Arietta Papaconstantinou. La liturgie stationale à Oxyrhynchos dans la première moitié du 6e siècle. Réédition et commentaire du POxy XI 1357. Revue des études byzantines, tome

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    Arietta Papaconstantinou

    La liturgie stationale Oxyrhynchos dans la premire moiti du

    6e sicle. Rdition et commentaire du POxy XI 1357In: Revue des tudes byzantines, tome 54, 1996. pp. 135-159.

    Rsum

    Publi pour la premire fois en 1915 par Grenfell et Hunt, le calendrier liturgique POxy XI 1357 fait ici l'objet d'une nouvelle

    dition qui revient sur un certain nombre de restitutions introduites de faon peut-tre trop htive. Cette dition est accompagne

    d'un commentaire historique portant sur l'organisation du temps liturgique, sur les glises et leur utilisation par la liturgie

    stationnale, et sur la place rserve aux saints tant dans les ftes que dans la ddicace des lieux de culte. La fonction et les

    conditions d'laboration du document font, enfin, l'objet d'une nouvelle interprtation.

    Abstract

    REB 54 1996 Francep. 161-199.

    Arietta Papaconstantinou, La liturgie stationnale Oxyrrhynchos dans la premire moiti du 6e sicle. Rdition et commentaire

    du POxy XI 1357. The liturgical calender POxy XI 1357 was published for the first time by Grenfell and Hunt in 1915. The new

    edition given here reexamines a number of restitutions introduced, perhaps too hastily, in the original edition and repeated ever

    since. It is followed by a historical commentary treating questions such as the organization of liturgical time, the use of the town's

    churches made by stational liturgy, and the place taken by saints in the cycle of feasts and in the dedication of churches. Finally,a new interpretation is given of the function of the document and of the conditions in which it was produced.

    Citer ce document / Cite this document :

    Papaconstantinou Arietta. La liturgie stationale Oxyrhynchos dans la premire moiti du 6e sicle. Rdition et commentaire

    du POxy XI 1357. In: Revue des tudes byzantines, tome 54, 1996. pp. 135-159.

    http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rebyz_0766-5598_1996_num_54_1_1921

    http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/author/auteur_rebyz_67http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rebyz_0766-5598_1996_num_54_1_1921http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rebyz_0766-5598_1996_num_54_1_1921http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/author/auteur_rebyz_67
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    LA LITURGIE STATIONNALE OXYRHYNCHOS

    DANS LA PREMIRE MOITI DU 6e SICLE.RDITION ET COMMENTAIRE

    DU POXYXl 1357 '

    Arietta PAPACONSTANTINOU

    Rsum Publi pour la premire fois en 1915 par Grenfell et Hunt, le calendrier liturgique POxy XI 1357 fait ici l'objet d'une nouvelle dition qui revient sur un certainnombre de restitutions introduites de faon peut-tre trop htive. Cette dition est accompagne d'un commentaire historique portant sur l'organisation du temps liturgique, sur lesglises et leur utilisation par la liturgie stationnale, et sur la place rserve aux saints tantdans les ftes que dans la ddicace des lieux de culte. La fonction et les conditions d'laboration du document font, enfin, l'objet d'une nouvelle interprtation.En 1915 paraissait dans le volume XI des papyrus d'Oxyrhynchos lecalendrier liturgique POxy XI 1357, qui couvre la priode du 23 phaphi(20 octobre) la fin de phamenth (fvrier/mars) de l'anne 535-536.Revenir sur ce document exceptionnel peut paratre, a priori, inutile : sesditeurs, Grenfell et Hunt, l'ont longuement comment et annot2 ; puis

    1 . Je tiens remercier le pre Ugo Zanetti pour l'attention qu'il a consacre une premire version de cet article, ainsi que Jean Gascou, qu i m'a apport plusieurs prcisionsaprs avoir examin le document original Londres.Ouvrages cits en abrg :Baldovin, Urban Character: J. Baldovin, Th e Urban Character of ChristianWorship. The Origins, Development and Meaning of Stationed Liturgy, Rome 1987.Baumstark, Antiocheia : A. Baumstark, Das Kirchenjahr in Antiocheia zwischen 512un d 518, Rom. Quartalschrift 11, 1897, p. 31-66 et 13, 1899, p. 503-523.DelEHAYE, Calendrier : H. Delehaye, Le calendrier d'Oxyrhynque pour l'anne 535-536, An. Boll. 42, 1924, p. 83-99.POxy XI : B.P. Grenfell et A. S. Hunt, The Oxyrhynchus Papyri, XI, Londres 1915.2. POxy XI, n1357, p. 19-43 et pi. 1 ; voir J. van Haelst, Catalogue des papyrus littraires juifs et chrtiens, Paris 1976, p. 963, n 96 1 ; reproduction partielle dans G.Revue des tudes Byzantines 54, 1996, p. 135-159.

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    136 ARIETTA PAPACONSTANTINOUHippolyte Delehaye l'a, dans les Analecta Bollandiana, prsent au pluslarge public de l'hagiographie3 ; il a, en outre, propos une interprtationnouvelle de la finalit du document et exprim son dsaccord sur certaines restitutions des diteurs. Rien, premire vue, ne parat devoirtre ajout au travail de ces savants.Cette premire impression, toutefois, ne rsiste pas un examen plusattentif du dossier runi autour du calendrier d'Oxyrhynchos. L'ditionque Grenfell et Hunt en ont donne n'est pas, en effet, sans soulever deproblmes, ou, du moins, sans crer certains risques pour les utilisateurs.Elle contient, il est vrai, des lectures qu i se rvlent toujours exactes,parfois mme meilleures que celles que l'on peut faire aujourd'hui surun original sans doute dtrior. Mais les restitutions proposes pour lesnombreuses lacunes sont, en revanche, de pures conjectures fondes surdes calendriers tardifs. Cela ne les a nullement empches de faire leurchemin dans la bibliographie ultrieure : ainsi, dans son recensement desglises d'Egypte, Antonini donne pour acquis un martyrion nord et desglises Ama-Hras, Saint-Jrmie, Saint-Julien, Saint-Paul, Saint-Thodore et Saint-Thodote, alors que tous ces difices ne sont connusque par des restitutions, entires ou partielles 4. Delehaye, pour sa part,observe dans une confrence prononce au Collge de France en 1935qu' Oxyrhynque, si les lectures sont exactes, l'glise S. Pierre ftaitson patron, l'glise S. Paul le sien5 : or il ne s'agit pas de lectures, maisde restitutions ; ni la mention d'une glise Saint-Paul, ni celle d'une ftedes deux saints ne sont conserves.Il convient donc, avant tout, de donner une nouvelle dition de cepapyrus. Celui-ci mrite, de surcrot, un commentaire historique sur certains points qui n'ont pas ou peu retenu l'attention des premierslecteurs : l'organisation du temps liturgique, d'abord, et le rythme desclbrations ; les glises, ensuite, et leur utilisation par la liturgie station-nale ; la fonction du document, enfin, sur laquelle on peut revenir lalumire du contexte politique.Description

    Le calendrier liturgique est inscrit en deux colonnes sur une feuille depapyrus qu i mesure aujourd'hui 29,7 36,4 cm . Une cassure verticalesur le ct droit l'ampute d'une bande que l'on peut estimer 5 cmd'aprs la largeur de la premire colonne du texte (C I), de telle sorte quela deuxime colonne (C II) ne conserve que la partie gauche de son texte.Cavallo et H. Maeiiler, Greek Bookhands of the Early Byzantine Period, A.D. 300-800,Londres 1987, p. 69 , pi. 30a (lignes 1-30).3. Delehaye, Calendrier voir aussi id.. L'ancienne hagiographie byzantine. Lessources, les premiers modles, la formation des genres. Confrences prononces auCollge de France en 1935, d . B. Joassart et X. Lequeux, Bruxelles 1991, p. 6-10.4. L. Antonini, Le chiese cristiane nell'Egitto dal IV al IX secolo secondo i documentidei papiri greci, Aegyptus 20 , 1940, p. 173-179, n 3, 6, 11, 15, 27 , 31 et 32.5. Delehaye, L'ancienne hagiographie byzantine... (note 3) , p. 8 (soulign par moi).

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    LA LITI'RGIK STAK )N\ A ! .! \ >.\ > !

    6. G. Cavallo et H. -.hu-.k, Greek ^hhkhiiiuis .. " : '

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    138 ARIETTA PAPACONSTANTINOUmars) et le dbut du Carme le 15 mcheir (10 fvrier). Le calendriermentionne, pour la premire semaine du Carme, deux clbrationsconscutives qu i ont lieu le samedi 21 et le dimanche 22 mcheir. Ilsignale encore, pour la premire semaine du mois, deux autres synaxesdont la date prcise n'a pas, malheureusement, t conserve. Enfin C IIfait tat, pour phamenth, de sept synaxes, dont deux au moins se suivent sur deux jours. Si le rythme observ pour la premire quinzaine duCarme deux clbrations par semaine se maintient jusqu' la finde celui-ci, les sept synaxes donnes par C II couvrent une priode d'unpeu plus de trois semaines se terminant la veille de Pques. Le calendrier couvrirait alors la priode allant du 23 phaphi (21 octobre) jusqu'Pques, ou du moins jusqu'au dimanche des Rameaux. Cette observationa, comme on le verra, son importance.ContenuPOxy XI 1357 est donc un calendrier liturgique pour une prioded'environ cinq mois, contenant les ftes clbrer et le lieu de leur clbration, sur le modle date (mois et jour) ; lieu (l'glise X) ; nature de laclbration (le jour de Y). Les diteurs avaient relev la ressemblancede ce systme avec celui des stationes de Rome. Hippolyte Delehaye l'acompar celui de Constantinople, sans faire, pour autant, d'autre commentaire 8. Il s'agit, dans les deux cas, d'une forme d'organisation liturgique trs tudie depuis et qualifie habituellement, d'aprs le riteromain, de stationnale. Ce terme s'applique l'ensemble des actionsliturgiques qu i ont lieu dans une ville, sous la direction de l'vque etavec la participation du clerg et des fidles ; ces clbrations se droulentelon un ordre fixe, dans des difices de culte prtablis et l'occasion e ftes prcises l'avance. Chacun de ces services est considrcomme le principal de la journe: Alexandrie on l'appelle 9.Il est clair qu'avec POxy XI 1357, nous sommes en prsence d'uncalendrier de liturgie stationnale comportant la liste des synaxes prsides par l'vque, leurs date et lieu de clbration. Un service stationnaipeut aussi impliquer une procession allant d'un lieu de culte un autre ;c'est peut-tre ce qu i se passe Oxyrhynchos lorsque deux synaxes sontprvues pour le mme jour 10.Les ftes retenues dans la prsente dition sont, comme on le verra,drastiquement rduites par rapport l'dition princeps. Il me semble, en

    8. POxy XI, p. 22 ; Delehaye, Calendrier, p. 87.9. H. Brackmann, Synaxis katholike in Alexandreia, JbAC 30 , 1987, p. 74-89.Dfinition de la liturgie stationnale, p. 74-75 ; voir aussi celle de Baldovin {UrbanCharacter, p. 37), qui en mentionne plusieurs autres p. 37 n. 6.10 . Le 1er tybi ( Saint-Pierre et Saint- ? ), le 14 tybi ( Saint-Michel et Ama ? ), le15 tybi ( Sainte-Euphmie et l'vangliste), au dbut de mcheir (noms des glisesmutils), et le 21 mcheir ( Saint-Philoxne et Saint- ? ).

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    Illustration non autorise la diffusion

    LA LITURGIE STATIONNALE OXYRHYNCHOS 139

    Le papyrus POxy XI 1357 (Brit. Libr. Pap. 2442 ;reproduit avec l'aimable autorisation de la British Library)

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    140 ARIETTA PAPACONSTANTINOUeffet, peu prudent de proposer des restitutions d'aprs des calendriers tardifs qui, de surcrot, n'ont rien voir avec le contexte local de POxy XI1357. Seules, en fait, six restitutions me paraissent assures : les troisdimanches (3 et 7 tybi, 15 mcheir), saint Pierre le 1er tybi, l'Epiphaniele 11 et sainte Marie le 21. J'ai pris le parti, dans tous les autres cas, dene restituer ni noms d'glises, ni noms de ftes et de garder mes propositionsour les notes n. Cette position minimaliste est, en outre, justifie ar le fait que, dans C I, trois clbrations ne sont associes aucunefte. Col. I

    () ' '''

    1234567891011121314-19 []20212223242526272829303132

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    "' ' () []lacune de six lignes

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    1 1. On ne trouvera pas, dans l'annotation, de commentaire sur chaque saint : pour celaje renvoie H. Delehaye, Les martyrs d'Egypte, An. Boll. 40, 1922, p. 5-154 et 299-364et A. Papaconstantinou Le culte des saints en Egypte d'aprs la documentation papyro-logique et pigraphique grecque (V e - VIIe s.), Thse de doctorat, Strasbourg, 1993.

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    Col. II33 [] ' () [ () 34 () () () [35 ' [ ^36 ' [... (Epiphanie)37 ' [ 38 ' () [39 ' () [][40 [41 ' () [42 [()43 ' [44 ' [ 45 ' () [... (Dormition)46 [ ]() [47 [ ][48 [ .. ( )] [49 [ ]() [50 [ ][51 [ ] [ ]() [52 [ '] () [53 ' () [54 ' () [55 ['] [56 [ ] () [ 57 []/ [ 58 ' () [59 () () [()60 [] [61 [] () [62 [ ] ' [63 [ ] () [64 [ ] () [65 [ ] () [66 [ ] [67 [ ] 68 [ ] [()69 [ ] [

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    142 ARIETTA PAPACONSTANTINOUTraduction

    Col. IListe des synaxes aprs le voyage de l'vque Alexandrie, comme suit

    celle de Phoibammon, le dimanche Saint-Srnos, le jour de la pnitence celle des martyrs, le dimanche celle de Phoibammon, le jour d'pimachos l'vangliste, le dimanche Saint-Michel, son jourau mme Saint-Juste, son jour Saint-Mnas, son jourau mme Saint-Juste

    Indictionphaophihathyr

    1423253037121314151617

    (choiak) Lacune de 6 lignes7 Saint-Victor12 celle d'Annian, le dimanche1 5 Saint-Cosme, le jour d'Ision19 l'vangliste, le dimanche22 Saint-Philoxne, son jour

    23 au mme24 au mme25 au mme encore26 Saint-Srnos, le dimanche27 au mme28 Sainte-Marie, la naissance du Christ29 la mme30 la mme encore

    (tybi)Col. II

    1 Saint-Pierre, ...de mme aussi Saint-...3 celle de Phoibammon, le dimanche (?)1 1 celle de Phoibammon, l'Epiphanie (?)12 l'glise sud...13 Saint-Philoxne...14 Saint-Michel... Ama-...15 Sainte-Euphmie ... l'vangliste...

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    LA LITURGIE STATIONNALE OXYRHYNCHOS 143

    (mcheir)

    phamenth

    1617217?77777911? 1271521?22777777

    777

    celle de Phoibammon... celle d'Annian, le dimanche (?) Sainte-Marie, son jour (?) Saint(e)-Ie...au Baptiste... Saint(e)-Ioul... Saint-abba...au... Sainte-Euphmie... Saint-Zacharie... Saint-Srnos... Saint-Gabriel...au mme Saint-apa Anoup, le jour de... celle de Phoibammon, le dimanche (?) Saint-Philoxne...de mme Saint...au mme, le dimanche (?) l'glise sud... la mme, le dimanche (?) Saint-Tho... Saint-Philoxne... Saint-Th... celle de Phoibammon... celle de Phoibammon... Sainte-......

    Notes2. dsignait les vques : voir PLond II 417,3 (p . 299) de 346( ) ; aussi Lampe, A Patristic Greek Lexicon,Oxford 1968, s.v., p. 1006. Les diteurs pensaient au patriarched'Alexandrie, mais sans fondement. Delehaye (p. 88) propose l'vquelocal. Il pourrait s'agir de l'vque Pierre, mentionn en 534 dans PSI III216.3. L'glise de Phoibammon n'est pas atteste par ailleurs. Plusieurssynaxes dominicales y ont eu lieu. Voir plus loin le commentaire sur lesglises.4. Saint-Srnos est un martyrion d'aprs POxy LV 3804, 164 (de566) ; mentionn aussi dans POxy XVI 1911 (557), PSI VII 791 (6e s.),VIII 953 (568). Il se trouvait sans doute sur la proprit des Apions. : ce jour de pnitence est nomm d'aprs unrite d'inclinaison pnitentielle qui lui tait propre et qui, selon la

    lgende, aurait t institu le 25 phaphi par Apollo de Baout en l'hon-

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    144 ARIETTA PAPACONSTANTINOUneur de son compagnon Phib, mort celte date : voir R.-G. Coquin,Apollon de Titkooh ou/et Apollon de Bawt?, Orientalin 46, 1977,p. 435-446, en particulier p. 438-446. Cette date se transforme peu peuen fte d'Apoll, supplantant la clbration originellement fixe au5 mcheir : J. Gascou, Un nouveau calendrier de saints gyptiens(PLond. inv. 318), An. Boll. 107, 1989, p. 387-388. Au 25 phaphi, lesynaxaire arabe mdival commmore Phib et Apoll, mais conserveaussi le souvenir de ce rite (R. Basset, PO 1, 1907, p. 366-369).

    5. : glise atteste par PLond V 1762 (677e s.) ; elle peuttre ddie tous les martyrs, un groupe spcifique, ou encore auxTrois martyrs, alias Trois enfants ou Trois saints, noms sous lesquels on dsigne, en Egypte, les Trois Hbreux : voir J. Gascou, Notesde papyrologie byzantine, II. 1. Les sanctuaires ddis aux Trois SaintsJeunes Gens en Egypte byzantine, Chron. Eg. 59, 1984, p. 333-337.La fin du mois de phaphi est marque par un trait tir entre les lignes5 et 6, qu i commence gauche de C I par une ligne sinusode verticale.6. Le jour d'pimachos du 3 hathyr (30 octobre) est proche de la dateque donne le synaxaire arabe (4 hathyr) pour le couple Epimaque etGordien : Bassht, PO 3, 1909, p. 251-252. A la mme date (31 octobre),le synaxaire de Constaniinopie commmore, la fois, Epimaque dePlusc et le couple pimaquc ci Gordien : H. Delhhaye, SynaxariumEcclesiae Cf\ Bruxelles 1902. c. 181-184.7. ', : celte formulation fait pendant celle que l'on

    trouve I. 47 ( /) : ! s'agit sans doute de Jean, dont l'glisecsl atteste en 568 Oxyrhynchos par PSI VIII 953, 82. Aucune gliseddie un autre vanguste n'est connue dans cette ville. On y trouvaiten revanche, des 503, une glise ' (POxy I 141), mais onignore si cet difice tait ddie a I'Evangcliste ou au Baptiste.8-9. En 482. l'glise Saint-Michel avait des veuves sous sa protection(POxy XVI 1954)11 est atteste plusieurs fois : POxy XVI 1912 (fin6e s.) ; XVIII 2195 (CV s.) ; XIX 2243a (6e s.) ; peut-tre SPP X 35 (7e s.).Cette date esl souvent cite comme fte de Michel : au Couvent Blanc(W . Plhyth et P.A. A. Bohshr, Manuscrits coptes du Muse d'antiquitsdes Pays-Bas Leide, Leiden 1897, p. 184), dans les calendriers deBaoul (J. Ci.Eimt, Le monastre et la ncropole de Baouit, Paris 1904,p. 5, n" 6) et de Saqqara (J. Quibn.l, Excavations at Saqqara, IV, 1912,p. 69-71, n 226), ainsi que dans le synaxaire arabe (R. Bassht, PO 3,1909, p. 279-283). D'aprs PSI I 63, elle durait huit jours. Mais, ici, lesjours qui correspondraient aux septime cl huitime jours de la fte tombent malheureusement dans la lacune. Les cinq jours suivant le douzesont, toutefois, tous fts.

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    LA LITURGIE STATIONNALE OXYRHYNCHOS 14510. Saint-Juste est qualifi de ds le 5e sicle dans POxy X131 1 ; mentionn aussi par PLaur II 46 (6e/7e s.), POxy VI 941 (6e s.),PSI VII 791 (6e s.) et PStras V 395 (576e s.) Le pre Zanetti m'indique,en outre, que la date du 14 hathyr pour Juste est atteste dans un lection-naire arabe indit du Vatican ; voir, sur ce manuscrit, U. Zanetti,Lectionnaires coptes annuels : Basse-Egypte, Louvain-la-Neuve, 1985 (=PIOL, 33), p. 223-230 et 234-235 (W 58).11-12. L'glise Saint-Mnas Oxyrhynchos n'est connue que par cecalendrier. Celui-ci atteste, en outre, que sa fte du 15 hathyr (R. Basset,PO 3, 1909, p. 293-298) remonte au moins au 6e sicle.14-19. La lacune contenait les mentions de six synaxes, parmi le

    squelles devaient se trouver les dimanches 21 et 28 hathyr et 5 choiak. Ilest impossible de connatre les ftes qui correspondent aux trois autressynaxes. Si une octave avait lieu l'occasion de la fte de saint Michel,les deux premires lignes de la lacune reprsenteraient le 18 et le19 hathyr. Une autre possibilit serait la fte de Cosme et Damien le 22hathyr, date que donne le synaxaire arabe {PO 3, 1909, p. 330-332).Cette date n'est pas atteste notre poque, mais la prsence d'uneglise Saint-Cosme rend plausible la commmoraison de ce saint Oxyrhynchos. La fte de Cosme et Damien est mentionne (sans date)dans un papyrus de la fin du 6e ou du dbut du 7e sicle (SB XVI 12980).20 . L'glise Saint-Victor avait des veuves sous sa protection en 482(POxy XVI 1956), Aucun motif n'est indiqu pour la clbration.21 . L'glise d'Annian n'est pas atteste par ailleurs. Elle n'tait pasddie une sainte, mais nomme d'aprs sa fondatrice.22 . Saint-Cosme est attest ds 480 (PWisc II 64) ; des veuves luitaient associes en 482 (POxy XVI 1955) ; il est encore mentionn au6e sicle (PSI VII 791). Ision, qui y est commmor, est un saint dontnous avons ici l'unique attestation, papyrologique ou autre.24 . La premire mention de Saint-Philoxne se trouve dans POxy XVI2041 , un inventaire de pierres et de briques ayant servi sa construction.Ce document est ncessairement antrieur POxy XVI 1950 (487), premire mention date de cette glise ; voir aussi PSI VII 791 (6e s.),PLond V 1762 (677e s.) et SPP X 35 (7e s.). On ne peut que souscrireaux critiques de Delehaye (p . 92) quant l'identification, propose parles diteurs, de Philoxne avec l'vque d'Hirapolis : Philoxne est unsaint exclusivement oxyrhynchite, dont l'glise est atteste sur placeavant meine la mon de Philoxne d'Hirapolis vers 523.

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    146 ARIETTA PAPACONSTANTINOU30. La clbration de la nativit Sainte-Marie fait penser qu'il s'agitplutt de la Thotokos que d'une sainte de ce nom. Cette glise est bienconnue Oxyrhynchos : SB I 1977 (5e/6e s.), POxy I 147 (556) et XVIII2197, 1 1 (6e s.). La liaison entre la nativit et les glises de la Vierge se

    retrouve couramment, par exemple Rome (Baldovin, UrbanCharacter, p. 157 et 285-286) et Antioche (Baumstark, Antiocheia, p.52-53). Sur la fte de la nativit, voir B. BOTTE, Les origines de Nol etde l'Epiphanie, Louvain 1932.Les diteurs expliquent la date de cette clbration (28 choiak au lieudu 29) par l'anne bissextile : voir d . pr., p. 28 et Delehaye, p. 92, quicitent le synaxaire arabe cette date (Basset, PO 3, 1909, p. 537). SelonU. Zanetti, Lectionnaires, p. 24-26, n. 3-5 et n. 6a , c'est pour le millsime suivant l'anne bissextile que la date change : la clbration du 28(24 dcembre) serait alors la vigile de Nol.33-34. Une double synaxe, Saint-Pierre (dont c'est l'unique attestationxyrhynchite) et une autre glise. Les diteurs et Delehaye aprseux restituent sans la moindre hsitation Saint-Paul. Cette hypothseest, toutefois, loin d'tre assure. D'abord, mme s'il s'agit ici de la ftede Pierre, celle-ci n'est pas obligatoirement partage avec Paul : le calen

    drier d'Esna, datant aussi du 6e sicle (S. Sauneron, Esna, I, p. 104, 67), donne comme date pour Pierre le 3 tybi (29 dcembre), mais pourPaul le 5 epeiph (29 juin). Mme si la fte tait commune aux deuxsaints, comme c'est le cas dans le Lectionnaire armnien (27 dcembre)ou dans le martyrologe syriaque (28 dcembre), il ne va pas de soi qu'ilspossdaient chacun une glise Oxyrhynchos ; une glise ddie Pauln'est d'ailleurs pas autrement atteste dans cette ville. Ds le 5e sicle onftait aussi, aprs Nol, saint Etienne (Vie de sainte Melanie 64, d. P.Gorce, Paris 1962, p. 255 ; martyrologe syriaque, le 26 dcembre: PO10, 1915, p. 11). Le lectionnaire sahidique M 573 de la BibliothquePierpont Morgan (9e s.) donne Etienne le 1er tybi (f. 24V) ; quant l'van-gliaire M 615 (7e/8e s.) de la mme collection, il ne mentionne rien cette date, sans qu'il y ait de lacune dans le texte (voir sur ces manuscritsL. Depuydt, Catalogue of Coptic Manuscripts in the Pierpont MorganLibrary I, Louvain 1 993).

    35 . Il s'agit sans doute de la synaxe dominicale.36 . La date est celle de l'Epiphanie. La restitution semble d'autantplus assure que cette clbration est suivie par plusieurs autres. Surcette fte, voir R.-G. Coquin, Les origines de l'Epiphanie en Egypte,dans Nol, Epiphanie, retour du Christ, Paris 1967, p. 139-170 (= LexOrandi, 40). Les diteurs restituent , formulationu'ils dduisent probablement de celle employe pour la Nativit (1 .30). Elle ne s'impose pourtant pas : on dsignait cette fte aussi comme (J. Mossay, Les ftes de Nol et d'Epiphanie d'aprs les

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    LA LITURGIE STATIONNALE OXYRHYNCHOS 1 47sources cappadociennes du IVe sicle, Louvain 1965, p. 24-29; E. Pax,Epiphanie, Reallexikon fr Antike und Christentum 5, 1962, c. 832-909,en particulier c. 902-906). Les papyrus contemporains, quant eux, parlent plutt de (POxy XVI 1857), terme qui,d'aprs Mossay (p . 21-23), tait utilis par les Cappadociens pour laNativit. On le trouve utilis pour l'Epiphanie par Proclus, ' , PG 65 , 757-764.

    37. : d'aprs 1. 61. L'glise, mentionne ds ledbut du 4e sicle, est une des deux plus anciennes attestes Oxyrhynchos : POxy I 43 = WChr 474, qu i mentionne aussi la .40. [ : La restitution Hras est fonde sur SPP X 35 (7e s.) :& [... On ne connat pas, il est vrai, d'autre sainte gyptienne dontle nom commence par Hp... Mais une martyre devrait tre dsigne par et non par . La mention pourrait aussi se rfrer au couventd'ama Ioulian, connu par ailleurs Oxyrhynchos: POxy XXIV 2419(6e s.).41. Sainte-Euphmie donnait son nom un quartier de la ville en 568(POxy VII 1038) ; cette glise existait encore au 7e sicle (SPP X 35).43. Il n'y a aucune raison d'attribuer la fte de Philothe la synaxe

    qui a lieu le 16 tybi l'glise de Phoibammon comme le font les diteurs. Cette date est, certes, celle laquelle le synaxaire arabe commmoree saint (PO 11, 1916, p. 601-604), mais elle n'est pas atteste lahaute poque. Au 9e sicle, le Couvent Blanc le commmorait aprs le24 tybi : W. Pleyte et P. A. A. Boeser, Manuscrits coptes du Muse d'antiquits des Pays-Bas Leide, Leiden 1 897, p. 191 .44. Cette synaxe pourrait tre la clbration finale de l'Epiphanie, ouun simple service dominical.45. La date du 21 tybi pour la Dormition est atteste par PierpontMorgan 615 (7e/8e s.), f 37r: () () ' (seul le grec subsiste) : L. Depuydt, Catalogue..., n 54, p. 91 .Voir aussi M. Van Esbroeck, La Dormition chez les Coptes, dans Actesdu IVe Congrs copte, Louvain-la-Neuve, 5-10 septembre 1988, II, De lalinguistique au gnosticisme, d . M. Rassart-Debergh et J. Ries,Louvain 1992, p. 436-445, selon qu i cette date remonterait aux lendemains du concile de Chalcdoine et serait de coloration antichalcdo-nienne. Elle est atteste aussi Antioche, entre l'Epiphanie et le dbut duCarme, par Svre d'Antioche : Homlies cathdrales, 14 (PO 38,1976-77, p. 401) et 67 (PO 8, 1912, p. 349-367) ; voir aussi Baumstark,Antiocheia, p. 55-56. Mais elle est aussi atteste pour le 6e s. en Gaulepar Grgoire de Tours (De gloria martyrum 8) .

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    148 ARIETTA PAPACONSTANTINOU46. Entre le 22 tybi et le 2 mcheir, compte tenu de la mention de sixautres synaxes avant le 9 mcheir. D'aprs Delehaye, le nom de Jrmiene s'impose pas ; mais la solution qu'il propose - Hirakion, d'aprsPOxy VII 1053 (677e s.) - non plus : n'est pas un saint

    (). Rien n'empche qu'il s'agisse ici d'une femme.47. Entre le 23 tybi et le 3 mcheir. C'est la premire attestation d'uneglise du Baptiste Oxyrhynchos.48. Entre le 24 tybi et le 4 mcheir. ] [... peut aussi bien tre unefemme qu'un homme. Un couvent d'Ama Ioulian est connu {POxyXXIV 2419, 6e s.).49. Entre le 25 tybi et le 5 mcheir. Saint abba [... n'est utilis, dansles textes oxyrhynchites connus, que pour ' (PSI I

    89, 6e s.). On trouve aussi, dans POxy XVI 1917,19, .50. Entre le 26 tybi et le 6 mcheir. ...... est indcidable. La proposition des diteurs (... [ ) est une pure conjecture.Comme le fait remarquer Delehaye (Calendrier, p. 94), le mot martyrionn'apparat pas dans ce document, et ce alors que deux des glises mentionnes dans POxy XI 1357 (Saint-Srnos et Saint-Juste) sont, en fait,des martyria (cf. ad 1. 4 et 10 respectivement).51 . Entre le 27 tybi et le 7 mcheir.52. Entre le 28 tybi et le 8 mcheir. Les diteurs et Delehaye restituentle 8 parce qu'il s'agit d'un dimanche. La clbration des dimanches n'estpourtant pas systmatique : la veille de l'Epiphanie, par exemple, n'estpas fte. Le 8 mcheir correspond, toutefois, '(Prsentation au Temple), ce qui peut lgitimer une synaxe. L'gliseSaint-Zacharie n'est pas autrement atteste.54. Saint-Gabriel est attest au 6e sicle par POxy VI 993. Il n'y aaucune raison de voir l sa fte.55. Au mme : cette formule fait penser que cette clbration et laprcdente taient conscutives. Elle n'est employe dans C I que pourles synaxes qu i ont lieu le lendemain de celles qu'elles prcdent. Dansle cas - unique - o deux synaxes se succdent la mme glise sansqu'il s'agisse de deux jours conscutifs, le nom de celle-ci est rpt enentier (1. 35 et 36, ).56 . Le 13 ou le 14 mcheir. Une partie du et [ se trouvent,d'aprs les diteurs (p . 40), sur un fragment part, qui n'est pas insrdans le mme verre que le reste du papyrus. Il s'agit de la seule attestatione cette glise Oxyrhynchos.

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    LA LITURGIE STATIONNALE OXYRH YNCHOS 1 49Deux traits avec des lignes sinusodes au dpart sont tirs au-dessus etau-dessous de cette ligne, comme la fin du mois de phaphi (1. 5). Ils

    indiquent sans doute le dbut d'une priode importante, qu i serait, cetendroit, le Carme.57. Situe entre le 12 et le 21 mcheir, cette clbration pourlaquelle il ne subsiste qu'un correspond ncessairement au 15mcheir, qu i tait le premier dimanche de Carme. Voir A. Camplani,Sull'origine dlia Quaresima in Egitto, dans Acts of the 5th InternationalCongress of Coptic Studies, Washington, 12-15 August 1992 II, Papersfrom the Sections, I, d . D.W. Johnson, Washington 1993, p. 105-121.58-59. Samedi 21 mcheir, premier samedi de Carme, avec une

    synaxe double.60. Au mme, la deuxime glise de la veille, sans doute ledimanche 22 mcheir (cf. ad 1. 55).6 1 . Entre le 23 et le 29 mcheir.62. la mme, le lendemain entre le 24 et le 30 mcheir. Le quevoient les diteurs est aujourd'hui invisible.63. Premire ligne du mois de phamenth, correspondant une dateentre le 1er et le 21 de ce mois. La restitution Thodore est soutenuepar l'attestation d'une glise de ce nom, toutefois seulement au dbut du7e sicle : PPrinc II 87 (612) et POxy LVIII 3958 (614), qu i mentionneun philoponeion rattach cette institution.64. Entre le 2 et le 22 phamenth.65. Entre le 3 et le 23 phamenth. Il s'agit sans doute encore une foisde Thodore. Une autre possibilit serait Thnas : * PLaur 4.178,deuxime moiti du 6e s.66. Entre le 4 et le 24 phamenth.67. Entre le 5 et le 25 phamenth.68. Entre le 6 et le 26 phamenth. S'il s'agissait de la veille dePques, cette glise pourrait tre Sainte-Marie.69. Entre le 7 et le 27 phamenth.

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    1 50 ARIETTA PAPACONSTANTINOULe rythme des clbrations

    Le calendrier conserve 60 synaxes, mais en contenait originellement67 , dont sept sont aujourd'hui perdues. Elles se rpartissent sur cinqmois et concernent de 55 61 jours. Ces clbrations se succdent selonun ordre qui, irrgulier en apparence, n'est, en fait, nullement alatoire :on note, en particulier, que les synaxes se multiplient l'occasion deftes importantes et donnent lieu, alors, des cycles se prolongeant surplusieurs jours conscutifs.La premire concentration festive se forme autour des ftes des saintsMichel, Ioustos et Menas. La saint-Philoxne et Nol, ensuite, dominentune deuxime priode la fin du mois de choiak. L'Epiphanie, enfin,occupe une semaine pendant la premire moiti du mois de tybi.La priode de festivits allant du 12 au 17 hathyr - soit du 8 au 13novembre - comprend deux synaxes Saint-Michel pour sa propre fteles 12 et 13 hathyr, une autre Saint-Ioustos le 14 pour son jour, puisdeux clbrations Saint-Mnas pour sa fte le 15 et le 16, et, enfin, unedernire synaxe Saint-Ioustos qui pourrait tre le redoublement de safte, rendu impossible le 15 par la prsence de la saint-Mnas. La lignesuivante se trouve dans la lacune il est ainsi impossible de savoir sicette priode festive tait compose seulement de ces six synaxes, ou sielle continuait. Une dclaration de dette contemporaine contient, toutefois, la promesse de rembourser une certaine somme le huitime jour dela fte de l'archange Michel au mois d'hathyr 12, ce qui laisse penserque la saint-Michel donnait lieu, au moment de la rdaction de notredocument, huit jours de festivits. Si tel tait le cas, les deux premireslignes de la lacune correspondraient ncessairement deux synaxes clbres les 18 et 19 hathyr. Il est, en tout cas, intressant de voir qu'au 6esicle, une priode de festivits lies trois saints diffrents - dont unmartyr local - pouvait passer aux yeux de la population oxyrhynchitepour la fte de l'archange Michel. Ajoutons, enfin, que cette fte concidait avec deux moments importants dans le cycle des travaux agricoleset de la crue du Nil : la fin des semailles et le retour du fleuve dans sonlit mineur .La deuxime concentration de synaxes qui apparat dans ce calendrier,s'articule autour de deux ftes importantes. Elle commence le 22 choiakavec la fte de saint Philoxne, qui dure quatre jours. Le 26 et le 27,deux synaxes Saint-Srnos font la liaison avec les trois clbrationsqu i ont lieu Sainte-Marie du 28 au 30 choiak pour la nativit. Unesynaxe double, Saint-Pierre et dans une autre glise, clt enfin la ftele 1er tybi. Ce cycle est le plus long des trois, puisqu'il comporte au totaldix jours conscutifs de clbrations stationnales. L'importance qu'il

    12 . PSI I 63,24-28 : xrj []) [] [].13 . D. Bonneau, La crue du Nil. Divinit gyptienne travers mille ans d'histoire (332av. - 641 ap. J.-C), Paris 1964, p. 24 et 1 17 .

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    LA LITURGIE STATIONNALE OXYRHYNCHOS 1 5 1prend Oxyrhynchos est, videmment, lie la confluence entre la nativit et la fte du martyr local Philoxne : elle est, de ce fait, trs atypique. Il est curieux, en outre, que cette longue fte ne soit pas attestepar ailleurs dans les documents.Une troisime priode de festivits, enfin, est lie l'Epiphanie, qui seftait le 1 1 tybi (6 janvier) l'glise de Phoibammon. Cette clbrationtait suivie de six synaxes, dont deux doubles, qu i mettaient en jeu huitglises diffrentes. La premire et la deuxime de ces synaxes avaientlieu respectivement l'glise sud et Saint-Philoxne. Le troisime et lequatrime jour aprs l'Epiphanie, des synaxes doubles taient organises, chacune dans deux glises diffrentes, Ama-? et Saint-Micheld'une part, Sainte-Euphmie et l'vangliste d'autre part. Ces ddoublementsuggrent la prsence d'une procession allant d'une glise l'autre, avec la clbration de l'eucharistie dans la deuxime 14. Les deuxdernires synaxes se tenaient dans les glises de Phoibammon etd'Annian.Dans le calendrier annuel de l'Egypte chrtienne, l'Epiphanie prit prcocement la place d'une ancienne fte du Nil 15 , la fte de tybi, l'occasion de laquelle les Oxyrhynchites bnficiaient, du moins l'poqueromaine, de quatre sept jours de cong 16. Elle est encore cite sous cenom dans les documents chrtiens 17. Mais on l'appelait aussi la , ainsi que l'atteste une lettre quiaccompagne un cadeau de poissons, fait sans doute pour l'Epiphanie 18.Plusieurs documents mentionnent d'ailleurs des contributions de pour cette circonstance 19 , mais sans donner plus de prcisionssur la fte elle-mme.Ces groupes de synaxes stationnales correspondent probablement aux ou si souvent mentionnes dans les documents 20 . Ilsaccompagnaient diffrents types de ftes : le premier s'inscrivait dans lecadre du culte des saints, le troisime dans celui des fteschristologiques ; le second, enfin, associait les deux.Ces temps forts contrastaient avec des priodes o les clbrations stationnales respectaient une frquence ordinaire de deux synaxes par

    14 . Cela tait souvent le cas dans les liturgies stationnales des diffrentes villes : voirBaldovin, Urban Character, p. 59-63 (Jrusalem); p. 121-122 (Rome); p. 196-199(Constantinople) ; p. 224-226 (dveloppement du rite byzantin de l'Eucharistie).15 . Voir D. Bonneau, op . cit.,, p. 370-371 ; R.-G. Coquin, Les origines de l'Epiphanieen Egypte, Nol, Epiphanie, Retour du Christ, d . B. Botte et ai, Paris 1967, p. 163-169.16 . Il s'agit soit des Harpqkratia au milieu du mois, soit de l'ancienne fte du Nil : F.Perpillou-Thomas, Ftes d'Egypte ptolmaque et romaine d'aprs la documentationpapyrologique grecque, Louvain 1993, p. 146-148.17 . Par exemple SB XIV 12130,21 (576e s.) ; PSI VII 791,2 (6e s.) ; VIII 953 59 (568) POxv VI 993 (6e s.) ; SPP XX 260 (677e s.).18 . POxv XVI 1857,5 (6e /7e s.).19 . Voir SB XIV 12130 (576e s.) ; PSI VIII 955 (6e s.) ; POxy XVI 1950 (6e s.?) ; PSIVII 791 (6e s.); PSI VIII 953 (568); POxy VI 993 (6e s.); voir aussi les remarquesconcernant les hortika dans E. Wipszyska, Deux papyrus concernant des grandsdomaines byzantins, Chron. g. 43. 1968. p. 348-349.

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    152 ARIETTA PAPACONSTANTINOUsemaine, dont une le dimanche. On trouve ce rythme au dbut du calendrier, jusqu' la veille de la premire pangyrie, soit du 23 phaphi au11 hathyr. Il est nouveau observ du 7 au 19 choiak, c'est dire de lapremire ligne aprs la lacune jusqu' la veille de la pangyrie de Nol.Cette priode pourrait, au reste, tre tendue celle que couvre la lacune,du 18 hathyr au 6 choiak. En effet, ces dix-neuf jours donnaient lieu sixsynaxes, ce qui correspond, cette fois encore, deux synaxes parsemaine. Entre Nol et l'Epiphanie, en revanche, se droulait un tempspratiquement mort, pendant lequel une seule synaxe - dominicale - avaitlieu en neuf jours.Reste, enfin, la priode s'coulant entre le 22 tybi et le 15 mcheir.Durant ces vingt-quatre jours douze synaxes avaient lieu, soit enmoyenne une tous les deux jours, avec, de surcrot, une nette concentrationers la fin. Ce rythme de plus en plus rapide tranche avec la successionrdinaire des clbrations, sans donner lieu, pour autant, un cyclese droulant sur plusieurs jours conscutifs : il marque avec solennit lapriode prcdant le dbut du Carme qui, selon l'habitude, contenaitlui-mme peu de synaxes. Cette priode est, en outre, caractrise parune forte dispersion entre un grand nombre d'glises, comme si l'vquevoulait, la veille du Carme, officier en peu de temps dans un grandnombre d'endroits.Le temps liturgique d'Oxyrhynchos tait donc essentiellement compos par l'alternance de priodes ordinaires, pendant lesquelles l'vqueclbrait chaque semaine la synaxe dominicale et un deuxime servicereligieux, et de priodes festives, pendant lesquelles il officiait plusieursjours de suite l'occasion d'une fte du Christ ou d'un saint.L'importance du Carme tait, pour sa part, marque par une acclrationu rythme des clbrations piscopales pendant les semaines qu i leprcdaient. Deux des grands cycles festifs, enfin, prsentaient la particularit, soit de se rattacher une ancienne fte grco-romaine, soit d'intervenir un moment crucial dans le droulement de l'anne agricole.Les glises et leur utilisation 21

    Les soixante synaxes de la liturgie stationnale sont disperses entreplusieurs glises. Le calendrier en mentionne explicitement vingt-cinq.Les douze lignes perdues ou mutiles pourraient, au plus, contenir lesnoms de douze autres lieux de culte, ce qu i porterait le total des glises

    20. Voir L. Casarico, ' e ne i papiri, Aegyptus 64, 1984, p. 135-162,en particulier p. 1 5 1 - 1 53 et 1 58 - 1 62.21. Sur les glises d'Oxyhrynchos, voir L. Antonini, Le chiese cristiane in Egitto...(n . 4), p. 172-183, avec les restrictions exprimes ci-dessus ; G. Modena, II cristianesimoad Ossirinco secondo i papiri : chiese e conventi e loro condizione economica. Bulletin dela Socit d'Archologie d'Alexandrie 31 , 1937, p. 254-269 ; l'article de G. Pfeilsciiiftek,Oxyrhynchos, seine Kirchen und Klster, dans Festgabe Alois Knpfler gewidmet,Fribourg-en-Brisgau 1917, rsum par Modena, m'est rest inaccessible.

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    LA LITURGIE STATIONNALE OXYRHYNCHOS 1 53trente-sept. Ce nombre parat assez lev pour une ville de la tailled'Oxyrhynchos.

    Neuf de ces difices ne sont connus que par POxy XI 1357 : il s'agitdes glises de Phoibammon et d'Annian, de Saint-Mnas, Saint-Pierre,Saint-Zacharie, Saint-apa-Anoup, Saint(e)-Ioul..., Saint-Ie... et duBaptiste. Inversement, un certain nombre d'glises d'Oxyrhynchos attestes, au 6e sicle, par d'autres documents, ne figurent pas sur cette liste.Outre l'glise de la Rsurrection et sept autres lieux de culte ddis dessaints Alexandra, Georges, Thcle, Nil, Pamouthios, apa Titos,Phoibammon 22, il s'agit de deux difices bien connus par ailleurs :l'glise d'abba Hirakion, atteste de 520 jusqu'au dbut du 7e sicle23,et, surtout, , sans doute l'glisepiscopale, mentionne rgulirement entre le 5e et le 7e sicle 24.Il est difficile de savoir ce que signifient ces absences. Sont-elles duesuniquement au hasard des lacunes? Ou ces glises taient-elles, pour uneraison qui nous chappe, exclues de la liturgie stationnale? Si te l tait lecas, cela correspondait-il, de la part de l'vque, une volont d'honorerplus particulirement certains saints, ou, encore, un effort pour couvrirle territoire de la cit ? Le manque d'informations sur la topographiebyzantine d'Oxyrhynchos ne permet pas de rpondre cette question. Ilne faut pas oublier, en outre, que le calendrier ne couvre que cinq mois :certaines glises participaient peut-tre aux clbrations des sept moisrestants.Notre calendrier mentionne plusieurs types d'glises. Deux sont appeles par le nom de leur fondateur, selon la formule + nom augnitif : il s'agit des glises de Phoibammon et d'Annian25. Une seuleest identifie par sa position topographique - l'glise sud. Toutes lesautres sont ddies des saints et appeles Saint-Untel, l'exceptionde l'glise des martyrs et de celles du Baptiste et de l'vangliste.Cinq d'entre elles ont pour ddicataires des personnages bibliques - tousnotestamentaires sauf Michel - et la majorit, entre onze et seize,d'autres saints. Deux difices sont, on le sait par ailleurs, des martyria26.Voici la liste de ces glises avec le nombre de synaxes clbres danschacune d'elles, prsent dans l'ordre dcroissant :22. Sainte- Alexandra : POxy LVIII 3936, de 598; Saint-Georges: POxy XVI 1901 ;Sainte-Thcle : POxy XXIV 2419; XVI 1993; Saint-Nil: POxy XVI 1898; Saint-Pamouthios: POxy XVI 1917; Saint-apa-Titos : POxy XVI 1917; Saint-Phoibammon :SPP X 35 ; glise de la Rsurrection : POxy XXVII 2478 (595) ; XXVII 2480 (565-566).23. PMert III 124 (520) POxy VII 1053 (fin 67dbut s.) ; XVIII 2206 (6e s.) ; PSIVII 79 1 (6e s.) ; VIII 953 (568) ; PRossGeorg III 6 (7e s.).24. SB XIV 12021 (aprs 377) ; POxy XVI 1967 (427) ; PLond V 1777 (434) ; SB I1980 (5e s.) ; X 10939 (5e s.) ; PMich XI 612 (514) ; POxy XVI 1900 (528) ; PSI III 216(534); POxy XVIII 2238 (551); XVI 1894 (573); XVI 1892 (581); I 13 6 (583); XVI1901 (6e s.) ; SB X 10472 (6 s.) : POxy XXII 2344 (677 s.).25. Voir POxy XI, p. 24-25 ; Delehaye, Calendrier, p. 97-98.26. Ioustos : POxv VI 94 1 (6e s.) et POxy X 1311 (5e s.) ; Srnos : POxy LV 3804,164(566).

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    1 54 ARIETTA PAPACONSTANTINOUde PhoibammonSaint-PhiloxneSainte-MarieSaint-Srnosglise sudl'vanglisteSaint-MichelSaint-JusteSaint-Mnasd'AnnianSainte-EuphmieSaint-Gabrieldes martyrsSaint-VictorSaint-CosmeSaint-Pierreama ...le BaptisteSaint(e)-Ioul...Saint-ZacharieSaint-apa-NoupSaint-Th...Saint-Tho...Saint(e)-Ie...Saint-abba.......tob...Sainte-...non-identifies

    8744333222221111111111111113

    Total 60Certains de ces difices paraissent avoir jou un rle important dans laliturgie stationnale : quarante-trois clbrations, sur les soixante dont ledocument conserve la trace, ont en effet lieu dans douze glises seulement. A l'intrieur de ce groupe, se dtachent sept glises quiaccueillaient trente-trois clbrations, soit plus de la moiti des synaxes.

    Une quinzaine d'glises, toutes ddies des saints, ne sont, enrevanche, mentionnes qu'une seule fois, pour une fte qui, d'ailleurs,n'est pas toujours celle du saint ponyme. A l'occasion de cette dernire,une deuxime synaxe s'y tenait peut-tre. Leur prsence dans la liturgiestationnale reste, toutefois, plutt rduite.Les sept glises les plus frquentes dominent, en outre, les troispriodes festives, pendant lesquelles elles accueillaient dix-sept des vingt-cinq clbrations. Mais elles se signalent, de ce point de vue, par des comportements sensiblement diffrents. On trouve, d'une part, des lieux deculte dans lesquels les synaxes se droulent, en majorit, lors des pangy-ries : ainsi Saint-Philoxne (5 sur 7), Sainte-Marie (3 sur 5), Saint-Michel (3

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    LA LITURGIE STATIONNALE OXYRHYNCHOS 1 55sur 3) et Saint-Srnos (2 sur 4). Tel n'est pas le cas de l'glise sud et , surtout, de l'glise de Phoibammon, o une synaxe sur trois et deux sur huitrespectivement avaient lieu pendant des ftes. L'glise de l'vangliste,enfin, occupe une position intermdiaire : une seule synaxe, certes, y taitclbre pendant une priode festive, mais les deux autres taient organiseses dimanches prcdant immdiatement deux des trois pangyries.Dans l'ensemble, certaines glises se caractrisent par une prpondranceue renforce leur mise en vidence pendant les grandes priodesfestives. L'une d'entre elles, l'glise dite de Phoibammon, se singularisen apparaissant cinq mois sur six et en scandant, ainsi, toute la partiede l'anne couverte par le calendrier27. On y clbrait plusieurs synaxesdominicales, dont celle du dbut du Carme. La popularit, Oxyrhynchos, de saints comme Michel, Jean l'vangliste, sainte Marie,ou de martyrs locaux comme Srnos et Philoxne, peut expliquer le rlejou par leurs difices de culte. L'glise sud - une des plus anciennes dela ville - devait jouir, quant elle, d'un grand prestige. Mais les raisonsde l'importance reconnue l'glise de Phoibammon nous chappent, etce d'autant plus que ce lieu de culte n'est attest dans aucun autre document. On doit, en dfinitive, se demander si l'glise piscopale pouvaittre dsigne dans un document officiel par le nom de son fondateur : sitel tait le cas, l'glise de Phoibammon pourrait bien tre, en fait, cellede l'vque, dont on a relev plus haut la curieuse absence.La vie liturgique tait donc, la fois, disperse entre un grand nombred'glises et concentre autour d'un petit nombre d'entre elles. La liturgiestationnale permettait ainsi l'vque d'tre prsent partout, et d'exalter,par ailleurs, quelques difices qui, pour des motifs variables, comptaientplus que d'autres. L'accent, enfin, tait plac sur une seule glise, cellede Phoibammon, qui acqurait, grce la liturgie stationnale - et peut-tre en dehors d'elle -, une certaine centralit.Aux origines du document : une nouvelle hypothse

    Un dernier problme pos par ce calendrier est celui de sa raisond'tre. Il faut, cet gard, repartir des deux premires lignes : () () ,

    Les diteurs traduisent : List of services after the patriarch descendedto Alexandria, as follows ; ils pensent (p. 22) que dsigne ici lepatriarche d'Alexandrie, conformment l'une des acceptions prises parce terme en Egypte. Ce dernier serait, d'aprs eux, pass Oxyrhynchoslors d'un voyage, et en partant, le 23 phaphi, il aurait laiss une liste desynaxes s'tendant jusqu' Pques.27. L'glise de Phoibammon est compltement absente pendant le mois de choiak, moins qu'elle n'ait t mentionne entre le l'1 et le 6, dans la lacune

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    156 ARIETTA PAPACONSTANTINOUHippolyte Delehaye, au contraire, voit dans le en questionl'vque local. Il remarque avec raison que le document ressemble unedisposition provisoire. Pour expliquer ce caractre, il exprime l'ideque l'vque choisissait les clbrations auxquelles il allait prsider demanire arbitraire et imprvue, et qu'il les annonait au fur et mesure.En dressant cette liste, valoir pendant une de ses absences, il auraitvoulu viter les problmes de choix - et de comptition - au clergcharg de le remplacer 28.On ne peut que se rallier l'ide qu'il s'agit ici de l'vqued'Oxyrhynchos. Le problme du sens des deux premires lignes n'en estpas clairci pour autant. L'interprtation de Delehaye se heurte, en effet, deux problmes. Si, d'abord, la notion de synaxe stationnale a un sens,celui-ci lui est donn par la clbration de la liturgie par l'vque lui-mme. Une synaxe clbre, mme l'occasion d'une fte, par le clerg

    habituel d'une glise n'a pas la mme valeur elle n'est pas diffrente decelles organises, au mme moment, dans d'autres lieux de culte. Parailleurs, le calendrier de la liturgie stationnale d'une ville tait fixe, detelle sorte que la succession des synaxes se rptait chaque anne selonun modle stable29. Une simple absence de l'vque, ft-elle longue, nepouvait pas, en consquence, justifier elle seule la rdaction d'une listetelle que la ntre. Si, en revanche, on comprend que l'vque non seulement est descendu Alexandrie, mais en est dj revenu ce que lesdeux premires lignes n'excluent nullement la liste des synaxes quenous avons sous les yeux devient un document rdig aprs son retour :sa fonction est, alors, d'annoncer les synaxes qu'il va clbrer lui-mmependant les prochains mois.Mais pourquoi rdiger un tel document ? Il faut, pour le comprendre,tenir compte, d'une part, du rle jou par la date de Pques dans l'tablissement du calendrier de la liturgie stationnale, et, d'autre part, ducontexte politique qu i prvalait au moment o le calendrier a t labor.Malgr sa stabilit de principe, l'ordre annuel de la liturgie stationnaletait affect par la date du Carme et par celle de Pques. La prrogativede fixer cette dernire date appartenait depuis longtemps au patriarched'Alexandrie et on sait que les patriarches anti-chalcdoniens n'yavaient, pour leur part, pas renonc30. Le patriarche envoyait donc,chaque anne, une lettre festale aux diffrentes glises chrtiennes.Cette lettre, destine tre lue dans les vchs le jour de l'Epiphanie 3I,

    28. Delehaye, Calendrier, p. 88 ; voir aussi l'annotation de la ligne 2 du texte (p. 143).29. C'est, du moins, ce que suggrent les documents relatifs la liturgie stationnaledes diffrentes villes : il s'agit, le plus souvent, de livres liturgiques valeur permanentecomme les lectionnaires ; voir Baldovin, Urban Character, passim.30. Des mentions de lettres festales sont conserves dans les papyrus coptes, de la findu 6e et du dbut du 7e sicle, dont un certain nombre du patriarche Damien (578-607) :CO 1 8, 249 et ad . 59 ; PRyl Copt 464.31. Voir P. vieux, Introduction, Cyrille d'Alexandrie, Lettres festales, I-IV, Paris1991, p. 107-108.

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    LA LITURGIE STATIONNALE OXYRHYNCHOS 1 57tait certainement rdige beaucoup plus tt. A la mi-octobre, sinon dsseptembre, sa diffusion avait, apparemment, dj commenc 32. L'vqued'Oxyrhynchos comptait, en principe, parmi ses destinataires.Alexandrie, tait, l'poque o le calendrier a t tabli, secoue parde violentes convulsions. En fvrier 535, aprs la mort du patriarcheTimothe III, une lutte de succession opposa les reprsentants des deuxpartis qu i divisaient l'glise gyptienne depuis 519 : Thodose, partisande Svre d'Antioche, et Gaanos, partisan de Julien d'Halicarnasse.Cette crise ne se clarifia qu'en juin ou en juillet33. Il semble possible,dans ces conditions, que le voyage de l'vque d'Oxyrhynchos Alexandrie ait eu un rapport avec l'lection du nouveau patriarche. Undes premiers devoirs de ce dernier, tant donn la priode de l'anne,tait de proclamer la prochaine date de Pques et de rdiger la lettre fes-tale, acte symbolique pour un patriarche dont la lgitimit avait tconteste. Il n'y a pas lieu de penser qu'il ne l'a pas fait.On peut, en consquence, faire l'hypothse que le calendrier a trdig aprs que l'vque s'est rendu Alexandrie pour lire le nouveaupatriarche et qu'il en a rapport la lettre festale. Notre document aurait,ds lors, pour fonction de rgler de faon dfinitive le calendrier de laliturgie stationnale jusqu' la prochaine occurrence de Pques. La premire date mentionne dans la liste, le 23 phaphi, correspondrait, quelques jours prs, au retour de l'vque dans sa ville.Cette hypothse est, on le voit, compatible avec deux des spcificitsde la liturgie stationnale : son caractre relativement fig et la prsencede l'vque lors des clbrations. Elle relie, par ailleurs, la rdaction ducalendrier une contrainte permanente - la mobilit de la date de Pques- et une situation particulire, susceptible de justifier un voyage del'vque en dehors de sa cit : les troubles Alexandrie.

    Pendant longtemps, on a vu dans le calendrier stationnaid'Oxyrhynchos un calendrier gyptien ancien, genre dont la raret at maintes fois souligne34. Aussi a-t-il suscit un intrt hagiographique,motiv par la prsence de plusieurs saints et par leur date decommmoraison. La place prise par les saints dans ce document du

    32. Ibid., p. 108 : Cyrille, devenu vque le 17 octobre 412, n'a pas envoy la lettrefestale de 413 ; d'aprs un document du 6e sicle prvoyant une somme pour la publicatione Y hortastik (PSI VII 791), celle-ci semble mme avoir t prte ds le mois dethth (aot-septembre).33. Voir J. Maspro, Histoire des patriarches d'Alexandrie, Paris 1923, p. 89 (querellesvriens-julianistes) et p. 100-1 18 (succession de Timothe 111).34. Voir, par exemple, J. Gascou, Un nouveau calendrier de saints gyptien, An. Boll.107, 1989, p. 384 et n. 1 : voir la liste qu i y est fournie des calendriers gyptiens connuspour cette priode.

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    158 ARIETTA PAPACONSTANTINOU6e sicle est, de fait, capitale. Leur importance est sensible, la fois, dansle calendrier liturgique et dans l'espace urbain.La liste des ftes de toute nature mentionnes avec certitude dansPOxy XI 1357 s'tablit de la faon suivante

    253121415152228

    phaphihathyrhathyrhathyrhathyrchoiakchoiakchoiak

    MetanoiapimaqueMichelJusteMenasIsionPhiloxneNativitMoins sres, mais, malgr tout, probables, sont les ftes de Pierre le

    1er tybi, de l'Epiphanie le 11 tybi et de la Dormition le 21 tybi 35 . La prdominance des saints dans cette organisation festive est vidente. Leurprsence est galement marque lors des trois pangyries, dont une estlie uniquement des mmoires de saints et une autre tire son clat de lacommmoraison conscutive d'un saint local et de la Nativit.Les saints envahissent aussi l'espace. Au dbut du 4e sicle, les deuxseules glises prsentes Oxyrhynchos sont dsignes l'aide de coordonnes topographiques : l'glise nord et l'glise sud. Vers la fin dusicle, l'auteur de YHistoire des moines d'Egypte voit, dans la mmeville, douze glises, sans, toutefois, en donner le dtail 36 . A la date denotre document, ce nombre a plus que doubl, et peut-tre mme tripl.Cette progression parat, dans l'ensemble, indissociable du dveloppementu culte des saints : des vingt-cinq glises que le calendrier mentionne explicitement, dix-neuf, soit prs des quatre cinquimes, leur sontddies.Ces saints se signalaient enfin par la diversit de leurs origines.Certains sont purement locaux, comme Ioustos ou Srnos, dont les mar-tyria se trouvent sur place. D'autres sont bibliques, et le plus souventnotestamentaires, comme Jean Baptiste, Jean l'vangliste, Marie,Zacharie, Michel ou Gabriel. On trouve encore de grands saints orientauxcomme Cosme ou Euphmie. Il est frappant, en revanche, de voir lapetite place qu'occupent dans ce document des saints gyptiens aussiimportants que Menas ou Victor.La comparaison d'Oxyrhynchos avec les autres villes dont on connatle cycle liturgique, se heurte de nombreuses difficults. Les sourcesdont nous disposons pour connatre les calendriers locaux de date hautesont peu nombreuses et elles concernent essentiellement de grands

    35. Toutes les autres clbrations restent sans motif, exception faite des synaxes dominicales.36. A.-J. Festugire, Historia monachorum in Aegypto, Bruxelles 1961, chap. 5, p. 42.

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    LA LITURGIE STATIONNALE OXYRHYNCHOS 1 59centres comme Jrusalem, Constantinople, Rome ou Antioche 37. Rares,en revanche, sont les sources concernant des villes provinciales de taillemoyenne, tel le calendrier tourangeau tabli par Perpetuus la fin du 5esicle et dcrit par Grgoire de Tours dans son Histoire des Francs :l'tude exhaustive que lui a consacre Luce Pietri montre son intrtpour l'historien 38 ; mais elle fait aussi apparatre la difficult de comparerette source narrative dont l'auteur, vque de la ville, classe et commente les ftes, avec le calendrier provenant d'Oxyrhynchos.Aussi peut-on, tout au plus, recenser quelques lments communs auxliturgies urbaines du 6e sicle. On remarque, d'abord, que les saintseffectivement clbrs sont nettement moins nombreux que les martyrsrecenss dans les martyrologes contemporains. Ces saints sont clbrsdans leur propre glise, quand ils en possdent une ; ils sont, sinon,accueillis dans un autre lieu de culte qui peut - mais ne doit pas - treddi un autre saint. Les autres clbrations attestent, elles aussi, lesouci de maintenir un rapport entre la fte et l'difice dans lequel elle alieu. L'association de la nativit l'glise de la Vierge est, cet gard,vidente. On la retrouve rgulirement d'une ville une autre39, demme que l'on constate, par ailleurs, une tendance faire concider lecalendrier liturgique avec le rythme des travaux agricoles 40.L'anne liturgique oxyrhynchite, telle du moins qu'elle apparat dansce calendrier, tait fortement rythme. Elle tait, de surcrot, domine parquelques grandes ftes chrtiennes et par la commmoraison des saintsles plus populaires localement. Ces vnements mettaient la ville l'unisson des autres cits chrtiennes, tout en introduisant, en mmetemps, une coloration particulire lie au sanctoral local. Ce sanctoral, son tour, marquait la vie des Oxyrhynchites non seulement par sa prsence dans le temps, mais aussi par son implantation monumentale dansl'espace urbain. Se trouvait favorise, ainsi, une identification entre lacit et une constellation particulire de saints, selon une logique qu i avaitt, antrieurement, celle des cultes civiques.

    37. Baldovin, Urban Character (Rome, Jrusalem, Constantinople) ; V. Saxer,L'utilisation par la liturgie de l'espace urbain et suburbain : l'exemple de Rome dans l'antiquit et le haut moyen-ge, Actes du II' Congr. Intern. Arch. Chr., Lyon 1986, Rome1989, p. 917-1033 ; Baumstark, Antiocheia (d'aprs les homlies cathdrales de Svred'Antioche).38. Grgoire de Tours, Hist. Franc. 10.31.6 (MGH SRM, p. 529-530). Voir L. Pietri,La ville de Tours du IV e au VIe sicle : naissance d'une cit chrtienne, Rome 1983, p.432-484; Ead., Calendrier liturgique et temps vcu: l'exemple de Tours au VIe sicle,dans Le temps chrtien de l'antiquit au moyen-ge, IIIe -XIIIe sicles, Paris 1984, p. 129-141.39. Voir, sur les points qui prcdent, H. Brackmann, Synaxis katholike inAlexandreia, JbAC 30, 1987 (en particulier p. 80 et n. 7) ; Baumstarck, Antiocheia, p. 45 -48 et 52-53 ; Baldovin, Urban Character, passim, en particulier les tableaux fournis dansles appendices 2 8, p. 282-298.40. Voir les observations de L. Piftri, Calendrier liturgique et temps vcu..., p. 1 36 .