Jean-Claude Riedinger. Remarques sur le texte de la Chronographie de Michel Psellos. Revue des études byzantines, tome 63, 2005. pp. 97-126

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    Jean-Claude Riedinger

    Remarques sur le texte de la Chronographie de Michel PsellosIn: Revue des tudes byzantines, tome 63, 2005. pp. 97-126.

    Rsum

    REB 63, 2005, p. 97-126.

    Jean-Claude Riedinger, Remarques sur Chronographie de Michel Psellos. - La Chronographie de Michel Psellos constitue l'un

    des chefs-d'uvre de l'historiographie byzantine. Le texte dont nous disposons, notamment celui dit par Emile Renauld,

    comporte de nombreuses obscurits dues tant au grec subtil et fin de Psellos qu' l'tat du manuscrit unique qui nous a conserv

    la Chronographie. Pour offrir de nouvelles suggestions, nous nous sommes appuys sur les autres crits de Psellos pour tenir

    compte des usages de l'crivain. Nous n'avons retenu pour cet article que les modifications qui amliorent sensiblement la

    comprhension du texte et modifient la traduction. [Compte tenu de l'ampleur des notes de lecture, les diteurs ont spar cette

    contribution en deux parties, la seconde - qui commence au rgne de Constantin Monomaque - sera publie dans le prochain

    numro de la revue].

    Abstract

    Michael Psellos's Chronographia is one of the masterworks of Byzantine historiography. As we know it today, especially through

    the edition by Emile Renauld, the text is often obscure, partly because of Psellos's subtle and sophisticated language and partly

    because of the state of the Chronographia' s unique manuscript. Some new suggestions are made here on the basis of the

    author's writing-habits as they emerge from his other writings. In this article, only the changes that considerably improvecomprehension of the text have been retained. [Considering the length of the contribution, the editors have separated this article

    into two parts, keeping the second one - which begins with the reign of Constantine Monomachos - for the next issue of the

    journal ].

    Citer ce document / Cite this document :

    Riedinger Jean-Claude. Remarques sur le texte de la Chronographie de Michel Psellos. In: Revue des tudes byzantines, tome

    63, 2005. pp. 97-126.

    http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rebyz_0766-5598_2005_num_63_1_2307

    http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/author/auteur_rebyz_377http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rebyz_0766-5598_2005_num_63_1_2307http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rebyz_0766-5598_2005_num_63_1_2307http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/author/auteur_rebyz_377
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    REMARQUES SUR LE TEXTEDE LA CHRONOGRAPHIE DE MICHEL PSELLOS (1)*

    Jean-Claude RIEDINGER

    Tout lecteur de la Chronographie de Michel Psellos constate aisment qu'ildemeure un grand nombre d'endroits dont le sens est incertain ou obscur. Lesraisons en sont de deux ordres : la premire est l'auteur lui-mme, avec les finessesde sa pense et de son expression. La seconde est l'tat du texte, conserv, saufpour quelques pages, dans un manuscrit unique, dont tous les diteurs ont relev lesnombreuses fautes. Ainsi les traducteurs se voient mme contraints, en plus d'uneoccasion, traduire un texte diffrent de celui qu'ils ont sous les yeux1.Les remarques qui suivent concernent le plus souvent ce second ordre de difficults. Nous y envisageons avant tout deux catgories de passages. Ceux qui nousont occup plus particulirement sont les endroits du texte qui ont t jusqu'prsent accepts par tous, et qui contenaient pourtant une anomalie grave de sensou de syntaxe. En second lieu, nous avons envisag les endroits qui, tout en ayantt reconnus fautifs, ou bien n'avaient pas reu de solution satisfaisante (ce quenous avons essay de dmontrer), ou bien avaient t l'objet de plusieurs conjectures,ui nous ont paru d'ingale valeur.En ce qui concerne ces conjectures, et aussi les corrections que nous proposons,nous nous sommes d'abord appuy sur ce qui nous a paru la meilleure mthode :interprter, ou corriger, Psellos par Psellos. Ce qui veut dire deux choses : situer dela faon la plus prcise le ou les mots litigieux dans leur contexte, pour tablir leurcompatibilit, ou non, avec lui ; et ensuite tenir constamment compte de l'usage del'crivain (ce mot incluant morphologie, syntaxe, style, vocabulaire), et aussi detextes o il exprime des ides semblables2. Pour cela, nous avons tendu notre enqute aussi loin que possible, mais nous avons jug indispensable de tenir compte,par priorit, de tous les textes qui offraient une relation avec les vnements contemporains. Nous avons, bien entendu, vrifi dans le manuscrit (P) tous les passagesenvisags.

    ;; La liste des abrviations est reporte la fin de l'article.1 . Le texte cit est celui du manuscrit, sauf indication contraire. Les rfrences sont donnes d'aprsl'dition Renauld (dans l'ordre : le tome, la page, le paragraphe, la ligne).2. Nous avons constamment utilis . Renauld. tude sur la langue et le stxle de M. Psellos,Fans 1920 (= Renauld) et aussi G. Bhlig. Untersuchungen zum rhetorischen Sprachgebrauch derByzantiner, mit besonderer Bercksichtigung der Schriften des M. Psellos. Berlin 1956 (= Bhlig).Revue des tudes Byzantines 63. 2005. p. 97-126.

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    98 JEAN-CLAUDE RIEDINGERD'un autre ct, le travail des diteurs, et des critiques comme Kurtz, Pantazidiset Sykutris, a fait apparatre, par les corrections qu'ils ont tablies et qu'on peutconsidrer comme sres, un certain nombre de fautes caractristiques du copiste.Nous avons toujours tenu compte de ces caractristiques, en demeurant aussi toujours conscient de l'incertitude que comporte toute correction, incertitude cependantingale selon les cas.Prciser la nature et la gravit des fautes permet d'indiquer dans quelles limitesune correction peut tre considre comme plausible : il est possible en effet demettre un certain ordre dans l'accumulation d'erreurs de toute sorte qui dparent letexte de l'ouvrage. Nous sommes partis de l'apparat de Renauld, la fois parcequ'il est le plus minutieux (il note les plus lgres modifications qu'il a apportesau manuscrit), et parce qu'il est le plus exact (quand il y a divergence entre Sathaset lui, nous avons toujours constat que Renauld avait raison). Nous n'avons pastenu compte videmment des corrections inacceptables qu'il a parfois apportes au

    texte, mais pris inversement en compte les corrections notre avis indispensablesqu'il n'a pas acceptes.On distingue nettement quatre types de fautes :1) Les plus nombreuses sont dues la prononciation, et ont donc un caractreorthographique. Toutes les sortes en sont reprsentes. Pour les voyelles, le iota-cisme, sous toutes ses formes ; l'change, dans les deux sens, entre ai et et entre et ; pour ou l'inverse ; - crit -, parfois l'inverse.Pour les consonnes : la consonne simple remplace souvent la consonne gmineavec par ex. , , , ...) ; le v final est trs souvent omis (pour cette raisonpeut-tre il arrive qu'il soit prsent alors qu'il ne devrait pas) ; (rarement , )est pour ... On peut attribuer peut-tre la mme cause la simplification d'ungroupe de consonnes (, pour , ; pour ; pour ... ; on trouvechaque fois les cas inverses).Ces fautes sont si nombreuses qu'on peut considrer comme certain que, unstade de la transmission, l'ouvrage a t dict. Peut-tre remontent-elles l'archtypePsellos nous apprend qu'il a dict son ouvrage : (R I, 152,lxxiii 12). Ce verbe ne signifie chez lui que dicter , et on a traduit tort par mentionner, relater .2) La seconde srie par ordre de frquence est celle des fautes sur les dsinences,ominales comme verbales (nombre de fautes d'orthographe se situent aussidans les dsinences). premire vue, on ne trouve ici que confusion. Du point devue grammatical, en effet, toutes les sortes de glissement sont reprsentes : dusingulier au pluriel, du masculin au fminin ou au neutre, chaque fois dans les deuxsens ; glissement d'un cas un autre, et , pour les verbes, d'une personne l'autre,sans oublier les passages d'un temps l'autre ou d'un mode l'autre. Envisagesdu point de vue formel, elles prsentent la mme confusion : on trouve un nombretrs lev de remplacement de toute voyelle, ou diphtongue, par une autre voyelle,ou diphtongue. Certes, certains types d'erreurs plus frquents se laissent parfoisdistinguer, mais il parat vain de chercher des rgles dans un te l dsordre. Enrevanche, la forme mme de ces fautes impose quelques remarques de grandeimportance :

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    REMARQUES SUR LE TEXTE DE LA CHRONOGRAPHIE 99a) Dans la presque totalit des cas, le copiste passe de la forme correcte uneautre qui existe galement. Les formes barbares sont exceptionnelles. Autrementdit, ce qui est en uvre, c'est l'attraction par une forme analogue (mme dans les

    cas d'une forme barbare, on note d'ailleurs qu'elles sont faites, en gnral, avecune dsinence rellement existante, mais qui est celle, par ex., d'un autre temps : parex. - pour un participe parfait ou - pour un participe aoriste passif).b) Une autre remarque n'est pas moins importante. La quasi-totalit de cesfautes ne porte que sur une lettre (voyelle ou consonne), ou un son (dans les cas dediphtongue). Dans de rares cas, une lettre en remplace deux (a pour ). Mmechose pour les omissions (le , outre le v, final : , pour , ou , ; l'inverse existe parfois). Les seules consonnes concernes sont d'ailleurs , .Ces deux remarques sont donc une incitation une grande prudence dans l'emploides corrections.c) Enfin on peut se demander quelle cause dclenche le mcanisme de l'erreur,pour une terminaison crite dans les autres cas de manire correcte. On admettraque cette altration est due probablement au contexte. On peut mme, dans un caspar ailleurs trs frquent, prciser davantage : en effet un nombre trs lev defautes de dsinences a pour origine celle d'un mot voisin, qui contamine pourainsi dire celle qui devient fautive.3) En dehors des dsinences, les fautes sont nettement moins nombreuses.Certaines sont sans doute dues des fautes de lecture, pour des lettres de formevoisine ( pour , , ou inversement ; pour ou inversement).Mais, pour expliquer une grande partie d'entre elles, on retrouve un autre

    effet de l'analogie. En effet, le copiste n'crit pas non plus ici de barbarismes : ilremplace le mot du texte par un autre, de forme voisine, que, pour une raison ouune autre, il a dans l'esprit. Voici des exemples qui concernent des modificationslgres : (), (), (), (), (), (). Si l'altration formelle est mince, le sens peut tre, comme on voit, totalement dform. On trouveaussi, relativement souvent, des altrations plus importantes : (-), (), (), (), (), ()...Il convient de rattacher ce type d'erreurs ce qu'on pourrait appeler des cas d'attraction interne , o une voyelle dans un mot s'assimile une voyelle voisine,du type (pour ). On en trouve un assez grand nombred'exemples (", ...).Ce troisime type de fautes trace assez prcisment les cas o il peut tre permisde toucher un peu plus au texte : l'analogie peut jouer ici avec plus de libert, ou defantaisie. Nous envisageons avec plus de dtails les cas o l'attraction est faite parun mot qui n'est pas dans l'esprit du copiste, mais se trouve dans le texte mme, proximit.4) La dernire catgorie de fautes est celle des omissions (la dittographie estbien plus rare). Celles-ci peuvent prendre toutes les formes, lettre isole, syllabe,un ou plusieurs mots. Ces dernires, qui nous sont apparues plus nombreuses quecelles admises par les diteurs, sont envisages selon l'ordre du texte : on verraqu'il n'est gure possible d'expliquer la lacune cet endroit prcis. Il en est de

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    100 JEAN-CLAUDE RIEDINGERmme pour une autre catgorie, trs souvent reprsente, celle de l'omission d'unesyllabe. On les trouve toutes les places, dbut, milieu ou fin de mot : mais l'omission l'intrieur du mot est incontestablement la plus frquente (il peut s'agirou non d'une haplographie). Cette omission peut commencer aussi bien par uneconsonne que, moins souvent, par une voyelle. Enfin, il n'est pas rare de constaterla chute d'une seule lettre, et surtout des petits mots , comme article, particuleou parfois prposition monosyllabiques (, , , , ).Au total, la faute la plus caractristique dans (que le copiste en soit responsableu qu'il le doive son modle) est celle due l'analogie, sous n'importe quelleforme. Mais une telle tude invite aussi user de la correction avec discernement,ce qu'ont fait d'ailleurs le plus souvent les diteurs. Il existe indiscutablement despoints faibles , o les chances d'erreur sont plus grandes. Mais en dehors decertains cas dus l'analogie, les altrations sont d'importance rduite. Le copistesemble avoir souvent manqu de concentration, mais sa vue l'a prserv de grandscarts.Livre I (Basile)

    1) RI, 2 (n, 9) :La premire difficult se rencontre ds les premires lignes de l'ouvrage. Pstermine ainsi le rcit de l'accession de Basile au pouvoir : ' .' () est effectivement une construction usuelle chez Ps, maisqui signifie toujours : seulement si, ne... que si (R I, 17, xxvn, 17 ; 80, xlvi, 4 ;147, lxiii, 9...). On aboutit donc rellement au sens de : la direction de l'empire'aurait t exerce par eux que si le gouvernement imprial avait t le lotdu premier d'entre eux et du plus comptent . L'irrel est inintelligible, puisqueBasile, qui est ainsi dsign, a effectivement rgn. Aussi les traductions non seulement suppriment la valeur particulire de , mais modifient le sens de v (ex : l'empire n'aurait pas pu tre bien conduit , R).Prcisons d'abord le sens de , qui ne saurait signifier an , commeon traduit, ce qui se dit (deux fois dans le contexte). Ici l'adjectifexprime probablement la supriorit : il est prcis par . Puis il fautconsidrer la suite des ides. Ps vient de dvelopper successivement les troisthmes suivants :i, 1-5 : Basile et Constantin accdent ensemble l'empire : il y a deux empereurs cf. par ex. xv, 4 ) ;n, 1-6 : mais il existe une grande ingalit entre les deux, Basile tant nettementsuprieur l'autre, qui recherche une existence dans la mollesse ;n, 6-9 : par suite d'un arrangement, Basile prend en mains tous les pouvoirs,Constantin se contentant du titre. Pour proposer une solution nous remarqueronsd'abord que est la notion essentielle (, , ).Or ce mot dsigne le lot , reu en toute lgitimit , en particulier par hritage.Il se di t ici du pouvoir, et ce terme contient comme l'embryon de l'ide d'un droitde succession par hritage, qui apparat bien dans la question de la lgitimit de

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    REMARQUES SUR LE TEXTE DE LA CHRONOGRAPHIE 10 1Zo face aux parvenus paphlagoniens (R I, 67, xxn, 15 ; 99, xxn, 6 ; 116, li, 9). Surla situation complexe Byzance, nous renvoyons G. Dagron, Empereur et Prtre,Paris 1996, p. 52 sq. On retrouve alors une suite naturelle des ides : en supprimantla ngation (ou en lisant peut-tre ' qu'on trouve en R II, 98, xxvi, 5 au lieude ) : car la direction de l'empire n'aurait pas t exerce autrement, si legouvernement imprial tait chu au premier d'entre eux, le plus comptent (aucontraire videmment de toute la tradition byzantine, d'o peut-tre ' ). Il y aopposition entre et . Autrement dit : tout se passe enfait comme si Basile exerait e pouvoir de droit ( le gouvernement de l'empire n'aurait pas t diffrent siBasile avait t le seul en hriter ) ; a ici tout son sens (comme en 65, xx,17 : ). La connexion des ides est parfaite avec la suite :Ps flicite Constantin d'avoir renonc un pouvoir qui tait son hritage paternel, qu'il dtenait galit (1 1 sq.) De fait, on note que dans la premireChronographie Constantin n'est mme pas nomm comme empereur (MB V, 119,20 sq).

    2) R I, 5 (vu, 2 sq.) : c'est le bref portrait de Bardas Phocas : , . : (Sa) ; (R) ; ().La conjecture la plus simple, celle de Sathas (par restitution d'une consonnegmine), est confirme par Y Hist. Synt. (100, 14), o se trouve pour prsenterle mme personnage, Nicphore Phocas : . D'ailleurs l'diteur, ad loc,invitait reconsidrer les conjectures faites sur ce passage. Le sens est le mme : lucide, avis .3) R I, 6 (vu, 1 1 sqq.) : la fin du mme paragraphe, Ps voque les victoires deBardas : , . : (Sy) ; : ().La premire correction est excellente, la seconde inutile, car, bien que Renauldne signale pas le fait, Ps construit souvent comme une conjonction de subordination avec l'indicatif (ex. R 1,29, vi, 16 ; II, 147, xxvm, 12 ; K-D I, 25, 12 ;268. 15).4) R I, 7 (x, 13 sq.) : sur les effectifs de la rbellion de Phocas : ... s'tant attach les plus importantes des familles puissantes cette poque, eten ayant form un corps capable de se mesurer (avec Basile).L'expression former (par sparation) est chez Thuc. I, 3,le verbe ayant normalement le sens actif. Ps la reprend propos de l'arme du tyran Isaac Comnne (MB IV . 362. 5) : - \ . Cf. aussi 29.

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    10 2 JEAN-CLAUDE RIEDINGER5) R I, 1 1 (xvi, 10 sqq.) : Bardas meurt de faon foudroyante au combat : ' - , .Deux difficults se prsentent ici :a) : (Sa) ; (Sy). La correction qui rpondle mieux aux rsultats de notre enqute est la plus simple (sont usuels pour ai et pour ) ; de plus le parfait au sens de l'aoriste est trs frquent chezPs, contrairement ce qu'affirme tort Renauld, p. 97 et 99. L'emploi de doit en tout cas tre signal : le verbe indique toujours une ide de violence, etsignifie que Bardas ne matrise pas sa monture : quand il fut entran un peu enavant de ses propres troupes : cf . ... (K-D II, 77, 2 sq.). Les autres verbes du contexteindiquant simplement des dplacements (, etc.), le verbe atten

    dutait (pour la diffrence, cf. K-D I, 174, 23 : , ; cf . dans YAlexiade I, xiii, 6 : ).b) Les diteurs admettent . Mais ce verbe aumoyen signifie en venir aux mains , se produire , ou tre d'accord, donnerson assentiment . Nous n'avons trouv chez Ps que ce dernier sens (R I, 73, xxxm,12 ; MB V, 424, 12 et 519, 13 ; Phil. min. 2, d. O'Meara, 111, 27). Donc comme sujet ne donne gure de sens (Renauld semble l'avoir vu, mais propose brouiller, confondre , qui ne peut satisfaire ; sa traduction n'en tientd'ailleurs pas compte). Nous proposerions : sur quoi chacunse range une version diffrente . Ps met l'accent sur la multiplicit des avis(cf. les sujets qui suivent). L'ordre des mots est conforme celui habituel avec rpt (cf. K-D II, 206, 8 : ' ).

    6) R I, 13 (xx, 14) : Sur le monastre construit par le parakimomne Basile : .St. Linnr, Psellus' Chronographia and the Alexias, BZ 76, 1983, 1 sq., a rassembl beaucoup d'emprunts YAlexiade chez Psellos. On se trouve ici devant undes cas qu'il indique ; Anne Comnne crit {Alex. III, vm, 10) propos de l'gliseSainte-Thcle : \ . La diffrence entre les deux textes est la prsence de dans YAlexiade. Or avec la particule le sens est bien meilleur. On construit alors , reliant les deux participes : avec les diffrentes ressourcese l'art (trad. Leib). Ce sens de est usuel, par ex. dans les pigrammescites par Cameron, Porphyrius the Charioteer, Oxford 1973, p. 197 sq. En revanche, ous n'avons pas trouv trace du sens de main d'uvre qu'exige .Autres emprunts YAlexiade : 15, 130.

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    REMARQUES SUR LE TEXTE DE LA CHRONOGRAPHIE \ 037) R I, 14 (xxiii, 10) : Bardas Sklros reconstitue son arme : \ -, '

    , ' -. (cf. notre remarque 2) signifie recevoir titre de lot ; il estutilis souvent par Ps, notamment au dbut de la Chro. au passif ou au moyen(ex. RI, 13, xx, 16 ; xxi, 11). Mais l'ide de lot ou d'hritage ne donne gure desens dans ce contexte, pas plus que la construction par ne s'ajuste ce verbe. Orune des habitudes de Ps, au dbut d'une rbellion ou de la rvolte d'un peuple, estd'ajouter au motif de la dfection celui de ses effectifs. Il suffit ici de modifierune lettre pour tout clairer : . Sklros, et tous ceux qui s'tantenfuis avec lui taient ensuite revenus, une fois qu'ils se furent organiss de faonautonome, et que, semblables un corps dtach du reste de l'arme, ils eurentport leurs effectifs jusqu' une force quivalente celle de Phocas, prirent la placede celui-ci contre l'empereur Basile . Ps souligne fortement la continuit. renvoie (1. 6) ; ne se retrouve qu'unefois dans la Chro. avec le sens de satisfaire (R I, 49, xxm, 11), mais le sens de former l'effectif est attest ailleurs (Attaliate, d. Bonn, 295, 24 ; Alex. IX, x, 1 ).Notons aussi que Ps emploie tout de suite aprs avec ce mmesens (xxv, 5) ; former le public (d'une fte) se trouve en R II, 108,XL, 12. On peut admettre un cas typique d'analogie : le copiste a recopi le termequi lui tait le plus familier.

    8) R 1,15 (xxiv, 8 sq.) : Sklros mne avec intelligence sa guerre contre Basile : , , , ...Tout est trs clair, la rserve de deux mots du dbut, qui sont inintelligibles :, et surtout , pour quoi on a propos soit (djDucange, s.v. ), soit (R). Mais ces solutions sont inacceptables est la procession (K-D I, 268, 26 ; 270, 10), ou les invectives changes au cours de certaines d'entre elles, est le vase pour detelles processions. Nous n'avons pas trouv trace d'une autre acception (aucun desdeux termes ne se retrouve dans la Chro.) : il est donc probable que la traductionadopte, convoi , n'est qu'un expdient (d'ailleurs des bateaux approprispour des convois manque de clart).Il faut tenir compte du contexte, qui montre que Sklros mettait en rserve pour son arme ce qui tait transport vers la capitale, et aussi de l'tonnant devant un fminin, qui pourrait tre non une faute, mais la trace de la bonne leon.Nous supposons que Ps a crit . Nous n'avons pasretrouv ce terme dans la Chro., mais il est bien attest jusqu' Thmistius aumoins ( 1 8, 22 1 B). On trouve une faute trs semblable en R II, 87. vin, 5 () corrig par Sa en ). Avec la correction en ( . puis les diteurs), on aboutit un sens satisfaisant : comme il retenait tous les

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    104 JEAN-CLAUDE RIEDINGERbateaux qui taient propres au transport du bl,... il faisait d'abondantes rserves vec ce qui tait transport de l-bas vers le palais . L'Asie Mineure est le grenier bl de la capitale (A . Guillou). Sklros, de mme qu'il bloque lesroutes, retient (pour les vider son profit, ou pour rendre l'exportation impossible)tous les bateaux de transport, selon une mthode aussi radicale.9) R 1,15 (xxv, 7 sq.) : Comment Sklros s'est attach ses soldats : , , . la fin, les traducteurs s'accordent sur le sens de : il les faisait siens par desparoles logieuses (R ; Ro, Se dans le mme sens). Mais ne peutavoir ce sens. Pour exprimer l'ide de gagner soi , Ps utilise soit (R II, 160, xv, 7 ; Hist. Synt., 104, 92), soit (R I, 125, xvi, 1 1 ;II, 41, cxlv, 16), ou bien encore (R 1, 67, xxn, 18 ; R II, 41, cxliv, 3).Cette dernire solution doit tre prfre, car elle seule donne une clausule rgulire .

    10) R 1,16 (xxvi, 8) : Sklros reoit les envoys de Basile qui lui proposent defaire la paix : .Ni ni ne semblent possibles dans ce contexte. On cite eneffet (Crise) : (Ar., Nu. 1399), mais l il s'agit de lasophistique, et sont justifis la fois l'emploi du pluriel et celui duverbe au sens de s'occuper habituellement de , vivre dans (une situation ouun mode de vie, avec , , ...). Cela n'est nullement lecas ici : le substantif, pour dsigner une proposition de paix, devrait tre au sing.( cette affaire ), et l'emploi du verbe est tout aussi impropre (on peut noter aussique ne s'emploie dans la Chro. que pour des sentiments l'gard depersonnes : R I, 116, li, 8 ; 126, xvn, 5 ; R II, 16, ci, 16 etc.). L'usage de Ps estd'autre part d'accompagner rgulirement le verbe , quand il signifie converser , d'un adverbe (R I, 63, xvn, 13 ; 145, lviii, 5 ; R II, 74, vu 5) : on leretrouve s 'agissant d'ambassadeurs dans (-) (R II, 1 14, l, 2). H nous parat donc vraisemblable que a pris la place de en raison de l'attraction par (1. 6), par un phnomne qui se rencontre souvent. Cf. remarque 46. Dans lecontexte il n'est question que d'ambassade.

    1 1) R I, 17 (xxvii, 15) : II s'agit de la curieuse scne o Sklros, bien qu'ayantrenonc ses ambitions, se prsente pourtant Basile avec aux pieds les sandalesde pourpre : . n'a aucun sens ici : le verbe indique toujours un mouvement versl'extrieur, violent ou non (par ex. lancer contre : R I, 95, xiv, 18 ; rpandre une larme : RI, 111, xlhi, 3 ; prononcer une parole : R II, 60, clxxx, 5). Cf.

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    REMARQUES SUR LE TEXTE DE LA CHRONOGRAPHIE 10 5MB V, 380, 2 : ' . Les traducteurs s'cartent donc dlibrment du texte (par ex. revtu , R ; arrogating , Se). Il conviendrait de lire (pour la mme faute en sens inverse R II, 65, cxci, 3 pour ) : comme s'il se laissait encore lui-mme une partie de son usurpation . Pour cesens de , par ex. R I, 80, xlvi, 16 : ' .

    12) R , 20 (, 8 sq.) : sur la science militaire de Basile : , (pour ) , , .L'inf. n'tant pas construit (on verra dans Renauld, 197 n. 1, laraction de Boissonade devant un cas identique), a t remplac par (R),correction rejete par Imperatori, ce qui laisse la difficult intacte. Un verbe rgissant infinitif est ncessaire, ce verbe tant plutt , puisque le contexte demandel'expression d'une norme, que . Basile est lou pour sa connaissance des fonctions spcifiques des catgories envisages. Il en ressort que le second (aprs) est au mieux redondant, sinon contradictoire, puisqu'il semblerait dsignerdes fonctions qui seraient aussi celles d'autres catgories : il est donc parfaitementossible que le mot ait pris la place du verbe manquant3. Reste une difficultsur le sens de ( celui qui vient derrire R ; Se et Ro pensent des gradesinfrieurs). Il faut rappeler que le loche est une file : Ps en numre selon nousles trois postes cls, le premier rang (il utilise ici protostate, non lochage), laplace intermdiaire (le commandant du demi-loche, dans une unit de 16, est la9e place), et trs probablement la dernire (celle de ). La premire placeet la dernire sont les places essentielles : cf . Arrien, Tact. VI, 5 : ' \ - ; pour le rle de ce dernier, cf . MB, V, 109, 18 : . L'association entre , , , le premier , le dernier et celui du milieu est naturelle : on la trouve aussidans Boissonade, De Operatione daemonum, p. 121 ; en K-D II, 158, 25, sontassocis : , , , . Donc II savait aussice qui revient au chef de loche, au chef de demi-loche, et ce qu'il faut confier celui qui est en arrire de la file . Il faut enfin rectifier ce propos la traductionusuelle de la fin du paragraphe : ' ' . Non

    3. Si la faute est due la rptition fautive de aprs les trois qu i prcdent le relatif (... ) on peut noter que cette faute se retrouve assez souvent dans P. Voici les exemples concernantes petits mots . On en trouve d'abord un cas trs semblable en (R II, 167, xxxmi. 4 : ... .... \ \ avec \ au lieu de (Sa). Autres cas : R 1. 61 .xi.vm, 3 : ov v : v (Sa) : R II. 62 .clxxxvi, 1 1 : ... : : ; Sy ; R II, 75 . vu, 10 : , ' ' : : Sy. Mais est tout aussi vraisemblable. R II. 88 . ix. 5 :\ : : Sa. R II. 148. xxii. 1 sq . : : : Sa .

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    106 JEAN-CLAUDE RIEDINGERpas il ne confiait pas d'autres la place qui leur revenait , mais il ne laissait aucun autre le soin de les disposer (pour cette construction et ce sens de -, cf . R II, 177, x, 8 ; R I, 27, iv, 12).Livre II (Constantin)

    13) R I, 25 (n , 1 1) : Ps dcrit la promptitude de Constantin VIII punir : -, - .La seconde partie de la phrase (depuis ) n'est pas construite : oubien on considre et comme des verbes principaux coordonns,t on aboutit une relative sans verbe ( ), ou bien on faitde le verbe de la relative, verbe qui se construit avec inf., et ne peutrgir ; d'ailleurs en ce cas ( ) s'explique mal. Lacorrection est aise : , pour . Par-dessus tout, il se mfiait de ceux quiaspiraient l'empire, et leur infligeait pour cette raison de svres chtiments .De fait, la suite (16 sqq.) montre qu'il y a vraiment des aspirants l'empire, maisque Constantin les punit cause de ses soupons, non cause de ce qu'ils ont fait.Livre III (Romain)

    14) R I, 36 (vin, 12 sqq.) : dans leur message Romain Argyre, les Syriensdclarent qu'ils ne veulent pas la guerre, qu'ils respectent les traits, mais que : ' , , . ... ils se prparent aujourd'hui pour la premire fois, s'tant remis la fortunede la guerre (pour la valeur de l'expression cf . R I, 10, xv, 7 : avant la bataille).Ces mots sont en contradiction flagrante avec le contexte, puisqu'ils viennentde dclarer qu'ils ne veulent pas la guerre ( ), et quel'empereur renvoie leur dlgation parce que pacifique (les traducteurs nesont pas l'aise pour ce passage, introduisant par ex. un conditionnel pour rendre : Se, Ro). Le texte souligne en contraste les prparatifs de

    longue date du belliqueux Romain (vu, vin, 5 et 16). On ne peut faire l'conomied'une correction, et nous proposerions . La confusion est frquentedans entre futur et aoriste, lorsqu'il y a simplement la diffrence d'une voyelle(/), et on a souvent corrig, le plus souvent dans le sens aoriste-futur (R I, 82,XLix, 13 etc.). Pour la construction, rare, du part. fut. sans avec un verbe signifiant se prparer , on dispose d'au moins un ex. de Ps : , (K-D , 62, 20 sq). On rapprochera aussi de -... (Alex. 10, vu, 3) . Nous comprenons donc : ils se prparentujourd'hui, pour la premire fois, s'en remettre la fortune de la guerre .

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    REMARQUES SUR LE TEXTE DE LA CHRONOGRAPHIE \ 07Notons que cette interprtation est confirme par les mots qui prcdent, car ilfaut rattacher la conditionnelle au gn. abs. sous la menace d'une aussi nombreusetroupe - pour le cas o il se montrerait inexorable . C'est ce dernier point que les

    Syriens veulent claircir.Pour la mme confusion, voir remarques 16 , 30, 63.15) R I, 37 (ix, 2 sqq.) : il s'agit de la bataille d'Antioche : l'emprunt YAlex.(XV, v, 1) est ici important (cf. aussi nos remarques 6, 130). Nous juxtaposons lesparties du texte qui nous intressent :Chron. : Alex. : ' \ - \ 3

    ... , ... . . . .Le texte de Ps est lgrement modifi, mais on peut s'autoriser de YAlexiadepour corriger au moins qui n'a aucun sens ( se blottir de craintedevant ?) en . Signalons cependant que le texte d'Anne Comnnesemble confirmer aussi les corrections de en (Sa), et de en (). Quoique probables, ni l'une ni l'autrene paraissent cependant absolument ncessaires : en particulier pour la premire,on note que le texte de Ps analyse les causes d'une peur qui vient la fois de cequ'ils voient ( ) et de ce qu'ils entendent (... ... ).

    16) R 1,38 (ix, 18): -" ;Ps ironise sur la dconfiture de la redoutable arme de Romain : mais le part,aor. est trange pour voquer des succs qui n'ont t remportsqu'en imagination (cf. vu, 14 : ; 29 : ). En consquence, seule lalecture donne le sens et l'ironie convenables : ceux qui devaientsoumettre. . . . Voir, pour la mme confusion, les remarques 14, 30, 63.

    17) R I, 40 (xii, 19) : Ps dnonce la politique fiscale de Romain, devenu percepteur plutt qu'empereur . Mais le palais ne tire aucun profit de ces impositions : (Sa pour ) . est un hapax dans la Chro. Les dictionnaires lui attribuent le sensde funrailles publiques ou de prononciation simultane ( peut avoird'autres sens, mais aucun qui rappelle mme de loin l'ide d'imposition). C'est qui est utilis partout dans l'uvre, presque toujours dans deux

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    108 JEAN-CLAUDE RIEDINGERexpressions : (ex. R I, 3, m, 25), ou ! (ex. R I, 59, , 12). On retrouve d'ailleurs ce terme, comme en cho,un peu plus loin (43, xvi, 10). Nous pensons qu'il faut lire , le --ayant t attir par l'ide de provenance incluse dans ( calamita , Ro,supposerait ).

    18) R 1, 47 (xxi, 7) : Ps dcrit la complaisance de Romain pour les amours adultres de Zo et du futur Michel IV : , ...Ce passage ne nous parat pas avoir t compris. Il conviendrait d'entendre : lorsque l'empereur dormait avec l'impratrice - seulement jusqu'au point des'tendre sur le mme lit sous la couverture de pourpre qui les enveloppait - c'estlui seul (Michel) qu'il appelait . Le texte est profondment ironique : le mmeverbe vient d'tre utilis pour dcrire les bats amoureux des deuxamants (46, xix, 29), et n'a nullement le sens temporel, mais celui, frquentdans la Chro., de sans aller au-del de . Le sens admis jusqu' prsent ( elleattendait sous une couverture de pourpre le moment de se coucher ) insre desdtails gratuits dans un texte o tous les mots portent. De plus il est d'un grecdouteux (il faudrait un part., comme ). Ajoutons que Ps avait fait une allusion explicite l'insuffisance de Romain en ce domaine (44, xvn, 3sq.). D'autrepart Zonaras semble bien avoir compris la mme chose (III, 583, 7, d. de Bonn) : .

    19) R , 52 (xxvi, 43) : Ps dcrit les derniers instants de Romain. Bien qu'il s'endfende, il penche visiblement vers la thse de l'empoisonnement (cf. xxiv sq. etsurtout 55, iv, 8 : ; en 51, , 5-9, ilsemble admettre l'ide de poison, mais faire des rserves sur la culpabilit des deuxamants) : , ' . : (Charitonidis) ; (Sa) ; ().Cette dernire conjecture nous semble devoir tre prfre (malgr : Or. Pan. 4, 369). En effet, Ps signale, entre autres explications de la mortsubite de Bardas Phocas, celle de l'empoisonnement (RI, 11, xvi, 19-23) : ... .La formulation est la mme ( ), les circonstances sont lesmmes (l'empoisonnement), le phnomne physiologique aussi est identique : unebrusque irruption vers le haut (tel est le sens de ) du poison,qui ici s'vacue par la bouche, et l atteint le cerveau. Sur ce sens de -, cf . aussi R 1, 104, xxix, 7 : surgir de terre. C'est aussi ce que lisait Zonaras

    (III, 85, 6, cit par K) : . Pour la mme faute, qui est l'assimilation des dsinences(... ), cf . remarques 36, 100, 116, 132.

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    REMARQUES SUR LE TEXTE DE LA CHRONOGRAPHIE 109Livre IV (Michel IV)

    20) R I, 55 (iv, 9) : Ps dcrit en tmoin oculaire le cortge funbre de Romain :il a vu son visage gonfl, dont le teint altr ressemblait ceux que le poison a enfls et jaunis... . a t accept par tous les diteurs, bien que l'expression n'aitaucun sens ( une production, une gnration de sang ?). Aussi les traducteursmodifient-ils, eux, le texte, en traduisant comme s'il y avait joues (Se, puis Ro). C'est aussi notre avis la seule faon d'clairer le texte, secomprenant aussitt : il s'agit du sang qui parat avoir disparu sous la peau desjoues . Cette correction entrane cependant ncessairement deux petites additions : (cf. Vie de Saint Auxence, d. Perikls-Ptros, 1971, 98, 40 : ), et , addition d'autant plus recommandable qu'elle rtablit uneclausule correcte : .

    21) R I, 59 (, 1 sq.) : Ps va parler de Jean de faon dtaille et vridique : ... : (Sa, d.) ; : (Sa) ; ' (Pant) ; (Sy, Im).Ces corrections, (dont la premire est accepte par les diteurs) supposent unefaute difficile expliquer, et surtout aboutissent un sens inacceptable : car j'aivu cet homme lorsque j'avais (Sa) ou n'avais pas encore (Sy) un peu debarbe . Ps n'a pu observer Jean de si prs qu' partir du moment o il taitemploy au Palais, son retour de province, moment certes postrieur l'adolescenceil tait dj presque g de seize ans, quand il voyait Romain III mourant,en 1034 : R I, 50, xxv, 2, presque sa premire barbe au moment de son enterrement 55, iv, 2) et il a pu le faire jusqu'au dpart de celui-ci en exil, c'est--direvers la fin de 1041 ou au dbut de 1042. Au moment de la rvolte contre Michel V,il tait dans sa vingt-troisime ou mme vingt-quatrime anne et depuis longtemps secrtaire de l'empereur (R I, 103, xxvn, 7). Pourquoi d'ailleurs aurait-ilsitu sa rencontre avec Jean au seul moment initial, le plus loign ? Il existe unmoyen cependant de mettre le texte en accord avec l'ge de Ps : en conservant (comme Pant), et en supposant une haplographie en lisant , ma barbe n'tait pas rcente lorsque j'ai vu cet homme... . L'adverbe avec, , exprime volontiers Tage dans le grec classique(Xn., Cyr. IV, 6, 5 ; Anth. Pal., xn, 12 ; Thoc. 11,9); il n'est pas rare non pluschez Ps (ex. R I, 9, xiv, 2 ; MB IV, 391, 31 ; 393, 20 ; K-D I, 214, 8). Pour cettemanire d'valuer son ge : , . On peut ajouter que serait superflu avec un verbe de sens dj attnu etne se trouve pas dans les exemples que nous avons vrifis. Enfin (Pant pour) nous semble vraisemblable.

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    1 1 0 JEAN-CLAUDE RIEDINGER22 ) R I, 59 (xii, 1 8) : II s'agit du dvouement de Jean l'Orphanotrophe pour sonfrre, le basileus : .Ce texte (accept par les diteurs) donne le sens de un vrai frre ,alors que sert faire passer l'image prcdente (). D'unautre ct, les expressions qui associent le titre de un terme de parentsont lgion dans la Chro. (R I, 5, VII, 2 ; R II, 102, xxxn, 21 ; 157, ix, 3 etc.). Onlit d'ailleurs un peu plus loin (xiv, 16) . Nous lisonsdonc ici .En vertu du mme usage, il nous parat probable qu'il faut lire en R I, 86, n, 6 .23 ) R I, 64 (xvm, 15) : malgr toutes les prcautions prises pour dissimuler lescrises d'pilepsie de Michel IV : . Souvent est inintelligible dans le contexte car cet adverbe est illustr ensuitepar un vnement prsent sans aucune ambigut comme ne s 'tant produit qu'uneseule fois : cf . et les temps des verbes , . La correctionla plus simple est de lire : cette annonce du rcit forme alors une structurecirculaire parfaite avec sa conclusion : ... (1. 19).24 ) R , 64 (,12) : Ps fait la liste des pays qui se sont abstenus d'attaquerl'empire durant le rgne de Michel IV ; elle s'achve ainsi :' ' (Sy pour) .Deux remarques ici :a) Les diteurs ont accept la correction de Sathas : ' qui cre desdifficults insurmontables : n'est jamais spar ni de (ex. RI, 17, xxvii,12 ; 68, xxiv, 10) ni de (ex. R I, 150, lxvii, 8), et de plus il spare ici son tour de , alors que ces mots sont partout ailleurs juxtaposs (ex. R I, 28, vi, 6) .Enfin il y a cumul de et , qui, en dehors du redoublement du type , ne sont jamais utiliss ensemble, parce qu'ils ont des fonctions diffrentes, le premier ajoutant un nouvel article une srie, le second une nouvelle

    dtermination au mme objet. Nous conclurons qu'il ne peut s'agir que d'une ditto-graphie, et qu'il faut lire simplement ' .a) L'adjectif indique toujours la profondeur, autrement dit la position l'intrieur d'un tout (c'est le cas galement en R II, 19, cv, 12 : ). Pour lui trouver une justification, il faut imaginer le sens de lointain (R ; aussi Se, Ro), dont l'existence n'est pas atteste. Mais surtout l'adjectif est encontradiction avec l'expression qui dsigne ces peuples ici (1 . 9), et ailleurs : : car l'loignement n'a rien voir l'affaire, et c'est au contraire laproximit avec les frontires qui importe. Nous croyons ncessaire de corriger en qui, chez Ps comme dans la langue classique, indique l'hostilit redoutabled'un ennemi (cf. ici ). Autres rfrences : R 1,15, xxiv, 7 ; II, 4,lxxxiii, 7 (un ) ; R I, 7, xi, 4.

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    REMARQUES SUR LE TEXTE DE LA CHRONOGRAPHIE \ \ \25) R I, 66 (xxi, 13): : (Sa) ; ().La correction simple de Sathas suppose seulement une confusion entre et qu'on trouve plusieurs fois dans (R I, 4, iv, 19 : 49, xxm, 9 ; 95, xiv, 10). Pour legn., cf . (R , 163, xxiv, 2) ; {MB IV,435, 8). Notons enfin que est dans la Chro. le plus souvent utiliscomme pronom (R I, 67, xxn, 16 ; 121, vu, 10 ; 135, xxxvn, 8 ; II, 63, clxxxviii, 1 ;142, vu, 33).26) R I, 67 (xxn, 15) : Jean expose son frre son plan pour conserver lepouvoir dans leur famille ; le point de dpart en est la lgitimit de celui de Zo :... La confusion entre les prverbes - et - est frquente dans P, et nouspensons qu'il s'agit ici d'un de ces cas. En effet signifie pousser quelqu'un, l'amener , ou bien promouvoir, lever une charge , ce qui, au passif, aboutirait la construction inverse de celle du texte ( : cf . R I, 123, xii, 21). En revanche, signifie normalement prsenter quelque chose quelqu'un, le lui offrir (R 1,73, xxxiv, 13 : ). Il convient de lire : le pouvoir impriala t offert, par hritage, l'impratrice . Mme erreur : remarques 38, 71, 139.27) R I, 72 (xxxi, 7) : Ps dcrit la magnifique glise btie par Michel IV : ; (Sa) ; (Sy).La correction la plus naturelle et la plus simple est pourtant .Ps crit plus loin (R I, 143, liv, 5) pour une demeure que Monomaque fait agrandir, et peut se construire chez les Byzantins avec l'ace, de la chose qui entoure, comme K-D I, 256,2 ; cf . Skylitzs, d. Thurn 413, 10.28) R I, 75 (xxxvi, 20) : Michel cre un monastre pour les prostitues, les

    invitant changer de vie : .Avec l'article l'ordre des mots est trange : Maas voulait transposer avant , mais porte et on a affaire l'indfini : et ne pas craindre(pour) un manque de ressources .29 ) R I, 76 (xxxix, 10) : propos de la rvolte bulgare (cf. remarque 4) : il en fit aussitt une troupe de force quivalente celle qu'ils possdaientauparavant ; est aussi chez Thuc. I, 8. On compareraaussi avec Alex. VII, xi, 6 : .

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    1 1 2 JEAN-CLAUDE RIEDINGER30 ) R I, 76 (XL, 18) : propos de la rbellion de Dolianos, qui va prendre latte des Bulgares, Ps remarque qu'ils s'en sont tenus si longtemps aux intentions : .C'est--dire : par manque d'un chef capable de les conduire . L'aoriste estici hors de propos, et il convient de lire , . On compar

    eravec (K-D 1, 219, 5). La mmefaute se retrouve en R I, 88, iv, 12 : , o Sa ajustement corrig en .31 ) R I, 78 (xlii, 9) : Michel veut tout prix rduire la rvolte bulgare : , ' .- Pour viter l'asyndte entre les deux optatifs, on a corrig le premier en -

    que semblerait avoir lu Zonaras (Bonn, 600, 11). Toutefois un tour comme' " MB V, 156, 13) conduirait plutt lire , les deux optatifs soulignantplus vigoureusement la dficience de l'empereur.- aprs ajoute un nouveau sujet d'indignation ( aussi ) :de fait on trouve dans la prop, prcdente qui, comme , indiqueparfois non le dcouragement, mais la colre : cf . associ (R I,80, xlvi, 5), et (R II, 100, xxx, 6).- Aprs , on attend l'indication du sujet de l'indignation, qui en est pourtantspar par une proposition comparative (...) qui brouille la construction.Cette anomalie disparat si on lit : il tait en colre, et se passionnait pourcette guerre contre les Bulgares : car il s'indignait aussi d'une chose qu'il rptaitsouvent, l'ide de ne rien ajouter l'empire des Romains, mais d'en perdre unepartie. . . Il faudrait donc corriger en ce sens.

    32) R I, 79 (xuv, 8 sqq.) : Ps souligne l'hrosme de Michel qui, ravag par lamaladie, suit pourtant son arme. ' ,

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    REMARQUES SUR LE TEXTE DE LA CHRONOGRAPHIE \ \ 3attest, et prfrerions lire , qui reprendrait le prcdent, ce termetant usuel chez Ps. L'origine de la faute est peut-tre chercher dans l'existenced'une locution proverbiale trs frquente chez Ps sous diverses formes : runirce qui est spar , cf. par ex. R II, 145, xv, 8 ; K-D I, 270, 27 ; 288, 1 ; MB IV,452, 1).

    33 ) R I, 82 (l, 6) : " avec ne donne gure de sens. En fait l'adjectif correspond,comme souvent chez Ps, au sens de commencement , et est un rappel duMichel du dbut, lors de sa premire apparition (R I, 45, xvm 13) : ... Nous lisons .34 ) R I, 84 (lu, 22) Le rcit de la crmonie qui a fait de l'empereur Michel IVun moine se conclut ainsi :.... ' .On a simplement propos ici des coupures diffrentes devant ' (Sa, R :un point aprs ; Maas : une virgule avant). Mais l'hypothse la plus vra

    isemblable nous parat tre la disparition d'un verbe : non seulement un verbe estindispensable la clart de la phrase, mais une omission de ce genre correspond une faute frquente comme on sait dans P. Surtout l'usage de Ps est d'utiliser assezfrquemment ce groupe form de l'article neutre antcdent d'un compltpar une prposition et son complment (R I, 28, VI, 5 ; 140, xlvii, 8 ; 2R II, 31,cxxxvi, 1 1) : or ce tour est toujours seulement un lment de la phrase (sujet ouobjet). Il pourrait s'agir du verbe ou un autre de mme sens, qui formeraitne transition parfaite avec la suite : . Une solution moins vraisemblable, mais pourtant la rigueur acceptable,serait de suppler , comme en Or. Hag. 5, 155 sq.Livre V (Michel V ; Theodora)

    35 ) R I, 91 (ix, 9) : Ps parle de la jalousie forcene de Michel V pour sa famille(il y reviendra en xlii) : .Avec ce texte, et sont masculins : mais ne se comprendgure (quelqu'un de modeste ?), et on ne s'explique pas non plus l'absence de. Surtout, il n'est plus ici question de la famille, puisque signifie partager avec lui (Michel). Il faut trs probablement lire , formule toujours usuelle chez Ps (par ex. K-D I, 33, 15 ; Or. Hag. 8, 241), etdonner le sens de donner une part de (cf. par ex. R II, 46, cliii, 6) : il ne voulait partager le pouvoir avec sa famille ni peu ni prou ( reprsente (1 . 15), relay par (17) , corrig tort en (Sa). Pour letraitement qu'il infligera plus tard sa famille, cf . 111, xlii (et aussi MB IV, 322.

    18 : ).

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    1 14 JEAN-CLAUDE RIEDINGER36 ) R I, 93 (xi, 1 1 sqq.) : Michel V nourrit des soupons sur les machinationsde l'Orphanotrophe, soupons qui lui viennent en partie de lui-mme, en partie deses conseillers : , .Les deux part, futurs n'ont videmment pas de sens ; les diteurs adoptent, (Sa), qui ont pour sujet les conseillers (dont la phrasereproduit la pense). Cette interprtation semble impossible, le cas dcrit tantclairement celui de Jean : l'abaissement () dont il est question est bien celuiqu'il subit, au moment o, au contraire, Michel affirme de plus en plus son pouvoir(x) ; la dignit () dont il est question est celle dont il jouissait jusqu' prsent (x, 10 : ) ; de plus, garderson rang ou prir avec l'tat est une alternative qui ne peut se poser pour lesfidles du basileus qui dtient tous les pouvoirs, tandis qu'elle voque le risquenorme que prend l'Orphanotrophe ; et enfin, le rflchi au sing, ne peutdsigner que Jean et est inintelligible s'il s'agit des conseillers. On peut au moinsdterminer l'origine de l'erreur : l'assimilation mcanique des deux dsinences aufminin qui prcde. Ce type d'erreur, d'ordre intellectuel plus que visuel,rend admissible une dformation un peu plus importante que la norme 4.On pourrait penser , (pour cet emploi de l'opt. fut. avec, cf . Renauld p. 102) : l'allure gnrale de la phrase se retrouverait en R II, 60,clxxx, 5 sqq : , ... . Cette solution pourrait se heurter aufait que Ps joint usuellement la ngation en dbut de proposition (cf. outrel'exemple cit l'instant, R I, 82, xux, 3 ; 1 1 1, xli, 18, etc.) : mais cette rgle n'estpas absolue : cf . MB IV, 360 : ... ; V, 88 . Deplus, le redoublement de l'erreur pose un nouveau problme. L'explication palographique reste sans doute trouver, mais le sens gnral n'est pas douteux.37 ) R I, 95 (xvi, 1) : Michel V vient d'exiler Jean : le paragraphe prcdent rsumait ses premires mesures monarchiques . , ' ... , ' , , .

    4. L'assimilation fautive des dsinences est la faute la plus frquente du copiste de P. On la trouvepour des substantifs ou adjectifs : par ex. , pour (R II, 46 , cliii,10 ) ; pour (R , 60, clxxxi, 5) ; avec une corruption plus importante (R II, 76,ix 2sq) : (pour ) ; cf . aussi R I, 102, xxxu, 1 1 etc.. (on la trouve une foisrpte pas moins de trois fois en trois lignes : R I, 82, xlix 21-23). Des participes sont trs souventconcerns, par ex. : (pour : R I, 8, xi , 22) ; (pour R I, 38, ix , 29). Cf. encore R I, 129, , 5 ; 140, xlvi,18 ; R II, 14, xcvm, 7 ; 51, clxi 20 . Toutes ce s corrections ont t faites par Sathas. Comme exempled'une corruption plus grave, cf . R I, 32, 1, 10 sq. : (pour , Pant). Cf. aussi remarque 19 et plus loin 100, 1 16, 132.

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    REMARQUES SUR LE TEXTE DE LA CHRONOGRAPHIE \ \ 5Ce texte est accept par les diteurs. Ses projets se trouvaient ainsi raliss est pourtant une expression dpourvue de sens : le contenu du paragraphe quiprcde n'a aucun rapport avec cette affirmation. Il faut assurment lire : ses projets n'taient pas encore raliss . Cette phrase est en fait la charnireentre les dbuts du rgne absolu de Michel, rsums en quelques lignes parce quen'intressant pas Ps, et le long dveloppement sur l'essentiel ses yeux, la dpositione Zo : est la premire allusion ce grand projet, ces motslancent ce nouveau thme. Le motif dj signal de sa recherche de la faveur dupeuple (xv, 9-11) revient maintenant sous une forme plus explicite : cet appui estrecherch en vue de sa machination (xvi, 5). Ce thme du revientplusieurs fois dans la suite (xvi, 1 1 ; xvm, 1 et 8). Cf. aussi (xviii, 13) ; se retrouve avec toujours propos du mme projet(xvii, 18).38) R I, 98 (XX, 3) : Michel V consulte les astrologues avant son coup d'tat : . Ayant ajout seulement ceci est suspect pour deux raisons : il n'est pasquestion d'autres paroles de l'empereur, et la construction par est obscure (conditionnelle ? interrogative indirecte ?). Les difficults disparaissent si on lit : leur ayant propos seulement cette question, si... . Mme faute : remarques 26,71, 139.39) R I, 99 (xxn, 14 sq.) : Zo, chasse du Palais, se lamente et voque l'affectione son oncle, le grand Basile : , ,. : (Sa) ; (Pant, Sy, Im).Cette dernire conjecture n'est pas heureuse ( m'embrassant de la faon la plusdouce possible ?) et n'est pas justifie palographiquement. Tout s'claire si onne voit ici, comme le fait Sa selon sa mthode, que la solution la plus simple : unequestion d'orthographe, mais en lisant plutt , l'exclamation portant surles participes : avec quelle douceur tu m'embrassais et me prenais dans tes bras,

    en disant... .40) R I, 10 1 (xxix, 12) : Ps dcrit l'orateur idal : \ (R, Imperatori) ; (Sa, Pant). C'est ce dernier verbe qui estutilis pour dsigner un acte de composition artistique ou artificielle (modelaged'une me, fabrication d'une mise en scne, invention d'un mensonge), et aussil'acte de faonner son loquence : (R I, 135. xxxvi. 4). Cet emploi est conforme l'usage classique : donneplutt le sens de pratiquer les discours comme dans Or. Pan. 5. 1 16 :

    \ .

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    1 1 6 JEAN-CLAUDE RIEDINGER41) R I, 104 (xxix, 1 1) : La foule dtruit les demeures de la famille du basileus : . : (, Im). L'usage de Ps conduit prfrer -, qui est aussi plus proche du manuscrit. Le sens de cder se trouve pource verbe en R II, 60, clxxx, 4 ; cf . surtout MB V, 53, 12 :

    . Quant , il se trouve avec le datif au sens de se livrer (R I, 136, xxxix, 3 ; R II, 23, cxn, 1 1 ; Or. Hag. lb 49), on le trouve aussi avec lesens de cder en emploi absolu (R I, 106, xxxm, 3 ; II, 31, cxxvn, 4) .42) R I, 1 1 1 (xliii, 3) : : (Pant, R) ; (Sa, Im). La correction retrouve uneexpression trs frquente chez Ps : ou : cf . Renauld, p. 398. Enoutre le sens est excellent : le basileus, enfin, verse - avec peine - la larme durepentir. En revanche est absent des dictionnaires et son existence et plus forte raison son sens sont douteux.43) R I, 1 17 (ii, 6s qq.) aprs l'limination de Michel, Zo et Theodora choisissenteurs fidles pour administrer l'tat :o ' , .' : (Sa). Le terme ne convient pas aucontexte : il signifie ou bien les devoirs (par ex. d'amiti : K-D II, 161, 22 ; ausens moral : R I, 132, xxix, 17) ou bien les services de l'tat . Quelques lignesplus bas (1 18, m, 7) Ps, qui vite tout terme technique du vocabulaire administratif,semble traduire par les ceux quioccupent les hautes charges (que le Livre des Crmonies appelle , cf . Vogt, dans le Commentaire du livre I, p. 43).Cependant, oriente dans une autre direction et renvoie au contraire l'un des critres importants de Ps dans ses jugements envers les empereurs : ildistingue entre ceux qui ne touchent pas l'ordre tabli : Michel IV (R I, 57, x,4 : ), Zo et Theodora elles-mmes, comme il vient dele signaler (117, n, 3 : ), Monomaque surtout, qui estlonguement clbr pour cela {MB V, 137, 6-15 ; f. ... , ) - et ceux qui le bouleversent : Michel V {MB IV, 322, 19 : ), Isaac (R II, 1 15, li, 9 : ). L'expressionest usuelle : cf . encore K-D I, 293, 29, et , propos d'une meute : . {MB IV, 373, 5) et (K-DR , 293, 29). Il apparat clairement de R I, 57, ii, 1 sqq et MB IV, 322, 19 quel'expression vise entre autres le bouleversement parmi les titulaires des hautescharges. Tous esrapprochementspeuventjustifierde lire avec la chute d'une syllabe, ce qui n'est pas rare (cf. en particulierR II, 1 15, li, 19 : pour ). Cf. aussi remarque 153.

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    REMARQUES SUR LE TEXTE DE LA CHRONOGRAPHIE \ \ 744) RI, 118 (m, 14) : c'est la liste des affaires traites par Theodora : , , , , .On est frapp par le fait que l'asyndte est rompue en deux endroits. Le secondne fait pas problme, formant un couple d'opposs(R : controverses ou accords ). En revanche, est traduit isolmentde , ce qui introduit une unique exception l'asyndte.En ralit, il s'agit d'un premier couple d'opposs, et est rattacher auxdeux substantifs : "contestations ou versements de contributions". Pour l'emploi de , cf . 17. On note qu'ainsi la symtrie de la phrasedevient parfaite. Cf. remarques 53, 54, 60.45) RI, 118(iii, 19 sq.) : ... (Sa : ).On rapprochera de (R I, 1 19, , 16 sq.) : ... (Sa : )et de (R II, 121, lxii, 2) : ... (Sa ).Sathas privilgie partout . Ce qui doit trancher ici c'est l'emploi que fait Psde la particule (Renauld passe rapidement sur ce chapitre : 215 sqq. ; 397 sqq.). Cequi apparat nettement, c'est que ses emplois sont figs : en tte de phrase (aprs lesadverbes , ), aprs deux conjonctions (, ), et dans les combinai

    sons , , . Les corrections de Sathas sont contraires l'usage dePs : elles sont d'autant moins probables que l'existence de (en deux mots)est douteuse (Denniston l'ignore pour l'poque classique). Enfin ... est de l'usage de Ps (ex. K-D I, 80, 15sq, au neutre ; MB IV, 435 au masc).Donc, la seule correction faire probablement est de lire dans le premier texte .

    46) R I, 1 20 (vi, 6) : Ps dcrit le nez de Zo : . son nez retombait, en se recourbant lgrement, sans pourtant se recourber .Les diteurs acceptent ce texte, et du mme coup une flagrante contradiction. Il estindispensable de corriger, mais on ne dispose que de peu d'lments. Le premierconcerne l'origine manifeste de la faute : la rptition par inadvertance d'un motprcdent du texte, qui prend la place d'un mot qui lui ressemble5. Le second

    5. La faute qui consiste dans la rptition fautive d'un mot ressemblant est frquente dans : nousl'avons dj rencontre (voir remarque 12). Pour donner une ide de son extension, nous rappelonsbrivement tous les cas corrigs par les diteurs (on se reportera aux textes) ; il s'agit des neuf cassuivants :1) R I. 26, . 31 : .... . La correction en (Sy) convient bienmieux au sens que (Sa).2) R I. 65 . xx. 6 : ... : lire ( ).3) R 1. 77 . xi . 1 4sq. : . .. : lire (Sa).4) R I, 111, XLiii. 3 : ' . : lire la premire fois (Sa).5) R I. 132. xxix, 25sqq. : ... : lire : nous renvoyons Ronchey.op. rit., p, 23 sqq. qui supprime ainsi un inintelligible .

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    1 1 8 JEAN-CLAUDE RIEDINGERconcerne le canon de la beaut du nez selon Ps, qu'on peut tirer de certainstextes : il est distance gale du nez camus () et de l'aquilin ().Nous renvoyons aux passages : R II, 178, XII, 13 ( ) ; Or. Min.,Littlewood 9, 67. Cf. aussi K-D I, 461, 9 et 463, 25, et aussi (Alex. VI, vin, 5) .Pour une conjecture plausible, seul conviendrait un terme qui ait quelque ressemblance avec . Mais ni ni ne conviennent(ils forment des clausules irrgulires). On pourrait peut-tre proposer : -. Ce verbe signifie former un angle , et non simplement trerecourb ; cf . propos de sourcils : , attnus par, (MB V, 69, 2) . Cette conjecture peut s'appuyer sur un textercemment publi (Theol. II, 5, 150 sqq.) : , , .

    47) R , 121 (vu, 12) : Selon Ps, c'est aux dpenses ruineuses de Zo qu'il fautattribuer le commencement de la dcadence de l'empire. oiov cela tait comme dans des oracles et dans les opinions des sages (R).Le texte n'est videmment pas satisfaisant : il faut se rappeler le tour trs usuelchez Ps aussi, lorsque sont compars deux termes introduits par la mme prposition,u type : (R , 38, IX, 21). Le tertiumcomparationis prcde, accompagn de la prposition, qui n'est pas rpte devantle terme compar : par sa voix semblable au tonnerre . De mme ici, nous n'hsiterions pas supprimer : tout cela demeurait dans les jugements des genslucides, semblables des prophties (comme dots d'un pouvoir prophtique).48) RI, 12 1 (ix, 8-x,l):(ix) ' () .

    6) R , 148, Lxiv, 3 : ... . On a propos pour le second emploi (),qui ne convient pas, car avec le gn. ce verbe signifie mettre la main sur (ex. R I, 1 10, xl, 5) ou se saisir de (ex. R I, 12, xix, 12). Il s'agit des occupations de Zo : semble seul convenir(cf. RI, 43 , xv, 27; 140, xlvii, 10...).7) R II, 40, cxuii, 9 sqq. : ... ... : lire pour le second emploi (Sa). En revanche, pour le troisime emploi, (Sy) est rejeter : l'ide estcelle de l'hypocrisie, non de la tromperie, et une erreur ainsi redouble serait un cas unique.8) R II, 47, clv, 3 (sur la carrire amoureuse manque de Bolas avec la princesse d'Alanie) : \ \ , , . Les conjectures divergentfortement : transposition (peu intelligible) de et (R) ; (Sy), oulacune simplement indique {Imperatori) ; (Sa). Cette dernire est sans doute la meilleure,car elle suppose une erreur typique du scribe ( serait pourtant bien en situation avec ,mais Ps n'utilise pas ce verbe pour le bannissement : on trouve une seule fois au sens d'exil dansun contexte pnal : MB V, 235, 1) . La solution reste donc dcouvrir.9) R II, 99, xxvn, 13 : ... : lire (Sa). Autres cas : remarques 56, 98,125.

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    REMARQUES SUR LE TEXTE DE LA CHRONOGRAPHIE \ \ 9La coupure que Sathas a tablie entre les deux paragraphes (en se fiant au titredu ms.) rend la seconde phrase inintelligible : celle-ci en effet ne se rapporte pas la suite (ce qui supposerait que Ps n'a pas t vridique jusqu' prsent !), mais

    complte ce qui vient d'tre dit : je ne vais pas encore parler de cela, je le feraidans la suite de la faon la plus vridique et la plus intelligible . Cette insistanceur le vrai renvoie sans doute la prface de l'histoire de Monomaque, o ilannonce plusieurs reprises son intention de dire toute la vrit sur l'empereur,quoi qu'il en cote (xxn sqq.)

    49) R I, 122 (x, 2 sq.) : C'est le portrait de l'empereur idal ncessaire Zo :... , , \ .Le portrait est constitu par une srie de dterminations accordes au gn.. Elles sont rparties en trois couples : capacit politique (, ), don de prvoyance ( ... ) ; mais la surprisevient du troisime, qui concerne les qualits d'action : un inf. ()vient subitement rompre la construction. Corriger en (Sy) est unprogrs, mais insuffisant, car l'infinitif ne dpend de rien. Soit on supprime l'article devant ( qui devait attaquer le premier ), soit on suppose aucontraire une lacune ou bien aprs (le gn. complment du verbe ayant disparu : qui devait attaquer le. . ) ou bien aprs , le sens tant alors : (capable)d'attaquer l'avance celui qui est sur le point de le faire (nous devons ces derniressuggestions M. B. Flusin).Livre VI (Constantin IX Monomaque)

    50) R I, 126 (xvm, 13sq.) : Monomaque est rappel d'exil : . Le rcit se poursuit alors ainsi : , xix , ...Ce texte est accept malgr l'absence surprenante d'un verbe dans la premirephrase (Imperatori a rattach les premiers mots au paragraphe suivant, mais leproblme se complique alors par l'absence d'une liaison). On peut cependantrapprocher du rcit du mme pisode dans Y loge de Michel Crulaire, qui reprendpresque mot--mot ce mme retour (MB IV, 323, 25) : ' - , .On ne voit pas pourquoi Ps aurait omis - sans qu'on puisse en dcouvrir uneraison - dans la Chro le verbe qu'il exprime dans loge. La chute d'un mot est unphnomne assez frquent dans pour qu'il ne soit pas hardi l'excs de la supposerci : il est possible que la phrase dbutait aussi par , la particule deliaison qui manque aussi ayant disparu avec le verbe.

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    120 JEAN-CLAUDERIEDINGER51) R I, 126 (xix) : Le rcit de l'entre du nouveau basileus Constantin Mono-maque dans la capitale contient un endroit qui semble assez gravement abm.Ps dcrit la foule qui afflue, improvisant une seconde ville ct de la premire . . : (Sa) ; : (Sa) ; (). Mais cesdeux corrections ne suffisent pas, car n'est jamais plac aprs son complmentpar Ps, et il faudrait donc rtablir ce complment. Nous proposerions une solutionplus simple : la scne se situe devant les remparts (cf. ... dans le rcit du mme vnement, MB IV, 323). Ds lors, on peut penser : l'espace au-del des remparts (pour ,cf . par ex. R II, 63, clxxxvii, 18 ; 172, i, 7 ; le tour est usuel). On trouve dans desexemples de la confusion entre et et une faute a peut-tre amen l'autre (cf. .-), comme est sorti de , probablement, en R I, 84, un, 1).

    La seule difficult porte sur , qui devrait dissimuler un ', ce qui constituene faute atypique dans P. Mais le sens en tout cas convient parfaitement : l'espace au-del des remparts tait occup par une foule de gens de la ville, desfoires et des marchs .52 ) RI, 128 (xxm, 5 sqq.) Ps exprime ses scrupules l'ide d'crire une histoire de Monomaque qui comporterait ncessairement des critiques : ' , , , , .Tous les diteurs acceptent ce texte, qui contient cependant une trs gravedifficult. Tout en effet dpend du sens de . On entend : (tant en actes matriels) qu'en moyens d'augmenter ma fortune encore (R), oubien bienfaits indirects (Se, Ro), ce qui n'est pas trs clair. Mais il s'agit en faitd'une expression rcurrente chez Ps dans tout ce passage (avec son synonyme -) : (xxiv, 9) ; ... (xxm, 12sq.) ; ... (, 6 sqq.). On la retrouve en prfacede la dernire partie de l'histoire de Monomaque (R II, 50, clxi, 5 : ... ; ib. 1 1 : ... ). En

    tous les cas, le sens est le mme : matire discours logieux , ou inversement,et ce sens s'impose donc ici galement.Il en rsulte que les deux compl. de n'ont aucun rapport de sens quijustifierait un balancement par ... . La seule faon de rsoudre la difficult est notre avis de reconnatre que le scribe a saut le contenu du second lment, et deretrouver l'opposition usuelle entre paroles et actions (cf. par ex. MB V, 169, 22),avec quelque chose comme (vont dans le mme sens quisuggre une opposition, et aussi la diffrence des prpositions). Nous traduirions : je serais ingrat, et parfaitement draisonnable, si, pour toute la matire qu'il m'afournie, soit par ses actions mmes soit (par ses paroles), des propos logieux, jene lui en donnais en retour une toute petite partie, ma reconnaissance par mes crits (pour l'emploi de , cf . par ex. MB IV , 421, 8 : ).

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    REMARQUES SUR LE TEXTE DE LA CHRONOGRAPHIE \ 2 153) RI, 134 (xxxm, 6 sqq.) : Monomaque avait de la rpugnance envers ceuxqui voulaient l'entretenir d'affaires graves : , , , ...Nous avons reproduit la ponctuation de Renauld, qui coordonne ainsi un suivi du part, avec un second suivi de opt., ce qui est impossible, et aboutit unetraduction injustifiable ( comme quelqu'un qui viendrait ). Aussi a-t-on corrigen (Im). Mais la difficult est cre seulement par la ponctuation : il faut mettreentre virgules .... pour faire apparatre que est construitavec deux compl., d'abord un substantif, , puis une compltive, .Renauld (p. 243) signale lui-mme que cette construction peu classique serencontre souvent chez Ps. Nous renvoyons ses exemples. Donc : montrant

    un cur soucieux, et qu'il tait l pour. . . Pour nous renvoyons la remarque 160. Autre cas de ponctuation discutable : remarques 54, 60, et dj 44.54) RI, 136 (xxxvn, 8 sqq.) : Ps situe la place de la mathmatique dans sonascension vers la philosophie premire :... , .La mathmatique occupe donc une position intermdiaire : mais entre quelstermes ? Les diteurs placent la virgule aprs , rattachant tout ce qui prcde au premier terme. Il s'agit certainement d'une erreur, cause par une traductionerrone de : le rle propdeutique de la mathmatique est d'tre l'intermdiairentre la physique et intellection sans relation avec les corps ( ). L'ide vient de Platon, mais par l'intermdiaire de Proclus, dont onretrouve le vocabulaire (). Elle est frquemment exprime par Ps ; bornons-nous citer une formulation parfaitement nette : (Boissonade, De OperationeDaemonum, p. 61). Ces derniers mots distinguent donc, par rapport l'intellection,qui est le mode de perception oppos la sensation, son objet qui est la substance,entirement trangre tout mlange avec la matire. Il faut supprimer la virguleaprs , le sens tant : et les essences elles-mmes auxquelles correspondl'intellection pure . Il ne s'agit pas toutefois de la connaissance intuitive, au-deldu syllogisme (Crise), puisque celle-ci concerne ce qui est au-del de la substance ().55) RI. 137(xu,20): propos de l'harmonie que Ps tablit dans son uvre entre rhtorique et philosophie : , '

    . : (). Une correction est ncessaire, mais n'est probablementas le mot utilis par Ps. Le terme usuel chez lui pour dire proposition, sujetde recherche est , qui se retrouve avec en MB V. 535, 2 ;

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    1 22 JEAN-CLAUDE RIEDINGERcf . aussi par ex. 453, 18 et 454, 20 ; K-D I, 213, 10. On notera que Ps vient d'utilisere mot (R I, 136, xxxvm, 8 ; 137, xu, 10). Quant , il est usuel,mais pour dsigner la circonscription territoriale (cf. MB V, Index).

    56) R I, 140 (xlvii, 5 sqq.) : sur la conception errone que se fait Monomaquedu pouvoir imprial : , (Sa pour ) -.Ce passage est crit avec le plus grand soin (cf. le rythme ternaire, et le termepositif encadr par les deux termes ngatifs). On attendrait donc une recherche,dans chaque couple, d'une exacte antithse entre les substantifs, et non la rptitionde employ ici deux fois de suite, alors que partout dans la Chro. c'est qui est utilis (et encore peu auparavant sur le mme thme -, xxxiv, 3). Le couple d'opposs : tension / relchement,se retrouve, avec la mme acception psychologique, en deux endroits (R I, 4, iv, 6 : ... ; R , 112, xlvi, 16 : ... ). Etenfin, le relchement caractrise Monomaque (comme il est signal encore justeaprs R 1, 141 , xlix, 3 et R II, 34, cxxxn, 8) . Il nous semble donc qu'il y a des raisonssrieuses pour prfrer la seconde fois (on note que dans le second est crit presque exactement en-dessous du premier, et qu'il a le mmetrac). Mme type de faute : remarques 12, 46, 98, 125.

    57) RI, 144 (lv, 12): ' .' : (Sa)La validit de la correction de Sathas dpend de l'emploi que fait Ps de .Voici le rsultat de nos relevs dans la Chro : ces emplois sont aussi strotypsque ceux de (cf. 45). Outre , (qui alternent avec , ), cette particule se trouve peu prs toujours soit aprs un mot invariable (con

    j onct ion, adverbe, ngation, particule), soit aprs un pronom (relatif, dmonstratif,indfini). Les emplois avec les autres mots variables sont trs rares, et limitsd'ailleurs presque exclusivement un seul cas : aprs le premier mot qui suit unesubordonne ou un participe valeur circonstancielle (type : ..., R II, 17, en, 15 ; nous avons relev seulement trois exceptions : R 11,17,cm, 13 ; 108, xxxix, 16 ; 144, lvii, 3). Ensuite est rare : les deux particulessont le plus souvent spares. La conjecture de Sathas est donc trs peu probable.Surtout, l'apostrophe correspond une habitude du copiste, qui spare ainsi volontierse prverbe du verbe. Il s'agit simplement du compos : .Cf aussi remarque 65.

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    REMARQUES SUR LE TEXTE DE LA CHRONOGRAPHIE \ 2358) R I, 146 (lx, 1 1 sqq.) : le portrait de la Sklraina se termine de faon in attendue sur sa finesse d'oue, mais il s'agit en fait d'introduire la jolie anecdote quisuivra : ' , ' ' , 6 ' , - .Telle est la ponctuation de Sathas, les autres diteurs mettent entre parenthses ... . Ainsi disparat tout lien de cause effet entre et ,, ce qui rend inintelligible ce texte difficile :1) Tout s'explique en effet par le fait qu'elle savait que tous les propos serapportaient elle . De ce savoir dcoulent deux consquences :2) ' . On traduit

    par paroles claires , ce qui est videmment impossible. Le seul sens qui conviennest celui, usuel, de potins, commrages, ragots (cf. dans la Septante, SapientiaSirachi XLII, 1 1 : ). D'autre part le datif estprobablement corriger en (R), car on attendrait, comme complment, . D'o le sens : elle faisait mme d'un murmure entre les dents un commrage, l'opposition tant entre les propos et les chuchotements (comme enMB IV, 433).3) . C'est l'tapecomplmentaire, concernant le sens des propos murmurs. La difficult porte sur. On ne retrouve pas ce verbe construit avec , mais en revanche on a assimiler (R I, 33, n, 7 ; mme construction dans Y Alex, avec : II, vu, 6) . Nous comprenons donc : elle identifiait le contenu de ceschuchotements l'effet de sa rputation .On le voit, Ps s'amuse : il difie une sorte de thorie sur la finesse d'oue de laSklraina, o il souligne avec humour un processus de reconstruction intellectuelle(, qui n'est pas considrer comme mais faire , et ).59) RI, 146 (lxi, 13) : l'anecdote qui suit appelle trois remarques. Au coursd'une procession, un flatteur murmure son passage . Elle le prendensuite part, et l'interroge : ' , , , ... ... .(il faut faire une remarque pralable : l'ordre des mots , rare chez Ps, seretrouve pourtant, par ex. en MB IV, 346, 1 3 sq. : ' ;cf . aussi Or. Hag. le, 290... Il n'est donc pas ncessaire de corriger). , ... lorsque celui qui avait prononc ces mots eut racont l'histoire en dtail... .Mais que signifie ? Renauld a renonc sa premire ide (R II, 199),mais ne la remplace pas, alors que en dtail (Se, Ro) rend seulement (pour ce sens. cf . R I. 76. xxxvm. 1 3 ; 152. i.xxm. 3) : est savoir ou faireavec exactitude .

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    1 24 JEAN-CLAUDE RIEDINGERLa solution est chercher dans la syntaxe de Ps, dans l'emploi trs frquentchez lui du part, neutre substantive. Renauld, qui tudie cette tournure (346 sqq.) n'apas distingu ses deux sens possibles : outre le sens concret, le sens abstrait, lefait que (familier Thucydide l'poque classique), qui est patent dans certains

    des exemples qu'il cite ( l'insuffisance ; la supriorit etc.. ). Nous entendons donc ici : grce sa connaissance prcise del'histoire , le terme reprenant de lx, 10. Pour l'emploi, rare ilest vrai, au datif, cf . Renauld, p. 348 (on le trouve aussi chez Thucydide : Khner- Gerth I, 267). ne peut signifier que (cf. Ro) : en mme temps qu'il parlait (la foule approuvait de la tte). On a ici un trait pittoresque, qui disparat quand ontraduit par : (la foule approuvait) la fois. . . , comme s'il y avait ... .60) RI, 147 (lxii, 9 sqq.) : (il s'agit de l'absence de jalousie de Zo envers la

    Sklraina) : , , .Les diteurs coupent aprs , ce qui contraint traduire la suite par mine par le temps , ce qui n'est pas le sens du verbe (en ce sens Psutilise ). Il faut revenir la coupure propose par Kurtz, aprs = elle ne ressentait plus de colre, dpouille qu'elle tait par l'ge de lapassion de la jalousie . Pour au passif, cf . par ex. R II, 2, lxxviii, 1 ; 37,cxxxvii, 6. Ps donne la mme explication en termes voisins en R I, 141, xlix, 9 ;143, lui, 1 sqq.Un mot est ici ncessaire sur la premire apparition du motif de la jalousie :R I, 141, xlix, 6-9. (nous renvoyons au texte). Il faut comprendre selon nous : (l'empereur ne voulait en rien contrarier les impratrices), mais comme il enexistait auparavant un motif (allusion la liaison avec la Sklraina), il les offensaimmdiatement, mme si ce ne fut pas l'avis de son pouse, soit qu'elle dissimultsa jalousie, soit qu'elle l'et perdue avec l'ge . Les traducteurs introduisent unirrel qui n'est pas dans le texte.

    61) R I, 153 (lxxiv, 23sqq.) :Ps s'en prend la prtention de certains empereurs d'tre en tout les plus savantset les plus habiles : la fin fait transition avec l'histoire de Maniaks : , ' , ' .... : ... (Sa) ; ... (Pant, R).Le contexte permet selon nous de dterminer la seule correction possible :1) avec , reprsente le bras amput beaucoup plus naturellement que le secours , et rend probable un sing, prcdent.2) a t faonn, model s'accorde avec le sujet concret ,non avec ; reviendra propos de Maniaks en R II, 2, lxxviii, 9.Il ne reste donc que : un bras de secours , secourable. La difficult tient sans doute l'allure biblique du style, qui est cependant parfaitement en

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    REMARQUES SUR LE TEXTE DE LA CHRONOGRAPHIE 125accord avec cette lecture religieuse, providentialiste, de l'histoire de Maniaks. Ellese traduit par l'emploi de comme dans la Septante (ex.Gen. 11,15), imageensuite prolonge, et par celui du gn. biblique , qui n'a d'ailleurs rien d'exceptionnel hez Ps (par ex. R 1,56, vi, 2 : : R II, 14 , xcix, 8 : etc.).Ajoutons enfin que (Pant, pour ) s'accorde certainementieux avec le thme du passage, qui s'en prend personnellement aux empereurs, que le passif impersonnel... De plus, il s'agit d'une faute assez frquente.Les remarques sur le texte du second volume de Ps dit par R. seront publies dans leprochain numro de la REB.Liste des abrviationsNous emploierons les abrviations suivantes :Alex. : Anne Comnne, Alexiade, d. B. Leib, I-III, Paris 1937-1946.Bhlig : G. Bhlig, Untersuchungen zum rhetorischen Sprachgebrauch derByzantiner, mit besonderer Bercksichtigung der Schriften desM. Psellos, Berlin 1956.Boissonade : J. Fr. Boissonade, Michaelis Pselli de Operatione daemonum,Nuremberg 1838.Crise : voir Imperatori.Hist. synt. : Pselli Historia Svntomos, d. W. J. Aerts [Corpus Fontium HistoriaeByzantinae 30], Berlin 1990.imperatori : Michle Psello, Imperatori di Bisanz.io (Cronografia), testo critico acura di S. Impellizzeri, commento di U. Criscuolo, traduzione deS. Ronchey, I-II, Fundazione Lorenzo Valla 1984. : . Kurtz, The History of Psellos, BZ 9 et 14 .K-D : E. Kurtz - F. Drexl, Michaelis Pselli Scripta Minora, Milan 1936-1941 .MB : K. N. Sathas, Bibliotheca Graeca Medii Aevi, t. IV-V, Athnes-Paris1874-1876.Or. hag. : Pselli Orationes hagiographicae, d . . Fisher, Stuttgart-Leipzig 1994.Or. min. : Pselli Oratoria minora, d. A. R. Littlewood, Leipzig 1985.Or. pan. : M. Psellus, Orationes panegyricae, d. G. T. Dennis, Stuttgart-Leipzig1995.Pant : Pantazidis, dans 3, 7, 8.Phil. min. : Pselli Philosophien minora, 2. d. D. J. O'Meara, Leipzig 1989.Ps : PsellosR : Michel Psellos, Chronographie, d. E. Renauld, t. 1-2. Paris 1926-1928.Renauld : . Rhnauld. Etudes sur la langue et le style de Michel Psellos, Paris1920.Ro : Ronchey. dans Imperatori.Sa : C. Sathas. The history of Psellos, with critical notes and indices.Londres 1899.

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    1 26 JEAN-CLAUDE RIEDINGERSe : Michael ellus, Fourteen Byzantine Rulers, transi, by . R. A. Sewter,19552.Sy : J. Sykutris, dans BZ 27, 1927, p. 99-105 et 29 , 1929, p. 40-48.Theol. : Pselli Theologica, III, d. P. Gautier, Leipzig 1989.

    L'dition de Br . Karallis, Athnes 1992, reproduit simplement le texte d'Impellizeri(voir Im) et n'est pas prise en compte. Nous n'avons pu consulter les traductions en russe(Ljubarskij, Moscou 1978), sudois (Linnr, Stockholm 1984) et polonais (Jurewicz, Breslau1985).Jean-Claude Riedinger