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I.V.N.I. Individu Volant Non Identifié Christian Guillon

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I.V.N.I.Individu Volant Non Identifié

Christian Guillon

27.48 642762

----------------------------INFORMATION----------------------------Couverture : Classique

[Roman (134x204)] NB Pages : 364 pages

- Tranche : 2 mm + (nb pages x 0,07 mm) = 27.48 ----------------------------------------------------------------------------

I.V.N.I. Individu Volant Non Identifié

Christian Guillon

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Rassurez-vous braves Lyonnais ! Aux adresses,

choisies au hasard sur un plan de la ville, vous ne trouverez pas les occupants cités dans ce bouquin puisque cet ouvrage est une pure œuvre de fiction, sortie tout droit de l’imagination de l’auteur.

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Avant-propos

– Danguin et Maroual n’aimant pas leurs propres prénoms, ils m’ont interdit de les citer dans cet ouvrage ; quant à Janot et Julie je ne leur ai pas demandé leurs avis pour les appeler par leurs prénoms respectifs.

– Afin de vous faciliter la compréhension de certains dialogues, sachez que Julie appelle Danguin « Patron » et Janot se contente d’utiliser l’acronyme « MD ».

– Bien que Danguin ait tenté de rectifier maintes fois les fautes de langage commises par Maroual, ce dernier se refuse pratiquement toujours à utiliser le « ne » dans les formes négatives… pire, à chaque injonction de Danguin, il a répondu : « Ton nœud… je m’en glande » ou encore : « ton nœud, je m’en bats les burnes ». Ne voulant point m’écarter de la vérité dans l’écriture de ce bouquin, je me vois obligé de rapporter les termes utilisés par ce malappris et, comme d’autres que lui sont également dans l’erreur,

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afin de ne point faire de jaloux, je respecte, à la lettre, leurs propos.

– Si certaines scènes décrites dans ce roman vous semblent scabreuses, fermez les yeux jusqu’à la fin de la lecture du paragraphe concerné afin de ne pas être choqué outre mesure.

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Chapitre I

Une fois n’est pas coutume, aussi, exceptionnellement, ce lundi matin, je ne me suis pas rendu à mon bureau afin d’y retrouver ma Julie pour me moquer des cernes qui doivent auréoler ses yeux après un nouveau week-end qui n’a pu, comme à son habitude, être que très chaud malgré les premiers frimas de ce mois d’octobre.

Avant-hier, samedi, à mon domicile, j’ai reçu un coup de biniou d’une de mes clientes ; femme d’âge mûr, voire un peu blet, dont le mari, blasé de contempler la chair croulante de son épouse, se remet de ses émotions auprès d’une femme à la fleur de l’âge qu’il doit honorer la fleur au fusil !… Le cocufieur a annoncé à son épouse qu’un congrès allait le maintenir, deux jours durant, loin de ses bases ; consciente du mensonge éhonté de ce vil personnage, madame X, cocue dont je tairai le nom afin d’éviter les commérages sur la place « Bellecour » puisque les bruits médisant qui courent ce n’est pas beau, m’a

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averti de ce départ matinal qui risque de vider, en même temps que les burettes de monsieur, le compte en banque du couple.

Comme les Lyonnais semblent moins enclins aux galipettes depuis quelques semaines et que, de ce fait, les femmes et hommes trompés sont plus rares, je n’ai pu refuser le job consistant à pister l’affreux Jojo, oui son prénom est Georges, alors, même si nous ne sommes pas intimes tous deux, je me permets, sans qu’il le sache, de l’appeler Jojo.

Je suis donc au pied de son immeuble ou presque, assis dans ma « Peugeot », attendant l’apparition du prétendu congressiste qui ne devrait pas tarder à se pointer avec sa valoche sous le bras et les balloches tout excitées à l’idée des heures à venir.

Comme je n’ai rien à glander sinon surveiller la sortie de cet artiste et que, dans le même temps, Julie doit se morfondre à l’agence, j’ose l’appeler afin de la rassurer sur l’état et les activités de son patron.

– « Bonjour Julie… Ce matin pas de petit noir pour moi ni de petit blanc non plus puisque je ne suis pas pédophile.

– Vous êtes où ?… Toujours au pieu… avec une greluche dégottée hier au soir.

– Pas du tout… d’abord, quand je lève une minette, c’est le vendredi voire le samedi au plus tard, que je l’entraîne jusqu’à ma demeure et l’y maintiens au chaud ; en effet, il me faut des heures si je veux lui montrer toute l’étendue de mes compétences et,

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comme ces poulettes feignent de ne pas comprendre, je me dois de répéter ces travaux pratiques.

– Probablement que l’enseignant est de mauvaise qualité !

– Il ne tient qu’à vous de tester celui-ci. – Continuez à rêver cher ange. – Cher ange moi ? – Ce n’est qu’un lapsus puisque vous êtes à caser,

non pas au ciel, mais dans un domaine plutôt souterrain… celui de l’enfer.

– J’adorerais vivre en pareille situation. – Seuls les morts ont droit à cet avantage. – C’est vrai ! Moi, assis actuellement dans mon

carrosse, je n’ai même pas droit à la chaleur que doivent dégager vos joues en feu après ces instants d’échange verbal.

– Au lieu de me dégoiser vos fadaises, dites-moi plutôt d’où vous m’appelez et pourquoi.

– Je suis à l’affût d’un furet dont l’intention est d’aller fureter dans la fourrure d’une fille facile ; bref, un fornicateur fuyant son foyer pour un fol et fugace amour de passage et, comme ce félon doit laisser sa faible femme ce matin, j’attends sa sortie pour le filer.

– Fichtre ! Votre objectif est de le surprendre au moment de la fellation ?

– Qui vous laisse croire que ce sera le but recherché ?

– Rien, ce n’était que pour donner le même effet que vous ; qui sait, il aura préparé un philtre qu’il fera

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boire à sa fumeuse de pipe… après l’avoir filtré évidemment… je parle de la boisson et non de la flirteuse s’étant débarrassée de son fichu, ses colifichets et autres fanfreluches.

– …. – C’est quoi ce bruit ? – Je raccroche. – Mais… patron ? »

Bruit assourdissant en réalité, le toit de ma bagnole vient de s’enfoncer au-dessus de mon crâne et ce, à un point tel que, instinctivement, je me recroqueville sur mon siège et reste, un instant, à la fois béat et coi lorsque, levant le regard, je vois mon pare-brise éclater sous l’impact d’un objet d’allure quasi sphérique : la tête d’un être dont le crâne s’est ouvert, permettant ainsi à une masse gluante de s’échapper progressivement.

Voilà un mec ou une nana sans cervelle me dis-je !

Il me faut ruer à plusieurs reprises contre ma portière avant de pouvoir l’entrouvrir puis m’extraire, difficilement, de l’habitacle dont les dimensions se sont étonnamment réduites.

Une fois à l’air libre, je peux constater que la tête éclatée est reliée à un corps étendu dans une position grotesque sur la tôle déformée de ce qui fut ma belle « Peugeot ».

De visu, sans procéder à une quelconque auscultation approfondie, je déduis que cet IVNI,

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individu volant non identifié, est mort puisque, après ce douloureux atterrissage, l’état de son crâne et l’absence de tout soubresaut du reste de son corps, sont deux éléments plus que probants ; la présence d’un pantalon sur les jambes et le derrière de ce pantin désarticulé m’autorise à penser que, vivant, il devait être du sexe masculin.

Je lève les yeux au ciel, enfin, pas exactement puisque je doute fort que ce mec ait pu sauter d’un avion ; non, je regarde juste la façade de la baraque devant laquelle j’ai eu la mauvaise idée de garer ma caisse. Réflexe normal de poulet me direz-vous : eh oui ! On ne passe pas des années à la PJ sans garder certaines habitudes… Au quatrième étage une fenêtre est ouverte : serait-ce de là que le gars s’est jeté ? Il n’a pu effectivement que se lancer à l’abordage du vide sinon, en cas de malaise alors qu’il admirait deux pigeons enamourés en train de copuler sur un fil électrique, il se serait aplati sur le trottoir et ne serait pas venu me créer les problèmes induits qui vont me tomber dessus aussi sûrement qu’il s’est permis de s’éclater sur ma titine sans se préoccuper des suites qui vont en découler… quel égoïsme !

J’en suis là dans mon intense réflexion quand une tête couverte de bigoudis se penche à la fenêtre restée ouverte. Malgré la distance qui nous sépare, je peux observer les traits du monstre ayant osé sortir son groin à l’air libre ; voilà, me dis-je, je comprends facilement la raison qui a poussé ce désespéré à tenter

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d’imiter Icare sans même se coller des ailes aux brandillons… si je n’avais pas vu la masse gluante, précédemment décrite, j’aurais volontiers déduit que ce zigue était forcément sans cervelle pour s’être entiché de ce boudin blanc.

Furieux contre le gars qui a préféré crever plutôt que de payer les réparations des dégâts qu’il a provoqués et, entrevoyant une solution possible, je fonce jusqu’à la porte me permettant d’accéder à l’étage qui m’intéresse.

Quatre à quatre d’abord, puis, à partir du deuxième, marche après marche, j’accède à ce quatrième de malheur et cogne à ce qui me semble être la porte palière de l’appartement où s’est tramé le drame.

Je gueule « Police » pour inciter la locataire à ouvrir ; j’entends tourner une clé dans la serrure puis vois le visage d’un sexagénaire s’encadrer dans l’ouverture. Excité à l’extrême, je pousse le guignol encore en pyjama et entre dans une pièce dont la fenêtre est ouverte ; assise à même le sol, je vois une loque à terre. Les boudigous dans le désordre, elle me regarde d’un air hébété et moi je me retrouve bien embêté en entrevoyant la bévue que je viens de commettre mais, ne voulant pas perdre la face, je me lance instantanément dans un interrogatoire de routine.

– « C’est de cette fenêtre qu’il s’est jeté ? – De qui vous parlez ? – Jules, toi t’étais encore au lit quand j’ai eu le

sentiment qu’un truc volumineux passait devant chez nous.

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– Quel truc ? – Ben, je me suis levée de ma chaise pour voir… – Oui monsieur Jules, un gars s’est permis une

chute libre qui l’a conduit jusqu’au trottoir, enfin, pas tout à fait…

– Il s’est arrêté en route ? – Cette opération n’a pas encore été réussie, non,

s’il n’a pas touché le sol c’est parce qu’une voiture l’en a empêché.

– Il a été écrasé ? – Même pas, il s’est juste contenté de s’écraser

tout seul sur le toit de ladite bagnole… donc ce n’est pas d’ici que s’est produit l’envol !

– Ah non pour sûr !! »

La femme à Jules, après ce court dialogue, se relève et, dans cet exercice périlleux, montre, non pas sa culotte puisque je peux constater qu’elle n’en porte pas, mais deux jambonneaux aux dimensions exceptionnelles. J’ai, de près, la confirmation de ce que j’ai pressenti de loin : madame est le fruit de l’accouplement d’un porc et d’une cochonne à moins que ce ne soit l’inverse, c’est-à-dire le résultat de la combinaison des gènes d’une truie et d’un cochon. Quant à son homme, type malingre de cinquante kilogrammes tout mouillé, lui le sexagénaire, lorsque l’envie de baiser le prend, il doit tâtonner longtemps avant de trouver l’orifice convoité, planqué entre deux masses graisseuses… mais cela ne me regarde pas !

Je garde un air autoritaire pour prendre congé de

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ce couple mal assorti ; en effet, je ne souhaite pas avoir d’ennuis de la part de ces deux-là dans les heures à venir alors autant leur clouer le bec d’entrée.

Dépité, je regagne mon trottoir, non pour y faire le tapin, mais pour être présent à l’arrivée des poulets que d’autres que moi auront probablement avertis.

Mon inconnu n’a pas bougé de place et trois lambins lambinent devant ma future épave.

– « Triste fin ! – Oui, c’est une voiture qui aurait pu durer

encore plusieurs années. – C’est du gars que je parle. – Oh pardon ! J’étais rêveur. – Alors c’est votre caisse. – Oui… et un coup pareil est dur à encaisser. – Vous sauvez pas… les flics vont débarquer, c’est

moi que je les ai avertis. »

Non seulement il me tape sur le système avec son air suspicieux mais, en plus, il ne s’exprime même pas dans un français correct ce coco-là !

Contenant mon courroux pour ne pas envenimer la situation déjà critique après la bourde commise douze mètres plus haut, je piaffe au rythme d’un danseur de flamenco dépourvu de ses pompes à talonnettes.

Trois minutes d’attente se sont déjà écoulées lorsque je vois le pépère que je devais pister, passer le porche de son immeuble et s’éloigner sans se préoccuper de l’agitation croissante autour de cette

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automobile porteuse d’un cadavre ; l’appel du sexe vous rend parfois aveugle à tout !!

Cent vingt secondes encore avant que la sirène énervante de la maréchaussée n’annonce l’arrivée des martiens, euh non !! C’est la pensée de mon IVNI qui me conduit à associer les pandores aux petits hommes censés être de couleur bleue… à moins que ce ne soit vert ? Qu’importe !

– « Cette voiture appartient à l’un d’entre vous ? – Elle est à lui ! »

L’autre tarte, à qui j’en mettrais bien une, me désigne comme si j’étais fautif de l’incident devenu, à ses yeux, que je pocherais volontiers, accident.

– « Alors c’est la vôtre ? – Puisque ce péquin l’affirme, je ne peux que

confirmer ; oui, j’étais à son bord quand l’autre est venu m’emplafonner.

– Vous étiez garé ? – Vu la position, coincée entre deux autres

bagnoles arrêtées le long du trottoir, la mienne n’était pas en train de rouler !

– Qu’est-ce que vous faisiez là ? – J’attendais. – Vous attendiez quoi ? Que le mec se suicide et

vienne se poser sans douceur sur votre tas de ferraille !

– Pas exactement… Je suis le détective Danguin et je poireautais ici dans l’attente d’un cocufieur.

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– Détective voyeur !! – Je suppose que les gars de la PJ vont radiner à

leur tour, alors, plutôt que de subir vos sarcasmes, je préfère attendre leur venue pour répondre aux questions qu’ils auront à me poser.

– Vous croyez que je suis trop con pour ça ? – Je vous laisse juge de vos capacités. »

C’est vrai que, parce que ce gaillard est engoncé dans un uniforme, il imagine avoir des droits sur les quidams en habits civils alors, afin de ne pas manquer de civilité, je préfère entrer dans un mutisme un peu moqueur.

Un deuxième arrivage de perdreaux vient compléter la volière ; parmi eux je repère d’éminents membres de la PJ qui ont déjà eu l’honneur de m’interroger lors d’enquêtes qui n’ont pas toujours été à mon avantage.

– « Monsieur Danguin… cette caisse à savon déformée, devenue cercueil à défaut de pouvoir servir de corbillard, vous appartient ?

– Malheureusement oui. – Bien sûr, c’est par le plus grand des hasards

qu’un empaffé est venu s’emplâtrer sur ce toit non conçu pour pareille rencontre.

– Oui encore !! – Vous vous foutez de moi ? – Jamais je n’oserais. – C’est ça !!

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– Je vous jure que je ne suis pour rien dans cette rencontre inopportune, moi, j’attendais…

– Ouais ! Vous l’avez déjà dit à un collègue en uniforme… Qui est donc ce cocufieur que vous attendiez ?

– Il habite de l’autre côté, un peu plus loin. – Son nom ? – La déontologie m’interdit de vous révéler ce

secret. – C’est ça !… Un témoin prétend que vous n’étiez

pas près de votre véhicule mais que vous sortiez de la baraque d’où le gars a chu.

– Normal, quand j’ai réussi à m’échapper des tôles froissées…

– Vous tombez un peu dans les excès ! – Bon, lorsque j’ai pu sortir, avec efforts, de ma

« Peugeot », j’ai vu une fenêtre ouverte au quatrième ; j’ai pensé que le gars s’était balancé de ce point, avait décrit une parabole l’amenant jusqu’à un autre point juste situé sur ma tire.

– Vous aviez dessiné une mire ? – Même pas ! – Ras-le-bol de vos paraboles… vous avez grimpé

les quatre étages ? – Oui… j’ai trouvé deux vieux, aussi innocents

que moi apparemment… alors, ne pouvant me morfondre avec eux, je suis descendu afin de vous attendre et répondre à vos questions.

– On va vérifier.

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– Normal… J’y pense à l’instant, quand je me dirigeais vers la porte me conduisant aux témoins perchés tout là-haut, j’ai vu, sur le trottoir, des tâches de sang.

– Rien d’étonnant, le sang a automatiquement giclé au moment de l’impact.

– Oui, je n’en doute pas mais… certaines des tâches s’étalaient en sens contraire à la logique comme si…

– Comme si quoi ? – Comme si le gars pissait le sang avant de venir

heurter ma bagnole… maintenant que les badauds ont tourné autour de la scène de ce carnage, le raisiné est passé sous leurs godasses et mon hypothèse ne vaut plus rien.

– Vous cherchez à vous disculper ? – Pas du tout, d’ailleurs, au quatrième, si vous

osez l’aborder, vous trouverez une femme, enfin… un être du sexe dit faible, qui vous confirmera que j’étais bien en bas lorsque le zèbre m’a rejoint ; elle m’a vu de sa fenêtre à moins d’être bigleuse à l’excès ; c’est chez elle que la fenêtre était ouverte, c’est chez elle que je suis monté.

– Vous vous lanciez dans l’enquête sans y avoir été invité !

– Non, j’espérais seulement que mon oiseau aptère était son époux et qu’elle allait signer, avec moi, un constat pour l’indemnisation des préjudices que je viens de subir.

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– Alors vous vous en foutez qu’elle soit dans la peine après cette disparition.

– Il n’avait pas disparu puisqu’il était allongé et qu’il n’avait aucune chance d’aller plus loin… ni plus bas.

– Vous pourriez être inculpé pour non-assistance à personne en danger puisque vous avez quitté, momentanément, les lieux.

– C’est ça ! Vous me prenez pour un écervelé… j’ai suffisamment vu de macchabées pour affirmer, aujourd’hui, que le type, venu de je ne sais où, était mort lorsque j’ai pu m’échapper de cette bagnole dont les portières étaient coincées… d’ailleurs vos experts apporteront confirmation à mes allégations… et, si j’étais vous, au lieu de m’acharner contre l’innocent, non, la victime que je suis, je grimperais dans les étages et fouillerais chaque appart afin de trouver les indices permettant d’expliquer le drame… Si ce gars saignait lors de la chute, je trouverais, probablement, ne serait-ce qu’une goutte de son hémoglobine, près de la fenêtre à partir de laquelle il a pris son envol.

– Comme si j’avais besoin de vos conseils pour mener l’enquête… en attendant, je vais vous confier à un subordonné pour qu’il relève votre déposition.

– Alors je peux me tirer de là ? – Après avoir signé la paperasse, oui ! On sait où

vous trouver. – Et ma bagnole ? – Alors là ! Ce n’est pas demain la veille qu’elle

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vous sera rendue, d’ailleurs, vu son état, il est peu probable qu’elle puisse reprendre la route un jour prochain puisque le coût des réparations dépassera probablement sa valeur vénale. »

Pendant ce dialogue, tenu un peu à l’écart, une multitude de poulets s’affaire autour de ma « Peugeot » après que les badauds aux goûts morbides, attirés par l’odeur et la vue du sang, ont été repoussés à distance convenable.

L’excitation, qui m’avait tenu agressif depuis l’événement malheureux, retombe brutalement ; j’éprouve le besoin de vomir mais, ne pouvant emprunter la poche d’un gars assermenté pour y déposer le gerbos, je réussis à conserver le contenu de mon estomac en place.

Après avoir raconté mon histoire à un poulet déplumé, ayant plus l’aspect du moine que célèbre une marque de fromage qu’à un athlétique représentant de l’ordre, je jette un dernier regard à ce coin de Lyon où je ne souhaite pas revenir de si tôt… sauf si une reconstitution m’oblige à jouer mon propre rôle dans cet événement, qu’à aucun moment, je n’ai pu contrôler.

Je grimpe dans le premier taxi en maraude, refuse de répondre au chauffeur s’enquérant de l’agitation régnant dans le coin et me retrouve à proximité de mon bureau en quelques minutes…

– « Eh ben patron… quelle tête ! Le gars que vous