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Lili Klondike roman Mylène Gilbert-Dumas Tome III

ISBN 978-2-89649-084-4 · est dirigée par Jean-Yves Soucy. 334057 pp.001-368.indd 14057 pp.001-368.indd 1 110/09/09 16:30:180/09/09 16:30:18 L’auteure tient à remercier Ghislain

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Juin 1898. La ruée vers l’or dure depuis un an et ce sont plus de quarante mille personnes qui peuplent désormais le nouveau terri-toire du Yukon. Après une série d’aventures, Rosalie et Liliane ont atteint le Klondike le cœur rempli d’espoir. Loin d’être pavées d’or, cependant, les rues de Dawson sont semées d’embûches.

Le destin frappe Rosalie lorsque, après une manœuvre d’accostage désastreuse, elle se retrouve sans le sou et obligée de faire du théâtre de rue pour survivre. Son talent lui permet d’être embauchée dans un saloon où elle séduit les mineurs en quête de volupté. La gloire apporte néanmoins son lot de misères et, grisée par le luxe inhérent à la vie d’actrice, Rosalie s’enfonce dans le demi-monde. Quant à Liliane, bien qu’elle ait su résister à l’attrait de la prostitution, elle doit quand même prouver ses bonnes mœurs à la nouvelle société yukonnaise. Entre son association tendue avec Big Alex et son amour difficile pour Saint-Alphonse, elle peine à conserver sa liberté. Elle continue de tenir le Lili’s Hotel, Baths and Laundry, mais, à l’insu de son associé, elle met la main sur de la poudre d’or d’une manière aussi inattendue qu’illicite. Sa ressemblance avec Rosalie l’entraî-nera dans le giron du dangereux Soapy Smith juste avant que se produise le célèbre duel de Skagway. Et quand l’hiver revient, Rosalie et Liliane le comprennent enfin : le Klondike est un rêve où les déceptions sont aussi profondes que les attentes étaient élevées.

ISBN 978-2-89649-084-4

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Mylène Gilbert-Dumas habite à Sherbrooke, sa ville natale. Après le vif succès de la saga historique Les Dames de

Beauchêne, elle a publié un autre roman, 1704, inspiré de la légende sherbrookoise du rocher Mena’sen. Parus en 2008 et 2009, les deux premiers tomes de Lili Klondike ont reçu un très bel accueil au Québec et en France.

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Mylène Gilbert-Dumas

Tome III

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Lili KlondikeTome III

de Mylène Gilbert-Dumasest le neuf cent troisième ouvrage

publié chezvlb éditeur.

La collection « Roman »est dirigée par Jean-Yves Soucy.

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L’auteure tient à remercier Ghislain Lavoie et Pierre Weber pour leurs encouragements et leurs commentaires pertinents.

VLB éditeur bénéfi cie du soutien de la Société de développement des entreprises cultu-relles du Québec (SODEC) pour son programme d’édition.

Gouvernement du Québec – Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres – Gestion SODEC.

Nous reconnaissons l’aide fi nancière du gouvernement du Canada par l’en tremise du Programme d’aide au développement de l’industrie de l’édition (PADIÉ) pour nos activités d’édition.

Nous remercions le Conseil des Arts du Canada de l’aide accordée à notre programme de publication.

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DE LA MÊME AUTEURE

Les dames de Beauchêne, t. I, Montréal, VLB éditeur, coll. « Roman », 2002.

Mystique, Montréal, La courte échelle, coll. « Mon roman », 2003.Les dames de Beauchêne, t. II, Montréal, VLB éditeur, coll. « Roman »,

2004.Les dames de Beauchêne, t. III, Montréal, VLB éditeur, coll. « Roman »,

2005.Rhapsodie bohémienne, Saint-Lambert, Soulières éditeur, coll. « Graf-

fi ti », 2005.1704, Montréal, VLB éditeur, coll. « Roman », 2006.Lili Klondike, t. I, Montréal, VLB éditeur, coll. « Roman », 2008.Lili Klondike, t. II, Montréal, VLB éditeur, coll. « Roman », 2009.

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Mylène Gilbert-Dumas

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Tome III

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vlb éditeurGroupe Ville-Marie Littérature inc.Une compagnie de Quebecor Media1010, rue de La Gauchetière EstMontréal (Québec) H2L 2N5Tél. : 514 523-1182Téléc. : 514 282-7530Courriel : [email protected]

Maquette de la couverture : Anne BérubéIllustration de la couverture : © Sybiline 2009Cartographie : Julie Benoit

Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada

Gilbert-Dumas, Mylène, 1967-Lili Klondike : roman(Collection Roman)

ISBN 978-2-89005-988-7 (v. 1)ISBN 978-2-89649-071-4 (v. 2)ISBN 978-2-89649-084-4 (v. 3)

I. Titre.PS8563.I474L54 2008 C843’.6C2007-942466-XPS9563.I474L54 2008

Pour en savoir davantage sur nos publications, visitez notre site : www.edvlb.comAutres sites à visiter : www.edhexagone.com• www.edtypo.com • www.edjour.com • www.edhomme.com • www.edutilis.com

© vlb éditeur et Mylène Gilbert-Dumas, 2009Dépôt légal : 4e trimestre 2009Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2009Bibliothèque et Archives CanadaTous droits réservés pour tous paysISBN 978-2-89649-084-4

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À ma grande chum, Danielle

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Résumé des tomes i et ii

Le 15 juillet 1897, le SS Excelsior accoste dans le port de San Francisco avec à son bord une tonne de pépites d’or. La nouvelle fait le tour de l’Amérique le jour même grâce au télégraphe, et ils sont bien cent mille personnes à prendre la route de Dawson City où, paraît-il, les rues sont pavées avec de l’or. Contrairement à ce qu’on aurait pu croire, plusieurs femmes sont du voyage…

Fille timide et taciturne, Liliane Doré surprend tout le monde en abandonnant son fi ancé au pied de l’autel pour se sauver avec l’argent des cadeaux de noces. Après avoir traversé le Canada en train, elle débarque à Van-couver et se laisse aussitôt envoûter par la fi èvre de l’or. Elle s’associe à Mr. Noonan, un redoutable homme d’af-faires, et entreprend avec lui de se rendre au Klondike par la piste du col Chilkoot. Lorsqu’un problème de santé conduit Mr. Noonan à faire demi-tour, Liliane se lie d’amitié avec Dolly La Belle, une prostituée origi-naire de la côte ouest. Ensemble, elles réussissent à fran-chir à pied les montagnes Rocheuses et s’embarquent sur le fl euve Yukon à bord du bateau des frères Ashley. Mal-gré les attentions que lui prodiguent ses compagnons de voyage, Liliane n’a d’yeux que pour Samuel Lawless,

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un jeune voleur qui veut se servir d’elle pour brouiller les pistes et semer le détective lancé à ses trousses. Par un concours de circonstances, Samuel est arrêté peu après son arrivée à Dawson. Sans protecteur et sans provisions, Liliane est forcée de se trouver du travail. Elle se fait em-baucher au Sourdough’s Café où Mr. Berton, son patron, lui invente de toutes pièces une réputation de « meilleure cuisinière du Grand Nord ». Toutefois, Liliane ne se contente pas de cet emploi mal rémunéré. À l’insu de Mr. Berton, elle récupère la poudre d’or tombée dans le bran de scie répandu quotidiennement sur le plan-cher du restaurant. Les choses tournent mal cependant. Après l’incendie du restaurant, au cours duquel Liliane perd tous ses avoirs, elle se retrouve à la rue, et ce n’est pas de gaieté de cœur qu’elle permet à Dolly de la vendre à l’enchère pour quinze mille dollars. Surtout que l’ac-quéreur, un dénommé Saint-Alphonse, est l’homme le plus laid du Klondike. Pendant cet hiver de disette et de grands froids, Liliane s’éprend pourtant de cet homme au physique ingrat. Elle ne perd pas ses ambitions pour autant. Au 1er juin, date à laquelle son contrat prend fi n, elle reçoit, comme promis, son salaire et ouvre enfi n son propre restaurant au confl uent des ruisseaux Eldorado et Bonanza. Elle n’est pas encore au bout de ses peines, car son partenaire dans cette affaire, le célèbre Big Alex McDonald, lui réserve des surprises.

Pour sa part, Rosalie Laliberté est une Canadienne française en exil dans le Maine. Quand l’occasion se pré-sente, elle n’hésite pas à quitter son poste de cuisinière pour suivre le pianiste Dennis-James Peterson sur la route du Klondike. Le couple débarque à Skagway un mois plus tard, et Dennis-James, de constitution peu robuste,

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décide d’y passer l’hiver. Toujours en proie à la fi èvre de l’or, Rosalie abandonne son amant et s’engage dans la piste de la White Pass. La neige se charge cependant d’entraver sa progression et elle se voit forcée de s’arrêter à White Pass City le temps que le froid fi ge le sol et lui permette de reprendre la route. En utilisant la ruse, Dennis-James réussit à la faire revenir à Skagway où elle fi nit par apprendre la vérité à son sujet : il est marié de-puis des années et sa femme l’attend à New York. Aussi furieuse que déçue, Rosalie tente de prendre sa vie en main, mais se rend vite compte que, sans la protection d’un mari, elle est une proie facile. C’est ainsi qu’elle subit le harcèlement de Soapy Smith qui insiste pour la faire travailler au saloon. Rosalie réussit à fuir vers la montagne sans se douter que celle-ci lui réserve d’autres épreuves. Après plusieurs péripéties, elle reprend enfi n la piste et franchit la frontière avec l’aide des cousins Picard et de l’arrogant Arthur Hicks. Elle rejoint le lac Bennett, qu’elle quitte au printemps quand les glaces descendent sur le fl euve Yukon. Elle atteint Dawson City après plu-sieurs jours de navigation, en même temps que trente mille autres aspirants prospecteurs. Plus rien désormais ne peut l’empêcher de faire fortune au Klondike.

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Chapitre premier

21juin 1898, solstice d’été. Il est tard mais, aussi loin au nord, le soleil brille toujours, refusant obstiné-

ment de descendre derrière la ligne d’horizon. Ainsi, les rayons de ce soleil de minuit jettent une lumière crue sur la mythique Dawson City et sur les milliers de tentes blanches qui l’entourent. Quelle que soit l’heure, chaque jour offre une centaine d’occasions de s’enrichir, boire, danser ou rendre visite à une fi lle de joie. Or, à Dawson, les femmes de rêve exigent, comme tout le monde, un prix exor bitant. L’homme peu fortuné n’hésite donc pas à traverser la rivière Klondike pour s’offrir les services des belles moins diffi ciles qui ont établi leurs quartiers dans la toute nouvelle Klondike City.

Sise du côté sud du confl uent et constituée tout d’abord d’un amas de tentes disparates, Klondike City, qu’on appelle parfois avec mépris Lousetown, « la ville des poux », compte aujourd’hui, en plus des toiles, quelques centaines de cabanes rudimentaires. C’est le refuge des malchanceux, des pauvres et de ceux qui ont perdu leurs illusions. On y retrouve un demi-monde moins luxueux, moins compliqué aussi. Ici, nul besoin de robes chics, d’escarpins, de caviar ou de champagne. Pour deux onces

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de poudre d’or ou pour deux livres de farine, une femme vous invite dans son lit le temps de quelques caresses. Plus longtemps peut-être, si le client possède assez de charme.

En cette nuit inondée de lumière, les hommes sont nombreux à s’entasser en bordure de l’unique rue qui traverse cette nouvelle ville. Des « Ho ! », des « Ha ! » et des éclats de rire s’élèvent de la foule qui assiste à un spectacle devenu un rituel quotidien. Tout à l’avant, un paravent sert de décor au théâtre improvisé où un homme et une femme discutent à voix forte. Soudain, la femme fouille dans une poche de sa jupe et en sort un revolver qu’elle pointe en direction de son compa-gnon. Aussitôt, l’homme abandonne l’énorme sac qu’il portait sur ses épaules et lève les mains haut dans les airs. Ce geste fait basculer vers l’avant les plumes glis-sées dans une lanière de cuir qui lui ceint le front. Ainsi aveuglé, l’homme penche la tête vers l’arrière pour es-sayer d’apercevoir sa partenaire. Sa mimique provoque un nouvel éclat de rire dans l’assistance.

− Je vous ai payé d’avance, lance la femme sur un ton agressif.

En prononçant ces mots, Rosalie plonge dans ses souvenirs et laisse remonter à la surface des émotions en-fouies. Il y a environ six mois, au cœur des montagnes Rocheuses, elle pointait son arme sur un Indien, mais avec davantage de colère qu’elle en affi che présentement. Elle a haï les Indiens ce matin-là, quand ils l’ont aban-donnée pour une meilleure offre. Ils lui ont manifesté une telle indifférence, en plus de se montrer redoutable. Par comparaison, ce soir, Maxence semble inoffensif, car ce n’est pas aux Tlingits qu’il ressemble, mais aux Indiens

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du Far West, ceux que décrivent les journaux du Sud, ceux du spectacle de Buffalo Bill. Mais malgré son ac-coutrement ridicule, Maxence imite à la perfection l’im-passibilité des porteurs tlingits. Pas un battement de pau-pières, pas l’ombre d’un sourire. Les spectateurs sont sur les dents et attendent la suite des événements. Qu’arrivera-t-il à cette femme qui affronte seule un Indien ?

− Je vous ai payé d’avance, répète Rosalie, alors vous allez reprendre mes affaires et poursuivre la route avec moi.

Ces derniers mots constituent un signal et Arthur Hicks entre en scène. Parce qu’il arrive derrière elle, Ro-salie ne le voit pas, mais elle sait exactement de quoi il a l’air. Il a revêtu son long manteau et coiffé son chapeau à large bord, comme ce jour-là sur la piste de la White Pass. Il adresse un clin d’œil malicieux à la foule et ca-resse d’une manière pensive son menton couvert de barbe rousse. Bien qu’il s’efforce de ne pas faire de bruit, Rosa-lie l’entend qui s’avance. Elle sait qu’il sourit à l’audi-toire, car elle le surveille du coin de l’œil. Il lève un bras et vient appuyer sur sa tempe une branche sculptée en forme de pistolet.

− À votre place, je laisserais tomber.Ces mots font monter en Rosalie toute une gamme

d’émotions. Elle garde les yeux rivés sur Maxence, mais son esprit n’est plus à Klondike City. Il n’est plus au théâ-tre. Il est retourné à ce matin glacial où les Indiens his-saient sur leurs épaules l’équipement d’un homme sans scrupule. D’un homme qui arborait une barbe rousse, un grand manteau et un grand chapeau. Elle revoit Arthur alors qu’il levait lentement une arme chargée, l’apposait sur sa tempe, la forçant à renoncer aux porteurs.

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Une légère caresse dans son cou ramène Rosalie sur scène. À côté d’elle, Arthur vient de faire semblant d’amor-cer son pistolet. Les spectateurs s’agitent, certains rient. Rosalie se retient de les imiter. Elle demeure immobile et continue de fi xer Maxence en le menaçant de son revol-ver.

− Jetez votre pistolet ! lance Arthur, répétant à la perfection ces mots qu’il avait prononcés avec dureté ce matin-là.

Rosalie se détourne et, avec un sourire entendu, s’adresse directement au public :

− Il ne peut pas tirer, ce serait un meurtre.Cette réplique provoque une seconde vague d’hila-

rité dans l’assistance. Arthur attend que le silence revienne et souffl e d’un air ingénu :

− Je me demande bien qui pourrait me dénoncer. Lui ?

Il désigne Maxence de sa main libre. La surprise exagérée du faux Indien fait naître un élan de protesta-tion chez les spectateurs. Rosalie jette un regard hautain en direction d’Arthur et, feignant la colère, elle dépose son revolver sur le plancher. Puisqu’on ne le menace plus, Maxence la dépasse et disparaît derrière le paravent.

− C’est MON porteur ! s’écrie encore Rosalie.− Plus maintenant, réplique Arthur avec cynisme.

Maintenant, c’est le mien.− Mais je l’ai payé d’avance. Il n’a pas le droit.− Vous vous trompez. Ici, les Indiens ont tous les

droits.La voix d’Arthur est cinglante et elle déclenche de

nouveaux éclats de rire qui se mêlent à des « Non ! » véhé-ments. Un peu partout, on s’insurge devant le traitement

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injuste que vient de subir Rosalie. Celle-ci profi te des encouragements de la foule pour accuser son partenaire de scène :

− Vous êtes un voleur !− C’est bien vrai, raille Arthur qui se détourne pour

s’en aller. Mais quand on part à l’aventure, il faut tou-jours être sur ses gardes, ma jolie. Et puis on ne doit ja-mais payer d’avance.

Un tollé s’élève de l’assistance, mais Rosalie l’ignore, interdite. « Ma jolie », ces mots ne faisaient pas partie du texte, elle en mettrait sa main au feu. Arthur lui adresse d’ailleurs un clin d’œil complice puis, dans un geste hau-tement dramatique, il fouille dans une poche de son manteau et en sort une poignée de papiers qui ressem-blent, vus de loin, à des billets de banque.

− Tenez ! dit-il en les lançant sur le plancher. Pour le dédommagement.

Encore une fois, les insultes fusent à l’intention d’Arthur. Rosalie s’en nourrit et lève un poing rageur alors qu’Arthur s’éloigne et rejoint Maxence derrière le paravent. Puis, sans un mot, elle ramasse les bouts de papier et quitte la scène à son tour.

Dès qu’elle pose le pied sur la terre battue, des ap-plaudissements jaillissent de la foule.

− Bravo ! crie quelqu’un.− Oui, bravo ! répète un autre.− Encore ! supplie une femme, aussitôt imitée par

plusieurs.Malgré la demande, les trois acteurs ne reprennent

pas leurs rôles. Ils remontent néanmoins sur la plate-forme, se donnent la main et s’inclinent d’un même geste pour saluer leur public. Puis, chacun s’emparant d’un

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chapeau, ils font le tour de la place et recueillent les dons avant que l’auditoire se disperse.

*

Les heures ont passé et les hommes s’en sont re-tournés. La plupart ont regagné leur campement. Cer-tains, cependant, ont trouvé refuge dans une chambre louée, d’autres, dans une cabane ou un commerce. Par-tout on prépare du thé, on boit du whisky, on se ra-conte des histoires. Personne ne va au lit car ça ne ser-virait à rien. Impossible de dormir quand il fait jour à ce point.

Un peu en retrait des bâtiments principaux, Rosalie retrouve Maxence et Arthur qui s’affairent près de leur tente. Leur « tente » : une toile carrée et rapiécée pliée en deux sur un bout de bois ébranché. Le campement le plus rudimentaire que Rosalie a habité depuis son arrivée dans le Nord. N’empêche que ce sera suffi sant pour s’abri-ter les jours de pluie. Jusqu’à ce que l’hiver vienne…

− Tu t’es surpassée, Lili, lance Arthur Hicks en la voyant arriver. Encore trois soirs comme celui-là et on pourra s’acheter une vraie tente. À moins qu’on opte pour un peu de viande fraîche…

Il se gratte encore une fois le menton, l’air fausse-ment indécis. Maxence, qui se défait de son accoutre-ment d’Indien, ne perd pas un mot de l’échange et, une fois redevenu lui-même, il s’empresse d’exprimer son opinion :

− Moi, je choisirais la viande, dit-il sur un ton rail-leur. Mais mon avis ne compte pas vraiment étant donné que je n’ai pas à me plaindre.

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Il s’assoit près du feu et se roule une cigarette qu’il allume ensuite pour en aspirer une longue bouffée. Son regard n’a pas quitté celui de Rosalie, qui lui tire la lan-gue avant de déposer le fruit de sa collecte dans le cha-peau d’Arthur. Si Maxence n’a pas à se plaindre, il n’en va pas de même pour elle. Depuis leur arrivée catastro-phique, ils dorment tous les trois sous cette toile qu’on leur a donnée un jour de pluie parce qu’ils faisaient trop pitié. Dormir sur le sol avec deux hommes ne plaît pas du tout à Rosalie et elle espère que ses compagnons ne font que la taquiner quand ils feignent de vouloir acheter de la viande. Il leur faut absolument une seconde tente.

− On a ramassé combien aujourd’hui ? demande-t-elle pour se rassurer.

Arthur fait le compte des pièces qui gisent dans son chapeau.

− Cinq dollars, plus un morceau de lard salé.Apercevant la grimace de dégoût qui apparaît aussi-

tôt sur le visage de Rosalie, il ajoute, le plus sérieusement du monde :

− Ce sera un régal.Rosalie grimace de plus belle.− Le régal habituel, dit-elle en empoignant la viande

roulée dans un chiffon.− Gardez-le, souffl e Maxence, perdant soudain tout

entrain. Je n’ai pas faim.Sans donner d’explication, il se lève et se dirige à grands

pas vers le bois. Rosalie le suit des yeux, avant de jeter un regard perplexe vers Arthur. Ce dernier lui désigne le mor-ceau de viande qu’elle tient toujours dans les mains.

− Je crois que Max a son voyage du lard salé.Rosalie approuve, mais demeure perplexe.

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− Il n’avait pas l’air d’avoir faim, dit-elle. Il n’a pour-tant pas mangé depuis deux jours.

Sensible à son inquiétude, Arthur se penche vers elle.

− Tant pis pour lui, dit-il en déposant un bref baiser sur sa joue. Ça en fera plus pour nous.

Il se redresse et s’éloigne à son tour, laissant à Rosa-lie le soin d’imaginer une nouvelle façon d’apprêter le lard salé.

*

L’horizon est diffus, mais le ciel, d’un bleu limpide. Le vent se lève, ce qui rend le fl euve houleux. Assise dans un bateau en compagnie d’Arthur et de Maxence, Rosa-lie scrute la rive, cherchant chez les hommes qui vont et viennent un visage familier. Elle ne reconnaît personne, pas même ces dames en belles toilettes qui déambulent sur le trottoir de bois, une ombrelle à la main. On en-tend des rires et de la musique, une conversation en sourdine. L’air sent la viande grillée, le pain, l’alcool. Les rues étincellent, pavées avec de l’or. Rosalie tressaille de voir tant de richesses, mais elle a la curieuse impression qu’au-delà de Dawson le monde n’existe pas.

Son attention revient sur la grève où un chien aboie, assis sur les galets. Sa maîtresse s’en est approchée et ca-resse d’une main distraite la fourrure fauve. Tant la femme que le chien ont les yeux rivés sur une chaloupe qui s’éloigne. Est-ce bien le détective Perrin que Rosalie aperçoit à bord ? L’image devient fl oue soudain, comme brouillée par trop de soleil. Seule la femme au chien con-serve un contour défi ni. Elle est jeune et de forte stature,

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la chevelure sombre. Élément incongru dans ce décor onirique : elle porte un pantalon d’homme. Pire, des mocassins boueux lui moulent les jambes, des chevilles jusqu’aux genoux, et on dirait même que ses lèvres es-quissent un sourire fantasque. Rosalie ressent un vif dé-dain devant ce mépris des convenances, mais se désole lorsque la femme appelle son chien, pivote et s’éloigne dans la rue au milieu des hommes dépenaillés et des da-mes en robes de soie.

Rosalie la suit des yeux pendant un moment avant de se rappeler qu’elle se trouve encore dans un bateau. À côté d’elle, Maxence exprime sa joie d’avoir enfi n atteint Dawson. D’un mouvement brusque, Arthur se lève pour étudier de plus près la tache sablonneuse qui déchire la montagne juste au-dessus de la ville.

− C’est le résultat d’un éboulis, dit-il sans remarquer les vagues qui s’amplifi ent.

Le bateau avance toujours, mais se met à tanguer au moment de s’arrimer à la fi le d’embarcations qui le pré-cèdent. La berge est toute proche, mais elle leur semble soudain très loin. Rosalie n’ose bouger. Il lui faut tout son courage pour accepter la main qu’Arthur lui tend afi n de l’aider à passer de bateau en bateau.

Elle n’a parcouru que la moitié de la distance qui la sépare de la grève lorsqu’un bruit puissant s’élève der-rière elle. La chaîne d’embarcations se met à onduler comme une vague articulée et Maxence est projeté par-dessus bord. Rosalie se retourne à temps pour voir leur bateau se briser, embouti par un autre. Sans pouvoir in-tervenir, elle le regarde couler à pic, emportant avec lui tous leurs biens.

− Non ! hurle-t-elle en s’éveillant.

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Le corps tremblant, la nuque couverte de sueur, Ro-salie s’assoit sur sa paillasse de sapin, aussitôt rejointe par Arthur et Maxence que ce cri a tirés du sommeil.

− Ça va ? demande le premier en posant une main sur son épaule.

− Encore ce cauchemar ? l’interroge le second avec empathie. C’est à croire que vous êtes tombée dans l’eau à ma place, mademoiselle.

Rosalie les rassure d’un geste, reprend son souffl e et s’allonge de nouveau, les yeux grands ouverts. Arthur et Maxence se recouchent eux aussi et Rosalie les entend vite ronfl er. Elle les envie. Elle souhaiterait pour elle-même une bonne nuit, une longue nuit. Et non pas ces quelques heures de sommeil glanées chaque jour et qui s’avèrent tellement insuffi santes.

Comme chaque fois qu’elle fait ce rêve, Rosalie en analyse les détails. Mis à part l’or dans les rues, le reste est si réel, si proche de ce qu’elle a vécu à leur arrivée. Il y a bien deux semaines de cela, mais elle s’en souvient comme si c’était la veille. La femme et son chien sur la rive, la longue fi le de bateaux, l’accident et la perte de cet équipement qui leur avait coûté tant d’efforts et tant d’argent. Rosalie ne se rappelle pas la houle cependant, ni aucune vague. Elle ne se rappelle pas non plus si l’em-barcation tanguait. Mais le fl euve, oui, ça, elle s’en sou-vient. Elle l’a vu avaler d’un coup la moitié de la cargai-son et entraîner vers le nord ce qui fl ottait. Il ne leur est resté que les vêtements qu’ils portaient tous les trois ce jour-là. Et ce que contenaient leurs poches. De même que son revolver et quelques billets de banque. À peine de quoi survivre une semaine à Dawson.

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Pendant les jours qui ont suivi, la charité dont elle a bénéfi cié a ému Rosalie. Jamais sur la piste de la White Pass elle n’avait vu qui que ce soit partager son repas avec un autre. Jamais non plus elle n’avait été témoin du moindre don, du moindre geste d’entraide sauf parmi les coéquipiers. Or, à Klondike City où elle et ses com-pagnons ont dû se réfugier faute d’argent, Rosalie a ob-servé une générosité exceptionnelle. Outre la toile qui leur sert de tente, ils ont reçu de la vaisselle d’étain, deux casseroles, une cafetière et de la nourriture en quantité suffi sante pour une semaine. Un homme est même venu lui porter une jupe et une blouse ; « le cadeau d’une dame », a-t-il précisé avant de s’éloigner.

Quand les provisions se sont mises à manquer, Ar-thur a eu l’idée de cette pièce de théâtre, impressionné qu’il avait été par les prouesses de Rosalie sur la White Pass. Son fl air ne l’a pas trompé. Dès la première repré-sentation, la foule a été nombreuse et la quête, payante. Elle diminue cependant à mesure que les jours passent. Rosalie se dit qu’il est temps de se renouveler. À défaut de dormir, elle décide donc de s’occuper de manière pro-ductive. Elle quitte le couvert de la toile, s’installe près du feu, un bout de papier sur les genoux, un crayon à la main. Et alors que le soleil recommence à monter dans le ciel, elle écrit ce qui sera le deuxième chapitre des aventures de Lili au Klondike.

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Cet ouvrage composé en Garamond corps 14 a été achevé d’imprimer au Québecle premier octobre deux mille neuf sur papier Quebecor Enviro 100 % recyclé

pour le compte de VLB éditeur.

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Juin 1898. La ruée vers l’or dure depuis un an et ce sont plus de quarante mille personnes qui peuplent désormais le nouveau terri-toire du Yukon. Après une série d’aventures, Rosalie et Liliane ont atteint le Klondike le cœur rempli d’espoir. Loin d’être pavées d’or, cependant, les rues de Dawson sont semées d’embûches.

Le destin frappe Rosalie lorsque, après une manœuvre d’accostage désastreuse, elle se retrouve sans le sou et obligée de faire du théâtre de rue pour survivre. Son talent lui permet d’être embauchée dans un saloon où elle séduit les mineurs en quête de volupté. La gloire apporte néanmoins son lot de misères et, grisée par le luxe inhérent à la vie d’actrice, Rosalie s’enfonce dans le demi-monde. Quant à Liliane, bien qu’elle ait su résister à l’attrait de la prostitution, elle doit quand même prouver ses bonnes mœurs à la nouvelle société yukonnaise. Entre son association tendue avec Big Alex et son amour difficile pour Saint-Alphonse, elle peine à conserver sa liberté. Elle continue de tenir le Lili’s Hotel, Baths and Laundry, mais, à l’insu de son associé, elle met la main sur de la poudre d’or d’une manière aussi inattendue qu’illicite. Sa ressemblance avec Rosalie l’entraî-nera dans le giron du dangereux Soapy Smith juste avant que se produise le célèbre duel de Skagway. Et quand l’hiver revient, Rosalie et Liliane le comprennent enfin : le Klondike est un rêve où les déceptions sont aussi profondes que les attentes étaient élevées.

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Mylène Gilbert-Dumas habite à Sherbrooke, sa ville natale. Après le vif succès de la saga historique Les Dames de

Beauchêne, elle a publié un autre roman, 1704, inspiré de la légende sherbrookoise du rocher Mena’sen. Parus en 2008 et 2009, les deux premiers tomes de Lili Klondike ont reçu un très bel accueil au Québec et en France.

Lili Klondike ro

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Mylène Gilbert-Dumas

Tome III