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Introduction générale au droit

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Page 1: Introduction générale au droit
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Page 4: Introduction générale au droit

LeCodedelapropriétéintellectuellen'autorisantauxtermesdel'articleL.122-5,2°et3°a),d'unepart,quelescopiesoureproductions«strictementréservéesàl'usageprivéducopisteetnondestinéesàuneutilisationcollective»etd'autrepart,quelesanalysesetcourtescitationsdansunbutd'exempleetd'illustration,«toutereprésentationoureproductionintégraleoupartiellefaitesansleconsentementdel'auteurousesayantsdroitouayantscauseestillicite»(art.L.122-4).Cettereprésentationoureproduction,toutcommelefaitdelastockeroudelatransmettresurquelquesupportquecesoit,parquelqueprocédéquecesoit,constitueraitdoncunecontrefaçonsanctionnéepénalementparlesarticlesL.335-2etsuivantsduCodedelapropriétéintellectuelle.

31-35rueFroidevaux,75685Pariscedex14©ÉDITIONSDALLOZ-2015

ISBNnumérique:978-2-247-15605-4ISBNpapier:978-2-247-15219-3

CedocumentnumériqueaétéréaliséparNordCompo

www.editions-dalloz.fr

Page 5: Introduction générale au droit

Plandétaillé

Introduction

Premièrepartie-Dudroit:ledroitobjectif

Titre1-Larèglededroit

Chapitre1-L’identificationdelarèglededroit

Section1–Lecritèredelarèglededroit

§1–Lescaractèresdelarèglededroit

§2–Lescaractèresdesautresrèglesdeconduite

Section2–Lecontextedelarèglededroit

§1–Règlededroitetsociologie

§2–Règlededroitetéconomie

§3–Règlededroitethistoire

Chapitre2-Lefondementdelarèglededroit

Section1–Lesdoctrinesidéalistes

§1–Laconceptionantiquedudroitnaturel

§2–Laconceptionchrétiennedudroitnaturel

§3–L’Écoledudroitnaturel

§4–Laconceptionindividualistedudroitnaturel

Section2–Lesdoctrinespositivistes

§1–Lepositivismejuridique

§2–Lepositivismescientifique

§3–Lepositivismemarxiste

Section3–Critique

§1–Critiquedesdoctrinesidéalistes

§2–Critiquedesdoctrinespositivistes

Page 6: Introduction générale au droit

Titre2-Lesdivisionsdudroit

Chapitre1-Ladistinctiondudroitprivéetdudroitpublic

Section1–Contenudeladistinction

§1–Ledroitprivé

§2–Ledroitpublic

Section2–Valeurdeladistinction

§1–Fondementdeladistinction

§2–Relativitédeladistinction

§3–Intérêtdeladistinction

Chapitre2-Ledroitcivil

Section1–L’objetdudroitcivil

§1–Composantesjuridiquesdel’activitéhumaine

§2–Mécanismesjuridiquesdel’activitéhumaine

Section2–L’évolutionhistoriquedudroitcivil

§1–AvantleCodecivil

§2–LeCodecivil

§3–DepuisleCodecivil

Titre3-Lessourcesdudroit

Chapitre1-Lessourcesnationales

Section1–LaConstitution

§1–LepréambuledeConstitutiondu4octobre1958

§2–LastructuredelaConstitutiondu4octobre1958

Section2–Laloi

§1–Classificationdelaloi

§2–Laforceobligatoiredelaloi

§3–L’interprétationdelaloi

§4–L’applicationdelaloidansletemps

Section3–Lacoutume

§1–Lanotiondecoutume

Page 7: Introduction générale au droit

§2–Lerôledelacoutume

Section4–Lajurisprudence

§1–L’organisationjudiciaire

§2–Lajurisprudence,sourcededroit

Section5–Ladoctrine

§1–Lanotiondedoctrine

§2–Lerôledeladoctrine

Chapitre2-Lessourcesinternationaleseteuropéennes

Section1–Lestraitésinternationaux

§1–Classificationdestraités

§2–Régimedestraitésendroitfrançais

Section2–Ledroitdel’Unioneuropéenne

§1–Lesorganesdel’Unioneuropéenne

§2–Lesnormesdel’Unioneuropéenne

Section3–LestraitésduConseildel’Europe

§1–LesdroitsgarantisparlaConventioneuropéennedesdroitsdel’homme

§2–LecontrôlejuridictionneldelaCoureuropéennedesdroitsdel’homme

Secondepartie-Desdroits:lesdroitssubjectifs

Titre1-Classificationdesdroitssubjectifs

Chapitre1-Lesdroitsextrapatrimoniaux

Section1–Catégoriesdedroitsextrapatrimoniaux

§1–Droitspublicsextrapatrimoniaux

§2–Droitsprivésextrapatrimoniaux

Section2–Régimejuridiquedesdroitsextrapatrimoniaux

§1–Spécificitédesdroitsextrapatrimoniaux

§2–Sanctionsdesdroitsextrapatrimoniaux

Chapitre2-Lesdroitspatrimoniaux

Page 8: Introduction générale au droit

Section1–Contenudeladistinction:droitsréelsetdroitspersonnels

§1–Traitscaractéristiquesdesdroitspatrimoniaux

§2–Effetsdesdroitspatrimoniaux

Section2–Valeurdeladistinction:droitsréelsetdroitspersonnels

§1–Unitéderégime

§2–Catégoriesintermédiaires

§3–Lesdroitsintellectuels

Titre2-Sourcesdesdroitssubjectifs

Chapitre1-Lesactesjuridiques

Section1–Classificationdesactesjuridiques

§1–Actesunilatérauxetactesbilatéraux

§2–Actesàtitregratuitetactesàtitreonéreux

§3–Actesconservatoires,d’administration,dedisposition

§4–Actesentrevifsetactesàcausedemort

Section2–Formationdesactesjuridiques

§1–Conditionsdevalidité

§2–Sanctionsdesconditionsdevalidité

Section3–Effetsdesactesjuridiques

§1–Forceobligatoiredel’actejuridique

§2–Effetrelatifdel’actejuridique

Chapitre2-Lesfaitsjuridiques

Section1–Faitsjuridiquesinvolontaires

§1–Événementsdelaviedespersonnesphysiques

§2–Événementsnaturels

§3–L’écoulementdutemps

Section2–Faitsjuridiquesvolontaires

§1–Laresponsabilitécivile

§2–Lesquasi-contrats

§3–Lapossession

Page 9: Introduction générale au droit

Titre3-Preuvedesdroitssubjectifs

Chapitre1-L’objetdelapreuve

Section1–Ledroitn’estpasàprouver

Section2–Lesfaitsdoiventêtreprouvés

§1–Lapreuvedecertainsfaitsestexclue

§2–Lapreuvedecertainsfaitsestimpossible

Chapitre2-Lachargedelapreuve

Section1–Rôledesparties

§1–Principe:lapreuveincombeaudemandeur

§2–Lesprésomptionslégales

Section2–Rôledujuge

§1–Neutralitédujuge

§2–Initiativesdujuge

Chapitre3-Lesmodesdepreuve

Section1–Déterminationdesmodesdepreuve

§1–Lapreuveparécrit

§2–Lapreuvepartémoins

§3–Lapreuveparprésomptions

§4–L’aveu

§5–Leserment

Section2–Admissibilitédesmodesdepreuve

§1–Preuvedesfaitsjuridiques

§2–Preuvedesactesjuridiques

Titre4-Sanctionsdesdroitssubjectifs

Chapitre1-Leprocès

Sectionpréliminaire–Lesalternativesàl’actionenjustice

§1–Parunetransaction

§2–Parl’arbitrage

Page 10: Introduction générale au droit

§3–Parunmodealternatifderèglementdesconflits

Section1–L’actionenjustice

§1–Conditionsdel’actionenjustice

§2–Classificationdesactionsenjustice

Section2–L’instance

§1–L’introductiondel’instance

§2–Ledéroulementdel’instance

Section3–Lejugement

§1–Classificationdesjugements

§2–Rédactiondesjugements

§3–Effetsdesjugements

§4–Voiesderecours

Chapitre2-Lesvoiesd’exécution

Section1–L’exécutionforcéeendroitprivé

§1–Lessaisies

§2–Lesprocédésdirectsd’exécution

§3–Lesprocédésindirectsd’exécution

Section2–Lesprivilègesdel’administration

§1–Leprivilègedeladécisionexécutoire

§2–Leprivilègedel’exécutiond’office

§3–L’absencedevoiesd’exécutionàl’encontredel’administration

Indexalphabétique

Page 11: Introduction générale au droit

Avant-propos

Ce Mémento d’Introduction générale au droit français a été conçu et rédigé par leProfesseur Patrick Courbe (1949-2010) qui a notamment exercé ses fonctionsd’universitaireauseinde laFacultédedroit,descienceséconomiquesetdegestiondel’UniversitédeRouen.Pourcette14eédition,l’ouvrageaétémisàjourparJean-SylvestreBergé,Professeuràl’UniversitéJeanMoulin-Lyon3(EDIEC–GDRCNRSELSJ).

Page 12: Introduction générale au droit

Introduction

Leterme«droit»revêttraditionnellementdeuxsens•LeDroit

Définition:ensembledesrèglesdeconduitequi,danslasociété,gouvernentlesrelationsdes hommes entre eux et s’imposent à eux, au besoin, par lemoyen de la contrainteétatique.C’estledroitobjectif.Ilestengénéralsuivid’unqualificatifquiprécisesonobjet.Ainsi,pourledroitfrançais:ensembledesrèglesjuridiquesenvigueurenFrance;ou

bienledroitcivil :ensembledesrègles juridiquesquigouvernent les intérêtsprivés ;ouencore le droit de la famille : ensemble des règles juridiques applicables au sein de lafamille.

•LesdroitsDéfinition:prérogativesque ledroitobjectif reconnaîtàun individu,etdont ilpeut seprévaloir dans ses rapports avec les autres hommes, sous la protection de l’autoritépublique.Ainsi,ledroitdepropriété;ledroitdecréance.Le titulairedudroitestappelé lesujetdedroit,d’où l’expressiondedroits subjectifs

pourdésignercesprérogativesindividuelles.

Lesdeuxsignificationsdumot«droit»sontcomplémentaires•L’article1382duCodecivildispose :«Toutfaitquelconquede l’homme,quicauseà

autruiundommage,obligeceluiparlafauteduquelilestarrivéàleréparer.»C’estunerèglededroitobjectifquiédicteleprincipedelaresponsabilitéciviledufaitpersonnel.•Lorsqu’unepersonnesubitundommagecausépar la fautepersonnelled’uneautre,

elle a le droit de réclamer la réparation à celle-ci. Elle bénéficie d’une prérogativeindividuelle,ditedroitsubjectif,quiluiestconféréeparledroitobjectif.

Page 13: Introduction générale au droit

Premièrepartie

Dudroit:ledroitobjectif

Ensembledesrèglesdedroit:–quisedistinguedesautresrèglesdeconduite(Titre1);–quisesubdiviseenplusieursbranches(Titre2);–quis’alimenteàdifférentessources(Titre3).

Titre1-Larèglededroit

Chapitre1-L’identificationdelarèglededroitChapitre2-Lefondementdelarèglededroit

Titre2-Lesdivisionsdudroit

Chapitre1-LadistinctiondudroitprivéetdudroitpublicChapitre2-Ledroitcivil

Titre3-Lessourcesdudroit

Chapitre1-LessourcesnationalesChapitre2-Lessourcesinternationaleseteuropéennes

Page 14: Introduction générale au droit

Titre1

Larèglededroit

Si ledroit est l’ensembledes règlesde conduitequi s’imposentauxhommesdans leursrelationsmutuelles,ilfautdifférenciercesrèglesdedroitdesautresrèglesdeconduitequi,elles,nesontpasdedroit.C’estl’identificationdelarèglededroit(Chapitre1).Larèglededroitsedistingueparsoncaractèrecoercitif,dontilestutilederechercherlefondement(Chapitre2).

Page 15: Introduction générale au droit

Chapitre1

L’identificationdelarèglededroit

L’essentielLes caractères de la règle de droit constituent le critère permettant de la distinguer desautresrèglesquiontvocationàrégirlaviesociale(section1).Érigéensystème,l’ensembledesrèglesdedroitdoitêtresituédansuncontexteplusgénéraletrapprochédessciencesauxiliairesdudroit(section2).

Section1–LecritèredelarèglededroitL’homme qui vit en société voit son comportement soumis à de nombreuses règles :juridiques,morales,religieuses,debienséance…Ilestpossibled’opposer larèglededroit,par ladéfinitiondesescaractères (§1),aux

autresrèglesdeconduite(§2).

§1–Lescaractèresdelarèglededroit

I–LarèglededroitestabstraiteSignification:c’estunerègleobjective,quines’appliquepasàdesindividusnommémentdésignés.Elle vise une catégorie ouverte de personnes (les propriétaires, les commerçants, les

enfants…),abstractionfaitedelapersonnalitédeceuxauxquelselles’appliqueenfait.

A–LarèglededroitestimpersonnelleEllen’estpasédictéepouruncasparticulier,elleestcommuneàtous.La loi qui viserait une personne déterminée (par exemple ordonnant les funérailles

nationalesdetelchefd’Étatousavant)n’estpasunerèglemaisunedécision.Larègleétantimpersonnelle,ellen’estpasfaiteenfaveurd’unepersonneparticulièreou

aupréjudiced’uneautre,cequiconstitueunegarantiecontrel’arbitraire.

B–LarèglededroitestgénéraleSonapplicationestgénéraledans l’espace,donc larèglededroits’appliquede lamêmemanièresurtoutleterritoirefrançais.Elle a vocation à s’appliquer à toute personne appartenant à la catégorie définie à

l’avance(salariés,locataires,etc.).Elleassurel’égalitédetous.

C–Larèglededroitestpermanente

Page 16: Introduction générale au droit

Elles’appliqueàchaquefoisquesesconditionssontrempliesetsubsistejusqu’àcequ’ellesoitabrogée.Elleestdoncapplicablevirtuellementàunnombreindéfinid’hypothèsesfutures.

II–LarèglededroitestnécessaireSignification:l’hommevitensociété,cequientraînel’existencederapportsmutuelsdits« rapports sociaux ». Le sens de la civilisation (« progrès ») est de ne pas laisser cesrapportssociauxsoumisaurègnedelaforce.Lavieensociétédoitêtresoumiseàdes règlespermettantd’assurer lasécuritéet la

justice.Ledroitestl’adaptationhumainedel’idéedejustice,envued’instaurerunordresocial.Lesrèglesdedroitsontdoncindispensablesdanslaviesociale.

III–LarèglededroitestcoercitiveSignification:c’estunerègledeconduiteàl’observationdelaquellelasociétépeutnouscontraindre:manifestationd’unecontraintesociale.D’oùl’existencedesanctions.

A–Coercitionétatique

1.Lerespectdelarèglededroitestsanctionnéparl’ÉtatL’applicationdelarèglededroitpeutêtreimposéeparl’exécutionforcée.Mais seul le recours à la force publique est admis. La vengeance privée, source

d’arbitraireetd’anarchie,estinterdite.

2.C’estlecritèreessentieldelarèglededroit:elleestobligatoireetsanctionnéeparl’État

Il répond à la finalité de la règle de droit : organiser la société, en imposant descomportements,danslesensdelajustice.

3.Cettecoercitionrésulteengénérald’unedécisiondejusticeElle est rendue à l’issue d’un procès par un juge, « tiers impartial et désintéressé »(A.Kojève).

B–SanctionsdelarèglededroitLarèglededroitestobligatoire–pouréviterl’anarchie–etl’existencedesanctionspermetd’enassurerlerespect.

1.ExécutionSiundébiteurnepaiepassadette,lecréancierpeuts’adresseràunjugequicondamneraledébiteuràpayer;sicelui-cin’exécutepasvolontairementlacondamnation,lecréancierfera saisir les biens du débiteur et – sous l’autorité du juge – requerra leur vente auxenchèresafindesepayersurleproduitdecettevente.

Page 17: Introduction générale au droit

2.RéparationElleestdedeuxsortes:nullitéetdommagesetintérêts.

a.NullitéUncontrat de vente est conclu en violation de la règle de droit – par exemple, le prixstipuléestlésionnaire–lejugepeutannulerlecontrat,c’est-à-direlefairedisparaîtrepourlepasséetpourl’avenir.Cequiaurapourconséquencequelevendeurdevrarestituerleprixreçuetl’acheteurlachoseremise.

b.DommagesetintérêtsCeluiquiacausé,parsafaute,undommageàunepersonnedevraréparerenluiversantdes dommages et intérêts, c’est-à-dire une somme d’argent égale à la valeur dudommage:parexemple,réparationdudommagemoralàlasuited’uneviolationdelavieprivée.

3.PunitionLa violation des règles de droit les plus importantes constitue une infraction pénalesanctionnéepardespeines:réclusioncriminelle,emprisonnement,amende,privationdesdroitsciviques,suspensiondupermisdeconduire…(droitpénal).Ilexisteaussiquelquespeinesendroitcivil:l’héritierquicommetunrecelsuccessoral

estprivédedroitdanslasuccession.La violation d’une même règle de droit peut faire l’objet de plusieurs sanctions :

exécutionetréparation,parexemple.Lecritèredelarèglededroitestsoncaractèrecoercitif.Maislamenacedelasanction

suffit,engénéral,àassurer le respectde la règlededroit,parcivismeouparpeur…Lasanctionjouealorsunrôlepréventif.

§2–LescaractèresdesautresrèglesdeconduiteDe nombreuses règles de conduite dictent un comportement aux hommes vivant ensociété.

I–LesrèglesdebienséanceDéfinition:usagesauxquelsilesthabitueldeseconformer:–règledecourtoisie(salutations);–règledepolitesse(vœuxduNouvelAn);–règlesdejeux(judo,échecs…).• Comme les règles de droit, elles gouvernent la vie sociale et sont sanctionnées :

pressiondugroupe,réprobation,exclusion…•Àl’inversedesrèglesdedroit,leurrespectn’estpasassuréaumoyendelacontrainte

étatique:actionenjusticeexclue.

II–LesrèglesdemoraleDéfinition:normesétablissantuneoppositionentrelebienetlemal.

Page 18: Introduction générale au droit

A–Analogiesaveclesrèglesdedroit• Les règles de morale posent un ensemble de préceptes destinés à régler l’activité

humaine.• De nombreuses règles de droit sont empruntées à la morale : règles fondées sur

l’honnêteté,lecivisme,lerespectdeladignitédelapersonne…

B–Différencesaveclesrèglesdedroit

1.Différencesdefinalité• La morale a pour but le perfectionnement intérieur de l’homme ; elle tend à la

perfectionindividuelle.•Ledroitapourbutd’assurerl’ordresocial;ilnerégitlaconduitedeshommesquetant

qu’ilsviventensociété.Cf.Goethe:«Mieuxvautuneinjusticequ’undésordre.»

2.Différencedesources•Lespréceptesdelamoralerésultentdelarévélationdelaconscience.•Lesrèglesdedroitsontissuesdelavolontédesgouvernants.

3.Différencedecontenu•Ledroitformuledesrèglesmoralementneutres:organisationdel’étatcivil,publicité

desdroitsimmobiliers…;voirecondamnéesparlamorale:ex.laprescriptionextinctive(sile créancier ne réclamepas le paiement pendant undélai fixé par la loi, le débiteur setrouveralibéréetnepourraplusêtrecondamnéaupaiement).• Lamorale impose des devoirs (charité, reconnaissance…) qui restent en dehors du

droit:celui-ciestmoinsexigeantcarilnepostulepaslaperfection.• La morale pose de grands principes, suffisants pour guider les consciences (ex.

l’honnêtetédanslescontrats);ledroitnécessitedesrèglesprécises(ex.letauxdel’usuredanslesprêtsd’argent),assurantlasécuritédestransactions.

4.Différencesdesanctions•Lamorales’imposeàlaconscienceetnecomportequedessanctionspsychologiques:

remords de l’individu ; réprobation de ses semblables. Contrainte insuffisante pourassurerl’ordre.• La règle de droit s’impose, au besoin, par le moyen de la contrainte exercée par

l’autoritépublique.Lacoercitionétatiqueassurel’ordresocial.

III–LesrèglesreligieusesDéfinition:commandementsimposésparlareligion.

A–ComparaisondesrèglesdedroitetdesrèglesreligieusesRessemblances:condamnationdumeurtre,duvoletdufauxtémoignageparlareligionetparledroit.Dissemblances:aucuneinspirationreligieusedanslesdispositionsduCodedelaroute

oucellesrelativesaupermisdeconstruire.

Page 19: Introduction générale au droit

Contradictions:ex. la légitimedéfenseestcontraireaupostulatquiestderendre lebienpourlemal.Ledivorce,admisparlaloi,estcondamnéparlareligioncatholique.

B–DifférencesdesanctionLa violationd’un commandement religieuxmet en cause les relationsde l’hommeavecDieu(sanctioninterne).Laviolationd’unerèglededroitdéclencheunesanctionmiseenœuvreparlespouvoirs

publics(sanctionexterne).Ledroitfrançaisestaujourd’huilaïque:ilestindépendantdetouteconfessionreligieuse

etproclamelerespectdetouteslescroyances.

Section2–LecontextedelarèglededroitRelationsentrelarèglededroitetlessciencessociales.

§1–Règlededroitetsociologie

I–SociologieDéfinition:sciencedesfaitssociaux.•Sciencedescriptivedesphénomènessociaux,etexplicative:recherchedescausesqui

expliquentcesphénomènes.•Lasociologierévèlequelssontlesbesoinsd’unesociétéetpermetdesavoirsilarègle

dedroitestadaptéeauxbesoinssociaux.

II–SociologiejuridiqueDéfinition:analysedesphénomènesjuridiquesconsidéréscommedesfaitssociaux.•Ellerévèlel’effectivitéetl’efficacitédelarèglededroit:est-elleappliquée?Comment?

Répond-elleàl’objectifpoursuivi?Uneréformeest-ellesouhaitable?•Elleéclairesursesconditionsd’élaboration(groupesdepression).•Elleadaptelesméthodesdelasociologie(statistiques,enquêtes,sondages…)àl’étude

desphénomènesjuridiques.

§2–Règlededroitetéconomie

I–ÉconomieDéfinition : science qui étudie l’activité humaine ayant pour but la satisfaction desbesoinsmatérielsdeshommes(production,circulation,prix…).• Étude des mécanismes de production et de consommation : échanges, monnaie,

épargne…•Étudedescadresdelaproductionetdelaconsommation:libéralisme,dirigisme…

II–Interdépendancedudroitetdel’économie

Page 20: Introduction générale au droit

•Nécessitéd’observer lesphénomèneséconomiques,deproduction,derépartitionetde consommation des richesses, pour juger de la valeur d’une règle de droit (ex. : enmatièredefaillite;deloyers;detravail).•Larèglededroitestun instrumentde l’économie :contrôledesprixou libertéde la

concurrence;réglementationdeschanges.• La science économique doit tenir compte du cadre juridique dans lequel les

phénomèneséconomiquesseproduisent:ainsilesrèglesdudroitdutravail.• La science économique peut se donner pour objet d’étudier le droit : c’est l’analyse

économiquedudroit.

§3–Règlededroitethistoire

I–HistoireDéfinition:connaissancedupasséhumain.L’histoirerecherchelefaitpassé,lerelieauxfaitsdéjàconnusetétablitdesrelationsde

causalitéquiexpliquentleurenchaînement.

II–L’histoiredudroitestessentielle•Ellepermetdeconnaître lesconditionsdans lesquelles lesrègles juridiquespassées

sontnées,sesontdéveloppéesetontdisparu.•Cetteconnaissancepermetdeportersurcesrèglesdedroitunjugementdevaleurqui

éclairelacompréhensiondesrèglesactuellesetinspirelelégislateurdel’avenir.

PourallerplusloinBibliographie•C.Duvert,«Droitet religion(s) :genèseetdevenird’unrapportméconnu»,RRJ

1996.737.•Ph.Jestaz,«Lesfrontièresdudroitetdelamorale»,RRJ1983.334.• J. Rivero, « Sur l’effet dissuasif de la sanction juridique »,Mélanges P. Raynaud,

1985,p.675.•E.Mackaay,S.Rousseau,Analyseéconomiquedudroit,Dalloz,coll.«Méthodesdu

droit»,2eéd.,2008.Sujetsderéflexion•Peut-ilexisterundroitsanssanction?•Larèglededroitpeut-elleêtreamoraleouimmorale?•Ledroitpeut-ilêtreindifférentàlasociologie,l’économieetl’histoire?

Page 21: Introduction générale au droit

Chapitre2

Lefondementdelarèglededroit

L’essentielLarecherchedufondementdelacoercitionétatiquequicaractériselarèglededroitconduitàposercettequestion:lelégislateurest-ilentièrementlibredecréerlarèglededroitselonsonbonplaisir?Laréponserévèleuneoppositionentredeuxconceptionsfondamentalementdifférentes.•Uneconceptionidéaliste:quitientpourcertainel’existencedudroitnaturel.Définition : ensemble de règles idéales de conduite humaine, supérieures aux règles dudroitpositif,quis’imposentàtous,ycomprisauxlégislateurs.•Uneconceptionpositiviste:quinereconnaîtd’autredroitqueledroitpositif.Définition : ensemble des règles de droit objectif en vigueur dans un État à unmomentdonné(ex.ledroitfrançaisactuel).L’oppositiondesdoctrinesidéalistes(section1)etdesdoctrinespositivistes(section2)paraîtinterdiretouteconciliation(section3).

Section1–LesdoctrinesidéalistesFondéessurlepostulatdudroitnaturel.Quatregrandscourantsdepensée.

§1–LaconceptionantiquedudroitnaturelDéfinition:principesupérieurdejusticequis’imposeàl’hommeetàlasociété.–Sophocle:«…jenecroyaispastesédits,quineviennentqued’unmortel,assezforts

pourenfreindrelesloissûres,lesloisnonécritesdesdieux…»(Antigone).–Platon:«Uneloiinjuste,uneloimauvaise,n’estpasuneloi,n’estpasdudroit.»–PourAristote,larecherchedujusteestl’essencemêmedudroit.Etc’estl’observation

del’ordreétabliparlanaturequipermetdedécouvrircequiestjuste.– Cicéron : « Il existe une loi véritable, qui est la droite raison, qui s’accorde avec la

nature,répandueentous,immuableetimpérissable.»

§2–LaconceptionchrétiennedudroitnaturelDéfinition : d’abord, proclamation de l’insuffisance de la loi naturelle : la sourceauthentiquedudroitestl’Écrituresainte.Puis,diffusiondelapenséed’AristoteetapprofondissementparsaintThomasd’Aquin

(XIIIes.):entrelaloiéternelle,révéléeparDieu,etlaloipositivesesitueledroitnaturel,quipeutêtredécouvertparlaraison.Principe:touteloihumainedoitconcouriraubiencommunenprenantmodèlesurla

loinaturelle.

Page 22: Introduction générale au droit

Donc,amorcedelaïcisation,développéependantlaRenaissance.

§3–L’ÉcoledudroitnaturelDéfinition:théorieinitiéeparlehollandaisHugodeGroot,ditGrotius(1583-1645)dansuneœuvrecélèbre:Dudroitdelaguerreetdelapaix(1625).Dans le droit des rapports entre États (dit « Droit des gens »), il n’y a pas d’autorité

supérieureauxÉtatsédictant la loidestinéeàgouverner ces rapports.Mais il existeundroit,imposéparlanaturedeschoses,etquel’hommepeutdécouvriràlalumièredelaraison.Principe:«pactasuntservanda»(ilfautrespecterlestraités),imposantlerespectdela

paroledonnée.Applicable:–danslesrapportsentregouvernantsetgouvernés:donclefondementdelacontrainte

étatiqueattachéeaudroitestlavolonté;–ainsiquedanslesrapportsentreÉtats.Apparitiondel’idéedepactesociallibrementconsentiparchacun.

§4–LaconceptionindividualistedudroitnaturelDéfinition : sous l’influence de Grotius et du philosophe anglais Locke (1632-1704),émergence de l’idée de droits naturels subjectifs : à l’état de nature, les hommes sontlibresetégaux;si l’organisationpolitiqueestnécessairepouréviter ledésordre,elleestfondéesur lecontratsocial,consenti librement,quipréserve lesprérogativesnaturellesdel’homme(liberté,égalité,propriété)qu’iln’apuabdiquer.ApprofondissementparJ.-J.Rousseau(1712-1778):Ducontratsocial(1762).Influence:considérable,notamment:–laDéclarationdesdroitsdel’hommeetducitoyen(26août1789),affirmantlesdroits

immuablesàlalibertéetàl’égalité(art.1er)etàlapropriétéindividuelle(art.17);–lepréambuledelaConstitutiondelaVeRépubliques’yréfèreexpressément;Aussi,la«Déclarationuniverselledesdroitsdel’homme»,votéele10décembre1948

parl’assembléegénéraledel’ONU,la«Conventioneuropéennedesauvegardedesdroitsde l’homme et des libertés fondamentales », établie le 4 novembre 1950 par les paysmembres du Conseil de l’Europe et la « Charte des droits fondamentaux de l’Unioneuropéenne»,devenuecontraignanteavec leTraitédeLisbonnedu13décembre2007,entréenvigueurle1erdécembre2009.

Section2–LesdoctrinespositivistesPointcommun:rejetdudroitnaturel. Iln’yaquedudroitpositif,dontonn’apasàsedemanders’ilestjusteouinjuste.Essentiellementtroiscourantssontapparus.

§1–LepositivismejuridiqueDéfinition:l’Étatestlaseulesourcedudroitpositif,quiestleseuldroit.

Page 23: Introduction générale au droit

I–AuXIXesiècleAuteuressentiel:Ihering,juristeallemand(1818-1892).Le droit est le fruit d’un combat permanent (La lutte pour le droit, 1872), il est « la

politiquedelaforce».Dansunesociété,lacontraintedel’Étatprimetouteslesautres.L’Étatestdonclaseulesourcedudroit.

II–AuXXesiècleAuteuressentiel:Kelsen,fondateurdel’ÉcoledeVienne(1881-1973).Dansuneconceptiondudroitépuréedetouteidéologie(Théoriepuredudroit,1934),les

normesjuridiquess’établissentàl’intérieurd’unsystèmedemanièretantôtstatiquetantôtdynamique, chaque norme tirant sa force obligatoire de sa conformité à la normesupérieure.L’Étatestl’entitéquidésignecetordonnancementjuridique.

§2–LepositivismescientifiqueDéfinition:ledroitestunfaitsocial.

I–ÉcolehistoriqueallemandeAvecSavigny(1779-1861).Ledroitestunproduitdel’évolutiondupeuple,ilexprimel’âmedelanation.Laloiconsacreseulementlerésultatdecettecréationhistorique.

II–ÉcolesociologiquefrançaiseAvecDurkheim(1858-1917).Ledroitestunfaitdesociétéquipeutêtreobservé.Iln’émanepasdelavolontéplusoumoinsarbitrairedesgouvernantsmaisestimposé

parlaconsciencecollectivedugroupe.

§3–LepositivismemarxisteDéfinition:pourKarlMarx(1818-1883)ledroitestunproduitdel’économie.

I–NotiondedroitL’évolution des relations de production (les facteurs économiques), qui constituentl’infrastructure de la société, détermine les transformations de la superstructure (lesidéologies),doncdudroit.Ainsi le droit positif exprime les intérêts de la classe dominante, celle qui est

propriétairedesmoyensdeproduction(«luttedesclasses»).

II–ÉvolutiondudroitLeprocessushistoriquede luttedesclassess’achèvepar la libérationduprolétariat,qui

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s’exprimeparl’appropriationcollectivedesmoyensdeproduction.Plusdeclasse,doncplusdecontrainte,d’oùledépérissementdudroitdanslasociété

communisteidéale.

Section3–CritiqueLepostulatdudroitnaturel,d’uncôté,sonrejet,del’autre,nepermettentpasderéaliserlasynthèsedesdoctrines.Mais,idéalistescommepositivistesn’échappentpasàlacritique.

§1–Critiquedesdoctrinesidéalistes

I–Desdoctrinesidéalistesinexactes•DivergencesfondamentalesentreleslégislationsdéjàconstatéesparPascal(«vérité

endeçàdesPyrénées,erreurau-delà…»).Signequeledroitestpropreàchaquenation.C’estcontraireparconséquentàl’idéed’undroitcommunàtous.• Réplique par la conception d’un droit naturel à « contenu variable »,mais avec un

besoincommunàtous:lajustice.Elle imposerait la reconnaissance de quelques principes éternels : protection de la

personne,respectdelaparoledonnée…Directivesbienvagues!

II–Desdoctrinesidéalistesinutiles•Conséquencespratiquesdesdoctrinesidéalistessontrejetées.Interdiction, pour le législateur, d’enfreindre le droit naturel : mais comment

l’empêcher?•Uncontrôledeconstitutionnalitédesloisestconcevable,maisc’estalorsunélément

dudroit…positif!Droit pour les individus de résister aux lois contraires au droit naturel : ce droit de

résistance à l’oppression (Déclaration des droits de l’homme) est utopique. Quellégislateurest,eneffet,prêtàadmettrequelaloiestinjusteetqu’ydésobéirestundroit?

§2–Critiquedesdoctrinespositivistes

I–Desdoctrinespositivistesinsuffisantes• Pourquoi l’État – ou l’évolution sociale – imposent-ils telle règle et non telle autre :

admissionouabolitiondelapeinedemort;égalitéoudiscriminationsentrel’hommeetlafemme;institutiondelaréservehéréditaireoulibertétestamentaire,etc.?•Répondrepar lacroyancedanslesensdel’histoireestunactedefoienunpostulat

(attitude…idéaliste!).• Dans toutes les sociétés, y compris celles qui se réclament du marxisme, le droit

exerceuneactionsurl’infrastructureéconomique.

II–Desdoctrinespositivistesdangereuses

Page 25: Introduction générale au droit

•Décrire lesrèglesdedroitsansporterde jugementdevaleurconduitàaccepter lesrègleslesplusdespotiquessansrecherchersiellessontjustes.Lesrégimestotalitairestrouventalorsunejustification.•Ilexisteentouthommeunbesoininnédejustice.Le juriste doit affirmer l’exigence du respect, par la loi positive, des valeurs

fondamentalesdel’êtrehumain,lorsqu’ellessontniéesparcertainsÉtats.•C’estpourquoilaviolationmonstrueuse,parlesrégimesfascistesetcommunistes,de

l’intégrité et de la liberté de la personne humaine a si profondément heurtélesconsciences.

PourallerplusloinBibliographie• P.-I. André-Vincent, « La notionmoderne de droit naturel et le volontarisme »,

Arch.phil.droit1963,p.237.•K. Stoyanovitch, « La théoriemarxistedudépérissementde l’État etdudroit »,

Arch.phil.droit1963,p.125.•M.Villey,«Abrégédudroitnaturelclassique»,Arch.phil.droit1961,p.25.•M.Troper,Laphilosophiedudroit,PUF,coll.«Que-sais-je?»,2011.•Ph.Jestaz,Ledroit,Dalloz,coll.«Connaissancedudroit»,8eéd.,2014.Sujetsderéflexion•Ledroitest-ilunecréationdelanatureoudel’homme?•Ledroitdoit-ilnécessairementpoursuivredesvaleurs?•Peut-onlégitimementdésobéiràunerèglededroitouàunedécisiondejustice?

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Titre2

Lesdivisionsdudroit

Lacomplexitécroissantedelaviesocialeentraîneledéveloppementdesrèglesdedroitetleurspécialisation.Ladistinctionfondamentaleopposeledroitprivéetledroitpublic(Chapitre1).Endroitprivé,uneplaceéminenteestoccupéeparledroitcivil(Chapitre2).

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Chapitre1

Ladistinctiondudroitprivéetdudroitpublic

L’essentielCettedivisionestconnuedepuisl’époqueromaine.Sont traités différemment les rapports entre particuliers – mariage, succession, vente demarchandises–etlesrapportsentrel’État(ousonadministration)etlescitoyens–droitdevote,paiementdel’impôt…Le contenu de la distinction est classique (section 1). Sa valeur est actuellement discutée(section2).

Section1–Contenudeladistinction

§1–LedroitprivéDéfinition:ensembledesrèglesquigouvernentlesrapportsdesparticuliersentreeuxouaveclescollectivitésprivéestellesquelessociétés.

I–LedroitcivilDéfinition:ensembledesrèglesrelativesàlapersonne,envisagéeenelle-même(nom,état civil…) ou dans ses rapports fondamentaux avec les autres, au sein de la famille(mariage, filiation, succession…) ou endehors (la propriété, le contrat, la responsabilitécivile…).Ilestledroitgénéral(appelésouvent«droitcommun»),apteàrégirtouslesrapports

dedroitprivé;parexemple,enmatièrecommerciale,quandiln’existepasdedispositionparticulière.

II–LedroitcommercialDéfinition : ensemble des règles relatives à l’activité des commerçants – actes decommerce,fondsdecommerce,«faillites»–etàleurstatut:sociétéscommerciales…

III–LedroitdutravailDéfinition:ensembledesrèglesrelativesautravailsubordonné,gouvernantlesrapportsindividuels ou collectifs entre les employeurs et leurs salariés : contrat de travail,conventionscollectives,droitdegrève,syndicats…

IV–LedroitinternationalprivéDéfinition : ensemble des règles applicables aux relations entre personnes privées

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lorsqu’existeunélémentétranger:mariaged’unAlgérienavecuneFrançaise,successiond’un Français domicilié en Suisse, condition des étrangers en France, acquisition de lanationalitéfrançaise…

§2–LedroitpublicDéfinition:ensembledesrèglesquiprésidentàl’organisationdel’Étatetgouvernentlesrapportsentrel’Étatetlesparticuliers.

I–LedroitconstitutionnelDéfinition : ensemble des règles relatives à la forme de l’État, à la constitution dugouvernementetdespouvoirspublics,à laparticipationdescitoyensà l’exercicedecespouvoirs : État unitaire ou fédéral,monarchie ou république, compétence des pouvoirslégislatifetexécutif…

II–LedroitadministratifDéfinition:ensembledesrèglesrelativesàl’organisationdescollectivitéspubliques(État,région,département,commune)etdesservicespublics(enseignement,santé…),ainsiqu’àleursrapportsaveclesparticuliers.

III–LedroitdesfinancespubliquesDéfinition:ensembledesrèglesrelativesauxressourcesetauxdépensesdel’État,descollectivitéspubliquesetdesservicespublics:lebudget,l’impôt,lestaxes…Ditaussidroitfiscal.

IV–LedroitinternationalpublicDéfinition:ensembledesrèglesrelativesauxrapportsentreÉtats(traitésinternationaux)etaufonctionnementdesorganisationsinternationales(commel’ONU).

Section2–Valeurdeladistinction

§1–FondementdeladistinctionTrois différences essentielles entre le droit privé et le droit public justifienttraditionnellementladistinction.

I–Différencesdefinalités•Lebutdudroitprivéestlasatisfactiondesintérêtsindividuels.•Lebutdudroitpublicestlasatisfactiondel’intérêtgénéral.

II–Différencesdecaractères

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•Ledroitpublicestimpératif;ils’imposesansdérogationauxindividus.• Ledroit privé est libéral ; il guide les volontésparticulières en laissant une certaine

libertéauxindividus.

III–Différencesdesanction•Lesprocèsdedroitprivéopposentdesparticuliersplacésàégalité.•Lesprocèsdedroitpublicassurentàl’Étatcertainsprivilèges.

§2–RelativitédeladistinctionLa distinction est imprécise parce qu’il existe des branches intermédiaires (I) et que seproduituneinterpénétrationcroissantedestechniquesrespectives(II).

I–Lesdroitsmixtes

A–LedroitpénalDéfinition:ensembledesrèglesrelativesauxcomportementsconstitutifsd’infractionsetauxsanctionsparticulièresapplicablesàleursauteurs.•Droitpublic?:ledroitdepunirappartientàlasociété;ilestexercéensonnomparla

puissancepublique,quialamaîtrisedelasanction.•Droitprivé?:ledroitpénalprotègelesindividusdansleurvie,dansleurhonneuret

dansleurpropriété:c’estunesanctiondesdroitsprivés.

B–LaprocédurecivileDéfinition :ensembledes règlesapplicablesau jugement,par les tribunaux,des litigesnésentreparticuliers.• Droit public ? : La Justice, rendue par des fonctionnaires, représente un service

public ; elle fait régner la paix sociale ; les jugements conduisent, par leur formule«exécutoire»,àl’emploidelaforcepublique.•Droit privé ? : Les litiges sont résolus en application du droit privé, donc ce droit

assurelaprotectionetlasanctiondesdroitsindividuels.

C–Ledroitdel’UnioneuropéenneDéfinition :ensembledes règles relatives aux institutionsde l’Unioneuropéenneet audroitquienémane.•Droitpublic ? : Relèvedes techniquesdudroit public par la conclusiondes traités

européens, par l’institution des organes de fonctionnement : Conseil, Commission,Parlementeuropéen,Courdejusticeetparlaconsécrationdedroitsdenaturepolitique(citoyennetéeuropéenne).•Droitprivé?:Miseenplacedenormesrégissantl’activitédesparticuliersauseinde

l’espacedelibertésécuritéjustice(fondénotammentsurlalibertédecirculeretdeséjourdescitoyenseuropéensetsurlacoopérationjudiciaireenmatièrecivileetpénale)etdumarchéintérieur(fondésurleslibertésdecirculationdespersonnes,desmarchandises,desservicesetdescapitauxrelativesauxentreprises,àlaconcurrence,auxtransports,à

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lapropriétéintellectuelle,etc.).

II–L’interpénétrationdudroitpublicetdudroitprivé

A–Ledéveloppementdel’ordrepublicendroitprivéLesrèglesdedroitprivésontdeplusenplusimpératives.Motif : intervention croissante de l’État dans les relations privées, pour assurer le

succèsd’unepolitique : résoudre lacrisedu logement,protéger leconsommateurou lesalarié,favoriserlacréationd’entreprises…Manifestations : législations impératives en matière de loyers, de construction,

d’assurance,deconsommation…auxquellesiln’estpaspermisdedéroger;dominationdel’ordrepublicendroitdutravail.

B–L’applicationdudroitprivéauxactivitésdel’ÉtatLesprérogativesdelapuissancepubliquesontsouventécartées.Motif:interventiondirectedel’Étatdansl’économie.Parlesnationalisations,l’Étataété

constructeurautomobile(Renault),transporteur(SNCF),assureur(GAN),banquier(Créditlyonnais), industriel (EDF,Total). Il amenacéparfoisd’utiliser l’outilde lanationalisationpour réguler des marchés, notamment industriels, frappés par la concurrenceinternationale.Manifestations : l’État se place sous l’empire du droit privé, comme les autres

constructeurs,assureurs,industriels…pourdesraisonsd’efficacité.

§3–IntérêtdeladistinctionLedroitpositifconserveladistinction.Deuxmanifestationsprincipales.

I–Distinctiondedeuxordresdejuridictions

A–LesjuridictionsadministrativesAusommet:leConseild’État.Connaissent des litiges intéressant les collectivités publiques et appliquent le droit

public.

B–LesjuridictionsjudiciairesAusommet:laCourdecassation.Connaissentdeslitigesentreparticuliersetappliquentledroitprivé.

II–Distinctiondesrèglesapplicables

A–DifférenciationdesnormesDetrèslargesdomainesdudroitpositifserattachentaudroitpublic(droitconstitutionnel,finances publiques…) ou au droit privé (droit de la famille, responsabilité civile…), sansinterférence.

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B–SingularitédudroitadministratifParticularisme des règles du droit administratif, même quand elles s’inspirent d’unetechnique de droit privé : propriété des biens de l’État ou des collectivités publiques(inaliénabilité, imprescriptibilité), contrats administratifs, responsabilité de la puissancepublique,actionenjusticecontrel’Administration…

PourallerplusloinBibliographie•H.Mazeaud,«Défensedudroitprivé»,D.1946.Chron.17.•R.Savatier,«Droitprivéetdroitpublic»,D.1946.Chron.25.• R.Guillien, «Droit public et droit privé »,Mélanges J. Brethede laGressaye, éd.

Bière,1967,p.311.•O.Vallet,«Lafindudroitpublic?»,Rev.adm.1992.5.•B.BonnetetP.Deumier(dir.),De l’intérêtde lasummadivisiodroitpublic–droit

privé?,Dalloz,coll.«Thèmesetcommentaires»,2010.Sujetsderéflexion•Ledroitpublicest-ilsupérieuraudroitprivé?•Lesmatièresdudroitprivésont-ellesplusnombreusesquelesmatièresdudroit

public?•Ledroitest-ilcapablededépasserladistinctiondroitpublic–droitprivé?

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Chapitre2

Ledroitcivil

L’essentiel•Disciplinedominantedudroitfrançais:–parsonancienneté:ilétait,àl’origine,toutledroitprivé;–parsondomaine:ilrégitlesrelationsquotidiennesdeshommes;–parsonperfectionnement:ildonnelesprincipesgénérauxdesautresbranchesdudroitprivé.C’estledroitgénéral,appelésouvent«droitcommun»(applicable,saufrègleparticulière).•Étymologie:endroitromain,lejuscivile,c’est-à-direledroitdescitoyens(civis)s’opposaitaujusgentium,c’est-à-direledroitdesétrangers.• Démarche : il faut déterminer son objet (section 1) avant de retracer son évolutionhistorique(section2),ennotantdèsàprésentqu’iltrouvesasourceessentiellementdansleCodecivil(v.➜).

Section1–L’objetdudroitcivilParcequ’ilorganisetoutel’activitéhumaine,ledroitcivilrégitlescomposantesjuridiquesdecetteactivité(§1)etsesmécanismesjuridiques(§2).

§1–Composantesjuridiquesdel’activitéhumaineDeux éléments fondamentaux : les personnes, sujets de droit (I), les choses, objets dedroit(III)dontonarécemmentdistinguélesanimaux(II).

I–LespersonnesSignification :ce sont les sujetsdedroit, susceptiblesdedevenir titulairesdedroitsetd’obligations:êtrepropriétaire,créancieroudébiteur…Envisagésentantquetels,lessujetsdedroitsedéfinissentparlapersonnalitéjuridique

(A)etleurplaceauseindelafamille(B).

A–LapersonnalitéjuridiqueDéfinition:aptitudeàêtretitulairededroitsetd’obligations.Conféréeauxpersonnesphysiquesetauxpersonnesmorales.

1.LespersonnesphysiquesCesonttouslesêtreshumainsquiontlapersonnalitéjuridique(lesesclavesnel’avaientpas,dansl’Antiquité)pendanttouteleurvie.

a.Commencement:lanaissance,àconditionquel’enfantnaisseviable

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Preuve:l’actedenaissance(étatcivil).Exception:l’enfantconçuesttenupournéquandilyvadesonintérêt(ex.recueillirune

succession).

b.Fin:lamortphysiquePreuve:l’actededécès(étatcivil).Casparticuliers:–Disparition:certitudedudécès,maispasdecadavre(ex.unnaufrage).–Absence:impossibilitédesavoirsiunepersonneestvivanteoumorte(ex.exil,puis

aucunenouvelle).

c.CapacitéPrincipe:personnalitéjuridiqueentière.Exceptions:–Incapacitédejouissance:inaptitudeàêtretitulaired’undroit(ex.letuteurestprivé

dudroitd’acquérirlesbiensdesonpupille).–Incapacitéd’exercice: inaptitudeàexercer lesdroitsdontonesttitulaire ;ainsi, le

mineurde18ansoulemajeursouffrantd’untroublemental.Solutions:–Représentation(lesparentsouletuteur),ou–Assistance(lecurateur).

d.DroitsdelapersonnalitéPermettentà toutepersonned’obtenirdesautres la reconnaissanceet le respectdesapersonnalité.Ainsi,respectdelavieprivée,droitàl’honneur,droitàl’image…

2.LespersonnesmoralesCe sont les groupements de personnes et de biens auxquels est conférée unepersonnalité distincte de celle des membres (sociétés, associations…), à certainesconditions(groupementorganisé;existenced’intérêtscollectifs).Catégories:– Personnes morales de droit public : États, collectivités locales (départements,

communes…),établissementspublics(hôpitaux,universités…).–Personnesmoralesdedroitprivé : groupementsd’intérêtspécuniaires (sociétés),

d’intérêtsmoraux(associations,syndicats),debiens(fondations).Régime:trèsgrandediversitéderégimesjuridiquesmaisdeuxtraitscommuns:–Patrimoine : celui de la personnemorale est distinct de celui des individus qui la

composent.Importancepourlescréanciers.–Personnalité: lapersonnemoraleest titulairededroitsetd’obligations :peutêtre

propriétaire, créancier ou débiteur, agir en justice… Étendue variable suivant lescatégories.

B–LafamilleSignification:celluledebasedelasociété;propreauxpersonnesphysiques.

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Rapportsfamiliauxsontpersonnels(1)oupécuniaires(2).

1.RapportspersonnelsDéterminentlastructuredelafamille.

a.LemariageDéfinition: traditionnellementdéfinicommeunacte juridiquepar lequelunhommeetunefemmeétablissentuneunionformaliséeetgouvernéeparlaloi,cettedéfinitionaétéétendueparlaloidu17mai2013auxpersonnes«demêmesexe»(v.C.civ.,art.143).Ilsedistingueduconcubinageoudupactecivildesolidarité(PACS).Formation:célébrationparl’officierdel’étatcivil.Effets:obligationsdefidélité,desecours,decohabitation.Dissolution:ledivorce;prononcé:–parconsentementmutuel;–pourrupturedelaviecommune;–pourfaute.

b.LafiliationDéfinition:liendedroitentreunparentetsonenfant.Catégories:–filiationlégitime:lepèreetlamèresontmariésensemble;–naturelle:lepèreetlamèrenesontpasmariésensemble;→maiscesdeuxcatégoriesontdisparududroitpositif(ord.4juill.2005),auprofitdela«filiationparlesang»oudelafiliationadoptive(crééeparjugement).Effets : transmission du nom, autorité parentale, obligation alimentaire, vocation

successorale.

2.Rapportspécuniairesa.Obligationsalimentaires

Définition :devoirde fournirdesaliments (argentnécessairepour vivre : dépensesdenourriture,devêtements,delogement…)àceluiquiestdanslebesoin.Domaine:entreépoux(«devoirdesecours»),entreascendantsetdescendants.

b.RégimesmatrimoniauxDéfinition:dispositionsrelativesauxrapportspécuniairesentreépoux.Formation:établissementparcontratdemariage,avantlacélébrationdumariage;ou

parlaloi(«régimelégal»).Effets:– répartition des biens des époux : séparation de biens ou communauté, c’est-à-dire

biensappartenantauxdeuxépouxetdistinctsdeleursbienspersonnels;–gestiondesbiensdesépoux:chacunadministreseulsesbienspersonnels ;chacun

administre,seulouavecleconjoint,lesbienscommuns;–partagedesbiensàladissolutiondumariage.

→Lerégimelégalestlacommunautéréduiteaux«acquêts»:nesontcommunsquelesbiensacquisàtitreonéreuxpendantlemariage.

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c.SuccessionsDéfinition : transmissiondesbiensd’unepersonne, après samort, àuneouplusieurspersonnesvivantes.Catégories:–successiontestamentaire:régléeparledéfuntdansuntestament;ou–successionlégale:régléeparlaloi,àdéfautdetestament,ditesuccessionabintestat.Procédure:–dévolution (c’est-à-diredéterminationdessuccessibles)auxhéritiersdésignéspar le

défunt ou par la loi : descendants, frères et sœurs, ascendants, conjoint survivant,collatéraux;– option de l’héritier : acceptation pure et simple ou à concurrence de l’actif net,

renonciation;–règlementdesdettesdudéfunt;–partagedesbiensdudéfuntencasdepluralitéd’héritiers.

II–LesanimauxEn2015, le législateuradécidédeconsacrerunedisposition liminairedans leCodecivil(Livre II consacré aux biens et différentesmodifications de la propriété) spécifique auxanimaux qui n’étaient jusqu’alors pas nommés juridiquement comme une catégoriedistinctedesbiens.Saufréglesparticulières,ilssontnéanmoinssoumisaurégimedesbiens,généralement

meubles,parfoisimmeubles.LC. civ., art. 515-14 : « Les animaux sont des êtres vivants doués de sensibilité. Sousréservedesloisquilesprotègent,lesanimauxsontsoumisaurégimedesbiens.»

III–LeschosesSignification:cesontlesobjetsdedroit;lesprérogativesconféréesauxparticuliersparledroitobjectifsontdestinéesàassurerl’utilisationparceux-cideschosesmatérielles.Endroit,leschosessontappelées«biens».Ilsvarientsuivantlanaturedeschoses,d’oùlaclassificationdeschosesenfonctionde

leurnaturephysique(A)oudeleurutilisation(B).

A–Meublesetimmeubles

1.Distinctionmeubles/immeublesD’originehistorique(AncienRégime),ellerestefondamentale:LC.civ.,art.516:«Touslesbienssontmeublesouimmeubles».Critère:–Lesmeublessontdeschosesquipeuventsedéplacer(véhicule…)ouêtredéplacées

(tableau,billetdebanque,bijou…)d’unlieuàunautre.–Lesimmeublessontleschosesquiontunesituationfixe(terre,maison,latourEiffel…)Intérêt:•Endroitcivil:

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–publicitédesventesetdesdonationsd’immeubles;–hypothèque,sûretésurlesimmeublesetgage,sûretésurlesmeubles;–propriétédesmeublesprouvéeparlapossession.•Enprocédurecivile:–compétenceexclusivedutribunaldansleressortduquelestsituél’immeuble;–complexitédelaprocéduredesaisieimmobilière.•Endroitfiscal:droitsdemutationplusélevéspourlesimmeubles.Portée:•Laloiétendlaclassificationdeschosesauxdroitseux-mêmes(«biens»):– sont biens « immobiliers » les droits (propriété, usufruit…) qui portent sur les

immeubles;–sontbiens«mobiliers» lesdroits (propriété,usufruit,créance…)quiportentsur les

meubles(v.➜).• Qualifiés alors de « biens incorporels » (par opposition aux choses : « biens

corporels»).• Résultat d’une confusion entre la chose (objet du droit) et le droit lui-même. Mais

suivantquelebienseramobilierouimmobilier,lerégimejuridiqueseradifférent.

2.Lesimmeublesa.Immeublesparnature

LC.civ.,art.518.Définition:– « Les fonds de terre », comprenant : le sol, y compris le sous-sol et les gisements

souterrains (mineset carrières) ; les végétaux, y compris les récoltespendantespar lesracineset les fruitsnonencore recueillis ;quand les récoltes sont coupéeset les fruitscueillis,ilsdeviennentmeubles.–Lesconstructionsadhérantausol:bâtiments,digues,ponts,barrages,moulins…;et

touslesaccessoiresincorporésàlaconstruction:ascenseurs,canalisations…

b.ImmeublespardestinationDéfinition:chosesmobilièresfictivementconsidéréescommedesimmeublesenraisondu lien qui les unit à un immeuble par nature dont ils constituent l’accessoire (ex. : untracteur,del’outillageindustriel).Conditions:– Les deux choses (immeuble par nature et meuble) appartiennent au même

propriétaire;–Unrapportdedestination,prévuparlaloi,existeentrelemeubleetl’immeuble.Intérêts:lesopérationsjuridiques(vente,saisie…)portantsurl’immeubleenglobentle

meuble.Catégories:•Lesmeublesaffectésàl’exploitationd’unfonds(C.civ.,art.524).–Exploitationagricole:matérielagricole;semences(nonencoremisesenterre);pailles

etengrais;lesanimauxattachésàlacultureouvivantenlibertésurlefonds(pigeonsdescolombiers)sontsoumisaurégimedesimmeublespardestination.

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–Exploitationindustrielle:matièrespremières,outillages,véhiculesindustriels,etc.–Exploitationcommerciale:meublesgarnissantunhôtel…• Les meubles attachés à perpétuelle demeure (même s’il n’y a pas service ou

exploitationd’un fonds) :meubles scellésenplâtre,à chauxouà ciment, glaces faisantcorpsaveclaboiserie,statuedansunenichepratiquéeexprès(C.civ.,art.525).

c.Immeublesparl’objetauquelilss’appliquentLC.civ.,art.526.Définition:nesontpasdeschoses,maisdesdroits,qualifiésimmobilierscarleurobjet

estunimmeuble;exemples:usufruitportantsurunimmeuble;actionenrevendicationd’unimmeuble…

3.Lesmeublesa.Meublesparnature

LC.civ.,art.528.Définition:chosesmobilesquipeuventêtredéplacées(livres,machines…).Entrentdanscettecatégorielesmeublesmeublants,destinésàl’usageetàl’ornement

desmaisonsetdesappartements(lits,sièges,tables,porcelaines…:C.civ.,art.534).•Sontaussiconsidéréscommemeublesparnaturelestitresauporteur(ex.lesbillets

debanque).• Les animaux sont soumis au régime des meubles, sauf s’il s’agit d’immeubles par

destination(voirci-dessus).•Lecorpshumainn’estpasunechose.

b.MeublesparanticipationDéfinition:chosesquisontdesimmeublesaumomentoùellessontconsidérées,maisquisontqualifiéesdemeublesparcequ’ellesvontledevenir,aprèsleurséparationdusol.Applications : récolte vendue sur pied ; arbres vendus pour être abattus ; vente de

matériauxàextraired’unecarrière…Intérêts:–fiscal:droitsdemutationmoinsélevés;–processuel :compétencedutribunaldansleressortduquelsetrouveledomiciledu

défendeur.

c.MeublesincorporelsLC.civ.,art.529.Définition : ne sont pas des choses matérielles, mais des droits portant sur des

meubles(ex.:usufruitd’unmeuble),oudétachésdetoutsupportcorporel(ex.:actionsdesociétés,créances,droitsdepropriétéintellectuelle…

B–Distinctionsdeschosesfondéessurleurutilisation

1.ChosesappropriéesetchosessanspropriétairePrincipe:toutesleschosespeuventfairel’objetdepropriétéprivée.Ilexistecependantdesexceptions.

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a.LeschosescommunesEllesn’appartiennentàpersonne,etleurusageestcommunàtous:l’air,l’eaudelamer…Néanmoins, appropriation partielle possible : ex. extraire le sel de l’eau demer, et le

vendre;souslecontrôledel’autoritépublique.

b.LeschosessansmaîtreEllesnesontpasappropriées,maissontsusceptiblesdel’être.•Neconcernequelesmeubles.Motif:quandunimmeubleestvacant,c’est-à-diresans

propriétaire privé, il devient la propriété de l’État. Mais tous les biens, meubles etimmeubles,dessuccessionsendéshérence(pasd’héritier)appartiennentà l’État (C.civ.,art.539).•Sontappropriéesparl’occupation,c’est-à-direlaprisedepossession.Catégories:– les res nullius (n’ont jamais eudemaître) : le gibier, les poissonsde lameroudes

rivières,etc.;–lesresderelictae:chosesvolontairementabandonnées.

→Nepasconfondreavec lesépaves : chosesperduesque lepropriétairen’entendpasabandonner;niaveclestrésors:chosescachéessurlesquellespersonnenepeutjustifierd’undroitdepropriété.

c.LeschoseshorsducommerceCesontessentiellementleschosesquiappartiennentàl’Étatetauxcollectivitéspubliqueset qui sont affectées à l’usage direct du public ou à un service public (ex. : voies decommunication fluviale, routes, ports, rivages de la mer, livres des bibliothèquespubliques…).• Sont dits « biens domaniaux », c’est-à-dire faisant partie du domaine public ; par

opposition aux biens des collectivités publiques qui font partie du « domaine privé »,commelesforêtsdomaniales.• Le corps humain, ses éléments et ses produits ne peuvent faire l’objet d’un droit

patrimonial(C.civ.,art.16-1).

2.ChosesfongiblesetnonfongiblesDistinction:• choses fongibles (ou choses de genre) : sont interchangeables, peuvent être

donnéesl’uneàlaplacedel’autre;doncsecomptent(ex.billetsdebanque),sepèsent(dublé,dupétrole)ousemesurent(dutissu);•choses non fongibles (ou corps certains) : ont une individualité qui les empêche

d’être confondues. Ainsi, le château de Versailles, une automobile immatriculée, unappartement.Intérêt:– Transfert de propriété : s’effectue dès l’échange des consentements pour les corps

certains,àl’individualisation(livraison)pourleschosesdegenre;–Pertefortuitede lachose:ne libèrepas ledébiteurd’unechosedegenre(peuts’en

procureruneautre).

Page 39: Introduction générale au droit

3.ChosesconsomptiblesetnonconsomptiblesDistinction:• choses consomptibles : se détruisent par l’usage (aliments, carburant, argent

liquide…);• choses non consomptibles : sont susceptibles d’une utilisation répétée (maison,

automobile,machine),mêmesiellesdiminuentdevaleurparl’usage.Intérêt : s’il y a obligation de restitution, elle se fait en nature pour les choses non

consomptibles (ex. prêt à usage : C. civ., art. 1875), en valeur pour les chosesconsomptibles(ex.prêtdeconsommation:C.civ.,art.1902).→Rapportentrefongibleetconsomptible:– Règle générale : fongibilité et consomptibilité sont réunies (ex. denrées ou

combustiblessontfongiblesetconsomptibles;àl’inverse,maisonsetvéhiculesnesontnifongiblesniconsomptibles).–Exceptions:chosesfongiblesnonconsomptibles:automobileavantimmatriculation,

livres neufs… ; choses consomptibles non fongibles : dernière bouteille d’un crudéterminé…

§2–Mécanismesjuridiquesdel’activitéhumaineLedroitciviltraduitl’activitéhumaineenrapportsjuridiques.Lorsqu’ils’agitdespouvoirsde l’hommesur leschoses,onparledebiens (I).Lorsqu’il

s’agit des relations des hommes entre eux, on parle d’obligations (II). Par nature,appréciablesenargent,biensetobligationsfontpartiedupatrimoine(III).

I–LesbiensSignification:ledroitdesbiensconfèreàunepersonne(sujetdedroit)unpouvoirdirectsurunechose(objetdudroit).S’analysenten«droitsréels»quandilss’exercentdirectementsurunechose(«res»,en

latin)eten«droitsintellectuels»quandilsportentsuruneœuvreintellectuelleousurlefruitd’untravail.

A–DroitsréelsprincipauxIlsprocurentàleurtitulairelamaîtrised’unechose.

1.DroitdepropriétéDroitperpétuelassurantàsontitulaireunemaîtrisetotaledelachose,etcaractérisépartroisattributs(C.civ.,art.544):•Usus:droitdeseservirdelachose;•Fructus:droitd’enjouir,c’est-à-dired’enpercevoirlesrevenus(oufruits);•Abusus:droitdedisposerdelachose,enparticulierdel’aliéner.

2.Démembrementsdelapropriété•Usufruit:droitenvertuduquelunepersonne, l’usufruitier,bénéficiede l’ususetdu

fructus,saviedurant,lenu-propriétaireconservantledroitdedisposerdelachose(C.civ.,

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art.578).•Servitude:droitperpétuelétablisurunimmeuble,ditfondsservant,pour«l’usageet

l’utilité»d’unautreimmeuble,ditfondsdominant(C.civ.,art.637).Ainsi, la servitudedepassagepermetaupropriétairedu fondsenclavé (dominant)de

passersurunfondsvoisin(servant)pouryaccéder.

B–DroitsréelsaccessoiresDéfinition:droitsréelsquisontl’accessoired’undroitdecréance,dontilsconstituentlagarantieencasd’insolvabilitédudébiteur.Cesontdessûretés:ledébiteuraffecteunechosedéterminéeaupaiementdesadette,

enconférantàsoncréancierundroitdirectsurcettechose.

1.LessûretésmobilièresLC.civ.,art.2329:lessûretéssurlesmeublessontlessuivantes:

a.LesprivilègesmobiliersDéfinition:certainescréances,énuméréesparlaloi,doiventêtrepayéesparpréférenceàd’autres.Onditqu’ellesbénéficientd’unprivilège.Lescréancesprivilégiéessurlesmeublessont,notamment,lesfraisdejustice,lesfrais

funéraires,lesfraisdedernièremaladie,lesrémunérationspourlessixderniersmoisdessalariés,etc.(C.civ.,art.2331).

b.LegagedemeublescorporelsDéfinition : legageestuneconventionpar laquelle ledébiteuraccordeaucréancier ledroitdesefairepayerparpréférenceàsesautrescréancierssurunbienmeublecorporel,présentoufutur(C.civ.,art.2333).

c.LenantissementdemeublesincorporelsDéfinition : le nantissement est l’affectation, en garantie d’une obligation, d’un bienmeubleincorporel,présentoufutur(C.civ.,art.2355).

d.LapropriétéretenueoucédéeàtitredegarantieDéfinition:lapropriétéd’unbienpeutêtreretenueengarantieparl’effetd’uneclausederéservedepropriétéquisuspendl’effettranslatifd’uncontratjusqu’aucompletpaiementduprix(C.civ.,art.2367);ellepeutêtrecédéeàtitredegarantied’uneobligationenvertud’uncontratdefiducie(C.civ.,art.2372-1).

2.LessûretésimmobilièresLC.civ.,art.2373:lessûretéssurlesimmeublessontlessuivantes:

a.LesprivilègesimmobiliersDéfinition:lescréanciersprivilégiéssurlesimmeublessont,notamment,levendeur,surl’immeublevendu,pourlepaiementduprix;leprivilègeduprêteurdedenierspourl’achatd’unimmeuble;leprivilègedusyndicatdescopropriétairessurlelotvendu;leprivilègedesarchitectesetdesentrepreneurs…(C.civ.,art.2374).

Page 41: Introduction générale au droit

b.L’hypothèqueDéfinition : c’est un droit réel sur un immeuble affecté au paiement d’une obligation(C.civ.,art.2393).

c.Legageimmobilier(«antichrèse»avantlaloidu12mai2009)Définition : c’est l’affectation d’un immeuble en garantie d’une obligation, et qui, à ladifférencede l’hypothèque,emportedépossessiondudébiteurqui l’aconstituée (C.civ.,art.2387).

d.Lapropriétédel’immeublepeutégalementêtreretenueengarantie(C.civ.,art.2373)

C–DroitsintellectuelsDéfinition :droits exclusifs d’exploitation d’uneœuvre de l’esprit, d’une invention, d’unsignedistinctif(nom,logo,indicationgéographique,etc.)oud’uneclientèle.Appelésparfois«propriétésincorporelles»ou«propriétésimmatérielles»comptetenu

de la faculté pour leur titulaire de les exercer sans emprise matérielle sur une chosecorporelle.

1.LapropriétélittéraireetartistiqueDéfinition :droits reconnus à l’auteur d’uneœuvre littéraire ou artistique, relatifs à lareproductionetladiffusiondecetteœuvre.Cesontessentiellement:

a.Droitpatrimonialdel’auteurDroitexclusifd’exploiterl’œuvreetd’entirerprofitpécuniaire:–droitdereprésentation;–droitdereproduction;–droitdedistribution.

b.Droitmoraldel’auteurDroitexclusifdedéciderdedivulguerl’œuvreetdeveilleràcequ’aucuneatteintenesoitportéeparuntiersàlamanièredontelleaétéconçueetpubliée:–droitaurespectdunometdelaqualitédel’auteur;–droitàl’intégritédel’œuvre;–droitderepentirouderetrait.Le droitmoral de l’auteur sur sonœuvre ne peut faire l’objet de renonciation ou de

cession.Ilestimprescriptible.

2.LapropriétéindustrielleDéfinition:droitsappartenantàtoutinventeurquiaobtenuunbrevetd’invention,àtoutcommerçant ou industriel sur son nom commercial, son enseigne, ses marques, sesdessinsetmodèles,lesindicationsgéographiquesqu’ilestendroitd’utiliseretconférantprotectionetdroitexclusifd’exploitation.

3.Droitdeclientèle

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Définition : droit reconnu aux commerçants, médecins, dentistes, architectes, agentsd’assurances, etc., de céder ou présenter la clientèle à leur successeur. En pratique, laprésentation d’une clientèle est de plus en plus rare pour les professions libérales(médecins,avocats,etc.).C’estl’élémentessentieldufondsdecommerce.

4.OfficesministérielsDéfinition :chargequidonneà son titulaire ledroit d’exerceruneactivité comprenantl’accomplissementd’actesd’autoritépublique.Cesontleschargesdesnotaires,huissiers,avocatsauxConseils,etc.Leurstitulairesontledroitdeprésenterleursuccesseuràlachancellerieetdesefaire

payerlavaleurdel’officecédé.

II–LesobligationsDéfinition : l’obligation est un lien de droit entre deux personnes, en vertu duquel lecréancier (sujet actif) peut exiger du débiteur (sujet passif) l’exécution d’une prestation(objet).Appelée « droit personnel » (ou droit de créance) car elle unit deux personnes (sans

porterdirectementsurunechose).

A–Objetdel’obligation

1.ObligationdedonnerLedébiteurs’engageàtransféreraucréancierundroitréel,notammentlapropriétéd’unechose lui appartenant : ex. l’obligation du vendeur quant à la chose vendue, celle del’acheteurquantàlasommepromise.

2.ObligationdefaireLedébiteurs’engageàaccomplirunfaitpositif:ex.l’entrepreneurs’engageàconstruireunbâtiment,lepeintres’engageàfaireunportrait.

3.ObligationdenepasfaireLedébiteurs’engageàuneabstention:ex.levendeurd’unfondsdecommerces’engagevis-à-visdel’acquéreurànepasleconcurrencerenexploitantunfondssemblabledanslamêmeville.

B–Sourcesdel’obligation

1.L’actejuridiqueDéfinition:manifestationdevolontéayantpourbutdeproduireentantquetelleuneffetjuridique.

a.ActeunilatéralL’intervention d’une seule volonté suffit pour que naisse l’obligation : ex. une personneprometunerécompenseàceluiquiluitrouveral’objetqu’elleaperdu.Maisl’acteunilatéralnepeutconférerunecréanceàsonauteur.

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b.ActebilatéralLorsqu’ilyarencontrededeuxvolontés,ilyaconvention:ex.lacessiondecréance.Quandl’objetdelaconventionestdefairenaîtredesobligations,ils’agitd’uncontrat;

ex.contratsdevente,debail,detransport,desociété.Lecontratestlasourceessentielled’obligations.

2.LefaitjuridiqueDéfinition : des conséquences juridiques sont attachées à un événement intéressantl’homme,indépendammentdupointdesavoirs’illesavouluesourecherchées.

a.ResponsabilitédélictuelleLC.civ.,art.1382:«Toutfaitquelconquedel’homme,quicauseàautruiundommage,obligeceluiparlafauteduquelilestarrivéàleréparer».Maisilexisteaussidesresponsabilitéssansfaute:legardiend’unanimal,d’unechose

(ex. une automobile) ou d’autrui (ex. un enfant) crée un risque particulier qui l’oblige àréparation,mêmesisoncomportementn’estpasfautif.

b.Quasi-contratsLorsqu’une personne reçoit illégitimement un avantage d’une autre personne, elle doitrestitueràcelle-cicetavantage;parexemple,celuiquiapayécequ’ilnedevaitpaspeutenexigerleremboursement.Principegénéralde l’enrichissementsanscause : l’enrichidoit verserune indemnitéà

l’appauvri.

C–Modalitésdel’obligationCaractéristiques:uneobligationpeutêtrepureetsimple,c’est-à-direexécutoire.Maiselleestaussisusceptibledemodalitéstemporelles.

1.LetermeÉvénementfuturdontlaréalisationestinéluctable.•Termecertain:ladatederéalisationestconnued’avance;ex.unbailconsentipour

6ans.•Termeincertain:ladatederéalisationdel’événementn’estpasconnued’avance;ex.

l’assureurs’engageàverseruncapitalaudécèsd’unepersonne.

2.LaconditionÉvénementfuturdontlaréalisationestincertaine;ex.venteconcluesouslaconditiondel’obtentionparl’acheteurd’uncréditbancaire.•Conditionsuspensive:ellesuspend lanaissancede l’obligation ;ex.donation sous

conditiondemariage.•Condition résolutoire : elle efface rétroactivement l’obligation ; ex. donation sous

condition de survie du donataire : donation anéantie si le donataire meurt avant ledonateur.

III–Lepatrimoine

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Définition :ensembledesbiensetdesobligationsd’unepersonneet ayantune valeurpécuniaire.NotionabsenteduCodecivil,etdontlathéorieaétéélaboréeauXIXesiècleparAubryet

Rau.C’estdoncuneuniversalité(A)liéeàlapersonnalité(B)etd’oùsontexclusleséléments

purementpersonnels(C).

A–Lepatrimoineestuneuniversalité

1.EnsembledistinctdesélémentsquilecomposentChacun des biens et chacune des obligations ne sont pas pris isolément : on envisagel’ensembledeceséléments.

2.Ensemblesubsistant,entantqu’unitéabstraiteLesmodificationsquisurviennentdanssacomposition(ex.sortiedebiensparaliénation;entréedebiensnouveauxparacquisition)laissentinchangéelanaturedupatrimoine.

3.L’actifréponddupassifL’actif (biens et créances, présents et futurs) répond du passif (dettes présentes etfutures) : le créancier impayé peut saisir un bien quelconque du patrimoine de sondébiteur,quellequesoitlacompositiondupatrimoineaujourdelanaissancedeladette(C.civ.,art.2284).

B–Lepatrimoineestunattributdelapersonnalité

1.Toutepersonneaunpatrimoine•Nécessitédupatrimoine:mêmesiellen’aaucunbien,mêmesielleaplusdedettes

quedebiens,unepersonneaunpatrimoine:l’enfantquivientdenaîtreavocationàêtretitulairededroitsetd’obligations.•Incessibilitédupatrimoine:lepatrimoinen’estpastransmissibleentrevifs,caron

nepeutaliénercetteaptitudeàêtretitulairedebiensetd’obligations.

2.Unepersonnen’aenprincipequ’unpatrimoinePrincipe:unitédupatrimoine.Lapersonnen’a,enprincipe,qu’unseulpatrimoine.Conséquences:•Indivisibilitédupatrimoine:l’ensembledel’actifréponddel’ensembledupassif.•Transmissibilitéàcausedemort:audécèsdelapersonne,lepatrimoineesttransmis

enbloc(actifetpassif)àsonhéritieretsefondavecsonproprepatrimoine.Limites:•L’héritierquiaccepteunesuccessionàconcurrencedel’actifnetestàlatêtededeux

patrimoines : le sien et celui dudéfunt (nepaiera les dettes successoralesquedans lalimitedel’actifsuccessoral).•Lecommerçantpeutconstituerunesociétépourmettresafortunecivileà l’abrides

poursuitesdescréancierscommerciaux.•Laloidu19février2007surlafiduciepermetaufiduciaire(unétablissementdecrédit)

degérercommeunpropriétaireunensembledebiens(lafiducie)qui luiaététransféré

Page 45: Introduction générale au droit

par le constituant (une personne physique ou une société) et qui reste distinct de sonpatrimoine.• Surtout, la loi du 15 juin 2010 relative à l’entrepreneur individuel à responsabilité

limitée (EIRL) permet à tout entrepreneur individuel d’affecter à son activitéprofessionnelleunpatrimoineséparédesonpatrimoinepersonnel, sans créationd’unepersonnemorale.

3.SeuleslespersonnesontunpatrimoineIln’yapasdepatrimoinesansqu’unepersonne,physiqueoumorale,ensoittitulaire.Conséquence:iln’existepasdepatrimoined’affectation,massedebiensaffectéeàun

butdéterminéetquiseraitdétachéedetoutepersonne.

C–Lepatrimoinenecomprendquedesélémentspécuniaires•Lesélémentspurementpersonnels–delapersonne–sontexclusdupatrimoine,car

ilsn’ontpas,parnature,devaleurpécuniaire:cesontdesdroitsextrapatrimoniaux.• Ainsi les droits de famille (droits des époux, droits résultant de la filiation, de la

parenté)nefontpaspartiedupatrimoine.• Ilspeuvent toutefois avoirdes conséquencespécuniaires ; ex. : pensionalimentaire

entreparentsetenfants.

Section2–L’évolutionhistoriquedudroitcivilUneruptures’estproduitedansl’évolutiondudroitcivilen1804:c’estladatedel’entréeenvigueurduCodecivil.

§1–AvantleCodecivilÉvolution:deuxpériodessontàdistinguer,delongueurtrèsdifférentemaisd’importanceégalepourl’inspirationduCodecivil.

I–L’AnciendroitC’estledroitdel’AncienRégime,antérieurau14juillet1789.

A–Sourcesdel’AnciendroitGrandediversité,malgréquelquesfacteursd’unité.

1.Diversitédesdroitsapplicablesa.Paysdedroitécrit

DanslemididelaFrance:applicationdudroitromain,dit«droitécrit»paroppositionauxcoutumes,detraditionorale.

b.PaysdecoutumeAunorddelaLoire:applicationdescoutumes,entrèsgrandnombre;ainsilescoutumesdeNormandie,deBretagne,deParis…

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Rédactiondescoutumes,auXVIesiècle:remèdeàl’imprécision,nonàladiversité.

2.Facteursd’unitédudroitapplicable•Ledroitcanonique,c’est-à-direpromulguéparl’Églisecatholique,s’appliqueenmatière

demariageetd’étatcivil.•Lesordonnancesroyales:applicablesdanstoutleroyaume.EllessemultiplientauXVIIesiècle:ordonnancesdeColbertsurlaprocédureetledroit

commercial;etauXVIIIesiècle:ordonnancesduchancelierd’Aguesseausurlesdonationsetlestestaments.• La doctrine : rôle unificateur de l’œuvre d’interprétation des jurisconsultes ; au

XVIIesiècle:Loisel,Domat;auXVIIIesiècle:Pothier.

B–Caractèresgénérauxdel’anciendroitcivil

1.ConfessionnelLedroitcivilestsoumisauxconceptionsreligieusesdel’Églisecatholique:interdictiondudivorce,prohibitionduprêtàintérêt.

2.Inégalitairea.Divisiondelasociétéenclasses

Classes privilégiées (noblesse et clergé), non privilégiées (roturiers) et serfs ; ainsi,existencedeprivilègesdansladévolutiondessuccessionsnobles:droitd’aînesse;droitdemasculinité.

b.HiérarchiedanslaconditiondespersonnesFamille fortement hiérarchisée sous l’autorité du chef de famille : autorité maritale ;puissancepaternelle.

3.TerrienLedroitcivilestdominéparl’idéeféodalesuivantlaquellelaterreestlasourceessentiellede richesse, donc doit être garantie et conservée dans les familles ; protection qui nes’étendpasauxmeubles.

II–LedroitintermédiaireEntre la révolution de 1789 et la promulgation du Code civil en 1804, l’unité politique(suppressiondesprovinces) et l’unification judiciaire (disparitiondesParlements) furentréalisées,maisnonl’unitéjuridique:malgrél’affirmationdelaprééminencedelaloi, lescoutumessubsistent.L’œuvreciviledelaRévolutionesttoutefoisconsidérable,etdécouledelaproclamation

detroisprincipes.

A–LibertédeconscienceL’influence du droit canonique disparaît : sécularisation du mariage et de l’état civil ;

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institutiondudivorce.

B–Égalitédespersonnesetdesterres•Égalitédespersonnes:–suppressiondesclassesetdesprivilèges;abolitionduservage;–diminutiondel’autoritéduchefdefamille;–égalitésuccessoraledesenfantslégitimesetdesenfantsnaturels;–maintiendesinégalitésentrehommesetfemmes.•Égalitédesterres:–abolitiondesdroitsféodaux;– proclamation de l’absolutisme du droit de propriété, considéré comme un droit del’homme.

C–Libertéducommerce•Suppressiondescorporations;hostilitéenverstouteorganisationprofessionnelle,et

touteinterventiondel’Étatdansl’économie.•Proclamationdelalibertécontractuelle.

§2–LeCodecivilÉvolution:plusieurstentativesdecodificationéchouèrentpendantlaRévolution.Bonaparte aura la volontéde réaliser cette unification, en veillant à l’élaborationd’un

Codecivilen1804(I)etensurveillantsoncontenu(II).

I–ÉlaborationduCodecivil

A–RédactionduprojetdeCodecivil•CommissiondequatremagistratschargéeparBonaparte,le24thermidoranVIII,de

rédigerunprojetdeCodecivil:–deuxmagistratsreprésentaientlespaysdecoutume:TronchetetBigotdePréameneu;–deuxmagistratsreprésentaientlespaysdedroitécrit:PortalisetMalleville.•Leprojet,d’espritmodéréetd’inspirationpratique,estréaliséenquatremois.• Projet communiqué au Tribunal de cassation et aux tribunaux d’appel pour

observations;puisauConseild’Étatpourmiseaupointdéfinitive,souslaprésidencedeBonaparte.

B–VoteduprojetdeCodecivil• Le Tribunat – qui ne pouvait qu’approuver l’ensemble du projet, ou le rejeter, sans

pouvoirl’amender–émetunavisdéfavorable.•LeprojetrevientdevantleCorpslégislatifquirejetteletexte.•PourvaincrelarésistanceduTribunat(quicomprenaitdenombreuxrévolutionnaires),

BonaparteépureleTribunatdanssacompositionetmodifielaprocédure,quidevientunesimpleformalité.•Leprojetestvotéen36loissuccessives,correspondantaux36titresduCode,en1803

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et1804.

C–PromulgationduCodecivil•Laloidu30ventôseanXII(21mars1804)Elleréunitces36loisenuncorpsunique,souslenomdeCodecivildesFrançais.•PlanduCodecivil–Titrepréliminaire:L’applicationdeslois(art.1à6).–Livre1:«Despersonnes»(art.7à515-13).–Livre2:«Desbiensetdesdifférentesmodificationsdelapropriété»(art.516à710-1).–Livre3:«Desdifférentesmanièresdontonacquiertlapropriété»(art.711à2283).•Abrogationdudroitcivilantérieur:–abrogationgénéraleexpressedel’Anciendroit,«danslesmatièresquisontl’objet»duCode civil : d’où le maintien en vigueur de quelques règles, dans les matières nonréglementées;–abrogationtacitedudroitintermédiaireencasdecontradictionavecleCodecivil.

II–ContenuduCodecivilCaractéristique:lamodération.•Dans la forme :œuvrerédigéeenvuedesonapplicationpratique,dansune langue

claireetprécise.•Danslefond:transactionentrelesconquêtesdelaRévolution(égalitédesindividus,

liberté contractuelle, abolition de la féodalité, sécularisation du droit) et certainessolutionsenracinéesde l’anciendroit (organisation fortementhiérarchiséede la famille,institutionstechniques).

A–Droitdespersonnes•Étatcivil:tenueetconservationdesactesdel’étatcivilconfiéesauxmaires.•Mariage:–réglementationcivile;–admissiondudivorce;–puissancemaritale:lafemmedoitobéissanceàsonmari;–incapacitédelafemmemariée;– régime légal : communauté de meubles et d’acquêts (le mari administre seul lacommunauté).•Filiation:–primautédelafiliationlégitime,issuedumariage,surlafiliationnaturelle(recherchedepaternitéinterdite);–puissancepaternellesurlesenfantsjusqu’à21ans,sanscontrôle.•Successions:–maintiende lasuppressiondetoutedistinctionsuivant lesbiensetpartageégalitaireentretousleshéritiers,sansprivilège;–dévolutionjusqu’au12edegrédeparenté;–droitsréduitspourlesenfantsnaturels.

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B–Droitéconomique•Biens:–importancedelapropriétéindividuelle;–absolutismedudroitdepropriété(art.544);–supérioritédelapropriétéimmobilière;–librecirculationdesbiens.•Obligations:–lasourcenormaleestlecontrat(autonomiedelavolonté) ;consécrationdelalibertécontractuelle(art.6);souverainetédesclausesducontrat(art.1134);– principe de la responsabilité civile du fait personnel (art. 1382 et 1383), du fait despersonnesdontondoitrépondreetdeschosesqu’onasoussagarde(art.1384,1385et1386).

§3–DepuisleCodecivilÉvolution:deuxpériodespeuventêtredistinguées:jusquevers1880,ledroitrestestable,malgré l’évolution considérable des facteurs économiques et sociaux ; ensuite, lesbouleversementssesuccèdent.La spécialisation du droit, destinée à répondre à des besoins nouveaux, suscite

l’apparition de disciplines spécifiques (droit du travail, droit des assurances, droit de laconstruction…) qui vont échapper en grande partie aux règles contenues dans le Codecivil.

I–DroitdespersonnesCaractéristique:accentuationdel’individualismeetcontrôlecroissantdestribunaux.

A–Mariage

1.RefontedelalégislationdudivorceSuppriméen1816, ledivorceestrétablien1884,puisconstammentfacilitépardiversesréformes.Nouveautésen1975:introductiondudivorcepourrupturedelaviecommunependant

6ans;admissiondudivorceparconsentementmutuel.Innovationsen2004:divorceparconsentementmutuelprononcéàl’issued’uneseule

audience ; divorce pour altération définitive du lien conjugal prononcé après uneséparationdefaitde2ans.

2.DisparitionduchefdefamilleAbolitionprogressivedelapuissancemaritaleetdel’incapacitédelafemmemariée.Réformes successives en 1938, 1942 et 1965 donnent à la femme mariée la pleine

capacitéjuridique;lemarin’estpluschefdefamilledepuis1970;lejugeintervientpourtrancherlesconflits.

3.Égalitédesépouxdanslesrégimesmatrimoniaux

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Lerégimelégaldevient,en1965,lacommunautéréduiteauxacquêts:indépendancedesépoux dans la gestion de leurs biens personnels et association dans les actes dedispositiondesbienscommuns;l’égalitédesépouxestréaliséecomplètementen1985:lafemmereçoitlesmêmespouvoirsquelemaridansl’administrationdelacommunauté.

4.PromotionduconcubinageetcréationduPactecivildesolidarité(PACS–1999)

Nouvellesformesjuridiquesdecouples.

5.OuverturedumariageauxcouplesdumêmesexeLaloin°2013-404du17mai2013aouvertlemariageauxcouplesdepersonnesdemêmesexe.

B–Filiation

1.ÉgalitédesenfantslégitimesetdesenfantsnaturelsL’augmentation progressive des droits des enfants naturels aboutit en 1972 à l’égalité :promotiondelafamillenaturelle,calquéesurlafamillelégitime.Lemouvementd’égalitéconduitàlasuppressiondeladistinctiondesfiliationslégitime

etnaturelleparl’ordonnancedu4juillet2005,portantréformedelafiliation.

2.Développementdel’adoptionL’adoption plénière (qui rompt les liens avec la famille par le sang, à la différence del’adoptionsimple)confère,en1966,àl’adoptélestatutd’enfantlégitime.

3.L’autoritéparentaleremplacelapuissancepaternelleContrôléeàpartirde1889,lapuissancepaternelleaétéremplacéeen1970parl’autoritéparentale(complexededroitsetdedevoirsdestinésàprotégerl’enfant),attribuéeaupèreetàlamèreetdésormais,depuislaloi17mai2013,«auxparents»(C.civ.art.371-1).L’âgedelamajoritéestabaisséà18ansen1974.La mère devient, en 1985, administrateur (avec le père) du patrimoine de l’enfant

mineur.Laloidu4mars2002prévoitquelaséparationdesparents,qu’ilssoientounonmariés,

estsansincidencesurlesrèglesdedévolutiondel’exercicedel’autoritéparentale.

C–Successions

1.AugmentationdesdroitsduconjointsurvivantReconnaissance d’un droit en usufruit (1891), puis en pleine propriété, en présenced’ascendants(1957)etmêmededescendants(2001).

2.AugmentationdesdroitsdesenfantsnaturelsÉgalité avec les enfants légitimes en 1972 (enfants naturels simples) et 2001 (enfantsadultérins).

3.Restrictiondelavocationsuccessorale

Page 51: Introduction générale au droit

Lesparentscollatérauxdudéfuntnesuccèdentpasau-delàdu6edegré(1917).

4.ModernisationdessuccessionsLa loi du 23 juin 2006 portant réforme des successions et des libéralités, simplifie lerèglementdessuccessions,accroîtlalibertédudisposant,adapteledroitdessuccessionsauxnouvellesstructuresfamilialesetfavoriselasauvegardedesentreprises.

D–Réformedelaprotectionjuridiquedesmajeurs(2007)Distinctiondesmodesdeprotection juridiqueetdesmesuresd’accompagnementde lapersonnesurleplansocial.Créationdumandatdeprotectionfuture,àl’initiativedumajeurlui-même.

II–DroitéconomiqueCaractéristique :soumisàundirigismegrandissantqui reflète l’interventionconstantedel’État.

A–Biens

1.RestrictionsdesdroitsdupropriétaireSousl’influencedediversintérêts.•Intérêtsgénéraux:–défensenationale(réquisitions);–agriculture(remembrements);–urbanisme(permisdeconstruire);–circulation(expropriation);–énergie(nationalisations).•Intérêtsdeslocataires:–droitaurenouvellementdubailcommercial,saufindemnitéd’éviction(1926);–droitaurenouvellementdubailrural(1945);–droitaumaintiendansleslieuxdulocatairedebauxd’habitation(1948);–renforcementdesdroitsdeslocataires(1982;1989);–droitaulogementopposableauxautoritéspubliques(2007).• Intérêts des voisins : théories jurisprudentielles de l’abus de droit et de la

responsabilitépourtroublesanormauxdevoisinage.

2.DéveloppementdelafortunemobilièreLes grandes entreprises sont constituées sous forme de société, dont le capital estreprésentépardesactions,quisontdesmeubles(1867).

3.ExtensiondelanotiondepropriétéApplicationauxdroitsintellectuels:–propriétéindustrielle(brevetsd’invention,1844;marquesdefabrique,1857);–propriété littéraireetartistique(1866,1957et1985) ;droitsvoisinsdudroitd’auteur

danslasociétédel’information(2006).

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4.RéformedessûretésL’ordonnancedu23mars2006relativeauxsûretés,–améliorelalisibilitédudroitdessûretés,–introduitdeuxinnovationsmajeures,destinéesàrelancerlaconsommation,quesont

l’hypothèquerechargeableetleprêtviagerhypothécaire,et,– formellement, modifie l’emplacement des dispositions qui concernent les sûretés

dansleCodecivilencréantunnouveauLivreIV,(art.2284à2488),l’ancienLivreIVtraitantdes dispositions applicables à Mayotte (Ord. 19 décembre 2002) devenant un Livre V(C.civ.,art.2489à2534).

5.CréationdelacatégoriejuridiquedesanimauxLa loi du 16 février 2015 a créé la catégorie juridique des animaux qui, bien quenormalementsoumisaurégimedesbiens,s’endistinguentparleurnaturejuridique.

B–Obligations

1.Contratsa.Déclindelalibertécontractuelle

Développementdelaréglementationimpérativedescontrats.Cas : lorsque l’une des parties ne peut discuter des clauses imposées par l’autre :

« contrat d’adhésion ». Ex. : contrats de travail (1906, 1936, 1982, 1998, 2008, 2013), detransport(1905,2015),d’assurance(1930,2014),devente(1945),debail(1982,1989,2006,2014).

b.ProtectionduconsommateurRecoursàdestechniquesjuridiquesnouvelles:–délaideréflexionpréalable(créditimmobilier,1979);–délaiderétractation(venteàdomicile,1972;créditmobilier,1978;venteparinternet,

2001);–interdictiondesclausesabusives(1978,2008);–interdépendanceentrecontrats(créditmobilier,1978;créditimmobilier,1979);–mentionsinformatives(1993);–jurisprudencesurlesobligationsderenseignementetdeconseil;–règlementdusurendettement(1989,1998,2003);–créationdelaprocéduredefaillitecivile,ditederétablissementpersonnel(2003);–obligationd’informationdes consommateurspar lesprofessionnelspour faciliter la

résiliationdescontratstacitementreconductibles(2005);–offrepréalableobligatoirepourtouteaugmentationducréditrenouvelable(2005);–garantiedeconformitédesbiensdeconsommation(2005);–interdictiondespratiquescommercialesdéloyalesoutrompeuses(2008);–créationdesactionsdegroupe(«classactions»enanglais)(2014).

2.Responsabilitécivilea.Développementconsidérabledelaresponsabilitésansfaute

Page 53: Introduction générale au droit

L’essor du machinisme accroît le nombre des accidents (du travail, de la circulationautomobile…) : les victimes sont indemnisées sans que la faute (de l’employeur, duconducteur…)soitétablie.Créationsjurisprudentielles(1896);interventionslégislatives(1898,1985,1998).

b.Généralisationdel’assuranceL’accroissement des risques d’accidents rend utile (ex. incendie) ou obligatoire (ex. :automobile,construction…)lasouscriptiondecontratsd’assurance.Enoutre,pourfaciliterl’indemnisationdelavictime,celle-cidisposed’uneactiondirecte

contrel’assureurduresponsablepourobtenirlepaiementdel’indemnité.

3.PrescriptionextinctiveRéduction du délai de droit commun (2008) : aux trente ans prévus par le Code civil(art.2262anc.),estsubstituéledélaidecinqans(art.2224).

PourallerplusloinBibliographie•R.Cabrillac,«LeCodecivilàlafinduXXesiècle»,MélangesP.Catala,2001,p.47.•J.Carbonnier,«LeCodecivildesFrançaisdanslamémoirecollective», in1804-

2004,LeCodecivil,unpassé,unprésent,unavenir,2004,p.1045.•J.-P.Lévy,«Larévolutionfrançaiseetledroitcivil»,in1804-2004,LeCodecivil,un

passé,unprésent,unavenir,2004,p.87.Sujetsderéflexion• Les grandes catégories juridiques du droit civil sont-elles définies en nombre

limité?•L’évolutiondudroitcivilest-elletoujoursencours?•Lemodèlefrançaisdecodificationest-ilaujourd’huiremisencause?

Page 54: Introduction générale au droit

Titre3

Lessourcesdudroit

Ledroitrèglelui-mêmesaproprecréation.Lesmodesdecréationdesrèglesdedroitsonttrèsdivers:maistousdépendentdenormessupérieures(constitutionsnationales–traitésconstitutifs) qui sont la source de toutes les autres règles de droit, dont elles fixentl’autoritéquidoitêtrereconnueàchacuned’elleàl’intérieurdechaquesystèmejuridique.Deux grandes familles de sources doivent être distinguées : les sources nationales(Chapitre1)etlessourcesinternationaleseteuropéennes(Chapitre2).

Page 55: Introduction générale au droit

Chapitre1

Lessourcesnationales

L’essentielLa création des règles de droit est normalement régie en France par la Constitution(section1).CettedernièreconfèreauParlementlepouvoirdevoterlaloi(section2).Maisquelquesrèglessontissuesdelacoutume(section3),etd’autresplusimportantessontélaboréesparlajurisprudence(section4).Quelest,danscecontexte,lerôledeladoctrine(section5)?

Section1–LaConstitutionDéfinition:laConstitutiondu4octobre1958estlaloifondamentaledelaVeRépubliqueFrançaise.C’est laplushautenormede l’ordre juridique françaisque lePeuple françaiss’estdonnéàlui-même.Elleorganiselesdifférentspouvoirsdel’Étateténonceuncertainnombredeprincipesfondateurs.Elleestsurmontéed’unpréambule(§1)etcomporte16titreset89articles(§2).

§1–LepréambuledeConstitutiondu4octobre1958

I–ProclamationAdoptéepar référendum le28septembre1958, laConstitutiondu4octobre1958aétémodifiéeàvingt-quatrereprisesdepuissapublicationparlepouvoirconstituant,soitparleParlement réuni enCongrès, soit directementpar lepeuple à travers l’expressionduréférendum.Elleproclamedanssonpréambule,l’attachementduPeuplefrançais:–auxDroitsdel’homme;–auxprincipesdesouveraineténationale.

II–RenvoisexplicitesLePréambulerenvoieàtroisautrestextesàvaleurfondamentale:–laDéclarationdesDroitsdel’HommeetduCitoyendu26août1789;– le Préambule de la Constitution du 27 octobre 1946 (la Constitution de la

IVeRépublique);–laChartedel’environnementde2004.LeConseilconstitutionnelpuisedanscestextesetdanslaConstitutionelle-même,les

élémentsdedéfinitiondu«blocdeconstitutionnalité».

Page 56: Introduction générale au droit

§2–LastructuredelaConstitutiondu4octobre1958LaConstitutionde1958aétémodifiéepourladernièrefoisparlaloiconstitutionnelledu23juillet2008demodernisationdesinstitutionsdelaVeRépublique.Elle se compose d’articles, le premier d’entre eux disposant que « La France est une

Républiqueindivisible,laïque,démocratiqueetsociale.Elleassurel’égalitédevantlaloidetouslescitoyenssansdistinctiond’origine,deraceoudereligion.Ellerespectetouteslescroyances.Sonorganisationestdécentralisée.La loi favorise l’égalaccèsdesfemmesetdeshommesauxmandatsélectorauxet fonctionsélectives,ainsiqu’auxresponsabilitésprofessionnellesetsociales».Sastructureestorganiséeautourdedifférentstitres:–TitreIer:DelaSouveraineté(art.2à4)–TitreII:LePrésidentdelaRépublique(art.5à19)–TitreIII:LeGouvernement(art.20à23)–TitreIV:LeParlement(art.24à33)–TitreV:DesrapportsentreleParlementetleGouvernement(art.34à51-2)–TitreVI:Destraitésetaccordsinternationaux(art.52à55)–TitreVII:LeConseilconstitutionnel(art.56à63)–TitreVIII:Del’autoritéjudiciaire(art.64à66-1)–TitreIX:LaHauteCour(art.67à68)–TitreX:DelaresponsabilitépénaledesmembresduGouvernement(art.68-1à68-3)–TitreXI:LeConseiléconomique,socialetenvironnemental(art.69à71)–TitreXIbis:LeDéfenseurdesdroits(art.71-1)–TitreXII:Descollectivitésterritoriales(art.72à75-1)–TitreXIII:DispositionstransitoiresrelativesàlaNouvelle-Calédonie(art.76et77)–TitreXIV:DelaFrancophonieetdesaccordsd’association(art.87et88)–TitreXV:Del’Unioneuropéenne(art.88-1à88-7)–TitreXVI:Delarévision(art.89)

Section2–LaloiDéfinition : c’est toute règle de droit formulée par écrit, à portée générale etimpersonnelle,établieparl’autoritépubliquecompétente.Lanotionrecouvredescatégoriesdiverses(§1),quidiffèrentquantà leurélaboration

mais suivent un régime identique pour la force obligatoire (§ 2), l’interprétation (§ 3) etl’application(§4).

§1–ClassificationdelaloiLorsqu’il y a séparation des pouvoirs (cf. Montesquieu), il appartient au législatif(Parlement)defairelaloi(I).Mais laConstitutionde1958aconféréà l’exécutif (gouvernement) lepouvoird’édicter

desrèglements(II).En outre, le Parlement peut déléguer au gouvernement une partie de son pouvoir :

Page 57: Introduction générale au droit

l’exécutiflégifèrealorsparordonnances(III).

I–Laloiparlementaire

A–LesdifférentesloisDéfinition:c’estd’abordlaloiausensstrict:lasouveraineténationaleestexercéeparlesreprésentants du peuple élus au Parlement, composé par l’Assemblée nationale et leSénat.•Laloiparlementaires’opposeà:– La loi constitutionnelle : émane du pouvoir constituant, donc au sommet de la

hiérarchie.–Laloiréférendaire:lorsqueleprésidentdelaRépubliquedemandeauxcitoyensde

seprononcerdirectementparvoiederéférendumsurunprojetdeloi,maisseulements’ilportesurl’organisationdespouvoirspublics(art.11Constitution).Ex. loi du 2oct. 2000, réduisant la duréedumandatduprésident de la République à

5ans.•Ellecomprend:– La loi organique : a pour objet de fixer les modalités d’organisation et de

fonctionnementdespouvoirspublics,danslesmatièreslimitativementénuméréesparlaConstitution;ex.:électionduprésidentdelaRépublique;statutdelamagistrature.Adoptée suivant une procédure particulière : soumise avant promulgation auConseil

constitutionnel.– La loi « ordinaire » : règle de droit votée en termes identiques par l’Assemblée

nationaleetleSénat,quiformentleParlement;quandl’accordn’estpaspossible,mêmeaprès réuniond’unecommissionmixteparitaire, c’est l’Assembléenationalequi statue ;l’initiative appartient au Premier ministre (« projet de loi ») et aux parlementaires(«propositiondeloi»).

B–DomainedelaloiDepuis1958,ledomainedelaloiparlementaireestlimité:leParlementnepeutlégiférerquesurlesmatièresquiluisontattribuéesparlaConstitution,danssonarticle34.

1.DélimitationdudomainelégislatifLConstitution,art.34.•Laloifixelesrèglesconcernant:– les droits civiques et les garanties fondamentales accordées aux citoyens pour

l’exercice des libertés publiques ; les sujétions imposées par la Défense nationale auxcitoyensenleurpersonneetenleursbiens;– la nationalité, l’état et la capacité des personnes, les régimes matrimoniaux, les

successionsetlibéralités;–ladéterminationdescrimesetdélitsainsiquelespeinesquileursontapplicables;la

procédurepénale;l’amnistie;lacréationdenouveauxordresdejuridictionetlestatutdesmagistrats;–l’assiette,letauxetlesmodalitésderecouvrementdesimpositionsdetoutesnatures;

Page 58: Introduction générale au droit

lerégimed’émissiondelamonnaie.•Laloifixeégalementlesrèglesconcernant:–lerégimeélectoraldesassembléesparlementairesetdesassembléeslocales;–lacréationdecatégoriesd’établissementspublics;–lesgarantiesfondamentalesaccordéesauxfonctionnairescivilsetmilitairesdel’État;–lesnationalisationsd’entreprisesetlestransfertsdepropriétéd’entreprisesdusecteur

publicausecteurprivé.•Laloidéterminelesprincipesfondamentaux:–del’organisationgénéraledelaDéfensenationale;–de la libreadministrationdescollectivités locales,de leurscompétencesetde leurs

ressources;–del’enseignement;–durégimedelapropriété,desdroitsréelsetdesobligationscivilesetcommerciales;–dudroitdutravail,dudroitsyndicaletdelasécuritésociale.• Les lois de finances déterminent les ressources et les charges de l’État dans les

conditionsetsouslesréservesprévuesparuneloiorganique.•Desloisdeprogrammedéterminentlesobjectifsdel’actionéconomiqueetsocialede

l’État.

2.SanctiondeladélimitationSi le Parlement veut empiéter sur le domaine réglementaire en sortant du domainelégislatif,legouvernementpeutopposerl’irrecevabilitéàladiscussiondutexte.Si le Parlement passe outre, le gouvernement peut déférer le texte au Conseil

constitutionnel,quipeutenempêcherlapromulgation(v.➜,lanotiondepromulgation).

C–ContrôledelaloiIl n’existait en France, traditionnellement, un contrôle de constitutionnalité de la loiparlementaireparleConseilconstitutionnelqu’avantpromulgation,etnonaprès:c’estladifférence essentielle avec le rôle de la Cour suprême aux USA, ou du Tribunalconstitutionnelfédéralallemand.Toutefois, la loi constitutionnelledu23 juillet2008aouvertune largebrèchedansce

principe.

1.Avantpromulgation•DanslaConstitutionde1958,ilappartientauConseilconstitutionneldeseprononcer

surlaconstitutionnalitéd’uneloi:c’est-à-diresurlaconformitéàlaConstitutiond’untextevotéparleParlement.Mais, à l’origine, leConseil constitutionnel vérifie seulementque leParlementn’apas

franchileslimitesdudomainelégislatif(art.34delaConstitution).SaisineduConseilconstitutionnelparleprésidentdelaRépublique,lePremierministre,

leprésidentdel’AssembléenationaleouduSénat.•En1971,lecontrôledeconstitutionnalitéestélargi:leConseilconstitutionneldécide,

en effet, de vérifier aussi que le texte voté par le Parlement n’est pas contraire auxdispositionsduPréambuledelaConstitutionetauxprincipesfondamentauxreconnusparlesloisdelaRépublique.

Page 59: Introduction générale au droit

Conséquence : dans son domaine, le Parlement n’est plus souverain, mais doitrespecterlesprincipesreconnusexpressémentouimplicitementparlaConstitution;ex.:liberté d’association, responsabilité du fait personnel, respect des droits de la défense,principedesécuritéjuridique.• En 1974, est admise la saisine du Conseil constitutionnel par 60 députés ou

60sénateurs,cequimultiplielesoccasionsderecours.

2.Aprèspromulgation•Laloiconstitutionnelledu23juillet2008aintroduituncontrôle«aposteriori»,sousla

forme d’une question prioritaire de constitutionnalité (QPC), suivant une procédurecomplexe.Elleprévoit:«Lorsque,àl’occasiond’uneinstanceencoursdevantunejuridiction,ilest

soutenu qu’une disposition législative porte atteinte aux droits et libertés que laConstitutiongarantit,leConseilconstitutionnelpeutêtresaisidecettequestionsurrenvoiduConseild’Étatoude laCourdecassationquiseprononcedansundélaidéterminé»(Const.,art.61-1)• Par ailleurs, les tribunaux de l’ordre administratif et judiciaire ont le pouvoir de

contrôler la conventionnalité de la loi : ils vérifient que la loi n’est pas contraire à uneconventioninternationaleoueuropéenne.

II–Lesrèglements

A–LesdifférentstextesréglementairesDéfinition:textesédictantdesrèglesdedroit,généralesetimpersonnelles,émanantdupouvoirexécutifetdesautoritésadministratives.Denaturedifférente,suivantl’autoritéquil’édicte,maishiérarchisés.

1.DécretsVariété:troisclassifications(quis’entrecoupent):•Auteur:leprésidentdelaRépubliqueoulePremierministre.•Forme:–décretsimple:signéparlePremierministre;–décretenConseildesministres:signéparleprésidentdelaRépublique;–décretenConseild’État:prisaprèsavisd’unesectionduConseild’État.Les décrets du président de la République doivent être contresignés par le Premier

ministreet«lecaséchéant,parlesministresresponsables»(art.19delaConstitution),etles décrets du Premier ministre doivent être contresignés « le cas échéant, par lesministreschargésdeleurexécution»(art.22delaConstitution).•Objet:–décretd’application:prispourl’applicationd’uneloi;enpréciselesconditionsdemise

enœuvre;– décret autonome : pris dansunematière qui n’est pas dudomaine législatif (ex. la

procédurecivile).

2.Arrêtés

Page 60: Introduction générale au droit

Subordonnésauxdécrets,eteux-mêmeshiérarchisésenfonctiondurangdel’autoritéquil’édicte.•Arrêtésministériels(ouinterministériels):œuvred’un(oudeplusieurs)ministre.•Arrêtésdesprésidentsdeconseilrégionaloudeconseilgénéral,despréfetsetsous-

préfets(arrêtéspréfectoraux).•Arrêtésmunicipaux,prisparlesmaires.Laloiorganiquedu1eraoût2003relativeauréférendumlocalpermetàunecollectivité

territorialedesoumettreàréférendumtoutprojetdedécisionlocaletendantàrégleruneaffairerelevantdesacompétence.

3.Nesontpasdesrèglements•Lesréponsesministériellesauxquestionsécritesposéesparlesparlementaires.•Lescirculaires,parlesquellesunministredonnedesinstructionsàdesfonctionnaires

pourl’applicationdesloisoudesrèglements.•Lesdécisionsadministratives,n’ayantpasdeportéegénérale.Exemples:nomination

d’unfonctionnairepardécret;octroid’unpermisdeconstruirepararrêté.

B–DomainedesrèglementsparrapportaudomainedelaloiPrincipe:ledomainedelaloiétantlimité,l’article37delaConstitutiondisposeque«lesmatièresautresquecellesquisontdudomainedelaloiontuncaractèreréglementaire».Applications:•Danslesmatièresquisontdudomainedelaloi,lesrèglementspeuvent(quandlaloi

fixe les règles) ou doivent (quand la loi ne détermine que les principes fondamentaux)intervenir,pourassurerl’exécutiondeslois(missiondupouvoir«exécutif»):cesontles«décretsd’application».• Dans lesmatières qui ne sont pas du domaine de la loi (ex. la procédure civile), le

pouvoirexécutifexerce la fonction« législative»,enédictantdes règlesdedroitquinesontpassubordonnéesàuneloiparlementaire:cesontles«règlementsautonomes».

C–AutoritéetcontrôledesrèglementsElledépenddelaplacedurèglementdanslahiérarchiedesnormesjuridiques.

1.HiérarchieLerèglementdoitêtreconformeauxtextesquiluisontsupérieursdanslahiérarchie:unarrêténedoitpasviolerundécret,undécretnedoitpasêtrecontraireàune loi (s’ilenexisteuneen lamatière),niàuntraité internationaloueuropéennià laConstitution (yincluslesprincipesgénérauxdudroit).

2.ContrôleÀl’initiativedirectedesparticuliers(différencecapitaleaveclaloi,v.➜).

a.LerecoursenannulationpourexcèsdepouvoirCompétenceexclusivedesjuridictionsadministratives.Objet:contrôlerlaconformitédurèglementauxnormessupérieures;dit«contrôlede

légalité».

Page 61: Introduction générale au droit

But:annulation,c’est-à-diredisparitionrétroactivedurèglement«illégal»;donc,effetàl’égarddetous.Délai:2moisàcompterdelapublicationdurèglement.

b.L’exceptiond’illégalitéBut:faireécarterl’applicationdurèglementillégalàl’occasiond’unlitigeparticulier.Objet:contrôledelégalité.Délai:exceptionperpétuelle.Compétence : les juridictions administratives ; les juridictions répressives ; les

juridictionscivilesencasdevoiedefait(atteinteàlalibertéindividuelle).

III–Lesordonnances

A–Notiond’ordonnanceCatégorie intermédiaire entre le règlement et la loi ; issue de la pratique, elle estaujourd’huiprévueparlaConstitution.

1.AvantlaConstitutionde1958Pratiquedes«décrets-lois»dansdeuxcirconstances:•Périodesdecrise:confusiondespouvoirs;lechefdel’exécutifédictedesrèglements

ayant forcede loi (ex. :en1870,gouvernementde laDéfensenationale ;à laLibération(1944),gouvernementprovisoiredelaRépublique:décrets-loisnommés«ordonnances»).•Périodesd’instabilité:leParlementdélèguesonpouvoirlégislatifaugouvernement

pourprendredesmesuresurgentesqu’ilestimpuissantàédicter(ex.en1939,1953).

2.DepuislaConstitutionde1958LConstitution,art. 38 : « le gouvernementpeut, pour l’exécutionde sonprogramme,demander au Parlement l’autorisation de prendre par ordonnances, pendant un délailimité,desmesuresquisontnormalementdudomainedelaloi».

B–DomainedesordonnancesPardéfinition,c’estledomainedelaloiparlementaire(art.34).Exemples(depuis1958):

1.Droitsocial•Contratdetravail(ordonnancesde1982).•Organisationetfonctionnementdusystèmedesanté(2003).•Logementetconstruction(2005,2007).

2.Droitéconomique•Régimedelaconcurrence(1986).•Garantiedeconformitédesbiensdeconsommation(2005).•Réformedessûretés(2006).

3.Accèsaudroitetrapportsavecl’administration

Page 62: Introduction générale au droit

•Codificationdeslois(2000).•Publicationdeslois(2004).•Simplificationdudroit(2004).•Rapportsavecl’administration(2013).

4.Droitdel’Unioneuropéenne•Transpositiondesdirectivesdel’Unioneuropéenne(régulièrementdepuis2001).

5.Droitcivil•AdaptationdudroitcivilàMayotte(2002,2005,2007).•Réformedelafiliation(2005).•Modernisationdelasaisieimmobilière(2006).•Bioéthique(2008).•Droitdesobligations(2015).

C–AutoritéetcontrôledesordonnancesElledépendétroitementdelaprocédured’élaborationdesordonnances(art.38).

1.Procédure•Cadrefixéparlaloid’habilitation.•Projetdugouvernement ;avisduConseild’État ;décisionduConseildesministres ;

signatureduprésidentdelaRépublique;publication.•RatificationdesordonnancesparleParlement.

2.Contrôle•Avantratification:–natureréglementairedesordonnances:donccontrôledelégalité(v.➜,notamment

deconformitéàlaloid’habilitation);–domainelégislatifdesordonnances:doncpossibilitédemodifieroud’abrogerdeslois

antérieures.• Après ratification : les ordonnances acquièrent valeur législative (donc plus de

contrôlede légalité)etnepeuventplusêtremodifiéesqueparune loi (dans ledomainelégislatif).

§2–Laforceobligatoiredelaloi

I–DuréedelaforceobligatoireLa loi (c’est-à-dire la règle de droit écrit, comprenant les lois parlementaires, lesrèglements et les ordonnances) a force obligatoire depuis son entrée en vigueur (A)jusqu’àsonabrogation(B).

A–EntréeenvigueurdelaloiLaloientreenvigueuràl’issued’uneprocédureendeuxphases.

Page 63: Introduction générale au droit

1.LapromulgationC’estl’ordred’exécutiondelaloi:ilémanedel’exécutif.

a.RèglementsetordonnancesIls sont l’œuvre du pouvoir exécutif : donc la promulgation résulte de la signature del’auteurdutexte(présidentdelaRépubliqueouPremierministrepourlesdécrets…mairepourlesarrêtésmunicipaux).

b.LoisparlementairesLa promulgation consiste à insérer la loi votée par le Parlement dans un décret duprésidentde laRépublique,quicertified’unemanièreauthentique l’existencede la loietdonnel’ordredel’exécuter.Conséquence : à partir de la promulgation, la loi devient exécutoire (s’impose au

pouvoirexécutif).La promulgation doit intervenir dans les 15 jours qui suivent sa transmission au

gouvernement.La date de la loi correspond à la date du décret de promulgation (ex. loi du 23 déc.

1985);usagededonnerunnumérod’ordreparannée(ex.loi85-1372du23déc.1985).

2.LapublicationLa loi n’est obligatoire pour les citoyens que lorsqu’ils la connaissent parce qu’elle estpubliée.Lenouveausystèmeenvigueurrésultedel’ordonnancedu20février2004relativeaux

modalitéseteffetsdelapublicationdesloisetdecertainsactesadministratifs,prisedanslecadredelaloidu2juillet2003habilitantlegouvernementàsimplifierledroit.Entréeenvigueurle1erjuin2004.

a.Catégoriesd’actesquidoiventêtrepubliésauJOLes lois, les ordonnances, les décrets et les actes administratifs pour lesquels unedispositionspécialeleprévoit.

b.EntréeenvigueurLeslois,lesordonnances,lesdécretsetlesactesadministratifspubliésentrentenvigueurà la date qu’ils fixent par une mention expresse ou, à défaut, le lendemain de leurpublication(C.civ.,art.1er).– L’entrée en vigueur des dispositions dont l’exécution nécessite des mesures

d’applicationestreportéeàladated’entréeenvigueurdecesmesures.–Encasd’urgence,l’entréeenvigueurpeutavoirlieulejourmêmedelapublicationsile

décretdepromulgationleprescrit(art.1er,al.2).

c.JOélectroniqueLeslois,lesordonnances,lesdécretsetlesactesadministratifsdoiventêtrepubliésdanslaversionélectroniqueduJournalofficiel,quiestdiffuséeenmêmetempsquelaversionimpriméeetaura lamêmevaleurprobante. Ilestquestion,àterme,quel’éditionpapiersoittotalementremplacéeparl’éditionélectronique.

Page 64: Introduction générale au droit

•Pourcertainsactesadministratifs,lapublicationauJOsousformeélectroniquesuffitàassurerleurentréeenvigueur:actesrelatifsàl’organisationadministrativedel’État,actesportantdélégationdesignature,actesrelatifsauxfonctionnaires,aubudgetdel’État,actesréglementairesdesautoritésadministrativesindépendantes…• Certains actes individuels sont exclus de la publication au JOélectronique : décrets

portant changement de nom, décrets de naturalisation, de perte, déchéance ouréintégrationdanslanationalitéfrançaise,décretsdefrancisationdenomouprénom.

d.PratiquedeserrataSiletextepubliéauJOcomporteuneerreurmatérielle,legouvernementinsèreunerratumauJOpourcorrigeroucompléterletexteinitialementpublié.Limite:sil’erratummodifielesensdutextepublié,ilestsansvaleur.

B–AbrogationdelaloiLaloiestpermanente:elles’appliquetantqu’ellen’estpasabrogée,c’est-à-direabolie.Troismodespossiblesd’abrogation.

1.AbrogationexpresseSignification:uneloinouvelledéclareformellementquetelleloiantérieureestabrogée.

2.AbrogationtaciteSignification:lesdispositionsd’uneloinouvellesontinconciliablesaveclesdispositionsd’uneloiantérieure,quin’estpasexpressémentabrogée.Alors, les dispositions de la loi antérieure sont implicitement abrogées car c’est la

volontélaplusrécentedulégislateurquidoitl’emporter.

3.AbrogationpardésuétudeSignification:uneloirestéelongtempsinappliquéeest-elleabrogée?Principe:iln’yapasd’abrogationpardésuétude.Motif:primautédelaloisurl’usage,doncseullelégislateurpeutabrogerl’ordrequ’ila

donné.Limite :certaines lois anciennesont cesséd’être appliquées sansavoir été abrogées

(maisellesétaientd’uneimportanceréduite).

II–PortéedelaforceobligatoireDu jouroùelle entreen vigueur, au jouroùelle est abrogée, la loi estobligatoirepourtous:principesuivantlequel«nuln’estcenséignorerlaloi»(A).Conséquence : la loi pourra être ramenée à exécution grâce à divers procédés de

contrainte(peines,annulationd’unacte,etc.;v.➜).Limite:ilexistedesdegrésdanslaforceobligatoiredelaloi(B).

A–«Nuln’estcenséignorerlaloi»Signification : l’adage signifie que nul ne peut échapper à l’application de la loi sousprétextedesonignorancedecelle-ci.

Page 65: Introduction générale au droit

Doncchacunestcenséconnaîtrelaloi(publiéeauJO).Limite:necorrespondpasàlaréalité.D’où:c’estunefiction(personneneconnaît,enfait,toutesleslois),maiselleestjustifiée

parlanécessité;carsanselle,ceseraitl’anarchie:laloineseraitapplicablequ’enfonctiondelaconnaissanceeffectivequechacunenaurait.Corollairedel’égalitédescitoyensdevantlaloi.Portée : il appartient à celui qui se trouve confronté à une question de droit de se

renseigner ; notamment auprèsdesprofessionnelsdudroit, comme les avocatsou lesnotaires.

B–LesdegrésdelaforceobligatoiredelaloiLa loi est obligatoire, et sanctionnée par l’autorité publique : mais certaines lois sontimpératives(1),d’autressupplétives(2).

1.LoisimpérativesDéfinition:loisdontiln’estpaspermis,enprincipe,d’écarterl’application.Principe : article 6 du Code civil : « On ne peut déroger, par des conventions

particulières,auxloisquiintéressentl’ordrepublicetlesbonnesmœurs.»Exemples:–règlesgouvernantlemariage,ledivorceetlafiliation;–loisrelativesausalaireminimumetàladuréedutravaildessalariés;–réglementationdel’urbanisme;–règlesdelacirculationroutière,etc.Exceptions:lesloisimpératives,oud’ordrepublic,sontsusceptiblesde:–dispenses:exemple,leprocureurdelaRépubliquepeutaccorderunedispensed’âge

poursemarier(C.civ.,art.145);–dérogations:exemple,l’Administrationpeutaccorderàuneentrepriseunedérogation

àl’obligationfaiteparlaloidedonneràtouslessalariésunjourdereposhebdomadaireledimanche.Distinction:lesloisimpérativesontpourobjetdeprotéger:– des intérêts particuliers, comme ceux du consommateur ; c’est l’ordre public de

protection;– des intérêts généraux, comme la liberté de la concurrence ; c’est l’ordre public de

direction.Encasdeviolation,lerégimedelanullitédiffère(infra,2epartie).

2.LoissupplétivesDéfinition : lois auxquelles il estpermisdedérogerpardes conventionsparticulières :doncellesnes’imposentqu’àdéfautdevolontécontrairedesintéressés.Exemple:«s’iln’arienétérégléàcetégardlorsdelavente,l’acheteurdoitpayeraulieu

etdansletempsoùdoitsefaireladélivrance»(C.civ.,art.1651).Intérêt:–Principeduconsensualisme:lecontratestparfaitdèslorsquelespartiesontéchangé

leurs consentements sur les stipulations essentielles ; exemple, dans une vente, sur la

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choseetsurleprix.Pour le reste, la loi formuledes règles qui s’appliquent si les parties n’ont rienprévu

(livraison,modalitésdupaiement,etc.).– Les lois supplétives constituent un modèle commode : s’il ne convient pas aux

particuliers,ilspeuventenfaçonnerunautre.Sinon,lalois’applique.Critère:–Parfois,laloipréciseelle-mêmequ’elleestimpérative(oud’ordrepublic):«Àpeinede

nullité…»;ousupplétive:«Àdéfautdestipulationcontraire…»–Danslesilenced’untexte,ilfautrecherchersiladispositionencauseestessentielleà

laviedelacollectivité(ex.protectionduconsommateur),auquelcaslaloiestimpérative;sinonelleestsupplétive.

§3–L’interprétationdelaloiLa loi est rédigée en termes généraux,mais doit être appliquée à des cas particuliers :poursavoirsitellesituationentredanslesprévisionsdelaloi,ilfautl’interpréter.Deuxméthodesd’interprétationsontapparuessuccessivement:laméthodeexégétique

(I)etlaméthodescientifique(II).Ellessontaujourd’huiutiliséesalternativement.

I–L’Écoledel’exégèse

Historique:lesjuristesduXIXesiècleontadoptéuneméthodeexégétique,c’est-à-direuneinterprétationattachéeauxtextes,pourdeuxraisons:–cultedelaloiécrite:admirationpourlesCodesnapoléoniens;– plénitude de la loi écrite : le contenu de la loi répond aux besoins de la société

françaisedel’époque,donc«toutestdanslaloi».Conséquences : recours à des techniques permettant de découvrir la volonté du

législateur.

A–Interprétationd’untexteobscurRecherchedusensdutexteenutilisant:

1.LestravauxpréparatoiresObjet:étudedesdiscussionsquiontprécédélevotedelaloi,afind’endégagerl’intentiondulégislateur.

2.LesprécédentshistoriquesIntérêt:référenceutilequandlelégislateurs’estinspirédelatradition.

3.LasémantiqueIntérêt:utilitédurecoursàl’analysegrammaticaleetlogiquedutexte,afindepréciserlesensetlaportéedelaloi.

B–InterprétationencasdelacunedestextesRecherchedelarèglededroitparl’emploidesprocédésduraisonnementlogique.

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1.L’argumentparanalogieSignification:étendreàuncasnonprévuexpressémentlasolutionadmiseparlaloidansuncasvoisin,carlesraisonsd’appliquerlaloisontlesmêmesdanslesdeuxcas.

2.L’argumentafortioriSignification:étendrelasolutionprévuedansuncasàunautrecas,carilyadesraisonsencoreplusgrandesd’appliquerlaloiaucasenvisagé.

3.L’argumentacontrarioSignification:siunesolutionestadoptéeparlaloi,lasolutioninverses’imposequandlesconditionsd’applicationdecetteloinesontpasremplies.Exemple: ilestpermisdedérogerparcontrataux loisquinesontpasd’ordrepublic

(interprétationacontrariodel’article6duCodecivil).Limite:larègledégagéedoitêtreconformeàunprincipe(ex.conformitéauprincipede

libertécontractuelle).

4.Leprocédéd’inductionsuiviededéductionSignification:desolutionsparticulièresadmisesparlaloidanscertainscas,oninduitunprincipequisertdefondementàcessolutions;puisondéduitdeceprincipedenouvellesapplications.

II–L’interprétationscientifique

Historique:lesbouleversementséconomiquesetsociauxduXIXesiècleontentraînéunvieillissementdestextes:larecherchedel’intentiondulégislateurde1804devientillusoire(ex.droitdelaresponsabilitédesconducteursd’automobile?).Deuxécolesapparaissent:

A–L’Écoledelalibrerecherchescientifique

1.MéthodedelalibrerecherchescientifiquePréconiséeparF.Gény,Méthoded’interprétationetsourcesendroitprivépositif,1899:•Ilfautappliquerlaloiquandelleaprévulecasconsidéré,carlavolontédulégislateur

doitêtrerespectée.•Mais quand il n’y a plus de loi, l’interprète devient créateur de la règle de droit, en

s’inspirantdesdonnéeshistoriques,rationnelles,idéales,sociales:ilélaborelaloiparunelibre (parce que dégagée des textes) recherche scientifique (parce que fondée sur desdonnéesobjectives).

2.CritiquedelalibreméthodescientifiqueTrop grande incertitude de la méthode ; l’interprète (en fait, le juge) n’a pasconstitutionnellementlespouvoirsdulégislateur.

B–L’interprétationhistoriqueouévolutive

1.Méthoded’interprétationhistoriqueouévolutive

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PréconiséeparR.Saleilles (finduXIXesiècle) : «Au-delàduCodecivil,maispar leCodecivil.»Quand la loi est ancienne, il ne faut pas rechercher l’intention du législateur : il faut

interpréter le texte de la loi en fonctiondesbesoins de la société aumoment de cetteinterprétation.Conséquence : un même texte va acquérir un sens nouveau pour répondre aux

nécessitésactuelles(ex.C.civ.,art.1384,al.1er).

2.Critiquedel’interprétationhistoriqueouévolutive•C’estlaméthodeutiliséeparlaCourdecassation(v.➜):pourdesraisonsdesécurité,

elleappliquelestextesanciens,maislesadapteauxnécessitésnouvellesentransformantleursens.•Maislacohérencedudroitestassuréeaussiparlerecoursàdesprincipesgénéraux

qui limitent la liberté de l’interprète ; exemple, indisponibilité de l’état des personnes ;respectdesdroitsdeladéfense,etc.• En outre, la multiplication des lois, à l’époque contemporaine, a fait renaître la

méthode exégétique et favorise le recours aux procédés traditionnels d’interprétationpourdécouvrirlavolontédulégislateur(notammentendroitdelafamille).

§4–L’applicationdelaloidansletempsPrincipe:laloiestd’applicationgénérale.Conséquences:• Dans l’espace, la loi est applicable sur tout le territoire français, à l’exception des

départements d’Alsace-Moselle (Bas-Rhin, Haut-Rhin et Moselle), où subsiste un droitlocal : publicité des transferts de propriété par le système du livre foncier, contratd’assurance,statutdesassociations…sontrégispardesrèglesparticulières.Enoutre,desdispositionsspécialessontparfoisprévuespourl’applicationdesloisdans

lesDOM,lesTOMetlescollectivitésterritorialesparticulières(commeMayotte).• Dans le temps, la loi est applicable depuis son entrée en vigueur, jusqu’à son

abrogation,sousréservedesconflitsdeloisdansletemps.

I–Lesconflitsdeloisdansletemps

A–NotiondeconflitdansletempsSignification :deux loisayant lemêmeobjetontétésuccessivementenvigueuretontchacunevocationàs’appliqueràunesituationdonnée:ilenrésulteunconflitentrela loiancienne et la loi nouvelle, qu’il faut résoudre en déterminant la loi qui régiraeffectivementlasituation.

B–Illustrationsdesconflitsdansletemps

1.Laloidu3janvier1972Elle a accordé aux enfants naturels les mêmes droits successoraux qu’aux enfants

Page 69: Introduction générale au droit

légitimes.Elleestentréeenvigueurle1eraoût1972.S’applique-t-elleauxenfantsnaturelsnésavantsonentréeenvigueur?

2.Laloidu5juillet1974Elleaabaissél’âgedelamajoritéde21à18ans.Elleestentréeenvigueurle8juillet1974.A-t-ellerendumajeurslesindividusâgésde18à21ansàcettedate(doncnésavantson

entréeenvigueur)?A-t-elle validé les actes (nuls pour incapacité) passés avant 1974 par des personnes

âgéesalorsde18à21ans?

3.Ledécretdu30décembre1983Ce texte, entré en vigueur le 1er avril 1984, a modifié les conditions de délivrance dupermisdeconstruire.S’applique-t-il à ceux qui étaient propriétaires avant le 1er avril 1984 et qui veulent

construireaprès?

4.L’ordonnancedu16janvier1982Entréeenvigueurle1erfévrier1982,elleafixéà39heureshebdomadairesladuréelégaledutravailsalarié.Est-elleapplicableauxcontratsdetravailconclusavantle1erfévrier1982?

C–Solutionsauxconflitsdansletemps

LC.civ.,art.2:«Laloinedisposequepourl’avenir;ellen’apointd’effetrétroactif.»

1.Interprétationclassique:lathéoriedesdroitsacquis• La doctrine du XIXe siècle interprète l’article 2 du Code civil en opposant les droits

acquis(auxquelslaloinouvellenepeutporteratteinte)etlessimplesexpectatives(quelaloinouvellepeutmodifier).•Critiques:notionsdélicatesàcerner;espritconservateurcontraireàl’applicationdes

réformes.

2.Interprétationmoderne:lathéoriedel’applicationimmédiate• Sous l’influence de P. Roubier (Les conflits de lois dans le temps, 1929), la doctrine

contemporainedistingue entredeuxprincipes : la non-rétroactivité de la loi nouvelle etsonapplicationimmédiate.•Maislaloinouvelleestparfoisassortiededispositionstransitoiresspécialesquifixent

alors son application dans le temps, sans recours aux deux principes généraux desolution.Exemple:article33,loidu26mai2004relativeaudivorce.

II–Laloin’apasd’effetrétroactifSignification:principeinduitdel’article2duCodecivil(A)quirencontredesexceptions(B).

Page 70: Introduction générale au droit

A–Leprincipedenon-rétroactivité

1.Significationduprincipedenon-rétroactivitéUneloinedoitpasêtreappliquéeàdesactesouàdesfaitsquisesontpassésavantsonentrée en vigueur, en vue de modifier ou d’effacer les effets juridiques produits sousl’empiredelaloiancienne.•Exemple:laloidu5juillet1974n’apasvalidérétroactivementlesactespassésavant

sonentréeenvigueurpardesmineursde18à21ans,etnulsauregarddelaloiancienne.•Demême:– c’est la loi en vigueurau jourde l’accident, etnonune loi postérieure,quidoit être

appliquéepourdéterminerlaresponsabilitéextra-contractuelledel’auteurdudommage;–lavocationdeshéritiersoulemontantdelaréservehéréditairesontfixésparlaloien

vigueur à la date de l’ouverture de la succession (le jour du décès), en l’absence dedispositiontransitoireexpressed’uneloipostérieure;–lesvoiesderecoursdontunjugementestsusceptiblesontrégiesparlaloienvigueur

aujourdecejugement.

2.Justificationduprincipedenon-rétroactivité•Exigencesdesécurité:–laloinedoitpasremettreenquestionlessituationsréaliséesconformémentàuneloi

ancienne;–lanon-rétroactivitédelaloipénaleestunegarantiedelalibertéindividuelle.• Impératifd’autorité : la loiperdrait touteforcesiceuxqui luiobéissentn’étaientpas

assurésqu’uneautreloinereviendrapassurleursituation.

B–Exceptionsauprincipedenon-rétroactivité

1.OriginelégaledesexceptionsSources:• Seul le Parlement a le pouvoir de voter des lois rétroactives dérogeant à l’article 2

C.civ.;saufenmatièrepénale:leprincipedenon-rétroactivitéavaleurconstitutionnelleendroitpénal.• Lepouvoirexécutifnepeutpasédicterde règlements rétroactifs, car leprincipede

non-rétroactivité est une garantie fondamentale des libertés publiques (art. 34 de laConstitution),doncentredansledomainedelaloiparlementaire.•Lejuge,soumisaulégislateur,doitappliquerl’article2duCodecivil,doncnedoitpas

donneràuneloinouvelleuneffetrétroactif.

2.Lesloisrétroactives•Pardispositionexpresse:leParlementpeutdéciderdeconférerexpressémentàune

loiuneffetrétroactif:–soitpourfairefaceàdessituationsdecrise:ex.en1940et1944;–soitpourélargirlaportéed’uneréformefavorableauprogrèssocial:ex.en1982en

matièredefiliationnaturelle(C.civ.,art.334-8anc.),ouen2005(Ord.4juill.2005,art.20,I.1o).

Page 71: Introduction générale au droit

Condition:laloidoitrépondreàdesmotifsimpérieuxd’intérêtgénéral.Fondement:principedeprééminencedudroit(Conv.EDH,art.6).•Les lois interprétatives : si une loi intervientpour fixer le sens ambiguouobscur

d’uneloiantérieure,ellerétroagitaujouroùlaloiancienneestentréeenvigueur.Condition:lanotiondeprocèséquitable(Conv.EDH,art.6)s’opposeàl’ingérencedu

pouvoir législatif dans l’administration de la justice, dans le but d’influer sur ledénouementjudiciairedeslitiges.•Les lois de validation de textes annulés : la validation est rétroactive si elle est

justifiéepard’impérieuxmotifsd’intérêtgénéral, tirésparex.de lapérennitéduservicepublicdelasantéetdelaprotectionsociale.• Les lois pénales moins sévères, qui suppriment ou adoucissent une peine,

s’appliquentauxinfractionscommisesantérieurement(C.pén.,art.112-1,al.3).Principeditderétroactivitéinmitius.

III–Laloiestd’applicationimmédiateSignification :principedégagéde l’article2duCodecivil : « la loinedisposequepourl’avenir…».

A–Leprinciped’applicationimmédiate

1.Significationduprinciped’applicationimmédiateUneloinouvelles’appliqueauxactesetfaitsquiseproduisentàcompterdesonentréeenvigueur.Exemple:laloidu5juillet1974arendumajeuresimmédiatementlespersonnesâgées

de18à21ansaujourdesonentréeenvigueur.

2.Justificationduprinciped’applicationimmédiate•Laloinouvelleestmeilleurequelaloiancienne,doncdoitêtreappliquéesansattendre

ycomprisdanslesinstancesencours.• La loi est générale, donc doit gouverner, à un instant donné, toutes les situations

juridiquesidentiques.

B–Lamiseenœuvreduprinciped’applicationimmédiate

1.Créationdessituationsjuridiquesa.Uneloinouvellenes’appliquepasauxsituationsdéjàcrééesconformémentàlaloiancienne

Motif:laloin’apasd’effetrétroactif.Exemple:lesloisquimodifientlesconditionsdeformationdumariageoudevalidité

descontratsnes’appliquentpasauxmariagesdéjàcélébrésouauxcontratsconclusavantleurentréeenvigueur.Ensomme,uneloinouvellenepeutfrapperdenullitélesactesjuridiquesvalablement

passésavantsonentréeenvigueur.

b.Laloinouvelles’appliqueauxsituationsjuridiquesquinesontpas

Page 72: Introduction générale au droit

encorecrééesMotif:laloiestd’applicationimmédiate.Exemple:elles’appliqueauxmariagesnonencorecélébrésouauxcontratsnonencore

conclus.

2.Effetsdessituationsjuridiquesa.Laloinouvelles’appliqueauxsituationsjuridiquesnonencorecréées

Motif:laloiestd’applicationimmédiate.Exemples : les lois relatives aux effets dumariageoude la filiation, aux effets de la

propriétéoudelaresponsabilitédélictuelle,s’appliquent–auxmariagesnonencorecélébrés;–auxenfantsnésaprèsleurentréeenvigueur;–auxpersonnesquideviennentpropriétaires;ou–auxconséquencesdesaccidentspostérieursàleurentréeenvigueur.D’où : les lois et décrets nouveaux relatifs à la procédure sont immédiatement

applicables aux instances en cours, puisque la situation procédurale n’est pas achevée.Cependant,ilsnepeuventpriverd’effetlesactesquiontétérégulièrementaccomplissousl’empiredelaloiancienne(principedenon-rétroactivité).

b.Laloinouvelles’appliqueauxeffetsfutursC’est-à-direpostérieursàsonentréeenvigueur,dessituationscrééesavantsonentréeenvigueurmaisnonàleurseffetspassés(antérieursàsonentréeenvigueur).Motifs:laloiestd’applicationimmédiate,pourleseffetsfuturs;ellen’estpasrétroactive,pourleseffetspassés.Exemples:– la loi du 3 janvier 1972 confère aux enfants naturels des droits égaux à ceux des

enfants légitimes dans les successions ouvertes après son entrée en vigueur (sansmodifierleursdroitsdanslessuccessionsdéjàouvertesle1eraoût1972);– le décret du 30 décembre 1983 s’applique aux demandes de permis de construire

formuléesaprèssonentréeenvigueur,mêmepourceuxquiétaientpropriétairesavant,maisnes’appliquepasauxdemandesfaitesavantle1eravril1984;–demême,encasdemodificationlégaled’undélaideprescription, la loinouvellen’a

pasd’effetsurlaprescriptiondéfinitivementacquise(principedenon-rétroactivité),maiselles’appliqueimmédiatementauxdélaisdeprescriptionquisontencours.La loi du 17 juin 2008 portant réforme de la prescription en matière civile consacre

formellementcettesolution(C.civ.,art.2222nouv.).

c.Laloinouvellenes’appliquepasauxeffetsfutursdessituationscontractuellesétabliesavantsonentréeenvigueur

Solution:surviedelaloiancienne.Motifs:–diversitédessituationscontractuelles;–priseencomptedesprévisionsdesparties.Exemple:lesdispositionsnouvellesrelativesaucontratdebailnesontpasapplicables

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auxcontratsencoursetlelocataire,titulaired’unbailantérieuràlaloinouvelle,nepeutprétendrebénéficierdecesdispositions,mêmepostérieurementàl’entréeenvigueurdelaloi.Exception : application immédiate de la loi nouvelle aux effets futurs des contrats

antérieurs:–lorsquedesdispositionsformellesdelaloinouvelleleprévoient;ou–silaloinouvelleconsacreuneffetlégalindépendantdelavolontédesparties:octroi

d’uneactiondirecte,d’unegarantiedepaiement;–quandsontenjeulesintérêtsessentielsdelasociétéenmatièresociale:réformedu

contratdetravail,pouraméliorerlaconditionoulaprotectiondessalariés;ou– en matière monétaire : réglementation des clauses d’indexation ; introduction de

l’euro.D’où:–l’ordonnancedu16janvier1982s’estappliquéeauxcontratsdetravailconclusavant

sonentréeenvigueur;– de même, la loi du 13 juin 1998 fixant à 35 heures par semaine à compter du

1erjanvier2000laduréelégaledutravaileffectifdessalariéss’estappliquéeauxcontratsdetravailconclusavantle1erjanvier2000.

Section3–LacoutumeLa coutume est une règle de droit née d’un usage prolongé et peu à peu considéréecommeobligatoire.Parce que tout usagen’est pas une coutume, il faut préciser la notion (§ 1) avant de

déterminersonrôle(§2).

§1–LanotiondecoutumeLacoutumesecomposededeuxélémentscaractéristiques,matériel(I)etpsychologique(II).

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I–ÉlémentmatérielDéfinition:lecomportementhabitueldelaviesociale,lapratiqueconstantequicréelacoutumeestl’usage.Caractères:beaucoupderèglesdeconduitesociale(usagesmondains,depolitesse…),

mêmecourammentsuivies,nesontpasdescoutumes.L’usagedevientcoutumes’ilest:•Général,c’est-à-direlargementrépandu:–dansunmilieuprofessionnel:ex.banques,publicité;ou–local:ex.usagesduportdeRouen.•Constant,c’est-à-direrégulièrementsuivi,aveclaforcedel’habitude.•Ancien,c’est-à-direayantuneduréecertaine,ancréedans le temps :«unefoisn’est

pascoutume».

II–ÉlémentpsychologiqueDéfinition : l’usage doit être perçu comme un comportement obligatoire par l’opinioncommune ; cette convictiond’agirenvertud’une règledistingue la coutumedesautresusages.Exemple:ilestd’usagequelafemmeportelenomdumari.C’estunfaitsocialnonune

règlededroit:cetusagen’estpasressenticommeobligatoire.

§2–LerôledelacoutumeIlestsecondaire,carlasourceprincipaledudroitc’estlaloi(ledroitécrit).C’estdoncparrapportàlaloiquesedéfinitlerôleactueldelacoutume.

I–Lacoutumeselonlaloi(«secundumlegem»)La loi elle-même renvoie à la coutume : c’est alors par une délégation expresse dulégislateurquel’usageacquiertforceobligatoire.Domaine:•UsageslocauxrelatifsàlapropriétéfoncièreNotamment:pourl’utilisationdeseaux,desclôtures,lesdistancesàobserverpourles

plantations(C.civ.,art.645,663,671et674).•UsagesconventionnelsAinsi : pour compléter les contrats, il faut se référer aux pratiques habituellement

suiviesdanstelleprofessionoutellerégion,parexemple,pourlesfraisdelavente(C.civ.,art.1135,1159et1160).

II–Lacoutumedanslesilencedelaloi(«praeterlegem»)Lacoutumecombleunelacunedelaloi,c’est-à-direqu’ellerègleunesituationquelaloin’apasprévue.Domaine:•Droitcivil:peudecoutumesautonomes.Principauxexemples:

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–l’enfantlégitimeportelenomdesonpère.Mais la loidu4mars2002, relativeaunomde famille (entréeenvigueur initialement

fixéeau1ersept.2003,puisreportéeau1erjanvier2005parlaloidu18juin2003),permetlatransmissiondunomdelamère,danscertainscas(C.civ.,art.311-21);–lapreuvedelaqualitéd’héritiers’établitparunactedenotoriété.Laloidu3déc.2001,relativeauxdroitsduconjointsurvivantetdesenfantsadultérins

(entréeenvigueurle1erjuill.2002),consacrecettecoutume(C.civ.,art.730ets.);–certainsprincipessupérieursdejustice: lafraudecorrompttout; l’erreurcommune

créeledroit;nulnepeutseprévaloirdesapropreturpitude…•DroitcommercialQuelquesexemples:–lasolidaritéseprésumeentrecodébiteurscontractuels;–lesintérêtstrimestrielsd’uncompte-courantsontcapitalisés.

III–Lacoutumecontraireàlaloi(«contralegem»)Principe:absenced’autoritéd’unusagecontraireàlaloi.Motif : la Constitution (norme supérieure) a conféré aux seuls pouvoirs législatif et

exécutiflamissiond’édicterdesrèglesdedroit.Limite : la pratique du don manuel (donation réalisée par le transfert d’une chose

mobilièredelamainàlamain)estvalidéeparlestribunaux,alorsquel’article931duCodecivilimposeunactenotariépourlavaliditéd’unedonation.Lavaliditédudonmanueln’est-ellepasunerèglejurisprudentielle?

Section4–LajurisprudenceDéfinition:ensembledesdécisionsrenduesparlestribunaux.Dansunsensplusétroit, c’est l’ensembledesdécisions rendues surunequestionde

droit;ex.lajurisprudencesurlaresponsabilitéduvendeurprofessionnel.Portée : la jurisprudence est actuellement une source du droit d’importance

considérable(§2).Maislacompréhensionduphénomènejurisprudentielsupposeconnuel’organisationjudiciaire(§1).

§1–L’organisationjudiciaireIl existe de très nombreuses juridictions en France ; mais seules font partie del’organisation judiciaire les organes étatiques : les juridictions de nature privée quiassurent l’arbitrage des litiges commerciaux, à la demande des parties, ne sont pasorganiséesparl’État.

I–LaclassificationdesjuridictionsPour faire trancher un litige par une juridiction, il faut savoir quelle est celle qui peutconnaîtredulitige,c’est-à-direlajuridictioncompétente.Distinction:deuxsortesdecompétence:

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– la compétenced’attributiondétermine, suivant lanaturede l’affaire, la catégoriedetribunauxaptesàjuger;–lacompétenceterritorialedétermine,parmilestribunauxdetellecatégorie,celuiqui

doitêtresaisiàcausedesalocalisationgéographique;c’estenprincipeletribunaldansleressortduquelsetrouveledomiciledudéfendeur.Laclassificationdesjuridictionss’opèreenfonctiondelacompétenced’attribution.

A–LesjuridictionsadministrativesDomaine : elles connaissent des litiges, relevant du droit public (v.➜), opposant lesparticuliers,d’unepart,l’Étatetlespersonnespubliques,d’autrepart.

1.Lestribunauxadministratifs•Ilssontjugesdedroitcommun–c’est-à-diresont,enprincipe,compétents,saufquand

un texte spécial attribue le litige à une autre juridiction – ; connaissent des actes etcontratsadministratifsfaitsparuneautoritépubliquesituéedansleurressortterritorialetlesdommagescausésparl’activitédesservicespublics.• Ils jugent en premier ressort, c’est-à-dire que leurs jugements sont susceptibles

d’appel.•Leurprésidentestjugedesréférés.

2.Lescoursadministrativesd’appel• Créées par une loi du 31décembre 1987, elles sont instituées depuis le 1er janvier

1989.•Ellessontcompétentespourstatuersur lesappelsforméscontreles jugementsdes

tribunaux administratifs, à l’exception des recours en appréciation de légalité et desrecourspourexcèsdepouvoirforméscontrelesactesréglementaires.•LeursarrêtspeuventêtredéférésauConseild’Étatparlavoiedurecoursencassation.•Leurprésidentestjugedesréférés.

3.LeConseild’État• Organisme qui a une double fonction : elle est exercée par les Sections

administratives,d’uncôté,parlaSectionducontentieux,del’autre.– Fonction de conseil : il donne des avis au gouvernement sur les projets de lois,

d’ordonnancesetdedécretsousurtouteautrequestiondedroit;– Fonction de contentieux : il exerce une fonction juridictionnelle. C’est la juridiction

suprêmedel’ordreadministratif.•Entantquejuridiction,sacompétenceesttriple:–ilestjugeenpremieretdernierressortdesrecourspourexcèsdepouvoir(demandes

d’annulation)contrelesdécretsetarrêtésministériels;– il est juge,enappel,des jugementsdes tribunauxadministratifsquiéchappentà la

compétence des cours administratives d’appel, notamment ceux qui portent sur lacontestationd’électionsmunicipalesetcantonales;–ilestjuge,encassation,desarrêtsdescoursadministrativesd’appeletdesdécisions

rendues par les juridictions administratives spécialisées (comme la Cour des comptes,compétentepourjugerlescomptesdescomptablespublics).

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4.LeTribunaldesconflitsRôle:protégerl’administrationcontrelesempiétementsdupouvoirjudiciaire.Composition :elle estparitaire, avecdesmagistrats administratifs etdesmagistrats

judiciairesàégalité;présidencedugardedesSceaux,ministredelaJustice.Compétence : résoudre les conflits de compétence entre les juridictions

administrativesetlesjuridictionsjudiciaires.En2015,l’institutionaétéréformée(extensiondespossibilitésderenvoiautribunaldes

conflits par les juridictions judiciaires et administratives et possibilité de questionspréjudiciellesentrelesjuridictionsdesdeuxordres).

B–LesjuridictionsjudiciairesDomaine :elles connaissent des litiges, relevant du droit privé (v.➜), concernant desparticuliers, personnes privées, et parfois l’État ou les personnes publiques quand ilsagissent comme des particuliers (ex. activité commerciale des personnes publiques ;accidents d’automobile causés par des véhicules de l’Administration) : les juridictionsciviles(1).Cesmêmes juridictions ont aussi pour fonction d’appliquer les règles du droit pénal

(v.➜)àceuxquiontcommisdesinfractions:lesjuridictionsrépressives(2).

1.LesjuridictionscivilesAupremierdegré(v.infra,tableau),ontrouve:

a.Lestribunauxdegrandeinstance•Juridictionscivilesdedroitcommun,c’est-à-direayantcompétencepourconnaîtrede

tous litiges pour lesquels un texte exprès n’a pas attribué compétence à une autrejuridiction,dited’exception.Ils rendent des jugements susceptibles d’appel (v.➜), lorsque la demande dépasse

4000€ouestd’unevaleurindéterminée(ex.enmatièred’étatdespersonnes).•Leprésidentexerceunecompétencepropre,notammententantquejugedesréférés

(encasd’urgence).•Compétenceexclusivepourcertainslitiges:divorces,actionsimmobilières,fixationde

l’obligationalimentaire etde la contributionaux chargesdumariage, filiation, adoption,exercicedel’autoritéparentale,nationalité…•Fonctionspécialiséedecertainsjugesdutribunaldegrandeinstance:–jugeauxaffairesfamiliales(divorce,pensionsalimentaires,autoritéparentale…);–jugedesenfants(intervientaucivil,quandlemineurestendanger,etaupénal,quand

lemineurestdélinquant);– juge de l’exécution (connaît des litiges relatifs aux problèmes d’exécution des

jugements).Un juge dit « de proximité » pourra intervenir en appui pour certaines missions

particulières(COJ,art.L.212-3-1dontl’entréeenvigueuraétéreportéeau1erjanv.2017).

b.Lestribunauxd’instance•Juridictionsstatuantàjugeunique,quiconnaissentdespetitslitigescivils.

Page 78: Introduction générale au droit

•C’estunejuridictiond’exceptiondontlacompétenceestdouble:–Compétencegénéralepourlesactionsdenaturecivile,quinesontpasattribuéesau

tribunaldegrandeinstance,commeledivorce,quandlavaleurdelademandenedépassepas10000€.Il statue sansappelpossible, « enpremieretdernier ressort », quand la valeurde la

demande ne dépasse pas 4 000 €. Au-delà, il statue à charge d’appel, « en premierressort».–Compétencespéciale,prévueparuntexteexprès,danscertainesmatières,commeles

loyers (en dernier ressort jusqu’à 4 000 € ; à charge d’appel au-delà, sans limitation devaleur)oulesactionsrelativesauxcréditsàlaconsommation(endernierressortjusqu’à4 000 € et à charge d’appel, lorsque la demande excède cette somme ou estindéterminée).•Pourceslitiges,leprésidentestjugedesréférés.•Lejuged’instanceestaussijugedestutelles,quistatuesurlesrégimesdeprotection

desmineursetdesmajeursincapables:tutelle,curatelleetsauvegardedejustice.

c.Lestribunauxdecommerce• Juridictionsd’exceptioncomposéesde jugesqui sontdes commerçantséluspar les

commerçants.Compétence en matière de droit commercial : litiges entre commerçants ; entre

associés de sociétés commerciales ; actions en redressement et liquidation judiciaires(«faillites»).• Les jugements sont rendus en dernier ressort quand la demande ne dépasse pas

4000€.•Leprésidentalacompétencedejugedesréférés.

d.Lesconseilsdeprud’hommes•Juridictionsd’exceptioncomposéesdeconseillers(«prud’hommes»)éluspourmoitié

par les employeurs, pour moitié par les salariés ; en cas de partage des voix, le juged’instance(appeléalors«jugedépartiteur»)intervientpourdépartager:«départition».• Compétence pour concilier et, à défaut, juger les différends relatifs au contrat de

travail, entre employeur et salarié (avec possibilité de référé) : litiges sur les salaires,licenciement…Letauxdecompétenceendernierressortestde4000€(depuisle1eroctobre2005).

e.Lestribunauxparitairesdesbauxruraux• Juridictions d’exception composées du juge d’instance (qui préside) assisté de deux

bailleursetdeuxpreneurs(élusparleurscatégories).•Compétentspourtrancherleslitigesnésàl’occasiond’unbailruralendernierressort

jusqu’à4000€,àcharged’appelau-delà.

f.Lestribunauxdesaffairesdesécuritésociale• Juridictionsd’exceptionprésidéesparunjugedutribunaldegrandeinstance,assisté

d’unreprésentantdesemployeursetd’unreprésentantdessalariés.• Compétents pour trancher les litiges en matière de sécurité sociale : cotisations,

Page 79: Introduction générale au droit

accidents du travail, maladies professionnelles… En dernier ressort jusqu’à 4 000 €, àcharged’appelau-delà.

2.LesjuridictionsrépressivesDistinction:• Les juridictions d’instruction : dans une première phase du procès pénal, il y a

interventionéventuelledu juged’instruction (chargéde la recherchedespreuves),etenappeldelachambredel’instruction.• Les juridictions de jugement : il existe des juridictions pénales pour mineurs ;

ex. jugedesenfants,et tribunalpourenfants (délits commispardesmineurset crimescommispardesmineursde16ans),courd’assisesdesmineurs(crimescommispardesmineursdeplusde16ans).Endroitcommun,lesjuridictionsdejugementdupremierdegrésont:

a.Lescoursd’assises•Juridictionsnonpermanentes:ellestiennentdessessionsou«assises»;compétentes

pourjugerlescrimes : infractionssanctionnéesd’unepeineaumoinségaleà10ansderéclusion. Ex. :meurtre, assassinat, viol, vol avec violences ou avec arme ou en bandeorganisée…•Ellessiègentauchef-lieudechaquedépartement.•Présidéesparunmagistratdelacourd’appel,composéesdedeuxautresmagistrats

professionnelsainsiquedeneufjurés,citoyenstirésausort.

b.Lestribunauxcorrectionnels• Formation du tribunal de grande instance, compétente pour juger les délits :

infractionssanctionnéesd’unepeined’emprisonnementde10ansauplusoud’amende(C. pén., art. 131-3). Ex. : vol, escroquerie, abus de confiance, violences volontaires,homicideinvolontaire,infractionslesplusgravesauCodedelaroute…•Fonctionspécialiséedecertainsjuges:– juge de l’application despeines (surveillance de l’exécution des peines,mesures de

libération…);–jugedéléguéauxvictimes(guiderlavictimedanssesrecours,veilleràl’indemnisation

parlecondamné…).

c.Lestribunauxdepolice• Formation du tribunal d’instance, compétente pour juger les contraventions de

5eclasse : violences légères,blessures involontaires,destructiondubiend’autrui, venteforcée par correspondance, abandon de véhicule ou d’ordures, destruction d’un animaldomestique…•Infractionssanctionnéesd’uneamended’unmaximumde1500€etjusqu’à3000€en

casderécidive(C.pén.,art.131-13).

II–LapyramidejudiciaireLes juridictions administratives (v.➜) comme les juridictions judiciaires sont articuléesentreellesparlebiaisdedeuxvoiesderecours:l’appel(A)etlepourvoiencassation(B).

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A–L’appel

1.Notiond’appelDéfinition : voie de recours ordinaire (c’est-à-dire ouverte au plaideur mécontent dujugement pour tous motifs) qui défère le jugement rendu en premier ressort à unejuridictionsupérieure(lacourd’appel)quijugeànouveauenfaitetendroitetconfirmeouinfirme(enleréformant)lejugement.

2.Justificationdel’appelPrincipedudoubledegrédejuridiction:c’estunegarantiepour le justiciabledepouvoirsoumettre le litige à des juges plus expérimentés que ceux du premier degré, endiminuantlesrisquesd’erreurs.

3.Casd’ouvertureL’appelestadmiscontretoutjugementrenduenpremierressort,sauf:–danslesaffairesdefaibleimportance,quandlademanden’excèdepas4000€devant

leconseildeprud’hommesou le tribunald’instance, le jugedeproximité, le tribunaldegrandeinstance,letribunalparitairedesbauxruraux,letribunaldesaffairesdesécuritésocialeetletribunaldecommerce;– parce que la cour d’assises est une juridiction populaire (le jury incarne le peuple

souverain),sesverdictsétaientrendustraditionnellementenpremieretdernierressort.Maislaloidu15juin2000aprévuquelesarrêtsdecondamnationrendusparunecour

d’assisespeuventfairel’objetd’unappel,portédevantuneautrecourd’assisesdésignéeparlachambrecriminelledelaCourdecassation.Cettenouvelle«courd’assisesd’appel»estcomposéedetroisjugesprofessionnelsetdedouzejurés.

Page 81: Introduction générale au droit

4.Procédurea.Délai

Délaipourinterjeterappel:–1moisenmatièrecivile;–10joursenmatièrepénale.

b.CompétenceCompétencede la courd’appeldans le ressortde laquelle se trouve la juridictionqui arendulejugementattaqué;– la cour d’appel est donc la juridiction judiciaire du second degré qui examine une

affairedéjàjugéeenpremierressortparuntribunal;–cettecourestcomposéed’aumoinstroischambres(civile,socialeetcorrectionnelle),

enplusdelachambredel’instruction,formationd’instructionduseconddegré.L’appeld’unarrêtdecourd’assisesestportédevantuneautrecourd’assises.

5.Effetsa.Dévolutif

Signification: l’ensembledel’affaireestsoumisà laconnaissancedelacourd’appel(lajuridictiondupremierdegréestdessaisie),tenuedestatuerenfaitetendroit.D’où,commelejugedupremierdegré,elleestjugedufond.

b.Suspensif

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Signification:ensaisissantlacourd’appel, leplaideursuspendl’exécutiondujugementrenduenpremierressort(saufs’ilordonnel’exécutionprovisoire), jusqu’àcequelacouraitrendusonarrêt.L’exécutionestsuspenduependantledélaid’appel.

B–Lepourvoiencassation

1.Notiondepourvoiencassation•Voiede recoursextraordinaire, c’est-à-direouverte seulementdans les cas spécifiés

par la loi, qui défère à la Cour de cassation les décisions rendues par les juridictionsjudiciairesendernierressort,envuedefairevérifierleurconformitéàlaloi.•Lepourvoinepeutdoncêtrefondéquesurunmoyendecassationcorrespondantà

l’un des cas d’ouverture à cassation visés par les textes (C. pr. civ., art. 604 et 978), etdégagésparlajurisprudence:–violationdelaloi;–manquedebaselégale;–insuffisanceoucontradictiondemotifs;–défautderéponseàconclusions;–dénaturation;–incompétence,excèsdepouvoir,etc.

2.JustificationLaCourde cassation, juridiction suprêmede l’ordre judiciaire, apourmissiond’assurerl’unitédansl’interprétationdelarèglededroit.Conséquence:laCourdecassationn’estpasuntroisièmedegrédejuridiction,ellejuge

ladécision(nonl’affaireelle-même),exclusivementauregarddudroit.Donc elle ne connaît pas du fait. Autrement dit, sa mission n’est pas de rejuger les

affaires,maisdevérifierquelesdécisionsdejusticequiluisontsoumisesontétérenduesenconformitéaveclesrèglesdedroit.

3.OrganisationdelaCourdecassation• Six chambres : cinq chambres civiles, dont une commerciale et une sociale, et une

chambrecriminelle:–saisiesparunpourvoi,exclusivementfondésurdesmoyensdedroit;–ellessiègentenformationnormaleourestreinte.•Unechambremixtepeutêtreforméequandladécisionattaquéeposeunequestion

relevantdesattributionsdeplusieurschambres.• L’assemblée plénière est réunie lorsque la décision attaquée pose une question de

principe,oulorsquelamêmeaffaireadéjàétéjugéeparunechambre.

Page 83: Introduction générale au droit

4.MécanismesdupourvoiencassationDomaine :unpourvoipeutêtre formécontre toutedécision rendueendernier ressort(arrêtdecourd’appel,arrêtdecourd’assisesd’appel, jugementendernier ressort),parunejuridictionjudiciaire.Effets:lepourvoiencassationnesuspendpasl’exécutiondeladécisionattaquée(pas

d’effetsuspensif)etnesoumetpasàlaCourdecassationl’ensembledulitige(pasd’effetdévolutif).Caractéristiques:•Formédansundélaidedeuxmoisenmatièrecivileetcinqjoursenmatièrepénale,le

pourvoi, fondésurunouplusieursmoyensdecassation,soumet ladécisioncritiquéeàl’unedeschambresdelaCourdecassation.•Ellerendunarrêt:–derejet,siladécisionattaquéeestconformeaudroit,etc’estlafinduprocès;ou–decassation,siladécisionattaquéeviolelaloi,oumanquedebaselégale,oun’estpas

motivée…etellerenvoiealorsdevantunejuridictiondemêmenatureetdemêmedegréquecelledontladécisionaétécassée(c’est-à-direannulée).•Lajuridictionderenvoiestlibredesonappréciation,maissisadécisionestanalogueà

Page 84: Introduction générale au droit

cellequiaétécassée,unsecondpourvoipeutêtreformé,quiserasoumisàl’assembléeplénières’ilestfondésurlemêmemoyendecassationquelepremierpourvoi.•L’assembléeplénièrepeutrendreunarrêt:–derejet(leprocèsestterminé);–oudecassation ;ellerenvoiealorsdevantunetroisième juridictiondufond(c’est-à-

dire«dufait»)quidevraseconformeràladécisiondel’assembléeplénièresurlespointsdedroitquecelle-ciatranchés.QuandlaCourdecassationouleConseild’Étatadéfinitivementstatuésuruneaffaire,

unerequêtepeutêtreprésentée,dansledélaidesixmois,devantlaCourEDHpourfairejuger qu’a été éventuellement commise une violation de l’un des droits fondamentauxgarantispar laConventionEDH.LaCourEDHpeutalorsprononcerune«compensationéquitable».

III–Lepersonneljudiciaire

A–Lesmagistrats

1.Magistratsdusiège

Page 85: Introduction générale au droit

Caractéristique:ilsontpourfonctiondejuger.Recrutement:– par voie de concours, puis nommés par décret du président de la République

(magistratsprofessionnels);– ou élus par leurs pairs : juges des tribunaux de commerce, conseillers

prud’hommes…;–outirésausort:jurésoucitoyensassesseurs.Statut:– indépendants du gouvernement comme des justiciables, les juges du siège ne

reçoiventd’ordredepersonne;– inamovibles, ils ne peuvent être déplacés sans leur consentement et ne sont

susceptibles de mesures disciplinaires que sur décision du Conseil supérieur de lamagistrature.Fonctions:–juger(art.4C.civ.);–garderlesecretdesdélibérations;–interdictiondudroitdegrève.

2.Ministèrepublic(ouparquet)Caractéristique:ilreprésentelasociété.Recrutement:commelesmagistratsdusiège(professionnels).Statut:– les magistrats duministère public sont les agents du pouvoir exécutif auprès des

tribunaux;– conséquences : sont organisés hiérarchiquement sous l’autorité du ministre de la

Justice,quipeutdonnerdesordresauxprocureursgénérauxdescoursd’appel, lesquelsontautoritésurlesmagistratsdeleurparquetetsurlesprocureursdelaRépublique,quionteux-mêmesautoritésurleurparquet;–ilsnesontdoncniindépendants,niinamovibles.Fonctions:essentiellesenmatièrepénale,d’appuienmatièrecivile.•Aupénal–leministèrepublicreçoitlesplaintesetdénonciations;–ildirigelapolicejudiciaire;– il assure la poursuite des délinquants devant les juridictions répressives (action

publique);– il requiert la condamnation des délinquants par les juges du siège au nom de la

société.•Aucivil– il intervient, pourprésenter sesobservations, dans les affairesoù l’ordrepublic est

intéressé(filiation,adoption,tutelle,redressementetliquidationjudiciaires),–ilexercelecontrôledel’étatciviletdesofficiersministériels…

Page 86: Introduction générale au droit

B–Lesauxiliairesdejustice

1.LesgreffiersStatut:fonctionnaires,membresdelajuridictionàlaquelleilssontaffectés.Rôle:ilsassistentmatériellementlesmagistratsdusiège•Àl’audience:prennentdesnotes.•Horsdel’audience:–ilsdressentetauthentifientlesactesdeprocédure;–ilsconserventlesminutesdesjugements;endélivrentcopieauxintéressés;– ils reçoivent certaines déclarations (autorité parentale conjointe, renonciations à

succession)oucertainsactes(copiesd’assignation);–ilspréviennentlespartiesdesdatesd’audience.

2.LesavocatsStatut:auxiliairesdejusticequiexercentuneprofessionlibérale;–individuellementouensociétécivileprofessionnelle;ilspeuventaussiêtresalariés;–organisésenbarreaux:corporationsappeléesordredesavocats,administréesparun

Conseil de l’ordre présidé par un bâtonnier, et installées auprès de chaque tribunal degrandeinstance.Rôle:•Consultation : donnent des avis et des conseils, verbalement ou par écrit, sur les

questionsdedroitquileursontposées.

Page 87: Introduction générale au droit

• Postulation : formulent la demande soumise au tribunal, effectuent les actes deprocédure et concluent en déposant des conclusions, le tout au nomdes parties qu’ilsreprésentent;leurinterventionestobligatoiredevantletribunaldegrandeinstance.•Plaidoirie:exposentoralement lesprétentionsdespartiesénoncéesdans lesactes

deplaidoirie;possibledevanttoutejuridiction.

3.LeshuissiersdejusticeStatut:officiersministériels,nommésparlegouvernement;– titulaires de leur charge – « office » – avec droit patrimonial de présentation du

successeuràl’agrémentdugouvernement;–ilsprêtentleurministèreauxparticulierspourl’accomplissementdecertainsactes;–organisésenchambredépartementale.Rôle:•Signifientlesactesdeprocédure(assignationenjustice,jugement)etlesactesextra-

judiciaires(commandementdepayer).•Procèdentàl’exécutiondesjugements,notammentparlessaisiesetlesexpulsions.•Réalisentdesconstatsàlarequêtedesparties.

4.LesavocatsàlaCourdecassationetauConseild’ÉtatStatut:officiersministériels(v.supra)organisésenordre.Rôle : ils jouent le double rôle d’avoué (postulation) et d’avocat (consultation et

plaidoirie).

§2–Lajurisprudence,sourcededroitThéoriquement,lacréationdelarèglededroitparlesjugesestcontraireauprincipedelaséparationdespouvoirs(I).Pratiquement,l’interprétationdelaloiparlestribunauxestnécessairementcréatrice(II).

I–LesobstaclesthéoriquesDuprincipedelaséparationdespouvoirsjudiciaireetlégislatif,ilrésulte:

A–LaprohibitiondesarrêtsderèglementLC.civ.,art.5:«Ilestdéfenduauxjugesdeprononcerparvoiededispositiongénéraleetréglementairesurlescausesquileursontsoumises.»Contenu:enrèglegénérale,lejugen’apasledroitd’annoncerque,désormais,danstel

typedelitige,ilrendratoujourstelledécision;ilnepeutélaborerunerèglededroit.Fondement:s’expliqueparl’Histoire.C’estuneréactionduCodecivilcontrelapratique

desarrêtsderèglement,rendusparlesParlementssousl’AncienRégime,etdécidantquedésormais telle question serait tranchée dans tel sens (agissaient, en fait, comme unlégislateur).

B–L’autoritérelativedelachosejugée

LC.civ.,art.1351:«L’autoritédelachosejugéen’alieuqu’àl’égarddecequiafaitl’objet

Page 88: Introduction générale au droit

dujugement.»

1.Lanotiond’autoritédechosejugéeContenu:quandunlitigeesttranchédéfinitivement,parcequelesvoiesderecourssontépuiséesouquelesdélaisderecourssontexpirés,lasolutiondevientimmuable.D’où:lachosejugéeesttenuepourvérité.Fondement:–nécessitédemettreuntermeauxlitiges;–éviterlescontrariétésdejugement.Portée:ilestinterditderecommencerunprocèsexactementidentiqueauprécédent,

c’est-à-direopposantlesmêmesparties,surlemêmeobjetetpourlamêmecause(C.civ.,art.1351).Règledela«tripleidentité».

2.LarelativitédelachosejugéeContenu : la solution donnée par un jugement ne vaut que pour l’espèce jugée, et nes’impose–niaumêmejugedansuneespècesemblable,–niauxautresjuges,–niauxautresjusticiables.Portée:–deuxjugespeuventinterpréterdifféremmentunemêmerèglededroit;–unmêmetribunalpeutsedéjuger;–lesjugesnesontpasliésparlesdécisionsantérieuresrenduespareux-mêmesoupar

d’autresjuridictions,mêmesupérieures.Question:iln’existequedesdécisionsindividuelles;commentlajurisprudencepeut-

elleêtre,alors,sourcedudroitobjectif?

II–Lesexplicationspratiques

A–L’interprétationdelaloiestcréatrice

1.Significationdel’interprétationcréatriceLejugedoitappliquerlaloi,règlegénérale,àuncasparticulier:cetteapplicationsupposeuneadaptationouuneinterprétationdelaloi,quiajouteàcelle-ci.

2.Manifestationsdel’interprétationcréatriceL’interprétationestcréatricesilejugedoit,pourl’appliquer:•Préciserlaloi:–quandellenedéfinitpasunterme;exemple,«substance»(C.civ.,art.1110);–quandelleutiliseunenotionvague;exemples,«ordrepublic»(C.civ.,art.6);«force

majeure»(C.civ.,art.1148);«faute»(C.civ.,art1382);–quandsonsensn’estpasévident(exemples,C.civ.,art.2;art.2276).•Compléterlaloi:–quandelleoubliederégircertainsrapportsdedroit;exemple,ledroitdesrelationsde

voisinage;

Page 89: Introduction générale au droit

–quandellen’exprimepas formellementunprincipe ; exemple,nulnedoit s’enrichirinjustementauxdépensd’autrui.•Adapterlaloiàl’évolutiondesfaits:– quand les textes existants ne répondent plus aux besoins sociaux ; exemple,

découverte d’une responsabilité sans faute, du fait des choses qu’on a sous sa garde,fondéesurl’article1384,al.1erC.civ.etdérogeantàl’art.1382C.civ.;– quand l’intervention croissante de l’État justifie un régime spécial ; exemple,

responsabilitédelapuissancepubliquedétachéeduCodecivil.

B–Lejugeal’obligationdejuger

LC.civ.,art.4:«Lejugequirefuseradejuger,sousprétextedusilence,del’obscuritéoudel’insuffisancedelaloi,pourraêtrepoursuivicommecoupablededénidejustice.»

1.Fondementdel’obligationdejugerLorsquela loiestmuette,obscureouincomplète, le jugenedoitpasrefuserdestatuer,pouréviterquel’individudontledroitestléséneveuillesefairejusticelui-même:lejugedoitrendreunedécisionpourtrancherlelitige.

2.Conséquencesdel’obligationdejuger•Lejugeestautoriséparlelégislateur(C.civ.,art.4)àcréerunerègleparticulièrepour

résoudrelelitigequiluiestsoumis,enprécisant,complétantouadaptantlaloi.• Pour que cette création ne soit pas arbitraire, le juge devra fournir une solution

rationnelle.•Ils’appuieranotammentsurlesprécédentsjudiciaires,etenparticuliersurlesarrêts

duConseild’État,pourledroitpublic,etdelaCourdecassation,pourledroitprivé.

C–Lahiérarchiedesjuridictions

1.L’influencedesprécédentsjudiciaires•Poursavoircommentpréciser,compléterouadapterlaloi,lejugeserainfluencéparle

raisonnementsuividansuneaffaireidentiqueparunautrejuge.•Poursatisfaireunbesoindesécurité, les jugesaurontensuite tendanceàrépéter la

solution.

2.LepoidsdelapyramidejudiciaireParl’existencedesvoiesderecours(v.➜).•Dansleressortd’unemêmecourd’appel,lesjugesdupremierdegréonttendanceà

conformerleursdécisionsauxarrêtsrendusparlacourd’appel.•Lesdiversescoursd’appelserontincitéesàsuivrelessolutionsadoptéesparlaCour

decassation.

3.LerôledelaCourdecassation•LaCourdecassationareçupourmissiond’unifierl’interprétationdelaloi:c’estune

nécessité dans un pays où le droit est unifié, pour éviter les diversités provinciales oulocales.

Page 90: Introduction générale au droit

• Avant de statuer sur une demande soulevant une question de droit nouvelle,présentantunedifficultésérieuseetseposantdansdenombreuxlitiges, les juridictionsjudiciairespeuventsolliciterl’avisdelaCourdecassation,quiseprononcedansledélaide3mois(Loi15mai1991).• Ainsi s’établit une unité d’interprétation créatrice : les précisions, compléments et

adaptations de la loi seront fixés uniformément après l’intervention de la Cour decassation,jugedudroit.De véritables règles de droit seront donc élaborées, et s’imposeront ensuite aux

justiciables,dont l’activitéseraguidéepar l’interprétation jurisprudentiellede la loi :quedécideralejuges’ilestsaisi?Mais les juges étant indépendants, ils ne sont pas obligés de suivre l’interprétation

donnéeparlaCourdecassation:d’oùl’existencederevirementsdejurisprudence,sourced’incertitude.

4.RôleidentiqueduConseild’ÉtatendroitpublicUnarrêtdecassationentraînelerenvoidevantunautrejugedufond.Exceptions : leConseild’État règle lui-même l’affaire si labonneadministrationde la

justicel’exige;ousil’affairerevientpourla2efois.

Section5–LadoctrineDéfinition : ensemble des opinions sur le droit que les auteurs publient dans leursouvrages.

§1–Lanotiondedoctrine

I–LesauteursParmilesjuristesquipublientleuropinion,onpeutdistinguer:•Lesthéoriciens,commelesprofesseursdedroit.•Lespraticiens,essentiellementmagistrats,avocatsetnotaires.

II–Lesouvrages

A–OuvragesgénérauxConsacrés,enunouplusieursvolumes,àunebranchedudroitdéterminée :droit civil,droitadministratif…•Traités:exposéssynthétiquesetcritiquesdesrèglesdedroitgouvernantunematière

(ex.Droitcivil,parG.MartyetP.Raynaud).• Manuels et précis : exposés didactiques d’unematière (ex. Précis deDroit civil. Les

obligations,deF.Terré,Ph.SimleretY.Lequette).• Répertoires : exposés thématiques du droit positif, à destination notamment de la

pratique(ex.EncyclopédiejuridiqueDalloz).

B–Ouvragesspéciaux

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Traitentd’unsujetapprofondi,restreintoumultiple.•Thèsesdedoctorat:œuvrederecherchejuridique.•Monographies:ouvragesspécialisés.• Mélanges : ouvrages réunissant diverses contributions d’auteurs offertes à un

professeurouhautmagistrat.

C–Ouvragespériodiques• Revues : souvent trimestrielles, publient des chroniques (articles consacrés à des

sujetsprécis),descommentairesdejurisprudenceetdelégislation(ex.Revuetrimestriellededroitcivil,Revuedescontrats).•Recueils:deparutionhebdomadaire(Dalloz,Semainejuridique)oupluri-hebdomadaire

(GazetteduPalais,Petitesaffiches),ilsprésententl’actualitéjuridiquepardesarticles,notesdejurisprudenceetcommentairesdelalégislation.

§2–LerôledeladoctrineLadoctrinen’estpasunesourcedudroit:ellenecréepasderèglesobligatoires.Maisc’estuneautoritéquiexerceunedoublemission.

I–Rôled’informationL’inflation législative (1 500 lois, ordonnances et décrets par an) et l’accroissement ducontentieux (la Cour de cassation rend, à elle seule, plus de 30 000 arrêts par an)rendraientimpossible,sansl’œuvredeladoctrine,laconnaissancedudroitpositif.Ladoctrinepermetdecomprendrelesprincipesquidominentlesystèmejuridique,et

offrelesmoyensdedécouvrirlasolutiondesdifficultésquerencontrelapratique.

II–RôlederéflexionLadoctrinenepermetpasseulementdeconnaîtreledroitpositif,ellemetenlumièredesimperfectionsoucontradictionsdusystèmejuridique.Elle influence les juges : l’opinion de la doctrine est un élément de décision ; et elle

orientelelégislateur,ensuggérantdesréformes.

PourallerplusloinBibliographie•L.Favoreu,«Laconstitutionnalisationdudroit»,MélangesR.Drago,1996,p.25.• J. Héron, « Étude structurale de l’application de la loi dans le temps »,RTD civ.

1985.277.• Ph. Jestaz et Ch. Jamin, «Doctrine et jurisprudence : cent ans après »,RTD civ.

2002.1.•X.Lagarde,«Jurisprudenceetinsécuritéjuridique»,D.2006.Chron.678.Sujetsderéflexion•Lessourcesécritesdudroitfrançaisont-ellesunpoidssupérieursurlessources

Page 92: Introduction générale au droit

nonécrites?•Existe-t-ildescasoùlaloipeutêtrerétroactive?• Les juges bénéficient-ils tous en France dans leur statut d’une garantie

d’indépendance?•Quidujugeoudelaloiestlepluscréateurdedroit?•L’erreurjudiciaireest-elleréparable?

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Chapitre2

Lessourcesinternationaleseteuropéennes

L’essentielL’uneesttraditionnelle:ledroitissudestraitésinternationaux(section1).L’autreestplusoriginale:ledroitdel’Unioneuropéenne(section2).IlfautmettreàpartlestraitésélaborésparleConseildel’Europe(section3).

Section1–LestraitésinternationauxCaractéristiques : accords conclus entre États souverains et déterminant les règlesapplicables,–soitdanslesrapportsdesÉtatsentreeux(ex.traitédecoopérationmilitaire),–soitauxrelationsentrepersonnesprivées (ex.régimedutransport internationalpar

merouparair).Terminologie:traitésappelésaussiconvention,pacte,charte…

§1–Classificationdestraités

I–Selonlenombred’Étatscontractants

A–TraitésbilatérauxConclusentredeuxÉtats.Souvent relatifs au commerce, comme les traitésd’établissement : droit des Français

d’exercer le commerce dans tel pays, et des ressortissants de ce pays d’exercer lecommerceenFrance;àlafiscalité:traitésdestinésàéviterlesdoublesimpositions;auxdouanes,etc.

B–TraitésmultilatérauxConclusparplusdedeuxÉtats.Objetdivers,souvent:–économique:ex.créationduFondsmonétaireinternational(FMI)parlesaccordsde

BrettonWoods,en1944;ou–politique:ex.ChartedesNationsunies,adoptéeen1945;ou–relatifsauxdroitsdel’homme:ex.ConventiondeNewYorksurlesdroitsdel’enfant

(1990).

II–Selonlecontenu

A–Traitésportant«loiuniforme»

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Unificationdesrèglesapplicablesàunequestiondonnée,tantdanslesrelationsinternesàchaqueÉtat,quedanslesrelationsinternationales(ex.ConventiondeGenèvede1931surlechèque).

B–Traitésportant«unificationinternationale»Unificationdes règles applicables à unequestiondonnée, seulement dans les relationsinternationales (ex. Convention de Vienne de 1980 sur la vente internationale demarchandises).

§2–Régimedestraitésendroitfrançais

I–Entréeenvigueurdestraités

A–NégociationParlesreprésentantsdesÉtats,puissignature.Compétencedupouvoirexécutif.

B–RatificationActequifaitnaîtrel’engagementdel’État.EnFrance,c’estleprésidentdelaRépubliquequiratifielestraités:maislorsqueletraité

modifieuneloi,laratificationnepeutintervenirqu’aprèsautorisationparuneloivotéeparleParlement.Les traités peuvent être soumis au Conseil constitutionnel ; Objectif : contrôler la

conformité du traité à la Constitution. Si le traité est contraire à la Constitution, laratificationnepeutintervenirqu’aprèsrévisiondelaConstitution(art.54).

C–PublicationAu Journal officiel de la République française : indispensable pour que le traité soitopposableauxindividus.

II–Applicationdestraités

A–SupérioritédutraitéLes traités régulièrement ratifiés et publiés ont une autorité supérieure à celle des lois(art. 55 de la Constitution) actuelles, etmême postérieures : Cass., 24mai 1975 (CafésJacquesVabre);CE26oct.1989(Nicolo).Maissuprématiedesdispositionsdevaleurconstitutionnelle :Cass.,2 juin2000 (Delle

Fraisse);CE30oct.1998(Sarran).

B–InterprétationdutraitéLes tribunauxdoivent interpréter les clausesobscuresd’un traité,mêmes’il s’agitd’unequestiondedroitinternationalpublic.

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Section2–Ledroitdel’UnioneuropéenneCaractéristiques:c’estledroithistoriquementcrééparlesCommunautéseuropéennes:Communautéeuropéenneducharbonetdel’acier(CECA),instituéeen1952(etquiaprisfin en 2002) ; Communauté économique européenne (CEE ou «Marché commun ») etCommunauté européennede l’énergie atomique (Euratom), instituéespar les traitésdeRome(25mars1957),entrésenvigueurle1erjanvier1958.Depuis,•L’acteuniqueeuropéen:acteessentiel,signéle17février1986,entréenvigueurle

1erjuillet1987.Objet:achèvementdumarchéintérieur,fondésurleprincipedeconcurrencelibreet

nonfaussée.•Letraitéde l’Unioneuropéenne : constituantuneétapedécisive, ce traitésignéà

Maastrichtle7février1992,entréenvigueurle1ernovembre1993,ainstituéune«Unioneuropéenne»englobantlesCommunautés.Objet:– étendre les compétences de la Communauté européenne (CE) dans les domaines

économiques(réalisationdelamonnaieunique)etsociaux(éducation,santé,culture);–établirune«citoyennetéeuropéenne»;– instituer la coopération des États de l’Union européenne en matière de politique

étrangèreetdesécuritécommune.•Letraitéd’Amsterdam:signéle2octobre1997,entréenvigueurle1ermai1999.Objet:–extensiondescompétencesdelaCourdejustice(droitd’asile;immigration…);–développementdesinterventionsduConseileuropéendansledomainedel’emploiet

delacoopérationjudiciaireenmatièrecivile;–associationdesparlementsnationaux.•LetraitédeNice: important traité,signé le11décembre2000,entréenvigueur le

1erfévrier2003.Objet:préparerl’élargissementdel’Unionauxpayseuropéenscandidats.Contenu : nouvelles règles de décision au Conseil et au Parlement ; Commission

modifiée ; réorganisation de la Cour de justice ; proclamation de la Charte des droitsfondamentauxdel’Unioneuropéenne.•Letraitéd’Athènes:signéle16avril2003.Objet :adhésion de 10 nouveaux pays à l’Union européenne, à compter du 1ermai

2004.Ce sont : Chypre, Estonie, Hongrie, Lettonie, Lituanie, Malte, Pologne, République

tchèque,SlovénieetSlovaquie.Ilsontrejointles15Étatsmembres:Allemagnefédérale,Autriche,Belgique,Danemark,

Espagne, Finlande, France, Grèce, Irlande, Italie, Luxembourg, Pays-Bas, Portugal,Royaume-Uni,Suède.

Page 96: Introduction générale au droit

Puis,1erjanvier2007:adhésiondelaBulgarieetdelaRoumanieàl’Unioneuropéenne.•LetraitédeRomeétablissantuneConstitutionpour l’Europe :29octobre2004,

adoption du projet de Constitution européenne par les dirigeants des pays de l’UE. Letraité de Rome n’entrera jamais en vigueur à la suite des deux refus de ratificationexprimésparréférendumenFranceetauxPays-Bas.•LetraitédeLisbonne:signéparlesdirigeantsdes27Étatsmembresle13décembre

2007, entré en vigueur le 1er décembre 2009. Il porte application du Traité sur l’UnioneuropéenneetduTraitésurlefonctionnementdel’Unioneuropéenne.Cestextesreprennentunnombresignificatifdepropositionsformuléesdansleprojet

deConstitutioneuropéenne.Objet:– disparition de la « Communauté européenne » au profit de la seule « Union

européenne»;– valeur contraignante donnée à la « Charte des droits fondamentaux de l’Union

européenne»;–un«PrésidentduConseileuropéen»élupour2anset½;–rôledecodécisionduParlementeuropéendanslesprocédureslégislativesordinaires;–extensionduvoteàlamajoritéqualifiée;–Commissionplusrestreinte.Ces27Étatsmembresont,parcestraités,conférécertainescompétencesauxorganes

del’Unioneuropéenne.•Le traitédeBruxelles : signé en 2011, il prévoit l’adhésion de la Croatie à l’Union

européennequicomptedorénavant28membres.

§1–Lesorganesdel’Unioneuropéenne

I–LeConseileuropéenComposition:leschefsd’ÉtatoudegouvernementdesÉtatsmembres,sonprésidentetleprésidentdelaCommission.Rôle : organe supérieur de l’Union européenne, sa fonction est de déterminer les

orientationsetlesgrandeslignespolitiquesdel’intégrationeuropéenne.

II–LaCommissionComposition : 28 membres (18 fin 2014) désignés d’un commun accord par lesgouvernementsdesÉtats,pour5ans,aprèsl’approbationduParlement,sonprésidentetlehautreprésentantdel’Unionpourlesaffairesétrangèresetlapolitiquedesécurité.Rôle:assurerlefonctionnementetledéveloppementdel’Unioneuropéenne;veillerà

l’applicationdesnormesdel’Unioneuropéenne;participeràl’élaborationdecesnormes,dontelledétientledroitd’initiative;assurerl’exécutiondubudgetdel’Unioneuropéenne.

III–LeConseildel’UnioneuropéenneouConseildesministresComposition:28membresreprésentantlegouvernementdechacundesÉtats.

Page 97: Introduction générale au droit

Variesuivant ledomaineabordé :relationsextérieures,affaireséconomiques,emploi,agriculture,etc.Rôle:assurerlacoordinationdespolitiqueséconomiquesdesÉtats;exercerunpouvoir

essentieldedécisionetd’adoptiondesnormesdel’Unioneuropéenne.

IV–LeParlementeuropéenComposition:748membres(en2013)élusausuffrageuniverselpour5ans.Rôle :adoption des normes de l’Union européenne quand la procédure ordinaire de

codécisions’applique;compétencebudgétaire;électionduprésidentdelaCommission;accessoirement,donnerdesavissurlesprojets;contrôledelaCommission.

V–LaCourdejusticedel’UnioneuropéenneLaCourde justicede l’Unioneuropéennesecomposede laCourde justiceproprementdite,duTribunaldel’UnioneuropéenneetduTribunaldelafonctionpublique.•CourdejusticeComposition :28magistrats et 8 avocats généraux désignés par les gouvernements

desÉtatspour6ans.Rôle:contrôlerlarégularitédesnormescommunautaires;apprécierlaconformitédes

législationsdesÉtatsmembresauregarddesrèglesde l’Unioneuropéenne; interpréterlesnormesde l’Unioneuropéenne,notammentsurrenvoipréjudicielparune juridictionnationale ; réparer les dommages causés par les agents des institutions de l’Unioneuropéenne.• Deux organes juridictionnels lui ont été ajoutés : le Tribunal de l’Union

européennedontlescompétences,enpremierressort,n’ontcesséd’êtreétenduesetleTribunal de la fonction publique qui traite spécialement des différends entre l’Unioneuropéenneetsesagents.

§2–Lesnormesdel’UnioneuropéenneObjet : droit de la concurrence, liberté d’établissement, monnaie, politique agricole,transports, environnement, consommateurs, fiscalité, pêche, libre circulation despersonnes, des marchandises, des services et des capitaux, relations extérieures,immigration,emploi,coopérationjudiciairecivileetpénale,éducation,etc.

I–ClassificationdesnormesdedroitprimaireetdérivéD’abord, lestraitéseux-mêmes,notammentTraitésur l’Unioneuropéenneetd’unTraitésurlefonctionnementdel’Unioneuropéenne;c’estledroitprimaire.Ensuite, le droit dérivé des traités, édicté par les organes communautaires, sous les

formessuivantes.

A–LesrèglementsDéfinition : dispositions de portée générale, obligatoires dans tous leurs éléments etdirectementapplicablesdanstoutÉtatmembre.

Page 98: Introduction générale au droit

Toute personne peut invoquer un règlement de l’Union européenne, soit à l’encontredes institutionseuropéennes(invocabilitéverticale),soit lorsd’un litigeentreparticuliers(invocabilitéhorizontale).

B–LesdirectivesDéfinition : dispositions qui lient tout État membre destinataire quant au résultat àatteindre,toutenlaissantauxinstancesnationaleslacompétencequantàlaformeetauxmoyens.Si une directive n’est pas transposée à la date prévue, elle peut être partiellement

invoquée par une personne devant les juridictions nationales. Le juge national doitinterprétersalégislationdemanièreconformeàladirective.

C–LesdécisionsDéfinition : acte réglant des litiges individuels, elles sont obligatoires pour lesdestinatairesqu’ellesdésignent.

II–ÉlaborationdesnormesdedroitdérivéLesnormesdedroitdérivédel’Unioneuropéenneémanent:–delaCommission,quial’initiativedestextes;–duConseiletduParlement,quiexercentdemanièreordinairelepouvoirdedécision.

III–Applicationdudroitdel’Unioneuropéenne

A–Publicationdesrèglesetdécisions

1.Lestraités,règlementsetlesdirectivesIls sont publiés au Journal officiel des Communautés européennes (JOCE), devenu Journalofficieldel’Unioneuropéenne(JOUE).

2.LesdécisionsEllesdoiventêtrenotifiéesàleursdestinataires;ellespeuventaussiêtrepubliéesauJOUE.

B–Portéedudroitdel’Unioneuropéenneendroitnational

1.ImmédiatetéApplicationobligatoiredesnormesdel’Unioneuropéennedansl’ordrejuridiqueinterne:elles s’imposent aux juridictions des États membres et les particuliers peuvent s’enprévaloir.

2.PrimautéPrimauté des normes de l’Union européenne sur les lois nationales qui leur sontcontraires : abrogation des lois antérieures et illégalité ou non-opposabilité des règlespostérieures.

C–InterprétationparlaCourdejustice

Page 99: Introduction générale au droit

• Les juridictions nationales peuvent (ou doivent s’il s’agit des cours suprêmes)demanderà laCourdejusticed’interpréter lesnormesdel’Unioneuropéenne:«renvoipréjudiciel».• L’interprétation uniforme donnée par la Cour de justice s’impose ensuite aux

juridictionsnationales.

Section3–LestraitésduConseildel’EuropeCaractéristiques:fondéen1949,leConseildel’Europeréunitactuellement47États.Objectif:sauvegarderetpromouvoirlesidéauxdespayseuropéens.Notamment:–défendrelesdroitsdel’homme,ladémocratiepluralisteetlaprééminencedudroit;–favoriserlaprisedeconscienceetlamiseenvaleurdel’identitéculturelledel’Europe

etdesadiversité;– rechercher des solutions communes aux problèmes de société, tels que

discriminationenverslesminorités,xénophobie,bioéthiqueetclonage,terrorisme,traficdesêtreshumains,crimeorganiséetcorruption,cybercriminalité…Moyens:élaborationdetraités,notammentlaConventioneuropéennedesauvegardedesdroitsdel’hommeetdeslibertésfondamentales(enabrégé:Conv.EDH),signéele4nov.1950.

§1–LesdroitsgarantisparlaConventioneuropéennedesdroitsdel’homme• Personne physique : droit à la vie, à la liberté, interdiction de la torture et de

l’esclavage,delapeinedemort,desloispénalesrétroactives.• Justice : droit à la présomption d’innocence, à un procès équitable et public, à un

jugementrendudansundélairaisonnable.•Droitaurespectdelavieprivéeetfamiliale,aurespectdesbiens.•Libertésdepensée,deconscience,dereligion,d’expression,deréunion,decirculation.

§2–LecontrôlejuridictionneldelaCoureuropéennedesdroitsdel’hommeSiègedelaCoureuropéennedesdroitsdel’homme:Strasbourg.Composition:autantdejugesqued’Étatsmembres.Recoursindividuel:saisinepartoutepersonnequiseplaintd’uneviolationparunÉtat

membredesdroitsgarantisparlaConventioneuropéennedesdroitsdel’homme.Condition:épuisementpréalabledesvoiesderecoursinternes.Arrêts obligatoires : les États membres s’engagent à s’y conformer quand ils sont

condamnés,notammentenmodifiantleurdroitinterne.

PourallerplusloinBibliographie•D.Alland,«Del’ordrejuridiqueinternational»,Droits,2002,no35,p.79.

Page 100: Introduction générale au droit

•J.-S.BergéetS.Robin-Olivier,Droiteuropéen(Unioneuropéenne&ConseildeL’Europe),PUF,2011.• J. Boudant, La Cour de justice des Communautés européennes, Dalloz, coll.

«Connaissancedudroit»,2005.• J.-P. Marguénaud, La Cour européenne des droits de l’homme, Dalloz, coll.

«Connaissancedudroit»,6eéd.,2012.• J.-S. Bergé, L’application du droit national, international et européen, Dalloz,

coll.«Méthodesdudroit»,2013.Sujetsderéflexion• Le droit international et européen est-il susceptible de couvrir l’ensemble des

domainesdudroit?• Ledroit international et européenest-il pleinement applicabledans le système

juridiquefrançais?•LeConseildel’Europeetl’Unioneuropéennesont-ilsamenésàserapprocher?

Page 101: Introduction générale au droit

Secondepartie

Desdroits:lesdroitssubjectifs

Définition:prérogatives reconnuesaux sujets dedroit par la règle dedroit objectif, etsanctionnéesparelle.Controversedoctrinale : tout ledroitobjectifnepeutêtreanalyséendroitsconférésauxindividus(ex.l’organisationadministrativedel’État).Intérêt:admettrel’existencedecesprérogatives,c’estreconnaîtrelavaleurdel’individu,l’importancedelaresponsabilitéindividuelle,ladignitédelapersonnehumaine.Limite:l’hommen’apasquedesdroits,ilaaussidesdevoirs(ex.payerdesimpôts).

Titre1-Classificationdesdroitssubjectifs

Chapitre1-LesdroitsextrapatrimoniauxChapitre2-Lesdroitspatrimoniaux

Titre2-Sourcesdesdroitssubjectifs

Chapitre1-LesactesjuridiquesChapitre2-Lesfaitsjuridiques

Titre3-Preuvedesdroitssubjectifs

Chapitre1-L’objetdelapreuveChapitre2-LachargedelapreuveChapitre3-Lesmodesdepreuve

Titre4-Sanctionsdesdroitssubjectifs

Chapitre1-LeprocèsChapitre2-Lesvoiesd’exécution

Page 102: Introduction générale au droit

Titre1

Classificationdesdroitssubjectifs

Deuxdistinctionsessentielles:–entrelesdroitsextrapatrimoniauxetlesdroitspatrimoniaux(Chapitre1);– et les droits patrimoniaux se divisent eux-mêmes en droits réels et droits personnels(Chapitre2).

Page 103: Introduction générale au droit

Chapitre1

Lesdroitsextrapatrimoniaux

L’essentielDéfinition :droits inhérents à la personnemême et qui sont en principe insusceptiblesd’uneévaluationpécuniaire.Conséquence:ilssonthorsdupatrimoine.Diversescatégories(section1),maisidentitéderégime(section2).

Section1–Catégoriesdedroitsextrapatrimoniaux

§1–DroitspublicsextrapatrimoniauxCaractéristiques:reconnusàtoutepersonnedanssesrapportsavecl’État;maisaussiopposablesauxpersonnesprivées.

I–DroitspolitiquesPrévus par la Constitution du 4 octobre 1958 : droit de vote ; droit d’éligibilité ; droit àl’égalitéciviqueetpolitique.

II–Libertéspubliques•PrévuesparlePréambuledelaConstitutiondu4octobre1958:libertésdepensée,de

conscience,decroyance,d’expression(Déclarationdesdroitsdel’homme,1789); libertésyndicale,droitdegrève(Constitutionde1946).•Prévuespardesloisparticulières:libertésd’alleretvenir,deréunion,d’association,de

lapresse,decommunication,del’enseignement,descultes.Ces libertésgarantiesaussipar laConventioneuropéennedesdroitsde l’homme (en

abrégé:Conv.EDH)etlaChartedesdroitsfondamentauxdel’Unioneuropéenne.

§2–DroitsprivésextrapatrimoniauxCaractéristiques : reconnus à toute personne dans ses rapports avec les autrespersonnes;etopposablesàl’Étatlui-même.

I–DroitsdelapersonnalitéDroitspermettantàtoutepersonned’obtenirdesautreslareconnaissanceetlerespectdesonindividualitépropre,c’est-à-diredesapersonnalitéentenduecommeunensembledecaractéristiquesphysiquesetmorales.

Page 104: Introduction générale au droit

A–Protectiondel’individualitéphysique

1.DroitàlavieContreparties:sanctionspénalesetcivilesdel’homicide,volontaireouparimprudence.

2.Droitàl’intégritécorporelleContreparties:–sanctionspénalesetcivilesdesblessures,volontairesouparimprudence;–interdictiondelatortureetdestraitementsinhumainsoudégradants(Conv.EDH);– nécessité du consentement de la personne à une intervention chirurgicale ou à un

traitementmédical;–droitsurlecorpsaprèslamort:libertédes’opposeràdesprélèvementsd’organes.

B–Protectiondel’individualitémorale

1.Droitàl’honneuretàlaconsidérationContreparties:– sanctions civiles et pénales de la diffamation, de l’injure et de la dénonciation

calomnieuse;–droitderéponseparvoiedepresse.

2.Droitaurespectdelaprésomptiond’innocenceFondements:C.civ.,art.9-1etConv.EDH,art.6.

C–Protectiondel’individualitécivile

1.DroitaunomContreparties:–sanctionsdesusurpationsdenom;–desutilisationsàdesfinslittérairesoucommerciales.

2.Droitàl’imageContenu:libertédes’opposeràlareproductionparphotographie,etàlapublicationdecettephotographie.

D–ProtectiondelavieprivéeLC.civ.,art.9,al.1:«Chacunadroitaurespectdesavieprivée».Contreparties:–sanctionscivilesetpénalesdes investigationsetdivulgationsdes faitsdevieprivée,

notammentparlapresse;–droitausecretdelacorrespondance;–aurespectdelaviefamiliale(Conv.EDH).

II–DroitsdelafamilleRésultentdel’organisationjuridiquedelafamille.

Page 105: Introduction générale au droit

A–DroitsrésultantdumariageDroitspourchaqueépouxd’obtenirl’exécutionparsonconjointdesobligationsmisesàsacharge par la loi : obligations de secours, d’assistance, de respect, de fidélité, decommunautédevie.

B–Droitsrésultantdelaparenté•Droitsdesparentsattachésàl’autoritéparentale,–surlapersonne(résidence,surveillanceetéducation)et–surlesbiens(droitdejouissancelégale,administrationlégale)del’enfantmineur.•Droitdesascendantsd’entretenirdesrelationspersonnellesavecleurspetits-enfants.•Droitréciproquedesascendantsetdesdescendantsd’obtenirdesaliments.

Section2–Régimejuridiquedesdroitsextrapatrimoniaux

§1–SpécificitédesdroitsextrapatrimoniauxCaractères:En principe, droits attachés à la personne et qui n’ont pas en eux-mêmes de valeur

économique.Enconséquence,lesdroitsextrapatrimoniauxontlesquatrecaractèressuivants.

I–IncessiblesPrincipe:lesdroitsextrapatrimoniauxnepeuventfairel’objetd’unecessionentrevifsoud’unerenonciation.Exceptions:certainesconventionsrelativesauxdroitsdelapersonnalitésontvalables.•Conventionsrelativesàl’intégritéphysiqueConsentementéclairédelapersonneetconformeauxrèglesdel’artmédical :contrat

avecunchirurgien;dondusang;dond’organes.•Conventionsrelativesàl’utilisation:–del’image:contratavecunéditeurenvuedelapublicationd’unephotographiedela

personne;– du nom : le nom commercial peut être cédé en même temps que le fonds de

commerce.

II–IntransmissiblesPrincipe: lesdroitsextrapatrimoniauxnesontpastransmisauxhéritiersdudéfuntparvoiedesuccession.Exceptions:leconjointoulesparentsdudéfunt–ontledroitderéglerlesfunérailles;–acquièrentledroitdeprotégerlamémoire,laréputationetlapenséedudéfunt.

III–Insaisissables

Page 106: Introduction générale au droit

Lesdroitsextrapatrimoniauxnefontpaspartiedupatrimoine,doncnepeuventêtresaisisparlescréanciersdelapersonne.

IV–ImprescriptiblesLesdroitsextrapatrimoniaux:–nepeuvents’acquérirparl’écoulementdutemps:ilssontconférésàchacunenraison

desaseulequalitédepersonne;–ilsnepeuvents’éteindreparlenon-usageprolongé:ilssontinhérentsàlapersonne.

§2–Sanctionsdesdroitsextrapatrimoniaux

I–SanctionspénalesPrincipes : la violation des droits extrapatrimoniaux fait l’objet de sanctions(emprisonnement;amendes)prévuespardesloispénalesdiverses.Exemples:• Crimes et délits relatifs à l’exercice des droits civiques (infractions en matière

d’élections);auxatteintesàlaliberté;àlaséquestrationarbitraire.• Crimes et délits constitués par l’homicide et les blessures, volontaires ou par

imprudence;laviolationdedomicile;lerefusdudroitderéponse;l’atteinteàl’intimitédelavieprivée;ladiffamation,l’injureetladénonciationcalomnieuse.

II–SanctionscivilesPrincipes:lesatteintesauxdroitsextrapatrimoniauxdenatureprivéepeuvententraînerdessanctions:•Préventives:ex.saisied’unepublicationcontenantuneviolationdudroitàl’imageou

uneatteinteàlavieprivée.•Réparatrices : toute atteinte aux droits de la personnalité ou aux droits de famille

peutêtresanctionnéeparlaresponsabilitéciviledeleurauteur(C.civ.,art.1382et1383).Lavictimeobtiendraalorsdesdommages-intérêtspourréparerlepréjudicesubi.Conséquences:lesdroitsextrapatrimoniauxpeuventavoirdesincidencespécuniaires,

commel’allocationdedommages-intérêts,quientrerontdanslepatrimoine.Demême,l’établissementd’unefiliationadesconséquencessuccessorales.

PourallerplusloinBibliographie• V. Champeil-Desplats, « La notion de droit “fondamental” et le droit

constitutionnelfrançais»,D.1995.Chron.323.•B.Edelman,«Ladignitédelapersonnehumaine,unconceptnouveau»,D.1997.

Chron.185.•Ph.Malaurie,«LaConventioneuropéennedesdroitsdel’hommeetledroitcivil

français»,JCP2002.I.143

Page 107: Introduction générale au droit

•B.Mathieu,«Lavieendroitconstitutionnelcomparé,élémentsderéflexionsurundroitincertain»,RIDcomp.1998.1031.Sujetsderéflexion•Faut-ilopposerlesdroitsextrapatrimoniauxselonqu’ilssontdedroitpublicoude

droitprivé?•Undroitextrapatrimonialpeut-ilfairel’objetd’unecréance?•Faut-ildistinguerlesdroitsdelapersonnedesdroitspersonnels?

Page 108: Introduction générale au droit

Chapitre2

Lesdroitspatrimoniaux

L’essentielDéfinition:droitsquiont,eneux-mêmes,unevaleurpécuniaire.Conséquence:fontpartiedupatrimoine.Distinction fondamentale entre droits réels et droits personnels : son contenu (section 1)permetd’enapprécierlavaleur(section2).

Section1–Contenudeladistinction:droitsréelsetdroitspersonnelsDistinctionquantàl’objetdudroit:ledroitréelportedirectementsurunechose,ledroitpersonnels’exercecontreunepersonne(v.supra,1repartie).Distinctionquantàleurstraitscaractéristiques(§1)etleurseffets(§2).

§1–Traitscaractéristiquesdesdroitspatrimoniaux

I–Caractéristiquesdesdroitsréels

A–EnnombrelimitéLa liste, établie par la loi, des droits réels principaux (propriété, usufruit, servitude,emphytéose, bail à construction) et accessoires (hypothèque, gage, nantissement,antichrèse–gageimmobilierdepuislaloidu12mai2009–)estlimitative.Conséquence: lavolontéprivéenepeutcréerd’autresdroitsréelsqueceuxquisont

prévusparlaloi.

B–AbsolusSignification:ledroitréelestopposableàtous.Sontitulairepeutexigerdequiconquelerespectdesondroit.Portée : les droits réels ne sont, le plus souvent, opposables aux tiers que sous

conditiondel’accomplissementdeformalitésdepublicité.

C–Susceptiblesd’abandonLetitulaired’undroitréelpeutyrenoncerparlavolontéunilatérale.

II–Caractéristiquesdesdroitspersonnels

A–Ennombreillimité

Page 109: Introduction générale au droit

Grâceauprincipedelibertédesconventions,lescontractantspeuventcréerdesrapportsjuridiquesnonprévusparlaloi;ex.,contratsdefranchise,delocation-vente.Limite:respecterl’ordrepublicetlesbonnesmœurs(C.civ.,art.6).

B–RelatifsSignification:ledroitpersonneln’établitderapportsqu’entrelecréancieretledébiteur.D’où:lecréanciernepeutexigerl’exécutiondel’obligationqueduseuldébiteur.

C–Insusceptiblesd’abandonLecréanciernepeutrenoncerunilatéralementàsacréance,illuifautl’accorddudébiteur,intéressédanslerapportdedroit.Conséquence:laremisededetteestuneconvention.

§2–Effetsdesdroitspatrimoniaux

I–Effetsdudroitréel

A–LedroitréelconfèreledroitdesuiteSignification : le titulaired’undroit réelpeut,pourexercersondroit, suivre,c’est-à-diresaisirentrelesmainsdetoutepersonne,lachosequiluiappartientouquiestgrevéed’undroitensafaveur.Exemples:–lepropriétaired’unimmeublepeutlerevendiquercontretoutdétenteur;– le titulaired’uneservitudedepassagepeut l’exercerquelquesoit lepropriétairedu

fondsservant;– l’usufruitier peut réclamer la chose, pour exercer son droit, quel qu’en soit le

propriétaire.

B–LedroitréelconfèreledroitdepréférenceSignification : le titulaired’undroit réelqui se trouveen conflit, àproposd’une chose,avecletitulaired’undroitpersonnel,estpréféréàcedernier.Exemple : le titulaired’undroitdegagepeut, si ledébiteurnepaiepasà l’échéance,

fairevendrelachoseobjetdugagepoursepayersurleprix,sanssubirleconcoursdesautrescréanciersdudébiteurquin’ontqu’undroitpersonnel.

II–Effetsdudroitpersonnel

A–LedroitpersonnelneconfèrepasdedroitdesuiteLecréanciernepeutexigerl’exécutionforcéedel’obligationquesurlepatrimoinedesondébiteur,danssacompositionaumomentdelapoursuite:siledébiteuraaliénéunbienavantlapoursuite,lecréanciernepeutlesaisirentrelesmainsdel’acquéreur.

B–Ledroitpersonnelneconfèrepasdedroitdepréférence

Page 110: Introduction générale au droit

Le créancier n’a qu’un droit de gage général sur le patrimoine de son débiteur (C. civ.,art.2285).Si les biens du débiteur sont saisis et vendus mais s’avèrent insuffisants pour

désintéressertouslescréanciers,titulairesdedroitpersonnel(ledébiteurestinsolvable),ils seront payés « au marc-le-franc », c’est-à-dire au prorata de leur créance et sanspréférenceentreeux,tiréenotammentdeladatedenaissancedeleurcréance.

Section2–Valeurdeladistinction:droitsréelsetdroitspersonnelsLa distinction traditionnelle est contestée : d’abord parce qu’il y a unité du régime desdroits réels et des droits personnels (§ 1) ; ensuite parce qu’il existe des catégoriesintermédiaires(§2)etunecatégoriehétérogène:lesdroitsintellectuels(§3).

§1–UnitéderégimeParcequ’ilsont,eneux-mêmes,unevaleurpécuniaire,etdoncconstituentdesrichesseséconomiques,lesdroitsréelsetlesdroitspersonnelssont:

I–CessiblesLes droits réels et les droits personnels ont une valeur d’échange : ils sont « dans lecommerce».Conséquence:ilspeuventêtrecédésentrevifs,c’est-à-diretransférésd’unpatrimoine

àunautre:–parunacteàtitreonéreux(ex.vente);ou–parunacteàtitregratuit(ex.donation).

II–TransmissiblesLesdroitsréelsetlesdroitspersonnelsfontpartiedupatrimoinedelapersonne.Àsondécès,lesdroitspatrimoniauxsontdévolusauxhéritiersdudéfuntets’intègrent

dansleurpatrimoine.

III–SaisissablesLes droits réels et les droits personnels ont une valeur pécuniaire, donc le créancierimpayé a le droit de saisir ces richesses, en vertu de son droit de gage général sur lepatrimoinedesondébiteur(v.supra).

A–SaisiesCatégories:lesprincipales:–saisieimmobilière(portesurlesdroitsdudébiteursursesimmeubles);–saisie-vente(surlesmeublescorporels);–saisie-attribution(saisiedescréancesquisetrouventdanslepatrimoinedudébiteur);V.également➜.

Page 111: Introduction générale au droit

Conditions:–existenced’untitreexécutoire;– la vente des biens du débiteur a lieu aux enchères publiques (devant le juge de

l’exécutionpourlesimmeubles;devantunofficierpublicpourlesmeubles:commissaire-priseurouhuissier);–lescréanciersserontpayésensuitesurleprixdevente,entenantcomptedes«droits

depréférence»(v.➜).

B–CasparticuliersRaisons de moralité sociale : certains biens sont insaisissables, parce qu’ils sontabsolumentindispensablesàlaviedudébiteur(portiondusalaire;meublesmeublants).

IV–Prescriptibles

A–PrescriptionParl’écoulementdutemps:–lesdroitspatrimoniauxsontsusceptiblesd’extinction(«prescriptionextinctive»);et–lesdroitsréelssontsusceptiblesd’acquisition(«prescriptionacquisitive»).

B–DélaisCaractéristiques : ils sont variables, mais le principe était la prescription trentenaire(C.civ.,art.2262anc.).Réformedelaprescriptionenmatièrecivileparlaloidu17juin2008:ledélaidedroit

communestdésormaisdecinqans(art.2224nouv.).Saufquelquesdélaisspéciaux:ex.articles2226ets.C.civ.(v.➜).

§2–CatégoriesintermédiairesCertainsdroitspatrimoniauxparticipentdesdeuxnaturesréelleetpersonnelle:

I–L’obligationréelle

A–NotionDéfinition:prestationimposéeaupropriétaired’unfondsmaisliéeàunbienparticulier.Exemples:–obligationpour lepropriétairedu fonds servantde faire lesouvragesnécessairesà

l’exerciced’uneservitude(C.civ.,art.699).–obligationdutiersacquéreurdel’immeublehypothéquédepayerladetteoudesubir

lasaisiedel’immeuble(C.civ.,art.2461ets.).Caractéristique :obligationquinepèsesur ledébiteurqu’enraisondesaqualitéde

propriétaire.

B–RégimeTraitsdudroitréel:ledébiteurs’affranchitdesonobligation

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–enabandonnantlapropriété(C.civ.,art.699et2467);ou–enl’aliénant(l’obligationréelles’imposealorsàl’acquéreur).

II–LesdroitsdupreneurLebailconfèreaupreneur(locataire)undroitpersonnelquiprésentecertainscaractèresdesdroitsréels.

A–Opposabilité

1.Article1743C.civ.Contenu:ledroitdupreneurestopposableàl’acquéreurdel’immeuble.

2.Article2278,al.2C.civ.Contenu : le preneur peut agir lui-même contre les tiers qui le troublent, sans avoir àdemanderaubailleurd’exercerl’actionenjustice.

B–DuréeCaractéristique:lepreneur–debauxcommerciaux(depuis1926);–debauxruraux(depuis1945);et–debauxd’habitation(depuis1948,puis1982);adroitaurenouvellementdesonbail,contrelegrédubailleur.Conséquencedudroitaurenouvellement:atteinteauxprérogativesdelapropriétédu

bailleur.

§3–LesdroitsintellectuelsCaractéristique:catégoriededroitssubjectifsquineconstituent–nidesdroitsréels,parcequeneportentpassurdeschoses;–nidesdroitspersonnelscarnes’analysentpasenobligationsimposéesàundébiteur.Nature:monopolesd’exploitationd’uneœuvredelapenséeoudurésultatdel’activité

humaine(v.➜).Caractères:cessibles,transmissibles,saisissablesetprescriptibles.Limite : ledroitmoralde l’auteur sur sonœuvre littéraireouartistiquenepeut faire

l’objetderenonciation,mêmerémunérée.

PourallerplusloinBibliographie• J. Derruppé, « Les rapports locatifs immobiliers à la fin du XXe siècle », Études

P.Catala,2001,p.653.• J. Foyer, « Ledroit de lapropriété industrielle à la findu XXe siècle »,Mélanges

J.Derruppé,1991,p.379.

Page 113: Introduction générale au droit

•Th.Revet,«L’argentetlapersonne»,MélangesCh.Mouly,1998,p.141.Sujetsderéflexion•Lesdroitsréelsetlesdroitspersonnelssont-ilsdenaturejuridiquedifférente?•Existe-t-ildesdroitssubjectifsquin’entrentdansaucunedecesdeuxcatégories?•Existe-t-ildesdroitssubjectifsquientrentdanscesdeuxcatégoriesàlafois?

Page 114: Introduction générale au droit

Titre2

Sourcesdesdroitssubjectifs

Ausens large,c’est ledroitobjectifquiaccordeaux individusdesdroitssubjectifs,doncquiconstituelasourcedesdroitssubjectifs.Dans un sens plus technique, les sources des droits subjectifs sont les mécanismesjuridiquesquidonnentnaissance,suivant les règlesdedroitobjectif,àdesprérogativesindividuellessanctionnéesparl’autoritépublique.Le droit objectif reconnaît deux sources de droits subjectifs : les actes juridiques(Chapitre1)etlesfaitsjuridiques(Chapitre2).

Page 115: Introduction générale au droit

Chapitre1

Lesactesjuridiques

L’essentielDéfinition:manifestationdevolontédestinéeàproduiredesconséquencesjuridiques.Les actes juridiques sont d’une grande diversité : d’où la nécessité d’une classification(section1).Maiscertainesrèglescommunesgouvernentlaformation(section2)etleseffets(section3)desactesjuridiques.

Section1–ClassificationdesactesjuridiquesQuatregrandesdivisionssontopérées.

§1–Actesunilatérauxetactesbilatéraux

I–Actesunilatéraux

A–Notiond’actesunilatérauxCaractère: l’acte juridiqueestunilatéral lorsque l’effet juridiquerecherchérésultede lavolontéd’uneseulepersonne.

B–Typologieendroitpublicetprivé

1.DroitpublicActesunilatérauxdel’Administration:•conférantdesdroits(ex.nominationd’unfonctionnaire),•imposantdescharges(ex.réquisitiond’unbien),ou•prescrivantdesdroitsetdescharges(ex.délivranced’unpermisdeconstruire).

2.DroitprivéActesunilatérauxémanantdeparticuliers:•denaturepatrimoniale;Exemple:letestament,acteopéranttransmissionauxlégatairesinstituésparvolonté

unilatérale du testateur, de la propriété des biens de ce dernier, à son décès (C. civ.,art.895);•denatureextrapatrimoniale;Exemple:lareconnaissanced’enfant,déclarationparlepèreoulamère,del’existence

d’unliendefiliationunissantledéclarantàunenfant(C.civ.,art.316).

II–Actesbilatéraux

Page 116: Introduction générale au droit

A–Notiond’actesbilatérauxCaractère:l’actejuridiqueestbilatérallorsquelerésultatjuridiquepoursuividécoulededeuxouplusieursmanifestationsdevolonté.Qualifiéjuridiquementdeconvention:accorddevolontésayantpoureffetdecréer,de

modifier,detransmettreoud’éteindreundroitsubjectif.Lecontratestuneespècedeconvention,ayantpoureffetdecréerdesobligations(C.

civ.,art.1101).Maisletermedecontratestcommunémentutilisépourdésignerlesactesbilatéraux.

B–Typologieendroitpublicetprivé

1.DroitpublicLes contrats administratifs (marchés de travaux publics, ventes d’immeubles de l’État,exploitations de services publics, financements d’équipements publics…) ont deuxélémentsdedistinction.• Ils comportent des clauses exorbitantes du droit commun, ou ont pour objet

l’exécutiond’unservicepublic.•Enoutre,ilfautqu’ilssoientconclusparunepersonnepublique.Conséquences:– l’Administration dispose du pouvoir de modifier unilatéralement les conditions

d’exécutionducontrat;– l’Administration a le droit de résilier le contrat en cas de manquement de son

contractantàsesobligations.

2.DroitprivéÉtablis sur le principe d’égalité des parties, les contrats de droit privé s’imposent auxcontractantsaveclamêmeforcequelaloi(C.civ.,art.1134).•Contratunilatéral : donne naissance à une obligation à la charge d’une seule des

parties.Exemple : le contrat de prêt, seul l’emprunteur est tenu d’une obligation, celle de

restituerlachose.• Contrat synallagmatique : donne naissance à des obligations réciproques, à

lachargedesdeuxparties,chacuneétantcréancieretdébiteur.Exemple:lecontratdevente,levendeuresttenudetransférerlachose,l’acheteurde

payerleprix.

§2–Actesàtitregratuitetactesàtitreonéreux

I–Actesàtitregratuit

A–Notiond’actesàtitregratuitCaractère:l’actejuridiqueestàtitregratuitlorsqu’ilprocureàunepersonneunavantagesanscontrepartie.Qualifiéjuridiquementdelibéralité.

Page 117: Introduction générale au droit

Exemples: le legscontenudansuntestament ; lecontratdedonation ; lecontratdeprêtsansintérêt;ledépôtgratuit.

B–RégimedesactesàtitregratuitL’actejuridiqueàtitregratuitestinspiréparunepenséedebienfaisance.

1.RisquesC’estunactedangereux:–pourledisposant(quinereçoitrienenéchange);–poursescréanciers(réduitleurdroitdegagegénéral);et–pourseshéritiers(risquentd’êtredépouillés).D’où le régime restrictif des libéralités : notamment, les héritiers bénéficient d’une

réserve.

2.CaractèrepersonnelLaconsidérationdelapersonnequibénéficiedel’avantageestdéterminante:lesactesàtitregratuitsontfaitsintuitupersonae.L’erreur commise par le disposant sur la personne du gratifié lui permettra de

demanderl’annulationdel’acte.

3.ResponsabilitéLC.civ.,art.1927et1992.Le contractant qui rend service gratuitement verra sa responsabilité engagée plus

difficilement.

II–Actesàtitreonéreux

A–Notiond’actesàtitreonéreuxCaractère : l’acte juridique est à titre onéreux lorsque chacune des parties reçoit unavantagetoutenassumantunechargeencontrepartie.Exemples:lavente;lelouage;leprêtàintérêt.

B–Distinctionentrecontratcommutatifetcontrataléatoire

1.ContratcommutatifContratàtitreonéreuxdanslequell’avantagepoursuiviparchacunedespartiespeutêtreapprécié.Exemples:lelouage;laventepourunprixfixé.

2.ContrataléatoireContratàtitreonéreuxdanslequell’avantaged’unedespartiesconsistedanslachancedegainoudeperted’aprèsunévénementincertain.Exemples:laventecontrerenteviagère;lecontratd’assurance.

Page 118: Introduction générale au droit

§3–Actesconservatoires,d’administration,dedisposition

I–ActesconservatoiresDéfinition:actejuridiquequitendàmaintenirlepatrimoinedanssonétatactuel.Exemples:inscriptiond’unehypothèquesurlesimmeublesdudébiteurpourgarantirle

paiementd’unedetteàsonéchéance;souscriptiond’uncontratd’assurance.

II–Actesd’administrationDéfinition:actejuridiquedegestioncouranted’unpatrimoine,notammentpourlefairefructifier.Exemples:louaged’unimmeuble;vented’unmeubled’usagecourant;recouvrement

d’unecréance;paiementd’unedette;exerciced’unesaisie.

Page 119: Introduction générale au droit

III–ActesdedispositionDéfinition:actejuridiquemodifiantdefaçonpermanentelacompositiondupatrimoine.Exemples:vented’immeubleoudefondsdecommerce;constitutiond’hypothèque;

donation;renonciationàundroit.

§4–Actesentrevifsetactesàcausedemort

I–ActesentrevifsDéfinition:actejuridiquequiproduiteffetduvivantdesparties(ex.lavente).

II–ActesàcausedemortDéfinition :acte juridiquequineproduitd’effetqu’audécèsde l’unedesparties (ex. letestament).

Section2–Formationdesactesjuridiques

§1–ConditionsdevaliditéÉdictées par le Code civil pour les conventions (art. 1108 et s.), et généralisées par lajurisprudence à tous les actes juridiques, les conditions de validité sont, toujours : lavolonté(I),lacapacité(II),l’objet(III),lacause(IV),etparfoislaforme(V).

I–Lavolonté

A–L’autonomiedelavolontéDéfinition:principesuivantlequellavolontéalepouvoirdesedonnersapropreloi;enrelationavec l’individualisme libéralduXIXesiècle : l’hommeest libre,doncnepeutêtreengagéqueparunactedevolontélibre(C.civ.,art.1134,al.1).Conséquence:l’actejuridique,œuvred’uneoudeplusieursvolontésindividuelles,est

lemodeessentieldecréationdesdroitssubjectifs.Critique:lavolontén’engagequeparcequelaloil’aprévu.Évolution :déclin actuel de l’autonomie de la volonté par le développement des lois

impératives ; exemples, protection du salarié, du consommateur… Débat autour de lathéoriedusolidarismecontractuel.

B–LavolontédoitexisterConditionessentielledeformationdel’actejuridique:–unilatéral:manifestationd’uneseulevolonté;ou–bilatéral:l’accorddevolontésquifaitlecontratimpliqueleconsentementdesparties.

1.Défautdeconsentement

Page 120: Introduction générale au droit

• La volonté de s’engager est exclue chez celui qui est totalement dépourvu dediscernement:«pourfaireunactevalable,ilfautêtresaind’esprit»(C.civ.,art.414-1).•Uncontratnepeutseformers’iln’yapasrencontredesvolontés(offreetacceptation).

2.LareprésentationLavolontédoitémanerdel’auteurdel’actejuridiqueoudesonreprésentant.Définition:unactejuridiqueestpasséparunepersonne(lereprésentant)àlaplaceet

pourlecompted’uneautre(lereprésenté).Modalités:– représentation contractuelle : par contrat de mandat, le mandant charge le

mandatairedepasserensonnometpoursoncompteunactejuridique;–représentationlégale:laloidésigneelle-mêmelereprésentantd’uneautrepersonne,

généralementunincapable;exemple:lesparentsreprésententleurenfantmineur.Effets : le représentant passe l’acte juridique, mais les conséquences de l’acte se

produisentdirectementdanslepatrimoinedureprésenté,quidevientcréancier,débiteur,propriétaire,etc.

C–LavolontédoitêtresaineQuandlavolontéexiste,sonefficacitéestsoumiseàl’absencedevice(1).Lesloisprotectricesduconsommateurutilisentdiversprocédéspourquelavolonténe

soitpasaltérée(2).

1.VicesduconsentementLC.civ.,art.1109ets.

a.ErreurDéfinition:opinioncontraireàlaréalité.Une personne consent à un acte mais se trompe sur l’un de ses éléments : valeur,

authenticitéd’unechose;qualitésdudébiteur.Rôle:lavolontén’estconsidéréecommeviciéequesil’erreurporte–surunequalitéessentielledelachose(ex.authenticitéd’untableau);–surlanatureducontrat(ex.venteoulocation);ou– sur la personne, mais seulement lorsque l’acte est conclu intuitu personae (ex.

donation).

b.ViolenceDéfinition:contrainteexercéesurlavolontéd’unepersonnepourladétermineràunacte(ex.abusd’autorité).Rôle:lavolontén’estconsidéréecommeviciéequesilaviolenceest:–illégitime(lamenaced’exercerunevoiededroitestlégitime);et–déterminante.

c.DolDéfinition : emploi d’un moyen frauduleux pour surprendre le consentement d’unepersonne(ex.dissimulationartificielledel’étatd’unvéhicule).

Page 121: Introduction générale au droit

Peutrésulterdemanœuvres,mensonges(ex.surlaviabilitéd’unterrain)oumêmedesilence(ex.surlesaccidentssubisparunvéhicule).Rôle : la volontéest viciéepardol s’il émaneducocontractantetqu’il adéterminé le

consentement.

2.ProtectionduconsommateurPourquelavolontésoitéclairéeetlibre,lesloisontdésormaisrecoursà:

a.L’informationLelégislateur:–réprimelapublicitémensongère;– requiert la diffusion des caractéristiques essentielles des produits : étiquetage des

prix, dispositions principales des contrats de vente ou d’assurance, mentionsinformatives;–imposeàcertainsprofessionnelsundevoirderenseignementetdeconseil:exemples,

garagistes,banques,notaires,vendeursdematérielinformatique,opérateursderéseauxtéléphoniques.

b.LaréflexionCertainscontratsnepeuventêtrevalablementconclusquesil’unedespartiesadisposéd’undélaiaucoursduquelelleapuexaminer l’offre ;exemple, loidu13 juillet1979surl’achatàcréditdesimmeublesd’habitation(C.consom.,art.L.312-10).

c.LarétractationL’une des parties peut parfois revenir sur son engagement en rétractant sonconsentementaprèslaconclusionducontrat.Exemples:–septjoursencasd’achatàcréditd’unobjetmobilier(loidu10janvier1978);–quatorzejourspourlescontratsconclusdepuisle13juin2014(loidu17mars2014)à

compter de la commande en cas de démarchage ou de vente à domicile (sept joursauparavant);– quinze jours pour dénoncer la transaction acceptée par la victime d’accident de la

circulation(décretdu18mars1988);– quatorze jours en cas de vente et prestation de services conclus entre un

professionneletunconsommateurparInternet(loidu17mars2014);–septjoursàcompteràcompterdulendemaindelapremièreprésentationdelalettre

–recommandée– luinotifiant l’actesous-seingprivéayantpourobjet l’acquisitionou laconstructiond’unimmeubleneufd’habitation(loidu13juillet2006);oul’acquisitiond’unimmeubled’habitationancien(loidu13décembre2000).

II–Lacapacité

C’estl’aptitudeàêtretitulairededroitsetàlesexercer(v.supra,1repartie).Principe:toutepersonnepeutconsentiràunactejuridique,saufdanslescasoùlaloia

expressémentprévuqu’elleestincapable(C.civ.,art.1123).Exceptions:sontincapablesdeconclureunactejuridique

Page 122: Introduction générale au droit

–lesmineursnonémancipés;et–lesmajeursprotégés(C.civ.,art.1124).

A–Lesmineurs

1.Incapacitéd’exerciceLe mineur de 18 ans, non émancipé, est incapable de passer seul les actes de la viejuridique.Conséquence:l’actedoitêtreconcluparsonreprésentantlégal(parentsoututeur):– qui peut passer seul les actes conservatoires et d’administration du patrimoine du

mineur;–maisdoitobtenirl’autorisationdujugedestutelles(pourlesparents)ouduconseilde

famille(pourletuteur)pourfairelesactesdedisposition.

2.CapacitérésiduelleLC.civ.,art.389-3:«Casdanslesquelslaloioul’usageautoriselesmineursàagireux-mêmes».

a.ActespurementpersonnelsLemineur:–doitconsentiràsonadoption,s’ilaplusde13ans;–ilpeutreconnaîtreunenfant;–ilpeutfairesontestaments’ilestâgéde16ansaumoins;–ilpeutconclureuncontratdetravailetadhéreràunsyndicats’ilaplusde16ans.

b.ActesdelaviecouranteLemineurdouédediscernementpeutfaireseullesactesdelaviequotidienne(ex.achatdedenrées,devêtements),ouvriruncomptedeCaissed’épargne.

B–Lesmajeursprotégés

1.Incapacitéd’exerciceRéformepar la loidu5mars2007,entréeenvigueurle1er janvier2009(C.civ.,art.414ets.)•Lesmajeursentutellenepeuventfaireseulsaucunactejuridique(C.civ.,art.473);ils

sontreprésentésparleurtuteur,quidevraobtenirl’autorisationduconseildefamillepourlesactesdedispositiondupatrimoinedumajeur.•Lesmajeursencuratelle,nepeuvent, sans l’assistancede leur curateur, faireaucun

actededispositiondeleurpatrimoine(C.civ.,art.467).

2.Capacitérésiduelle• Lemajeuren tutellepeut semarierou reconnaîtreunenfant s’il se trouvedansun

intervalledelucidité.•Lemajeurencuratelleaaussilacapacitédesemarieroudereconnaîtreunenfant.Enoutre,ilpeutfaire:–sontestament;et

Page 123: Introduction générale au droit

– tous les actes conservatoires et d’administration de son patrimoine (sauf insanitéd’espritaumomentdel’acte:C.civ.,art.414-1).

III–L’objetDéfinition : l’objetd’unacte juridiqueest ce surquoiporte la volonté ; c’est le résultatjuridiquequelespartiesveulentatteindre.Grandediversité.

A–Effets•Créerundroit:–réel:ex.constitutiond’uneservitude;–personnel:ex.lecontratdelouagedechosedonneaupreneurledroitd’exigerquela

chosesoitmiseàsadisposition,etaubailleurledroitd’exigerlepaiementduloyer;–extrapatrimonial:ex.,lareconnaissanced’enfantdonneàcedernierledroitdeporter

lenomdesonauteur.•Transmettreundroit:–transmissionàtitreuniversel: letestamentestunactejuridiquequitransmetàune

personnel’ensembleouunefractiondupatrimoinedudéfunt(C.civ.,art.895);–transmissionàtitreparticulier:actesjuridiquesquitransmettentteldroitréel(ex.la

vente transfère le droit de propriété sur une chose déterminée) ou personnel : ex. lacession de créance transfère au créancier cessionnaire – qui acquiert la créance – lesdroits (ex. à une indemnité d’assurance) du créancier cédant contre son débiteur (ex.l’assureur),maisdesformalitésd’informationdudébiteursontexigées(C.civ.,art.1690ets.).•Éteindreundroit:unactejuridiquepeutentraînerl’extinctiond’undroit:– réel : ex. la renonciation à un droit de propriété (abandon) ou d’hypothèque, par

volontéunilatérale;–personnel:ex.laremisededette:renonciationàundroitdecréanceparconvention;

lepaiement:exécutiondelaprestationquiéteintledroitdecréance.

B–Conditions

1.Existencedel’objetL’actejuridiquen’estvalablequesil’objet:–existe lorsdesaconclusion :ex. si lachoseaétédétruiteavant lavente, lecontrat

n’estpasvalable;et– s’il est possible, c’est-à-dire que le résultat recherché puisse matériellement être

atteint.Maisunechosefuturepeutêtrel’objetd’unacte:ex.vented’unechoseàfabriquer;à

l’exception des pactes sur succession future, c’est-à-dire portant sur des biens faisantpartied’unesuccessionque l’intéressén’a pas encore recueillie, qui ne sont admis quedanslesconditionsprévuesparlaloi(C.civ.,art.1130).

2.Licéitédel’objet•L’actejuridiquen’estvalablequesil’objetestdanslecommerce(C.civ.,art.1128);d’où

Page 124: Introduction générale au droit

laprohibitiondesactesrelatifsàlapersonnehumaineouauxproduitsducorpshumain,auxbiensdudomainepublic,etc.•L’actejuridiquen’estvalablequesi,enoutre,l’objetn’estpascontraireàl’ordrepublic

etauxbonnesmœurs(C.civ.,art.6);d’oùlaprohibitiondesprêtsusuraires,desclausesabusivesdanslescontratsconclusentreprofessionnelsetconsommateurs,etc.

3.Déterminationdel’objetL’acte juridiquedoit avoirunobjetdéterminéquantà sonespèce,mais laquotitéde lachose peut être incertaine, pourvu qu’elle soit déterminable objectivement (C. civ.,art.1129);d’oùlanullitédescontratsdontl’objet(superficied’unterrain,caractéristiquesd’uneautomobile…)dépenddelavolontéunilatéraled’unepartie.

IV–LacauseDéfinition:lacaused’unactejuridiqueestlemotifdéterminantdelavolonté.Conditions:•Existencedelacause:l’actejuridiquen’estpasvalablesilacausen’existepas(C.civ.,

art.1131);exemple, assurance d’un risque inexistant ; promesse de payer une dette déjà

remboursée.•Licéité de la cause : l’acte juridique suppose, pour être valable, que lemobile qui

sous-tend la volonté n’est pas contraire à l’ordre public et aux bonnesmœurs (C. civ.,art.1133).D’où:– jusqu’à un revirement en 1999, la nullité des libéralités destinées à favoriser des

relationsadultères;–lanullitéducontratconcluenvuedecorrompreunfonctionnaire.

V–Laforme

A–RèglegénéraleenmatièredeformePrincipe:lesactesjuridiques,saufdispositioncontraire,nesontsoumisàaucunerègledeforme.→ Règle du consensualisme : c’est le consentement, non la forme, qui fait l’actejuridique.Conséquence : la volonté peut être exprimée en une forme quelconque (pas de

formalisme).

B–Casparticuliersenmatièredeforme

1.ActessolennelsDéfinition:actesquirequièrent,pourleurvalidité,l’observationdecertainesformes.Justification : actes graves, pour lesquels l’exigence d’une formalité est destinée à

attirerl’attentionsurl’importancedel’acteetàéclairerleconsentement.Formalités:

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– rédaction d’un acte authentique, par un notaire : contrat de mariage, donation,constitutiond’hypothèque;parunofficierdel’étatcivil:reconnaissanced’enfant;– rédaction d’un écrit : contrats d’édition, d’assurance, de société ; cession de brevet

d’invention;licencedemarque;nantissementdecréance,etc.Depuislaloidu21juin2004surlaconfiancedansl’économienumérique,lorsqu’unécrit

est exigé pour la validité d’un acte juridique, il peut être établi et conservé sous formeélectronique(C.civ.,art.1108-1).Sanction:nullitédel’actejuridique.

2.FormalitésdepreuveFormalités:lapreuvedecertainsactesjuridiques(C.civ.,art.1341)doitêtreétablieparécrit(v.➜).Sanction :à défaut d’écrit, l’acte n’est pas nul,mais la preuve en sera difficile, voire

impossible(v.➜).

3.FormalitésdepublicitéFormalités:certainsactesjuridiquesnesontopposablesauxtiersques’ilsontfaitl’objetd’unepublicité.Exemple:lesactesjuridiquesconstituantoutransférantundroitréelsurunimmeuble

doivent être publiés au fichier immobilier tenu par le Service de la publicité foncièreanciennementdénomméConservationdeshypothèques.Sanction :àdéfautdepublicité, l’acte est valable (effets entre lesparties)mais il est

inopposableauxtiers(ilspourrontméconnaîtrel’actenonpublié).

4.FormalitésfiscalesFormalités : certains actes juridiques tels que vente d’un fonds de commerce ou d’unimmeuble,constitutiond’unesociété,testament,etc.,sontsoumisàlaformalitéfiscaledel’enregistrement.Objectif:perceptiondedroitsd’enregistrementparleservicedesimpôts.Sanction:amendes;maisl’acterestevalable.

5.FormalitéshabilitantesFormalités : les actes dedisposition faits par le représentant d’un incapable (v.➜) nesontvalablesques’ilsontétéautorisésparlejugedestutellesouleconseildefamille.Sanction:nullitédel’actejuridique(pourincapacité).

§2–SanctionsdesconditionsdevaliditéDéfinition : essentiellement la nullité, c’est-à-dire l’anéantissement rétroactif d’un actejuridiqueauquelilmanqueuneconditiondevalidité.

I–CasdenullitéSuivant sa gravité, l’imperfectiond’unacte juridiqueest sourcedenullité relative (A) ouabsolue(B).

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A–NullitérelativeÉdictéeenvuedelaprotectiond’intérêtsprivés,lanullitéestrelativeencasde:–viceduconsentement;–incapacité;–absencedecause.

B–NullitéabsolueÉdictéeenvuedelaprotectiond’intérêtsgénéraux,lanullitéestabsolueencasde:–absencedeconsentement;–objetinexistant,illiciteouindéterminé;–causeillicite;–défautdeformedesactessolennels.

II–Miseenœuvredesnullités

A–Nullitérelative

1.PersonnesquipeuventagirennullitéCelles que la loi a voulu protéger, c’est-à-dire l’incapable ou la victime du vice duconsentement.

2.PossibilitédeconfirmationQuand la cause de nullité a disparu (l’incapable est devenu capable ou le vice duconsentement a cessé), la personne peut renoncer à agir en nullité et confirmer l’actejuridique,c’est-à-direluidonneruneforcedéfinitivequivaudradèssadated’origine.

3.DélaipouragirPrincipe:cinqansàcompterdujouroùlacausedenullitéadisparu.Motif:onprésumequeletitulairedel’actionavouluyrenoncer.

B–Nullitéabsolue

1.PersonnesquipeuventagirennullitéToutintéressé,c’est-à-direlespartiesàl’acte,lestiersetleministèrepublic.

2.ImpossibilitédeconfirmationLavolonténepeutdonnerdelavaleuràunactecontraireàl’ordrepublic.

3.DélaipouragirPrincipe : trente ans à compter du jour de l’acte. Réforme du 17 juin 2008 : cinq ans(art.2224nouv.)L’exceptiondenullitéestimprescriptible.Doncsil’unedespartiesdemandel’exécution

del’acte,l’autrepourratoujoursopposerl’exceptiondenullité.

III–Effetsdesnullités

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Identiquesquellequesoitlanullitéprononcée.Principe:l’acteannuléestcensén’avoirjamaisexisté.Conséquence:lespartiesdoiventêtreremisesdansl’étatoùellessetrouvaientavant

l’acte.Exemple : en cas d’annulation d’une vente d’immeuble, l’acheteur obtient le

remboursementduprixversé,etlevendeurrecouvrelapropriétérétroactivement;doncsi l’acheteuravaitconsentidesdroits réelssur l’immeuble (commeunehypothèque), ilssontanéantisrétroactivement.Exceptions:–Lesactessuccessifs,dontleseffetss’étalentdansletemps,nepeuventêtreanéantis

rétroactivement.Quandunmariageouunbailestannulé,onnepeuteffacerleseffetsproduits,comme

lesenfantsnésoul’occupationdeslieux:lanulliténevaudraquepourl’avenir.–Lesincapablesnedoiventrestituerquecequiatournéàleurprofit(C.civ.,art.1312):

mesureprotectrice.–Larestitutiondesprestationsestexclueencasd’immoralité,carnulnepeutinvoquer

sapropreturpitude.Adage:«nemoauditur…».Portée:mesuredissuasive.

Section3–EffetsdesactesjuridiquesLeseffetsdesactes juridiquesdépendentdelavolonté,quioblige(§1),maisseulementlespartiesàl’acte(§2).

§1–Forceobligatoiredel’actejuridiqueL’acte juridique qui réunit les conditions de formation requises par la loi, oblige lapersonnedequiilémane.Principe:énoncé,enmatièrecontractuelle,parl’article1134duCodecivilquidispose

«Lesconventionslégalementforméestiennentlieudeloiàceuxquilesontfaites.»Conséquence:lavolontéobligeaveclamêmeforcequelaloi.Portéeenmatièrecontractuelle,àl’égarddesparties(I)etdujuge(II).

I–Àl’égarddesparties

A–Chaquepartieaucontratdoitexécuterlaprestationqu’elles’estengagéeàaccomplir

Celasignifie:

1.ResponsabilitécontractuelleCondition : celui qui s’est engagé par un acte juridique n’exécute pas la prestationpromise,– soit en totalité : exemple, ne livrepas la chose vendue ; ne remboursepas l’argent

prêté,–soitpartiellement:exemple,unepartiedelamarchandisetransportéearriveavariée;

Page 128: Introduction générale au droit

desmalfaçonssontconstatéesdanslamaisonconstruite.Conséquence:ilengagesaresponsabilité.Si le débiteur était tenu d’une obligation de résultat – exemple, le transporteur doit

remettrelamarchandiseàtelendroit–,ilestresponsablesaufcasdeforcemajeure.Siledébiteurétaittenud’uneobligationdemoyens–exemple,lemédecindoitmettre

toutenœuvrepourguérirlepatient–,saresponsabilitén’estengagéequesisafauteestprouvée.

2.Maintiendel’actePrincipe : si les circonstances économiques se sont modifiées, et que l’exécution estdevenueplusonéreuse,voireruineuse,lespartiesrestentengagées.Exceptions:• Imprévision:si l’évolutiondelasituationéconomiqueétait imprévisible, le jugepeut

réviserlescontratsadministratifs.Motif:nécessitédecontinuitéduservicepublic.•Révisionprévue:–parlespartieselles-mêmes:clausesd’indexation;– par la loi : rentes viagères, baux commerciaux, conditions et charges grevant les

donationsetlegs.

B–Impossibilitépourl’unedespartiesderompreunilatéralementlecontrat

Principe:C.civ.,art.1134,al.2.Ilexistedesexceptions:

1.ClausederésiliationSil’unedespartiess’estréservéedanslecontratlafacultéderésiliationunilatérale.Exemple :dans le contrat de location conclu pour une durée déterminée (3 ans), le

locatairepeutrésilierlecontrat;délaidepréavis:3mois.

2.DuréeducontratSilecontratestàduréeindéterminée.Exemples:contratdetravail;contratdeconcession.Condition:délaidepréavis.Extension : selon la jurisprudence, la gravité du comportement d’une partie à un

contratàduréedéterminéepeutjustifierquel’autrepartieymettefindefaçonunilatérale,maisàsesrisquesetpérils.

3.ConfianceSilecontratestbasésurdesrapportsdeconfiance.Exemples:dépôt(C.civ.,art.1944);mandat(C.civ.,art.2003).

II–Àl’égarddujugePrincipe:lecontrats’imposeaujuge,quiesttenudel’appliquer.

Page 129: Introduction générale au droit

Ilexistedesexceptions:

A–RévisionjudiciairedesclausespénalesDéfinition:laclausepénaleconsisteenlafixationforfaitairedesdommages-intérêtsdusparledébiteurencasd’inexécution.Conditions:clausepénalemanifestementexcessiveoudérisoire(C.civ.,art.1152).

B–DélaidegrâceDéfinition:mesureindividuelle,accordéeparlejuge,quipermetaudébiteurderetarderl’exécutiondesonobligation(C.civ.,art.1244-1).Conditions : tenir compte des besoins du créancier (ex. retraité modeste) et de la

situationdudébiteur(ex.chômage).Durée:2ansmaximum.Effets:reportdeladetteouexécutionéchelonnée.

C–FaillitedudébiteurDéfinition:Situationdudébiteurquinepeutfairefaceaupassifexigibleavecl’actifdontildispose.Régime:•Pourlescommerçants,artisans,agriculteurs,professionnelslibérauxetlespersonnes

morales, la loi du 25 janvier 1985 institue le redressement et la liquidation judiciaires(C.com.,art.L.631-1ets.).•Pourlesparticuliers,laloidu31décembre1989(modifiéeparlaloidu26juillet2013)

règlelesdifficultésliéesausurendettement(C.consom.,art.L.330-1ets.).La loi du 1er août 2003 crée une nouvelle procédure de faillite civile dite de

rétablissementpersonnel(C.consom.,art.L.332-5ets.).Portée:atteinteàlaforceobligatoiredesengagementsdudébiteur.Modalités:• Pour les commerçants, artisans, agriculteurs, professionnels libéraux et personnes

morales,lesactifsdudébiteursontliquidésafindepayer,danslamesuredupossible,lescréancierssuivantuneprocédurecollective.• Pour les particuliers, les dettes contractées de bonne foi sont allégées et

rééchelonnées (surendettement), ou effacées en tout ou partie (rétablissementpersonnel).

§2–Effetrelatifdel’actejuridique

I–Notiond’effetrelatifL’actejuridiquen’ad’effetqu’àl’égarddesparties,quil’ontvoulu,nondestiers.Principeposéparl’article1165C.civ.enmatièrecontractuelle:«lesconventionsn’ont

d’effetqu’entrelespartiescontractantes;ellesnenuisentpointautiers…»

A–Significationduprincipe

Page 130: Introduction générale au droit

Seuleslespartiessontengagées,doncdeviennentcréancieroudébiteurd’uneobligation.Untiersnepeutêtrerenducréancieroudébiteurparl’effetd’unactejuridiqueauquelil

n’apasétépartie.

B–ApplicationduprincipeApplication complexe, car les effets des actes juridiques se produisent à l’égard dediversescatégoriesdepersonnes.

1.LespartiesCesontlespersonnesquisontintervenuesàl’actejuridique.•Directement:ellesontémislavolonté.•Indirectement:ellesontétéreprésentées:–représentationconventionnelle(ex.lemandat);–représentationlégale(ex.letuteur);–représentationjudiciaire(ex.l’administrateurjudiciaire).Conséquences:l’actejuridiqueproduitseseffetsàl’égarddureprésenté,nonàl’égard

dureprésentant.

2.LesayantscauseL’ayantcauseestlapersonnequitientsesdroitsd’uneautre,appeléeauteur.

a.AyantscauseuniverselsouàtitreuniverselSignification : ils ont acquis l’ensemble ou une fraction du patrimoine d’une personne(héritiers,légataires):–seulementàcausedemort.–succèdentauxdroitsetobligationsdeleurauteur(défunt),doncdeviennentcréanciers

oudébiteursàlaplacedudéfunt.

b.AyantscauseàtitreparticulierSignification : ils ne reçoivent de leur auteur qu’un ou plusieurs biens déterminés (ex.acheteurd’unmeubleoud’unimmeuble;légataireparticulier):–nesontpasliésparlesactesjuridiquespassésparleurauteur.–sauf : lesactesayantpourobjetdesdroitsréels(ex.constitutiond’hypothèque),s’ils

ont été publiés au Service de la publicité foncière ; certains actes ayant pour objet desdroitspersonnels;exemple,l’acheteurdel’immeubleesttenuparlecontratdebailpasséparlevendeur(C.civ.,art.1743).

3.Lescréancierschirographaires•Cesontlescréanciersdémunisdesûretéspéciale;àl’opposédescréanciersprivilégiés,commehypothécaires,quiontundroitspécialsur

unbiendudébiteur,doncsontayantscauseparticuliers.• Les actes juridiques de leur débiteur n’ont pas d’effets à leur égard,mais leur sont

opposables : si le débiteur contracte de nouvelles dettes, le droit de gage général descréancierschirographairess’amenuise.Exception : l’acte juridique faitpar ledébiteuren fraudedesdroitsdesescréanciers

Page 131: Introduction générale au droit

peutêtreannuléàlademandedecesderniers(«actionpaulienne»:C.civ.,art.1167).

II–Dérogationsàl’effetrelatifdesactesjuridiques

A–LastipulationpourautruiDéfinition : mécanisme suivant lequel par contrat conclu entre un stipulant et unpromettant, ce dernier s’engage à fournir une prestation à un tiers bénéficiaire (C. civ.,art.1121).Exemple : l’assurance-vie, le stipulant étant l’assuré et le promettant la compagnie

d’assurances.Portée:letiers,quin’estpaspartieaucontrat,devientcréancier;ilbénéficied’undroit

directcontrelepromettant.Mais ce droit est révocable par le stipulant, tant que le bénéficiaire n’a pas déclaré

vouloirl’accepter.

B–LesconventionscollectivesdetravailDéfinition:accordsconclusentredesemployeurs,d’unepart,dessyndicatsdesalariés,d’autrepart,etayantpourobjetlesconditionsdetravail(salaires,organisationdutempsdetravail,licenciement…).Portée:s’imposentàtouslessalariés,mêmes’ilsnesontpasmembresdessyndicats

signataires;obligenttouslesemployeurs,mêmeceuxquinelesontpassignées.

PourallerplusloinBibliographie•Ch.Jamin,«Révisionetintangibilitéouladoublephilosophiedel’article1134du

Codecivil»,Droitetpatrimoine,mars1998,no58,p.46.• X. Lagarde, « Observations critiques sur la renaissance du formalisme »,

JCP1999.I.170.• G. Rouhette, « Droit de la consommation et théorie générale du contrat »,

MélangesR.Rodière,1981,p.247.Sujetsderéflexion•Lestermes«actejuridique,contratetconvention»sont-ilssynonymes?•Faut-ildistinguerlanullitédelarésolutionducontrat?•Uncontratpeut-ilproduireuneffetjuridiquesurlestiers?

Page 132: Introduction générale au droit

Chapitre2

Lesfaitsjuridiques

L’essentielDéfinition : le fait juridique est tout événement auquel la règle de droit attache desconséquencesjuridiques(création,transmissionouextinctiond’undroitsubjectif)quin’ontpasétéspécialementrecherchées.Variété:infinie,doncénumérationimpossible.Classification par grandes catégories : principalement, si les faits sont involontaires(section1)ouvolontaires(section2).

Section1–FaitsjuridiquesinvolontairesDéfinition:événementsquiseproduisentindépendammentd’unevolontéhumaine.

§1–ÉvénementsdelaviedespersonnesphysiquesSontdesfaitsjuridiquesquicréent,transmettentouéteignentdesdroitssubjectifs.

I–LanaissanceSource de la personnalité juridique, parfois même dès la conception (v.➜), donc faitacquérirlesdroitsdelapersonnalité,lesdroitsdefamilleetlepatrimoine(v.➜).

II–LamajoritéLefaitdeparveniràuncertainâge(18ans)faitcesserl’incapacitépesantsurlemineuretluiconfère,enprincipe,lapleinecapacité.

III–LasantéL’étatdesantéphysique(maladie)oumentale(folie)delapersonneadesrépercussionssurl’exécutiondesesobligationsetsurtoutsursacapacité(v.➜).

IV–LedécèsÉteintlesdroitsdelapersonnalitéetlesdroitsdefamilledudéfunt.Transmetlepatrimoinedudéfuntauxpersonnesquelaloiappelleàlasuccession.

§2–ÉvénementsnaturelsCertainsévénementsnaturelspeuventavoirdes conséquences juridiques : la foudre, latempête,leverglas,uneinondation,untremblementdeterre…

Page 133: Introduction générale au droit

Intérêt:sontdesfaitsdeforcemajeures’ilssontimprévisiblesetirrésistibles.Conséquences : libèrent de toute responsabilité le débiteur qui a été empêché

d’exécutersonobligation.

§3–L’écoulementdutempsLedroitpositifattachedesconséquencesjuridiquesàl’écoulementdutemps.Motif:dansl’intérêtdelapaixsociale,ilfautstabiliserdessituationsdefaitquisesont

prolongées,mêmesiellessontcontrairesaudroit.Technique:mécanismejuridiquedelaprescription.

I–PrescriptionacquisitiveEffet:lepossesseurd’unechose,quin’enestpaslepropriétaire,acquiertundroitréelsurlachose(principalementlapropriété)silasituationseprolonge.Objectifs:• Protection : protéger ceux qui ont traité avec le possesseur en croyant que sa

situationétaitjuridiquementfondée.•Sanction:sanctionnerlanégligenceduvéritablepropriétairequis’estdésintéresséde

sonbien.Durée:enprincipe30ans(C.civ.,art.2272).Exceptionnellement,laduréepeutêtreabrégéeà10ans.

II–Prescriptionextinctive

A–NotiondeprescriptionextinctiveSiletitulaired’undroit(personnelouréel)oud’uneactionenjustice(civileoupénale)n’apas exercé ce droit ou cette action pendant un certain délai, cette inaction prolongéeentraîneladisparitiondudroitoudel’action.

B–FondementsdelaprescriptionextinctiveSanction:sanctionnerlanégligence:–ducréancierquin’apasréclamélepaiementàsondébiteur;–duministèrepublic,quin’apassaisi la juridictionpénaleenvuede larépressiondu

délinquant;–dufiscquin’apaspoursuivilecontribuable,etc.Preuve:difficultéderassemblerlespreuvesdefaitsanciens.Intérêt : absence d’utilité d’un droit réel si son titulaire ne l’exerce pas ; exemple,

prescriptionextinctivedesservitudespournon-usage.

C–Délaisdeprescriptionextinctive

1.DroitcivilPrincipe:àl’origine,30ans.Réformedu17juin2008:5ans(art.2224nouv.).Exceptions:

Page 134: Introduction générale au droit

•10ans(ex.responsabilitéayantentraînéundommagecorporel:art.2226nouv.);•2anspourlesrecoursdérivantducontratd’assurance(C.assur.,art.L.114-1)oupour

l’action des professionnels, pour les biens ou les services qu’ils fournissent auxconsommateurs(C.consom.,art.L.137-2).Quelquesoitledélai,laprescriptionnecourtpascontrelesmineurs(C.civ.,art.2235).

2.DroitcommercialPrincipe:5ans.Les obligations nées à l’occasion de leur commerce entre commerçants et non-

commerçants se prescrivent par cinq ans (loi du 17 juin 2008), peu important leurfondement contractuel ou délictuel, et sans distinguer selon le caractère civil oucommercialdecesobligations(C.com.,art.L.110-4).

3.Droitpénal•Crimes:10ans.•Délits:3ans.•Contraventions:1an.

4.DroitfiscalPrincipe:3ans.

Section2–FaitsjuridiquesvolontairesDéfinition :comportementvolontairede l’hommequi faitnaîtreundroitsubjectifsansquelaconséquencejuridiquequelaloiyattacheaitétéspécialementrecherchée.Ils’agitdelaresponsabilitécivile(§1),desquasi-contrats(§2)etdelapossession(§3).

§1–LaresponsabilitécivilePrincipes:LC.civ.,art.1382:«Toutfaitquelconquedel’homme,quicauseàautruiundommage,obligeceluiparlafauteduquelilestarrivé,àleréparer».LC.civ.,art.1383:«Chacunestresponsabledudommagequ’ilacausénonseulementparsonfait,maisencoreparsanégligenceouparsonimprudence».LC.civ.,art.1384,al.1er:«Onestresponsablenonseulementdudommagequel’oncausepar sonpropre fait,maisencoredeceluiquiest causépar le faitdespersonnesdontondoitrépondre,oudeschosesquel’onasoussagarde».Conséquence:lavictimed’undommageacquiertdroitàréparation.

I–Ledommage

A–NaturedudommageLedommage(appeléaussipréjudice)peutêtrecorporel,matérieloumoral.

1.Corporel

Page 135: Introduction générale au droit

Signification:atteinteàlapersonnephysique(ex.uneblessure).Ladouleurphysiquecauséeàlavictimeparlessuitesdel’accident:pretiumdoloris.

2.MatérielSignification : atteinte au patrimoine (ex. détérioration d’un objet appartenant à lavictime).

3.MoralSignification : comme l’atteinte à l’honneur d’une personne, en cas de diffamation oud’injure;l’atteinteàl’affection:exemple,casoùleconjointesttuédansunaccidentdelacirculation;lepréjudiced’agrément.

B–ConditionsdudommageréparableLedommagedoitêtrecertainetdirect.

1.DommagecertainSignification:dommagenonéventuel,dontlaréalisationdépenddecirconstancesdontonnesait,dèsàprésent,siellesseréaliseront.Mais:•Iln’estpasnécessairequelepréjudicesoitactuel,c’est-à-direréaliséaumomentdela

faute.Lepréjudicefuturdoitêtreréparé,s’ilestcertain:–soitquesaréalisationsoitcertaineaumomentdelafaute,ainsiencasdepréjudice

continu;exemple,ladiminutiondéfinitivedelacapacitédetravail;– soit que, ne se réalisant qu’ultérieurement, il se rattache directement à la faute ;

exemple,aggravationdupréjudiceenmatièredeblessuresparimprudence.•Danscertainscas, lepréjudice,mêmeéventuel,peutêtreretenu,notammentencas

deperted’unechance,s’ilya«probabilitésuffisante»;Exemples : perte de l’aptitude à postuler un emploi ; perte de l’éventualité d’un

avancementprofessionnel.

2.Dommagedirect•Exclusiondesconséquenceslointainesdelafaute:auraientpuseproduiremêmesila

fauten’avaitpasétécommise.ExempledePothier(juristeduXVIIIesiècle) :unmarchandvendunevachemaladequi

contamine le troupeau de l’acheteur (conséquence directe), lequel acheteur, mis horsd’étatd’exploitersonfonds,tombeendéconfiture(conséquencelointaine).•Mais, s’il y a dommagedirect, peu importeque la faute ait seulement concouru au

dommagesansenavoirétélaseulecausegénératrice.D’où par exemple, en cas de blessures par imprudence, responsabilité même si la

victimeétaitprédisposéephysiquement.

II–L’obligationderéparerDifférentsrégimesderesponsabilité:

Page 136: Introduction générale au droit

– en principe, la responsabilité suppose une faute prouvée, commise par l’auteur dudommage(C.civ.,art.1382et1383);–mais la loi a prévu, en outre, une responsabilité sans faute (C. civ., art. 1384 ; lois

spéciales).

A–ResponsabilitépourfauteConditions:–l’auteurdudommagedoitavoircommisunefaute;–ilexisteunrapportdecausalitéentrelafauteetledommage.

1.LafauteVariété:ellepeutêtrededeuxtypes.

a.Fauterésultantdelaviolationd’uneprescriptionlégale(faitilliciteproprementdit)

Distinctionentrefautecivileetfautepénale:–fautecivileconstitutived’undélitcivil:«toutfaitquelconquedel’homme…»;–fautepénaleconstitutived’undélitpénal : faitexpressémentet limitativementprévu

parlaloi.Sanction:–délitcivil:sanctionpécuniairesousformededommages-intérêts;– délit pénal : sanction pénale (peine : emprisonnement, amende, etc. requise par le

ministèrepublicetprononcéepar la juridiction répressive)et, enoutre, sanctioncivile :dommages-intérêts en réparation du préjudice causé à la victime ; prononcée, à lademandedelavictime,parlajuridictionrépressiveouparlajuridictioncivile.

b.Fautenerésultantpasdelaviolationd’uneprescriptionlégaleConsiste dans le fait de ne pas s’être conduit en homme soigneusement prudent etdiligent(avantlaloin°2014-873du4août2014pourl'égalitéréelleentrelesfemmesetleshommes,leCodecivilfaisaitmentiondu«bonpèredefamille»,expressionissuedulatindésormaisjugéedésuète):–fauteparcommission:ex.bousculerunepersonnequitombeetseblesse;– fauteparabstention : ex.nepasprendre lesprécautionsnécessairespouréviter la

pollutiond’unerivière;–fautedélictuelle(volontaire)ouquasidélictuelle(imprudenceounégligence);–abusdedroit:fautecommisedansl’exerciced’undroit;ex.unpropriétaireédifieune

faussecheminéedansleseulbutd’obturerlavueduvoisin,doncavecintentiondenuire.

2.LeliendecausalitéConditions:•Ilfautunrapportdecauseàeffetentrelafauteetledommage.•Siundommage(ex.lamortd’unepersonne)aplusieurscauses(elleaétébousculée

parunhomme;s’estblesséedanssachute;uneerreurdediagnosticestcommiseparl’interne de garde à l’hôpital ; le médecin anesthésiste se trompe dans les doses), ledommage sera réparé par celui qui a commis la faute directement à l’origine du

Page 137: Introduction générale au droit

dommage.•Appréciationsouveraineparlesjugesdufond.

B–ResponsabilitésansfauteLapreuvedelafauteétantsouventdifficileàapporter,laloiaétablidesprésomptionsdefaute.

1.Responsabilitédufaitd’autruia.Responsabilitédespèreetmère

Le père et la mère, tant qu’ils exercent l’autorité parentale, sont solidairementresponsablesdudommagecauséparleursenfantsmineurshabitantaveceux(art.1384,al.4).Mêmesil’actedumineurn’estpasfautif.Présomptionabsolue:lespèreetmèrenepeuvents’exonérerdeleurresponsabilitéen

prouvantqu’ilsn’ontpascommisdefaute.Maisnonresponsablessiforcemajeureoufautedelavictime.

b.ResponsabilitédesartisansPour lesdommagescauséspar leursapprentis«pendant letempsqu’ilssontsous leursurveillance»(art.1384,al.6).Responsabilitépourfaute(présomptionsimpledefaute).

c.Responsabilitédescommettants(employeurs)Pourlesdommagescausésparleurspréposés«danslesfonctionsauxquellesilslesontemployés»(art.1384,al.5).Présomptionabsolue:lecommettantn’estpasadmisàprouverqu’iln’apuempêcherle

fait;saufcasdeforcemajeure,oufautedelavictime.

d.Autrescasderesponsabilitédufaitd’autruiLespersonneschargéesdesurveilleretd’organiserlemodedevieoulesactivitésd’autrespersonnes peuvent être déclarées responsables du fait dommageable commis par cesdernières(art.1384,al.1;ex.centresd’accueildepersonneshandicapées,demineurs;ex.clubssportifsdurantlescompétitionssportives).

2.Responsabilitédufaitdeschosesa.Responsabilitédufaitdeschoses«inanimées»

On est responsable « du dommage causé par le fait… des choses que l’on a sous sagarde»(C.civ.,art.1384).Exemple :un accident est causé par l’explosion d’unemachine ; la victimen’a pas à

prouver la faute du détenteur de la chose qui a causé le dommage ; il est présuméresponsable.•Présomptionabsolue:legardiennepeuts’exonérerenprouvantqu’iln’apascommis

defaute.•Personnessoumisesàlaprésomption:

Page 138: Introduction générale au droit

– le propriétaire de la chose est présumé gardien ; s’il prétend qu’aumoment du faitdommageable la chose était sous la garde d’un tiers, c’est à lui qu’il appartient de leprouver;– celui qui a la garde de la chose en vertu d’un titre juridique (ex. l’emprunteur ; legaragisteauquelunvéhiculeaétéremispourréparation)ousanstitre(ex.levoleur).•Chosesauxquelless’applique laprésomption: touteschosescorporelles (autresque

les bâtiments, cas ci-dessous), mobilières et immobilières, animées par la main del’hommeounon(ex.unemachinequiexplose,unarbrequitombe,unvéhiculequiheurteunautrevéhicule,unprojectile…).•Conditiondelaresponsabilité:queledommagesoit«lefaitdelachose».•Casoùlaprésomptionnejouepas:dommagecauséparunincendie.Lavictimedevra

prouverlafautedudétenteurdesbiensimmobiliersoumobiliersdanslesquelsl’incendieaprisnaissance(art.1384,al.2).

b.ResponsabilitédufaitdesanimauxLC.civ.,art.1385:«Lepropriétaired’unanimalouceluiquis’ensert,pendantqu’ilestàsonusage,estresponsabledudommagequel’animalacausé,soitquel’animalfûtsoussagarde,soitqu’ilfûtégaréouéchappé.»→Présomptionabsolue:mêmesrèglesquepourlaresponsabilitédufaitdeschosesdites«inanimées».

c.ResponsabilitédufaitdesbâtimentsLC.civ.,art.1386:«Lepropriétaired’unbâtimentestresponsabledudommagecausépar sa ruine lorsqu’elle est arrivée par suite du défaut d’entretien ou par le vice de saconstruction.»→Présomptionabsolue:mêmesrèglesquepourlaresponsabilitédufaitdeschosesdites«inanimées».

d.ResponsabilitédufaitdesproduitsdéfectueuxLC.civ.,art.1386-1ets.Source : directive européenne du 25 juillet 1985 – loi française de transposition du

19mai1998.Contenu :responsabiliténouvellequipèsesur leproducteur,ou levendeur,à raison

d’un dommage causé par un produit défectueux portant atteinte à la sécurité d’unepersonne,consommateurouprofessionnel,oud’unbien.Option:lavictimepeutàcertainesconditionsagirenréparationsurlefondementd’un

autrerégimederesponsabilité,contractueloudélictuel(C.civ.,art.1386-18).Exonération spéciale si l’état des connaissances scientifiques et techniques ne

permettaitpas,quandleproduitaétémisencirculation,dedécelerl’existencedudéfaut:risquededéveloppement.Attention,laCourdejusticedel’Unioneuropéennedonneuneinterprétationstrictedu

processusdetranspositiondecettedirective:ilfautdoncrelirelesarticlesduCodecivilfrançaisdemanièreàcequ’ilsdemeurentconformesautexteeuropéen.

3.Exonérationderesponsabilité

Page 139: Introduction générale au droit

Celui qui est présumé responsable peut s’exonérer en prouvant l’existence d’un faitexonératoire.Principes:•ExonérationtotalederesponsabilitéCasfortuitoudeforcemajeure:événementqu’ilaétéimpossibledeprévoiretd’éviter

etquiamisl’intéressédansl’impossibilitéd’agirautrementqu’ilnel’afait;conditions:–l’événementprovientd’unecauseétrangèreàl’intéressé;–aétéinévitable;–aétéimprévisible.Lefaitdelavictime,mêmeunfaitnonfautif;conditions:–lefaitdelavictimen’estpasimputableàl’auteurdudommage;–ilaétéimprévisibleetinévitable;–ilconstituelacauseexclusivedudommage.Lefaitd’untiers;enprincipe,mêmesconditionsquepourlaforcemajeure.•Exonération partielle de responsabilité ; cas où le fait exonératoire n’opère que

pourpartie.Cas fortuit oude forcemajeure : l’exonérationde responsabilité due au casde force

majeureesttoujourstotale.Fautedelavictime:partagederesponsabilitéentrel’auteurdudommageetlavictime,

danslaproportionquiserafixéeparletribunal,entraînantdiminutioncorrespondantedelaréparation.Faitd’untiers:pasd’exonérationdelaresponsabilitédel’auteurdudommageenversla

victime;maispartagederesponsabilitéentrel’auteurdudommageetletiers(actionditerécursoirecontrecetiers).Exceptions:•Accidentsdelacirculationroutière.Dispositions dérogatoires au droit commun de la responsabilité du fait des choses

quandils’agitd’unaccidentdelacirculation:loidu5juill.1985«tendantàl’améliorationdelasituationdesvictimesd’accidentsdelacirculation…»;accident«danslequelestimpliquéunvéhiculeterrestreàmoteur».–«lesvictimes…nepeuventsevoiropposerlaforcemajeureoulefaitd’untiersparle

conducteuroulegardien»duvéhicule;– atteinte aux personnes (dommage corporel) : les victimes sont indemnisées « sans

que puisse leur être opposée leur propre faute » ; – « à l’exception de leur fauteinexcusablesielleaétélacauseexclusivedel’accident»;–etàmoinsquelavictimen’aitmoinsde16ansouplusde70ans(indemniséedanstouslescas);–dommageauxbiens(dommagematériel):conformémentaudroitcommun,lafaute

commiseparlavictimeapoureffetdelimiteroud’exclurel’indemnisation.•Responsabilité des employeurs enmatière d’accidents du travail (loi du 9 avr.

1898,aujourd’huiCSS,LivreIV):l’employeurest,depleindroit,responsabledesaccidentsdontsontvictimessessalariés,sansqu’ilsoitnécessaired’établirunefauteetsansquel’employeur puisse s’exonérer de sa responsabilité en invoquant un fait exonératoirequelconque,mêmelafautedelavictime:– fondement de la responsabilité : le risque professionnel ; l’accident est un risque

professionneldontlachargedoitêtresupportéeparl’employeur;

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–responsabilitécouverteparuneassuranceobligatoire.

§2–Lesquasi-contratsDéfinition:«Lesquasi-contratssontdesfaitspurementvolontairesdel’homme,dontilrésulte un engagement quelconque envers un tiers, et quelquefois un engagementréciproquedesdeuxparties»(C.civ.,art.1371).• Faits volontaires :maispasde contrat car absenced’accordentre le créancier et le

débiteur.•Faitslicites:lecomportementvolontairedel’hommen’estpasillicitecarneconstitue

pasunefaute(nidélit,niquasi-délit).

I–Lagestiond’affaires

LC.civ.,art.1372ets.Définition : une personne (le gérant d’affaires) accomplit un acte dans l’intérêt

d’uneautre(legéréoumaîtredel’affaire),sansenavoirreçumandatnipouvoirlégal.Exemple :en l’absence de l’intéressé (voisin parti en vacances), une personne prend

l’initiativede faireeffectueruneréparationurgentede lamaison (réfectionde la toiturearrachéeparlevent).

A–ObligationsàlachargedugérantLC.civ.,art.1374:«Apporteràlagestiondel’affairetouslessoinsraisonnables».Se présenter au tiers avec lequel il contracte pour autrui comme agissant pour le

comptedumaîtredel’affaire.Sinon,serapersonnellementobligéenverscetiers.Rendrecomptedesagestionaumaîtredel’affaire.

B–Obligationsàlachargedumaître

LC.civ.,art.1375.Remplirlesengagementsquelegérantasouscritsensonnom(ex.payerlecouvreur).Condition:gestionutile.Indemniserlegérantdetouteslesdépensesutilesounécessairesqu’ilafaites.Maisnonluipayerunerémunération.

II–Larépétitiondel’induLC.civ.,art.1376ets.Définition:celuiqui,parerreur,apayéunedettequ’ilnedevaitpas,aledroitd’obtenir

larestitutiondecequ’ilaversé.Exemple:ledébiteurapayésadette;aprèssondécès,leshéritierspayentcettedette,

ignorantqu’elleadéjàétéacquittée,puisretrouventlaquittancedonnéeparlecréancier.Applicationsfréquentesencasdeprestationsverséesindûmentàdesassuréssociaux.Fondement:lepaiementaétéfaitsanscause(v.➜),puisqu’iln’yavaitpasdedette.Conséquence:celuiquiareçulepaiementinduestobligéderestituer.

Page 141: Introduction générale au droit

Exception:lepaiementd’uneobligationnaturelle(v.➜).

III–L’enrichissementsanscauseDéfinition:siunepersonnesetrouveenrichieauxdépensd’uneautre,sansjustificationjuridique, elle est obligée de verser à la personne appauvrie une indemnité, si cettedernièreintentel’actiondeinremverso.Exemple:unmarchandayantfournidesengraismisparlefermierdanslaterrelouée,

peutréclameraupropriétaire,encasd’insolvabilitédufermier,laplus-valueprocuréeàlaterreparlesengrais.Principe consacré par la Cour de cassation en 1892. Jugé en 2006 que l’organisateur

d’uneloteriepublicitairequiannonceungainàunepersonnedénommée,sansinsistersurl’existenced’unaléa,s’obligeàledélivrerenexécutiond’unquasi-contrat.Conditions:–enrichissementd’unpatrimoineetappauvrissementcorrélatifd’unautrepatrimoine;–absencedecause,c’est-à-direquel’enrichissementnerésultepasd’uncontratoudela

loi.–subsidiarité,c’est-à-direqueledemandeurnedoitdisposerd’aucuneautreaction.Conséquences:–l’enrichinedoitrestituerquelaplusfaibledesdeuxsommesreprésentant;–l’enrichissement(évaluéaujourdelademande);et–l’appauvrissement(évaluéaujouroùilaétésubi).

§3–LapossessionDéfinition:c’estlefaitd’exercerlesprérogativesd’undroit(ex.droitdepropriété)oud’unétat(ex.étatd’enfant),quel’onsoitounontitulairedecedroitoudecetétat.Conséquence:laloiaccordeàceluiquiexerce,enfait,undroitouunétatlaprotection

delasituationdefaitdontiljouit.Domaine:droitdesbiens(I)etétatdespersonnes(II).

I–Droitdesbiens

A–Protectiondelapossession

1.Motifsdeprotection• Paix publique : en protégeant le possesseur d’un bien, on évite que le véritable

propriétaireneveuillereprendrecebienparlaforce.Principe:nulnedoitsefairejusticeàsoi-même.• Simplicité : la plupart despossesseurs sontpropriétaires ;mais il est plus facilede

prouver lapossession(fait)que lapropriété (droit) ;donc laprotectionde lapossessionassureindirectementetplusfacilementlaprotectiondelapropriété.

2.MoyendeprotectionHistorique : pendant longtemps la protection de la possession s’est faite par le biaisd’actionsenjusticespécifiquesdénomméesactionspossessoires:

Page 142: Introduction générale au droit

–lacomplainte:protectiondelapossessioncontreuntroubleactuel,– la dénonciation de nouvel œuvre : protection de la possession contre un trouble

éventuel,quepréfigurentdestravauxentreprissurunfondsvoisin,– la réintégrande (ou action en réintégration) : protectionde la possession contre un

troubleviolentouunevoiedefait.Progressivement, tombées en désuétude au profit de l’action en référé, les actions

possessoiresontétéabrogéesparlaloin°2015-177du16février2015.

B–Effetsdelapossession

1.AcquisitiondelapropriétéLepossesseur (non ledétenteur)devientpropriétaire –ou titulaired’unautredroit réelpossédé;exemple,laservitude–parl’écoulementdutemps(v.➜).La durée varie suivant qu’il s’agit demeubles ou d’immeubles (v.➜), et selon que le

possesseur est de bonne foi (c’est-à-dire croit être le propriétaire) ou de mauvaise foi(c’est-à-diresaitqu’iln’estpaslepropriétaire).•Possesseurdebonnefoi–acquiertinstantanémentlapropriétédesmeubles(C.civ.,art.2276);–acquiertlapropriétédesimmeublespar10ans(C.civ.,art.2272).–«Labonnefoiesttoujoursprésumée»(C.civ.,art.2274).•PossesseurdemauvaisefoiAcquiertlapropriétédesmeublesetdesimmeublespar30ans(C.civ.,art.2272).

2.PrésomptiondudroitLepossesseur(nonledétenteur)estprésumétitulairedudroitréelqu’ilpossède.Portée : il appartient à celui qui revendique le droit réel sur une chose (propriété ;

servitude;etc.)deprouverqu’ilestletitulairedudroitréel.Conséquence:si ledemandeurnefaitpascettepreuve,ilsuccombe,etledéfendeur

resteenpossession.

II–DroitdelafamillePosséderunétat,c’estexercer,enfait,lesprérogativesd’unétat.

A–Notiondepossessiond’étatDéfinition : « La possession d’état s’établit par une réunion suffisante de faits quiindiquentlerapportdefiliationetdeparentéentreunindividuetlafamilleàlaquelleilestditappartenir»(C.civ.,art.311-1).

1.Élémentsdelapossessiond’état•Lenom:l’individuatoujoursportélenomdeceuxdontonleditissu.•Letraitement:ceuxdontonleprétendissuonttraitél’individucommeleurenfant,etil

lesatraitéscommesespèreetmère;ilsont,encettequalité,pourvuàsonéducation,àsonentretienetàsonétablissement.•Larenommée:l’individuestreconnucommeayantl’étatprétendu,danslasociétéet

parlafamille;l’autoritépubliqueleconsidèrecommetel.

Page 143: Introduction générale au droit

2.Réuniondeséléments• Il n’est pas indispensable que tous ces éléments soient réunis : certains peuvent

suffire;d’autreséléments,nonénumérésparlaloi,peuventêtreretenus.• Mais la possession d’état doit être continue, paisible, publique et non équivoque

(C.civ.,art.311-2).

3.Preuvedelapossessiond’état•Aucoursd’unprocès:tousmoyensdepreuve.•Endehorsd’unprocès:parunactedenotoriétédélivréparlejuged’instance,fondé

surladéclarationfaitepartroistémoins;l’actedenotoriétéfaitfoidelapossessiond’étatmaispeutêtrecontestéenjustice.

B–Effetsdelapossessiond’état

1.Preuvedelafiliation•Lapossessiond’étatsuffitàprouverlafiliation(C.civ.,art.317).•Lapossessiond’étatrend inattaquable lafiliation lorsqu’elleestconformeà l’actede

naissanceouàlareconnaissance(C.civ.,art.333)pendantaumoinscinqans.• Lamèreou lepère, l’enfantousesvraisparentspeuventagiren contestationde la

filiationétablieparlapossessiond’étatlorsqu’elleestconformeàl’actedenaissanceouàlareconnaissance.L’actionseprescritparcinqans(C.civ.,art.333,al.1).

2.PreuvedumariagePrincipe:lapossessiond’étatd’épouxneprouvepaslemariage(C.civ.,art.195).Exception:lesenfantsdontlafiliationestcontestéeetquinepeuventproduirel’acte

demariage,alorsqueleurspèreetmèresontdécédés,pourrontprouverlemariageparlapossessiond’état(C.civ.,art.197).

PourallerplusloinBibliographie• S. Dion Loye, « Les impératifs constitutionnels du droit de la responsabilité »,

LPA1992,no91,p.11.• B. Fauvarque-Cosson et J. François, « Commentaire de la loi du 17 juin 2008

portantréformedelaprescriptionenmatièrecivile»,D.2008.Chron.2512.•Ph.LeTourneauetA.Zabalza,«Leréveildesquasi-contrats»,CCC2002.Chron.

no22.Sujetsderéflexion•Lesfaitsjuridiquesvolontairesproduisent-ilsuneffetdifférentdesfaitsjuridiques

involontaires?•Quandest-cequelefaitjuridiqueestliciteouillicite?•Laprescriptionpermet-elled’acquériroudeperdredesdroits?

Page 144: Introduction générale au droit
Page 145: Introduction générale au droit

Titre3

Preuvedesdroitssubjectifs

•Définition:prouver,c’estétablirqu’unechoseestvraie.•Importancedelapreuve:celuiquinepeutfairelapreuved’undroitdontilesttitulaireestdanslamêmesituationjuridiqueques’iln’avaitpascedroit.•Preuvenoncontentieuse:c’est-à-direendehorsdetoutprocès;ex.:poursemarier,ilfautavoir l’âge requispar la loi : comment leprouver ?Pourpasserun concoursde lafonctionpublique,ilfautprouverquel’onalanationalitéfrançaise:comment?• Preuve contentieuse : cela signifie qu’au cours d’un procès, les plaideurs doiventconvaincre le juge du bien fondé de leurs prétentions en prouvant l’existence de leursdroits.Troisquestionsseposent:Quefaut-ilprouver?(chapitre1:objetdelapreuve);Quidoitprouver?(chapitre2:chargedelapreuve);Commentprouver?(chapitre3:modesdepreuve).

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Chapitre1

L’objetdelapreuve

L’essentielDistinctionessentielleentrelefaitetledroit(comp.lerôledelaCourdecassation,v.➜).•Fait(àprouver):actesetfaitsjuridiques(v.supra,titre2)quisontlasourcedesdroitssubjectifs.Exemple,unaccidentdechasse;unepersonneestvictimed’undommage.•Droit:règlededroitapplicableenl’espècequiproduitlerésultatprétenduparunepartie.Exemple,article1384,al.1erC.civ.:onestresponsabledudommagecauséparleschoses(fusil,plombs)qu’onasoussagarde.Principes:lapreuveneportepassurledroit(section1);elleportesurlefait(section2).

Section1–Ledroitn’estpasàprouverPrincipes:LC.pr.civ.,art.9 :« Il incombeàchaquepartiedeprouverconformémentà la loi lesfaitsnécessairesausuccèsdesaprétention».LC.pr.civ.,art.12:«Lejugetranchelelitigeconformémentauxrèglesdedroitquiluisontapplicables».Signification:lejugeconnaîtlarèglededroit;donccelle-cinepeutfairel’objetd’une

preuve.Certes,lespartiesdoivent(C.pr.civ.,art.56et753)invoquerlesrèglesdedroitquileur

sont favorables. Mais elles ne sont pas déboutées si elles se fondent sur une règleinappropriée:c’estaujugequ’ilappartientdetrancherlaquestiondedroit.Exceptionsàl’officedujuge:–lescoutumes(v.➜)doiventêtreprouvéesparceluiquis’enprévaut;–laloiétrangère,applicabledansunlitigededroitinternationalprivé(v.➜),doitparfois

êtreétablieavecleconcoursdesparties.

Section2–LesfaitsdoiventêtreprouvésLesfaitsiciviséssontlesélémentsgénérateursdesdroitssubjectifs,c’est-à-direlesactesjuridiques(ex.uncontrat)etlesfaitsjuridiques(ex.unaccident).Principe : le fait à prouver est celui qui déclenche l’application de la règle de droit

produisantlerésultat(ex.réparationd’undommage)dontleplaideurréclamelebénéfice(ex.indemnité).Portée:lefaitestàprouvers’ilestcontesté;si un fait est allégué, sans être contesté, il n’est pas à prouver : « À l’appui de leurs

prétentions,lespartiesontlacharged’alléguerlesfaitspropresàlesfonder»(C.pr.civ.,

Page 147: Introduction générale au droit

art.6).Limites:lapreuvedecertainsfaitspeutêtreexclue(§1)ouimpossible(§2).

§1–Lapreuvedecertainsfaitsestexclue

I–PreuveinterditeSilaloiinterditl’établissementd’unesituationjuridique,lejugedoitrefuserlapreuvedesfaitsquilaprouveraient.Exemple : « S’il existe entre les père et mère de l’enfant un des empêchements à

mariageprévuspar lesarticles161et162pour causedeparenté, la filiationétantdéjàétablie à l’égard de l’un, il est interdit d’établir la filiation à l’égard de l’autre » (C. civ.,art.310-2).

II–PreuveinopéranteSi le fait allégué ne peut rendre probable le droit prétendu, le juge doit en refuser lapreuve,quiseraitinutilecarnonpertinente.C’estunmoyendilatoire,c’est-à-diredestinéàretarderlecoursduprocès:donclejuge

doitl’exclure.Exemples:–preuved’unlegsverbal,alorsqu’untestamentestnécessairementécrit;–demanded’enquêtepourétablirunfaitpassésanstémoin.

§2–Lapreuvedecertainsfaitsestimpossible

I–FaitpositifQuandilestabsolument impossibledeprouver laréalitéd’unfait, lapreuveporterasurdesfaitsproches,desquelsondéduira,parprésomption,l’existencedufaitàprouver.Exemple:preuvedeladatedelaconceptiond’unenfant.Àl’heureactuelle,nepeutêtreétabliescientifiquement.D’où:preuveparladatedela

naissanceetladuréemoyennedesgrossesses(C.civ.,art.311)

II–Faitnégatif• Si le faitnégatif est susceptibled’uneantithèsepositive, il suffiradeprouver ce fait

positif.Exemples:– prouver que l’assuré ne s’est pas suicidé, en démontrant qu’il est mort

accidentellement;–preuved’unalibi.• Si le fait négatif n’a pas d’antithèse positive, il faut prouver les faits positifs dont

l’ensemblerendimprobablelefaitnégatifàprouver.Exemple : la preuve de l’absence de faute s’établit par la démonstration des faits

desquelsilrésulteuncomportementsoigneuxetdiligent.

Page 148: Introduction générale au droit

PourallerplusloinBibliographie•R.Martin,«Lefaitetledroitoulespartiesetlejuge»,JCP1974.I.2625.• H. Motulsky, « Prolégomènes pour un futur code de procédure civile : la

consécrationdesprincipesdirecteursduprocèscivilpar ledécretdu9septembre1971»,D.1972.Chron.91.Sujetderéflexion• Prouver un droit et prouver un fait procèdent-ils de la même démarche

intellectuelle?

Page 149: Introduction générale au droit

Chapitre2

Lachargedelapreuve

L’essentiel•Question:quidoitprouverlesfaits,sourcedesdroitssubjectifs?•Intérêt:celuiquialachargedelapreuve,supportelerisquedelapreuve,c’est-à-direqu’ilestdéboutéetperdsonprocèss’ilneparvientpasàétablirlapreuvequiluiincombe.•Solutions:– Procédure pénale : au stade de l’instruction préparatoire, la procédure est du typeinquisitoire, c’est-à-dire qu’il appartient au juge d’instruction de rechercher la vérité ; ilinstruit«àchargeetàdécharge».–Procédureadministrative:dutypeinquisitoire,encesensqu’elleestdirigéeparlejuge.–Procédurecivile:dutypeaccusatoire,commelaprocédurepénaleaustadedel’audiencedejugement;c’est-à-direquelapreuveestl’apanagedesparties(section1),lejugerestantneutre(section2).

Section1–RôledespartiesPrincipetraditionnel:lapreuveincombeaudemandeur(§1).Exceptionsparlejeudesprésomptionslégales(§2).

§1–Principe:lapreuveincombeaudemandeurLC.civ.,art.1315:«Celuiquiréclamel’exécutiond’uneobligationdoitlaprouver.».

I–SignificationduprincipePrincipe :celuiquiémetuneprétentionen justicedoitprouver les faitsnécessairesausuccèsdesaprétention(C.pr.civ.,art.9).Exemple:celuiquiprétendêtrecréancierdetellesommed’argent,doitprouver:–lecontratdeprêtenvertuduquelilaremisaudéfendeurcettesomme;ou–ledélitd’oùrésulteàsonprofitunecréancederéparation.Conséquence:siledemandeurneréussitpasdanssapreuve,ilestdébouté.

II–Fondementduprincipe• Celui qui réclame un changement à son profit dans une situation donnée doit

rapporterlapreuvequecechangementestjustifié.•Lapaixsocialeimposequelessituationsquiexistentsoientmaintenues,tantquel’on

n’apasprouvéqu’ilfallaitlesmodifier.

III–Illustrationsduprincipe

Page 150: Introduction générale au droit

Applications:– il appartient augaragisted’établir que les travauxdont il demande lepaiementont

bienétécommandésparleclient;– celui qui prétend au bénéfice d’un avantage de sécurité sociale doit prouver qu’il

remplitlesconditionsréglementairespouryavoirdroit;– la charge de la preuve de l’envoi de l’avis d’arrêt de travail, destinée à obtenir le

paiementdesprestationsdel’assurance-maladie,incombeàl’assuré;–ilincombeàl’entrepreneurquiréclamelepaiementdumurqu’ilaconstruitdeprouver

quelaconstructionluiaétécommandée;– lapreuvede la remisede fondsàunepersonnene suffit pas à justifier l’obligation

pour celle-ci de restituer la sommequ’elle a reçue ; encore faut-il établir l’existence ducontratdeprêt;–ilappartientaufournisseurréclamantlepaiementdefacturesdeprouverlaréalitédes

livraisonsayantdonnélieuàcettefacturation;–ilappartientàceluiquiréclamelebénéficedel’assuranced’établirquesontréuniesles

conditionsrequisesparlapoliced’assurancepourmettreenjeucettegarantie.

IV–Étendueduprincipe• Le défendeur n’a rien à prouver s’il se contente de critiquer lesmoyens de preuve

avancésparledemandeur.•Maissi,pouréchapperàlademande,ledéfendeurinvoqueàsontourdesprétentions,

ildevraenprouverlebien-fondé.Exemple:ledemandeurayantfait lapreuveducontratdeprêt, ledéfendeurprétend

qu’il a remboursé la sommeprêtée ; la preuvedu remboursement lui incombe (C. civ.,art.1315,al.2).Applications:–celuiquiesttenud’uneobligationd’information(médecin,avocat,assureur,vendeur

professionnel…)doitrapporterlapreuvedel’exécutiondecetteobligation;–lanon-conformitéàlacommandedumatériellivrédoitêtreprouvéeparl’acheteur;–nonobstantladélivrancedelafichedepaie,l’employeurdoitprouverlepaiementdu

salaire;– il appartient à l’assureur qui invoque une exclusion de garantie de démontrer la

réuniondesconditionsdecetteexclusion.Conclusion : le demandeur à la preuve n’est pas nécessairement le demandeur à

l’instance;c’estceluiquiallègue,ausoutiend’uneprétention,unfaitcontesté.Conséquence:s’ilneconvaincpaslejugeetqu’undoutesubsiste,ilestdéboutédesa

prétention;doncilsupportelerisquedelapreuve.

§2–LesprésomptionslégalesDéfinition :uneprésomptionestuneopérationpermettantdedéduireun fait inconnud’unfaitconnu;Exemple:l’article312duCodecivilprésumequel’enfantnéd’unefemmemariéeaété

procrééparlemari(présomptiondepaternité).Catégories:

Page 151: Introduction générale au droit

–lesprésomptionsdefait:modesdepreuve(v.➜);–lesprésomptionslégales:renversentlachargedelapreuve.

I–RôledesprésomptionslégalesL’existence d’un fait peut parfois être trop difficile à établir ; la loi dispense alors ledemandeurde faire lapreuvedirectedu faitalléguéetdéduit l’existencedece faitd’unautreélémentplusfacileàprouver.

II–Fondementdesprésomptionslégales

A–ProbabilitéDansleplusgrandnombredecas,lorsquetelfaitseproduit,telautreseproduit.Exemple : le plus souvent, l’enfant né d’une femmemariée a pour père lemari ; la

paternitéétantdifficileàprouver,laloiprésumelapaternitédumari.

B–SécuritéPourgarantirlesdroitsd’unepersonne,laloiprésumelaresponsabilitéd’uneautre.Exemple : legardiende la chosequia causé ledommageestprésumé responsable,

donctenud’indemniserlavictime,carlapreuvedelafauteparlavictimeseraitsidifficilequ’elleseraitrarementindemnisée.

III–RégimedesprésomptionslégalesPrincipe:lesprésomptionslégalessontsimples.Parexception,ellessontirréfragables.

A–Présomptionssimples(ourelatives)

1.SignificationdelaprésomptionsimpleCeluiauquelonopposelaprésomptionpeutl’écarterenprouvantqu’elleestfaussedansl’espèceconsidérée;donclaprésomptionsimpleestsusceptibledepreuvecontraire.

2.Preuvecontrairepossiblea.Partousmoyens

Exemples:–présomptiondepaternité(C.civ.,art.312);– présomption de communauté des biens acquis par les époux pendant le mariage

(C.civ.,art.1402,al.1);–présomptiondebonnefoi(C.civ.,art.2274).

b.ParcertainsmoyensseulementExemples:– présomption de responsabilité du gardien d’une chose (C. civ., art. 1384, al. 1er :

preuvecontraireparlaforcemajeure,oulefaitdelavictime);

Page 152: Introduction générale au droit

–présomptionderesponsabilitédescommettantspourlesdommagescausésparleurspréposés(C.civ.,art.1384,al.5:preuvecontraireparlaforcemajeure,lefaitdelavictimeoul’abusdesesfonctionsparlepréposé).

B–Présomptionsirréfragables(ouabsolues)

1.SignificationdelaprésomptionirréfragableEllesnesupportentpaslapreuvecontraire.

2.Illustrationsdel’impossibilitéderapporterlapreuvecontrairea.L’autoritédelachosejugée

La chose jugée est présumée irréfragablement exacte : on ne peut donc démontrerl’inexactitudedelachosejugéepourétablirquelejuges’esttrompé.

b.LaprésomptiondelibérationSi le créancier remet volontairement à sondébiteur le titre constatant la créance, la loiprésumeirréfragablementqu’ilaétépayé(C.civ.,art.1282).

c.L’interpositiondepersonneCertaines personnes sont frappées d’incapacité de recevoir des libéralités de lapartdecertainesautres(exemple,letuteurnepeutrecevoirdedonsdelapartdupupille);la loiréputait irréfragablementquesontpersonnes interposées (recevantfaussement ladonation pour en transmettre le bénéfice à celles qui ne peuvent recevoir) les père etmère, descendants et époux de l’incapable (c’est-à-dire, dans l’exemple, du tuteur) etannulaitladonationquileurseraitfaite(C.civ.,art.911anc.).Réforme du 23 juin 2006 : la présomption est devenue simple : « jusqu’à preuve

contraire»(art.911,al.2nouv.).

Section2–RôledujugeDans la procédure civile, le juge est neutre (§ 1), ce qui ne signifie pas qu’il doit resterpassif(§2).

§1–Neutralitédujuge

I–ImpartialitédujugePrincipe:lejugenedoitpassepréoccuperd’établir,parsespropresmoyens,lavéritédesfaitsallégués.Il statue sur les seules preuves fournies par les parties et doit dire quelles sont les

meilleurespreuves,encontrôlantleurrégularité.Motif : le procès civil est relatif aux droits des particuliers ; c’est à eux d’apporter la

preuvequeleursprétentionssontfondées.

II–Autresprincipesgouvernantlerôledujuge

Page 153: Introduction générale au droit

A–Le«principedispositif»Signification:leslimitesduprocèssontfixéesparlesparties.Enconséquence:

1.ObjetdulitigeLC.pr.civ.,art.4,al.1er:«L’objetdulitigeestdéterminéparlesprétentionsrespectivesdesparties».Ilenrésultequelesjugessontliésparlesconclusionsprisesdevanteuxetnepeuvent

modifierlestermesdulitigedontilssontsaisis.Exemple:lejugenepeutexclurelagarantied’unassureurensefondantsuruneclause

delapoliced’assurancenoninvoquéeparcetassureur.

2.MotivationdujugementLC.pr.civ.,art.7,al.1er:ilestdéfenduaujugede«fondersadécisionsurdesfaitsquinesontpasdansledébat».Ilenrésultequelejugesaisid’unedemandefondéesurl’art.1384,al.1er(présomption

deresponsabilité)nepeutstatuersurl’art.1382,carildoitapprécierdesfaits(faute)noncomprisdanslesdébats.

B–Le«principeducontradictoire»LC.pr.civ.,art.16.Signification:lespreuvesdoiventêtresoumisesàlalibrediscussiondesparties.Enconséquence:

1.ConnaissancedesfaitsLejugenepeutfaireétatdesaconnaissancepersonnelledesfaits(saufs’ils’agitdefaitsnotoires).

2.PreuvesdébattuesLe jugenepeutfondersadécisionquesurdespreuvesproduitespar lespartiesetquecelles-ciontétéàmêmededébattrecontradictoirement.Ainsi, le juge ne peut fonder sa décision sur un rapport d’expertise ne comportant

aucunementiondesanotificationàlapartieadverse.

§2–Initiativesdujuge

Le Code de procédure civile (entré en vigueur le 1er janvier 1976) confère au juge despouvoirsdestinésàassurerledéroulementloyaletponctuelduprocèscivil.

I–Mesuresd’instruction

A–Officedujuge

L C. pr. civ., art. 10 : « Le juge a le pouvoir d’ordonner d’office toutes les mesures

Page 154: Introduction générale au droit

d’instructionlégalementadmissibles».Exemples:–expertise:avisd’unhommedel’artsurdesquestionstechniques;–enquête:auditiondetémoins.Souventremplacéepardesattestationsécrites;– comparution personnelle des parties devant le tribunal, pour qu’elles soient

interrogéesparlejuge;–descentesurleslieux:constatationsmatériellesfaitesparlejuge.

B–Rôledesparties

LC.pr. civ., art. 11 :« Les parties sont tenues d’apporter leur concours auxmesuresd’instruction,saufaujugeàtirertoutesconséquencesd’uneabstentionoud’unrefus».D’où le juge peut déduire souverainement du refus d’un homme de se soumettre à

l’examencomparédessangslavraisemblancedesapaternité.

II–ProductiondesélémentsdepreuveLC.pr.civ.,art.11,al.2.Siunepartiedétientunélémentdepreuve,lejugepeut,àlarequêtedel’autrepartie,lui

enjoindredelaproduire,aubesoinàpeined’astreinte(v.➜).Il peut, à la requête de l’une des parties, demander ou ordonner, au besoin sous

astreinte,laproductiondetousdocumentsdétenuspardestiers,notamment:banques,employeurs,administrationfiscale…,s’iln’existepasd’empêchementlégitime(commelesecretmédical).

III–Loyautédelapreuve

LConv.EDH,art.6:droitauprocèséquitable.Lejugenepeutfondersadécisionquesurdespreuvesobtenuesloyalement.Ainsi jugé que l’enregistrement d’une conversation téléphonique privée, effectué et

conservé à l’insu de l’auteur des propos invoqués, est un procédé déloyal rendantirrecevableenjusticelapreuveainsiobtenue.

PourallerplusloinBibliographie• F. Boulanger, « Réflexions sur le problème de la charge de la preuve », RTD

civ.1966.736.•A.-E.Credeville,«Véritéetloyautédespreuves»,RapportCourdecassation2004,

p.51.•J.Normand,«Lesapportsrespectifsdujugeetdespartiesàlasolutiondulitige,

aujourd’huietdemain»,RTDciv.1998.461.Sujetsderéflexion•Dans leprocès, laquelledespartiesenprésencedoitapporterdesélémentsde

preuve?

Page 155: Introduction générale au droit

• Les présomptions irréfragables ont-elles une portée plus grande que lesprésomptionssimples?•Lejugejoue-t-ilunrôledansl’établissementdespreuves?

Page 156: Introduction générale au droit

Chapitre3

Lesmodesdepreuve

L’essentielLeCodecivildéterminecinqmodesdepreuve(section1)etfixeleuradmissibilitéenfonctiondel’objetdelapreuve(section2).

Section1–DéterminationdesmodesdepreuveDifférents modes de preuve (C. civ., art. 1315-1) : l’écrit (§ 1), les témoins (§ 2), lesprésomptionsdefait(§3),l’aveu(§4)etleserment(§5).

§1–LapreuveparécritDéfinition:preuvequirésulted’écritsrédigésparlespartiesetdestinésàconstater–unactejuridique(ex.uncontrat);ou–unfaitjuridique(ex.unenaissance,unaccidentdelacirculation).Évolution:régimemodernisé–parlaloidu13mars2000portantadaptationdudroitdelapreuveauxtechnologiesde

l’informationetrelativeàlasignatureélectronique(C.civ.,art.1316ets.);et–parlaloidu21juin2004surlaconfiancedansl’économienumérique(C.civ.,art.1108-

1ets.).L Directives européennes du 13 décembre 1999 sur les signatures électroniques et du8juin2000surlecommerceélectronique.

I–Dispositionsgénérales

A–Notiond’écritContenu:lapreuveparécrit«résulted’unesuitedelettres,decaractères,dechiffresoudetousautressignesousymbolesdotésd’unesignification intelligible,quelsquesoientleursupportetleursmodalitésdetransmission»(C.civ.,art.1316).Caractéristique:lapreuveparécritn’estplusdéfinieparrapportàsonsupportpapier.

B–FormeélectroniqueL’écritsousformeélectroniqueestadmisenpreuveaumêmetitrequel’écritsursupportpapier(C.civ.,art.1316-1).Objectifs:–favoriserlecommerceélectronique;–garantirlepaiementsurInternet.Conditions:

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–nécessitéd’identifierlapersonnedontilémane;–écritétablietconservédefaçonàengarantirl’intégrité(C.civ.,art.1316-1).Rappel:lorsqu’unécritestexigépourlavaliditéd’unactejuridique,ilpeutêtreétabliet

conservésousformeélectronique,enprincipe(art.1108-1),saufexceptions(art.1108-2).Casparticulier:contratsousformeélectroniqueLorsque l’écrit sur papier est soumis à des conditions particulières de lisibilité ou de

présentation,l’écritsousformeélectroniquedoitrépondreauxmêmesexigences(C.civ.,art.1369-10).

C–ConflitsdepreuvesparécritSolutions:•ParlaloiMaisl’écritélectroniquealamêmeforceprobantequel’écritsursupportpapier(C.civ.,

art.1316-3).•ParlaconventiondespartiesMotif:lesrèglesdepreuven’ontpasuncaractèred’ordrepublic.•ParlejugeIldoitdéterminerpartoutmoyenletitreleplusvraisemblable,quelquesoitlesupport

(C.civ.,art.1316-2).

D–SignatureC’estlaconditionessentielledelarégularitédelapreuveparécrit(C.civ.,art.1316-4al.1).Définition:moyend’identifierceluiquil’appose.Effet:manifesterleconsentementdespartiesauxobligationsquidécoulentdel’acte.Portée:quandlasignatureestapposéeparunofficierpublic,l’acteestauthentique.Casparticulier:signatureélectronique.•Usaged’unprocédé fiabled’identificationdevantgarantir son lienavec l’acteauquel

elles’attache(C.civ.,art.1316-4al.2).•ConditionsfixéespardécretenConseild’État(décr.30mars2001):–signatureélectroniquesécurisée;–vérificationdecettesignatureparuncertificatélectroniquequalifié.

E–Troiscatégoriesd’écritIls’agitdesactesauthentiques,desactessousseingprivéetdesautresécrits.

II–ActesauthentiquesDéfinition:actesdressésparunofficierpubliccompétentetdanslesformesprévuesparlaloi;Ainsi:–lesactesnotariésdressésparlesnotaires;–lesactesdel’étatcivil,parlesofficiersdel’étatcivil.

A–Conditionsdevalidité

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1.Compétencedel’officierpublica.Compétenced’attribution

L’actenepeutêtreétabliqueparl’officierpublicdésignéparlaloipourlerédiger:– les notaires peuvent ainsi recevoir, et ont monopole à cet effet, tous les actes et

conventions auxquels les parties doivent ou veulent donner le caractère d’authenticitéattachéauxactesdel’autoritépublique;– les autres officiers publics n’ont compétencequepourdes opérationsdéterminées

(ex.lesofficiersdel’étatcivil,pourdresserlesactesdel’étatcivil).

b.CompétenceterritorialeL’officierpublicnepeutprêtersonministèrequedansleressortoùilestadmisàexercersesfonctions:–lesnotaires:ensembleduterritoirenational(saufTOM);–lesofficiersdel’étatcivil:territoiredeleurcommune.

2.FormedesactesauthentiquesPourlesactesnotariés:–êtrerédigésenfrançais;–soumisauxformalitésdutimbreetdel’enregistrement;–rédigésenunseulcontexte,sansblancouinterligne;–signésparlenotaireetlesparties.Formeélectroniqueadmise(C.civ.,art.1316-4).

B–Sanctionencasdenon-respectdesconditionsSi les règlesde compétence et de formen’ont pas étéobservées, l’acte est nul en tantqu’acteauthentique;maisvalableentantqu’actesousseingprivés’ilportelessignaturesdesparties(C.civ.,art.1318).

C–Originaletcopies

1.OriginalL’original appeléminute, signé par l’officier et les parties, demeure entre lesmains del’officierpublicquinepeuts’endessaisir.

2.CopieDescopies,appeléesexpéditions,peuventêtredélivréesauxintéressés.

3.CopieexécutoireL’unedecescopiesditecopieexécutoire(ougrosse),estrevêtuedelaformuleexécutoireetaforceexécutoire:ellepermetdeprocéderàl’exécution,deplano,partouteslesvoiesdedroit,sansprocédure;Exemple : une reconnaissance de dette par acte authentique permet, à défaut de

remboursementà l’échéanceetaprèsmiseendemeure,desaisir lesbiensdudébiteur,alors que si la reconnaissancededette est faite par acte sous seingprivé, le créancier

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devrad’abordassignerledébiteurenjusticeenvuedupaiementetnepourrasaisirqu’envertudujugement(infra,titre4).

D–Forceprobante

1.Forceprobantedel’acteauthentiquePrincipe:distinctionsuivantlesmentions.

a.Originedel’acte•L’acteauthentiquefait foidesonorigine jusqu’à inscriptiondefaux ;c’est-à-direqu’il

estprésuméauthentiqueduseulfaitqu’ilprésentel’apparenceextérieuredelarégularité.•L’inscriptiondefauxestlaprocéduretendantàfairedéclarerfauxunacteauthentique

(C.pr.civ.,art.303ets.).

b.Datedel’acteFaitfoijusqu’àinscriptiondefaux.

c.Contenudel’acteDistinctionentre:–lesdéclarationsdel’officierpublic:ex.«queteljours’estprésentéetellepersonne»,

ou que, dans une vente, le paiement a eu lieu « à l’instant même » : font foi jusqu’àinscriptiondefaux;–lesdéclarationsdesparties,quel’officierpublicrelate:nefontfoiquejusqu’àpreuve

contraire(ex.unepartiereconnaîtavoirdéjàreçupaiementduprix).

2.Forceprobantedescopiesd’acteauthentiqueFontfoicommel’original,qu’ellessoientmanuscrites,dactylographiéesouphotocopiées,àconditiond’êtreauthentifiéesparlasignaturedudépositairedel’original.

III–Actessousseingprivé,c’est-à-diresoussignatureprivéeDéfinition :actesécritsétablispar lesparticulierset signéspareux, sans l’interventiond’unofficierpublic.Différentessortesd’actessousseingprivé;ondistingue:–lesactesoriginaires:dressésaumomentmêmedel’acte;–lesactesrecognitifs:dresséssoitpourremplacerunacteoriginaireperdu,soitpour

interromprelaprescriptionparunereconnaissancedudroitrésultantdel’acteoriginaire;–lesactesconfirmatifs:dresséspourconfirmerunacteannulable.

A–Conditionsdeforme

1.ConditionindispensableIl faut la signature, manuscrite ou électronique, des parties. Pas d’autre condition deforme,enprincipe.Conséquences:•L’actesousseingprivé:–peutêtreécritenfrançaisouenuneautrelangue;

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–parl’unedespartiesouparuntiers;–àlamainoudactylographié;–suruneformuleimpriméed’avanceentoutouenpartie;–sousformedelettremissive;–sursupportpapierousousformeélectronique;– l’emploi du papier timbré, exigé seulement dans un intérêt fiscal, n’est pas une

conditiondevalidité.•Seulelasignaturedespartiesestexigée(art.1316-4);D’oùl’impossibilitépourceluiquinesaitpasécriredepasserunactesousseingprivé

sursupportpapier.Mais la signature électronique peut revêtir diverses formes : nom, code secret,

chiffrementavecclés.

2.Conditionssupplémentairesa.Actesconstatantdesconventionssynallagmatiques

LC.civ.,art.1325 : formalitésdesdoubles : «…autantd’originauxqu’il yadepartiesayantunintérêtdistinct»etmentiondunombredesoriginauxsurchaqueexemplaire.Objectif : la formalité des doubles a pour but d’assurer à chaque contractant une

situationégaleà celledesautres, en luipermettantd’obtenir lesprestationsauxquellesl’écritluidonnedroit.Sanction:l’actejuridiquen’estpasnul;maisl’écritnepeutservirdepreuve;ilpourra,

toutefois,constitueruncommencementdepreuve(infra,section2).Limites:–l’inopposabilitédel’écritcommepreuvenepeutêtreinvoquéeparceluiquiaexécuté

laconvention;–règleinapplicableauxactescommerciaux;– formalité réputéeaccompliesiunseulexemplaireest rédigémaisdéposéentre les

mainsd’untiers;ousichaquepartiepeutavoiraccèsaucontratélectronique(ord.16juin2005);– l’article 1325 n’est pas applicable à un état des lieux, qui se borne à constater une

situationdefait;– il n’est pas applicable non plus à un contrat de prêt qui n’a pas de caractère

synallagmatique.

b.Actesconstatantdesengagementsunilatérauxdesommesd’argentoudechosesfongibles

LC. civ., art. 1326 : « L’acte juridique par lequel une seule partie s’engage envers uneautreà luipayerunesommed’argentouà lui livrerunbien fongibledoitêtre constatédansuntitrequicomportelasignaturedeceluiquisouscritcetengagementainsiquelamention, écrite par lui-même, de la somme ou de la quantité en toutes lettres et enchiffres.Encasdedifférence,l’actesousseingprivévautpourlasommeécriteentouteslettres.»Jugé que l’art. 1326 limite l’exigence de la mention manuscrite à la somme ou à la

quantité due, sans l’étendre à la nature de la dette (prêt ou indemnité) ou à ses

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accessoires(intérêtsetpénalitésderetard).Domaine:applicablenotammentaux:–reconnaissancesdedettes;–actesdecautionnement;–mandatsdeseportercaution;–garantiesautonomes,sauflesactescommerciaux.Sanction:l’acteirréguliervautcommecommencementdepreuveparécrit.Exemples:absencedelasommeécriteenchiffres;oumentionmanuscriteenchiffres

maisnonenlettres.Mais, toute personne physique qui s’engage par acte sous seing privé en qualité de

cautionenversuncréancierprofessionneldoit,àpeinedenullitédesonengagement,faireprécédersasignaturedelamentionmanuscriteprévueparl’articleL.341-2C.consom.(loidu1eraoût2003pourl’initiativeéconomique).

c.LetestamentolographeIldoitêtre:–daté;–écritdelamaindutestateur;et–signé.Sansaucuneautreformalité(C.civ.,art.970).Jugé qu’un testament olographe n’est pas valable s’il n’est pas signé de la main du

testateur, même si ses nom et prénoms figurent dans le texte des dispositionstestamentaires,cettementionnepouvantêtreassimiléeàunesignature.

B–Forceprobante

1.Contenudel’actea.L’actesousseingprivé•Nefaitpasfoidesonorigine:lasignaturepeutêtrecontestéeparceluiàquil’acteest

opposé.Procédureditede«vérificationd’écriture»,parlaquelleunepartie«déniel’écriturequi

lui est attribuée ou déclare ne pas reconnaître celle qui est attribuée à son auteur »(C.pr.civ.,art.287ets.).Conséquence : c’est à celui qui se prévaut de l’acte qu’il appartient d’en établir la

sincérité.•Silasignaturen’estpascontestée,lecontenudel’acteestprésuméexactets’impose

aujugejusqu’àpreuveducontraire(maisseulementparunautreécrit;v.➜).Rappel : l’écrit sur support électronique a la même force probante que l’écrit sur

supportpapier(C.civ.,art.1316-3).

b.Lescopiesd’actesousseingprivéMêmecertifiéesconformesàl’original,nepeuvent,saufaccorddesparties,valoirpreuve:seull’originalquiportelasignaturedoitêtreproduit;demêmepourlesdoublesaupapiercarboneetlesphotocopies,bienquel’acteysoit

exactementreproduit,ycomprislasignature.

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Exception : la copie fidèle et durable d’un acte écrit dont l’original a été détruit ;exemple,microfilm(C.civ.,art.1348,al.2).Jugéquelaphotocopieproduiteauxdébatsétantunereproductionfidèleetdurabledu

mandat,ilenrésultequecedocumentneconstituepasuncommencementdepreuveparécrit,maisfaitpleinementpreuvedel’existenceducontratdemandat.

2.Datedel’actea.Entrelesparties

L’actesousseingprivéfaitfoidesadate,jusqu’àpreuvecontraire.

b.Àl’égarddestiers•Enprincipe,l’actesousseingprivénefaitpasfoidesadate.Justification:éviterqu’unactenesoitantidaté,deconnivenceentrelesdeuxsignataires,

pourfaireremonterseseffetsàunedateantérieure,danslebutdefrauderlestiers.• Sont parties – et doivent accepter comme sincère la date de l’acte jusqu’à preuve

contraire–nonseulementlespartiesàl’actemaisleursayantscauseàtitreuniversel,etlescréancierschirographaires(saufpreuved’uneantidatefrauduleuse).•Sontdestiers–àquinepeutêtreopposéeladatedel’actesansquelespartiesn’aient

aucunepreuveà faire – lespersonnesqui, ayantacquisdesdroitsde l’unedesparties,subiraientunpréjudicesi l’antérioritéde l’acteétaitétablie ;ex., lesayantscauseà titreparticulier, tel l’acquéreurd’un immeublequiseverraitopposerunbailn’ayantpasdatecertaine(C.civ.,art.1743).•Conditiond’opposabilitédel’acteauxtiers:l’actedoitavoir«datecertaine».

c.Unactesousseingprivéacquiertdatecertaine•Parl’enregistrementdel’acte:dateaujourdel’enregistrement.Enregistrement : deux exemplaires de l’acte sont présentés au receveur de

l’Enregistrementquiconservel’und’euxetremetl’autreàl’intéressé,aprèsyavoirapposémentionde ladatedeprésentationet référencesdudépôt ; cequipermetenoutre, sil’autre exemplaire de l’acte est égaré, de se procurer une copie auprès du bureau del’enregistrementquiaprocédéàlaformalité.•Parlamortdeceluioudel’undeceuxquil’ontsigné:dateaujourdudécès.•Parconstatationdelasubstancedel’actesousseingprivédansunacteauthentique :

dateaujourdel’acteauthentique.Exceptions:•Casoùladatedel’acteestopposableauxtiersbienqu’iln’aitpasdatecertaine:–enmatièrecommerciale,enraisondelalibertédelapreuve(v.section2);–quittances,encorequelesdangersdel’antidatesoientcertains;–siletiersestdemauvaisefoi,aucasdecollusion;–s’ilarenoncé,mêmetacitement,àseprévaloirdelaconditiond’opposabilité(ex.s’ila

connul’antidate).•Casoùilnesuffitpasquel’acteaitdatecertainepourêtreopposableauxtiers;par

ex.:–enmatièred’aliénationimmobilièreetdeconstitutiondedroitsréels:nécessitédela

publicitéfoncière(supra,titre2);

Page 163: Introduction générale au droit

–enmatièredecessiondecréance:nécessitédesformalitésdel’art.1690(significationdelacessionaudébiteur).

IV–AutresécritsDocumentsécritsquin’ontpasétérédigésenvuedefairelapreuve.

A–LeslettresmissivesConstituentlacorrespondanceprivée.Intérêt : le contenu d’une lettre doit comporter l’expression de la volonté, dumoins

quandlalettreestsignée.Régime:faitpreuvecontresonauteurd’uneconventionsynallagmatique:•Siledestinatairepeutlaproduireenjustice.Maisunelettre«confidentielle»nepeutêtreproduitequ’avecl’accorddel’expéditeur.•Sielleestproduiteseulementparlapersonneàquilalettreaétéadressée,nonparles

tiersquisetrouveraientenpossessiondelalettre,enraisonducaractèreconfidentieldelacorrespondanceprivée.Portée:peutservirdecommencementdepreuve(v.➜).

B–Livresdecommerce•Règlegénérale:fontpreuvecontrelecommerçantquilestient(art.1330).•Règles particulières : si c’est le commerçant qui fait état de ses écritures en sa

faveur:–contreuncommerçantpourfaitsdecommerce:leslivresfontpreuve,lapreuveétant

toutefoissoumiseàl’appréciationdutribunal;–contreunnon-commerçant«pourlesfournituresquiysontportées»(art.1329):les

livresnefontpaspreuve,saufpossibilitépour le jugededéférer lesermentsupplétoire(infra,§5)àl’uneouàl’autredesparties.

C–«Registresetpapiersdomestiques»LC.civ.,art.1331:«lesregistresetpapiersdomestiquesnefontpointtitrepourceluiquilesaécrits».Exemple:unlivredecomptes.Motif:nulnepeutsecréeruntitreàlui-même.Maisfontfoicontrelui:–quandils«énoncentformellementunpaiementreçu»;–quandilscontiennentlamentionexpressequ’ilsontétéfaitspoursuppléerledéfaut

detitre.

D–ÉcritureducréanciersurletitreOn suppose par exemple, que le créancier qui reçoit un acompte, au lieu d’en donnerquittance, mentionne la somme reçue « à la suite, en marge ou au dos » du titreconstatantlacréance,sansdaternisigner.Deuxcassontàdistinguer(art.1332):

Page 164: Introduction générale au droit

–l’écrituremisesurletitreparlecréancierfaitfoi«lorsqu’elletendàétablirlalibérationdudébiteur»;preuvecontrairepartousmoyens;– s’il s’agitd’uneécrituremisesur ledoubled’un titre se trouvant entre lesmainsdu

débiteur,lamentionfaitégalementfoi.Maisl’écriturevalanttitre,seraitécartéelapreuvecontraire.

§2–LapreuvepartémoinsDéfinition:relationfaiteparunepersonnedefaitsdontelleaeuconnaissanceparelle-même ; la preuve testimoniale est celle qui résulte des déclarations des témoinsrapportantcequ’ilsontconstaté,vuouentendudirectement.Delapreuvepartémoins,onpeutrapprocherlapreuveparcommunerenommée:les

témoins rapportentnon cequ’ils ont constaté eux-mêmes,mais cequ’ils ont ouï-dire àpropos d’un fait ou d’un acte juridique ; preuve qui n’est généralement pas admise, enraisondesoncaractèreincontrôlable;Mais constitue un témoignage véritable, la relation que fait une personne des

déclarationsqu’untiersafaitesensaprésence(témoignageindirect).

I–ConditionsrequisespourêtreadmisàtémoignerPrincipe:toutepersonnemajeurepeutêtreadmiseàtémoignerenmatièrecivile.Exception : personnes frappées d’incapacité de témoigner en justice, notamment

certainscondamnés(C.pén.,art.131-26et131-29)LC.pr.civ.,art.205,al.2:«Lespersonnesquinepeuventtémoignerpeuventcependantêtreentenduesdans lesmêmesconditions,maissansprestationdeserment.Toutefoislesdescendantsnepeuventjamaisêtreentendussurlesgriefsinvoquésparlesépouxàl’appuid’unedemandeendivorceouenséparationdecorps»(v.aussiC.civ.,art.259).

II–Formedutémoignage:pardéclarationécriteouorale

A–DéclarationsécritesFaites«parattestations»contenant«larelationdesfaitsauxquelssonauteuraassistéouqu’ilapersonnellementconstatés»etrédigéesdanslesformesprévues:«écrite,datéeetsignéedelamaindesonauteur»(C.pr.civ.,art.202).Le juge peut, toutefois, aux termes de la jurisprudence, retenir des attestations non

conformes,envertudesonpouvoird’appréciationde la forceprobantedesdocumentsquiluisontsoumis.

B–DéclarationsoralesEllessontrecueillies«parvoied’enquête».LC.pr.civ.,art.203:«Lejugepeuttoujoursprocéderparvoied’enquêteàl’auditiondel’auteurd’uneattestation».

III–Forceprobantedutémoignage

Page 165: Introduction générale au droit

Appréciéesouverainementparlesjuridictionsdufond.Donc,lejugepeuttoujoursrejeterlestémoignagess’iln’estpasconvaincu;alorsquela

preuveparécrit,unefoisadministrée,lielejuge(v.infra,section2).

IV–SanctionpourfauxtémoignageLefauxtémoignageestsanctionnépénalement.Lecoupabledefauxtémoignageenmatièrecivileestpunid’unemprisonnementdecinq

ansetd’uneamendede75000€(C.pén.,art.434-13).

§3–LapreuveparprésomptionsSontdesprésomptionsdites«de l’homme»en tantquemodedepreuve, tous indicesdontlejugedéduiralapreuved’unfaitjuridiqueoud’unactejuridique(C.civ.,art.1353).Àdistinguerdesprésomptionslégales(v.supra,chapitre2).

I–Conditionsderecevabilité• Il fautque lapreuvepartémoinssoitelle-mêmeadmissible,«àmoinsque l’actene

soitattaquépourcausedefraudeoudedol».•Lesprésomptionsdoiventêtregraves,précisesetconcordantes.Ce qui n’implique pas qu’il y ait nécessairement pluralité d’indices : une seule

présomptionsuffisammentgravesuffirait(ex.desempreintesgénétiques).•Ilnefautpasquelapreuveaitétéobtenueparunmoyendéloyal:ex.enregistrement

d’une communication téléphonique à l’insu de l’interlocuteur : irrecevable ; de même,l’enregistrementvidéodestinéàétablirlesfautesd’unsalarié.

II–LesprésomptionsproprementditesCesonttousindicesdequelquenaturequ’ilssoient;parex.:–lesélémentsd’uneenquêtepénale;–uneexpertiseamiable;–desregistresetpapiersdomestiques;–desattestationsécritesdetiers;–lecadastre;–unconstat;–unfax,uncourriel,unSMS;–uneanalysesanguine;–desempreintesgénétiques;–lerefusdesesoumettreàuneexpertisebiologique;–lerelevéd’uncompteurélectrique;–lerelevédescommunicationstéléphoniques;ouencore– le listingdesopérationsd’enregistrementenvuede l’embarquementdespassagers

d’unaviondeligne.

III–Forceprobante

Page 166: Introduction générale au droit

Lesprésomptions«sontabandonnéesauxlumièresetàlaprudencedumagistrat»,c’est-à-direàsalibreappréciation.

§4–L’aveuDéfinition:déclarationparlaquelleunedespartiesreconnaîtl’exactitudedelaprétentiondel’autre.Exemple : une personne reconnaît avoir emprunté telle somme d’argent (C. civ.,

art.1354ets.).Caractéristique :nepeutporterquesurunpointde fait (ex.montantd’unesomme

due), non sur une question de droit (ex. qualification d’un contrat ; existence d’uneservitude).Formation:l’aveuexigedelapartdesonauteurunemanifestationnonéquivoquede

sa volonté de reconnaître pour vrai un fait de nature à produire contre lui desconséquencesjuridiques.

I–Conditionsderecevabilitédel’aveuL’aveudoitêtreadmisparlaloicommemoyendepreuve.L’aveuestécarté:–si la loi leditexpressément :ex.,enmatièredeséparationdebiens judiciaire(C.pr.

civ.,art.1299),pourdéjouertoutecollusionfrauduleuseentrelesplaideurs;–d’unefaçongénérale,danslesmatièresoùl’aveuemporteraitrenonciationàundroit

dontonnepeutdisposer.Maisl’aveuestadmismêmedanslecasoùlapreuvepartémoinsestécartée.L’aveudoitémanerd’unepartieayantcapacitédedisposerdel’objetdelacontestation

(ex.unmineurnonémancipénepeutavouer).

II–Régimedel’aveuDeuxsortesd’aveux:aveujudiciaireetaveuextra-judiciaire.

A–Aveujudiciaire

LC.civ.,art.1356.

1.Notiond’aveujudiciaire«Déclarationquefaitenjusticelapartieousonfondédepouvoirspécial».Formes:soitparécrit,notammentdansdesconclusionsécritesaucoursdel’instance;

soit verbalement, par ex., au cours d’une comparution personnelle (mais non ladéclarationfaiteaucoursd’uneinstanceprécédente).Mais jugé que l’absence de contestation de sa signature, devant le tribunal, par le

débiteurn’équivaut pas, devant la cour d’appel, à un aveu judiciaire de l’authenticité decelle-ci.

2.Forceprobantedel’aveujudiciairePrincipe:«faitpleinefoicontreceluiquil’afait».

Page 167: Introduction générale au droit

Mêmedanslecasoùlapreuvedoitêtreadministréeparécrit.Rappel:maisseulementsurdespointsdefait(ex.montantd’unesommedue),nonsur

despointsdedroit(ex.reconnaissancederesponsabilité).

3.Indivisibilitédel’aveujudiciaireSignification:l’aveudoitêtreprisdanssonentier.•S’ilyaaveupuretsimple,pasdedifficulté.•S’ilyaaveu:– qualifié, c’est-à-dire reconnaissance d’un fait principal avec une précision qui en

modifiel’effet;ou–s’ilestcomplexe:casoùledéfendeurreconnaîtlefaitinvoquéparledemandeur,mais

yajouteunélémentquiledétruitouenréduitlaportée;Exemple : un débiteur reconnaît sa dette, mais dit qu’il a payé, ou reconnaît avoir

empruntétellesomme,maissansintérêt,oudéclarequ’ilabienreçutellesomme,maisencompensationdefondsremisantérieurement.Alors,l’aveunepeutpasêtreretenuseulementpourleprincipal.

4.Irrévocabilitédel’aveujudiciairePrincipe;maisl’aveupeutêtrerétractépourerreurdefait(nondedroit:nuln’estcenséignorerlaloi).

B–Aveuextra-judiciaireAveufaithorslaprésencedujuge:–parécrit(ex.dansunelettremissive)ou– verbalement par déclaration orale en toutes circonstances (ex. en réponse à une

sommationd’huissier),ouaucoursd’uneenquêtedepolice.• Force probante : dans le silence de la loi, ne lie pas le juge, qui apprécie

souverainementledegrédeconfiancequ’ilconvientdeluiaccorder.•Divisibilitédel’aveuextra-judiciaire.•Peutêtrerétracté.

§5–LesermentDéfinition : déclaration par laquelle un plaideur affirme, d’une manière solennelle etdevantlejuge,laréalitéd’unfaitquiluiestfavorable.Catégories : serment décisoire (il décide du sort du litige) et serment supplétoire (il

suppléeàl’insuffisancedepreuve).

I–SermentdécisoireDéfinition:«celuiqu’unepartiedéfèreàl’autrepourenfairedépendrelejugementdelacause»(C.civ.,art.1357,1o).

A–Miseenœuvredusermentdécisoire•Aucoursd’uneprocédure,unepartie,engénéralàdéfautd’autrepreuve,demandeà

Page 168: Introduction générale au droit

l’autredejurerquelefaitalléguéestexact;sicelle-ciprêtelesermentdemandé,cequ’ellejureesttenupourétabli;maisellepeut

référer lesermentà l’autrepartie ;sicettedernière jure,elleagaindecause,sinonelleperdleprocès.•Lefauxserment(àladifférencedusimplemensonge)estsanctionnépénalementd’un

emprisonnementdetroisansetd’uneamendede45000€(C.pén.,art.434-17).

B–Conditionsdusermentdécisoire• La contestation porte sur un droit susceptible de transaction ; d’où, exclusion en

matièredefiliation.•Celuiquiledéfèrealacapacitédetransiger.•Déféré–ouréféré–surunfaitquel’auteurdusermentdoitconnaîtrecommeluiétant

personnel.•Lefaitestpertinent,c’est-à-diredenatureàemporterladécision.

C–ForceprobantedusermentdécisoireLC.civ.,art.1363:«L’adversairen’estpointrecevableàenprouverlafausseté».Lesermentdécisoireapoureffetdeterminerlelitigedefaçondéfinitive:lejugeperd

donctoutpouvoird’appréciation.

II–Serment«déféréd’office»ousermentsupplétoireDéfinition:«celuiquiestdéféréd’officeparlejugeàl’uneoul’autredesparties»(C.civ.,art.1357).Ilnepeutêtreréféréparl’unedespartiesàl’autre.

A–Conditionsdusermentsupplétoire• La demande n’est pas pleinement justifiée, ni totalement démunie de preuves

légalementadmissibles.Doncilyauncommencementdepreuve:consiste–enprésomptionssilapreuvetestimonialeestadmissible;ou–enuncommencementdepreuveparécrit,silapreuveécriteestrequise.•Mais le serment supplétoire peut être déféré sur un fait non personnel à la partie

appeléeàjurer.

B–ForceprobantedusermentsupplétoireIlneliepaslejuge;l’adversairepeutenprouverlafausseté.

C–PratiquedusermentsupplétoireDanslapratiquejudiciaire,lerecoursàuneexpertisearemplacélesermentsupplétoire.

Section2–Admissibilitédesmodesdepreuve

Page 169: Introduction générale au droit

•Deuxsystèmesconcevables:– liberté de la preuve : tous les modes de preuve sont admis, et le juge apprécie

librementleurvaleurpourformersaconviction;–légalitédelapreuve:laloidéterminelesmodesdepreuverecevablesdansteloutel

casetfixeleurforceprobante.•Droitpositif,solutionsvariablessuivantlesmatières:–droitpénal:libertédelapreuve(règlede«l’intimeconviction»);–droitadministratif:libertédelapreuve;–droitcivil :distinctionsuivantqu’ils’agitde lapreuved’unfait juridique(libertéde la

preuve)oud’unactejuridique(légalitédelapreuve).

§1–Preuvedesfaitsjuridiques

I–Règlegénérale:libertédelapreuvePrincipe:touslesmodesdepreuvesontadmis,notammentlapreuvepartémoignagesetindices.Justification:impossibilitédepréconstituerlapreuvedesfaitssusceptiblesd’entraîner

desconséquencesjuridiques,commelesfaitsdepossession,lesévénementsnaturels,lesaccidents,etc.Applications:preuve:–desfaitspursetsimples;–desquasi-contrats;–d’unerenonciation;–del’intentionlibéraled’undonateur;–d’unviceduconsentement;–d’unpaiement,etc.

II–Casparticulier:faitsintéressantl’étatdespersonnesExceptions:lanaissanceetledécèssontprouvéspardesactesauthentiques,lesactesdel’étatcivil.Justification : importance de ces faits dans les relations sociales ; préconstitution

possible.

§2–Preuvedesactesjuridiques

I–Règlegénérale:légalitédelapreuvePrincipe:nécessitéd’unécrit.

A–JustificationsduprincipedelégalitédelapreuvePréconstitutionpossibledelapreuve;supérioritédel’écrit.Naturede l’acte juridique : lesparties recherchentdesconséquences juridiques,donc

peuventétabliràl’avancelapreuvedeleurmanifestationdevolonté.Primautéde lapreuveécrite sur lesautresmodesdepreuvecarobjectiveetdurable

Page 170: Introduction générale au droit

(v.➜).

B–Contenuduprincipedelégalitédelapreuve

LC.civ.,art.1341.Principe : preuve par témoins non-admise si l’intérêt en jeu excède 1 500 € (décr.

15juillet1980,mod.décr.30mai2001,mod.décr.20août2004).Ildoitêtrerédigéunécritparnotaireousoussignaturesprivéesdetousactesjuridiques

dontl’objetexcèdeunevaleurfixéepardécretmêmepourdépôtsvolontaires.L « Le tout sanspréjudicede cequi est prescrit dans les lois relatives au commerce »(art.1341,al.2).→Règleapplicableauxactesjuridiques,nonauxfaitsjuridiquesdont,cependant,peuventrésulterdesdroitsmettantenjeudessommessupérieuresà1500€.Évaluationdel’intérêtenjeu:–contestationportantsurunesommed’argent:pasdedifficulté;– contestation portant sur une chose appréciable en argent : le demandeur devra

l’évaluer ;maissi lademandeestsupérieureà1500€, ledemandeurnepeutplusêtreadmis à faire la preuve par témoins, « même en restreignant sa demande primitive »(C.civ.,art.1343);– contestation portant sur une prestation indéterminée : preuve par écrit toujours

requise.Portée:Preuvepartémoinsnon-admisepourprouveroutreoucontreunécrit«nisur

cequiseraitalléguéavoirétéditavant,lorsoudepuislesactes»,mêmes’ils’agitdemoinsde1500€(art.1341).•Outre : ex. un contrat de prêt ne stipulant pas d’intérêts, on ne peut prouver par

témoinsquedesintérêtsontétéconvenus.•Contre:ex.uncontratdeventementionnantqueleprixaétépayé,onnepeutprouver

partémoinsqueleprixn’apasétépayé.

C–ApplicationsduprincipedelégalitédelapreuvePreuve:–del’existenceducontrat(vente,mandat,dépôt,transport…);–del’étenduedesobligations(montantduprix,dettecautionnée,clausepénale…).Laquittancedupaiementd’unesommed’argentfaitfoijusqu’àpreuvecontraire,quine

peutêtreadministréequ’enconformitéavecl’article1341C.civ.

II–Casparticuliers:libertédelapreuveSignification:tousmodesdepreuveadmis.

A–EnmatièrecommercialePrincipe:ilestpossibledeprouverpartousmoyens–Lesactesjuridiquesportantsurunesommesupérieureà1500€.–Contreetoutrelecontenud’unécrit.Motif:rapiditédestransactionscommerciales.

Page 171: Introduction générale au droit

Exceptions:•Exceptionslégales:ex.:contratdesociété;ventedefondsdecommerce;effetsde

commerce;etc.:nécessitéd’unécrit.•Actesmixtes:– liberté des preuves seulement à l’encontre de la partie commerçante (vendeur

professionnel,banque,assureur…);– légalité de la preuve à l’encontre du client non commerçant, donc application des

règlesdepreuvedudroitcivil.

B–Enmatièrecivile

1.L’article1341duCodeciviln’estpasd’ordrepublicMotif:règleprotectricedessimplesintérêtsprivés.Conséquences : les parties à un acte juridique peuvent renoncer à l’exigence de la

preuveécrite,soitaumomentdelaconclusiondel’acte,soitaucoursduprocès.Application:preuved’unordredepaiementdonnéparutilisationd’unecartebancaire

etcompositionconcomitanted’uncodeconfidentiel.Jugéaussiqu’encommuniquantsonnumérodecartebancaireàunhôtelier,letitulaire

de la carte autorise le débit dans la limite du prix convenu nonobstant l’absence deconventionécrite.

2.Existenced’uncommencementdepreuveparécritLC.civ.,art.1347.Définition:•C’estunécritquelconque;ex.:–l’actelui-mêmeauquelilmanqueraituneconditionexigéeparlaloi:ainsiunactenul,

faute de la formalité des doubles ou ne comportant pas les mentions requises parl’art.1326;oumême–unelettremissivefaisantallusionàl’actequ’ils’agitdeprouver;–untextenonsigné;ouencore–unephotocopie.• Il doit émaner « de celui contre lequel la demande est formée ou de celui qu’il

représente»;jugéainsique:–l’envoid’unbulletind’adhésionetd’unchèqued’acomptenevautpascommencement

depreuveparécritducontratd’assuranceàl’égarddel’assureur;demême,– le relevé informatiqueémanantde lasociétéde téléphonienesaurait constituerun

commencement de preuve par écrit à l’égard de celui qui conteste avoir souscrit unabonnement.•Unécritrendantvraisemblablelefaitallégué;jugé ainsi que l’endossement d’un chèque par le bénéficiaire ne constitue pas un

commencement de preuve par écrit rendant vraisemblable le prêt invoqué, maisdémontreseulementlaréalitédelaremisedefonds.•Sontéquivalentsàuncommencementdepreuveparécrit:–lesdéclarationsfaitesparunepartielorsdesacomparutionpersonnelle;

Page 172: Introduction générale au droit

–sonrefusderépondre;ou–sonabsenceàlacomparution(art.1347).Effet : s’il existe un tel commencement de preuve par écrit, le demandeur sera

seulementadmisà faire lapreuvepar témoinsouparprésomptionspour compléter lapreuvecommencéeparécrit.Exemplesdepreuvescomplémentaires:–déclarationsdelapartieadverse;–fonctiondedirectionexercéedanslasociétécautionnée;–actesd’exécutionducontrat…

3.ImpossibilitédepréconstituerlapreuveécriteLC.civ.,art.1348.

a.Impossibilitématérielle•enmatièredequasi-contratsetdélits(quisontdesfaitsjuridiques);• enmatière de dépôt nécessaire (art. 1950) auquel est assimilé le dépôt fait par les

voyageurslogeantdansunhôtel(art.1952);•d’unefaçongénérale,lesobligationscontractéesencasd’accidentsimprévusquin’ont

paspermisdeseménagerunepreuveécrite.

b.Impossibilitémorale,enraison:•soitdesusages(ex.,rapportsentremédecinetclient;ventesdebétail);•soitderelationsdefamille:entreparents,époux,fiancésoumêmeconcubins;•soitd’unliendesubordination:entreemployeuretsalarié;•soitd’unepartieincapabled’écrire.

4.ImpossibilitédeproduirelapreuveécriteLC.civ.,art.1348.• Si le titre que détenait le créancier a été perdu par cas fortuit ; à charge par le

demandeurd’établirpartémoinsouprésomptions:–queletitreaétéperduparcasfortuit;–lecontenudel’acte.•«Lorsqu’unepartieouledépositairen’apasconservéletitreoriginaletprésenteune

copie qui en est la reproduction non seulement fidèlemais aussi durable. Est réputéedurable toute reproduction indélébile de l’original qui entraîne une modificationirréversibledusupport»(art.1348,al.2).Exemple:unmicrofilm;unephotocopie.JugéparlaCourEDHqu’undocumentphotocopiédoitêtresoumisàunexamenattentif

avantdepouvoirêtreacceptécarilexistedesmoyenstechnologiquesmodernespouvantêtreemployéspourcontrefairedesdocumentsoulesaltérer.

5.Tiers,fraudeoudol•Siuntiersveutprouverl’acte:libertédelapreuve;ous’ilinvoqueunesimulation(qui

n’est pas nécessairement frauduleuse), c’est-à-dire prétend que l’acte apparent necorrespondpasàlaréalité(ex.qu’unedonationaétédissimuléesousformed’unevente).

Page 173: Introduction générale au droit

•Lorsqu’ilyafraudeoudol:art.1353infine,autorisantlapreuveparprésomptions,sil’acteestattaquépourfraudeoudol.

PourallerplusloinBibliographie•D.Ferrier,«Lapreuveetlecontrat»,MélangesM.Cabrillac,1999,p.105.•P.-Y.GautieretX.LinantdeBellefonds,«Del’écritélectroniqueetdessignatures

quis’yattachent»,JCP2000.I.236.• X. Lagarde, « Finalités et principes dudroit de la preuve : ce qui change », JCP

2005.I.133.• J.-L. Navarro, « La preuve et l’écrit entre la tradition et la modernité », JCP

2002.I.187.Sujetsderéflexion•Peut-onrédigeruneconventionsurlapreuve?•L’écritest-ilunepreuveparfaitedesactesjuridiques?•L’absenced’écritempêche-t-ellelapreuved’unacte?

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Titre4

Sanctionsdesdroitssubjectifs

•Approche–Principe:laviolationdesdroitssubjectifsestsanctionnéeparl’autoritépublique.–Justification:lesdroitssubjectifssontprévusparlarèglededroitobjectif,dontlecritèreestlecaractèrecoercitif(v.➜).–Exceptions:ilexistedesdroitssubjectifsquinesontpassusceptiblesd’exécutionforcée:lesobligationsnaturelles.Exemple : la loin’imposepasd’obligationalimentaire entre frères et sœurs ; si un frèreverse volontairement une pension à sa sœur dans le besoin, il exécute une obligationnaturelle.Conséquences de l’exécution volontaire : le paiement est valable, donc la répétition estexclue.•Formesdesanctions–Réalisationnoncontentieusedesdroitssubjectifs:letitulaired’undroitsubjectifobtientlerespectdesondroitréel (ex.droitdepropriété)ou l’exécutiondesondroitpersonnel(ex.l’emprunteurrembourse)defaçonspontanée.–Réalisationcontentieusedesdroits subjectifs : le titulaired’undroit subjectifdoit fairereconnaîtresondroitenjustice,parunprocès(Chapitre1),puispeutenobtenirlerespect,aumoyend’unevoied’exécution(Chapitre2).

Page 175: Introduction générale au droit

Chapitre1

Leprocès

L’essentielLa reconnaissance d’un droit subjectif en justice suppose qu’une action en justice soitexercée(section1),entraînantledéroulementd’uneinstance(section2)quisetermineparunjugement(section3).

Sectionpréliminaire–Lesalternativesàl’actionenjusticeEncasdelitige,lerecoursàl’autoritéjudiciairepeutêtreévité:

§1–ParunetransactionDéfinition : « contrat par lequel les parties terminent une contestation née, oupréviennentunecontestationànaître»(C.civ.,art.2044).Domaine:iln’estpaspermisdetransigersurlesmatièresquiintéressentl’ordrepublic.D’où,doitêtreannuléeunetransactionportantsurlapaternitéd’œuvresmusicales, le

droitdel’auteuraurespectdesonnometdesaqualitéétantinaliénable.Forme:«Cecontratdoitêtrerédigéparécrit»(C.civ.,art.2044,al.2).Cet écrit n’est pas exigé pour la validité de la transaction, dont l’existence peut être

établieselonlesmodesdepreuveprévusenmatièredecontratparlesarticles1341ets.C.civ.Portée:«Lestransactionsont,entrelesparties,l’autoritédelachosejugéeendernier

ressort»(C.civ.,art.2052,al.1er).Nature:actededisposition(C.civ.,art.2045).Condition:pourêtrevalide,nécessitédeconcessionsréciproques.Concluenotamment:–aprèslicenciement(avecl’employeur);et–aprèsaccident(avecl’assureurduresponsable).Nullité :en cas d’erreur dans la personne, dol, violence ; ou erreur sur l’objet de la

contestation(art.2053).Ainsi,ilyaerreursurl’objetdelatransactionencasd’ignorancedelésionsquisesontrévéléespostérieurement.

§2–Parl’arbitragePrincipe:lesplaideurspeuventconvenirdesoumettreleurslitigesnonpasauxtribunaux,maisàdesimplesparticuliers,choisiscommearbitres.Définitions:• « Clause compromissoire » : stipulation d’un contrat par laquelle les parties

conviennentde soumettre à l’arbitrage lesdifférendsqui pourraient surgir àproposde

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l’interprétationoudel’exécutionducontrat.Cette clause n’est valide que pour les contrats conclus à raison d’une activité

professionnelle(C.civ.,art.2061).•«Compromis» : convention par laquelle les parties s’accordent pour soumettre à

l’arbitrageundifférenddéjànéentreelles.Cette convention est licite, même entre non-commerçants (art. 2059), sauf sur les

questionsd’étatetdecapacitédespersonnes,etdanslesmatièresquiintéressentl’ordrepublic(art.2060).Forme:lesarbitresrendentdessentencesarbitrales.Ilsstatuentconformémentaudroit;ouenéquité:«amiablecomposition».Portée : la sentence arbitrale est revêtue de l’autorité de la chose jugée (C. pr. civ.,

art.1476).L’exécution forcée de la sentence n’est possible qu’après exequatur prononcé par le

tribunaldegrandeinstance.

§3–Parunmodealternatifderèglementdesconflits

I–LaconciliationDéfinition:accordconcluentrelespartiesàunlitige.•Existencedeconciliateursde justice :personnesbénévolesquiontpourmissionde

faciliter,horsdetouteprocédurejudiciaire,lerèglementamiabledesconflits.Exemple:litigedeconsommationouentrepropriétairesvoisins.•Conciliationjudiciaire:modederèglementàl’amiabledecertainslitigescivilsexercé:–soitdirectementparlejuge(ex.conciliationenmatièrededivorceouprud’homale);–soitparsuitedeladésignationd’untiersparlejuge,avecl’accorddesparties,aucours

d’uneprocédure.• Conciliation conventionnelle : clause contractuelle prévoyant le recours à une

procéduredeconciliationavanttouteinstancejudiciaire.Effet:irrecevabilitédelademandeenjusticetantquelaconciliationn’apasétémiseen

œuvre.Phasepréliminaireobligatoiredel’instanceprud’homale.

II–LamédiationDéfinition : intervention d’un tiers, indépendant et qualifié, chargé de trouver lesélémentsd’unaccordpossibleentredeuxpartiesenlitige.•Médiation judiciaire : désignationdu tierspar le juge, avec l’accorddesparties, afin

d’aider celles-ci à trouver elles-mêmes la solution du conflit, au cours d’une procéduredontl’issueparaîtdélicate(ex.:endroitdutravail),oupréférablepourlesparties(ex.:endroitpénal).–Loidu4mars2002:larencontred’unmédiateurfamilialpeutêtreimposéeauxpèreet

mère,pourfaciliterl’exerciceconsensueldel’autoritéparentale(C.civ.,art.373-2-10).–Loidu26mai2004: le jugeconciliateurpeutproposerauxépouxengagésdansune

instanceendivorceouenséparationdecorpsunemesuredemédiation,et ilpeut leurenjoindre de rencontrer un médiateur familial qui les informera sur l’objet et le

Page 177: Introduction générale au droit

déroulementdelamédiation(C.civ.,art.255).• Existence du Défenseur des droits (ex-médiateur de la République) chargé de

rechercherdessolutionsamiablesencasdelitigeentreunadministréetl’administration(État,conseilrégional…)ouuneentreprisepublique.Peut intervenir auprès de l’administration ou de l’entreprise publique pour régler le

conflit.

Section1–L’actionenjusticePrincipes:L Conv. EDH, art. 6 : « Toute personne a droit à ce que sa cause soit entendueéquitablement,publiquementetdansundélairaisonnable,paruntribunalindépendantetimpartial,établiparlaloi».LC.pr.civ.,art.30:«L’actionestledroit,pourl’auteurd’uneprétention,d’êtreentendusurlefonddecelle-ciafinquelejugeladisebienoumalfondée.Pourl’adversaire,l’actionestledroitdediscuterlebien-fondédecetteprétention».

§1–Conditionsdel’actionenjusticeLedroitd’agirenjusticeestsubordonnéàdeuxconditions:intérêtetqualité.

I–L’intérêtàagir«Pasd’intérêt,pasd’action»:nepeuventagirenjusticequeceuxquiespèrentobtenirunavantage.L’intérêtdoitprésenter,enoutre,troiscaractères.

A–LégitimeSignification:l’intérêtdontoninvoquelalésiondoitêtreconformeàl’ordrepublicetauxbonnesmœurs.Application : une victime ne peut obtenir la réparation de la perte de ses

rémunérationsquesicelles-cisontlicites,cequin’estpaslecasdecellesquiproviennentd’untravaildissimulé.

B–NéetactuelSignification:unintérêtsimplementéventuelnesuffitpas.Application:unplaideurnepeutpassegarantiràl’avance,parunedécisiondejustice,

delarégularitéd’unacteoudelalégitimitéd’unesituation.Cependant,lamenaced’untroublesuffitàfonderuneaction.

C–Directetpersonnel(«nulneplaideparprocureur»)Signification:lalésiond’unintérêtcollectif(ex.lesconsommateurs)nedonnepasledroitàunparticulierd’agir.Application : elle est discutée lorsque sont en cause des groupements (ex.

Page 178: Introduction générale au droit

associations).Nécessité:– d’une habilitation par une loi spéciale (ex. association de consommateurs, de

protectiondel’environnement,dedéfensedesactionnaires…);ou–si ces intérêts collectifsentrentdirectementdans l’objetdugroupement (fédération

départementale de chasseurs, association de défense des croyants, association dedéportésetrésistants…).

II–LaqualitépouragirSignification:l’actionenjusticeestouverteàtoutepersonneayantintérêtàagir,«sousréservedes casdans lesquels la loi attribue ledroit d’agir aux seulespersonnesqu’ellequalifiepouréleveroucombattreuneprétention,oupourdéfendreunintérêtdéterminé»(C.pr.civ.,art.31).Exemples:–actionennullitérelative(v.➜);–actionendivorceouenséparationdecorps,réservéeauxépoux;–actionenrecherchedepaternité,adoption,etc.

§2–Classificationdesactionsenjustice

I–Contentieuxobjectifetcontentieuxsubjectif

A–ContentieuxobjectifAtteinteàunerèglededroitobjectif.

1.RecourspourexcèsdepouvoirDéfinition:recoursenannulationd’unacteadministratif.Motifs:–illégalitéexterne(incompétence,vicedeforme);–illégalitéinterne(détournementdepouvoir,violationdelaloi).Compétence:juridictionsadministratives(v.➜).

2.ActionpubliqueDéfinition:actionexercéeparleministèrepublicettendantàl’applicationdepeinesauxauteursdesinfractions.Compétence:juridictionsrépressives(v.➜).

B–ContentieuxsubjectifAtteinteàundroitsubjectif.Classificationenfonctiondelanature(II)oudel’objet(III)dudroitsubjectifprotégé.

II–Actionspersonnellesetactionsréelles

A–Actionspersonnelles

Page 179: Introduction générale au droit

1.Actionsd’étatSignification:relativesàl’étatdespersonnes,ellesn’ontpasuncaractèrepatrimonial.•Actionsconstitutivesd’état:ontpourbutlacréationd’unétatnouveau(ex.actionen

divorce).•Actionsdéclarativesd’état:ontpourbutlaconsécrationd’unétatantérieur(ex.action

enrecherchedepaternité).Lesjugementsdéclaratifsd’étatontuneffetrétroactif.

2.Actionspersonnelles(patrimoniales)Signification:sanctionnentlesdroitsdecréance,oudroitspersonnels(v.➜).Ennombreillimité(commelesdroitspersonnels),sansnomparticulier:ex.,actionpar

laquelle le prêteur réclame à l’emprunteur le remboursement de la somme d’argentprêtée.

B–ActionsréellesSignification:sanctionnentlesdroitsréels(v.➜).Actions en nombre limité (comme les droits réels) et nommées : ex., l’action en

revendication;lacomplainte.

III–Actionsmobilièresetactionsimmobilières

A–ActionsmobilièresSignification:protègentundroit,réeloupersonnel,portantsurunmeuble.

1.ActionspersonnellesmobilièresExemple:actionenpaiementd’unecréancedesommed’argent.

2.ActionsréellesmobilièresExemple:actionenrevendicationdelapropriétéd’unmeuble(C.civ.,art.2276,al.2).

B–ActionsimmobilièresSignification:protègentundroitportantsurunimmeuble.

1.ActionsréellesimmobilièresSanctionnentlesdroitsréelsimmobiliers.•Actionspétitoires:relativesàlatitularitédudroit:–actionenrevendicationdelapropriétéd’unimmeuble.–actionconfessoired’usufruitoudeservitude;–actionhypothécaire.•Actionspossessoires:autrefoisrelativesàlapossessiondubien(v.➜).

2.ActionsmixtesimmobilièresActions dans lesquelles sont jointes deux demandes, l’une réelle, l’autre personnelle,relativementàunimmeuble.

Page 180: Introduction générale au droit

Exemples:actionenrévocationd’unedonationd’immeublepourcaused’ingratitudedudonataire;actionenrésolutiond’unevented’immeublepourdéfautdepaiementduprix.

Section2–L’instance

§1–L’introductiondel’instance

I–Modalitésdel’introductiondel’instancePrincipe : « Seules les parties introduisent l’instance, hors les cas où la loi en disposeautrement»(C.pr.civ.,art.1er).Exception:lejugepeutsesaisird’officed’unlitige.Exemples:–lejugedestutellesenmatièred’incapacités;–letribunaldecommerceenmatièrederedressementetdeliquidationjudiciaires.

II–Formesdel’introductiondel’instanceVariablessuivantlesjuridictions.Engénéral:

A–AssignationDéfinition:acteparlequelledemandeurfaitconnaîtreaudéfendeur,parunhuissier, lecontenudesademandeetluienjointdecomparaîtredevanttellejuridiction.Laconstitutiond’avocatestobligatoiredevantletribunaldegrandeinstance.Le tribunal est saisi par la remise d’une copie de l’assignation au greffe, qui enrôle

l’affaire,c’est-à-direl’inscritsurunregistrespécialappelé«rôle».

B–RequêteDéfinition:acteécritparlequelunepartieadressedirectementsademandeaujuge(enfait,augreffe)etquiapoureffetdesaisircelui-ci.

C–PrésentationvolontaireDéfinition : comparution des parties, de leur propre initiative, devant le tribunald’instance,letribunaldecommerceouleconseildeprud’hommes.

D–CitationdirecteDéfinition:acted’huissierparlequelletribunalcorrectionneletletribunaldepolicesontsaisis de l’action publique et de l’action civile, en réparation du dommage causé à lavictimeparl’infraction,àlademande:–duministèrepublic;ou–delapartiecivile(c’est-à-direlavictime).

III–Compétence

Page 181: Introduction générale au droit

Rappel:c’estl’aptituded’unejuridictionàjugeruneaffaire.

A–Procédurecivile

1.Compétenced’attributionEnfonctiondelanaturedulitige(v.➜).

2.CompétenceterritorialePrincipe :est compétent le tribunal dans le ressort duquel est domicilié le défendeur(C.pr.civ.,art.42).Limites:ledemandeurpeutsaisiraussi,àsonchoix(C.pr.civ.,art.46):–enmatièrecontractuelle,lajuridictiondulieudelivraisoneffectivedelachoseoudu

lieud’exécutiondelaprestationdeservice;– en matière délictuelle, la juridiction du lieu du fait dommageable ou celle dans le

ressortdelaquelleledommageaétésubi;–enmatièremixte,lajuridictiondulieuoùestsituél’immeuble;–enmatièred’aliments,lajuridictiondulieuoùdemeurelecréancier.Exceptions:ledemandeurdoitsaisir(C.pr.civ.,art.44et45):–enmatièreréelleimmobilière,lajuridictiondulieuoùestsituél’immeuble;– en matière de succession, la juridiction dans le ressort de laquelle est ouverte la

succession(domiciledudéfunt).Sanction : toute clausequi déroge aux règlesde compétence territoriale est réputée

nonécrite;saufsilaclauseaétéconvenueentredespersonnesayanttoutescontractéenqualitédecommerçant(C.pr.civ.,art.48).

B–Procédurepénale

1.Compétenced’attributionEnfonctiondelagravitédel’infraction(v.➜).

2.Compétenceterritoriale•Enmatièredecontravention:tribunaldepolicedansleressortduquellacontravention

aétécommise.• En matière de délits : tribunal correctionnel dans le ressort duquel le délit a été

commis,ouleprévenuréside,ouleprévenuaétéarrêté.•Enmatièredecrimes :courd’assisesdans le ressort (ledépartement)de laquelle le

crimeaétécommis.

C–Procédureadministrative

1.Compétenced’attributionRépartitiondescompétencesenfonctiondelanaturedulitige(v.➜).

2.CompétenceterritorialePrincipe : le tribunal administratif territorialement compétent est celui dans le ressortduquelasonsiègel’autoritéquiaprisladécisionattaquéeousignélecontratlitigieux.

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Exceptions:–tribunaldulieud’exécutionducontrat;–tribunaldulieudufaitgénérateurdudommagedetravauxpublicsoududommage

causéparunagentdel’administration;–tribunaldulieud’affectationpourleslitigesindividuelsintéressantlesfonctionnaires;–tribunaldulieudesituationdel’immeubleexproprié;– tribunal du lieu où siège l’assemblée ou l’organisme professionnel pour les litiges

relatifsauxélections.

§2–Ledéroulementdel’instanceVariablesuivantlesjuridictions,maisdécoulantdeprincipesgénéraux.

I–Procédurecivile

A–PrincipedispositifSignification:lespartiesdirigentleprocès;lejugeresteneutre.

1.Conduitedel’instanceL C. pr. civ., art. 2 : « Les parties conduisent l’instance sous les charges qui leurincombent. Il leur appartient d’accomplir les actes de la procédure dans les formes etdélaisrequis».LC.pr. civ., art. 3 :« Le juge veille au bon déroulement de l’instance ; il a le pouvoird’impartirlesdélaisetd’ordonnerlesmesuresnécessaires».Exemple:enquêtes;expertises.Délai:lesdélaisdeprocéduredoiventrespecterleprincipedudélairaisonnable(Conv.

EDH,art.6).Laduréeraisonnabled’uneprocédurejudiciairedoitêtreappréciéeeuégardàlacomplexitédulitigeetauxvoiesderecoursexercéesparlesparties.Jugéquesi laméconnaissancedudroit àundélai raisonnablede jugement causeun

préjudice au justiciable, il peut obtenir la réparation du dommage ainsi causé par lefonctionnementdéfectueuxduservicepublicdelajustice.

2.Objetdel’instance•L’objetdulitigeestdéterminéparlesprétentionsrespectivesdesparties.Ces prétentions sont fixées par l’acte introductif d’instance et par les conclusions en

défense.Conséquence:lejugenepeutmodifierlestermesdulitigedontilestsaisi.Toutefois,l’objetdulitigepeutêtremodifiépardesdemandesincidenteslorsquecelles-

ciserattachentauxprétentionsoriginairesparunliensuffisant(C.pr.civ.,art.4).•«Lejugedoitseprononcersurtoutcequiestdemandéetseulementsurcequiest

demandé»(C.pr.civ.,art.5).Interdictiondestatuerultrapetita(accorderplusquecequiestdemandé).•Àl’appuideleursprétentions,lespartiesontlacharged’alléguerlesfaitspropresàles

fonder(C.pr.civ.,art.6),etdelesprouver(v.➜).•Lejugetranchelelitigeconformémentauxrèglesdedroitquiluisontapplicables.

Page 183: Introduction générale au droit

Il doit donner ou restituer leur exacte qualification aux faits et actes litigieux sanss’arrêteràladénominationquelespartiesenauraientproposée.Il peut relever d’office lesmoyens de pur droit quel que soit le fondement juridique

invoquéparlesparties(C.pr.civ.,art.12).

3.Issuedel’instanceLespartiesontlalibertédemettrefinauprocèspar:–désistementd’instance;–acquiescementàlademande;–péremptiond’instance,etc.

B–PrincipeducontradictoireSignification:obligationpourleplaideuretlejugederespecterlesdroitsdeladéfense.Conséquences:

LC. pr. civ., art. 14 : « Nulle partie ne peut être jugée sans avoir été entendue ouappelée».LC.pr.civ.,art.15:«Lespartiesdoiventsefaireconnaîtremutuellemententempsutilelesmoyensde fait sur lesquels elles fondent leursprétentions, les élémentsdepreuvequ’elles produisent et les moyens de droit qu’elles invoquent, afin que chacune soit àmêmed’organisersadéfense».Mais celui qui, régulièrement assigné, ne comparaît pas, ne peut paralyser par son

inertielecoursdelajustice:ils’exposeàcequ’unjugementpardéfautsoitrenducontreluisurlesseulsélémentsfournisparsonadversaire.

C–PublicitédesdébatsPrincipe:«Lesdébatssontpublics,sauflescasoùlaloiexigeoupermetqu’ilsaientlieuenchambreduconseil»(C.pr.civ.,art.22).Motif:garantiedebonnejustice,carchacunpeutvérifierlaloyautédesdébats.Limites:•Lesdébatsnesontpaspublicsenmatièrededivorceoudefiliation.Entouteautrematière,lejugepeutdéciderquelesdébatsaurontlieuenchambredu

conseils’ilredouteuneatteinteà l’intimitéde lavieprivéeous’ilsurvientdesdésordres(C.pr.civ.,art.435).• Laprocéduredemise en état des affaires, préalable à l’audience, est écrite (et non

orale)etsecrète:lestiersnepeuventenavoirconnaissance.

D–Procéduresd’urgencePeuventêtreordonnéesenréféré:

1.AbsencedecontestationToutes les mesures qui ne se heurtent à aucune contestation sérieuse ou que justifiel’existenced’undifférend(C.pr.civ.,art.808);ex.:–désignerunexpertouunadministrateurprovisoire;–suspendredestravaux;

Page 184: Introduction générale au droit

–rétablirundroitdevisite.

2.Existenced’untroubleLesmesuresconservatoiresouderemiseenétat:–pourprévenirundommageimminent,commel’interdictiond’unepublication;ou–pour fairecesseruntrouble illicite (ex. l’expulsiondegrévistesoccupant les lieuxde

travail);ou–pouraccorderuneprovisionaucréancier,commel’indemnitéprovisionnelleverséeà

lavictimed’unaccident(C.pr.civ.,art.809).

II–ProcédurepénaleFormulation des principes fondamentaux par la loi du 15 juin 2000 sur la présomptiond’innocence:–procédureéquitableetcontradictoire;–garantiedesdroitsdesvictimes;–limitationdesatteintesàlaprésomptiond’innocence;–délairaisonnabledelaprocédure.Divisionduprocèspénalendeuxphases.

A–L’instructionInformationdiligentéeparlejuged’instruction,etenappelparlachambredel’instruction,envuederechercheretréunirlesélémentsdepreuvequiserontproduitsàlajuridictiondejugementquistatuesurlaculpabilitédudélinquant.Caractères:

1.ÉcriteLesactesd’instructionetlesdécisionssontréunisdansundossier.

2.SecrèteLepublicn’apasaccèsàlaprocédure;lesdécisionssontrenduesenchambreduconseil.Lesecrets’imposeàtoutepersonnequiconcourtàcetteprocédure.

3.NoncontradictoireCaractère inquisitoirede laprocédured’instruction : laprocédureestdirigéepar le jugequiprocède,grâceauxpouvoirs importantsdont ilest investi,àtous lesactesqu’il jugeutilesàlamanifestationdelavérité.

B–L’audiencedejugementProcédureàl’issuedelaquelleilserastatuésurlaculpabilitéduprévenuetsurlapeine.Caractères:

1.PubliquePrincipe:lesdébatssontpublics.Motif:garantied’unejusticeimpartiale;respectdesdroitsdeladéfense.

Page 185: Introduction générale au droit

Limites:lesdébatsontlieuàhuisclosencasdedangerpourl’ordrepublicoupourlesmœurs,ousiledélinquantestmineur.

2.OralePrincipe:lespreuvesdoiventêtresoumisesauxdébats.Applications:auditionnécessairedestémoinsetdesexperts;présentationdespièces

àconviction.Limites:lesprocès-verbauxquifontfoijusqu’àpreuvecontraires’imposentauxjuges.

3.ContradictoirePrincipe:lespartiessontprésentesetplacéesàégalité.Applications:lespartiesproduisentleurspreuvesetdiscutentlibrementdeséléments

apportésparleursadversaires;chaquepartieprivéepeutêtreassistéed’unavocat.

III–Procédureadministrative

A–Règlesdeprocédurecommunes

1.LarègledeladécisionpréalableSignification:lejugeadministratifnepeutêtresaisiqueparunerequêtedirigéecontreunedécisiondel’administration.Conséquences : le justiciable doit d’abord s’adresser à l’administration (phase

préliminaireanalogueàuneconciliation).Pendant longtemps, le silence gardé par l’administration pendant 2mois équivalait à

unedécisionderejet.En2013,leprincipeaétéinversé:dorénavantlesilencegardéparl’administration pendant ce délai vaut décision implicite d’acceptation. La règle nes’appliquepasnéanmoinsentoutesmatières(exclusion,notamment,desrapportsentrel’administrationetsesagentsetdesrapportsentrepersonnesmoralesdedroitpublic).

2.RecoursLe délai du recours contentieux est de deux mois à compter de la décision préalableattaquée.

B–SpécificitésdelaprocédureCaractères:

1.InquisitoireLe jugeadministratif est saisi parune requêtedudemandeur ; c’est le jugequimet encauseledéfendeur,organisel’instruction(établissementdespreuves)etdirigeleprocès.

2.ÉcriteLesprétentionsdespartiessontexposéesdansdesmémoiresécrits;lesplaidoiriesn’ontqu’uneimportanceréduite.

3.PubliquePrincipedepublicitédesdébats.

Page 186: Introduction générale au droit

4.ContradictoirePrincipedurespectdesdroitsdeladéfense:chaquepartiedoitprendreconnaissancedetoutdocumentsoumisaujuge.Leministèred’avocatestenprincipeobligatoire.

C–Institutionduréféré-liberté

1.Unemesured’urgenceLa loi du 30 juin 2000 relative au référé devant les juridictions administratives crée le«référé-liberté»:compétenceduprésidentdelajuridictionadministrativepourprendretoutes mesures nécessaires à la sauvegarde d’une liberté fondamentale, atteinteillégalementparl’administrationouunservicepublic.

2.Autresmesuresd’urgenceSursis à exécutiondesdécisionsadministratives ; référé-conservatoiredesélémentsdepreuve;référé-provision.

Section3–LejugementAprèsclôturedesdébats,lesjugesdevantlesquelsl’affaireaétédébattue,délibèrentpuisrendentunedécision.

§1–Classificationdesjugements

I–Typologie•Ordonnances:décisionsrenduesparleprésidentd’unejuridictionouunjugeunique

statuantaprèsunréféréousurrequête.•Jugements:décisionsrenduesparuntribunalstatuantenpremièreinstance.•Arrêts:décisionsdescoursd’appel,delaCourdecassationetduConseild’État.

II–Jugementsavant-dire-droitetjugementssurlefond

A–Jugementsavant-dire-droitDécisionsqui,sans trancher le fond,procurentau tribunaldesélémentsd’information ;exemple,ordonnentuneexpertise.

B–JugementssurlefondTranchenttoutoupartiedulitige.

III–Décisionscontentieusesetdécisionsgracieuses

A–DécisionscontentieusesTranchentunecontestationentredeuxouplusieursplaideurs.

Page 187: Introduction générale au droit

B–DécisionsgracieusesRèglentunequestiondedroitnonlitigieuse;exemple,prononcéd’uneadoption.

§2–Rédactiondesjugements

I–LesmotifsRaisonsquijustifientladécision.Engénéral,rédigéssousformed’«attenduque…».

II–LedispositifSolutiondulitige,comprenant:–laproclamationd’unesituationjuridique(«jugementdéclaratif»)oulacréationd’une

situationjuridique(«jugementconstitutif»);et–l’ordred’exécutionadresséauxplaideurs.

III–LesyllogismejudiciairePrésentationduraisonnementsuiviparlejugesouslaformed’unsyllogisme:–lamajeureestlarèglededroitappliquée;–lamineureestconstituéeparlesfaitsdel’espèce;–laconclusionourésultanteestlerésultatdel’applicationconcrètedelarèglededroit

auxfaitssoumisaujuge.

§3–Effetsdesjugements

I–L’autoritédechosejugée(v.➜)Autoritéabsoluedesdécisionsadministrativesd’annulationpourexcèsdepouvoir.

II–Laforceexécutoire

A–NotiondeforceexécutoireLejugementestunedécisiondel’autoritépubliquepriseaunomduPeuplefrançais.S’iln’estpasexécutévolontairement,ilserapossiblederecouriràlaforcepublique.

B–Conditionsdelaforceexécutoire

1.FormuleexécutoireCelui qui a gagné le procès peut obtenir du greffier la délivrance d’une copie, appeléegrosse,revêtuedelaformuleexécutoire.Celle-cipermetdefaireprocéderàl’exécutionforcéedujugement.

2.ProcédureSignificationparhuissierdelagrosseàl’autrepartie.

Page 188: Introduction générale au droit

3.ForcedechosejugéeLe jugement n’est susceptible d’exécution forcée que s’il ne peut plus faire l’objet d’unrecourssuspensifd’exécution(acquiert«forcedechosejugée»)parceque:–délaisderecoursexpirés;ou–voiesderecours(ordinaires)épuisées.

§4–VoiesderecoursMoyensaccordésauxplaideurs,etexceptionnellementàdestiers,pourobtenirunnouvelexamendel’affairejugée.

I–Voiesderecoursordinaires

A–Notiondevoiederecoursordinaire•Voiesderecoursouvertespourtoutmotif•Délaisderecoursetexercicedesrecourssuspensifsd’exécution;saufsil’exécutionprovisoireaétéordonnéeparletribunal.

B–Typologiedesvoiesderecoursordinaires

1.L’appelRappel : voie de réformation tendant à modifier ou annuler un jugement rendu enpremierressortparuntribunal(v.➜).

2.L’oppositionRecourscontrelesjugementsrenduspardéfaut:ledéfendeurn’apascomparu.Domaine:•Oppositiondevantlacouradministratived’appel.•Oppositionexclueenprocédurecivilequandl’assignationaétéremiseaudéfendeur

enpersonneousilejugementestsusceptibled’appel.•Oppositionexclueenprocédurepénalecontrelesarrêtsdecoursd’assisesoulorsque

leprévenuaétécitéàpersonne.

C–Délaisdesvoiesderecoursordinaires•Procédurecivile:1mois.•Procédurepénale:10jours.

D–EffetsdesvoiesderecoursordinairesVoiederétractation:lelitigerevientdevantlajuridictionquiadéjàjugéetquivarendreunnouveaujugementannulantleprécédent.

II–Voiesderecoursextraordinaires

A–Notiondevoiederecoursextraordinaire

Page 189: Introduction générale au droit

•Voiesderecoursouvertesdanslesseulscasprévusparlaloi.•Lerecoursetledélaiouvertpourl’exercernesontpassuspensifsd’exécution.

B–Typologiedesvoiesderecoursextraordinaires

1.LepourvoiencassationRappel:recoursdestinéàfairecontrôlerparlaCourdecassation,enmatièrecivile,etparle Conseil d’État, en matière administrative, la conformité aux règles de droit d’unedécisiondejusticerendueendernierressort(v.➜).

2.Latierceopposition• Recours ouvert à tous ceux qui ont été lésés ou sont seulement menacés d’un

préjudiceparl’effetd’unjugementauquelilsn’ontéténipartiesnireprésentés.•Tierceoppositionexclueenprocédurepénale.•Délaivariable;engénéral:30ans.Effets : le jugement conserve seseffets entre lesparties ; il devient inopposable aux

tiersquiontexercélerecours.

3.Lerecoursenrévision•Voiederétractationd’unedécisioncivile,pénaleouadministrativerendueendernier

ressort qui repose sur une erreur de fait commise par le juge ; exemple, des piècesproduitesauxdébatsontétéreconnuesfaussespostérieurementàladécision.• N’est admis en procédure pénale que contre les décisions de condamnation, non

contrelesdécisionsd’acquittement.• Peut intervenir notamment après une procédure européenne devant la Cour

européennedesdroitsdel’homme.•Rarementexercé.

PourallerplusloinBibliographie•M.Bandrac, « L’actionen justice,droit fondamental »,MélangesR. Perrot, 1996,

p.1.•S.Guinchard,«Versunedémocratieprocédurale»,Rev.Justices,1999-1,p.91.• Ch. Jarrosson, « Lesmodes alternatifs de règlementdes conflits : présentation

générale»,RIDcomp.1997.325.• O. Schrameck, « Quelques observations sur le principe du contradictoire »,

MélangesG.Braibant,1996,p.629.Sujetsderéflexion•Unlitigedébouche-t-ilnécessairementsurunprocès?•LaprocédureenFranceest-elleplutôtoraleouécrite,inquisitoireouaccusatoire?•Lesrecoursextraordinairessont-ilsplusimportantsquelesrecoursordinaires?

Page 190: Introduction générale au droit

Chapitre2

Lesvoiesd’exécution

L’essentielDéfinition : procédures permettant d’obtenir l’exécution forcée des décisions de justicerevêtuesdelaformuleexécutoire.Ayant obtenu la reconnaissance de son droit en justice, le plaideur peut en poursuivrel’exécutionforcéepardiversmoyens(section1).Exception:pasd’exécutionforcéecontrel’administration(section2).

Section1–L’exécutionforcéeendroitprivé

§1–LessaisiesDéfinition : procédure mise en œuvre par un huissier de justice à la demande ducréancier,munid’untitreexécutoirecommeunedécisiondejustice,etdestinéeàplacersousmain de justice les biens du débiteur en vue de les vendre afin que le créancierpuisseobtenireffectivementlepaiementdeladette;v.➜.

I–Lasaisieimmobilière

A–DroitdessaisiesimmobilièresLa procédure de saisie immobilière a été profondément réformée par l’ordonnance du21avril2006,entréeenvigueurle1erjanvier2007.Objectifs:–protégerledébiteurenévitantlesexpropriationsinjustifiéesouàprixréduit;–garantirauxcréancierslerecouvrementdeleurcréance.Moyens:–faveurpourlaventeàl’amiabledel’immeubledudébiteur;–rechercheconsensuelledeladistributionduprixdeventeentrelescréanciers.

B–ProcédureLasaisieportesurlesimmeublesdudébiteur;–initiéeparuncommandementdepayervalantsaisie,délivréparhuissieretadresséau

débiteuràlarequêteducréancierpoursuivant;–publicationauServicedelapublicitéfoncière;–ventedel’immeubleàl’amiable,surautorisationjudiciaire,ouventeforcéedevantle

jugedel’exécutionauxenchèrespubliques;– distribution du prix par la voie d’une procédure amiableou, à défaut, judiciaire en

Page 191: Introduction générale au droit

suivantl’ordreàrespecterentrelescréanciersdufaitdesprivilègesethypothèques.

II–Lessaisiesmobilières

LLoi9juill.1991.

A–Saisie-venteDéfinition:saisiedesmeublescorporelsdudébiteur;– procès-verbal dressé par un huissier au moins 8 jours après délivrance d’un

commandementdepayer;–venteauxenchèrespubliquesparunofficierministériel.Lesmeubles indispensables à la vie quotidienne et à l’exercice de la profession sont

insaisissables.

B–Saisie-attributionDéfinition : saisie des créances de sommes d’argent qui sont dans le patrimoine dudébiteurcondamné.Condition : comme pour toutemesure d’exécution forcée, il faut un titre exécutoire

constatantunecréanceliquideetexigible.Procédure:– acte de saisie signifié par huissier au tiers qui détient les fonds appartenant au

débiteur;–informationdudébiteurdansles8jours;–contestationpossibledevantlejugedel’exécution(TGI)danslemois;–àdéfaut,letierssaisidoitpayerlecréanciersaisissant.La saisie d’un salaire ne peut être pratiquée que sur une portion saisissable de la

rémunération (art. R. 145-2 du Code du travail) ; doit être précédée d’une phase deconciliationparlejuged’instance.

§2–Lesprocédésdirectsd’exécutionExécutiondirecte,quandelleestpossible.LC.civ.,art.1142:«Touteobligationdefaireoudenepasfaireserésoutendommagesetintérêts».

I–D’uneobligationdefaireExemple:expulsiond’unlocatairequial’obligationdeviderleslieux.

II–D’uneobligationdenepasfaireExemple :destruction d’une construction édifiée aumépris d’une servitude de ne pasbâtir(C.civ.,art.1143).

§3–Lesprocédésindirectsd’exécution

Page 192: Introduction générale au droit

Moyensindirectsdecontrainte.

I–L’astreinteDéfinition :moyen indirect de procurer l’exécution en nature, par la condamnation dudébiteuràpayertellesommeparjourderetarddansl’exécutiondesonobligation.Caractères:•Indépendantedesdommages-intérêts;•Comminatoire:menacedestinéeàintimiderledébiteur;•Indéterminée:onneconnaîtpasd’avancelasommequedevrapayerledébiteur.•Astreintedéfinitive:sonmontantestfixésanspossibilitéderévision;–lasommeduenedépendraquedeladuréederésistancedudébiteur;–nepeutêtreordonnéequ’aprèsleprononcéd’uneastreinteprovisoire.•Astreinteprovisoire:lejugedel’exécution(TGI)alapossibilitédemodifierlemontant

del’astreinte,enfonctiondescirconstances,quandillaliquidera.Applications:–droitdelafamille,pourl’exécutiondudroitdevisiteaprèsdivorce;–droitdesbiens,pourl’exécutiondesobligationsdevoisinage;–droitdescontrats,pourl’exécutiondesobligationsdefaire.

II–LedroitderétentionDroit en vertu duquel le détenteur (ex. un garagiste) d’une chose (ex. automobile)appartenantàautruiestautoriséà laretenir jusqu’aupaiementdecequi luiestdû (ex.facturederéparations)parlepropriétairedecettechose.Consécration législative par l’ordonnance du 23 mars 2006 réformant le droit des

sûretés(C.civ.,art.2286),quipréciseleshypothèsesdanslesquellescedroitpourraêtreexercé.

Section2–Lesprivilègesdel’administration

§1–LeprivilègedeladécisionexécutoireParcequ’elledisposedeprérogativesdepuissancepublique,l’administrationalepouvoirdeprendredesdécisionsexécutoires.Définition:Acte juridique émis unilatéralement par l’administration en vue de faire naître des

obligationsoudesdroitsàlachargeouauprofitdetiers,sansleconsentementdeceux-ci.Ils’agitessentiellementdesrèglementsadministratifs:décrets,arrêtés(v.➜).Portée:unedécisionexécutoireaforceexécutoireparelle-même,c’est-à-diresansle

recourspréalableàunjuge.

§2–Leprivilègedel’exécutiond’officePrincipe:lesdécisionsexécutoiresdel’administrationnepeuventfairel’objetd’exécution

Page 193: Introduction générale au droit

forcéesansrecourspréalableaujuge.Exceptions:l’exécutionforcéeestpossiblesansrecoursaujugedanstroiscas:–quandlaloilepermet;exemple,miseenfourrièredesvéhiculeseninfraction;–encasd’urgence;exemple,dispersiond’unemanifestation;–encasdenécessité;exemple,déblaiementd’objetsencombrantledomainepublic.

§3–L’absencedevoiesd’exécutionàl’encontredel’administrationPrincipe : les décisions de justice rendues à l’encontre de l’administration ne peuventdonnerlieuauxvoiesd’exécutiondudroitprivé(v.➜),notammentlessaisies.Exceptions:• Le Conseil d’État peut prononcer une astreinte contre l’administration en cas

d’inexécutiond’unedécisionrendueparunejuridictionadministrative.•Siunedécisionde justicecondamnant l’administrationàpayerunesommed’argent

n’estpasexécutée,lecréancierpeutsaisirlecomptablepublic,tenualorsdepayer.

PourallerplusloinBibliographie•C.Brenner,«Lasaisieimmobilièreversion2006»,Dr.etpatr.2007.26.•G.Taormina,«Ledroitdel’exécutionforcéeàl’épreuvedesrèglesducontentieux

administratif»,MélangesP.Julien,2003,p.398.Sujetsderéflexion•L’exécutionest-ellenécessairementforcée?•L’administrationdispose-t-elled’undroitàexécutiondifférentdanssanaturede

cellequiexisteendroitprivé?

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Indexalphabétique

A B C D E F G H I J K L M

N O P Q R S T U V W X Y Z

A

Abandon, 1, 2, 3Abrogation, 1Abusdedroit, 1, 2Accidentsdutravail, 1, 2Acte-àcausedemort, 1-àtitregratuit, 1-àtitreonéreux, 1-d'administration, 1-authentique, 1, 2-bilatéral, 1, 2-confirmatif, 1-conservatoire, 1, 2, 3-dedisposition, 1, 2, 3, 4-entrevifs, 1-del'étatcivil, 1, 2, 3, 4, 5, 6-intuitupersonae, 1-juridique, 1-notarié, 1, 2-recognitif, 1-solennel, 1

Page 195: Introduction générale au droit

-sousseingprivé, 1-successif, 1-unilatéral, 1, 2

Actejuridique-capacité, 1, 2-cause, 1-classification, 1-conditionsdevalidité, 1-confirmation, 1-consentement, 1-effets, 1-forceobligatoire, 1-forme, 1-inopposabilité, 1, 2-modalités, 1-nullité, 1-objet, 1-publicité, 1

Actionenjustice, 1-actiondegroupe, 1-confessoire, 1-ennullité, 1-enrevendication, 1-d'état, 1-immobilière, 1-mixte, 1-mobilière, 1-patrimoniale, 1-paulienne, 1-personnelle, 1-pétitoire, 1-possessoire, 1, 2-publique, 1, 2-réelle, 1

Aliments, 1Amiablecomposition, 1Anciendroit, 1Animaux, 1, 2

Page 196: Introduction générale au droit

Antichrèse, 1Appel, 1, 2, 3Applicationimmédiate, 1, 2Arbitrage, 1, 2Arrêt, 1-derèglement, 1

Arrêté, 1Assignation, 1, 2Assurance, 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9-vie, 1

Astreinte, 1, 2Attestations, 1, 2Autonomiedelavolonté, 1, 2Autoritédelachosejugée, 1, 2, 3, 4Autoritéparentale, 1, 2, 3, 4Auxiliairedejustice, 1Aveu, 1Avis, 1Avocat, 1-auxConseils, 1, 2

Ayantcause, 1

B

Bail, 1Barreau, 1Biens, 1, 2-corporels, 1, 2-domaniaux, 1-incorporels, 1, 2-insaisissables, 1, 2, 3

Bonnefoi, 1, 2, 3Bonnesmœurs, 1

Page 197: Introduction générale au droit

Brevetd'invention, 1, 2

C

Capacité, 1, 2, 3, 4Casfortuit, 1Cassation, 1Causalité, 1Cause, 1Chartedesdroitsfondamentauxdel’Unioneuropéenne, 1, 2, 3Choses-appropriées, 1-communes, 1-consomptibles, 1-fongibles, 1-degenre, 1-sansmaître, 1

Circulationroutière, 1, 2Citationdirecte, 1Citoyenassesseur, 1Citoyennetéeuropéenne, 1Clausecompromissoire, 1Clausepénale, 1, 2Clientèle, 1Codecivil, 1Commission(UE), 1, 2, 3Communerenommée, 1Compétence, 1-d'attribution, 1, 2, 3, 4-territoriale, 1, 2, 3, 4

Complainte, 1Compromis, 1Conciliation, 1

Page 198: Introduction générale au droit

Concubinage, 1, 2Condition, 1Conflitsdeloisdansletemps, 1Conseilconstitutionnel, 1, 2, 3, 4, 5Conseild'État, 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11Conseildel'Europe, 1Conseileuropéen, 1Conseildeprud'hommes, 1, 2Conseildel’Unioneuropéenne, 1Consensualisme, 1, 2Consommateur, 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11Constitution, 1, 2, 3, 4Constitutionnalité, 1Contrat, 1, 2, 3, 4-administratif, 1, 2, 3, 4-aléatoire, 1-commutatif, 1-demariage, 1, 2-synallagmatique, 1, 2, 3, 4-unilatéral, 1

Contravention, 1, 2, 3Convention, 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7-collective, 1, 2-européennedesdroitsdel'homme, 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7-internationale, 1

Copie-exécutoire, 1

Corpscertain, 1Cour-administratived'appel, 1, 2-d'appel, 1-d'assises, 1, 2, 3, 4-decassation, 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7-européennedesdroitsdel'homme, 1

Page 199: Introduction générale au droit

-dejusticedel'Unioneuropéenne, 1, 2, 3Coutume, 1, 2, 3, 4Créance, 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11Créancierchirographaire, 1, 2Crime, 1, 2, 3, 4, 5, 6Curatelle, 1, 2

D

Date, 1-certaine, 1

Décision, 1Décret, 1Décret-loi, 1Délaidegrâce, 1Délit, 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9Dénidejustice, 1Désuétude, 1Directive, 1, 2, 3Doctrine, 1Dol, 1, 2, 3, 4Dommage, 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9Donmanuel, 1Donation, 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12Droit-administratif, 1, 2, 3-d'auteur, 1-civil, 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7-commercial, 1, 2, 3, 4, 5-constitutionnel, 1, 2-écrit, 1, 2, 3-fiscal, 1, 2-intermédiaire, 1-internationalprivé, 1

Page 200: Introduction générale au droit

-internationalpublic, 1-naturel, 1-objectif, 1-pénal, 1, 2, 3, 4, 5, 6-positif, 1-depréférence, 1-privé, 1, 2, 3, 4-depropriété, 1, 2-public, 1, 2, 3, 4-derétention, 1-subjectif, 1, 2-desuite, 1-dutravail, 1, 2-del'Unioneuropéenne, 1, 2, 3

Droits-acquis, 1-extrapatrimoniaux, 1-defamille, 1-del’homme, 1, 2-intellectuels, 1-patrimoniaux, 1-delapersonnalité, 1, 2-personnels, 1-politiques, 1-réels, 1

E

Économie, 1Écrits, 1EIRL, 1Enregistrement, 1, 2Enrichissementsanscause, 1, 2Épave, 1Erratum, 1Erreur, 1, 2, 3, 4Exceptiond'illégalité, 1

Page 201: Introduction générale au droit

Excèsdepouvoir, 1, 2, 3, 4, 5Exécutionprovisoire, 1, 2Exégèse, 1Exequatur, 1Expectative, 1

F

Faillite, 1, 2Faitjuridique, 1, 2, 3Famille, 1, 2, 3, 4, 5Faute, 1, 2, 3Fiducie, 1Filiation, 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8Fondsdecommerce, 1, 2, 3, 4Forcemajeure, 1, 2, 3, 4, 5, 6Formuleexécutoire, 1, 2

G

Gage, 1, 2, 3-généraldescréanciers, 1-immobilier, 1

Gestiond'affaires, 1Greffier, 1Grosse, 1, 2

H

Héritier, 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10Histoire, 1Huissierdejustice, 1, 2Hypothèque, 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7

Page 202: Introduction générale au droit

I

Immeuble, 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7-pardestination, 1-parnature, 1

Imprévision, 1Incapacité, 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8-d'exercice, 1, 2-dejouissance, 1

Indices, 1Inscriptiondefaux, 1Instruction, 1, 2, 3, 4, 5Interpositiondepersonne, 1Interprétation, 1, 2, 3, 4, 5, 6

J

Journalofficiel, 1, 2, 3Juge, 1Jugement, 1-avant-dire-droit, 1-pardéfaut, 1, 2-passéenforcedechosejugée, 1

Juridictions-administratives, 1-civiles, 1-d'exception, 1-judiciaires, 1-répressives, 1

Jurisprudence, 1, 2Justice, 1, 2

L

Légataire, 1, 2Lettremissive, 1, 2, 3

Page 203: Introduction générale au droit

Libéralités, 1, 2, 3Libertéspubliques, 1, 2, 3Livresdecommerce, 1Loi, 1-abrogation, 1-applicationdansl'espace, 1-applicationdansletemps, 1-constitutionnelle, 1-date, 1-forceobligatoire, 1-impérative, 1-interprétative, 1-organique, 1-projet, 1-promulgation, 1, 2-proposition, 1-publication, 1-référendaire, 1-rétroactive, 1-supplétive, 1-travauxpréparatoires, 1-vote, 1

M

Magistrat-duparquet, 1-dusiège, 1

Majeurprotégé, 1Mandat, 1, 2, 3Mariage, 1, 2, 3Marxisme, 1Médiation, 1Meuble, 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8-incorporel, 1-paranticipation, 1-parnature, 1

Page 204: Introduction générale au droit

Mineur, 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9Ministèrepublic, 1Morale, 1

N

Nantissement, 1, 2, 3Nom, 1, 2, 3, 4, 5, 6Nullité, 1, 2-absolue, 1-relative, 1

O

Obligation, 1-alimentaire, 1, 2-dedonner, 1-defaire, 1-naturelle, 1, 2-denepasfaire, 1-réelle, 1

Occupation, 1Officeministériel, 1Officierministériel, 1-public, 1, 2

Opposition, 1Ordonnance, 1, 2-deréféré, 1

Ordrepublic, 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9Organisationjudiciaire, 1

P

PACS, 1, 2Pactessursuccessionfuture, 1Paiement, 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10

Page 205: Introduction générale au droit

Papiersdomestiques, 1Parenté, 1Parlement, 1-européen, 1

Patrimoine, 1, 2, 3, 4Peines, 1, 2, 3, 4Personnalité, 1, 2Personne, 1, 2-morale, 1-physique, 1

Positivisme, 1Possession, 1, 2-effets, 1-d'état, 1-protection, 1

Pourvoiencassation, 1Préjudice, 1Preneur(oulocataire), 1, 2, 3, 4Prescription, 1, 2, 3, 4-acquisitive, 1-extinctive, 1, 2

Présomptions-defait, 1-irréfragables, 1-légales, 1-simples, 1

Preuve, 1, 2-charge, 1-formeélectronique, 1-loyauté, 1-modes, 1-objet, 1-paraveu, 1-parécrit, 1, 2-parprésomptions, 1

Page 206: Introduction générale au droit

-parserment, 1-partémoins, 1, 2

Principeducontradictoire, 1, 2Principedispositif, 1, 2Principesgénérauxdudroit, 1Procédurecivile, 1, 2, 3, 4Promulgation, 1, 2Propriété, 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8-industrielle, 1-littéraireetartistique, 1

Prud'hommes, 1Publication, 1, 2, 3, 4Publicité, 1, 2, 3-foncière, 1

Q

Quasi-contrat, 1, 2, 3, 4Questionprioritairedeconstitutionnalité, 1Quittance, 1, 2, 3

R

Ratification, 1, 2Reconnaissanced'enfant, 1, 2, 3Recoursenrévision, 1Recourspourexcèsdepouvoir, 1, 2Référé, 1, 2, 3Référendum, 1, 2Régimematrimonial, 1, 2, 3Registresdomestiques, 1Règlededroit, 1, 2Règlement-administratif, 1

Page 207: Introduction générale au droit

-UE, 1Religion, 1Remisededette, 1, 2Répétitiondel'indu, 1Représentation, 1, 2, 3Requête, 1Résiliation, 1Responsabilitécivile, 1, 2, 3, 4-contractuelle, 1-délictuelle, 1-dufaitd'autrui, 1-dufaitdeschoses, 1-présomptions, 1-produitsdéfectueux, 1-quasidélictuelle, 1

Rétroactivité, 1Revendication, 1Révision, 1Révolutionde1789, 1

S

Saisies, 1, 2Sécuritésociale, 1Séparationdespouvoirs, 1, 2Servitude, 1, 2, 3, 4Simulation, 1Sociologie, 1Sourcesdudroit, 1Stipulationpourautrui, 1Succession, 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7-abintestat, 1-testamentaire, 1

Page 208: Introduction générale au droit

Surendettement, 1, 2Sûreté, 1, 2Syllogismejudiciaire, 1

T

Témoignage, 1Terme, 1Testament, 1-olographe, 1

Tierceopposition, 1Traitésinternationaux, 1Transaction, 1, 2Trésor, 1Tribunal, 1-administratif, 1-desaffairesdesécuritésociale, 1-decommerce, 1-desconflits, 1-correctionnel, 1-degrandeinstance, 1-d'instance, 1-paritairedesbauxruraux, 1-depolice, 1

Tutelle, 1, 2, 3

U

Unioneuropéenne, 1, 2Usage, 1Usufruit, 1, 2, 3

V

Vérificationd'écriture, 1Vicesduconsentement, 1

Page 209: Introduction générale au droit

Vieprivée, 1, 2, 3Violence, 1Voies-d'exécution, 1-derecours, 1

Volonté, 1