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GÉRANT DE PATRIMOINES: LE MÉTIER Investnews: La qualité première d’une banque dépositaire est sa solidité. Comment la mesurer? Jean-Marc Vallet: Le ratio de solvabilité bancaire, dit «Tier 1» est la mesure la plus fréquemment utilisée. En ce qui nous concerne, il s’établit à 14,9% après rachat de Royal Bank of Canada (Suisse), un niveau largement supérieur aux exigences légales. Mais la solidité d’une banque se mesure aussi au travers de la stabilité de son actionnariat, à l’aune de son indépendance et de ses structures organisationnelles. Elle résulte d’un état d’esprit présent partout dans l’établis- sement. Il est primordial par exemple que l’analyse du risque, qualitative et quantitative, se fasse à tous les niveaux, que ce soit dans les processus, les équipes ou les produits. Les tiers-gérants qui travaillent avec vous peuvent-ils déposer dans d’autres établissements? Par définition, ces gérants sont indépendants: ils travaillent donc avec six à huit dépositaires en moyenne. Les plus importants d’entre eux possèdent des outils de consolida- tions internes mais, en général, ils ne sont pas en mesure de consolider de façon automatisée. Nous travaillons actuellement à un projet dans ce sens, applicable même lorsque les clients sont déposés dans d’autres banques. En l’état actuel des choses, la grande majorité des gérants est confrontée à autant de systèmes informatiques qu’elle a de relations bancaires, ce qui repré- sente une perte d’efficacité considérable. L’efficacité est un maître-mot en matière administrative. Comment l’améliorer? Les gérants externes doivent actuellement se connecter à plusieurs plateformes et nous souhaitons pouvoir leur proposer, à l’avenir, une plateforme unique. L’efficacité y gagnera à plusieurs niveaux: 1- un seul système pour gérer plusieurs relations bancaires, 2- la possibilité de consolider tous les avoirs, 3- le passage d’ordres consolidé pour l’ensemble des clients, 4- une amélioration de la qualité des données liées à la gestion des risques, par exemple le respect des règles d’investissement liées au profil du client, à sa taxation ou aux règles cross-border. Toutes les informations liées aux marchés et aux investissements feront partie de cette solution. Or, aujourd’hui il n’existe pas de plateforme qui regroupe tous ces avantages. La question des coûts est essentielle. Êtes-vous compétitifs par rapport aux plates-formes de GFI? Ces plates-formes ne leur permettent pas de faire l’éco- nomie de travailler avec les banques: elles proposent une mutualisation des services aux gérants qui en font partie, et ces services sont payants. Nos coûts sont adaptés aux besoins en services et aux compétences mises à dispo- sition. Cependant, en fonction des caractéristiques des gérants et de leur clientèle, le recours au «sur mesure» est fréquent. [ LES GFI PROPOSENT UN MODÈLE D’AFFAIRES QUI VA DANS LE SENS DE L’HISTOIRE. ILS ONT DÉCOMPOSÉ LA CHAÎNE DE VALEUR PUIS L’ONT RECOMPOSÉE EN AGRÉGEANT, À CHAQUE ÉTAPE, LES MEILLEURS PARTENAIRES ] Comment se dessine, selon vous, l’avenir des GFI? Ils proposent un modèle d’affaires qui va dans le sens de l’histoire. Ils ont décomposé la chaîne de valeur puis l’ont recomposée en agrégeant, à chaque étape, les meilleurs partenaires. L’indépendance est inscrite dans leurs gènes et leur souplesse leur permet de s’adapter rapidement. En outre, le projet LSFin / LEFin est finalement bien moins contraignant qu’au départ. Par conséquent, si consolida- tion il y a, elle sera davantage conduite par la pression sur les marges que par le cadre réglementaire. Le nombre de GFI ne diminue pas significativement – on devrait d’ailleurs davantage parler du nombre de structures – et ils représentent aujourd’hui près de 20% des actifs privés gérés en Suisse contre environ 11-13% il y a 10 ans. C’est la preuve du succès du modèle tripartite. Solides, efficaces, capables de personnaliser les services, compétitifs en termes de coûts, tels sont les attributs que les GFI exigent de leurs partenaires bancaires. Comment se matérialisent-ils dans la relation quotidienne? Les GFI vont dans le sens de l’histoire JEAN-MARC VALLET, BANQUE SYZ 37

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G É R A N T D E P A T R I M O I N E S : L E M É T I E R

Investnews: La qualité première d’une banque dépositaire est sa solidité. Comment la mesurer?Jean-Marc Vallet: Le ratio de solvabilité bancaire, dit «Tier 1» est la mesure la plus fréquemment utilisée. En ce qui nous concerne, il s’établit à 14,9% après rachat de Royal Bank of Canada (Suisse), un niveau largement supérieur aux exigences légales. Mais la solidité d’une banque se mesure aussi au travers de la stabilité de son actionnariat, à l’aune de son indépendance et de ses structures organisationnelles. Elle résulte d’un état d’esprit présent partout dans l’établis-sement. Il est primordial par exemple que l’analyse du risque, qualitative et quantitative, se fasse à tous les niveaux, que ce soit dans les processus, les équipes ou les produits.

Les tiers-gérants qui travaillent avec vous peuvent-ils déposer dans d’autres établissements? Par définition, ces gérants sont indépendants: ils travaillent donc avec six à huit dépositaires en moyenne. Les plus importants d’entre eux possèdent des outils de consolida-tions internes mais, en général, ils ne sont pas en mesure de consolider de façon automatisée. Nous travaillons actuellement à un projet dans ce sens, applicable même lorsque les clients sont déposés dans d’autres banques. En l’état actuel des choses, la grande majorité des gérants est confrontée à autant de systèmes informatiques qu’elle a de relations bancaires, ce qui repré-sente une perte d’efficacité considérable.

L’efficacité est un maître-mot en matière administrative. Comment l’améliorer?Les gérants externes doivent actuellement se connecter à plusieurs plateformes et nous souhaitons pouvoir leur proposer, à l’avenir, une plateforme unique. L’efficacité y gagnera à plusieurs niveaux: 1- un seul système pour gérer plusieurs relations bancaires, 2- la possibilité de consolider tous les avoirs,

3- le passage d’ordres consolidé pour l’ensemble des clients,

4- une amélioration de la qualité des données liées à la gestion des risques, par exemple le respect des règles d’investissement liées au profil du client, à sa taxation ou aux règles cross-border. Toutes les informations liées aux marchés et aux investissements feront partie de cette solution. Or, aujourd’hui il n’existe pas de plateforme qui regroupe tous ces avantages.

La question des coûts est essentielle. Êtes-vous compétitifs par rapport aux plates-formes de GFI?Ces plates-formes ne leur permettent pas de faire l’éco-nomie de travailler avec les banques: elles proposent une mutualisation des services aux gérants qui en font partie, et ces services sont payants. Nos coûts sont adaptés aux besoins en services et aux compétences mises à dispo-sition. Cependant, en fonction des caractéristiques des gérants et de leur clientèle, le recours au «sur mesure» est fréquent.

[ LES GFI PROPOSENT UN MODÈLE D’AFFAIRES QUI VA DANS LE SENS DE L’HISTOIRE. ILS ONT

DÉCOMPOSÉ LA CHAÎNE DE VALEUR PUIS L’ONT RECOMPOSÉE EN AGRÉGEANT, À CHAQUE ÉTAPE,

LES MEILLEURS PARTENAIRES ]Comment se dessine, selon vous, l’avenir des GFI?Ils proposent un modèle d’affaires qui va dans le sens de l’histoire. Ils ont décomposé la chaîne de valeur puis l’ont recomposée en agrégeant, à chaque étape, les meilleurs partenaires. L’indépendance est inscrite dans leurs gènes et leur souplesse leur permet de s’adapter rapidement. En outre, le projet LSFin / LEFin est finalement bien moins contraignant qu’au départ. Par conséquent, si consolida-tion il y a, elle sera davantage conduite par la pression sur les marges que par le cadre réglementaire. Le nombre de GFI ne diminue pas significativement – on devrait d’ailleurs davantage parler du nombre de structures – et ils représentent aujourd’hui près de 20% des actifs privés gérés en Suisse contre environ 11-13% il y a 10 ans. C’est la preuve du succès du modèle tripartite.

Solides, efficaces, capables de personnaliser les services, compétitifs en termes de coûts, tels sont les attributs que les GFI exigent de leurs partenaires bancaires. Comment se matérialisent-ils dans la relation quotidienne?

Les GFIvont dans le sens de l’histoire

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