9
Télécommunications BESOIN DE SUPER-RÉSEAUX La revue de l’Espace des sciences www.sciences-ouest.org n°302 OCTOBRE 2012 Télécommunications BESOIN DE SUPER-RÉSEAUX Mobilité Le très haut débit attendu par les utilisateurs Performances Les réseaux deviennent intelligents Énergie Des antennes qui se parlent pour consommer moins Planétologie Sur Mars, à la recherche du bon caillou Ornithologie Sous protection depuis un siècle

ISSUU 302

Embed Size (px)

DESCRIPTION

quelques pages SO 302

Citation preview

Page 1: ISSUU 302

Télécommunications

BESOIN DESUPER-RÉSEAUX

La revue de l’Espace des sciences

www.sciences-ouest.org n°302 OCTOBRE 2012

Télécommunications

BESOIN DESUPER-RÉSEAUXMobilitéLe très haut débitattendu par les utilisateurs

PerformancesLes réseauxdeviennentintelligents

ÉnergieDes antennes qui se parlent pourconsommer moins

PlanétologieSur Mars, à la recherchedu bon caillou

OrnithologieSous protectiondepuis un siècle

Page 2: ISSUU 302

Télécommunications

BESOIN DESUPER-RÉSEAUX

La revue de l’Espace des sciences

www.sciences-ouest.org n°302 OCTOBRE 2012

Télécommunications

BESOIN DESUPER-RÉSEAUXMobilitéLe très haut débitattendu par les utilisateurs

PerformancesLes réseauxdeviennentintelligents

ÉnergieDes antennes qui se parlent pourconsommer moins

PlanétologieSur Mars, à la recherchedu bon caillou

OrnithologieSous protectiondepuis un siècle

Page 3: ISSUU 302

À L’ESPACEDES SCIENCES 19

L’AGENDA DE LA RÉDACTION 20

L’ÉPREUVE PAR 7XAVIER LAGRANGE, professeur de réseaux informatiquesUne interview non scientifique 22

OCTOBRE 2012 N°302 SCIENCES OUEST3

Regarder des vidéos sur smartphone, depréférence en marchant, filmer un événementpour le partager quelques minutes après sur lesréseaux sociaux ou le diffuser en direct surInternet..., ces nouvelles pratiques decommunicants nomades sont extrêmementgourmandes en débit et nécessitent des cheminsde transmissions, ou réseaux, de plus en pluscomplexes car interconnectés. Lorsque l’on estsimple usager, on est loin d’imaginer tout ce que

cette immédiateté représente pour les chercheurset ingénieurs télécoms, ni tous les défis techniquesque cela leur demande de relever. C’est ce que nous avons cherché à expliquer dansce dossier, en nous appuyant sur le savoir-faire etles expérimentations menées en Bretagne. Vousvivrez peut-être votre prochaine panne de réseauavec moins d’impatience !

NATHALIE BLANCRÉDACTRICE EN CHEF

DÉJÀ DEMAIN LES BRÈVES

CE QUE JE CHERCHEPar MÉLANIE DAVRANCHE, géochimiste « Je cherche si l’arsenic peut être transféré dans les eaux souterraines » 4

IL APPREND À LIRE ENTRE LES LIGNES 4UN GÈNE DE SEXAGE DÉCOUVERT CHEZ LA TRUITE 5ÇA BOUGE VITE DANS LES MOLÉCULES ! 6

DÉJÀ DEMAIN LES ACTUS

DEPUIS UN SIÈCLE, ELLE PREND LES OISEAUXSOUS SON AILE 8

SUR MARS, À LA RECHERCHE DU BON CAILLOU 9

LE DOSSIER

COUVERTURE © STEFAN WERMUTH POOL/AFP

© LI ZHONG/XINHUA

n°302 OCTOBRE 2012

POINTE SÈCHE PAR WILLIAM AUGEL

T’as du réseau ? Tu captes ?

© DR

BESOIN DE SUPER-RÉSEAUX 10 à 18

LE HAUT DÉBIT POUR QUOI FAIRE ? 12/13

LA MAISON À TRÈS HAUT DÉBIT 14

LE SANS-FIL À L’ABORDAGE ! 15

VERS UNRÉSEAU PLUS AUTONOME 16

ILS ÉTEIGNENT LES ANTENNES 17

LA RADIO DEVIENT INTELLIGENTE 18

© CÉLINE DUGUEY

Suivez-nous sur Twitter @sciences_ouest et sur www.sciences-ouest.org

Page 4: ISSUU 302

«R elis bien, la réponse est dans letexte ! » ! Qui n’a jamais entenducette phrase ? Au cours de sa thèse

puis de ses recherches sur les difficultés d’apprentissage de la lecture à l’IUFM deBretagne et au CRPCC(1) de l’UniversitéRennes 2, Fanny de La Haye a pu constaterque les enseignants posent souvent des ques-tions dont les réponses sont effectivementdans le texte sans aborder l’implicite. « Ilscroient bien faire en protégeant les enfants endifficulté qui, c’est vrai, ont plus de mal que lesautres à comprendre ces sous-entendus. Maiscela entraîne aussi une mauvaise compréhen-sion des textes lus », explique-t-elle.

De là est partie l’idée de travailler à laconception d’un outil qui aide les élèves àlire entre les lignes. En 2006, Fanny de LaHaye et trois de ses collègues du CRPCC(2) selancent dans l’aventure. La première phasedu projet consiste à construire les exercices :des phrases de deux à six lignes accompa-gnées d’une question portant sur l’implicite.Plus de mille items ont ainsi été créés avecl’aide d’enseignants, d’orthophonistes etd’étudiants en psychologie (plus de cin-quante auteurs !). Trois ans après,un informaticien rejointl’équipe pour donner à l’outilla forme d’un logiciel ergo-nomique baptisé Tacit.Lors des tests réalisés en2010, les enseignants ontété séduits par l’écran decontrôle grâce auquelils peuvent suivrela progressionet les résul-tats deleurs

élèves en direct. 5 000 enfants, en Francemétropolitaine et d’outre-mer, ont déjà tra-vaillé sur Tacit et un traitement statistiquede leurs réponses a permis de calibrer fine-ment les exercices. L’outil permet ainsi auxenseignants d’ajuster aisément la difficultédes exercices proposés à l’hétérogénéité desélèves.

Le logiciel est en ligne depuis le 1er sep-tembre dernier. Il est réservé aux ensei-gnants, au prix de 35 € par classe, et viseles élèves du CE1 à la 3e. « Nous avons étébien épaulés par Bretagne Valorisation(3) pourtrouver les financements auprès du Conseilrégional, de Rennes Métropole, de l’Europe,explique Olivier Le Bohec, le responsable duprojet. Aujourd’hui, sans en faire un produitcommercial, nous cherchons à pérenniser leposte de Jérémie, l’informaticien du groupe, pourassurer la maintenance et l’évolution du logi-ciel. » Mais aussi appliquer la méthode àd’autres disciplines : mathématiques, ortho-graphe, vocabulaire... et viser d’autrespublics, comme les adultes. Car apprendren’est pas toujours un jeu d’enfant.

(1)CRPCC : Centre de recherche en psychologie, cognition etcommunication. (2)Yvonnick Noël, Olivier Le Bohec et Christophe

Quaireau ont été accompagnés d’une orthophoniste,Karine Lavandier et d’une développeuse informatique,Inès Nollet. (3)Structure en charge de la valorisationdes projets de recherche académique.

Rens. : [email protected]

Des chercheurs en psychologie ont créé un logicield’aide à la compréhension de l’implicite dans les textes.

Il apprend à lire entre les lignes

© GILIGONE

« Je cherche si l’arsenic peut être transféré dans les eaux souterraines »

CE QUE JE CHERCHE

MÉLANIE DAVRANCHEGÉOCHIMISTE

Déjà demain

«

4 SCIENCES OUESTN°302 OCTOBRE 2012

Ma principale thématique derecherche est la contaminationde l’eau de distribution par l’ar-senic. C’est un problème majeur

notamment au Bangladesh et au Pakistan.L’arsenic provient des roches, qui le libèrentlorsqu’elles s’altèrent. Il est naturellementrepiégé par des oxydes de fer. Mais avec l’in-tensification du pompage et l’entrée dematière organique dans les nappes, des bac-téries prolifèrent, entraînant la dissolutiondes oxydes, qui relâchent le polluant. Pourtant, ce mécanisme n’explique pas

tout. J’essaye de savoir si l’arsenic présentdans les sédiments déposés lors des cruespeut être transféré dans les eaux souter-raines, une hypothèse émise par une équipeaméricaine. Pour cela, il doit se lier à degrosses molécules de matière organique,peut-être par l’intermédiaire de particules defer qui faciliteraient leur liaison. Pour vérifiercette hypothèse, je prélève des échantillonssur le terrain. Pas en Asie, mais dans deszones humides de Bretagne, où l’arsenic, lamatière organique, le fer et les conditionsphysico-chimiques adéquates sont réunis ! Je fais aussi des mélanges au laboratoire

et je regarde si les éléments se lient en fai-sant varier les paramètres. Les échantillonssont ensuite analysés dans les synchrotronsde Paris ou de Grenoble, où la nature desatomes voisins les uns des autres est révé-lée. J’utilise également l’imagerie à l’échellenanométrique : les photos montrent l’em-placement de la matière organique, du feret de l’arsenic. On s’aperçoit qu’ils se super-posent ! Dernière technique utilisée, lamodélisation géochimique de la matièreorganique, ce qui est novateur, car ces inter-actions sont complexes. »PROPOS RECUEILLIS PAR MARYSE CHABALIER

Rens. : Mélanie Davranche Tél. 02 23 23 57 [email protected]

© MARYSE CHABALIER

Mélanie Davranche estenseignant-chercheur engéosciences au sein del’équipe Géochimie des eauxet des interfaces àl’Observatoire des sciencesde l’Univers de Rennes.

Elle vient d’être nomméemembre junior à l’Institutuniversitaire de France pourune durée de cinq ans, ce qui luipermet de se consacrerdavantage à la recherche.

LES ÉCHOS DE L’OUEST

LORIENT RÉCOMPENSÉE� Lorient Agglomération vient d’obtenir leruban du développement durable. Ce label,remis pour une durée de deux ans,récompense notamment ses efforts entreprisdans le domaine énergétique, avec un objectifde réduction de 20% de la consommation, au sein de la collectivité, mais aussi chez lesparticuliers et dans les entreprises.Rens. : www.rubansdudeveloppementdurable.com

LA PÉPINIÈRE DE DINAN FÊTE SA PREMIÈRE ANNÉE� Pour son premier anniversaire, la pépinièred’entreprises de Dinan voit la totalité de sesateliers et la moitié de ses bureaux occupés.Elle vient par ailleurs d’accueillir deuxnouvelles entreprises, l’une spécialisée dansl’import-export de produits à recycler, l’autredans la gestion des déchets portuaires.Rens. : www.codi.fr

DÉVELOPPEMENT DURABLE ENTREPRISES

© NATHALIE BLANC

Page 5: ISSUU 302

OCTOBRE 2012 N°302 SCIENCES OUEST5

UN INSTITUT DE CANCÉROLOGIE VA S’INSTALLER À BREST� Le ministère de la Santé vient d’acter leprojet : l’Institut de cancérologie de Bretagneoccidentale verra le jour sur le site Morvan du CHRU de Brest, qui porte le projet avec lecentre hospitalier de Quimper et la cliniqueprivée brestoise Pasteur-Lanroze.

Rens. : www.clinique-pasteur-brest.com

Un gène desexage découvertchez la truite

UN ANNIVERSAIREÉLECTRIQUE ! � Le 2 octobre dernier, lecampus rennais de l’écoled’ingénieurs Supelec a fêté ses40 ans. Créée en 1894, cetteécole des sciences del’information, de l’énergie etdes systèmes est répartie surtrois campus : Gif-sur-Yvette,Metz et Rennes. Le campusbreton compte aujourd’hui plusde 260 étudiants et doctorants,et près de 60 collaborateurs.Rens. : www.supelec.fr

DES DRONES PILOTÉS PAR UNE TABLETTE� Il s’appelle Susie. Le logiciel de pilotage d’unessaim de drones - des petits avions militairestélécommandés- à partir d’une tablettetactile, mis au point par des chercheurs deTélécom Bretagne est efficace… et créatif ! Il s’est vu remettre en mai dernier le prix dudémonstrateur le plus innovant de l’Otan, lorsde la réunion d’un groupe de travail qui vise à étudier différentes problématiques militairesoù le facteur humain est prépondérant. Trèsintuitif, ce logiciel permet d’allouer tout oupartie d’un essaim de drones à la surveillanced’une zone. Il pourrait également avoir desapplications non-militaires, notamment pourde la surveillance environnementale.

Rens. : Gilles Coppin Tél. 02 29 00 12 [email protected]

OSTÉOPATHIE ET STATISTIQUE À KER LANN� Cette rentrée, le campus bruzois de KerLann enrichit son offre. Un nouveau bâtimentaccueille désormais l’Institut d’ostéopathie de Rennes. Et l’École nationale de statistiquepropose depuis le 13 septembre un nouveaumaster sur la statistique publique, encollaboration avec l’Université de Rennes1.Rens. : www.campuskerlann.com

UN NOUVEL ESPACED’INFORMATION � Le 17e espace Info-Énergievient d’ouvrir ses portes à Dinan.Animés par l’Ademe, ces lieuxinforment les particuliers surles réglementations et les aidesdisponibles dans le domainedes énergies renouvelables.Rens. : www.bretagne-energie.fr

VOTRE ATTENTION, S’IL VOUS PLAÎT !� Quand on fait des gestes, on vérifie qu’on nous regarde... Les mangabés àcollier aussi ! C’est ce que vient de montrer l’équipe de Catherine Blois-Heulin,du laboratoire Éthos de l’Université de Rennes 1. « Au départ je n’y croyais pas.On s’est rendu compte que nos petits singes sont aussi compétents que leschimpanzés », s’enthousiasme-t-elle. La prise en compte de l’attention del’interlocuteur était en effet connue chez les grands singes, mais pas chez lesautres, qui ne semblent pas communiquer entre eux par gestes. L’équipe adonc entraîné neuf individus à quémander pour obtenir un raisin sec. « Lorsquel’expérimentateur est de face, les gestes sont plus fréquents et amorcés plusrapidement », commente la chercheuse. Ils diminuent quand la personne a latête tournée ou est de dos. Les mangabés ont donc conscience que leur gestedoit être vu pour être suivi d’effet. Par contre, ils ne prennent pas en compte ladirection du regard. Une négligence qui pourrait s’expliquer par le fait que, chezcette espèce, regarder dans les yeux est synonyme d’agression.Rens. : Catherine Blois-Heulin Tél. 02 99 61 81 65, [email protected]

© KEVEN LAW

SANTÉ FORMATIONÉNERGIE

D es chercheurs de l’Inra de Rennes ontdécouvert le gène déterminant majeurdu sexe chez la truite. L’acquisition du

sexe chez les poissons est aussi variée queméconnue. Dans cette famille, les salmoni-dés, on savait seulement que les mâles étaientXY et les femelles XX, comme pour les mam-mifères. Le gène découvert est porté par lechromosome Y et son inactivation suffit à pro-duire des femelles. Les scientifiques ont eu unesurprise en analysant la protéine qu’il code :la plus proche connue intervient dans... l’im-munité ! « À partir du gène ancestral, il y a euduplication et réarrangement », explique YannGuiguen, chercheur à l’Inra. Son évolutionreste une énigme, tous les déterminants dusexe connus précédemment dérivent de gènesdéjà impliqués dans le développement desorganes reproducteurs. Outre son caractèreétonnant, cette découverte permet de déter-miner de façon fiable le sexe de tous les sal-monidés par un simple prélèvement de tissu,et ce même chez les alevins. Ceci était aupa-ravant impossible, car si le chromosome Y estspécifique aux mâles, il n’est pas assez diffé-rencié pour être facilement reconnaissable.

Rens. : Yann Guiguen Tél. 02 23 48 50 [email protected]

DU MÉRITE ENMATHÉMATIQUES... � Valérie Bonnaillie-Noël,chargée de recherche àl’Institut de recherchemathématique de Rennes(lire Sciences Ouest n°263-mars 2009), a reçu, le 11 septembre dernier,l’insigne de chevalier de l’ordrenational du Mérite, des mainsde Cédric Villani, directeur del’Institut Henri-Poincaré etlauréat de la médaille Fields.Rens. : www.irmar.univ-rennes1.fr

… ET EN SCIENCES DE LA TERRE ! � Dimitri Lague, chercheurau laboratoire Géosciencesde l’Observatoire dessciences de l’Univers deRennes, vient de recevoir laGordon Warwick Medal. Cette distinction de la société britannique degéomorphologie récompensela contribution du jeunechercheur dans ce domainedes sciences de la Terre.Rens. : www.osur.univ-rennes1.fr

© TÉLÉCOM BRETAGNE

Page 6: ISSUU 302

L orsque du bateau onaperçoit l’île Rouzic, laplus éloignée de la

réserve des Sept-Îles, au largede Perros-Guirec, on estd’abord surpris par le dômeblanc recouvrant sa moitiénord. Ce n’est qu’en se rap-prochant que l’on se rendcompte qu’il est en fait consti-tué de milliers de fous deBassan. 20 321 couples ontété comptabilisés cetteannée. Autant dire que l’en-droit est bondé : les nids sontà 60 cm les uns des autres ! « La distance de deux cous,deux becs », précise GillesBentz, responsable de la sta-tion LPO de l’Île-Grande quiassure les commentaires à

bord. Ces oiseauxmarins, les plus

grands d’Europe, survolentles bateaux remplis de tou-

ristes comme s’ils ne lesremarquaient pas.

Soudain, deuxphoques gris

pointent le bout de leur nez :l’archipel abrite l’une desdeux colonies françaises decette espèce, l’autre ayant éludomicile à l’extrême pointede la Bretagne. Au détour desautres îles de la réserve, c’estle tour des goélands, huîtrierspie et cormorans huppés dese montrer. Quelques maca-reux moines se sont attardésen cette fin du mois de juillet,comme pour rappeler quec’est pour eux que la réservedes Sept-Îles a été créée, il y ajuste cent ans.

Au secours du macareux

La chasse aux “perroquetsde mer” de Perros-Guirecétait à l’époque un loisir à lamode. Les massacres perpé-trés par les chasseurs ont étédénoncés par un adhérentde la toute jeune Ligue fran-çaise pour la protection desoiseaux, ancêtre de la LPO,créée le 26 janvier 1912. Pourprotéger les macareux, l’as-

sociation a alors loué lesSept-Îles, créant ainsi la pre-mière réserve de France.

Les débuts sont un succès :de 400 couples, la populationde macareux monte à 7000dans les années 1950. Dansle même temps, d’autresespèces font leur apparition :des goélands marins, brunset argentés, des fous de Bas-san, des cormorans huppés...Les Sept-Îles sont classéesréserve naturelle nationaleen 1976.

Mais les naufrages despétroliers Torrey Canyon,Amoco Cadiz et Tanio, en1967, 1978 et 1980, man-quent d’exterminer lespopulations de macareux,pingouins et guillemots. LaLPO ouvre donc son premiercentre de soins en 1984 surl’Île-Grande, à quelques kilo-mètres de là, pour s’occuperdes oiseaux mazoutés. Ellecrée aussi un musée et orga-nise les visites commentées

de la réserve en bateau, afinde sensibiliser le public à la protection des oiseauxmarins.

Le pétrole et la surpêche

La LPO est toujours ges-tionnaire de l’archipel. Avecune quinzaine d’espèces quiy nichent, c’est la premièreréserve française d’oiseauxmarins. Une vingtaine depersonnes (bénévoles, sala-riées ou en service civique) s’yconsacrent pour commenterles visites, animer la station,s’occuper des pensionnairesdu centre de soins, surveillerla réserve... L’ensemble desespèces présentes est suivi,en partenariat avec des spé-cialistes. La situation est loind’être satisfaisante : après lachasse et les marées noires,c’est désormais la surpêcheau large qui met en dangerles macareux moines. « D’au-tres espèces souffrent aussi,même si elles sont encore

ORNITHOLOGIE La célèbre Ligue pour la protection des oiseaux (LPO) fête cette annéeson centenaire et celui de la réserve des Sept-Îles, située dans les Côtes-d’Armor.

Déjà demain

Depuis un siècle, elle prend les oiseaux sous son aile

8 SCIENCES OUESTN°302 OCTOBRE 2012

© ESPACE DES

SCIENCES

L’interview vidéowww.espace-sciences.org/so/lpo

Page 7: ISSUU 302

abondantes au niveau euro-péen. Mais il y a très peu dejeunes qui survivent, sachantqu’il n’y en a qu’un par couplechez plusieurs espèces », s’in-quiète le responsable de lastation.

Des bio-indicateurs

Les oiseaux ne sont pas laseule préoccupation de laLPO : « Pour nous, le milieumarin et les oiseaux sont indis-sociables ; s’il y a des oiseaux,c’est parce qu’il y a du mondedessous, rappelle Gilles Bentz,et d’ajouter : Les oiseaux sontdes bio-indicateurs ; quand il arrive quelque chose, celaveut dire que ça va arriver àl’homme. »Cette approche seretrouve dans la nouvellemuséologie de la station,repensée à l’occasion du cen-tenaire.

Un siècle après la créationde la réserve, le nombre demacareux stagne à 175 cou-ples dans l’archipel. La pré-servation de la faune desSept-Îles reste un problèmed’actualité...

MARYSE CHABALIER

OCTOBRE 2012 N°302 SCIENCES OUEST9

«C es journées ont étéd’une telle intensité !Je n’avais jamais

vécu ça. » Nicolas Mangoldest géologue et planétologueau LPGNantes(1). Visiblementépuisé, mais enthousiaste, ilest revenu, fin août, du JPL(2)

de Pasadena (États-Unis),d’où la Nasa dirige le robotmartien Curiosity. Cette mis-sion, il la prépare depuis2004, avec 350 autres scien-tifiques. Lui et son collègueStéphane Le Mouélic, spécia-liste de traitement d’images,font partie de l’équipe quis’exerçait depuis des mois,avec un rover factice, pourtester sa navigation et les ins-truments.

Après les longues journéesau JPL, avec des réunions enpermanence, le rover s’estposé sur Mars. « Le 5 août à22 h31, c’était l’explosion dejoie !, s’exclame NicolasMangold. Tout était calé à laminute près, tout s’est passéexactement comme prévu.Quelques instants plus tard, lapremière image est arrivée.C’était encore plus fort ! Uneheure après, nous commen-cions l’exploitation des don-nées. » Enfin, au 13e jour dela mission, le 19 août, lerover réussit son premier tirlaser. « On a sabré le cham-pagne ! Le stress s’est complè-tement relâché. »

Les deux chercheurs parti-cipent au projet ChemCam(3).L’instrument franco-améri-cain est constitué d’un laser,d’un spectromètre et d’unecaméra. Il a été réalisé enpartie à l’Irap(4) de Toulouse,avec le Cnes et le CNRS pourétudier la géologie mar-tienne. « Les roches sont notreprincipal objectif, expliqueNicolas Mangold. Nous ycherchons des indications surl’environnement primitif deMars, plus chaud qu’aujour-d’hui, donc plus favorable à lavie. »

De la roche en plasma

En plus de la taille du robot(3 m de long, 900 kg), l’asso-ciation caméra-laser est uneoriginalité de Curiosity. Lacaméra ChemCam, qui peutprendre des photos à 9 m dedistance, repère des détailsjusqu’à 30 µm. « Nous pou-vons caractériser très finementla texture de la roche et voir lesminéraux qui la composent »,précise Stéphane Le Mouélic.Le laser fait des trous d’envi-ron 0,3 mm de diamètre. Latempérature de la roches’élève alors à 10000°C. Elledevient un plasma et sa com-position chimique élémen-taire à l’endroit du tir peutalors être déterminée.

Au vu des premiers tirs, leschercheurs sont optimistes.

« Les spectres sont parfaite-ment beaux, plus propres quesur Terre, et le signal est meil-leur ! Cette qualité s’expliquecar l’atmosphère de Mars est très ténue », note NicolasMangold. Dans leur quête,les deux Nantais ont l’en-thousiasme communicatif. « Les choses vont extrêmementvite, apprécie Stéphane LeMouélic. Lorsqu’une roche estanalysée, les résultats doiventêtre fournis en deux ou troisheures. Il faut être hyperréac-tif ! Car si la roche est intéres-sante, il faut arrêter le roversans attendre le lendemain. »

Curiosity a également unbras articulé qui cueillera lesroches idéales pour faired’autres analyses. Car Chem-Cam n’est que l’un des dixinstruments du robot ! C’estun éclaireur, posté en hautdu rover. Au cours de sa mis-sion de deux ans, il devraitexaminer des milliers deroches. Avec des chances detrouver son graal.

NICOLAS GUILLAS

(1)LPGNantes : Laboratoire de planétologie etgéodynamique de Nantes. (2)JPL : Jet PropulsionLaboratory. (3)ChemCam : Chemistry & Camera,lireSciences Ouest n°290-septembre 2011, surwww.sciences-ouest.org. (4)Irap : Institut derecherche en astrophysique et planétologie.

PLANÉTOLOGIE Embarqués dans l’aventure du robot Curiosity,deux scientifiques nantais étudient les roches de Mars au laser.

CONTACTSNicolas Mangold Tél. 02 51 12 53 [email protected]

Stéphane Le Mouélic Tél. 02 51 12 54 [email protected]

Sur Mars, à la recherche du bon caillou

CONTACTGilles Bentz Tél 02 96 91 91 [email protected] http://sept-iles.lpo.fr

Les macareux séjournent sur la réservebretonne d’avril à début juillet. Ils viennent s’y reproduire. ©ARMEL DENIAU

L’île Rouzic est la plus éloignée de la réserve des Sept-Îles. C’est aussi la pluspeuplée. Sa moitié nord est recouverte par plus de 20000 couples de fous de Bassan !©ESPACE DES SCIENCES

Les fous de Bassan sont des couples fidèles.Leurs parades nuptiales sont toujours un trèsbeau spectacle. © GILLES BENTZ

La station de l’Île-Grande a été construite en 1984, suite au naufrage de l’Amoco Cadizpour sauver les oiseaux et éduquer le public.© ESPACE DES SCIENCES

Le rover s’est posé ici ! Les scientifiques NicolasMangold (à gauche) etStéphane Le Mouélicparticipent à l’expéditionmartienne.© NICOLAS GUILLAS

L’interview vidéowww.espace-sciences.org/so/mars

Page 8: ISSUU 302

LE DOSSIER DE

En 2007, l’arrivée del’iPhone bousculait lesusages et boostait l’arrivéede la 3G : un nouveausystème de transmissionpermettant d’envoyer etrecevoir non seulementdes appels et des SMS,

mais aussi des données et des images. Inter-net arrivait sur les téléphones.

La nouvelle génération

Aujourd’hui, la 3G est en passe d’êtredépassée, et l’arrivée en France de la 4G, laquatrième génération des communicationspar téléphones mobiles, n’est plus qu’unequestion de temps. À Brest, la plate-forme

ImaginLab (lire p.12) teste le LTE(1), une“presque”» 4G, déjà en service en Suède, auxÉtats-Unis ou au Canada. « Il remplit presquetous les critères de la 4G définis par l’Union inter-nationale des télécommunications, expliqueXavier Lagrange. » Et si plusieurs technolo-gies répondaient aux critères de la 3G etcoexistaient, le LTE s’annonce comme laprincipale norme internationale pour la 4G.

Il transporte toutes les données

Le LTE, c’est un nouveau réseau. « Audépart, ce devait être une évolution des techno-logies 3G que l’on utilise aujourd’hui. Mais fina-lement, c’est un nouveau système ! » Sonoriginalité : transporter par voie radio toutesles données, que ce soit la voix, les images,

les pages Web... avec la même technique :l’OFDM(2), déjà utilisée pour la télévisionnumérique terrestre, le courant porteur enligne et l’ADSL. Alors que la 3G traite la voixet les données différemment : elles sontaiguillées chacune sur leur propre réseau parles équipements des stations de base, quiabritent les antennes. « Avec la 3G, toutes lescommunications sur téléphones portables sonttransmises sur les mêmes fréquences. Ellessont codées un peu différemment pour ne pasqu’elles se mélangent. Mais lorsqu’on doittransmettre très rapidement beaucoup dedonnées, ça n’est pas très efficace. En OFDM,les communications se font en parallèle. Onaffecte à chaque connexion plusieurs bouts defréquences, qui lui sont propres. Cela consomme

BESOIN DE SUPTÉLÉPHONIE MOBILE, INTERNET : LES RÉSEAUX DE TÉLÉCOMMUNICATIONSDÉPASSENT LEURS LIMITES POUR RÉPONDRE À NOS USAGES.

10 SCIENCES OUESTN°302 OCTOBRE 2012

Page 9: ISSUU 302

ER-RÉSEAUXplus de fréquences, mais grâce à des “astuces”mathématiques, on parvient à ce que cela neprenne pas trop de place ! » Avec le LTE, onquitte le monde de la téléphonie mobile pourentrer dans celui de l’Internet mobile, où lavoix n’est qu’un des services que peut offrirle réseau.

Faire face à la saturation

L’Internet fixe devrait lui aussi évoluergrâce à la fibre optique (lire p.12-13). « C’estle support incontournable pour transporter de très grandes quantités d’informations,rappelle Philippe Gravey, spécialiste de l’op-tique à Télécom Bretagne, à Brest. Mais onva arriver à une saturation dans les fibres déjàen place. Et cela coûte cher d’en poser de nou-velles. Surtout en France, où on ne les envisagequ’enterrées. Donc on cherche des moyens defaire passer plus d’informations par la mêmefibre. »

P.14La maison à très haut débit© BERTRAND LANGLOIS /AFP

P.16Vers un réseauplus autonome© THOMAS COEX/AFP

P.17Ils éteignent les antennes© DR

OCTOBRE 2012 N°302 SCIENCES OUEST11

Comment la recherchepeut-elle répondre aux

attentes des industriels ? En les faisant participer à la réflexion sur lesthématiques à explorer ! Tel est l’objectif duPracom, le Pôle derecherche avancée encommunication portédepuis six ans parTélécom Bretagne. « Nous organisons desgroupes de travail avec les entreprisesadhérentes, expliquePatrick Adde, responsable

développement du Pracomà Télécom Bretagne.Chaque année, cesréflexions aboutissent au financement de thèseset à la mise en place deprojets concrets, grâce au financement desadhérents, au nombre deonze en 2012. »La démarche séduit lesgrands groupes commedes PME. « Nos premiersadhérents ont été laScarmor, la centraled’achats de Leclerc, etOrange. » Actuellement

l’accent est porté surl’efficacité énergétique,avec le lancement en 2011du projet Greencom. Mais aussi sur lesénergies marinesrenouvelables, la technologie RFID, les réseaux de capteurssans fil et la localisation.Des sujets dont on devraitentendre parler à l’avenir !

CD

Rens. : Patrick Adde Tél. 02 29 00 13 [email protected]

Anticiper les besoins de demain

© LI ZHONG/XINHUA