignent la n6cessit6, pour le centre de trans- fusion, de coop6rer avec un service d'h6patologie, pour la prise en charge et le suivi du sujet infect6 par le virus de l 'h6patite B ou C. En ce qui concerne la s6rologie permet tant le diagnostic d ' infection par le virus de l'h6patite C, de notables progrbs ont 6t6 effectu6s ces derniers mois. Les tests s6rologiques restent cependant /~ perfectionner, afin de r6duire l'incidence des r6actions faussement positives et faussement n6gatives.

La conduite h tenir vis-h-vis d 'un donneur de sang chez lequel le test de d6pistage syst6matique vient de r6vdler une anomalie, est susceptible d'6voluer au fur et ~t mesure que nos connaissances biologiques, cliniques et 6pid6miologiques progresseront.

Dans certains cas, le donneur convoqu6 par le centre de transfusion pr6f6rera recevoir l ' information de son m6decin traitant. I1 convient dbs lors de comrntmiquer/~ ce praticien, avec l 'accord du patient, les r6sultats des tests ayant r6v616 l 'anomalie biologique en cause.

Enfin, il apparalt n6cessaire qu 'un second contr61e soit effectu6 de manibre syst6matique quand le donneur se pr6sente h la consultation m6dicale, afin d'61iminer une erreur (de test ou de tube) qui ne peut jamais 6tre to ta lemem exclue.

Nous souhaitons remercier tous ceux qui ont accept6 de r6diger ces textes et de nous faire ainsi b6n6ficier de leur exp6rience. Notre gratitude va 6galement aux coordonateurs et aux membres des groupes de travail de la Soci6t6 nationale de transfusion sanguine (groupe r~trovirus, groupe hdpatites, groupe donneurs, groupe receveurs), qui ont bien voulu relire les textes relevant de leur sp6cialit6.

J .J . L E F R E R E I n s t i t u t N a t i o n a l de

T r a n s f u s i o n S a n g u i n e , P a r i s

N o t a : Depuis la r~daction de ce texte, le Ministre de la Sant~ a annoncd la mise en route prochaine du ddpistage systdmatique des anticorps anti-HTLV-I/II au niveau de tousles dons de sang en France mdtropoli- taine.