Jean Delisle - La Traduction Au Canada, Survol Historique

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La Traduction

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  • Jean Delisle

    LA TRADUCTION AU CANADA :SURVOL HISTORIQUE

    (DEPUIS 1534)

    Le rgime franais (1534-1760)

    En explorant l'estuaire du Saint-Laurent en 1534, le navigateur franais Jacques Cartier (1494-1554)entre en contact avec plusieurs tribus indiennes et, pour communiquer, doit se contenter d'unepantomime gestuelle. Avant de repartir, il capture manu militari les deux fils du chef iroquois deStadacon (Qubec) et les emmne en France, o il leur inculque les rudiments de la languefranaise. Ce sont ainsi deux autochtones qui seront les premiers interprtes au pays.

    Lors de son deuxime voyage, ses truchements Don Agaya et Taignoagny le renseignent sur laNouvelle-France, ses accidents gographiques, ses ressources naturelles, ses habitants. Ils sauventmme de la catastrophe l'expdition de Cartier en rvlant aux visages ples la manire de soigneret de gurir le scorbut. Cette terrible maladie avait dj dcim une grande partie de l'quipage ducapitaine malouin. la fin de son voyage d'exploration, Cartier ramena en France ses deuxinterprtes, car ils taient devenus trop intrigants. Ils vcurent en Bretagne, entretenus en vertu d'uneordonnance de Franois Ier, et collaborrent la rdaction de deux lexiques bilingues iroquois-franais, premier travail lexicographique auquel ont particip des traducteurs canadiens.

    Au dbut du dix-septime sicle, l'explorateur et colonisateur franais Samuel de Champlain(c.1570-1635) cre l'institution des interprtes-rsidents dans la jeune colonie : il place dans lestribus allies de jeunes Franais aventuriers qu'il charge de dfendre les intrts des marchands(traite des fourrures) et des administrateurs (colonisation des rives du Saint-Laurent). Ces jeunesgens courageux vivent en symbiose avec les indignes. Ils s'habillent l'indienne, couchent sous latente, chassent, pchent et participent aux festins, danses et rites qui rythment la vie quotidienne deleurs htes. Par leur commerce journalier avec les indignes, ces truchements s'imprgnent de leurvision du monde, se pntrent de l'me indienne, ce qui en fait de prcieux agents auprs des tribus.Au nombre de ces interprtes de la premire heure figurent tienne Brl, Nicolas Marsolet, JeanNicolet, Olivier Letardif, Jean Richer, Jacques Hertel, Franois Marguerie.

    La carte des langues de la Nouvelle-France se morcelait en de nombreux dialectes drivs dedeux familles linguistiques : algique et huronne-iroquoise. Mme si toutes les langues appartenaient l'une ou l'autre de ces deux familles, il fallait nanmoins un interprte distinct pour chacuned'elles : micmac, abnaquis, montagnais, algonquin, huron, npissingue, iroquois, outaouais, etc.Chaque langue constituait une barrire linguistique en soi. la grande diversit des dialectes

  • s'ajoutait l'instabilit du vocabulaire. L'absence de grammaire, de rgles fixes et d'une traditiond'criture les rendait difficiles matriser. La prononciation, celle des sons gutturaux surtout, lesintonations, les aspirations, la cadence, sans parler de la difficult de traduire le vocabulaire abstraitdu franais, constituaient autant de piges pouvant entraner des contresens ou encore provoquer desclats de rire chez les indignes ou mme des incidents diplomatiques. Les missionnaires qui,contrairement aux interprtes, ont rdig des grammaires et des dictionnaires, se heurtaientfrquemment des tabous culturels, ce qui compliquait la traduction des prires. Ainsi, il ne fut pasfacile de faire dire Notre Pre qui tes aux cieux... aux indignes ayant perdu leur pre : parlerdes morts qu'ils avaient aims, c'tait les injurier.

    Aprs la mort de Champlain, des jeunes gens ont continu aller vivre avec les Indiens pour yfaire l'apprentissage du dur mtier d'interprte. Pierre Boucher, Charles Le Moyne, GuillaumeCouture, Nicolas Perrot sont quatre minents interprtes de cette priode. Les marchands, crivitBacqueville de La Potherie, auraient eu pour 100 000 escus de marchandises qu'ils ne pourraientvendre une livre de tabac sans le secours de leurs interprtes (Margry 1883: 186).

    Montral, les tribunaux faisaient souvent appel des interprtes pour les langues indienneset aussi pour l'anglais et le hollandais, langues des marchands des colonies du Sud (Nouvelle-Angleterre et Nouvelle-Hollande). Jean Quenet, Pierre Couc, Ren Cuillerier, Franoise Goupil (unedes deux seules femmes avoir exerc le mtier d'interprte cette poque), Robert Poitiers duBuisson, Louis-Hector Piot de Langloiserie sont au nombre de ceux qui ont t interprtesjudiciaires. Ils taient colons, chapeliers, trafiquants, industriels et pratiquaient occasionnellementle mtier d'interprte. Nous dirions aujourd'hui qu'ils taient des pigistes.

    Les interprtes militaires formaient une autre catgorie d'interprtes. Ces hommes faisaient partiedes troupes rgulires et occupaient souvent un poste de commandement. Citons les noms de PaulLe Moyne de Maricourt, Joseph Godefroy de Vieux Pont et Franois Hertel. L'arme du marquisde Montcalm (1712-59), qui tenta en vain de dfendre Qubec devant les troupes du gnralbritannique James Wolfe (1727-59), comptait en 1757 plus de 1700 Indiens de tribus diffrentes etdix interprtes.

    Le gouverneur de la Nouvelle-France et successeur de Frontenac, Joseph-Antoine de La Barre,crivit en 1682 [qu'] une des personnes qui est la plus ncessaire au service du Roi en ce pays estun interprte [...] (Biron 1969: 263). En effet, leur rle ne se limitait pas celui d'intermdiairespour les langues. Ces polyglottes et mandataires des marchands et des autorits civiles auprs destribus taient aussi guides, explorateurs, agents commerciaux, diplomates, ambassadeurs etconseillers pour les affaires indiennes.

    Ce groupe tampon a beaucoup contribu attnuer le choc des cultures lors de la rencontredes Europens et des Amrindiens. Les interprtes, qui avaient une profonde intelligence de lamentalit de l'indigne, nous enseignent que la vritable communication s'tablit moins au niveausuperficiel des mots qu' celui des signes culturels, religieux, conomiques et sociologiques d'unesocit. Comprendre l'autre, ce n'est pas tant saisir ce qu'il dit que ce qu'il est. L'interprte qui avaitle plus d'ascendant sur les Indiens tait celui qui comprenait intimement l'me indienne. Un des

  • interprtes de cette priode reut des Indiens le surnom d'homme double et un autre, celuid'homme deux fois. C'est dire quel point ces interprtes du Canada primitif avaient su s'accorder la mentalit de l'Amrindien.

    Le rgime anglais (1760-1867)

    Aprs les Franais, c'est au tour des conqurants anglais d'organiser l'administration de la colonie,dont la population s'lve environ 65 000 mille mes en 1760. Si la Conqute a ferm plusieurscanaux de promotion aux Canadiens [franais], il faut admettre qu'elle leur a ouvert une nouvellecarrire : celle de la traduction (Brunet 1969: 24-25). Sous le rgime militaire (1760-64), lesgouverneurs anglais posts Qubec, Trois-Rivires et Montral s'adjoignent des secrtaires-traducteurs pour rendre dans la langue de la majorit des habitants les dits et proclamationspromulgus en anglais. Grce des officiers britanniques, descendants de huguenots franais(Cramah Qubec, Bruyres et Gugy Trois-Rivires, Maturin Montral), la langue franaisejouit d'un statut quasi officiel pendant ces quatre annes de transition.

    L'anne de l'tablissement du gouvernement civil (1764) parat la premire livraison de LaGazette de Qubec premier journal bilingue en Amrique du Nord. Rdige en anglais et traduiteen franais, cette publication est plus ou moins l'organe d'information officiel du gouvernement.

    En 1767, Guy Carleton (1724-1808) vient remplacer James Murray la tte de la colonie. Trssensible au fait franais, le nouveau gouverneur, tabli Qubec, juge essentiel de faire traduire enanglais les lois et ordonnances franaises de l'ancien rgime, tche que les magistrats anglais sedclarent incapables d'accomplir. Par ailleurs, Carleton a besoin d'un secrtaire franais pourassurer la traduction franaise des nouvelles proclamations anglaises et autres textes officiels. Leseul Canadien alors vraiment apte remplir cette double tche est le juriste bilingue Franois-JosephCugnet (1720-89). Le 24 fvrier 1768, le gouverneur le nomme French Translator & Secretary tothe Governor and Council. La veille, le Conseil avait dcid que such a good and sufficienttranslator shall have an appointment of 5 shillings sterling per day. Pendant vingt et un ans,Cugnet assure la traduction officielle dans la province de Qubec. sa mort, son fils Jacques--Franois (1758-97) lui succde. Se relaieront ce poste : Xavier de Lanaudire, Philippe Aubert deGasp et Edward Bowen.

    la suite de l'tablissement du rgime parlementaire (1791) et de la division de la Province ofQuebec en deux colonies, le Haut et le Bas-Canada, la Chambre d'assemble aura elle aussi, partirde 1793, son traducteur. Conformment la volont de la mtropole britannique, les lois sontdictes en anglais, mais le franais est admis comme langue de traduction. partir de 1809, deuxtraducteurs, l'un pour le franais, l'autre pour l'anglais, se partagent le travail.

    Les interprtes, si nombreux sous le rgime franais, ne disparaissent pas aprs la Conqute. Lesgrandes compagnies de traite en emploient encore beaucoup pour leurs ngociations avec leurspourvoyeurs autochtones. elle seule, la Compagnie du Nord-Ouest compte, en 1804, 68 interprtes(56 francophones et 12 anglophones).

  • Les interprtes et les missionnaires dont les noms suivent ont jou un rle-cl dans l'explorationet la colonisation des plaines de l'Ouest et des territoires du Nord : Peter Ballenden, le rvrend JohnMcKay, Felix Monroe, le pre Albert Lacombe (1827-1916), Jean L'Heureux, Louis Lveill, lervrend James Evans, Jerry Potts et Peter Erasmus. S'il n'y a pas eu de guerres sanglantes entreBlancs et autochtones dans l'Ouest canadien, cela est d en grande partie au rle crucial d'interprtesde la trempe de Peter Erasmus et de Jerry Potts qui ont jou de diplomatie dans l'ombre desmissionnaires, des explorateurs, des arpenteurs et des reprsentants de l'ordre public.

    En 1840, le Haut et le Bas-Canada sont runis. L'article 41 de l'Acte d'Union fait de l'anglaisla seule langue officielle du Canada-Uni. Cette mesure dcoule du rapport de lord Durham qui,l'anne prcdente, avait propos l'adoption d'une politique d'assimilation des francophones du Bas-Canada. Ceux-ci ne tardent pas ragir.

    Le 18 septembre 1841, tienne Parent (1802-74) fait adopter par l'Assemble lgislative duCanada-Uni un projet de loi de trois articles prvoyant la traduction en franais, l'impression et ladiffusion de tous les textes lgislatifs du nouveau parlement et de toutes les lois imprialespertinentes aux affaires du pays. Son projet s'intitule : Acte pour pourvoir ce que les Lois de cetteProvince soient traduites dans la Langue franaise, et pour d'autres objets y relatifs. Cette loi estla toute premire concernant spcifiquement la traduction adopte par un corps lgislatif au pays.

    En 1854, un des traducteurs de l'Assemble lgislative, Antoine Grin-Lajoie (1824-82), soumetau prsident de la Chambre un projet de rorganisation des bureaux de traduction de cette assemble.Le projet prvoit la cration de trois subdivisions : lois, documents, votes et dlibrations. Cetteorganisation des services de la traduction parlementaire sera maintenue pendant prs de cent ans.

    L'avocat, traducteur et homme de lettres Eugne-Philippe Dorion (1830-72) est une autre figureimportante de la traduction officielle des annes qui ont immdiatement prcd et suivi laConfdration (1867). Nomm traducteur l'Assemble de la Province du Canada en 1855, il estappel y diriger le bureau des traducteurs franais en 1859, fonction qu'il assume ensuite laChambre des communes d'Ottawa jusqu'en 1870. Ses contemporains ont vant sa connaissance deslangues mortes, de l'anglais, du franais et de quelques langues indiennes. Il amliora la qualitlinguistique de la version franaise des lois.

    Mdiateurs entre Anglais et Franais, les traducteurs officiels du rgime britannique ont t lespremiers traits d'union entre deux peuples appels cohabiter sur le mme territoire. Se situant la jonction de deux traditions juridiques, le droit civil et la common law, ils ont t parmi les pre-miers au pays essayer de donner un visage franais au vocabulaire des institutions et du droitbritanniques.

    La traduction officielle s'est maintenue un niveau trs acceptable pendant la vingtaine d'anneso elle est demeure la responsabilit de Franois-Joseph Cugnet. Par la suite, la qualit des textestraduits s'est dgrade petit petit. Il faudra attendre le milieu du vingtime sicle pour que s'amorceun mouvement irrversible de redressement de la qualit linguistique.

    Depuis la Confdration (1867 ce jour)

  • La traduction littraire ne jouit pas d'une longue tradition au Canada. En revanche, la traduction detextes pragmatiques (administratifs, commerciaux, techniques, juridiques, etc.) y est florissante, enraison principalement des lois et politiques caractre linguistique adoptes par les divers paliersde gouvernement. L'article 133 de l'Acte constitutionnel (1867) place le franais et l'anglais sur unpied d'galit la Chambre des communes et devant les tribunaux fdraux et qubcois. AchilleFrchette (1847-1929), Lon Grin (1863-1951) et Pierre Daviault (1899-1964) ont t trois figuresdominantes de la traduction administrative Ottawa dans la premire moiti du vingtime sicle.

    En 1934, le Secrtaire d'tat Charles H. Cahan (1861-1944) fit adopter une loi en vue decentraliser tous les services de traduction du gouvernement fdral et de crer le Bureau destraductions, qui regroupera la centaine de traducteurs alors au service des divers ministres. Avecles annes, et en particulier la suite de la Commission royale d'enqute sur le bilinguisme et lebiculturalisme (1963) et de l'adoption de la Loi sur les langues officielles (1969), ce Bureau estdevenu un vritable gant. L'anne de son cinquantenaire, il comptait plus de 900 traducteurs, unecentaine d'interprtes, autant de terminologues et 550 employs de soutien. Il desservait 150organismes-clients partir d'Ottawa et de plusieurs bureaux rgionaux. Budget annuel : plus de 85millions de dollars. Nombre de mots traduits par anne : environ 300 millions. Le personnel de sonservice multilingue traduit quelque vingt millions de mots par anne en une soixantaine de langues,et fait appel un bassin de 500 pigistes.

    Les terminologues canadiens ont acquis une comptence reconnue mondialement. Ils ont sudoter la recherche terminologique d'un corps de doctrine solide et ont mis au service des traducteurset des langagiers en gnral deux banques informatises de terminologie dont l'utilit s'affirme dejour en jour : TERMIUM (Secrtariat d'tat), qui compte plus d'un million et demi de termes, et laBTQ, cre par le gouvernement du Qubec. Les noms de Robert Dubuc, Marcel Par, Pierre Auger,Nada Kerpan et Guy Rondeau sont indissociables de cette volution et de la naissance d'une nouvelleprofession, celle de terminologue. Il en va de mme de l'Office de la langue franaise du Qubec(OLF), cr en 1961, et dont on ne compte plus les initiatives dans le domaine de l'amnagementlinguistique sur le territoire qubcois, notamment en matire de francisation des entreprises.L'Office est aussi rput pour ses nombreux lexiques et vocabulaires.

    Paralllement la mise en place de TERMIUM dans les annes 70, le Bureau des traductionss'intressa l'automatisation de la traduction. C'est ainsi qu'en 1976, le Groupe de recherche entraduction automatique de l'Universit de Montral (TAUM) lui livre le prototype du systmeMETEO. Depuis lors, plus de 85 pour cent des bulletins mtorologiques d'Environnement Canadasont traduits par ordinateur.

    Le Bureau des traductions du gouvernement fdral, en plus d'tre le plus gros employeur detraducteurs et d'interprtes au pays, est l'instrument-cl de l'application de la politique dubilinguisme officiel et du multiculturalisme. Il cherche intgrer ses activits aux grands objectifsnationaux en matire de promotion des langues officielles. Prcisons que plus de 85 pour cent dela traduction au pays s'effectue de l'anglais vers le franais, ce qui soulve la dlicate question dustatut relatif des deux langues au pays de l'unifoli.

  • La traduction au Canada est une vritable industrie qui fait vivre plus de six mille traducteursde mtier, sans compter les centaines de traducteurs occasionnels qui en tirent un revenu d'appoint.La majorit des grandes entreprises prives ou parapubliques ont un service de traduction. Depuisle dbut des annes 80, les cabinets privs et les agences de traduction se multiplient. Lespossibilits d'emploi sont bonnes et les conditions de travail et de rmunration sont rputes parmiles meilleures au monde.

    ORGANISATION DE LA PROFESSION. Paradis des traducteurs, le Canada est aussi l'endroito la profession est sans doute la plus structure. Dans un pays d' peine vingt-sept millionsd'habitants, on dnombre pas moins de vingt-cinq groupements divers de traducteurs, interprtes outerminologues. Si l'on ajoute ceux qui sont disparus depuis la formation du tout premier, le Cercledes traducteurs des Livres Bleus (1919), ce chiffre s'lve environ trente-cinq. De 1919 1984,un nouveau groupement de traducteurs, d'interprtes ou de terminologues a vu le jour en moyennetous les deux ans.

    Plusieurs raisons expliquent cette prolifration d'associations de traducteurs. L'organisation descorporations professionnelles est un champ de comptence provinciale, ce qui oblige les traducteurscanadiens s'organiser par province. Il y a une socit de traducteurs et d'interprtes dans huit desdix provinces et dans un des deux territoires. Ces neuf socits sont regroupes au sein du Conseildes traducteurs et interprtes du Canada (CTIC), fdration nationale qui reprsente le Canadaauprs des instances internationales comme la Fdration internationale des traducteurs (FIT) et leCentre rgional nord-amricain (CRNA), fond en 1986. Ce Centre runit, outre le CTIC,l'American Translators Association (ATA) et l'Asociacin de Traductores Profesionales (ATP) duMexique. Le CTIC a pour rle, entre autres, de coordonner les activits des socits affilies etd'assurer l'uniformisation des normes relatives l'exercice de la profession. cet gard, il luiincombe d'organiser l'examen national d'agrment en traduction. En 1990, au Congrs mondial dela FIT, tenu Belgrade, c'est le Canadien Jean-Franois Joly qui fut lu prsident de cette fdrationmondiale de traducteurs. Il avait t prsident du CTIC de 1983 1986.

    Les deux plus anciennes socits de traducteurs au pays et celles qui regroupent le plus grandnombre de membres sont l'Association des traducteurs et interprtes de l'Ontario (ATIO), fondeen 1920 (environ 1000 membres), et la Corporation professionnelle des traducteurs et interprtesagrs du Qubec (CPTIAQ), fonde en 1940 (environ 2000 membres). En 1989, l'Assemblelgislative ontarienne a accord le titre rserv aux traducteurs, terminologues, interprtes deconfrence et interprtes judiciaires agrs de l'ATIO. Cette grande premire canadienne est l'uvrenotamment d'Andr Sguinot, de Julien Marquis et de Richard Fidler, qui formaient alors le Bureaude l'ATIO, et du dput et ancien traducteur Jean Poirier. Un an plus tard, c'tait au tour desmembres de la Corporation des traducteurs et interprtes du Nouveau-Brunswick (CTINB) derecevoir cette reconnaissance officielle d'un corps lgislatif. Enfin, aprs plus de 25 ans d'effortsassidus, la Socit des traducteurs du Qubec (STQ) obtint son tour la reconnaissanceprofessionnelle et devint, en mars 1992, une corporation professionnelle titre rserv, la CPTIAQ.

  • Depuis le milieu des annes 70, on note une tendance des traducteurs se regrouper en fonctionde leurs domaines de spcialisation. Outre les socits provinciales, il y a une association detraducteurs littraires, deux associations d'interprtes en langage visuel, une association des colesde traduction (ACET), etc. Pour sa part, la CPTIAQ a cr des sections distinctes pour lesterminologues, les interprtes de confrences et les traducteurs judiciaires. D'autres groupementsrassemblent les traducteurs spcialiss en ducation, en sant ou travaillant dans l'industriepharmaceutique. En 1987 fut fonde, l'instigation de Judith Woodsworth, une socit savante detraductologues, l'Association canadienne de traductologie (ACT), la premire du genre au monde.Son principal objectif est de promouvoir et de diffuser la recherche en traduction et dans lesdomaines connexes.

    En somme, la dissociation et la spcialisation des fonctions en milieu de travail a correspon-du une spcialisation des groupements professionnels. Cette spcialisation est rvlatrice de lagrande diversit des services de traduction et d'interprtation offerts au pays et du souci deprofessionnalisme des spcialistes qui exercent ces mtiers.

    PUBLICATIONS. Terre d'lection de la traduction et des socits professionnelles, le Canadaest aussi le pays des publications dans ce domaine. Depuis 1940, un nouveau priodique (revue,magazine, bulletin) de traduction, d'interprtation ou de terminologie y a vu le jour tous les deuxans en moyenne. Au nombre des revues savantes, mentionnons Meta (1955- ), publie par lesPresses de l'Universit de Montral, et la revue TTR (1988- ), organe officiel de l'ACT. Parmi lesrevues professionnelles et littraires, citons L'Actualit terminologique (1968- ), Ellipse (1969- ),Terminogramme (1979- ), publi par l'OLF, et le magazine de la CPTIAQ, Circuit (1983- ). Cettepublication a remport en 1990 le premier prix de la FIT dcern la meilleure revue publie parl'une des socits membres de cette fdration. Tout comme pour les associations de traducteurs,on note que le contenu des priodiques de traduction a tendance se spcialiser.

    Ce qui vient d'tre dit des priodiques s'applique galement la production d'ouvrages. Jusqu'auxannes 60, les traducteurs, dont Sylva Clapin, Lon Grin, Lon Lorrain, Pierre Daviault, HectorCarbonneau, firent surtout paratre des ouvrages correctifs, des lexiques et des dictionnairesbilingues. Depuis 1970, il se publie en outre des ouvrages d'un genre nouveau, en particulier desmanuels de traduction et de terminologie. titre d'exemples, mentionnons les apports d'Irne deBuisseret (Guide du traducteur, 1972, rdit sous le titre Deux langues, six idiomes, 1975);Geoffrey Vitale, Michel Sparer et Robert Larose (Guide de la traduction applique, I: 1978,II:1980); Robert Dubuc (Manuel pratique de terminologie, 1978); Jean Delisle (L'Analyse dudiscours comme mthode de traduction, 1980, La Traduction raisonne, 1993); Guy Rondeau(Introduction la terminologie, 1981); Claude Bdard (La Traduction technique, 1986); RobertLarose (Thories contemporaines de la traduction, 1989). L'histoire de la traduction est un autrechamp d'tudes que semblent affectionner les traductologues canadiens, comme en font foi lesquelques titres suivants : Louis G. Kelly (The True Interpreter, 1979); Paul A. Horguelin(Anthologie de la manire de traduire, 1981); Jean Delisle (Bridging the Language Solitudes, 1984,

  • Translation in Canada, 1534-1984, 1987, The Language Alchemists, 1990); Annie Brisset(Sociocritique de la traduction. Thtre et altrit au Qubec, 1968-1988, 1990). Il reste que lesouvrages caractre pdagogique sont les plus nombreux et cela s'explique par l'importance qu'aprise la formation des traducteurs depuis la fin des annes 60.

    FORMATION. La traduction professionnelle s'enseigne depuis 1936 l'Universit d'Ottawa,1943 l'Universit McGill (Montral) et 1951 l'Universit de Montral. Le pionnier dans cedomaine fut le traducteur, journaliste et homme de lettres Pierre Daviault. Alors qu'il tait traducteurparlementaire, il proposa au recteur de l'Universit d'Ottawa de crer un cours de traductionprofessionnelle, cours qu'il donna pendant 27 ans. On doit aussi ce matre traducteur, qui dirigeale Bureau des traductions de 1955 1964, de nombreuses publications en histoire de la traductionet en lexicographie, dont Langage et traduction (1961).

    Pour leur part, Jean Darbelnet (1904-90) et Jean-Paul Vinay (1910- ), par la publication de leurdsormais clbre Stylistique compare du franais et de l'anglais (1958), ont apport unecontribution inestimable l'enseignement de la traduction, et cet apport dborde depuis longtempsles frontires nationales. Ces pdagogues sont l'origine de ce que Jean-Paul Vinay lui-mmeappelait l'cole canadienne de la traduction (Vinay 1957: 148). Les traducteurs et terminologuesappartenant cette cole ont en commun de rester prs des ralits concrtes du langage, rpugnent se maintenir dans les abstractions et estiment que la principale raison d'tre d'une [thorie de latraduction] adquate est de faciliter l'acte de traduction (Vinay, 1975: 17).

    l'Universit de Montral, la Section de traduction, alors dirige par Andr Clas, inaugure en1968 le premier programme complet de trois ans conduisant une licence en traduction, licence quine tarda pas se transformer en baccalaurat spcialis. Les annes 70 ont t celles de la pdagogiede la traduction. D'un bout l'autre du pays, mais surtout au Qubec et en Ontario, sont apparus desprogrammes universitaires de formation de traducteurs. Entre 1968 et 1984, un nouveau programmede traduction voit le jour tous les ans, un nouveau baccalaurat tous les deux ans et une nouvellematrise tous les quatre ans. On value plus de mille cinq cents le nombre d'tudiants inscrits cesdivers programmes.

    L'essor fulgurant qu'a connu l'enseignement de la traduction depuis la fin des annes 60 s'estreflt dans les nombreuses publications caractre didactique, mais aussi dans le nombreimpressionnant de colloques et congrs ayant port en tout ou en partie sur ce thme. C'est le 5novembre 1955, Montral, que les traducteurs canadiens ont tenu leur tout premier congrsgnral. Depuis ces assises historiques, ils ont organis en moyenne de trois cinq congrs,colloques, sminaires ou rencontres diverses par anne.

    Le grand nombre de socits professionnelles, de publications spcialises, de programmes deformation et de colloques annuels tmoigne du dynamisme qui anime les milieux de la traductionau Canada. Il convient de souligner, en outre, l'esprit de coopration qui a toujours rgn entre lesassociations professionnelles, les traducteurs de mtier et les professeurs de traduction desuniversits. Cette coopration tripartite s'est rvle des plus productives pour la conception

  • d'aides la traduction, l'laboration de programmes de traduction automatique, la cration debanques de terminologie, l'adaptation des programmes de formation en fonction des besoins dumarch, le perfectionnement professionnel et autres activits de mme nature. Cet esprit decollaboration est solidement ancr dans la tradition canadienne et, sans lui tre exclusif, imprgnetoutes les ralisations des traducteurs canadiens.

    LA TRADUCTION LITTRAIRE. Bien que le Canada soit officiellement bilingue, le volumede la traduction littraire y est infime compar la masse des textes pragmatiques qu'on y traduit.Selon L'Index Translationum (1986), la Hollande publie onze fois plus de traductions littraires quele Canada, la Sude, six fois plus, la Finlande et le Portugal, deux fois plus. On a tendance auCanada englober sous la dsignation traduction littraire, outre les romans, la posie, le thtreet les essais, les uvres appartenant aux arts et aux sciences humaines. En fait, on peut dire que legenre est apparu vers 1960. Aucun roman canadien-anglais d'envergure ne fut traduit avant 1960(Stratford 1977: xiii). Avant cette date, le pays n'avait gure produit plus d'une soixantaine de titres(principalement le rcit des explorateurs et des voyageurs franais), dont la moiti fut traduite etpublie l'tranger (Angleterre, tats-Unis, France).

    L'essor relatif qu'a connu la traduction littraire depuis lors peut s'expliquer d'abord par leprogramme de subvention du Conseil des Arts (1972), puis par la multiplication de maisonsd'dition spcifiquement qubcoises et canadiennes-anglaises et, enfin, par la cration del'Association des traducteurs littraires (1975). Ce regroupement a eu pour effet de rvler lestraducteurs littraires eux-mmes et de faire natre parmi eux ce que Philip Stratford (1977: xvii)appelle une sorte d'identit collective. Encore trs peu d'entre eux, cependant, vivent uniquementde la traduction littraire. La plupart sont universitaires, fonctionnaires, journalistes, traducteurssalaris dans des entreprises ou pigistes. Sheila Fischman (1937- ) est l'exception, elle qui, en quinzeans, a traduit en anglais plus de trente titres et prt sa voix aux meilleurs auteurs qubcois, dontA. Hbert, M.-C. Blais, M. Tremblay, J. Poulin, V.-L. Beaulieu, Y. Beauchemin et R. Carrier.

    L'aspect conomique n'est donc pas tranger au faible volume des traductions littraires. Lestarifs consentis aux traducteurs du secteur commercial ou administratif sont le double du tarifmaximum pratiqu par le Conseil des Arts, soit dix cents le mot en 1993. Au dbut, il n'tait que decinq cents le mot. Par ailleurs, le programme de subventions du Conseil a incit plusieurs diteurs crer des collections de traduction. La premire en date est celle de la maison d'ditionmontralaise Le Cercle du Livre de France (aujourd'hui les ditions Pierre Tisseyre) qui, en 1973,lana la Collection des Deux Solitudes, dont le nom est inspir du titre du roman de HughMacLennan Two Solitudes (1945). Ces deux solitudes sont les deux principaux groupeslinguistiques, les francophones et les anglophones, qui cohabitent au pays, mais sans vraiment seconnatre. Un des objectifs du programme fdral d'aide la traduction est prcisment de permettreaux Canadiens, par le biais de la littrature, de s'ouvrir sur l'autre solitude et d'apprendre mieuxla connatre. La maison d'dition Qubec-Amrique a inaugur son tour en 1989 la collectionLittrature d'Amrique. Les ditions Boral publient aussi beaucoup de traductions. Du ct

  • anglais, ce sont surtout les petits diteurs qui sont les plus actifs dans ce domaine : Harvest House,House of Anansi, New Press, Porcpic, Exile, Coach House, Talonbooks, Tundra, Guernica et NcPress.

    En posie, la revue Ellipse (1969) publie dans un mme numro des traductions de pomes dedeux potes, l'un francophone, l'autre anglophone. Cette revue a fait connatre un grand nombre depotes qubcois et canadiens-anglais et a contribu la constitution d'un groupe de plus en plusnombreux de traducteurs de posie, au nombre desquels figurent en bonne place John Glassco(1909-81), Frank R. Scott (1899-1985), D. G. Jones, Jacques Brault, Judith Cowan, Robert etCharlotte Melanon, Jean Antonin Billard, Arlette Francire, Kathy Mezei.

    Dans les annes 70, le nombre de livres traduits a doubl tous les cinq ans. Jusqu'aux annes 80,il y a toujours eu peu prs deux fois plus de traductions littraires (au sens restreint) du franaisvers l'anglais que l'inverse. Les statistiques pour 1977 sont les suivantes : F > A : 380 titres; A >F : 190. Cinq ans plus tard, l'cart s'tait rtrci : F > A : 550; A > F : 400. Les trois quarts detoutes les traductions littraires publies au pays l'ont t depuis 1972, et plus de quatre-vingts pourcent des traductions sont subventionnes.

    En 1974, le Conseil des Arts a cr un prix de 2 500 $ destin aux deux meilleures traductionsde l'anne, l'une en franais, l'autre en anglais. Ce prix, d'une valeur de 5 000 $ partir de 1976, estaujourd'hui un des Prix littraires du Gouverneur gnral. Parmi les laurats de cette distinctionprestigieuse citons les noms de Jean Par, Sheila Fischman, Yvan Steenhout (tous trois l'ont obtenuedeux fois), Patricia Claxton, Ray Ellenwood, Colette Tonge, Frank Scott, Gilles Hnault, PhilipStratford, Charlotte Melanon et Jane Brierly. Pour sa part, l'Association des traducteurs littrairesa cr en 1981 le Prix John Glassco la mmoire de cet minent crivain et traducteur. Ce prixcouronne chaque anne une uvre qui constitue pour le traducteur une premire traduction littrairepublie sous forme de livre.

    En ce qui concerne l'adaptation thtrale, deux pices canadiennes-anglaises seulement ont ttraduites avant 1970 et trs peu par la suite. Cela s'explique d'une part par le dynamisme dont fontpreuve les auteurs dramatiques qubcois (qui sont assez rapidement traduits en anglais) et, d'autrepart, par le fait que les milieux qubcois du thtre prfrent adapter des pices d'auteursamricains, anglais, russes ou italiens. Suivant le courant de la nouvelle dramaturgie amorc en 1968par Michel Tremblay, la monte du nationalisme au Qubec et l'avnement d'une langue qui sevoulait typiquement qubcoise, les adaptateurs qubcois ont eu tendance naturaliser le thtretranger en faisant parler la qubcoise les personnages de Shakespeare, Tchekhov, O'Neill,Lorca, Brecht et Goldoni. travers leurs traductions, ils s'employaient proclamer le fait qubcoisau lieu de s'effacer et de servir l'uvre trangre (Brisset 1990).

    Enfin, on ne peut passer sous silence la rflexion originale, intense, voire avant-gardiste destraductrices fministes. Celles-ci se rencontrent frquemment dans des colloques ou lors de tablesrondes et publient, conjointement avec les crivaines qu'elles traduisent, des collectifs ou desnumros thmatiques de revues comme Tessera. Les uvres traduites ont toutes en commund'appartenir une idologie prcise : le fminisme. Les traductions se font majoritairement du

  • franais vers l'anglais, les romancires, potes ou thoriciennes fministes qubcoises (N. Brossard,L. Bersianik, L. Gauvin, F. Thoret, M. Gagnon, J. Marchessault) tant traduites par leurs collguescanadiennes-anglaises. Susanne de Lotbinire-Harwood (1991), Barbara Godard, Kathy Mezei,Marlene Wildeman, Fiona Strachan, Yvonne Klein, Gail Scott figurent au nombre des principalesreprsentantes de l'approche fministe de la traduction au Canada.

    En somme, si la traduction a t, sous sa forme orale, l'interprtation, le premier mtier exercau pays au lendemain de sa dcouverte en 1534, la traduction littraire, elle, ne remonte gure plusd'une quarantaine d'annes, et existe en grande partie grce l'oxygne des subventionsgouvernementales. Nanmoins, le dynamisme dont fait preuve la centaine de traducteurs littrairesn'a d'gal que la vigueur qui caractrise l'ensemble de la profession au Canada, pays qui se classeincontestablement au rang des grands pays traducteurs. ____________

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    Ce texte est paru en version anglaise sous le titre Canadian Tradition dans Mona Baker (dir.)Routledge Encyclopedia of Translation Studies, Londres / New York, Routledge, 1998, p. 356-363.