Introduction Sarlat s’éveille 12 La vallée de la Dordogne ...d’Orléans, il étonne par sa précocité. À dix-huit ans, en réponse au Prince de Machiavel, introduit en France

Introduction 8 Sarlat s’éveille 12 La vallée de la Dordogne 32 La vallée de la

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Vézère 62 Bergerac et le pays des Bastides 90 Du Périgord blanc au Périgord vert 118


Les grandes familles rivalisent pour posséder le plus bel hôtel, souvent doté d’une tour de noblesse qui vient récompenser l’aide appor-tée au souverain. C’est l’âge d’or sarladais. La ville va poursuivre son développement tout au long du XVIe siècle. Elle reste en première ligne dans les combats qui opposent catholiques et protestants. Elle est une des villes phares de la Renaissance, avec des penseurs comme Étienne de La Boétie ou Jean Tarde. À partir du Grand Siècle, la cité guerrière, désormais éloignée des lieux où se fait l’Histoire, tombe en léthargie. Cet isolement préservera la belle endormie du fracas de la modernité. Le visiteur d’aujourd’hui peut encore découvrir une pierre blonde qui s’embellit avec le temps, un merveilleux écrin architectural, un lieu qui respire la douceur de vivre.Étienne de La Boétie naît le 1er novembre 1530 dans la belle maison de style Renaissance italienne bâtie par son père, qui se dresse encore de nos jours face à la cathédrale. Il est issu d’une famille de consuls sarladais (ancêtre de notre conseil municipal), récemment ennoblie. Brillant étudiant à l’université d’Orléans, il étonne par sa précocité. À dix-huit ans, en réponse au Prince de Machiavel, introduit en France par Niccolo Gaddi, évêque de Sarlat, il rédige le Discours sur la servitude volontaire, un texte étonnant de modernité où il défend la liberté et la responsabilité individuelle. Nommé conseil-ler au parlement de Bordeaux (à vingt-trois ans), il y rencontre, en 1557, Michel de Montaigne dont il devient l’ami et le maître à penser. Leur amitié reste un exemple du genre. « Si l’on me presse de dire pourquoi je l’aimais, je sais que cela ne se peut exprimer qu’en répondant : parce que c’était lui, parce que c’était moi » écrit Montaigne. La Boétie est un personnage infl uent et un homme d’action. En 1561, il entreprend une mission en Agenais pour apaiser les troubles religieux. Il ose répartir les lieux de culte entre catholiques et protestants. Le 9 août 1563, il tombe malade à Germignan, près de Bordeaux, chez le beau-frère de Montaigne. Son ami ne le quitte pas pendant les neuf jours que dure son agonie. Le 18 août, l’étoile filante de la Renaissance française avait disparu. En lisant son Discours, il est facile de voir combien il a infl uencé les Essais qui devaient être publiés comme un écrin en son honneur. On retrouve également chez Rousseau son idée d’une égalité naturelle des hommes.

Sarlat



Eyrignac n’est pas une forteresse ; à peine le nom de château pourrait sembler usurpé, et pourtant dans nul autre endroit le mot de noblesse n’est mieux à sa place. Créés au XVIIIe siècle, les jardins du manoir d’Eyrignac, non loin de Salignac, sont un lieu de verdure unique en Périgord. Propriétés de la même famille depuis vingt-deux générations, ils ont été reconstitués dans le style « français » qui lui donne un agrément particulier. Les essences d’ifs, de charmes, de buis lui confèrent un je-ne-sais-quoi d’italien, de parc perdu dans la campagne, un coin de civilisation ra> née sur lequel tomberait le voyageur, presque par hasard. Eyrignac signifi e « le lieu où l’eau coule », ce qui est justifi é par la présence de sept sources. Bassins, miroirs d’eau et fontaines contribuent à donner un sentiment de paix et d’harmonie. Sept jardins se suc-cèdent, exemple unique d’art topiaire, avec ses sculptures végétales réalisées à la main, au cordeau et au fi l à plomb, son jardin blanc, son potager fami-lial, son jardin des sources, sans oublier les sentiers botaniques à travers la forêt, à la découverte des végétaux du Périgord. En été, assister à un concert en plein air à Eyrignac vous donne le sentiment d’un luxe à peine croyable, l’appartenance à un ordre ancien, traditionnel, dédié au culte de la beauté.

Le manoir d’Eyrignac Ceci est une fausse légende, légende à venir.

Ceci est une fausse légende, légende à venir.

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La vallée de la DordogneNée dans le Massif central, la rivière Dordogne traverse tout le sud du département, jusqu’à la Gironde où elle partage l’estuaire de son fl euve jumeau, la Garonne. En Périgord noir, entre Souillac et Les Milandes, elle emprunte sa voie royale. Seuls les bords de Loire peuvent rivaliser avec sa beauté. Surmontée par les plus beaux châteaux — Fénelon, Beynac, Castelnaud, Fayrac, Marqueyssac — et la majestueuse bastide de Domme, bordée par des villages qui méritent le qualifi catif de « plus beaux de France », comme La Roque-Gageac, elle trace ses méandres paresseux à travers un paysage champêtre. Dans son cycle romanesque, Christian Signol la nomme « la rivière Espérance » car elle a longtemps porté toute la dimension économique de la région. De lourdes gabarres ont navigué sur ses eaux, descendant le bois, le vin, vers les terres girondines et plus loin encore. Elle fut aussi la voie de pénétration de tous les envahisseurs, Anglais ou Vikings. Les moines évangélisateurs ont posté sur ses bords de vastes abbayes civilisatrices, comme Cadouin, Paunat ou Trémolat. Ainsi pourrait-on dire du Périgord qu’il est un don de la Dordogne, comme l’Égypte est un don du Nil.


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S’il est un titre bien mérité, c’est celui de « plus beau village de France » qui a été attribué à La Roque-Gageac. Blotti contre sa falaise blonde percée de grottes, survolé par une nuée de cor-beaux, La Roque-Gageac semble émerger d’une végétation méditerranéenne. En e? et, le soleil frappant la roche o? re à ce lieu paradisiaque des cactées, des palmiers, des bananiers et une forêt de bambous des plus surprenantes en Périgord. Sur ses quais des bords de la Dordogne, le visi-teur pourra emprunter une gabarre, un de ces bateaux ventrus qui autrefois descendaient les marchandises jusqu’à Libourne, pour découvrir un délicieux panorama. Le village et ses maisons, qui s’harmonisent avec la falaise couronnée de chênes verts, se refl ètent dans les eaux vertes de la Dordogne. La Roque-Gageac est un don de la falaise qui lui o? re un climat unique, une falaise qui l’a également martyrisée quand elle s’est e? ondrée, en 1956, tuant plusieurs habitants. Au Moyen Âge, c’était une ville libre, fermée par deux portes. Des consuls élus la dirigeaient et l’évêque de Sarlat lui accordait sa protection. La place était prospère et, au XVIIIe siècle, deux cents gabarres y relâchaient chaque année. Au sommet du village, un petit château aux allures de maison bourgeoise a vu naître Jean Tarde, le plus célèbre des enfants de La Roque-Gageac. Ce chanoine, bien dans la ligne des humanistes de la Renaissance, était une sorte de génie universel. Philosophe — il écrivit un essai sur les di? érents noms de Jésus —, historien — il rédigea des Chroniques sur le Sarladais —, géographe — il dessina une carte du diocèse — et archéologue avant l’heure, il est surtout connu comme astro-nome. Ami de Galilée, il ramena d’un voyage en Italie la première lunette astronomique. Il acheva sa carrière comme aumônier d’Henri IV.

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Ceci est une légende en attente, ceci est une fausse légende.


La Roque-Saint-Christophe La Roque-Saint-Christophe constitue un des sites les plus exceptionnels du Périgord. Sur l’une des plus grandes terrasses naturelle d’Europe (cinq cents mètres de long), l’homme a installé, sur cinq étages, une véritable cité troglodytique que l’on ne peut comparer qu’à celles de Cappadoce, en Turquie. Cette falaise qui plonge de quatre-vingts mètres de haut dans la Vézère a été habitée depuis le Moustérien, il y a 70 000 ans, puis par l’homme de Cro-Magnon, à l’âge du Bronze, puis du Fer, à l’époque gallo-romaine et enfi n au Moyen Âge. Ce fort troglodytique fut érigé au Xe siècle par Frotaire, l’évêque de Périgueux, afi n d’empêcher les Vikings de remonter la rivière. Une légende rapporte qu’un drakkar contenant un trésor aurait été coulé sous la cité. La ville compta jusqu’à mille cinq cents habitants. Le visiteur ne peut qu’être surpris par l’étroitesse de la route qui passe littéralement sous la roche, avant de donner accès à La Roque-Saint-Christophe. Le lieu se nomme le Pas du Miroir car, depuis le haut du rocher en surplomb, chacun peut voir le refl et de son visage dans l’eau en contrebas. Ce sont des milliers de niches carrées qui ont été découpées dans la paroi, pour y placer des poutres sur lesquelles on tendait des peaux de bêtes, créant des abris de fortune… qui ont duré des siècles. Certains abris avaient une destination précise : chambre, atelier, étable. On reconnaît la chapelle à la croix gravée et aux tombes creu-sées. Des récipients et des meubles étaient taillés dans le roc et un réseau de canalisations récupérait et évacuait l’eau de ruissellement. On imagine sans peine la vie grouillante, les boutiques, les artisans.

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Monpazier

Monpazier est incontestablement la plus belle et la mieux conservée des bas-tides anglaises. Avec Beaumont, Molières, Lalinde et Fonroque, elle constituait la ligne de défense des rois d’Angleterre au sud du Périgord. « Un îlot de pierres, de très vieilles pierres… une ville géométrique… comme une ville américaine. » C’est ainsi que la décrit Blaise Cendrars dans Rhum, le roman qu’il consacre à l’aventurier Jean Galmot, natif de Monpazier. La place est en e? et bâtie sur le plan d’un damier parfait de 400 mètres sur 220, entouré de remparts. Au milieu de la place centrale, entourée de belles maisons à arcades, on trouve, non pas l’église, mais la halle. Cela symbolise bien l’alliance que les rois de France et d’Angleterre passaient avec les marchands, classe émergente à cette époque, pour diminuer le pouvoir omnipotent de l’Église. De l’an mille à la fi n du Moyen Âge, on pourrait résumer l’époque en une lutte sans merci entre les rois et les papes, avec l’émergence d’un pouvoir laïc, c’est-à-dire non religieux. Edouard 1er d’Angleterre vint en personne visiter sa place forte en 1286. La place eut à subir la colère des seigneurs du voisinage dont les serfs, réfugiés dans la bastide, gagnaient ainsi leur liberté. Pendant les guerres de Religion, tandis que les habitants de Monpazier s’emparaient de la bastide voisine de Villefranche-du-Périgord, ceux de Villefranche enva-hissaient Monpazier. Une transaction permit à chacun de récupérer son bien. Monpazier fut la capitale des croquants qui se révoltèrent en 1637, pour pro-tester contre les taxes. Bu? arot, un tisserand, eut jusqu’à huit mille hommes sous ses ordres. Il fut capturé et écartelé sur la place de Monpazier, le 16 août 1637. Une deuxième révolte, dans la région de Vergt, se termina mieux : son chef, Greletty, fut intégré dans l’armée royale.

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L’abbaye de CadouinL’abbaye cistercienne de Cadouin fut, au Moyen Âge, le but d’un grand pèlerinage connu dans toute la chrétienté. Dès 1117, un pèlerin rapporta d’Antioche la relique du saint suaire. Hugues, frère du roi de France, l’aurait décou-vert lors de la première croisade et, avant de mourir, l’aurait confi é à un moine périgourdin. Notons que le suaire de Turin ne fut découvert qu’à la fin du Moyen Âge. Suspendu dans un reliquaire d’argent au plafond de l’église de Cadouin, le suaire reçut des milliers de visites dont celles, prestigieuses, de Richard Cœur de Lion, Aliénor d’Aquitaine, Saint Louis, Blanche de Castille. On lui attribua de nombreux miracles. Craignant qu’il ne tombe entre les mains des Anglais lors de la guerre de Cent Ans, les moines le confi èrent aux chanoines du Taur, à Toulouse, qui en tirèrent de grands bénéfi ces. Aussi, à la fi n du confl it, refusèrent-ils de le rendre. Grâce à un stratagème digne des meilleurs romans policiers, l’abbé de Cadouin parvint à voler le suaire. Mais le commando chargé de rapporter la relique en Périgord se trompa de chemin — probablement soudoyé — et arriva au couvent d’Aubazine, en Corrèze, qui exploita le tissu sacré à son propre profi t. Après une série de procès et l’interven-tion du pape et du roi Louis XI, Cadouin retrouva son suaire en 1461. Et les pèlerinages reprirent de plus belle dans une abbaye rénovée. Même Rabelais parle du suaire dans son Gargantua ! Malgré la concurrence du suaire de Turin, les pèlerins se pressèrent, toujours aussi nombreux, lors des ostensions. En 1925, les premiers doutes surgissent sur l’authenticité de la relique. Une expertise est ordonnée en 1932, qui révèle que le tissu porte des inscriptions du XIe siècle invo-quant le nom d’Allah. Le saint suaire de Cadouin était un faux.




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Ceci est une fausse légende, ceci est une fausse légende.


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Un autre personnage célèbre a vu le jour à Hautefort : Eugène Le Roy, né en 1836 au château où son père était valet de chambre du baron de Damas. Il est le romancier périgourdin qui a su le mieux traduire dans une langue rude et attachante les paysages de sa région et les dures conditions de vie de ses contemporains. Il est un peu l’Émile Zola du Périgord. Après avoir été soldat en Algérie et en Italie, il est nommé percepteur à Hautefort, métier qui lui fera découvrir les di? érentes facettes de sa région natale. Il publie son premier roman Le Moulin du Frau en 1893. Son chef-d’œuvre, Jacquou le Croquant, adapté à la télévision et au cinéma, se déroule dans la région de Montignac, mais fut composé à Hautefort. L’Ennemi de la mort, son dernier roman, dénonce les conditions de vie dans les marais de la Double mais porte un éclairage optimiste sur les progrès possibles de l’humanité. Eugène Le Roy acheva sa vie à Montignac où il mourut en 1907. Farouche républicain et franc-maçon, il fut enterré civilement, un drapeau tricolore recouvrant son cercueil. Dans son Jacquou, Eugène Le Roy utilise le château de l’Herm, voisin d’Hautefort, comme repaire du cruel comte de Nansac. Cette forteresse, aujourd’hui en ruines, fut le cadre d’un drame shakespearien. En 1605, son sei-gneur, François d’Aubusson, désirant épouser sa maîtresse Marie d’Hautefort — tante de l’Aurore de Louis XIII —, fi t étrangler sa femme Marguerite après avoir falsifi é son testament. Sa belle-mère, doutant de la mort « naturelle » de sa fi lle, fi t réaliser une autopsie qui révéla le crime. Il s’ensuivit quarante années de luttes sanglantes entre les quatre familles nobles qui se disputaient l’héritage. Cette vendetta au Grand Siècle fi t des dizaines de victimes.

Ceci est une fausse légende, ceci est une fausse légende. Ceci est une fausse légende, ceci est une fausse légende.


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Brantôme« La perle du Périgord » selon André Maurois, ou « La Venise du Périgord » d’après le président Poincaré, Brantôme, inscrite dans une boucle de la Dronne que traverse un pont coudé, ne laisse pas le visiteur indi? érent. La petite cité s’est déve-loppée autour de son abbaye, qu’une légende fait remonter au début de l’ère chrétienne. Saint Sicaire aurait, sous les ordres d’Hérode, participé au massacre des saints Innocents, tuant même son propre enfant. Horrifi é par son geste, il aurait trouvé refuge dans la grotte dite « du Jugement dernier ». Charlemagne, de retour de Roncevaux, se serait arrêté à Brantôme pour y déposer des reliques. L’abbaye est en e? et très ancienne ; son clocher, qui remonte à l’époque carolingienne, voire mérovingienne, est le plus vieux de France. L’abbaye, au XVIe siècle, est une des plus pros-pères du royaume. Sur intervention de son très laïc abbé, Pierre de Brantôme, elle fut épargnée par Coligny pendant les guerres de Religion. Ses bâtiments abbatiaux datent pour l’essentiel du XVIIIe siècle. La grotte du Jugement dernier s’orne d’étranges sculptures d’aspect un peu barbare, représentant la Crucifi xion et l’Apocalypse, qui remontent à la Renaissance.


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Introduction Sarlat s’éveille 12 La vallée de la Dordogne ...d’Orléans, il étonne par sa précocité. À dix-huit ans, en réponse au Prince de Machiavel, introduit en France