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34 | CULTURE JDD | 26 juin 2016 « NOS ÉVÉNEMENTS APPORTENT LEUR PROPRE MYTHE AUX VIEILLES PIERRES QUI, EN ÉCHANGE, NOUS PASSENT LEUR ÉNERGIE » Bruno Ory-Lavollée « À L’ÈRE DES TABLETTES ET DES PORTABLES JAMAIS ÉTEINTS, PRENDRE LE TEMPS, REVENIR AU SENS ET AUX SENS N’EST PAS UN LUXE » Paul Fournier Les festivals à tout prix Acteurs essentiels de l’économie et du vivre-ensemble, les rassemblements culturels estivaux sont à la fête mais restent confrontés à diverses inquiétudes budgétaires, sécuritaires ou existentielles À l’opposé du star-system, le Festival des forêts, ceux de Chaillol, Labeaume et Noirlac misent tous sur la création avec succès… À condition d’être soutenus ALEXIS CAMPION Ce sont quatre coups de cœur, quatre festivals différents les uns des autres mais, dans le grand fourre-tout des manifestations de l’été, proches par leur démarche audacieuse. Consacrés aux mu- siques dites « savantes » classiques, contemporaines, expérimentales ou traditionnelles, ouverts aux résidences d’artistes et à la créa- tion, le Festival des forêts (Oise), ceux de Chaillol (Hautes-Alpes), de Labeaume (Ardèche) et de Noirlac (Cher) sont de véritables invita- tions à s’ouvrir à des répertoires aussi neufs que pointus et, aussi, à redécouvrir de magnifiques coins de France. Pour ce faire, ils programment volontiers des virtuoses pas forcé- ment médiatiques mais acceptant sans sourciller de rencontrer leurs publics, de jouer en pleine nature ou dans de petites églises devant moins 200 spectateurs. Pour Paul Fournier, directeur des Traversées de l’abbaye de Noirlac, tout comme pour Bruno Ory- Lavollée, prési- dent du Festival des forêts, une telle démarche s’inscrit à l’op- posé de l’image élitiste trop sou- vent accolée aux musiques classiques et contemporaines. Ancien directeur du Centre Pom- pidou, magistrat à la Cour des comptes, auteur de rapports inspirés et d’un essai sur la politique culturelle (Aimez-vous Beethoven? Éloge de la musique classique, éd. Le Passeur), Ory- Lavollée estime faire partie des « trop rares festivals » jouant réel- lement la carte de l’artistique avec une dynamique incitant le public à découvrir, à apprendre, à se sur- prendre et se dépasser… « Là où d’autres, avec des chanteurs connus de tous sinon rebattus, n’ont qu’une fonction festive d’animation terri- toriale. » Une qualité d’écoute inestimable Son Festival des forêts ne joue effectivement pas dans la cour des mastodontes qui convoitent les stars et attirent les foules, tels Carcas- sonne ou Carhaix, qui cette année organisent des concerts à 75 ou 80 € la place pour Pharrell Williams ou Maître Gims, et d’autres autour de 50 € avec Louane ou Les Insus… Pour bien moins cher – rarement plus de 32 € et souvent moins de 20 –, la mani- festation pilotée par Ory-Lavollée s’offre deux créations mondiales du compositeur Philippe Hersant; un concert sous l’eau par le bioa- cousticien marin Pierre Lavagne de Castellan; un autre dans les arbres avec la harpiste Delphine Benha- mou. « Nous sommes convaincus que le contempo- rain est l’avenir du classique. Nous avons un projet fort qui par ailleurs implique 500 éco- liers à l’année avec des ateliers d’éveil. Nous jouons aussi un rôle de mise en vie du patrimoine. Nos événements apportent leur propre mythe aux vieilles pierres qui, en échange, nous passent leur énergie. » À Noirlac, Paul Fournier met l’accent sur l’idée d’accompagne- ment des publics. « À l’ère des tablettes et des portables jamais éteints, prendre le temps, revenir au sens et aux sens n’est pas un luxe. Que ce soit dans une abbaye ou dans une campagne non polluée par le bruit, nous apportons une qualité d’écoute inestimable. » Et qu’on ne lui fasse pas croire qu’il faut cares- ser le public dans le sens du poil, soigner sa zone de confort et ne programmer que ce qui se voit et se valide à la télévision. « C’est mépri- sant! Nous constatons au contraire que les gens, petits ou grands, culti- vés ou pas, ont une grande capacité à recevoir et ressen- tir des œuvres sin- gulières, étranges… Mais pour gagner cette confiance du public, il nous faut un cadre et une attention à chaque détail. » Une mission déli- cate, aussi cruciale que payante, il en est sûr: « C’est en réveillant la curiosité de gens que l’on prouve notre force et le bien-fondé de nos actions. » Sauf que là où ces miracles opèrent, les élus ne voient par- fois que des coûts et des galères de parking dans leurs petites agglomérations. « Ils ne se posent que trop rarement la question de l’efficience de nos structures sur leurs territoires, témoigne Bruno Ory-Lavollée. Sur les sept dernières années, nous avons doublé notre public alors que nos subventions ont baissé d’un tiers. Notre plus gros financeur reste le bénévolat d’une centaine de personnes chaque saison! » Pour s’en sortir, il relève depuis trois ans un autre défi: faire entrer le mécénat dans son pro- jet. « Nous l’avons hissé à hauteur de 80.000 € avec le soutien de 40 entreprises. Une évolution positive mais qui n’enlève rien à la violence et à la responsabilité de la puissance publique lorsque, au plus haut ni- veau, elle se montre dépourvue de stratégie concernant la culture… » Des inquiétudes qui résonnent aussi en Ardèche, où Labeaume en musiques a pourtant de longue date prouvé son ancrage territorial et, surtout, son inventivité pour organiser des concerts inoubliables V oici l’été et sa pluie d’affiches colorées vantant des festivals plus attirants et garnis les uns que les autres. En France, à l’année, on dé- nombre plus de 3.000 ren- dez-vous musique, théâtre, cinéma ou danse. En termes d’offre et de diversité cultu- relle, ce chiffre nous place en tête des pays européens. Mieux, le bal de 2016 s’ouvre sans « cartocrise », cette carte alarmiste qui, l’an passé, dé- nombrait la liste des manifes- tations menacées ou annulées pour cause de rigueur bud- gétaire. Pourtant, les incer- titudes persistent. Le dossier des intermittents, dont l’ac- cord du 28 avril censé calmer les esprits n’a pas été ratifié par le Medef et la CFDT, reste inflammable. Alors qu’il se débat avec sa loi travail, le pouvoir vient de prendre les devants afin de ne pas déclen- cher d’orage: par décret, il a rendu l’accord d’avril appli- cable dès mi-juillet, ce qui a pour effet immédiat de retar- der l’entrée en vigueur d’une nouvelle convention d’assu- rance chômage, et donc de réjouir les milieux artistiques. Subventions instables Il y a aussi la sécurité, priorité absolue depuis les attentats du Bataclan, qui en- gage des frais. Elle représente désormais 5 % des budgets et aurait bondi de 30 % dans les plus grands rassemblements de musiques actuelles. En toile de fond de ces aléas, il y a toujours la lutte constante des petits festi- vals livrés à la concurrence de leurs voisins, dépendants de la bonne volonté des élus locaux et de leurs subven- tions instables. La refonte des régions – passées de 27 à 18 au 1 er janvier – ajoutée à la suppression de la dotation publique aux collectivités territoriales (11 milliards sur trois ans), fait toujours courir la crainte d’aménagements brutaux. Dans ce contexte, les uns convoitent les artistes les plus chers et misent sur le gigan- tisme. Les autres cultivent leur âme en tablant sur la qualité artistique, sur leur singularité, leur créativité, leurs liens noués avec des bénévoles et des partenaires locaux. Selon une étude de la Sacem, 1 € investi dans un festival rapporte 3 € au territoire qui l’accueille. Et c’est, bien sûr, l’ensemble du spectacle vivant qui béné- ficie de cette énergie. Pour l’exemple, en 2015, 76 % des 1.887 festivals de musiques actuelles recensés en France étaient payants: ils ont généré 155 millions d’euros de billet- terie, soit un tiers de la recette de ces musiques à l’année. AL.C. S’évader hors des sentiers Au Festival de Chaillol, dans les Hautes-Alpes, le trio Goldberg nous charme au milieu des prés. ALEXANDRE CHEVILLARD-FESTIVAL DE CHAILLOL

JDD du 26 juin 2016

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S'évader hors des sentiers l'exemple de 4 festivals hors normes dont le festival de Chaillol

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34 | CULTURE JDD | 26 juin 2016

« NOS ÉVÉNEMENTS APPORTENT LEUR PROPRE MYTHE AUX VIEILLES PIERRES QUI, EN ÉCHANGE, NOUS PASSENT LEUR ÉNERGIE » Bruno Ory-Lavollée

« À L’ÈRE DES TABLETTES ET DES PORTABLES JAMAIS ÉTEINTS, PRENDRE LE TEMPS, REVENIR AU SENS ET AUX SENS N’EST PAS UN LUXE » Paul Fournier

Les festivals à tout prixActeurs essentiels de l’économie etdu vivre-ensemble, les rassemblements culturels estivaux sont à la fête mais restent confrontés à diverses inquiétudes budgétaires, sécuritaires ou existentielles

À l’opposé du star-system,le Festival des forêts, ceux de Chaillol, Labeaume et Noirlac misent tous sur la créationavec succès… À conditiond’être soutenus

ALEXIS CAMPION

Ce sont quatre coups de cœur, quatre festivals différents les uns des autres mais, dans le grand fourre-tout des manifestations de l’été, proches par leur démarche audacieuse. Consacrés aux mu-siques dites « savantes » classiques, contemporaines, expérimentales ou traditionnelles, ouverts aux résidences d’artistes et à la créa-tion, le Festival des forêts (Oise), ceux de Chaillol (Hautes-Alpes), de Labeaume (Ardèche) et de Noirlac (Cher) sont de véritables invita-tions à s’ouvrir à des répertoires aussi neufs que pointus et, aussi, à redécouvrir de magnifiques coins de France.

Pour ce faire, ils programment volontiers des virtuoses pas forcé-ment médiatiques mais acceptant sans sourciller de rencontrer leurs publics, de jouer en pleine nature ou dans de petites églises devant moins 200 spectateurs. Pour Paul Fournier, directeur des Traversées de l’abbaye de Noirlac, tout comme pour Bruno Ory-Lavollée, prési-dent du Festival des forêts, une telle démarche s’inscrit à l’op-posé de l’image élitiste trop sou-v e n t a c c o l é e aux musiques c l a s s i q u e s e t contemporaines. Ancien directeur du Centre Pom-pidou, magistrat à la Cour des comptes, auteur de rapports inspirés et d’un essai sur la politique culturelle (Aimez-vous Beethoven�? Éloge de la musique classique, éd. Le Passeur), Ory-Lavollée estime faire partie des « trop rares festivals » jouant réel-lement la carte de l’artistique avec une dynamique incitant le public

à découvrir, à apprendre, à se sur-prendre et se dépasser… « Là où d’autres, avec des chanteurs connus de tous sinon rebattus, n’ont qu’une fonction festive d’animation terri-toriale. »

Une qualité d’écoute inestimableSon Festival des forêts ne joue

effectivement pas dans la cour des mastodontes qui convoitent les stars et attirent les foules, tels Carcas-sonne ou Carhaix, qui cette année organisent des concerts à 75 ou 80 € la place pour Pharrell Williams ou Maître Gims, et d’autres autour de 50 € avec Louane ou Les Insus… Pour bien moins cher – rarement plus de 32 € et souvent moins de 20 –, la mani-festation pilotée par Ory-Lavollée s’offre deux créations mondiales du compositeur Philippe Hersant�; un concert sous l’eau par le bioa-cousticien marin Pierre Lavagne de Castellan�; un autre dans les arbres avec la harpiste Delphine Benha-mou. « Nous sommes convaincus

que le contempo-rain est l’avenir du classique. Nous avons un projet fort qui par ailleurs implique 500 éco-liers à l’année avec des ateliers d’éveil. Nous jouons aussi un rôle de mise en vie du patrimoine. Nos événements apportent leur propre mythe aux vieilles pierres

qui, en échange, nous passent leur énergie. »

À Noirlac, Paul Fournier met l’accent sur l’idée d’accompagne-ment des publics. « À l’ère des tablettes et des portables jamais éteints, prendre le temps, revenir au sens et aux sens n’est pas un luxe. Que ce soit dans une abbaye ou dans

une campagne non polluée par le bruit, nous apportons une qualité d’écoute inestimable. » Et qu’on ne lui fasse pas croire qu’il faut cares-ser le public dans le sens du poil, soigner sa zone de confort et ne programmer que ce qui se voit et se valide à la télévision. « C’est mépri-sant�! Nous constatons au contraire que les gens, petits ou grands, culti-

vés ou pas, ont une grande capacité à recevoir et ressen-tir des œuvres sin-gulières, étranges… Mais pour gagner cette confiance du public, il nous faut un cadre et une attention à chaque détail. » Une mission déli-cate, aussi cruciale que payante, il en est sûr�: « C’est en

réveillant la curiosité de gens que l’on prouve notre force et le bien-fondé de nos actions. »

Sauf que là où ces miracles opèrent, les élus ne voient par-fois que des coûts et des galères de parking dans leurs petites agglomérations. « Ils ne se posent que trop rarement la question de l’efficience de nos structures sur leurs territoires, témoigne Bruno Ory-Lavollée. Sur les sept dernières années, nous avons doublé notre public alors que nos subventions ont baissé d’un tiers. Notre plus gros financeur reste le bénévolat d’une centaine de personnes chaque saison�! » Pour s’en sortir, il relève depuis trois ans un autre défi�: faire entrer le mécénat dans son pro-jet. « Nous l’avons hissé à hauteur de 80.000 € avec le soutien de 40 entreprises. Une évolution positive mais qui n’enlève rien à la violence et à la responsabilité de la puissance publique lorsque, au plus haut ni-veau, elle se montre dépourvue de stratégie concernant la culture… »

Des inquiétudes qui résonnent aussi en Ardèche, où Labeaume en musiques a pourtant de longue date prouvé son ancrage territorial et, surtout, son inventivité pourorganiser des concerts inoubliables

Voici l’été et sa pluie d’affiches colorées vantant des festivals plus attirants et garnis les uns que les autres.

En France, à l’année, on dé-nombre plus de 3.000 ren-dez-vous musique, théâtre, cinéma ou danse. En termes d’offre et de diversité cultu-relle, ce chiffre nous place en tête des pays européens. Mieux, le bal de 2016 s’ouvre sans « cartocrise », cette carte alarmiste qui, l’an passé, dé-nombrait la liste des manifes-tations menacées ou annulées pour cause de rigueur bud-gétaire. Pourtant, les incer-titudes persistent. Le dossier des intermittents, dont l’ac-cord du 28 avril censé calmer les esprits n’a pas été ratifié par le Medef et la CFDT, reste inflammable. Alors qu’il se débat avec sa loi travail, le pouvoir vient de prendre les devants afin de ne pas déclen-cher d’orage�: par décret, il a rendu l’accord d’avril appli-cable dès mi-juillet, ce qui a pour effet immédiat de retar-der l’entrée en vigueur d’une nouvelle convention d’assu-rance chômage, et donc de réjouir les milieux artistiques.

Subventions instablesIl y a aussi la sécurité,

priorité absolue depuis les attentats du Bataclan, qui en-gage des frais. Elle représente désormais 5 % des budgets et

aurait bondi de 30 % dans les plus grands rassemblements de musiques actuelles.

En toile de fond de ces aléas, il y a toujours la lutte constante des petits festi-vals livrés à la concurrence de leurs voisins, dépendants de la bonne volonté des élus locaux et de leurs subven-tions instables. La refonte des régions – passées de 27 à 18 au 1er janvier – ajoutée à la suppression de la dotation publique aux collectivités territoriales (11 milliards sur trois ans), fait toujours courir la crainte d’aménagements brutaux.

Dans ce contexte, les uns convoitent les artistes les plus chers et misent sur le gigan-tisme. Les autres cultivent leur âme en tablant sur la qualité artistique, sur leur singularité, leur créativité, leurs liens noués avec des bénévoles et des partenaires locaux. Selon une étude de la Sacem, 1 € investi dans un festival rapporte 3 € au territoire qui l’accueille. Et c’est, bien sûr, l’ensemble du spectacle vivant qui béné-ficie de cette énergie. Pour l’exemple, en 2015, 76 % des 1.887 festivals de musiques actuelles recensés en France étaient payants�: ils ont généré 155 millions d’euros de billet-terie, soit un tiers de la recette de ces musiques à l’année. AL.C.

S’évader hors des sentiers

Au Festival de Chaillol, dans les Hautes-Alpes, le trio Goldberg nous charme au milieu des prés.ALEXANDRE CHEVILLARD-FESTIVAL DE CHAILLOL

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JDD | 26 juin 2016 CULTURE | 35

Du rock au classique, prenez date

b SOLIDAYSLe festival dédié à la lutte contre

le sida se termine aujourd’hui avec une programmation alléchante. Au menu : Cypress Hill, Louise Attaque, Jeanne Added, Christian Olivier, St Germain, Jain... Sans oublier des conférences animées par Daniel Cohn-Bendit ou le photographe Reza. L’art de faire la fête avec in-telligence et pour la bonne cause.Hippodrome de Longchamp.Paris (Île-de-France). Dernier jour.

b JAZZ À VIENNE Capitale d’un jazz aussi fervent

que populaire, la cité romaine accueille dès mardi, en ouverture dans son théâtre antique, Ibrahim Maalouf. D’Erik Truffaz au chan-teur anglais Seal en passant par le manouche Angelo Debarre et les légendaires Randy Weston, John MacLaughlin, Chick Corea, Buddy Guy, sa programmation reste un exemple d’ouverture… Et de parité avec, cette année, Diana Krall, Cé-cile McLorin Salvant, Esperanza Spalding, Imelda May, Lisa Simone et bien d’autres.Vienne (Isère), du 28 juin au 15 juillet.

b DAYS OFFOrganisé par la Philharmonie de

Paris, sa 7e édition s’organise autour de concerts, de projections de films choisis cette année par Woodkid, d’expositions, d’événements parti-cipatifs. À l’honneur, trois artistes qu’on ne verra nulle part ailleurs en France cet été�: Benjamin Cle-mentine, Cat Power et Philip Glass(le 7 juillet avec son Dracula).Paris (Île-de-France),du 30 juin au 10 juillet.

b LES EUROCKÉENNESET MAINSQUARE

Deux des festivals rock et grand public les plus fréquentés, les plus observés… Certains, comme Louise Attaque (photo) ou Les Insus, n’hésitent pas à faire d’une pierre deux coups, ralliant Belfort et Arras. Plus anciennes, fortes de leur site naturel et protégé au bord de deux grands étangs, les Eurockéennes gardent l’avantage de leur côté cam-ping convivial. À Arras, la fête se déroule dans une citadelle Vauban chaque fois mieux aménagée pour servir d’auberge espagnole au tout-venant.Belfort (Territoire de Belfort)et Arras (Pas-de-Calais), 1er, 2, 3 juillet.

b FRANCOFOLIESLa Rochelle vibre au rythme de la

chanson française et de ses avatars plus ou moins rock, électro ou rap, avec cet été une soirée carte blanche à Youssoupha. En tête de gondole, Les Insus, Louise Attaque, Maître Gims, Miossec ou Ibrahim Maalouf, qui côtoient des valeurs montantes comme Feu�! Chatterton, Jeanne Added, Jain… Sans oublier Bernard Lavilliers, qui y dévoilera le 15 juillet un spectacle flambant neuf autour de Pouvoirs, l’un de ses albums les

plus engagés, paru en 1979.La Rochelle (Charente-Maritime),du 13 au 17 juillet.

b LES VIEILLES CHARRUESLe plus gros festival de France,

fort d’une fréquentation payante en augmentation constante (+ 14% l’an passé avec 212.712 entrées), ratisse très large. Du british rock venimeux de The Libertines aux tubes calibrés de Pharrell Williams en passant par la variété consensuelle de Louane (photo) ou la gouaille caribéenne de Calypso Rose. Paradoxalement, le phénomène confirme une tendance à l’uniformisation des programma-tions, constatée aussi à Mainsquare (Arras), à Musilac (Aix-les-Bains) ou encore à Carcassonne, qui se repassent les mêmes artistes…Carhaix (Finistère), du 14 au 17 juillet.

b FIEST’A SÈTELe festival souffle cet été ses

20 bougies entouré de légendes vivantes de la great black music�: la Cubaine Omara Portuondo, le guita-riste John McLaughlin, le bluesman Lucky Peterson, l’Angolais Bonga.Sète (Hérault), du 23 juillet au 8 août.

b FESTIVAL PABLO CASALSL’un des plus anciens festivals

de France (66 ans), né de l’exil du grand violoncelliste et catalan fuyant le régime franquiste, réunit les plus grands noms de la musique de chambre. Il célèbre les œuvres majeures du répertoire classique « De Bach à Bernstein », comme le suggère le concert du 27 juillet à Perpignan, avec le Polish Leopol-dinum Orkiestra dans le palais des Rois de Majorque.Prades (Pyrénées-Orientales),du 25 juillet au 13 août.

b LA ROUTE DU ROCKCélèbre pour son site magique –

un fort Vauban –, la Route du rock a une légitimité ancienne. Radiohead, Muse, Dominique A et Placebo y ont joué avant de devenir des stars. Mais François Floret, le directeur, sait qu’il risque sa peau s’il voit trop grand�: en 2008, endetté, il a dû faire appel aux dons pour ne pas disparaître. Cette année, il vise les18.000 festivaliers et convie des va-leurs sûres�: Tindersticks, Savages, Belle & Sebastian, The Avalanches…Saint-Malo (Ille-et-Vilaine),du 11 au 14 août.

b LE NOMBRIL DU MONDEDéfendre les arts de la parole,

renforcer la ruralité contempo-raine, le défi relevé par le conteur vendéen Yannick Jaulin obtient depuis une dizaine d’années un suc-cès retentissant avec des conteurs motivés (Pierre Desvigne, Lisa Bais-sade, Jeanine Qannari, Titus, Gé-rard Baraton) et des artistes décalés comme les accordéonistes Sébas-tien Bertrand et Philippe Krümm, ou le bioacousticien Boris Jollivet.À Pougne-Hérisson (Deux-Sèvres),

jusqu’au 25 août. AL.C.

au bord des rivières ou dans des grottes, parfois avec des légendes de la musique comme Barbara Hendricks ou François-René Duchâble. Rien n’y fait, Philippe Piroud, son directeur, qui emploie trois intermittents régulièrement sur l’année, équilibre chaque sai-son ses budgets dans l’angoisse. Surtout cette année, alors que Lau-rent Wauquiez, nouveau président de région, a sciemment laissé pla-ner la menace d’un coup de rabot sur la culture… « Notre subvention régionale, indispensable et stable à hauteur de 42.000 €, ne nous a été confirmée qu’en juin�! Quant au fonctionnement de l’intercommu-nalité, il implique des arbitrages et des luttes de clocher parfois contre-productifs. Ce n’est jamais très ras-surant. »

Il n’empêche, Ophélie Gaillard, Danyèl Waro, Thibault Cauvin et les King’s Singers, l’un des chœurs de Londres les plus cotés, le rejoin-dront en juillet pour célébrer les 20 ans du festival. Comme l’ob-serve son confrère Michaël Dian, pianiste et fondateur du Festival de Chaillol, lui-même fort d’une programmation à la fois défri-cheuse et ouverte à tous (Cumbia Ya�!, Quatuor Bela, Élodie Soulard, Fauré Project…) avec des créations uniques dispersées sur une qua-rantaine de petites communes aux environs de Gap, la culture n’est pas seulement une question d’es-thétique. Mais aussi de pratique au long court. « On ne fait pas des concerts pour faire vibrer l’air, c’est plus profond. On se bat pour que nos événements aient une portée éducative, sociale et politique sur les territoires qui nous accueillent. Sans cette dimension, qui nécessite du temps et de la confiance, on serait restés petits. » g

Oise jusqu’au 17 juillet.Tél. : 03 44 40 28 99. festivaldesforets.fr

Cher Les Traversées, du 25 juin au 16 juillet. Tél. : 02 48 96 17 16. abbayedenoirlac.com

Hautes-Alpes du 16 juillet au 12 août. festivaldechaillol.com

Ardèche du 9 juillet au 20 août.Tél. : 04 75 39 79 86. labeaume-festival.org

battus