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J. M. Littlejohn : Les principes de l’ostéopathie – page 1/1 – Nombre de signes : 48510 Principes de l’ostéopathie John Martin Littlejohn Ph. D. LL. D., D.O. 1 On peut définir l’ostéopathie comme un système ou une science de soin utilisant les ressources naturelles du corps pour l’ajustement 2 de sa structure, pour stimuler la préparation et la distribu- tion des fluides et forces du corps et promouvoir la coopération et l’harmonie au sein du méca- nisme corporel. Mais en plus d’être un mécanisme, le corps est son propre intendant, captant des matériaux bruts en vue de la préparation de nouvelles substances et de nouvelles forces. Nous ne devons par conséquent pas envisager le corps comme une machine, mais comme un mécanisme vital. Rien n’est assimilé par le corps sans avoir été auparavant vitalisé, et chaque processus intervenant dans le corps est un processus vital. Toute lésion trouvée dans le corps est une lésion vitale, reliée à la vitalité, ou vie du patient. Si les lésions osseuses étaient les seules survenant dans le corps, elles resteraient corrigées après le rajustement, mais ce n’est pas le cas parce que la vitalité du corps ne permet pas que la correction se maintienne. Lorsque les tissus sont anormaux, ou lorsque le corps est amaigri, il se reconstitue de l’intérieur. Par exemple, lorsque le sang est modifié, la respiration s’établit, sous l’action conjuguée de forces. Lorsque survient une condition fébrile, seul le système nerveux peut intervenir et la corriger. Lorsque le cœur est surmené, inhiber ou déprimer l’action cardiaque au moyen d’une substance chimique n’a aucun intérêt ; cela peut être bien mieux accompli par l’intermédiaire du mécanisme nerveux cardiaque. Le mécanisme vital du corps sous-entend que chaque partie du corps est approvisionnée par le sang circulant et par la force nerveuse, les deux fonctions d’équilibration et activités fonctionnel- les que nous utilisons dans le rajustement ostéopathique. Santé et maladie Maintenant, si le corps est un mécanisme, un intendant et un organisme, la question est : qu’est la santé et qu’est la maladie ? La santé sous-entend l’accommodation de toutes les structures, qui sont les médias de l’expression des relations vitales, l'accommodation de l’activité nerveuse et l'accommodation de l’organisme à son environnement. S’opposant à la santé, nous avons la non- santé, signifiant la changement ou l’absence de l’une des trois conditions de la santé, pouvant ré- 1 In Notes on the Principles of Osteopathy – Published by the Maidstone Osteopathic Clinic, extracts from the writings of J. M. Littlejohn, Centenary Edition, 1974, 34 p. Ce texte a été publié en 1974 par J. Wernham mais rédigé par J. M. Littlejohn en 1900. Traduction Pierre Tricot DO MRO (F), août 1999. 2 Le mot anglais « adjustment » est un faux ami. Sa traduction directe par ajustement pourrait suggérer remise en normalité, en conformité alors que le sens de ce mot est plutôt réglage , équilibration, harmonisation . Il doit nous orienter vers l’idée d’accommodation mutuelle, de justesse, d’harmonie au sein d’un ensemble de paramètres dy- namiques. En ce sens, il respecte parfaitement la complexité et la nécessité d’adaptation permanente du vivant par rapport à lui-même et à son environnement. Cette idée nous semble maîtresse dans la pensée de Littlejohn et la traduction littérale du mot anglais « adjustment » par ajustement altère ce concept, c’est pourquoi il nous a sem- blé important d’évoquer cette idée (N.d.T.).

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J. M. Littlejohn : Les principes de l’ostéopathie – page 1/1 – Nombre de signes : 48510

Principes de l’ostéopathie

John Martin Littlejohn Ph. D. LL. D., D.O.1

On peut définir l’ostéopathie comme un système ou une science de soin utilisant les ressources

naturelles du corps pour l’ajustement 2 de sa structure, pour stimuler la préparation et la distribu-tion des fluides et forces du corps et promouvoir la coopération et l’harmonie au sein du méca-nisme corporel. Mais en plus d’être un mécanisme, le corps est son propre intendant, captant des matériaux bruts en vue de la préparation de nouvelles substances et de nouvelles forces.

Nous ne devons par conséquent pas envisager le corps comme une machine, mais comme un

mécanisme vital. Rien n’est assimilé par le corps sans avoir été auparavant vitalisé, et chaque processus intervenant dans le corps est un processus vital. Toute lésion trouvée dans le corps est une lésion vitale, reliée à la vitalité, ou vie du patient.

Si les lésions osseuses étaient les seules survenant dans le corps, elles resteraient corrigées

après le rajustement, mais ce n’est pas le cas parce que la vitalité du corps ne permet pas que la correction se maintienne. Lorsque les tissus sont anormaux, ou lorsque le corps est amaigri, il se reconstitue de l’intérieur. Par exemple, lorsque le sang est modifié, la respiration s’établit, sous l’action conjuguée de forces. Lorsque survient une condition fébrile, seul le système nerveux peut intervenir et la corriger. Lorsque le cœur est surmené, inhiber ou déprimer l’action cardiaque au moyen d’une substance chimique n’a aucun intérêt ; cela peut être bien mieux accompli par l’intermédiaire du mécanisme nerveux cardiaque.

Le mécanisme vital du corps sous-entend que chaque partie du corps est approvisionnée par le

sang circulant et par la force nerveuse, les deux fonctions d’équilibration et activités fonctionnel-les que nous utilisons dans le rajustement ostéopathique.

Santé et maladie Maintenant, si le corps est un mécanisme, un intendant et un organisme, la question est : qu’est la santé et qu’est la maladie ? La santé sous-entend l’accommodation de toutes les structures, qui sont les médias de l’expression des relations vitales, l'accommodation de l’activité nerveuse et l'accommodation de l’organisme à son environnement. S’opposant à la santé, nous avons la non-santé, signifiant la changement ou l’absence de l’une des trois conditions de la santé, pouvant ré-

1 In Notes on the Principles of Osteopathy – Published by the Maidstone Osteopathic Clinic, extracts from the

writings of J. M. Littlejohn, Centenary Edition, 1974, 34 p. Ce texte a été publié en 1974 par J. Wernham mais rédigé par J. M. Littlejohn en 1900. Traduction Pierre Tricot DO MRO (F), août 1999.

2 Le mot anglais « adjustment » est un faux ami. Sa traduction directe par ajustement pourrait suggérer remise en normalité, en conformité alors que le sens de ce mot est plutôt réglage, équilibration, harmonisation. Il doit nous orienter vers l’idée d’accommodation mutuelle, de justesse, d’harmonie au sein d’un ensemble de paramètres dy-namiques. En ce sens, il respecte parfaitement la complexité et la nécessité d’adaptation permanente du vivant par rapport à lui-même et à son environnement. Cette idée nous semble maîtresse dans la pensée de Littlejohn et la traduction littérale du mot anglais « adjustment » par ajustement altère ce concept, c’est pourquoi il nous a sem-blé important d’évoquer cette idée (N.d.T.).

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sulter des effets d’une condition anormale, quelle soit osseuse, musculaire, ligamentaire, etc. Elle peut provenir des effets d’une dysharmonie physiologique conséquence d’un régime incorrect, ou de quelque condition environnementale, agissant comme une cause excitante ou déprimante.

Au sein de l’organisme ajusté, le fondement de la vitalité se trouve dans l’action de la force

nerveuse, ainsi que dans la circulation sanguine et lymphatique, dont la composition physiologi-que dépend pour chacune de la nutrition, pour la reconstitution du sang, et d’un système tubulaire de distribution, régulé par des lois physiques et physiologiques définies.

De plus, le corps possède son propre système de drainage et c’est là que la plus grande partie

des maladies prennent origine. Éruptions et rougeurs sont l’expression de tentatives d’élimina-tion, et pratiquement toutes les maladies fébriles sont des maladies d’élimination.

Les forces nerveuses prenant leur origine dans les cellules ganglionnaires et se distribuant le

long des fibres nerveuses fournissent le stimulus à l’activité et à la nutrition du corps. L’énergie nerveuse dépend du sang et le sang dépend de l’énergie du nerf, ce qui signifie que la dépendance mutuelle de la circulation sanguine et de la force nerveuse est essentielle pour la maintenance de tissus sains.

La condition obstructive implique donc toujours l’apport sanguin et nerveux, résultant en ma-

ladie lorsque l’irritation se localise dans quelque partie du corps. En plus du durcissement et du gonflement, l’irritation primaire peut se trouver dans la contracture, dans le ramollissement anormal des tissus, y compris dans les fascia musculaires et le cartilage, associée à des modifica-tions articulaires dans les tissus durs. L’environnement normal est un stimulus essentiel à l’activité des forces sanguine et nerveuse, de sorte que la moindre modification de l’environnement peut être envisagée comme une lésion primaire.

Une ou plusieurs de ces conditions fondamentales se trouve toujours à la source de

l’incoordination des mécanismes du corps. Par exemple, la contracture ou le durcissement des tis-sus de surface résultent en un état de tension périphérique qui réagit avec chaque organe et tissu de la profondeur corporelle. Également, les modifications dans l’environnement, du régime, al-tère l’approvisionnement en matériaux de telle manière que l’organisme devient dépendant de l’approvisionnement partiel des principes proches, avec comme résultat, qu’il ne peut réparer ni construire ses cellules.

Les maladies, alors, ne sont que le résultat de quelque interférence dans l’approvisionnement

sanguin et nerveux, ou de changement dans l’environnement, de telle sorte que la méthode logi-que pour s’occuper de la maladie, consiste à ôter l’irritation, à permettre le libre jeu dans les structures mécaniques et dans les relations vitales de l’organisme. Tous les processus du corps sont constructifs, sous la dépendance des processus vitaux, régulés à partir de la mœlle épinière, avec l’exception des processus destructifs, sous la dépendance des glandes, constituant une partie du système métabolique.

À cette fin, nous appliquons la manipulation en premier aux tissus mous parce que ce sont les

tissus de connexion et qu’ils doivent être corrigés avant que nous puissions ajuster, ou maintenir ajustés les tissus durs. Avant que nous puissions tenter de nous occuper des structures osseuses, les muscles contractés, rétractés et épaissis doivent être relâchés, les ligaments tendus et épaissis

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doivent être ramollis et le fascia doit être libre. Les structures osseuse, ligamentaire, cartilagi-neuse et tendineuse son corrigées par articulation appliquée à la charpente du corps selon les principes de la mécanique, dont trois retiennent plus particulièrement notre attention : 1. l’exagération du mauvais alignement des structures de tissus durs, dans le but de les rendre

absolument libres pour la correction ; 2. l’application de l’extension, dans le but de séparer les structures mal ajustées ; 3. la correction de l’alignement des structures concernées par l’utilisation d’une méthode mixte

utilisant la rotation de l’articulation associée à un mouvement de poussée ou de traction. L’attention doit porter sur l’environnement du patient et si la cause primaire est une condition

diététique ou climatique, ou le manque d’hygiène ou de mesures sanitaires, l’organisme ne re-trouvera pas la condition normale tant que la correction n’aura pas été effectuée.

À la suite de la correction, les fluides et les forces du corps sont libérés, exerçant une influence

rétroactive sur la partie malade du corps et exploitant les ressources natives afin de soigner et de guérir. Le traitement tonique vise à ramener la circulation vers la normale ; à l’oxygénation du sang par l’action du poumon, de la peau et du foie ; au pouvoir oxydant du sang par l’intermédiaire de l’activité métabolique du foie ; à la détoxication du sang par l’intermédiaire de l’action des glandes et l’élimination des matériaux de déchets par les reins, la peau, les poumons, etc.

La température est contrôlée par l’établissement d’un équilibre au sein de l’appareil thermique

du système nerveux, et l’établissement d’un équilibre vasomoteur associé à une activité physique adaptée au corps en recourant à des méthodes de dissipation de la température et de radiation, de conduction et d’évaporation, aussi bien qu’à l’utilisation de système de sudation.

L’action intestinale peut être stimulée sans recourir à l’utilisation de cathartiques de nature

médicale, par l’élaboration et la distribution des sécrétions normales du foie et des intestins dans les parois intestinales et par la restauration de la condition isotonique des muscles des parois in-testinales. Dans les autres cas, l’action cathartique peut être assurée par l’activité viscéromotrice directe, stimulée par le système nerveux.

Le principe essentiel dans l’application de ces méthodes est la correction et l’enlèvement de

l’obstruction afin d’ouvrir les courants d’approvisionnement sanguin et nerveux, de permettre l’action libre du cœur dans la distribution du sang, régulée par le système vasomoteur, et la correction des forces nerveuses par l’action spinale. Ce principe a été appliqué sur une base empi-rique, mais aujourd’hui, il se fonde sur le rajustement, lui-même fondé sur la physiologie de l’organisme. Le point distinctif dans le traitement est l’application de quelque mesure de rajuste-ment pour mettre en œuvre les ressources inhérentes du corps afin qu’elles deviennent l’agent de la restauration de la santé.

La méthode inclut la manipulation pour la restauration des relations anatomiques normales,

l’enlèvement des obstructions et la correction des courants de forces sanguin et nerveux. Pour la restauration du corps, seuls des matériaux bruts contenant les éléments proches des principes du corps sont utilisés et rien qui soit éloigné de ces principes ne doit être administré. Stimulation ou inhibition sont appliquées dans le but express de contrôler les activités du corps, non pas au ni-veau du muscle ou de l’organe, mais au niveau du centre vital.

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L’étiologie de la maladie dépend de facteurs qui diminuent ou pervertissent la vitalité du pa-

tient, l’obstruction conduisant à l’inflammation, à l’irritation et à la malnutrition. L’amoin-drissement de la fonction nerveuse pouvant aller jusqu’à la névrose est probable dans la majorité des cas et sous-jacent à toute maladie aiguë.

Il n’existe pas de limite de démarcation entre étiologie et pathologie, qui serait plus convena-

blement décrite comme hyper – ou sous -physiologie – une pathologie de fonctionnement perverti plutôt que celle d’une anatomie morbide, la fonction pervertie précédant le changement morbide. La pathologie commence en une exagération, une diminution, une obstruction ou irritation de l’activité physiologique. La véritable pathologie, par conséquent, est la pathologie de réaction anormale.

Bactériologie Le problème de la bactériologie n’est pas l’existence ou la non existence de germes, mais la place qu’ils occupent dans la cause de la maladie. Les germes ne peuvent trouver hébergement que dans un corps affaibli ou diminué, conséquence d’un pervertissement antérieur de la fonction, suivit de névrose et de malnutrition, toutes étapes d’hyper physiologie. Les bactéries apparaissent alors comme le résultat, les effets ou les produits de processus bioplasmatiques et de nutrition pervertie. Les germes ont leur origine dans un bioplasma dégénéré. C’est un truisme en biologie que la vie sans la vie est impossible. La vie du germe est la vie de la cellule du corps, pervertie avant de parvenir au stade cellulaire de la vie, le type de germe étant déterminé par la malnutri-tion.

Nous devons par conséquent faire la différence entre deux aspects du problème bactérien et en tenir compte dans notre combat contre les germes. Il y a tout d’abord l’origine des germes dans la dégénérescence au sein de l’unité des formes de vie ou bioplaste. Ce processus peut-être tout d’abord considéré comme général, mais il devient plus spécifique lorsque les bioplastes trouvent un domaine spécifique de culture et une forme de germe spécifique. Vient ensuite le développe-ment du germe dans le domaine de nutrition au sein duquel il se trouve et qui détermine le type de bactérie. Donc, en luttant contre l’origine des maladies à microbes, nous devons chercher à les combattre dans leur stade pré-bacillaire, c’est-à-dire à leur stade de formation bioplasmatique. La chose principale ici consiste à renforcer les processus du corps. En combattant les micro-organismes dans leurs formes individualisées, telles que bacille tuberculeux, pneumocoque, etc., nous devons nous rappeler qu’ils sont les effets de processus de malnutritions et que le seul moyen nous permettant de nous occuper d’eux, ce sont des processus de nutrition. C’est pourquoi nous devons conserver à l’esprit (a) que le sang pur est le seul germicide parfait, (b) que les cellu-les tissulaires saines sont les agents phagocytant les plus actifs pour la destruction des germes, (c) qu’un organisme réajusté, ce qui inclut le rajustement de toutes les activités structurelles et de l’environnement, est le seul champ de bataille favorable pour la destruction et l’élimination des germes et de leurs toxines. D’après cela, deux grandes idées restent à élucider par la bactériologie moderne : premièrement, que le sang humain est le seul germicide naturel pour le sujet humain, et deuxièmement, que le réajustement de l’organisme est le seul fondement possible pour le déve-loppement du sang pur.

Ainsi, la bactériologie, si elle est correctement étudiée est capable de contribuer à la compré-hension de la physiologie pervertie lors d’états pathologiques. Cette manière de voir la pathologie rend possible d’élaborer une proposition, définie comme suit : Les seules voies le long desquelles

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la nature peut transmettre les impulsions et les courants de vitalité aux différents organes et tissus du corps sont celles du système nerveux. La neurologie nous enseigne que chaque organe et tissu est connecté d’une manière ou d’une autre à la mœlle épinière et au cerveau, que ce soit par les nerfs spinaux et leurs branches ou par le système sympathique et ses branches. De cette manière, une connexion est établie entre la colonne et chaque partie du corps. C’est pourquoi l’échec à re-cevoir des impulsions vitales à n’importe quel endroit du corps présuppose l’existence d’une lé-sion, d’une obstruction ou d’une irritation spécifique. Dans la continuité de cela, nous trouverons que la congestion, l’inflammation et la dégénérescence (les trois grandes parties de la pathologie) sont associées à l’échec du drainage veineux en dehors du système nerveux central, ou du liquide céphalo-rachidien à l’intérieur du système nerveux. Cela revient à dire que la circulation altérée suivant une condition d’obstruction est une cause contribuant à tous les effets que nous trouvons en pathologie. L’irritation, l’obstruction, ou la pression sont la conséquence de quelque type de lésion structurale ou d’activité.

Si ce que nous avons dit est vrai, la nature tente de créer au sein de l’organisme les conditions

antagonistes aux corps et aux substances étrangers. Cela s’accorde aux propositions d’Hippocrate, revenant pratiquement à ceci : tant que la vie perdure, la nature tend toujours vers la normale et tente de préserver les parties de l’organisme en créant des tendances normales au sein du corps. Ce que Hippocrate ne signalait peut-être pas, c’est que la tendance vers le normal peut être rendue inefficace par l’existence d’obstructions. C’est la qu’intervient la fonction du médecin, pour enlever les conditions obstructives et permettre à la nature d’établir ses tendances à la normalisation. Qu’elle soit établie par la nature ou autrement, l’objectif de la thérapeutique consiste à maintenir le champ de la nature aussi libre que possible, afin de permettre l’activité ab-solue ou maximum des processus vitaux. Dans les tentatives pour établir cette liberté absolue, le travail à accomplir peut être résumé comme suit : (1) le relâchement des tissus mous contractés et la contraction des tissus mous relâchés ; (2) le rajustement des tissus durs, c’est-à-dire l’os, le car-tilage, et les structures tendineuses, dans leur relations mutuelles. Elles représentent la charpente et la structure solide du corps, autant qu’elles influencent le fonctionnement des fluides et des forces lorsqu’ils traversent les structures mutuellement reliées ; (3) l’apaisement par inhibition de l’irritation des tissus sur-actifs, qui doit s’induire par les centres nerveux ; (4) le réveil des tissus torpides ou inactifs par la stimulation, devant également être appliquée exclusivement par l’intermédiaire des centres nerveux ; (5) l’établissement de courants libres et ininterrompus de vi-talité par l’équilibration de tout l’organisme par rapport à lui-même, à ses parties et l’adaptation du corps à son environnement et vice versa.

Le développement de l’ostéopathie L’histoire de l’ostéopathie a commencé avec la constitution de l’architecture du corps et toutes les tentatives faites pour dévoiler les secrets de l’organisme par la dissection constituèrent autant d’étapes préliminaires dans sa préparation. De nombreux investigateurs en anatomie, chimie, physique, physiologie et anthropologie ont contribué. Les grands scientifiques du passé ont rendu l’ostéopathie possible, de telle sorte que l’ostéopathie est l’aboutissement d’une longue lignée. Il a fallu probablement une période de deux siècles pour que l’accumulation de certains faits isolés par la physique, la chimie et la physiologie puissent être rassemblés et constituer les fondements de l’ostéopathie.

Les plus en vue des premiers pionniers furent les rebouteux, hommes séparés de la profession médicale et œuvrant dans l’ombre. Aucun ne savait lire ni écrire et la tradition était entre les

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mains de la seule profession médicale. Leur travail se limitait au déblocage des grandes articula-tions devenues rigides, en leur appliquant le principe de mobilité. La technique était un rapide mouvement en extension, avec une secousse associée, un craquement forcé, mais pas jusqu’au point de rupture.

Sans aucun doute, le Dr Still fut à l’origine un rebouteux,3 mais il ne limita pas son travail au

soulagement de la dislocation et il établit le principe que la libre mobilité des articulations du corps, caractéristique de toute articulation du corps, fournit une base pour les conditions de santé – ou de maladie. Autrement dit, le corps doit en fin de compte être considéré comme un méca-nisme parfaitement articulé.

L’importance de ce mécanisme trouve son expression dans les plus grosses articulations, à la

jonction des quatre membres avec le tronc, dans les articulations plus subtiles de la jonction plus délicate des vertèbres et des côtes avec la colonne, dans les articulations ligamentaires et ligamento-musculaires encore plus délicates des insertions des tissus mous sur les structures squelettiques du corps, jusque dans l’articulation de chaque organe en relation avec les autres organes. Ces raffinements n’étaient pas considérés dans le système de reboutement.

De la plus grosse à la plus subtile, ces articulations assurent la libre mobilité de chaque struc-

ture tissulaire et organique existant dans le mécanisme corporel. Elles fournissent les supports aux ramifications nerveuses allant des grands centres ganglionnaires cérébro-spinaux aux diffé-rents organes contrôlés et régulés dans leur activité en sympathie avec l’économie nerveuse géné-rale. Elles procurent des voies et des canaux pour l’influx et l’efflux de fluides aussi bien aux par-ties du corps les plus distantes qu’aux grands organes de contrôle de la vie tels que cerveau, cœur et poumons. Elles rendent possible au cerveau de distribuer ces forces et fluides vitaux et de régu-ler les processus vitaux dans tout le corps au moyen d’ondes vibratoires qui stimulent l’état toni-que normal du moindre tissu et organe.

À partir de là, il faut bien comprendre que tous les organes et tissus entretiennent une étroite

relation avec les plus délicates articulations de la charpente squelettique. Cela signifie que le plus petit déplacement, ou la moindre altération dans les systèmes articulaires, osseux, ligamentaires et musculaires interfère avec les vaisseaux sanguins et les nerfs allant vers ou venant du cerveau. La maladie résulte des effets produits par l’obstruction de la nutrition, de la production de cha-leur, dans la distribution et le dérangement de la production d’énergie. La proposition ultime de l’ostéopathie est que si ces éléments sont bloqués, alors la maladie s’ensuit. La réciprocité se trouve dans le replacement des structures déplacées, le relâchement des tissus contractés, pour ré-tablir la chaleur normale et les approvisionnements énergétiques et nutritifs.

Comme point de départ, le reboutement est valide, son succès dépendant de la rupture des ad-

hérences et de l’obstruction à la libre mobilité articulaire. L’articulation consistait à localiser le point sensible et à y appliquer une forte pression avec le pouce puis, à empoigner et tordre la por- 3 Il est certain que Still pratiqua le reboutement (des cartes professionnelles en attestent), pourtant on ne trouve

dans aucun de ses écrits personnels, ni dans aucun texte le concernant (C. Trowbridge, Charles Still, A. Hildreth) de références sur l’origine de ce savoir. Il se peut que sa soif de connaissance anatomique ait eu pour objectif de mieux connaître les structures qu’il manipulait au départ si grossièrement, ce qui le conduisit à une subtilité et une dextérité qui le fit se nommer lui-même Lightning Bonesetter (rebouteux éclair) (Trowbridge, 1991, p. 165 de la traduction) (N.d.T.).

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tion distale du membre pour vaincre la résistance musculaire en appliquant une flexion ou de l’extension dans la direction de la plus grande résistance puis, mouvement inverse jusqu’à ce que les adhérences soient rompues, habituellement avec un « craquement » sonore.

Repos et douleur Un élément important dans l’établissement de l’ostéopathie fut publié au cours du siècle dernier par John Hilton dans son livre Rest and Pain.4 Les principes développés sont similaires à ceux des rebouteux, mais y sont ajoutés les points concernant l’irritation au niveau de la colonne correspondant à l’approvisionnement nerveux de l’organe affecté, avec la douleur et les points endoloris autour de la colonne vertébrale. Selon Hilton, la douleur est l’expression de la localisa-tion de la cause de la douleur, selon le trajet de l’approvisionnement nerveux. Dès 1851, est men-tionné l’association d’un cas de douleur abdominale sévère et d’un léger déplacement entre la sixième et la septième vertèbre dorsale, la pression sur la vertèbre produisant de la souffrance dans l’estomac. En 1864 et 1870, les auteurs médicaux décrivirent la signification de la douleur intercostale du côté gauche, incluant les sixième, septième et huitième espaces, et la douleur de l’épaule, associée au foie via l’origine vague dans le plexus hépatique se distribuant à travers le nerf spinal accessoire et le muscle trapèze.

L’ultime composante pour le principe ostéopathique d’équilibration se trouve dans la réaction par rapport aux drogues. La doctrine d’Osler ne peut mieux être exprimée que par ces mots : « Le meilleur médecin est celui qui connaît la non-valeur de la plupart des médecines. » Voilà une ré-action négative, mais elle a son côté positif : il convient de recommander du repos, particulière-ment pour l’estomac, de la chaleur, de l’eau, de l’air et du temps pour récupérer les organes et particulièrement le système nerveux. Une importance spéciale est accordée au traitement mécani-que, et au traitement de la courbure spinale par le seul renforcement des processus nutritionnels. Bien que n’étant pas de l’ostéopathie, le domaine de la naturopathie est une contestation du sys-tème des drogues et prépare le terrain pour cultiver une vérité scientifique positive.

Il est clair que beaucoup de nos principes fondamentaux ont été développés par nos prédéces-

seurs ; ainsi, l’anatomie fut étudiée et présentée par les anatomistes d’autrefois. La connaissance était là, mais l’application pratique était absente, de telle sorte que l’œuvre d’A. T. Still, ne fut pas en réalité la découverte de l’ostéopathie, mais la découverte de ce simple fait scientifique, à savoir : « La maladie résulte d’une discorde physiologique dans le fonctionnement des organes, ou parties du laboratoire physiologique de la vie. La cause de la maladie peut être suivie dans les variations osseuses de la base du crâne jusqu’à l’extrémité des orteils ; dans les articulations des vertèbres cervicales, dorsales et lombaires, l’articulation avec le sacrum ; également les bras et les membres inférieurs. »

Le quatrième stade dans l’histoire de l’ostéopathie est le développement d’un principe défini

et d’une méthode systématisée de soin, non pas une série de principes, mais un unique principe, à savoir l’ajustement. Sur ce fondement, un système de thérapeutique peut être construit, qui sera co-extensif avec la maladie et l’art de guérir. À l’origine, la caractéristique première fut le rajus-tement de la charpente squelettique, et à partir de là, le point de vue fut appliqué au système tout entier, incluant (1) l’équilibration du corps par rapport à lui-même, et ses partie séparées, et (2) l’équilibration du corps à son environnement de régime, hygiène, société, cadre physique, etc. 4 Rest and Pain : traduit par Repos et douleur (N.d.T.).

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Affirmer que le principe de l’ostéopathie repose sur l’idée que la maladie résulte d’une anoma-

lie mécanique suivie de discorde physiologique est une absurdité. Un tel supposé principe, limite-rait la thérapeutique ostéopathique au traitement des maladies dans lesquelles les parties anorma-les doivent être ajustées vers la normale. Ce principe est également absurde sur le plan thérapeu-tique parce que les anomalies mécaniques ne représentent qu’un domaine particulier dans l’étiologie de la maladie. Le principe de l’ostéopathie ne consiste pas seulement au rajustement osseux, mais à l’équilibration du corps, et tout mauvais ajustement – structural environnemental ou toxique –, affectant le corps ou l’une de ses parties, tombe dans le domaine de l’étiologie os-téopathique, et tout moyen de manipulation corrective qui tend à ajuster, développer et normaliser le corps appartient au système ostéopathique.

Les drogues sont totalement écartées parce qu’il s’agit d’éléments étrangers aux principes pro-

ches du corps, qui ne s’accordent pas avec la thérapeutique visant à augmenter sa résistance. Les seules exceptions sont les germicides, les antidotes et les antiseptiques parce que ces substances contribuent à enlever les conditions vitales toxiques ou septiques empêchant l’organisme de sou-tenir sa condition normale ou d’y retourner.

Faisant suite au scepticisme négatif des anciennes méthodes de traitement, la nouvelle science

positiviste a découvert que de nombreuses soi-disant maladies sont produites par des conditions de mauvais placements, de relâchement ou de contraction du corps, provoquant des interférences avec la liberté des courants normaux de liquides et de forces, causes d’altération de son équilibre. Par conséquent, si l’on désire que la structure devienne la libre expression de la force vitale, les conditions toxiques ou septiques doivent être supprimées. Cela ne signifie pas que l’ostéopathie devrait être combinée à d’autres méthodes de traitement, mais indique que toutes les écoles de guérison s’intéressent en commun aux conditions diététiques, hygiéniques ou septiques, alors que l’ostéopathie, seule, repose sur la base de son principe fondamental : l’ajustement.

Dans l’élaboration de ce système, l’ostéopathie s’oppose à l’utilisation de tout ce qui est

étranger au corps sous forme de substances allogènes aux principes qui sont les siens, ou de mé-thodes antagonistes au mécanisme corporel. Est acceptable, l’utilisation de tout moyen pouvant être considéré comme natif au corps en tant qu’organisme et mécanisme et en harmonie avec lui. Nous reconnaissons la nécessité recourir à des mesures sanitaires et hygiéniques, mais pas le re-cours à des sérums étrangers, aux cultures de virus, à la vaccine lymphatique, aux toxines, ni à aucune autre substance malsaine. Lorsque une partie de l’organisme devient un risque pour la vie organique, la chirurgie opératoire constitue une base identique à celle de l’ostéopathie.

Dans le principe ostéopathique, il est explicite que l’étiologie de la maladie doit être reche r-

chée dans les conditions anormales au sein des arrangements anatomiques, physiologiques et en-vironnementaux de l’organisme et que pour soigner la maladie, la ou les causes doivent être sup-primées par remplacement de l’arrangement anormal par un normal, au niveau de la structure, de la fonction et de l’environnement.

Le principe d’immobilité absolue n’a pas sa place en ostéopathie, que ce soit par l’utilisation

du plâtre, de l’éclisse ou autre, parce que la mobilité est le principe de la vie et que l’irritabilité est la propriété primaire de tout bioplasma. Immobilité signifie interférence ou obstruction et fi-nalement mort. Le principe de mobilité s’applique aux cas de fractures, entorses, foulures, etc.

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Une immobilité relative, se justifie uniquement là où existe une solution de continuité nécessitant le rapprochement des parties dans le but de maintenir une continuité vitale afin de restaurer l’intégrité nutritive, et tant que cette intégrité n’est pas rétablie.

Au cours de l’histoire de la science médicale, la pensée s’est particulièrement intéressée à ce

qui était extérieur à la vie humaine. Par exemple, dans le traitement des maladies fébriles, l’essentiel consistait à mesurer la fièvre, à exciter l’activité et à stimuler la résistance vitale. Notre point de vue est similaire à celui du système homéopathique en ce sens que nous tentons d’éliminer les facteurs perturbateurs tels que la fragilité, la douleur, l’irritation, l’hypersensibilité, etc. Les anciennes méthodes étaient palliatives, ne procurant qu’un soulagement temporaire. Pour pouvoir procurer un soulagement permanent, nous devons, par des moyens naturels, supprimer les conditions agissant comme irritants ou constituant des obstructions.

La science anatomique a depuis longtemps démontré que le corps suppose certaines structures

définies mais aucune tentative pour révéler les corrélations existant entre les structures n’a été ré-alisée. La recherche physiologique a évoqué le contrôle vital par l’intermédiaire de la forme des structures tissulaires et de leurs relations. À la base de ce que nous appelons les processus, existe une accommodation vitale inhérente à chaque fonction. L’interprétation du tissu vivant doit se faire en termes de vie et non pas en terme de matière ou de simple structure, et il n’est pas suffi-sant de déclarer que la structure est reliée à la structure. Nous devons résoudre les problèmes de l’organisme corporel à partir du point de vue de l’énergie qui sous-tend l’origine des formes tis-sulaires, chaque corps assumant sa propre forme et la capacité à œuvrer. Les difformités au sein de la structure et les malajustements dans les relations entre les structures sont les témoignages de modifications dans le potentiel de la force nerveuse ou musculaire, plutôt que des expressions d’éléments inorganiques ou toxiques, ou bien de matière privée de force.

Dans le corps humain, le grand problème devient alors celui de la force ou de l’énergie :

(1) dans sa relation au corps en tant que tout. Ici, sous l’influence des forces vitales, le corps mé-canisme devient organisme ; (2) la forme de chaque structure particulière est déterminée par le type d’activité, ou la forme d’énergie, manifestée par la vie animale ; (3) chez l’humain, le type d’activité est déterminé par la force, plus le développement particulier de la structure corporelle, c’est-à-dire que dans chaque corps et dans chaque tissus, existe un cer-tain pourcentage de force.

Il convient de formuler une autre proposition : la variation du normal ne peut se produire sans

une cause suffisante et la recherche de cette cause, qu’elle soit mécanique, chimique, diététique ou chirurgicale, est fondamentale pour l’étiologie. Les conditions existant au sein de l’organisme doivent être compatibles avec l’équilibre de l’ensemble de l’organisme par rapport à lui-même et à son environnement. C’est pourquoi le problème de la thérapeutique ne se limite pas à un rebou-tement expert, ou à quelque étirement musculaire ; il réside dans l’utilisation des moyens que nous trouvons au sein de l’organisme pour l’amener à une relation correcte à lui-même et à son environnement. Ce principe global nous fournit un fondement solide sur lequel établir un système thérapeutique. Cela inclut une somme de connaissances scientifiques, compatibles avec les détails du système, permettant la comparaison avec d’autres systèmes, dans le but de démontrer lequel est le meilleur.

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Le grand principe de l’ajustement s’applique à la relation entre l’organisme en tant que tout et son environnement. Rien de ce qui est amené au système de l’extérieur ne peut remplacer l’autosuffisance de l’organisme dont la capacité à se restaurer, se réparer ou à accepter l’apport de matériaux bruts est déficiente.

En formulant et en discutant la philosophie de l’ostéopathie, nous devons reconnaître que la

continuité de la pensée et de l’histoire constitue un élément essentiel. Nouvelle science ne signifie pas nouveau commencement de pensée, pas plus qu’elle ne signifie un système isolé, mais sim-plement, rupture dans le temps constitué par l’enchaînement des événements que nous appelons histoire, offrant un point de départ pour un nouveau mouvement. D’un point de vue négatif, il y a une rupture dans le courant de l’ancienne pensée, suivi par l’application positive d’un nouveau point de vue et d’une nouvelle technique. En ces temps modernes et par rapport aux arts de la guérison, la recherche scientifique réelle se limite pratiquement à sa relation au laboratoire, à la salle de dissection, à la clinique et à l’hôpital. Dans les temps anciens il y avait seulement une idée abstraite à partir de laquelle la raison était supposée développer les faits, mais les faits étaient la plupart du temps absents en tant que résultat du processus de raisonnement.

La fondation de la médecine doit être recherchée jusque Démocrite 5 et Lucrèce, 6 qui ré-

duisirent les principes essentiels de toutes choses à un simple rassemblement d’atomes ; c’est au-tour de ces principes que s’articule toute la médecine de l’antiquité et du moyen-âge. Au moyen-âge, l’étude de la médecine est pratiquement limitée à l’étude des mots et des idées, ou norma-lisme, à partir duquel se développa le principe de symptomatologie et de nominalisme occulte, origine de la pharmacologie des temps modernes. On considérait comme essentiel pour le méde-cin de conserver dans son esprit la connaissance et la qualité des médecines qui opéraient à partir de ces réalités supposées sur la structure matérielle de l’organisme.

5 Démocrite (v. 460-v. 370 av. J.-C.), philosophe grec, qui a développé la théorie atomiste de l’Univers, dont la

première formulation fut émise par son mentor, le philosophe Leucippe. Selon Simplicius, un commentateur d'Aristote, Démocrite admettait deux principes de formation de l'Univers. Le plein, qu'il nomma, à la suite de son maître Leucippe, atomos, c'est-à-dire « indivisible » ; le vide dans lequel se déplacent les particules de matière pure, minuscules, invisibles, indestructibles et infinies en nombre. La diversité de tout ce qui est découle de la multiplicité des formes qui peuvent naître de la combinaison des atomes. Démocrite concevait la création des mondes comme la conséquence naturelle de l'incessant tournoiement des atomes dans l'espace. Les atomes se dé-placent au hasard dans le vide, se heurtent mutuellement, puis se rassemblent, formant des figures, qui se distin-guent par leur taille, leur poids et leur rythme. Ces figures peuvent elles-mêmes entrer dans la composition d'ob-jets plus complexes. Les différences qualitatives perçues par les sens entre les choses tout comme l'apparition, le déclin et la disparition de celles-ci ne résultent pas de qualités inhérentes aux atomes mais de leur disposition quantitative. Pour la première fois, un système du monde fut élaboré sans présupposer qu'un esprit eut l'intention de le fabriquer ou de le créer. La théorie atomiste préfigure la pensée moderne, non parce qu'elle utilise le terme « atome », mais parce qu'elle s'efforce de construire la complexité du réel à partir de principes réels. Cause et ef-fet doivent être définis sur le même plan. Par cette détermination d'une causalité homogène, Démocrite et Leu-cippe ont jeté les fondements de la recherche objective et de l'esprit scientifique (N.d.T.).

6 Lucrèce (v. 99-55 av. J.-C.), poète latin, auteur du De natura rerum, long poème philosophique dans lequel il expose la doctrine d'Épicure. Le De natura rerum vise à persuader les hommes de la nécessité de s'affranchir de la peur de la mort et des dieux. La théorie matérialiste qui y est développée décrit l'univers et les êtres vivants comme des agrégats fortuits d'atomes. Quant à l'âme, elle ne serait ni immatérielle ni immortelle mais se réduirait également à une combinaison d'atomes assemblés par le hasard et qui ne survivent pas au corps. Dans cette pers-pective, la crainte métaphysique et la peur du surnaturel sont sans fondement et le sage se doit de rechercher cette paix de l'âme dans le silence des passions qu'est l'ataraxie (N.d.T.).

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La première rupture vint de Vésale,7 le premier étudiant de l’anatomie moderne. Ceci fut suivi par les développements de la physiologie, sous l’influence de Harvey 8 et de Haller, 9 fondateurs du concept physiologique. À cause de ses principes occultes, la science médicale était particuliè-rement figée et c’est grâce à l’invention d’une nomenclature physiologique et à la dénomination des structures du corps qu’elle recommença de progresser vers sa forme actuelle. Ce n’est qu’au cours des 18e et 19e siècles que l’on se rendit compte que les fondements de l’art de guérir de-vaient se trouver dans la physique et la chimie et c’est dans ce domaine d’activité que l’ostéopathie s’est développée au cours des deux siècles précédents.

Les sciences exactes que sont physique et chimie constituèrent le principal obstacle au déve-

loppement de la médecine, et le diagnostic fut longtemps supposé impossible sans le langage des anciennes sciences, jusqu’à ce que l’on se rende compte que la science n’est que peu dépendante du langage et qu’elle doit nécessairement se développer à partir de ses principes fondateurs. Les sciences de la physiologie et de la pathologie ont adhéré à la nomenclature en vogue à l’époque de Harvey et Haller, mais ne parvint pas à développer le principe associé à la vitalité que l’on trouve chez ces deux auteurs. La physiologie se fonde davantage sur la chimie que sur la physi-que et la vitalité. La pathologie se fonde sur l’histoire morbide plutôt que sur la chimie, la physi-que ou la vitalité altérées. Si notre pathologie se contente d’être une pathologie du mauvais pla-cement ou du désordre et du dérangement dans le système nerveux, dépendant seulement de la mécanique du corps, alors, tout comme les anciennes écoles de médecine, notre pathologie est fondamentalement fausse.

Pathologie et physiologie prennent leur source dans la vie. La pathologie des différentes struc-

tures du corps est la physiologie de la vie œuvrant dans des structures vitales. La pathologie de la maladie est la physiologie de certaines structures qui sont anormales, mais encore vitales. Cela signifie que les perturbations et les dérangements dans l’organisme sont associés à quelque quali-té de vie. Si nous interprétons tous les changements pathologiques en relation avec une vie modi-fiée, ou des processus de vie modifiés, alors, nous sommes capables d’appliquer notre méthode de traitement pour restaurer l’activité fonctionnelle et pas seulement l’intégrité structurelle. En cela, nous corrigeons les perturbations dans la circulation, restaurons la condition normale du 7 Vésale, André (1514-1564), anatomiste et médecin flamand, l'un des premiers à pratiquer la dissection du corps

humain, dont les observations permirent de corriger des notions erronées qui prévalaient depuis l'Antiquité et de fonder l'anatomie moderne. Ses travaux lui permirent de montrer que l'enseignement de l'anatomie humaine, héri-té de Galien, se fondait en réalité sur la dissection d'animaux. À partir de ses propres dissections de cadavres hu-mains, il rédigea un impressionnant traité d'anatomie, De humani corporis fabrica (7 vol., 1543), richement et soigneusement illustré (N.d.T.).

8 Harvey, William (1578-1657), médecin anglais qui découvrit la circulation sanguine et le rôle moteur du cœur, rejetant ainsi les théories de Galien, et jetant les bases de la physiologie moderne. Harvey rendit publiques ses dé-couvertes en 1628, avec la publication de son Essai d'anatomie sur le mouvement du cœur et du sang chez les animaux. Dans cet ouvrage qui marqua son époque, il explique ses méthodes expérimentales et donne un compte rendu précis du fonctionnement de l'appareil circulatoire. N'ayant pas de microscope, le seul point important qu'il omit fut le rôle joué par les capillaires. Toutefois, il évoqua leur existence, qui fut démontrée peu de temps après par l'anatomiste italien Marcello Malpighi (N.d.T.).

9 Haller, Albrecht von (1708-1777), médecin, botaniste et poète suisse, considéré comme l'un des plus grands physiologistes de son époque. Au nombre de ses découvertes scientifiques on trouve la différenciation entre tissus sensibles et tissus irritables. L'irritabilité – la capacité d'un tissu à réagir à un facteur externe – est une propriété propre à tous les tissus vivants, tandis que la sensibilité est réservée aux tissus parcourus par les nerfs. Haller pu-blia de nombreux ouvrages scientifiques, et en particulier Éléments de physiologie du corps humain (8 vol., 1757-1766), traité important dont l'influence s'est fait sentir pendant des siècles (N.d.T.).

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sang et des autres fluides du corps et établissons la coordination au sein du système nerveux. La vie est donc le point de départ de la philosophie ostéopathique. Notre point de vue sur la

vie est entièrement physiologique et nous ne sommes aucunement concernés par la métaphysique. Certains phénomènes expriment les forces vitales, physiques et chimiques en relation avec cer-tains médias que nous appelons structures corporelles. À partir de ce point de vue, la vie est entiè-rement secondaire ou plutôt manifestation de quelque chose dont nous ne connaissons probable-ment rien. Peu importe que nous puissions ou non expliquer la philosophie dans son sens le plus profond, si nous parvenons à expliquer la vie telle qu’elle apparaît à partir du point de vue phy-siologique, les phénomènes de la vie étant reliés à nos corps en tant que média matériels d’expression. Le côté physique de la vie est un autre domaine de discussion.10

Par conséquent, si nous considérons que les phénomènes associés à la vie organique du corps

représentent la vie, alors les différents facteurs de la vie composent les processus physiologiques et c’est dans ce sens que nous suivons le point de départ du système ostéopathique, selon les mots du Dr Still : « une artère perturbée marque le commencement permettant tôt ou tard à la maladie de semer ses germes de destruction dans le corps humain. La règle de l’artère doit être absolu-ment universelle et non-obstruée, sinon, la maladie en résultera. »11

La planification thérapeutique était une considération totalement secondaire, et la technique

complètement différente de celle pratiquée par les ostéopathes d’aujourd’hui. « Tous les remèdes nécessaires à la santé existent dans le corps humain, et ils peuvent être administrés en ajustant le corps pour la provision des conditions essentielles à leur association naturelle. »12

En ce qui concerne l’étiologie de la maladie, nous avons ceci : « La cause peut en être trouvée

et existe réellement dans l'action d'excitation limitée des nerfs qui contrôlent les fluides du corps. Toutes les maladies ne sont que des effets, la cause étant un échec total ou partiel des nerfs à diri-ger correctement les fluides de la vie. »13 Ajoutons que le corps est ajusté à lui-même, à ses par-ties constituantes et à son environnement, moyen rationnel pour établir des conditions normales au sein du corps et pour établir la santé dans ce corps particulier.

En application de ce grand principe d’ajustement, en association avec les forces physiques et

la coordination physiologique, y compris les processus métaboliques au sein du corps, des tech-niques sont inventées pour manifester l’ajustement structurel. Ici prend place le principe de conversion du non-vital en vital et son incorporation à la substance corporelle, le principe d’affinité chimique ou de la compatibilité physiologique. Cela signifie que l’ostéopathie utilise certaines mesures pour exploiter les ressources naturelles du corps comme agents curatifs, ajuste les conditions structurales anormales pour assurer la préparation et la distribution des fluides et des forces du corps, obtient la coopération des activités fonctionnelles pour la promotion et l’harmonie au sein de l’organisme corporel.

10 Nous avons peut-être là un point de discorde essentiel avec Still dont le point de vue sur la vie et l’ostéopathie a

toujours été particulièrement spirituel. Dans Autobiographie , le mot Dieu est utilisé 246 fois et les formes issues de divin 56 fois. Comparons avec l’emploi de mots plus courant comme Homme (476) et Ostéopathie (275) (N.d.T.).

11 Still, Andrew Taylor. Autobiographie , p. 163. Sully, Vannes:1998. 12 Ibid., p. 77. 13 Ibid., p. 83.

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En ostéopathie, la symptomatologie est importante.14 Derrière la pathologie, se cache la phy-

siologie pervertie, conduisant aux symptômes de l’anormal qui ne sont pas pathologiques, mais l’expression physiologique et la manifestation vitale de l’organisme corporel. La douleur, par exemple, est toujours une demande physiologique pour de l’aide et une expression des besoins vitaux de l’organisme ; elle peut être envisagée comme la prière du nerf pour obtenir du sang pur ou bien est due à une stimulation trop forte.

Selon la loi de Head, les symptômes sont les expressions de formes tangibles, perceptibles et

observables de conditions régnant dans les structures plus profondes. Les symptômes sont nos seuls moyens pour établir un diagnostic différentiel. Représentant une modification dans l’activité physiologique, d’une particulière valeur pour interpréter les relations entre physiologie et pathologie, ils sont la voix de la vitalité. La symptomatologie nous donne un moyen d’expliquer la relation entre la malajustement d’un côté et la modification physiologique de l’autre. C’est un large spectre pouvant inclure la requête du système nerveux, la continuité des tissus, la relation mutuelle des organes et des structures, l’étroite relation existant entre la forme et la structure, la fonction ou l’activité. Mais le plus grand de tous est en relation avec les diffé-rents types de maux de tête, de manière réflexe, via le sympathique et à travers le système san-guin ou nerveux.

Notre plan de procédure consiste à classer les symptômes en en les reliant à une étiologie pri-maire ou secondaire. (1) Symptômes associés à l’incoordination des systèmes nerveux central ou sympathique. (2) Symptômes dépendant de la toxémie en relation avec la sécrétion et l’excrétion, nous oc-cupant d’abord de la condition d’excrétion secondaire et ensuite la sécrétion, faisant appel à la substance solide des sécrétions par l’intermédiaire du système sympathique. (3) Les symptômes qui sont reliés à la perturbation du système thermique, incluant seulement une partie limitée du système nerveux.

La manipulation des os, des ligaments et des muscles n’a aucune valeur thérapeutique en elle-même. Le massage est demeuré un adjuvant à quelque autre système et n’est jamais devenu une science. En ostéopathie, la manipulation physique est convertie en son équivalent physiologique. Cela peut être accompli par l’accélération ou l’inhibition, thermiquement ou électriquement, mais la méthode la plus proche de la normale est la mécanique, parce qu’elle opère sans épuisement, pendant qu’elle stimule et augmente les forces natives de l’organisme.

La base mécanique est l’établissement d’un équilibre rythmique. Cela est réalisé par

l’ajustement de la charpente du corps en coopération avec les activités et les relations dépendant de la force vitale, le principe animateur. Là nous trouvons les illustrations du levier, de l’articulation, emboîtement, pression des fluide et de gaz, etc., et c’est l’application de ces princi-pes mécaniques qui constitue la base de l’activité vitale.

14 Ici encore, nous pouvons noter une notable divergence avec Still : « Les deux noms [séméiologie et symptomato-

logie] sont des noms choisis pour ce système de devinette, cette méthode utilisée aujourd’hui comme jadis pour établir l’identité réelle ou supposée d’une maladie. Elle est supposée être la meilleure méthode connue à ce jour pour classer ou nommer les maladies, après quoi, la devinette commence vraiment. Quelles sortes de poisons, à quelle dose et à quelle fréquence les utiliser et deviner le bien ou le mal qui sera fait à la personne malade. » Phi-losophie de l'ostéopathie, p. 150-151. Sully, Vannes:1999.

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Ayant le pouvoir de réagir à des stimuli, la nature tend toujours vers le normal, sauf dans le cas d’obstruction qui doit être enlevée, non seulement en terme de grosse anatomie, mais égale-ment au niveau de la vie cellulaire du corps. Dans le travail d’ajustement, nous incluons : (1) les tissus contractés et relâchés et les tissus mous contractés et relâchés ; (2) l’ajustement des structures osseuses, ligamentaires, cartilagineuses et musculaires et leur rela-tion mutuelle dans le but d’établir de la mobilité ; (3) l’apaisement des tissus irrités ou suractifs au moyen d’inhibitions appliquées sur les centres nerveux ; (4) la stimulation des tissus torpides ou inactifs par l’intermédiaire des centres nerveux ; (5) l’établissement d’une parfaite vitalité par l’ajustement de l’organisme entier, à lui-même et à ses parties, et par l’adaptation du corps à son environnement ; (6) l’élimination de tous les éléments toxiques et de déchet, dans le but de libérer les conditions nutritives des viciations toxiques, particulièrement dans la vie cellulaire du corps.

La force de vie ou vitalité est transmise à travers tout le système nerveux par l’intermédiaire des nerfs spinaux et du système nerveux sympathique, ou accélérateur de la vie, en coordination avec le système nerveux central, ou inhibiteur de vie. L’échec dans la réception des courants vi-taux de type accélérateur ou inhibiteur établira toujours une lésion, une obstruction ou une irrita-tion spécifique. La valeur de ce principe est que le chemin thérapeutique est celui de la moindre résistance, la physiologie déterminant cela sans notre interférence. Là où la résistance est dimi-nuée, le chemin est ouvert, le long duquel les stimuli passeront pour assister l’organe ou le tissu faible.

La congestion, l’inflammation et la dégénérescence sont les premières conséquences de

l’échec du drainage veineux, résultant d’une circulation perturbée, et dépendant de conditions d’obstruction. La signification de ce point de vue est que la pratique de l’ostéopathie s’inquiète de la lésion ostéopathique, mais le terme doit être correctement défini. Toute variation du normal dans l’ajustement de n’importe quelle structure, et toute variation dans la corrélation de l’activité organique et de l’environnement, doit être considérée comme une lésion. Le fondement de cette corrélation se trouve dans l’union physique et anatomique des éléments cellulaires et neuronaux dans le système nerveux. Cela est connu en tant que coordination. Par conséquent, nous avons deux domaines de lésion et d’action thérapeutique, à savoir le malajustement structural et l’incoordination des activités, conditions pour lesquelles ont été conçus l’ajustement, et un sys-tème de corrélation.

Souvenons-nous que la structure inclut l’anatomie du corps vivant – pas d’un corps mort, les

changements survenant dans le mécanisme articulaire, incluant tous les tissus et organes. Ici, l’activité est orientée non pas vers les processus vitaux, mais vers le principe de mobilité, fonda-mental pour toute structure vivante. Tout tissu vivant a un mouvement, quel qu’il soit, qu’il s’agisse d’une cellule isolée ou d’un groupe. Un tel mouvement est classé comme rythmique ou arythmique, le premier type s’appliquant aux changements dans les viscères, le cœur, le foie et la rate, pendant que l’arythmique s’applique ou mouvement péristaltique trouvé dans les intestins, les vaisseaux sanguins et le cerveau.

Dans quelques organes comme le cerveau et le cœur, nous trouvons une combinaison des deux

types de mouvement – rythmique et arythmique. Au-delà du mouvement, il y a la mobilité, et au-delà de la mobilité, il y a l’activité. Sous-jacente à l’activité, il y a la vitalité générale. Si nous ac-

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ceptons cela comme notre base d’ajustement et de corrélation, alors, l’action thérapeutique doit être orientée vers la vitalité, parce que c’est la vitalité que doit utiliser tout moyen employé pour ramener l’organisme vers la normale. Comme subordonné à cette double opération d’articulation et de coordination, nous devons noter que la mobilité du tissu représente la caractéristique ryth-mique, ou inhérente du mouvement dans le tissu ou l’organe et secondement, que la mobilité arti-culaire représente les relations motrices et locomotrices des différentes parties du corps.

Vitalité Si nous disons que la vitalité est l’activité prioritaire, la question devient : « Qu’est la vie, ou vita-lité ? » Pour répondre, nous devons repérer la parenté de la vie avec les phénomènes composant notre vie corporelle. La question métaphysique de la vie n’est pas le problème de la physiologie, de sorte que la vie, au sens physiologique, consiste seulement en certains phénomènes ou mani-festations. Une fois cela accepté, alors la question suivante est : « Quelle est la relation entre la lésion à cette vie ? »

Une lésion, telle que nous l’avons définie, correspond à quelque modification soit dans la mo-

bilité, soit dans « l’articulabilité » qui sous-entend une modification dans l’activité stimulant la mobilité et l’articulation, qui en retour, sous-entend quelque variation dans la distribution de la vitalité ou dans son expression. La force vitale est présente dans chaque partie du corps, particu-lièrement dans le cortex cérébral, le grand centre d’expression de toute action vitale. D’un autre côté, les impulsions sensorielles ou motrices sous-entendent premièrement l’existence de la vitalité et secondement l’existence de l’activité en tant que stimulus.

Nous ne savons pas ce qu’est la vitalité, mais nous savons qu’elle existe par ses manifesta-

tions. Centralisés dans la mœlle, les processus vitaux dépendent pour leur expression et fonction de l’activité, de la mobilité, de l’articulation, du rythme et du péristaltisme. Toute modification dans ces activités peut résulter en un manque de corrélation, produisant du désordre et la lésion physiologique. Par conséquent, en anatomie, la lésion s’applique à la structure, et en physiologie, elle s’applique à l’activité, mais dans le corps vivant, les deux sont impliquées.

La base physiologique du malajustement structural constitue pratiquement l’ultime fondement,

parce que la physiologie représente la vie. C’est une modification dans la mobilité, dans l’articulation de l’activité coordonnée au niveau de la corrélation physique, anatomique et physio-logique des neurones avec le système nerveux. Le neurone est l’unité du système nerveux, tous étant mutuellement reliés, chaque unité ayant son origine dans le corpuscule nerveux que l’on rencontre dans la vie embryonnaire sous forme amibienne, flottant dans la canal neural. Chargés de cellules, les corpuscules se concentrent dans des régions particulières du système cérébro-spinal où ils se développent par projection de ramifications à partir du tronc cellulaire et de ses branches. À la fin, nous trouvons la cellule originale constituée du corpuscule et de l’axone ner-veux ou cylindraxe, prolongement (bioplasmatique) de la cellule en dehors d’elle-même et l’appareil dendritique, fait de ramifications stables émanant de la substance neuro-axonique. Le dendrite représente l’ultime ramification de la substance nerveuse et il constitue une ramification instable (protoplasmique).

Ainsi, le système dendritique est constitutionnellement une communication anatomique stable

alors que les dendrites sont une communication physiologique instable. Cette dernière est l’ultime action microscopique entre les éléments neuroniques au sein des différentes parties du

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système nerveux central. Elle est la base physiologique de l’activité coordonnée dans le système nerveux normal, mais également de l’activité incoordonnée dans l’anormal. C’est le domaine ul-time de la lésion, en connexion avec la modification ou le changement de l’activité, et c’est le point central du système thérapeutique ostéopathique.

Le concept ostéopathique est donc nouveau au sein de la science thérapeutique, supporté par

une nouvelle méthode de diagnostic procurant de nouvelles applications technique et pratique. Cela veut dire découverte de certaines causes de malajustement du corps et correction ou enlè-vement de ces causes. Pathologiquement, cela représente des conditions que nous pourrions ré-sumer comme suit : (1) Mauvais ajustement de la structure de l’os, du muscle, du cartilage, du ligament, de la cellule et de l’atome. (2) Altération du sang, de la lymphe et des autres sécrétions du corps. (3) Dérangements et désordres dans le système nerveux, incluant centres, ganglions et fibres. (4) Mauvais ajustements extérieurs à l’organisme corporel.

La manipulation scientifique a pour but de corriger dans tous ces domaines, à l’intérieur comme à l’extérieur du corps.

Selon cette manière de voir, l’activité fonctionnelle du corps s’établit par l’intermédiaire du

système neuronique. Il n’y aucun lieu dans le corps pour les conditions anormales et la plus lé-gère déviation de l’ajustement structural normal sous-entend quelque interférence dans l’action organique, permettant l’apparition de perturbations dans les systèmes nerveux et musculaire. Dans l’idéal, la charpente osseuse est parfaitement ajustée, les muscles sont parfaitement insérés, le sang circule librement, la force nerveuse est le principe distributeur de vie, les organes fonc-tionnent en harmonie sur la base de l’oxygénation et de l’oxydation pour les objectifs de la nutri-tion.

Par conséquent, nous devons non seulement considérer les grandes lésions dans les tissus et

les organes, mais également, la lésion microscopique au sein de la cellule. Nous devons égale-ment considérer les lois de l’énergie nerveuse qui sous-tendent la correction physiologique des relations entre les différentes parties du corps, gardant à l’esprit que la sympathie est la base sur laquelle la force nerveuse opère et fournit à elle-même les facteurs physiques, chimiques, physio-logiques et psychiques, porteurs de santé.

Le corps contient tous les remèdes naturels, mais l’équilibre normal ne peut être établi que

lorsque les processus bioplasmatiques et métaboliques reçoivent les matériaux corrects. Les re-mèdes sont produits bioplasmatiquement sous forme de bioplastes. C’est le seul matériaux que le corps peut utiliser pour sa nutrition, son assimilation ou médication dans la force nerveuse ou les fluides du corps. Métaboliquement, les processus résultant sont la base de la formation de la sé-crétion interne du sang, et il n’existe aucun processus nutritif qui ne soit fondé sur quelque forme de sécrétion interne, où aucune place n’est allouée à la sécrétion étrangère à l’économie et à la médication du corps humain.

L’ostéopathie utilise la charpente du corps, y compris les insertions, comme moyen pour éta-

blir des repères de l’examen physique et comme moyen pour rétablir les conditions de mauvais ajustement du corps. Ainsi, les parties structurelles deviennent l’intermédiaire pour une action

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J. M. Littlejohn : Les principes de l’ostéopathie – page 17/17 – Nombre de signes : 48510

thérapeutique visant à atteindre les conditions bioplasmatiques et métaboliques englobant les cir-culations, les sécrétions, etc. L’élimination comporte deux aspects : (1) Les produits du bioplasme, à savoir, toxines, bioplastes dégénérés, ou germes. (2) Les produits finaux du métabolisme ou les déchets généraux du corps.

À partir de ce point de vue, la maladie est simplement considérée comme un dérangement ou une désorganisation du corps et si la cause est découverte par l’intermédiaire des symptômes, des signes et de la pathologie, nous pouvons rétablir une harmonie naturelle, un ajustement structurel et une activité fonctionnelle normaux. Nous devons nous rappeler que l’obstruction n’est que la cause excitante, la pression interrompant la force nerveuse et la nutrition provenant de quelque partie du corps. Si un nerf est coupé de son centre trophique, il en résultera de la dégénérescence. Lorsqu’un nerf est mécaniquement stimulé avec une force suffisante pour altérer la substance nerveuse, il en résulte une condition physiologique. Sensibilité et douleur mettent l’accent sur le principe que la gaine blanche des nerfs est approvisionnée par un système nerveux particulier ap-pelé nervi nervorum. Cette sensibilité particulière constitue une protection pour les nerfs face aux conditions dangereuses et un signal indiquant de telles interférences avec la fonction normale.

Application pratique Ayant souligné le principe et la théorie de la science ostéopathique, la question devient : « comment peut-on les appliquer au problème de la maladie ? » Selon Hilton, « Implanté en l’homme, existe un pouvoir de récupération par rapport aux accidents et mésaventures de son existence précaire. » Il évoque la tumeur comme un anti-type de réparation, indiquant la capacité innée des tissus à se réparer seuls. Les processus bioplasmatiques et métaboliques qui incluent la destruction de tout élément nuisible à l’organisme et le développement d’autres éléments, consti-tuent la base des processus réparateurs agissant continuellement dans chaque organe et chaque tissu du corps. Quels que soient les endroits où la maladie peut exister et les circonstances de son apparition dans le corps, nous croyons que ce principe peut être appliqué pour sa récupération et sa régénération.

L’ostéopathie est représentée par un principe et non par un ensemble de principes. Ce principe,

c’est l’ajustement de l’organisme et du mécanisme. Il est tellement profond, qu’il peut s’appliquer dans tous les domaines de la pratique. La découverte de l’ostéopathie fut simplement l’expression d’un nouveau fait, fondé sur un nouveau principe. Elle fut le point de départ d’investigations dans l’application d’un principe à différents types de maladie. Ce principe se fonde sur l’application de l’ordre à l’organisme humain, il devient la base du diagnostic aussi bien que du traitement, représentant non pas une vérité thérapeutique négative, mais positive.15

Dans les premiers temps de l’histoire de l’ostéopathie, l’erreur essentielle fut de faire de

l’enlèvement manipulatif d’une lésion le synonyme de manipulation. Le principe d’ajustement s’applique au diagnostic de la maladie à partir du point de vue de l’interférence avec l’activité vi-tale dans la structure et l’environnement. Sa thérapeutique se fonde sur la correction ou l’enlèvement de ces conditions anormales pour permettre à un organe de retourner à la normale au niveau de son activité vitale.

15 On ne lutte pas contre quelque chose (la maladie, le microbe, etc.), on travaille avec quelque chose (la vitalité)

(N.d.T.).