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N°0 - FéVRIER 2014 www.cathedraledupuy.org Cat h édr a le Notre-Dame Journal du pèlerin du Puy Trésor de la Cathédrale Un pélé très frais... La maîtrise du son et du sens

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N°0 - février 2014

www.cathedraledupuy.org

CathédraleNotre-Dame

Journal du pèlerin

du Puy

Trésor de la Cathédrale Un pélé très frais...

La maîtrise du son et du sens

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Vie de la Cathédrale

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Février 2014 – N°0 – Cathédrale Notre-Dame du Puy - Journal du pèlerin – 3

Père emmanuel Gobilliard,

recteur de la cathédrale

Cathédrale Notre-Dame du Puy, Journal du pèlerin est un journal édité par Bayard Service Édition.Savoie Technolac 73377 Le Bourget du Lac [email protected] www.bayard-service.com Directeur de publication : Père Emmanuel GobilliardSecrétaire de rédaction : Leïla OufkirGraphiste : Alexandre KubiakPhotos : Cathédrale N.-D. du Puy, Journal du pèlerin, sauf mention contraire.CPPAP : en coursISSN : en coursDépôt légal : à parutionTrimestriel.

La cathédrale Notre-Dame du Puy est un vrai lieu de rencontre où se croisent ceux qui viennent déposer un cierge aux pieds de la vierge Noire, ceux qui partent pour Saint Jacques, les touristes impressionnés par la majesté du bâtiment en même temps que par sa paisible harmonie mais aussi les « Ponots » (habitants du Puy) qui la fréquentent parce qu’ils l’aiment. Ce

journal essayera de faire écho à ce qu’ils y vivent, ce qu’ils acceptent de partager avec nous. De l’intimité d’une rencontre personnelle avec Dieu en passant par le saisissement éprouvé en entendant les chants des enfants de la maîtrise ou l’admiration que cet écrin de pierres procure, tous ont quelque chose à nous transmettre, quelque chose à nous dire de ce qu’ils y ont vécu. Peut-être ne savent-ils pas que leur histoire avec ce sanctuaire est importante pour vous ? Si vous faites partie de ceux qui ont une expérience à partager, des impressions à livrer, ce journal est aussi à votre service pour que vous puissiez transmettre ce que vous avez reçu. envoyez-nous vos témoignages ou vos réflexions. On reçoit toujours mieux ce qu’on transmet ! La Cathédrale est un édifice religieux, et le religieux, c’est ce qui nous relie les uns aux autres. Ce numéro 0 est numérique pour que vous puissiez nous dire ce que vous pensez du format du journal, des textes qu’on y trouve, de ceux qu’on n’y trouve pas mais que vous attendiez. Si vous aimez ce premier numéro, vous pouvez le faire connaître et même vous abonner. Non seulement vous recevrez ce journal, pas tout à fait comme les autres, pendant un an, mais vous soutiendrez aussi, financièrement, notre sanctuaire qui en a bien besoin pour poursuivre sa mission. Merci de votre confiance. Soyez certains que... je parlerai de vous à la vierge Noire.

qui vous ressembleUn journal

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À travers villes et cam-pagnes d'Auvergne, du 6 au 15 décembre derniers, les maîtri-

siens, leur directeur, un profes-seur du collège Saint-Joseph, ainsi que les autres adultes en-cadrant les enfants, dont leur aumônier, ont vécu « en grand » ce qu'ils partagent régulière-ment quatre après-midis par semaine.

Vocation culturelleC'est un aspect que les assem-blées de la cathédrale et, d'une façon générale, les publics du Puy connaissent assez mal : la maîtrise oeuvre au dialogue sincère et exigeant entre la foi et la culture.Comme à l'occasion des huit autres concerts, mais tout spé-

cialement le jeudi 12 décembre : c'est à l'Opéra de Clermont - qui avait dû refuser du public - que cet échange entre la foi et la culture s'est concrétisé. Cela se traduisait tout simplement par une salle conquise par les voix des enfants mêlées à l'or-chestre régional d'Auvergne. Le répertoire de Noël aide beau-coup, c'est la grande chance de cet héritage populaire qui est particulièrement accessible au coeur du public comme à celui des artistes professionnels.

Une vocation à la prière et à l'intérioritéUn choeur d'enfants de ca-thédrale est-il seulement un interprète de plus dans l'univers des chorales qui chantent de la musique sacrée ? Un concert

de Noël est-il seulement un récital plus ou moins abondant de pièces sacrées, populaires ou liturgiques ? A la maîtrise, chaque concert, dans le pro-longement des célébrations qu’elle chante, veut relever un défi particulier : que le travail et la qualité musicale du chant soient au service d'un message. Non pas un message asséné de façon inopportune, mais un beau message qui se diffuse de lui-même dans les coeurs, par la grâce de sa beauté.Dans la basilique Notre-Dame du Port à Clermont-Ferrand, une soirée de cette tournée était consacrée plus spéciale-ment à relever ce défi : Haydn, Mozart, Charpentier, dans leur musique sacrée, ainsi que les compositeurs parfois anonymes

La dernière tournée de la maîtrise de la Cathédrale du Puy résume à elle seule la triple vocation de cette école de chant ardemment voulue puis mise en oeuvre par Mgr Brincard, soutenue aujourd'hui par une association, le diocèse et plusieurs partenaires.

Une musiquequi naît du silence

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des Noëls populaires, tous ont puisé leur inspiration dans les récits évangéliques, ou dans les psaumes, ou dans la foi chrétienne. Ce concert spiri-tuel voulait mettre en lumière cette inspiration, à travers une présentation orale, ou encore par la lecture des brefs ver-sets bibliques qui renouvellent l'écoute de la musique. La forme de ce concert spirituel laisse aussi la place au silence d'où naît la musique et vers lequel elle conduit l'auditeur… les applaudissements n'en sont que plus fournis à la fin.

Une vocation pour grandirC'est la musique et la pé-dagogie musicale qui constituent les « outils » éducatifs ordinaires à la maîtrise. Le pari,

c'est que grâce à ces moyens, l'enfant va découvrir et déve-lopper ses capacités. Mais cha-

cune des tour-nées compte aussi une jour-née de pèleri-nage ou d'inté-riorité. Cette tournée de décembre i n c l u a n t la fête de

l'Imma-culée

Conception, il a été choisi de la célébrer à l'abbaye Notre-Dame de Sept Fons, dans l'Allier, au-près des moines trappistes.Soutenus par la prière de cette communauté très nombreuse (quatre-vingt moines) et jeune, les maîtrisiens ont pu goûter quelques heures de calme re-posant. Trois temps forts ont rythmé la journée : la célébra-tion de la messe à l'intention du rétablissement de notre évêque ; la prière des heures avec la com-munauté et le repas en silence ; et enfin la rencontre avec le P. Marie-Emmanuel.Les questions des enfants ont fusé, face à ce moine rayonnant de foi. Au total, une rencontre qui aide à retrouver Celui qui est, au coeur de nos musiques, comme un foyer de beauté et d'amitié pour celui qui le chante. Le P. Marie-Emmanuel lançait aux enfants un appel fort et dynamique à choisir le Christ comme leur ami, donnant, avec une joie communicative, le té-moignage de sa propre réponse à Jésus, quand il a choisi d'être moine.

Père roland Bresson

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Fleurset louange

Louer le Seigneur ou lui rendre grâce peut se traduire à travers la beauté de la musique, les chants et les rites lors des célébrations, ainsi qu’à travers les fleurs qui elles aussi participent à la louange de Dieu.

Une expression spirituelleLe bouquet en liturgie doit tenir compte de plusieurs points :• Le lieu de fleurissement : le volume

des arrangements floraux sera différent dans une cathédrale, une église ou une chapelle.

• Les pôles principaux à fleurir : autel, ambon, croix, cuve baptismale, statues (…) sachant qu’ils font partie d’un ensemble à fleurir.

• Des temps liturgiques imposant couleurs, formes différentes… par exemple Avent et Carême où austérité et dépouillement sont de rigueur, Pâques où exubérance et couleurs sont plus adaptées ; l’Assomption, dans notre ville mariale où les différents pôles et l’autel de la Vierge sont par-ticulièrement fleuris.

• Du type de célébration : eucharistique, baptême, confirmation, ordination…

Une connaissance de la liturgie, du Mystère Pascal et des divers sacrements permet une expression spirituelle à travers les fleurs. Il y a alors célébration du Seigneur dans sa Création.Le bouquet doit cependant rester plus symbolique qu’allégorique, les fleurs s’exprimant elles-mêmes.

Pentecôte 2013 : le choix de la couleur rouge dominante, la forme des héliconias en haut du bouquet évoquent les langues de feu.

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Une expression artistiquePour respecter cette création, il faut valoriser le Beau et l’Amour de la na-ture. La recherche esthétique intervient alors, celle-ci ne pouvant se concrétiser qu’avec une large connaissance des critères, principes et techniques de l’art floral, tels que :• Les critères : l’équilibre (réel et vi-

suel), l’harmonie (dans la forme et les couleurs), le rythme, les contrastes, le relief, le mouvement sont à appliquer.

• Les notions de point focal (invitant au recueillement), d’espace, de rayonne-ment doivent intervenir selon le style et la forme des compositions.

• Le respect des végétaux donc de la Création doit se manifester dans le traitement de ceux-ci, employés de manière naturelle selon le sens de la pousse (verticale ou horizontale). Ils seront conditionnés de manière à gar-der fraîcheur et beauté et choisis selon les saisons, la flore et les éléments nous entourant (racines, souches, mousses et écorces…).

Ainsi s’exprimera la présence de Dieu dans le bouquet. Il deviendra alors louange.

« C’est dans la beauté de la nature  que Dieu se révèle »   

Jocelyne vuillet

« Les fleurs et presque tous les éléments de la Création ont leur place dans la liturgie comme une offrande au Créateur »

Bx Jean-Paul II

Pâques 2013 : la résurrection est symbolisée par les branches de forsythia en fleurs, le mouvement des arums et la multitude de fleurs jaunes à la base du bouquet.

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Vers Saint-Jacquesde Compostelle

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des cheminsde Saint-Jacques

Qui est saint Jacques ? Saint Jacques, l’un des douze apôtres, est le fils de Zébédée et de Salomé, et le frère de Jean. La tradition le nomme « Jacques le Majeur » pour le différencier de l’autre apôtre qui porte le même prénom, Jacques, fils d’Alphée, dit « le Mineur ». Selon la tradition, l’Espagne lui aurait été dé-volue pour qu’il l’évangélisât. Mais sa prédication en ces terres aurait été un échec. L’apôtre revint en Palestine, où il fut décapité aux alentours des années 41-44.

Comment est née la ville de Saint-Jacques-de-Compostelle ? La tradition prend ici le relais des Écritures. Les disciples de saint Jacques auraient alors recueilli sa dépouille mor-telle pour la déposer dans une barque, qui aborda en Galice, à Padrón. Ce corps fut enterré dans un compostum, c’est-à-dire un « cimetière » (telle est l’une des étymologies du nom de « Compostelle »). Il resta ignoré jusqu’à ce qu’au début du IXe siècle, le 25 juillet 813, une étoile ne vienne indiquer

à un ermite du nom de Pelayo l’emplacement de la sépulture, appelé dès lors campus stellae ou « champ de l’étoile » – ce qui aurait donné, selon d’autres étymologistes, le mot « Com-postelle ». Le roi des Asturies Alphonse II le Chaste érigea une église à côté du tombeau. Et c’est ainsi que naquit Saint-Jacques-de-Compostelle.

Comment peut-on expliquer le succès que rencontrent actuellement les chemins de Saint-Jacques ? Plusieurs événements récents sont à l’origine du renouveau des chemins de Saint-Jacques. Tout d’abord, le fait qu’ils aient été proclamés, en 1987, « Pre-mier Itinéraire Culturel » du Conseil de l’Europe. Ensuite, en 1989, les Journées Mon-diales de la Jeunesse, où le pape Jean-Paul II rassembla 500 000 jeunes à Saint-Jacques-de-Compostelle. Enfin, en 1993, le Camino Francés a été inscrit au Patrimoine Mondial de l’UNESCO ; en France, plusieurs tronçons de che-mins, édifices ou ensembles

architecturaux (parmi lesquels, au Puy-en-Velay, l’ensemble cathédral et l’Hôtel-Dieu) bénéficient également de cette inscription.

Combien de pèlerins recense-t-on chaque année à Saint-Jacques-de-Compostelle ? En 1987, 2900 pèlerins ont reçu la Compostela (certificat de pèlerinage délivré par la cathédrale) à leur arrivée à Saint-Jacques. En 2008, il y en eut 125 141, dont 2 818 avaient commencé leur pèlerinage au Puy-en-Velay.

Pourquoi Le Puy-en-Velay est-elle devenue un des grands points de départ ? La voie du Puy-en-Velay, ou Via Podiensis, est en effet la plus fréquentée des quatre grandes voies françaises. Elle est aussi la plus ancienne, puisque l’évêque Godescalc serait le premier pèlerin fran-çais à avoir pérégriné jusqu’à Compostelle en 950-951. C’est d’ailleurs à son retour qu’il a fait édifier la chapelle Saint-Michel d’Aiguilhe.

L'histoire

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Songes et couleurssur le chemin

La nouvelle exposition de Lu Yongzhong et de Philippe Bousseaud présentée au Camino, est consacrée au Chemin de Saint Jacques de Compostelle, du Puy à Conques. Peintures et Photographies représentent la richesse et la beauté de nos paysages et de notre patrimoine en divers lieux emblématiques du chemin. Visites et conférences organisées en lien avec les artistes ont accompagné l'exposition.

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L'exposition conjointe des tableaux de Lu Yongzhong, artiste renommé en Chine, et des œuvres photographiques de Philippe Bousseaud, artiste altili-

gérien est une expérience totalement origi-nale, initiée l'année dernière avec l'exposition « Voyage en Terres du milieu » présentée à l'Hôtel-Dieu. Cette présentation peintures-photographies de la Haute-Loire a voyagé depuis la France jusqu'en Chine au cours de l'année 2012 et fut sanctionnée d’un vif succès auprès du public.La rencontre entre Lu Yongzhong - maître de la peinture rurale chinoise - et Philippe Bousseaud - artiste photographe -, a eu lieu un jour d’automne 2011… Quelque chose se passe. C'est une reconnaissance qui s'opère entre les deux hommes. De ce constat, ils ont fait un voeu, celui de travailler ensemble et d'unir leurs talents pour partager leur vision du monde, un monde axé sur la beauté, la vie et l'espoir. A l'initiative de Christine Arsoneau, présidente de l’ADIV, un projet plus ambitieux a vu le jour : peindre et photographier l'univers du chemin du Puy-en-Velay à Saint-Jacques-de-Compostelle. Le chemin est porteur d'une symbolique extrêmement forte rejoignant leur conception d'un art au service de l'humanité, tournée vers un monde de paix. Le chemin s'est imposé de lui-même car plus qu’un pèlerinage, une randonnée, une simple marche à travers un paysage contrasté et varié, il est une ouverture sur le monde, sur soi et sur les autres. Quoi de plus naturel, dès lors, de le choisir comme symbole de leur travail.

Philippe Bousseaud, photographe S’approcher de l’image parfaite...

Né en région parisienne, Philippe Bousseaud a pratiqué plusieurs métiers avant de se consacrer entièrement à la photographie. La nature et les voyages ont façonné sa vision. Il est en quête perpétuelle de lieux magiques qui nourrissent l'âme, une recherche jamais assouvie d'images reflétant la beauté du monde. Il est l'auteur de douze ouvrages et collabore au sein des agences photographiques Biosnature et Naturimage. Il est aussi coéditeur des éditions Jardin des Arts. Longtemps, il a partagé son activité entre l'édition - livres, magazines ou reportages - et le domaine artistique au travers de multiples expositions, salons, festivals, en France comme à l'étranger. Depuis sa rencontre avec le peintre chinois Lu Yongzhong en novembre 2011, il travaille sur des projets communs qui circulent entre la Chine et la France. Ainsi, aujourd'hui, c'est vers l'artistique qu'est dirigée la plus grande part de son travail. L'ouverture, fin 2010, d'une galerie au Puy-en-Velay offre la possibilité d'une exposition permanente de ses oeuvres. Sa réflexion s'est focalisée sur la signification et l'importance de l'image. Elle le conduit à approfondir la composition, à jouer sur la lumière et les couleurs pour tendre vers l'harmonie et l'équilibre. Il y a le désir impossible de s'approcher de l'image parfaite. Une perfection qui demande de quitter le rôle de photographe pour celui de peintre, s'affranchir du réel pour se transposer dans le symbole. L'essentiel est de donner du sens, de l'émotion, du ressenti à l'oeuvre. La photographie devient une image au pouvoir évocateur sur la beauté, le rêve, la vie.

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Pour Lu Yongzhong, Philippe Bousseaud et Christine Arsoneau, il fut nécessaire d’en reconnaître le tracé, découvrir les paysages qu'il traverse, en sentir les effluves qu'il dé-gage. Sa diversité et sa singularité furent une source d'inspiration permanente, un terrain fertile où puiser matière à leur créativité. L’architecture des villes et villages traversés, les monuments, les chapelles et églises ont été comme autant d'oasis le long de son parcours.L'ensemble de l'exposition nous délivre son message si simple en apparence mais ô combien ambitieux : celui d'un voyage de l’humain vers l'humanité, d'un homme sur le chemin de sa vie dont les songes colorés sont comme les étoiles qui guident le voya-geur dans le désert.Le camino, lieu de rencontre et de culture, constitue un écrin parfait pour recevoir une telle exposition.

Lu Yongzhong, peintre Des figures abstraites et exagérées...

Né dans une famille de paysans de la région de Jinshan, au sud de Shanghai, Lu Yongzhong a déjà un parcours riche. Plusieurs fois distingué et récompensé par les autorités culturelles de son pays, Lu Yongzhong se voit offrir la possibilité de montrer ses oeuvres à l'Exposition Universelle de Shanghai en 2010. Ses peintures ont été exposées à l'étranger, au Japon, en Inde, aux Etats-Unis, en Grande Bretagne et en France au musée Picasso à Paris. Certaines de ses oeuvres sont collectionnées par des particuliers, des entreprises ainsi que des musées. Lu Yongzhong s’inspire de la peinture paysanne de Jinshan qui fusionne différents types d'arts populaires tels que la broderie, la coupe et le pliage de papier, le tissage, les estampes et les fresques. Enracinée dans le folklore de la vie locale, cette forme de peinture, à la fois romantique et réelle, prend sa source d'inspiration dans la vie quotidienne. Les couleurs vives, les traits bruts et simplifiés, les figures abstraites et exagérées sont ses particularités. Chaque tableau raconte une histoire. En 2000, il a fondé « Lu Yongzhong villa » où un showroom présente des peintures paysannes. Au milieu d'un jardin de pêchers et au bord d'un étang, c'est un endroit propice à la création pour les peintres et un lieu de relaxation pour les visiteurs. En 2012, « Voyage en Terres du milieu », est la première grande exposition en France, au Puy-en-Velay, ville classée au Patrimoine Mondial de l’Humanité par l’UNESCO. Une exposition commune avec le photographe Philippe Bousseaud met en lumière deux regards sur la Haute-Loire.

Galerie Jardin des Arts Philippe Bousseaud 12 rue Pannessac 43000 Le PUY-eN-veLAY tél. 09.71.57.45.94www.philippebousseaud.fr

Un catalogue édité pour l’exposition est disponible à la Galerie Jardin des Arts.

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Avec quelques mois de recul, que peut-on dire au retour de deux mois de marche

(16 avril – 17 juin), du Puy à Saint-Jacques-de-Com-postelle ? Marcheur solitaire jusqu’à Cahors, j’ai ensuite pé-régriné avec trois compagnons de route. La première chose qui me revient à l’esprit, c’est la marche. Non, pas la marche en tant que performance phy-sique, mais la succession des étapes, jour après jour, vers le but qu’on s’est fixé. Tout dé-pend, bien entendu, de l’esprit dans lequel on se met en route : partir en pèlerin, c’est partir en quête, se sentir attiré, pas après pas, et plus encore, se savoir attendu tel que l’on est, avec

Témoignage d'un pèlerin

Au retourde Saint-Jacques

ses limites et ses richesses, ses réussites et ses échecs. « Messire saint Jacques », comme l’appe-laient les pèlerins d’autrefois, n’était que le serviteur de son Seigneur, et « pèleriner » c’est répondre avec lui à un appel intérieur. La marche du che-min et la démarche intérieure s’appellent l’une l’autre.Autre impression marquante : celle laissée par les multiples rencontres au fil des étapes. Cette route d’Europe attire des hommes et des femmes de tous pays et de tous continents. Tout ce monde emprunte le même itinéraire, avec des motivations certes très diverses, mais avec un esprit d’entraide et dans le respect de chacun. Si on peut parler de laïcité, ce n’est pas celle de la neutralité, mais une laïcité d’accueil et de respect. Plus que de la tolérance, c’est le droit reconnu à chacun d’être ce qu’il est dans sa quête de vé-rité : une invitation à construire la paix par la rencontre et le dialogue. Le sans-gêne et la désinvolture existent aussi ! Il faut parfois s’armer de patience et maîtriser ses nerfs. Mais ce

chemin d’Europe reste une invitation à la paix. Qu’on le veuille ou non, c’est la foi qui, depuis le IXe siècle, a lancé des milliers d’hommes et de femmes sur cette route. Je pense qu’aujourd’hui encore, la majorité de ceux qui attei-gnent le but le font dans un esprit de pèlerins. Ceci dit, le camino reste ouvert à tous. A chacun sa liberté de conscience, mais reconnaître cela est une simple question d’honnêteté intellectuelle. Ce chemin a une âme. Il deviendra démonstra-tion folklorique abandonnée à l’exploitation commerciale pour des gens en quête d’éso-térisme si nous l’oublions... Quittons-nous sur ce vieux refrain : « Quand nous fûmes à Montjoie1, fûmes joyeux de voir une si belle église, en ce saint lieu, du glorieux ami de Dieu, Monsieur saint Jacques, qui nous a tous préservés, du-rant ce saint voyage ! »

Père henri Demars, pèlerin

1. D’où les pèlerins découvraient Santiago à leur arrivée.

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Notre-Dame du PuyPélé du Puy :

la jeunesse y croît ! L

e pèler inage du Puy existe depuis 2009 et veut être un lieu de rassem-

blement et d’unité pour tous les étudiants et jeunes pros de Rhône-Alpes et d’Auvergne. Les différentes routes convergent vers la Cathédrale du Puy-en-Velay.C’est aussi un lieu de par-tage : les jeunes se retrou-vent en « route ». Qu’est-ce qu’une « route » ? Il s’agit du nom donné aux diffé-rents groupes participant au Pélé du Puy. Une « route » peut-être animée par une paroisse, un mouvement, un groupe de prière, une communauté. Il existe aussi la « route du sourire », avec un programme adapté, pour les personnes en situation de handicap. Le pélé est un

temps pour se questionner et se ressourcer à travers des espaces de prière, les sacre-ments, la musique… Nous vous attendons nombreux ! Renseignez-vous auprès des aumôneries pour connaître les « routes » organisées qui pourraient vous convenir.

Concrètement, comment ça marche ?Le samedi, marche en route vers Saint-Paulien suivant dif-férents itinéraires ; 17 heures : arrivée à Saint-Paulien. La soi-rée se déroule entre catéchèses, témoignages et échanges, et se finit par une grande veillée de prière. Le dimanche matin, temps de rencontre ou de catéchèse, puis départ de la marche vers Le Puy, où tous les étudiants sont attendus pour la messe de clôture dans l’après-midi.

rendez-vous les 5 et 6 avril 2014Attention préparez-vous à vivre un pélé comme vous n’en avez encore jamais vécu… ! voici l’invitation faite aux jeunes sur le site du diocèse de Lyon : « La route a beau être la même, elle n’est jamais vraiment la même ! Car cette année nous marcherons sur le thème : « Devenez ce que vous êtes et mettez le feu au monde ». Opportunité pour rencontrer de nombreux autres diocèses. Le pélé du Puy se déroulera le week-end des 5 et 6 avril 2014. Alors retenez votre week-end ! Sachez que pour cette 6e édition il y a du nouveau ! vous pourrez choisir les enseignements auxquels vous voulez participer et ainsi discuter ensuite sur ce thème avec les autres jeunes. en bonus, le spectacle Le bon larron de Damien ricour, sera joué sur place !invitez vos amis et intégrez-vous à une route (+ de 30 routes diverses) et cette année attention une route de plus s’ouvre pour les jeunes actifs ! tout le monde est convié ! (18/35 ans) Plus d’infos : www.jeunes-lyon.cef.fr

N Ot r e DA M e D U P U Y

14 – Cathédrale Notre-Dame du Puy - Journal du pèlerin – N°0 – Février 2014

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Pourquoi diantre partir en pélé ?TémoignAge

étrange de partir en pèlerin sur les chemins lorsque Jésus entre en roi triomphant à Jérusalem ! Pourquoi diantre vouloir vivre un temps de recueillement et de dépouillement !? Cette marche a surtout été pour nous un temps fort de communauté. temps de prière, temps d’enseignement, marche en silence et chants de marche, rires et repas ont ponctué notre samedi. A notre arrivée à Saint-Paulien a eu lieu notre premier contact avec les Amigos qui encadraient l’organisation. Le thème de la joie a pu être par la suite filé : joie plénière mais éphémère grâce aux délicieuses saucisses-lentilles du Puy ; joie

davantage profonde lors du temps d’adoration du soir. réveil matinal le dimanche pour ceux qui ont pu fermer l’œil : c’est une matinée de marche qui nous attendait pour que nous rejoignions le lycée Saint Jacques de Compostelle au Puy-en-velay en temps voulu. Nous nous sommes ensuite retrouvés à la Cathédrale du Puy pour la messe des rameaux avec le cardinal Barbarin avec l’entrée de Jésus sur son petit âne qui se tenait devant nous en toute simplicité. Deux jours pour enraciner notre foi et notre joie d’être ensemble unis !

Gaëlle, pélérine de l’édition de 2012

Notre-Dame du Puyla jeunesse y croît !

Un millier de jeunes chrétiens, venus des régions Auvergne et rhône-Alpes, ont participé au cinquième pèlerinage des étu-diants du Puy-en-velay, ce week-end. Certains sont habillés en tenue de scouts, d'autres sont en jeans et basket. ils ont entre

18 et 25 ans, ils sont Lyonnais, Ponots ou Clermontois et tous ont suivi un programme très chargé depuis samedi.Marche, méditation, prière, messe entre Saint-Paulien, Polignac et Le Puy-en-velay ont bien occupé le millier de jeunes participants à ce qu'une bénévole du diocèse de Lyon qualifie de « moment privilégié de partage ». « Les jeunes peuvent ainsi constater qu'ils ne sont pas tout seuls, ajoute Marie-hélène. Ce n'est pas toujours facile de dire qu'on est chrétien dans la société actuelle. » Le thème de cette année suit celui donné par Benoît Xvi à l'année 2013 : la foi. « Je crois en la résurrection de Jésus Christ. La foi, ça fait trente ans que je l'ai », plaisante Matthias, un Clermontois de 25 ans. Lui et Bertrand, un compatriote, voient ce week-end comme « un moment de recueillement fort, une retraite ».eglantine, 22 ans, est aussi là pour exprimer sa foi, mais pas seulement. « C'est l'occasion de retrouver des amis », déclare-t-elle en montant vers la cathédrale Notre-Dame de france. Mathilde est un peu en retrait cette année. Après deux pèlerinages, elle s'est proposée pour être bénévole. « Les gens sont surpris de nous voir en procession. Et certains sont parfois marqués par notre passage. »

Nora Gutting, La Montagne, 8 avril 2013

« Un moment de recueillement fort »

N Ot r e DA M e D U P U Y

Février 2014 – N°0 – Cathédrale Notre-Dame du Puy - Journal du pèlerin – 15

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Autour du 15 août dernier a eu lieu un événement important dans la cité mariale : un colloque suivi d’un « acte de confiance » à la Vierge Marie. Le colloque a rassemblé, grâce au père Bernard Peyrous, recteur des sanctuaires de Paray-le-Monial et autour du cardinal Paul Poupard, des théologiens, des historiens, des personnes engagées au service de la cité, des témoins pour une réflexion autour de la question de la prière pour la France.

Des sanctuaires, dont celui de Notre Dame de France, ont l’habitude de prier pour notre pays, ses dirigeants et ses habitants. Mais, que deman-

dons-nous à Dieu lorsque nous prions pour la France ? Que notre pays soit le meilleur ? Qu’il réalise sa vocation ? Qu’il soit accueillant ? C’est à ces réponses et à bien d’autres que les intervenants ont répondu avec brio. Relayé dans les médias, ce colloque a attiré un public nombreux. En raison de la qualité des inter-ventions, un recueil des actes du colloque devrait voir le jour pour permettre au plus grand nombre d’en bénéficier. Ceux qui sont intéressés par ces actes pourront d’ailleurs se

N Ot r e DA M e D U P U Y

Vierge Marie, mère de lumière

16 – Cathédrale Notre-Dame du Puy - Journal du pèlerin – N°0 – Février 2014

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N Ot r e DA M e D U P U Y

faire connaître au secrétariat du sanctuaire en envoyant leurs coordonnées : [email protected] statue de Notre Dame de France, toute restaurée, a été honorée pendant la proces-sion et la veillée de prière du 14 août au soir. Des milliers de personnes ont adressé, à la suite de Mgr Brincard, du cardinal Paul Poupard, de Mgr Luc Ravel, évêque aux armées, et Mgr Jacques Habert, évêque de Sées un « affidamento », un acte de confiance à Marie.

Pourquoi une consécration à Marie ?A la croix, Jésus a fait don de sa Mère à Jean et par lui à chacun de nous « Fils, voici ta Mère » Jn 19,27 Surabon-dance d’amour de la part de Celui qui s’est livré par amour pour les hommes. Jésus nous donne sa Mère et tant Notre-Dame du Puy que Notre Dame de France nous donnent Jésus, son Fils. « La consécration à Marie fait écho à la volonté ultime du Christ. L’acte de consécration, c’est prendre Marie « chez nous » comme l’apôtre Jean le fit au pied de la croix. » nous dit Mgr Brincard. Jésus est le seul rédempteur mais, Il nous donne Marie comme mère, comme celle en qui nous pouvons placer notre confiance en croyant à son amour maternel. En nous remettant entre les mains de Marie, nous nous unissons à son « oui » pour faire tout ce qu’Il nous dira en vue de la Gloire de Dieu.

Extraits de l’acte de confiance«Vierge Marie, nous te remercions d'être avec nous, comme tu étais autrefois auprès de Jésus, des apôtres et des époux des noces de Cana ainsi que de toute leur famille et de leurs amis…Nous te remercions d'être pour nous : Notre-Dame du Puy, Notre-Dame de la Prière, Notre-Dame de Chartres ; Notre-Dame de Rocamadour, de Fourvière, de Paris, Notre-Dame de Lourdes, de la Salette, de la Garde et de tant d'autres lieux, comme autant de grains du chapelet qui font de notre pays un Rosaire vivant en ton honneur, … Nous avons confiance en toi, parce que tu es Reine et Mère de Miséricorde. Tu es notre vie, notre douceur et notre espérance. Tu es notre avocate tournant vers nous des yeux pleins de bonté. Tu es aussi celle qui nous montre Jésus maintenant et au terme de notre exil…Nous te confions :• les familles qui habitent en France, en métropole et au-delà

des mers,• les jeunes dont nous voudrions qu’ils éprouvent aujourd’hui

et demain l’estime et l’affection de l’Église,• les anciens, ces maillons nous reliant à la longue chaîne de notre

histoire et qui nous ont transmis la vie,• les pauvres parmi nos concitoyens,• les malades,• ceux qui sont abandonnés par leurs proches ou à cause de

notre égoïsme.Viens au secours des malheureux, console les affligés, prie pour le peuple chrétien et pour les ministres ordonnés de l'Eglise, intercède pour les consacrés. Qu’ils ressentent tous ton aide, ceux et celles qui t'invoquent, toi Notre-Dame de France ! Vierge Marie, notre Mère et notre Reine, avec toi, nous voulons être tout à Jésus, à la gloire du Père dans l’Esprit Saint. Amen !

Mgr Henri Brincard

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PatrimoineLe trésor brodé

de la cathédrale

La Cathédrale, grâce à de merveilleux collectionneur, Daniel et Josiane Fruman, à l’aide de l’Etat et d’un mécène généreux, possède l’une des plus belles collections de broderies liturgiques au monde. Elle est présentée dans le cloître de la cathédrale. Dans ce journal, nous avons choisi de vous faire découvrir l’un de ces joyaux qui sera accompagné d’un commentaire historique et technique de Daniel Fruman en personne et d’un commentaire spirituel du recteur de la cathédrale. La première présentée est en lien avec la fête patronale de la Cathédrale, la fête de l’Annociation.

Un p a n n e a u d e 27x38cm est décoré d’une scène de l’An-nonciation : une

production typique de l’Ita-lie méridionale, surtout des villes de Lecce et de Naples, au XVIIIe siècle. La technique employée consiste à recouvrir un carton de quelques milli-mètres d’épaisseur d’une fine couche de cire sur laquelle on pose des fils de soie en suivant les contours des zones à représenter et à les coller fermement aussi régulière-ment et serrés que dans une broderie. On parle alors, par extension, de broderie à fils collés puisque le résultat ob-tenu s’apparente à celui de la broderie en couchure où les

fils posés sur l’étoffe sont fixés par des points croisés piqués au travers de l’étoffe. En jouant avec la qualité et la couleur des fils de soie et métal, la façon de leur faire épouser les contours des objets et per-sonnages, la manière d’ac-centuer les plis des vêtements avec des nuances diverses, et la délimitation de l’espace, les artistes réussissent à créer de véritables œuvres d’art. Cependant, cette technique ne se prête pas à la réalisa-tion des carnations, figures et membres des personnages, qui sont obtenus par pinceautage à la détrempe sur un satin de soie fixé à l’aide de la couche de cire. À gauche de notre panneau, devant un lit clos par

une draperie, la Vierge à demi retournée est agenouillée sur un prie-Dieu où se trouve un livre ouvert faisant apparaître peut être la prédiction d’Isaïe «Voici, la jeune fille deviendra enceinte, elle enfantera un fils. » (Is 7, 14). Elle est surmontée de trois chérubins et de la colombe du Saint Esprit. Au centre, sur un escabeau, un panier contient son ouvrage. À droite, l’Ange de l’Annon-ciation est accompagné de deux angelots portant le lys, et de deux chérubins sur un nuage. La scène se passe dans une pièce au sol en damier en perspective, fermée par un mur lambrissé décoré d’un pilastre.

Daniel fruman

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Le trésor brodéde la cathédrale

Dans cette scène de l ’Annonc ia t ion , nous voyon s l a v ierge Mar ie en

prière. Elle dialogue avec son Dieu et vit avec lui une intimité unique. Pourtant l’ange vient déranger cette in-timité, il fait irruption dans la vie de Marie pour en changer radicalement le cours. Quand on aime, il faut s’attendre à être surpris, bousculé par l’autre. Par l’amour, notre vie est bouleversée, son cours peut en être radicalement changé. C’est exactement ce qui se passe pour Marie. Dieu, par l’ange, lui annonce qu’elle va être la mère de son Fils bien-aimé. Elle va être mère, elle qui avait renoncé,

par sa consécration virgi-nale, à la maternité. Par son acceptation, par son « oui », Marie permet au Très Haut de se faire le très bas, elle permet à Dieu de partager notre humanité avec ses joies et ses souffrances, avec ses combats aussi. Celui que le ciel ne peut contenir va se faire l’un de nous, Dieu pré-sent dans un enfant, dans un embryon même ! Le Verbe, la Parole de Dieu choisit d’être muet, peut-être pour nous apprendre à nous taire et à écouter, comme Marie, à être attentif au tout Autre qui se manifeste souvent à notre porte dans la personne du pauvre. Le tout puissant se fait vulnérable, peut-être

Scène de l’annonciation :

un Panneau de 27x38 cm.

pour nous apprendre l’hu-milité qui obtient beaucoup plus que l’orgueil et la volonté de puissance. L’humilité nous obtient l’amitié de ceux que nous aimons. Marie, l’humble servante, à l’écoute des be-soins de l’humanité devient à l’Annonciation la demeure de Dieu pour qu’à notre tour nous puissions recevoir Dieu dans notre cœur et porter, avec lui, en lui, notre huma-nité souffrante et qui a soif d’être aimée »

Père emmanuel Gobilliard

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Les légendes médié-vales et la tradition relatent des guérisons de femmes gallo-ro-

maines sur une pierre du mont Anis ; le locus d’Anicium est mentionné par Grégoire de Tours.D’autre part, les données archéologiques attestent la présence d’un sanctuaire païen, puis chrétien, dédié à la Vierge Marie, ainsi qu’un centre épiscopal. La fonda-tion d’un sanctuaire marial est à rapprocher d’un décret du concile d’Éphèse (431) instituant la Vierge, mère de Dieu, la Théothokos.Anicium devient un centre de pèlerinage très fréquenté, la ville se développe autour du sanctuaire et du quartier épiscopal, sur les flancs sud et ouest du mont Anis, ceci du Xe siècle à nos jours. (Ani-cium, Podio Sanctae Mariae, le Puy-en-Velay)Témoignage de la renom-mée du sanctuaire dans la

chrétienté : le pape Léon IX, en accordant le pallium à l’évêque Etienne de Mer-coeur en 1051 déclare : « Nulle part la sainte Vierge ne reçoit un culte plus spécial et plus filial de respect, d’amour et de vénération que celui que les fidèles de la France entière lui rendent dans cette église du mont Anis autre-ment dite du Puy Sainte Marie ».Les papes, les rois et les chré-tiens anonymes honorent le sanctuaire de leurs visites et le comblent de leurs dons.

La cathédrale : un édifice unique par son accès centralA l’apogée des pèlerinages, XIe, XIIe et XIIIe siècles, le nombre croissant des pèlerins nécessite l’agrandissement des églises, dont celui de la cathédrale du Puy.La topographie des lieux im-pose un agrandissement à l’ouest en deux campagnes de travaux, aux XIIe et XIIIe siècles : l’édif ice pri-

mitif comporte un chœur et une nef de deux travées ; la nef est agrandie de quatre travées supplémentaires, deux reposent sur le remblai, les deux autres sur le vide !Ces quatre travées se mani-festent par le porche ; intro-duisant un accès central direc-tement dans la nef, le porche soutient la nef, prouesse ar-chitecturale et ingéniosité des hommes de l’art ! Un bel effet pour passer de l’ombre à la lumière, une conversion des cœurs…Fermé à la fin du XVIIIe, cet accès sera ouvert à nouveau lors des travaux effectués de 1994-1998. Imaginons un instant le peuple médiéval en pèlerinage au Puy. Situons-nous dans ce contexte : la crainte de l’enfer est très pré-sente, il faut expier ses fautes, le seul moyen de « gagner son paradis » et de sauver son âme consiste à faire pénitence, à se mettre en route vers un sanc-tuaire, prier les intercesseurs

Histoiredu sanctuaire marialLa ville du Puy-en-Velay occupe un site remarquable et singulier, façonné par une activité volcanique exercée il y a un à deux millions d’années. Les vestiges de cette activité accueillaient vraisemblable-ment des lieux de culte avant l’ère chrétienne : rochers d’Aiguilhe et Corneille, mont Anis.

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du sanctuaire marialprivilégiés que sont la Vierge Marie et l’archange Michel !Mais au Puy, point de tym-pan pour expliquer le Juge-ment Dernier qui attend tout chrétien après sa mort, une Sainte Ymage et une pierre miraculeuse dont on espère la guérison des maux !Le peuple aime les légendes, le merveilleux, écoute les récits de ceux qui se sont déjà ren-dus au Puy et aussi en Galice, prier l’apôtre Jacques… c’est la direction, un des chemins !Les hostelleries sont pleines, la rue des Tables est encom-brée d’étals où sont vendus orfèvrerie et colifichets, de pèlerins et de mulets… devant la cathédrale, on emprunte la rue des Gazes, on pénètre sous le porche où s’achètent les images, les cierges et les enseignes… la foule est dense, surtout lors des jubilés, peut-on voir les peintures de la Vierge présentant son Fils à la vénération ? La transfigura-tion du Seigneur, manifesta-tion de Sa divinité ? Peut être ! On gravit l’escalier, et là, sur « une table », siège l’image de Marie : une statue, coif-fée d’une couronne étrange, revêtue d’un manteau d’où émergent les visages noirs de Marie et de l’Enfant Jésus !

leS viSaGeS noirS de

marie et de l’enfant

jéSuS, danS la

cathédrale

Entourée de cierges, quel saisissement !Dans le chœur : la pierre mira-culeuse, de teinte sombre, on la touche, on veut s’y allonger pour trouver un soulagement physique et spirituel à ses maux ; mais déjà, il faut sortir par les deux bras du transept !De nos jours, le cheminement est le même, différents amé-nagements ont été réalisés à la fin du XXe siècle : restitution de l’accès central, réaménage-

ment du chœur et de l’autel de la Vierge, nettoyage des parements. Comme hier, de très nombreux croyants, pè-lerins, jacquaires, visiteurs ou touristes, se rendent au sanctuaire marial, où Marie les accueille, les comblant de ses grâces d’intercesseur privilégié auprès de son fils.Venez et vous serez séduits par tant de beauté, spirituelle et architecturale !

Cécile Seguy Burger

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Un jour quelqu’un avait apporté, à la maison paroissiale un « panier du

curé », cela se fait beaucoup au Brésil. Alors, il y avait un sac en plastique plein de riz, de haricots marrons, des aubergines, des pommes de terre et bien d’autres légumes. Et je me retrouve comme cela avec ce sac de 5 ou 6 kg de denrées et je me dis : « Mais qu’est-ce que je vais en faire ? Ce n’est pas pour moi ! » Et je pense aussitôt à Rose Angela. C’était une jeune maman de 18 ans, qui avait à l’époque 3 enfants et un compagnon qui buvait beaucoup et gaspillait dans la drogue son salaire de

Le panier du curéen Amazonie

Mgr Dominique You est évêque de Conceçao

do Araguaia au nord du Brésil, en Amazonie.

Son diocèse est grand comme 17 fois la

Haute-Loire, mais seulement 20 prêtres

sont à son service alors que la population est largement catholique

et pratiquante. La pauvreté, mais aussi la drogue, la prostitution et la violence font des

ravages. Voici un récit de mission de cet évêque

français du bout du monde.

misère. Les enfants de Rose Angela passaient par la faim, réellement, et Rose Angela, bien davantage. Et j’ai tout de suite pensé : « Voilà ! Je vais porter ce panier à Rose Angela. » Elle habitait dans une mai-son sur pilotis au-dessus de l’égout. Je suis arrivé à cette petite baraque, et j’ai frappé. Par chance, elle était là et elle m’a demandé de m’assoir sur le sofa. Nous discutons de choses et d’autres comme j’en ai l’habitude lorsque je visite des paroissiens et soudain, voyant l’heure je dis à Rose Angela : « Oh il faut que je me sauve, c’est l’heure de la messe ! » « Non c’est trop tôt père ! » Non ce n’est pas trop tôt, laisse-moi partir. Tiens, j’ai laissé un sac ici, c’est à toi, fais en ce que tu veux ! » Elle prend le sac de légumes, regarde dedans et découvre le riz, les patates, les haricots, les aubergines et les autres légumes. Elle n’a même pas dit merci, elle a simplement dit : « Père Dominique, je peux en donner la moitié à ma voisine, elle aussi elle a des enfants qui passent par la faim ? » Un peu stupéfait, j’ai dit : « Tu peux, c’est à toi ! » Elle est partie ! Je suis resté tout seul dans le

«

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O U v ert U r e SU r L e M O N D e

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salon en me disant : « Si j’avais trois enfants qui souffrent de la faim et si quelqu’un m’apportait 5 kg de légumes, est-ce que ma toute première parole aurait été : « Est-ce que je peux en donner la moitié à ma voisine ? » J’étais très troublé sur la qualité de ma vie chrétienne et quand elle est revenue j’étais encore pris dans mes pensées. C’est elle qui a dû m’en sortir. Elle a bien vu que je n’étais pas dans mon état normal. Elle m’a dit : « Tu vois père Domi-nique » « tu vois quoi ? » Ce que je voyais c’était que le sac avait diminué de moitié ! « Tu vois père Dominique, les gens du centre-ville, ils disent que nous sommes des pauvres ! Nous ne sommes pas des pauvres ! Seul Judas est pauvre ! » « Judas ? qu’est-ce qu’il vient faire dans cette histoire de patates ? » « Seul Judas est pauvre, parce qu’il a été beaucoup aimé et qu’il n’a pas aimé en retour ! Nous, nous ne sommes pas des pauvres, nous partageons, nous vivons ensemble les épreuves, nous sommes soli-daires les uns des autres. Cela veut bien dire que nous avons Dieu dans notre cœur ! Comment les autres peuvent-ils nous dire que nous sommes des pauvres ? Nous ne sommes pas des pauvres, père Dominique, nous sommes des petits et des humbles ! » J’ai dit : « Rose Angela, je vais cé-lébrer la messe ! » et en allant jusqu’à l’Eglise, j’ai fait cette prière au bon Dieu que je répète tous les jours : « Sei-gneur, par pitié, garde-moi à l’école des petits et des humbles pour apprendre auprès d’eux à vivre ton Evangile ! »

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Le Tweet du trimestre

Un guide pour découvrir la cathédrale du Puy-en-Velay A l’occasion de l’année jacquaire, la sortie en 5 langues de ce guide ré-digé par le recteur de la cathédrale du Puy-en-Velay, est un événement. S’ap-puyant sur les dernières découvertes le père Emmanuel Gobilliard partage avec nous sa fascination pour ce haut lieu spirituel abritant la fameuse Vierge Noire. Servi par de magnifiques photogra-

phies de Luc Olivier, la plupart inédites, cet ouvrage se veut à la fois guide touristique et guide spirituel s’adressant tout aussi bien au simple visiteur qu’au pèlerin. Très riche en informations, cette déambulation à travers les époques et les lieux nous permet d’accéder à ce sanctuaire hors du commun, son patrimoine architectural et pictural, ses œuvres religieuses. La visite se termine par la découverte du quartier de la cathédrale avec entre autres une présentation inédite du baptistère et de la chapelle des Pénitents.

Ce livre de 117 pages, Éditions du signe, est en vente à la boutique de la Cathédrale : [email protected] au prix de 10 euros + frais de port

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SU r L A tO i L e D U W eB

B i B L i O G r A P h i e

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On peut se poser la question : pourquoi y a-t-il tant de chrétiens qui ont été baptisés, qui ont fait leur première communion, et même leur profession de foi, et leur confirmation, et qu'on ne revoit plus ni à la messe, ni dans les pèlerinages ou rassemblements, ni dans les équipes chrétiennes, ni dans les mouvements, ni dans les services auprès des plus jeunes ou des plus pauvres qui auraient pourtant besoin de tellement de main d’oeuvre, des chrétiens qui ne prient plus, qui sont indifférents à leur formation, qui ont même honte de leur appartenance à l'eglise ? Pourquoi ?Le cardinal Carlos Mario Martini (dans son livre « et Moi, je suis avec vous ») raconte une vieille histoire qui l'avait beaucoup touché ; il l'avait découverte en faisant des études en langue copte, parlée dans l'Ancienne égypte, et que l'on étudie au Biblicum (institut Biblique Pontifical, à rome) pour approfondir la connaissance du Nouveau testament. On a conservé dans cette langue de très belles anecdotes des premiers Pères du désert, qui savaient raconter en quelques mots des situations humaines profondes. Dans cet épisode, on dit qu'un jeune chrétien alla voir un de ces Pères du désert et lui dit : « Père, toi qui as une si grande expérience, explique-nous pourquoi tant de jeunes moines viennent dans le désert, mais ensuite, pourquoi tant d'entre eux repartent ; comment se fait-il que si peu persévèrent ? » Alors le vieux moine répondit : « voyez-vous, il en va comme d'un chien qui court après un lièvre, en aboyant. Beaucoup de chiens, l'entendant aboyer et le voyant courir, le suivent. Or, un seul voit le lièvre ; très vite, tous ceux qui courent uniquement parce que le premier court, s'essoufflent et s'arrêtent. Seul celui qui a le lièvre devant les yeux continue jusqu'à ce qu'il le rejoigne. »en un mot, le vieux moine dit que seul celui qui a vraiment mis les yeux sur le Seigneur crucifié sait vraiment qui il suit, et il sait que ça vaut la peine de le suivre.« Ne désertez pas votre propre assemblée, comme quelques-uns ont coutume de le faire, mais encouragez-vous mutuellement » (heb 10,25).

ParabolesFariboles&

Absentéisme

du Père Pierre Trevet